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À partir d’avant-hierContrepoints

Brève histoire du XXIe siècle : état et trajectoire des puissances mondiales

Il est bien sûr présomptueux, presque risible, de prétendre rédiger l’histoire du XXIe siècle alors que nous sommes en 2023.

Pourtant, des tendances structurelles nettes se dégagent, et même s’il est impossible de prédire les prochains « cygnes noirs » — événements radicalement imprévisibles aux conséquences considérables (Taleb) — ces tendances sont si bien installées qu’il sera malaisé de s’en écarter.

J’en distingue quatre.

 

La stagnation de l’Europe

La première est la stagnation de l’Europe.

Depuis 2000, l’Europe décroche sur tous les plans. Croissance anémique, dénatalité fulgurante, désinvestissement militaire — dont des pays tels la Belgique et l’Allemagne ne sont toujours pas sortis — et sans doute le plus préoccupant : selon tous les classements internationaux, et tous les critères (brevets, investissement en capital, géants boursiers de type GAFA), l’Europe a cessé d’innover.

On innove aux USA, on innove encore en Asie, mais presque plus du tout en Europe. Si vous ajoutez à ce qui précède l’obsession écologiste de l’Union européenne, qui n’est plus guère qu’une machinerie à imposer des contraintes, vexations, punitions et taxes au nom de la transition énergétique, vous comprenez que la stagnation est un horizon dont l’Europe aura les pires difficultés à s’affranchir.

Or, l’histoire en témoigne : la stagnation n’est jamais qu’un état intermédiaire. Dans la durée, la stagnation est presque toujours l’antichambre, le prélude à la régression.

 

Le XXIe siècle sera chinois… vraiment ?

Les fines lames de la pensée abstraite, qui ont ceci de spécifique qu’elles se trompent à peu près tout le temps, sur tous les sujets — c’est la passion de l’erreur ! — toujours en faisant de grandes phrases, nous annoncent depuis cinquante ans que le XXIe siècle sera chinois. « Quand la Chine s’éveillera », on allait voir ce qu’on allait voir, sortez vos Assimil de chinois, ils arrivent.

On a vu. La Chine stagne.

En réalité, la Chine est prise dans les rets d’une crise à tous les niveaux dont elle aura les pires difficultés à se dépêtrer. Stagnation économique, effondrement démographique, taux de chômage des jeunes Chinois à 25 %, effondrement boursier, destruction de la place financière de Hong Kong, isolation monétaire — dire qu’on présidait le remplacement du dollar par le yuan ! — isolation géopolitique grandissante. La Chine parle fort sur Taïwan, mais elle n’a pas les moyens d’un conflit militaire d’envergure avec les États-Unis, ses alliés locaux et ses petits alliés de l’OTAN.

Surtout, le régime chinois, qui est une impitoyable dictature, dans laquelle on ne démissionne pas, mais on disparaît, ne possède pas les ressources institutionnelles d’une réforme pacifique. Xi décide, il décide seul, tel un dieu parmi les hommes (Aristote), et malheureusement pour les Chinois, il paraît à peu près aussi éclairé et ouvert à la critique qu’Hitler dans son bunker.

 

Les BRICs s’enrichissent, mais n’incarnent pas l’avenir

Et puis, il y a le reste du monde, ce qu’on appelait au XXe siècle le tiers-monde.

Alors, par comparaison avec le siècle précédent, le tiers-monde va bien, il va même considérablement mieux, car il s’est fortement enrichi, par le moyen de l’économie de marché et de l’ouverture au capitalisme international (à défaut de s’être fort ouvert sur le plan politique national).

Des experts nous expliquent que les BRICs incarnent l’avenir, comme ils nous expliquaient hier que le XXIe siècle serait chinois. Le problème est que les deux composantes majeures des BRICs — Chine et Inde — sont en situation de guerre à leur frontière, qu’il existe bien davantage de motifs qui divisent les BRICs que de causes de les réunir, et qu’une organisation ne décide jamais que selon le principe du plus petit commun dénominateur commun. Qui, dans le cas des BRICs, est proche de zéro.

Les BRICs s’enrichissent, des milliards de personnes sortent de la pauvreté, et l’on s’en réjouit. Mais l’idée que les BRICs dessineront le XXIe siècle ne résiste pas à l’analyse.

 

Une Amérique malade mais puissante

Reste l’ineffable système américain, qui joue constamment avec ses propres limites, qui s’apprête à désigner comme président, soit un homme à moitié fou, ivre de lui-même, soit un vieillard cacochyme immergé jusqu’aux yeux dans les pactes de corruption multiples de son brillant sujet de fils, Hunter (qui entrera dans l’histoire, à l’instar des enfants dégénérés des empereurs romains).

Le choix n’est guère reluisant.

Oh, et les problèmes des États-Unis sont innombrables, telle l’immigration, aussi anarchique là-bas qu’elle l’est chez nous. La haine et les clivages politiques sont tels qu’il y aura, immanquablement, des épisodes de violence. À New York, des gens crèvent en pleine rue, et à tous les coins de rue ; à San Francisco, Los Angeles, c’est tout pareil, résultat de cent politiques aberrantes des Démocrates. Oui, à maints égards, l’Amérique est malade.

Mais elle est aussi prospère, plus prospère qu’elle ne l’a jamais été, formidablement novatrice, à la tête de la plus éblouissante concentration militaire jamais rassemblée sur la surface de la Terre, et structurellement capable de mieux gérer les crises économiques et financières que ne le sont ses concurrents.

Pourquoi ? Par le simple motif de la flexibilité : aux USA, on engage et on licencie sans motif, avec un préavis de quelques jours. Dès qu’une entreprise se développe, elle embauche massivement car elle sait qu’en cas de coup dur, elle pourra licencier tout aussi rapidement. Une entreprise n’est jamais qu’une entité économique rationnelle.

S’il y avait un seul élément du système américain que nous devrions reproduire en Europe, c’est cette flexibilité du marché du travail.

Cela n’arrivera jamais ? Non, bien sûr, cela n’arrivera pas. Et c’est pour cela que l’Europe continuera à stagner, tandis que l’Amérique ouvre the way of the future.

Si l’on s’en tient aux faits, le XXIe sera plus américain qu’aucune alternative actuellement concevable.

Quel rôle pour les BRICS dans l’économie mondiale ?

Par Mary-Françoise Renard.

 

S’émanciper de l’influence des puissances occidentales et constituer une nouvelle force économique et géopolitique.

Tel est le souhait qu’ont exprimé les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), lors de leur 15e sommet qui s’est tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023. C’est aussi ce qui ressort lors du G77 qui s’est achevé le 16 septembre à La Havane.

Il ne s’agit pas de rompre avec ces puissances, mais de s’affirmer face à elles. Ces États, à l’instar d’autres pays émergents, considèrent qu’ils subissent les effets négatifs du développement des économies avancées, par exemple en matière environnementale, tout en devant en payer le prix. Ils souhaitent donc limiter leur dépendance et accroître leur pouvoir de décision.

On retrouve parmi les BRICS des situations très diverses. Le principal point commun à ces pays est d’être des économies émergentes grâce à une forte croissance, représentant des marchés attractifs pour les investisseurs internationaux, et n’appartenant plus au groupe des pays en développement sans être entrées dans celui des pays développés.

