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Des nouvelles du documentaire Brexit…

Par : pierre

Au début de cette année, votre mensuel, Ruptures, et le magazine Front populaire décidaient de produire ensemble un documentaire sur le Brexit. Il s’agissait de donner à voir et à comprendre, « à hauteur d’homme », les enjeux et conséquences de cet événement historique et remarquable.

Clôturée fin février, la cagnotte lancée en commun en vue de financer ce film a permis de rendre possible un tel projet. Après un long travail de repérage, notamment pour sélectionner les interlocuteurs dans différents endroits du Royaume-Uni et issus d’une diversité de professions, le tournage sur place a démarré en juillet.

Un imprévu a cependant contraint de suspendre celui-ci, en l’occurrence médical. Deux membres de l’équipe de réalisation ont été touchés par le virus du Covid, de manière sérieuse. Ils ont dû être rapatriés en urgence.

Le tournage va désormais reprendre. La date pour la présentation en avant-première a en conséquence été décalée. Initialement prévue pour le 20 septembre, la sortie devrait avoir lieu courant novembre. Les détails seront précisés ici-même.

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La réalisation du documentaire sur le Brexit est lancée !

Par : pierre

En bas de cette page : vidéo annonçant le lancement, avec Stéphane Simon (Front Populaire), Pierre Lévy (Ruptures) et Nicolas Cotto (réalisateur).

Bravo et merci à tous ceux qui ont contribué au financement du projet de documentaire sur le Brexit !

Vous avez été plus de 1100 à le faire, ce qui n’est pas rien. Et vous avez permis de collecter presque 42 000 euros, ce qui est remarquable. A fortiori dans un contexte international angoissant.

Nous avions estimé que 50 000 euros étaient nécessaires pour la réalisation de ce film. Ce budget prévisionnel n’est pas surévalué : il permet d’assurer une qualité professionnelle au projet.

Finalement, la somme récoltée dépasse les 80% de l’objectif. Dans ces conditions, il serait particulièrement dommage de renoncer. Moyennant quelques possibles ajustements budgétaires, les deux parrains du projet, Front Populaire et Ruptures, ont estimé que le lancement était possible.

C’est donc parti, désormais ! Les premiers repérages démarrent. Le tournage sera réalisé au printemps. Et le montage, cet été. Avec en ligne de mire une soirée exceptionnelle, le 20 septembre prochain, où le film sera présenté en avant-première aux contributeurs – en salle à Paris, ainsi qu’à distance.

Merci encore… et à très bientôt !

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Derniers jours pour contribuer à financer le documentaire sur le Brexit !

Par : pierre

Plus que quelques jours, et la campagne de financement participatif sera close : la production du documentaire sur le Brexit pourra démarrer.

Ceux qui souhaitent verser à la cagnotte peuvent le faire jusqu’au 28 févier : la barre des 50 000 euros est atteignable. C’est urgent !

L’équipe de réalisation est dans les starting blocks. D’ores et déjà, de premiers contacts ont été pris, des partenaires en Grande-Bretagne ont lancé la recherche des interlocuteurs – ouvriers, infirmières, camionneurs, pêcheurs, chômeurs…

Les entretiens avec ceux-ci formeront l’ossature du film, puisqu’il s’agit d’enquêter sur les conséquences, les perspectives et les espoirs découlant de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne – et ce, « à hauteur d’homme » (et de femme !).

Des échanges avec des personnalités qui ont joué un rôle dans cet événement majeur vont être également recherchés : responsables politiques, syndicalistes, universitaires.

L’ambition est plus que jamais de proposer au grand public une tout autre approche que le catastrophisme ânonné depuis le début par les grands médias français et européens, qui ont tous vécu le choix du peuple britannique, en juin 2016, comme une calamité, et avaient prédit que les dix plaies d’Egypte n’allaient pas manquer de s’abattre sur le pays.

Le film rappellera ainsi ces prévisions apocalyptiques qui ne se sont jamais réalisées. Il mettra également en perspective l’enjeu fondamental : comment un pays membre de l’Union européenne peut regagner sa liberté – « reprendre le contrôle », selon l’expression britannique.

Mais tout cela dépend encore des derniers dons collectés dans les tout prochains jours, jusqu’au 28 février. Nous lançons dès lors un appel : les soutiens doivent s’accélérer dans la dernière ligne droite. C’est possible… Nous comptons sur vous !

Nicolas Cotto, réalisateur,
Stéphane Simon, co-fondateur de Front Populaire
Pierre Lévy, rédacteur en chef de Ruptures

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Un documentaire événement sur le Brexit ? Contribuez vite à son financement !

Par : pierre

Ruptures et Front Populaire projettent de co-produire un documentaire-événement : « le Brexit vu du peuple ». Pour que celui-ci voie le jour, une cagnotte est mise en place (en bas de cette page, elle est à votre disposition), qui devra recueillir 50 000 euros d’ici mi-janvier. Nous avons besoin de vous : votre versement au plus tôt financera sa réalisation et alimentera la dynamique !

Un projet tout à la fois inédit et ambitieux est lancé : la production d’un documentaire sur le Brexit.

Ou plus précisément la co-production, puisque Ruptures s’associe pour ce faire à Front Populaire, la revue trimestrielle cofondée par notamment Michel Onfray et Stéphane Simon.

Deux raisons à cette initiative hors norme. La première tient à l’extraordinaire portée de l’événement lui-même, l’un des plus important depuis la seconde guerre mondiale : pour la première fois de son histoire, un pays décidait, via un référendum populaire, de quitter l’Union européenne. Une première, mais sans doute pas une dernière…

Ruptures a, depuis 2016 – et même avant – informé, analysé et décortiqué mois après mois le processus qui a abouti à l’heureux et légitime dénouement du 31 janvier 2020, malgré l’incroyable suite d’obstacles et d’embûches que n’ont cessé de dresser les élites anti-Brexit tant britanniques que continentales. Notre mensuel a continûment et précisément rendu compte de ce que d’aucuns ont comparé à une tragédie shakespearienne ; et il fut l’un des seuls médias qui n’a cessé d’expliquer pourquoi le Brexit aurait bien lieu.

La seconde raison est inextricablement liée à la première : les grands médias ont, de la campagne pré référendaire au dénouement final, systématiquement décrit la perspective de quitter l’Union comme un horrible chemin de tortures ne pouvant déboucher que sur l’apocalypse. Et l’idéologie dominante continue sur cette lancée, de Michel Barnier (l’ex-négociateur du Brexit pour Bruxelles) à la direction confédérale de la CGT, des partis s’auto-proclamant de la « gauche radicale » jusqu’aux Républicains, d’Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy en passant par François Hollande.

Les quelques documentaires traitant de ce thème l’ont tous abordé du seul point de vue des partisans de l’intégration européenne. Il est de salubrité publique qu’un film, enfin, raconte « le Brexit vu du peuple » (britannique), plus précisément du point de vue de la majorité qui s’est prononcée pour que le pays récupère sa souveraineté.

Des « Anglais ordinaires » pourront enfin expliquer leur choix, ce qu’ils en attendent, ce qu’ils en constatent déjà, les difficultés et les espoirs.

C’est dans cet état d’esprit que nos deux journaux associés ont sollicité un cinéaste expérimenté et reconnu, Nicolas Cotto, pour réaliser une telle œuvre, selon le format de 52 minutes. Ce film verrait le jour au printemps 2022.

« Verrait », car, pour que ce projet prenne vie, il faut lui assurer un financement permettant une réalisation professionnelle. Ce ne sont ni les chaînes de service public, ni les groupes télévisuels privés qui achèteront un tel documentaire…

Nous avons donc besoin de vous ! Pour ce faire, une « cagnotte » est mise en place. Elle devra atteindre la barre des 50 000 euros d’ici le 15 janvier afin que la réalisation puisse démarrer. Si cet objectif n’était pas atteint, les sommes versées seront intégralement remboursées.

Nous vous invitons donc à verser votre contribution. Celle-ci peut aller de 5 euros (les petits ruisseaux…) pour ceux qui connaissent des difficultés financières, à 1 000 euros (ou plus…) pour ceux qui en ont les moyens. Et entre ces montants, le spectre est large : 20, 30, 50 ou 100 euros…

C’est grâce à vous que pourra être réalisé et diffusé un documentaire grand public montrant enfin le Brexit sous un jour différent du catastrophisme dominant !

* Sur le plan pratique, la cagnotte est hébergée par le site de Front populaire : il vous suffit de cliquer pour apporter votre contribution.

* Pour ceux qui préfèreraient verser par chèque, il est possible d’adresser le règlement à l’ordre de l’AEBRN et de l’expédier par la poste à AEBRN-Ruptures – 8 rue du Faubourg-Poissonnière – 75010 PARIS. Merci de bien préciser dans un mot d’accompagnement que votre versement est destiné à la cagnotte.

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La vraie catastrophe du Brexit : des augmentations de salaires

Par : pierre

Des rayons de supermarchés en berne, des stations essence en rupture de stock, et, pire que tout, la perspective d’une pénurie de dindes à Noël… Les médias dominants de l’Union européenne feignent de s’apitoyer sur ces pauvres Britanniques, mais jubilent : là voilà enfin, la catastrophe du Brexit mille fois annoncée !

Évidemment, ces médias ne font pas toujours dans la nuance (quitte, parfois, à propager des images truquées). Dans la réalité, le carburant est distribué sans problème dans les trois quarts des stations du Royaume ; les sujets de sa Gracieuse Majesté ont toujours accès à plus de 95% des produits antérieurement distribués ; et nul n’a encore vu des Anglais en haillons se disputer les ultimes quignons de pain délaissés par les moineaux.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est qu’il y a bien, non un manque de matières ou de marchandises, mais des perturbations dans la transformation et, plus encore, le transport et la distribution de celles-ci. Précisément les secteurs dont les conditions de travail sont peu enviables, et les salaires à pleurer.

Autant d’emplois qui étaient tenus, jusqu’à présent, par des travailleurs étrangers, issus pour une très large part de l’Est de l’UE. En 2004, lors de l’élargissement de cette dernière, le premier ministre d’alors, Anthony Blair, avait fait le choix radical de ne même pas mettre en œuvre les garde-fous temporaires qui ont (un peu) limité l’arrivée de Polonais, de Lettons ou d’Estoniens sur le Continent. Des centaines de milliers d’entre eux sont venus chercher l’eldorado en Grande-Bretagne, à la grande joie du patronat britannique, avide d’une main d’œuvre prête à accepter des jobs au rabais, faute de pouvoir trouver chez eux – après la « transition post-communiste » – de quoi vivre.

Parmi les secteurs les plus concernés figuraient en particulier l’agro-alimentaire et le transport routier. A la faveur de la pandémie, très nombreux ont été ceux qui sont retournés dans leur pays d’origine, et n’ont pas fait le choix de revenir ensuite dans un État qui ne joue plus le jeu de la « libre circulation de la main d’œuvre ».

Résultat : un nombre considérable d’emplois « à bas coût » ne sont plus pourvus. Quelque peu paniqués, les employeurs ont implicitement admis qu’ils devraient consentir des salaires plus décents – que n’y avaient-ils pas songé plus tôt ? Et en juillet par exemple, les chaînes de magasins Asda et Tesco ont même promis une prime de 2 000 livres aux nouveaux chauffeurs qu’elles se proposaient d’embaucher.

Ce mois-là, la moyenne des salaires, tous secteurs confondus, a grimpé – hors primes – de 7,4% en rythme annualisé, un record jamais atteint depuis un quart de siècle. S’il fallait une illustration imparable de la pression qu’impose aux rémunérations la présence de travailleurs immigrés – au détriment, du reste, des Anglais comme des étrangers eux-mêmes – le Royaume-Uni post-Brexit la fournirait aussi clairement qu’une expérience de laboratoire. Sous des formes qui ont certes évolué, le phénomène est aussi ancien que le capitalisme lui-même.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les gros bataillons des électeurs favorables aux Brexit se sont recrutés chez les ouvriers et plus généralement dans les milieux populaires, confrontés quotidiennement au dumping social importé.

En finir avec la libre circulation de la main d’œuvre, et donc avec le rapport de force si déséquilibré qu’elle engendre au profit du patronat

Certes, le gouvernement de Boris Johnson prend, à court terme, des mesures provisoires – permis de travail exceptionnels valables jusqu’à la fin de l’année – pour fluidifier cette période de transition. Mais à moyen et long terme, là était bien un des horizons du Brexit, et compris comme tel par le monde du travail : en finir avec la libre circulation de la main d’œuvre, et donc avec le rapport de force si déséquilibré qu’elle engendre au profit du patronat.

Ce qui est en revanche inédit, c’est le conflit qui se confirme avec le gouvernement Tory. Depuis près de deux siècles d’existence, le parti conservateur ne s’était pas illustré par sa défense du monde du travail, mais plutôt par sa proximité avec les maîtres du capital. Il est vrai qu’en décembre 2020, c’est plutôt le premier – notamment au nord et au centre de l’Angleterre laborieuse – qui a assuré la victoire de Boris Johnson.

La Conférence annuelle des Conservateurs, du 3 au 6 octobre, a à cet égard fournit un spectacle étonnant : celui de ministres conservateurs accusant le patronat, affolé de devoir augmenter les rémunérations, d’être devenu « ivre de main d’œuvre bon marché ».

Les salaires augmentent, et ce n’est sans doute pas fini. Pour certains, à Bruxelles notamment, c’est sans doute là que réside le véritable cataclysme post-Brexit…

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Vaccins, Royaume-Uni : un nouveau débat du Point de Ruptures

Par : pierre

Le Point de Ruptures reprend le fil de ses débats contradictoires. Pour cette nouvelle émission, François Poulet-Mathis (ancien rédacteur en chef et éditorialiste Europe à France 3) et Pierre Lévy (rédacteur en chef de Ruptures) confrontent leurs points de vue sur deux sujets d’actualité :

La stratégie vaccinale de l’Union européenne : un succès du bloc, ou une catastrophe pour les peuples ?

L’évolution politique du Royaume-Uni : après le nouveau triomphe en Angleterre de Boris Johnson lors d’élections partielles, le Brexit est-il « perdant-perdant », ou bien au contraire un succès pour la liberté ?

L’édition de Ruptures à paraître fin mai livre informations et analyses sur ces thèmes – parmi bien d’autres. D’ores et déjà, les deux débatteurs les abordent…

Important : L’équipe de Ruptures a décidé de consacrer des moyens importants à la production régulière de l’émission. Or le journal n’a d’autres ressources que le produit des abonnements. Pour aider à financer cet investissement, le moyen le plus efficace est de s’abonner sans attendre !

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Britischer Impfstoff und europäische Ressentiments

Par : pierre



Angesichts einer buchstäblich beispiellosen Pandemie sollte den Regierungen das Recht auf Irrtümer zugestanden werden. Doch die unglaubliche Entscheidung vom 15. März liegt auf einer ganz anderen Ebene. An diesem Tag setzten unter anderem Deutschland und Frankreich die Verwendung des anglo-schwedischen Impfstoffs von AstraZeneca aus, weil einige Fälle von Thrombosen festgestellt worden waren. In Wirklichkeit gab es kaum Zusammenhang mit der Injektion: Von 17 Millionen Menschen, die eine Dosis des von der Universität Oxford entwickelten Impfstoffs erhielten, wurden 37 Fälle registriert, ein geringerer Anteil als in der nicht geimpften Bevölkerung. Diese einfache Tatsache sollte das Vakzin entlastet haben. Doch erst am 19. März, als sich die Europäische Arzneimittelagentur (EMA) auf die bereits von der WHO erarbeiteten wissenschaftlichen Erkenntnisse berief, hoben die meisten Hauptstädte, darunter Paris und Berlin, das Verbot auf.

Anfang März lautete die Parole im Elysée-Palast noch, das Tempo um jeden Preis zu beschleunigen, denn es stimmt, dass die Impfung der einzige Ausweg aus der Gesundheitskrise ist. In dem besorgniserregenden Wettlauf gegen die Epidemie bedeutet jedoch jeder Tag Verzögerung verlorene Menschenleben. Schlimmer noch: Die Kehrtwende der Regierung, auch wenn sie nur vorübergehend war, führte zu neuer Verwirrung und schürte damit erneut das Misstrauen, in grossen Teilen der Bevölkerung.

Drei Faktoren könnten bei dieser unverantwortlichen Entscheidung eine Rolle gespielt haben. Der erste ist das « Vorsorgeprinzip » (ein Begriff, der sich in diesem Zusammenhang wie schwarzer Humor anhört), in dessen Namen jeder wissenschaftliche oder technische Fortschritt von der vorherigen Antizipation aller möglichen Folgen abhängig gemacht werden soll. Wir würden immer noch in Höhlen leben, wenn unsere entfernten Vorfahren dieser seltsamen Weisheit gefolgt wären.

Der zweite Faktor ist europäischer Natur. Ausnahmsweise hat die Kommission nichts damit zu tun. Die Führer sind so sehr von der Idee der europäischen Integration durchdrungen, dass sich der Herdengeist, wie bei den Schafen, von selbst entfaltet. So berichtet Le Monde (17.03.21) über den Tag des 15. März: « Nach Dänemark, Norwegen, den Niederlanden und Island hat die Entscheidung Deutschlands, die Verwendung dieses Impfstoffs auszusetzen, alles mitgerissen. ‚Die deutsche Kehrtwende hat es uns nicht erlaubt, zu warten’, seufzte ein Minister« . Was Pieyre-Alexandre Anglade, ein dem Elysée nahestehender Abgeordneter, offenherzig zusammenfasst: « Unsere Strategie ist europäisch, es ist normal, sich in diesen Rahmen zu stellen“. Das sagt alles. Es sollte jedoch angemerkt werden, dass einige osteuropäische Länder und Belgien nicht gefolgt sind, wobei der belgische Gesundheitsminister sogar sarkastisch darauf hinwies, dass, wenn seine Kollegen überschüssigen Impfstoff hätten, er ihn gerne nehmen würde…

Der dritte Faktor besteht aus einer Hypothese, die in der Presse jenseits des Kanals die Runde macht: Der britische Impfstoff hätte den Preis für europäische Ressentiments gegen den Brexit bezahlt. Ein Ressentiment, das durch den spektakulären Erfolg des Vereinigten Königreichs geschürt wurde, das wieder einmal seine Unabhängigkeit zeigte, gerade in Bezug auf die Impfkampagne. Wo die EU, geplagt von ihrer Schwerfälligkeit, kläglich hinterherhinkt.

Der Impfstoff Wirkstoff von AstraZeneca war kaum entwickelt, da wurde auch schon seine Wirksamkeit in Frage gestellt. Dann, nach der Zulassung durch die EMA, gab es Gerüchte, vor allem in Berlin und Paris, dass es Menschen über 65 nicht schützen würde – eine These, die auch von Emmanuel Macron vertreten wurde – bevor die Ergebnisse englischer und schottischer Feldversuche das Gegenteil bewiesen. Schließlich wurde der Firma – die dank öffentlicher britischer Subventionen zum Selbstkostenpreis (1,72 €, im Vergleich zu 15 € bei Moderna) an einzelne Staaten verkauft – vorgeworfen, hauptsächlich nach Großbritannien zu liefern. Ein unverzeihliches Verbrechen, bei dem die Europäische Kommission droht, den Export der auf dem Kontinent produzierten Fläschchen zu blockieren.

Andererseits hat Brüssel gerade zwei Verfahren gegen London eingeleitet, weil es die Übergangsfrist einseitig um sechs Monate verlängert hat, in der die Briten Lebensmittel, die von Großbritannien nach Nordirland transportiert werden, nicht kontrollieren. Und die EU-Exekutive vervielfacht billige Schikanen, die von Meeresfrüchten bis zu Finanzprodukten reichen…

Die europäischen Führer verzeihen es London nicht, dass nach dem Austritt aus dem Club keine der vorhergesagten Katastrophen eingetreten ist. Und dass die britische Regierung sich frei fühlt, ihre eigene Politik zu verfolgen, von der Erhöhung der Steuern für Großunternehmen auf 25 % bis hin zum geopolitischen Schwenk in den asiatisch-pazifischen Raum. Gut oder schlecht? Das wird nun das Volk zu beurteilen haben.

