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Record historique du CAC 40 : pas de raison de vendre pour autant

Par Alexis Vintray.

Alors que depuis 2000 le CAC 40 évoluait sous son record historique, il bat record sur record et est aujourd’hui 14 décembre pour la première fois au-dessus des 7600 points. Même si l’économie mondiale résiste bien malgré l’inflation, on peut s’interroger sur le fait que la bourse soit ainsi au plus haut dans un contexte qui reste anxiogène.

Alors faut-il prendre ses bénéfices ? Pas si simple…

 

Le CAC 40, un indice sans dividendes

Le premier point à garder à l’esprit est que le rendement d’une action provient de l’évolution de son cours, mais aussi des dividendes versés. Il est donc essentiel, en regardant un indice boursier, de savoir s’il inclut les dividendes ou non. Le CAC 40 tel qu’on le connait généralement ne les inclut pas, seul le CAC 40 GR le fait.

Le CAC 40 « usuel » minore donc largement la création de valeur réalisée par les sociétés qui y sont cotées. En regardant le CAC 40 GR, la hausse est impressionnante :

 

Rendez-vous compte : en mars 2021 d’après les calculs du Revenu : le CAC 40 GR gagnait 25 % sur trois ans, 63 % sur cinq ans, et 124 % sur dix ans contre respectivement +17 %, +53 % et +106 % pour le Dax.

Le S&P 500 américain dividendes réinvestis reste largement devant sur toutes ces périodes. Sur 10 ans, la hausse est de… 265 %. En performances annualisées, le CAC 40 GR a rapporté 8,4 % par an sur dix ans. C’est presque deux fois plus que le CAC 40 classique (+4,3 %). En 2023, la tendance n’a pas changé et les chiffres sont dans la même veine.

De quoi laisser songeur devant les 0,5 % du livret A qu’on connaissait encore il y a peu, et qui sont le bon benchmark sur la période. Même face au 3 % actuels, l’indice boursier écrase la concurrence. Avec un niveau de risque différent évidemment.

 

Le record historique du CAC 40, c’est fréquent en fait !

Si cette hausse pourrait laisser songeur sur la valorisation des marchés boursiers, il ne faut pas oublier que les marchés financiers sont bien souvent sur leurs points hauts. Le record de 2000 a en fait été battu déjà en 2007. Puis celui de 2007 a été battu en 2015. Et depuis battu chaque année.

Février 2020 était déjà un plus haut historique pour le CAC 40 dividendes réinvestis, à près de 16 500 points. Ce record a été battu dès mars 2021, malgré la crise du covid, à la faveur des espoirs apportés par la vaccination. Depuis, l’accélération de la croissance mondiale l’a porté encore bien plus haut, à plus de 22 000 points désormais, un record comme pour le CAC 40 hors dividendes, évidemment. Lors de notre dernier article sur le plus haut historique du CAC, en 2021, nous n’étions qu’à moins de 20 000, et c’était déjà un plus haut.

Cette tendance des marchés boursiers à toujours battre leur record et à évoluer la majeure partie du temps sur des niveaux record est particulièrement visible sur le graphique ci-dessous, repris de engaging-data.com.

Les bourses comme le CAC 40 au plus haut historique, c'est fréquent !

En vert les jours où le S&P 500 (principal indice américain) était à moins de 1 % du dernier plus haut historique. En bleu à moins de 5 %, en jaune à moins de 10 % , en orange à moins de 20 % et en rouge à plus de 20 %. Vous l’aurez remarqué, le vert prédomine, et le rouge ne dure pas. Surtout, les marchés retombent très rarement à leurs plus bas d’avant la phase de croissance.

 

Attention aux biais psychologiques quand on investit

Il est humain de vouloir acheter au meilleur prix. Craindre d’investir quand on est proche d’un point haut est un biais psychologique compréhensible. Mais, on l’a vu, c’est un biais très coûteux si l’on se fie au passé.

L’explication en est simple : prédire le marché est impossible, même pour des professionnels qui y consacrent leurs journées, avec des moyens bien supérieurs à ceux de l’épargnant lambda.

