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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

A Road to Hell Paved with Bad Intentions

When someone shows you who they are, believe them the first time.
- Maya Angelou

If nothing else, one silver lining to Donald Trump's election is the exposure of establishment types, whether Democratic or Republican, for what they really are. We now recognize that there's very little daylight between a neocon and a neoliberal, and that the back and forth fighting over power between these two camps -- which defined American politics for decades -- was nothing more than a manipulative pro-wrestling circus.

Trump's election has forced many establishment Democrats out of the closet as the intelligence agency, surveillance state, empire-worshipping, centralized power bootlickers they always were. Since neocons were historically more in your face shameless about their support for endless war, oligarch-coddling, and authoritarianism, establishment Democrats could pretend to represent an ethical opposition to such things. Alas, it was all an act and if the Obama administration didn't already prove that to you, the embarrassingly clownish neoliberal "resistance" movement should.

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Bruno Le Maire veut la mort de l’automobile française

Par : h16

Maintenant qu’une bonne hystérie climatique est installée, il serait vraiment dommage de ne pas en profiter. C’est probablement ce que se sont dit pas mal de politiciens à commencer par les plus étatistes d’entre eux, français et remontés comme des coucous contre le méchant réchauffement. En tête de cortège, on trouve sans mal Bruno Le Maire.

L’homme joue une partition quasiment écrite pour lui : d’un côté, l’État a toujours un besoin pressant d’entrées fiscales dodues pour des dépenses jamais en diminution. De l’autre, l’ambiance générale autour des questions climatiques en général et de la pollution atmosphérique en particulier fournissent un boulevard, que dis-je, une autoroute sans radar démocratique à toutes les lubies taxatoires possibles et imaginables.

Et dans le domaine, les politiciens sont à la fois intarissables et particulièrement créatifs. Certes, les aventures de l’écotaxe aboutirent à une déconvenue temporaire à base de portiques découpés, brûlés et mis bas, mais cela n’a en rien ralenti la production législative pour enfin essorer au maximum chaque contribuable devenu éco-conscient à force d’aspirateur fiscal.

C’est donc sans surprise qu’on a découvert, il y a quelques jours, les nouvelles dispositions qu’entend mettre en place l’actuel ministre de ce qui reste d’Économie en France : dans un entretien accordé au Grand Jury LCI RTL Le Figaro, il a confirmé l’augmentation du malus auto dès le premier janvier prochain, afin, selon lui, de lutter contre les véhicules les plus polluants…

Partant de ce principe, le malus-auto se déclenchera dès lors que le moteur émettra 110 grammes de CO2 par kilomètre (au lieu de 117 actuellement), et le coût de ce malus augmentera bien sûr, soit-disant « pour les véhicules les plus polluants » (c’est-à-dire les véhicules anciens, ce qui n’est pas la même chose mais ne rentrons pas dans les détails qui dévoileraient la supercherie). Grâce à un exemple habilement choisi, Bruno Le Maire entend faire passer la pilule comme une sorte de mesure de rétorsion contre les gros véhicule « pollueurs » : pour un véhicule tout terrain qui dégagerait 140 grammes de CO2/km, la taxe passera de 690 euros actuellement à 1901 euros.

Dans cette histoire, il faut bien comprendre que le pauvre Bruno est un simple accessoire un peu creux d’intérêts plus grands et plus lourds que lui, essentiellement électoralistes, qui visent à aspirer les voix écologistes vers la nébuleuse macroniste, et rien d’autre.

Aucune cohérence d’ensemble n’est recherchée : peu importe que ces dispositions poussent tous les jours un peu plus l’obsolescence administrative de véhicules pourtant tout à fait opérationnels, en se basant sur une mesure idiote (le taux de CO2), ce dioxyde de carbone n’étant pas un polluant, et dans un but grotesque surtout lorsqu’on se rappelle qu’on se trouve en France…

France qui vient d’être secouée par une crise sociale majeure, celle des Gilets Jaunes, déclenchée par des assauts multiples et inouïs sur le pouvoir d’achat des classes moyennes au travers de taxes iniques sur le carburant. France qui est un pays dont la production de CO2 par habitant est l’un des plus faible du monde. France dans laquelle une minorité réclame des mesures concrètes et palpables contre le méchant réchauffement climatique, mais dans laquelle l’État n’est qu’un être pusillanime lorsqu’il s’agit de faire autre chose que la guerre ou exercer la violence, et qui ne peut guère que proposer de taxer et interdire.

Dans ce contexte, les options sont limitées pour tout individu dont le cerveau n’a jamais été équipé que d’un gros marteau et qui ne voit donc tous les problèmes que comme des clous sur lesquels il faut taper avec acharnement, la voiture étant le dernier clou en date.

En relançant le bastringue du malus automobile, Bruno Le Maire croit envoyer un message écologique. Il n’en est rien (l’impact de la France dans la production de CO2 dans le monde est parfaitement négligeable, représentant moins de 1% des émissions humaines, qui représentent en tout elles-mêmes moins de 5% du CO2 atmosphérique, lui-même ne représentant que 0.04% de l’atmosphère, comme l’illustre le petit graphique suivant, à l’échelle, dans lequel 1 point représente le CO2 humain produit en France).

Non, vraiment, Bruno Le Maire lance ici un message bien clair, le seul qu’un petit commis de l’État sans imagination est capable de pondre : c’est un message de violence et de guerre.

De la violence, en effet, celle qui consiste à tabasser de taxes les plus pauvres et les plus faibles d’entre nous, ceux qui ne pourront pas se passer de voiture et qui paieront donc, chèrement, pour ce privilège d’être à l’écart des transports en commun et des centres villes où Bruno Le Maire se pavane facilement.

Et la guerre, sans doute, celle qui consistera à bouter les voitures hors du territoire, et donc, inévitablement, les constructeurs de ces engins climato-agressifs.

En fait, ce que Le Maire déclare ici, c’est ni plus ni moins que la mise à mort de l’industrie automobile française qui continue de ployer sous les freins que lui et ses sbires s’emploient à placer partout où ils passent.

Ce que Le Maire veut ici, c’est mettre enfin au chômage les milliers d’individus qui vivent de l’automobile et des centaines d’activités qui tournent autour. C’est fort malin, tant la France n’a pas assez de chômeurs.

Ce que Le Maire explique ici, c’est que les ploucs de campagne n’ont pas les mêmes droits que les bobos des villes. C’est drôlement futé, pour une France dont la classe moyenne pète dans la soie et l’opulence.

Peu importe ici la situation pourtant enviable de la France en matière de production carbonée : nous devons tous expier de cette faute impardonnable d’avoir décimé les ours polaires, fait disparaître Tuvalu et Venise sous les eaux et d’avoir affamé toujours plus de monde.

Cependant, après ces beaux discours et ces belles taxations supplémentaires, le petit Bruno risque d’avoir plusieurs problèmes à gérer.

Les chômeurs que ses gesticulations provoquent viendront grossir les mauvaises statistiques et n’apporteront plus la richesse dont la Nation a besoin. Ils viendront aussi s’ajouter aux mécontents déjà fort nombreux des politiques menées dans le pays sur les dernières décennies. Parions que Le Maire ne s’en souciera pas vraiment, mais cela n’empêchera pas le ressentiment à son égard de grandir.

Politiquement, cette impopularité se mariera mal avec l’approche des municipales ou toute augmentation inopinée du prix du pétrole par exemple, qu’une crise (au Moyen-Orient, boursière ou autre, pourrait déclencher).

Après le premier janvier prochain, quelques petits retours de manivelles sont donc possibles.

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Memi-melo au Rojava

Le micmac en cours dans le Nord syrien, débuté dimanche par un explosif communiqué de la Maison Blanche, a, depuis, fait les gros titres. Sans surprise, le Deep State et les médias à son service ont immédiatement sauté à la gorge de Trump, d'autant plus...

Description des cyberagresseurs (sur RFI)

Désolé de mon silence au cours du dernier mois : la rentrée a été chaude, mais chaude... En clair, j'ai été surchargé de boulot. Je ne m'en plains pas... Mais du coup, j'ai dû délaisser quelque peu égéa, avec pourtant plein de trucs à dire et de nouvelles à signaler.

Bon, je passe demain mardi 8 octobre dans l'émission Décryptage, sur RFI (ici), animée par Anne Cantener (photo ci-dessous), de 18h10 à 18h30, pour évoquer les principaux responsables des cyberattaques, à partir du dernier rapport publié par Thalès et Verint (lire ici, très intéressant).

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Le podcast : ici

A demain. J'essaye d'ici une semaine de rattraper toutes les publications en retard.... J'ai plein de choses à vous dire !

O. Kempf

La France et ses administrations criminelles

Par : h16

On peut, légitimement, se demander combien de drames il faudra pour que les Français parviennent à une conclusion pourtant simple mais qu’il leur semble culturellement impossible à atteindre : les administrations de l’État français sont criminelles et plus elles sont nombreuses, plus elles ont de pouvoir, plus les dégâts qu’elles provoquent sont importants.

Pourtant, les faits sont têtus et, pour qui se donne la peine de regarder, de plus en plus nombreux. Les derniers jours qui viennent de s’écouler donnent même un pénible aperçu de la tendance générale à la multiplication des cafouillages administratifs qui se terminent par rien moins que des morts d’innocents…

Ainsi, il devient difficile de camoufler le rôle prépondérant de l’administration de l’Éducation nationale dans les suicides, de plus en plus nombreux, d’enseignants soumis à des pressions hiérarchiques, à un environnement de travail de plus en plus dégradé, à la multiplication d’ordres paradoxaux de supérieurs qui veulent à la fois des résultats (ce qui imposerait par exemple une certaine discipline au sein des établissements) et à la fois le minimum de frictions tant avec les rectorats qu’avec les parents d’élèves (ce qui oblige à tant de concessions qu’aucune discipline ne peut plus être mise en place).

J’en veux pour preuve le récent suicide de Christine Renon, une directrice de maternelle, qui s’est suicidée dans le hall de son école de Pantin en Seine-Saint-Denis : le silence épais, compact et gêné de l’institution scolaire, de son ministre et du gouvernement ne changent rien au constat sans équivoque que la victime dresse dans sa lettre de suicide où elle explique être seule face aux problèmes, parfois graves, qui lui sont posés et que l’administration, derrière elle, fera tout pour ignorer en abusant de la doctrine maintenant célèbre du « Pas De Vague »…

« Je n’ai pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution. (…) La cellule de crise, quelle blague ! L’idée est de ne pas faire de vague et de sacrifier les naufragés dans la tempête ! Pourvu que la presse ne s’en mêle pas ! »

Cet exemple, qui n’est connu que parce qu’il fut plus médiatisé que d’autres, pourtant concomitants, a marqué les esprits au point de déclencher un mouvement d’humeur de la part du corps enseignant, excédé de l’absence totale et parfaite de toute réaction et prise de conscience de leur administration et du ministre à sa tête.

Et tant qu’à parler de suicidé dont l’Éducation nationale est directement responsable, comment oublier le cas, sordide et révoltant, de cet instituteur qui s’est suicidé après des accusations portées contre un homonyme dont la lettre de suspension avait été envoyée au mauvais destinataire, parce que quelqu’un, dans cette magnifique administration, avait fait une erreur de copier-coller ?

Malheureusement, ce qui est vrai pour l’Éducation nationale l’est aussi dans bien d’autres administrations.

Devra-t-on revenir en détail sur les nombreux manquements de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) qui ont abouti à l’embrasement de la cathédrale Notre-Dame-De-Paris, comme le pointait le Canard Enchaîné il y a quelques mois ? Certes, il n’y a miraculeusement pas eu mort d’hommes dans cette catastrophe là, mais le puissant symbole de ce joyau en feu, lié à l’incompétence et la désinvolture d’une administration ne peut laisser de marbre.

L’inaction et l’incompétence d’une administration, l’incompétence et les inactions d’une autre ont déjà coûté fort cher à la France.

C’est, malheureusement, routinier dans le pays : il suffit de chercher pour découvrir que ces cas ne sont que les quelques uns que l’écume des jours retient, partie émergée d’un iceberg qui devient chaque mois plus énorme, plus sombre, plus effroyable.

Pendant que les administrations scolaires ou culturelles broient des individus et des monuments avec une décontraction typique du Léviathan, l’incompétence et la désinvolture s’étendent jusque dans les urgences hospitalières, consciencieusement désorganisées et sabotées par des années de laxisme, de paperasserie maintenant meurtrière, et de politique de distribution prodigue de l’argent, du temps et des compétences des autres, à tel point qu’il n’est plus rare d’apprendre que des gens en condition critique mais parfaitement traitable décèdent par abandon, oubli ou série de choix idiots. Tous ne meurent pas, mais tous sont frappés, à tel point que les urgentistes, bien conscients de l’empilement d’incompétences dans leur administration de tutelle – comme les enseignants pour la leur, du reste – enchaînent grèves, arrêts maladie et protestations.

Pour les uns comme pour les autres, il faut cependant bien comprendre que l’État et ses administrations ne sont pas simplement un des facteurs dans ces tristes événements, dans le délitement qu’on observe et, surtout, dans les cadavres qui s’empilent morbidement à mesure que les malaises et les problèmes s’étendent. Non, ici, ces administrations et l’État sont à la fois le contexte et l’agent indispensable sans lesquels ces drames ne seraient jamais advenus.

Comment ne pas voir que ce sont bien dans ces administrations d’État que le taux de suicide grimpe dangereusement ? Peut-on encore penser à une simple coïncidence, à un malaise passager lorsqu’on lit, toutes les semaines, le décompte morbide des suicides de policiers et de gendarmes ? Il y a un an, je constatais que, chez ces derniers, ça ne respirait pas trop la joie de vivre. La situation ne s’est pas vraiment améliorée, au contraire même puisqu’ils en sont arrivés au même point que les autres professions déjà évoquées dans ce billet : des marches, des protestations, une tentative supplémentaire de juguler la bête bureaucratique qui enfouit les individus dans ses démarches ubuesques, paradoxales et contre-productives au moment même où tout le pays a précisément besoin du contraire…

Pire que tout : non seulement ces administrations ne font plus leur travail correctement (l’éducation française n’est plus que l’ombre d’elle-même, l’hôpital français devient un mouroir dangereux, sous-approvisionné en médicaments et surperformant en matière de procédures et de cerfas idiots, la sécurité du territoire n’est plus qu’une vaste blague), mais ces administrations sont, de surcroît, dans la phase la plus délétère de directement produire des éléments toxiques pour le reste de la société : difficile de trouver meilleure illustration de la faillite complète du tout-État français, du délire d’intervention tous azimuts, que cette administration de police qui en vient à offrir un travail de surveillance des islamistes radicalisés à … un islamiste radicalisé, qui parvient même à lui accorder une habilitation secret-défense, qui ne sait même plus gérer en interne les signes pourtant nombreux d’un problème à venir, et qui, lorsque le drame survient, patauge dans les tentatives d’explications stupides pour, au mieux, camoufler son aveuglement, au pire, sa complète incompétence.

Ce dernier drame occupe maintenant les médias et les politiciens qui font des efforts assez amusants à regarder pour n’aboutir à aucune conclusion d’aucune sorte alors que tout le monde comprend sans mal que ces victimes viendront s’ajouter aussi bien à celles des précédents dérapages malencontreux de couteaux déséquilibrés et autres voitures folles qu’à celles directement issues des ratages et autres merdoiements intenses de tout l’appareil d’État…

Il faut pourtant se rendre à l’évidence : l’État français a maintenant dépassé le stade où ses administrations incompétentes causaient simplement du tracas à ses citoyens. Par leur incompétence, leur inaction et leur bureaucratie délirante, ces administrations sont maintenant criminelles.

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Qué pasa en Irak ?

Des choses très curieuses, nimbées d'un épais brouillard, se déroulent en Mésopotamie. Les informations nous parviennent au compte-gouttes, comme assourdies. Nos bons médias officiels en parlent avec leur habituelle dose de fausse naïveté, mais sans s'attarder...

[Redite] #PasDeVague : du calme, tout est perdu.

Par : h16

Article initialement paru le 24.10.2018

À l’école, les élèves apprennent (parfois) de jolis mots, de gros mots (souvent) et ce qu’il leur faudra peut-être pour faire un citoyen à la fois conscientisé, écofestif et pas trop casse-couille lorsqu’il remplit ses cerfas pour toucher son allocation chômage. Parallèlement, le professeur apprendra lui des maux, divers, variés et répétitifs : ceux que lui imposent, de façon directe autant qu’indirecte, une hiérarchie et une administration devenue complètement aveugle et sourde aux plaintes de la base.

Il y a un an, je découvrais le mouvement #PasDeVague, pendant logique de l’absence de toute politique ferme de remise en état de marche d’une administration éducative complètement éparpillée dans son nombrilisme obsessionnel et ses politiques périplaquistes forcenées : la violence à l’école ne cessant d’augmenter, le malaise du corps enseignant ne fait qu’augmenter.

Un an après ce billet, qui faisait lui-même déjà un bilan de quatre années de dégradation depuis 2014 où différentes enquêtes dressaient déjà un bilan calamiteux, la situation s’est encore nettement détériorée à tel point que le sujet de « violence à l’école » est devenu trop vaste tant il recouvre d’aspects tous plus hideux les uns que les autres : violence entre les élèves, violence sur le corps professoral par les élèves, violence sur l’administration, violence sur les familles et violence de la part des familles, tous les éléments sont réunis pour que la différence entre le milieu carcéral et l’école soit la plus ténue possible, en défaveur de l’école à mesure qu’on envisage sérieusement de remettre de l’ordre dans les prisons plutôt que dans les classes…

La polémique mélanchonesque de la semaine dernière passée, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une autre, un chouia plus musclée, la remplace : cette semaine, c’est le retour du problème discret (mais persistant) de la violence à l’école, assorti, modernité oblige, d’un petit hashtag des familles, #PasDeVague, qui déclenche déjà quelques petits boutons dans l’administration nationale et au-delà…

Il semble en effet que, cette fois-ci, il sera plus compliqué de repousser sous le tapis les exactions de certains élèves dans leurs établissements scolaires : il y a quelques jours apparaît sur les réseaux sociaux la vidéo sans équivoque d’un élève braquant sa professeur avec un pistolet tout en lui intimant l’ordre de le marquer présent sur un relevé de présence. Cette vidéo, impossible à camoufler, aura rapidement fait parler d’elle, au point de déclencher une vague de témoignages, disponibles sous le fameux hashtag #pasdevague, tous plus glaçants les uns que les autres sur la situation réelle de l’Education Nationale dans certains quartiers.

Bien évidemment, la République du Bisounoursland est en émoi : une telle situation ne peut être tolérée !

Pourtant, ces témoignages qui s’empilent ne font que rejoindre les autres, déjà fort nombreux, qui s’entassaient déjà depuis des années. En 2014, j’écrivais à ce sujet une petite recension de problèmes épars découverts dans une presse un peu blasée.

Depuis, la situation ne s’est évidemment pas améliorée et s’est même largement dégradée à mesure que nos politiciens, toujours affûtés comme du beurre chaud, se sont occupés d’y mettre leurs gros doigts boudinés ; il suffira pour s’en convaincre de relire les prouesses de deux députés LREM – dont l’inénarrable Aurore Bergé – dans le domaine du pédagogisme olympique fumoïde.

En pratique, depuis la réforme du collège unique puis celle favorisant la montée en puissance des pédagogos au sein d’IUFM taillés sur mesure pour leur idéologie consternante, le niveau général d’instruction du pays n’a pas cessé de chuter, à mesure que l’école s’est transformée progressivement en garde-chiourme dont la transmission du savoir est devenu un objectif parfaitement annexe, optionnel et (au mieux) vaguement souhaitable.

Pire encore : certains quartiers émotifs sensibles pouvaient encore bénéficier, il y a une ou deux décennies, d’établissements où des professeurs rodés aux particularités locales faisaient régner un minimum d’ordre et pouvaient donc réellement instruire une bonne partie des élèves présents. Malheureusement, l’âge et la retraite aidant, ces derniers représentants de l’ordre républicain s’en sont allés, laissant la place aux tous nouveaux, tous beaux, fraîchement (dé)formés qui, jetés dans des conditions de travail qu’on qualifiera pudiquement de difficiles, finissent ou bien par démissionner, ou bien se taisent en attendant leur mutation la plus rapide possible, laissant leur place à une nouvelle fournée de chair à canon professoral.

Forcément, la situation se dégrade donc, et on ne parle plus, depuis un moment, d’un petit chahut gênant ou d’indiscipline potache. On parle plutôt de trafics (de drogue, d’arme), de vols (avec violence, si possible) en bande organisée éventuellement, de viols ou d’attouchements sexuels, d’insultes (bien sûr), de coups et blessures (sur les petits camarades et sur le corps enseignant), de rodéos automobiles avec les voitures des profs, de séquestrations, d’intimidation et menaces, de harcèlement de la part tant de ces « élèves » que de la hiérarchie (et s’il n’est que psychologique pour cette dernière, c’est un moindre mal).

Rien de tout ceci ne peut se ranger dans un simple délit ou dans ces petits actes gênants qu’un simple rappel à la loi suffirait à « canaliser ». Pourtant, on n’en entend parler (dans la presse, sur les réseaux sociaux) que de façon extrêmement épisodique. En réalité, personne ne veut entendre, encore moins écouter. Ni les élèves, ni leurs parents, ni les profs, ni leur hiérarchie, ni les politiciens, ni même les journalistes ne veulent prendre le problème à bras le corps tant on soupçonne qu’il va mettre à mal le vivrensemble et les images républicaines roses et pastels qu’on s’est employées à produire depuis 40 ans.

Gun Free Zone

Pourtant, on sait expliquer cette situation catastrophique : la carte scolaire a amplement contribué à la ghettoïsation de certains établissements. L’obligation forcenée et irréaliste de scolarité, parée de la belle (mais fausse) idée républicaine d’éducation gratuite pour tous, aboutit à trimbaler des voyous et des racailles de classes en classes qui pourrissent la vie des autres élèves et des profs. Il n’y a pas d’expulsion possible, mais juste un jeu de chaises musicales. Pire, on préfère garder le plus longtemps possible les racailles d’un établissement par crainte, une fois celles-ci finalement virées, de les voir remplacées par des racailles pires encore venant d’autres établissements.

À ceci s’ajoute l’indigence de la Justice qui permet d’avoir en classe des élèves avec des bracelets électroniques, en liberté conditionnelle, qui ont déjà des casiers pour braquage, pour viol, dans une classe avec des élèves qui voudraient s’en sortir. Dans ce contexte, est-il utile de rappeler que les profs ne sont pas (et n’ont jamais eu vocation) à être des gardiens de prison ou des assistants sociaux, ce qu’ils deviennent pourtant au bout de quelques semaines dans la jungle que sont devenus certains établissements ?

Du reste, pourquoi ces enseignants se taisent-ils, eux qui sont d’habitude si prompts à manifester ?

Parce qu’autant la hiérarchie, les syndicats et les associations diverses et variées gravitant autour des parents, des élèves et des enseignants sont actifs lorsqu’il s’agira de défiler dans les rues pour faire opposition au gouvernement ou réclamer plus de moyens, autant plus personne ne fera corps lorsqu’il s’agira de lever le tapis sur la poussière dégueulasse accumulée depuis des décennies.

Lorsqu’on lit ou qu’on entend sur les médias qu’a été aboli depuis 10 ans le règne du « Pas De Vague », qui consiste à étouffer toute affaire au niveau de chaque établissement, à ne jamais déposer plainte, à ne faire remonter aucun incident à la hiérarchie, à taire les exactions, on ne peut s’empêcher de pouffer tant le fil tweeter indique clairement le contraire. Tant de mythomanie chez les profs, cela peut inquiéter.

Lorsque l’actuel ministre Blanquer explique qu’il soutiendra les enseignants dans la tourmente, cela semble aller à l’encontre du témoignage de plusieurs d’entre eux qui l’ont eu lorsqu’il était lui-même recteur de l’Académie de Créteil. Encore des profs mythomanes, sans doute.

Le « Pas De Vague » existe bel et bien. Il est d’application quotidienne, partout dans les établissement scolaires (et au-delà, bien évidemment), et s’explique fort bien :

« Des proviseurs ne veulent pas que des affaires viennent entacher leur image et celle de l’établissement, lâche Yann, prof dans le Nord. Donc, ils l’étouffent. »

Eh oui, rendons-nous à l’évidence : il n’y aura aucune remise en question.

Le hashtag fera parler de lui, mais ne risque pas de déclencher la moindre prise de conscience. D’ailleurs, les chiens de garde de la République du Tais-toi sont déjà En Marche, depuis les ministres (Jean-Mimi préconise d’interdire les portables – pas de preuves d’exactions, pas d’exactions tout court, j’imagine – Mahjoubi, l’inutile appendice au Numérique, trouve que tout ceci démontre surtout la violence des réseaux sociaux, etc.), jusqu’aux journalistes (forcément engagés) qui ne voient bien sûr qu’un gros populisme gras dans ce méchant hashtag. Pour avoir rapporté le réel sans fard, les accusations de « fachos » viendront plus tard, ne vous inquiétez pas.

Quant aux parents (commodément interrogés par les journalistes jamais en retard d’une veulerie), l’éducation de leurs rejetons ne les concerne pas puisque c’est la version Nationale qui s’en occupe (c’est marqué dessus). Le résultat ne semble pas les effrayer. Totalement déresponsabilisés, ils laissent donc leurs aimables lardons foutre un bordel sans nom dans la classe. De toute façon, pour le parent moyen, biberonné à l’État depuis ses années sur les bancs de l’école, l’institution doit gérer ces impondérables, et puis c’est tout.

Aucun doute : la hiérarchie sait, le gouvernement est au courant, les autorités n’ignorent rien. Mais n’en ont cure.

Électoralement, faire quelque chose est coûteux et risqué, alors que la technique #PasDeVague employée jusqu’à présent a fonctionné à merveille (de toute façon, Macron est trop fatigué et il risque surtout de passer en mode Hollande).