Nicht Brüssel.

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Vaccin britannique et rancœur européenne (éditorial paru dans l’édition du 29/03/21)

Par : pierre

C’est à peine croyable. Certes, face à une pandémie littéralement sans précédent, on peut accorder aux gouvernants le droit au tâtonnement. Mais la décision prise le 15 mars relève d’un tout autre registre. Ce jour-là, la France suspendait l’emploi du vaccin anglo-suédois AstraZeneca, au motif que quelques cas de thrombose avaient été détectés. En réalité sans lien avec l’injection : 37 incidents ont été répertoriés sur 17 millions de personnes ayant reçu une dose du produit mis au point par l’université d’Oxford, soit une proportion inférieure à celle qui prévaut dans la population non vaccinée. Ce simple constat aurait dû innocenter le produit. Il a cependant fallu attendre le 19 mars, lorsque l’Agence européenne du médicament (AEM) a rappelé l’évidence scientifique déjà martelée par l’OMS, pour que la plupart des capitales, dont Paris, lèvent l’interdit.

Pourtant, début mars, le mot d’ordre au sommet de l’Etat était d’accélérer à tout prix la cadence, tant il est vrai que la vaccination constitue le seul horizon de sortie de la crise sanitaire. Or dans l’inquiétante course de vitesse contre l’épidémie, chaque jour de retard se décline en vies humaines absurdement perdues. Pire : la volte-face gouvernementale, même provisoire, introduisait une nouvelle confusion et réalimentait ainsi la défiance, particulièrement au sein des classes populaires.

Trois éléments pourraient avoir joué dans ce choix irresponsable. Le premier se nomme « principe de précaution » (un terme qui relève ici de l’humour noir), au nom duquel chaque avancée scientifique ou technique devrait être conditionnée à l’anticipation préalable de toutes les conséquences possibles. Nous vivrions encore dans les cavernes si nos lointains ancêtres avaient fait preuve de cette étrange sagesse.

Le deuxième est européen. Et, pour une fois, la Commission n’y est pour rien. L’intégration européenne imprègne tellement les dirigeants que l’esprit moutonnier se déploie de lui-même. Le Monde (17/03/21) raconte ainsi la journée du 15 mars : « après le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas ou l’Islande, la décision prise par l’Allemagne de suspendre à son tour l’usage de ce vaccin a tout emporté sur son passage. ‘La volte-face allemande ne nous permettait pas d’attendre’, soupire un ministre ». Ce que résume ingénument le député Pieyre-Alexandre Anglade, un proche de l’Elysée : « notre stratégie est européenne, il est normal de se placer dans ce cadre ». Tout est dit. A noter cependant que certains pays de l’est et la Belgique ne se sont pas alignés, le ministre belge de la santé signalant même, vachard, que si ses collègues avaient des vaccins en trop, il était preneur…

Le vaccin britannique fait les frais de la rancœur européenne contre le le spectaculaire succès du Royaume-Uni, redevenu indépendant

Le troisième élément est une hypothèse qui fait florès dans la presse d’outre-Manche : le vaccin britannique aurait fait les frais de la rancœur européenne contre le Brexit. Une rancoeur alimentée par le spectaculaire succès du Royaume-Uni redevenu indépendant, précisément en termes de campagne vaccinale. Là où l’UE, plombée par ses lourdeurs, traîne lamentablement.

Dès sa mise au point, l’efficacité du vaccin AstraZeneca a été mise en doute. Puis, après son autorisation par l’AEM, des rumeurs, notamment à Berlin et à Paris, ont prétendu qu’il ne protégerait pas les personnes de plus de 65 ans – une thèse qu’a soutenue Emmanuel Macron – avant que les résultats de terrain anglais et écossais ne prouvent le contraire. Enfin, la firme – qui vend aux Etats à prix coûtant (1,72 euros, comparé aux 15 euros de Moderna) grâce aux subventions publiques britanniques – a été accusée de livrer prioritairement au Royaume-Uni. Un crime inexpiable face auquel la Commission européenne menace de bloquer les exportations de fioles produites sur le continent.

Dans un autre registre, Bruxelles vient de lancer deux procédures contre Londres, coupable d’avoir prolongé unilatéralement de six mois la période de grâce pendant laquelle les Britanniques ne contrôlent pas les produits alimentaires transitant de Grande-Bretagne vers l’Irlande du Nord. Et l’exécutif européen multiplie les chicanes à bas bruit, des fruits de mer aux produits financiers…

En réalité, ce que les dirigeants européens ne pardonnent pas à Londres, c’est qu’après avoir quitté le club, aucune des catastrophes annoncées ne se soit produite. Et que le gouvernement britannique se sente libre de mener ses propres politiques, de la hausse à 25% des impôts sur les grandes sociétés au pivot géopolitique vers l’Asie-Pacifique. Bon ou mauvais ? Ce sera désormais au peuple de juger.

Pas à Bruxelles.

Pierre Lévy

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Das Vereinigte Königreich ist mit einem guten Vertrag am 1. Januar ausgetreten

Par : pierre

Dieser Artikel wurde in der Dezember-Ausgabe von Ruptures veröffentlicht.

Diesmal ist die letzte Hürde genommen. Vor einem Jahr, am 31. Januar 2020, hatte das Vereinigte Königreich die Europäische Union zwar rechtlich und politisch verlassen, aber die im Dezember 2019 unterzeichnete Trennungsvereinbarung – nach sich noch in der Schwebe befindlichen Verhandlungen – sah eine Übergangszeit vor, in der das Land weiterhin Zugang zum EU-Binnenmarkt hatte und an dessen Regeln gebunden war, während die künftigen Beziehungen noch ausgehandelt wurden.

Die Übergangsfrist sollte am 31. Dezember 2020 enden, es sei denn, beide Parteien stimmten einer Verlängerung zu. Brüssel hatet alle Anstrengungen unternommen, um London dazu zu bewegen, einer Verschiebung des vereinbarten Termins zuzustimmen. Der britische Premierminister hatte dies bereits im Frühjahr kategorisch abgelehnt. Am Ende waren es Boris Johnsons Wagemut und Entschlossenheit, die Europäer unter Zeitdruck zu setzen, von Erfolg gekrönt: Am 24. Dezember wurde das « Handels- und Kooperationsabkommen » final unterzeichnet, nur wenige Tage vor der unwiderruflichen Frist und nach letzten Verhandlungen auf höchster Ebene.

« Es ist ein fantastisches Abkommen, das alle Versprechen erfüllt, die während der Referendums-Kampagne gemacht wurden »

Boris Johnson

« Es ist ein fantastisches Abkommen, das alle Versprechen erfüllt, die während der Referendums-Kampagne gemacht wurden, sowie auch diejenigen, die während der Wahlen im Dezember 2019 gemacht wurden », sagte der britische Regierungschef und fügte hinzu, dass das Vereinigte Königreich « die Kontrolle über seine Grenzen, Gesetze, den Handel und den maritimen Bereich » zurückgewinnt. Die Chefin der Europäischen Kommission begrüßte ihrerseits « ein faires und ausgewogenes Abkommen, das unsere Interessen als Europäer schützen (und) einen fairen Wettbewerb sicherstellen wird ». Ursula von der Leyen verkündete: « Wir können endlich den Brexit ad acta legen und in die Zukunft schauen ».

Der Chefunterhändler der Kommission, Michel Barnier, sagte seinerseits, er sei « erleichtert, aber traurig », nachdem er immer wieder verkündet hatte, das Brexit-Prinzip sei ein « Verliererspiel » für beide Seiten. Er sagte, es tue ihm leid, dass es bei den Verhandlungen zum ersten Mal nicht um die Abschaffung von Grenzen für den internationalen Handel, sondern um die Wiedereinführung von Kontrollen gehe und versuchte, seine Verbitterung zu verbergen, indem er verkündete: « Großbritannien wird jetzt allein sein, wir (die 27) bleiben zusammen.

Sein britischer Amtskollege David Frost hingegen lobte « eines der größten jemals abgeschlossenen Abkommen (…), das Waren, Dienstleistungen, Straßen- und Luftverkehr, Sicherheit, Zusammenarbeit im Gesundheitswesen… umfasst ». In der Tat ist der Handel zwar der Kern des Abkommens, aber letztlich ist es viel breiter angelegt. Es umfasst jedoch nicht, wie von den Europäern ursprünglich erhofft, verteidigungs- und außenpolitische Fragen. Beide Seiten bleiben aber frei, weitere Gespräche zu führen.

Das Abkommen ist sicherlich von historischer Bedeutung, sowohl hinsichtlich des Umfangs des erfassten Handelsvolumens – in der Größenordnung von 700 Milliarden Euro pro Jahr – als auch hinsichtlich des Zeitraums, in dem es abgeschlossen wurde. Kaum zehn Monate haben die Verhandlungen gedauert, selbst da wo rein kommerzielle, normalerweise mindestens drei oder vier Jahre dauern. Anfänglich hielt in Brüssel niemand den Zeitrahmen für realistisch.

Am 1. Januar 2021 wurde das Vereinigte Königreich somit vollständig unabhängig, wobei ein Vertrag die zukünftigen Beziehungen zu seinem ehemaligen Vormund regelt. Zu diesem Zeitpunkt trat der Vertrag vorläufig in Kraft. Die Schlussbestimmungen sehen eine Frist von zwei Monaten vor, um dem Europaparlament Zeit zur Ratifizierung zu geben. Dieses hatte sich darum bemüht, einen früheren Abschluss zu fordern, um Zeit zu haben, seine Bestimmungen zu prüfen. Für das EU-Parlament ist dies in der Tat demütigend, denn niemand kann sich vorstellen, dass die Abgeordneten des Europäischen Parlaments jetzt eine andere Wahl hätten, als den Vertrag in Gänze zu ratifizieren. Als letzte Formalität wird der Rat der EU (die Mitgliedsstaaten) ihn gleichzeitig validieren.

Man erwartet natürlich keine Spannungen mehr, da die Botschafter der 27 EU-Staaten am 28. Dezember den von den Unterhändlern vorgelegten Text gebilligt haben. Die Unterschriften Frau von der Leyens und Herrn Johnsons bestätigten dann feierlich den « Deal ».

Die britischen Parlamentarier ihrerseits billigten das Abkommen am 30. Dezember mit 521 zu 73 Stimmen. Die Tory-Abgeordneten stimmten dafür; selbst der Vertreter der « härtesten » Brexiters gab zu, dass der Inhalt « nicht perfekt » sei, aber dass er dem Land nun erlaube, « selbst über seine Zukunft zu entscheiden ». Auch die meisten Labour-Mitglieder stimmten dem zu, jede andere Option wäre ein « No Deal », sagte Labour-Chef Keir Starmer.

Die Liberalen und nordirischen Unionisten in der DUP stimmten dagegen. Das galt auch für die schottischen Unabhängigkeitsabgeordneten der SNP. Diese Partei, die schon immer gegen den Brexit war, setzt sich nun für ein neues Referendum über die Zukunft Schottlands ein und argumentiert, dass dessen Unabhängigkeit den Weg für eine EU-Mitgliedschaft ebnen würde. Es wird erwartet, dass dieses Thema im Mittelpunkt der für Mai angesetzten Regionalwahlen stehen wird. Die fehlende Einigung wäre ein zusätzliches Argument für die SNP gewesen.

Schließlich ist es London parallel zu den Verhandlungen mit Brüssel gelungen, mehr als 60 Freihandelsabkommen zu unterzeichnen, vor allem mit Japan, Kanada, Singapur und der Türkei. Es verbleiben nur noch etwa zehn Länder, bevor London über einen so großen Freihandelsraum verfügen kann, wie es im Rahmen der EU der Fall war. Die EU hatte London jedoch verboten, mit diesen zu verhandeln, solange es noch Mitglied war. Die Regierung Ihrer Majestät hatte 700 hochrangige Diplomaten mobilisiert, um ein solches Kunststück in nur wenigen Monaten zu vollbringen.

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Die Regelungen für die zukünftigen Beziehungen zwischen der EU und Grossbritannien umfassen 1.246 Seiten

Par : pierre

Der am 24. Dezember paraphierte Vertrag umfasst ohne Anhänge 1 246 Seiten. Wie in jeder Verhandlung üblich, haben beide Parteien Zugeständnisse machen müssen. Boris Johnson hat jedoch die Prinzipien durchgesetzt, die für ihn am wichtigsten waren. Vor allem drei Punkte waren in den letzten Verhandlungswochen Gegenstand eines harten Kampfes: die Fischerei, die Wettbewerbsregeln und die Rolle des EU-Gerichtshofs.

Für den ersten Punkt ist eine Übergangszeit von fünfeinhalb Jahren vorgesehen, in der die EU-Fischer weiterhin in englischen Gewässern tätig sein können, aber schrittweise einen Teil ihrer derzeitigen Fangquoten an ihre britischen Kollegen abtreten werden, um bis Mitte 2026 eine 25%ige Rückübertragung der Rechte zu erreichen. Zu diesem Zeitpunkt – und das war das Ziel der Briten, die gerne eine kürzere Frist gehabt hätten – werden die Briten jährlich mit Brüssel über Quoten verhandeln. Dies hatten die Europäer auf jeden Fall vermeiden wollen: Sie verlangten Rechte auf Dauer. Am Ende wird es London freistehen, alles zurückzufordern – was sie natürlich nicht tun werden. Aber das Prinzip der Souveränität wird bestätigt.

Zweiter Punkt: Bis zum letzten Moment hat Brüssel versucht, Großbritannien zu zwingen, sich europäischen Regeln und Standards – fiskalisch, sozial, ökologisch – anzugleichen, mit der Begründung, dies dürfe den Briten nicht den Weg für « unlauteren Wettbewerb » öffnen. Die 27 EU-Staaten wollten sogar, dass London in Zukunft auch neue EU-Vorschriften automatisch übernimmt, wenn die EU sie erlässt. Dies wäre eine Forderung gewesen, die den Brexit faktisch seiner Existenzberechtigung beraubt hätte. Brüssel musste schließlich nachgeben.

Die Vereinbarung sieht vor, dass beide Seiten nicht auf die aktuell gültigen Regeln zurückgreifen. Außerdem wird es nicht die von den Europäern geforderte Rechtsangleichung geben, sondern eine Harmonisierung der Definitionen. Und wenn eine Seite der Meinung ist, dass die andere eine Handels- oder Investitionsregel einführt, die den Wettbewerb verzerren könnte, wird die Beschwerde einem gemeinsamen Ausschuss vorgelegt. Die geschädigte Partei wird das Recht haben, Vergeltungsmaßnahmen in Form von Zöllen zu ergreifen, um sich gegen den als unlauter empfundenen Wettbewerb zu schützen. Michel Barnier wollte das Recht auf sofortige Vergeltung durchsetzen; musste aber auch hier nachgeben.

Und für den Fall eines hartnäckigen Konflikts wird eine gemeinsame Schiedsstelle entscheiden, nicht der Gerichtshof der EU: Letzterer ist aus dem Spiel. Dies war eine zentrale Forderung der Briten, die nun auch in dieser dritten Frage gewonnen haben. Der EuGH wird ausnahmsweise eingeschaltet, wenn die Streitigkeit Nordirland betrifft, das zwar britisches Hoheitsgebiet ist, aber, wie in der Trennungsvereinbarung festgeschrieben, im europäischen Binnenmarkt bleibt.

Die Europäer drängten auch auf eine strenge Regelung der staatlichen Beihilfen, die London seinen Unternehmen gewähren könnte. Ein unabhängiges britisches Gremium wird eingerichtet, um Transparenz und Uebereinstimmung der Regelungen zu gewährleisten. Gegebenenfalls könnte ein Schiedsgerichtsverfahren ähnlich dem, das den Wettbewerb regelt, eingeleitet werden.

« London hat die Freiheit erlangt, anders zu sein »

Le Monde

Der Leitartikel in Le Monde (26.12.20) fasst die Ergebnisse dieser ausgedehnten Auseinandersetzung zusammen und stellt nicht ohne Bitterkeit fest: « London hat die Freiheit erlangt, anders zu sein ». Und profitiert dennoch – das war der grundlegende Zweck des Abkommens – von der Freiheit, « zollfrei » (Steuern) und quotenfrei » (Warenmengen) ein- und auszuführen. Ein hochrangiger EU-Beamter gab zu, dass das Ergebnis der Gespräche weit von den ursprünglichen Forderungen der EU entfernt ist und merkte an, dass das Abkommen mehr « Garantien » enthält als die mit Kanada oder Japan unterzeichneten.

Die Finanzmagnaten der City hingegen waren enttäuscht: Das Abkommen betrifft nicht ihre Finanzprodukte. Diese dürfen nicht mehr frei auf dem Kontinent verkauft werden: jedes Produkt braucht jetzt ein Erlaubniss, das Brüssel jederzeit widerrufen kann.

Was den Datentransfer betrifft (z.B. europäische Kunden, die im Internet bei britischen Lieferanten bestellen), wird Brüssel in vier Monaten überprüfen, ob Großbritannien die « Angemessenheit » der Regeln zur Gewährleistung des Datenschutzes eingehalten hat. In den Bereichen Justiz und Polizei wird sich das Vereinigte Königreich nicht an Eurojust und Europol beteiligen. Nachrichten- und Sicherheitsdaten werden nicht mehr in Echtzeit übertragen.

Entgegen dem ursprünglichen Willen der 27 EU-Staaten hat sich das Vereinigte Königreich auch dafür entschieden, sich à la carte an verschiedenen europäischen Projekten zu beteiligen – Forschung, Atomkraft, Satelliten usw. -, will aber nicht weiter an Erasmus teilnehmen, dem Studentenaustauschprogramm, das der Liebling von Brüssel ist. Offiziell aus Kostengründen, aber man kann sich vorstellen, dass Boris Johnson nicht begeistert war von der Idee, ein Projekt mitzufinanzieren, das stets die « europäischen Werte » preist. Ein britisches Programm, genannt Turing, soll auf globaler Ebene eingerichtet werden, insbesondere in Richtung des Commonwealth und der Vereinigten Staaten.

Da das Vereinigte Königreich die Kontrolle über seine Grenzen wiedererlangt, insbesondere im Hinblick auf seine Migrationspolitik, werden neue Reise- und Niederlassungsbedingungen für Staatsangehörige von EU-Ländern erlassen: Pässe (ohne Visa) für Touristen und Anforderungen an Arbeitsangebote und Einkommenshöhe für zukünftige Ausländer. Die gegenseitige Anerkennung von Diplomen und Qualifikationen kann Gegenstand späterer Vereinbarungen sein.

Wenn der Handel zollfrei weitergehen soll, werden außerdem Zollerklärungen und bestimmte Kontrollen (vor allem phytosanitäre) wieder eingeführt. London hat jedoch eine sechsmonatige Gnadenfrist für eigene Importe angekündigt. Andererseits war Brüssel vom ersten Tag an sehr strikt, was zu einigen vorübergehenden Engpässen in den Supermärkten führte, insbesondere bei Produkten, die von Großbritannien nach Nordirland geliefert wurden. « Der Austritt aus dem Binnenmarkt hat automatisch unvermeidliche Konsequenzen », kommentierte Michel Barnier süffisant, zweifellos nicht böse über diese kleine Rache.

Die wiedererstandene Grenze unter dem Ärmelkanal versprach monströse Staus in den jeweiligen Häfen, so hatten es die Anti-Brexit-Kassandras verkündet: Wir würden das Desaster, das der Austritt aus der EU verursacht, endlich konkret erleben. Clément Beaune, der französische Staatssekretär für Europa – Paris hat sich bei allen Verhandlungen mit einer ultraharten Haltung gegenüber London hervorgetan – twitterte sogar das Foto eines gigantischen, zum Bersten vollen Lkw-Parkplatzes, der angeblich die Schließung der Grenzen symbolisieren soll. In Wirklichkeit handelte es sich um Lastwagen, die in England infolge der am 20. Dezember vom Kontinent beschlossenen plötzlichen Maßnahmen gegen das Corona-Virus blockiert wurden.