Ainsi, l’étude SPIVA, qui fait référence, a montré une fois de plus en 2020 que 90 % des gérants de fonds n’ont pas réussi à faire mieux que l’indice boursier qu’ils suivent ! En cause très fréquemment, l’envie des gérants de « timer le marché ». Cela signifie parier sur l’évolution future de la bourse, généralement à la baisse. Vu que le marché est tendanciellement haussier, ne pas investir devient vite très coûteux si le marché ne baisse pas. Au final, comme le dit l’adage boursier : « Time in the market is better than timing the market ». Même en achetant au plus haut.

Le lecteur curieux pourra par exemple regarder cette vidéo intéressante de Zone Bourse :

La meilleure façon d’investir en bourse

Dans ces conditions, on comprend pourquoi il est inutile voire néfaste d’essayer d’investir « au meilleur moment ». Comme le dit un autre adage boursier, le meilleur moment pour investir c’était lors du dernier krach. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.

Mais investir au plus haut peut inquiéter, et l’investisseur prudent pourra vouloir limiter son risque. L’approche consensuelle dans ces conditions est de faire un investissement progressif si vous avez une grosse somme à placer, par exemple étalé sur six mois. Si c’est le fruit de votre épargne, avec un versement mensuel régulier, encore mieux !

À lire aussi :

 

Et si vous n’avez pas déjà de PEA

Les banques en ligne sont toujours bien plus avantageuses que les banques classiques et proposent toutes le PEA. En plus, on vous donnera de l’argent pour le faire en plus des économies de frais bancaires, comme Boursorama qui aura l’offre boursière la plus complète. En termes de frais de courtage si vous investissez en bourse, Fortuneo sera probablement le meilleur choix pour vous.

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« Plan 15 000 » : un projet ambitieux mais inefficace pour les prisons françaises

Un article de l’IREF.

« Nous construirons 15 000 nouvelles places de prison ». La promesse de campagne d’Emmanuel Macron, en 2017, a débouché à l’automne 2018 sur un vaste plan de création de places en établissements pénitentiaires, le « Plan 15 000 » pour 2027. Un second plan est également lancé, prévoyant la construction de vingt centres éducatifs fermés (CEF) de deuxième génération pour les mineurs. Alors que la mi-parcours est passée, le rapporteur spécial des crédits de la mission « Justice », Antoine Lefèvre, dresse un bilan amer du projet.

La situation carcérale française est une épine dans le pied de chaque nouveau président : le nombre des détenus explose, la radicalisation en prison prospère, les injonctions et les condamnations internationales somment la France de prendre des mesures pour respecter les droits de l’homme. Au cours des dernières décennies, plusieurs plans avaient déjà été déployés mais aucun ne s’était révélé capable d’anticiper les besoins croissants de places en établissements pénitentiaires. Celui d’Emmanuel Macron se distinguait par son importance et pouvait laisser croire qu’une réforme du système pénitencier était imminente.

Un plan de construction insuffisant

Mais voilà, bien souvent les rapports du Sénat sonnent le glas des politiques hasardeuses, et c’est le cas en l’espèce. Le rapporteur est formel : « (…) En dépit de ses ambitions initiales, le Plan 15 000 ne permettra pas seul de remédier durablement à la dégradation des conditions de détention et de travail pour les personnels de l’administration pénitentiaire. Même si le plan venait à être achevé en 2027, ce qui apparait peu probable, les capacités du parc pénitencier seraient déjà saturées ». Et pour cause : la prévision de 75 000 détenus en 2027 s’est réalisée dès 2023 ! Pendant la période du Covid, un assez grand nombre de détenus ont été libérés mais une fois la crise sanitaire passée, les enfermements ont repris à un rythme encore plus soutenu, avec une hausse de près de 20% depuis 2020. En janvier 2022, le taux de densité carcérale était de 115%, plaçant la France au troisième rang européen derrière Chypre et la Roumanie. Avec une telle densité, il est quasi impossible de respecter le principe d’encellulement individuel ; l’objectif de 80% est ainsi repoussé de législation en législation, quelle que soit la couleur politique du garde des Sceaux. Les conséquences de la surpopulation carcérale sont pourtant connues : violences, manque d’hygiène, trafics facilités, radicalisation soutenue, réinsertion compromise… La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, dénonce dans son dernier rapport annuel « un abandon de l’Etat » : « On a laissé la prison se substituer aux asiles d’antan, enfermant dans ses murs plus de 30% de prisonniers atteints de troubles graves. Voilà comment, à leur corps défendant, surveillants et détenus ont, en quelque sorte, été contraints de se muer en infirmiers psychiatriques ». Les établissements pour peine respectant globalement ce principe, ce sont les maisons d’arrêt qui suscitent l’inquiétude, le taux d’encellulement individuel y évoluant autour de 20%[1].