Le sommet de Johannesburg s’est conclu par l’adhésion de 6 nouveaux pays à partir de 2024 : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, et l’Iran. Les candidats étaient nombreux, et un futur élargissement est probable. Ce sommet très médiatisé fut un succès, notamment pour la Chine, très favorable à de nouvelles adhésions, celles-ci concernant des pays avec lesquelles elle entretient de solides relations.

Quelles sont les raisons de cette évolution ? Et quelles peuvent en être les conséquences ?

 

Peser sur la gouvernance mondiale

Deux jours avant le sommet, le président sud-africain a affirmé sa volonté de non-alignement sur les grandes puissances. Il a ainsi confirmé la position de nombreux pays refusant de condamner l’agression russe en Ukraine afin de ne pas suivre la volonté de l’Europe et des États-Unis.

Ce sommet a donc été l’occasion de rappeler l’ambition de nombreux États du sud de reconfigurer leur rôle dans la gouvernance mondiale. Cela fait plusieurs années que les BRICS souhaitent accroître leur poids au sein des institutions internationales, particulièrement le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Ce vœu avait particulièrement été exprimé lors du premier G20 en 2008.

Ces demandes répétées ont fait l’objet d’un vote de principe en 2012 au FMI et une modification de ce que l’on appelle les « quotes-parts » en 2015. La quote-part d’un pays détermine le montant maximal de ressources financières qu’il s’engage à fournir au FMI, ainsi que le montant maximal de prêt qu’il pourra en obtenir. Surtout, en matière de gouvernance, elle représente le pouvoir de vote dans les décisions de cette instance mondiale. Ces quotes-parts sont révisées au moins tous les 5 ans par le Conseil des gouverneurs.

Or, malgré de profonds changements dans l’économie mondiale, les économies développées continuent d’être très majoritaires dans ce pouvoir de décision. La 15e révision présentée en 2020 n’a donné lieu à aucune modification des quotas, exacerbant le mécontentement des pays émergents : les BRICS restent en position de faiblesse par rapport aux économies avancées.

Plusieurs modifications ont été proposées, notamment dans la méthode de calcul, sans résultat jusqu’à maintenant. Cette méthode tient compte, par ordre d’importance, du PIB, du degré d’ouverture de l’économie, de sa stabilité et des réserves en or et en devises du pays.

Une 16e révision générale des quotes-parts est en cours et devrait être achevée d’ici mi-décembre 2023. En attendant, face à ce qu’elle considère comme une sous-estimation de son rôle dans l’économie mondiale, la Chine, en lançant l’initiative « Une ceinture, une route » (généralement appelée projet des routes de la soie), veut permettre la création d’institutions considérées comme des alternatives au FMI et à la Banque mondiale. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures créée en 2013, et la Nouvelle banque de développement, appelée parfois banque des BRICS, en 2015, ont leurs sièges respectifs à Pékin et Shanghai.

La Chine détient 26 % des droits de vote dans la première, contre 16 % pour la zone euro, et accroît ainsi son rôle dans la gouvernance mondiale. L’ouverture de la seconde à de nouveaux pays comme l’Arabie saoudite va renforcer ses capacités financières tout en permettant à ce pays de diversifier ses placements. Elle n’est pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais elle renforce le pouvoir de négociation des BRICS.

 

Internationaliser le yuan

Outre les instances internationales, c’est également via le marché des devises que les BRICS tentent d’acquérir un poids nouveau.

Brièvement évoquée par le président du Brésil, l’existence d’une monnaie commune à ces États n’a pas été retenue et semble très peu probable compte tenu de leur hétérogénéité. Celle-ci devient en outre encore plus grande avec l’élargissement du groupe.

Le caractère international d’une monnaie s’apprécie par son utilisation en dehors de son territoire national, pour les échanges commerciaux et financiers, comme réserve de change et sur le marché des changes. Elle est un vecteur de confiance dans les transactions internationales. Depuis la création de l’euro en 1999, la part du dollar dans les réserves des banques centrales est passée de 71 % à 54,7 % en 2023, celle de l’euro étant de 18,3 % et celle du yuan de 2,39 %. La baisse du poids du dollar est donc réelle, mais cette monnaie continue néanmoins à dominer très largement les autres, le yuan (ou Renminbi) occupant le 7e rang.

C’est la Chine qui semble la plus à même de proposer une alternative et de permettre à certains pays de se soustraire à la domination du dollar. Le contexte y semble propice pour plusieurs raisons.

En faisant usage du pouvoir d’extraterritorialité de leur loi, permise par le statut de monnaie internationale du dollar, pour pénaliser notamment des entreprises étrangères, les États-Unis ont en quelque sorte rompu le pacte implicite qui les liait au reste du monde. En sanctionnant les pays commerçant avec ses adversaires, Washington a généré une grande inquiétude dans de nombreux pays réticents à s’aligner sur les positions américaines. D’ailleurs, à partir de 2014, début des sanctions occidentales contre la Russie, même les entreprises françaises ont diminué leur usage du dollar.

Alors que le gel des avoirs de la Russie et son exclusion du système de paiements internationaux Swift à la suite de l’invasion de l’Ukraine a été très mal perçu par nombre de pays du sud, la Russie s’est par ailleurs tournée vers le système alternatif mis en place en 2015 par la Chine, nommé CIPS pour « China International Payment System ».

L’internationalisation du yuan progresse donc, assez lentement, mais son utilisation par les pays émergents et en développement est croissante. Il a été intégré aux Droits de tirage spéciaux du FMI en 2016. La banque centrale chinoise multiplie les accords de swaps qui facilitent les échanges de devises, et les prêts aux pays intégrés au projet des routes de la soie se poursuivent.

 

Le dollar, toujours monnaie de référence

En juillet 2023, le yuan ne représentait que 3,06 % des paiements en devise contre 46,46 % pour le dollar et 24,42 % pour l’euro, ce qui le place au 5e rang. La taille du pays, son poids dans l’économie mondiale, et particulièrement dans le commerce international pourrait soutenir la position du yuan comme monnaie internationale.

Si l’on observe une diversification dans l’utilisation des monnaies, l’évolution la plus probable est une poursuite de ce mouvement, avec une régionalisation permettant l’usage de monnaies locales et la poursuite d’un processus d’internationalisation du yuan, mais le dollar restant la monnaie internationale de référence. En effet, l’inconvertibilité du yuan, le contrôle des capitaux et la taille insuffisante des marchés de capitaux de la Chine l’empêchent encore de faire de sa monnaie une alternative au dollar. Celui-ci garde un rôle central dans le système monétaire international en raison du poids politique, militaire et économique des États-Unis qui, eux, présentent les garanties permettant d’avoir une monnaie internationale : un système financier de grande taille, une gouvernance de celui-ci transparente et fondée sur des règles et une faible distinction entre résidents nationaux et étrangers.

