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À partir d’avant-hierLe blog de Seb Musset

Ils veulent du pain et une vie décente ? Donnez-leur des ministres à la con

On va faire court sur ce remaniement ministériel de casting de télé-réalité de seconde zone. C'est de la merde. Mais ce n'est pas le plus grave, c'est comme ça depuis sept ans : au moins ça reste cohérent. 

Entre incompétence, déconnexion complète entre l'élite parisienne et les Français, trahisons double trahisons et sélection de fonds de tiroir parmi les seconds couteaux et les médiocres Renaissance-compatibles (euh quel obscure nul sans colonne vertébrale politique ni amour propre n'a pas encore été ministre de Macron de nos jours ?), Macron pave de façon assez inespérée ou catastrophique, selon les points de vue, la route pour le RN. 

On fout n'importe qui à l'éducation et on y rajoute le sport, on en est au moins au huitième ministre de la santé et tant qu'à faire, puisque c'est les soldes, on lui colle le ministère du travail. Les têtes de con passent, le fond reste : détruire tranquillement, sans précipitation, pièce par pièce, ces deux secteurs d'intérêt public (c'est la seule fiche de poste de ces pions interchangeables sur lesquels se paluchent depuis 72 heures les Bac+12 en suçage de boules des chaines d'infos). 

Entre le reprise de l'inflation, l'augmentation des prix de l'électricité, l'avalanche de faillites d'entreprise, le chômage qui repart à la hausse, comme les taux d'intérêt (oui on arrive à faire les deux) et ce joli gouvernement qui réussit l'exploit de mécontenter tout le monde (même si j'avoue que je savoure les larmes incrédules de la gauche castor au sujet de la nomination de Rachida Dati à la culture à la place de Rima Abdul-Malak, victime inattendue de Gérard Depardieu), ça va aller direct à la case fiasco et ça ne prendra pas un an. 

Même si d'ici là, on aura peut-être eu 2 ou 3 autres gouvernements pour occuper le temps d'antenne et de cerveau disponible



Liaison Attal

À la recherche désespérée d’un second souffle avant la branlée aux européennes, le conseiller clientèle a changé ses jouets. Fin du feuilleton du n-ème remaniement Macron en 7 ans avec la nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre. 

Et c’est une bonne nouvelle ! 

Oh pas pour la France... Attal ou un autre n'y changeront rien. Il est entendu que tout part dans le fond de l’évier dans un pays paralysé par deux flocons de neige en hiver, mais un danger supplémentaire nous guettait : la popularité du gamin. 

Et oui, c’est incompréhensible mais ce couillon qui n’a jamais rien fait de ses dix doigts est leministre le plus populaire dans les sondages d’opinion. Tout chez ce fils à papa faisait de lui un présidentiable crédible (euh, oui en France) : sa jeunesse (même s’il a 164 ans dans la tête, ça fait « start-up » à gériatrique Land), sa sexualité assumée (la moindre critique passe pour de l’homophobie), son côté lisse comme une savonnette Palmolive (sa tête sur la couverture en papier glacé du Figaro magazine s’accorde à merveille avec le canapé Roche Bobois du salon d'hiver), ses réseaux parisiens, sa méconnaissance totale du monde de l’entreprise et du travail en général (un pré requis pour accéder aux plus hautes fonctions dans ce pays), sa virginité méprisante face à la cruelle réalité sociale des gens par-delà le Boulevard St-Germain et de leurs vulgaires contraintes budgétaires de fins et débuts de mois et, pour couronner le tout, un proeuropéanisme intégré de série dans son système d’exploitation (de droite, hein "les macronistes de gauche"). Quant à l’étoffe philosophique et culturelle du mec, soyons honnête, en comparaison Macron c’est Kierkeggard. 

Non, la vraie seule bonne nouvelle de cette promotion, je n’ose dire canapé, c’est qu’à trois ans de la présidentielle à laquelle il était un sérieux prétendant, Attal va être lessivé par son passage à Matignon (où, spoiler, il aura exactement la même pratique que Borne) et son capital sympathie va s'évaporer comme une tache de morve au soleil. 

 Je m'en réjouis d'avance !


Illustration : Damien, La Malédiction 2 (1978)

Loi immigration : merci pour le spectacle !

Mardi soir, j'ai assisté au joyeux pataquès de notre inénarrable classe politique pour accoucher dans la douleur à l’Assemblée d'une loi sur l’immigration avec la contribution surexposée des députés RN. Loi cosmétique qui sera rétorquée en deux-deux par le Conseil constitutionnel (à la demande même de Macron qui a commandé cette loi et voulait qu’elle passe avant noël). 

La veille, je savais qu'on entrait dans le domaine du bon gros comique en entendant Elisabeth Borne s'émouvoir que cette loi (qu'elle a voulu donc) permette de supprimer les APL aux étrangers. Marrant, ça n'avait pas l'air de l'émouvoir quand son chef les a rabotées pour tout le monde à commencer par les Français. 

Mercredi matin à la radio, au lendemain de cette nuit des seconds couteaux à l'Assemblée, chacun revendique une loi que personne n’assume d’avoir votée. Quant à la gauche, à l’image de Sandrine Rousseau partant en combustion spontanée dans les couloirs du Palais Bourbon à l’évocation du passage de la loi en éructant « extrême-droite ! extrême-droite ! » tous les deux mots, je bois du petit lait en regardant ces pantins déconnectés du souhait des français (qui sont, chez Elabe (pour BFM) 70% à  être satisfaits de la loi et chez Ipsos (pour le JDD) 71% à réclamer un texte plus ferme que ce truc mal ficelé selon les juristes. Tout le monde comprend que ce n'est pas le "bouclier" annoncé par Macron dans son SAV télévisé pour les retraités. Cette loi est d'abord une annonce symbolique destinée à envoyer un signe d'action aux divers électorats (et n'en déplaise aux élus de gauche, même dans leur propre électorat la question du contrôle des flux et des frontières divise fortement). 

À l’époque du Pass vaccinal (et sa création du jour au lendemain de millions de sous-citoyens de seconde classe) quand j’osais esquisser un rapprochement Pétain/Macron, je me prenais illico les leçons de morale  d’une large partie de la gauche (par ailleurs globalement silencieuse, voire collaborationniste pour une partie, sur la question). Quel étonnement de constater depuis le vote de la loi immigration, l'apparition des messages Pétain = Macron sur les réseaux de la part de cette « gauche castor » ! Des clowns qui eux aussi se pensent sincèrement du bon côté de la morale et de la politique et qui, rappelons-le, ont pour l’immense majorité voté, au moins, deux fois pour Macron. Dire qu'il aurait juste fallu que Macron décide alors de réserver le Pass vaccinal uniquement aux étrangers pour que nos humanistes se réveillent à l’époque... 

Car cette bataille pour voter un texte avec le RN en se défendant de le voter avec le RN aura au moins le mérite de recalibrer la gauche parlementaire sur son programme de base : « vous êtes tous des fascistes, les méchants-méchants ! » et de faire oublier leurs turpitudes sémantiques sur Israël et le Hamas. C’est toujours ça de rangé sous le tapis jusqu'au prochain attentat. Quant aux « macronistes » (il paraît qu'il en reste encore) qui s'estiment « trahis », je découvre qu’ils se pensaient de gauche. Ce qui en dit long sur leur distorsion de perception du réel. 

Pour le reste, j'ai le sentiment que les Français se contrefoutent de ces absurdes bisbilles de politiciens déconnectés, le Medef ayant sonné le matin même la fin de la récré sur Radio Classique :"l'économie demande massivement de l'immigration"). Cette instrumentalisation politique de l'immigration (sans réelle volonté d'agir est un épouvantail à moindre coût (on le voit dans les sondages cités, la satisfaction est majoritaire) et permet de continuer tranquille à ne rien changer aux désordres économiques, à la casse du service public et à une totale soumission à Bruxelles. Les prix de l’alimentaire continuent à augmenter, comme les tarifs de l’électricité et celui des assurances habitation ou des mutuelles santé, les faillites d’entreprises explosent, comme les cambriolages et les attaques au couteau au moindre propos. Mais comprenez-vous l’important pour nos politiques, c’est de "ne pas mélanger nos voix avec le RN" que l'on soit aveuglement contre ou que l'on rédige un texte de loi avec eux !

Bref, notre glorieuse classe politique vous envoie à l'avance ses meilleurs voeux pour 2024. Et qu'il s'agisse du contrôle des frontières comme de celui des prix : ce sera comme en 2023, mais en pire.

Allez, bonnes fêtes les amis et amies ! Et attention aux excès de confiance. 



Deux ou trois choses sur la mise à mort de Depardieu

Disclaimer (on ne sait jamais, vous êtes tellement sensibles) : Ce billet ne vise pas à défendre aveuglement Gérard Depardieu mais vise à dénoncer ces ayatollahs modernes qui, je le disais en déconnant il y a dix ans mais plus du tout maintenant, ont clairement l’intention de passer au sécateur tout porteur de couilles et de lessiver toute trace artistique de qu'ils auront défini comme déviant. 

Comme il est devenu l'homme à tuer du jour, je me suis donc tapé le visionnage du magazine Complément d’enquêtes titré la chute de l'ogre sur le comédien Gérard Depardieu. L'acteur fait l'objet de deux plaintes pour viol et agression sexuelle. Je ne me prononcerai pas sur les accusations, c’est à la justice de faire son boulot. Je vais être honnête, j’ai vu ce que j’appellerai un geste déplacé de l’acteur entre les prises sur un tournage (un gros tournage) il y a 30 ans de cela. Et quand je dis "déplacé", il l’était visiblement uniquement pour moi, puisque 1/ il ne s’en cachait pas 2 / la comédienne (en petite tenue) ne s’en plaignait pas et 3 / les 60 autres personnes présentes sur le plateau n’ont visiblement rien noté de gênant. Moi j’ai vite compris qu’il s’agissait là des us et coutumes du cinéma français qui avait une certaine légèreté de moeurs à l’époque. Pas seulement sur le sexe et ça dépassait le seul cas Depardieu. Et ça ne semblait ne perturber personne : ni le merveilleux monde de la profession, ni les chaines de télé, ni les journalistes. 

Alors oui, je pourrais dire moi aussi d’après ce que j’ai vu à cette époque :"Ah mais il n’y a pas de fumée sans feu et fatalement Depardieu un violeur". Sauf que… rien ne me le prouve pour le moment et surtout pas une émission de télé. Complément d’enquête part de témoignages poignants de comédiennes et fait des raccourcis en étayant son réquisitoire par des images volées d’un documentaire inédit de Yann Moix dont on ne sait au final pas grand-chose, ni de la réalisation ni des intentions. Depardieu y est dégueulasse, outrancier, sexualise une fillette… Oui. Est-ce écrit ? Est-ce lui ou est-ce un rôle, une improvisation ? On en sait strictement rien et le réalisateur de compléments d'enquête n’a même pas l’honnêteté de le préciser, nous prenant pour des cons juste bons à prendre ça pour argent comptant. Quant au terme "documentaire" si c'était synonyme de vérité ça se saurait. Si au début des années 90 les rushes volés de C’est arrivé près de chez vous avaient été diffusés selon le même principe dans un magazine d’information, Benoit Poelvoorde aurait d'abord eu une carrière judiciaire. Et quand bien même ces images montreraient "un Depardieu 100% dans sa vérité", si cela veut dire quelque chose, a-t-on le début d'une simple preuve avancée dans le cadre des plaintes déposées ? Non.

Mais bon, ce triste spectacle n’est pas bien grave comparé à ce qui se dessine depuis sur la même chaine. Suite à la diffusion de l'émission, France Télévision gèle toute diffusion de films avec Gérard Depardieu sur son antenne. Ah ouais quand même... Le type tourne comme un forcené dans tout et n’importe quoi depuis 50 ans, dans une filmographie qui va de Marguerite Duras à Kev Adams en passant par Ridley Scott et Claude Zidi et à lui seul il est devenu un des murs de porteurs de notre patrimoine culturel. Sur la base de témoignages et d’un procédé putassierplus proche de la presse people que du magazine d'investigation, puisqu’à ce jour rien n’est jugé et tout ça peut très bien finir en non-lieu, France TV s’octroie donc le droit de faire une croix sur les films dans lesquels Depardieu a joué. Au passage France TV, ayatollah révisionniste du jour ("partenaire cinéma privilégié" hier encore) chie sur le travail de milliers de comédiens, comédiennes et artisans du cinéma sans qui, selon la formule consacrée et tout autant que Depardieu : "ces films n’auraient pas été possibles"). 

Et si Depardieu est finalement reconnu coupable, devrait-on brûler tout ce à quoi il a participé ? 

Euh, c’est non. 

Si un jour on apprend du cousin du comptable de la belle soeur de De Vinci que le peintre était un peu cavalier avec les femmes, décrochera-t-on la Joconde des murs du Louvre ? Certes, je ne doute pas que l'on trouve des activistes pour tartiner la toile avec de la peinture et du sang en guise d'introduction au débat.

Le cas Depardieu est exemplaire de cette dérive d'épuration artistique car dans son cas « l’effacer » c’est littéralement détruire un demi-siècle de création. Mais si on suit cette pente-là (et malheureusement on la suit avec une pauvreté argumentaire hallucinante) dans très peu de temps, il n’y aura plus grand-chose à voir ni à lire au nom d’un monde meilleur où l'on va bien se faire chier.






#Paris2024 Oh les jeux merdiques !

En moins de 3 jours nous apprenons donc que le prix des transports en commun à Paris et Ile-De-France va doubler tout l'été pour les JO (de 2 semaines), qu'il sera interdit de circuler en voiture dans Paris et qu'il faudra un QR code pour juste y marcher. Tu m'étonnes qu'après avoir quitté sa propre ville (où elle ne peut plus circuler sans risquer de se faire cracher dessus) pour les beaux rivages tahitiens Anne Hidalgo ait déclaré quelques jours plus tôt quitter aussi X-Twitter.

Je passe sur le fait que cette la mairie de cette ville, qui est à peu près une des capitales les pires au monde pour la circulation des personnes à mobilité réduite, se targue d'organiser des jeux paralympiques en sus de cette déjà grotesque comédie ... On rêve. 

Après tout, Tokyo a bien organisé des JO sans public et le Qatar une coupe du monde de foot donc il y a des précédents dans le foutage de gueule à alibi populaire. Et le but, pas même secret des grosses entreprises qui rachètent progressivement tout Paris, est d'obtenir un Paris sans parisien. Donc tout cela est parfaitement raccord et ces jeux sont un apéritif en termes de tarif, de restrictions des libertés de circuler et de fichage. Paris est une fête, hein ? 

Bref j'espère de tout mon cœur que ces Jeux Olympiques de la Publicité seront un putain de fiasco mondial à la hauteur de la merde en barre qu'est devenue la ville de Paris. Cela me consolera un minimum pour les hausses d'impôts à venir. Car, à l'image de la Grèce dont les JO ont sonné le début de la fin économique, la fête des sponsors terminée et après avoir été empêchés de circuler tout un été, les locaux n'ont pas fini de payer pour cette connerie pseudo-sportive pour riches occidentaux oisifs.

Update 29.11 : On me fait remarquer justement que la hausse des tarifs des transports est de la responsabilité de la région Ile-de-France et de non de la mairie de Paris. Pour avoir fréquenté les uns et les autres, j'ai bien compris le discours en cas de contentieux. Je vous donne la recette magique : La ville "- Ouin, ouin, c'est la faute de la région", la région "- Ouin ouin, c'est la faute de la ville". En tout état de cause, Hidalgo a beau jeu de prétexter des raisons "idéologiques" pour d'abord esquiver l'énième shitstorm mérité qu'elle va prendre sur les réseaux sociaux avec ces JO. Quant à son intérêt pour le sport, on rappellera qu'elle a interdit la pratique du sport individuel dans les rues de la ville au nom de la "santé publique" durant le glorieux confinement d'avril 2020).


Les leçons de vie de la France superficielle

Dans les suites du meurtre du jeune Thomas à Crépol, nous sommes dans un intéressant moment d'inversion accusatoire. Et c’est assez rare pour être souligné : une partie des médias, le gouvernement et LFI sont alignés. 

Bientôt, au théâtre de la réalité alternative, les innocents seront les coupables et les meurtriers les victimes. Pour ces gens-là, le problème de ce pays ce n’est pas qu’on y tue des gens de plus en plus régulièrement au couteau, et on peut le craindre à Crépol - vu que c’est exprimé à la fois dans les témoignages et le communiqué du procureur -, pour leur couleur de peau bl

anche, non le problème c’est un fan de club de néonazis qui ferait peser un risque de "guerre civile" sur le pays. (Ce sont les termes employés). En décodé, La France superficielle nie à La France profonde le droit de ressentir ce qu’elle ressent et de craindre ce qu’elle craint. 

Au diapason de la doxa du Monde du jour, dans un grand moment de journalisme sur tabouret, Patrick Cohen sur France5 réussit presque à accuser le jeune Thomas de son propre meurtre et BFM titre désormais en boucle sur le péril brun (comprendre la poignée de vénères choppés l'autre soir dans leur commando de pieds nickelés armés de bâtons et qui ont voulu se venger de la mort du garçon). 

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je condamne avec la plus grande des fermetés les néo-nazis (t'as vu un peu le courage ?). C'est vrai, c'est pas bien. Enfin bon, j’ai rarement l'occasion d'en croiser au quotidien mais j’ai suivi quelques cours d’histoire (à la différence visiblement des militants de LFI).

Tiens puisqu’on parle de gens dangereux. Mélenchon lui est super content d’avoir enfin trouvé pire que lui avec ces néo-nazis du samedi soir (ouf il l’a échappé belle, il était à deux doigts de ne plus avoir de programme). Jean-Luc, qui n'a pas eu un mot d’empathie pour Thomas et ses proches, s’émeut lui aussi du péril brun et en enchaine six ou sept posts en une journée sur "les milices d’extreme-droite de toute l’Europe" qui auraient convergé à Romans-sur-Isére pour une vendetta (au bâton donc) tournant court à la première baffe. 

Darmanin, ministre de l’intérieur, du "dramignoble" et de l'action creuse, entre deux préparatifs de sa loi immigration (spoiler : il y aura encore + d’immigration et ce sera passé au 49.3) au lieu de traiter les causes, s'acharne à effacer au plus vite les conséquences de l’inefficacité de l’état à assurer la sécurité dans les quartiers, les villes mais aussi les campagnes. Etonnante inaction quand on connait la propension de ce ministre et des clones qui l’ont précédé à préventivement faire défoncer du manifestant contre la réforme des retraites et/ou à éborgner du gilet jaune. 

Au milieu, on félicitera le silence et la retenue (provisoire) des Français. Ils sont sommés comme à l’accoutumé par cette clique en orbite, non seulement de ne pas se plaindre de la situation qu'ils subissent (de l’inflation à l’insécurité), mais de ne surtout pas espérer un règlement de la dite situation par ceux qui l’ont construite avec constance et application, de réformes en aveuglements, depuis 40 ans.  

Non mes amis, notre vrai péril quotidien c’est 12 néo-nazis et la banquise qui fond. 




2023 après la chute des Champs-Elysées

Si l’on veut bien mesurer l’effondrement français des quinze dernières années, rien de mieux qu’une visite nocturne sur les Champs-Elysées à Paris. C'est un des must see du déclin national. 

Moment d'égarement, la veille du 11 novembre je me suis aventuré le soir là où les parisiens ne vont jamais : cette large avenue froide presque sans habitant (ils ne sont plus qu'une vingtaine sur le kilomètre de longueur, soit la densité démographique d'un hameau de la Creuse). Ah "Les Champs", symbole de la splendeur militaire et commerciale de la France, l'allée de la jonction entre notre Histoire et les promesses de prospérité des Trente Glorieuses, un de nos fleurons à l’international jouissant à n’y rien comprendre depuis d’une réputation boursouflée transmise de générations en générations de touristes. Ces derniers, vus les frais engagés pour venir jusqu’en France, ne pouvant paraitre cons en brunch et avouer leur déception à leur entourage, s’évertuent à louer la magie de l'endroit. 

Elle est loin la chanson de Joe Dassin...

Autoroute pavée de mauvaise tenue et aujourd'hui toujours quasi impraticable en vélo, je crois bien ne pas y avoir foutu les pieds depuis au moins cinq ans. Et pourtant, petit parisien que j'étais il y a quarante ans, Les Champs-Elysées étaient mon point central d’approvisionnement culturel et musical. Ado, j’allais chez Champs-Disques ou au Lido Musique acheter des affiches de films et des albums imports US ou plus simplement écouter les nouveautés au casque (n’ayant pour la plupart du temps pas assez d’argent pour payer les galettes). Sur les Champs, il y avait toutes les cinématographies et les meilleures salles de Paris et rien que de la VO. C'était unique en France. Quand tu étais sur les Champs tu avais l'impression d'être au milieu du monde. Maintenant que le monde a totalement pourri l’endroit, tu es au mieux dans une galerie commerciale (et assez peu pratique par rapport à la concurrence il faut l'avouer). 

Ce qui choque au premier regard en remontant en vélo le long de l’avenue, c’est l’alignement des enseignes à la con que l’on voit partout ailleurs. Une vrai ZAC de troisième banlieue. C’est Westfield Champs Elysées d’un côté et de l’autre des vitrines de pseudo luxe, plus simplement des façades appartenants aux plus grosses fortunes de ce monde et qui servent de support publicitaire à leurs marques. Le truc n’a plus aucune âme, on erre quelque part entre la représentation de l'opulence et le terrain vague. La musique a disparu. Le cinema est en passe d’y disparaitre. Il n’y a presque plus de salles. Le Gaumont Ambassade est devenu un Lacoste. Les Champs-Elysées, ce n'est même plus cette usine à fantasmes constamment « repimpés » comme Las Vegas. Non, tout aux Champs empeste l'immobilisme et la mort. C’est une artère vide coincée entre deux maux. Elle ne se débarrasse pas de son héritage et se laisse dévorer par le pire de la modernité sans imposer une identité autre que la formule plate de la « la plus belle avenue du monde » (C'est vraiment n'avoir jamais voyagé, à commencer en France). Aucune ligne directrice et artistique ici, si ce n'est un peu de pognon à prendre et tenter d'en mettre plein les yeux à la classe moyenne mondiale mondialisée qui s'y étale en pâte à selfie entre les barrières de travaux et les échaffaudages. 

Car dans l'océan de bordel à travaux aussi inutiles qu’interminables qu'est devenu Paris, je m'imaginais que les Champs resteraient si ce n'est bel écrin, au moins une zone sanctuarisée hors du merdier ambiant. Que nenni. L'hidaldinguerie n'épargne rien ni personne. Les Champs-Elysées sont devenus une megazone à barrières grises de travaux comme partout dans la ville. Il manque des dalles sur le trottoir, c'est pété de nids-de-poule, l’éclairage est inexistant (autre que grâce aux néons et écrans LCD des enseignes par ailleurs toutes fermées passées 19h, hormis le MacDo bien sûr). Quant à la faune, le soir on y croise quelques touristes qui errent hébétés entre quelques toxicos et autres troupeaux épars de types en survet. De l'ivresse triste. Ça pue le shit, la vinasse vomie et je n'y laisserai pas trainer ma fille. 