Un budget intenable et des délais qui explosent

Face à ces défis, l’argent est le nerf de la guerre. Et d’argent, on ne manque pas, à tel point que le budget initial a pu être rehaussé de deux milliards d’euros sans que quiconque s’en émeuve. Les premières annonces ministérielles annonçaient 3,6 milliards, avant de grimper rapidement à 4,3 milliards ; et en juin 2022, la direction du budget a relevé encore la facture à 5,4 milliards d’euros. Un an après, le rapporteur estime que le coût du Plan 15 000 sera d’au moins 5,55 milliards d’euros, soit 30% de plus que le coût d’abord prévu. S’agissant des centres éducatifs fermés, on est passé de 30 millions d’euros à plus de 76 millions dans le dernier budget… avant que le rapporteur ne l’estime à au moins 110 millions d’euros ; et nous ne sommes qu’à mi-chemin. Plus le calendrier de livraison s’allonge, plus les coûts explosent. Moins de la moitié des places prévues a pu être livrée, avec (pour l’instant) un retard de deux ans sur le calendrier initial. La maison d’arrêt de Basse-Terre (Guadeloupe) sera par exemple livrée avec plus de sept ans de retard.

Le sénateur Antoine Lefèvre formule une douzaine de recommandations suivant trois principes : « Anticiper, s’adapter et évaluer ». Est-il possible que cette approche élémentaire n’ait pas été celle des politiques publiques ? La réponse est évidemment oui, et la précision des recommandations frise le ridicule, telle que celle d’équipes-test sur chacun des chantiers engagés. En effet, « il est difficilement admissible qu’un établissement pénitencier tout juste livré nécessite de lourds travaux d’aménagement pour remédier à des failles de sécurité ou de fonctionnement, telles que l’installation de fenêtre pouvant être ouvertes en moins de deux minutes à l’aide d’un coupe-ongle acheté au supermarché ». Coût du changement des châssis des fenêtres du centre pénitentiaire Mulhouse-Lutterbach : 600 000 euros. Et de citer d’autres « erreurs de conception » : par exemple, des boutons « sécurité incendie » ouvrant toutes les portes et accessibles à tous dans un centre éducatif fermé …

Le chantier des établissements pénitentiaires est donc colossal. Alors qu’un détenu coûte 100 euros par jour au contribuable, l’IREF appuie la proposition du député Eric Pauget (LR) de faire payer aux détenus une partie significative de leurs frais d’incarcération. Ajoutons qu’il n’y a rien de surprenant à ce que le suivi des chantiers soit négligé lorsque le futur gérant de la prison est une administration. La privatisation des prisons permettrait sans doute de réduire fortement les coûts de construction et de réduire les délais. Plusieurs pays s’y sont déjà essayés : le Royaume-Uni, l’Australie et les Etats-Unis. La gestion privée demeure « incontestablement plus simple que la gestion publique », ainsi que le relève la Cour des comptes.

Sur le web.

L’univers totalitaire en littérature et au cinéma (1)

La liberté est le sujet fondamental au centre des préoccupations de Contrepoints, à travers articles, analyses, réflexions, discussions. Au-delà de l’actualité, de l’Histoire, des perspectives d’avenir, qu’en est-il de ce sujet dans la littérature, en particulier lorsqu’on pense à son opposé le plus extrême : le totalitarisme ?

J’ai déjà eu l’occasion, ici-même, de commenter quelques grands romans d’Ayn Rand, qui trouveraient toute leur place dans cette série. Je vais donc prolonger avec d’autres réalisations, dans des registres parfois très voisins. Premier volet, aujourd’hui, avec l’évocation de trois grands classiques de fiction, qui ont pour point commun les tentatives de contrôle des esprits.

