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La participation du Royaume-Uni à Horizon Europe et Copernicus : quels enjeux ?

Dès qu’il s’agit du Brexit, cet affront fait à l’Union européenne, la pensée désidérative ou wishful thinking décide dans la plupart des rédactions de l’angle des articles et de la titraille.

Tout se passe comme si la ligne éditoriale dépendait de croyances basées sur ce qui est agréable à imaginer pour un globaliste opposé par principe aux nations libres, plutôt que sur des faits réels, vérifiables ou rationnels. À la moindre occasion, les politiques et les médias mainstream voient poindre la fin du Brexit. Mais la Grande-Bretagne ne rejoindra plus jamais l’Union européenne, rappelait encore Boris Johnson dans sa chronique du Daily Mail. 

Pourquoi l’ancien Premier ministre Boris Johnson soulignait-il qu’au lieu de paraître embarrassés par le Brexit, les conservateurs doivent le défendre, en exploiter les avantages – et expliquer pourquoi partir était courageux, remarquable et juste ?

 

Parce que cela n’a pas empêché la Commission européenne et le gouvernement britannique d’annoncer le 7 septembre que le Royaume-Uni participera à Horizon Europe et Copernicus.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré :

« L’Union européenne  et le Royaume-Uni sont des partenaires et alliés stratégiques essentiels, ainsi que le prouve l’accord conclu aujourd’hui. Nous continuerons d’être à la pointe de la science et de la recherche au niveau mondial. »

On estime globalement que le Royaume-Uni devra verser une contribution annuelle moyenne de près de 2,6 milliards d’euros pour participer à la fois à Horizon Europe et à la composante Copernicus du programme spatial.

Le gouvernement britannique avait auparavant, c’est-à-dire sous Boris Johnson, négocié son maintien dans les programmes concernés via l’accord de commerce et de coopération signé fin 2020. Mais les querelles liées au statut de l’Irlande du Nord avaient conduit à la suspension du Royaume-Uni, l’Union européenne, outrepassant ses prérogatives, ayant « exigé que [ce] problème […] soit d’abord résolu », rappelle la Radio Télévision Suisse.

Londres et Bruxelles ont annoncé s’être mis d’accord sur la participation de la Grande-Bretagne au programme de recherche européen Horizon Europe et au programme européen d’observation de la Terre Copernicus.

La base de l’association du Royaume-Uni à ce programme est l’accord de commerce et de coopération conclu avec Boris Johnson, qui est entré en vigueur en 2021. Il régit la nouvelle relation entre les deux parties après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

L’accord contient un paragraphe qui énonce explicitement « la poursuite de la participation » de la Grande-Bretagne à Horizon Europe. En raison de désaccords autour des dispositions commerciales en Irlande du Nord, la Commission européenne avait toutefois sauté sur l’occasion pour refuser de négocier l’accord sur la recherche avec Londres. Coûte que coûte, il fallait faire payer très cher la volonté d’indépendance du Royaume-Uni pour dissuader la moindre velléité d’indépendance des peuples européens.

Le régime de Bruxelles avait son os à ronger, ils ont exigé que le problème en Irlande du Nord soit d’abord résolu. L’accord de Windsor, conclu le 27 février dernier par le Premier ministre Rishi Sunak, a finalement permis de trouver une soi-disant solution à la question des contrôles aux frontières en Irlande du Nord qui sauve la face des uns et des autres.

 

Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept sont au Royaume-Uni

Boris Johnson rappelle dans le Daily Mail :

« Je me souviens qu’en 2016, nous avions tous un débat animé sur ce qui se passerait si nous quittions l’UE. Certaines personnes étaient particulièrement préoccupées par le risque pour la participation du Royaume-Uni à Horizon – une collaboration scientifique parrainée par l’Union européenne. Le Brexit serait un désastre, ont-ils dit, pour les échanges scientifiques. Plus de conférences financées par l’Union européenne dans de charmantes villes européennes ; plus d’articles conjoints avec des chercheurs d’autres universités européennes ; plus de participation britannique aux percées européennes communes.

Je dois dire que j’étais un peu sceptique à ce sujet, et je l’ai dit à l’époque. Il ne me semblait pas que le domaine de l’effort scientifique et de la recherche se limitait à l’Union européenne. Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept se trouvent au Royaume-Uni, une en Suisse et deux seulement dans l’Union européenne. Les partenariats scientifiques sont aussi mondiaux et instantanés qu’Internet. »

Cela étant, pourquoi quitter l’Union européenne aurait signifié quitter des projets comme Horizon ? En supposant que les Britanniques souhaitaient rester.