Il est donc urgent de laisser la tension retomber, de passer à autre chose et surtout, pas de vague.

Non. Sérieusement. Rendormez-vous. Certes, il y a parfois des petites violences à l’école. Certes, parfois, des racailles élèves apprenants y volent, violent, tabassent, menacent ou foutent un bordel sans nom. Mais ces petits débordements sont le prix à payer pour une société pacifiée, une France apaisée et une République, une, indivisible et tournée vers les concours de prout.

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Ces réformes qui terminent en gouffres financiers inutiles

Par : h16

En France, la politique est cette pratique sportive qui consiste à agiter énormément les membres supérieurs, les labiales et les maxillaires pour faire croire à une action concrète, tout en poussant discrètement l’une ou l’autre idée dont l’impact sera, au mieux, à peu près nul ou, au pire, suffisamment catastrophique pour alourdir encore un peu plus les finances publiques. Et tout le monde s’en fiche. Mais parfois, des petits malins arrêtent de battre des bras et, frappés d’une lucidité fugace, cherchent alors à connaître le bilan des agitations précédentes.

Et là, c’est le drame.

Récemment, ce sont deux (oui, deux) initiatives gouvernementales qui ont eu l’incroyable privilège d’être enfin confrontées à leur bilan. Rassurez-vous cependant : nous sommes en France et ce n’est pas parce que, tous comptes faits, les bilans en question sont mauvais (voire carrément désastreux) qu’une décision de repli stratégique ou qu’une tentative d’en tirer un enseignement quelconque seront prises. Non, décidément, ce n’est pas parce qu’une, deux, dix-huit ou des centaines d’erreurs coûteuses ont été commises qu’il faudrait profiter de ce bilan pour tenter de les corriger.

Néanmoins, saluons l’effort qui fut fait dans notre timide presse nationale pour évoquer rapidement ces deux sujets douloureux, avant de s’attarder lourdement aux oraisons funèbres d’un ancien locataire de l’Elysée (d’autant plus lourdement qu’une autre catastrophe, industrielle celle-ci, venait gâcher la fête noircir le tableau agacer les rédactions).

Ainsi donc, on découvrait une étude indépendante semblant montrer de façon peu ambiguë que l’instauration des limitations de vitesses à 80km/h sur certaines départementales auraient eu un impact beaucoup plus faible que prévu.

Alors que les membres du gouvernement fanfaronnaient sur les plateaux télé en affirmant que la mesure, assez mal accueillie des Français, avait pourtant permis de sauver plus de 200 vies entre juillet 2018 et juin de cette année, le rapport du Comité indépendant d’évaluation (CIE) n’en trouve, lui, que 39. Si ces 39 vies sont évidemment une vraie bénédiction pour ceux qu’elles concernent directement, on est cependant bien loin des chiffres gouvernementaux, ce qui s’expliquerait par une méthode assez différente de prise en compte des morts et des blessés.

Au-delà de l’inévitable bataille sur ces chiffres que beaucoup, au gouvernement, contesteront sans doute, d’autres aspects sont évoqués dans le rapport qu’il sera plus compliqué de contester aussi : pour le Comité, ces nouvelles limitations entraînent perte de temps et difficultés supplémentaires de circulation dont la facture totale tournerait à présent autour de 2,65 milliards d’euros.

Dans un pays qui sort de plusieurs mois de troubles intestins, à la dette galopante, aux déficits budgétaires chroniques et dont les contribuables sont particulièrement mis à contribution, que ce soit via les impôts ou via les pompes à essence, voilà un calcul qui devrait interpeller et, en temps normal, déclencher quelques crises d’urticaire chez ceux qui paient.

Mais, comme je le disais précédemment, on est en France et ce genre de constat n’entraîne au mieux qu’un petit haussement d’épaule désabusé.

Épaules qui seront à nouveau haussées lorsqu’on prend connaissance d’un nouveau rapport de la Cour des comptes, cette fois sur la réforme territoriale qui a amené la refonte des régions sous le quinquennat Hollande, amenant leur nombre en métropole de 22 à 12.

Là encore, le bilan est désastreux : cette fusion de régions se traduit essentiellement par un immense gâchis, avec à la clé un surcoût en matière de dépenses de personnel et une vaste reconduction des (mauvais) modes de gestion existants.

Ainsi, alors que le but affiché de la réforme était une économie chiffrée par le secrétaire d’État à la Réforme territoriale de l’époque, André Vallini, à 10 milliards d’euros à moyen terme, il apparaît à présent que cette réforme loupe complètement son objectif. Pour les magistrats de la Cour,

« Les gains d’efficience visés par ces réformes restent aujourd’hui limités en raison de la reconduction, dans la majorité des cas, des modes de gestion préexistants. Au contraire, des surcoûts sont identifiés, notamment en termes de rémunération des personnels administratifs et d’indemnités des élus. »

Multiplication des sites au lieu de concentration, doublons qui n’ont pas été éliminés, frais de structures supplémentaires, le bilan est désastreux et tout indique que les efforts qui auraient dû être menés pour réduire les infrastructures et les personnels n’ont pas été faits. Au contraire, les dépenses de personnel ont fortement augmenté :

«Globalement, en l’absence d’une politique volontariste de réduction des effectifs, en 2021 les dépenses annuelles supplémentaires en matière de régime indemnitaire des régions fusionnées représenteront entre 49,35 millions d’euros et 53,35 millions d’euros par rapport à la situation de 2016»

En somme, une réforme que personne ne réclamait, qui a été propulsée n’importe comment par n’importe qui François Hollande alors qu’on pouvait fort bien s’en passer a abouti, à la surprise générale, à une énième gabegie et l’inverse de l’effet recherché.

Cependant, le point important de ces deux exemples n’est même pas le bilan franchement mauvais qu’on commence tout juste à déceler, mais bien le fait, indéniable, que la misérable foirade était prévisible dans les deux cas dès le départ ; avant même que ces deux modifications ne soient effectives sur le terrain, on savait que les résultats ne seraient pas au rendez-vous et que des sommes colossales d’argent du contribuables partiraient au drain.

Comme pour la route solaire dont l’échec était prévisible, prévu et inéluctable, l’instauration du 80km/h et la « réforme » des régions étaient tous les deux voués à l’échec coûteux.

J’en veux pour preuve les nombreux articles qui ont émaillé la chronique, tant du côté de ces limitations de vitesse contre-productives et environnementalement idiotes, que pour cette pseudo-réforme territoriale menée n’importe comment, dont on savait dès sa mise sur la table qu’elle serait de plus en plus coûteuse.

Mais peu importe les trajectoires catastrophiques et l’échec certain : l’une et l’autre mesures furent prises et mises en place, démontrant à qui en aurait encore besoin ce que l’Etat français est réellement capable de faire : à peu près rien de bien, obtenir son contraire et le tout pour une facture totale absolument démente.

Devant ce constat, il serait grand temps que nos gouvernants arrêtent enfin de faire. Transformant tout ce qu’ils touchent en déficits, dettes et autres catastrophes, il devient urgent de s’assurer que leurs idées restent confortablement installées au chaud dans leurs têtes où elles ne manqueront jamais d’espace pour s’égayer et que jamais elles ne deviennent réalité tant cela se traduit systématiquement par des dérapages aussi prévisibles que coûteux.

En outre, il est plus que temps de noter qu’on évalue toujours les politiciens aux intentions mais jamais à leurs résultats.

C’est très regrettable.

S’il venait au peuple la fantaisie de le faire, à peu près la totalité de ces politiciens seraient démis de leurs fonctions et satellisés en orbite géostationnaire à coup de pied au derche tant leurs résultats démontrent leur manque chronique de courage, de compétence, de lucidité et de responsabilité.

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Dossier géopolitique : La démocratie

La démocratie est un concept politique et géopolitique majeur : mais de quoi s'agit-il vraiment ? Ce dossier du Diploweb vous présente des réponses à travers des liens vers des documents de référence. Etudes, articles, cartes, vidéos… vous pouvez trouver ce qui se rapporte à un sujet structurant.

- Dossiers géopolitiques / , , , , , , ,

The Tech Giants Are a Conduit for Fascism

A second former Amazon employee would spark more controversy. Deap Ubhi, a former AWS employee who worked for Lynch, was tasked with gathering marketing information to make the case for a single cloud inside the DOD. Around the same time that he started working on JEDI, Ubhi began talking with AWS about rejoining the company. As his work on JEDI deepened, so did his job negotiations. Six days after he received a formal offer from Amazon, Ubhi recused himself from JEDI, fabricating a story that Amazon had expressed an interest in buying a startup company he owned. A contracting officer who investigated found enough evidence that Ubhi’s conduct violated conflict of interest rules to refer the matter to the inspector general, but concluded that his conduct did not corrupt the process. (Ubhi, who now works in AWS’ commercial division, declined comment through a company spokesperson.)

Ubhi worsened the impression by making ill-advised public statements while still employed by the DOD. In a tweet, he described himself as “once an Amazonian, always an Amazonian.”

- From the must read ProPublica expose: How Amazon and Silicon Valley Seduced the Pentagon

That U.S. tech giants are willing participants in facilitating mass government surveillance has been widely known for a while, particularly since whistleblower Edward Snowden risked his life and liberty to tell us about it six years ago. We also know what happens to executives who don't play ball.

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Pierre Lévy, invité d’Interdit d’interdire (sur RT) : le Brexit, une affaire très simple !

Par : pierre

Le 30 septembre, Frédéric Taddeï recevait, pour son émission Interdit d’Interdire, Pierre Lévy, ainsi qu’Edouard Husson, historien, Yves Gernigon, président du Parti Fédéraliste Européen et Arthur Colin, vice-président de Sauvons l’Europe.

Cinquante minutes de débats passionnés, au cours desquelles le rédacteur en chef de Ruptures a rappelé que le Brexit aurait lieu, malgré tous les obstacles dressés par ceux qui ne résolvent pas à accepter les verdicts populaires. La sortie pourrait bien survenir le 31 octobre prochain, a-t-il expliqué en détails.

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Réchauffement, enfin ? (éditorial paru dans l’édition du 18 septembre)

Par : pierre

Leurre sans avenir ? Ou premiers signes prometteurs ? Depuis quelques semaines, le ton de l’Elysée à l’égard de Moscou a changé. Ce fut d’abord, le 19 août, la réception de Vladimir Poutine à Brégançon. Ce fut ensuite le discours prononcé le 29 août face aux ambassadeurs de France, où le président consacra un long passage justifiant et théorisant la relance d’un « dialogue franc et exigeant » avec la Russie. Avec cette proposition clé de construire « une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe ».

Puis, le 9 septembre, les ministres des affaires étrangères et des armées se sont déplacés à Moscou pour rencontrer leurs homologues, et ce afin de commencer à « abaisser le niveau de défiance ». Ce format avait été gelé depuis 2014. Certes, ni la levée des sanctions imposées par l’UE en 2014 contre la Russie, ni a fortiori des manœuvres militaires conjointes ne sont à l’ordre du jour. Et le chef de l’Etat insiste sur un dialogue « sans faiblesse ni naïveté » avec son homologue russe. Mais, à Paris, on se flatte de bientôt accueillir un sommet à quatre – France, Allemagne, Russie, Ukraine – qui pourrait contribuer à lever les tensions dont le conflit en Ukraine est l’un des épicentres.

Comment expliquer cette évolution ? D’abord par un certain réalisme. Les dirigeants français semblent désormais comprendre que, ni maintenant ni plus tard, Moscou ne « rendra » la Crimée rattachée à la « mère patrie » en 2014 avec l’approbation de 95% de ses habitants (l’« annexion » de ce territoire, dénoncée par les Occidentaux, avait servi de prétexte à une néo-guerre froide). Plus généralement, Emmanuel Macron a estimé, devant les diplomates français, que la Russie avait marqué des points géopolitiques considérables dans les dernières années, non seulement malgré, mais peut-être même à cause de la relégation que l’Occident lui a imposée. Cela vaut pour le Moyen-Orient, à commencer par la Syrie, mais aussi pour l’Afrique, où, de la RCA jusqu’au Mali, l’influence française est défiée par les sirènes russes.

En battant froid Moscou, on risque d’accélérer son rapprochement avec Pékin, alerte le chef de l’Etat

Pire : en battant froid Moscou, on risque d’accélérer son rapprochement avec Pékin, alerte le chef de l’Etat. Par ailleurs l’actuel président américain se soucie moins du camp occidental que des intérêts propres des Etats-Unis. Quitte à dénoncer unilatéralement ou à laisser s’éteindre des accords de limitation des armements (nucléaires et conventionnels) stationnés en Europe conclus du temps de l’Union soviétique. Emmanuel Macron s’interroge : peut-on rester simple spectateur de ce face à face Moscou-Washington ?

A tout cela s’ajoutent peut-être des facteurs moins avouables (outre, bien sûr, les intérêts des certaines grandes firmes françaises). Le maître de l’Elysée a subi une grave secousse avec le mouvement des Gilets jaunes, et redoute désormais un embrasement sur les retraites, au point d’être contraint d’avancer avec prudence sur les « réformes » et les coupes budgétaires qu’il comptait imposer au pays sabre au clair. Du coup, les projets lyriques, lancés du mont Olympe puis de la Sorbonne, de relancer une nouvelle Europe, avec la France comme élève modèle, ont fait long feu. On peut donc imaginer qu’un succès en politique étrangère serait le bienvenu pour compenser ces déceptions.

Les réactions horrifiées ne se sont pas fait attendre. Le Monde (09/09/18) a publié par exemple une tribune d’une rare violence signée par Bruno Tertrais, un géopolitologue très représentatif des cercles atlantistes. Celui-ci accuse Macron de faire naïvement le jeu de Poutine et de mettre en danger ses alliés en confortant la Russie dans son vieux tropisme soviétique…

En Allemagne, on regrette que la France ait joué en solo et sans prévenir : l’Elysée a fait peu de cas de la « politique extérieure commune de l’UE »

Et au sein de l’UE, on maugrée. Dans les pays baltes et en Pologne, bien sûr, mais aussi en Allemagne, où l’on regrette que la France ait joué en solo, et sans prévenir. De fait, l’Elysée a fait peu de cas de la « politique extérieure commune de l’UE ». Ce qui est déjà, en soi, à souligner. Le chef de l’Etat a par ailleurs lancé aux ambassadeurs, en substance : je sais bien qu’il y aura des résistances, y compris dans vos rangs, citant même l’existence d’un « Etat profond » qui pourrait s’opposer à une politique moins anti-russe. Le Quai d’Orsay était implicitement visé.

Il faut donc rester prudent. Le locataire de l’Elysée demeure un militant zélé de l’intégration européenne. Mais dans un monde où les incendies éclatent de toutes parts, du côté du Golfe persique en particulier, on aurait tort de négliger d’éventuelles hirondelles. Aussi fragiles soient elles.

 

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Elections en Autriche : les fondamentaux du paysage politique confirmés

Par : pierre

Les 6,4 millions d’électeurs autrichiens étaient appelés à élire leurs députés le 29 septembre. 75,1% d’entre eux se sont rendus aux urnes, soit cinq points de moins que lors du précédent scrutin, en octobre 2017.

Un constat, au moins, réunit tous les analystes : l’éclatante victoire de l’ÖVP (droite conservatrice) qui a rassemblé 37,5% des électeurs. Lors des scrutins de 2008, 2013, et 2017, ce parti avait obtenu respectivement 26%, 24%, et 31,5%. Ce dernier résultat, obtenu il y a deux ans et déjà remarquable, était la conséquence du raid éclair que venait de mener Sebastian Kurz, alors âgé de 31 ans, sur son parti alors vieillissant et en perte de vitesse. Ce dernier avait pris la tête de l’ÖVP en mai 2017 en promettant de mettre fin à la « grande coalition » entre conservateurs et sociaux-démocrates. En octobre 2017, il triomphait dans les urnes et accédait à la chancellerie en constituant une alliance avec le FPÖ, souvent classé à l’extrême-droite.

Cette dernière formation avait axé sa campagne contre l’immigration, un sujet très sensible dans le pays : des centaines de milliers de réfugiés avaient transité ou demandé asile en Autriche lors du pic de la crise de 2015-2016. Son chef, Heinz-Christian Strache, fort des 26% dans les urnes, devenait vice-chancelier, tandis que les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères (notamment) revenaient également à ce parti ou à des personnalités proches.

Les dirigeants de l’UE avaient, en 2000, boycotté l’Autriche, avant que cette attitude ne s’avère un fiasco

Une telle alliance entre une formation membre du Parti populaire européen (PPE, droite européenne) et une force jugée sulfureuse avait certes connu un premier épisode entre 2000 et 2005. Les dirigeants de l’UE avaient alors boycotté l’Autriche, avant que cette attitude ne s’avère un fiasco.

La coalition de 2017 a vu le jour dans un contexte très différent. Elle semblait plébiscitée par une majorité de citoyens, du moins jusqu’en mai dernier, lorsqu’éclata le scandale vite baptisé Ibizagate, du nom de l’île espagnole où M. Strache est tombé dans un énorme piège : une femme censée représenter un oligarque russe propose à M. Strache de financer son parti en échange de privilèges économiques. Celui-ci se montre très intéressé. Tout était monté de toutes pièces, mais la scène a été filmée. Sa diffusion a évidemment déclenché un tollé qui a poussé l’homme politique à la démission. Son parti a immédiatement pris ses distances.

Quelques semaines plus tard, ÖVP et FPÖ ne parviennent pas à former un nouveau cabinet, le premier posant des conditions draconiennes au second. Le FPÖ vote alors avec l’opposition sociale-démocrate contre le chancelier Kurz. Ce dernier doit céder sa place à un cabinet purement technique chargé d’expédier les affaires courantes.

Dommages électoraux

Un des enjeux du scrutin du 29 septembre était donc de mesurer les dommages électoraux du scandale sur le FPÖ. Avec 16,2% des suffrages, il dégringole de 9,8 points par rapport à son score de 2017. Cependant, en 2008 puis en 2013, ses scores s’étaient respectivement établis à 17,5% et 20,5%, ce qui relativise quelque peu cette chute. Selon les études, les gros bataillons des électeurs perdus sont venus renforcer le parti de M. Kurz, ou bien se sont abstenus.

Pour sa part, le Parti social-démocrate poursuit sa chute – un peu à l’image de son grand frère allemand – avec un score historiquement bas, soit 21,2%. Lors des précédents scrutins, il avait obtenu successivement 29,2%, 26,8% et 26,9%. Jusqu’aux années 2000, il rassemblait plus du tiers des électeurs.

Les Verts rassemblent 13,8% des électeurs, certes un bond de 10 points par rapport à 2017, mais guère supérieur à leur score de 2013, 12,4%

De son côté, Neos, la formation créée par un oligarque et qui se réclame ouvertement de l’ultralibéralisme, recueille 8,1% des suffrages, soit un gain de 2,8 points par rapport à 2017 (après s’être établi aux alentours de 5% dans les deux scrutins précédents).

Enfin, le résultat des Verts a été de toutes parts salué comme une prouesse historique. Certes, ceux-ci rassemblent 13,8% des électeurs, soit un bond de 10 points par rapport à 2017. Cette année-là cependant, les écolos étaient en proie à de ravageuses dissensions internes. Mais en 2008 et 2013, les Verts obtenaient respectivement 10,4% puis 12,4% – des scores finalement guère inférieurs à leur résultat de 2019.

Quel attelage ?

Quel partenaire M. Kurz et son parti vont-ils se choisir ? La question obsède désormais les analystes.

Pour constituer une majorité, l’ÖVP pourrait souhaiter renouveler son attelage avec le FPÖ, une perspective politiquement cohérente : les programmes des deux formations ne diffèrent pas beaucoup – notamment en matière de contrôle strict de l’immigration et de préservation de l’identité autrichienne. De même, les électorats ont de larges caractéristiques communes – notamment leur ancrage particulièrement solides dans les petites villes et le milieu rural.

Sauf que la déception des dirigeants du FPÖ a conduit ces derniers à annoncer, au lendemain du scrutin, qu’ils préféraient désormais se ressourcer dans l’opposition. Et ce, alors même qu’ils avaient fait campagne pour reformer la coalition avec le parti de M. Kurz, « afin que celui-ci ne mène pas une politique ‘de gauche’ ». Il est vrai que la législature sortante avait à son bilan des mesures particulièrement draconiennes contre le monde du travail, notamment la liberté laissée aux entreprises de payer à leur guise les heures supplémentaires, et des possibilités supplémentaires d’allongement de la durée du travail.

La perspective d’une alliance avec les Verts (qui centrent leurs exigences sur le climat et l’intégration européenne, mais pas sur le social) est au centre des pronostics. Elle était déjà sur la table avant les élections, mais dans une configuration qui aurait inclus Neos (ce qui en dit long sur la place qui aurait été accordée au social). Mais après le vote, ÖVP et Verts disposent arithmétiquement de la majorité sans avoir besoin d’une alliance à trois.

Une telle coalition existe déjà dans plusieurs Länder, et correspond probablement au souhait de barons régionaux de l’ÖVP. En revanche, elle représenterait un risque politique pour M. Kurz, qui a bâti ses succès sur une image de rigueur en matière migratoire et de conservatisme culturel. Les conditions posées par les écolos, du haut de leur score, semblent dans ce contexte peu compatibles avec la ligne du futur chancelier.

Une dernière hypothèse serait la formation d’un gouvernement sans alliance stable, Sebastian Kurz s’efforçant alors de constituer des majorités au coup par coup.

Au lendemain du scrutin, ce dernier s’est efforcé d’en dire le moins possible sur ses intentions.

A Bruxelles, on affiche discrètement sa satisfaction de voir les « populistes » rejoindre l’opposition, et d’aucuns font même le lien avec l’Italie où la Ligue a également été sortie du gouvernement.

Un soulagement d’autant plus notable que le FPÖ est lié par un accord de coopération avec le parti russe qui soutient Vladimir Poutine, Russie unie. Les dirigeants européens étaient particulièrement effrayés, par exemple, d’imaginer que, via le ministère de l’Intérieur, des informations des services autrichiens transitent vers Moscou. De ce fait, certains analystes n’excluent pas que les services allemands aient trempé dans le coup monté contre M. Strache, pour faire éclater la coalition mise en place en 2017, en tout cas pour écarter le sulfureux ministre de l’Intérieur FPÖ, Herbert Kickl, qui représentait une pomme de discorde avec l’ÖVP. Il est vrai que des conflits internes au FPÖ pourraient aussi expliquer la mise en place du piège.

Bruxelles aurait sans doute tort de se réjouir trop vite, car les fondamentaux de la politique autrichienne ont été plutôt confirmés par ce scrutin

Cependant, Bruxelles aurait sans doute tort de se réjouir trop vite, car les fondamentaux de la politique autrichienne ont été plutôt confirmés par ce scrutin : victoire personnelle pour Sebastian Kurz, qui ne met certes pas en cause l’appartenance de son parti au PPE, mais représente tout de même une aile spécifique de celui-ci ; maintien du FPÖ à une troisième place avec un score non négligeable (et supérieur à celui des Verts) malgré un scandale d’une ampleur sans précédent ; et nouvelle chute des sociaux-démocrates, alors même que la situation aurait pu leur profiter.

A ce titre, renouer avec une grande coalition ÖVP-SPÖ est moins que jamais à l’ordre du jour. Cette configuration a été fréquente à Vienne depuis des décennies, et a conduit à un rejet de la politique traditionnelle basée sur le consensus « centre droit – centre gauche » (et le clientélisme qui va avec), modèle si typique de l’intégration européenne.

Les négociations entre forces politiques prendront des semaines, peut-être même plusieurs mois. D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts du Danube. Et qui sait si une alliance ÖVP-FPÖ ne sera pas revenue d’actualité ?

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Google contourne habilement l’article 11. Les politiciens, hébétés, fulminent.

Par : h16

Lorsqu’on prévient que tout va mal se passer, on est forcément désolé de constater que tout se passe comme prévu, c’est-à-dire mal. C’est exactement ce qui se déroule avec l’intervention massive des pouvoirs publics dans le domaine de l’Internet.

Cet interventionnisme débridé s’est traduit, ces dernières années, par la mise en place d’un règlement (le RGPD) et d’une directive, dite Copyright.

J’avais ainsi, dans de précédents articles, détaillé la mise en place de ce règlement au départ destiné à protéger les petits internautes, bipèdes un peu idiots que seules les administrations semblaient capables de protéger des entreprises turbocapitalistes ultralibérales assoiffées de leurs données personnelles, et j’avais correctement noté que ces mesures aboutiraient fort probablement à une palanquée d’effets pervers imprévus. C’est sans surprise qu’on découvrait ensuite que ce règlement avait essentiellement défavorisé les petites entreprises et largement favorisé les grosses.

Soit exactement l’effet inverse de celui recherché.

De la même façon, j’avais noté que les agitations incontrôlées du législateur dans le monde de l’internet, poussé aux fesses par les indéboulonnables lobbys des sociétés de droit d’auteur diverses et variées, aboutiraient plus que sûrement à des effets de bords désastreux lorsque fut introduit la directive européenne sur la gestion du droit d’auteur dans le monde numérique. Pour rappel, cette directive prétendait apporter une solution législative soi-disant opérationnelle d’encadrement des usages des biens numériques au regard du droit d’auteur, depuis les citations de presse jusqu’aux liens de page en page, en passant par les mèmes rigolos.

Là encore, sans la moindre surprise, on découvrit assez rapidement que les grosses entreprises s’adaptèrent rapidement à la nouvelle donne, au détriment des moins agiles et des plus petites qui, elles, durent soit changer de modèle économique, soit périr discrètement dans l’indifférence des médias. Parallèlement et là encore, en accord avec ce que les experts avaient clairement annoncé sans jamais avoir été entendus, différentes affaires s’accumulaient montrant les dérives rapides et inévitables que cette directive entraînait : mise en place de filtres massifs sur différents supports, montée en puissance d’une censure a priori – rebaptisée filtrage pour faire passer la pilule…

Bref, l’internet, par le truchement d’une nouvelle bordée de lois mal boutiquées et contre-productives, poussées par les intérêts bien compris d’un ancien monde arc-bouté sur ses privilèges poussiéreux, prenait encore une fois un tournant détestable vers davantage de concentration, de connivence et moins de liberté.