 

Fahrenheit 451 de Ray Bradbury

FarhenheitFahrenheit 451 est un roman de Ray Bradbury, publié pour la première fois aux États-Unis en 1953. Le titre fait référence à la température à laquelle se consument les pages d’un livre.

En effet, comme dans beaucoup d’univers totalitaires, ainsi que nous aurons l’occasion de le voir, la connaissance constitue un danger pour le système. Et dans ce contexte, détruire les livres peut être un moyen de tenter de contrôler les esprits, en cultivant l’ignorance, gage d’ordre et de paix pour ceux qui entendent gouverner en toute quiétude.

Tout est fait, donc, pour divertir la population, à travers des artifices que nous connaissons bien (télévision, notamment). Les livres, quant à eux, représentent un véritable danger contre lequel il faut se prémunir. C’est pourquoi ont été mises sur pied des brigades d’intervention, sorte de pompiers pyromanes ayant pour mission de tout faire pour détruire les livres, grâce à leurs lances à incendie, qui ne sont rien d’autre que des lance-flammes.

En ce sens, je rends pleinement hommage à ce roman qui ne peut laisser insensibles les amoureux des livres, pour lesquels l’acte de détruire ce fruit de la création ne peut que susciter de la peine (même si certains livres peuvent être parfois très dangereux). Le livre est un symbole de liberté. Liberté de penser, liberté de rêver, d’imaginer, de créer, de s’informer ou s’instruire.

C’est d’ailleurs là ce dont le personnage principal du roman s’aperçoit et éprouve profondément dans son for intérieur. Au-delà, le livre dans son aspect pluriel (l’ensemble de la création littéraire, historique, philosophique ou autre) est un témoignage, un passage de relais d’une génération à une autre, le fil conducteur d’une civilisation. S’attaquer à cette œuvre humaine, c’est détruire la mémoire, ne retenir aucune leçon du passé et risquer la dérive du monde tel qu’il est décrit dans cette histoire. Et, à ce titre, la conclusion de ce roman est belle. Je la laisse découvrir à ceux qui ne l’ont pas encore lu ou n’ont pas vu le film de François Truffaut qui s’en inspire.

Loin d’être saugrenue, l’idée de brûler des livres ou de les interdire correspond bien, hélas, à des réalités de multiples lieux ou époques. Il n’est pas besoin de chercher bien loin pour voir que la bataille des idées peut aller jusqu’à ces extrémités, puisque j’ai même souvenir que dans certaines municipalités, les élus nouvellement en place se sont empressés, à peine élus, d’établir un tri dans la bibliothèque de la ville, de manière à écarter certains titres ou auteurs, et en sélectionner d’autres plus conformes à leurs idées. Scandaleux, déplorable.

Et que dire de l’œuvre créatrice en URSS ou dans l’Allemagne nazie (entre autres) ? Était-elle libre ? Des livres n’étaient-ils pas brûlés, les œuvres culturelles, de manière plus générale, contrôlées ? Peut-on toujours et partout, aujourd’hui encore, tout écrire ou créer sans risquer des formes de censure, voire craindre pour sa vie ? Les destructions systématiques de livres n’ont-elles jamais existé, même si on en créait d’autres, à caractère officiel (on peut parfaitement imaginer que l’on bannirait, dans une société, les livres pour être mieux assuré de contrôler pleinement les idées).

Rien que de parfaitement crédible et avéré, donc. Et c’est pour cela que ce roman est beau, que la résistance existera toujours, et que l’entreprise de destruction est vaine. Un roman captivant. Un bel hymne à la liberté.

 

1984 de George Orwell

19841984, un roman qu’on ne présente plus, si l’on peut dire, tant il est célèbre et sert souvent de référence à de multiples évocations. Il date de 1949 et est généralement considéré comme un roman d’anticipation. Il semble particulièrement bien décrire la société soviétique telle que nous la connaissons aujourd’hui à travers de très nombreux témoignages.

C’est de ce célèbre roman que vient le nom Big Brother, tombé dans le langage courant et symbole de la surveillance maligne qui peut peser sur nos vies à travers différents moyens, dont aujourd’hui les technologies modernes, susceptibles de nous suivre à la trace dans nos moindres déplacements ou actes de la vie courante, jusqu’à craindre pour nos libertés fondamentales.