Quoi qu’il en soit, Horizon n’était pas politique. Cela ne faisait pas partie du grand projet fédéraliste caché du régime de Bruxelles. Le Royaume-Uni contribuait largement au projet, tant sur le plan financier, que sur le plan de la recherche, la recherche britannique ayant un niveau de classe mondiale.

« Qui serait assez fou pour virer le Royaume-Uni d’Horizon ? poursuit Boris Johnson. Eh bien, il s’est avéré que j’ai sous-estimé la mesquinerie de nos amis et partenaires. Ils ont décidé temporairement de mettre fin à l’adhésion du Royaume-Uni, même s’ils voulaient et avaient besoin de nous. Maintenant, je suis ravi de dire qu’ils ont cédé, et nous sommes de retour, et à juste titre.

C’est ce que nous, Brexiters, avons toujours dit qu’il arriverait, et devrait arriver. Nous avons dit que nous pouvions obtenir le meilleur des deux mondes — quitter l’Union européenne, mais continuer avec des partenariats et des collaborations de toutes sortes. QED (quod erat demonstrandum), comme on dit dans le monde académique. »

Le cadre de Windsor, qui enferme l’Irlande du Nord dans des parties du marché unique, rendant de fait plus difficile, mais pas impossible, pour le reste du Royaume-Uni de diverger du droit de l’Union européenne, a permis cette coopération scientifique internationale. Le pays a néanmoins préféré ne pas revenir dans le programme de recherche atomique Euratom. Le Royaume-Uni développera notamment une stratégie nationale en matière de fusion nucléaire, « soutenue par un budget de 650 millions de livres sterling [environ 750 millions d’euros] jusqu’en 2027 ».

 

En revanche, que ceux qui imaginent le Royaume-Uni rejoindre l’Union européenne se calment un peu, cela signifierait — selon les règles de l’Union européenne — que la Grande-Bretagne devrait abandonner la livre, adhérer à l’euro, et abandonner le contrôle national de la politique monétaire et, logiquement, fiscale.

Pour rejoindre l’Union européenne, la Grande-Bretagne devrait payer encore plus à Bruxelles qu’auparavant et adhérer à l’objectif d’une Europe fédérale. Aucun gouvernement britannique sérieux ne l’accepterait, comme l’a rappelé l’ancien Premier ministre Boris Johnson dans sa chronique du samedi dans le Daily Mail, journal qu’avait choisi Churchill pour s’exprimer depuis les États-Unis en 1931, pendant sa propre traversée du désert.

Royaume-Uni : un premier grand succès commercial après le brexit

Au début du mois, la ministre britannique aux Affaires et au Commerce, Kemi Badenoch, a signé l’Accord global et progressif pour le partenariat transpacifique (CPTPP), un nouvel accord commercial conclu avec 11 pays d’Asie et du Pacifique, couvrant une zone commerciale d’environ 500 millions de personnes, soit 15 % du PIB mondial. Et ce, avant l’adhésion de la Thaïlande et de la Corée du Sud. Peut-être qu’après tout, à un moment donné, les États-Unis, qui, sous la présidence de Trump, ont décidé d’abandonner l’accord, pourraient également choisir d’y adhérer.

Oui, l’Inde et la Chine ne font pas partie de l’accord, relativement faible en ce qui concerne l’ouverture des services, les chaînes d’approvisionnement du Royaume-Uni sont évidemment beaucoup plus intégrées au continent européen, et les gains estimés sont modestes, avec 0,08 % du PIB.

Toutefois, dans le monde actuel du découplage et de la montée du sentiment protectionniste, les gains de l’ouverture commerciale sont réalisés étape par étape. De plus en plus de pays ont demandé à adhérer à l’OMC, dont la Chine. Mais on peut douter qu’elle soit autorisée à adhérer au CPTPP, car le projet était initialement conçu comme un contrepoids commercial du Pacifique face à la Chine. Le TTIP, l’accord commercial proposé entre les États-Unis et l’Union européenne, qui a échoué, était son pendant atlantique. Néanmoins, Taïwan, l’Ukraine, le Costa Rica, l’Uruguay et l’Équateur ont également demandé à adhérer au pacte du CPTPP. Les signataires sont tenus de supprimer ou de réduire considérablement les droits de douane, de s’engager fermement à ouvrir les marchés des services et des investissements et de respecter les règles relatives à la concurrence, aux droits de propriété intellectuelle et à la protection des entreprises étrangères.