C’est dans ce contexte déjà relativement agité qu’on apprend récemment que Google vient de changer la façon dont seront indexés et représentés les articles de presse dans son portail thématique.

Dès janvier, en réponse à la mise en place de cette nouvelle directive, Google avait clairement annoncé réfléchir à la possibilité de mettre fin, purement et simplement, à l’indexation des sites de presse pour éviter de tomber sous le coup de la loi qui lui imposait notamment une rémunération de ces sites en fonction du trafic ainsi généré.

Depuis, la transposition de la directive a progressé puisque son application dans le droit français pointe le bout de son nez : fin octobre, la France sera l’un des premiers pays à avoir transposé cette directive dans son droit et aura donc le plaisir de goûter, enfin, à la rémunération des sites de presse par Google à chaque fois que ce dernier en fait des citations.

Sauf qu’évidemment, Google n’entend certainement pas larguer des millions d’euros pour un service qu’il offrait gratuitement jusqu’à présent et permettait à cette presse de faire connaître sa production qui, bien qu’indigente, bourrée de fautes d’orthographes et de nouvelles pour la plupart lourdement biaisées, disposait ainsi d’une large publicité et d’une audience qu’elle ne méritait clairement pas, le tout, gratuitement jusqu’à présent.

Dès lors, pour éviter toute rémunération des éditeurs de presse, Google cessera d’afficher les extraits d’articles et les photos dans ses résultats concernant l’actualité. L’affaire, expliquée dans un billet de blog du vice-président de Google News, ne laisse aucun doute :

Lorsque la loi française entrera en vigueur, nous n’afficherons plus d’aperçu du contenu en France pour les éditeurs de presse européens, sauf si l’éditeur a fait les démarches pour nous indiquer que c’est son souhait.

Sapristi, voilà qui va quelque peu modifier la donne : par défaut, si l’éditeur souhaite avoir ses articles, ses vignettes et ses extraits référencés, il faudra qu’il le fasse savoir auprès de Google, ce qui veut dire par la suite que toute idée de rémunération supplémentaire de la part de Google sera à abandonner pour cet éditeur (ou parions que, même forcé, Google facturera alors, pour ce service de présentation, le montant exact de la rémunération qu’aurait souhaité l’éditeur de presse, annulant l’effort législatif entrepris).

Autrement dit, si aucun éditeur ne souhaite apparaître dans les nouvelles présentées par Google, la page Google News promet d’être un peu terne, seulement remplie de liens sans résumés. Heureusement, tous les éditeurs qui ne vivent que par le trafic et les gains publicitaires générés par celui-ci auront tout intérêt à accepter la nouvelle donne. Les autres éditeurs, minoritaires, verront plus probablement leur audience s’étioler. Quelques semaines après l’entrée en force de cette nouvelle loi, on peut donc parier à un retour (peu ou prou) à l’état actuel.

En attendant et devant la nouvelle stratégie de Google, à la fois légale et terriblement illustrative de l’imbécillité des législateurs incapables de comprendre les enjeux économiques réels, la réaction des politicards ne s’est pas faite attendre : Frank Riester, actuelle excuse placée à la tête du Ministère de la Culture, a ainsi expliqué sur Twitter que, je cite, « la définition unilatérale des règles du jeu est contraire à la fois à l’esprit de la directive et à son texte. »

Très très chiffonné, le pauvre petit Frank a donc courageusement décidé de s’entretenir prochainement avec ses homologues européens, parce que, scrogneugneu, cette situation ne peut pas durer. Il faut faire quelque chose, voyons, c’est obligé, n’est-ce pas, non mais des fois et puis bon, hein, mffppfmmf.

On se demande bien comment notre ministre va, concrètement, obliger une société privée à faire de gros cadeaux publicitaires à des sites de presse et les rémunérer de surcroît. Le spectacle de sa déconfiture promet d’être amusant.

Ouf, Frank Riester n'a pas tout misé sur la politique

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Synthèse de l'actualité internationale de septembre 2019

Voici l'essentiel de l'actualité internationale de septembre 2019. Avec nos encouragements pour les élèves de la spécialité HGGSP et les candidats aux concours. Diploweb.com sera à vos côtés jusqu'à la réussite !

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Il n’y a pas assez de femmes scientifiques car les jouets sont sexistes.

Par : h16

Certes, il est maintenant possible de mettre dès trois ans votre enfant à l’école maternelle. Mais avant cela, il s’écoule tout de même plus de mille jours pendant lesquels votre progéniture échappe totalement aux bons soins de l’État. Heureusement, Emmanuel Macron, le président de tous les Français, y compris des petits lardons de moins de trois ans, a bien compris le problème et entend donc y remédier.

Pour lui, c’est clair : il faut absolument agir le plus tôt possible, avant même la naissance et dès la conception s’il le faut, pour enfin donner à tous les mêmes chances, c’est-à-dire les mêmes probabilités d’être consciencieusement broyé dans l’un ou l’autre rouage idiot d’une administration aveugle et impitoyable.

Le constat est sinon implacable, au moins logique : qui, mieux que l’État peut s’occuper si bien des enfants, même en bas-âge ? Après tout, parce que l’État s’occupe déjà si bien des enfants plus âgés, des adolescents, des adultes, parce que les handicapés, les personnes âgées, les chômeurs et les réfugiés peuvent déjà lui dire merci chaleureusement, il semble normal que les bambins soient les prochains sur la liste à passer au hachoir festif et au broyage administratif à coups de cerfas rigolos, ne trouvez-vous pas ?

Vous trouvez que j’exagère ?

Eh bien à vrai dire, si on s’en tient aux premières idées qui fleurissent, force est de constater qu’on est plutôt en dessous de la réalité : l’enjeu semblant d’ores et déjà porter sur « une société plus égalitaire », tout sera donc fait pour que la moindre différence soit correctement aplanie, à coup de lois dans un premier temps (avant de passer au bulldozer ensuite puis aux coups de pelle sur la nuque dans un dernier temps pour les plus récalcitrants, comme le veut la tradition).

Dès lors, voici notre gouvernement poussé à agir immédiatement en proposant l’établissement d’un nouveau papelard qui s’accompagnera, soyez en sûr, d’une vigoureuse bordée de contraintes un jour ou l’autre prochain. Pour le moment, il s’agit simplement d’une charte pour lutter contre les stéréotypes dans les jeux, les joujoux et autres divertissements de nos chers bambins.

En charge de l’indispensable initiative, la secrétaire d’Etat à l’Économie Agnès Pannier-Runacher précise ainsi :

« On cherche à travailler sur la création de nouveaux jouets, la façon dont on en parle dans les annonces et la façon dont on les vend »

Oui oui, vous avez bien lu : Agnès cherche à travailler, ce qu’on ne peut qu’encourager, puisque tant qu’elle cherche ainsi, c’est avec l’argent des contribuables. En revanche, elle cherche aussi à travailler sur la création de nouveaux jouets, évaluer comment on les vend ou comment on en parle, ce qui ne semble absolument pas relever ni des devoirs régaliens de l’État, ni même du ministère de l’Économie (dont les productions ludiques ont plutôt tendance à filer des hémorroïdes aux Français), ni encore moins au secrétariat d’État dont elle a la charge.

À bien regarder la mission du ministère en question, non, décidément ma petite Agnès, vous n’avez pas à passer votre temps et donc cramer l’argent du contribuable pour créer de nouveaux jeux, vos concitoyens ont déjà le fondement suffisamment refait des productions de vos prédécesseurs pour se passer des vôtres.

Mais si on devait se formaliser pour si peu, on ne s’en sortirait pas tant, à bien y regarder, toute l’administration française semble tendue comme un seule homme dans ses multiples missions de jouer les mouches du coche et d’obstinément intervenir partout où les choses ne vont pas déjà assez mal. Et comme la petite enfance n’était que partiellement sabotée par les délires technocratiques, l’étape actuelle (des secrétaires d’État s’improvisant designer ludiques) semble logique.

Enfin, logique, utilisons ce mot avec la légèreté qui sied tout ce qui touche aux gouvernements français puisque, pour notre secrétaire, l’impérieuse nécessité de tripoter des jeux d’enfants est partie d’un constat « économique » d’après elle :

« La présence d’un nombre limité de femmes dans les carrières scientifiques. »

Bon, en fait, il s’agit plutôt d’un constat sociétal mais baste, si les politiciens utilisaient les mots idoines pour décrire vraiment leurs idées, ça fait belle lurette qu’ils auraient tous été pendus haut et court en place publique.

Indépendamment, il reste le constat, exact, que les femmes choisissent moins souvent les carrières scientifiques que les hommes.

Or, pour nos élus en charge de l’aplanissement des inégalités au bulldozer législatif, quoi de plus insupportable comme différence que celle introduite par le sexe ? Quoi de plus rageant que constater que, indépendamment de la société, de la culture, l’histoire, les petits garçons ont la fâcheuse tendance de plus se diriger vers les sciences que les petites filles ?

Oui, certes, cette tendance est observée partout dans le monde. Certes, plus une société est égalitaire sur le plan du genre, moins les femmes se dirigent vers les sciences. Certes.

Mais en réalité, on l’a bien compris, il ne s’agit pas ici de lutter vraiment contre les inégalités ; cette initiative n’est que l’aboutissement logique des efforts de propagande et d’infiltration d’idées déjà proférées plusieurs années auparavant : eh oui, qui se souvient des actions menées en 2014 qui visaient précisément ces mêmes domaines des jeux et l’insistance de certaines associations lucratives sans but louable à vouloir absolument dégenrer un peu tout ce qui leur passait par la tête ?

Finalement, les choses vont vite en sociale-démocratie lorsque tout l’appareil d’État a compris tout le bénéfice de contrôle qu’il pouvait retirer de ces lubies : il n’a fallu que cinq ans à ces idées plus ou moins farfelues pour devenir des leviers présentés comme opérationnels dans une lutte contre un problème fantasmé.

Car on est bien dans le fantasme, l’idée idiote qui consisterait à dire que les jeux formateraient l’esprit humain, raisonnement dans la même lignée que celui qui insiste pour dire que les jeux vidéos rendent violent (quand avant, ce fut le rock’n’roll ; manifestement, s’il y a bien un recyclage qui fonctionne à merveille, c’est celui des idées moisies), comme en témoigne l’une des membres de ces associations effervescentes :

« Dans la construction de soi et donc dans l’orientation, la place du jouet est fondamentale, si on ne donne pas à voir à des jeunes filles des jouets qui sont en lien avec la science, elles ne pourront pas se projeter dans ces métiers-là »

D’ailleurs, c’est bien simple, depuis que Super Mario et le Monopoly existent, le nombre de plombiers et de traders a littéralement explosé, ce qui suffit amplement à démontrer l’impact réel des jeux et des jouets sur l’esprit malléable des enfants. Heureusement que Pac Man n’a eu qu’un tout petit succès d’estime sinon nous aurions assisté à une invasion d’adultes spécialisés dans l’enfilage de boules de gommes.

En fait, dans ce contexte et avec ce mode de raisonnement, on part du principe que les petits garçons deviennent des hommes parce qu’ils jouent à des jeux de garçons. C’est aussi simpliste qu’idiot et cela occulte complètement la réflexion diamétralement opposée et nettement plus réaliste : les jouets et les jeux sont à ce point typés parce que les petits garçons sont des hommes en devenir, parce que les petites filles sont des femmes en devenir. Et non, bien évidemment, cela n’impose en rien qu’un petit garçon ne puisse pas avoir de poupée, une petite fille de garage à voitures, pas plus que cela interdirait à des parents de laisser leur jeune fils jouer à Barbie ou leur petite fille de monter un Légo.

Mais voilà : dans la société que ces associations construisent, si certaines différences sont louangées avec des chorales à 120 dB en son dolby, d’autres différences sont, elles, hideuses, à proscrire et parmi celles-là, celles qui voient moins de femmes, pourtant libres de leur choix, postuler dans les sciences dures. C’est insupportable.

La France est un pays merveilleux mais pour son État et son administration, il y reste tant et tant d’espaces de liberté à coloniser que chaque jour ne suffit pas à ajouter toutes les lois, programmes et autres décrets qui permettront enfin de réaliser un pavage complet de bonnes intentions de l’ensemble du territoire.

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[Redite] Un autre ministre de l’Écologie était possible !

Par : h16

Article initialement paru le 05.09.2018

Un an s’est écoulé depuis la nomination de François de Rugy au ministère de l’Écologie. À l’époque, je notais que d’autres choix étaient possibles que ce fadasse politicien professionnel des dîners en ville et de la connivence habituelle dans ce milieu… Les événements m’ont donné raison puisqu’il n’a pas fallu attendre longtemps avant que soient découvertes ses petites frasques au frais du contribuable.

Las.

Viré de son poste, le pauvre François aura été remplacé par Elisabeth Borne, son strict équivalent féminin. Au moins pourra-t-on se consoler en se disant qu’on a, une nouvelle fois, échappé à un effervescent abruti ou une frétillante péronnelle qui nous auraient agoni d’insultes et de taxes vexatoires… Au moins, les taxes et les vexations s’abattront dans la discrétion.

Grand soulagement dans les couloirs de l’Élysée, de Matignon, dans les rédactions parisiennes et au sein des principaux partis politiques français : ouf, le poste de Ministre de l’Écologie ne restera pas vacant !

Et malgré la difficulté du maroquin, fort visible aux traits tirés, à la mine déconfite et aux yeux humides du petit Nicolas, il y avait bousculade pour le poste.

Mais jugez plutôt : avec le récent déferlement de moraline écologiste, délivrée par cargos entiers suite à l’intervention médiatico-festive de plusieurs centaines de célébrités gravement éco-conscientisées, la liste des prétendants venait brutalement de s’étendre bien au-delà du simple domaine politique où pullulaient déjà pourtant de frétillants candidats.

Ainsi, voilà nos célèbs’ déchaînées jugeant – je cite – qu’« Il est temps d’être sérieux ». Parce qu’avant, voyez-vous, malgré l’ouragan ininterrompu de taxes, de vexations, de culpabilisation, de films, de documentaires, d’articles en mode « on va tous mourir », on n’en était qu’à l’échauffement décontracté, n’est-ce pas. Il est maintenant temps de se concentrer sur les vrais enjeux planétaires. Et pour cela, quoi de mieux qu’une vertuoparade aussi bruyante que possible dans une presse gourmande de relayer cette friandise estampillée Camp du Bien ?

Car pas de doute : l’effondrement est en cours ! La planète reverdit ! La reforestation progresse ! Le nombre d’ours polaire augmente ! Les catastrophes climatiques diminuent, et leur nombre de victimes aussi ! Comme le WWF le montre, le capitalisme favorise la biodiversité !

Et alors qu’apparemment, même la Terre empile des dettes (on ne sait où, on ne sait envers qui), on comprend la montée au créneau, la levée de boucliers et l’authentique bronca de ces artistes à la fibre écologique évidente devant cet empilement de dettes, de catastrophes et de réchauffement qui n’en finit pas de ne pas arriver.

Las.

Finalement, nous n’aurons pas eu la joie d’hériter d’un débris cinématographique mou ou d’une pénible criailleuse de salon comme Ministre de l’Écologie qui auraient probablement eu l’envie de nous imposer cette écologie punitive décroissantiste. Plus traditionnellement, le choix du président s’est porté sur François de Rugy, l’actuel président de l’Assemblée Nationale : un élu professionnel de la profession, habitué au rond de serviette républicain aux frais du Contribuable et hontectomisé très jeune, de surcroît tendrement allié à Macron à la faveur des transhumances politiques de l’année 2017. Vraiment, l’actuel président ne prend aucun risque avec ce loustic, vibrant exemplaire de ce que l' »écologie » permet de produire comme animal politique au bout de quelques décennies de bonne et loyale démagogie éco-moralinée.

À présent et selon toute vraisemblance, le ministère de la Transition Écologique va pouvoir reprendre sa reptation transition vers une économie moins capitaliste, moins libre, plus taxée, plus chère, plus polluante et moins performante sous les vivats de plus en plus modérés d’une population qui voit surtout les factures s’empiler.

Il est finalement dommage que l’option d’un non-remplacement du petit Nicolas n’ait pas été choisie, quand bien même les Français se détachent de plus en plus des questions écologiques.

Peut-être les questions économiques liées au chômage, au pouvoir d’achat, voire – soyons fous – aux questions d’insécurité, d’immigration ou de désindustrialisation occupent-elles plus les esprits du corps électoral et du corps contribuable que les questions écologiques, au demeurant de plus en plus vastes, floues et dont la traduction en termes de politiques concrètes se fait systématiquement par le versant fiscal ou punitif ?

Allez savoir.

Quoi qu’il en soit, on ne pourra s’empêcher de penser qu’un autre ministre de l’Écologie qui Transite aurait été possible !

Tant qu’à piocher dans les célébrités ou ces gens qui ont par le passé largement prouvé leur attachement à la nature, aux petits oiseaux et à toutes ces choses rigolotes qui nous font vivre (mais pas les virus, n’exagérons rien), Emmanuel Macron aurait pu faire preuve d’une vraie innovation politique en nommant Jammy (de « C’est pas sorcier ») ou Mac Lesggy (pour ne rester que dans le monde télévisuel, comme Hulot). En évoquant ces deux noms et en les comparant à l’amusement microdosé provoqué par le nouveau ministre, on mesure toute la distance qui reste à parcourir pour rendre un jour l’écologie si ce n’est amusante, au moins intéressante.

Et si l’on élimine le personnage de la pub Cétélem (même s’il n’y a pas plus vert que lui, une partie des Français ne pourrait sans doute pas supporter qu’un vendeur de crédit soit aussi officiellement installé sous les ors républicains, même si le crédit est pourtant la mamelle indispensable à laquelle tètent tous les gouvernements depuis 40 ans avec un appétit féroce), il y avait malgré tout Jawad qui, bien qu’escroc, meurtrier et repris de justice, n’aurait pas dépareillé avec l’actuel aréopage républicain et n’aurait probablement pas fait pire que les précédents ministres. Au moins peut-on être certain que lui, il sait faire pousser des plantes, ce qui est toujours plus que les autres.

Pas de doute, il y avait bien d’autres choix que ce Rugy fadasse pour tenir le poste. Par ailleurs, il faut se rappeler que l’écologie n’a jamais été qu’un paravent aux dérives collectivistes auxquelles les socialistes et les communistes nous ont régulièrement habitués, ainsi qu’un prétexte pour tous les autres afin de taxer, ponctionner et prélever pour sauver qui le climat, qui la nature, qui les générations futures, qui [insérez ici un concept flou aux limites mal définies]. Dans ce cadre, un saltimbanque aurait eu le mérite d’amuser la galerie qui paye pour la facture finale et les propositions ci-dessus, aussi loufoques soient-elles, n’auraient en pratique absolument rien changé de ce qui sera effectivement réalisé par Rugy ou n’importe qui d’autre.

Enfin, si l’on doit évidemment écarter Alexandre Benalla pour éviter une écologie qui cogne trop fort, reconnaissons tout de même qu’Emmanuel Macron aura eu le petit courage politique de nous éviter Daniel Cohn-Bendit, Ségolène Royal ou Noël Mamère, éternels chevaux de retour d’une écologie poussiéreuse, agressive et correctionnelle.

C’est maigre, mais c’est toujours ça de pris.

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Chine et Vatican, l'amorce d'une nouvelle relation stratégique ?

Une puissante réflexion sur la tectonique des plaques géopolitiques et stratégiques du monde présent... et en formation. Un article de référence, très solidement documenté et finement maitrisé.

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Poirson fait des ronds dans son économie circulaire

Par : h16

Rien de tel qu’un peu de Poirson pour bien commencer le vendredi ! Brune Poirson, c’est cette photogénique secrétaire d’État à la Transition écologique qui, par le truchement de ses interventions de plus en plus insistantes dans les médias, nous apprend à mieux trier nos déchets, à conscientiser les marques de sport et qui s’occupe actuellement de porter le débat sur le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, ouvert mardi dernier au Sénat.

Le sujet est d’importance (au point que sur la question, notre sémillante secrétaire enchaîne les clips dont on aime le son), et les gouvernements successifs ont depuis longtemps bien compris tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir à évoquer la question du gaspillage ; habilement cornaqué, le sujet autorise en effet l’introduction rapide d’une nouvelle myriade de contraintes plus ou moins idiotes sur le plan pratique mais qui ont deux avantages : elles permettent d’abord de multiplier les communications prouvant à quel point le gouvernement « agit » enfin pour lutter contre ces dérives insupportables, et elles ont ensuite l’énorme avantage d’offrir de nombreux angles d’attaque pour distribuer amendes et taxations diverses qui sont bienvenues pour boucler des budgets étatiques toujours serrés.

Lors des précédents gouvernements, on avait d’ailleurs pu goûter aux efforts déployés par d’autres secrétaires d’État aussi indispensables que l’actuelle, comme Garot qui avait agité ses petits bras pour proposer aux industriels de vendre les yaourts à l’unité (relisez cet ancien billet, la réalité est au-delà de ce résumé lapidaire) ou différents députés et leurs lois idiotes dont le résultat palpable sur l’économie française n’a (heureusement pour eux) jamais été évalué.

Et c’est donc tout naturellement que la petite Brune se lance dans la même brèche déjà explorée par tant d’illustres inconnus avant elle. Il y a de quoi faire.

C’est ainsi sans surprise qu’on retrouve une nouvelle bordée d’articles pour informer le consommateur. Il faut dire que c’est un petit mammifère fragile aux mœurs étranges qui tend à faire un peu n’importe quoi avec ce que l’État consent à lui laisser entre deux impôts (alors que si les autorités avaient enfin la clairvoyance de tout lui prendre et de plutôt distribuer des tickets et des bons donnant droit – ou pas – aux biens et services que la République saurait lui fournir – ou pas, toute cette indécision, tout ce temps perdu nous seraient épargnés, n’est-ce pas).

Comme d’habitude dans ce genre de package législatif vibrant d’incompétence économique, on trouve aussi les inévitables articulets destinés à interdire le gaspillage, les destructions d’invendus et autres marottes du moment.

Il n’y a pas le moindre doute que l’économie française s’en portera d’autant mieux une fois ces interdictions fièrement votées, tant il ne viendra jamais à l’esprit des commerçants d’aller faire détruire leurs stocks partout ailleurs en Europe. Rappelons (comme je le mentionnais dans un précédent billet) que le don est sévèrement puni taxé en France, ce qui aide encore plus à trouver une solution opérationnelle, pratique et pas chère aux stocks invendus sur notre territoire.

Au-delà de ces aspects dont les effets, pourtant néfastes, sont déjà connus, on bénéficiera aussi d’une petite aspersion rapide de moraline sur le secteur du bâtiment avec une filière « pollueur payeur » et des déchets repris sans frais ce qui n’amènera aucune dérive, on peut le garantir. (Ré)introduire ici des mécanismes normaux de marché est bien évidemment impossible, nous sommes en France après tout, et le désastre (y compris écologique) est toujours préférable au capitalisme.

Enfin, au-delà d’une nouvelle stigmatisation du plastique (quel bonheur de revenir aux sacs en papier, retirés pour des raisons écologiques dans les années 70), notons la volonté législative (forcément législative !) de revenir aux consignes dont la mise en place sera économiquement neutre, soyez en sûr.

Bref, rien de fondamentalement nouveau dans l’extension sans frein de l’État dans tous les domaines de l’économie pour des prétextes d’écologie, ce qui donne ainsi l’occasion à notre Poirson de faire de l’économie circulaire dans son bocal et de nous réexpliquer, entre deux bulles vidéos, à quel point l’obsolescence programmée est une honte insupportable.

« Coïncidence » troublante : au moment même où notre frétillante secrétaire se lance sur le sujet, sort inopinément le résultat d’une étude de l’association HOP, jusqu’alors inconnue mais dont les médias viennent subitement de s’enticher. HOP (Halte à l’obsolescence programmée) et la start-up Murfy, spécialisée dans la réparation de gros électroménager à domicile, révèlent en effet leur stupéfiante découverte : en l’espace de 8 ans, la durée de vie des lave-linge est passée de 10 à 7 ans.

Bon. Evidemment, dans le même temps, le prix de ce même équipement a chuté peu ou prou dans les mêmes proportions, comme en témoigne une étude de l’UFC Que choisir :

Autrement dit, la qualité semble relativement corrélée au prix : moins un lave-linge est cher, moins sa durée de vie est grande. C’est assez peu une surprise, mais avec un peu de paillettes et d’effet OMFG, on doit pouvoir arriver à appliquer l’étiquette « obsolescence programmée » à ce qui ressemble assez bien, vu de loin, à un simple ajustement du marché à une réalité indépassable : la main-d’oeuvre coûte de plus en plus cher là où les coûts de production de biens standardisés dégringole. Inévitablement arrive un moment où il devient moins cher de remplacer un produit standard par un autre plutôt que faire travailler un humain pour le réparer.

Dans un pays aux charges sociales délirantes, ce constat devrait aller de soi. Heureusement, les secrétaires (fussent-elles d’État) ne sont pas payées pour expliquer ces évidences et préféreront largement ergoter sur la couleur des poubelles, partir en guerre contre des Gremlins (comme Duflot avant elle) ou une fois encore pointer du doigt les vilains gaspilleurs et autres pollueurs qui ne font rien qu’à ne pas faire de l’économie circulaire.

On comprend que tout ceci n’augure rien de phénoménalement bon pour l’économie française (circulaire ou non). Les concepts étant mal maîtrisés, les bonnes intentions pavant l’enfer, tout ceci sent la déroute molle dans quelques mois ou quelques années. Mais rassurez-vous : on sait d’ores et déjà que Brune nous égayera encore souvent. On tient même, avec elle, un solide remplacement de Ségolène Royal.

Je ne suis pas sûr que le pays en avait vraiment besoin…

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La condamnation de Sandra Muller dans l'affaire #BalanceTonPorc

Par : Eolas

— Ah, cher maître, comme je suis bien aise de vous retrouver en ces lieux.