C’est aussi dans ce roman qu’apparaît l’idée de novlangue, devenue également une référence intellectuelle dans les nombreux débats concernant notamment l’appauvrissement de la langue et les dangers que cela fait encourir à la société, certains se prononçant clairement dans le sens de cette simplification.

Propagande, télévision d’État, désinformation et police de la pensée, à la poursuite des « ennemis du peuple », font aussi partie de cet univers sinistre, le rapprochant d’un certain point de vue de Fahrenheit 451, même si ici l’oppression permanente est plus clairement établie, l’illusion du bonheur existant encore dans le roman de Ray Bradbury.

Je ne saurais, en revanche, entrer en détail dans l’histoire de ce roman, l’ayant lu il y a très longtemps (je ne manquerai naturellement pas de le relire un jour), mais il a le mérite de décrire (indirectement) particulièrement bien le système soviétique, comme je le disais ; il se pourrait même que ce soit en le lisant que j’ai connu ou entendu parler pour la première fois de cet univers totalitaire qui m’était parfaitement inconnu et insoupçonné jusqu’alors. C’est en ce sens, d’ailleurs, que sa lecture est parfaitement indiquée pour de jeunes adolescents qui ont besoin d’apprendre et découvrir le monde (j’ai dû le lire en classe de seconde, et je n’étais particulièrement pas précoce en la matière, d’où peut-être mon désir d’essayer de me rattraper par la suite).

 

Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley

meilleur des mondes

Là encore, un roman d’anticipation, tout aussi célèbre, mais encore antérieur, puisqu’il est paru pour la première fois en 1932.

Lui non plus, je ne l’ai pas relu depuis la même époque. L’univers de référence demeure un peu le même. Ici, c’est l’Histoire qui a disparu (encore un sujet d’actualité), puisqu’elle n’est plus enseignée. Un univers encore plus sordide, puisqu’il est question de manipulations génétiques (toujours des questions d’actualité), de bébés-éprouvette et de l’organisation en castes (une idée qui sera souvent reprise, nous le verrons) et de recherche, une nouvelle fois, de stabilité de la société.

Limitation de la reproduction, malthusianisme, drogue, conditionnement de chaque être humain, encore un autre univers, qui n’a pas grand-chose à envier aux précédents.

 

 

Trois livres de science-fiction qui ont marqué les esprits et demeurent précieux pour continuer de susciter la réflexion sur le sens de la liberté et les limites à ne pas franchir, donc sur la vigilance à conserver en la matière.

Dès le prochain volet de cette série, nous poursuivrons avec d’autres sources d’inspiration très voisines mais plus récentes…

 

— Ray Bradbury, Fahrenheit 451, Gallimard, Folio SF, octobre 2000, 224 pages.
— George Orwell, 1984, Gallimard, Folio, novembre 1972, 438 pages.
— Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, Pocket, coll. Science fiction/fantasy, octobre 2002, 284 pages.

 

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À lire aussi :

 

Article publié initialement le 19 janvier 2014.

Échec de Luna-25 : le déclin spatial de la Russie

La mission russe Luna-25 a échoué ce 19 août 2023, et cet échec est décourageant.

Il vient après une longue apathie sinon une série de ratés de ce pays dans le domaine des missions spatiales au-delà de l’orbite terrestre. Et l’on peut se demander si la Russie pourra jamais redevenir la nation pionnière dans la conquête spatiale en général, que l’URSS a été avant son implosion. Rappelons-nous : années 1950 (Spoutnik, 1957) ; années 1960 (premier atterrissage réussi sur la Lune, 1966 ; premier atterrissage sur Vénus 1967) ; années 1970 (première station spatiale, Saliout, en 1971 ; premier atterrissage sur Mars, 1972) ; années 1980 (station MIR en 1986).