Doch am 1. Januar bemerkten die vielen an den Ufern des Kanals postierten Sondergesandten einen besonders flüssigen Verkehrsfluss. Und seither ist die Apokalypse immer noch nicht eingetreten…

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Pierre Lévy, invité du Media pour tous, revient sur le Brexit et sur l’état de l’UE

Par : pierre

Le rédacteur en chef de Ruptures était, il y a quelques jours, interviewé par Le Média pour tous.

Au cours de cet entretien, il d’abord rappelé l’affaire qui oppose Twitter au mensuel ; il est ensuite longuement revenu sur le Brexit, une victoire historique pour la souveraineté des peuples ; il a enfin proposé son analyse sur la nature même de l’Union européenne, à la lumière de l’actualité.

La vidéo est désormais en ligne. Une version longue est également disponible pour les abonnés de la chaîne.

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Un long chemin vers la liberté (éditorial paru dans l’édition du 25 janvier)

Par : pierre

Un cauchemar interminable. Telle est l’image que les adversaires inconsolables du Brexit voudraient coller au long processus qui a abouti à la sortie du Royaume-Uni. Un adieu assorti in extremis, le 24 décembre, d’un traité qui fixe le cadre des relations futures entre Londres et Bruxelles. L’accord a été obtenu aux forceps, mais sa signature était plus que probable – ce qui avait été prédit dans ces colonnes (Ruptures du 18/12/20) – alors même que les deux parties juraient tactiquement qu’elles étaient prêtes à un « no deal », et que les médias pariaient plutôt sur une telle rupture.

Depuis le 1er février 2020, le Royaume-Uni était juridiquement sorti de l’UE ; au 1er janvier de cette année, il a recouvré sa souveraineté économique, ultime accomplissement du choix populaire de juin 2016. Eu égard à l’énormité de l’enjeu – pour la première de l’histoire, un pays décide de quitter le club – peut-on vraiment s’étonner du délai et des embûches qui ont marqué ce chemin ? Premier facteur : les dirigeants européens entendaient « montrer ce qu’il en coûte d’en sortir ». Dès les résultats du référendum connus, « la grande peur, c’était que le Brexit fasse des émules » avouait récemment un politologue spécialiste des milieux bruxellois.

L’autre facteur réside dans l’ampleur des dossiers concernés : le commerce entre les deux rives de la Manche représente plus de 700 milliards d’euros annuels. Le rétablissement de droits de douane aurait eu des effets non négligeables pour les deux parties. La puissante industrie automobile allemande, pour ne prendre que cet exemple, redoutait comme la peste cette perspective.

Economiquement plus modeste mais politiquement aussi importante était la récupération – fût-ce à terme – de la souveraineté anglaise sur le domaine maritime et les droits de pêche afférents. Par ailleurs, Londres a également obtenu la mise hors jeu de la Cour européenne de l’UE que le négociateur européen voulait maintenir comme futur arbitre. Mais c’est sans doute dans le domaine des règles de concurrence que le succès du premier ministre britannique est le plus marquant. Depuis l’origine, et jusqu’au dernier mois de négociations, les Vingt-sept voulaient imposer, en échange du commerce sans taxes ni quotas, que le Royaume-Uni s’aligne sur les règles de Bruxelles (sociales, environnementales, fiscales et d’aides d’Etat), et même s’engage à adopter sans mot dire toutes les dispositions communautaires futures… Motif affiché : « pas question que la Grande-Bretagne puisse exercer un dumping déloyal à nos portes ». Comme si le moins-disant fiscal (Irlande, Luxembourg, Pays-Bas) ou social (pays de l’Est) n’était pas déjà massif au sein des Vingt-sept…

L’accord prévoit une clause de non régression. Mais Londres aura bien la possibilité de « diverger », ce qui était la raison d’être de la sortie de l’UE. Boris Johnson a ironiquement rassuré les dirigeants européens : « nous n’envisageons pas d’envoyer immédiatement les enfants travailler à l’usine ». Une remarque qui rappelle opportunément l’absurdité de la fable européenne selon laquelle l’UE serait un havre de justice sociale et de cohésion fiscale face à un Royaume-Uni adepte de la déréglementation à outrance. Certes, lorsque M. Johnson était maire de Londres, il s’affichait en ultra-libéral, au moment même où son camarade de parti David Cameron, alors à Downing Street, poursuivait la politique lancée par Margaret Thatcher en 1979 et suivie par les Travaillistes Anthony Blair et Gordon Brown.

Boris Johnson a promis la fin de l’austérité et un réinvestissement massif dans les services publics, une politique impossible dans le cadre de l’UE

Mais l’époque a fondamentalement changé (et c’est antérieur au Covid) : l’actuel premier ministre a tourné le dos à la City et dirigé sa campagne vers le monde ouvrier et les classes populaires, celles-là mêmes qui ont assuré massivement le succès du Brexit. A ces électeurs, en particulier dans le centre et le nord de l’Angleterre, il a promis la fin de l’austérité, un réinvestissement massif dans les services publics, et un grand retour de l’Etat. Une politique impossible dans le cadre de l’UE.

Ultime crève-cœur pour les dirigeants européens : si les parlementaires britanniques pro-UE n’avaient pas mené une implacable guérilla au point de paralyser durant des mois Westminster en espérant mettre en échec le choix populaire de 2016, Boris Johnson n’aurait pas remplacé Theresa May qui était, elle, bien plus disposée à des compromis favorables aux Vingt-sept. Le traité signé le 24 décembre reflète au contraire, à 99%, les vues des Brexiters les plus « durs », un résultat que même ceux-ci n’imaginaient pas en 2016. Réjouissant paradoxe.

Pierre Lévy

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Brexit : éditorial paru dans l’édition du 21 décembre

Par : pierre

Cet éditorial a été rédigé quelques jours avant l’annonce, le 24 décembre, d’un accord entre Londres et Bruxelles. Nous n’avons rien à y changer.

Quand ces lignes seront lues, on saura sans doute si les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne auront abouti, ou si elles sont rompues. A l’heure où nous mettons sous presse, l’incertitude est de mise. Mais même si une surprise n’est jamais exclue, la première hypothèse est la plus probable : Londres et Bruxelles devraient finir par trouver un compromis « au finish » sur leurs futures relations – sachant que la « période de transition » s’achèvera irrévocablement le 31 décembre. A cette date, quoi qu’il arrive, le pays aura recouvré sa pleine souveraineté.

Les grands médias français et européens, qui n’ont jamais digéré le choix populaire britannique, se moquent de la longueur des pourparlers, dont au moins trois dates butoirs successives ont été dépassées. Quelle torture interminable, se lamentent-ils. En réalité, il faut distinguer, en matière de négociation, la tactique de la substance. C’est au titre de la première qu’il faut comprendre les postures des uns et des autres. Londres a ainsi annoncé vouloir mobiliser la Royal Navy pour garantir que nul pêcheur européen ne pénétrera dans ses eaux si aucun accord n’est signé. Et avait menacé de décréter des exceptions unilatérales au traité de divorce signé fin 2019. De son côté, Bruxelles se déclare décontracté dans l’hypothèse d’un « no deal » (absence d’accord). Tactiquement, personne n’a intérêt à montrer qu’il compte trop impatiemment sur un compromis.

Mais il faut plutôt s’intéresser à la substance. D’abord en rappelant que 90% d’un possible accord sont déjà réglés – notamment en matière de transport, d’énergie, de sécurité… Il reste trois points qui achoppent. D’abord, Londres entend recouvrer son droit à déterminer qui peut pêcher dans ses eaux. Qui oserait affirmer qu’une telle exigence est illégitime ? Ce principe prévaudra. Mais le premier ministre britannique pourrait accepter son application progressive, moyennant délais et quotas.

Le deuxième point a trait aux « conditions équitables de concurrence ». Depuis le début, les Vingt-sept proposent un accès « sans quota et sans droits de douane » au marché intérieur de l’UE, à condition… que les Britanniques s’alignent sur toutes les règles européennes, celles d’aujourd’hui et même celles à venir. En dix mois, Bruxelles n’a pas bougé d’un iota sur cet oukase absurde en refusant de comprendre que si les Anglais ont choisi de quitter l’Union, ce n’est certainement pas pour continuer à en accepter ses contraintes. Mais, martèle Bruxelles, il nous faut nous préserver de tout dumping fiscal, social ou environnemental. L’argument est plaisant : comme si le moins-disant fiscal n’existait pas déjà aujourd’hui au sein de l’Union (Irlande, Luxembourg…), comme si la course aux pires conditions de travail et salariales n’était pas déjà la triste réalité (chauffeurs routiers slovaques ou polonais), comme si le Royaume-Uni n’avait pas déjà affiché son programme climatique plus drastique (qu’on s’en réjouisse ou pas) que celui de l’UE… Cependant, dans la dernière ligne droite, le négociateur en chef européen semble avoir enfin renoncé à exiger un alignement automatique sur les règles européennes futures, comme au mécanisme de sanctions automatiques qu’il défendait.

Dernier point : tout accord de libre-échange prévoit une instance chargée d’arbitrer les conflits. Londres veut une juridiction impartiale, et refuse donc que la Cour de justice de l’UE soit le pivot de futurs arbitrages. Là encore, l’acceptation par les Vingt-sept d’une position de bon sens est la clé d’un compromis.

En réalité, à Bruxelles, on est pris entre deux impératifs contradictoires. D’un côté, il faut montrer que quitter la secte européenne ne peut se faire qu’au prix de souffrances atroces, sauf à accepter une fausse sortie qui laisse intacte le carcan. Bref, il faut dissuader les futurs candidats. Mais d’un autre, la réinstauration de taxes et de conditions aux échanges commerciaux aurait des conséquences néfastes sur les Vingt-sept, sur l’Allemagne en particulier, numéro deux mondial des exportations. Ce qui explique qu’en coulisses, Angela Merkel pousse à un compromis, là où le président français a endossé le costume du matamore.

Nombre de commentateurs européens n’ont pas de mots assez durs contre ces Britanniques « qui croient encore à la souveraineté », un mythe qui serait rendu caduc par la mondialisation. Ils seraient bien inspirés d’entendre la rumeur des peuples qui enfle, dans le monde entier. Y compris en Europe aujourd’hui.

Et plus encore demain.

Pierre Lévy

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Endspurt zum Abkommen zwischen London und EU

Par : pierre

Bald werden wir erfahren, ob die Verhandlungen zwischen dem Vereinigten Königreich und der Europäischen Union erfolgreich oder gescheitert sind. Auch wenn man eine Überraschung nie ausschließen kann, so ist die erste Hypothese die wahrscheinlichste: London und Brüssel sollten schließlich am Ende doch noch einen Kompromiss über ihre zukünftigen Beziehungen finden – in dem Wissen, dass die « Übergangsperiode » am 31. Dezember unwiderruflich endet. An diesem Tag wird das Land, was auch immer geschehen mag, seine volle Souveränität wiedererlangt haben.

Die großen europäischen Medien, die die Entscheidung des britischen Volkes nie wirklich geschluckt haben, verspotten die Dauer der Gespräche, die mindestens drei aufeinanderfolgende Fristen immer wieder haben verstreichen lassen. Welch unendliche Folter, klagen sie. In Wirklichkeit muss man jedoch bei Verhandlungen zwischen Taktik und Inhalt unterscheiden. Unter ersterer kann die Lage des einen und des anderen Verhandlungspartners verstanden werden. London hat zum Beispiel angekündigt, die Royal Navy zu mobilisieren: man will damit garantieren, dass keine europäischen Fischer in britische Gewässer einlaufen – für den Fall, dass kein Abkommen unterzeichnet wird. Und es wurde auch damit gedroht, einseitige Ausnahmen vom Austrittsvertrag (des Jahres 2019) zu dekretieren. Brüssel erklärt seinerseits, einem « No Deal » (also ohne Einigung) entspannt entgegenzusehen. Taktisch hat niemand ein Interesse daran zu zeigen, dass er sehr ungeduldig auf einen Kompromiss wartet.

Man sollte aber eher auf den Inhalt schauen. Zunächst einmal soll daran erinnert werden, dass etwa 90 Prozent eines möglichen Abkommens bereits geregelt sind – insbesondere in den Bereichen Verkehr, Energie, Sicherheit und anderen. Es gibt aber noch drei Stolpersteine: Erstens will London das Recht zurückgewinnen, darüber bestimmen zu können, wer in seinen Gewässern fischen darf. Wer würde zu behaupten wagen, eine solche Forderung sei unrechtmäßig? Dieses Prinzip wird sich durchsetzen. Aber der britische Premierminister könnte einer schrittweisen Umsetzung zustimmen, mit Zeitlimits und Quoten.

Der zweite Punkt betrifft « gleiche Wettbewerbsbedingungen ». Von Anfang an haben die 27 EU-Staaten einen « quoten- und zollfreien » Zugang zum EU-Binnenmarkt angeboten – aber unter der Bedingung, dass die Briten alle EU-Vorschriften einhalten, sowohl die aktuellen als auch die zukünftigen. In zehn Monaten hat sich Brüssel nicht ein Jota von diesem absurden Ukas entfernt. Es weigert sich zu verstehen, dass die Briten sich nicht entschieden haben, die Union zu verlassen, um weiterhin deren Zwänge zu akzeptieren. Aber Brüssel betonte eindringlich: Wir müssen uns vor jeglichem Steuer-, Sozial- und Umweltdumping schützen. Das Argument ist spaßig – als ob es bis heute kein Steuerdumping innerhalb der Union gäbe (Irland, Luxemburg…), als ob der Wettlauf um die schlechtesten Arbeits- und Lohnbedingungen nicht schon traurige Realität wäre (slowakische oder baltische LKW-Fahrer), als ob Großbritannien sein Klimaprogramm (ob uns das gefällt oder nicht) nicht schon drastischer aufgestellt hätte als jenes der EU… In der Schlussphase scheint der europäische Chefunterhändler jedoch endlich aufgegeben zu haben, eine automatische Anpassung an künftige europäische Regeln zu fordern, ebenso wie den automatischen Sanktionsmechanismus, den er bisher verteidigte.

Letzter Punkt: Jedes Freihandelsabkommen sieht eine Streitschlichtungsstelle vor. London will ein unparteiisches Gericht und weigert sich deshalb, den EU-Gerichtshof als Ankerpunkt für künftige Schiedsverfahren zuzulassen. Auch hier ist die Akzeptanz einer Position des gesunden Menschenverstands durch die Siebenundzwanzig der Schlüssel zu einem Kompromiss.

Viele europäische Kommentatoren verspotten diese Briten, « die immer noch an die Souveränität glauben »; diese Kommentatoren wären gut beraten, auf das Geraune der Völker aufzupassen

In Wirklichkeit ist man in Brüssel zwischen zwei widersprüchlichen Imperativen gefangen. Auf der einen Seite muss gezeigt werden, dass der Austritt aus der europäischen Sekte nur um den Preis furchtbaren Leids möglich ist – es sei denn, man akzeptiert einen Pseudo-Ausstieg, der die Zwangsjacke intakt lässt. Kurzum, zukünftige Kandidaten müssen abgeschreckt werden. Andererseits hätte die Wiedereinführung von Steuern und Bedingungen für den Handel schädliche Folgen für die Siebenundzwanzig selbst, insbesondere für Deutschland, den zweitgrößten Exporteur der Welt. Das erklärt, warum Angela Merkel hinter den Kulissen auf einen Kompromiss drängt, und zwar dort, wo der französische Präsident sich als Großmaul betätigt hat.

Viele europäische Kommentatoren verspotten diese Briten, « die immer noch an die Souveränität glauben », diesen Mythos, der durch die Globalisierung obsolet gemacht wurde – ihrer Meinung nach. Sie wären gut beraten, auf das Geraune der Völker aufzupassen, das überall auf der Welt zu hören ist. Heute auch in Europa.

Und morgen erst recht.

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Pierre Lévy invité ce mercredi soir à la Librairie Tropiques

Par : pierre

Ce mercredi 11 mars, à 19h30, retrouvez le rédacteur en chef de Ruptures à la Librairie Tropiques.

Pierre Lévy retracera l’histoire du Brexit, en rappellera les enjeux, et en analysera les perspectives actuelles

Librairie Tropiques – 56 et 63 Rue Raymond Losserand – 75014 Paris –
Métro Pernety – 01 43 22 75 95

 

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Et si le Brexit était un succès ? Le Point de Ruptures propose un vrai débat contradictoire

Par : pierre

Le Point de Ruptures propose désormais des débats contradictoires. Pour cette nouvelle émission, François Poulet-Mathis (ancien rédacteur en chef et éditorialiste Europe à France 3) et Pierre Lévy (rédacteur en chef de Ruptures) confrontent leurs points de vue à la lumière des négociations qui s’engagent entre Londres et Bruxelles.

 

Important : L’équipe de Ruptures a décidé de consacrer des moyens importants à la production régulière de l’émission. Or le journal n’a d’autres ressources que le produit des abonnements. Pour aider à financer cet investissement, le moyen le plus efficace est de s’abonner sans attendre !

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Emmanuel Macrons unglaubliches Eingeständnis bei Großbritanniens Austritt

Par : pierre

Der französische Präsident vertraute darauf, dass der »Brexit nicht erfolgreich sein darf »: eine explosive Bestätigung, die jedoch nur wenige Reaktionen hervorgerufen hat.

Die Verhandlungen zwischen London und Brüssel beginnen am 3. März. Das Vereinigte Königreich ist am 31. Januar aus der Europäischen Union ausgetreten, es ist daher notwendig, den Rahmen auszuhandeln, der die Beziehungen – vor allem Handel, aber auch Fischerei, Verkehr, Sicherheit und Verteidigung – zwischen den beiden Seiten am Ende der « Übergangszeit », d.h. ab dem 1. Januar 2021, bestimmen wird.

Die von Boris Johnson und der EU-27 definierten Ausgangspositionen scheinen unvereinbar zu sein. Die europäischen Staats- und Regierungschefs fordern von den Briten, dass sie sich an alle gegenwärtigen EU-Regeln anpassen, und sogar an die zukünftigen – wie Paris es verlangt. Umgekehrt behaupten die Briten, dass sie den Brexit nicht dazu erreicht haben, um immer weiter unterworfen zu bleiben. Und sie fragen: Warum uns so drakonische Bedingungen auferlegen, die bisher von keinem Handelspartner verlangt wurden?

Warum eigentlich diese übermässigen Forderungen? Vielleicht hat Emmanuel Macron, mehr oder weniger bewusst, einen Teil der Antwort gegeben. Der französische Präsident nahm an der Münchner Sicherheitskonferenz teil, die dieses Jahr vom 14. bis 16. Februar stattfand. Am Rande der Konferenz traf er in kleinen Gruppen mit verschiedenen deutschen Persönlichkeiten zusammen.

Eine von ihnen enthüllte, dass der Herr des Elysée-Palastes ein Geständnis losgelassen hatte, das seine Gesprächspartner erstaunte: « Der Brexit darf kein Erfolg werden« . Die Information wurde von Le Monde (18.02.20) bekannt gegeben, und ihr wurde nicht widersprochen.

Der Satz ist wirklich nicht unbedeutend, zu einer Zeit, in der die offizielle Rede der europäischen Staats- und Regierungschefs eine « Einigung zugunsten von beiden Seiten » fordert. Sie ist sogar explosiv, was erklären könnte, warum sie so wenige Kommentare hervorgerufen hat.

Was die Substanz betrifft, zeigt das Geständnis einen Geisteszustand, der nicht überraschend ist: seit dem britischen Referendum vom Juni 2016 sind die Brüsseler Eliten nicht nur durch den Austritt Großbritanniens traumatisiert, sondern vor allem durch den « Dominoeffekt », der dadurch entstehen könnte.

Boris Johnson kündigte einen « historischen » Wendepunkt in der Geschichte des Landes an

Dreieinhalb Jahre lang schien diese Perspektive jedoch recht abstrakt, solange die (illusorischen) Versuche, den Prozess scheitern zu lassen, weitergingen. Aber seit den britischen Wahlen vom 12. Dezember, die eine triumphale Bestätigung des Brexits darstellten und dem Premierminister ein beispielloses politisches Gewicht verliehen haben, hat sich alles verändert – und alles beschleunigt sich. Boris Johnson kündigte einen « historischen » Wendepunkt in der Geschichte des Landes an.