Alors que nous sommes censés être dans un endroit hautement symbolique et ciblé en pleine période d'alerte attentats, j'ai été par ailleurs surpris par la faible présence policière, pour ne pas dire absence, sur l'Avenue. Tous les efforts de la maréchaussée (c'est à dire 3 voitures) étaient concentrés ce vendredi soir à une vague sécurisation des répétitions des cérémonies du 11 novembre avec la fanfare militaire sous l'arc de Triomphe (que j'ai néanmoins pu atteindre quasiment jusqu'à la tombe du soldat inconnu en vélo sans être inquiété). 

Je n'ai jamais été fan inconditionnel des Champs, ni du symbole national, mais le choc est violent si tu n'es pas venu ici depuis vingt ans. Si ça aussi est abandonné, ça donne le ton du triste projet pour le reste du pays..

Allez je vous laisse sur une belle photo, porteuse d'optimisme et de renouveau, prise pas loin de la tombe du soldat inconnu dans un silence ému. Ce soir-là, l'endroit le plus vivant de l'avenue. 





Islamistes et wokistes sont-ils compatibles ?

On ne va pas retenir le suspens longtemps, la réponse est "oui, grave !". Et, à la faveur du reboot du conflit Israelo-palestinien, pas étonnant que LFI tente de récupérer les uns et les autres sous sa bannière. 

Faut dire y a comme une trame commune. 

Islamistes radicaux (pléonasme) et wokistes ont en commun de se placer systématiquement en victime au point d'en faire une identité. Se faisant, ça leur permet de dire et faire à peu près tout et n'importe quoi : "c'est pas ma faute, j'ai tous les droits, je suis opprimé". Les deux se bâtissent cette identité autour d'une reconstruction si ce n'est de "la vérité" (chacun a la sienne) mais au moins de faits observables par tous. Non, il n'y a aucune preuve rationnelle de l'existence d'un dieu. Non, les hommes n’ont pas de règles. Ça va tellement mal dans les têtes, le sens commun est tellement cul par-dessus tête, qu'énoncer ces simples faits vous bascule aussi sec dans le camp des intolérants et disons-le des "fascistes". 

Fort logiquement, islamistes et wokistes, derrière textes religieux pour les uns et thèses universitaires pour les autres, en viennent à nier les faits, à "annuler" l’autre qui devient un non-humain. Les uns invoquant l’inclusion (en rejetant, c’est pas banal), les autres prônant l’amour de dieu (en massacrant, c’est tout aussi normal), les deux se complaisent dans l'intégrisme sectaire. Plus grave, ces discours qui devraient être dégagés à la rubrique psychiatrique donnent le ton au discours politique et médiatique (au détriment de sujets sociaux bien plus réels, eux, pour l’immense majorité des "non opprimés" aka le mec ou la femme qui bosse dur pour joindre les deux bouts). Ces combats constituent une identité, un point de reconnaissance dans une époque où chacun cherche l’exposition, à affirmer son exception tout autant qu’à se fondre dans une communauté d’appartenance, où l'on est toujours évidemment celui qui souffre le plus. Je souffre, ou je crois souffrir, ou je m'identifie du fond de mon ennui à d'autres qui souffrent, donc j'existe. On peut dès lors comprendre qu'aucune résolution de conflit n'est recherchée par les uns ou les autres puisque la paix, le consensus, l'équilibre ou l'harmonie scelleraient la fin de cette identité fondée sur la rupture. 

Sur fond d'islamophobie française fantasmée (ce pays est concrètement bien plus métissé et mélangé que d'autres pays occidentaux, et s'il y a un racisme dans quel sens est-il vraiment ?), wokistes et islamistes sont donc des alliés de circonstances dans la boîte à chaos de La France Insoumise. Cette alliance opportune finira mal. Si wokisme et islamisme sont compatibles, ce ne sera pas pour du du développement durable. Perso, je ne donne pas cher de la peau d’un.e woke déconstruit.e, inclusif.ve non-binaire en segway éco-responsable face à la kalash d’un islamiste (dont on rappelle à toutes fins utiles l'objectif : détruire tout ce qui n'est pas lui). 

Mais ce que j’en dis moi...Après tout je ne suis qu’un mécréant athée colonialiste du privilège blanc de plus de 50 ans. Soit dans les grilles communes de ces gens : l'ennemi à détruire. 

(Photo : Agence Kamoulox)


Une bulle immo qui pète, et c'est un François qui pleure

Tiens dis donc ça fait un petit moment que je n’ai pas parlé logement sur le blog moi. 

Faut dire qu'il y a du neuf. Enfin, façon de parler. 

D'abord les faits. Un des rares effets jouissifs de l’inflation, c’est le dégonflage, encore modéré, de la bulle immobilière. Depuis une bonne vingtaine d'années, l'indécente bulle faisait le bonheur des boomers de ce pays et des apprentis spéculateurs de la pierre pensant s'enrichir à coups de taux d'intérêt gratuit, d'aides publiques et de plus values rapides. 

L'heure est grave. L'époque de la spéculation pépère avec du +15% à l’année, arrosée de perceptions de loyers à un SMIC, semble derrière nous. C'est la fin du modèle économique français de substitution par le foncier où la perte de PIB liée à la désindustrialisation massive de ce pays était compensée par une montée artificielle des prix des transactions immobilières, "jusqu'au ciel" disait-on à l'époque. Cette montée des prix ne générait au final aucune richesse pour la collectivité. Bien au contraire, le contrecoup concret de La France des propriétaires à tout prix a été de généraliser (dans un silence politique quasi complet) une France des précaires du logement. En premier lieu on y trouve les plus pauvres hors du circuit de la location ou victimes de marchands de sommeil. On y compte aussi les aspirants locataires, solvables mais obligés d'afficher moult cautions, fiches de paye et autres brimades pour accéder à un 9m2 sous les toits et, en bout de chaîne, ironie des ironies, certains propriétaires qui n'auraient jamais dû l'être, endettés au-delà de leur capacité et souvent prisonniers de leur logement après un divorce ou un licenciement. 

Avec ce gel des transactions et le recul général des prix en France, encore timides mais c'est du jamais vu en 20 ans de montée continue, les éditos catastrophés de la presse économique se multiplient depuis quelques semaines. Et je dois avouer que j’ai dégusté celui de l’inénarrable François Lenglet sur LCI. Il est sobrement intitulé « ils ont tué les locations » (1) et il mérite un petit verbatim comme à la grande époque.

"Francois Lenglet est en colère" annonce David Pujadas introduisant l’édito du Vin Diesel de l'analyse économique. François Lenglet, journaliste éco des plateaux télés, est ému, indigné même par tant de misère sociale ! Rendez-vous compte : "dans les grandes villes" dit-il, notre Abbé Pierre des temps modernes constate des "files d’attente des candidats à la location pour un appartement". "J’en ai vu l’autre jour dans le sud de Paris. Il y avait sans mentir 200 personnes qui attendaient pour un appartement !". Comme quoi il lui aura fallu 15 ans pour ouvrir les yeux. 200 personnes, c'était déjà la jauge moyenne en septembre 2008 pour toute visite de studette random à Paris. J'ai écrit des dizaines de papiers à l'époque sur le sujet (2). Mais bon passons, mieux vaux tard que jamais pour se réveiller. 

François balance les chiffres de ses potes en déroute : L'enquête FNAIM déclarant un stock de logements disponibles à la location en baisse de 34% en 2023. Pour Seloger.com, c'est du -18% en France, du -38% à Paris.

Il y aurait donc moins de logements à la location sur le marché (spoiler : c'est faux). Mais pourquoi donc ma brave dame ? François a un début de réponse : "parce que les taux ont augmenté et que les primos accédants (c'est-à-dire les jeunes couples) ne peuvent plus acheter". Quand les banques prêtaient les yeux fermés dans un contexte plus qu'aléatoire du marché du travail et que, à revenu égal, il était plus simple d'acheter que de louer et qu'un loyer pouvait rapporter plus au proprio qu'un salaire : ça ne lui posait aucun problème d'hygiène économique au père Lenglet. 

Mais là c'est la merde sociale, François va tout péter ! Dans ce fiasco du logement (note c'est drôle : quand ça baisse, les libéraux ne parlent plus d'"immobilier" mais de "logement"), François met en cause donc "le diagnostic de performance énergétique qui prévoit la sortie progressive des passoires thermiques" du marché de la location. Et l'interventionnisme dans le marché, il aime pas trop ça Lenglet. Surtout quand il n'est plus question d'exonération fiscales, de prêt à taux zéro ou de crédit d'impôts pour les propriétaires, là vraiment ç'est l'angoisse. 

Bref non seulement les gentilles banques sont devenues méchantes, mais c'est désormais aussi la faute aux réglementations écologiques à la con (à-dessus il n'a pas tout à fait tort, mais on peut l'étendre à toutes les lois foutraques et contreproductives que l'on vous tabasse dans la gueule sous prétexte de "sauver la planète" qui ne sont le plus souvent qu'une façon de créer de toutes pièces de nouveaux marchés et de vous faire sortir un pognon que vous n'auriez pas sorti autrement). Hanlala c’est vraiment trop injuste : des normes toujours des normes pour des proprios qui ne ne vont plus pouvoir leurs taudis tranquilles ! François est au bout du rouleau : si on peut plus s'enrichir sur le dos de plus pauvre que soit en lui laissant payer les factures d'électricité, où va notre ancien monde de l'enrichissement par la pierre  ? 

François incrimine aussi "la diminution de la rentabilité de la location par le plafonnement des loyers". Putain, trop c'est trop ! Si on peut plus faire du +10% à l’année en surfant sur la pénurie, ça c'est vraiment pas sympa, limite communiste. 

Bon évidemment, il y a un énorme angle mort dans l'analyse de notre justicier de la rente. François met en avant "la pénurie" tout en faisant l'impasse sur 15 ans d'AirBnBisation du territoire. Les annonces qui ne sont plus sur Seloger.com sont maintenant sur AirBnB et le Bon Coin. Ça ne touche pas que Paris, des villes moyennes entières sont désormais inaccessibles aux jeunes locaux à cause de la spéculation immobilière à des fins de location touristique. D'ailleurs François avait toutes les raisons de se réjouir alors puisque l'Etat n'a strictement rien fait pour enrayer ce phénomène, né à la fin des années 2000,  qui a contribué à gonfler les revenus des propriétaires (pourquoi s'emmerder à louer à l'année quand on peut louer trois fois plus cher, et à la journée, payable d'avance ?) et à dégager encore un peu plus d'un logement décent à proximité de leur travail, des millions de Français.  

Etonnement, je n'ai pas entendu François Lenglet et consorts se plaindre à l'époque que la AirBnBisation rampante "tuait les locations" pas plus que je ne les ai vus pleurer sur les files d'attente d'étudiants devant les studettes infâmes de l'époque. C'était il y a 15 ans, et Lenglet commençait tout juste sa carrière de chroniqueur éco télé. Ce qu'il appelle aujourd'hui "la crise du logement", comme les autres de son acabit il appelait cela hier encore "les opportunités immobilières". 

Et oui François ce temps-là est terminé. Je n'ai aucune crainte te concernant, en bon libéral apôtre de l'adaptation des plus forts à un nouvel environnement, tu vas t'adapter. 




Retour sur le film : Betrayed, la main droite du diable (Costa-Gavras ,1988)

Betrayed, La main droite du diable est le deuxième film américain de la carrière de Costa-Gavras, et celui qui est passé le plus inaperçu. C'est pourtant le meilleur des quatre (Les trois autres : Missing, Music Box et Mad City). 

Le pitch : Une agent du FBI (Debra Winger) infiltre un milieu de fermiers du midwest soupçonnés d'être des terroristes suprémacistes blancs. Evidemment, une romance va naître entre elle et le suspect principal et elle se prend d'affection pour les enfants du séduisant salopard en chef (Tom Berenger) qu’elle pense incapable de commettre les atrocités dont on le soupçonne… Sauf qu'elle va vite déchanter. Mais il est trop tard. Elle est coincée, autant instrumentalisée par les odieux (mais si sympathiques) rednecks (elle devient complice des attentats) que par les "gentils" du FBI (qui ont font leur jouet, son supérieur hiérarchique étant un ex éconduit), le tout dans un environnement 100% masculin totalement hermétique aux angoisses de l'héroïne (annonciatrice du personnage de Clarence Sterling dans "Le Silence des Agneux" trois ans plus tard). 

Moins manichéen dans le traitement que les autres films américains de Gavras, La main droite du diable évite le piège du film à discours politique trop appuyé pour glisser dans le descriptif du conflit intérieur, entre valeurs et sentiment, que vit le personnage double joué par Debra Winger, simultanément traitre et trahie. L’infiltration au sein de cette branche modernisée du Ku Klux Klan devient alors une toile de fond  de plus en plus normale, et c’est le tour de force du film : habituer au pire au point de le désamorcer avant de nous cueillir par surprise. Le point d’orgue dans ce principe est une scène glaçante, d’apparence anodine ,où des enfants lâchent des horreurs racistes avec toute la douceur et la bonne humeur du monde. C’est ce malaise constant, et jamais tranché, qui a probablement handicapé la carrière de ce film, et empêche aussi une diffusion plus large aujourd'hui (ça a beau être une fiction, la moitié des dialogues du film pourrait tomber sous le coup de la loi en France). Vendu comme un thriller aux Etats-Unis alors qu'il joue presque sur le terrain d'un documentaire, vendu en Europe comme un film à thèse sur des rednecks d'extrême-droite alors qu'il s'avère plus subtil que ça, 

Avec 35 ans de recul, on peut dire que le film visait juste sur la montée du "Make America Great Again". On y voit même déjà sous la forme embryonnaire la prise en main d'Internet, 20 ans avant tout le monde, par les groupes d'extrême-droite. 

Le scénario est signé Joe Eszterhas (qui écrira deux ans plus tard, un peu sur le même principe mais en inversant l'homme et la femme, Basic Instinct). Le travail photo par le français Patrick Blossier est superbe.






Retour sur le livre : Les nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny (2023)

Dans le but premier de me tenir à jour avec un lexique d'acronymes toujours plus alambiqués, j'ai lu d'une traite l'enquête de Nora Bussigny au sein de la nébuleuse woke. Les nouveaux inquisiteurs s'intéresse aux militants, c'est ce qui en fait tout l'intérêt. 

Pas de possibilité de procéder autrement. Etant un homme "cisgenre non racisé" de plis de 50 ans donc entité personnifiée du patriarcat et par conséquent un ennemi à abattre, je ne peux intégrer un microcosme qui veut ma destruction (on appelle ça de la "déconstruction"). 

Ce qui n'est pas le cas de la journaliste qui se construit le look et le personnage qui vont bien pour son infiltration. On la suit à la première personne durant un an, des facs de socio parisiennes aux centres villes provinciaux, de réunions non-mixtes en "cortèges racisés", de collages d'affiches et stages de défense intellectuelle, au fil de ses observations et de ses doutes.

Ça décoiffe. Si on cerne, à travers les comptes-rendus, la dimension quasi existentielle de la logique victimaire (qui est la carte joker pour tout) qui animent la plupart et discréditent plus qu'autre chose de louables combats, on est effrayé par le sectarisme inhérent, le vocabulaire employé, le totalitarisme en germes de groupuscules qui, au nom de la suprématie de la différence et de l'anti-fascisme fonctionnent sur le rejet de l'autre voire son annulation (première étape sémantique). 

Comme l'autrice, on s'étonnera de la cécité de la justice rapporté aux propos tenus (comparés à d'autres, me dois-je de préciser étant pour ma part défenseur d'une totale liberté d'expression), mais surtout face aux comportements discriminants théoriquement punis par la loi (et qui le seraient à grand bruit médiatique s'ils émanaient d'autres groupes). Puis, au fil des pages, étrangement, on rit presque tant les situations, les propos tenus sombrent dans la farce et l'absurde à la Ionesco dans un salmigondis syntaxique de haut vol. C'est flippant mais parfois drôle. Tout en espérant que ces gens n'accèdent jamais à des postes à (très hautes) responsabilités, je me dis qu'il y a de quoi ici adapter et réaliser une comédie cinéma (que personne n'osera produire, c'est le drame). Quant aux postes importants : si les impétrants suivent leur logique, ils se seront tous auto-exclus et annulés les uns les autres avant d'y arriver.

Les Nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny
Albin Michel 19.90 / 13.99 ebook




Coup de chaud

Je ressors mon ventilateur pour la première fois de l'été. Un 7 septembre. 

Je devrais dire mon "vieux ventilo". De marque Airmate et de conception chinoise, j'ai acheté ce ventilateur au Bricorama de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) il y a pile 22 ans ...début septembre 2001. 

Il faut dire qu'après un été 2001 météorologiquement merdique, la France et la région parisienne furent le théâtre de températures caniculaires, du type de celles dont j'entends dire à la radio ce matin "qu'elles sont du jamais vu en cette saison". Des 30 et des 32 degrés sur Paris, un 7 septembre. Ignorants que nous étions à l'époque, sans chaine d'info pour nous le rabâcher en boucle, que la fin du monde se jouait sous nos yeux à travers ces températures diaboliques. 

Quelques jours plus tard, deux avions pilotés par des types armés de cutter percutaient des tours à New-York sous un soleil de plomb et au nom d'une cause qu'ils jugeaient indiscutable. Les images firent le tour du monde en direct. Et effectivement, l'espace de quelques heures nous avons crû à la fin du monde. A partir de là, nous n'avons jamais plus vraiment vécu sans chaine d'information en direct allumée quelque part dans un coin de notre vie pour nous ramener dans le droit chemin : celui d'un monde dangereux. 

Je commence à croire au pouvoir des objets. Sacré ventilateur.


Inflation : tout va bien, ça va mal finir

J’aimerais débuter l’année scolaire sur une note plus optimiste mais après un été à travers La France, et à l’inverse d'un Bruno Lemaire sous MDMA (je ne vois pas d’autre explication à ses propos délirants sur la baisse de la hausse des prix), je suis au bout de mes réserves de pouet-pouet tralala. 

 Vous l’aurez constaté ces derniers mois entre deux averses : c'est la canicule des prix. 

- L’essence. Elle dépasse allègrement les 2 euros le litre et va tranquillement, de l’avis des industriels, vers les 3 euros d’ici juin 2024 (soit le double du prix qui a généré la colère des Gilets Jaunes en 2018). Qui dit hausse des prix dit profit record pour les pétroliers et hausse des recettes fiscales pour l’Etat. La promesse de non hausse d’impôt de Macron est largement déjà engloutie par cette fiscalité-là. Pour 22 millions de foyers fiscaux français (+ de 1 sur 2), il coute déjà plus cher de faire un seul plein d’essence que de s’acquitter de son impôt sur le revenu. 

 - La nourriture et les articles de première nécessité. Là on est sur du 13% d’augmentation à l’année, 23% sur deux ans. Dans la grande distribution, on a profité de « la crise » pour démultiplier les ingénieuses et subtiles initiatives pour bien te la mettre à sec en long en large et en travers, avec des petits oignons et un filet de citron vert : réduction des tailles d'emballage, disparition du prix au kilo, disparition des conditionnements, changements des ingrédients coupés à la pisse de synthèse… Les mecs vont bientôt te vendre les cacahuètes à l’unité et des patates en trompe l'oeil. Un indice ne trompe pas dans les supérettes parisiennes : on vire des caissiers pour les remplacer par des vigiles. C'est jamais bon signe. La grande distribution renvoie la responsabilité de ce foutage de gueule aux industriels qui en retour prétendent que non puisque c’est de la faute de la grande distribution. Dans les faits, les deux salopards génèrent toujours plus de pognon sur ton dos. 

Action Carrefour : +15% sur 5 ans
Action Nestlé : +30% sur 5 ans

Conséquence, la consommation de biens alimentaires s'écroule de 10% entre décembre 2021 et juin 2023. On est revenu au niveau de consommation de 2006 avec 6 millions d'habitants en plus. Les classes moyennes mangent moins ou mangent mal pour compenser. 35% des Français déclarent ne pas faire trois repas par jour, selon le baromètre annuel du Secours Populaire. Et bah voilà, on y est dans la décroissance. 

 - L’énergie. Terminé le bouclier de Wonder Lemaire. EDF annonce le voltage à venir : les factures vont prendre 75% en deux ans. Ce sera du fractionné, mais ce sera dans ta gueule quand même. Tout ça dans un pays jadis autonome énergiquement, merci l'Europe et son usine à gaz : vraiment c'est du travail d'orfèvre ! Comme beaucoup, j’ai reçu un prévisionnel de mensualisation au plus du double de celui de l'an passé. Alors que,jusqu’ici et malgré les hausses successives, j’arrivais à faire baisser régulièrement depuis dix ans ma consommation et mes factures. (Pas de chauffage, lumière au minimum, là je me tâte même pour vivre sans frigo. Récompense : facture X2. Ouais, c’est pour sauver la planète connard. 

Tentant de détourner l'attention au sujet de la dégringolade historique que vit la France, notre apprenti Omar Bongo (oui l’homme, n’étant au final qu’un bon à rien, veut désormais se faire réélire à vie) multiplie les annonces auquel plus personne ne croit (on va planter des arbres partout, reconstruire 40000 lycées et distribuer des uniformes à l'école) et se garde bien d’évoquer l'éléphant au milieu de la pièce : les salaires qui stagnent. 

Certains auront constaté que les allocations familiales augmentent alors que leur salaire non. Que le patronat ne vienne pas la ramener sur le manque de courage des Français... M'est avis que ce sera inaudible. Travailler ne payait déjà pas beaucoup. A très brève échéance, travailler va coûter. Je parlais de « Quiet Quitting » l’an passé, ça se généralise. Ajoutons à cela que notre Poutine d'opérette, nous a imposé (contre l’avis de tous) deux années de travail supplémentaires pour accéder à une retraite pas bien épaisse : qu’il ne vienne donc pas s’étonner s’il y a une pandémie de flemme et d'arrêts-maladies chez les salariés. Tant qu’il y en a. 

La prochaine étape de la dégringolade nationale sera la fermeture massive des commerces et TPE-PME. On y rentre avec un doublement des défauts sur un an. Mon petit périple estival dans les centres-villes fantômes de France fut instructif sur le sujet :  sur les volets de fer baissé "dépôt de bilan" est la phrase qui revient le plus souvent, pas loin derrière on trouve : "fermé pour cause de manque de personnel". 

Ajoutons un effondrement durable de l’immobilier. Jusqu’ici le PIB français se maintenait en partie grâce aux transactions à l'intérieur d'une bulle immobilière déconnectée des revenus du travail. Une partie de la population s'enrichissait sans rien produire, et le volume des ventes « compensait », dans les statistiques seulement, les effets délétères de trente ans de désindustrialisation. Avec les effets conjoints d’une baisse des capacités d’endettement et d’une offre abondante de biens remis sur le marché (les boomers ne sont pas éternels), cette époque d'enrichissement virtuel sans fin est terminée. C'est la fin des belles années pour les agences immobilières qui vont rejoindre la cohorte des rideaux de fer baissés. La chute des transactions, c'est aussi la fin d'une belle aubaine fiscale pour certaines villes et donc une hausse des impôts locaux. Le +62% de taxe foncière à Paris n'est qu'un apéritif. 