L’hétérogénéité des BRICS, la divergence de leurs intérêts rend difficile la coordination de leurs politiques. Comme ils ne souhaitent pas une rupture avec les États-Unis et l’Europe, ces rapprochements peuvent néanmoins leur permettre d’accroître leur pouvoir de négociation et de peser sur la gouvernance mondiale sur les sujets fondamentaux que sont la lutte contre la pauvreté ou la soutenabilité environnementale du développement.The Conversation

Mary-Françoise Renard, Professeur d’économie, Université Clermont Auvergne (UCA)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Les BRICS vont-ils détrôner le dollar américain ?

Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s’est achevé sur une invitation à rejoindre le groupe adressée aux Émirats, à l’Égypte, à l’Iran, à l’Arabie saoudite, à l’Argentine et à l’Éthiopie.

Le sommet a fait couler beaucoup d’encre quant à l’impact de ce vaste groupe de nations, y compris des spéculations sur la fin du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale si ce groupe est perçu comme une menace pour les États-Unis, ou même pour le Fonds monétaire international.

Plusieurs points doivent être clarifiés.

 

De nombreux analystes politiques pensent que la Chine prête, investit ou soutient sans contrepartie. Elle est une grande puissance économique, mais elle n’a aucun intérêt à être une monnaie de réserve mondiale. Sa monnaie n’est actuellement utilisée que dans 5 % des transactions mondiales, selon la Banque des règlements internationaux.

La Chine et la Russie pratiquent le contrôle des capitaux. Il est impossible d’avoir une monnaie de réserve mondiale sans liberté de circulation des capitaux. Pour avoir une monnaie fiduciaire stable, il faut plus que de solides réserves d’or. Il est essentiel de garantir la liberté économique, l’investissement, la sécurité juridique et la libre circulation des capitaux, ainsi qu’un système financier ouvert, transparent et diversifié.

La Chine et la Russie sont des prêteurs beaucoup plus exigeants et rigoureux que ne le pensent de nombreux hommes politiques. Il semble que certains politiciens des marchés émergents pensent que l’adhésion à la Chine et à la Russie sera une sorte de panacée en matière d’argent gratuit.

Un autre problème lié à la création d’une monnaie des BRICS est que, logiquement, ni la Chine ni la Russie n’ont la moindre intention de perdre leur monnaie nationale pour la diluer aux côtés d’un groupe d’émetteurs dont le bilan en matière de maîtrise des déséquilibres monétaires est douteux.

Au cours des dix dernières années, les monnaies des pays invités par les BRICS se sont fortement dépréciées par rapport au dollar américain.

Selon Bloomberg : le peso argentin a chuté de 98 %, la livre égyptienne de 78 %, la roupie indienne de 35 %, le birr éthiopien de 68 %, le real brésilien de 55 % ; et selon The Economist, le rial iranien s’est effondré de 90 %.

Ce n’est pas en réunissant des monnaies faibles que l’on obtient une monnaie forte.

Il ne faut pas oublier que la performance du rouble russe (-68 % par rapport au dollar américain, selon Bloomberg) au cours de la dernière décennie a également été médiocre, malgré une banque centrale relativement prudente.

La meilleure monnaie des « BRICS et invités » par rapport au dollar américain au cours des dix dernières années est le yuan chinois, avec une dépréciation de seulement 14 %.

Pour qu’une monnaie fiduciaire soit stable, il est nécessaire que l’émetteur la défende en tant que réserve de valeur, méthode de paiement généralement acceptée et unité de mesure. La liberté des capitaux et des institutions indépendantes offrant une sécurité juridique aux investisseurs nationaux et internationaux est nécessaire. Une puissance militaire forte ne garantit pas une monnaie acceptée comme réserve de valeur, comme l’a démontré le désastreux kopek soviétique, malgré l’influence de l’URSS sur la moitié du monde.

L’union de pays dont les gouvernements prônent la monétisation des dépenses publiques incontrôlées et l’accroissement massif des déséquilibres monétaires ne peut créer une monnaie stable, sauf à suivre l’exemple de l’euro.

Dans l’euro, l’Allemagne, le pays dont la politique budgétaire est la plus prudente et la plus responsable, a dicté les grandes lignes des règles monétaires et budgétaires pour les autres. Malheureusement, en essayant de jouer le rôle des États-Unis et de la Réserve fédérale, la zone euro et la BCE ont perdu la plupart de leurs possibilités d’être une véritable alternative au dollar américain.

L’euro est le plus grand succès monétaire fiduciaire de l’ère post-Bretton Woods ; ne le privons pas de son mérite.

L’alternative BRICS commence par un talon d’Achille majeur.

La Chine et la Russie vont avoir de grandes difficultés à imposer des restrictions budgétaires et monétaires à leurs partenaires. N’oublions pas que plusieurs de ces partenaires ont rejoint le groupe, pensant qu’ils pourront désormais continuer à imprimer de l’argent et à dépenser sans contrôle, mais que leurs déséquilibres monétaires seront distribués à d’autres nations.

L’euro a été un succès parce que des démocraties libérales dotées d’institutions indépendantes, d’une grande liberté économique et d’une sécurité juridique ont accepté d’aligner leurs politiques pour le bien commun, créant ainsi une monnaie solide qui a évité la débâcle créée par les spirales inflationnistes qui ont été la norme en Europe au cours de l’histoire, lorsque les gouvernements se consacraient à transférer leurs déséquilibres sur les salaires et l’épargne des citoyens par la destruction monétaire.

Cela ne semble pas facilement reproductible avec les BRICS et les invités.

La Chine peut toutefois accroître son contrôle sur tous ces pays en mettant en œuvre des politiques monétaires et fiscales rigoureuses. Elle est le prêteur le plus puissant de tous les BRICS, mais il est peu probable qu’elle prenne le rôle de l’Allemagne de l’euro, prête à absorber les excès des autres en échange d’un projet commun.

La Chine va accroître son contrôle sur les pays du groupe, mais il est peu probable qu’elle mette en péril la stabilité et la sécurité de son énorme population en faisant baisser sa monnaie. Le gouvernement chinois est probablement en train d’analyser la perte de prudence monétaire de l’euro, et d’arriver à la conclusion qu’il ne peut pas prendre le même risque avec certains de ces nouveaux partenaires.

Toutefois, la Chine tirera probablement le meilleur parti de sa puissance financière pour accorder des prêts, accroître ses possibilités de croissance nationale et internationale et accéder à des matières premières abondantes et bon marché.

La Chine est la grande gagnante du sommet des BRICS.

Le gouvernement chinois sait probablement que nombre de ses partenaires vont continuer à accroître leurs déséquilibres, ce qui pourrait permettre à la Chine de renforcer sa position de leader. Toutefois, j’ai du mal à croire que la Chine acceptera la création d’une monnaie que d’autres pourront utiliser pour déclencher des déséquilibres inflationnistes.

Pendant ce temps, aux États-Unis, le gouvernement peut mettre en péril la crédibilité du dollar américain s’il continue à générer des déficits de deux mille milliards de dollars par an, plus d’un déficit estimé à 14 mille milliards de dollars d’ici 2030, et avec un nombre croissant de conseillers irresponsables affirmant qu’il peut créer tout l’argent qu’il veut sans risque. La crédibilité fiscale, l’indépendance institutionnelle et la liberté économique du dollar américain, la monnaie la plus utilisée dans le monde, consolident son leadership. Si le gouvernement affaiblit ces atouts, le dollar perdra son statut de réserve.