Zum Beispiel hat er gerade eine restriktive Migrationspolitik vorgeschlagen, die die Arbeitgeberverbände (wie auch… die Labour-Partei) zum Schreien brachte. Anderweitig hat sein Finanzminister, der als letztes Bollwerk gegen erhöhte öffentliche Ausgaben galt, seinen Platz geräumt.

Von da an stellte sich die Frage, für Emmanuel Macron, zweifellos viel konkreter als bisher: was wäre, wenn der Brexit nicht nur keine der angekündigten Katastrophen verursachte, sondern dem Land auch bemerkenswerte Erfolge ermöglichte? Sollte dies der Fall sein, könnte die Zahl der Austrittskandidatenländer schnell zunehmen…

Also der Brexit müsse scheitern, träumt man im Elysée-Palast. Dass ein solcher Wunsch vor Zeugen geäußert wurde, mag überraschen. Aber wir sollten dem Präsidenten in diesem Punkt danken: sein Eingeständnis, ob ungeschickt oder berechnend, hat das Verdienst, die Ängste des Staatsoberhauptes und wahrscheinlich auch seiner Kollegen im Europäischen Rat in unverblümter Weise zu offenbaren.

God save Macron!

 

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L’incroyable aveu d’Emmanuel Macron sur la sortie du Royaume-Uni

Par : pierre

Le président français a confié qu’« il ne faut pas que le Brexit réussisse », une confirmation explosive qui n’a pourtant suscité que peu de réactions.

Les négociations entre Londres et Bruxelles vont s’engager dans quelques jours, le 3 mars précisément. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne le 31 janvier, il convient donc de négocier le cadre qui fixera les relations – commerciales, mais aussi en matière de pêche, de transports, de sécurité, de défense – entre les deux parties à l’issue de la « période de transition », c’est-à-dire à compter du 1er janvier 2021.

Les positions de départ définies respectivement par Boris Johnson et par les Vingt-sept paraissent irréconciliables. Les dirigeants européens exigent des Britanniques qu’ils s’alignent sur l’ensemble des règles de l’UE, présentes – et même à venir, a insisté Paris. A l’inverse, les Anglais affirment qu’ils n’ont pas réalisé le Brexit pour finalement continuer à être soumis à ces dernières. Et ils interrogent : pourquoi nous imposer des conditions aussi draconiennes, qui n’ont été demandées à aucun partenaire commercial jusqu’à présent ?

Pourquoi, en effet, ces exigences léonines ? Peut-être Emmanuel Macron a-t-il fourni, plus ou moins volontairement, un élément de réponse. Le président français participait à la Conférence de Munich sur la sécurité qui avait lieu cette année du 14 au 16 février. En marge de celle-ci, il a rencontré en petit comité diverses personnalités allemandes.

L’une d’entre elles a révélé que le maître de l’Elysée avait lâché cette confidence qui n’a pas manqué de choquer ses interlocuteurs : « il ne faut pas que les Brexit soit un succès ». L’information a été révélée par Le Monde (18/02/20). Un quotidien qui ne passe pas pour inventer des bobards susceptibles de gêner Bruxelles. Et qui n’a du reste pas été démentie.

La phrase n’a rien d’anodin, au moment où le discours officiel des dirigeants européens appelle de ses vœux un « accord dans l’intérêt des deux parties ». Elle est même gênante et explosive, ce qui pourrait expliquer le peu de commentaires qu’elle a suscité.

Quant au fond, la confidence révèle un état d’esprit qui n’a rien de surprenant. Depuis le référendum britannique de juin 2016, les élites bruxellloises ne sont pas seulement traumatisées par le départ de la Grande-Bretagne en lui-même, mais aussi et surtout par l’« effet domino » que celui-ci pourrait bien entraîner.

Boris Johnson a annoncé un tournant « historique » dans l’histoire du pays

Pendant trois ans et demi, cette perspective semblait cependant bien abstraite, tant que les tentatives (illusoires) de faire dérailler le processus perduraient. Mais, depuis les élections britanniques du 12 décembre qui ont fonctionné comme une validation triomphale du Brexit et confié au Premier ministre un poids politique sans précédent, tout a changé – et tout s’accélère. Boris Johnson a annoncé un tournant « historique » dans l’histoire du pays. Il vient par exemple de proposer une politique migratoire restrictive qui fait hurler le patronat (de même que… les dirigeants travaillistes) ; et son ministre des finances, qui était considéré comme le dernier rempart contre l’augmentation des dépenses publiques, a rendu son tablier.

Dès lors, la question a sans doute assailli Emmanuel Macron de manière bien plus concrète que jusqu’à présent : et si le Brexit, non seulement ne provoquait aucune des catastrophes annoncées, mais permettait au pays d’engranger des succès notables ? Si tel est le cas, la liste des pays candidats au départ – du moins dans lesquels la pression populaire monterait en ce sens – pourrait s’allonger plus vite que prévu…

Il faut donc que le Brexit échoue, rumine-t-on à l’Elysée. Qu’un tel souhait ait été formulé devant des témoins qui ne font pas partie du premier cercle peut surprendre. Mais il faut au moins remercier le président sur ce point : sa sincérité, maladroite ou calculée, ne devrait pas réchauffer l’ambiance des négociations qui s’engagent ; et surtout, elle a le mérite de révéler crûment les angoisses du chef de l’Etat et probablement de ses collègues du Conseil européen.

God save Macron !

Ne manquez pas le débat contradictoire sur le Brexit proposé par la chaîne Le point de Ruptures

Et bien plus dans l’édition du 26 février du mensuel (imprimé) Ruptures. Il n’est pas trop tard pour s’abonner

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2020 wird das Jahr sein, in dem man vom „trotz“ Brexit zum „dank“ Brexit kommen wird

Par : pierre

Für Großbritannien wird 2020 das Jahr sein, in dem die in öffentlichen Reden angekündigte « Apokalypse » dem « britischen Wunder » weichen wird.
 

Von Charles-Henri Gallois, nationaler Leiter der UPR für Wirtschaftsfragen und Autor des kürzlich veröffentlichten Buches : Les Illusions économiques de l’Union européenne, Fauves éditions

Eines ist sicher: 2020 wird das Jahr sein, in dem wir in öffentlichen Reden und vielleicht sogar in den Medien von « trotz Brexit » zu « dank Brexit » und von « Apokalypse » zu « britischem Wunder » übergehen werden! Diese Gewissheit zeigt sich in der Kluft, die seit dem Referendum von 2016 zwischen den die Katastrophe heraufbeschwörenden Äußerungen einerseits und dem realwirtschaftlichen Kurs des Vereinigten Königreichs andererseits besteht.

Alle Pseudo-Experten und Anhänger der EU hatten in der Tat eine Apokalypse angekündigt, falls die Briten es wagen sollten, die EU zu verlassen, d.h. sich von der EU zu befreien. Diese Apokalypse sollte, so scheint es, am Tag nach der Abstimmung stattfinden. Das Referendum fand am 23. Juni 2016 statt, und 51,9% der britischen Bevölkerung stimmten für den Austritt.

Am nächsten Tag gab es überraschenderweise keine Heuschreckeninvasion in Westminster, die Neugeborenen waren wohlbehalten im Portland Hospital und das Wasser der Themse verwandelte sich nicht in Blut. Am 24. Juni 2016 gab es gegen 13 Uhr nur sehr leichte Schauer, was eine Meisterleistung ist, wenn wir über London und das Vereinigte Königreich sprechen.

Von allen Weltuntergangsprophezeiungen hat sich keine erfüllt

Die Pseudo-Experten nahmen dann die wirtschaftliche Aktivität genauestens unter die Lupe in der Hoffnung, das geringste Anzeichen eines Zusammenbruchs zu erkennen.

Glücklicherweise hat sich von allen apokalyptischen Prophezeiungen (Exodus aus der Stadt, Zusammenbruch des Pfunds, Zusammenbruch der Finanzmärkte, Rezession des BIP, steigende Arbeitslosigkeit, Investitionsdebakel, Explosion der Inflation und massiver Rückgang der Immobilienpreise…) keine erfüllt.

Schlimmer noch, die Zeit wurde mit guten Nachrichten gefüllt, da die Produktion im verarbeitenden Gewerbe zunahm, die Investitionen fortgesetzt wurden, die Arbeitslosigkeit stark zurückging, die Immobilien- und Aktienmärkte stiegen, das Wachstum anhielt und nicht einmal 7.000 Arbeitsplätze die Stadt verließen, verglichen mit den 75.000 « erwarteten » Verlusten vor dem Referendum. All diese positiven Daten wurden von allen französischen Medien und einigen EU-geförderten britischen Medien mit dem Vorbehalt der Sparsamkeit « trotz Brexit » begleitet. Als wäre es sicher und gewiß, daß der Brexit eine Katastrophe sein würde, war dies zumindest die Idee, die der Öffentlichkeit vermittelt werden mußte, um sie zu erschrecken.

Ein Regen guter Nachrichten im Jahr 2020

Zum Pech aller Weltuntergangspropheten regnet es weiter gute Nachrichten für das Vereinigte Königreich an diesem beginnenden 2020 und wenige Tage vor dem offiziellen Austritt am 31. Januar.

Die britische Regierung hat eine spektakuläre Erhöhung des Mindestlohns angekündigt. Zusätzlich zur völligen Beschämung derer, die behaupteten, der Brexit sei von Natur aus ultraliberal, wird der britische Mindeststundenlohn am 1. April 2020 den französischen Mindestlohn (10,24 Euro pro Stunde in Großbritannien gegenüber 10,15 Euro in Frankreich) übersteigen [1]. Diese Erhöhung des Mindestlohns um 6,2% bedeutet für einen Vollzeitbeschäftigten eine Erhöhung um 930 Pfund (etwa 1.090 Euro) pro Jahr.

Man muss bis ins Jahr 1981 zurückgehen, um einen solchen Anstieg in Frankreich zu finden. In der Zwischenzeit verlangen die Grundzüge der Wirtschaftspolitik der Europäischen Kommission, dass Frankreich den Mindestlohn jedes Jahr einfriert. Die Empfehlung wird seit 2012 brav umgesetzt.

34 Milliarden zusätzliche Pfund für die Gesundheit

Der andere Schlag für diejenigen, die von einem inhärent ultraliberalen Brexit sprachen, war die Ankündigung Boris Johnsons, zusätzliche 34 Milliarden Pfund für den NHS (National Health Service, das Äquivalent zum Gesundheitszweig unseres Sozialversicherungssystems) bereitzustellen [2].

Sajid Javid, Schatzkanzler (entspricht unserem Finanzminister), hat eine weitere europapolitische Illusion zerstört. Man erklärt den Franzosen immer: « Zum Glück gibt es die EU, um unsere Landwirtschaft zu finanzieren ». Man vergisst leicht, dass sowohl Frankreich als auch das Vereinigte Königreich Nettozahler der EU sind. Das bedeutet, dass das von der EU bezahlte Geld nur französisches und britisches Geld ist.

Sajid Javid hat dieses « Argument » offiziell als Lüge entlarvt, indem er ankündigte, dass sie nach dem Brexit [3] weiterhin die 3,4 Milliarden Pfund für den Agrarsektor zahlen werden. Es wird genauso viel Geld wie bei der europäischen Landwirtschaft zur Verfügung stehen, nur dass es nicht mehr diese sein wird, die eine schnellere und gerechtere Auszahlung der Mittel ermöglicht, indem Kriterien wie die Erhaltung der Umwelt und der biologischen Vielfalt und nicht das Kriterium der Betriebsgröße nach den Vorgaben der EU einbezogen werden.

Von Facebook zu Airbus, die Entscheidung Großbritanniens

Es gab nicht nur keinen Exodus aus der Stadt, sondern es wurde am 20. Januar angekündigt, dass mehr als 1.000 Banken, Vermögensverwalter, Zahlungsdienstleistungsunternehmen und Versicherer Büros in Großbritannien nach dem Brexit eröffnen werden [4].

Am 21. Januar kündigte Facebook an, dass es in diesem Jahr in London 1.000 Mitarbeiter für Positionen in den Bereichen Sicherheit und Produktentwicklung einstellen wird. Und das US-Unternehmen wird nach dem Brexit [5] sein größtes Ingenieurzentrum außerhalb der USA weiter ausbauen.

Im gleichen Sinne verpflichtete sich Airbus, das gedroht hatte, nach dem Brexit Großbritannien zu verlassen, schließlich nicht nur zu bleiben, sondern seine Aktivitäten über den Ärmelkanal auszuweiten [6].

Im Jahr 2020 wird das britische Wachstum höher sein als das von Deutschland und Frankreich

Zum Schluss die vielleicht wichtigste Nachricht: Der IWF beendet das « Projekt der Angst », das darin bestand, dass alle offiziellen Institutionen die Gefahr eines Zusammenbruchs der britischen Wirtschaft an die Wand malten. Die Institution kündigt an, dass das Wachstum in Großbritannien in den Jahren 2020 und 2021, d.h. nach dem offiziellen Ausstieg [7], höher sein wird als das der Euro-Zone. Für die Eurozone wird ein Wachstum von 1,3% im Jahr 2020 und 1,4% im Jahr 2021 erwartet, während für Großbritannien ein Wachstum von 1,4% im Jahr 2020 und 1,5% im Jahr 2021 erwartet wird. Sein Wachstum wäre höher als das von Deutschland und Frankreich.

Eine große Ohrfeige für die Eurofanatiker, die von der guten Nachricht profitierten, indem sie behaupteten, dass « es sowieso nichts bedeutet, sie sind noch nicht draußen ». Auch dies war eine unbestreitbar böswillige Aussage, da Unternehmen und verschiedene Wirtschaftsakteure bereits seit langem den Brexit einbeziehen. Das Mindeste, was man sagen kann, ist, dass die angekündigte Katastrophe nicht eingetreten ist und auch nicht eintreten wird.

Die Arbeitslosigkeit verschwindet, die Beschäftigung wird konsolidiert

Seit dem Brexit-Referendum sind die besten Nachrichten an der Beschäftigungsfront zu verzeichnen, was durch den Bericht des ONS (Office for National Statistics, das britische Pendant zum INSEE) vom Januar 2020 [8] bestätigt wird. Die Arbeitslosigkeit lag im Juni 2016 bei 5%. Sie liegt jetzt bei 3,8 %, dem niedrigsten Wert seit dem Winter 1974, d.h. seit 45 Jahren.

Noch spektakulärer ist der Aufschwung bei der Beschäftigungsquote, denn dieser Bericht vom Januar zeigt, dass sie auf 76,3% gestiegen ist, ein Allzeithoch. Vor dem Referendum lag er bei 74,2%, was einem Anstieg von 2,1 Punkten entspricht. Das Interessanteste ist, dass es sich bei den seit dem Referendum geschaffenen Arbeitsplätzen überhaupt nicht um Nullstunden- oder Teilzeitverträge, sondern um Vollzeitverträge handelt. Zwischen Juni 2016 und Dezember 2019 wurden 1,2 Millionen Arbeitsplätze geschaffen, während die Zahl der Teilzeitverträge um 19.500 zurückging. Der Anteil der Teilzeitbeschäftigung an der Gesamtbeschäftigung stieg von 36,9% auf 35,1%.

Bewusstwerdung

Die Tatsachen, die Daten werden also auch im Jahr 2020 Monat für Monat all jene widerlegen, die geschworen haben, dass alle Wunden der Krise und der Rezession auf das vom Brexit hinweggefegte Vereinigte Königreich fallen würden. Dann wird es das Ende der europäischen Illusionen sein. Hoffen wir, dass es unseren Landsleuten die Augen öffnen wird, um die Kraft und den Mut zu finden, sich durch einen Frexit von der EU und dem Euro zu befreien. Wir sollten keine Angst mehr haben und aufhören, auf diejenigen zu hören, die sich seit 40 Jahren in fast allen Fragen geirrt haben.

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[1]https://www.capital.fr/economie-politique/le-salaire-minimum-va-augmenter-de-6-au-royaume-uni-et-depasser-notre-smic-1358685

[2]https://www.telegraph.co.uk/politics/2019/12/18/boris-johnson-put-nhs-heart-domestic-agenda-queens-speech/

[3]https://euobserver.com/tickers/147015?fbclid=IwAR1MU3qwEcEwtbkY342FMV_qKfaw5axTHpbvSeOQ96e_eUYmBpQ6JWh9i-E

[4]https://uk.reuters.com/article/us-britain-eu-banks/a-thousand-eu-financial-firms-plan-to-open-uk-offices-after-brexit-idUKKBN1ZJ00D

[5]https://www.reuters.com/article/us-facebook-europe-business/facebook-targets-uk-growth-with-1000-hires-this-year-idUSKBN1ZK0G4?fbclid=IwAR1rrbOylzwstJN0Y7LjhYw0eTOWNHekJYaVDGB-R9Vs4Xf3JTGMIpb8rFs

[6]https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-01-08/airbus-chief-faury-pledges-expansion-in-the-u-k-after-brexit

[7]https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2020/01/20/weo-update-january2020

[8]https://www.ons.gov.uk/employmentandlabourmarket/peopleinwork/employmentandemployeetypes/bulletins/uklabourmarket/january2020/pdf

 

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Das von Amélie de Montchalin befürchtete fabelhafte Schicksal

Par : pierre

Die Verhandlungen zwischen London und Brüssel beginnen: Das Vereinigte Königreich ist weit davon entfernt isoliert zu sein und kann sich nun wieder ungehindert der Welt öffnen.

Seit Samstag, dem 1. Februar, hat das Vereinigte Königreich die Europäische Union legal verlassen (ohne dass bisher ein Tsunami über die britischen Inseln hinweggefegt ist). Aber es gibt noch eine entscheidende Etappe: das Aushandeln eines Abkommens, das die künftigen Beziehungen zwischen London und Brüssel regelt. In erster Linie betrifft es den Handel, aber auch die Sicherheit, die Verteidigung,die Energie, den Verkehr sowie die heikle Frage der Fischerei.

Diese Verhandlungen werden während der laufenden « Übergangsperiode » stattfinden, die am 31. Dezember endet. Zum großen Missfallen der EU-27 hat der britische Premierminister eine Verlängerung der Übergangszeit ausgeschlossen.

Am Montag, dem 3. Februar, haben die beiden Parteien daher wie geplant ihre Ausgangspositionen aus der Ferne präsentiert. Auf der Brüsseler Seite ist dies das « Verhandlungsmandat », das die EU-27 Herrn Barnier erteilen wird und das sie am 25. Februar nächsten Jahres formell bestätigen wird.

In London herrscht eine Stimmung des mitreißenden Optimismus

In London hat Herr Johnson eine große parlamentarische Mehrheit zur Hand.

Auf beiden Seiten des Ärmelkanals, fällt die unterschiedliche Denkweise auf. Einerseits hat sich der englische Premierminister entschieden, in die Zukunft zu blicken und von einem « neuen Aufbruch » für sein Land zu sprechen. Es ist sicherlich ein Quantum public relations dabei, aber die Stimmung ist eindeutig von mitreißendem Optimismus geprägt.

Auf der Brüsseler Seite besteht der Ton aus einer Mischung aus Warnung und Rückzug

Auf Seiten Brüssels besteht hingegen der Ton aus Warnungen und Drohungen für die Briten und man ruft etwas beunruhigt zum Schulterschluss innerhalb der EU auf.

Zugegebenermaßen schlug Michel Barnier in London ein « sehr ehrgeiziges Abkommen » an der Handelsfront vor: keine Zölle, keine Kontingente (d.h. keine Beschränkung der Importe von jenseits des gesamten Ärmelkanals). Aber mit einer großen Bedingung: dass sich das Vereinigte Königreich vertraglich verpflichtet, sich an alle geltenden EU-Regeln anzupassen und sich dem Schiedsgericht des EU-Gerichtshofs zu unterwerfen. Paris wünscht sich sogar eine « dynamische » Anpassung, d.h. dass die Briten alle zukünftigen EU-Regeln im Voraus akzeptieren.