Luna-24, le vol précédent des Russes jusqu’à la surface de la Lune, datait de 1976, et leur dernier échec dans l’espace, la mission Phobos-Grunt (vers le satellite de Mars, Phobos) datait de novembre 2011. Mais aucun succès depuis ! Ces simples dates soulignent l’importance de cette mission pour les Russes et de la question qu’elle posait. La Russie peut-elle retrouver sa puissance spatiale d’antan, ou est-elle condamnée à vivre dans le souvenir de ses exploits passés ?

Comment y répondre aujourd’hui autrement que par la négative ?

Il est vrai que sur beaucoup de plans, la Russie n’est plus l’URSS. Le domaine spatial en particulier a beaucoup souffert du changement politique car, après 1991, l’État ne disposait plus du tout des mêmes moyens financiers que pendant les années 1960.

Cela était particulièrement vrai pour ses scientifiques ou ses ingénieurs travaillant pour l’exploration spatiale. La plupart (nombre estimé à trois sur quatre) ont alors quitté le secteur pour simplement pouvoir survivre, ou bien ils se sont expatriés. Les rares qui restèrent à l’œuvre n’étaient pas forcément les meilleurs, et n’avaient par ailleurs plus aucun moyen de développer quelque projet d’importance que ce soit.

Outre l’argent, le savoir-faire et la mémoire avaient disparu. L’organisation elle-même avait été bouleversée, l’agence spatiale russe ayant été refondée dans l’esprit de libertarianisme prévalant à l’époque. En 1992, Boris Eltsine l’avait sortie du contrôle des militaires (MOM et VKP), pour créer une agence spatiale à l’image de la NASA, la RKA puis FKA. Mais cette libéralisation ne donna rien et la FKA devint officiellement l’« entreprise d’État » (avec un contrôle resserré de l’État), Roscosmos en 1999. On voit aujourd’hui qu’une entreprise n’est pas seulement un cadre, c’est aussi les personnes qui la dirigent et qu’elle emploie.

Douze ans après Phobos Grunt (mentionnée ci-dessus), le fiasco de Luna-25, confirme donc l’incapacité des Russes. Je rappelle que cette mission se termina très prématurément par l’impossibilité d’injecter le vaisseau spatial sur sa trajectoire interplanétaire vers Mars depuis son orbite de parking terrestre. Déjà un problème de calcul ! Il n’était plus resté aux Russes que la routine des mises sur orbite terrestre de satellites de communication avec des lanceurs Protons et de lancement de navettes  Soyouz vers et au retour de la Station Spatiale Internationale (ISS). Ces derniers étaient effectués avec un vieux lanceur éprouvé depuis les premières années de la conquête spatiale (premier vol en 1967), portant le même nom de Soyouz, une sorte de 2CV de l’espace par sa rusticité et son efficacité.

Maintenant que la guerre froide est revenue, il n’est plus question de continuer la collaboration (en faisant abstraction de l’ISS elle-même où les Russes disposent du cœur même de l’ensemble, les six segments qui auraient dû constituer la station Mir-2 et qui sont indispensables/indissociables à/de l’ensemble, notamment le module Zvezda). Heureusement qu’une société américaine privée, SpaceX, est arrivée à la rescousse de la NASA pour fournir une alternative aux Soyouz avec leur Crew-Dragon lancée par Falcon 9 à partir de mai 2020 pour effectuer les transports d’équipage. On imagine mal que les Russes aient pu jouir d’un contrôle total sur l’ISS au début de la guerre en Ukraine ! Mais enfin, cela ne s’est pas passé ainsi, et les Russes ne peuvent maintenant qu’en rêver.

Les Russes travaillaient sur Luna-25 depuis la fin des années 1990.

La mission était vue comme une réplique de Luna-24, ce qu’elle n’est pas tout à fait. Comme Luna-24, elle devait bien effectuer un prélèvement d’échantillon du sol lunaire, mais cette fois en l’examinant sur place avec quelques instruments embarqués, sans renvoyer d’échantillons sur Terre. En réalité il s’agissait d’un simple atterrisseur, engin léger (1,75 tonne sèches dont 30 kg d’équipements scientifiques contre 1,88 tonne pour Luna-24, mais ce dernier était complété par un étage de remontée en orbite et de retour sur Terre, ce qui le portait à plus de 5 tonnes avec les ergols). Il était bien chargé d’une mission scientifique, forage jusqu’à 50 cm, puis examen des prélèvements, mais l’objectif principal était vraiment de se poser sans casse sur la Lune, et ensuite de montrer que l’atterrisseur pouvait toujours communiquer efficacement avec la Terre.