Si elle survient, la fin du dollar américain ne viendra pas de la concurrence d’une autre monnaie fiduciaire, car la tentation des gouvernements de détruire le pouvoir d’achat de la monnaie émise est trop forte. Elle viendra probablement de monnaies indépendantes.

Sur le web

Les BRICS : une organisation disparate et liberticide

Un article de l’Iref-Europe

 

À l’origine, les BRICS avaient vocation à réunir des pays peu développés mais en forte ascension pour leur permettre de peser au niveau mondial.

Depuis 2011, cinq pays en étaient membres : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Fin août, ils ont élargi leur organisation à l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie. Comptant ainsi en leur sein trois des cinq pays les plus étendus du monde, et les deux pays les plus peuplés, les BRICS représentent 46 % de la population mondiale et 36 % du PIB.

Mais désormais cette alliance disparate apparaît surtout comme le camp des pays opposés aux valeurs occidentales. Il s’agit d’un rassemblement de pays totalitaires (Chine, Iran), despotiques (Russie, Égypte, Arabie saoudite) ou pour le moins intolérants (Inde) et étatistes, populistes sinon collectivistes. La corruption y règne, le public et le privé se mélangent volontiers pour le profit d’une minorité, la démocratie n’y a guère de droits, et les libertés essentielles n’y sont pas respectées.

Bien sûr, la Chine en témoigne le mieux avec sa répression sauvage du Xinjiang et son système méthodique de coercition mis en place par le gouvernement à l’encontre des minorités religieuses et de tous les adeptes de la liberté.

La Russie gouverne par la terreur, empoisonne ses opposants, tue les journalistes et préfère détruire ses anciens vassaux soviétiques (Géorgie, Ukraine…) plutôt que de les voir devenir plus développés qu’elle…

L’Inde pratique un nationalisme exacerbé, tandis que l’Iran et l’Arabie saoudite asservissent leurs populations à une loi de Dieu qui sert celle de leurs maîtres. Parmi bien d’autres, un enseignant retraité vient d’être condamné à mort au royaume des Saoud pour des tweets critiques du pouvoir ! Le général Sissi règne depuis 10 ans en dictateur sur l’Égypte, et si sa fermeté a l’avantage de réduire l’islamisme, elle s’étend à toute la société dans le pays dont l’économie vacille. L’Afrique du Sud se détruit dans la corruption et dans son racisme à l’envers qui fait fuir les blancs et l’appauvrit. Au Brésil, Lula s’est fait réélire alors que ses condamnations pour corruption n’ont été levées que pour vice de forme. Dans l’Argentine populiste des péronistes, l’ancienne présidente Cristina Kirchner a été condamnée pour « administration frauduleuse » au préjudice de l’État, mais elle parade encore. Enfin, l’Éthiopie et les Émirata arabes unis restent attachés à des autoritarismes respectivement ethnique et religieux.

Certains de ces pays sont plus riches que d’autres, surtout quand ils ont du pétrole, mais leur développement est toujours freiné par la domination de l’État et la limitation des libertés qui entravent la créativité personnelle et les échanges économiques autant que scientifiques et culturels dont le progrès est toujours le fruit. Plus encore que les autres BRICS, la Chine paye d’ailleurs aujourd’hui, dans une descente économique aux enfers, des années de contrôle, et donc d’abaissement de la société.

À cet égard, en s’enfermant dans une posture anti-occidentale, les BRICS resteront handicapés. Car jusqu’à présent il reste vrai que c’est la liberté et l’ouverture de la société autant que la concurrence des idées et des biens qui ont permis, en Occident d’abord, mais ensuite dans certains pays d’Asie ou d’Amérique du Sud, la sortie de la pauvreté. Ce sont tout en même temps, l’État de droit, la démocratie, sous des formes diverses, et le marché qui ont produit un incroyable essor intellectuel et moral autant qu’économique.

Cependant, il ne faut pas négliger la force des despotismes qui monopolisent les moyens de la société au profit de l’État et de ses ambitions fallacieuses. Le monde libre doit veiller à conserver ses constituants. À les perdre, il s’enlisera à son tour dans les marais des sociétés fermées. Le projet du Danemark d’interdire les autodafés du Coran, c’est-à-dire de criminaliser le blasphème ou le sacrilège, est le signe de cette soumission à un despotisme extérieur.

Les BRICS s’unissent pour déstabiliser notre civilisation et faire prévaloir leur mode de fonctionnement autoritaire.

C’est leur droit, comme c’est le nôtre de le refuser et de continuer de penser que, malgré tous les défauts des régimes libéraux, ils ne sont les pires qu’à l’exception de tous les autres. Ne serait-ce que parce qu’ils sont les seuls où le débat reste possible. Non seulement il ne faut pas ignorer le danger du projet des BRICS d’imposer des modèles mortifères de vie et de développement, encore moins s’y abandonner, mais il faut y résister en étant fiers de notre modèle de société ouverte, et en la fortifiant par le respect de ses règles constitutives de liberté, responsabilité, dignité et propriété.

 

Sur le web

[PODCAST] Les clés de la réussite économique dans un monde qui change, avec Richard Détente

Épisode #39

 

Écoutez le podcast à l’aide du lecteur ci-dessous. Si rien ne s’affiche, rechargez la page dans votre navigateur, ou cliquez directement sur ce lien

Richard Détente est entrepreneur dans des domaines divers, tels que les médias en ligne, la formation économique, l’information financière, et le minage de cryptomonnaies.

Il a notamment fondé les célèbres chaînes Youtube Grand Angle et Grand Angle Crypto. Avec son parcours professionnel original, et son apprentissage « accidentel » de l’économie, il propose avec ses invités une vision peu conventionnelle de l’actualité économique, mais qui s’impose la réussite financière des investissements qui en découlent comme critère de validation.

Dans cet entretien, il est question de son parcours personnel, ainsi que de son regard sur les grandes tendances économiques du monde actuel, notamment du point de vue géopolitique : ambitions des BRICS, impérialismes économiques, déclin de l’Union européenne, etc.

Cet entretien a été enregistré à Biarritz le 25 août 2023 en marge de la conférence Surfin’ Bitcoin. Ce grand rendez-vous annuel de l’écosystème Bitcoin est l’occasion d’échanger avec des intervenants et participants venus de toute l’Europe.

Cette année, j’ai eu le plaisir de représenter Contrepoints en animant une keynote que je partagerai prochainement avec vous au travers d’un article, et en participant à un débat sur la place de Bitcoin sur le spectre écologique, face à Alexandre Stachtchenko (vidéo prochainement disponible).

Si vous souhaitez entendre Richard dans un futur épisode, ou que vous avez des suggestions d’invités, n’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires.