Quels que soient les avantages précis pour le Royaume-Uni, l’aspect le plus important de cet événement est la valeur de précédent.

Avec sa proposition d’accord de Brexit, l’ancienne Première ministre britannique Theresa May avait l’intention d’enchaîner indéfiniment la politique commerciale du Royaume-Uni à celle de l’UE. Cette réalisation commerciale du gouvernement britannique prouve une fois de plus à quel point il aurait été malavisé pour une économie de premier plan comme la Grande-Bretagne d’externaliser un sujet aussi important que le commerce vers une autre juridiction. Aussi imparfait soit-il, l’accord de Windsor conclu en mars entre l’UE et le Royaume-Uni prouve qu’il est possible d’éviter une frontière dure sur l’île d’Irlande sans que le Royaume-Uni ne sacrifie sa souveraineté commerciale.

 

Peu de réussites commerciales dans l’UE

En revanche, l’Union européenne n’a pas remporté beaucoup de succès ces derniers temps en matière d’accords commerciaux. Il y a eu un petit succès avec la Nouvelle-Zélande, mais toujours pas avec l’Australie, ni avec le bloc commercial latino-américain Mercosur.

Selon les prévisions de la Banque mondiale, d’ici 2050, le CPTPP représentera près d’un quart de l’économie mondiale, et l’Union européenne seulement un dixième. Toutefois, il serait erroné d’opposer l’ouverture des échanges avec l’Union européenne à l’ouverture des échanges avec le reste du monde. Au contraire, l’économie britannique devant croître grâce à cet accord, il n’en devient que plus intéressant pour l’Union européenne de faire les concessions nécessaires pour minimiser encore la nouvelle bureaucratie pesant sur ses échanges avec le Royaume-Uni à la suite du Brexit.

Oui, l’adhésion au CPTPP rend encore plus difficile pour tout gouvernement travailliste de mettre en œuvre le plan de Theresa May et d’enfermer le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’Union européenne, ce qui obligerait le Royaume-Uni à suivre les orientations commerciales de celle-ci. Mais à part cela, comme l’a souligné l’expert en commerce David Henig : « Le CPTPP n’affectera en rien nos relations avec l’Union européenne. Je peux l’affirmer en toute confiance. Car s’il y avait une décision politique future de réintégrer l’Union européenne ou le marché unique, ce ne serait qu’une des nombreuses choses à régler », comme cela a été le cas en 1973 et en 2016.

Cela ne signifie pas qu’un gouvernement travailliste britannique ne pourrait pas, par exemple, aligner plus étroitement et volontairement le Royaume-Uni sur certaines réglementations de l’Union européenne. Sinon, l’accord sur l’Irlande du Nord, qui fait précisément cela, aurait été considéré comme un obstacle à l’adhésion du Royaume-Uni au CPTPP.

En fin de compte, si l’Union européenne poursuit réellement son chemin en imposant des réglementations toujours plus strictes en matière d’innovation numérique ou d’énergie, le Royaume-Uni risque de s’en écarter, ne serait-ce que parce qu’en tant qu’économie plus petite, il est moins à même de se permettre les folies de l’Union européenne.

L’abandon par le gouvernement britannique de certaines de ses politiques climatiques les plus lourdes en est une première preuve.

 

Le commerce est une question de confiance

Étant donné que le Royaume-Uni a déjà conclu de bons accords commerciaux avec neuf des onze pays du CPTPP, les principaux progrès concernent le commerce avec l’un des deux pays, la Malaisie.

Dans ce pays, le Royaume-Uni a même promis de supprimer immédiatement ses droits de douane sur l’importation d’huile de palme, de 12 à 0 %. Cette mesure a été décriée par les militants écologistes, mais leur inquiétude est à courte vue. Comme l’a également souligné le WWF, les plantations de palmiers ont des rendements impressionnants, produisant plus d’huile par surface que n’importe quelle autre culture d’huile végétale équivalente. Les autres cultures, comme le soja, la noix de coco ou le tournesol, nécessitent entre quatre et dix fois plus de terres, contribuant ainsi à la dégradation de l’environnement dans d’autres régions.