Pour en revenir au début, c’est à dire la fin : ça s’annonce mal. Le pays glisse sans frein vers la paupérisation. Les Restos du Coeur en sont réduits à accepter les pièces jaunes de Bernard Arnault. La France s'oriente à coups de 'com sur la rénovation clinquante de Notre-Dame et la magie des Jeux Olympiques de 2024 vers une économie (de miettes) du tourisme pour les plus chanceux et de la démerde pour tous les autres. Là on rentre dans le dur, sur un scénario pas loin de celui de la Grèce quinze ans avant. Le trou de caisse général, personnel et étatique. Mon petit doigt me dit qu'au point d'indécence et de déconnexion où en est la Macronie, une petite hausse de la TVA n'est pas à exclure. 

Macron peut gesticuler tant qu’il veut, bâillonner les oppositions et agiter des abayas, face aux dérèglements du monde libéral et son réchauffement des marges : les travailleurs et les retraités doivent être augmentés. Il en va de l'intérêt de tous. Les deux mondes, celui de la com d'en haut et celui de la réalité d'en bas, ne pourront pas coexister pacifiquement très longtemps à cette vitesse d'érosion du pouvoir d'achat.

Illustration : Vincent van Gogh, Les mangeurs de pommes de terre, 1885

Abaya Forever

Vous l’aurez noté depuis quelques jours sur les ondes, c’est la rentrée des nuls. L’inénarrable Bruno Lemaire ministre de l’économie parallèle et des renflements bruns nous jure que cette fois ça y’est l’inflation est terrassée, enfin presque (on est sur du +13% là quand même), mais ouh la la, entre deux livres, il va gronder les méchants industriels. Côté économie, ça caracole. La France explose les taux de faillites d'entreprise et, face à la stagnation des salaires, la consommation des ménages s'effondre en toute simplicité (it's the economy, stupid !). Face à un gros trou de caisse,  Elizabeth Borne garantit qu'il n'y aura pas de hausse des impôts, mais en coulisses le génie gouvernemental est tout entier dévouer à l'élaboration de nouvelles taxes (au nom de votre santé, du réchauffement climatique et de la protection des licornes multicolores).

Malheureusement, dans son souci de fiasco durable et transgénérationnel, l'équipage du Titanic-Macron n'a pas oublié le volet éducation. A la faveur de l’été, un type qui n’a jamais bossé de sa vie a remplacé un mauvais qui lui même prenait la place d’un incompétent. Avec un CV si vide pour un salaire à l'évidence, lui, trop élevé, Gabriel Attal, nouveau ministre de l'Education, se devait de frapper un grand coup. Que dire et que faire en cette rentrée aux classes surchargées où l’école peine à recruter tant les personnels y sont méprisés et les perspectives salariales piétinnées ? C’est simple : il a ouvert son manuel du petit Sarkoziste et lancé sur le plateau du 20h de TF1 :

"J'ai décidé qu'on ne pourrait plus porter l'abaya à l'école".

Le piège à cons fonctionne toujours : ça parle aux vieux (le coeur de cible de toutes les annonces gouvernementales, ne cherchez pas ils n’ont strictement rien à foutre des autres catégories de la population) et ça offre une tribune de rentrée inespérée à la woking-gauche, qui n'en demandait pas tant : la défense aveugle de tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam étant devenu son créneau marketing. Car, note quand même que, ces derniers jours, les comptes/personnes qui te parlent des abayas pour te dire qu'on parle trop des abayas sont/viennent de... gauche.  

Nos indignés ne seraient pas là, l’interdiction d’Attal n’aurait pas fait tant de bruit…. pour la simple raison que le port de tout signe religieux extérieur est déjà interdit à l’école. 

Le vice étant dans l'interprétation de ce qu'est ou non un signe d'appartenance religieuse. 

Alors Seb Musset t’es pour ou contre les abayas à l’école ? Prétendre que le port d’une abaya n’est pas une volonté de démonstration d’appartenance à une communauté, groupe, religion, c’est se voiler la face mais ce n'est même pas le problème ici. On notera déjà que ça concerne encore une fois les tenues des femmes (j'attends que les hommes viennent en abaya à l'école pour une appréhension plus complète du litige vestimentaire). De plus, ces débats articulés sur des rodomontades communico-législatives qui contiennent en elle-même leur limite sémantique "- bah non monsieur j'vous jure c’est pas une abaya, c’est une robe"), c'est sans fin. Surtout au nom de jolis principe défoncés au quotidien : la "laïcité" dans un pays qui compte autant d’églises que de villes, où on pleure collectivement au 20h sur le destin de Notre-Dame, c'est honnêtement assez compliqué à défendre, parole d'athée). D'autant plus que sur le terrain, à l'école donc, il n’y a souvent pas les moyens humains pour faire appliquer, ou même seulement interpréter, la loi. En décodé : si t'es pas capable d'assurer la prestation "laïcité", la vends pas dans ton abonnement. 

Sinon j'ai une suggestion, certes rustique, qui nous économisera des années de polémique et des milliers d'euros d'achat de fringues de marques pour chaque foyer, en plus d'épargner à la collectivité les traumatisantes visions de claquettes chaussettes et autres maillots de foot immondes : l'uniforme à l’école. Ça c'est de l'égalitarisme, de la cohésion nationale et de la laïcité qui se respecte.  

Mais, parions qu’à gauche comme au gouvernement : ils seront contre. Ce serait dommage de tuer l'abaya aux oeufs d’or.



Armanet vs. Sardou : de la supériorité morale de ces gens (qui se disent) de gauche

Avant d’attaquer les sujets sérieux de la rentrée comme le roman tragi-comique de la canicule en toc, la 37e défaite réussie de Poutine, la désintégration des services publics de ce pays et le paquet de céréales Bio à 12 euros au Spar de Villefort abordons, avec un peu de retard certes, la polémique qui a régalé vos fils d’actu ces derniers jours : les propos de la chanteuse Juliette Armanet sur Michel Sardou et sa chanson Les lacs du Connemara

Disclaimer : Ni fan de l’un ni fan de l’autre, je reconnais à Michel Sardou d’être un grand interprète, d’avoir su durer et d’avoir fédéré un très large public sur plusieurs générations (le mec a encore fait sold out le journée des préventes pour sa prochaine tournée). Je reconnais à Juliette Armanet… qu’elle sait jouer du piano. 

Chacun ses goûts musicaux et la musicienne et chanteuse a bien le droit de penser et dire ce qu’elle veut. C’est donc une non-affaire artistique totale, d’autant qu’il n’y a pas clash au sens technique du terme : elle répondait à une question à la con dans une émission de merde. On demande l’avis sur tout à la moindre pseudo célébrité, à la quête de la petite phrase à découper pour faire du buzz. Parfois ça marche.

Ce qui m’intéresse ici ce sont les mots et l’argumentaire utilisés par la dame pour chier sur cette légende vivante de la chanson française. 

Au sujet de la chanson  les lacs du connemara (qu’on aime ou pas probablement une des 10 chansons les plus emblématiques du siècle passé), Juliette Armanet déclare : 

« C’est vraiment une chanson qui me dégoûte ». Elle évoque « un côté scout, sectaire ». « La musique est immonde, (...) c’est de droite, rien ne va ». 

"C’EST DE DROITE, RIEN NE VA". 

L'air de rien, Juliette Armanet synthétise en 6 mots l’intégralité des 25 dernières années de l’argumentaire de gauche 

 "C’EST DE DROITE, RIEN NE VA".  

J’en conclue donc que la chanteuse, comme tant d’autres artistes engagés, se place à gauche : là où tout va. Sardou fait une musique de droite ? Je ne connaissais pas le concept de musique de droite. Après tout Juliette Armanet a fait des années de solfège, elle sait mieux que moi. 

C'est plus simple en vrai : Sardou est effectivement de droite (il l'a assez dit) et rappelons le code source de la pensée universitaire de gauche qui irrigue tous le discours de ces artistes biberonnés à Télérama : Sardou = droite, droite = caca donc IF musique + Sardou THEN GO TO Beurk. 

Point bonus, en prononçant cette phrase la chanteuse se situe automatiquement dans le camp du bien : à savoir la gauche qu’il n’y a donc même plus besoin de définir autrement que "c’est pas la droite". Pour être bien il faut être de gauche et, pour "être de gauche" il suffit de dire que la droite c’est mal. 

Fort ironiquement,  dans la même phrase la chanteuse évoque le "sectarisme" de la droite. 

La pensée binaire. Je connais bien le truc, j’ai fait pareil pendant des années avant de reconnaître que c’était un peu léger comme analyse politique, une garantie d'échec pour construire et surtout malhonnête comme posture morale car, et j’y reviendrais dans un prochain billet : nous sommes tous de droite. 

Il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la bourgeoisie de droite et celle qui se pense et se dit de gauche (et Juliette Armanet en est un beau spécimen). On peut sortir toutes les grilles d’analyse politique et sociologiques, avoir les belles nobles paroles et produire les écrits les plus ciselés, à la fin il ne reste que les actes. Combien ai-je vu, à l'épreuve des faits, des mecs et filles généreux et altruistes classés "à droite" et de sombres merdes humaines profiteurs et sectaires à gauche (et inversement) ? Beaucoup. Si j’ai appris une chose de ces, déjà nombreuses, années sur terre, c’est de ne jamais se fier aux labels simplistes, de ne jamais classer définitivement quelqu'un sur la base d’une appartenance supposée, ou même effective, à un courant politique. La période du Pass sanitaire aura été la démonstration grandeur nature de la parfaite adaptation d'une large partie de "la pensée de gauche" aux pires dispositifs liberticides. On aura finalement trouvé plus de types stigmatisés "de droite" pour s’insurger des restrictions de liberté. A gauche, on a globalement fermé sa gueule ou fièrement collaboré. 

"La scène a été pour moi un moment très libérateur" lance Juliette Armanet sur le plateau de BFM au sujet de sa tournée en décembre 2021 en pleine période du Pass. Visiblement, la ségrégation sur la base d’une injonction à la piqûre expérimentale pour accéder à sa musique humaniste c’était pas trop de droite là.

La vérité depuis quelques temps c’est que ce que je pouvais associer de négatif à la droite, je le trouve dans le discours de gauche : l’esprit étriqué, la rigidité des canaux de pensée, l'inadaptation au réel, l’absence totale de remise en cause, le rejet haineux de tout ce qui ne vient pas de son camp, le rejet de l’autre (bah oui il est de « droite », quand il n’est pas « fasciste » c’est à dire par d’accord avec moi), le rejet de la différence (autres que celles que je tolère bien sûr, et qu'il faut tolérer sinon t'es fasciste), le double discours (la différence du discours sur l’affaire Lola et sur celle de Nael est à vomir) et surtout, par dessus tout ça, l'affirmation décontractée de sa supériorité morale. Un peu comme si on me crachait en continu à la gueule en me certifiant que c'est du caviar. Sur que ça ne donne pas trop envie de voter pour ça. 

Je ne m’inquiète pas trop non plus, malgré une surface médiatique disproportionnée par rapport à ce qu’ils représentent dans la société (faut dire on en a besoin pour "faire barrage au fascisme" et faire gagner Macron), faute d’une remise en cause (processus dont, noyés sous le poids de leur magnificence intellectuelle, ils semblent incapables) ces gens et leur pensée à forme de réflexe conditionné, s’éteignent peu à peu, balayés par le souffle du réel.

Terre brûlée au vent, des landes de pierres... 

Update 21.08.2023 : l'analyse musicale

Illustration : Michel Sardou s'est essayé au cinéma dans les années 80 et j'avoue que le Cross de Philippe Setbon (1987), sorte de Vigilante à la française (euh oui, un peu de droite), est un petit plaisir coupable.

Retour sur le film : Rampage (William Friedkin, 1987 et 1992)

Le réalisateur américain William Friedkin est mort le 7 aout dernier à 87 ans. Au même titre que Spielberg ou Coppola (et peut-être même plus) il est un des piliers fondateurs du "Nouvel Hollywood" qui a vu le renouveau artistique et économique du cinéma américain propulsant de jeunes cinéastes cinéphiles à la tête d'empires en quelques films. Avec le succès mondial de L'Exorciste en 1973, Friedkin a presque malgré lui contribué à créer le concept de Blockbuster. 

Friedkin est un de mes cinéastes préférés du Nouvel Hollywood, peut-être parce que c'est l'un des seuls, malgré un succès immense, a avoir gardé son âme d'indépendant. Il n'aura pas transigé longtemps avec les studios. D'autres en parleront mieux que moi. On peut écouter le podcast de Bret Easton Ellis où le cinéaste était invité il y a peu ou encore visionner le savoureux film interview que Francesco Zippel lui a consacré Friedkin Uncut mais le mieux, évidemment, est de voir ses films. 

Si on aime un tant soit peu les images, la force d'un montage ou le sens que peut donner un éclairage et que l'on veut revenir à la source de ce qui a contribué à forger l'iconographie hollywoodienne des cinquante dernières années, il faut voir les classiques de Friedkin : L'exorciste, French Connection ou Sorcerer qui ont chacun respectivement influencé les films d'horreur, les polars et les films d'aventure qui suivront. Sens innée du cadre et du découpage, des images qui restent gravées (et passent de génération en génération), une façon de filmer brute et ce tour de force rare de donner une totale impression de documentaire au cœur de grosses machines (l'apogée étant probablement Sorcerer, film dont l'intransigeance anti-commerciale du récit et le jusqu'au-boutisme du tournage marquera une rupture dans la carrière de Friedkin).

A partir des années 80, en comparaison avec ses gros succès des années 70, et tandis que ses collègues Spielberg ou Lucas s'envolaient au sommet du box office, Friedkin ne réalisera plus que des "petits" films, retournant dans une indépendance qui semble lui convenir et dans laquelle il évoluera avec cohérence et efficacité jusqu'aux derniers jours de sa vie (son prochain film sort en septembre). Durant cette période, plus discrète, mal aimée avant d'être réhabilitée, il signera ce qui reste pour moi le polar des polars (et donnera le nom d'une chanson de 2Pac) : To Live And Die In LA (1985) avec un William Dafoe débutant. 

Hasard de la programmation, Paramount Channel diffuse depuis quelques semaines un de ses films les plus rares de cette période. Réalisé en 1987 et à peine distribué à l'époque (toujours pas dispo en DVD), Rampage (le sang du châtiment) est le récit du procès d'un serial killer vu du côté du procureur et du tueur. 

Rampage c'est le 12 hommes en colère inversé de Friedkin : un homme se bat pour tenter de condamner à la peine la plus lourde possible un tueur sadique (mais avec une gueule d'ange, blanc et blond) alors que chacun (et notamment le monde politique) s'acharne à le dédouaner pour les plus nobles raisons du monde. Certains voient dans ce film le passage de Friedkin de gauche à droite. C'est ce que l'existence de 2 montages distants de 5 ans (le 2e montage "director's cut" de 1992 diffusé pour la première fois ici, et plus explicite sur le soutien à la peine de mort) tend à prouver. A la lumière des doubles discours actuels, des "bons" et des "mauvais" faits divers, de ceux dont il faut s'émouvoir et de ceux qu'il faut surtout ne pas parler sous peine de se faire traiter de fasciste par la brigade de la pensée correcte, ce film ne perd rien de sa saveur 35 ans plus tard. 

C'est aussi à ça que l'on reconnait les grands cinéastes. 






Le cinéma français, un zombie en bonne santé

L’actrice Adèle Haenel, qui n’a pas tourné au cinéma depuis trois ans suite à sa sortie anti Polanski aux Césars 2020, publie une lettre ouverte dans Télérama (accès payant) pour expliquer son départ du monde du cinéma et le fait qu’elle veuille politiser le dit départ. Tant mieux pour elle. La grandiloquence de sa missive contre le capitalisme et un milieu qui "collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde", tout en apportant son soutien aux "résistants", n’a d’égale que le profond mutisme dont elle et la quasi intégralité de la corporation qu’elle dénonce ont collectivement fait preuve au moment de la mise en place des Pass vaccinaux qui interdisaient l’accès aux salles de cinéma à ceux, et celles, qui ne collaboraient alors pas avec l'ordre sanitaire. 

Ceci étant posé, je cesse mes sarcasmes. Il se trouve que je suis d’accord avec elle sur un point central (et une partie de sa conclusion) : la totale absence du traitement de la déflagration #MeToo dans le cinéma français. C’est comme si ce mouvement de libération de la parole des femmes et de dénonciations des harcèlements, n’était jamais arrivé. Au seul visionnage ds films produits chez nous depuis six ans, un cinéphile du futur ne pourrait être informé de la montée de la thématique dans la société. 

À titre de comparaison, je visionnais l’autre soir le film américain Scandale (Bombshell) de Jay Roach (le réalisateur d'Austin Powers). Le blockbuster produit par Charlize Théron avec Margot Robbie et Nicole Kidman est inspiré d’une histoire vraie survenue durant la campagne de Trump en 2016 (toile de fond du film) : la déflagration causée dans la rédaction de la chaine d’info Fox News par les révélations d’une journaliste sur les pressions et violences sexuelles exercées durant des années par le patron, Roger Ailes, sur ses employées. C’est la grosse affaire avant l'explosion du mouvement #MeToo en 2017. 

Le film date de 2020 et son traitement, sans rien enlever des standards de productions américaines de ce type, appuie sur le côté enquête interne, façon Les hommes du Président. Le film relate des faits alors juste vieux de trois ans et les acteurs interprètent d'authentiques personnages (parfois encore en poste) dans un environnement qui insiste sur sa véracité (ce n’est pas une rédaction imaginaire, mais bien Fox News et son logo). Imaginons trois actrices françaises connues produisant un film sur le comportement de PPDA à la rédaction de TF1 durant la campagne de Macron (c'est pas exactement ça, mais vous voyez l'intention). On n’imagine même pas une telle audace : aucun producteur, aucune chaine de télé et aucun acteur et actrice chez nous pour participer ou financer ça. Double danger pour le cinéma français : dénonciation d’un sexisme (toujours en cours dans ses rangs) sur fond de contemporanéité politique. Pour l’exemple, les deux fois où Sarkozy a été « traité » au cinéma, c’est au travers de comédies qui prenaient bien soin de souligner leur angle de fable : La Conquête de Xavier Durringer et Présidents d’Anne Fontaine. 

Au-delà de la question des violences sexistes, Adèle Haenel expose le point mort de la création française : son absence totale de prise en considération du monde contemporain et son mépris de la société réelle. Ça ne date pas d’hier. S'il subsistait un cinéma français populaire dans les années 70 s’attaquant encore à des sujets sulfureux (avec des cinéastes comme Yves Boisset ou Jean-Pierre Mocky*), depuis une bonne trentaine d’années les films politiques, les polars d’investigation économique ou n’importe quelle oeuvre vaguement subversive pour les pouvoirs en place n’existent tout simplement plus dans le divertissement populaire cinématographique national. Si le cinéma américain mainstream (de plus en plus rarement c’est vrai) s’attaque encore au lobby du tabac avec The Insider de Michael Mann ou aux scandales de la pollution des sols par une grande multinationale avec Dark Waters de Todd Haynes, au mieux chez nous on cantonne ce genre de dénonciations à la forme documentaire, et avec moult pincettes. On peut même attribuer une partie du succès de la plateforme Netflix à sa volonté d'exposer, même mal, ce type de sujets. 

Si son activité subsiste à grands coups de subvention, le cinéma français est d'un point de vue politique totalement mort, il a renoncé à parler de la vie (et dans le même temps, se donne rarement l’ambition de faire rêver le spectateur). Alors qu’il suffit de regarder deux secondes autour de nous. En s’y attaquant via la fiction et en y mettant les moyens, entre les milliardaires fraudeurs, les politiques corrompus, la concentration des médias, les scandales financiers, les pollutions diverses, la gestion du Covid, des centrales nucléaires, les gilets jaunes et la destruction des services publics : il y aurait de quoi faire vingt chefs d’oeuvres cinématographiques par an en France. Et pourtant, rien. Une ribambelle de comédies pas drôles et, pour le côté "France profonde" une utilisation purement décorative (et fiscale) des territoires de France par un monde du cinéma qui reste profondément parisien où qu’il pose sa caméra. À part quelques séries un peu frileuses, un ou deux films de Cédric Jimenez ou l'Enquête sur un scandale d'Etat de Thierry De Peretti, je ne vois pas grand chose de bien provoquant dans le cinéma français des dernières années. Je mets de côté les films traitants des migrants, c’est presque devenu une sous catégorie du cinéma français qui concentre visiblement la seule indignation validée par ce petit monde. Dommage, nous avons des actrices et acteurs et des techniciens de talent (formellement on a fait des progrès de géant en deux décennies) et des sujets en or à cueillir tout autour de nous.

* Le premier a été écarté du cinéma français depuis 1990, le second s'est résolu à l'indépendance et est presque un sujet de moqueries médiatiques vers la fin de sa vie. 


L'apaisement dans ta gueule

C’est parti. Le tour de l'apaisement selon Macron a commencé sur les chapeaux de roues « au contact des Français » comme l’enrobent de leur voix mielleuses les journalistes de palais. Macron veut « renouer le dialogue » avec les gueux, moins d’un mois après avoir enjambé la représentation nationale à l’Assemblée à coup de 49-3, ça pose son ambiance. 

En Alsace, dans une région plutôt légitimiste et acquise à la droite, le déconnecté s'est fait immédiatement rattraper par la réalité de la haine qu'il suscite. A Sélestat, s'amusant à jouer au leader populaire et consensuel devant une petite assemblée (pourtant préalablement expurgée de syndicalistes et autres gaulois réfractaires), notre ordure s'est fait copieusement hué devant les caméras de l'info feuilleton, avant de se faire qualifier en frontal de « trou du cul » par un Sélestadien. C’est un peu excessif Monsieur. Sans trou du cul, la vie serait compliquée pour ne pas dire impossible alors que sans Macron on aurait deux ans de vie à la retraite en plus. Je sais pour lequel des deux j'ai le plus de respect.

Prostré dans la mairie de la Sélestat, faisant fi du lointain tumulte des batteries de cuisine, notre brave leader aura ces grands mots « Ce ne sont pas des casseroles qui font avancer la France » avant de  préciser qu’il est pour le dialogue, mais seulement avec les gens de son avis. A t-on vu le Général de Gaulle trembler devant une casserole ? C’est la marque des légendes. 

C’est ainsi que pour le jour 2 de son tour de l’apaisement dans l’Hérault, le port de casserole sera subtilement interdit dans les rues de Ganges par décret préfectorral. Pas de dispositif sonore portatif pendant la visite du Président. On n’a pas peur des casseroles, mais un peu quand même. 

Sous les explications de texte de sa garde rapprochée qui peine à convaincre que « tout ceci est bon pour son image », pour sa deuxième journée du tour de l’apaisement, l'escroc de l'Elysée s’est tenu à l’écart des 2000 manifestants à Ganges (sur 4000 habitants) pour se rendre, entouré de 600 CRS, dans un collège de 600 élèves (même si nous n’en verrons finalement qu’une poignée tout au long de la journée) Point commun avec Sélestat : Macron est resté cloitré 3 heures dans l’enceinte de l’établissement scolaire - dont l’électricité avait été préalablement coupée par la CGT) Ses annonces sur la revalorisation salariale des enseignants sont confuses (pas même décryptables par les premiers intéressés). On notera tout de même que cet arrosage soudain de pognon pour calmer la colère contre sa réforme, contredit les principes de rigueur budgétaire utilisé pour justifier la dite réforme. 