 Programme :

Introduction – 00:00

Présentation de l’invité – 2:42

Rencontre avec Charles Gave – 6:28

De la pédagogie économique à l’investissement : évolution de la chaîne Grand Angle – 10:25

L’origine de Cleansat Mining – 12:17

Scepticisme initial face au Bitcoin et virage à 180° – 13:15

Comment te positionnes-tu sur le « spectre politique » ? – 19:10

Apogée d’une civilisation et tentation de la dette – 22:22

La désindustrialisation d’un pays est-elle intrinsèquement mauvaise  ? – 24:25

Le marché obligataire : outil d’endettement ou de pilotage de l’économie ? – 28:52

La Chine : miracle économique ou tigre de papier surendetté ? – 36:29.171

Les BRICS sont-ils prêts à dépasser l’Occident ? – 42:36

Russie : plus influente malgré les sanctions économiques ? – 49:03

Problèmes monétaires africains – 52:03.618

Turquie : une économie prospère malgré le naufrage monétaire ? – 55:59

Une monnaie commune pour les BRICS : un projet crédible ? – 1:01:56

Réflexions sur la dette chinoise – 1:04:23

 

Pour aller plus loin :

 

Economic Principles for a Changing World Order (livre de Ray Dalio, gratuitement accessible)

Notice Wikibéral de Knut Wicksell

Grand Angle Crypto sur Youtube

Grand Angle Éco sur Youtube

Site web Grand Angle Éco

Richard Détente sur Twitter

BRICS + : ça va manquer de ciment

En apparence, c’est un camouflet cinglant pour l’Occident. Les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) se sont élargis à six nouveaux membres (Iran, Argentine, Emirats arabes Unis, Arabie saoudite, Égypte, Éthiopie).

« Moment historique », « étape clé en faveur d’un monde multipolaire » face à « l’hégémonie occidentale », « formidable outil de rééquilibrage » ; les dirigeants des pays concernés n’ont pas lésiné sur les formules tonitruantes lors du sommet qui a acté, la semaine dernière à Johannesburg, la constitution de ce, en anglais, BRACISUIEE, on dira plutôt Brics +.

 

Une riposte à l’Occident

Et, effectivement, il s’agit d’un moment significatif dans la montée, qu’il ne faut pas négliger, d’un ressentiment envers l’Occident, ses pratiques commerciales, ses sanctions, et de tentatives du « Sud Global » (même s’il compte une Russie revendiquant le pôle nord) de s’organiser pour peser sur les affaires du monde. Il s’agirait de rebattre les cartes d’un ordre mondial dominé par l’Ouest depuis 1945 via notamment FMI, OMC et Banque mondiale, même si les pays du sud y ont droit au chapitre… Ironie du sort, cette riposte, ce défi à l’Occident part d’un sigle inventé en 2001 par l’archétype de la banque d’affaires américaine, Goldman Sachs.

Toutefois….

Toutefois, comme dans la pièce de Shakespeare, tout ceci représente peut-être « beaucoup de bruit pour rien », ou du moins beaucoup moins que claironné par les protagonistes.

Car la plupart des membres du groupe des Brics + demeurent formidablement dépendants des Occidentaux sur le plan économique, ou technologique. Et l’ensemble, dénué de toute intégration économique, est zébré de divergences, disparités et rivalités, voire inimitiés.

 

L’Ouest reste incontournable

La dépendance, tout d’abord.

L’Ouest (Union européenne, Royaume-Uni, Suisse, Amérique du Nord, Japon, Australie), qui pèse toujours 60 % du PIB nominal mondial, continue de fournir l’essentiel des investissements étrangers sur lesquels, à l’exception de ses deux membres du golfe Persique et de la Chine, ces pays comptent pour nourrir leur spectaculaire décollage, puisque leur épargne domestique est insuffisante. Indice révélateur du manque d’implication multilatérale, un seul des onze membres du groupe des Brics +, la Chine, investit substantiellement chez les autres membres, en sus d’une Inde fournissant parfois 2-3 % de leurs IDE (investissements directs étrangers). Les membres du club ont aussi besoin, y compris encore Pékin, des transferts de technologies des pays occidentaux. Aucun des onze membres des Brics + n’a un poids notable au niveau mondial en matière de dépôt de brevets, ou de recherche scientifique, sauf la Chine et, un peu l’Inde.

Quant au commerce international, les chiffres sont sans appel. Les principaux clients et fournisseurs des Brics + restent les pays industrialisés occidentaux. Hormis, encore une fois, Chine et Inde, les pays des Brics + n’apparaissent généralement pas parmi les dix principaux partenaires commerciaux des autres membres. Ce qui n’a rien de surprenant, puisque les économies des Brics + sont peu complémentaires, tous étant surtout exportateurs d’hydrocarbures, produits agricoles, métaux, hormis Chine et Inde. Ils ont même des intérêts antagonistes en matière de prix du baril, puisque l’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole, devant la Russie et, au cinquième rang, les Emirats arabes unis, alors que Chine et Inde sont les deux premiers importateurs.

 

Des disparités démographiques, économiques, politiques et militaires

Divergences qui se traduisent d’ailleurs par l’absence de toute dynamique d’intégration économique entre les Brics canal historique, sans parler des nouveaux adhérents dispersés sur trois continents.

Nulle baisse de tarifs douaniers à l’horizon, ou de marché commun. Seule est en route une banque commune du développement, NDB, vingt-cinq fois moins active que la Banque mondiale, et une ébauche de mise en place des lignes de swaps au profit de pays en pénurie de devises, le CRA (Contingent Reserve Arrangement).

Certains s’enflamment en y voyant déjà une ébauche d’alternative au dollar en oubliant qu’une unité de compte, et encore plus une monnaie commune, n’a aucune chance d’exister avec des pays dont les devises ne sont pas pleinement convertibles, dont certains ont fait banqueroute et dont les devises ne peuvent pas s’accumuler à l’étranger en « balances » pour constituer un instrument de réserve, puisque leur commerce extérieur est structurellement excédentaire (Chine, Russie, monarchies arabes).

S’y ajoutent de profondes disparités de tout ordre.

La Chine et l’Inde sont les pays les plus peuplés de la planète, quatre fois plus que le troisième, les États-Unis, et… cent cinquante fois plus que le plus petit membre du nouveau club, les Émirats arabes unis. Économiquement, la Chine est la deuxième économie de la planète, au point de peser 70 % du PIB des Brics +, et si l’Inde et la Russie figurent parmi les dix premières, les autres s’échelonnent de la 20e place à la… 62e (Éthiopie). Certes, les Brics, initialement club de pays à forte croissance, comptent, deux « tigres » mais aussi trois pays à croissance proche de 1 % par an depuis douze ans : Brésil, Russie et Afrique du Sud.

Enfin, sur le plan militaire, derrière Pékin qui se targue de la deuxième armée mondiale en effectifs et équipements, sans qu’on sache ce qu’il vaut sur le terrain depuis la piteuse campagne de 1979 au Vietnam, les autres n’ont aucune expérience du feu, ni équipements substantiels, hormis l’armée russe discréditée, voire détruite à moitié, en Ukraine. Peu ont donc les moyens militaires de défendre d’éventuels intérêts en commun, voire particuliers.

Et précisément, en matière d’intérêts en commun, ou de convergence politique…

Le groupe des Brics + rassemble des régimes autocratiques, voire dictatoriaux (Russie, Chine, Iran, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis), et des démocraties (Inde, Brésil, Argentine), en sus de démocraties très imparfaites, Afrique du Sud et Éthiopie.