Nach Ansicht der EU-27 solle verhindert werden, dass die Briten ihre Produkte und Dienstleistungen auf dem Kontinent zu Dumpingpreisen verhökern, indem sie soziales (d.h. durch Kürzung der sozialen Rechte, um billiger verkaufen zu können), ökologisches (durch Lockerung der Beschränkungen, wiederum um die Kosten zu senken) oder fiskalisches (durch Senkung der Steuern, um Kapital anzuziehen – ein Sport, der bereits innerhalb der EU selbst existiert, z.B. aus dem benachbarten Irland) « Dumping » betreiben.

Aber das Glück war bei der Demonstration nicht auf ihrer Seite: Die EU hat ein Freihandelsabkommen mit… Singapur ratifiziert

Kurzum, nach der in Brüssel populären Redewendung sollte um jeden Preis vermieden werden, dass unsere Nachbarn jenseits des Ärmelkanals ihr Land in ein « Singapur an der Themse » verwandeln, um auf ein hyperreguliertes Modell zu verweisen, das mit einem Freihandelsabkommen unvereinbar sei. Es gibt jedoch keine Chance für einen Beweis: Vor einem Jahr hat die EU ein Freihandelsabkommen mit… Singapur ratifiziert.

Boris Johnson schloss auf seine Weise, offen gesagt, von vornherein aus, sich einem solchen Diktat zu unterwerfen. Wir werden die britischen Regeln anwenden, ohne sie abzuschwächen, hämmerte Johnson, aber es ist nicht notwendig, einen Vertrag zu unterzeichnen, um dies zu tun.

« Werden wir Zölle auf italienische Autos oder deutschen Wein erheben mit der Begründung, dass die EU sich nicht an unsere britischen Vorschriften anpasst? Natürlich nicht! « 

Und außerdem, warum sollten die Anforderungen einseitig sein, fügte Herr Johnson klugerweise hinzu, warum sollte es nicht den Europäern obliegen, die britischen Regeln zu befolgen: « Werden wir Zölle auf italienische Autos oder deutschen Wein erheben (die Beispiele sind scherzhaft gewählt…) unter dem Vorwand, dass die EU sich nicht an unsere britischen Regeln für Plastik-Kaffeerührer oder für den Mutterschaftsurlaub angleicht? Natürlich nicht! « .

Die künftigen Verhandlungsführer unterscheiden verschiedene mögliche Szenarien: ein Abkommen « norwegischer Art », « schweizerischer », « kanadischer » oder sogar « australischer Art ». Im ersten Fall würde sich Großbritannien, wie derzeit Norwegen, zur Übernahme aller EU-Regeln verpflichten – dieses Szenario wird daher von London ausgeschlossen. Die « schweizerische » Konfiguration beinhaltet sektorale Regeln und Vereinbarungen – was Brüssel nicht gefällt. Das von London bevorzugte Szenario nach kanadischer Art bezieht sich auf den zwischen der EU und Ottawa (CETA) unterzeichneten Freihandelsvertrag, der die Zölle auf 98% der Produkte abschafft – ohne jedoch eine Angleichung der Vorschriften zu verlangen.

Was das « australische » Szenario betrifft, so wurde es von Herrn Johnson bewusst als « australisch » bezeichnet: Dieses Land handelt in der Tat allein nach den WTO-Regeln – was die Situation wäre, wenn es zu keiner Einigung käme. Aber der Hinweis auf Australien als Commonwealth-Land klingt in britischen Ohren nicht negativ.

« Wir übernehmen wieder die Kontrolle über unsere Gesetze, das ist sicher nicht um uns an die Regeln der Europäischen Union anzupassen »

Auf jeden Fall warnte der Außenminister von Anfang an: « Wir übernehmen wieder die Kontrolle über unsere Gesetze, das ist sicher nicht um uns an die Regeln der Europäischen Union anzupassen« . Eine Ohrfeige für all jene, die insbesondere in Frankreich auf ein bereits in Brino umbenanntes Brexit setzten (« Brexit in name only », ein Brexit nur als Fassade).

In der Zwischenzeit unternahm Dominic Raab eine Tournee durch Australien, Japan, Malaysia… und Singapur. Denn Großbritannien hat endlich das Recht wiedererlangt, Handelsabkommen im eigenen Namen zu unterzeichnen, was zu Zeiten der EU-Mitgliedschaft verboten war.

Die Bitterkeit war in diesen Tagen in den Korridoren von Brüssel spürbar, wo alle die britische Wahl der « Isolation » bedauerten. Michel Barnier wagte sogar zu sagen: « Ich bedauere, dass das Vereinigte Königreich sich dafür entschieden hat, eher Einzelkämpfer als solidarisch zu sein« .

Mit dem Austritt aus der EU hat sich das Land von dem Filter befreit, der seine Beziehungen zur Welt behindert hat, und kann sich ihr wieder ungehindert öffnen

Die Realität ist, dass das Land durch den Austritt aus der EU den Filter, der seine Beziehungen zur Welt (etwas) behindert hat, losgeworden ist und sich ihr wieder ungehindert öffnen kann, indem es « Freundschaft zwischen allen Nationen » pflegt, wie es in der neuen 50-Pence-Münze zur Feier des Brexit verkündet wird.

In der kommenden Zeit könnten wir daher die – noch nie dagewesene – Erfahrung machen, dass ein Land seine Souveränität wiedererlangt, die durch die EU eingeschränkt wurde: seine Freiheit, seine Gesetze zu machen und über seine Steuern zu entscheiden, aber auch an allen Fronten zu kooperieren. Und dies, ohne noch mehr unter dem makronischen Unsinn über ein mächtiges Europa mit eigener « Souveränität » leiden zu müssen. Ist das Vereinigte Königreich isoliert? Was für eine Dummheit!

Laut Amélie de Montchalin « wird der Brexit die Phantasien derjenigen beflügeln, die hier und da ihr Land aus Europa herausführen wollen »

Dies könnte anderen Ländern Anregungen geben, wovor die französische Staatssekretärin für europäische Angelegenheiten eindeutig Angst hat. In einem Interview in Le Monde (04/02/20) verrät Amélie de Montchalin ihre Besorgnis: « Der Brexit wird die Phantasien derjenigen beflügeln, die hier und da ihr Land aus Europa herausführen wollen« .

Ja, Amélie: « hier oder dort », ja, manche träumen vielleicht von einem fabelhaften Schicksal (1)…

(1) Anspielung an den berühmten französischen Film „Le fabuleux destin d’Amélie Poulain“

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Elections en Irlande : le parti nationaliste Sinn Fein triomphe grâce à son programme social

Par : pierre

Lors du scrutin irlandais du 8 février, le Sinn Fein a créé la surprise en détrônant les deux formations traditionnelles. Les électeurs ont exprimé leurs attentes sur le plan social et leur volonté de changement.

Pari vraiment raté pour le premier ministre irlandais sortant, Leo Varadkar. Mi-janvier, il déclenchait des élections surprises en comptant sur une campagne éclair de trois semaines pour remporter le scrutin fixé au 8 février.

Il misait sur son accord bilatéral négocié le 10 octobre dernier avec Boris Johnson en vue de débloquer le Brexit sans recréer de frontière « dure » avec l’Irlande du Nord, et sur l’aura qu’il en attendait. Il avait donc exhorté ses compatriotes à le reconduire avec un « mandat fort » pour la négociation qui va s’engager entre Londres et Bruxelles sur la future relation commerciale, pour laquelle l’Irlande se trouve en première ligne.

En accordant à son parti, le Fine Gael (FG, étiqueté centre-droit), seulement 20,9% des suffrages, soit une chute de 4,9 points par rapport à 2016, les électeurs ont douché ses espoirs, et manifesté qu’ils avaient d’autres priorités en tête (la participation s’est élevée à 62,9%, soit une baisse de 2,3 points). Déjà pendant la campagne, ces priorités étaient apparues au grand jour : la crise aiguë du logement, avec des loyers astronomiques dans la capitale, Dublin ; les services de santé sous haute pression ; les transports plus inadaptés que jamais.

M. Varadkar s’était prévalu d’une croissance enviable (près de 5%), mais de nombreux citoyens lui ont rappelé que celle-ci ne s’était pas traduite dans leur porte-monnaie, bien au contraire. Le parti Sinn Fein (SF), progressiste et historiquement militant de la réunification de toute l’Irlande – ce qui lui vaut le qualificatif de « nationaliste de gauche » – a précisément mené sa campagne en proposant un gel des loyers, la construction de 100 000 HLM, des moyens supplémentaires pour les hôpitaux publics, ainsi que la taxation des entreprises.

Les enseignants, de même que les assistantes maternelles ont fait grève en janvier

Et cela dans un climat revendicatif inhabituel : les enseignants, de même que les assistantes maternelles ont fait grève en janvier. Certes, le pays s’est sorti la crise terrifiante de 2008-2010 qui s’était soldée par un plan de super-austérité imposé par l’UE sous couvert de renflouement des finances publiques étranglées par la dette. Mais la population laborieuse n’a nullement profité de la reprise.

Le Sinn Fein a donc « cartonné » : avec 24,5% des voix, soit +10,7 points, il devient le premier parti en nombre de suffrages préférentiels (le mode de scrutin autorise les panachages). De nombreux observateurs ont même parlé de séisme politique, puisque le SF brise la domination historique des deux grands partis qui se partageaient la scène politique : le FG, ainsi que son traditionnel rival, le Fianna Fail (FF), également étiqueté centre-droit. Le FF ne participait pas au gouvernement sortant, mais soutenait celui-ci dans la période pré-Brexit. Avec 22,2%, il s’effrite de 2,2 points sur son score de 2016.

A 4,4% (-2,2 points), le Parti travailliste poursuit sa descente aux enfers entamée lors de sa participation gouvernementale de 2011, où il avait soutenu les plans de régression sociale mis en œuvre par le Fine Gaël. Avec 7,1%, les Verts progressent de 4,4 points sur 2016, mais chutent de 4,3 points par rapport aux Européennes de mai 2019.

Sinn Fein « dédiabolisé »

Toute l’attention se porte donc désormais sur le Sinn Fein, par ailleurs seul parti présent à la fois en Irlande, et en Irlande du Nord qui fait partie du Royaume-Uni. Il s’est manifestement « dédiabolisé » avec Mary Lou McDonald, la dirigeante qui a remplacé, en 2018, le leader historique Gerry Adams, longtemps accusé – comme le parti lui-même – d’être lié à l’IRA, et donc d’être responsable du « terrorisme » face à l’armée britannique chargée de « maintenir l’ordre » en Irlande du Nord à partir du milieu des années 1960. Ce fut une période douloureuse qui a compté des milliers de victimes, et qui s’est conclue par les accords de paix signés en 1998.

L’IRA a été dissoute, et les nationalistes souhaitent désormais obtenir la réunification de l’île par des voies pacifiques. Un objectif que partage certainement une très large majorité de citoyens de la République, mais qui ne fait manifestement pas partie de leurs priorités. Longtemps « eurosceptique », le Sinn Fein a évolué en faveur de l’Union européenne, une position qu’il a en particulier défendue lors du référendum britannique de juin 2016, lorsqu’il avait appelé les Nord-Irlandais à voter contre le Brexit (ce que firent 55,8% d’entre eux). Cependant, lors des élections européennes de mai 2019, le SF n’avait guère mobilisé sur ses positions pro-UE, puisqu’il n’avait obtenu que 11,7% des voix. A noter qu’à la différence de M. Adams, qui avait grandi dans un quartier populaire, Mme McDonald a fréquenté une école privée cossue, avant de faire des études supérieures de gestion des ressources humaines et… d’intégration européenne.

Surpris par son propre succès

Le Sinn Fein semble s’être fait surprendre par son propre succès : il n’a présenté que 42 candidats. 37 d’entre eux ont été élus sur les 160 sièges que compte la Chambre basse (le Dail). Le Fine Gael et le Fianna Fail en obtiennent respectivement 35 et 38. Aucune des désormais trois grandes forces politiques ne pourra donc gouverner seule.

Idéologiquement, rien n’empêcherait FG et FF de renouveler une alliance, fût-elle tacite, mais c’est précisément pour éviter cette configuration que M. Varadkar avait déclenché les élections. Surtout, une « grande coalition » FG-FF irait contre le vote des citoyens, qui ont voté Sinn Fein dans l’espoir d’un véritable changement.

Mais pendant la campagne, les deux grands partis sortants avaient exclu de gouverner avec le Sinn Fein, jugé trop sulfureux. Pour sa part, Mme McDonald a annoncé qu’elle voulait former un « gouvernement pour le peuple » (peut-être un écho au « gouvernement du peuple » revendiqué par Boris Johnson), et qu’elle cherchait en priorité le soutien de petits partis (sociaux-démocrates, Verts…) – une tâche qui paraît cependant complexe. Elle a par ailleurs prédit que ses deux rivaux ne pourraient pas éternellement tenir le Sinn Fein à l’écart. De fait, le leader du Fianna Fail, l’ancien ministre Micheal Martin, a semblé faire preuve d’ouverture après l’annonce des résultats.

Amusant paradoxe : des médias favorables à l’intégration européenne se félicitent du succès d’une force ouvertement nationaliste

La presse étrangère – française notamment, mais aussi à Bruxelles – exprimait, au lendemain du scrutin, sa tristesse quant à l’échec de M. Varadkar, qui devint premier ministre en 2017, à 38 ans, et incarnait pour ses pairs européens un modèle de « diversité » : métis d’origine indienne, et homosexuel déclaré. Mais ces médias croient déceler une nouvelle perspective, celle d’une réunification irlandaise au détriment du Royaume-Uni. Un tel horizon est à ce stade irréaliste, mais de nombreux commentateurs rêvent, sans doute par revanche, des déboires auxquels devrait alors faire face le gouvernement anglais. « La première réplique du Brexit » titrait ainsi Le Monde.

Ce qui explique cet amusant paradoxe : des médias favorables à l’intégration européenne se félicitent du succès d’une force ouvertement nationaliste. Dans la vraie vie, les électeurs espèrent en réalité des réponses rapides à leurs attentes sociales.

Quoiqu’il en soit, dans cette nouvelle configuration tripartite, la formation du futur gouvernement pourrait se faire attendre quelques semaines, voire quelques mois.

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Der Brexit und der Verrat des Thatcherismus…

Par : pierre

Historisch. Ausnahmsweise wird der Begriff diesmal nicht übertrieben. Am Abend des 31. Januar wird das Vereinigte Königreich die Europäische Union juristisch verlassen haben. Mit dem Fall der Berliner Mauer – jedoch in umgekehrter Richtung – ist dies wahrscheinlich das wichtigste europäische Ereignis seit dem Ende des Zweiten Weltkriegs. Schon seit dem Referendum und trotz einer unglaublichen Reihe von Fallstricken gab es eigentlich keinen Zweifel an seiner Verwirklichung.

Die Frustration erfasste all jene, die bis zum Ende die Illusion hatten, den Prozess durch parlamentarischen Guerillakrieg und Druck aus Brüssel noch zum Scheitern bringen zu können. Wenige Tage vor den entscheidenden Wahlen am 12. Dezember, die in eine Volksabstimmung zugunsten des Brexit mündeten, behaupteten einige EU-Anhänger noch immer, dass dank der jüngsten massiven Eintragung junger Menschen in die Wählerlisten die Wahl vom 23. Juni 2016 widerrufen werden könnte.

Ein grausames Paradoxon für die Anhänger Europas: Der Zermürbungskrieg, den die EU-freundlichen Abgeordneten in Westminster führten, blockierte das im November 2018 zwischen Brüssel und Theresa May unterzeichnete Abkommen, obwohl letztere in diesem Text angenommen hatte, Zugeständnis auf Zugeständnis machen zu können. Hingegen erkämpfte erfolgreich ihr Nachfolger – mit der Behauptung, dass Großbritannien « egal was, mit oder ohne Abkommen » herauskommen würde – für einen viel schärferen Vertrag, der in Wirklichkeit einen « härteren » Brexit darstellt. Darüber hinaus schloss Johnson die Möglichkeit aus, dass die Verhandlungen zur Festlegung des Rahmens für die künftigen bilateralen Beziehungen zu einer automatischen « Anpassung » an die Regeln der Siebenundzwanzig führen werden.

Natürlich bedeutet der Austritt aus der EU keineswegs, dass eine fortschrittliche Politik automatisch zustande kommt. Aber das austretende Land erlangt die Freiheit wieder, sich dafür zu entscheiden

Natürlich bedeutet der Austritt aus der Europäischen Union keineswegs, dass eine fortschrittliche Politik automatisch zustande kommt. Aber – und das ist natürlich das Wichtigste – das austretende Land erlangt die Freiheit wieder, sich dafür zu entscheiden. In dieser Hinsicht könnten die Signale, die aus London kommen, schlimmer sein. Eine der ersten Entscheidungen der « Volksregierung » (wie Herr Johnson es nennt) war die Anhebung des Mindestlohns um 6,2% – ein Rekord.

Der Regierungschef sagte, er würde nicht nach Davos gehen, « weil es dringenderes zu tun gibt, als mit den Milliardären zu trinken ». Demagogisch? Vielleicht. Aber sollte man sich auch über ein Programm lustig machen, das sich verpflichtet, massiv in öffentliche Dienstleistungen (vor allem im Gesundheitswesen) und Infrastrukturen (vor allem im Eisenbahnbereich) wieder zu investieren und die Prioritäten zugunsten der am stärksten benachteiligten Regionen neu auszubalancieren? Der Premierminister hat sogar gerade eine Fluggesellschaft gerettet, deren Bankrott viele regionale Routen aufgegeben hätte. Eine Entscheidung, die gegen die EU-Regeln verstößt – und auch ein « Verrat am Thatcherismus », so die konservative Tageszeitung The Telegraph.

Ist Boris Johnson zum Bolschewismus konvertiert? Es ist wenig wahrscheinlich. Aber anstatt der Arbeiterklasse unmittelbar nach seinem Sieg den Rücken zuzuwenden, plant er wahrscheinlich, sich langfristig in dieser Wählerschaft zu verankern und dabei die Kluft zwischen den Arbeitern und einer « Linken », die sich der EU und offenen Grenzen angeschlossen hat, zu nutzen.

Also, ein Land kann aus der EU herauskommen, ohne in der Hölle zu schmoren…

Dazu kommt, dass der Brexit Auswirkungen weit über das Vereinigte Königreich hinaus hat und haben wird. Während uns der Ausstieg aus der EU seit Monaten als endlose Folter mit keiner anderen Perspektive als dem Chaos präsentiert wurde, wird nun jeder Tag, der vergeht, ohne dass das Land im Abgrund versinkt, ein bitterer Widerruf dieser Propaganda sein.

Der Präsident der Bank of England (BoE), der Kanadier Mark Carney, war bereits im Referendumswahlkampf 2016 einer der unerbittlichsten Propheten der Apokalypse gewesen. Brummelnd hat er jetzt eingeräumt, dass « die Unsicherheiten abgenommen haben », während er aber behauptete, dass die wirtschaftliche Erholung « nicht gesichert ist ». Das ist schon eine kleine Entwicklung im Vergleich zu der sicheren Katastrophe… Der Mann hat gerade seinen Posten verlassen, um den amerikanischen Milliardär Michael Bloomberg als UN-Vertreter für das Klima zu ersetzen – ein weiterer Posten, auf dem er durch die Ankündigung der bekannten Katastrophen glänzen wird…

Also, ein Land kann aus der EU herauskommen, ohne in der Hölle zu schmoren. Für die europäischen Staats- und Regierungschefs wird dies zu einer sehr störenden Tatsache werden. In diesem Zusammenhang haben gerade die Staats- und Regierungschefs der EU einen zweijährigen Prozess der « Erneuerung » der EU eingeleitet, an dem die « europäischen Bürger » durch eine « große Debatte » à la Macron beteiligt werden sollen.

Großartig!