On s’étonnera, mais si peu, des commentaires élogieux de la caste journalistique de plateau qui saluait pour ce deuxième jour « le courage du président » avec force usage de l’expression « il faut tourner la page ". A croire que; dans la nuit, quelques coups de fil furent passés pour réaffirmer la notion de « séquence close » voulue par l’Elysée. Pour eux, la colère n'est qu'un cirque, une séquence un peu longue coincée entre les vacances à Courchevel et Roland Garros, alors qu’il en va de la vie dégradée de millions de salariés. J’ai même entendu le patron du JDD miser en plateau sur la lassitude des Français avec leurs casseroles, comme il le faisait au soir de la première manifestation contre les retraites en Janvier. 100 jours et 12 mobilisations plus tard, les mecs tablent encore sur l’essoufflement alors que tout, jusqu’à la bande son des casseroles frappées prouvent le contraire. Le déni n'est pas une stratégie viable. Ajoutons que persister à imposer une réforme inutile et injuste à l'écrasante majorité des travailleurs qui l'ont très bien compris et qui n'en veulent pas, ce n'est pas du « courage ». Le champ lexical de la connerie est plus approprié.

Le ton est donné, l'intervilles de l'impopularité peut commencer. Si toi aussi tu vois un Président de merde ou un médiocre ministre débarquer dans ta région pour se refaire la cerise au 20h en chiant sur ta colère et t'instrumentaliser au passage, n'oublie pas ton dispositif sonore portatif.

Leur pourrir la vie. Partout tout le temps. Jusqu'au retrait.




Sa majesté des casseroles

Prosternez-vous les gueux, l’ordure présidentielle s’exprimait hier à 20h. Non pas pour annoncer quoi que ce soit ou s'excuser auprès d'un pays qu’il a contribué plus que ses récents prédécesseurs réunis à ravager. Non: il s’agissait juste d'un vieux réflexe : communiquer pour communiquer, occuper l’espace médiatique et donner le ton pour susciter de la réaction et focaliser les attentions. En un sens, Macron a réussi. Les chaines d’info n’ont parlé que de son allocution toute la journée la précédant avec un compte à rebours en haut de l’écran : "Macron peut-il reprendre la main ?" (dans la gueule oui) et autres "quel coup d’après pour Macron ?" (carabine, pelle ?). Même la contre offensive organisée par ATTAC à base de tapage de casseroles sur les places publiques à l’heure de l'allocution télévisée du cornichon libéral-fasciste s’appuie toute entière sur la détestation qu’inspire désormais cette ordure à la population. Si sa police n’était pas aussi violente (qui en est désormais à shooter au LBD dans la rue sur les porteurs de casseroles), on pourrait rire de la déconfiture sans fin de celui qui se voyait comme la réincarnation de Steve Jobs et John Kennedy réunis et qui n'est qu'un proto-dictateur au bilan social et économique nul, à peine réélu sans avoir fait campagne et déjà défait. 

Il sera bientôt le seul à ne pas encore réaliser qu’il ne vaut plus un centime d’euro au marché de la confiance. Je n’ai bien évidemment rien écouté de la lisse prestation de ce sinistre con et j’ai tapé de la casserole comme les autres devant la mairie de mon quartier. C'est un quartier d’habitude paisible et bien rangé, pas le plus punk quoi, et nous étions une petite centaine à 20h pour cette improvisation aux percussions de cuisine, avec tant d’autres aux fenêtres propageant en une onde chaleureuse d’immeuble en immeuble les tam-tam à l’Inox. 

Nous maintiendrons le cap : le retrait de la réforme des retraites. D’ici là, la vie publique de l’ordure (et de ses sbires) est terminée. À l'image d'une Borne débordée par le malaise (en termes techniques : la réalité du terrain) face à quatre manifestants dans un superette d'Eure-et-Loire, lui et ses ministres ne pourront plus se pointer dans aucun coin de son pays sans l’intégralité des forces de l’ordre de la région autour d'eux. Macron radicalise contre lui même les plus modérés. Et c’est au fond sa plus grade qualité : en trois mois le pseudo génie (qui n'a aucun putain de sens politique, c'en est à pleurer) a régénéré la lutte des classes et décrédibilisé la Cinquième République. Il était déjà déconnecté, on va le confiner à l’Elysée pour ce qui lui reste d'un quinquennat Potemkine. À moins, sait-on jamais, un mauvais coup de casserole est si vite arrivé, qu’il doive tout quitter précipitamment.


Réforme humiliante + inflation en torche = la tempête parfaite

Il parait que le peuple des travailleurs doit se tenir suspendu à la décision du Conseil Constitutionnel le 14 avril au sujet de la réforme des retraites. « Les sages siffleront la fin de partie », ai-je entendu sur quelques ondes bienveillantes. 

J’aimerais être surpris, mais ne nous berçons pas d’illusion. Deux des « sages » du conclave gériatrique (dont un dont la voix compte double, et dont le fils officie pour MacKinsey) devraient être inéligibles à vie. Que ces mecs soient pépouses à siéger (à 13 697,49 euros bruts/mensuel) sur la bonne tenue des lois concernant nos années de travail devrait scandaliser toute rédaction de journalistes digne de ce nom. Le machin des cacochymes de droite devrait valider le machin ou mieux, le redéfinir en pire virant les deux trois bricoles décrochées par les LR, en tuant au passage dans l’oeuf la voie référendaire. 

Quoi qu’il en soit, ce ne serait bien sur vendredi soir pas la fin de partie tant espérée par les Macronards. Ces derniers n’ont pas capté depuis leurs hauteurs qu’ils ne pourront, pour leur sécurité personnelle, jamais plus redescendre sur terre sans se faire lyncher tant la détestation de ce qu’ils sont et de ce qu’ils représentent coagule chez les Français. On se remettait à peine de trois années de pandémie, de confinement et d’humiliations : nous rajouter deux ans plus de boulot pour nous piquer deux ans de retraite, sur fond d’inflation annuelle à 20%, était la dernière des conneries à faire au pire des moments. N’importe quel dictateur déchu vous le confirmera : Il n’y a pas pire danger que des gens qui attendent d’avoir le frigo vide pour faire la révolution, ça ne se passe jamais gentiment. Et vu les chiffres qui tombent les uns après les autres, le frigo se vide plus vite que prévu. 

Près d'un 1 français sur 2 qui gagnent 1500 euros ou moins par mois sautent désormais un repas par jour.

On peut lire dans le rapport de l'Institut La Boétie que selon l’indice des prix à la consommation harmonisée (IPCH) […] l’inflation affiche une hausse de 7,3 % sur un an, un taux inédit depuis le début des années 1980. La hausse des prix est tirée par la hausse des profits, notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire[…] L’inflation sur les prix alimentaires grimpe à 15,8 % en mars. On notera au passage que le taux de marge des entreprises est en hausse : 32,4 % au quatrième trimestre 2022

Toujours dans le même rapport : Selon les données publiées par la Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques (Dares), le salaire mensuel de base moyen a augmenté de 3,9 %, contre une hausse des prix (IPCH) sur un an de 6,7 % en décembre 2022.

Les salaires augmentent deux fois moins vite que les prix. En valeur relative, les salaires ont  baissé en 2022 et continueront sur cette pente en 2023. 

Dans le cadre de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires était un levier bien plus efficace pour vite abonder les caisses, que l’allongement d’une durée d’un travail mal payé (voire de pas de travail du tout, étant posé que 6 personnes sur 10 sont sans activité passés 60 ans). Cette réforme n'est pas mathématique mais idéologique. C’est un combat symbolique voulu par Macron, la vendetta personnelle de l’ordure présidentielle contre le peuple des abrutis. 

Dans ce combat pour renforcer la soumission des salariés, l’inflation est l’alliée de Macron. Tandis que l’état pompe comme jamais de la TVA (l’impôt le plus injuste qui soit), pour les salariés faire grève n’a jamais coûté aussi cher. D’un cynisme consommé, Macron table donc sur l’appauvrissement des masses pour étouffer la contestation (largement majoritaire dans l’opinion) contre sa réforme personnelle des retraites. 

Au-delà des trois derniers mois et du formidable élan de la contestation (j’aurais pas misé non plus dessus il y encore un an), Macron fait un très mauvais calcul à moyen et long terme (mais que peut-on attendre d’autre de ce type dont le sens politique et la fibre sociale se résume à quelques simulations sur tableur Excel ?). 

Tous les ingrédients de la tempête parfaite sont réunis. 

Macron a joué la carte du symbole et il se retourne contre lui. Il nous a livré clé en main, un booster de cette lutte des classes qu’il voulait taire. Après deux ans d’infantilisation covidienne, la marque de l’humiliation (par cette réforme imposée dans le mépris et son SAV de l’indécence par Macron) est profonde dans ce pays. Au lieu de jouer, même pour de faux, la carte de l’autocritique ou de l’apaisement, il abuse de la violence verbale et physique. Comment croire un seul instant que cette voie ait une issue heureuse, même pour lui ? Le type ne sortira pas vainqueur d’une situation de déclin où un peuple a de moins en moins à perdre. Les gesticulations de Bruno Lemaire ne font, comme prévu, pas effet. L’inflation se poursuit à vitesse grand V, les salaires baissent de fait dans la plus grande des passivités gouvernementale et la seule perspective économique nationale cohérente est celle d’une sévère récession. En vérité, je n’aimerais pas être à la place de ce type que tout le monde hait. Notre vie va être compliquée, la sienne n’en sera plus une. Il ne pourra poser le pied dans son pays sans risque de prendre une grosse claque ou pire. 

On le qualifie déjà de "hors-sol", il va le devenir littéralement. 



49 mois en enfer pour Jupiter

3 mois de contestation contre la réforme des retraites made in Macron. Nous en sommes à ce stade flou du mouvement où chaque pronostic exprimé sur l'avenir de celui-ci indique avant tout le désir de celui qui l'exprime. 

L'état a choisi la carte graphique de la violence et le champ lexical du terrorisme pour discréditer toute opposition. Grossier, pataud peu crédible mais c'est de bonne guerre. 

Ne nous laissons pas distraire. J'ai un cap, il n'a pas évolué depuis début janvier : le retrait de cette putain de réforme de merde qui vole leurs deux meilleures années de retraite aux Français pour leur rajouter deux années de travail (ou de chômage) les pires. 

Retour aux Invalides pour la 11e journée de manifestation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril.  La manifestation syndicale début 2023, c'est The Place To Be. Du son, de la musique, de l'espoir, de la colère et des casquettes à paillettes. Il s’en est passé des choses depuis la dernière mobilisation du 28 mars. Côté peuple, ça bloque un peu partout dans le pays de façon sporadique mais constante, ça ne décolère pas et ça mobilise. Chez les "élites", ça contre-attaque sévère : déguisée en poule multicolore, une secrétaire d’Etat s’est exprimée sur l'émancipation féminine dans Playboy, le président quant à lui a reprécisé son axe stratégique de reconquête de l'opinion dans les colonnes de Pif Gadget

Pendant ce temps, peu à peu s’installe dans le pays entre bonne humeur et grenade désencerclante, dans la prolongation du coup d'Etat démocratique du Président, un climat de guerre contre les Français avec les images de casse qui tournent jusqu'à l'écoeurement sur les chaines d’info feuilleton pour bien dissuader les 70% de mécontents d’aller manifester aux côtés de la racaille syndicale. Sans succès jusqu'à présent. Certes, il y a un peu moins de monde dans les rues en France ce 6 avril, mais on flirte toujours aves les 2 millions au niveau national... au bout de 3 mois et de 11 manifestations et sans aucun effritement du soutien populaire. C'est du jamais vu dans la Ve République. 


Donc oui, nous reviendrons et reviendrons encore jusqu’à faire tomber cette réforme. Tant que ce ne sera pas le cas, le quotidien de Macron sera un enfer pour les 4 ans qui lui restent à nous subir. 

Quant à la casse qui entoure quelques cortèges, je ne la condamne même plus. Je me désole qu'elle ne soit pas orientée vers les vrais éléments perturbateurs de peuple : Macron et sa clique. L’état (sous sa forme présidentielle et institutionnelle) est le premier à exercer la violence. Je suis même étonné que face au déni démocratique, à ce mépris envers les Français chié depuis des années au sommet de l’état, "les foules" ne soient pas plus expéditives que ça. 

La plupart des manifestants défilent aussi pacifiquement qu'ils sont déterminés. Ils ont bien compris que la violence contre la police n’est pas une solution, les mecs ne font que leur boulot. Certains moins intelligemment que d’autres, certes. Je ne désespère pas qu’un jour ou l’autre les policiers à 2000 balles / mois seront lassés de frapper et de se faire frapper par des salariés à 2000 balles / mois, tout cela pour le compte d’un type qui n’a jamais bossé et veut laisser son nom dans l’histoire à la rubrique « réforme à la con ». Ce jour où casques et matraques seront posés, l’ordure du Touquet pourra vite se carapater. Pour le moment, comme à chaque bruissement de révolution, le brave haineux prend l’avion. Cette fois, il est parti sauver le monde en Chine, et laisse derrière lui Dardmalin gérer la casse, ou la provoquer tant on ne sait plus ce qui arrange ce puant opportuniste dans son plan de com’ visant à le faire devenir vizir à la place du vizir.

Tout le monde média et politique veut voir une impasse dans la situation figée et tendue du moment, au contraire j'y vois le début d'un changement de monde. Le peuple reprend en main son destin. C'est encore maladroit, timide et un peu effrayant pour les premiers concernés mais pour une fois le slogan qui devenait une routine tournant à vide prend enfin tout son sens : "C'est dans la rue que ça se passe !". 



Retraites : coup de jeune sur la contestation

Pendant que le têtu s'autoconfine de trouille à l’Elysée, partageons ici quelques impressions sur cette dixième journée de mobilisation contre sa réforme des retraites et pour son retrait. En légère baisse au niveau national, du point de vue parisien, malgré toutes les annonces de pluie de météorites, de dixième vague de Covid et de fin du monde sur les chaines d'info-feuilleton, il y avait beaucoup de monde. Avec un niveau proche de celui de la dernière mobilisation record et vu la nette baisse de la mobilisation syndicale cela indique que, de nouveau, il y a un renouvellement des manifestants. 

Cette semaine dans Tous contre la réforme, les jeunes prennent la relève.

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un carnaval anti-Macron, un 1er mai sponsorisé par Red Bull ou une Gay Pride, la moyenne d’âge a encore baissé de quelques années par rapport à la dernière édition. C’est même spectaculaire lorsqu’on se rappelle de ceux qui manifestaient au début du mouvement en janvier, 30 ans de plus. C’est cocasse d’entendre scander des adolescents « La retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » mais ils sont toujours mieux ici à brandir des fausses têtes coupées de Macron au bout d'une pique qu’à se mettre en ligne au garde à vous pour le SNU avant d’aller pointer pour les vingt prochaines années dans des bullshit jobs à ras le SMIC. La colère dépasse la question des retraites, il est ici question de démocratie plus horizontale, de libertés et d’un ras-le-bol après les deux années de sacrifice pour le covidodélire. Le mouvement contre la réforme est une plage de revendications particulièrement bien calée entre deux sessions de vacances à l’orée du printemps. 

Du côté des anciens de la colère (2 mois quand même), pour avoir discuté avec quelques connaissances recroisées, (la manif parisienne est désormais le lieu tendance de socialisation) la lassitude s’invite. Dix putains journées de mobilisation étalées depuis le début de l'année, on commence réellement à fatiguer, sans parler des ponctions financières. C’est d’autant plus rageant qu’il suffisait de grouper ces journées  sur deux semaines avec un blocage massif pour tuer cette réforme (et que nous le savions dès le départ). À la place : beaucoup d’efforts dilués, de slogans assourdissants et de fumigènes dans la gueule avec, tout le long, et malgré les apparences d’unité, la sensation d’un délitement syndical. Alors oui, c’est plus festif mais on ne fera pas tomber la réforme à coups de chorégraphies collectives en cortège. 

De sympathiques déambulations teintées d'amertume. 

Depuis le départ les syndicats semblent presque étonnés de mobilisations records dont ils ne savent au fond pas quoi faire tant ils ne sont plus habitués 
1/ à ce type de score et de soutien populaire sur la durée (Si on m'avait dit un jour que la CGT serait en tendance sur Tik Tok),
2 / à n’avoir aucun interlocuteur institutionnel en face. 
La stupidité et l’arrogance de Macron auront plus redynamisé les troupes que les discours du front syndical. Ce front a le mérite d’exister, il fournit le cadre légal et des arguments, mais avance à vide : d’un point à un autre une fois par semaine (hors vacances scolaires, faut pas déconner), comme embarrassé d’une popularité qu’il ne comprend pas, d’une violence ambiante qu’il condamne et par un vocabulaire insurrectionnel qu’il a éradiqué de son champ d’action depuis des décennies. 

Prochaine étape officielle : une manifestation dans 9 jours. La dernière avant les vacances, c'est déjà vendu comme ça...(soupirs). À ce rythme là, Laurent Fabius et Alain Juppé, les gogo dancers du Conseil Constitutionnel qui planchent actuellement sur la légalité de la réforme, vont dépasser de vitesse les syndicats dans le combat pour la cause. 



Lui ou Nous

On s’interrogeait sur l’essoufflement de la mobilisation contre la réforme des retraites, c’était sans compter sans Macron et son pari du pire. Macron est le meilleur allié des syndicats, il les a relancés presque à lui tout seul et, dans la foulée de son egotrip démocratique, il est en passe de torpiller la Ve république. Le mec traite les Français comme de la crotte sous ses mocassins puis enjambe l'assemblée en lui pétant dessus, et maintenant il fait crier au scandale démocratique par ses sbires pour trois vitres cassées. Car, après ces images en boucle de poubelles brulées en marge des défilés contre la réforme des retraites partout en France, vous aurez bien sûr compris : Il y la bonne violence et la mauvaise violence, la Black Rock et la Black bloc.

Le fameux projet de Macron est simple : faire souffrir. C’est ce qui me saute aux yeux à bientôt six ans de gouvernance alors que resurgissent via les algorithmes mes publications Facebook à son sujet d’il y a quatre ans, au moment de la violente répression contre les Gilets Jaunes (voir en bas). Il n’a pas évolué d’un millimètre depuis. Le type ne sait pas gouverner, ne sait pas dialoguer, ne sait même pas regarder. Sa seule émotion décelable : la peur. C’est le seul levier que nous ayons (nous les 75% de Français contre sa réforme).

Revenons donc sur cette neuvième journée historique de mobilisation jeudi dernier. 

La grande nouvelle du 23 mars, c'est le nombre des manifestants, pas les violences mises en avant à des fins publicitaires. A Paris c’était à mon sens le plus gros rassemblement depuis le départ du mouvement il y a deux mois. La titraille des chaines d'info-feuilleton était calée sur le baroud d'honneur et c'était la plus joyeuse manifestation, la plus déterminée aussi. J’étais bloqué, compacté, une heure sur le boulevard Beaumarchais avant même le démarrage, impossible de mettre les mains dans mes poches pour chercher mon portable. Tout autour de moi, un renouvellement complet des têtes, beaucoup plus de jeunes que précédemment et surtout dans une tranche plutôt absente jusque-là : les 25-35 ans. J’ai revu des familles, des enfants. La foule est entrain de devenir un peuple 

Place de la République vers 17h, on a commencé à avoir des échos de violences vers Opera. En survolant les chaines d’infos, on visionnait un tout autre spectacle que celui que nous expérimentions, et on a bien compris l’angle de la journée : les manifestants sont des méchants. CNews titrait Paris : un millier de casseurs, ce qui était à la fois un mensonge et une omission. On pouvait titrer bien d’autres choses comme : Paris : des centaines de milliers de Français pour dire "Non à la réforme" ou des charges sur la foule qui proteste

Mais ne nous plaignons pas trop : depuis quelques jours, la barrière du silence médiatique des violences policières auxquelles les manifestants sont parfois confrontés depuis sept bonnes années, contre toute logique et toute légalité, (ça a commencé sous l’ère Valls) est enfin dépassée. Faut dire, les BRAV-M commencent à tabasser aussi les journalistes, ça le fait moyen niveau RP. 

Les violences ne sont que la conséquence logique de la politique Macronienne basée sur l'exercice autiste du pouvoir et la maltraitance généralisée. Ce spectacle de la violence entre travailleurs dont Macron raffole à distance vise à dissuader le peuple d’être foule et que les chaines d'fnfo-feuilleton puissent enfin titrer tranquillement : Retraite à 64 ans : Les Français résignés. Il ne faut donc pas se laisser démonter, au propre et au figuré, et continuer. Je me permets de le repréciser : à ce rythme et volume de contestations, les policiers ne tiendront pas deux semaines. 

Alors la suite ? 

Simple, c’est le retrait de réforme. Les Français gagnent, Macron perd et c'est tout. Toute autre décision de sa part est suicidaire. La tâche demande du nombre et de la persistance, nous avons affaire à un pervers radicalisé qui ne fonctionne qu’au narcissisme et aux diktats des marchés. Pour garder la motivation, ne jamais oublier que si les marchés lui commandaient de bombarder les Français, il le ferait sans hésiter. A persister contre les Français, Macron s'isole inévitablement, même dans son camp. Il se bunkerise. S'il lui reste une once de bon sens, il lâche l'affaire. C'est dans son intérêt.

C'est quand même pas ce type qui n'a jamais bossé de sa vie, et dont on va payer les 40 confortables années de retraite après l'Elysée, qui va nous imposer de travailler jusqu'à la mort. 

On se retrouve de la rue. Sans lui. Il a trop peur de la traverser.

P.S : soutenez les caisses de grève !

(photo : Clément Foucard)





Le bordélisateur

Sentez-vous le léger décalage ? Les petites phrases du Président et de sa première Ministre sont savamment distillées. « La foule n'a pas de légitimité » et autres « on peut employer le mot victoire » . Mercredi midi dans son inutile prestation télévisé, Macron n'a pas fait de mystère: Ceux qui ne sont pas pour sa réforme sont des factieux, la démocratie c’est une fois tous les cinq ans et vous avez voté pour moi (il n'a été étonnement pas ajouté « bande de cons »). 

On sent l’homme qui a pris de la hauteur et de la sagesse et déjà les mots ne sont plus les mêmes sur les bandeaux des chaînes d'info-feuilleton. Les attitudes sont moins détendues au sujet des manifestations contre la réforme des retraites made-in-Macron. On ne parle plus de « manifestations » mais de « manifestations sur fond de tension » avant même qu'elle aient lieu, ou encore de « manifestations sauvages » avec des « éléments perturbateurs ». On ne parle pas d’ailleurs pas de manifestants mais, par petites touches, d’« anti réformes » comme avant on parlait d’« antivax ». L'étiquette « conspirateurs antisémites » est proche. La révolution sera peut-être télévisée, mais doit être préalablement domestiquée. (Rappel : participer à manifestation non déclarée n'a pas être réprimé).

Certes, on ne peut pas y aller de front. Après tout deux tiers des Français restent opposés à cette réforme qui est surtout antisociale. Mais tout de même : par réflexes suce-boules certains chroniqueurs de palais essayent de passer l’idée qu’il serait bon pour tout le monde de se résigner. 

Détruire les retraites, ce rêve laïque qui a presque remplacé la notion de paradis, a été l'attaque de trop, et le 49-3 a été le crachat constitutionnel sur le gâteau des injustices. Le 49-3 est légal aiment à rappeler la secte des illuminés macronistes. La peine de mort aussi l'était, il n’y a pas si longtemps.