Le fait que le Royaume-Uni ne suive pas l’approche très restrictive de l’Union européenne en la matière, qui non seulement l’a empêché de nouer des liens commerciaux plus étroits avec les pays d’Asie du Sud-Est en colère, mais qui s’inspire également du protectionnisme du lobby européen des oléagineux, est un signe de reconnaissance pour le Royaume-Uni.

Contrairement au Royaume-Uni, l’Union européenne se contente d’imposer aux producteurs d’huile de palme indonésiens et malaisiens le même type de bureaucratie supplémentaire qu’aux producteurs de soja dans des pays comme l’Amérique latine, où l’expansion du soja en Bolivie a entraîné la déforestation de près d’un million d’hectares depuis le début du siècle. Cette situation est contraire à celle de pays comme la Malaisie, qui ont réussi à réduire considérablement la déforestation grâce à des systèmes de certification nationaux tels que le Conseil de l’huile de palme durable de Malaisie (Malaysia Sustainable Palm Oil – MSPO).

L’Union européenne ne veut plus reconnaître ce système, contrairement au Royaume-Uni, qui a compris que le commerce est une question de confiance. En conséquence, le Royaume-Uni obtient une plus grande ouverture commerciale, tandis que les négociations de l’Union européenne avec l’Asie du Sud-Est sont désormais gelées, en raison de la nouvelle législation de l’Union européenne sur la déforestation.

Il est regrettable que les États-Unis aient abandonné leur intérêt pour le CPTPP, et que le président Biden ne l’ait pas ravivé. Néanmoins, pour le Royaume-Uni, le Canada est un membre important du CPTPP. En 2018, mon ancien groupe de réflexion Open Europe a identifié ce pays, ainsi que l’Inde et Israël, comme les pays où le Royaume-Uni est actuellement moins performant, par rapport à sa capacité d’exportation vers tous les marchés.

Avec le CPTPP, le Royaume-Uni a donc déjà éliminé un des trois principaux objectifs commerciaux. Ce n’est pas mal du tout.

Comment Paris a attiré les banquiers londoniens

Par Philbert Carbon.
Un article de l’Iref France

 

L’une des conséquences du brexit est que les entreprises du secteur bancaire britannique ne détiennent plus le « passeport financier » qui leur permettait d’offrir leurs services partout dans l’Union européenne (UE). Si elles veulent continuer d’y opérer, elles doivent s’y installer. Amsterdam, Dublin, Francfort, Luxembourg et Paris se disputent l’implantation des établissements et de leur personnel. Paris semble être la plus attractive. Comment a-t-elle fait ?

Ces dernières semaines, la presse française s’est fait l’écho des banquiers londoniens qui se sont établis à Paris.

Selon Les Échos, « la capitale française attire plus que d’autres grandes métropoles financières comme Francfort et Dublin ».

Le quotidien relaye les chiffres d’une étude réalisée par EY l’an dernier qui attribuait 2800 transferts de la City vers Paris, contre 1800 à Francfort et 1200 à Dublin. L’agence de promotion de la région Île-de-France (Choose Paris Region) fait, quant à elle, état de la création de 3500 postes de banquiers depuis le brexit, et même de 5500 emplois au total dans le secteur de la finance. Parmi les banques qui apprécient Paris, beaucoup d’américaines : JPMorgan (900 salariés), Bank of America (650), Goldman Sachs (400), Citi (400), Morgan Stanley (330). Cette dernière devrait porter ses effectifs à 500 personnes d’ici deux ans.

De son côté, Le Figaro met en avant la hausse des prix de l’immobilier dans l’ouest de l’Île-de-France. Les banquiers et traders venus de Londres ont le portefeuille bien garni – l’Autorité bancaire européenne estime que ceux qui gagnent plus d’un million d’euros par an ont doublé entre 2015 et 2021 (passant de 178 à 371).

On ne peut que se réjouir de l’arrivée de ces emplois en France. Elle n’est pas seulement le fait de la taille de l’agglomération parisienne et de ses commodités. Elle a, en réalité, été clairement voulue par Emmanuel Macron dès 2016.

 

Des mesures générales qui ont attiré les banques

Peut-être parce qu’il a lui-même été banquier d’affaires chez Rothschild, Emmanuel Macron a déclaré, en février 2016, qu’il « déroulerait le tapis rouge » aux banquiers britanniques si le brexit était adopté. Son programme électoral de 2017 contenait la plupart des mesures qui seront mises en œuvre après son élection.

La mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30 % (flat tax) et la transformation de l’ISF en IFI (impôt sur la fortune immobilière) ont sans doute montré que le climat avait changé en France. À cela s’est ajoutée la suppression de la quatrième tranche de la taxe sur les salaires qui était de 20 % pour les rémunérations supérieures à 153 000 euros par an. Rappelons que cette taxe est due par les employeurs non soumis à la TVA (comme les établissements bancaires, financiers et d’assurances). Elle s’applique sur le montant brut annuel de l’ensemble des rémunérations et avantages en nature versés par l’employeur. Il ne reste donc aujourd’hui que trois taux, le dernier à 13,60 % pour les rémunérations supérieures à 17 144 euros.

Enfin, la réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) – de 33,3 % en 2017, il est passé à 28 % en 2020, à 26,5 % en 2021, et à 25 % en 2022 – a sans doute contribué à convaincre les banquiers les plus réticents.

D’autres mesures ont pesé dans la balance :

  • la dispense d’affiliation à l’assurance vieillesse obligatoire de base et complémentaire et, par conséquent, l’exonération du prélèvement des cotisations, pour les étrangers exerçant temporairement une activité professionnelle en France ;
  • l’ordonnance de septembre 2017 créant un barème de dommages et intérêts que les conseils des prud’hommes devront appliquer en cas de licenciement injustifié, est aussi mise en avant.

 

Le gouvernement a ensuite, avec la région Île-de-France, mis au point un plan d’actions pour développer l’offre scolaire internationale. Il consistait principalement à offrir un accueil personnalisé aux familles étrangères s’installant en région parisienne, mais aussi à augmenter le nombre de places disponibles dans les parcours internationaux de la maternelle au lycée. Il était également question de construire de nouveaux lycées internationaux à Courbevoie, Saclay et Vincennes. Ce dernier, qui devait être prêt en 2022, n’ouvrira qu’à la rentrée 2023.

 

Des mesures spécifiques au secteur financier

À côté de ces dispositions générales qui bénéficient à un grand nombre d’entreprises et de particuliers, le gouvernement en a pris d’autres, centrées sur le seul secteur de la finance.

Sans entrer dans les détails, nous pouvons citer :

  • l’exonération de la taxe sur les transactions financières pour les transactions infra-quotidiennes (infraday) ;
  • l’exclusion du bonus des salariés « preneurs de risque » du secteur financier (c’est-à-dire les traders) du calcul de l’indemnité de licenciement ;
  • l’élimination de surtranspositions de textes européens concernant le secteur financier ;
  • la création de chambres internationales au sein du tribunal de commerce et de la Cour d’appel de Paris, où les parties peuvent s’exprimer en anglais et où les juges maîtrisent la common law britannique ;
  • la création d’un contrat-cadre pour les marchés de dérivés.

 

Il convient enfin de noter que le gouvernement a usé de toute sa force de persuasion pour que l’Agence bancaire européenne (EBA) s’installe à La Défense après avoir quitté Londres. Elle a rejoint l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA), implantée à Paris depuis 2010. Paris s’est, par ailleurs, portée candidate pour accueillir la future autorité européenne de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AMLA) qui doit voir le jour en 2024.

 

Pourquoi se limiter à la finance ?

Il est heureux que toutes ces mesures visant à rendre la place de Paris plus attractive pour les entreprises du secteur financier aient porté leurs fruits, même si la capitale française n’est pas encore à la hauteur de la britannique dont le rôle reste central.

Il est néanmoins permis de s’interroger sur cette « discrimination ».

Pourquoi l’élimination de la surtranspositions des textes européens ne concernerait-elle que la finance ? Pourquoi l’industrie et l’agriculture ne pourraient-elles pas en bénéficier ? Emmanuel Macron a réclamé dernièrement une pause européenne en matière de normes environnementales. Et si la pause concernait tous les domaines et tous les secteurs, et commençait par la France ?

Et qu’attend le gouvernement pour continuer à baisser les impôts et les taxes au lieu d’en créer de nouvelles comme la taxe sur les exploitants de plateformes de mise en relation par voie électronique dans le but de fournir certaines prestations de transport (dite « taxe sur les plateformes web »). Récemment, Bruno Le Maire n’a-t-il pas envisagé une taxation des grandes entreprises de l’agroalimentaire ?