En bref, il s’agissait pour les Russes de refaire le minimum de ce qu’ils avaient réussi en 1976 afin de pouvoir repartir sur une bonne base. Et ils ne l’ont pas fait !

Luna-25 était propulsée par un lanceur Soyouz 2.1b complété par un deuxième étage Fregat, alors que Luna-24 l’avait été par un lanceur lourd Proton-K (capacité de 22 tonnes en orbite basse), pour des raisons de différence de masses, car le Soyouz n’avait pas la capacité suffisante à l’époque (le Fregat a une masse de 5,35 tonnes avec ses ergols, et le Luna-25 de 1,75 tonne – comme dit ci-dessus – avec ses 975 kg d’ergols). Le lanceur moyen Soyouz a évolué depuis 1976 (puisqu’il peut aujourd’hui mettre 9 tonnes en orbite basse) mais relativement peu ; on reste dans la même famille.

Par ailleurs, les Soyouz (lanceur et vaisseau) sont en principe spécialisés dans les vols habités. Il n’y avait donc pas d’innovation technologique, mais la mission elle-même ne l’exigeait pas.

À noter que cette mission est partie de la nouvelle base spatiale (cosmodrome) Vostochny en Extrême Orient russe, les Russes voulant de plus en plus ne dépendre que d’eux-mêmes et laissant tomber le cosmodrome historique de Baïkonour qui est maintenant au Kazakhstan.

Leur accord avec les autorités Kazakhs a été renouvelé en 2004 jusqu’à 2050. Mais à cette occasion, les Kazakhs sont devenus plus exigeants et ont obtenu toutes sortes de concessions pour participer plus activement aux activités de lancement. On peut voir là l’expression du raidissement russe, constaté par ailleurs en matière de relations internationales. Maintenant cette précaution apparaît bien vaine.

L’arrivée de la sonde Luna-25 sur le sol lunaire était prévue le lundi 21 août après une mise sur une orbite de transfert de 100 km au-dessus de la Lune, réussie le 16 août. Elle devait passer ensuite sur une orbite de pré-atterrissage (pre-landing) descendant de 100 à seulement 18 km, avant de s’engager dans la descente terminale, rapide puisque verticale, jusqu’au sol lunaire.

Tout s’est arrêté à ce moment là, apparemment encore pour un problème de calcul.

D’après Yura Prosti, chaîne de Telegram, bien informée :

« A computational error led to the final engine firing to be 1.5 time longer than required and thus resulting in deorbiting and crash of the spacecraft on the Moon ».

C’est plus qu’une maladresse !

À noter que les Indiens ont également une mission lunaire en cours. Leur fusée Chandrayaan 3 doit atterrir sur la Lune le mercredi 23 août. Les références indiennes actuelles ne sont pas bonnes (échec en 2019 avec Chandrayaan 2). Mais quelle honte ce serait pour les Russes s’ils réussissaient ! Rappelons déjà que les Chinois ont réussi cette même prouesse de l’atterrissage en décembre 2020 avec leur mission Chang’e-5 qui comprenait, elle, un retour d’échantillons, également réussi.

D’autres missions étaient prévues avant l’échec : Luna-26 en 2027, Luna-27 en 2028 et Luna-28 à partir de 2030. Ensuite devait venir une mission habitée sur la Lune en vue de la construction, avec la Chine, d’une base habitable. Mais comment continuer dans ces conditions ? Pour paraphraser Shakespeare, « il y a vraiment quelque chose de pourri dans l’empire de Russie », et la Chine n’aura même pas besoin de leur aide !

 

Sources :

https://www.france24.com/en/europe/20230810-russia-hopes-to-pull-ahead-in-the-space-race-with-the-launch-of-the-luna-25-moon-lander

https://t.me/roscosmos_gk/10293

https://kiosque.lefigaro.fr/reader/e69e9352-b3f9-4f6c-bd9f-dda8c2fc33ca?origin=%2Fcatalog%2Fle-figaro%2Fle-figaro%2F2023-08-12

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