Le roi est en slip, à deux doigts de se faire lâcher aussi par le patronat excédé, se concentre donc sur le travail de sape. Sa seule préoccupation est de laisser pourrir, afin de désolidariser la contestation silencieuse de l’expression visible de cette contestation. Pour cela rien de tel que de lâcher la bride à une police sous tension. Les images de violences policières font partie du dispositif. Elles ne sont désormais plus seulement diffusées sur internet, mais bel et bien en direct au grand jour, ou au grand soir, sur les chaines d’info-feuilleton. On franchit un cap dans la dénonciation et l'exposition d'une horreur pseudosécuritaire qui court depuis près dix ans dans les manifestations, mais chacun y verra ce qu’il veut y voir : Les uns, l’illégitimité et la brutalité d’une police politique. Les autres, l’expression rassurante d’un retour à l’ordre nécéssaire. Je n’aime pas la casse, je n’aime pas les casseurs. Je hais donc ce président. Il est le seul bordélisateur à l’oeuvre dans cette entreprise de destruction de nos vies. 

Les violences policières, et les images produites, ont une portée publicitaire : dissuader l’expression sur le terrain de toute contestation de la réforme. Il ne faut pas se laisser impressionner, ne pas se laisser déposséder. Ces images sont exactement celles que Macron veut générer. Il faut les retourner contre lui. Il est la violence. Un pouvoir en échec ne peut compter que sur la violence. Il faut continuer à se dresser, à déambuler, à « être de l’eau », à se mettre en grève, à bloquer et, si tout cela n’est pas possible, à saboter son travail (Le sabotage n’est plus une option : nous n’avons plus le choix, on vient de nous voler 10% de salaire en un an, et Macron nous vole deux ans de vie (ou plutôt quatre), il faut donc opérer une ponction à la source). Quant aux manifestations sur le terrain, la Police ne peut pas être partout, elle ne peut rien face à des milliers de gens déterminés et bras dessus bras dessous. D’ailleurs, même dans les rangs de la Police ça commence à se fissurer. Ils ne tiendront pas un tel rythme bien longtemps. 

A tout à l'heure dans la rue, contre cette réforme et pour son retrait.


Derniers jours tranquilles pour le déni

Ça y est. Contre bientôt l’intégralité du pays, le valet de pisse des marchés a réussi à imposer sa réforme des retraites à l’assemblée avec l’aide d’une poignée de députés paillassons. Dans la foulée du 49.3, coup d'état autorisé de jeudi dernier, la motion de censure transpartisane est rejetée… à 9 voix près. Cette victoire sur le fil aura surtout un goût d’échec pour - celui qu’il y a moins d’un an avançait avec vous dans son slogan de campagne. 

Macron est devenu l’ennemi populaire n°1

Après deux mois de mouvements sociaux et un long week-end de rassemblements spontanés de contestation à travers la France, même les députés Renaissance commencent à sentir le cramé. Même l'ancien patron des députes macronistes, appelle Macron à retirer sa réforme. Les deux tiers des députes Renaissance n’étaient d’ailleurs physiquement pas présents dans l’hémicycle au moment du vote de la motion. Ils commencent à intégrer que tout le monde déteste leur patron. 

La France est excédée. Macron a fait sortir la haine du tube. Des effigies du président, de ses ministres et de ses députés ont été brulées ces derniers jours sur les places de France. Pour l’occasion les chaines d’info-feuilleton ont ressorti de leur cryogénisation Franz Olivier Giesbert et Alain Duhamel (qui commentait déjà les émeutes de mai 1968) pour s’offusquer de ce début d’insurrection. Pourtant, eux aussi sont consternés par autant d'amateurisme : Macron a délibérément versé un jerrycan d’alcool à bruler sur le feu social qui montait depuis des mois. Quelques sbires macronistes continuent à ânonner que le recours au 49.3 était justifié par le manque de compréhension des masses. Ces maîtres du déni, profondément embarrassés par la démocratie, pensent toujours ne pas avoir assez fait de « pédagogie » auprès d'un peuple quand même très con. L’affirmation du clivage entre deux France a rarement été aussi net. Mais, celle de Macron, bien que disposant de l’argent et des réseaux, parait de plus isolée et apeurée. 

Macron et le mur de la réalité

Sur le fond de la réforme, Macron vole deux ans de vie aux travailleurs. Sur la forme, il piétine avec dédain et brutalité l'opinion. A croire qu'il n'a pas compris l'époque, le rapport au travail, le désir d'horizontalité dans les décisions. On ne refera pas le procès de cette réforme qui, après trois ans de pandémie et un an et demi d’inflation à deux chiffres, prend bien soin de ponctionner spécifiquement à ceux qui n’ont rien et de ne pas toucher à ceux qui se sont engraissés comme jamais durant ce laps de temps. Mais on se félicitera aussi : grâce à l’amateurisme d'un gouvernement de bras cassés, à la mobilisation intersyndicale, aux débats dans la vie civile (ces débats que le chef de l’état a tout fait pour limiter à l’assemblée) bref, grâce à nos efforts conjugués quels que soient nos âges et nos tendances politiques : chaque Français est désormais bien au courant que Macron lui crache à la gueule. Même pour le macronard modéré, il n’y a plus de mystère : le macronisme est avant tout une secte, qui évolue dans une réalité parallèle, dont l’essence est le mépris du peuple et qui usera de tous les outils démocratiques pour l’abuser. 

Le pays devient mature et réalise la fumisterie du stagiaire du monde de la finance qu’elle a élu par deux fois à la tête de l’Etat. J’aurais préféré que cette prise de conscience ait lieu plus tôt, au moment du Pass Sanitaire par exemple ou, mieux encore, en 2016. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. On ne peut pas passer quatre ans de plus avec cet escroc comme seul décisionnaire. Le mec n’a aucun connaissance du terrain, des gens, du travail, pas même de la famille, il n’a jamais été élu hors présidence. J’attends donc à la faveur de la colère qu’il a généré pour cette réforme, et pour tant d’autres violences avant elle, qu’on lui fasse collectivement une vie d’enfer. Il faut un contrepouvoir à opposer à ce type. Si ce n'est pas possible à l'assemblée, c'est au peuple de s'en charger.

Et maintenant ? 

« - Oui mais attends la réforme doit être validée par le Conseil Constitutionnel ». 

Je n’attends pas grand-chose d’une institution de neuf fossiles de la République dont Alain Juppé et Laurent Fabius.

« - Oui mais attends, on va faire un référendum d’initiative partagée et tout le monde votera contre » 

Certes, ça bloquera neuf mois l’application de la loi mais le RIP a été parfaitement conçu pour ne jamais avoir à être utilisé. Quand bien même il le serait et s’il y avait effectivement un vote, on sait ce qui est advenu du précédent référendum en 2005. Il a été bafoué deux ans plus tard par le président de l’époque. C’est bien d’espérer avec la constitution telle qu'elle est, mais je n’ai aucune confiance en elle tant que ce genres de type est en poste (rappel : le 49.3 est constitutionnel). Ce type ne comprend qu’une chose, et n’a jamais compris rien d’autre : LA PEUR. 

Dans ce combat, on a de la chance : sous nos yeux, il est prouvé que c’est un lâche. 


49.3 nuances de démocratie piétinée

Il a perdu le combat des idées. Il a perdu le combat de la rue. Il perd le combat démocratique, en voulant imposer sa réforme torchon des retraites -  amendée par le Sénat de droite - rejetée par 70% des Français et 94% des travailleurs avec le recours au, megasurprise, 49.3. 

Même là, il a été minable. 

On nous l’avait vendu comme un Mozart de la finance et plus encore un audacieux. On savait qu’il était médiocre dans le premier domaine, on sait désormais qu’il n’a même pas l’audace du joueur. 

Même si mon petit doigt me dit que la déchéance macronienne n’en est qu’à son début, c’est l’heure de dresser quelques bilans sur ces deux derniers mois de mobilisation plébiscitée par l'opinion avec des cortèges records qui n’ont donc servi à (presque) rien : 

1/ Je vous avais prévenus. Voter pour un fils de pute, malgré toutes les alibis moraux et les pinces à linge sur le nez du monde, ça reste voter pour un fils de pute. C’était dans l’isoloir qu’il fallait réfléchir pas dans la rue. Au « Je vote Macron, et je vais combattre ses idées », Macron fait répondre par sa première Ministre « je me torche avec vos idées et de toutes les façons il n’y aura pas de vote ». On notera au passage qu’il n’a fait que se cacher derrière Borne, ou à l'étranger, depuis le départ des mobilisations. 

2/ Pour les mêmes raisons, une motion de censure aura dû mal à passer : « Oh beurk on veut pas voter avec le RN ». J’espère me tromper mais La France Insoumise a toujours le chic pour défoncer les barrières de la navrance. Si on m’avait dit un jour que Charles de Courson avec sa motion centriste représenterait mon seul espoir, l’aurais-je cru ? 

3/ 3 mois de syndicalisme d'accompagnement à défiler d'un point A à un point B en chantant "à cause des garçons" à grand renfort de chorégraphies c'est peut-être bon pour le moral mais ça pèse peu face au mépris et à la violence de ce pouvoir. 

4/ On a compris que les manifestations à 10000 ou 2 millions, de personnes, c’est du pareil au même pour Macron et sa clique. Ces quelques individus hors-sol sont en guerre contre le peuple. Il faut donc être plus fermes et surtout efficaces de notre côté. Ils appelleront ça « se radicaliser », ce sera de la légitime défense face à une attaque antisociale de grande ampleur. 

5/ Bloquer les lieux de pouvoir et faire trembler physiquement la bourgeoisie et les ordures de palais, il n'y a que ça au final qui paye. 

6/ Macron n’est rien sans la soumission des premiers concernés par sa réforme : les salariés. On aura finalement plus parlé des éboueurs et de leur courageux mouvement que des 90% des autres salariés, pourtant mieux traités, qui n'ont rien dit, rien changé dans leur quotidien. Je sais c’est dur mais à un moment il va falloir se sortir les doigts du cul. 

7/ Les LR sont finis, mais ça avec ou sans 49.3 c’était acquis.

8/ L'autre bonne nouvelle, malgré tout ce que j'ai précisé, c'est que Macron vient de démontrer sa faiblesse. Il est seul, apeuré, aux abois. C'est donc le moment d'accélérer.

9/ La chasse est ouverte. 


Force aux éboueurs !

En attendant les nouveaux développements législatifs sur la réforme des retraites. l'accumulation des ordures dans Paris, et dans d'autres villes, suite au mouvement de grève reconductible des éboueurs, met hors d'elle la droite qui se retrouve un alibi d'opposition (alors qu'elle s'apprête à faire passer la réforme des retraites de Macron, sans les voix LR la réforme ne passe pas à l'assemblée nationale). 

Fascinante droite qui trépigne en colère d'un plateau télé à l'autre sur l'accumulation des ordures dans Paris suite à la grève des éboueurs. On s'étonne qu'il ne vienne pas à l'esprit des collabos macronards, légendaires apôtres de la valeur travail, des gens qui ont fait du courage et de la responsabilité individuelle et collective une ligne d'action (allant jusqu'à plébisciter une réforme dont personne ne veut et condamnant les Français à deux ans de turbin supplémentaire), de s'activer aux-mêmes à la collecte des déchets ? 

Quant aux restaurateurs parisiens qui, après s'être gavés d'argent publique pendant la crise Covid, pleurnichent encore et encore d'une antenne à l'autre sur les montagnes de poubelles, on leur rappellera qu'ils squattent à l'année des trottoirs à des tarifs ultra concurrentiels entravant au quotidien la circulation des piétons et qu'ils sont parmi les premiers producteurs de déchets de la ville.  

Face à cette spontanée déferlante télévisée de nez pincés, on réitérera notre total soutien aux éboueurs. Nous ajouterons que les éboueurs sauvent l'honneur par rapport à d'autres corporations qui ont lâché l'affaire après s'être branlé la nouille insurrectionnelle sur une France à l'arrêt. "On lâche rien" ? Surtout pas le salaire visiblement. 

Que les éboueurs nous laissent nous auto submerger avec notre propre merde. C'est un peu notre lâcheté qui s'accumule en pyramides de sacs puants sous notre nez. Par là même les éboueurs nous offrent l'opportunité de mener le combat contre la réforme des retraites en faisant la seule chose que l'on sait faire et que l'on semble désirer : consommer. 

"- Mon dieu il y aura des rats dans la ville !" La belle affaire. Il y en a déjà et, quitte à choisir, je préfère les rats à Macron et sa clique. Rappelons-ici qu'il est le seul responsable de cette réforme et de l'empuantissement de notre avenir. 

Le seul ? 

Pas tout à fait, notre résignation est son indispensable allié.

À demain devant l'assemblée. 

(illustration : Illuminati Reptilien, sur Twitter)

Les poubelles de la colère

Le dialogue social à la française prend de nouveaux arômes. Plus à une déconnade près pour justifier son silence face aux mobilisations historiques qui émaillent la France depuis deux mois contre sa réforme des retraites (je le rappelle ici rejetée par 9 actifs sur 10), notre Président (aka Mister 49.3) déclare vouloir respecter le travail démocratique en cours au Sénat et à l'Assemblée nationale. Il parait que notre homme, fier de son triomphe programmé, se place déjà dans "l'après". 

Pourtant ça coince lentement de partout. De blocages d'autoroutes en coupures d'électricité, le grippage de l'activité s'installe tranquillement. À Paris, les évènements prennent une tournure olfactive. La situation a vite dégénéré. Suite à la grève reconductible des éboueurs, en 5 jours la capitale est littéralement submergée de déchets. Bientôt 10000 tonnes. Comme chaque parisien, j'ai désormais devant chez moi une montagne de sacs poubelles de 2 mètres de haut sur 5 mètres de large en schlingorama. Au hasard des concentrations d'habitations face à l'exiguïté des trottoirs (sans compter l'omniprésence de chantiers dans toute la ville) les remparts de déchets peuvent prendre des proportions bien plus dantesques. Certains immeubles sont déjà difficilement accessibles ou à travers des labyrinthes de sacs renforcés de structures montées par quelques concierges bricoleurs.

Cette exposition parisienne à l'air libre de l'art de la poubelle, où les contenus sont offerts à la vue de tous, est l'occasion de déplorer la surconsommation de mes contemporains. 80% de ce que j'y vois ne devrait pas y être (ne pas avoir été jeté, ne pas avoir été acheté ou mieux encore : ne pas avoir été produit). Voyons toutefois cette surconsommation comme un opportun combustible insurrectionnel. La force de Paris est aussi sa faiblesse : tout y est concentré. Le raz-de-marée des détritus n'épargne personne et surtout pas les quartiers riches. 

Fidèles à eux-mêmes les parisiens jouent encore la partition de l'insensibilité au monde extérieur, traçant leur cap, fiers et avec une haute idée d'eux-mêmes au milieu du caca général. Mais on le sent bien (si si on le sent) : encore quelques jours à ce rythme et la ville des lumières sera la planète poubelle du dessin animé Wall-E. Encore quelques empilements de Tetris de sacs et les commerces de bouche devront tout simplement fermer, l'activité touristique sera réduite à zéro et, laissant la place à de nouveaux propriétaires, les rats, le parisien devra songer à l'exil vers de nouveaux edens incertains au-delà du périphérique : Melun ou Ris-Orangis. Il ne faut pas blâmer les éboueurs grévistes, ils ont prévenu et longtemps à l'avance en plus. Il n'y a qu'un responsable dans l'histoire : Macron. C'est lui qui gravite en électron libre dans l'hyper espace de ses fantasmes. Le seul travail qui compte à ses yeux c'est celui de son image dans les livres d'Histoire, le réel c'est votre problème, chacun sa merde. 

Au-delà de l'odeur, cette grève des poubelles est un moment de toute beauté, la matérialisation la plus concrète de la contestation contre une réforme de merde. À l'heure de l'inflation décomplexée et de la démocratie méprisée au plus haut sommet de l'état, ces montagnes de déchets (symboles de notre sur consommation) sont nos barricades au coeur de la Capitale. Peu à peu, elles se dressent, barrent la ville, congestionnent l'espace, pourrissent l'ambiance, étouffent les lieux de pouvoir. Avant le grand brasier qui sait ? Alors je me pince le nez et soutiens bien évidemment les éboueurs. À la différence d'un politique, quand un métier essentiel est en grève on le déplore tout de suite. Tout cela nous rappelle qu'on aura toujours bien plus besoin d'éboueurs que de députés LREM et que, mais c'est presque une règle d'or du capitalisme : plus un travail est utile à la collectivité, moins il est payé. 



Que la Bloque Party commence !

« Alors vous voyez : La France n’est pas à l’arrêt ! » caquètent les macronards déconnectés après la journée de mobilisation du 7 mars. Vraiment ? Tandis que notre monarque dessaoule de ses bacchanales congolaises et que le Sénat se félicite de chier sur neuf actifs sur dix opposés à la réforme des retraites,  ce 9 mars, toutes les raffineries du pays sont bloquées et ça va vite se ressentir aux pompes, les transports publics sont très largement impactés, les ronds points se repeuplent, les barrages sauvages filtrent à travers les départements et les sacs poubelles s’accumulent en pyramide puantes sur les trottoirs des grandes villes tandis que les coupures ciblées d'électricité s'invitent dans la fête. 

Sur le terrain de la contestation de la réforme Macron, on ne se résout plus à défiler une fois par semaine, le mot d’ordre s’installe : il faut bloquer quoi qu’il en coûte, hors de question de se laisser imposer deux années de travail en plus. Et on peut y aller gaiement. Deux Français sur trois sont pour le blocage et, si chaos il doit y avoir, ils en tiendront rigueur au Président. La violence du VRP des marchés entrainera la violence sur le terrain. Cette violence sera légitime et surtout, indispensable. On ne change pas les choses en échangeant des anecdotes de vacances autour d’une tasse de camomille au coin du feu. Pensez au dégout que vous ressentez pour Macron et ses sbires et dites vous bien que vous n’êtes pas au centième du mépris que les France d'en bas leur inspire. Je me rappellerai toujours la phrase d’un conseiller proche d’un (ancien) pouvoir m’avait dit un jour : « c’est dingue ce que les Français sont gentils ». Avec ces gens-là, on ne peut espérer modifier la trajectoire des événements qu’en leur faisant physiquement ressentir la terreur. Avantage : comme leur courage  est inversement proportionnel à leur morgue, ils cèdent rapidement. On peut d'ailleurs observer cette fébrilité aux hurlements de poussins égorgés qu’ils poussent (grandes fortunes ou politiques) dès qu’on s’aventure à leur couper dix minutes l’électricité ou à leur froisser une chemise. On s’étonnera même que les syndicats cherchent encore à être reçus par Macron, un type qui n’a eu de cesse de les humilier depuis six ans. Après avoir grisé les troupes pendant trois mois, l’intersyndicale veut être reçue en urgence par Macron. Vraiment ? Mais pour quoi faire ? Parler déco ?

« Franchement, tant qu’on défilera d’un point A à un point B, il ne se passera rien ! Tant qu’on ne foutra pas le feu à l’Elysée, il ne se passera rien ! » ai-je entendu dans le défilé parisien, pourtant très policé du 7 mars dernier. Je ne peux qu’acquiescer. On peut au moins reconnaître à Macron d'avoir généré des avancées sociétales : en quelques mois il aura réussi comme personne à défoncer le rapport qu'ont les Français avec le travail. Il aura également rendu visible, plus qu'aucun de ses prédécesseurs avant lui pas même Sarkozy (un gauchiste proche du peuple en comparaison), le mépris de classe et l'impunité morale d'une clique qui prend bien moins de précaution que le reste des Français dès lors qu'il s'agit de défendre ses intérêts. 

On peut espérer que ça change... ou agir pour que ça change.







"Trimestre anti-inflation" : Promo flash sur le foutage de gueule

Ça y est enfin ! Au bout de 18 mois d'inflation avec du +120% sur la paella congelée et le couscous en boîte, l'Etat prend les choses en main et agit fermement. Bruno Lemaire s'est enfermé avec la cellule 'com de crise de Bercy et a pondu ce que les Français espéraient du plus profond de leur détresse économique : 

Un numéro vert ? 

Non, mieux.

Un logo.

Il s'appelle "le trimestre anti-inflation". De sa pureté graphique tricolore, il symbolise l'union de la grande distribution pour baisser (ou plutôt de cesser de faire augmenter) les tarifs sur un ensemble de produits... non définis puisque que c'est au bon vouloir des enseignes concernées. Bizarrement ceux qui affirmaient encore la semaine dernière ne pas pouvoir rogner plus sur leur marge trouvent soudain des possibilités de les réduire. On part donc sur une bonne base de confiance là. 

Quel est le principe du trimestre anti-inflation ? 

C'est de l'aumône éphémère sur une grille tarifaire floue ("les prix les plus bas possibles" (SIC), ça s'appelle un slogan publicitaire pas un tarif réglementé) concernant des produits aléatoires (dont rien n'assure que ce ne soit pas de la merde ou, plutôt, tout le laisse supposer). Mais surtout : l'important est sauvegardé : on n'augmente pas les salaires. Purée, on a eu chaud. On a failli avoir plus de pouvoir d'achat.

Passons les gesticulations argumentaire de l'inénarrable Bruno Lemaire qui croit réellement avoir livré une bataille héroïque sur le front de la méchante inflation (son personnel de maison affirme l'avoir vu faire des courses en 1982), voyons ici ce qu'il faut d'abord voir : un joli coup de pub gratuit de la grande distribution, opération complaisamment relayée sur les chaines d'infos (par ailleurs, par hasard, également les premières à leur louer de copieux espaces publicitaires entre deux pages de "news"). 

Avouons que la grande distribution est déstabilisée par le bouleversement qui gronde hors de ses murs. Après avoir empoché des milliards d'aides d'Etat à redistribuer aux actionnaires, la grande distribution s'inquiète des répercussions de l'inflation sur son chiffre d'affaires. Pire angoisse face aux spectaculaires hausses des prix : et si jamais les clients hameçonnés à la carte de fidélité commençaient à s'aventurer sur d'autres territoires de consommation ? Il parait qu'il y en aurait même qui arrêteraient déjà d'acheter des sodas sucrés et des Pastabox pour recommencer à cuisiner et faire des économies en mangeant sain. Non mais on va où là ? C'est notre mode de vie qui est attaqué. 

Il fallait effectivement agir et remettre le consommateur dans le droit chemin : celui de l'achat de merdes à bouffer. 

Merci Bruno. Tu n'as rien fait, mais c'est déjà beaucoup.



Pourquoi l'inflation des prix de l'alimentation est une bonne nouvelle

Il est peu de certitudes en ces temps troubles, au moins peut on se raccrocher au phare de la pensée économique occidentale, notre ministre référent dans le domaine : Bruno Lemaire. Il est à l’expertise économique, ce que Pierre Palmade est à la sécurité routière. 

Il y a un an, Nono nous pronostiquait le pliage en deux de l’économie russe dans les plus brefs délais. L’été suivant, constatant que la France était la cocotte en papier du dit pliage, notre karateka de l'éco concluait alors que nous étions au pic de l’inflation et qu'à partir de là tout n'irait que mieux. Pour noël, la grand cartésien concédait du bout des lèvres à un peuple aux abois que la France subissait quand même une rikiki inflation de 6% (quand chacun constatait qu’elle était au minimum du double). "La moins forte d'Europe" se vantait-il, sa tasse de thé à la main, les deux pieds dans la merde.