L’attelage Brics est aussi disparate sur le plan civilisationnel : aux côtés de deux pays d’Amérique latine, de l’Égypte, référence du monde arabe, et de l’Arabie saoudite, gardien des lieux saints, on liste l’Iran, perse et chiite, la Russie, slave et orthodoxe, l’Éthiopie, mi musulmane mi chrétienne engluée dans une guerre civile, l’Inde, saisie par le nationalisme hindou et la Chine, encore un autre monde.

 

Ça va être presque simple

Le caractère très hétéroclite de cet attelage, dénué au demeurant de charte, ou de critères transparents d’adhésion (18 pays avaient candidaté, et difficile de savoir pourquoi l’Indonésie, le Bangladesh, le Nigéria, ou l’Algérie sont restés sur le seuil), se reflète dans les alliances, rivalités et inimitiés géopolitiques. Visite guidée, accrochez-vous.

La Russie et son allié iranien sont ennemis des États-Unis, dont la Chine est un rival acrimonieux, tout en étant son premier client et fournisseur, alors que l’Égypte, partenaire militaire de Washington, tout comme les Émirats et Riyad, rétablit prudemment ses relations avec son ennemi, Téhéran.

Mais ces pays arabes, de même que l’Afrique du Sud et le Brésil, veulent avoir aussi de bonnes relations avec Pékin et Moscou, sans que cela ne les empêche de voter à l’ONU contre l’invasion russe de l’Ukraine, pendant que l’Inde mise à la fois sur la Russie et les États-Unis pour tenir tête à la Chine, avec qui ses soldats ouvrent parfois la boite à gifles dans les zones frontalières disputées, tandis que « l’amitié infinie » entre Pékin et Moscou tourne à la relation suzerain/vassal, l’Éthiopie se révélant parallèlement sous influence chinoise tout en étant un partenaire historique de Washington. L’Argentine, pour sa part, peut se demander ce qu’elle fait dans cette galère au point que sa probable future présidente a annoncé qu’elle retirerait son pays du club.

Et encore, on n’a pas encore sur les bras une crise à Taïwan…

[Passages médias] Géopolitique des BRICS et du monde

Ces derniers jours, l’actualité internationale a été largement dominée par le Sommet des BRICS. Pour donner des clés d’explications, Alexandre Massaux, secrétaire de rédaction à Contrepoints est passé à deux reprises sur Radio-Canada cette semaine.

Radio-Canada, qui appartient à la Société Radio-Canada (en anglais : Canadian Broadcasting Corporation, CBC) est l’un des principaux médias audiovisuels canadiens avec une bonne visibilité et renommée au Canada.

Vous pouvez écouter les passages ici (Réunion du sommet annuel des BRICS, 23 août 2023), et ici (retour sur la clôture du sommet des BRICS).

 

Vous trouverez des réponses aux questions suivantes :

  • Les BRICS forment-ils un bloc uni ?
  • Quelles sont leurs motivations ?
  • Quelles perspectives au niveau financier et économique du renforcement des BRICS ?
  • L’absence physique du président russe Vladimir Poutine au sommet, quelle symbolique ?
  • Quelles sont les rivalités internes ?
  • Sont-ils des adversaires de l’Occident ?
  • En quoi l’Inde est-elle un membre de plus en plus important, et pourquoi l’Occident doit-il entretenir de bonnes relations avec elle ?
  • En quoi l’adhésion des 6 nouveaux membres influe-t-elle sur la géopolitique économique mondiale ?
  • Pourquoi l’adhésion de l’Iran, de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Égypte est-elle importante d’un point de vue énergétique et commercial ?
  • Pourquoi les deux rivaux que sont l’Iran et l’Arabie saoudite rejoignent-ils en même temps le même groupe ? Avec quel rôle pour la Chine ?

 

Ces sujets sont traités en évitant une vision manichéenne. En effet, en relations internationales, les États n’ont pas d’amis et d’ennemis, ils n’ont que des intérêts. Face à la complexité de ces changements sur la scène internationale, la modération en termes d’analyse reste de mise.

Vous pouvez retrouver les analyses d’Alexandre Massaux sur Contrepoints, mais aussi dans les revues spécialisées de relations internationales comme Conflits ou Diplomatie : le nouveau numéro des Grands Dossiers de Diplomatie (n° 75) contient d’ailleurs son analyse des relations actuelles entre la France et les États-Unis.

BRICS : un sommet sur la multipolarité et la dédollarisation

Un nouvel ordre mondial est-il en train de se mettre en place sous la houlette des BRICS ?

Entre le 22 et 24 août se tient en Afrique du Sud le 15e sommet des BRICS. Ce forum informel composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud a gagné en importance cette dernière décennie, avec la montée en puissance de ses membres, surtout l’Inde et la Chine.

Les BRICS ont une population de 3,24 milliards d’habitants, soit 40 % de la population mondiale. En 2001, ils représentaient 8 % du PIB mondial. Désormais, ils seraient à 26 %, rattrapant ainsi le G7, son « homologue » occidental.

De plus, les récentes difficultés économiques de la Chine ne changent pas le fait que le cœur du commerce mondial se situe en Asie et dans le Pacifique. Sur les dix premiers ports de commerce mondiaux, neuf se situent dans la région asiatique (dont trois des cinq BRICS : Chine, Inde, Russie).

Parmi les enjeux de ce sommet des BRICS, se trouve la volonté de dédollariser le groupe en augmentant leurs échanges économiques avec leurs monnaies nationales. Si l’idée d’une monnaie commune revient souvent, elle ne serait toutefois pas à l’ordre du jour du sommet. La volonté d’échanges économiques dans des monnaies autres que le dollar américain s’est accélérée avec le conflit en Ukraine : l’Arabie saoudite a pensé utiliser le yuan chinois pour la vente du pétrole.

Un autre enjeu est l’adhésion de nouveaux membres au sein du groupe : en 2022 et 2023, 22 pays ont manifesté leur souhait d’adhérer aux BRICS. Des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine souvent insatisfaits de l’Occident.

 

Plus complexe qu’une alliance anti-occidentale

Toutefois, il serait étonnant de considérer que les BRICS sont devenus une alliance anti-occidentale. Les cinq membres n’ont pas la même vision. Si la Chine et la Russie ont bien ce souhait de façonner un ordre indépendant des États-Unis, ce n’est pas l’avis des trois autres membres, et surtout de l’Inde.

L’absence physique du président russe Vladimir Poutine au sommet en est un exemple. L’Afrique du Sud est membre de la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d’arrêt contre Poutine. L’absence de ce dernier a pour but d’éviter à l’Afrique du Sud de se mettre l’Occident à dos, car il semblait utopique que le pays arrête le président de la Russie.

En outre, l’Inde comme le Brésil se montrent réticents à l’accueil de nouveaux membres. Le Brésil reste dans la sphère d’influence américaine, tandis que l’Inde maintient une relation cordiale avec Washington et l’Occident, comme le montrent les récents voyages du Premier ministre indien Modi aux États-Unis et en France.

Considérer les BRICS comme un groupe uni serait vite oublier la rivalité entre l’Inde et la Chine. Si pour l’opinion publique indienne, Russie et États-Unis sont des partenaires, la Chine représente une menace.