 

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Le fabuleux destin que craint Amélie de Montchalin

Par : pierre

Négociations qui s’amorcent entre Londres et Bruxelles : loin d’être isolé, le Royaume-Uni va désormais pouvoir se ré-ouvrir au monde sans entrave.

Décidément, Boris Johnson n’a pas fini de provoquer des aigreurs chez les dirigeants européens en général, chez le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, en particulier.

Depuis samedi 1er février, le Royaume-Uni a juridiquement quitté l’Union européenne (sans qu’aucun Tsunami n’ait encore emporté les îles britanniques). Mais il reste une étape décisive : la négociation d’un accord fixant les rapports à venir entre Londres et Bruxelles : commerce au premier chef, mais aussi sécurité, défense, énergie, transports, ainsi que l’épineux dossier de la pêche.

Cette négociation se déroulera pendant l’actuelle « période de transition » qui prendra fin au 31 décembre. Au grand dam des Vingt-sept, le chef du gouvernement britannique a exclu de prolonger ladite période de transition.

Lundi 3 février, comme prévu, les deux parties ont donc présenté, à distance, leurs positions de départ. Côté Bruxelles, il s’agit du « mandat de négociation » que les Vingt-sept vont confier à M. Barnier, et qu’ils valideront formellement le 25 février prochain.

A Londres, l’humeur est à l’optimisme conquérant

A Londres, M. Johnson dispose, lui, d’une large majorité parlementaire à sa main.

Mais avant même le contenu des deux documents, ce qui frappe, c’est la différence d’état d’esprit. D’un côté, le Premier ministre anglais a fait le choix de se tourner vers l’avenir, parlant d’une « nouvelle aube » pour son pays. Il faut certes faire la part de la communication, mais l’humeur est manifestement à l’optimisme conquérant.

Les esprits grognons étaient, lundi, à chercher du côté des représentants du patronat. La CBI (le Medef britannique) et les Chambres de commerce n’avaient pas été invitées, contrairement à l’habitude. Car, selon les services du 10 Downing street, le patronat « perd son temps » à faire pression sur le gouvernement « pour qu’il abandonne toutes les promesses faites au peuple britannique ».

Côté Bruxelles, le ton est aux avertissements et au repli sur soi.

Côté Bruxelles en revanche, le ton est aux avertissements et menaces en direction des Britanniques, et aux appels, un peu inquiets, à resserrer les rangs au sein de l’UE. L’humeur est au repli sur soi.

Certes, Michel Barnier a proposé à Londres un « accord très ambitieux » sur le plan commercial : zéro droit de douane, zéro quota (c’est-à-dire pas de limitation des importations en provenance d’outre-Manche). Mais en y mettant une énorme condition : que le Royaume-Uni s’engage, par traité, à s’aligner sur toutes les règles actuelles de l’UE, et à se soumettre aux arbitrages de la Cour de justice de l’UE. Paris souhaiterait même un alignement « dynamique », c’est-à-dire que les Anglais acceptent d’avance toutes les règles futures de l’UE…

Selon les Vingt-sept, il s’agit d’éviter que les Britanniques fourguent leurs produits et services sur le continent en pratiquant le « dumping » social (c’est-à-dire en rognant les droits sociaux pour vendre moins cher), « environnemental » (en allégeant les contraintes, là aussi pour faire baisser les coûts), ou « fiscal » (en abaissant les impôts pour attirer des capitaux – un sport qui existe pourtant déjà au sein même de l’UE, de la part de l’Irlande voisine, par exemple).

Pas de chance cependant pour la démonstration : l’UE a ratifié un accord de libre échange avec… Singapour.

Bref, selon l’expression en vogue à Bruxelles, il faudrait à tout prix éviter que nos voisins d’outre-Manche transforment leur pays en « Singapour sur Tamise », manière de désigner un modèle hyper-déréglementé incompatible avec un accord de libre échange. Pas de chance cependant pour la démonstration : l’UE a ratifié, il y a un an, un accord de libre échange avec… Singapour.

A sa manière, franche, Boris Johnson a d’emblée exclu de se soumettre à un tel diktat. Nous appliquerons les règles britanniques sans les affaiblir, a martelé Boris Johnson, mais il n’y a aucun besoin de signer un traité pour cela.

« Allons-nous imposer des droits de douane aux voitures italiennes ou au vin allemand au prétexte que l’UE ne s’aligne pas sur nos règles britanniques  ? Bien sûr que non ! »

Et d’ailleurs, pourquoi les exigences seraient-elles à sens unique, a habilement ajouté M. Johnson, pourquoi ce ne serait pas aux Européens de se calquer sur les règles britanniques : « allons-nous imposer des droits de douane aux voitures italiennes ou au vin allemand (les exemples sont plaisamment choisis…) au prétexte que l’UE ne s’aligne pas sur nos règles britanniques concernant les touillettes à café en plastique ou sur les congés maternité ? Bien sûr que non ! ».

Les futurs négociateurs distinguent différents scénarios possibles : un accord « à la norvégienne », « à la suisse », « à la canadienne », voire « à l’australienne »… Dans le premier cas, Le Royaume-Uni, comme c’est le cas actuellement pour la Norvège, s’engagerait à adopter toutes les règles de l’UE – c’est donc l’hypothèse exclue par Londres. La configuration « helvète » comprend des règles et accords secteur par secteur – ce qui ne plaît pas à Bruxelles. Le scénario de type canadien, qui a la préférence de Londres, renvoie au traité de libre échange signé entre l’UE et Ottawa (le CETA) qui abolit les droits de douane sur 98% des produits – mais sans exiger un alignement réglementaire.

Quant à l’hypothèse « australienne », elle a été évoquée à dessein sous ce qualificatif par M. Johnson : ce pays commerce en effet selon les seules règles de l’OMC – ce qui serait la situation si aucun accord n’est trouvé. Mais la référence à l’Australie, pays du Commonwealth, ne sonne pas négativement aux oreilles des Britanniques.

« Nous reprenons le contrôle de nos lois, ce n’est pas pour nous aligner avec les règles de l’Union européenne »

En tout cas, le ministre des Affaires étrangères, a d’emblée prévenu : « nous reprenons le contrôle de nos lois, ce n’est pas pour nous aligner avec les règles de l’Union européenne ». Un camouflet à tous ceux, en France en particulier, qui pariaient sur un Brexit déjà rebaptisé Brino (« Brexit in name only », un Brexit seulement de façade).

Et sur ces entrefaites, Dominic Raab entame une tournée en Australie, au Japon, en Malaisie… et à Singapour. Car le Royaume-Uni a enfin récupéré le droit de signer des accords commerciaux en son nom propre, ce qui était interdit quand il était membre de l’UE.

L’amertume était palpable ces jours-ci dans les couloirs de Bruxelles où les uns et les autres déploraient le choix britannique de l’« isolement ». Michel Barnier a même osé : « je regrette que le Royaume-Uni ait choisi d’être solitaire plutôt que solidaire ».

En quittant l’UE, le pays s’est débarrassé du filtre qui obstruait son rapport au monde, et peut à nouveau s’y ouvrir sans entrave

La réalité est qu’en quittant l’UE, le pays s’est débarrassé du filtre qui obstruait (un peu) son rapport au monde, et peut à nouveau s’y ouvrir sans entrave, en cultivant « l’amitié entre toutes les nations », comme le proclame la nouvelle pièce de 50 pence émise pour fêter le Brexit.

Dans la période qui s’ouvre, on pourrait donc assister à l’expérience – sans précédent – d’un pays qui reconquiert sa souveraineté bridée par l’UE : sa liberté de faire ses lois et de décider de ses impôts, mais aussi de nouer des coopérations tous azimuts. Et ce, sans plus devoir subir les absurdités macroniennes vantant une Europe-puissance dotée de sa propre « souveraineté ». Le Royaume-Uni, isolé ? Quelle stupidité !

Selon Amélie de Montchalin, « le Brexit va alimenter les fantasmes de ceux qui, ici ou là, veulent que leur pays sorte de l’Europe »

Voilà qui pourrait bien donner des idées à d’autres pays, comme le craint manifestement le Secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes. Interviewée dans Le Monde (04/02/20), Amélie de Montchalin laisse ainsi apparaître son inquiétude : « le Brexit va alimenter les fantasmes de ceux qui, ici ou là, veulent que leur pays sorte de l’Europe ».

Oui, Amélie : « ici ou là » en effet, certains pourraient rêver d’un fabuleux destin…

Toutes les infos, complètes et mises à jour, à découvrir dans l’édition de Ruptures à paraître fin  février. Il n’est pas trop tôt (ni trop tard) pour s’abonner.

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Le Brexit et la trahison du thatcherisme (éditorial de Ruptures n°92)

Par : pierre

Boris Johnson serait-il devenu bolchévik ?

Historique. Pour une fois, le terme n’est pas galvaudé. Le 31 janvier au soir, le Royaume-Uni aura juridiquement quitté l’Union européenne. Avec la chute du mur de Berlin – mais dans un sens opposé – il s’agit probablement du plus important événement européen depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dès le référendum, et malgré une suite incroyable d’embûches, sa réalisation ne faisait in fine aucun doute – c’est ce que nous n’avons cessé d’analyser dans ces colonnes.

Le dépit a saisi tous ceux qui ont eu jusqu’au bout l’illusion de pouvoir faire dérailler le processus, moyennant guérilla parlementaire et pression bruxelloise. Quelques jours avant les élections décisives du 12 décembre, qui tournèrent au plébiscite en faveur du Brexit, certains partisans de l’UE affirmaient encore que, grâce à l’inscription récente et massive de jeunes sur les listes électorales, le choix du 23 juin 2016 allait pouvoir être retoqué.

Très cruel paradoxe pour les partisans de l’Europe : la guerre d’usure que menèrent les députés pro-UE à Westminster a bloqué l’accord signé en novembre 2018 entre Bruxelles et Theresa May, alors même que cette dernière avait accepté d’y graver concession sur concession. A l’inverse, en affirmant que la Grande-Bretagne sortirait « quoi qu’il arrive, avec ou sans accord », son successeur a arraché un traité bien plus net et fait voter une application qui concrétise un Brexit bien plus « dur »… Boris Johnson a en outre exclu que les négociations pour fixer le cadre des futures relations bilatérales se traduisent par un « alignement » sur les règles des Vingt-sept.

Quitter l’Union européenne ne signifie nullement qu’adviendra mécaniquement une politique progressiste. Simplement, le pays reconquiert la liberté d’opter en ce sens

Bien sûr, quitter l’Union européenne ne signifie nullement qu’adviendra mécaniquement une politique progressiste. Simplement – et c’est évidemment l’essentiel – le pays partant reconquiert la liberté d’opter en ce sens. A cet égard, les signaux qui proviennent de Londres pourraient être pires. Une des premières décisions du « gouvernement du peuple » (selon l’appellation revendiquée par M. Johnson) a été d’augmenter de 6,2% le salaire minimum – un record.

Le locataire de Downing street a indiqué dans la foulée qu’il ne se rendrait pas à Davos « parce qu’il y a plus urgent à faire que d’aller trinquer avec les milliardaires ». Démagogique ? Peut-être. Mais doit-on également moquer ainsi un programme qui s’engage à réinvestir massivement dans les services publics (notamment la santé), les infrastructures (notamment ferroviaires), et à rééquilibrer les priorités en faveur des régions les plus déshéritées ? Le premier ministre vient même de renflouer un transporteur aérien dont la faillite aurait laissé à l’abandon nombre de liaisons régionales. Une décision contraire aux règles de l’UE – mais aussi une « trahison du thatchérisme », selon le quotidien conservateur The Telegraph.

Boris Johnson s’est-il converti au bolchevisme ? C’est peu probable. Mais au lieu de faire un bras d’honneur aux classes populaires après que celles-ci ont assuré sa victoire, il projette sans doute de s’ancrer à long terme au sein de celles-ci, en profitant du fossé qui s’est creusé entre les ouvriers et une « gauche » favorable à l’UE et à l’ouverture des frontières.

Il faudra juger sur pièces. Ce qui est certain, c’est que le Brexit a et aura des conséquences bien au-delà du Royaume-Uni. Alors que durant des mois, l’on nous a présenté la sortie de l’UE comme une interminable torture sans autre perspective que le chaos, désormais, chaque jour qui passe sans que le pays ne sombre dans l’abîme va constituer un cinglant désaveu de cette propagande.

Donc, on peut sortir de l’UE sans brûler en enfer. Pour les dirigeants européens, cela va devenir une bien fâcheuse évidence

Le président de la Banque d’Angleterre, le Canadien Mark Carney, avait été l’un des plus acharnés prophètes de l’apocalypse dès la campagne référendaire de 2016. Bougon, il vient de concéder discerner « la réduction des incertitudes », pour affirmer toutefois que le rebond économique « n’est pas assuré ». Ce qui dénote quand même une petite évolution par rapport à la catastrophe certaine… On note au passage que l’homme vient de quitter ses fonctions pour remplacer le milliardaire américain Michael Bloomberg comme représentant de l’ONU pour le climat – un autre poste où il brillera par l’annonce des catastrophes bien connues…

Donc, on peut sortir de l’UE sans brûler en enfer. Pour les dirigeants européens, cela va devenir une bien fâcheuse évidence. Taraudés par cette angoisse, ils viennent de lancer un processus de « rénovation » de l’UE censé durer deux ans et associant les « citoyens européens » via un « grand débat » à la Macron.

Grandiose !

Pierre Lévy – @LEVY_Ruptures

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2020 : l’année où l’on passera de « malgré le Brexit » à « grâce au Brexit »

Par : Grégoire

En ce qui concerne le Royaume-Uni, 2020 sera l’année où l‘« apocalypse » annoncée fera place, dans les discours publics, au « miracle britannique »

 

Par Charles-Henri Gallois, responsable national de l’UPR pour l’Économie et auteur de l’ouvrage qui vient de paraître : Les Illusions économiques de l’Union européenne, Fauves éditions

Une certitude : 2020 sera l’année où l’on passera, dans les discours publics et peut-être même dans les médias, de « malgré le Brexit » à « grâce au Brexit » ; et de « l’apocalypse » au « miracle britannique » ! Cette certitude s’impose à observer le fossé qui existe, depuis le référendum de 2016, entre les commentaires catastrophistes d’une part et le parcours économique réel du Royaume-Uni d’autre part.

Tous les pseudo-experts, partisans de l’UE, avaient en effet annoncé une apocalypse si les Britanniques osaient quitter cette dernière, c’est-à-dire choisissaient de se libérer de l’UE. Cette apocalypse devait avoir lieu, paraît-il, dès le lendemain du vote. Le référendum se déroula le 23 juin 2016, et 51,9 % des Britanniques ont voté pour la sortie.

Le lendemain, il n’y eut étonnamment pas d’invasion de sauterelles à Westminster, les nouveaux-nés étaient sains et saufs au Portland Hospital et la Tamise ne s’est pas changée en sang.

Il n’y eut que de très faibles averses vers 13 h le 24 juin 2016, ce qui est un tour de force quand on parle de Londres et du Royaume-Uni.

De toutes les prophéties apocalyptiques, aucune n’a eu lieu

Les pseudo-experts ont ensuite scruté l’activité économique dans l’espoir de déceler le moindre signe d’effondrement. Les impies devaient payer.

Manque de chance, de toutes les prophéties apocalyptiques (exode de la City, effondrement de la livre, affaissement des marchés financiers, récession du PIB, hausse du chômage, débâcle des investissements, explosion de l’inflation et baisse massive des prix de l’immobilier…), aucune n’a eu lieu.

Pis encore, la période a été rythmée par de bonnes nouvelles puisque la production manufacturière a augmenté, les investissements ont continué, le chômage a fortement diminué, les marchés immobiliers et boursiers ont crû, la croissance a continué, et pas même 7 000 emplois ont quitté la City, contre les 75 000 pertes « attendues » avant le référendum. Toutes ces données positives étaient accompagnées dans tous les médias français, et certains médias britanniques pro-UE avec la réserve de rigueur « malgré le Brexit ». Comme s’il était sûr et certain que le Brexit serait une catastrophe, du moins c’est l’idée qu’il fallait transmettre au public pour l’effrayer.

Une pluie de bonnes nouvelles en 2020

Manque de chance pour tous les prophètes d’apocalypse, les bonnes nouvelles continuent de pleuvoir pour le Royaume-Uni en ce début d’année 2020 et à quelques jours de la sortie officielle le 31 janvier.

Le gouvernement britannique a annoncé une hausse spectaculaire du SMIC. Outre que cette décision tord totalement le cou à ceux qui prétendaient que le Brexit serait par essence ultralibéral, le SMIC horaire britannique va désormais dépasser le SMIC français (10,24 euros de l’heure au Royaume-Uni contre 10,15 euros en France) au 1er avril 2020 [1]. Cette hausse du SMIC de 6,2 % représente une hausse de 930 £ (environ 1 090 euros) par an pour un temps plein.

Il faut remonter à 1981 pour voir une telle hausse en France. Pendant ce temps-là, les grandes orientations des politiques économiques (GOPÉ) de la Commission européenne exigent tous les ans à la France de geler le SMIC. La préconisation est d’ailleurs sagement appliquée depuis 2012.

34 milliards de livres supplémentaires pour la santé

L’autre coup dur pour ceux qui parlaient d’un Brexit par essence ultralibéral est l’annonce faite par Boris Johnson d’une dotation supplémentaire de 34 milliards de livres supplémentaires allouée au NHS (National Health Service, équivalent de la branche santé de notre Sécurité sociale) [2].

Sajid Javid, chancelier de l’Échiquier (équivalent de notre ministre des Finances), a brisé une autre illusion européiste. On explique toujours aux Français : « heureusement qu’il y a l’UE pour financer notre agriculture ». C’est vite oublier que la France comme le Royaume-Uni sont des contributeurs nets de l’UE. Cela signifie donc que l’argent versé par l’UE n’est que l’argent des Français et des Britanniques.

Sajid Javid a officialisé le caractère mensonger de cet « argument » en annonçant qu’ils continueront à verser les 3,4 milliards de livres de la PAC après le Brexit [3]. Il y aura autant d’argent qu’avec la PAC, sauf que ce ne sera plus la PAC, ce qui permettra de verser les fonds plus rapidement et de façon plus juste en intégrant des critères tels que la préservation de l’environnement et de la biodiversité plutôt que le critère de taille de l’exploitation de la PAC.

De Facebook à Airbus, le choix du Royaume-Uni

Non seulement il n’y a pas eu d’exode de la City, mais on a appris le 20 janvier que plus de 1 000 banques, gestionnaires d’actifs, société de services de paiements et assureurs vont ouvrir des bureaux dans le Royaume-Uni post-Brexit [4].

Le 21 janvier, Facebook a annoncé qu’il allait engager 1 000 personnes cette année à Londres pour des postes de sécurité et de développement de produits. Et la société américaine va continuer après le Brexit à y développer son plus gros centre d’ingénierie en dehors des États-Unis [5].

Dans la même lignée, Airbus qui avait menacé de quitter le Royaume-Uni avec le Brexit, s’est finalement non seulement engagé à rester mais à développer ses activités outre-Manche [6].

En 2020, la croissance britannique sera supérieure à celle de l’Allemagne et de la France.

Enfin, la nouvelle sans doute la plus importante : le FMI met fin au « projet de la peur », qui consistait pour toutes les institutions officielles à agiter les menaces d’effondrement de l’économie britannique. L’institution annonce que la croissance du Royaume-Uni sera supérieure à celle de la zone euro en 2020 et 2021, soit après la sortie officielle [7]. La zone euro devrait croître de 1,3 % en 2020 et de 1,4 % en 2021 tandis que le Royaume-Uni aurait une croissance de 1,4 % en 2020 et 1,5 % en 2021. Sa croissance serait supérieure à celle de l’Allemagne et de la France.

Une grande claque pour les eurofanatiques qui encaissaient les bonnes nouvelles en alléguant que « de toute façon, cela ne veut rien dire, ils ne sont pas encore sortis ». Ces affirmations étaient, là aussi, d’une mauvaise foi à toute épreuve car les entreprises et les différents acteurs économiques ont déjà intégré le Brexit depuis longtemps. Le moins que l’on puisse dire est que la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu.