Cet hiver, alors que l’info-feuilleton annonce en boucle une hausse massive des prix de l’alimentaire au mois de mars se surajoutant aux précédentes hausses, le terrifiant "Mars Rouge", Nono tambourine de ses petits points fermés : Non non c’est faux, l’inflation ce sera fini pour l’été ! À la superette de mon quartier, on y croit dur comme fer. La preuve ? On a viré une caissière et embauché un second vigile à la place. Ça sent les grosses prévisions de croissance à la Lemaire. 

Mars Rouge hein ? L’inflation ayant débuté bien avant le pataquès ukrainien, nul doute que cette bande-annonce de la hausse sera suivie …d’une hausse. Faut dire que tout va mieux que jamais au paradis des actionnaires. Tandis que les grands groupes de l’énergie et des transports de marchandises alignent des bénéfices records (Total à 20,5 Milliards (en hausse de 28% sur l'année), CMA CGM monte à 25 Milliards, tout simplement le record historique, cocorico) et que l'on pourrait imaginer des ponctions fiscales plus conséquentes dans un soucis de redistribution, les prix de l’alimentation continuent eux aussi gaiement de monter dans les mêmes proportions sans, là non plus, aucune intervention de l'Etat. Allez Bim, 40% sur les nouilles ! Paf, la Pizza sous vide au double du prix ! 

- Quoi ? Comment ça les coûts de l’énergie repartent à la baisse ? Tss, tss c’est l’inflation on te dit et tant que t’achètes : nous on gagne encore plus !

Pendant ce temps, entre deux selfies au Gabon, et alors qu’on attend depuis un an son fameux "panier anti inflation" (étonnement il va plus vite pour généraliser les vaccinations diverses et variées), Macron met en cause les distributeurs. Les distributeurs, eux, accusent les producteurs, ces derniers déclarent à leur tour qu’ils ne peuvent pas ronger plus sur leurs marges. 

Pour ceux qui avaient des doutes, on est dans la ligne droite : le rinçage et l’essorage des classes moyennes (apeurée et fatiguée, on l'assomme dans le même temps avec la promesse de deux ans de turbin supplémentaire. On apprend d’ailleurs que Macron compte sur la faiblesse des salaires pour endiguer la grève reconductible contre la réforme des retraites). 

À défaut de pâté, chaque passage en supermarché est maintenant l’occasion d’une bonne tranche de rire : les prix augmentent plus vite que le réassort des étiquettes. Il n’est plus rare de se faire facturer quelques centimes supplémentaires en caisse sur des produits déjà augmentés les jours d’avant. Pas assez de personnel pour mettre à jour les hausses dans les rayons. Ça en devient comique. Jadis synonyme de bonnes affaires, la grande distribution devient la foire à l’arnaque. C’est la même merde qu’avant mais en plus cher. Non d’ailleurs ce n’est même pas totalement la même merde, elle est encore pire. On nous annonce gentiment via de discrètes étiquettes quasi illisibles que, à cause du méchant Poutine qui a envahi l'Ukraine, il n’est pas impossible que les composants ne soient plus les mêmes dans les produits préparés. Huile de vidange pour l’assaisonnement, insectes en poudre pour la ration de protéines et gélatine de porc dans la hallal, allez hop on va pas s’emmerder, c’est l'inflation hein.

L’annonce du "Mars rouge" par certains distributeurs prétendant combattre « la vie chère » est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. J’étais déjà en rage contre ces grands groupes et leurs franchisés, désormais je m’emploi à ne plus y foutre les pieds. Ce qui se passe actuellement n’est pas qu’économique : c’est une ségrégation alimentaire qui aura des conséquences catastrophiques sur la santé publique. 

Mais, cette hausse vertigineuse des prix alimentaires est paradoxalement une bonne nouvelle si on sait la saisir. La hausse concerne en priorité les produits transformés, les marques, les produits sous emballages. Soit les pires du marché en terme de santé.  Les mousquetaires du prix pas cher sont également les premiers à vous empoisonner. En bannissant les plats préparés, les marques, les surgelés, en se centrant au contraire sur les matières premières non transformées, le vrac et les produits bruts, de saison, dans les petits commerces et les épiceries locavores (qui sont compétitifs car nécessitant moins d'intermédiaires), on peut encore maintenir les effets de la hausse et manger plus sainement. S’ils veulent économiser et vivre un peu plus vieux, les Français vont devoir se remettre à cuisiner et délaisser en gros tous les produits sous emballage plastique. Et ça devrait se généraliser, budget oblige. Les grandes révolutions passent toujours par l'alimentation.

L’autre bonne nouvelle, c’est qu‘à persévérer dans ces hausses, pour la plupart justifiées au seul prétexte d'un « ah bah c’est l’inflation ma brave dame on l’a dit à la télé », les industriels et les grandes enseignes vont à moyen terme s’en mordre les doigts. Un client qui a jeté sa carte de fidélité pour revenir aux produits basiques et à appris à manger mieux pour moins cher : c’est un client perdu à jamais.

Heureusement, il leur restera Bruno Lemaire.


La valeur arrêt de travail

N'allez pas croire que j'ai de la colère contre lui (j’ai en réalité plus de colère envers ceux qui ont voté pour lui). Non, j’ai presque pitié du pantin des banquiers qui gesticule du marché de Rungis au Salon de l’Agriculture pour faire la promo de sa camelote démodée et qui, plus à une contradiction près, peut dans la même minute appeler au dialogue puis faire vider un opposant par le service d’ordre. Il est là, à se tripoter les narines et à tourner en boucle sur sa « valeur travail » comme un vieux Windows du siècle dernier en manque de mise à jour. Tout le monde a compris l'escroquerie. Sa "valeur travail" c'est d’abord de la valeur du travail des autres. Pas son travail ni celui de sa caste. Répétons-le, au casino du capitalisme débridé, le travail est actuellement ce qui rapporte le moins et de très loin. Mais c’est comme la dette, il faut du travail pour tous, tout le temps, et surtout le faire croire, pour continuer à faire tourner en mode automatique la roue de la soumission. Faites le test chez vous, seule une personne sur dix qui utilise l’expression « la valeur travail » exerce effectivement une activité professionnelle. Cette expression est un vrai détecteur de connard.

Mais, malgré mon dégout du bonhomme, je ne l’enterre pas. Il est déterminé à poursuivre, à contretemps de l'époque et de son peuple, ce combat stupide pour une réforme au choix inutile ou contreproductive. Il veut gagner parce que c’est son jouet, na ! 

D’abord, il y a la fragilité de l’opposition et ce malgré un rejet massif de la réforme par l’opinion. A force d’avoir retardé l’échéance et fait monter la sauce d’une « France à l’arrêt » après les vacances d’hiver, le blocage se doit être copieux et, s'il le faut, de durer. Si le 9 mars il y a des failles dans l’union ou que certains corps de métier, pourtant souvent prompts à appeler à la grève générale, ne suivent pas les appels syndicaux et que l’on constate que le pays tourne encore pas trop mal, ce sera l’indice qu’on peut ranger les pancartes. Si d’aventure le blocage prend, il faudra alors avoir les reins solides pour tenir face à la déferlante médiatique et édictocratique qui s’abattra sur ces ennemis de l’intérieur : les travailleurs qui ne travaillent plus. Pour le moment les chaines d'info feuilleton sont globalement bienveillantes et la presse conciliante avec le mouvement syndical. S’il se durcit, ce ne sera plus le cas. On a vu le travail de sape au moment des gilets jaunes. Deux mois de bisous entre manifestants et envoyés spéciaux sur les ronds points et, une fois les gilets jaunes physiquement proches de l’Elysée, l’ensemble de la presse s’est retourné : les héros d’hier sont devenus en 48h de violents antisémites complotistes et radicalisés. 

Mais surtout, on notera que remontent dans les news depuis quelques jours par le gouvernement des sujets qui touchent les enfants et sont prompts à diviser l’opposition (à gauche et à droite) : les rumeurs de généralisation du service national universel sur temps scolaire ou encore l'annonce (à Jarnac, ça ne s'invente pas) d'une campagne de vaccination des adolescents contre le papillomavirus, dernière lubie du VRP des labos qui nous sert de président. Certains à gauche, pas à une contradiction près, tout en brandissant des drapeaux ukrainiens, s'insurgeront contre toute esquisse d’un service militaire même à minima (à croire que la guerre se fait à coup de concepts et de slogans), tandis que chez les sympathisants de droite tentés par l'insurrection syndicale on se rangera au pas cadencé derrière la proposition du chef des armées. La jeunesse devrait, elle, s'énerver un peu sur ce projet où elle est, encore une fois, le dindon sacrifié. Quant à la vaccination heureuse au collège, là il y a de quoi régénérer le bon climat d’hostilité, à peine tiédi, qui a éparpillé gauche et droite à l’époque du Pass Vaccinal. Soyons diplomate sur ce sujet, auquel nous coupons court sans plus argumenter (ce n’est pas l’objet ici) : armée au rabais ou piquouse sponsorisée, ce taré sans enfant ne touchera pas aux miens. Que celui qui nous a été vendu comme un "génie de l'économie" s'occupe plutôt de tordre la courbe de l'inflation que tout le monde prend dans la gueule, sauf lui visiblement. 

On sent donc les gros doigts de la manipulation et des tentatives de division à l’action. Après tout, cela a tellement bien marché précédemment qu'on peut s'inquiéter. Notre sauveur a néanmoins a néanmoins déjà fait une grosse erreur qui laissera des traces quelle que soit la suite des événements. En insistant à passer une réforme complètement pétée visant à nous voler à chacun des dizaines de milliers d'euros et deux ans de vie, réforme à laquelle il ne capte rien lui même, il a prouvé ces dernières semaines qu'il n'y connaissait rien non plus dans le domaine du travail. Pénible, mal payé, aux horaires défoncés... Pas son problème. Il a aura contribué plus que tous les autres présidents avant lui à casser le rapport des Français avec le travail. Au lendemain de la condamnation à deux ans supplémentaires de travaux forcés, ne pas espérer que les Français aillent au turbin en sifflotant Merci Patron

On sait donc ce qu'il reste à faire. Quinze jours de blocage dur et cette réforme ne sera plus qu'un souvenir. Quinze jours de salaire perdu pour gagner deux années de vie. Ça, au final, c'est très bien payé. 


Retour sur les films : La Nuit du 12 (Dominik Moll, 2022) vs. BDE (Michael Youn, 2023)

À ma gauche, La nuit du 12 de Dominik Moll (2022),thriller d'auteur issu du cinéma classique et vient d'être encensé par les César. À ma droite, BDE de Michael Youn (2023), une comédie potache en mode artillerie lourde direct-to-video produite et diffusée par Amazon, réalisée par une ancienne star de la TV et qui n'a rigoureusement aucune chance d'être nommée à la dite cérémonie. 

Ces deux-là ne boxent pas dans la même catégorie et n'ont sur le papier rien en commun si ce n'est que je les ai visionnés le même soir dans la foulée l'un de l’autre, vendredi soir, juste après la cérémonie des César 2023. Et j'en tire comme conclusion, à travers ce combo critique de l'extrême, que le plus caricatural des deux films n'est pas forcément celui qu'on croit. Mais c'est ça la beauté du cinéma. 

La nuit du 12 est un bon thriller, présenté d'entrée comme l'inverse d'un Faites Entrer l'accusé (c'est à dire qu'il n'y aura pas de coupable à la fin... enfin que tu crois). De très belle facture, c'est  admirablement mis en scène. Dominik Moll est un des rares cinéastes français à avoir un vrai sens de l'espace et l'art de sublimer les décors naturels sur chacun de ses films. L'interprétation est parfaite et contribue à l'envoutement que provoque la pourtant non-progression du récit. Mais, c'est justement sur le récit que ça pèche un peu. Malgré ses apparences cérébrales, le film bourrine sa démonstration comme pas permis alors que l'enquête sur le crime de la jeune Clara, qui sert de fil rouge, s'enlise. On comprend vite le vrai moteur du film : déglinguer les hommes. D'ailleurs le récit est un peu malhonnête dans son introduction puisque à l'inverse des enquêteurs, le spectateur sait avec certitude, lui, que le coupable est un homme. La démarche est compréhensible (et d'ailleurs énoncée dans le film « tous les hommes auraient pu tuer cette fille ») mais en devient mécanique et se cantonne à ça. Rétrospectivement, tous les personnages masculins apparaissent négatifs ou au moins suspects. Tous sont tarés, salauds, machos, minables, tabasseurs de femme, dans le meilleur des cas : incapables de communiquer. À l'inverse les, rares, personnages féminins irradient le récit : tenaces, fières, lumineuses, lucides, courageuses. Le seul personnage mâle un tant soit peu pardonné est celui de Bouli Lanners, mais sa rédemption passe par l'exil hors de la société (et, au passage, il est largué par sa femme). Si au bout de 1h50 de réquisitoire vous n'avez pas compris que les hommes c'est le mal et qu'il faut tous les isoler, c'est que vous êtes aveugle tant c'est fléché avec des grosses lettres au néon dans chaque scène. Le récit ne va pas au-delà, même pas de l'enquête (qui ne doit d'ailleurs son vague sursaut final qu'à une femme). La progression du personnage masculin principal est minime, il passe de la boucle en vélo sur circuit fermé des premières images du film, à la difficile ascension en solitaire d'une route de montagne au générique de fin. Le symbole que les hommes doivent encore faire beaucoup d'effort dans le domaine du respect des femmes (si jusque-là t'avais pas compris). Nonobstant ses réelles qualités artistiques, c'est d'abord un film-thèse (qui a parfaitement compris l'époque) qui a été récompensé, pour tenter de faire oublier le pataquès Polanski d'il y a trois ans. Etonnement, on ne fait peu le reproche à Moll d'être un homme et de ne mettre en scène quasiment que des hommes. J'ai lu cet argument utilisé à l'inverse contre Todd Field qui ne met presque en scène que des femmes dans Tar (que je conseille, toujours en salle). 

Aux antipodes teleramesques donc, le BDE de Youn est moins (euphémisme) dans l'art du cadre soigné   et bien malin celui qui trouvera un quelconque message caché sur ma masculinité toxique dans ce récit potache d'une nuit sous substance à Val Thorens (à part que ça tombe mal avec l'actualité récente des faits-divers). Mais bon, il y a une énergie là-dedans et un indéniable sens du rythme (dans la première partie au moins) qui font du bien par les temps qui courent. Tout ancien amateur de John Hughes (réalisateur qui au train où vont les choses sera bientôt lui aussi cancelé) ou des films d'Adam Sandler et Ben Stiller ne pourra qu'apprécier ce n'importe quoi puéril et festif qui ne fait pas honte à ses maîtres, soigne ses personnages secondaires (bien mieux que dans La nuit du 12 par exemple) et qui a même réussi à me faire rire (homme qui rit, doublement coupable en somme).


Retraites : Le blocage oui mais...

"- Vous comprenez : on doit travailler plus parce qu'on vit plus longtemps", Random macronard.

"- Mm... Rien que cette année j'ai trois proches qui sont morts dans la cinquantaine et de cause naturelle. Tous ont cotisé un max. Alors tes 64 ans au nom du progrès de la science.... M'est avis qu'eux ils n'en profiteront pas des masses de leur retraite.

Les macronards ont mis le doigt dans un mécanisme du mécontentement qui déborde même le cadre, arithmétiquement débile, d'une réforme des retraites qui mécontente tout le monde, qu'on la considère inutile, inappropriée ou au contraire pas assez ambitieuse. Au-delà de donner des gages à Bruxelles, le but quasi philosophique de cette réforme est d'intensifier le maillage intellectuel sur le quidam et ne le conduire à n'entrevoir aucun à côté ni aucun au-delà à la seule occupation salariée et au remboursement des dettes, individuelles ou collectives. Avec son projet de réforme tout pété, Macron a décapsulé le ras-le-bol français d'un modèle dont chacun perçoit l'essoufflement et le mensonge. Le travail est une partie (chiante et mal payée) de la vie, sûrement pas la vie. Et encore moins la seule perspective de vie à espérer en attendant la mort. On ne veut pas mourir au travail, c'est tout. 

Tandis qu'a l'Assemblée nationale se tiennent, autour du texte de la réforme, des représentations live du Muppet Show plus affligeantes les unes que les autres, de gauche à droite, et qui éloigneront encore plus des urnes le peu d'électeurs qui restaient pour voter pour ces guignols, les Français se mobilisent avec assiduité et bien plus de dignité (et moins de salaire) dans tous les coins du pays. Samedi 11 février, c'était la quatrième journée officielle de mobilisation intersyndicale contre la réforme Macron des retraites. La manifestation parisienne était la plus populaire que j'ai vue depuis des lustres : Des familles, des enfants, en vélo, en trottinette. je ne sais ce qu'il adviendra mais tout cela laissera des traces. Et quoi qu'il se passe désormais avec ce texte, le pouvoir en ressortira affaibli. Ce beau succès de samedi rentrerait presque dans la catégorie faits-divers des médias désormais : un million et demi de personnes tous les trois jours, ça manque de peps et, surtout, de casse. Fort heureusement, la promesse d'un "arrêt du pays" et de grèves potentiellement reconductibles titillent l'imaginaire du présentateur d'information feuilletonnée. 

Car oui, on y vient ! Ça a pris le temps, mais c'est décidé : c'est le blocage ! Enfin bientôt, peut-être, faut voir, et y réfléchir, et puis le mot "blocage" c'est un peu fort, il ne figure pas dans le communiqué de l'intersyndicale sur lequel se paluchent toutes les rédactions depuis samedi. Une chose est sûre néanmoins, "La France à l'arrêt" ce sera pas pendant les vacances, faut pas déconner. Ici, nos révolutions se tiennent à débit différé. 

Blocage, ultimatum, arrêt... Quelque soit le nom, il nous faudra passer par cette épreuve de force qui sera d'autant plus courte qu'elle sera massive. 

Les mobilisations c'est indispensable, mais on a affaire en face à des radicalisés : des gens déconnectés de tout. Que l'on soit un million ou deux dans la rue, ce n'est pas qu'ils s'en foutent, mais ça n'évoque pas grand-chose chez eux. La rue ? Les gens ? Le travail ? Ce sont des concepts assez abscons pour notre Macron et sa clique. Ils ne comprennent qu'une chose : la peur.  On a eu la preuve au moment des gilets jaunes et on a le rappelle quasi quotidien dans la façon qu'ils ont de mettre en scène le harcèlement dont ils seraient victimes, opposant une violence sauvage chez les autres pour mieux se dédouaner de la violence de leur politique et de leurs propos. Deux millions de personnes en France c'est bien, 100000 déterminées autour du palais présidentiel ou de l'Assemblée et la reforme est retirée dans la journée en mode Super 49-3 express

Il en va de même pour le blocage qui, une fois dépassé le stade du mot pas prononcé, se devra d'être intelligent pour cibler là ou ça fait mal à l'élite : au hasard le blocage des recettes fiscales, celui du traffic aérien ou des chiottes de l'Elysée...  Reste à savoir si la France du secteur public comme du secteur privé aura le courage de se mettre à l'arrêt. C'est facile de critiquer cette tête-à-baffes de Macron, surtout après avoir voté pour lui à répétition. Il va falloir aussi lui montrer que La France a un autre talent que celui de faire de belles pancartes et de jolies chorégraphies dans des manifestations pacifiques. 










La martingale ukrainienne - Année 1

Ça a commencé au quart de tour. Il y a un an déjà. Et dès que nos politiques s'en sont mêlés, cette histoire a eu comme un gout prononcé de troisième guerre mondiale. LCI ne s'y pas trompée. Elle a commencé une édition spéciale Zelensky Télé qui, douze mois après, n'est toujours pas terminée. 

Des le 23 février 2022, les mêmes qui te traitaient de facho au moindre drapeau français timidement sorti se mirent à afficher des bannières ukrainiennes au frontispice de leur bio (ils en apprirent les couleurs sur Wikipédia 20 minutes plus tôt). 

Les dirigeants des pays de l'Union Européenne, qui ont pourtant un gros problème avec le concept de frontières intérieures, s'inquiétaient soudain pour celles de l'Ukraine. 

Très vite le camp occidental du progrès s'est organisé de ses cocasses blocus pour faire plier l'envahisseur russe mettant en péril l'Europe, du moins dans la version qui serait chantée en choeur par les rédactions. Qu'a t-on dit alors chez nos médiocres ministres : tout cela sera réglé en trois semaines et nous ferons plier l'économie russe. Le camp du progrès et du valeureux occident se pense toujours et en toute circonstance majoritaire sur cette planète, au-dessus des peuples, de leur histoire et de leurs matières premières. Les blocus ont effectivement fait beaucoup de dégâts, chez nous. 

Depuis, à chaque prétention repoussée par les faits, et alors que l'économie russe se trouve de nouveaux alliés (LCI dépitée parle même de "miracle russe"), le camp du progrès se couvre de ridicule à mesure que son économie sombre. Mais pas grave, si on a pas de pétrole on a des idées : le responsable de la flambée des prix de l'énergie et de l'inflation du paquet de Pépito au Franprix est tout trouvé. Poutine c'est le nouveau Covid, en mieux. Rendez vous compte : il musèle la presse et a un melon surdimensionné. Pas le genre de nos dirigeants à nous. 

Rien de tel qu'un bon ennemi pour souder les masses. 

Alors les camés de la cancel culture se sont trouvés une nouvelle cible, carrément un pays. Désormais, les totalito-tolérants éclairés éradiquent tout ce qui concerne la Russie dans les domaines stratégiques militaires que sont la culture, le sport et l'histoire. On mène la guerre qu'on peut avec les moyens intellectuels dont on dispose.

Fascinant ces gens qui criaient au fascisme et à la dictature à longueur de journée et sont les plus va-t-en guerre aujourd’hui. Et attention, si tu relativises un peu tout ça : les apôtres de la sagesse universitaire et autres débunkers subventionnés te classeront complotiste, négationniste, extrémiste.

Fascinants ces anti américains tout terrain qui défilaient contre la guerre de Bush il y a vingt ans et qui aujourd’hui en appellent à l’Otan pour foutre sa pâté à Poutine. Fascinants ces gens qui ne comprennent pas que nous sommes les pions d’un jeu de couillons où l’Europe à tout perdre (et La France qui a déjà le plus à perdre dans l’Europe, a une place de choix dans le podium de la loose). Seront ils toujours aussi enthousiastes lorsqu’il faudra envoyer leurs enfants et leurs petits enfants au combat (et au nom de l'égalité, j'attends une participation massive des femmes), sachant que la durée du vie sans pisser dans son froc d'un européen lambda sur le théâtre des opérations est d'à peu près quatorze secondes ? A la vingtième seconde il collabore, à la trentième il parle couramment russe. 

Hier contre la guerre en Irak au nom de l'absence d'armes de destruction massive, aujourd’hui ils la réclament contre un pays qui en dispose. Se rendent-ils compte que non seulement ils font déjà la guerre par procuration mais qu'en plus ils la perdent ? Ce champs de ruines qu’ils pleurent là-bas (juste celui-là, la pitié est sélective) au sujet d’un pays dont ils se contrefoutaient il y a tout juste un an (déjà envahi depuis des années), ils l’auront d’une autre façon ici. Piteuse UE à l'agonie qui ne réalise même plus le risible de ses gesticulations. A court de projet et de courage, elle distribue des chars, des canons et des avions. Elle veut sa guerre pour réaffirmer sa supériorité et son esprit des lumières (en LED made in China). L’UE de la paix et de la stabilité devait nous protéger de l’inflation et de la guerre. 