Une chose est sûre, les BRICS souhaitent un monde multipolaire où ils auront leur place. Mais l’opposition aux États-Unis et à l’Occident ne fait pas l’unanimité. Ces derniers sont à la croisée des chemins. Soit ils parviennent à s’entendre avec des pays clés comme l’Inde, et évitent la constitution d’un axe russo-chinois trop fort. Soit l’Occident s’aliène l’ensemble des BRICS et leurs alliés, avec le risque de s’isoler.

 

Le projet de monnaie des BRICS s’accélère

Par Thorsten Polleit.

 

Le vendredi 7 juillet 2023, les médias financiers ont annoncé que les BRICS (c’est-à-dire le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) allaient mettre en œuvre leur projet de création d’une nouvelle monnaie internationale pour les échanges et les transactions financières, et que cette nouvelle monnaie serait adossée à l’or.

Plus récemment, le 2 juin 2023, les ministres des Affaires étrangères des BRICS – ainsi que des représentants de plus de douze pays – se sont réunis au Cap, en Afrique du Sud (ce qui est intéressant, au Cap de Bonne Espérance). Il a notamment été souligné qu’ils souhaitaient créer une monnaie d’échange internationale. Il s’agit sans aucun doute d’une entreprise dont les conséquences pourraient être considérables.

Après tout, les BRICS représentent environ 3,2 milliards de personnes, soit environ 40 % de la population mondiale, avec une production économique combinée presque aussi importante que l’économie des États-Unis d’Amérique. De nombreux autres pays (tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Iran, l’Algérie, l’Argentine et le Kazakhstan) pourraient vouloir rejoindre le club des BRICS.

L’objectif des BRICS est de réduire leur dépendance économique et politique à l’égard du dollar américain, en remettant en cause « l’impérialisme du dollar américain ». À cette fin, ils veulent créer une nouvelle monnaie internationale pour les transactions commerciales et financières, qui remplacerait le dollar américain en tant qu’unité de transaction.

La raison en est évidente. L’administration américaine a utilisé à maintes reprises le billet vert comme une « arme géopolitique » et s’est engagée dans une sorte de « guerre financière » : Washington sanctionne les pays ennemis en leur refusant l’accès au marché des capitaux en dollars, mais surtout en les excluant du système de paiement international centré sur le dollar.

Le gel des réserves de devises de la Russie (l’équivalent de près de six cents milliards de dollars américains est actuellement en jeu) a déclenché une sonnette d’alarme dans de nombreux pays non occidentaux. Il a rappelé à un certain nombre d’entre eux que la détention de dollars américains s’accompagne d’un risque politique. Cela a incité beaucoup d’entre eux à restructurer leurs réserves de change internationales : détenir moins de dollars américains, passer à d’autres monnaies (plus petites), mais surtout acheter davantage d’or.

Mais comment les BRICS pourraient-ils s’éloigner du dollar américain ? Bien qu’aucun détail ne soit encore disponible sur la manière dont la nouvelle monnaie des BRICS pourrait être structurée, cela ne devrait pas nous empêcher de spéculer sur ce qui nous attend.

Les BRICS pourraient créer une nouvelle banque (la « banque des BRICS »), financée par les dépôts d’or de leurs banques centrales. Les avoirs en or physiquement déposés figureraient à l’actif du bilan de la banque des BRICS et pourraient être libellés, par exemple, en « or des BRICS », un or représentant un gramme d’or physique.

La banque des BRICS peut alors accorder des prêts libellés en or des BRICS (par exemple, aux exportateurs des pays des BRICS et/ou aux importateurs de biens de l’étranger). Pour financer les prêts, la banque BRICS conclut un contrat de crédit avec les détenteurs d’or BRICS : les détenteurs d’or des BRICS acceptent de transférer leur dépôt à la Banque des BRICS pour, par exemple, un mois, un an ou deux ans, en échange d’un taux d’intérêt. En outre, la banque des BRICS peut également accepter d’autres dépôts d’or de la part d’investisseurs internationaux, qui peuvent ainsi détenir des dépôts d’or des BRICS (portant intérêt).

L’or des BRICS pourrait désormais être utilisé par les pays des BRICS et leurs partenaires commerciaux comme monnaie internationale, comme unité de compte internationale dans les transactions commerciales et financières mondiales. D’ailleurs, la nouvelle monnaie-or de facto n’aurait même pas besoin d’être physiquement frappée, mais pourrait être et rester une unité uniquement comptable, tout en étant remboursable sur demande.

Les exportateurs des BRICS et des autres pays membres devraient toutefois être disposés à vendre leurs marchandises contre de l’or BRICS au lieu de dollars américains et d’autres monnaies fiduciaires occidentales, et les importateurs des pays occidentaux devraient être disposés et capables de payer leurs factures en or BRICS.

Comment obtenir de l’or des BRICS ? Les personnes qui demandent de l’or BRICS doivent, soit obtenir un prêt d’or BRICS auprès de la Banque BRICS, soit acheter de l’or sur le marché et le déposer auprès de la Banque BRICS ou d’un dépositaire désigné, et le dépôt d’or est alors crédité sur son compte sous la forme d’or BRICS.

Par exemple, dans les opérations de paiement, les dépôts d’or BRICS de l’importateur de marchandises (détenus, par exemple, auprès de la Banque BRICS) sont crédités sur le compte de l’exportateur de marchandises (également détenus auprès de la Banque BRICS ou d’une banque correspondante ou d’un dépositaire d’or).

Cependant, la transition, l’utilisation de l’or des BRICS comme monnaie de transaction et de commerce international, aurait très probablement des conséquences considérables :

(1) Elle conduirait vraisemblablement à une (forte) augmentation de la demande d’or par rapport aux niveaux actuels, avec une augmentation (substantielle) non seulement des prix de l’or mesurés en dollars américains, en euros, etc. mais aussi dans les monnaies des BRICS.

(2) Une telle augmentation du prix de l’or dévaluerait le pouvoir d’achat des monnaies officielles – non seulement le dollar américain mais aussi les monnaies des BRICS – par rapport au métal jaune. De même, les prix des biens exprimés dans les monnaies fiduciaires officielles monteraient probablement en flèche, dévalorisant le pouvoir d’achat de toutes les monnaies fiduciaires existantes.

(3) Les pays BRICS accumuleraient des réserves d’or dans la mesure où ils ont, ou auront, des excédents commerciaux. Ils seraient vraisemblablement les gagnants du « changement de monnaie », tandis que les pays présentant des déficits commerciaux (en premier lieu les États-Unis) seraient les perdants.

 

Avoirs officiels en or des BRICS, en milliards de dollars US, T1 2023

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Source : Refinitiv : Refinitiv ; calculs propres. Les réserves d’or des BRICS s’élevaient à 5 452,7 tonnes au premier trimestre 2023 (valeur de marché actuelle d’environ 350 milliards de dollars US).