Le chômage disparaît, l’emploi se consolide

Depuis le référendum sur le Brexit, les meilleures nouvelles sont sur le front de l’emploi, et cela est confirmé par le rapport de l’ONS (Office for National Statistics, équivalent britannique de l’INSEE) de janvier 2020 [8]. Le chômage était de 5 % en juin 2016. Il est désormais de 3,8 %, soit le plus bas depuis l’hiver 1974, soit depuis 45 ans.

Le redressement est encore plus spectaculaire pour le taux d’emploi, puisque ce rapport de janvier montre qu’il est passé à 76,3 %, ce qui constitue un record historique. Il était de 74,2 % avant le référendum, soit donc une hausse de 2,1 points. Le plus intéressant étant que les emplois créés depuis le référendum ne sont pas du tout des contrat zéro heure ou du temps partiel mais des contrats à temps plein. Entre juin 2016 et décembre 2019, 1,2 million d’emplois ont été créés alors même que le nombre de contrats à temps partiel a diminué de 19 500. La part d’emploi à temps partiel dans l’emploi total est passée de 36,9 % à 35,1 %.

Prise de conscience

Les faits, les données vont ainsi continuer, mois après mois, en 2020, à donner tort à tous ceux qui juraient que toutes les plaies de la crise et de la récession s’abattraient sur le Royaume-Uni, emporté par le Brexit. Il en sera alors fini des illusions européennes. Espérons que le phénomène ouvre les yeux à nos compatriotes pour qu’ils trouvent la force et le courage de se libérer de l’UE et de l’euro par le Frexit. N’ayons plus peur et cessons d’écouter ceux qui se sont trompés sur à peu près tout depuis 40 ans.

Les analyses publiées dans la rubrique Opinions constituent des contributions aux débats. Elles n’engagent pas la responsabilité de la rédaction du site.

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[1]https://www.capital.fr/economie-politique/le-salaire-minimum-va-augmenter-de-6-au-royaume-uni-et-depasser-notre-smic-1358685

[2]https://www.telegraph.co.uk/politics/2019/12/18/boris-johnson-put-nhs-heart-domestic-agenda-queens-speech/

[3]https://euobserver.com/tickers/147015?fbclid=IwAR1MU3qwEcEwtbkY342FMV_qKfaw5axTHpbvSeOQ96e_eUYmBpQ6JWh9i-E

[4]https://uk.reuters.com/article/us-britain-eu-banks/a-thousand-eu-financial-firms-plan-to-open-uk-offices-after-brexit-idUKKBN1ZJ00D

[5]https://www.reuters.com/article/us-facebook-europe-business/facebook-targets-uk-growth-with-1000-hires-this-year-idUSKBN1ZK0G4?fbclid=IwAR1rrbOylzwstJN0Y7LjhYw0eTOWNHekJYaVDGB-R9Vs4Xf3JTGMIpb8rFs

[6]https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-01-08/airbus-chief-faury-pledges-expansion-in-the-u-k-after-brexit

[7]https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2020/01/20/weo-update-january2020

[8]https://www.ons.gov.uk/employmentandlabourmarket/peopleinwork/employmentandemployeetypes/bulletins/uklabourmarket/january2020/pdf

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Face à face sur RT entre François Poulet-Mathis et Pierre Lévy : le Brexit n’a pas fini de faire débat

Par : pierre

La chaîne RT recevait, mercredi 29, deux débatteurs d’opinions opposées.

François Poulet-Mathis, longtemps journaliste responsable des questions européennes sur le service public de télévision, a pointé les risques liés selon lui au départ du Royaume-Uni.

Pierre Lévy, rédacteur en chef de Ruptures, a insisté sur son analyse : le Brexit, décidé par une majorité du peuple, est un événement avant tout politique permettant la reconquête de la souveraineté.

Un débat sans concession, mais courtois et factuel. Qui en annonce d’autres, car l’Histoire n’est pas finie…

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Pourquoi la victoire de Boris Johnson est une bonne nouvelle

Par : Grégoire

La victoire de Boris Johnson est celle de la démocratie contre l’establishment. Dans la foulée du scrutin, il faut toutefois surveiller le risque d’éclatement du Royaume-Uni et l’intensification des tensions régionales en Europe.

Par Jean-Michel Quatrepoint, journaliste, auteur notamment de Délivrez-nous du bien, halte aux nouveaux inquisiteurs, éditions de l’Observatoire, 2018.

« Get Brexit done ! » (« Que le brexit soit ! ») Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Avec un slogan aussi simple que concret, Boris Johnson a savouré son triomphe aux élections législatives anticipées. Les conservateurs obtiennent leur plus large majorité depuis Margaret Thatcher. Le Labour subit une défaite historique. Tout comme les européistes du parti libéral-démocrate. Ce vote marque d’abord une victoire sans appel des Brexiters. Et, en corollaire, une défaite de tous ceux qui rêvaient de faire revoter les Britanniques sur leur sortie de l’Union européenne.

Depuis le vote du Brexit, le 23 juin 2016, les opposants, à Londres aussi bien qu’au sein de l’Union européenne, ont tout fait pour contraindre les Britanniques à revenir sur leur décision. On ne quitte pas cette Union. Quand on y entre, c’est un engagement à vie. Si jamais un peuple manifeste des velléités de ne pas épouser la Doxa, on le fait revoter ou on lui impose, par une autre voie, le texte qu’il a rejeté. Les Français en savent quelque chose depuis le référendum de 2005.

Lobbying de l’establishment

Tout au long de ces trois dernières années, on a tenté d’enfermer les Britanniques dans un carcan. Theresa May s’est d’abord vu imposer par les Vingt-sept un accord qui revenait à vider le Brexit de sa substance. L’Angleterre ne sortait qu’en apparence. Elle n’avait plus les avantages d’être dans l’Union, mais elle en avait les inconvénients. Les milieux économiques, les cercles londoniens, l’establishment ont ensuite fait pression sur les parlementaires britanniques, en nourrissant le secret espoir qu’in fine, on déboucherait sur un nouveau référendum.

L’intelligence de Boris Johnson aura été de revenir à l’essentiel : respecter le vote populaire

Avec une bonne campagne de communication, ils se faisaient fort de faire basculer les quelques pourcents nécessaires pour inverser le vote. Enfin, ces mêmes milieux ont intensifié leur lobbying sur les parlementaires tories pour qu’ils refusent un « hard Brexit ». Résultat : affaiblie, incapable d’imposer son accord et son autorité, Theresa May a jeté l’éponge.

L’intelligence de Boris Johnson, bête noire des médias bien-pensants, notamment en France, aura été de revenir à l’essentiel : respecter le vote populaire et laisser le Brexit se faire. Il a renégocié certains points de l’accord conclu par Mme May et demandé au peuple souverain de trancher. Non pas à l’occasion d’un nouveau référendum, mais de législatives anticipées. Même s’il a fait Eton, l’équivalent de notre ENA, et qu’il est issu d’une famille de la gentry, Boris Johnson n’est pas un conservateur traditionnel. C’est un souverainiste. Un populiste, selon ses détracteurs, pour qui ce terme est une injure.

Question culturelle plutôt qu’économique

Il a compris que le Brexit était avant tout une question culturelle. La volonté d’une majorité des Britanniques d’être maîtres chez eux, de pouvoir contrôler l’immigration, avec une meilleure sécurité au quotidien. Dans les motivations des Brexiters, des classes populaires, l’économie, le social venaient au second rang. Toutes les prévisions apocalyptiques faites par l’establishment sur les conséquences économiques du Brexit sont donc tombées à plat.

D’autant que le programme électoral des conservateurs, lorsqu’on le regarde de près, n’a rien de néo-libéral. Il a même une approche protectionniste, voire étatiste. Il concerne le quotidien des Britanniques. À commencer par les services publics de base en déshérence à l’image du système de santé et des chemins de fer. Boris Johnson promet des constructions d’hôpitaux, des embauches massives, voire même une renationalisation du rail. Bref, une politique qui doit être au service « des gens ordinaires et pas seulement des élites ». Au passage, on remarquera bien des similitudes avec la situation en France.

Les voix de Farage siphonnées

Boris Johnson a réussi à unifier les souverainistes. Il a siphonné l’électorat de Nigel Farage, qui fut l’artisan du Brexit en forçant David Cameron à organiser le référendum. Issu des rangs des Tories, ce Thatchérien, ultra-libéral et même d’extrême droite, avait obtenu, avec son parti UKIP, 12,7 % des voix aux législatives de 2015. Aux dernières européennes de 2019, UKIP, transformé en parti du Brexit, était même arrivé en tête. Mais les positions extrémistes de Farage rendaient impossible son accession au pouvoir.

En prenant clairement position pour le Brexit et en affichant son souverainisme, Boris Johnson offrait à l’électorat conservateur une alternative crédible. Nigel Farage a compris qu’il avait moins à perdre en soutenant Johnson qu’en présentant ses propres candidats. Ce dernier a ainsi obtenu que UKIP se désiste là où il y avait un député conservateur sortant. Le camp du Brexit a joué uni. D’autant qu’à gauche, les électeurs travaillistes, qui avaient voté pour le Brexit, ont peu apprécié l’attitude ambiguë de leurs dirigeants sur cette question. Dans les régions périphériques de l’Angleterre, les petites villes et villes moyennes désindustrialisées, qui avaient massivement voté pour le Brexit, le Labour s’est effondré au profit des conservateurs.

Les Britanniques nous donnent une leçon de civisme

Le vote britannique est exemplaire. C’est une victoire de la démocratie et les Britanniques nous donnent à cet égard une leçon de civisme. C’est aussi, selon la formule de Christophe Guilly, « la victoire du soft power des classes populaires ». C’est a contrario une défaite des élites et des médias, qui ont été constamment dans le déni, préférant reproduire les opinions des « bobos » londoniens, plutôt que d’ausculter le pouls de l’Angleterre profonde.

Risques de désunion

Boris Johnson et les souverainistes britanniques ont gagné une bataille. Ils sont loin cependant d’avoir gagné la guerre. Si la victoire est éclatante en Angleterre, celle des nationalistes écossais est tout aussi spectaculaire. Quarante-huit sièges sur cinquante-neuf. Déjà, Nicola Sturgeon, premier ministre d’Écosse, demande la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance. Ce que refuse Boris Johnson. Or, les Écossais étaient en majorité contre le Brexit. Ils veulent rester dans l’UE. Pour des raisons économiques, mais aussi au nom de la vieille rivalité avec l’Angleterre.

En Irlande du Nord, les Républicains partisans de l’unification avec l’Irlande du Sud ont fait une percée plus que symbolique. Le Royaume Uni risque désormais la désunion. D’autant qu’en Europe, certains vont jouer la politique du pire. Pour se venger de Boris Johnson, ils vont pousser l’Écosse à l’indépendance. Même chose pour l’Irlande du Nord, où on ne peut pas exclure que le Sinn Fein reprenne les attentats, en espérant que Londres lâchera Belfast et se résoudra à l’unification de l’Irlande. Le tout sur fond de guerre de religions. N’oublions pas que l’Écosse est catholique, tout comme l’Irlande du Sud et une partie de l’Irlande du Nord.

Effet de domino régionaliste

Si l’Union européenne soutient l’Écosse dans sa volonté d’indépendance, elle aura bien du mal à ne pas appuyer les irrédentistes catalans. Ces derniers n’attendent que cela. Avec un risque d’effet domino sur une Espagne, minée par la question catalane. L’Europe des régions est un vieux rêve des fédéralistes européens et des mondialistes. Ils y voient le moyen de rompre avec l’Europe des nations, en jouant sur l’égoïsme régional et les particularismes locaux (langues, culture, etc.).

Plus les régions seront autonomes, indépendantes, plus les grandes nations seront réduites, amputées de certaines de leurs provinces, plus on élargira à de micro-États dans les Balkans, et plus le pouvoir au sein de l’Union européenne sera, de facto, concentré sur les institutions communautaires. Pour la plus grande satisfaction des multinationales et de tous ceux qui ne veulent pas d’une Europe indépendante, d’une Europe puissance, qui puisse s’affirmer face aux États-Unis et à la Chine.

Les analyses publiées dans la rubrique Opinions constituent des contributions aux débats. Elles n’engagent pas la responsabilité de la rédaction du site.

Lire aussi Derrière le triomphe de Boris Johnson, vers un bouleversement du paysage politique

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Derrière le triomphe de Boris Johnson, un bouleversement du paysage politique ?

Par : pierre

Après le vote ouvrier massif visant à assurer le Brexit, le premier ministre britannique a confirmé, dans son discours inaugurant la session parlementaire, vouloir tourner le dos à l’austérité

Une semaine a passé depuis les élections du 12 décembre au Royaume-Uni, et l’on mesure désormais non pas seulement l’ampleur du triomphe de Boris Johnson, mais aussi la profonde restructuration de la vie politique qui s’amorce.

Deux vedettes ont émergé : le Brexit, bien sûr, qui était l’enjeu le plus manifeste du scrutin ; et la classe ouvrière, dont le vote a été déterminant pour garantir que celui-ci sera finalement effectif.

Les citoyens ont transformé les élections en second référendum de confirmation…

Et ce, après trois ans et demi de blocages et de tergiversations devenus insupportables. Le 23 juin 2016 en effet, le verdict était clair : le pays devait reprendre son indépendance. Les efforts conjugués des forces anti-Brexit tant en Grande-Bretagne (au Parlement, en particulier) qu’à Bruxelles espéraient – stupidement – pouvoir s’y opposer. Les citoyens ont transformé les élections en second référendum de confirmation…

Le premier ministre conservateur sortant, Boris Johnson, a mené campagne autour d’un argument majeur : j’ai obtenu de haute lutte (en octobre) un accord avec Bruxelles, donnez moi maintenant une majorité qui puisse enfin le ratifier.

Forts de 365 sièges (sur 650), soit un gain de 66 élus, les Conservateurs n’avaient jamais réalisé une telle performance depuis 1987. Avec 43,6% des voix, ils progressent globalement de + 1,2 point par rapport à 2017. Mais c’est essentiellement leur succès dans l’Angleterre laborieuse du nord et du centre, sinistrée après la fermeture de milliers d’usines et des mines, qui a fait la différence.

Dans les cinquante circonscriptions comptant la plus grande proportions d’ouvriers, le parti de M. Johnson augmente son score d’en moyenne 4,7%

Très vite au cours de la soirée électorale, il est apparu que le « mur rouge », ces bastions industriels et populaires des Travaillistes qui s’étendent au Nord du pays et dans les Midlands, cédait à la poussée de la formation de Boris Johnson. Des dizaines de places fortes du Labour viraient au bleu (la couleur des conservateurs), dont vingt-quatre étaient des fiefs rouges depuis l’après-guerre, voire depuis 1919.

Un « vote de classe » qu’a détaillés le quotidien conservateur The Telegraph. Ainsi, dans les cinquante circonscriptions comptant la plus grande proportions d’ouvriers, le parti de M. Johnson augmente son score d’en moyenne 4,7%. Et dans les cinquante où il y a le moins de « cols bleus », il baisse de 2,9%…

Les classes populaires ont assuré le Brexit

C’est tout sauf un hasard si ce sont les classes populaires qui ont assuré son succès, car ce sont elles qui avaient voté massivement pour le Brexit. Et qui bouillaient d’exaspération que celui-ci ne soit pas encore effectif.

Logiquement et symétriquement, les Travaillistes encaissent leur pire déroute depuis 1935, avec 203 sièges, soit une perte de 42 par rapport à 2017 (32,2%, – 7,8 points). Leur leader Jeremy Corbyn, a d’emblée indiqué qu’il ne conduirait pas la prochaine campagne. Mais il a souhaité engager une réflexion collective avant de passer la main.

Un processus qui pourrait tourner à l’affrontement au sein de ce parti, entre des cadres massivement pro-UE, et certaines figures issues du Nord, qui pointent désormais la déconnexion du Parti d’avec les couches populaires, celles-là mêmes qui ne se sont plus senti écoutées.

M. Corbyn lui-même est accusé d’avoir affiché une position illisible : une renégociation (improbable) avec Bruxelles, puis un nouveau référendum (en précisant qu’il resterait neutre sur ce dernier…). Considéré comme économiquement très à gauche et proposant un programme « anti-capitaliste » (nationalisations, fiscalité), le chef du Labour tenait en revanche un discours pro-ouverture des frontières, un grand écart que ne lui ont pas pardonné les millions d’ouvriers qui votaient traditionnellement travailliste.

Santé, la sécurité, l’éducation, infrastructures…

C’est en réalité tout le camp des anti-Brexit (à l’exception des nationalistes écossais) qui subit une déroute monumentale, encore amplifiée par le système électoral à un tour où c’est le candidat arrivé en tête qui l’emporte. Ainsi, les Libéraux-démocrates passent de 21 à 11 sièges (même si leur pourcentage augmente de 4,2 points, à 11,6%), et leur jeune présidente est elle-même battue dans son fief écossais. Sous son impulsion, son parti a mené campagne en proposant… d’annuler purement et simplement le Brexit, sans même un nouveau référendum.

Sur le plan intérieur, Boris Johnson s’est immédiatement félicité de son mandat « irréfutable, incontestable » pour réaliser la sortie de l’UE, et à appelé à « panser les plaies » en vue de réconcilier la nation. Il a également confirmé ce que seraient ses priorités : la santé, la sécurité, l’éducation ainsi que les infrastructures. Pour ce faire, il entend engager des investissements massifs, et mettre ainsi fin aux politiques d’austérité.

En s’appuyant sur sa plateforme « ouvrière, interventionniste, étatiste, protectionniste et dépensière », M. Johnson peut espérer garder sa nouvelle base ouvrière, note The Telegraph

C’est en s’appuyant sur une telle plateforme « ouvrière, interventionniste, étatiste, protectionniste et dépensière » qu’il peut espérer garder sa nouvelle base ouvrière note le quotidien conservateur The Telegraph. C’est-à-dire bien éloignée des positions ultra-libérales qu’il défendait lorsqu’il était maire de Londres.

Le fera-t-il ? Boris Johnson a souvent passé pour un menteur et un tricheur. Pourtant, le lendemain du scrutin, il déclarait « nous devons comprendre les raisons du tremblement de terre que nous avons déclenché ; nous avons changé la carte politique, il nous reste désormais à changer le parti ». Déjà, le profil des députés Tories tranche avec la législature sortante : le groupe parlementaire est désormais plus provincial, plus jeune, et surtout plus féminin, et d’origine plus modeste.

Son discours programme prononcé (par la reine, conformément à la tradition) en ouverture de la session parlementaire, le 19 décembre, a confirmé nombre de ses promesses, pour les hôpitaux publics, l’éducation les investissements dans les infrastructures. S’il tourne le dos à l’austérité, cela ne réjouira pas les dirigeants européens, car cela constituera un contre-exemple face aux politiques imposées aux peuples du Vieux continent – loin des cataclysmes annoncés.

« Un concurrent à nos portes »

Mais pour l’heure, ce qui préoccupe Bruxelles et les capitales européennes concerne la manière dont le pays va quitter l’UE. Certes, l’accord de divorce va désormais être ratifié mais une nouvelle négociation va s’ouvrir sur le futur traité de coopération entre l’UE et Londres, notamment en matière commerciale.

Beaucoup, à Bruxelles, redoutent que le Royaume-Uni choisisse de diverger des règles européennes, et devienne de ce fait « un concurrent à nos portes », selon la formule d’Angela Merkel. Dans ce cas, il ne pourra y avoir de libre échange complet ont martelé les Vingt-sept réunis les 13 et 14 décembre en sommet.

La loi exclura explicitement toute prolongation de la période de transition au-delà du 31 décembre 2020, au grand dam de Bruxelles

Le Conseil européen a mandaté la Commission pour établir un mandat de négociation en leur nom. Celui-ci devrait être prêt au 1er février. Il ne restera alors qu’onze mois entre la sortie fixée au 31 janvier, et la fin de la « période de transition » prévue jusqu’au 31 décembre par l’accord de divorce, pendant laquelle les règles européennes continuent de s’appliquer, notamment en matière de circulation et de douane.