— Ma chère lectrice ! Je ne puis en croire mes yeux tellement est grande ma joie de vous revoir. J'ai craint que votre serviteur ayant laissé les lieux en jachère, vous ne l'ayez abandonné à votre tour, jetant à jamais sur ce blog d'un voile d'obscurité qui l'eût enlaidi.

— Cher maître, rassurez-vous, je suis fort bien en ces lieux, et ce n'est pas parce que vous fûtes resté un temps coincé dans les toilettes que l'envie de partir me fût venue.

— J'implore votre pardon pour ce retard. Je n'arrivais pas à ouvrir la porte : un institut bloquait le passage.

— Mais on ne peut faire entrer un institut dans des toilettes, maître !

— Je le sais mais il m'a fallu aller jusqu'en cassation pour le faire admettre. Mais n'anticipons pas. Je vous retrouve comme je vous ai laissée : l'œil brillant de colère et la poitrine soulevée d'indignation. Dites-moi tout : d'où vient votre courroux ?

— De chez vous, comme toujours, enfin de la justice, dont vous êtes l'auxiliaire. Elle a ce jour rendu un jugement condamnant lourdement Sandra Muller, pour diffamation, à cause d'un tweet.

— Je sais ce que ça fait, je compatis. Et quel tweet !

— LE tweet, maître, celui qui a lancé en France le hashtag équivalent à l'anglophone #MeToo, à savoir #BalanceTonPorc. Sur Twitter, les réactions à la nouvelle ont été, qu'elles soient approbatives ou désapprobatrices, plutôt modérées et équilibrées. Je plaisante, bien sûr.

— Je suis ravi de voir que votre ire ne vous fait point départir de votre humour.

— Bien que je doute que vos explications parviendront à faire passer cette décision pour acceptable à mes yeux, j'aimerais néanmoins les avoir, pour être certaine de mon opinion, ou le cas échéant en changer.

— Vous fîtes bien. Celles et ceux que les faits intéressent et aiment en prendre connaissance pour se faire leur opinion avant de prendre position publiquement trouveront toujours un havre ici. Voyons ensemble ce que dit réellement cette décision.

— Je vous ois. Vous connaissant, j'ai pris la liberté de vous préparer du thé.

— Un gyokuro Hiki, en hommage au Japon qui accueille la coupe du monde de rugby : vous êtes parfaite. Première précision importante pour notre affaire, il s'agit d'un jugement de la 17e chambre civile. C'est donc un jugement civil, et non pénal. La 17e chambre, spécialisée dans les affaires de presse, a en effet deux sections, une correctionnelle, qui juge les poursuites pénales pour injure et diffamation, et une chambre civile, qui ne juge que des poursuites civiles selon les règles du code de procédure civile.

— Et comment une affaire va-t-elle devant l'une plutôt que l'autre ?

— C'est le choix du plaignant. Ce choix est fait au moment où il lance la procédure, et est en principe irrévocable. Ici, Éric B., visé par le propos en cause, a choisi d'assigner au civil plutôt que de citer au pénal. Les raisons de l'un ou l'autre choix sont subtiles, et relèvent aussi bien de considérations de pur droit que d'opportunité stratégique. Je serais incapables de les donner avec certitude. Je pense que ce qui a pu être un des critères déterminants est la discrétion de la procédure : la procédure civile de droit commun s'appliquant, la représentation par avocat est obligatoire et la procédure est écrite. Cela évitait une audience pénale publique, où les parties et la presse sont présentes, et qui bénéficie d'une large publicité, ce qui peut être désastreux en cas d'échec, demandez à Denis Baupin.

— J'aime autant éviter. Quelle est la conséquence pour Sandra Muller que cette procédure soit civile ?

— Deux avantages : d'une part, elle n'est pas condamnée pénalement et ne peut plus l'être. Quoi qu'il arrive, elle n'aura pas de casier judiciaire. D'autre part, la procédure civile respecte, elle, l'égalité des armes : la défense peut demander au même titre que le demandeur que son adversaire soit condamné à prendre en charge tout ou partie de ses frais d'avocat ; au pénal, c'est impossible.

— Le jeu de dupe dont vous parlez sans cesse ?

— Disons que je constate qu'au pénal, on ne me parle d'égalité des armes que pour donner au procureur le droit d'appel en matière criminelle, ou pour revendiquer pour la victime le droit de faire appel de l'action publique. Quand je demande que le prévenu ou l'accusé bénéficie d'un droit ouvert aux autres parties au procès, on me répond "équilibre de la procédure."

— Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos porcs. Quelle était l'argumentation du demandeur ?

— Eric B. poursuivait en réalité deux personnes : Sandra Muller d'une part, et la société ABSM, éditrice de la Lettre Audio, puisque c'est sur le compte Twitter de cette société que le propos funeste a été publié. Il estimait que Sandra Muller a agi en tant que représentante de la société ABSM.

— Et quel était le propos litigieux ?

— Deux tweets enchaînés le 13 octobre 2017, en réaction à l'affaire Weinstein qui venait d'éclater à la suite de la publication d'un article du New York Times. Le premier disait :

#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends

Quatre heures plus tard, elle publiait ce second tweet (les noms propres ont été supprimés par mes soins, eu égard à la décision rendue) :

“Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit.” Eric B. ex patron de E. #balancetonporc

C'est ce deuxième tweet, mais lu à la lumière du premier, qui était poursuivi comme diffamatoire. Éric B. a estimé que ce tweet lui imputait la commission du délit de harcèlement sexuel au travail, délit distinct du harcèlement sexuel de droit commun. Or imputer un délit est une diffamation, ce point ne fait plus discussion depuis longtemps.

— Et la défenderesse ?

— Les défenderesses, chère lectrice, puisqu'il y en avait deux : la journaliste et sa société. Elles ont déployé tout l'éventail classique des moyens de défense en la matière, sauf un, qui sera peut-être leur salut en appel. Mes lecteurs habitués connaissent un peu le droit de la diffamation, et se souviendront que le premier moyen de défense est l'exception de vérité : si la personne poursuivie pour diffamation prouve la vérité du fait, elle est immune et impune.

— Mais diffamer n'est donc pas imputer un fait mensonger ?

— Pas du tout, et les personnes qui poursuivent en diffamation, ou surtout font savoir à sors et à cris qu'elles vont poursuivre en diffamation quitte à ce qu'il y ait trop loin de la coupe aux lèvres, le savent et en jouent. Non, la diffamation n'est pas la calomnie. On peut diffamer en disant la vérité, car diffamer est imputer un fait contraire à l'honneur et à la considération. Peu importe qu'il fût vrai. Ainsi, si je dis que Raoul Vilain a tué Jaurès, je le diffame : je le traite de meurtrier. Et pourtant c'est vrai, nonobstant son acquittement par les assises, puisqu'il revendiquait ce geste.

— Et l'exception de vérité ?

— Il fallait tout de même protéger la presse. Ainsi, si la presse publie un article imputant des faits diffamatoires, comme par exemple la révélation qu'un maire de la région parisienne frauderait le fisc (je sais, l'hypothèse est absurde), il ne faudrait point que ledit maire pût obtenir une condamnation pour diffamation. Mais la preuve de la vérité est enserré dans des conditions de forme rigoureuses : la principale étant qu'elle doit être produite dans les dix jours de l'assignation.

— Pourquoi un délai si bref ?

— L'idée de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse était qu'un journal qui publie l'imputation de tels faits se doit d'avoir les preuves sous le coude. S'il doit faire une enquête a posteriori pour réunir les preuves de ce qu'il a publié, c'est qu'il a été téméraire dans ses accusations, et c'est ce que l'on souhaitait sanctionner. De plus, l'idée du législateur était que le procès se tînt promptement pour que le jugement sanctionne la publication alors qu'elle est encore fraîche dans la tête du lecteur. Cet objectif a été oublié depuis longtemps en tout cas à Paris, la 17e chambre étant totalement engorgée (mais à Créteil ou Fontainebleau, on obtient des jugements dans des délais beaucoup plus conformes à l'esprit de la loi).

— Et qu'arguait-elle au titre de la preuve de la vérité des faits ?

— Que les propos en question ont bien été tenus, parce qu'Éric B. a reconnu les avoir tenus et a présenté ses excuses ; que Sandra Muller en parlant de harcèlement ne faisait pas allusion au délit de harcèlement sexuel au travail, faute de lien de subordination entre elle et Éric B., et que le mot harcèlement était utilisé dans son acception courante et non juridique.

— Et que répliquait le demandeur ?

— Que la preuve des propos qu'il avait tenus n'était pas rapportée, et qu'aucun délit de harcèlement n'était prouvé que ce fût le délit spécial de harcèlement sexuel au travail, ou le délit de droit commun de harcèlement sexuel, qui suppose la répétition du comportement, or le propos qui lui est imputé n'avait été ténu qu'une seule fois.

— Et qu'en dit le tribunal ?

— A titre liminaire, je n'ose dire préliminaire, il rappelle le contexte : le 5 octobre 2017, le New York Times publie son enquête sur l'affaire Weinstein. Le 12, le Parisien publie le premier article sur cette affaire. Le 13, Sandra Muller publie les deux tweets ci-dessus. Puis le tribunal donne son interprétation du tweet.

Au vu de ces éléments et dans ce contexte très particulier, le premier tweet de Sandra MULLER fait référence à Harvey WEINSTEIN et à l’affaire en cours en employant le mot “porc” et en commençant par “toi aussi”. Il invite d’autres femmes que celles qui ont déjà témoigné à ce sujet à dénoncer des faits de harcèlement sexuel au travail. Le second tweet, en reprenant le #balancetonporc, renvoie nécessairement au premier, publié de surcroît quelques heures auparavant.

Dans le contexte spécifique de l’affaire WEINSTEIN, et compte tenu de l’emploi des mots “toi aussi” et des termes très forts de “porc” et de “balance”, qui appellent à une dénonciation, ainsi que des faits criminels et délictuels reprochés au magnat du cinéma, le tweet de Sandra MULLER ne peut être compris, contrairement à ce que soutient la défense, comme évoquant un harcèlement au sens commun et non juridique.

Dans la mesure où Sandra MULLER n’écrit pas qu’Eric B. était son supérieur hiérarchique, que le terme “au boulot”, dans une société où le travail indépendant est devenu très développé, n’implique pas nécessairement d’être salarié et où il est notoire que Sandra MULLER est une journaliste indépendante, l’imputation pour ce tweet n’est pas celle d’un harcèlement sexuel au travail au sens de l’article L. 1153-1 du code du travail.

Le tweet litigieux impute à Eric B. d’avoir harcelé sexuellement Sandra MULLER. Il s’agit d’un fait précis, susceptible d’un débat contradictoire sur la preuve de sa vérité, et réprimé par l’article 222-33 du code pénal, qui, dans sa version en vigueur au moment du tweet, réprime :

- le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante,

- le fait, même non répété, assimilé au harcèlement sexuel, d'user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers.

Ensuite, le tribunal rappelle les conditions d'efficacité de la preuve de vérité :

Pour produire l’effet absolutoire prévu par l’article 35 de la loi du 29 juillet 1881, la preuve de la vérité des faits diffamatoires doit être parfaite, complète et corrélative aux imputations dans toute leur portée et leur signification diffamatoire.

L’offre de preuve ne comporte aucun jugement pénal définitif condamnant Eric B. pour harcèlement sexuel envers Sandra MULLER. Par conséquent, elle n’est pas parfaite, complète et corrélative à l’imputation diffamatoire et la demanderesse échoue dans son offre de preuve.

— En somme, le tribunal n'eût accepté l'offre de preuve que si Éric B. avait été condamné pour harcèlement sexuel antérieurement au tweet litigieux. En somme, le message est "poursuivez ou taisez-vous" ?

— L'interprétation stricte du terme "harcèlement" par le tribunal entraine une interprétation stricte de l'exception de vérité. À suivre le tribunal, les femmes qui voudraient dénoncer un comportement inapproprié d'un homme à leur encontre devront veiller à ne pas utiliser de terme pouvant avoir une connotation juridique.

— Je sens que Sandra Muller aura déjà bien des choses à dire en appel. Soulevait-elle un autre moyen de défense ?

— Bien sûr. Le deuxième moyen classique : la bonne foi. Qui en matière de presse, n'est jamais présumée, même au pénal.

— Qu'est-ce que la bonne foi, en la matière ?

— Sans débat sur la véracité ou non des faits, la personne poursuivie est immune si elle établit quatre éléments cumulatifs : qu'elle a poursuivi un but légitime, étranger à toute animosité personnelle, et qu’elle s’est conformée à un certain nombre d’exigences, en particulier de sérieux de l’enquête, ainsi que de prudence dans l’expression, étant précisé que la bonne foi ne peut être déduite de faits postérieurs à la diffusion des propos. Le tribunal ajoute un paragraphe supplémentaire :

Ces critères s'apprécient également à la lumière des notions "d'intérêt général" s'attachant au sujet de l'information, susceptible de légitimer les propos au regard de la proportionnalité et de la nécessité que doit revêtir toute restriction à la liberté d'expression en application de l'article 10 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et de "base factuelle" suffisante à établir la bonne foi de leur auteur, supposant que l'auteur des propos incriminés détienne au moment de les proférer des éléments suffisamment sérieux pour croire en la vérité de ses allégations et pour engager l'honneur ou la réputation d'autrui et que les propos n’aient pas dégénéré en des attaques personnelles excédant les limites de la liberté d’expression, la prudence dans l'expression étant estimée à l'aune de la consistance de cette base factuelle et de l'intensité de l'intérêt général.

— Houla, c'est un peu obscur.

— Oui, j'ai connu la 17e plus claire. D'autant que cette irruption de l'article 10 de la CEDH dans la bonne foi, alors qu’elle constitue un moyen totalement distinct dans ses conditions me surprend quelque peu. Pour résumer, le tribunal indique qu'il va examiner si Sandra Muller pouvait croire en la vérité des propos au vu des éléments dont elle disposait et que ses propos n'ont pas dégénéré en attaque personnelle.

— Mais le demandeur avait reconnu les faits !

— Il avait reconnu avoir tenu des propos déplacés, on y reviendra : mais le tribunal a estimé que le tweet n'imputait pas à Éric B. d'avoir tenu les propos en cause mais lui imputait de s'être rendu coupable d'un délit de harcèlement, et surtout les excuses d'Éric B. sont postérieures à la publication, alors que la bonne foi s'apprécie au moment de la publication et non sur des éléments postérieurs à icelle.

— Mais cela change tout pour la défenderesse !

— C'est peu de le dire. Voici ce que dit le tribunal :

S’agissant du premier critère de la bonne foi, en pleine affaire Weinstein, médiatisée internationalement et ayant permis la libération de la parole de femmes victimes, et dans une société française où les femmes ont eu le droit de vote en 1944, les maris ont cessé d’être appelés “chefs de famille” dans le code civil en 1970, l’égalité salariale entre hommes et femmes n’est pas atteinte, le viol conjugal a été reconnu par la jurisprudence à partir de 1990 et plusieurs plans interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes ont été adoptés, la question des rapports entre hommes et femmes, et plus particulièrement des violences sous toutes leurs formes infligées aux femmes par des hommes, constitue à l’évidence un sujet d’intérêt général.

— Ça commence bien, même si on se demande ce que vient faire ce rappel historique abrégé du retard de la France en matière d'égalité homme/femme.

— Ça continue plutôt bien.

S’agissant du critère de l’animosité personnelle, si le demandeur verse des éléments ayant trait à la déception voire à la colère de Sandra MULLER en raison du refus d’Eric B. de s’abonner à sa lettre entre 2004 et 2008, puis en 2012, ces pièces ne démontrent pas une animosité personnelle au sens du droit de la presse, qui s’entend d'un mobile dissimulé ou de considérations extérieures au sujet traité, ces attestations évoquant des faits anciens et sans commune mesure avec l’imputation diffamatoire.

— Pas d'animosité personnelle donc. Où le bât va-t-il blesser ?

— Sur le sérieux de l'enquête, ou ici le sérieux de la base factuelle, et la prudence dans les propos.

S’agissant des critères de base factuelle et de prudence dans les propos, alors même que, vivement interpellée par tweet, Sandra MULLER répondait avoir la preuve irréfutable de ce qu’elle affirmait, force est de relever que :

- le message du 12 juillet 2016 dans lequel elle indique les propos que lui aurait tenus Eric B. (”j’adore les femmes a gros seins viens avec moi Je vais te faire jouir toute la nuit”) ne comprend pas les mêmes propos que ceux qu’elle lui prête dans le tweet litigieux,

— Le tribunal chipote, là, non ?

— Il n'a pas fini de chipoter :

- si elle écrit dans un message du même jour à Eric B. “Qui est allé trop loin en me harcelant tellement en me manquant tellement de respect que j’ai du appeler le dir com de Orange pour Faire Bouclier ?”, Eric B. répond à ce message “ C’est marrant. Tu ne changes pas. Toujours aussi énervée et rancunière. Au fond, tu ne m’a jamais pardonné de ne pas m’être abonné et tu es prête à écrire n’importe quoi !”, contestant ainsi le harcèlement allégué,

— Le tribunal voit dans cette réponse une contestation des faits ?

— Oui. Ça ne m'est pas aussi manifeste qu'au tribunal.

— Mais la reconnaissance des faits par Éric B. ?

— Nous y arrivons.

- Eric B., dans une tribune au Monde, a reconnu avoir, lors d’un cocktail dans une soirée, tenu des propos à Sandra Muller qu’il a qualifiés de “déplacés” et a affirmé regretter (pièce 24 en défense),

- il a précisé lors d’une interview sur Europe 1 (pièce 25 en défense) avoir dit à la journaliste “lors d’une soirée arrosée” : “t’as de gros seins, tu es mon type de femme” une fois, avoir “été lourd”, avoir “mal agi” puis après que Sandra Muller lui aurait dit “stop”, avoir ajouté “sur un ton ironique : “Dommage je t’aurais fait jouir toute la nuit” et avoir présenté des excuses le lendemain,

- aucune des attestations produites en défense n’évoque la tenue par Eric B. des propos rapportés par Sandra Muller ou de propos proches de ceux-ci ni d’un quelconque harcèlement à son encontre.

Le tribunal en déduit que :

Alors même que l’emploi du terme harcèlement évoque une répétition ou une pression grave, les pièces produites en défense n’établissent aucune répétition des propos qu’Eric B. lui aurait tenus - ni même d’ailleurs qu’il lui ait précisément tenus les propos allégués - ou d’une quelconque attitude susceptible d’être qualifiée de harcèlement envers Sandra Muller, au sens de l’article 222-33 du Code pénal.

Aussi, quel qu’ait pu être le ressenti subjectif de Sandra Muller à la suite de paroles d’Eric B., qui ont pu entrer en résonance avec une agression subie par la journaliste, la base factuelle dont elle disposait était insuffisante pour tenir les propos litigieux accusant publiquement le demandeur d’un fait aussi grave que celui du délit de harcèlement sexuel et elle a manqué de prudence dans son tweet, notamment en employant des termes virulents tels que “porc” pour qualifier le demandeur, l’assimilant dans ce contexte à Harvey Weinstein, et “balance”, indiquant qu’il doit être dénoncé et en le nommant, précisant même ses anciennes fonctions, l’exposant ainsi à la réprobation sociale ; elle a dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression, ses propos dégénérant en attaque personnelle.

Le sort de Sandra Muller est dès lors scellé, il ne reste plus qu'à chiffrer ses condamnations.

Compte tenu de l’ensemble des éléments de la cause, du retentissement exceptionnel mondial qu’ont eu ces deux tweets, Eric B. étant devenu connu comme le “premier porc” du mouvement international “balance ton porc”, des justificatifs relatifs à l’état psychologique d’Eric B., en “état dépressif majeur” depuis avril 2018, sous antidépresseurs, anxiolytiques et bénéficiant d’un suivi régulier et à l’isolement social subi à la suite de ces faits, ainsi que du préjudice de réputation établi notamment par la pièce 19, il convient de condamner in solidum - dans la mesure où il s’agit d’une instance civile et où la solidarité ne se présume pas- les défenderesses à lui verser la somme de 15.000 € à titre de dommages-intérêts en réparation du préjudice moral subi, incluant le préjudice de réputation.

En outre s'y ajoutent deux réparations dites en nature : l'obligation de supprimer ledit tweet, et de publier sur le compte Twitter de la lettre Audio ainsi que dans deux journaux le communiqué suivant : Par jugement du 25 septembre 2019, le tribunal de grande instance de PARIS (chambre civile de la presse) a condamné Sandra MULLER pour avoir diffamé publiquement Eric BRION, en diffusant sur ce site le 13 octobre 2017 un tweet sous le #balancetonporc, le mettant en cause. (Je laisse le nom puisqu'il figure en toutes lettres dans le communiqué édicté par le tribunal, par respect pour la décision).

Pour le plaisir, je ne résiste pas à reproduire ci-dessous les exigences précises du tribunal, ce qui fera sourire les utilisateurs de Twitter et suffira à lui seul à justifier l'appel annoncé de ce jugement :

Dit que ce communiqué, placé sous le titre “PUBLICATION JUDICIAIRE”, devra figurer en dehors de toute publicité, être rédigé en caractères gras de taille 12, en police “Times New Roman”, être accessible dans le délai de quinze jours à partir de la date à laquelle le présent jugement sera devenu définitif, sous astreinte de 500 euros par jour de retard, et de manière continue pendant une durée de deux semaines, soit directement en intégralité sur le premier écran de la page d’accueil du compte Twitter https://twitter.com/LettreAudio, soit par l’intermédiaire, depuis ce premier écran, d’un lien hypertexte portant la mention “PUBLICATION JUDICIAIRE” en caractères gras, noirs et d’un centimètre, sur fond blanc,"

Si quelqu'un sait comment faire apparaître sur la page d'accueil d'un compte Twitter une mention en Times New Roman grasse de taille de police 12, ou d'un lien hypertexte mesurant 1 cm de hauteur même sur les écrans de smartphone, je suis preneur.

S'y ajoutent 5000 euros de frais de procédure divers, dont le coût du constat d'huissier, et naturellement les honoraires de l'avocat, qui ne sont à mon avis que partiellement couverts.

— Je suffoque de rage. Sandra Muller a dénoncé quelqu'un qui a reconnu avoir eu un comportement inapproprié, et même franchement grossier à son égard, et elle doit lui payer 20.000 euros ! Ne me dites pas que vous approuvez ce jugement ?

— Chère lectrice, ce jugement est critiquable, et il sera critiqué, par la seule voie que permet la loi : l'appel. Comme je vous l'ai dit, la défense aura du grain à moudre devant la cour, mais je me garderai de prédire sa victoire. Si cela vous rassure, elle a un avocat qui, quelle que soit la discourtoisie dont il a cru devoir faire preuve à l'égard de votre serviteur, demeure incontestablement un excellent avocat, et même un des meilleurs de France. Le tribunal a eu la sagesse de ne pas assortir sa décision de l'exécution provisoire, donc l'appel en suspendra tous les effets. Néanmoins, le tribunal soulève dans sa décision des points non dénués de toute pertinence. Sandra Muller a été victime de quelque chose que je connais bien et que je me garderai de lui reprocher : la précipitation sur Twitter. De celle qui vous fait écrire "institut" au lieu de "pacte", ou employer des mots maladroits, comme le verbe "balancer" et le mot "porc" (ou le mot caca, soit dit en passant). À titre personnel, je comprends l'argument disant que l'important n'est ni le verbe ni le nom mais le comportement dénoncé. Pour tout dire, j'y adhère, pour ce que ça vaut. Le problème avec l'emploi de mots violents pour dénoncer un comportement violent tellement entré dans les mœurs qu'on ne le remarque plus quand on n'est pas celle qui le reçoit, c'est qu'il offre un boulevard aux personnes se demandant si elle n'ont pas un jour été elles-mêmes un porc balançable pour détourner le sujet en surjouant l'indignation sur le vocabulaire employé pour dénoncer le comportement. Et on y a eu droit dans les mois qui ont suivi, à l'indignation vertueuse des exégètes du mot balancer, avec points Godwin à la clé.

Il demeure, est j'espère ne pas subir votre ire de ce chef, que dans ce genre de circonstances, il peut aisément se produire un phénomène de bouc émissaire, où, dès qu'une personne sera pointée du doigt, elle se prendra une avalanche d'opprobre et d'attaques qui en sont pas sans rappeler par leur disproportion les Animaux malades de la peste de La Fontaine. Éric B., cela semble acquis, s'est comporté avec Sandra Muller comme un gougnafier fini lors d'une soirée professionnelle où l'on se doute qu'il n'a pas carburé qu'à l'eau de Vittel. Sandra Muller ne prétend jamais, à aucun moment qu'il serait allé au-delà des paroles, jusqu'à un acte physique transgressant la loi pénale (ce en quoi je diffère avec l'analyse du tribunal qui voit dans les propos l'imputation du délit de harcèlement sexuel). Or Éric B. semble avoir subi en répercussion une mise au ban comme s'il avait commis des faits similaires à ceux imputés à Harvey Weinstein, par un déshonneur par association, alors que les faits sont sans commune mesure, on doit cette vérité aux victimes du producteur américain. Cela semble avoir préoccupé le tribunal, qui a choisi la voie de la sévérité pour dissuader les dérives.

— Je ne suis pas convaincue mais je comprends votre position. Au fait vous disiez qu'un moyen n'avait semble-t-il pas été soulevé qui pourrait changer bien des choses en appel ?

— En effet. Il ressort du jugement, qui est le seul document dont je dispose, que si l'exception de vérité et la bonne foi ont bien été soulevés, un moyen autonome tiré de l'article 10 de la CEDH, lui, ne l'a pas été.

— Et que dit cet article ?