Et bien devinez quoi. On a l’inflation et on aura la guerre.

Retour sur le film : Super Express 109 (Junya Sato, 1975)

Son titre sonnait comme une réclame de lessive et son affiche façon comics a marqué mon enfance. Elle était placardée dans le cinéma de la station balnéaire où nous allions en vacances, mais le film ne passait jamais. Super Express 109 est un de ces films que j’ai fantasmé des décennies sans jamais l’avoir vu. Jusqu’à aujourd’hui. Avec ces plans débullés, sa musique funk à la Lalo Schiffrin, ses cascades sans trucage où tu sens que les acteurs se font mal et son montage plus nerveux qu’une série Netflix (mais avec le souci d’être toujours compréhensible), on a du mal croire que cet opus japonais de 2h30 alternant entre le polar et le film catastrophe date de 1975 tant il est moderne dans sa conception. 

Il n’y a qu’à voir ce que produisait le vieil Hollywood au même moment en terme de films catastrophes (Airport, Tremblement de Terre ou l’Aventure du Poseidon qui ont tous gravement vieillis) pour mesurer la largeur du pas de côté fait ici et sa dose de sang neuf (hi hi). J’exagère, il y avait aussi la même année Les Dents de la Mer

L'histoire : Trois laissés pour compte de la crise économique (un paumé, un militant politique déçu et un patron criblé de dettes) placent une bombe sur le TGV nippon pour récupérer une rançon de 5 millions de dollars. Si le fleuron de la technologie japonaise passe sous les 80 km/heure, il explose. S’en suit une course enquête policière pour retrouver les terroristes et stopper le train sans qu'il se crashe. 

Oui, remplacez le train par un bus et vous avec le pitch du Speed avec Keanu Reeves réalisé vingt ans après. D'ailleurs ce Super Express 109 (aka The Bullet Train) ressemble dans ses grandes lignes a beaucoup de films... qui l'ont suivi. Runaway Train, Dernier Train Pour Busan, Unstoppable ou Snowpiercer. Tous ces films doivent quelque chose à Super Express 109, on y reconnait même à l'iidentique un futur plan des Goodfellas de Martin Scorsese (1990) (le vol de l’hélicoptère au dessus de la voiture lors de la cavale parano du héros) et même l’ambiance du final nocturne de Heat de Michael Mann (1995). C'est ce qu'on appelle un film matriciel. 

La différence de fond avec les films catastrophes des années 70 est son traitement froid dans un premier temps, presque distant. Le film de Sato laisse ses victimes à leur sort (n'hésitant pas même à les rendre antipathiques) et son récit va de mal en pis au gré de la nullité des forces de police, et sans l’ombre d’un  sauveur providentiel à l'horizon. 

La version originale du film proposée par Carlotta, plus longue d’une heure que celle sortie en France, est émaillée de flashbacks qui dissèquent les motivations des terroristes et changent la nature du suspens. On passe de la tension autour de la bombe au stress de la cavale des poseurs de la bombe. Le script creuse l’histoire des méchants (là où un blockbuster classique se serait contenté de les caricaturer) et le film prend presque une tournure sociale. La trajectoire du dernier terroriste et sa volonté d’en sortir contraste avec le consternant immobilisme des autorités politiques qui ratent à peu près tout ce qu’elles entreprennent, quand elles n’aggravent pas la situation. Le méchant devient le héros et on en vient à souhaiter qu'il s’en sorte avec l’argent. Monde de merde. 

A regarder un jour de grève de la SNCF, un film bien plus complexe que son affiche et son registre le laissent supposer. 

Les boomers se cachent pour mourir

J'ai rédigé assez d’articles ces quinze dernières années sur la génération dorée des baby-boomers. Pas la peine d'en rajouter. On les entend partout. Tout le temps. A faire la morale à cette France qui ne travaille. Les pauvres. Ils ont bénéficié de toutes les avancées sociétales, de l’emploi stable, de la réduction du temps de travail, de la retraite à 60 ans et de la cinquième semaine de congés payés, avec des bons salaires. Ils ont pollué comme aucune génération avant et après eux et ont soufflé comme personne dans la bulle immobilière en reléguant les deux générations derrière à s'entredéchirer et alterner des périodes de chômage de masse et de bullshits jobs sous le signe du mal logement, de la flexi-précarité et d’une planète mourante. Pas mécontents de ce triomphe, ils ont remercié la gauche et les syndicats pour leurs combats sociaux gagnés et dont ils ont été les premiers à profiter, en votant systématiquement à droite et en ne pensant qu'à leur gueule. Ils ont érigé en life-style décontracté les mécanismes de spéculation et d’individualisme comme personne avant eux. Aujourd’hui certains se goinfrent encore des pensions de retraite qui feraient saliver les trois quart des actifs (ces derniers payent d'ailleurs pour les pensions de leurs ainés). 

Donc je ne vais pas y revenir. 

Sauf que. 

Et si cette crispation autour de l’allongement du départ de l’âge de la retraite, la colère d’une population se confrontant à la cécité d’un président, sonnait comme un passage de génération ? Elle se pensait et se voyait immortelle, les choses politiques, économiques et fiscales étaient pensées pour et par elle depuis vingt cinq ans mais, ça devait arriver : cette génération disparait. Tel un Michel Drucker sous stéroïdes, elle a eu beau repousser le jeunisme jusqu’aux confins du chimiquement possible, et faire la pluie et le beau temps électoral, l’ère de son dernier poulain Macron est aussi son chant du cygne. Elle laisse derrière elle un champ de ruines idéologique et économique, et nous abandonne comme seule perspective politique de s'acharner à prolonger en coma artificiel, et en bien moins confortable à titre individuel, un mode de vie destructeur pour la plupart. 

Au nom de l'espérance de vie gagnées par cette génération (ou plutôt par les progrès accomplis pour elle), le proooojet de leur petit valet de pisse du Touquet est de faire bosser jusqu’à la mort au nom de la "valeur travail" tout ce qui aura moins de 64 ans (Rappel, l’espérance de vie en BONNE SANTE dans ce pays est de 64,1 ans). Mathématiquement, ça coince. Et ça commence à s'entendre dans la rue dans des manifestations dont les cortèges sont remplis... d'actifs. Les Baby-boomers pouvaient jusque-là faire une élection, ils ne font plus la nation. 

Attention, je n’ai rien contre eux. C'est loin d'être une génération homogène (je vais encore me prendre des commentaires : "oui, ils sont pas tous comme ça". JE SAIS. D'où ma nuance entre "boomers" et "golden retraités" ) mais il y a des réalités statistiques incontournables. Le revenu moyen des retraités en France en 2019 est supérieur de près de 2% à celui des actifs, alors que leur revenu moyen est plus faible. Admettons aussi que, baigné dans le même air du temps et avec les mêmes cartes en main, j’aurais sûrement opté pour le même parcours (sauf voter Macron, ça vraiment c’est de la merde à tout âge). Ajoutons que les nouveaux retraités sont déjà déjà bien moins lotis que les précédents et ils le seront de moins en moins. Hormis par la transmission d’héritage, le golden retraité est un concept du passé. Comme on dit en manif : "les maltraités deviendront les mal-retraités". Ces enfants et petits enfants des boomers aux jeunesses niquées (pas assez d'expérience professionnelle à 18 ans et trop âgés pour "le marché du travail" à 50) sont bien partis pour être niqués sur toute la ligne jusqu’à l’EPHAD (où ils n’iront jamais, l’EPHAD comme les soins médicaux, étant des concepts pour golden retraités : ils disparaitront avec eux). Le pouvoir d’achat des retraités par rapport à celui des actifs va considérablement baisser en France. Les vieux précaires de demain sont les salariés d’aujourd’hui. 

Alors que faire ? 

La réponse est dans la question. Le travail était déjà l’activité la moins rentable du spectre capitaliste (comparé à la bourse, à la spéculation immobilière ou à l’héritage). Avec l’inflation dans laquelle nous nous embourbons, le travail est la garantie de PERDRE 10% de pouvoir d’achat minimum par an. Ne pas espérer ni s'enrichir, ni abonder sérieusement les fonds d'une retraite par répartition quelconque avec des payes de misère. La question de faire quelque chose avant la retraite ne se posera bientôt plus, la réponse sera évidente : Rien. Ou plutôt : ne plus contribuer à cette farce économique qui nous échappe. Se tourner vers soi et la survie de ses proches. "C'est la fin de l'abondance" a dit celui qui s'est fait élire en promettant l'inverse. Il peut s'inclure dans le package, c'est la fin de son système d'exploitation des masses. On voit bien qu'il patine à vide face à l'opposition des trois quarts des Français. Il n'a tout simplement plus rien à dire. La fin du fantasme d'un capitalisme heureux s'installe peu à peu dans les consciences. Dur à reconnaître et surtout accepter (pas facile de sortir d'un mensonge géant). Ça ne continuera pas sans douleur, avec probablement de grands malheurs mondiaux pour nous distraire de nos misères locales, en attendant le reboot s'il a lieu.

Pas génial hein ? 

Oui et non, même si ça s'accélère un peu là maintenant, le processus est long. C'est sûr qu'à l'échelle d'une génération, ça peut paraitre un peu plombant (Après le golden-retraité, il y aura le misère-retraité). Mais, si nous survivons à tout ça (économiquement et climatiquement) il est possible les générations d'après tombent moins sottement que nous dans le panneau du progrès qui n'en est pas un. Ils vivront surement moins vieux mais auront à coeur de vivre mieux. 

On a vu ce que c'était une société de golden retraités. On a déjà donné.

Retour sur le film : God Told Me To (Larry Cohen, 1975)

Un flic fervent catholique, sosie de Houellebecq jeune, enquête dans un New-York bien crasseux sur une épidémie de meurtres aux divers auteurs que rien ne prédestinait à tuer. Ils se justifient tous comme un seul homme en prononçant ces mots "J'ai tué parce que Dieu me l'a dit". 

En plein milieu des années 70, tout juste sorti de sa phase "blackspoitation" et avant son hit horrifique Le Monstre Est Vivant, Larry Cohen, le créateur des Envahisseurs et le prince du pitch qui tue (les films ne remplissent pas toujours les promesses), tourne à l'arrache pour une poignée de dollars God Told Me To (Meurtres Sous Contrôle en VF) : un polar urbain tourné en mode quasi documentaire dans sa première partie (on voit régulièrement dans le cadre des figurants malgré eux qui se demandent ce qui se passe). C'est nerveux, filmé à l'épaule les deux tiers du temps et monté en mode turbo (comme souvent chez Cohen dont je doute qu'un seul de ses films fasse plus de 85 minutes). 

Le petit tour de force du film, et ce qui le démarque du thriller initial, est qu'il glisse en cours de récit vers le surnaturel en se renouvelant esthétiquement. À mesure que l'enquêteur est provoqué dans sa foi, le rythme se calme, les éclairages sont plus travaillés, le récit quitte littéralement le rez-de-chaussée des choses pour s'enfoncer dans les entrailles bouillantes de la ville ou dans ses hauteurs mystiques. On pense d'ailleurs souvent à Angel Heart d'Alan Parker, tourné dix ans plus tard. Superbement photographiée et bien endiablée, cette série B qui tient autant de Werner Herzog que d'Abel Ferrara, passe très honorablement le test des années.



Retraites : Des nouilles encore !

« - Pour les actionnaires c’est des couilles en or, pour les  salariés et les retraités c’est des nouilles encore » 

C’est lorsque j’ai entendu la journaliste de BFM, dans la lumière ouatée du plateau d’info-feuilleton, conclure avec ce slogan son compte-rendu des pancartes lues dans les cortèges du 31 janvier, juste avant la page de publicités, que j’ai compris que le petit diner de Macron avec les éditorialistes, afin de leur souffler les éléments de language pro-réforme affinés à Davos, n’avait pas encore eu l’effet escompté et que le point de retournement média contre les manifestants n’était pas encore atteint. 

Il faut bien constater cette réforme foireuse torchée dans la précipitation par la clique à Macron mobilise de plus en plus contre elle. 93% des actifs sont opposés à la réforme et le mécontentement est même devenu majoritaire chez les retraités : BFM ne peut pas non plus se fâcher avec la majorité de son audience. J’entends dire que même la Manif pour Tous est contre cette réforme en raison du traitement qui est réservé aux mères de famille.  

Le 31 janvier était donc une nouvelle journée de manifestations réussie avec une mobilisation en hausse. Le SAV robotisé des causes perdues était au rendez-vous le soir même sur les ondes. Le plouc Véran chez Hanouna et Attal le gominé au 20h de TF1. « Si vous continuez à vous mobiliser, continuez à le faire en respectant les Français qui travaillent » déféqua-t-il aux syndicats avec la suffisance qu’on lui connaît. Avec plus de 2 millions de personnes dans la rue, c’est présomptueux de croire qu’il s’agit là seulement 1 / de syndiqués 2 / de gens qui ne travaillent pas. Excusons nos élites, il en va de la rue comme du travail, ils n’en connaissent que ce qu’en disent leurs fiches rédigées par MacKinsey. 

Dans les cortèges, et sans que nous nous soyions concertés, j'ai recroisé d'anciennes têtes des mobilisations de l'avant Macron, voire de l'avant Hollande. Pour le moment, ça ressemble à 2009/2010 mais en plus profond, car il n'est pas ici seulement question des retraites (beaucoup des gens croisés hier savent très bien qu'ils n'en auront pas ou très peu) et il y a aussi une plus grande variété dans les profils de manifestants (plus jeunes que dans les manifestations de 2009/2010 sur les retraites) avec une plus large montée dans les villes moyennes et dans les zones rurales par rapport aux zones plus "riches". À force de mépris et de déni, la macronie est-elle en train de se confectionner une bonne force d'opposition populaire, philosophique en plus d'être physique, étendue à tout le pays ? Cette tête de noeud aura au moins réussi un truc en 6 ans.  

Et donc ? critiquent les sceptiques. Et bien on remet ça avec deux journées la semaine prochaine, le mardi 7 et samedi 11 février pour la possibilité de diversifier un peu les foules, avec le risque aussi de la dispersion pour cause de vacances. 

« - Oui, la contestation ça va bien deux secondes mais hors des congés payés bordel ! »

La question du blocage va bien finir par devoir se regarder en face mais ces deux dates proches ont au moins le mérite de tester la motivation des troupes (et de permettre une rotation des mobilisés). Regardons ce qui se passe actuellement en Angleterre : la contestation dure depuis des mois. 

C'est un moment de vérité : ceux qui appellent à la grève continue ne vont plus pouvoir se cacher longtemps derrière l'inaction supposée des syndicats. Si l’on n’est déjà pas prêt à faire grève un ou deux jours en deux semaines, comment croire à un blocage suivi dans la longueur ? Macron fait aussi ce calcul : les payes sont ridicules et beaucoup de salariés sont endettés, la grève coûte. Pourtant, reculer maintenant, c’est signer non seulement l’application de la réforme mais la poursuite de ce rapport de force ultra violent entre une poignée de nuisibles (eux et l'infinitésimale clique qu’ils servent) et nous, les infiniment plus nombreux et bien trop gentils.

Réforme des retraites : n'avoir aucune idée de ce qu'est le travail

J’entendais ce matin Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, un peu fatigué à l’antenne d’RMC. Il est bien conscient des risques d’enlisement d’un mouvement de contestation morcelé quand bien même ce mouvement est soutenu par une majorité des français. 

Avec 72% des Français opposés à la réforme Macron des retraites, la bataille actuelle est un de ces moments de vérité collectifs assez rares de la société française. La défaite n’est une option pour personne. Si Macron recule, il peut légitimement penser que son quinquennat est terminé. En revanche, si les Français (majoritaires quand même) cèdent par désertion, ils auront dégringolé un pallier de plus vers la désintégration sociale du pays déjà bien amorcée. Macron pourra terminer son quinquennat tranquille avec encore plus de morgue et préparer le terrain pour le clone banquier suivant. 

Le combat comptable autour de cette réforme est simple : on vous vole quatre ans de vie et des dizaines de milliers d’euros. Mais il y a aussi le combat philosophique. Ce que l’on attend du travail. De l'école à la télé : il y a obligation morale, avant même financière, à travailler. Le travail doit se suffire à lui-même, de votre seul présence à son chevet est censée colmater tous ses incohérences et absurdités : Les mauvais salaires (commencer se loger sans aide familiale même avec un boulot quand on est jeune, et quand on est moins jeune : comment acheter quand on est pas marié ?) mais aussi les temps de trajets (pourquoi donc ce n’est pas rémunéré ?), sa prise globale du temps (on pourrait tout à fait travailler beaucoup moins, alors que nous avons gagné des capacités de production hallucinantes en quelques décennies). La question de la pénibilité évidemment est au centre de la pièce. Mais, tout travail où tu ne te lèves pas pour toi et tu ne disposes pas de ton temps EST par définition pénible. Point. Après, suivant le poste, l'encadrement, la paye et les conditions, on s’enfonce du "très" au "super" pénible. 

On peut être de gauche ou de droite, chacun concèdera que te dire que tu vas devoir te taper 44 ans de boulot de merde pour vaguement pouvoir profiter d’une aumône à la fin d’un parcours à la Squid Games (si tu es encore vivant), ce n’était pas clairement un super mouv' marketing à lancer en pleine inflation et à deux doigts d’une troisième guerre mondiale.  Sans compter que tout le monde a désormais bien compris, avec une poignée de riches s'accaparant à vitesse grand V la quasi intégralité de cette planète, que le travail est finalement l'activité la moins enrichissante. 

Le monde de Macron est à l’agonie et avec sa réforme pour satisfaire l'UE et les marchés il nous entraîne dans son délire comptable (qui sera de toutes les façons remis sur la table d'ici quelques années). Le débat ne devrait pas seulement se focaliser sur cette fin de vie aménagée qu’on appelle la retraite mais sur ce que nous faisons au présent de ce fardeau nommé travail. Et quand je dis travail, c'est pour la plupart de salariat dont je parle : cette drogue occidentale au confort de la paye qui tombe chaque fin de mois et qui est au fond la cause de tous nos maux, de notre docilité sociale et nous sort de la merde tout autant qu'elle nous fige dans le mal-être. 

Martinez a dit une chose juste ce matin : il faut bien que ces gens (Macron et son régiment de couillons) n’aient aucune conscience de ce qu’est le travail pour imposer une telle réforme. C’est tout à fait ça. Le grand problème de ce pouvoir (et ce n’est pas d’hier) est sa déconnexion complète avec le peuple qu’il représente. C’est son péché d’orgueil et probablement par là qu’il périra aujourd’hui ou un autre jour. Macron a commis l’erreur de leur lancer, fier de lui comme tous les cons, que les Français n’étaient que ses électeurs, dont la finalité et leur bonheur seraient d’être des esclaves, salariés et imposables, jusqu’au cimetière. 

C’était déjà vrai, mais ce n’était pas le bon moment pour leur rappeler. 

À tout à l’heure dans la rue.

Retour sur le film : Cry Macho (Clint Eastwood, 2021)

A bien y regarder, on peut dater le début des films testamentaires de Clint Eastwood à L’Homme Des Hautes Plaines… en 1974. 

Un testament cinématographique. Ça fait presque cinquante ans, soit quasiment la période où on l’a pour la plupart connu, qu’on peut ainsi lire une large partie de ses films en tant que réalisateur. C’est le cas de Bronco Billy, Impitoyable, Gran Torino, Honky Tonk Man ou même Les Pleins Pouvoirs qui sont des variations sur le personnage et l'icône Eastwood, son rapport à la violence, son passé et la filiation. 

Son dernier film à ce jour, Cry Macho, s’inscrit dans cette liste mais en plus surprenant, car plus maladroit, réellement marqué par l'âge de son héros. Cry Macho est peut-être le dernier tour de piste du réalisateur Eastwood (je ne dis plus "probablement" le mec ayant la faculté de remettre le couvert là où on ne l'attend jamais depuis 25 ans). 

Ce road movie fauché aussi fragile que son héros principal arrive dans le sillage de The Mule, son film précédent qu'Eastwood signait à près de 90 ans. La Mule clôturait, on le croyait alors, avec style et cohérence sa carrière. Dans le dernier plan, il y mettait en scène une fin de vie amère, mais choisie, à cultiver son potager dans une prison aménagée. Cry Macho propose une autre piste, une alternative hors des sentiers battus, littéralement hors des Etats-Unis (ce n'est pas anodin pour lui) : au Mexique. 

Scénario passé de main en main et tourné en dépit du bon sens en plein Covid, on se demande dans la première demi-heure ce qu’Eastwood a cherché à faire. On a même mal pour lui : voix chevrotante, démarche hésitante, intrigue tirée par les cheveux, j’ai presque eu envie d’abandonner un film me faisant de la peine… jusqu’à la scène dans la chapelle où son personnage, le vieux champion de rodéo Mike Milo, s’allonge dans la nuit pour se confesser au bord des larmes sur sa famille perdue il y a des années dans un accident. Difficile de ne pas être ému par ce plan sombre, au sens premier, où Eastwood, figé, met en image la mort du cavalier fantôme de Pale Rider. C’est le point de bascule d’un récit, brodant jusque-là sans conviction autour du passage de flambeau entre générations. 

A partir de là, le film devient plus léger, le road movie prend ses aises et s'installe dans un village mexicain Le vieux cowboy revient parmi les vivants, reprend de la force, à la source imprévue d'une jeunesse inespérée il débute même une romance à 90 ans. Le film trouve son sens dans le dernier plan. Là où The Mule s'achevait sur un Eastwood isolé, le réalisateur fait ici le choix d’y croire encore un peu et le cowboy entame une dernière danse avec sa compagne dans un saloon abandonné. J’ai lu dans la presse que c’était un film "mineur" d’Eastwood. Je ne sais pas ce que ça veut dire, le truc aurait été réalisé par un jeune cinéaste indépendant argentin : les mêmes auraient trouvé ça génial. Cry Macho est en revanche un de ses films les plus tristes... peut-être parce qu'un de ses plus sincères


Retour sur le film : Caméra Café, 20 ans déjà (Yvan Le Bolloch + Bruno Solo, 2023)

Titre naze, concept casse-gueule surfant sur la vague nostalgique des programmes télévisés du début du siècle (ici la shortcom "Caméra Café" diffusée sur M6 entre 2001 et 2004) et au bout... une réussite. 

Le produit télévisé diffusé par M6 est vendu comme une série en deux épisodes mais on a affaire ici à un vrai film cinéma d'1h30 (bien mieux maitrisé qu''"Espace Détente", la précédente aventure cinématographique inspirée par la série).

La dernière journée de boulot de Jean-Claude Convenant, le commercial macho de chez Geugène Electro Stim, est l'occasion de revenir sur 20 ans d'histoire sociale, sociétale et politique française. Mine de rien cette ambition est : 
1 / assez rare dans la création française de fiction (c'est une co-production belge ça doit aider) 
2 / ici transformée avec efficacité. On passe du Mariage pour Tous aux Gilets Jaunes avec des détours par la crise des subprimes, Me Too et toutes les campagnes présidentielles. 

En une comédie d'apparence anodine où s'entremêlent le quotidien de la veulerie et la "grande histoire" guère plus glorieuse, on prend conscience des bouleversements de mentalité de la société française et du monde du travail en 20 ans. L'accumulation des saynètes avec des héros aussi bêtes et méchants qu'attachants fait penser aux comédies sociales italiennes à sketches des années 60/70. La morale finale pourrait être : c'était pas mieux avant et c'est pire maintenant. 