La réduction des impôts, des taxes et des réglementations est, de loin, préférable au subventionnement généralisé (des projets cinématographiques et audiovisuels au secteur du tourisme, en passant par les usines de batteries et celle de puces électroniques). Mais elle doit concerner toutes les entreprises et tous les individus.

Sur le web

7 ans après : l’état du commerce britannique post-brexit

À l’approche du septième anniversaire du vote sur le Brexit, il peut être intéressant de se pencher sur la façon dont le Royaume-Uni s’en est sorti. En résumé, les Britanniques ont surtout subi les perturbations résultant du Brexit, sans profiter des avantages.

La perturbation est assez évidente, et c’est clairement la raison pour laquelle le nombre de Britanniques qui voteraient pour rejoindre à nouveau l’UE bénéficie aujourd’hui d’une avance allant jusqu’à 20 %. La question de savoir si cela est politiquement réaliste et si l’UE sera disposée à accorder à nouveau au Royaume-Uni toutes ses dérogations est une autre question. Quoi qu’il en soit, il est devenu plus difficile de commercer entre l’UE et le Royaume-Uni, et c’est bien sûr une mauvaise chose.

Cela a toujours été connu, et même les partisans du Brexit l’ont toujours accepté, car beaucoup d’entre eux le considéraient comme une deuxième meilleure option par rapport au maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, en écoutant les préoccupations des Britanniques, qui étaient également largement partagées dans l’UE-27.

Les partisans du Brexit ont toujours affirmé que les inconvénients de celui-ci seraient compensés par des avantages plus importants. Outre le fait de récupérer un peu d’argent du budget de l’UE et d’obtenir davantage de contrôle sur la politique d’immigration, les avantages cités étaient liés au fait que le marché de l’UE se rétrécit par rapport aux opportunités commerciales croissantes en dehors de l’UE, combiné au fait que le Royaume-Uni ne serait plus tenu d’accepter toutes ces réglementations européennes pesantes, dont la Commission européenne elle-même avait admis qu’elles constituaient un problème, lorsqu’elle s’est lancée dans son programme « Mieux légiférer » en 2014.

Afin d’exploiter les libertés nouvellement acquises grâce au Brexit, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a promis l’année dernière de se lancer dans un « bûcher » des lois européennes, projet récemment abandonné. La principale raison de ne pas aller jusqu’au bout, outre une réticence idéologique transpartisane à l’égard de la déréglementation, était le simple fait que de nombreuses entreprises britanniques n’y tenaient pas, ayant fait tous les investissements nécessaires pour se mettre en conformité, alors que des exigences réglementaires lourdes sont évidemment aussi utiles pour empêcher la concurrence étrangère de s’installer.

À cet égard, le fait qu’au sein du parti conservateur, les partisans du thatchérisme n’aient jamais été qu’une faction n’est pas d’un grand secours. Il y a les conservateurs One Nation, désireux de séduire également les électeurs travaillistes et Lib Dem, et ceux qui s’intéressent davantage aux valeurs familiales, à la criminalité, à l’immigration ou à la défense nationale, et qui sont plus enclins à faire des compromis en matière de politique économique. Boris Johnson avait certes des penchants libéraux, mais ils ont pratiquement disparu à l’occasion de la pandémie de covid, lorsqu’il a cédé à la pression et abandonné sa préférence pour une approche à la suédoise – qui s’est malheureusement révélée supérieure. Theresa May et Rishi Sunak n’ont jamais été proches du thatchérisme. Liz Truss peut être considérée comme une thatchérienne, mais son refus d’inclure des réductions budgétaires dans son projet de budget, combiné aux politiques de la Banque centrale, a été sanctionné par les marchés.

Quoi qu’il en soit, il a toujours été évident que toute divergence réglementaire britannique viendrait plutôt du fait que le Royaume-Uni choisirait de ne plus copier les mises à jour de la réglementation de l’UE, sacrifiant ainsi une partie de son accès au marché de l’UE.

Un compromis très similaire doit être fait par la Suisse, qui s’interroge sur la manière de poursuivre ses relations tumultueuses avec l’UE, les accords sectoriels bilatéraux sur l’accès au marché en échange d’un alignement réglementaire devenant caducs l’un après l’autre.