— C'est l'article de la Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui protège la liberté d'expression. Or la cour européenne a une vision très libérale (rappel : ce n'est pas un gros mot) de cette liberté, qui devient quasi absolue dès lors que l'on touche à un débat d'intérêt général. La cour exige que plus l'intérêt du propos est général, plus la liberté d'expression soit large, frôlant l'absolu en matière politique. C'est un moyen autonome dans le sens où il n'a pas à se conformer aux conditions restrictives du droit interne liées à l'exception de vérité ou de bonne foi. Si le débat est d'intérêt général, le propos doit être protégé, peu importe qu'il soit excessif dans son expression. Spoiler alert : je dois beaucoup à cet article.

Or ici, le tribunal ne semble pas avoir été saisi expressément d'un argument disant : vu l'intérêt général de la dénonciation du comportement inapproprié que les femmes subissent au quotidien dans leur milieu professionnel, la liberté d'expression protège le propos. Le tribunal enferme l'article 10 dans les conditions de la bonne foi. Je pense qu'un argument d'appel invoquant l'article 10 de la CEDH de manière autonome aura de bonnes chances de triompher. Cela dit avec toutes les réserves du commentateur qui n'a que la décision et pas le détail des écritures des parties.

— Maître, merci de ces lumières. J'attendrai donc le résultat de l'appel.

— Par pitié, n'attendez pas si longtemps pour revenir.

— Promis, maître, à une condition : que vous n'attendiez pas si longtemps pour publier un nouveau billet.

— Le coup est rude, chère lectrice, mais régulier. Vous avez ma promesse en retour.

La Cour suprême britannique désavoue le premier ministre, mais sans conséquence sur le Brexit

Par : pierre

La décision de la Cour suprême britannique, rendue publique le 24 septembre, a fait l’effet d’une bombe. A l’unanimité, les onze juges ont décrété que la suspension du Parlement pendant cinq semaines, telle que l’avait décidée le premier ministre, était « illégale » et de nul effet. Ils ont ainsi inversé le verdict de la Haute Cour de Londres qui avait pour sa part jugé qu’une telle suspension relevait de la compétence politique (et donc de l’exécutif), et non du ressort judiciaire.

En conséquence, les députés britanniques sont revenus dès le 25 septembre en session, alors qu’ils avaient été mis en congés pour une pause de cinq semaines, en l’occurrence jusqu’au 14 octobre. Boris Johnson avait indiqué, pour justifier sa décision, qu’il préparait la rentrée parlementaire et le programme qu’il devait y annoncer. Et rappelé qu’une telle suspension intervient régulièrement – seule sa durée était inhabituelle.

De son côté, la présidente de la Cour suprême a argué que cette pause « a eu pour effet d’entraver la capacité du Parlement à exercer ses fonctions démocratiques, et ce, sans justification rationnelle », et que ses « conséquences sur les fondements de notre démocratie ont été extrêmes ». Une formulation maximaliste qui, prise à la lettre, laisse tout de même perplexe.

Nombre d’honorables parlementaires n’ont d’autre objectif que d’annuler le verdict populaire

Car cela fait désormais plus de trois ans que les parlementaires débattent du Brexit, sans qu’aucune majorité ne se dessine pour fixer les modalités de la sortie de l’Union européenne, une sortie décidée le 23 juin 2016 par le peuple. Les élus ont par trois fois rejeté l’accord négocié entre Bruxelles et le prédécesseur de Boris Johnson, Theresa May, et dit également Non à huit alternatives qu’ils avaient eux-mêmes imaginées. En réalité, nombre d’honorables parlementaires n’ont d’autre objectif que d’annuler le verdict populaire, à tout le moins de le vider de sa substance.

L’actuel locataire de Downing Street a également rappelé qu’entre le 14 octobre et la date prévue pour que le Royaume-Uni sorte de l’UE, le 31 octobre, les députés auraient eu à nouveau le temps de poursuivre leurs débats, sans d’ailleurs que personne n’imagine ce qui pourrait en sortir de nouveau. Début septembre, une majorité d’entre eux avait même voté un texte liant les mains du chef du gouvernement : faute d’accord trouvé avec Bruxelles d’ici le 19 octobre, cette loi contraint ce dernier a solliciter du Conseil européen un nouveau report – ce serait le troisième – jusqu’au 31 janvier.

L’arrêt de la Cour suprême aura, à moyen et long termes, des conséquences lourdes sur l’équilibre des pouvoirs – entre gouvernement, parlement et justice – dans ce pays sans constitution écrite, bien plus qu’à court terme sur le Brexit lui-même.

Johnson veut des élections

Boris Johnson a en tout cas saisi l’occasion du verdict du 24 septembre, pour en appeler à de nouvelles élections, seule manière de dénouer la situation. Le parti travailliste a défendu becs et ongles cette perspective depuis deux ans, avant… de la bloquer début septembre, de peur qu’elle ne favorise la réalisation de l’engagement de Boris Johnson : mettre en œuvre le Brexit, quoi qu’il arrive, au 31 octobre.

La date de sortie ne peut être repoussée qu’à la double condition que la partie britannique le demande, et que les chefs d’Etat et de gouvernement l’acceptent à l’unanimité

C’est la date de sortie qu’avaient fixée d’un commun accord Londres et les Vingt-sept, lors du Conseil européen d’avril dernier. Une date qui ne peut être repoussée qu’à la double condition que la partie britannique le demande, et que les chefs d’Etat et de gouvernement l’acceptent à l’unanimité. Ceux-ci se réuniront les 17 et 18 octobre.

M. Johnson a affirmé son désaccord avec l’arrêt de la Cour annulant la suspension du Parlement, tout en précisant qu’il le respecterait. Mais il a une nouvelle fois confirmé que le pays sortirait bien de l’Union européenne le 31 octobre – avec ou sans accord.

Dans l’hypothèse d’un non-accord, rien ne l’empêche par exemple – c’est une de ses possibilités – de respecter la lettre du texte le contraignant à demander formellement un report, tout en indiquant aux Vingt-sept que cette voie relancerait une situation inextricable et prolongerait une énième fois les incertitudes. Dans ce cas, il est probable que certains dirigeants européens mettront un veto à cette demande de report. Par exemple le président français, qui avait déjà exprimé sa volonté en ce sens en avril dernier, avant de se rallier in extremis à la position d’Angela Merkel.

La « souveraineté du parlement » est une bizarrerie juridico-politique, puisque c’est le peuple – et non ses représentants – qui est censé être souverain

Après la décision de la Cour suprême, les adversaires du Brexit exultent, en Grande-Bretagne, mais aussi sur tout le Vieux continent. Officiellement, ils se réjouissent que la « souveraineté du parlement » ait été défendue dans la « plus vieille démocratie parlementaire du monde ». Notons au passage que la formulation « souveraineté du parlement » est pour le moins une bizarrerie juridico-politique, puisque c’est le peuple – et non ses représentants – qui est censé être souverain. En réalité, ils se réjouissent que la voix de ce dernier ait été une nouvelle fois défiée, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Ainsi, Le Monde (26/09/19) note sans ciller que la démocratie parlementaire a été « fragilisée » par le référendum de 2016. Etrange démocratie qui peut ainsi être « fragilisée »… par le peuple.

Mais l’époque n’est plus où la voix populaire pouvait être simplement battue en brèche, voire carrément bafouée. Certes, la décision de la Cour constitue un revers politique pour le Premier ministre. Ceux qui s’en réjouissent oublient littéralement les millions de Britanniques écœurés et exaspérés par cet insupportable constat : leur décision de quitter l’UE n’est toujours pas appliquée. C’est à cette incroyable injustice que Boris Johnson s’est engagé à mettre fin.

Que ce soit dans un mois ou dans quatre, ceux qui font la fête aujourd’hui devront déchanter.

 

– L’édition de Ruptures de septembre vient de paraître (voir son sommaire). Une page est consacrée aux dernières nouvelles du Brexit. Pour recevoir cette édition et les suivantes, il n’est pas trop tard pour s’abonner.

– Voir aussi les derniers développements politiques en Espagne (article tout récemment mis en ligne sur ce site).

 

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Les Espagnols retourneront une nouvelle fois aux urnes

Par : pierre

C’était devenu de plus en plus probable. C’est désormais officiel : les Espagnols retourneront aux urnes, en l’occurrence le 10 novembre. Deux mois se sont en effet écoulés depuis le 23 juillet dernier, date à laquelle le premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, avait initialement tenté d’obtenir, sans succès, l’investiture parlementaire. Passé ce délai, faute de vote majoritaire des députés, la constitution impose de nouvelles élections.

Ce sera donc… le quatrième scrutin législatif depuis quatre ans. Pour comprendre ce blocage répétitif, il faut remonter aux élections de décembre 2015. Le paysage politique espagnol connaît alors un bouleversement : la domination écrasante des deux grands partis traditionnels, le Parti socialiste (PSOE) et le Parti populaire (PP, droite) est battue en brèche par l’émergence de deux nouvelles formations : Podemos, étiqueté gauche radicale, issu du mouvement social des Indignés ; et Ciudadanos, une formation initialement issue de la Catalogne mais radicalement opposée à l’indépendance de celle-ci, et qui s’est étendue à l’ensemble du pays, mettant en avant la lutte contre la corruption ainsi que le libéralisme, voire l’ultralibéralisme.

Cette quadripartition avait alors empêché la formation d’une majorité parlementaire, et provoqué un nouveau scrutin, en juin 2016. Mariano Rajoy (PP) s’était finalement maintenu à son poste en obtenant des majorités au coup par coup. Et ce n’est qu’en juin 2018 qu’il avait été renversé, de manière inattendue, par une motion de défiance parlementaire présentée par le chef des socialistes, Pedro Sanchez.

Le gouvernement minoritaire de Pedro Sanchez a tenu jusqu’à février 2019, date à laquelle son budget a été rejeté

Ce dernier a alors accédé à la présidence du gouvernement. Mais il ne disposait que sur 84 députés (sur 350). Son gouvernement minoritaire a tenu jusqu’à février 2019, date à laquelle son budget a été rejeté. De nouvelles élections, devenues inévitables, se sont alors tenues, le 28 avril dernier. Mais une nouvelle fois, la formation d’une majorité stable s’est avérée un casse-tête.

Le PSOE était certes apparu comme vainqueur du scrutin avec 28,7% des suffrages (+ 6,1 points), mais ses 123 députés étaient loin de représenter une majorité. De son côté, Podemos (avec quelques alliés) devait se contenter de 14,3% (- 6,8 points).

Ces élections avaient par ailleurs vu une chute du PP (16,7%, soit – 16,3 points), qui s’était fait plumer par ses deux partenaires potentiels de coalition : Ciudadanos (15,8%, + 2,8 points), et une nouvelle formation, nostalgique du franquisme, Vox. Cette dernière, qui surfait sur un soudain afflux de migrants et sur le rejet des indépendantismes, notamment catalan, obtenait 10,3% des suffrages.

Tractations entre le PSOE et Podemos

L’hypothèse d’une coalition de droite étant arithmétiquement écartée, les mois qui ont suivi le verdict électoral d’avril ont été marqués par des tractations entre le PSOE et Podemos. Ce dernier s’affichait prêt à constituer une coalition, mais exigeait une participation significative au gouvernement. Pedro Sanchez n’a jamais caché sa préférence pour un cabinet formé exclusivement par des ministres de son parti qui se serait appuyé sur les députés Podemos. Au cœur de l’été, il a cependant proposé trois ministères à cette formation – un geste que le leader de cette formation a jugé très insuffisant.

Pablo Iglesias, peut-être conscient qu’il a ainsi laissé passer une occasion, est revenu in extremis, mi-septembre, sur son refus. Trop tard, « la confiance a été rompue », a fait valoir M. Sanchez. Ce dernier était d’autant moins enclin à sauver la perspective d’un gouvernement avec Podemos que les deux groupes parlementaires ne suffisent pas à atteindre la majorité absolue. Pour gagner son investiture, le dirigeant socialiste devait aussi obtenir le soutien de députés autonomistes, dont les élus séparatistes de la Gauche républicaine catalane (ERC).

Or ce sont ces derniers qui l’avaient fait chuter, en février dernier, en refusant de soutenir son budget. Qui plus est, un tel soutien aurait pu fâcher une partie des électeurs socialistes hostiles à toute entente avec des séparatistes catalans. Et ce, à un moment où ce thème va refaire surface : plusieurs des dirigeants indépendantistes sont passés en procès pour avoir tenté de forcer l’indépendance de manière unilatérale (notamment avec le référendum jugé illégal d’octobre 2017). Les verdicts sont attendus prochainement.

Aux yeux des électeurs, Pedro Sanchez a probablement réussi à rejeter la responsabilité de ce nouveau retour aux urnes sur Podemos, mais aussi sur Ciudadanos

Aux yeux des électeurs, Pedro Sanchez a probablement réussi à rejeter la responsabilité du blocage, et donc de ce nouveau retour aux urnes, sur Podemos, mais aussi sur Ciudadanos : ce parti dit « centriste » avait, lui, assez de parlementaires pour former une coalition stable avec le PSOE. Et aucune divergence majeure ne sépare en réalité les deux formations. Une alliance qui aurait eu tout pour satisfaire les milieux d’affaires.

Mais le chef de Ciudadanos est resté ferme dans sa stratégie : tenter de devancer le PP, pour prendre ensuite la tête d’une coalition dite de centre-droit. Cet entêtement a provoqué une crise au sein de Ciudadanos, et pourrait bien lui coûter des voix. Le PP pourrait en revanche amorcer une remontée. Les sondages (qui n’ont pas toujours été de bons indicateurs dans le passé) prédisent par ailleurs une nouvelle chute de Podemos.

Plébiscite pour ou contre Pedro Sanchez

A ce stade, les élections du 10 novembre, dont la campagne officielle ne démarre que le 1er novembre, apparaissent comme une sorte de plébiscite pour ou contre Pedro Sanchez. Et ce dernier a quelques raisons d’espérer un résultat en sa faveur.

Certes il est improbable que les socialistes gagnent une majorité absolue. Mais, en cas de nouveau progrès, M. Sanchez pourrait se sentir légitime à diriger un gouvernement minoritaire : quel parti oserait provoquer un cinquième scrutin ?

Déjà, il est vraisemblable que les citoyens expriment un certain ras-le-bol de l’impasse actuelle en s’abstenant davantage qu’en avril. D’autant qu’aucun enjeu majeur n’oppose frontalement les forces en présence. En particulier, aucun parti ne remet en cause ni même ne critique vraiment l’Union européenne. De ce fait, la politique qui sera menée sera conforme au cadre communautaire, en particulier en matière économique et sociale.

Certes, avant le scrutin d’avril, le gouvernement minoritaire de M. Sanchez avait pris quelques mesures telles que l’augmentation du SMIC à 900 euros (+22%), l’indexation des retraites, ou la hausse des bourses étudiantes – autant de dispositions critiquées par ses adversaires comme électoralistes.

Dès lors qu’un gouvernement de plein exercice sera investi, Bruxelles ne devrait pas tarder à rappeler les règles et les contraintes budgétaires

Mais dès lors qu’un gouvernement de plein exercice sera investi, Bruxelles ne devrait pas tarder à rappeler les règles et les contraintes budgétaires. Ce ne sera du reste probablement pas nécessaire, tant les socialistes espagnols affichent fièrement leur « foi européenne ». Du reste, Josep Borrell qui détenait le portefeuille des affaires étrangères a rendu ce dernier pour intégrer la nouvelle Commission européenne qui prendra ses fonctions le 1er novembre, avec le titre de haut représentant de l’UE pour la politique extérieure. Et c’est une Espagnole qui préside désormais le groupe social-démocrate à l’europarlement (un poste traditionnellement détenu par le SPD).

Ces succès européens de M. Sanchez ne feront probablement pas oublier aux Espagnols, en particulier aux classes populaires, que le pays est loin d’avoir effacé la crise majeure des années 2010. Certes, les statistiques officielles du chômage ont diminué depuis cette période, mais elles recensent toujours 14% des privés d’emplois. Un chiffre qui sous-estime largement une réalité marquée par la précarité, la pauvreté et l’économie souterraine notamment dans les régions les plus défavorisées.

Quant à la conjoncture, elle s’annonce mauvaise dans l’Union européenne pour les mois qui viennent. Quels que soient les résultats du scrutin…

 

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Du jaune, du vert, du vieux : enfin, la protestation pour tous !

Par : h16

C’est à nouveau la semaine, pardon le mois, que dis-je, la saison des grèves en France. Comme je le mentionnais dans de précédents articles, la rentrée est systématiquement l’occasion pour le pays d’entrer dans une période d’intense gréviculture.

Cette année, il y a même conjonctions de différentes grèves, dans une belle confusion.

Gilets jaunes sur le retour, réforme des retraites, hystérie climatique, voilà amplement de quoi générer quelques belles manifestations. Cependant, cette fois-ci, on peut déceler un phénomène un peu différent avec l’apparition du Français Essentiel, celui qui râle, manifeste, proteste, défile mais le fait pour tellement de raisons à la fois qu’on ne sait plus exactement ce qui motive le mouvement d’humeur ou, pire encore, la nature précise des revendications qui partent rapidement dans tous les sens.

On pourrait peut-être dater la cristallisation de ce phénomène avec l’apparition des Gilets Jaunes, épitomé du concept même de raisons multiples et de revendications large spectre tellement confuses que plus personne n’y comprend rien.

Avant ce phénomène, on pouvait aisément repérer des mouvements de grèves aussi pénibles que confus, avec les manifestations Kronenbourg-Merguez des indéboulonnables syndicats de la fonction publique, réclamant toujours « plus de moyens », des « revalorisations de salaires / avantages / primes », la « fin des cadences infernales » et autres poncifs installés dans le paysage français comme de véritables églises dans le landerneau politico-économique national. Ces manifestations ne concernaient cependant pas tous les Français, loin s’en faut (et la perte d’audience drastique des syndicats sur les 50 dernières années en atteste).

Inversement, les participants à la « Manif Pour Tous » n’ont pas du tout pu bénéficier du statut de phénomène récurrent, toléré ou habituel et se sont donc copieusement fait taper dessus.

La situation était problématique : une partie des Français s’est ainsi retrouvée dans l’incapacité de griller des merguez de façon festive et récurrente, et (comme l’a montré un précédent billet) la revanche électorale n’était même plus possible pour eux puisque, rapidement, il n’a plus dominé qu’un seul type de discours formaté et autorisé, le reste étant consciencieusement interdit (par la loi ou par la bonne société).

Il fallait donc trouver un moyen simple, une soupape d’expression populaire pour que chaque Français puisse enfin râler et défiler dans l’égalité de la protestation solidaire pour tous.

Et là, paf, instant de génie : Roger sort son gilet jaune !

Rapidement, comme on l’a vu par la suite, il fut impossible de décider une bonne fois pour toutes si Roger était un facho de droite, un abruti de gauche, rien de tout ça ou beaucoup des deux en proportions totalement inconnues.

Oh, bien sûr, au début, tout était clair : on sentait bien que les revendications, fort éloignées de l’éternelle litanie syndicaliste du manque de moyens, ne cadrait pas avec le phénomène habituel, compris et toléré. Cependant, dès que les copains de Roger ont commencé à réclamer plus d’aides de l’État, quand bien même Roger n’était pas d’accord, personne ne l’a écouté et les journalistes, se retrouvant enfin en terrain connu, se sont mis à parler des copains de Roger.

Sans surprise, le phénomène Gilets Jaunes est devenu un fourre-tout confus de revendications plus ou moins improbables, dont une caractéristique ressort : on n’est plus sûr du tout qu’elles soient de droite. Comment, dès lors, couvrir d’opprobre Roger et ses potes ? Au moins un sur deux fait partie de ceux qui défilent régulièrement dans d’autres manifestations quasiment adoubées du pouvoir, et l’autre, une fois sondé, apparaît clairement indécis… Un Gilet Jaune, finalement, on ne sait pas ce que ça veut : le pouvoir, les médias et les classes jacassantes ne peuvent pas le salir ouvertement, mais ne peuvent pas plus le défendre.

On a toujours vu que la France était difficile à réformer car peu importe qui gouverne, les Français descendent dans la rue dès que ça bouge. Partant de là, Macron n’a aucunement l’intention de réformer vraiment quoi que ce soit. En revanche, il pourrait utiliser la fine stratégie de figer les Français dans la routine de la manifestation plus ou moins calme mais finalement totalement contrôlable et ne rien réformer du tout, faisant ainsi entrer ces grèves et mouvements d’humeurs dans le cadre du « business-as-usual ». La technique a très bien fonctionné avec les Gilets jaunes, elle fonctionnera pareillement avec les autres.

Macron a donc toute latitude pour organiser des choses qu’on ne va pas lui reprocher : taxer plus mais en douce, renforcer les chaînes avec l’Europe, ramasser davantage de cash pour lui et sa clique, faire semblant de bidouiller une retraite avant de lâcher l’affaire, ramener plein d’immigrants dans le pays où être contre est officiellement ignominieux.

Les problèmes de la France sont déjà difficiles à identifier pour un Gilet jaune qui peut à bon droit se sentir complètement esclave d’un système sans comprendre comment il l’est devenu.

Avec ces développements, ces problèmes vont devenir encore plus emmêlés les uns dans les autres. Dans ce cadre, une frange revendicative qui ne sait pas contre quoi elle tempête est un très bon radiateur à mécontentement : on manifeste, on s’époumone, et comme ça ne correspond à rien de concret, on se félicite que le gouvernement soit de plus en plus à l’écoute. Sans les bonnes clefs d’analyse, une partie du peuple s’enferre dans les manifestations, les hystéries, les cris et les expressions violentes d’un mal-être généralisé, et correctement manipulé, finit par réclamer encore un peu plus de ce qui a causé son malheur en premier lieu.

C’est ainsi que, sans risque, le gouvernement vire au vert : l’écologie et la politique identitaire sont un exemple type de deux secteurs dans lesquels l’État peut continuer à augmenter son intervention, alors qu’elle est déjà à son maximum dans la plupart des autres secteurs. Et ainsi, moyennant un paravent de réforme ici, un arbre planté là, on enfume et on oublie les Gilets jaunes qui, de toute façon, ne savent pas ce qu’ils veulent.

Voilà, petit-à-petit, l’apparition du Français Essentiel, ce râleur invétéré mélange de Gilet jaune, d’écolo à tendance hystérique et de vieux attaché à sa retraite et à un modèle social que le monde ne nous a en réalité jamais envié ni copié.

Jusqu’à présent, Macron a été habile dans sa chimie politique lui permettant de réaliser cette synthèse de Français Essentiel : au début dépassé par la virulence des Gilets jaunes, il a progressivement intégré une touche d’écologie de plus en plus forte, le vert adoucissant nettement l’acidité du jaune.

Le Gilet jaune moderne sera vert tendre, ce qui lui donnera la pérennité écologique de celui qui va sauver la planète et contre lequel il sera politiquement suicidaire de se positionner. Par la suite, on introduira progressivement des doses de cette formidable solidarité qui fonde le pacte républicain ♪ tsoin tsoin ♫, ce qui permettra aux vieux, déjà foutrement bien syntonisés avec Gaïa, d’intégrer le mouvement d’ensemble.

Une fois la fusion du jaune, du vieux et du vert enfin opérée, on aura enfin le Français Essentiel Ultime, ce manifestant qui ne sait pas pourquoi il manifeste mais le fait dans le calme et la pondération pour un résultat aussi peu concret que possible mais strictement écolo ou vivrensemblesque.

Le futur est imprévisible : va-t-on assister à l’apparition de Gilets Verts avec Greta en tête, ou verra-t-on des Gilets Vermeil avec Attali en porte-parole ?

Le suspense est intenable.

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Let’s Talk About Saudi Arabia

All wars require casus belli, ostensible justifications. After all, despite humanity’s long history of vicious warfare, interstate combat often requires a government distant from its working class to motivate its people to kill and die for distant institutions and esoteric ideologies. That said, Washington doesn’t exactly have a strong track record of honesty regarding its rationales for war. Few Americans know or care much for their own history...

- Maj. Danny Sjursen, USA (ret.)

One of the most horrible features of war is that all the war-propaganda, all the screaming and lies and hatred, comes invariably from people who are not fighting…It is the same in all wars; the soldiers do the fighting, the journalists do the shouting.

- George Orwell, Homage to Catalonia

It's fall 2019, and nearly twenty years into a series of disastrous and murderous forever wars sold to the public as a necessary response to 9/11, we're being instructed to prepare for another one. Replace the Q with an N at the end of IRA and you know what I'm talking about. Of course, this shouldn't surprise anyone considering much of the U.S. foreign policy establishment has been actively scheming for some invented justification to take out Iran (and many others) for decades.

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Ségolène Royal, invisible reine des neiges au Conseil de l’Arctique

Par : h16

Panique dans le petit microcosme politique français : totalement ébahi, on apprend coup sur coup que Ségolène Royal est encore en vie, qu’elle serait ambassadrice des pôles depuis plusieurs années, et qu’à ce titre, elle ne se serait pas vraiment déplacée dans les réunions des instances relatives à ce poste au nom ronflant…

L’affaire est bien évidemment aussi grotesque que possible : invitée de l’émission « On n’est pas couché » du samedi 14 septembre, Ségolène Royal s’est fendue d’une explication de son rôle d’ambassadrice des pôles, et, fidèle à son habituelle emphase lorsqu’elle explique doctement, elle a déclaré :

« Que dit la France ? Qu’est-ce que je dis au nom de la France dans ces instances, et notamment dans ce qu’on appelle le Conseil de l’Arctique ? C’est d’attirer l’attention sur les conséquences du dérèglement climatique »

Manque de pot, Mikaa Mered, professeur de géopolitique, spécialiste des zones polaires et régulièrement présent dans ces instances, n’a pas pu retenir un tweet vengeur remettant les pendules royales à l’heure :

https://twitter.com/FranceArctique/status/1173204161476943872

Eh non, selon le spécialiste, la Reine des Neiges ne s’est jamais pointée au Conseil de l’Arctique et a donc été prise en flagrant délit de pipeautage éhonté. Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter que notre professeur s’inquiète de la solidité des informations délivrées par les journalistes si elles sont à ce point entachées d’erreurs et qu’on les retrouve ainsi à donner la parole à des menteurs :

Oui, c’est ça que je trouve flippant : sur les sujets qui sont hors de mon champ d’expertise, comment du coup puis-je savoir si ce que j’entends est vrai, partiellement vrai, un peu faux, ou carrément mytho ? Un téléspectateur n’a pas le temps de tout vérifier !