Ces quelques considérations montrent déjà à quel point le thème de la « création d’une nouvelle monnaie commerciale internationale soutenue par l’or » pourrait être perturbant : les BRICS pourraient bien déclencher des changements semblables à des glissements de terrain dans la structure économique et financière mondiale. Quoi qu’il en soit, il sera intéressant de voir comment les pays BRICS entendent procéder lors de leur réunion du 22 au 24 août à Johannesburg, en Afrique du Sud.

 

Sur le web

BRICS : une monnaie internationale adossée à l’or ?

Par : h16

Pendant que la France s’agite de ses petits débats internes qui semblent de plus en plus nombrilistes, le monde continue de changer à une vitesse accrue.

Et parmi ces changements, il devient difficile d’ignorer les mouvements véritablement tectoniques qui prennent place alors que le monde issu de la chute du Rideau de Fer disparaît sous nos yeux. Ainsi, utilisant les tensions historiques habituelles entre Inde et Chine, les États-Unis tentent de raffermir leurs liens avec le sous-continent indien : la récente visite de Modi offre une opportunité pour le secrétaire d’État aux affaires étrangères américain, Blinken, de se refaire une petite santé après son accueil particulièrement sec en Chine où on lui avait clairement fait comprendre que les opinions américaines sur Xi et Taïwan n’étaient guère appréciées.

L’avenir permettra de savoir si c’était une bonne idée américaine d’utiliser l’Inde comme un coin afin de séparer Chine et Russie et affaiblir les BRICS, mais le doute est déjà permis : c’est le même Modi qui a par exemple demandé l’intégration de l’Union africaine dans le G20, rappelant ainsi l’importance croissante de l’Afrique dans le monde qui se dessine actuellement.

En attendant, l’importance des BRICS n’est plus démentie par personne, et surtout pas par l’arrogant petit Mickey français qui voudrait bien s’inviter au prochain sommet qui se tiendra en août prochain, en Afrique du Sud.

En effet, coincé dans une relation toxique avec des Américains qui ont amplement montré n’avoir aucune sorte de respect pour lui, et des Allemands qui, non contents de jouer le jeu de Washington en s’aplatissant à chacune de ses demandes, n’hésitent pas plus à faire de la France le dindon de toutes leurs farces (énergétiques notamment), Macron tente donc de redorer son blason à l’international et de faire croire qu’il a encore un rôle à jouer alors qu’il n’est plus considéré que comme un dirigeant pusillanime et accessoire (au mieux) ou comme un pantin d’intérêts qui le dépassent (au pire) et finiront assez visiblement par l’écrabouiller le jour venu.

Le voilà donc tentant d’aller sur place en insistant lourdement pour obtenir une invitation par le truchement d’une ministre des Affaires étrangères commodément transparente.

Auto-invitation qui fait la démonstration, une fois encore, de l’effronterie sans borne du dirigeant français qui estime avoir non seulement sa place dans ce groupe de pays, mais aussi son mot à dire sur la présence de certains chefs d’État puisque, faisant sans l’ombre d’un doute référence à Poutine, il a rappelé qu’il aimerait bien assister à ces réunions si tant est qu’elles se fassent « dans le plein respect du droit international », autre façon de demander en plus une ostracisation du chef de l’État russe…

La réponse ne s’est guère faite attendre ; la Russie y est fermement opposée, mais elle n’est pas seule. L’étonnement est faible.

Tristement, cela démontre au passage à qui en doutait encore que la France a perdu toute force diplomatique sur la scène internationale ; il est certes vrai que cette descente dans les abysses de la médiocrité diplomatique n’a pas commencé avec Macron et qu’on peut facilement la faire remonter à Sarkozy, ce qui permet de comprendre que la nullité française actuelle en matière de politique étrangère ne tient pas au hasard mais bien d’un mouvement global délibéré de nos dirigeants ces vingt dernières années.

C’est dommage, parce qu’à mesure que la diplomatie française se mettait au tricot en EHPAD, l’importance des BRICS ne cessait de croître pour les pays occidentaux : la taille de leur marché potentiel (on parle d’un tiers de la population mondiale), la quantité majeure de leurs ressources (minérales et énergétiques, bien sûr, mais aussi sur le plan intellectuel, ainsi que leurs armées), et leur étendue géographique entraînant des besoins importants d’infrastructures, tout concourt à faire de ces BRICS des partenaires commerciaux de choix.

Malheureusement, s’y prendre maintenant, c’est tenter de prendre en marche un train lancé à vive allure il y a au moins 15 ans si l’on prend la création des BRICS (et sans doute davantage si l’on regarde la dynamique qui s’est mise en place au tournant du XXIe siècle) et qui ne s’arrêtera pas pour les retardataires.

Dans ce contexte, les discours de certains Occidentaux qui continuent de leur distribuer des conseils condescendants en matière de droits de l’Homme, de sexualité ou de gestion de l’environnement ou de la pollution continuent d’entretenir une véritable fracture que le seul commerce aura bien du mal à réduire. En outre, ces mêmes discours occidentaux agressivement niais et/ou arrogants, avec leurs politiques véritablement punitives, deviennent impossibles à tenir pour eux-mêmes sans se retrouver dans une position intenable : pour les Occidentaux, c’est un bel affichage vertuel que faire la chasse à la pollution, au CO2, aux engrais ou au méthane, de vouloir saboter sa propre industrie (automobile ou autre), mais cela signifie très concrètement de se couper progressivement de ce qui a assuré notre relative indépendance énergétique ou alimentaire, voire de la suprématie intellectuelle, technologique ou diplomatique pour tenter de plaire à Gaïa ou à des minorités schizophrènes ou carrément timbrées dans une enfilade de rituels païens suicidaires.

Or, lorsqu’on voit que ces pays ne suivent pas ces agendas délirants et s’en sortent de mieux en mieux, cela donne un sérieux argument pour une solide introspection… qui ne semble pas du tout à l’ordre du jour (assez peu en Occident, et surtout pas en France).

Les BRICS montrent ainsi leur volonté d’indépendance, et celle de se diriger vers un monde résolument multipolaire. Les prochaines étapes qu’ils entendent emprunter pourraient largement contribuer à leurs objectifs, comme en témoignent les discussions de plus en plus précises sur l’introduction éventuelle d’une nouvelle monnaie internationale qui serait la seule alternative crédible au dollar (aucune des autres monnaies internationales comme l’euro, le yuan, le yen ou la livre sterling ne pouvant réellement rivaliser avec le dollar américain).

Cette proposition, qui verrait le jour en août prochain, n’est pas à prendre à la légère : plusieurs économistes ont déjà évalué la proposition des BRICS et la jugent solide, d’autant plus qu’à tous points de vue – population, masse continentale, production d’énergie, PIB, production alimentaire et armes nucléaires – ces BRICS ne sont pas une simple organisation de débats multilatéraux de plus, mais constituent une alternative substantielle et crédible à l’actuelle hégémonie occidentale.

Certes, détrôner le dollar ne saurait être facile et simple. Mais s’il existe un (unique ?) moyen, c’est assez probablement en adossant cette nouvelle monnaie sur de l’or, proposant ainsi une devise totalement libre et indépendante des politiques monétaires des membres des BRICS…

Le lancement de cette monnaie adossée à l’or devrait avoir lieu fin août (le 22 apparemment). Les prochaines semaines seront donc décisives.

Sur le web

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