Retraites : On ne négocie pas une vie volée

Nous apprenons dans la presse subventionnée et avec la plus grande des surprises qu'Elizabeth Borne est "inflexible", qu'elle "affiche sa détermination" et qu'elle "ne reviendra pas" sur le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. 

Zut alors, l’intersyndicale ne serait pas écoutée ? Après avoir foutu deux millions de personnes dans la rue avec le soutien inespéré de 70% de la population, fallait-il vraiment cramer quinze jours, dans un agenda législatif de cinquante, dans l'espoir que Borne et Macron changent d’avis ?

Sérieusement, qu’attendre de la part de cette minorité radicalisée de Français ?
(Je parle du gouvernement au cas, improbable, où il y aurait un doute)

Négocier ? On ne négocie pas avec des salopards qui vous volent deux ans de vie au nom du dieu "travail", concept dévoyé dont nos escrocs n'ont pas un exemplaire sur eux, mais aussi mot-valise pour "fermez vos gueules les Français !". 

Les mecs devraient tout faire pour bloquer des prix qui prennent du +20% au semestre, mais non. La priorité de vos élus est de reformer les retraites pour "sauver le système". Et, après 200 Milliards distribués sans contreparties en deux ans aux entreprises (qui en ont refilé plus de 80 aux actionnaires sur la seule année 2022), ils nous martèlent l'urgence d'un plan de "sauvetage des retraites" pour une poignée de milliards dont il n’est d’ailleurs même pas sûr que le dit système est réellement besoin !

« - Oh la la, mais tu comprends la valeur travail et toussa ! Il y a trop d’inactifs et pas assez d’actifs ! ». 

Quand on dit travail en France, on dit d’abord salarié (87,4% de l’emploi). Salarié étant aussi le niveau le plus bas dans l’échelle des valeurs capitalistiques, combattre au quotidien pour améliorer ses conditions devrait être l’obsession de tout salarié. Le salariat est de la location de ton temps, de ton cerveau et de ton corps, un esclavagisme améliorée empreint d’idéologie du devoir accompli où, bercé par une illusion d’un progrès, après avoir été sorti du lit le matin avec le bâton du crédit à rembourser, tu cours tête baissée après la carotte du confort à atteindre en fin de journée. Il s’agit pour les gouvernants à qui tu as abandonné le pouvoir (parce que c’est plus simple) de te faire nager en rond avec des brassards là-dedans en te dissuadant d'aller t'aventurer hors du petit bassin : de ta sortie des études (à condition que tes parents te les payent) au cimetière (à condition d'avoir réglé le caveau à l’avance). Dans ce bref passage de vie terrestre à se faire traiter comme de la marchandise pour impressionner des gens dont tu te fous et enrichir au-delà de toutes les limites de la décence d’autres gens que tu ne connais pas, tu seras bien gentil de cramer toute ton épargne en consommation sans trop de plaindre des prix. Dans ce concept, on ne peut plus émancipateur, la retraite apparaît comme un Graal à trois mètres de la pierre tombale : "A 62 ans, je vais enfin pouvoir commencer à vivre". Il faut le reconnaître la retraite a été l’appartement-témoin d'un capitalisme "heureux "dont ont profité une génération ou deux, le temps de faire monter jusqu'au prohibitif les prix de l’immobilier et de systématiquement voter pour les pouvoirs successifs les plus anti-retraites possibles. 

Maintenant on te "change le jeu" (dans leur mindset tu n'es guère plus qu'un pion) et on te rajoute deux ans de salariat (enfin pour les "happy few" les plus chanceux, les autres seront au chômage depuis bien longtemps) pour t’enlever deux ans de retraite de l'autre côté, soit 2+2 = 4 années niquées (Ding, le compte est bon ! Ah ça valait le coup de "Voter Macron pour combattre ses idées"). 

Entends bien que, pour les hommes, l’âge d’espérance de vie en bonne santé (62,7 ans) sera désormais en dessous de l’âge légal de départ à la retraite (qui dans la réalité sera en fait bien au dessus). On voudrait te cracher à la gueule sans même avoir à se fatiguer à le faire, on ne pourrait pas mieux. Crève en silence, heureux car au travail. Mais n'angoisse pas : si t’as bien été soumis, sans écart aucun, au salaire minimum pendant 43 ans, tu les auras tes 1200 balles de retraite… net ? Euh non brut… donc en dessous du seuil de pauvreté (1103 euros en 2022). Ah ça fait rêver toute cette "valeur travail" amassée dans une vie... 

Et on serait encore dans une approche de négociation avec ces fils de chacals nés avant la honte ? Il n’y a rien à négocier. Ils le répètent à longueur de tribunes. On ne discute pas avec ces gens qui n’ont pour nous que le plus profond des mépris. Ils ne comprennent que la force et la peur. Il n'y a pas d'alternative.


Asymptomatique, le livre de Seb Musset disponible en  

version papier (324 p.) ou numérique (epub) 




Retour sur le film : Sibériade (Andreï Konchalovsky, 1979)

Un plan. 

Il fait en dessous de zéro dans cette foret au bout du monde. Un jour de boulot comme un autre en Sibérie, le « grand-père éternel » travaille à la hache un conifère de 30 mètres de haut en tapant la discute avec un gamin. Arbre après arbre, il creuse son chemin vers la civilisation. À ce rythme, il en aura bien pour deux ou trois générations. À côté des deux, en toute simplicité, un lynx attaché par les pattes à un bout de bois. Chassé quelques minutes avant, le majestueux animal est groggy mais bien vivant, voire un peu vénère. L’arbre tombe et se fracasse dans un nuage de poudreuse. La caméra, les acteurs et le lynx ne tremblent pas. La discussion continue. 

Un plan simple qui serait, sans effets spéciaux, irréalisable en occident aujourd’hui : trop dangereux, trop d’enfant, trop d’acteurs frileux et puis un animal sauvage entravé et un arbre ravagé. Bonjour les procès et le bad buzz sur les réseaux. 

Un plan plus efficace que toutes les expertises géopipolitiques des roboches de LCI au sujet de la lassitude supposée du peuple russe. Les Russes ont une carapace et une endurance dont pour la plupart de nous n’avons pas le début de la moitié d’une appréhension de l’épaisseur.


Le blocage sinon rien

C’était aujourd'hui une belle première journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites partout en France (avec des scores dignes de 1995 dans nombre de villes moyennes). Le million de manifestants est largement dépassé et les orgas sont satisfaites (La CGT annonce 2 millions). Même les quelques casseurs accrédités, sortis des beaux quartiers parisiens pour assurer au service com' du gouvernement les quelques images qui vont bien (tiens prends ça méchant conteneur à poubelles du Boulevard Beaumarchais, suppôt du capitalisme débridé !) n'ont pas réussi à gâcher cette démonstration d'opposition. 

Carapaté derrière les Pyrénées avec onze de ses incompétents ministres (et 3 avions), notre leader Macron a laissé l‘arrière garde des seconds couteaux défendre sa réforme sur les plateaux télés. Devant les écrans géants affichant les mobilisations massives dans toute la France, nos élus de la diagonale du vide politique ont bien tenter de faire "l'effort de pédagogie nécéssaire" pour justifier les bienfaits d'une réforme si mal ficelée que 93% des actifs français en ont désormais compris la substantifique arnaque. On résume : Tandis que l’électorat Macron (dont il est raisonnable d’affirmer qu’une bonne partie ne travaille pas) continuera de se la couler douce avec un niveau de vie au-dessus de la moyenne en traitant tout le monde de feignants ou d’assistés, ceux qui travaillent paieront deux ans de plus pour une retraite dont ils bénéficieront deux ans de moins. Tout ça pour - hypothétiquement - économiser une poignée de milliards au moment où l’on redécouvre pour la quarantième fois en dix ans que les grandes fortunes se sont enrichies comme jamais ces deux dernières années. 

Les arguments du gouvernement sont inaudibles. Même les journalistes les plus serviles ont du mal à soutenir longtemps les thèses avancées. Travailler plus vieux ? Mais quelle bonne idée ! Encore faudrait-il qu’il y ait du travail entre 50 et 70 ans (64 ans pour le départ à la retraite c’est  la base, dans les faits ce sera bien au-dessus).42% des retraités arrivent aujourd'hui à la retraite en se trainant un chômage de plusieurs années. 

Toutes ces mobilisations font donc chaud au coeur, mais elles rappellent également le chapelet de mobilisations de 2010 sur le même sujet. Elles étaient aussi réussies mais, restées dans les seules mains des syndicats puis, trop espacées, elles se sont étiolées sur un semestre et à la fin la réforme est passée toute seule. 

13 ans après le contexte a changé, s’est considérablement dégradé pour une assiette plus large de la population. En 2010, les initiés parlaient aux initiés et les manifestations étaient médiatiquement minimisées. Sarkozy, qui avait fait rêver une partie de l’électorat populaire à base de "travaillez plus et vous serez tous propriétaires", bénéficiait encore d’un vague soutien dans l'opinion. Ce n’est absolument pas le cas en 2023 pour un Macron dont le leitmotiv "faut travailler jusqu'à la mort bande de cons" fait moins fantasmer les masses (surtout quand elles ont déjà quarante ans de boulot au compteur). Macron, mal élu, est aussi mal aimé d’un bout à l’autre du spectre politique dans toutes les classes sociales (sauf les plus aisées). J'ai même entendu des Républicains contre la réforme. L’inflation ronge et ruine une partie plus large de la population. Même la natalité française s’effondre au niveau de l’après-guerre. Autant dire que l’humeur nationale est plus au marouflage des murs de l'Elysée au canon à merde qu’au plébiscite de réforme antisociales rédigées par trois conseillers boutonneux qui n'ont jamais bossé de leur vie. 

Macron voulait nous faire traverser la rue ? Pour le moment, c’est la rue qui lui marche sur la gueule. Après cette première journée, on entre dans le dur et il faut éviter les erreurs de 2010. Un ou deux rounds de manifestations vont probablement encore avoir lieu, mais si on reste seulement à de la manif hebdomadaire, c’est la réforme assurée dans cinquante jours. La contestation doit s'étendre et taper vite là ou ça fait mal : en bloquant l'économie le plus massivement et surtout le plus rapidement possible pour en sortir au plus vite. Un sondage ELABE indique que 55% des Français comprendraient le blocage du pays. Deux ou trois semaines de sacrifices valent bien un recul de cette réforme et le plus clair des messages au paltoquet des marchés qui nous sert de Président. 

[update 19.01.23 20h40 : à la demande de la CFDT, la deuxième journée de mobilisation intersyndicale aura lieu... le 31 janvier. On pourrait appeler ça du sabotage.]

Image du haut : la mobilisation du 19 janvier contre la réforme à Paris -par Julien G. -.
Image du bas : un casseur dans son biotope.
 


Quand l'inflation redistribue la consommation

""Ça va exploser" : il faut bientôt s'attendre à des hausses de 30 à 50% dans les rayons des supermarchés, alerte le patron de Lidl."  L'indépendant, 12.01.2023

Avec la mobilisation contre la réforme des retraites qui occupe (légitimement) l’actualité, la grosse claque économique que se prennent dans la face des millions de français passerait presque à la trappe. Si le gouvernement avance un gentil 5,2% d'inflation sur l’année 2022, celui qui consacre l'essentiel de son budget à l’alimentation et à l’énergie constate le triple ou le quadruple de ce chiffre. Tout cela en face de salaires qui ne progressent qu'à la marge (3,8% en 2022 selon la Banque de France). 

Dans les supérettes franchisées parisiennes (Carrefour City, Franprix...) je peux voir les prix prendre 5% d'une semaine à l'autre. Chacun ses repères. La boîte de sardines à l'huile d'olive de la marque machin est passée de 1,12 à 1,92 dans la même boutique en 6 mois (on l'a trouvera 30 centimes de plus chez un autre franchisé de la même enseigne à 200 mètres de là). Le jus de pamplemousse de marque truc est passé de 1,95 à 3,55 depuis l'été, le café de 2,90 à 4,10 sur la même période. C'est du 10 à 30% d'augmentation sur presque tout l'alimentaire de base par chez moi. 

Déjà rétif à aller dans ces enseignes, cette hausse m’en détourne presque totalement. Et c'est là un point d'étonnement : les marchés, les épiceries alternatives ou en circuit court semblent mieux armées contre le grand méchant Poutine (à la source bien sûr de toutes ces augmentations qui ont commencé 6 mois avant l'invasion de l'Ukraine). Les prix pratiqués dans les épiceries dites « de bobo » (juste pour se moquer du fait qu’on y mange des produits moins transformés, en vrac, moins pollués, moins packagés, à l'unité, meilleurs pour la santé) étaient certes à l’origine plus élevés mais, en un an de temps, avec des hausses moindres elles se retrouvent aussi, voire plus, compétitives que les enseignes classiques sur des produits phares (café, céréales, oeufs, légumes de saison, produits laitiers). Je mets en dehors le hard discount, plus rare à Paris.

Petits et gros font pourtant face aux mêmes hausses de l'énergie. Les gros doivent aussi faire face à d’autres type de frais : plus grandes surfaces à chauffer, plus de choses à stocker, plus de chaine logistique et ils ont historiquement - et idéologiquement - plus recours à des produits d’importation…  Ils ont également une masse salariale sans comparaison. C'est comme si leur structure même de « gros acteurs » devenait un handicap dans ce contexte. Ce que j'observe se limite à Paris où la donne immobilière, géographique et sociologique n'est pas forcément représentative de La France. Néanmoins c'est suffisamment nouveau ici et déstabilisant pour être noté. Les salariés sont entrain de disparaitre des supermarchés. Leur nombre à la caisse est divisé par deux, voire par trois. Et, indice de basculement qui ne trompe pas, une embauche de vigile y remplace souvent deux ou trois emplois de caissiers. J’ai l’exemple d’un commerce qui a condamné une de ses deux entrées sur rue pour mieux filtrer les clients, comprendre les voleurs potentiels. Côte clients, c’est l’assèchement. Là où l'on passait avec des paniers ou des caddies remplis, la règle à la caisse c’est souvent trois ou quatre articles maximum par client. En six mois de temps, la dégringolade se voit à l'oeil nu en passant devant les vitrines : moins de salariés, moins de clients, moins d’articles. La seule donnée croissante : les prix.

D'ailleurs, les distributeurs commencent à l'avoir mauvaise (je ne vais pas les plaindre non plus). Entre le hard discount d'un côté et le local de l'autre, c'est leur modèle pachydermique qui est inadapté. 

Je n'en tire pas de conclusion pour le moment et me contenterait de citer Stefan Zweig, revenant dans ses mémoires, Le monde d'hier, sur l'effet de la violente perte de pouvoir d'achat sur le moral des Allemands entre les deux guerres mondiales : Rien - il faut le rappeler sans cesse - n'a aigri le peuple allemand, ne l'a rendu haineux au point de le précipiter dans les bras d'Hitler, autant que l'inflation

En attendant les modes de consommation s'adaptent et changent. La tendance de la grande division déjà à l'oeuvre, entre nourriture dégradée pour pauvres et nourriture saine pour riches, va t-elle se renforcer ou se réduire en trouvant de nouvelles voies et de nouveaux modes d'approvisionnement ? On va peut-être se rappeler qu'on peut produire local et à proximité des lieux de consommation et que, aussi bien pour sa santé que pour son porte monnaie, il vaut mieux ne pas être trop dépendant des multinationales et d'une poignée de distributeurs. C'est peut-être la seule bonne nouvelle dans ce bazar.  

Retour sur le film : Tender Mercies (Bruce Beresford, 1983)

Le studio n’y croyait pas et, malgré des projections tests dithyrambiques, le producteur n’a rien fait pour le promouvoir en le sortant dans… 3 salles sur le continent américain. Au final, Robert Duvall, alors dans un creux de carrière, sortira de là avec l’oscar du meilleur acteur pour un de ses plus beaux rôles (ex-aequo avec "The Apostle" en 1997). 

Premier film américain du réalisateur australien Bruce Beresford, Tender Mercies (Tendre Bonheur) relate le retour à la vie d’un chanteur de country qui a connu un bref succès avant de durablement sombrer dans l’alcool. On s’attend au film classique de rédemption à l’américaine avec la sucess-story qui va bien, mais le récit emprunte une autre piste plus intimiste et naturaliste, en mélangeant habillement le temps long et l’ellipse. 

Cette histoire de famille recomposée autour de la musique, et du souvenir des défunts, dans un motel perdu au milieu des plaines du Texas a des petits airs de Bagdad Café (tourné quatre ans plus tard). C’est aussi une peinture de l’Amérique rurale, entre quotidien âpre et humilité, loin du cliché des rednecks.

La morale, si on peut en tirer une, prend le contrepied de la citation d'Hemingway. Il y a bien une seconde chance dans le rêve américain. A condition de sortir du rêve.



Retour sur le film : La bonne année (Claude Lelouch, 1973)

À chaque fois que je retombe dessus, je me laisse avoir. La Bonne Année (Claude Lelouch, 1973) est une référence pour de nombreux cinéastes dont Stanley Kubrick (qui s'est inspiré de la séquence finale pour Eyes Wide Shut) et probablement le plus gros succès à l'international pour Lelouch après Un Homme et Une Femme, et dans mes films préférés du cinéaste avec La Belle Histoire, Le Voyou, Itinéraire d'un enfant gâté et L'Aventure c'est l'aventure. 

À la jonction, peut-être trop parfaite et trop libre pour certains, du cinéma d'auteur et du cinéma populaire, Lelouch est historiquement mal aimé de la critique et de la profession en France. Je n'ai pourtant pas l'exemple d'un seul autre cinéaste français comme lui encore en activité. 50 films en 60 ans, tous différents et pourtant tous identifiables. Il restera à l'abri des comparaisons. Vu l'abondance, il y a de moins bons ou de mauvais films, mais même dans ceux-là on peut affirmer en quelques images : "Tiens, ça c'est du Lelouch". Que l'on puisse identifier un réalisateur en quelques plans quel que soit son film, c'est la marque des grands. On lui a reproché tour à tour la démesure ou la simplicité de ses récits, son usage généreux de la musique, comme si c'était la des domaines qui devaient être réservés au cinéma américain. C'est oublié qu'il est aussi doué pour les scènes intimistes (comme c'est le cas dans La Bonne Année) à l'épure de la mise en scène, dans un spectre large allant de la comédie au drame, en passant par la spiritualité (un axe souvent moqué de sa cinématographie).

En revoyant La Bonne Année cinquante ans après sa sortie, ce film de bandits "vieille France" qui tourne progressivement au portrait d'une femme émancipée, vivant sa vie "comme un homme", je redécouvre un film finalement très moderne dans son propos. Au passage, dans une scène de repas (l'examen technique pour départager les bons des mauvais cinéastes) Claude Lelouch règle ses comptes avec la critique culturelle de l'époque.

- Comment choisissez-vous vos films ? 
- Comme je choisis les femmes : en prenant des risques.



Travaille, crève ou refuse

"On ne se projette pas là dans l'idée d'une mobilisation massive ou de l'impact de cette mobilisation".

Si ce bon à rien d'Olivier Véran* "ne se projette pas dans l'idée", c'est qu'on se dirige tout droit vers une très forte mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites le 19 janvier. Détail qui ne trompe pas : notre conseiller en clientèle Macron sera en déplacement à l’étranger ce jour-là (comme à la belle époque des samedi musclés de la Giletjaunemania sur les Champs-Elysées). Faut croire que le simulateur de retraite mis en place en catastrophe n'a pas donné les résultats escomptés par nos samaritains des marchés. 

Vu le calendrier législatif serré, la déconnexion de ce pouvoir (qui peaufine déjà une nouvelle version du 49-3 pour accélérer la musique : le 47-1) et l'antipathie que suscite ce projet de réforme, il est du domaine du possible que s'installe assez rapidement une situation de blocage dans certains secteurs. Ça ne suffira pas à faire changer les choses si les syndicats restent seuls dans ce combat. L'inconnue est le taux de transformation sur le terrain de l'animosité envers la réforme chez les salariés du privé, notamment chez les plus âgés d'entre eux et ceux qui ont commencé à travailler tôt. Ce sont eux qui ont le plus à perdre et à qui l’on recule de deux ans la retraite alors qu’ils entamaient la dernière ligne droite (en leur ponctionnant au passage des milliers d’euros de cotisation). On passera sur l'absurdité économique de ce projet purement idéologique visant à ergoter sur quelques milliards alors qu'on en dilapide des centaines chaque année en aide aux grandes entreprises (remember le CICE), cette réforme n’est ni plus ni moins qu’une peine de mort au travail pour un français sur 4. Ce n’est ni de la justice ou de l’économie mais de la criminalité. Plus personne aujourd'hui ne veut se tuer au travail et c'est tant mieux. L'annonce de cette réforme aura au moins permis de remettre ce ras-le-bol sur la table (Ça, Macron ne l'avait pas prévu). On discute sur des trimestres en plus ou en moins pour pousser jusqu'à 64 ans et plus, alors que 60 ans devrait être la base du départ pour tous sauf celui qui VEUT continuer à travailler. 

Autre inconnue de la contestation, les foyers spontanés : collectifs, mouvements et initiatives qui échappent aux radars institutionnels, à l'image du mouvement de noël des contrôleurs SNCF. C’est ce que le gouvernement redoute, ce que les syndicats espèrent (et craignent à la fois) et ce que les médias souhaitent (pour quelques épisodes du feuilleton). Le gouvernement ne pourra alors plus que tabler sur le pourrissement et l’exaspération d'une autre partie des Français (au hasard le fan-club Macron déjà à la retraite) et/ou la surexploitation en ouverture de JT de quelques vitrines cassées pour diaboliser toute contestation (on peut compter sur la collaboration pleine et entière des médias : si les Français sont majoritairement contre la réforme des retraites, 9 éditorialistes sur 10 de la presse restent pour). 

La partie est serrée mais le moment est grisant. Qu'on en finisse vite, parce que le combat qui urge c'est celui de la bataille contre l'inflation. Avec du 25% par an sans augmentation de salaire, avoir ou ne pas avoir de retraite sera bientôt le cadet de nos soucis.  

* médecin déchu, ex-porte-parole de Pfizer puis rétrogradé panneau d'affichage à l’Elysée. 


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Des nouvelles des clowns

"L'ultimatum est clair : Le groupe Indochine a menacé samedi 7 janvier de ne pas jouer au festival « Les Déferlantes Sud de France », qui a récemment déménagé à Perpignan. La cause : la ville est dirigée par un élu Rassemblement national, Louis Aliot.

✅ Collaborer avec la machine d'Etat en mai 2021 pour la mise en place d'un concert-test en stade (le fameux "concert espoir pour le monde de la culture"), première brique de la grande entreprise de discrimination d'une partie des Français sur la base de leur soumission à une triple injection pochette surprise. 

✅ "S’engager" en janvier 2023 contre le totalitarisme d’un pouvoir dominant (vous aurez reconnu la mairie de Perpignan, anti-chambre des puissants de ce monde) et boycotter une ville et ses habitants, (après une tournée à guichet fermé) parce que la démocratie ça fait quand même un peu chier quand c'est pas de mon avis.

Saluons ce bel engagement, hors des sentiers battus, des forces vives de l'insurrection. 


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