— Mikaa Mered (@FranceArctique) September 15, 2019

La question est d’autant plus pertinente que, lorsqu’on recoupe les stupeurs d’experts sur différents sujets (OGM, glyphosate, réchauffement climatique, sujets scientifiques en général, géopolitique, histoire ou société), on en arrive assez vite à la conclusion qu’en moyenne, le journaliste (français notamment) n’est plus guère qu’un porte-voix de l’une ou l’autre personnalité ou mode du moment, et que le travail indispensable de recherche, tri et analyse d’informations n’existe quasiment plus.

Le résultat, évidemment décevant, est qu’une personne qui désire s’informer a tout intérêt à le faire par elle-même en fuyant les canaux d’information traditionnels qui débitent essentiellement des âneries, des contre-vérités, des approximations consternantes ou une propagande à peine camouflée.

Dans ce tableau, son mensonge proféré mais éventé, l’indémontable Ségolène ne se laissera pas facilement démonter.

Peu importe que les instances, contactées, confirment son absence. Peu importe aussi qu’elle enfile depuis les déclarations presque loufoques en parfaite contradiction avec les rétropédalages nerveux de son cabinet qui tente depuis d’éteindre l’incendie.

Peu importe tout cela puisqu’au final, voilà qui lui donne l’occasion à la fois de montrer qu’elle existe encore, qu’elle bouge, fait des trucs et des machins (quitte, lorsqu’elle ne fait rien, à dire habilement qu’elle optimise son empreinte carbone) et surtout qu’elle a encore une existence politique qui lui permet de revenir sur les plateaux médiatiques pour faire planer la sinistre menace d’une nouvelle candidature à la présidentielle de 2022…

ségolène royal la champagnitude

Ceci posé, si l’on peut quand même se rassurer en notant qu’elle n’est heureusement pas payée pour faire ce gros rien fort bruyant, on pourra malgré tout constater qu’elle coûte cher aux contribuables divers et variés qui ont eu à faire avec, au cours de son déchaînement politique qui dure au moins depuis 1992.

Et si l’on passe pudiquement sur ses contre-performances financières olympiques dans la gestion de la région Poitou-Charentes qui en conserve un trace plus qu’émue, force est tout de même de constater que tant ces différentes instances diplomatiques confidentielles que ces postes ronflants d’ambassadeurs en polystyrène expansé finissent par coûter des ponts au contribuable français.

Du reste, ce même contribuable est en droit de s’interroger sur la pertinence de ces institutions et autres « autorités administratives indépendantes » (AAI) dont un paquet sert essentiellement à justifier leurs actions plus ou moins motivées, sans lesquelles elles auraient fort à faire pour défendre vaille que vaille leur propre existence et le budget qui y est attaché…

Le cas de notre Ambassadrice des pôles illustre surtout que ces institutions servent magnifiquement de voie de garage pour les « encombrants » de la République, ces politiciens plus ou moins has-been dont on ne sait quoi faire mais dont on ne veut pas se faire un ennemi et qui trouveront dans ces sinécures aux noms et fonctions pompeuses une raison de s’écraser mollement en reprenant deux fois des nouilles.

Ségolène Royal entre parfaitement dans cette catégorie : à la fois parfaitement inutile (voire toxique si l’on regarde les routes et les champs de ruines qu’elle laisse derrière elle), elle pourrait s’avérer gênante pour le pouvoir en place si elle restait oisive tant elle dispose encore de l’écoute enamourée des médias toujours vibrants à l’idée de l’interroger sur ses palpitances du moment. Dans ce cadre, lui proposer des tête-à-tête avec des pingouins et des icebergs, même aux frais de la princesse, est un compromis raisonnable pour les dirigeants du moment.

De façon plus symptomatique, Ségolène Royal montre ici encore une fois le problème fondamental des politiciens français qui, d’élus, mandatés ou désignés, deviennent rapidement et systématiquement des irresponsables politiques auxquels rien n’est plus jamais reproché.

Ainsi, la politique française, c’est ce domaine magique et unique où les conneries, la mauvaise gestion et l’incompétence ne sont jamais sanctionnées, mais au contraire, encouragées et rétribuées avec faste.

Ce qu’on supporte avec Ségolène Royal, on le retrouve en mille autre exemplaires, depuis Hollande jusqu’à Ferrand en passant par l’écrasante majorité de notre classe politique : pour celle-ci, il n’existe finalement ni échec réel (puisqu’une branlée – électorale ou autre – ne lui coûte jamais vraiment cher), ni aucune retraite (au point qu’on n’échappe aux épaves politiciennes que lorsqu’elles sucrent les fraises de façon trop ostentatoire).

Au final, tout ceci finit par coûter « un pognon de dingue » : sur le coup bien sûr parce qu’il faut payer ces structures, qu’il faut payer ces mandatés, qu’il faut payer leur staff et leurs déplacements divers et variés, mais aussi après coup parce que leurs décisions, leurs prises de parole ont des conséquences souvent financières que le contribuable doit longtemps éponger. Enfin, à ces coûts financiers s’ajoutent les autres coûts cachés, ce genre de déploiement d’énergie, de mauvaise foi et de petits arrangements entre amis finissant inévitablement par nourrir le ressentiment de ceux qui paient pour ces fastes et ces piteux spectacles.

Le bilan financier, politique et démocratique de ce genre d’opération est désastreux et les petits couinements ridicules de Royal, qui croit déceler un complot contre sa personne en vue de son hypothétique (et grotesque) candidature présidentielle, démontrent une nouvelle fois à quel point certains personnages politiques sont déconnectés des réalités et s’accrochent aux oripeaux de pouvoir tant qu’ils le peuvent.

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[Redite] Le quinoa de Mélenchon ou la revanche du marché sur les collectivistes

Par : h16

Article initialement paru le 9 septembre 2016

Alors que l’actualité nous montre à nouveau les facettes les plus sombres du personnage Mélenchon, ce dimanche est l’occasion de revenir sur le passé de celui qui était alors le « candidat Jean-Luc » à la dernière présidentielle, celle qui devait, selon ses petits calculs précis et indiscutables, le propulser à la tête du pays. On le découvrait alors simple et bonhomme, préparant lui-même des petites salades … de quinoa capitaliste.

Le vendredi, c’est poisson – enfin, pour beaucoup. Pour d’autres, c’est l’occasion de tenter un repas à base de petites plantes vertes, de nouveauté en sachets d’importation bio et de graines à la mode. Ce sera donc sans surprise qu’on découvre que Jean-Luc Mélenchon, frétillant candidat à la présidentielle pour les huit prochains mois, s’est récemment mis à en manger avec délectation.

Au point, d’ailleurs, de susciter la curiosité de quelques journalistes en mal d’article pour leur canard, comme Gala, qui s’empressent donc de le rencontrer chez lui, dans son milieu naturel et cossu, afin d’en apprendre plus. Pensez donc ! La course à la présidentielle nécessite une forme de marathonien et commande l’abandon du bedon électif qui apparaît souvent après l’obtention d’un mandat, pour Jean-Luc comme pour d’autres. Le régime minceur s’impose, et si ce régime peut aussi faire passer un message politique, pourquoi s’en priver ? Il sera bien temps de retrouver l’appétit une fois retourné sous les ors de la République…

mélenchon swag meluche plus

En attendant, le candidat Mélenchon explique très simplement comment il procède et dévoile son secret minceur : avec quelques dés de concombre, de tomate, de verdure diverse et d’avocat, il ajoute une céréale miracle, le quinoa. Oh, il admet sans mal être en retard sur la mode apparue il y a déjà plusieurs années qui incite le rurbain conscientisé et le citadin en syntonisation parfaite avec Gaïa à brouter joyeusement la pseudo-céréale venue des hauts plateaux d’Amérique du Sud, mais après tout, s’il aime ça et qu’en plus, cela lui permet de faire passer quelques messages subconscients en terme d’écologie, de nourriture bio, de respect des petits animaux et de l’agriculture équitable, après tout, pourquoi pas ?

Sur le plan politique, ce petit bout de stratégie alimentaire peut s’avérer payant : le candidat Mélenchon montre ainsi se soucier d’une poignée de ces thèmes chers à une certaine gauche, celle qui pourrait bien quitter les rangs déjà clairsemés du PS traditionnel, voire des Verts en déroute, pour venir grossir ses suffrages. Et gêner le candidat issu de la primaire socialiste, c’est tout ce que demande Jean-Luc pour s’assurer d’un avenir politique plus dodu que son actuelle gamelle.

Cependant, sur d’autres plans que politique, Jean-Luc fait ici une démonstration plutôt ambigüe.

MélenchonDéjà, sur le simple plan nutritionnel, on est dans l’embarras. Le quinoa contient naturellement de fortes doses de saponine qui imposent de le laver très méticuleusement. On peut bien sûr sans mal admettre que ce qu’on trouve dans le commerce a déjà été correctement nettoyé, mais on s’étonnera de constater le détachement qui entoure ces saponines du quinoa d’un côté et de l’autre, l’hystérie qui entoure certaines plantes (OGM, traitées avant ou après la récolte, …) et certains composants (parabènes, typiquement) aux concentrations beaucoup, beaucoup plus faibles, et au suivi industriel autrement plus tatillon : les réactions allergiques aux saponines (et l’inflammation intestinale qui résulte de leur présence dans le bol alimentaire) ne semblent pas inquiéter ceux qui grignotent cette graine. Le principe de précaution, indépassable pour des OGM pourtant inoffensifs depuis des décennies, s’arrête dans l’assiette dès que la plante est estampillée « gentille » par les bonnes associations, je présume.

Au-delà de ces considérations bêtement chimiques, on s’amusera de l’étonnante leçon que le marché administre à Jean-Luc, pourtant peu susceptible de le vouer à autre chose qu’aux gémonies. Le quinoa est en effet une plante dont la consommation mondiale n’a cessé d’augmenter, à mesure qu’ont grandi sa notoriété et son succès notamment auprès des occidentaux financièrement à l’aise. Jean-Luc rentre ici tout à fait dans le cadre du sexagénaire à la fois soucieux de sa ligne et de l’image qu’il renvoie auprès de son entourage, et qui dispose tout de même de solides moyens pour une alimentation millimétrée.

Et ce faisant, il favorise directement l’émergence d’un marché mondial du Quinoa… Qui voit la Bolivie exporter plus de la moitié de sa production, ce qui se traduit directement par une hausse des prix du produit, y compris sur le marché national qui devient progressivement inaccessible pour les populations les plus pauvres auxquelles le quinoa s’adressait pourtant.

Pour un chantre des petites gens et de la classe ouvrière laborieuse qui a du mal à joindre les deux bouts, voilà qui est ballot. D’un autre côté, difficile de ne pas voir que cette augmentation du prix du quinoa provoquée par ceux qui en ingurgitent goulûment bénéficie directement à ceux qui, à l’autre bout de la chaîne, en produisent : on peut même s’autoriser à penser que ces producteurs, en Bolivie ou au Pérou, sont en train de sortir de la misère précisément parce que des millions de Jean-Luc conscientisés se sont mis à en acheter.

melenchon corporatisme crony capitalismOn se devra donc de noter ironiquement que dans l’histoire, Jean-Luc, probablement sans le savoir, aura démontré par l’exemple pourquoi la mondialisation permet effectivement l’enrichissement des peuples et pourquoi le capitalisme, en permettant l’émergence de ces comportements, est un véritable bienfait pour l’Humanité, en parfaite contradiction des thèses qu’il soutient avec véhémence à qui veut l’entendre. Mieux : Jean-Luc permet ainsi à ces pays d’Amérique du Sud de s’extirper doucement de ces fièvres collectivistes qui les mettent systématiquement à genoux : sans s’en rendre compte, chaque bouchée de quinoa d’un Jean-Luc pourtant remonté comme un coucou contre le méchant marché, c’est un clou de plus dans le cercueil marxiste que ces pays se construisent régulièrement, à l’instar de la Bolivie de Morales (qui se fait dézinguer un ministre un peu trop interventionniste par la cheville ouvrière minière mécontente qu’on vienne empêcher son taf) ou du Venezuela de Maduro (chez qui le papier hygiénique compte plus que les billets de sa banque centrale).

Au passage, on ne s’étonnera même pas de cette incohérence qui vient simplement s’ajouter à celle, encore plus flagrante, qui veut qu’on doive consommer localement, tant pour contrer la méchante mondialisation (ultra-turbo-capitatruc) que pour favoriser nos petits artisans, nos petites entreprises et nos petits paysans locaux. Le candidat Mélenchon a très légitimement choisi de brouter du quinoa plutôt que de s’enfiler de la Charolaise, ce qui aurait pourtant contribué à soutenir une filière de viande française en difficulté à cause de la mondialisation / le mauvais soutien de l’État à la filière / les méchants groupe agro-industriels sans foi ni loi / le capitalisme apatride / le cheval roumain / biffez les mentions inutiles, panachage possible.

C’est un peu le souci avec ces idéologies mal boutiquées : qu’on choisisse local ou non, qu’on consomme quinoa ou pas, quoi qu’on fasse, on finit toujours par être incohérent, et, mieux encore, on aboutit à favoriser capitalisme et mondialisation qu’on entendait pourtant combattre fermement.

Décidément, le marché est plus fort que Jean-Luc.

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Syrak et alentours

Si l'on devait faire un classement des régions du monde qui déçoivent rarement en terme d'événementiel géopolitique, le Moyen-Orient serait assurément dans le peloton de tête. De la guerre syrienne allumée en 2011 pour casser l'arc chiite à la récente...

France : le hold-up démocratique silencieux

Par : h16

Dans un précédent billet, nous avions vu que le rejet grandit de façon un peu inquiétante en France. Dans celui-ci, Nasier Ockham nous propose de nous pencher sur les votes invalides.

L’AFC de 2015 sur les élections régionales et celle menée sur les européennes de 2019 confirment qu’une partie croissante des Français, maintenant majoritaire, ne se retrouve plus dans aucun des partis traditionnels et qu’elle préfère de plus en plus l’abstention, le vote nul ou blanc. De surcroît, l’expression du vote FN puis RN (ou PLP pour les européennes) est très proche au sens statistique des expressions alternatives (blanc, nul, abstention).

Le problème est qu’avec l’accroissement de ce genre de votes et de cette abstention (qu’on peut résumer par « rejet »), la légitimité réelle du pouvoir s’érode franchement : difficile de prétendre représenter la France ou le peuple français si une part majoritaire n’a pas voté pour ceux qui entendent l’incarner.

Dans un pays démocratique, on admet assez facilement ce phénomène en introduisant la notion d’alternance du pouvoir : une partie du peuple n’a pas l’occasion de voir ses représentants exercer le pouvoir mais, d’une part, cette partie du peuple trouve tout de même à s’exprimer puisque ses représentants sont malgré tout présents dans les assemblées et une partie des institutions, et d’autre part, on admet la légitimité de ceux qui sont en place parce qu’il existe une possibilité claire, définie, palpable, que l’alternance joue à un moment ou un autre (à la prochaine élection, typiquement).

Autrement dit, le jeu démocratique fonctionne tant que les différentes parties du peuple ont bien une représentation dans les différents étages de pouvoir (législatif, exécutif, judiciaire) et que la probabilité d’exercer un jour le pouvoir est strictement non nulle.

Lorsque d’un côté cette représentation n’existe plus (une partie du peuple n’est plus représentée par personne, nulle part) et que de l’autre, la probabilité pour cette partie du peuple d’exercer le pouvoir devient nulle, le jeu démocratique est cassé : cette partie du peuple se désolidarise progressivement du reste. Tant que ceci se déroule avec une part négligeable ou minoritaire de l’ensemble d’une nation, cela passe à peu près inaperçu et peut durer longtemps.

En revanche, s’il s’agit d’une majorité qui se retrouve sans représentation, sans espoir d’en avoir une, et encore moins d’exercer le pouvoir, la situation devient véritablement instable.

Qu’en est-il en France ?

Les élections parlementaires françaises, à la participation stable de 1945 jusqu’en 1973, désignent depuis 1978 un parlement de moins en moins représentatif des Français et depuis les dernières élections, sous Macron, pour la première fois de l’histoire de France depuis très longtemps (au moins un siècle si l’on remonte aux élections parlementaires de 1919), ceux qui votent les lois de la France ne représentent plus la majorité des Français (le parlement à majorité LREM de 2017 n’a ainsi été élu qu’avec 42.64% des voix).

Pour le vote aux européennes, on constate la même érosion : depuis 1989, l’abstention a toujours été majoritaire à l’exception de 1994, suite à l’effondrement soviétique. Depuis, seule la dernière élection de 2019 (avec une abstention à 49.9%) peut prétendre envoyer des députés européens représentant une (courte) majorité du peuple. Progressivement, le vote aux européennes s’est mué en vote de protestation.

taux de participation élections france

Dans ce cadre d’analyse, la victoire du PLP (mené par Marine Le Pen) correspond à la première coïncidence entre le comportement protestataire du peuple (le rejet) et son expression électorale. Du strict point de vue de la dynamique statistique, les députés européens que la France envoie représentent plus fidèlement le peuple français que sur le quart de siècle précédent. Comme d’autres analystes l’ont noté, ce n’est certainement pas une victoire de Macron.

L’analyse menée pour les élections européennes peut être reproduite pour l’élection présidentielle : depuis 1965, les élections présidentielles représentent en effet toujours plus de 80% de l’opinion exprimée des Français, sauf évènement extraordinaire (en 1969, après la démission de de Gaulle).

Or, l’élection de Macron est la première depuis lors à passer sous la barre des 80%, semblant poursuivre à la baisse l’effet Hollande de désaffection des Français. Si ceci ne permet pas de conclure quoi que ce soit statistiquement, il en va autrement de la tendance des bulletins « invalides » (blancs et nuls) : cette dernière élection présidentielle a compté 11,5% de votes invalides. Si l’on se pique de comparer la France au reste du monde pour voir combien de nuls et de blancs sont déposés dans les ballots, on découvre une France avec un taux compris entre celui du Yemen (10.9%), de l’Angola, des Philippines ou du Guatemala (plus de 13%) :

votes invalides élections présidentielles monde

Que se passe-t-il ?

Si on se concentre sur ce vote présidentiel depuis 1965, la moyenne de votes invalides est de 4,12%. L’écart-type (sur neuf élections) est de 2,58. Statistiquement, la probabilité que les votes invalides dépassent les 11% à la dixième élection (celle de 2017) était de… 2,3 sur 1000 (0,23%). On pourrait supposer que les élections présidentielles ont davantage d’invalides, en proportion, que les autres élections, mais ce n’est pas le cas : si on regarde les élections présidentielles, parlementaires et européennes depuis 1945, la moyenne de votes invalides est de 3,56% avec un écart-type de 1,68. Autrement dit, il n’y a normalement pas de différence statistiquement significative entre les votes invalides pour les présidentielles et les autres élections…

Sauf en 2017.

On peut imaginer plusieurs raisons à l’écart statistique observé. Le pur hasard est assez improbable (au sens statistique, cette probabilité étant de l’ordre de 1 sur 1 million). Il reste la manœuvre délibérée, qui reviendrait à admettre une espèce de complot national aboutissant à un surcroît de bulletins biffés, ou, plus simplement, que ces bulletins nuls et blancs surnuméraires indiquent bel et bien un rejet, bien plus exprimé que d’habitude, des propositions politiques du moment.

Il n’en reste pas moins qu’une telle déviation statistique n’a pas été observée en France depuis 1945 au moins, et que le taux d’invalides de la dernière élection présidentielle correspond plus à un taux d’État en crise (Yemen, Angola, Philippines, Guatemala n’étant pas réputés pour leur actuelle stabilité et solidité démocratique) qu’au taux d’une démocratie saine et apaisée.

Par ailleurs, si l’on couple cette observation avec les constats établis lors du précédent billet statistique à ce sujet, on peut raisonnablement admettre que le président actuel dispose de la base électorale la moins solide de la Cinquième République. À force de diaboliser une frange croissante des opinions (la diabolisation de l’extrême-droite étant depuis longtemps largement dépassée, le politiquement correct s’étendant maintenant très au-delà de ce qu’il fut il y a encore 10 ou 20 ans), ces dernières ne trouvent plus à s’exprimer. Petit-à-petit, la démocratie ne sert plus qu’à exprimer un rang étroit d’opinions. Les autres sont tues par auto-censure, sont euphémisées jusqu’à perdre leur substance voire carrément interdites.

Se pose ici la notion de légitimité réelle : le rejet étant si fort, la représentation nationale si minoritaire, les orientations politiques et les lois qui y correspondent apparaîtront les moins légitimes. En fait, nous sommes passés sans bien le noter dans un régime qui n’est plus représentatif de la majorité, sans que ni les médias, ni les politiciens ne s’en émeuvent. Utilisant habilement les abstentionnistes et le(s) parti(s) repoussoir(s) pour éliminer toute concurrence, les représentants d’une frange de plus en plus étroite du peuple se maintiennent au pouvoir, sans plus aucune opposition réelle.

Véritablement, il y a eu hold-up silencieux.

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Dash : une crypto de plus, ou plus qu’une crypto ?

Par : h16

L’invention de Bitcoin, à la fin des années 2000, et son lancement officiel le 3 janvier 2009, auront sans doute marqué le début d’une nouvelle ère pour la notion même de monnaie. Depuis, la première cryptomonnaie a été rejointe par une myriade d’autres : on compte à présent plus de 1500 cryptomonnaies de pertinence et de crédibilité variées…

J’ai déjà eu l’occasion d’en évoquer quelques unes : Ethereum, Monero, ZCash, Bitcoin Cash, Tezos ou Dash. Ces cryptomonnaies représentent toutes une alternative intéressante à Bitcoin, soit parce qu’elles offrent une différenciation technique notable, soit parce qu’elles cherchent à résoudre un ou plusieurs problèmes d’une façon différente de Bitcoin, soit parce qu’elles ont une construction économique ou sociale distincte qui peut leur apporter un avantage comparativement à Bitcoin.

Dans ce cadre, ce billet sera l’occasion d’introduire un dossier sur Dash, une cryptomonnaie que je suis avec attention depuis son lancement. Intéressé par l’évolution de cette cryptomonnaie, je pense utile de faire un petit passage en revue de ses forces et de ses faiblesses, ses atouts et ses défauts sur le marché maintenant mondial des cryptomonnaies.

Dans ce dossier, après une brève introduction et un petit rappel sur les caractéristiques principales des cryptomonnaies, je reviens sur l’histoire de Dash, les spécificités de cette crypto, pour ensuite détailler ses forces et faiblesses et tenter de brosser son futur.

Bonne lecture !

Dossier Dash : une crypto de plus, ou plus qu’une crypto ?

Nos cafés campagnards disparaissent ? Vite, aidons-les !

Par : h16

Triste constat : les campagnes françaises se vident. En plus d’une population diminuant d’année en année, les petits villages perdent progressivement leur attractivité à mesure que leurs commerces ferment, à commencer par le plus central et le plus important d’entre eux : le café, celui sur la place de la mairie, pas loin de l’église… Mais grâce à l’initiative d’une association, la donne va peut-être enfin changer.

C’est par quelques articles de presse qu’on découvre l’idée du groupe associatif d’économie sociale et solidaire « SOS » dont le projet, lancé jeudi dernier, vise à l’ouverture (ou empêcher la fermeture) de mille cafés dans les communes rurales de moins de 3 500 habitants.

En substance, le groupe associatif qui a tout de même reçu le soutien du gouvernement via l’Agenda Rural (fortiche, non ?) va tenter de revitaliser les campagnes avec cette initiative et grâce aux quelques fonds qu’ils ont réussi à rassembler. Entre 150 et 200 millions d’euros.

Ah oui, tout de même, avec 200 millions d’euros, on peut en faire des choses, et notamment tenter de revitaliser les campagnes françaises…

Mais au fait, quelles sont donc les raisons qui font ainsi disparaître ces lieux de vie campagnards ? Si la presse n’est guère diserte sur la question qui a pourtant son importance – on ne combat jamais mieux un mal qu’en connaissant ses causes profondes – on peut néanmoins dresser un portrait globalement complet des raisons qui aboutissent à ces fermetures en fouillant un peu les articles consacrés au sujet.

Comme l’explique un article du Télégramme avec une phrase lapidaire (« Baisse de la clientèle, coût des produits, contraintes administratives, à commencer par celles des normes »), les raisons sont simples à comprendre : c’est ainsi qu’au-delà de l’évidente baisse d’activité consécutive à la diminution de la clientèle, cette dernière au mieux partant s’installer en ville, au pire s’éteignant avec les générations les plus âgées, on comprend que (ô surprise) les autres raisons des fermetures des cafés et des bars des campagnes tiennent essentiellement à l’accroissement des normes, des règlements et des contraintes de l’ensemble des services de l’État : eh oui, à force de bureaucratie, d’un déluge ininterrompu de contraintes administratives idiotes, de contrôles sanitaires et fiscaux, d’inspections du travail répétées, agressives, débiles et intransigeantes, et bien sûr de la créativité comptable des différentes caisses d’assurance étatiques, les patrons de bars et de cafés finissent par jeter l’éponge, rendre leur tablier et fermer boutique.

De ce point de vue, l’association aux poches bien remplie qui souhaite aider ces bars et ces cafés a bien compris le problème puisqu’elle se propose d’aider par exemple dans « la levée des freins réglementaires pour l’attribution des licences IV permettant de servir de l’alcool. »

Tout ceci est objectivement charmant puisqu’une solution se dégage peut-être…

Cependant, on ne pourra s’empêcher de noter que cette généreuse association, en intervenant ainsi, essayera donc concrètement de contrebalancer le travail de sape entrepris par l’État en premier lieu. Ainsi, si ce dernier ne s’échinait pas avec application à punir les artisans concernés, les poursuivre de ses assiduités à base de cerfas toujours plus nombreux, à considérer (fisc et inspection du travail en premier) qu’ils sont, par défaut, fraudeurs et délinquants, à créer un nuage de complexité administrative aussi grotesque qu’opaque, bref, si l’État ne sabotait pas le travail des cafetiers et des propriétaires de bars, l’intervention de l’association serait inutile.