 

Modeste divergence réglementaire au Royaume-Uni

Néanmoins, le Royaume-Uni a déjà commencé à s’écarter du cadre réglementaire de l’UE, aussi modeste soit-il, dans le contexte des efforts qu’il déploie pour obtenir sa place dans le nouvel Accord global et progressif pour le partenariat transpacifique (CPTPP), qui englobe environ un demi-milliard de consommateurs ou 15 % du PIB mondial.

Le Royaume-Uni a déjà conclu de bons accords commerciaux avec neuf des onze pays du CPTPP, de sorte que, outre la valeur symbolique de l’accord, l’attrait principal réside dans le commerce avec l’un des deux pays, à savoir la Malaisie, qui est l’un des plus grands exportateurs mondiaux de produits alimentaires.

Le Royaume-Uni a déjà conclu de bons accords commerciaux avec neuf des onze pays du CPTPP, de sorte que le principal attrait, outre la valeur symbolique de l’accord, réside dans le commerce avec l’un des deux pays, la Malaisie, l’un des principaux exportateurs d’huile de palme.  Les producteurs d’huile de palme sont actuellement confrontés à une nouvelle réglementation européenne très lourde. Si le Royaume-Uni avait copié l’UE sur ce point, il n’aurait pas été accepté pour rejoindre le CPTPP.

Contrairement à l’UE, qui est sur le point d’imposer une bureaucratie supplémentaire aux importateurs d’huile de palme, avec sa nouvelle réglementation sur la déforestation, le Royaume-Uni accepte simplement la réglementation de ses partenaires commerciaux. Le gouvernement britannique s’est également engagé à reconnaître la certification Malaysian Sustainable Palm Oil (MSPO). Contrairement à la bureaucratie supplémentaire que l’UE veut imposer, les petits producteurs d’huile de palme peuvent s’y conformer.

En outre, le Royaume-Uni a également promis à la Malaisie de réduire immédiatement ses droits de douane sur l’importation d’huile de palme de 12 à 0 %. Tout cela a été décrié par les militants écologistes, mais c’est un manque de vision. Comme l’a également souligné le WWF, les plantations de palmiers ont des rendements impressionnants, produisant plus d’huile par surface que n’importe quelle autre culture d’huile végétale équivalente. Les autres cultures, comme le soja, la noix de coco ou le tournesol, nécessitent entre quatre et dix fois plus de terres, contribuant ainsi à la dégradation de l’environnement dans d’autres régions.

Il n’est donc pas surprenant que des rumeurs circulent selon lesquelles l’approche de l’UE, censée lutter contre la déforestation, est en fait inspirée par le protectionnisme à la demande du lobby européen des oléagineux.

 

Comparaison des succès commerciaux du Royaume-Uni et de l’UE

Le fait que le Royaume-Uni ne suive pas l’approche très restrictive de l’UE dans ce domaine, qui a conduit l’Indonésie et la Malaisie à geler les négociations commerciales avec l’UE à la fin du mois de mai, est tout à l’honneur du Royaume-Uni.

Dans le même temps, l’UE s’efforce également de progresser en matière d’ouverture commerciale, puisqu’elle ne parvient toujours pas à conclure un accord avec l’Australie, en raison de son refus d’accorder un meilleur accès au marché pour les produits agricoles australiens. En revanche, le Royaume-Uni a déjà réussi à signer un accord de libre-échange avec l’Australie à la fin de l’année 2021.

Ces modestes succès inciteront peut-être le Royaume-Uni à se concentrer davantage sur les opportunités offertes par le Brexit. Pendant ce temps, dans l’UE, certains signes d’introspection peuvent déjà être observés. Le chancelier allemand Scholz a récemment appelé à la conclusion rapide d’accords commerciaux « sans colonialisme », à la suite de plaintes déposées par des pays africains en particulier, selon lesquelles l’UE s’engageait dans le « néocolonialisme et l’impérialisme réglementaire » en liant une plus grande ouverture commerciale à des exigences en matière de droits des travailleurs, de sécurité alimentaire et de politique climatique, et en menaçant de s’intéresser plutôt à la Chine.

M. Scholz estime que « si nous continuons à négocier de nouveaux accords de libre-échange pendant des années sans succès, d’autres dicteront les règles à l’avenir – avec des normes environnementales et sociales moins strictes ». Il n’y a pas grand-chose à ajouter à cela.

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