Enfin bon, réjouissons-nous puisque le problème, enfin remarqué, déclenche à présent ce projet qui sera le bienvenu dans nos campagnes (de moins en moins) riantes, et ce d’autant plus que, de nos jours, trouver 200 millions d’euros n’est pas une mince affaire.

À ce propos, on est tout de même en droit de s’interroger sur la provenance des fonds en question. Bien évidemment, écartons tout de suite le trafic de drogue, d’armes ou le vol pur et simple puisque le projet est, rassurez-vous, financé par le « Groupe SOS » dont … vous n’avez probablement jamais entendu parler (ou très peu).

Et c’est dommage : c’est un groupe fort discret mais qui s’est fait fort d’agir dans le social et l’économie solidaire, et qui n’a jusqu’à présent pas réellement occupé la une des journaux. C’est étonnant compte tenu de la croissance de ce groupe d’associations non lucratives : eh oui, en France, on peut être une association ou un groupe d’association, être non lucratif, mais employer 18.000 personnes (non, pas bénévoles, hein) et réaliser un chiffre d’affaires de 950 millions d’euros.

Quasiment un milliard d’euros pour un groupe d’associations, dans le domaine du social, dont on n’entend quasiment jamais parler au niveau national (par comparaison, les Restos du Cœur, très visibles, fonctionnent avec moins de 200 millions d’euros) – sauf peut-être lorsqu’il remporte l’appel d’offre du ministère de la Justice pour le programme de déradicalisation qui avait fait parler de lui jadis – voilà qui est un fort joli chiffre qui ne saurait être résumé ainsi : la fiche Wikipedia du groupe est fort courte mais donne une petite idée de l’ampleur de ce groupe fort pudique financé essentiellement par les fonds publics (donc le contribuable, ici) dont le patrimoine immobilier se monte tout de même à 500 millions d’euros, et qui se positionne tout de même comme le leader européen de l’action sociale et en tout cas, première entreprise française dans le secteur (ce qui lui vaudra une étude détaillée de la Harvard Business School).

En tout cas, son patron a fait fort puisqu’il est parvenu à accroître la taille de ce groupe de 2200 salariés (et 155 millions de chiffre d’affaires) en 2009 au mastodonte actuel, dix ans plus tard : belle croissance grâce à ce patron, Jean-Marc Borello, qui a peut-être bénéficié d’un peu de chance, ce dernier ayant été – ô surprise – le professeur d’un certain Emmanuel Macron quand il était à Science Po.

Chance qui ne s’est pas arrêtée là puisque le sémillant patron du groupe SOS a aussi eu la bonne fortune, après avoir co-fondé En Marche, de découvrir une certaine Murielle Pénicaud fortuitement devenue Ministre du travail depuis.

On le comprend, tout se goupille fort bien pour qu’enfin, des mesures soient prises (par une association subventionnée par l’argent du contribuable) afin de contrer les méfaits de l’État (financé par l’argent du contribuable). L’argent dépensé par les uns n’ira pas ailleurs que dans la poche des autres, par de multiples et jolies tubulures chromées de ce qui pourrait ressembler à du capitalisme de connivence si tout ça n’était même pas du capitalisme du tout.

Décidément, au vu de ces éléments, il n’y a plus trop de mouron à se faire pour nos campagnes : leurs bars et leurs cafés sont sauvés.

L’édition de Ruptures de septembre est parue

Par : pierre

Ruptures n°88 est paru le 21 Septembre.

Au sommaire :

– l’éditorial qui pointe l’inflexion de l’attitude d’Emmanuel Macron vis-à-vis de Moscou, et qui liste quelques éléments qui pourraient expliquer une volonté de dégel – celle-ci reste d’ailleurs à confirmer, tant elle suscite d’oppositions dans les cercles atlantistes

– un point sur la réforme des retraites, « recommandée » par Bruxelles, que le gouvernement veut mener à bien, mais qui provoque une mobilisation naissante – après le  mouvement des Gilets jaunes, l’Élysée craint un nouvel embrasement et est contraint à la prudence

– un état des lieux sur la nouvelle Commission européenne qui prendra ses fonctions le 1er novembre sous la présidence de l’Allemande Ursula Von der Leyen – cette dernière a présenté une architecture alambiquée reflétant les contradictions croissantes au sein de l’UE

– une analyse des perspectives du Brexit : Boris Johnson entend sortir son pays de l’UE coûte que coûte le 31 octobre avec ou sans accord avec les Vingt-sept, et ce, malgré les manœuvres politiques et embûches judiciaires que multiplie une coalition hétéroclite de députés pro-UE

 – un retour sur la situation italienne après la crise politique estivale : Giuseppe Conte a formé un nouveau gouvernement qui repose sur une coalition baroque entre Mouvement cinq étoiles et Parti démocrate, seulement unis pour écarter la Ligue du pouvoir – celle-ci pourrait profiter de cette cure d’opposition

– une analyse des deux scrutins régionaux qui ont eu lieu en Allemagne début septembre : en Saxe comme au Brandebourg, l’AfD confirme sa poussée, Die Linke s’effondre, tandis que les deux grands partis (CDU et SPD) poursuivent leur chute, ce qui fragilise encore un peu plus la « grande coalition » au pouvoir à Berlin

Pour recevoir cette édition et les suivantes, il n’est pas trop tard pour s’abonner.

Cet article L’édition de Ruptures de septembre est parue est apparu en premier sur Ruptures.

Incentives Rule the World

Ryan Murphy, an economist at Southern Methodist University, recently published a working paper in which he ranked each of the states by the predominance of—there’s no nice way to put it—psychopaths. The winner? Washington in a walk. In fact, the capital scored higher on Murphy’s scale than the next two runners-up combined.

“I had previously written on politicians and psychopathy, but I had no expectation D.C. would stand out as much as it does,” Murphy wrote in an email...

On a national level, it raises the troubling question as to what it means to live in a country whose institutions are set up to reward some very dubious human traits. Like it or not, we’re more likely than not to wind up with some alarming personalities in positions of power.

- From last year's Politico article, Washington, D.C.: the Psychopath Capital of America

One of the most frustrating aspects of modern American politics -- and the culture in general -- is our all encompassing fixation on the superficial. It's also one of the main reasons I have very little interest in presidential politics, which basically consists of a bunch of billionaire friendly puppets auditioning to become the next public face of imperial oligarchy. Though I understand the desire for quick fixes, our focus on highlighting and mitigating only the symptoms of societal decay as opposed to the root causes, ensures we'll never achieve the sort of positive paradigm-level shift necessary to bring humankind forward.

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Une rentrée plus judiciaire que sociale

Par : h16

Alors oui, certes, c’est bel et bien la rentrée sociale qui nous l’est rappelée notamment grâce aux indéboulonnables grévistes des syndicats de transport ferroviaire français dont le crédo semble autant que possible de ne transporter aucun français. Certes. Mais avec la semaine qui vient de s’écouler, c’est surtout de rentrée judiciaire qu’on doit parler, tant on constate une avalanche d’affaires qui viennent débouler moelleusement en ce mois de septembre, ensevelissant les chroniqueurs sous une épaisse couche de poudre de perlimpinpin républicain…

Car, en quelques jours, les rebondissements judiciaires impliquant tout le spectre politique se sont enfilés comme autant de saucisses industrielles.

Ainsi, François Bayrou et Marielle de Sarnez (le président du MODEM et l’ancienne députée européenne du même parti) ont été auditionnés par la police judiciaire pour une affaire d’emplois fictifs, le lendemain de l’audition de Sylvie Goulard, elle-même ex-eurodéputée du MODEM et maintenant commissaire européenne, entendue pour la même affaire.

Ainsi, c’est l’increvable Jean-Luc Mélenchon (de la France Insoumise) qui sera convoqué avec ses acolytes pour son procès en correctionnelle, ce qui nous a valu une allocution de sa part. Pour rappel, une perquisition particulièrement houleuse avait eu lieu il y a un an au siège du parti néo-communiste dans le cadre d’une enquête sur (tenez-vous bien) des emplois fictifs et des comptes de campagnes douteux. Les réactions mélenchonesques outrées avaient déclenché (outre l’hilarité d’Internet) une procédure judiciaire dont le dénouement approche donc, ce qui a poussé le président de la France Insoumise à annoncer la publication d’un livre dans lequel, imperturbable, il enfonce le clou : « Face à un juge ou à un policier, la République c’est bien moi »

Le lider marxismo a très clairement laissé son égo enfler au-delà de toutes proportions raisonnables et si la stratégie du hurlement outré contre un procès qualifié de politique pouvait éventuellement marcher, elle s’en trouve nettement amoindrie par la publication concomitante de ce livre qui transforme l’ensemble en véritable cascade médiatique avec buzz et ventes lucratives à la clé plutôt qu’en brûlot politique d’un opposant lâchement embastillé par le pouvoir dictatorial en place, ♩ hasta la victoria siempre ♪ no pasaran ♫ et tout le tralala ♬ …

La semaine ne s’arrête pas là puisque grâce à Anticor (ou à cause d’elle, selon le point de vue), Richard Ferrand, membre LREM et actuel président de l’Assemblée Nationale, se retrouve mis en examen par la justice lilloise suite à l’enquête ouverte sur des soupçons de prise illégale d’intérêts dans ses anciennes fonctions de directeur d’une mutuelle bretonne de 1998 à 2012, par le truchement de laquelle il aurait permis l’enrichissement personnel de sa compagne.

Si mettre en examen le quatrième personnage de l’Etat peut faire désordre, on se rassurera en lisant ses déclarations qui rappellent avec bon sens qu’il n’est pour le moment, faute de procès, coupable de rien. Soit. On aurait cependant aimé la même pondération et la même considération lorsque d’autres affaires secouaient le paysage politique français et pour lesquelles notre aimable politicien ne s’était guère retenu de tweeter…

La rentrée judiciaire ne s’arrête pas là puisque pendant ce temps, l’inénarrable Balkany (maire LR de Levallois-Peret) a finalement été envoyé en prison, trophée logique de fraudes fiscales plus ou moins habiles et dont le montant total donne une assez bonne idée de la générosité de la République lorsqu’on est aux bons postes.

Ce tableau serait bien évidemment incomplet si l’on ne parlait pas un peu du Rassemblement National. Rassurez-vous, la rentrée judiciaire n’a pas épargné ses têtes d’affiche non plus puisque Jean-Marie Le Pen a été mis en examen dans une affaire concernant … (devinez ?) des emplois fictifs – un grand classique républicain de nos jours – au côté de sa fille Marine et d’une vingtaine d’autres membres du parti.

On le voit, pour un mois de septembre à peine écoulé de moitié, la justice française n’a pas chômé. De façon plus intéressante et au-delà de l’enchaînement comique de toutes ces affaires, on ne peut s’empêcher de noter qu’ici, tous les partis sont concernés par une mise en examen, des corruptions, des abus, des faits plus ou moins graves : LFI, RN, LREM, LR, tout le spectre des principaux partis du pays est ainsi représenté du mauvais côté des barreaux et l’absence du PS ou des Verts dans cette liste n’est qu’une simple partie remise.

Pire encore : il ne s’agit dans aucun de ces cas de sous-fifres ou de troisièmes couteaux, de cousins éloignés qu’on qualifie pudiquement de « différents », de petits magouilleurs maladroits. Non. Dans chacun de ces cas, on trouve des personnages qui marquent la vie politique française : pour le Modem, LFI et le RN, on parle des chefs, des présidents du parti. Pour LR, c’est l’ancien co-fondateur du RPR. Pour LREM enfin, c’est rien moins que le président de l’Assemblée Nationale.

Comment ne pas voir que cette brochette d’affaires ne va faire qu’amplifier la défiance et le rejet des Français pour cette classe politique corrompue jusqu’à la moelle ? Comment ne pas rapprocher ces dérives honteuses des derniers résultats de l’enquête du CEVIPOF sur la crise de la confiance politique en France ? Comment ne pas voir que le comportement lamentable de ces élus et de ces responsables politiques nourrit le rejet de plus en plus massif des Français pour l’actuel système, que je décris en détail dans un précédent billet ?

Comment, de la même façon, ne pas voir qu’avec un tel amoncellement de corruption, le Français qui tient malgré tout à voter se retrouve devant un choix de plus en plus cornélien entre la peste et le choléra, et qu’il doit lui-même souffrir d’une part d’incohérence à adouber de son vote des gens qu’il sait pourtant mauvais pour son futur ?

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Battons le pavé en Louboutin et en Weston

Par : Eolas

Encore une fois, la profession d’avocat va manifester. Cette fois, ce sera ce lundi 16 septembre et la raison en est la réforme annoncée des retraites.

Le Gouvernement joue sur du velours, et ses éléments de langage lui sont servis sur un plateau : une profession de nantis s’accroche à ses privilèges probablement fort coûteux pour la collectivité et refuse une réforme voulant mettre tous les citoyens sur un pied d’égalité en supprimant les régimes spéciaux et en alignant tout le monde sur un régime général. Méchants, méchants avocats, bourgeois égoïstes. Quelques idiots utiles qui ont perdu leur procès ou subi un divorce qui n’a pas tourné à leur avantage viendront en renfort vider leur rancœur. On a l’habitude.

Alors, pour ceux qui parmi vous émettraient un doute à la vue de milliers d’avocats venus de toute la France, et quand je dis toute la France, je dis toute la France : certains vont traverser un océan pour être là ; de milliers d’avocats disais-je si âpres au gain qu’ils ont fermé leur cabinet toute une journée pour protester, voici ce qu’il en est.

Le régime de retraite des avocats est un régime autonome. Pas spécial, autonome. La caisse de retraite des avocats s’appelle la Caisse nationale des barreaux de France, CNBF. Rien à voir avec le Conseil National des barreaux (CNB) qui représente la profession au niveau national, même si leurs noms se ressemblent.

La CNBF a des racines anciennes puisque dès l’ancien régime les avocats pouvaient faire payer à leurs clients un droit de plaidoirie (qui existe encore aujourd’hui, et qui est de 13 euros par audience, dû même si vous êtes à l’aide juridictionnelle depuis 2011 (avant, l’Etat l’acquittait, mais n’oubliez jamais qu’il ne répugne à rien plus qu’à payer pour les pauvres). En pratique, ce droit n’est quasiment jamais réclamé (je ne connais aucun confrère qui le fasse), et nous en somme de 13 euros de notre poche que nous prélevons sur l’indemnité d’AJ qui elle est forfaitaire quel que soit le nombre d’audiences.

La loi du 31 décembre 1921 a créé les caisses de prévoyance des avocats, gérées par chaque ordre et qui percevait le droit de plaidoirie. Mais les pensions servies variaient considérablement d’un barreau à l’autre et celle des petits barreaux étaient faméliques. la CNBF a été créée en 1948 pour réunir toutes ces caisses en une seule, et deviendra autonome en 1954.

Autonome, qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela signifie qu’elle fonctionne sur un mode qui lui est propre et qui est que chaque avocat cotise en fonction de ses revenus (14% du bénéfice net pour la première tranche, avec pour les avocats en déficit un minimum de cotisation) et sert la même pension à tout le monde. La pension est actuellement de l’ordre de 1416 euros par mois (il est possible d’opter pour une complémentaire, en cotisant plus, pour avoir une pension plus élevée, le choix étant irrévocable). Cela veut dire que notre profession sert la même pension à l’avocat qui a travaillé sans s’arrêter qu’au confrère qui a dû s’arrêter plusieurs années pour soigner un cancer qu’à l’avocate qui a pris des congés maternités. Pas de référence aux six derniers mois ou aux 25 meilleures années.

Elle est abondée uniquement par les avocats. Elle ne touche aucune subvention, aucun versement de l’Etat. A charge pour elle d’être à l’équilibre. Et à l’équilibre, elle l’est. Elle a même constitué des réserves de l’ordre de deux milliards d’euros pour anticiper le choc démographique que va constituer l’arrivée massive à la retraite des avocats dans une profession dont le nombre est en train d’exploser. Au 1er janvier 2006, il y avait 45818 avocats. Au 1er janvier 2016, il y avait 63923 avocats. Et cette tendance ne diminue en rien. Ses comptes prévisionnels garantissent cet équilibre pour les cinquante prochaines années.

Cette gestion saine et ces réserves sont bien évidemment déterminante dans l’arrêt de mort qui la frappe : en fusionnant la CNBF dans un régime général, les réserves seront englouties et ne serviront finalement qu’à une chose : diminuer le déficit des caisses de retraite l’année de la fusion, ce qui permettra au Gouvernement de parader en montrant que son excellente réforme a sauvé les retraites puisque le déficit a déjà baissé. Puis l’année suivante, le déficit replongera de deux milliards, mais on parlera d’autre chose, probablement d’une femme musulmane en maillot de bain. Une opération de comm à deux milliards sur le dos des avocats. Permettez-nous de tiquer.

Mais n’est-ce pas égoïste de notre part de garder notre régime qui fonctionne si bien et laisser les autres encaisser le choc démographique lié au baby-boom ? Ca le serait assurément si c’était vrai. Mais la CNBF participe à la solidarité nationale par le mécanisme de péréquation. La CNBF verse au régime général chaque année entre 80 et 100 millions d’euros au régime général, sans contrepartie. Cela fait entre 1200 et 1500 euros par avocat et par an de participation sans contrepartie au régime général des retraites. On ne demande pas qu’on nous dise merci, juste qu’on ne nous traite pas d’égoïstes.

Les projections faites sur la base du rapport Delevoye sont apocalyptiques : le taux de cotisation pour la première tranche passerait de 14 à 28%, un doublement pur et simple. Les tranches supérieures seront moins taxées par rapport à la situation actuelle, ce qui fait que cette réforme promet d’être avantageuse pour la petite frange des avocats les plus riches et de compromettre la survie des petites structures les plus modestes, qui sont dans les zones les plus pauvres du territoire, et qui concernent les plus jeunes. La pension de base quant à elle passerait de 1400 à environ 1000 euros. Perdants sur tous les tableaux.

Et enfin, chers amis, cela vous concerne aussi. Car nos honoraires sont fixés librement en accord avec le client. Nous avons donc la possibilité d’effectuer un transfert de charge, et même si nous vous aimons du bon du coeur, nous n’allons pas accepter la diminution de nos revenus qu’entraine cette réforme car personne n’accepterait de gagner 14% de moins pour toucher une pension de retraite moindre. Cette augmentation, nous allons dans la mesure du possible la transférer à nos clients en augmentant nos honoraires. Pour les entreprises, ça passera aisément. Ce sera douloureux pour les particuliers. Et si vous pensez que ça ne vous concerne pas car vous ne pensez pas avoir jamais besoin de notre aide, sachez que tous nos clients pensaient ne jamais avoir besoin de nous jusqu’au jour où ils sonnent à notre porte.

Donc demain, nous manifesterons pour exiger qu’on nous laisse notre régime autonome, égalitaire, solidaire et équilibré, qui participe déjà et continuera à soutenir le régime général. Pour une fois, ce sera un peu pour vous, et beaucoup pour nous, et non pas le contraire. Et nous apprécierons beaucoup d’avoir votre soutien.

Hey, après tout, pour une fois qu’on ne vous coûte rien...

Patrice Gourdin, Manuel de géopolitique

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[Redite] Et maintenant, des jeux vidéos à la française

Par : h16

Article initialement paru le 15 janvier 2014

Ce n’est pas parce que c’est dimanche qu’il faut se laisser abattre. Ce n’est pas parce que le gouvernement fait assaut d’imbécillités qu’il faut virer pessimiste. C’est pourquoi je vous propose une fournée de jeux vidéos qui, s’ils ne sont pas tout frais, restent tout à fait adaptés à l’esprit du pays et trouveront une place de choix dans vos idées cadeaux pour le prochain Noël…

Tu es un gamer mais tu veux aussi t’impliquer dans la vie de la République ? Tu veux « jouer intelligent », ne plus te laisser manipuler par les grandes firmes capitalistes qui tentent de te laver le cerveau avec leurs idées de profit, de liberté et de plaisir facile ? Tu veux du fun mais tu veux qu’il soit éco-conscient ? Ca tombe bien : Demaerd Industries, division Jeux Vidéos, propose dès à présent toute une gamme de jeux vidéos qui ont tous été approuvés par les plus hautes autorités morales de la République Française du Bisounoursland. Et en voilà quelques uns décrits spécialement pour vous.

(Cliquez sur les jaquettes pour les avoir en taille maximale)

citoyen's creed bbr flagCitoyen’s Creed IV

– Description :
Citoyen’s Creed BLeu Blanc Rouge Flag est un jeu d’action / aventure sur différentes plate-formes dans lequel le joueur incarne Kevin Peillon, un citoyen de France sans foi ni roi, qui a décidé d’apporter la laïcité et la République dans les Caraïbes du XVIIIème siècle, dut-il le faire avec son sabre et ses pirouettes rhétoriques musclées. Sur son navire, le Pedalaw, il peut explorer librement une aire allant de la Gascogne à la Région Parisienne en passant par le Golfe du Lion et s’attaquer aux méchants discriminants et aux pirates du vivrensemble. La visite de villes comme Marseille ou Toulouse est également au programme, tout comme un mode multijoueur coopératif ou collectiviste ou les deux.

– Type : Action/aventure socialistes constructivistes
– Classification : Déconseillé aux moins de 72 ans
– L’avis de Demaerd Software :
Ce jeu captivant vous permettra enfin d’exprimer le petit justicier laïc qui sommeille en vous : finies les longues prises de têtes politico-sociologiques pour justifier la dictature du prolétariat ! En quelques coups de sabres, vous convainquez aisément vos assaillants de vos arguments bien pesés. Le gameplay est très riche et vous permet d’enchaîner les phases d’ateliers citoyens de conscientisation avec les phases d’action pure sur le terrain avec la préparation des élections, la propagande larvée ou la publicité directe avec le collage d’affiches et la bagarre devant le magasin pour skins. Bref : un bon moment à passer.

la medaille pour tousLa Médaille Pour Tous

– Description :
La Médaille Pour Tous est un First Person Shooter sur les principales plateformes (PS3, XBox, PC) qui amènera le joueur à exercer ses talents de bateleur, de jongleur, d’artiste de rue et d’acrobate rebelle en pleine recherche de sens à sa vie. Au long du jeu, différents challenges sont proposés (comme se laver, nourrir ou faire vacciner Scruffy, le chien qui vous sera attribué en début de partie, récolter des dons auprès d’automobilistes en faisant du diabolo aux feux rouges, etc…). Le décor peut prendre place dans différentes villes comme Nanterre, Rennes ou Toulouse.

– Type : First Person Jonglage
– Classification : Conseillé aux plus de 25 ans
– L’avis de Demaerd Software :
C’est une véritable immersion dans la vie d’un étudiant en première année Histoire de l’Art ou en Sociologie, avec tout ce que cela peut comporter à la fois d’opportunités excitantes notamment en terme de soirées arrosées que d’événements frustrants comme le refus d’une bourse ou d’une chambre à la cité universitaire. Loin des poncifs du genre où la coopération n’est que rarement de mise, ce jeu vous demandera de composer chaque minute avec les assistantes sociales récalcitrantes, les demandes de bourses et d’aide au logement délicates, les parcours universitaires alternatifs. Une excellente préparation à la vie réelle lorsqu’on a décidément choisi « Sociologie Des Cirques » comme formation diplômante !

class effect 3

Class Effect 3

– Description :
Class Effect 3 est un jeu d’inaction-aventure à la troisième personne dont la toile de fond, un pays en lente décomposition, donne l’occasion à des scénaristes de se déchaîner. Le joueur incarne François-Jacques, un politicien, brillant énarque mais peu en phase avec les réalités de terrain, parvenu au pouvoir par une série de coups du sort inattendus et de médiocrité générale ; le but du jeu est de parvenir à rester au pouvoir malgré l’accumulation de ressorts scénaristiques inédits. Pour le joueur, il s’agira donc lors de ses nombreux déplacements dans le pays, de conserver l’esprit vif pour lui éviter les déboires d’un peuple de moins en moins coopératif ainsi que les attaques d’un groupe terroriste, les Knehls-Rouges, qui ne reculeront devant aucun geste pour faire vaciller la République.

– Type :TPS politique
– Classification : Conseillé aux plus de 25 ans
– L’avis de Demaerd Software :
Rarement on aura vu dans un jeu un tel feu d’artifice de conspirations, de coups de théâtre, acharnements politiques, diversions ridicules pour occuper le joueur. Si le travail d’écriture qui aboutit à ce scénario foisonnant ne fait aucun doute, on peut cependant se demander si les auteurs ne sont pas allés trop loin, trop vite, trop fort : pour la quantité en effet, on est servi, mais la qualité laisse un goût persistant de grand n’importe quoi dont on soupçonne qu’une majeure partie est parfaitement voulue et assumée. Un bon point cependant : grâce à la coopération du réalisateur, le studio BioFware, avec le groupement Europécologiléverts, le jeu a été entièrement réalisé à partir d’octets recyclés ce qui garantit pour le joueur une empreinte carbone minimale.

GrandeFeteSocio Grande Fête Socio V

– Description :
Grande Fête Socio V est un jeu d’action se déroulant dans une banlieue parisienne virtuelle, baptisé Egality City. Le joueur y incarne Bruno Mulliard, un fils d’enseignants du secondaire, hyper impliqué dans la politique estudiantine et en lutte contre la privatisation rampante des services publics à la française pour lesquels il se bat chaque jour, le point levé comme le fit jadis son idole, le Che, qu’il porte en t-shirt tout au long du jeu. Dans ce dernier, il doit réussir des dizaines de missions dans un environnement très vaste.

– Type : Action
– Classification : Recommandé à partir de 32 ans
– L’avis de Demaerd Software :
Pas de doute : réveiller les consciences est un travail de longue haleine et le jeu, qui vous demandera justement de conscientiser vos semblables aux problèmes des cités vétustes, des subventions trop difficiles à obtenir, de corruption ou d’arrangements politiques louches. De ce point de vue, la durée de vie est particulièrement longue et prenante. Entre les syndicalistes, les politiciens véreux, les associations lucratives sans but et les sans-papiers malmenés, vous aurez fort à faire pour obtenir des récompenses !

no need for speed
No Need For Speed
– Description :
No Need for Speed : France est un jeu de courses multijoueur sur PC. Il propose de visiter tous les coins possibles de la Capitale Française, au volant de puissants bolides personnalisables sous toutes les coutures, comme la Twingo TRS-Max ou la Clio Turbo/C. Il sera évidemment possible de se lancer dans des poursuites endiablées avec les forces de l’ordre. Attention, les écoportiques dissimulés un peu partout dans la ville taxent la carte visa pour de vrai ! Humour citoyen, certes, mais redressement productif aussi !
– Type : conduite responsable
– Classification : tous publics agréés NF64345234
– L’avis de Demaerd Software :
C’est véritablement un jeu familial qu’on trouve dans ce packaging d’adrénaline citoyenne responsable ! Au volant de votre twingo tunée, vous aurez par exemple pour mission de parcourir le périphérique parisien en vous rapprochant toujours plus des limitations de vitesses fluctuantes, tout en faisant attention aux radars et aux portiques écotaxe-la-visa-pour-de-vrai qui poussent de plus en plus dru sur la surface du parcours. Et attention : chaque manquement aboutira à une prune et des points en moins sur votre permis. Au final, attendez-vous à passer de courtes minutes en voitures et de longues heures en séance de rééducation citoyenne à la conduite dans lesquelles la simulation d’un cours de code sera extrêmement bien réalisée, ennui compris !

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Petites et grandes manoeuvres

Temps incertains et passionnants, faits de continuités et de recompositions, d'alliances inamovibles ou d'étonnants retournements de veste... Le limogeage de John Bolton continue de faire couler de l'encre. Peut-être trop d'ailleurs car, malgré l'erratisme...

Chars de combat (Manuel de reconnaissance)

Voici un petit opuscule passionnant, qui m'a rappelé mes années de lieutenant à Saumur, lorsque nous apprenions à identifier les chars soviétiques, mais aussi les VCI, les hélico ou les avions. Il s'agissait à l'époque de compétences indispensables à un officier de reconnaissance dont la mission était d'aller escadronner, en avant du corps d'armée, pour déterminer l'axe d'effort de l'ennemi… et se faire consommer en 12h de temps !

Aussi, quand je l'ai vu passer, je n'ai pas résister. D'un mot, voici de la belle ouvrage car cela me change indéniablement des petites fiches cartonnées Noir et Blanc que nous allions acheter à la bibliothèque de l'école. Chaque char dispose non seulement de plusieurs photos mais aussi de données techniques et d'un texte de présentation. Surtout, les versions successives sont présentées, ce qui permet d'utiles comparaisons. Enfin, des chars de années 60-70 encore en service ici ou là sont encore présentés : l'utilité sert ici plus à comparer les évolutions, me semble-t-il.

Bref, voici une encyclopédie réjouissante et pratique. On pourra dire qu'il ne s'agit que d'un outil nostalgique... Pourtant, à l'heure où la compétition entre grandes puissances renaît, où des risques de guerre interétatiques reviennent au range des préoccupations, se réintéresser au char me semble de bon aloi. Cet ouvrage n'intéressera donc pas seulement les cavaliers blindés ou les fanas milis, mais aussi tous ceux qui ont envie d'approfondir le sujet. Par exemple, si certains journalistes le parcouraient pour comprendre que tout blindé n'est pas un "char", ce serait déjà une grande victoire.

Mais là, je rêve sans nul doute.

Chars de Combat, par Youri Obratsov, Editions HIstoire et collections, collection manuel de reconnaissance, 19,95 euros, 115 pages : lien

Olivier Kempf

La France qui taxe et la France qui paye

Par : h16

En décembre 2015, par les bons soins d’un de mes lecteurs, Nasier Ockham que je remercie au passage, nous pouvions bénéficier d’une analyse factorielle des correspondances (AFC) des résultats de vote des régionales.

Pour rappel, l’AFC est une analyse statistique non dirigée permettant de trouver de façon systématique les corrélations (ou leur absence) entre les agrégats qui se dégagent des différentes dimensions de données qu’on lui fournit.

L’analyse de l’époque avait largement montré que la France semblait se découper en deux populations caractérisées essentiellement par leur localisation géographique, l’une des grandes villes, des métropoles et leurs banlieues et l’autre des villes moyennes et des campagnes, et que la représentation politique ne semblait plus s’occuper que de l’une de ces populations sans sembler être capable de s’occuper de l’autre, cantonnée alors à un vote de rejet ou un non-vote.

Dans une France qui se voudrait apaisée et qui a grand besoin de cohésion sociale, ce constat picotait quelque peu.

Depuis, de nouvelles élections, les européennes de mai dernier, ont eu lieu et on dispose maintenant de l’ensemble des votes par cantons de façon assez précise, mon aimable lecteur m’a gentiment proposé de réitérer l’opération d’analyse automatique avec ce nouveau paquet de données fraîches. Ce billet est l’occasion de vous livrer notre analyse.

En pratique, les férus de chiffres et ceux qui voudront éplucher les détails techniques auront tout intérêt à lire le PDF ci-joint. Le billet suivant se contente d’en faire un résumé synthétique et de dresser les conclusions que je pense fort éclairantes sur l’état du pays.

Le premier constat de cette nouvelle analyse, c’est qu’elle confirme les données de la précédente : l’opposition urbain-rural reste une structure majeure du vote observé ; deux dimensions de l’AFC permettent d’expliquer plus de 75% du vote observé. Si l’on choisit un axe horizontal pour la première dimension, on verra sur la gauche des cantons et départements correspondants à ceux qui sont plutôt opposés à la politique actuelle du gouvernement, alors que s’étaleront sur la droite ceux qui y sont plutôt favorables. De la même façon, verticalement, on trouvera plutôt des cantons de la France conservatrice (droite traditionnelle, pour schématiser) vers le haut, et les cantons de banlieues vers le bas.

Graphiquement, cela donne ceci :

Conformément à cette répartition spatiale dans ces deux dimensions, on peut raisonnablement libeller les axes comme proposé sur la figure ci-dessus. En ajoutant les deux diagonales, on complète les autres tendances observées. Au final, on obtient une « France de Bobos » qui s’oppose à la « France Matraquée », une « France conservatrice » opposée à une « France en otage », celle des banlieues pourries. Entre la « France matraquée » et la « France conservatrice », on trouve une « France du rejet », qui s’oppose à une « France urbaine », laquelle relie la « France en otage » à celle des bobos et des quartiers chics. La dernière diagonale apparaît comme l’archétype du système Macron, qui s’oppose à la France des revenus modestes, qu’on pourrait libeller « France déclassée ».

Au vu de ce graphique, on peut assez facilement noter que c’est la France urbaine qui a dominé le vote européen. La gauche traditionnelle est en pratique maintenant complètement éparpillée le long de l’arc de cercle figuré sur le graphique, avec LFI tout à gauche de l’arc, RLRM de l’autre côté et les partis EEES et EECO au long de cet arc, comme le montre le graphique suivant (avec les libellés des partis) :

Autant la démonisation du Rassemblement National (RN) est une stratégie d’éclatement de la droite qui semble avoir assez bien fonctionné, autant l’analyse statistique montre que l’emphase actuelle du discours écologique des marcheurs macroniens n’est pas autre chose qu’une stratégie d’éclatement de la gauche… Et qu’elle fonctionne pour le moment pas trop mal.

L’analyse statistique permet aussi de montrer que la gauche actuelle représente moins les ouvriers que les employés et les professions intellectuelles supérieures ou intermédiaires. Dans cette optique, les partis « néo-écolos » (du socialisme écologique) ne répondent plus du tout à une logique de lutte des classes ouvrière, mais sont en fait une logique d’urbains qui fantasment la nature et l’écologie, et survivent au biberon d’un étatisme omniprésent.

L’autre point important soulevé par l’analyse réalisée est celui de la formation d’un groupe finalement pas si hétéroclite des Français qui rejettent le système.

Par ceux-là, on entend aussi bien ceux qui votent Rassemblement National (PLP en l’occurrence pour ces européennes) que ceux qui votent blancs, nuls ou s’abstiennent carrément. Car oui, ces trois derniers groupes d’électeurs sont statistiquement très proche du PLP : contrairement aux images d’Épinal des médias qui présentent le vote RN quasi-exclusivement comme un vote de racistes et de xénophobes, il s’agit avant tout d’un vote de rejet des autres partis : cet ensemble est statistiquement plus proche des abstentionnistes où dominent les ouvriers, que de LFI qui est censé se préoccuper du sort de ces derniers. Autrement dit, il apparaît statistiquement que l’opinion des ouvriers est davantage le rejet du système, que l’adhésion au discours de LFI.

Or, et c’est à mon avis crucial pour comprendre ce qui se passe sociétalement en France actuellement, ce « groupe du rejet » est largement majoritaire dans l’opinion puisqu’il représente 63% des opinions.

Oui, vous avez bien lu : le rejet, qui était déjà important lors des précédents élections et qui, en 2015, était déjà visible dans la précédente analyse que nous vous avions fournie ici, est encore plus massif. Depuis, Hollande est parti, Macron est arrivé, et les Gilets Jaunes sont passés et l’analyse réalisée ici montre que la situation sociale française s’est largement dégradée.

Dans un prochain billet, nous reviendrons sur ce qu’on peut dire de plus sur ce rejet et sur ce qu’il entraîne mécaniquement pour la base électorale sur laquelle s’assoient la plupart des politiciens, et, par extension, l’État français. Mais indépendamment de cette étude plus poussée, on comprend déjà que ces statistiques illustrent le gouffre maintenant béant entre une caste favorisée, minoritaire mais qui seule trouve une représentation pertinente dans les différentes institutions de l’État, et le reste du peuple qui n’est plus effectivement représenté mais qu’on continue de ponctionner sans vergogne.

On imagine mal que cette situation va pouvoir perdurer encore longtemps.


Fichiers de l’analyse :
Fichier original du vote des européennes sur le site gouvernemental
Dataset RData AFC européennes utilisable dans R ; pour information, les colonnes 1-58 sont les données démographiques (il y a tout, la parité H/F, les tranches d’ages, etc) ; les colonnes 59-73 sont les votes au 2ème tour des régionales de 2015 (voir le billet de 2015) ; enfin les colonnes 74-114 sont les votes au 2ème tour des européennes de 2019 (voir ce billet pour les sigles et nom des variables).
Résultats bruts
script R de base

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L'intox se porte bien

Les événements s'accumulent et nous aurions pu consacrer ce billet au limogeage attendu du moustachu Bolton pour trop-plein d'incompatibilités avec le Donald, ou au bombardement israélien sur les milices chiites d'Al Bukamal juste après que nous ayons...

Clownerie ministérielle : Bruno Le Maire veut une blockchain publique

Par : h16

Ah, les cryptomonnaies ! C’est un sujet complexe, qui porte à la fois sur la monnaie, l’économie, les mathématiques, l’informatique et la souveraineté de l’État. Autant d’éléments que maîtrise Bruno Le Maire – BLM pour les intimes – dont la puissance intellectuelle lui a permis de devenir le plus frétillant des ministres de l’Économie que le pays ait connus. Il était donc malheureusement inévitable qu’il lance (encore !) une réflexion à ce sujet.

De façon intéressante, ce n’est pas la première fois que notre effervescent ministre lance ainsi le sujet dans l’actualité. On se souvient par exemple qu’en 2018, il avait nommé un « monsieur Bitcoin« , dont on soupçonnait dès la nomination que la production en terme de rapports dodus permettrait de placer un nouveau jalon dans la longue histoire des conclusions consternantes d’organismes d’État.

La sortie du rapport, en juillet de l’année dernière, confirmait globalement l’impression initiale puisque les conclusions se résumaient essentiellement à vouloir, encore une fois réguler, encadrer et mettre sous la coupe de l’État une technologie dont l’essence même a toujours été de s’en affranchir. Si le rapport du Monsieur Bitcoin n’était finalement pas aussi périplaquiste que le fut le rapport Thery en son temps, il n’en demeurait pas moins assez peu opérationnel, se limitant au mieux à des constats sans intérêt (voire faux pour certains, ne nous leurrons pas), au pire à quelques recommandations qu’on avait déjà lues ou entendues ailleurs. Les animaux politiques apprécieront, les autres pourront donc oublier ce rapport, exemple vraiment standard de ce que la nomenklatura française produit de temps en temps en feignant d’influer sur le cours des événements qui les dépassent de loin.

Mais voilà : six mois se sont écoulés, et il était donc grand temps pour notre BLM national de remettre le sujet sur le tapis. Entre-temps, Facebook a dévoilé son projet de produire sa propre cryptomonnaie, le Libra, ce qui n’a pas manqué de déclencher deux types de réactions différentes selon le milieu considéré.

Chez les pratiquants des cryptomonnaies, la lecture du « white paper » (le document technique décrivant le fonctionnement et les objectifs du Libra) aura été accompagnée d’un intérêt modéré en ce que le développement d’une telle technologie par un géant comme Facebook en permet sa démocratisation. Malheureusement, les choix techniques de la firme de Zuckerberg, notamment celui d’en faire une cryptomonnaie arrimée à un panier de monnaies étatiques, rendent l’ensemble de l’opération nettement moins crédible. Si l’on y ajoute la façon dont le Libra sera piloté par une fondation dans laquelle on retrouve, notamment, des banques et des organismes de carte de crédit (ces entités-mêmes que les cryptomonnaies entendent dépasser), ainsi que les flous techniques qui entourent la future cryptomonnaie de Facebook, la prudence s’impose.

Prudence qui fut bien évidemment complètement absente dans les déclarations de nos politiciens les plus enfiévrés (qui sont aussi les moins compétents en la matière – ce n’est pas un hasard) : l’apparition de cette monnaie interne à Facebook a rapidement été ressentie comme un véritable affront à la souveraineté des États, laquelle s’exprime notamment par sa capacité de battre monnaie et de spolier gentiment leurs peuples au travers de celle-ci. Une monnaie indépendante des États, fût-elle estampillée Facebook, fût-elle arrimée aux monnaies officielles, est un coin enfoncé dans leur capacité à lever l’impôt, prélever des taxes ou imprimer du billet à rythme soutenu afin d’éponger des dettes contractées pour arroser les électeurs les plus naïfs… Insupportable !

Dans ce contexte, le brave Bruno ne pouvait pas rester les bras croisés. Pour lui, c’est absolument clair, « la France refuse qu’une entreprise privée se dote des moyens de la souveraineté d’un État », scrogneugneu non mais alors. Peu importe que Bitcoin et les autres cryptomonnaies existent déjà et se soient assez voluptueusement passés de toute autorisation auprès de la France ou du petit Bruno lui-même. Pour ce dernier, c’est dit : la France refuse, et puis c’est tout.

Dès lors, il faut agir :!

Eh oui : en France, lorsqu’on est ministre, l’incompétence n’est jamais une excuse pour ne rien faire. C’est sans doute armé de ce principe inaltérable même devant les pires déficits budgétaires que Bruno s’est courageusement lancé dans une nouvelle aventure idiote dans laquelle il va tenter de pousser tout le pays. Bien sûr, le résultat sera très évidemment un désastre, mais pour Bruno, encore une fois, ce désastre est préférable à l’inaction : selon lui, c’est sûr, pour contrer la proposition de l’insupportable Zuckerberg, il faut « une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité. »

Vous avez bien lu : selon Bruno, le fait pour une banque centrale d’émettre une monnaie permettrait, de façon quasi-magique, d’en assurer la sécurité des transactions, leur rapidité, leur simplicité et surtout, leur fameuse gratuité. Dans l’imaginaire du petit Bruno, la banque centrale dispose des mêmes pouvoirs que les licornes mythologiques qui, nourries avec de la bonne herbe fraîche introduite à un bout peuvent produire des richesses innombrables à l’autre bout (ou des prouts parfumés et des cacas colorés, au choix).

Dans ce monde parallèle où Bruno s’ébat avec des petits couinements télétubbiesques, il n’existe aucune des catastrophes monétaires régulières sur les monnaies étatiques, depuis les hyperinflations exponentielles jusqu’aux actuelles plomberies financières incestueuses mises en place par la Fed ou la BCE pour éponger les abysses financières de la crise de 2008 (elle-même provoquée par les politiques monétaires débilissimes des années 2000). La perte de plus de 95% de la valeur du dollar pour cause d’inflation sur les 100 dernières années n’est pas plus un problème.

Partant, on peut décemment demander à ces institutions pourtant catastrogènes de s’emparer à bras le corps de ces cryptomonnaies, c’est évident. Il semble tout aussi évident que les intérêts de l’ensemble des acteurs qui participeront à cette blockchain publique convergeront aussi magiquement que les licornes précédemment évoquées.

Ainsi, les pouvoirs publics auront à cœur – c’est toujours évident – de ne pas défausser leur monnaie (parce que ce n’est pas déjà ce qu’ils font sur une base quotidienne, n’est-ce pas).

Chaque autre participant ne sera que trop heureux que l’ensemble de ses transactions soit enfin accessible à tous les agents de l’État qui ne feront de ces Niagaras d’informations qu’un usage modéré et parfaitement en ligne avec ce qu’on peut attendre de démocraties tirées au cordeau.

En outre, cette cryptomonnaie publique, située sur une blockchain tout aussi publique, ne verra jamais la moindre censure d’aucune de ses transactions : on peut être d’ores et déjà certain que tout le monde y aura accès, tout le temps.

Enfin, la centralisation complète inhérente à l’aspect public de cette géniale invention n’offrira ni « point unique de défaillance », ni aucune opportunité pour l’État de s’immiscer encore plus dans notre vie quotidienne. Ce sera garanti, c’est Bruno qui le dit. Il y aura une charte avec un petit tampon rouge en haut à droite, et une petite licorne en bas à gauche, avec la signature de Bruno en bas au milieu. Garanti.

Cerise sur le gâteau numérique : toutes ces transactions seront gratuites, comme l’école, la couverture sociale ou la sécurité du territoire qui, comme chacun le sait, sont assurées par des armées de bénévoles et de citoyens aussi socialement responsables que baignés de leur naturelle abnégation (sans compter leur horreur de toute rémunération financière, bien pratique pour conserver les comptes de la Nation à l’équilibre budgétaire).

On le comprend : un ministre tente de s’approprier une fois encore une question qui n’appartient surtout pas au domaine de l’État et dans lequel les citoyens ont un intérêt primordial, vital même, à ce qu’il en soit le plus éloigné possible.

Heureusement, l’absurdité des propositions faites et du discours tenu montre que, comme internet il y a plus de 20 ans, les autorités françaises sont parfaitement à la ramasse. C’est plutôt rassurant.

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Brexit : et maintenant, il reste un chemin simple pour tenir l’échéance

Par : pierre

Le Royaume-Uni quittera-t-il irréversiblement de l’Union européenne le 31 octobre prochain ? Ou bien cette échéance fera-t-elle l’objet d’un ultime report de quelques mois ? Seule la conclusion est certaine : le Brexit aura bel et bien lieu. Mais la première hypothèse – une sortie à la Toussaint – est la plus probable. Pourquoi ?

Sans doute faut-il rappeler ici quelques repères. Car la « saga » que vit la Grande-Bretagne a une apparence : une incroyable succession de coups de théâtre, de rebondissements, de retournements, de coups de force, et d’interminable procédure parlementaire – une histoire à laquelle le citoyen de base ne comprend plus grand-chose ; elle a une réalité : un référendum tenu le 23 juin 2016, à l’issue duquel le peuple britannique décide de dire Bye Bye à Bruxelles, et ce face à une majorité de parlementaires qui tente par tous les moyens de faire capoter cette issue, avec le soutien de tout ce que l’Europe compte de forces opposées aux verdicts populaires.

A la question parfaitement claire (« le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? »), 51,9% des électeurs du pays ont répondu sans ambiguïté. Le 29 mars 2017, Londres a envoyé la lettre officielle concrétisant juridiquement la sortie de l’UE. En juin 2018, une large majorité de députés a dû acter le rapatriement juridique des compétences nationales, et a fixé l’échéance de la sortie au 29 mars 2019.

Mais les partisans de l’UE n’ont jamais accepté de se déclarer vaincus. La négociation d’un accord de divorce entre le Royaume-Uni et les Vingt-sept a fourni un prétexte à une guérilla dont le seul résultat fut un blocage institutionnel total. Les députés ont par exemple refusé à trois reprises de valider un projet d’accord négocié par le premier ministre d’alors, Theresa May. Mais ils ont également voté Non à… huit alternatives envisagées.

Bref, la chambre des Communes fait barrage, mais est trop divisée pour proposer une issue. En mai  de cette année, Mme May est alors poussée vers la sortie par ceux qui, au sein du Parti conservateur, considèrent que sa faiblesse – la volonté de préserver un compromis boiteux avec l’UE – n’a que trop duré.

Le 24 juillet, Boris Johnson remplace Theresa May, avec un seul mot d’ordre : mettre en œuvre le Brexit au 31 octobre, quoiqu’il arrive

Le 24 juillet, Boris Johnson la remplace, avec un seul mot d’ordre : mettre en œuvre le Brexit au 31 octobre, quoiqu’il arrive. Quitte pour cela à suspendre la session d’un Parlement paralysé et paralysant pendant cinq semaines – ce qui est inhabituel mais légal. Tant les forces pro-UE dans le pays que les médias européens dominants crient au coup de force – comme si le refus parlementaire de mettre en œuvre la volonté populaire depuis plus de trois ans n’était pas le véritable scandale…

Début septembre se forme donc formé un « front anti-Brexit » hétéroclite à Westminster, dont l’objectif officiel est d’empêcher une sortie sans accord (« no deal »), en réalité de faire capoter le Brexit. Fait sans précédent : une majorité de députés a voté pour se substituer au chef du gouvernement et forcer ce dernier à mendier un nouveau délai auprès de Bruxelles – une demande censée être examinée par le Conseil européen le 17 octobre.

Cerise sur le gâteau : les Travaillistes, qui ne cessaient de réclamer depuis deux ans des législatives anticipées comme seul moyen de résoudre la crise, ont finalement… bloqué cette voie qui nécessitait un vote de deux tiers des députés. Pour la plupart des observateurs, l’impasse paraît totale. D’autant qu’un nouveau report n’aboutirait à rien d’autre qu’à prolonger un feuilleton sans dessiner aucune issue.

S’affranchir du Parlement

Il reste désormais – parmi d’autres solutions – un chemin simple au chef du gouvernement : s’affranchir du vote du Parlement censé lui dicter sa conduite, et ne pas quémander aux Vingt-sept le énième report voulu par les députés. Les dirigeants européens ne pourront alors accorder ce dernier, et le pays sera ipso facto hors de l’UE le 31 octobre au soir. Variante : Londres transmet formellement la demande parlementaire, mais indique que le gouvernement ne soutient pas cette dernière.

Certes, on entend déjà les cris d’orfraie des uns et des autres, qui dénonceront certainement un « coup d’Etat » dans ce que la grande presse – en France comme en Allemagne, notamment – décrit comme « le berceau de la démocratie parlementaire dans l’histoire mondiale ». Mais cette voie est possible, car le seul verdict qui suivra sera celui des électeurs, puisqu’une motion de défiance sera, dans ce cas, certainement adoptée. Et, dans les semaines qui suivront, les citoyens ne devraient pas manquer de récompenser celui qui aura – après 40 mois de tergiversations – enfin réussi à trancher le nœud gordien.

Il faut « qu’on en finisse » clament non seulement les partisans de la sortie, mais également une part de ceux qui avaient voté contre cette dernière

Pour le locataire de Downing Street, suivre ce chemin est à la fois nécessaire et faisable. Et d’abord pour une raison largement sous-estimée par nombre d’analystes européens : l’immense ras-le-bol des électeurs face à un feuilleton grotesque, traumatisant et interminable. Il faut « qu’on en finisse » clament non seulement les partisans de la sortie, mais également une part de ceux qui avaient voté contre cette dernière, mais qui souhaitent que le résultat de 2016 soit respecté plutôt que de voir se prolonger la paralysie et les divisions qui s’immiscent jusque dans l’intimité des familles.

Un dernier élément doit également être pris en compte : à supposer que le premier ministre accepte de demander le report comme l’exigent les députés, rien n’indique que les Vingt-sept l’acceptent, car ils doivent se prononcer à l’unanimité. Certes, jusqu’à présent, les dirigeants de l’UE avaient une priorité : montrer que sortir de la secte UE conduisait au chaos (afin de dissuader d’autres peuples de suivre cette voie).

Mais ledit chaos s’étend désormais au-delà de la Manche. A Paris notamment, il se dit que la succession des reports finit par provoquer des incertitudes économiques menaçantes, sans apporter quelque issue que ce soit. C’était déjà ce qu’avait fait valoir Emmanuel Macron lors du sommet européen du 10 avril dernier, avant de se rallier à contrecœur à l’échéance d’octobre promue notamment par Angela Merkel.

Quoiqu’il en soit, l’essentiel est ce fait politique majeur : la volonté populaire de sortir a été exprimée en juin 2016 (et rien n’indique qu’elle se soit inversée) ; or l’époque est révolue où l’on pouvait s’asseoir sur cette dernière comme du temps des référendums français, néerlandais, mais aussi irlandais ou danois.

C’est cette réalité qu’oublient ceux qui ont les yeux rivés sur le prochain rebondissement du feuilleton, voire finissent par se convaincre que les manœuvres pourraient finalement berner le peuple britannique. Boris Johnson a assis sa crédibilité politique sur sa capacité à imposer le choix de celui-ci.

Il a désormais un chemin simple pour toucher au but.

(Les dernières infos et analyses complètes seront à retrouver dans l’édition de Ruptures prévue pour le 25 septembre)

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