C’est bien trop court pour négocier un traité de libre échange très complexe, font valoir les experts. On va y arriver, affirme au contraire M. Johnson, qui vient de confirmer sa promesse : la loi de transposition de l’accord de divorce en droit anglais exclura explicitement toute prolongation au-delà du 31 décembre 2020, au grand dam de Bruxelles.

Alors, tentera-t-il de maintenir un rapport commercial très étroit avec l’UE ? Optera-t-il pour concurrencer celle-ci de manière « agressive » ? Négociera-t-il avec Donald Trump un « énorme accord commercial plus juteux (…) qu’avec l’UE », selon le Tweet de félicitation enthousiaste que la Maison-Blanche a immédiatement envoyé ?

Le simple fait d’avoir le choix est déjà une remarquable conséquence du Brexit…

Analyse de l’élection et des perspectives dans l’édition de Ruptures parue le 18 décembre

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Victoire écrasante pour Boris Johnson et pour le Brexit

Par : pierre

Au grand dam des partisans de l’Union européenne, le Brexit a été plébiscité – une nouvelle fois.

A l’instant où les bureaux de vote britanniques se sont fermés, les sondages « sorties d’urnes » n’ont laissé aucun doute : ce sera une victoire écrasante du Parti conservateur et de son chef, Boris Johnson. La majorité dont disposera celui-ci sera la plus large dont un gouvernement ait disposé depuis près de quatre décennies.

Ceux – au Royaume-Uni, à Bruxelles et dans les capitales européennes – qui comptaient encore sur un miracle divin qui verrait le pays rester dans l’Union européenne viennent de voir s’envoler leurs dernières illusions. L’accord qui fixe les modalités de divorce entre Londres et l’Union européenne avait été arraché – contre toute attente – le 17 octobre par le chef du gouvernement. Celui-ci s’était alors heurté une ultime fois aux chicanes des députés sortants pro-UE.

Mais ces derniers – et les Travaillistes en particulier – n’ont pas réussi à retarder encore la dissolution d’un Parlement qui devenait tout à la fois grotesque et illégitime. Le scrutin du 12 décembre revêtait donc une importance extraordinaire – le plus crucial depuis l’après-guerre, ont même affirmé certains. M. Johnson l’avait en quelque sorte transformé en plébiscite pour ou contre le Brexit. Il a gagné son pari haut la main – plus encore que les pronostics les plus optimistes ne le prédisaient. Les nouveaux députés vont donc, dans les toutes prochaines semaines, ratifier l’accord de sortie.

Il s’agit d’un événement de portée historique : pour la première fois, un Etat décide de partir, parce qu’on a demandé l’avis à son peuple

Et cette dernière sera effective le 31 janvier prochain. Démarrera alors une période de transition de onze mois, pendant laquelle les futures relations – notamment commerciales – entre le pays et l’Union européenne seront négociées. C’est très court, affirment la plupart des analystes. Et cela ne se fera pas sans mal. Mais, contrairement aux commentaires qui vont désormais fleurir, l’essentiel est politiquement accompli.

Il s’agit donc d’un événement de portée historique : pour la première fois, un Etat décide de partir, parce qu’on a demandé l’avis à son peuple. Mais sans doute pas pour la dernière.

PS : le mensuel Ruptures a été le seul journal à avoir analysé et affirmé, depuis le 23 juin 2016, que le Brexit aurait lieu, quoi qu’il arrive. Et même si nul ne pouvait prévoir le détail des péripéties, celles-ci n’ont jamais mis en cause la certitude du dénouement. Peu d’autres ont été aussi affirmatifs.

Tous les détails dans l’édition à paraître vers le 20 décembre. Il n’est pas trop tôt – ni trop tard – pour s’abonner à Ruptures, et suivre ainsi la suite de l’histoire…

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Brexit: Warum das Vereinigte Königreich der Gewinner sein wird

Par : pierre

Die von den Brexit-Gegnern versprochenen Worst-Case-Szenarien sind nicht eingetreten: Vom Arbeitsmarkt bis zum Wachstum bleiben die Signale auf Grün.

Von Charles-Henri Gallois, Verantwortlicher der UPR für Wirtschaftsfragen und Autor des gerade erschienenen Buches: Les Illusions économiques de l’Union européenne, Fauves éditions

Am Donnerstag, dem 12. Dezember 2019, finden im Vereinigten Königreich Parlamentswahlen statt. Dies ist die wichtigste Wahl dieses Jahrhunderts, da sie das Schicksal des Brexit entscheidet. Hier seien noch einmal die unterschiedlichen Positionen dazu zusammengefasst. Es gibt einerseits die Konservative Partei von Boris Johnson und die Brexit-Partei von Nigel Farage, die sich für den Austritt des Vereinigten Königreichs aus der Europäischen Union einsetzen und damit den Willen des Volkes respektieren. Andererseits gibt es die Liberaldemokraten und die schottische SNP, die für eine völlige Annullierung des Brexit sind. Die Labour Party von Jeremy Corbyn, der Hauptgegner der Konservativen Partei, hat eine ziemlich unklare Position, mit der die Unsicherheit noch ausgezögertwird: sie will ein anderes Abkommen als das von Boris Johnson aushandeln, was jedoch ziemlich unmöglich zu sein scheint um es dann einem Referendum unterwerfen, mit der Option, in der EU zu bleiben.

Die Position der Labour Party zeigt, dass die Verfechter der EU den Willen der Wähler vom Juni 2016 völlig umkehren wollten. Diese stimmten für den Brexit und kümmerten sich nicht darum, ob es ein Abkommen geben würde oder nicht. Das Thema war nicht Bestandteil des Referendums. Die Befürworter des Verbleibens in der EU haben dann während der Kampagne wiederholt gedroht, dass es zu einem Austritt ohne Abkommen -einem harten Brexit- kommen würde. Diese Option war daher während der Abstimmung in den Köpfen der Menschen. Hätte sich die Option des Verbleibens durchgesetzt, gäbe es natürlich keine Debatte mehr daüber wie das Verbleiben aussehen sollte.

« Ein Angstprojekt »

Die « Gefahr » eines Ausstiegs ohne Abkommen war nicht die einzige Bedrohungin den Augen der Anhänger, der « Remainers », des Verbleibens in der EU. Ihr Argument war einfach, effektiv und schnell gefunden : « Wenn Sie mit Nein stimmen, wird es am Tag nach der Abstimmung eine wirtschaftliche Katastrophe geben ». Die Anhänger des Ausstiegs, die Brexiters, prangerten das « Angstprojekt » an: Es ginge darum, die Wähler zu erschrecken, damit sie „richtig“ abstimmen, das heißt, um sie in der EU zu halten.

Die Bank of England, David Cameron, George Osborne, sein Finanzminister, und sogar Barack Obama und Christine Lagarde, die hier mit „richtiger“ Einmischung glänzten, kündigten drohende Katastrophen an: den Zusammenbruch des Pfunds, den Zusammenbruch der Finanzmärkte, die Rezession des BIP, die steigende Arbeitslosigkeit, den Zusammenbruch der Investitionen, die Explosion der Inflation und den massiven Rückgang der Immobilienpreise. Die Einschüchterung war total.

Betrachten wir nun die Realität seit der Abstimmung über den Brexit im Referendum vom 23. Juni 2016, als 51,9% der Briten für den Austritt aus der EU stimmten. Mit einer Beteiligung von 72,2% war es mit 33.568.184 Wählern eine der größten demokratischen Beteiligungen in der modernen Geschichte des Vereinigten Königreichs. Nur die Parlamentswahlen von 1992 hatten mehr britische Bürger zu den Urnen geführt.

Eine wesentlich dynamischere britische Industrie

Sicher, das britische Pfund hat nach dem Referendum und dem Sieg des Brexits an Wert verloren. Am 23. Juni 2016 betrug der Wechselkurs mit dem Euro 0,76 Pfund. Zum 7. Dezember 2019 lag dieser Wert bei 0,84 Pfund. Er entspricht einer Abwertung von 10,5%. Das ist nichts Unüberwindbares: Zwischen April 2014 und März 2017 gab der Euro um 25% nach, ohne dass jemand Apokalypse geschrien hätte.

Im Gegenteil, die Abwertung des Pfunds Sterling hat die Produktion im Vereinigten Königreich begünstigt. Zwischen März 2016 und März 2017 stieg die Produktion im verarbeitenden Gewerbe um 2,7% und die Industrieproduktion um 3,2%. Ein solcher Anstieg war seit 2010 nicht mehr zu beobachten. Im Jahr 2017 betrug er 1,8%[1]. Im Zeitraum 2016-2018 durchschnittlich 1,2%, während die Industrieproduktion im Zeitraum 2001-2015 um 0,8% zurückging. Die Industrieaufträge waren im November 2017 auf dem höchsten Stand seit fast dreißig Jahren (1988)[2] !

Der Aktienmarkt im Aufwind

Was die Finanzmärkte betrifft, so lag der wichtigste britische Aktienindex, der FTSE 100, das Äquivalent zum französischen CAC 40 und dem deutschen DAX, am Abend des 23. Juni 2016 bei 6.338,10. Der Index fiel am Freitag, dem 24. Juni, um 3,15% und am Montag, dem 27. Juni, dann um 2,55%. Er stieg am Dienstag, dem 28. Juni, mit einem Plus von 2,64% wieder an und übertraf am Mittwoch, dem 29. Juni, mit 6 360,06% mit einem täglichen Plus von 3,58% das Niveau von vor der Abstimmung. Seit dem 7. Dezember 2019 liegt er nun bei 7.239,66, was einer Steigerung von 14% seit dem Zeitpunkt von vor dem Referendum entspricht. Auch hier sind wir sehr weit von dem prognostizierten Zusammenbruch entfernt.

Drei Jahre später warten wir immer noch auf diesen versprochenen Zusammenbruch.

Auch im Bereich Wachstum und Arbeitslosigkeit ist die Katastrophe nicht eingetreten. Bereits 2016 wurde eine Rezession nach der Brexit-Abstimmung vorausgesagt. Im Jahr 2016 war das Wachstum jedoch mit 1,8% das zweithöchste aller G7-Länder. Es ging sogar noch in die Höhe…. nach dem Referendum! Das Wachstum betrug 1,7% im Jahr 2017 und 1,3% im Jahr 2018. Drei Jahre später warten wir immer noch auf die von den « Remainers » versprochene Rezession!

Im Zeitraum 2016-2018 ähnelt das Wachstum dem in Frankreich. Während Italien einerseits seit der Einführung des Euro nicht gewachsen ist und sich derzeit in der Rezession befindet und andererseits die deutsche Wirtschaft, die sich verlangsamt, ebenfalls am Rande der Rezession steht, können wir sogar sehen, dass es dem Vereinigten Königreich nicht allzu schlecht geht!

Die Rückgewinnung echter Arbeitsplätze

Aber der größte Schlag für alle Propheten der Apokalypse war zweifellos die Entwicklung der Arbeitslosenquote.

Laut dem Office for National Statistics (ONS, dem britischen Gegenstück zu INSEE), lag die Arbeitslosigkeit vor dem Referendum bei 5% und sank Ende Mai 2019 auf 3,8%, die niedrigste Rate seit über 44 Jahren seit dem Winter 1974. Gleichzeitig stieg die Beschäftigungsquote von 74,2% auf 76,1%, was einen historischen Rekord darstellt.

Die schlechten Zungen, die das Thema nicht eingehend untersucht haben, erklären, dass diese Arbeitslosenquote dank Gelegenheitsjobs und Nullstundenjobs sinkt. Wenn dies in der Vergangenheit der Fall gewesen sein mag, so ist das Gegenteil seit der Entscheidung vom Juni 2016 der Fall. Die Teilzeitbeschäftigung fiel von 8,564 Millionen (27% der Arbeitsplätze) auf 8,562 Millionen (26,3% der Arbeitsplätze). Das bedeutet, dass viele der geschaffenen Arbeitsplätze auf Vollzeitbasis geschaffen wurden.

Lohnerhöhungen

Im September 2019 wurde auch berichtet, dass die Löhne im Zeitraum Mai-Juli 2019 um 4,0% und die Kaufkraft um 2,1% innerhalb eines Jahres gestiegen sind[3]. Solche Lohn- und Kaufkrafterhöhungen hatten seit 2008, also seit elf Jahren, nicht mehr stattgefunden. Wir würden eine solche Katastrophe gerne in Frankreich erleben!

Ironischerweise waren einige der größten Investoren im Vereinigten Königreich EU-Unternehmen wie Siemens.

Eine weitere Prognose: Auch die Investitionen sollten zusammenbrechen. Auch hier ist nichts dergleichen passiert. Die von der internationalen Beratungsfirma EY im Jahr 2019 durchgeführte jährliche Erhebung über die Anlagetrends stellt das Vereinigte Königreich erstmals sogar an die Spitze der weltweiten Investitionsziele und übertrifft damit sogar die Vereinigten Staaten, eine Wirtschaft, die viel größer ist als die des Vereinigten Königreichs.

Die ausländischen Direktinvestitionen (DI) stiegen 2017 nach den neuesten verfügbaren Zahlen im Vergleich zum Vorjahr um 6%. Es gab 1.205 neue Projekte, verglichen mit 1.138 im Jahr 2016 und nur 700 im Jahr 2012. Auf die Frage nach dem Brexit antworteten 6% der Investoren, dass dies für sie die Attraktivität des Vereinigten Königreichs verringert, während 7% angaben, dass es seine Attraktivität erhöht.

Ironischerweise waren einige der größten Investoren im Vereinigten Königreich EU-Unternehmen wie Siemens oder das spanische Unternehmen CAF. Die Unternehmen, die am meisten investiert haben, sind amerikanische Unternehmen: Boeing, Apple, Google, Facebook, Amazon, Snapchat, McDonald’s, Subway, McCain Foods, etc.

Böswilligkeit und Katastrophe

Diese Liste ist natürlich nicht vollständig, aber sie spiegelt den völligen Mangel an Klarheit und gutem Willen seitens derjenigen wider, die den Zusammenbruch des Vereinigten Königreichs angekündigt haben und jetzt versuchen, sich an die wenigen schlechten Nachrichten zu klammern, damit es wie eine Katastrophe aussieht.

Laut einer Studie von PitchBook[4], die zur Eröffnung der Londoner Technologiewoche veröffentlicht wurde, ist London das führende europäische Ziel für Risikokapitalinvestitionen in neue Technologien. Das Vereinigte Königreich wurde auch von der renommierten Zeitschrift Forbes als das beste Land für Geschäfte im Jahr 2018 eingestuft[5].

Bei diesen Investitionen handelt es sich nicht um Investitionen, die über zwei oder drei Monate, sondern über mehrere Jahre getätigt werden. Die Investoren zum Zeitpunkt dieser Entscheidung hatten den Brexit bereits integriert.

Der Immobiliensektor bleibt in guter Verfassung

Im Jahr 2017 betrug die Inflation im Vereinigten Königreich 2,7%. Im Jahr 2018 waren es nur 2%. Nichts Katastrophales also. Die Löhne hingegen stiegen 2018 um 3,3%[6]. Damit ist die Kaufkraft gestiegen. Ende 2017 gab es einen sehr temporären Kaufkraftverlust, aber das ist alles schon Geschichte, denn 2019 steigen die Löhne viel schneller als die Inflation. Der durchschnittliche Anstieg der Kaufkraft liegt bei rund 1,5%.

George Osborne, ehemaliger Finanzminister, hatte noch eine weitere Angst: Die Hauspreise sollten um 18% sinken. Sie haben sich eigentlich nie wirklich entspannt. Dem ONS nach sind die Immobilienpreise sogar gestiegen um 5,2% im Jahre 2016, um 4,5% in 2017 und um 2,0% in 2018. Statt eines angekündigten Rückgangs um 18% nähern wir uns derzeit einem Anstieg um 12% von 2016 bis 2018. Darüber hinaus warten Paris und Frankfurt noch immer auf die 10.000 bis 30.000 Geldgeber, die den Kanal überqueren sollten, um nach Frankreich oder Deutschland zu flüchten.

Dieselben Menschen, die all diese apokalyptischen Prophezeiungen getroffen haben, sollten sich sehr klein machen

Das Angstprojekt hat sich als völlig unwahr erwiesen. Dieselben, die all diese apokalyptischen Prophezeiungen getroffen haben, sollten sich sehr klein machen. Und dennoch geht dieser Diskurs in den Mainstream-Medien weiter. Gerade diejenigen, die sich vor dem Referendum mit all ihren Prognosen geirrt haben, bereiten die zweite Stufe der Rakete Angstprojekt vor, indem sie behaupten, die wirkliche Katastrophe käme nach dem tatsächlichen Austritt…. Als ob alle Unternehmen diesen Austritt nicht schon seit langem einbezogen hätten……..

Die einzige Situation, die wirklich schrecklich ist, ist politisch: Wenn man die Mandatsträger und die gesamte britische Oligarchie anschaut, die sich weigert, das Votum des englischen Volkes zu akzeptieren, so kommt einem eine zornige Erinnerung an die Haltung der gesamten französischen Elite nach dem Referendum 2005 in den Sinn. Es waren die Verfechter der EU, die ein Klima der Verunsicherung schufen, indem sie versuchten, über die Abstimmung hinweg zu gehen.

Die Legitimität eines erneuten Brexits

Die Medien versuchen sogar, uns glauben zu machen, dass die Briten ihr Votum bereuen würden. Bei den Europawahlen 2019 lag die Brexit-Partei mit 30,7% der Stimmen an der Spitze, gegenüber 19,7% der zweitgrösstenPartei.

Von einer massiven Ablehnung des Brexits sind wir daher weit entfernt. Die Meinungen sind geteilt, so wie es vor der Abstimmung war. Es sei jedoch darauf hingewiesen, dass damals der Austritt 1,3 Millionen mehr Stimmen erhalten hat als der Verbleib, was dem Austritt alle erforderlichen demokratischen Legitimationen verleiht.

Boris Johnson wird nach meinen Prognosen diese Wahlen gewinnen und den Wunsch des britischen Volkes erfüllen, die Kontrolle über das eigene Land zurück zu gewinnen und wieder frei und unabhängig zu werden. Diejenigen, die den Brexit fürchten müssen, sind nicht die Briten, sondern die Menschen, die in der EU bleiben. Nicht umsonst hat Deutschland schon immer einen Ausstieg ohne Vertrag verhindert.

Die EU wollte, dass das Vereinigte Königreich leidet, damit andere nicht auch die Idee bekämen, sie zu verlassen

Die EU hat alles zu verlieren, daher ihre Position der totalen Unnachgiebigkeit und ihre Bereitschaft, ein Exempel zu statuieren. Anstatt ein Win-Win-Abkommen zum Schutz ihrer wirtschaftlichen Interessen abzuschließen, wollte die EU, angefangen bei dem Eurofanatiker Emmanuel Macron, dass das Vereinigte Königreich leidet, um andere nicht zum Austritt zu bewegen. Im Grunde genommen ist dies die Haltung einer Sekte, die den Anhänger bestrafen will, der seine Freiheit wiedererlangen möchte.

Die EU könnte der große Verlierer sein, weil das Vereinigte Königreich ein massives Defizit im Warenverkehr aufweist. Das Handelsdefizit mit der EU betrug 2017 fast 110 Milliarden Euro.

Es geht an Frankreichs Portemonnaie

Vor allem die übrigen Nettozahlerländer werden für die Lücke im EU-Haushalt aufkommen müssen. Der Nettobeitrag Frankreichs zum EU-Haushalt beträgt 2019 10 Milliarden Euro. Nach dem Ausscheiden des Vereinigten Königreichs könnte er in den kommenden Jahren auf 14 oder 15 Milliarden Euro pro Jahr steigen. Während grundlegenden öffentlichen Dienstleistungen wie Krankenhäusern oder der Instandhaltung unserer Straßen und Brücken die Ressourcen fehlen, verlieren wir an die EU-Sekte weiterhin Geld. 15 Milliarden Euro, das entspricht dem Bau von 375 Krankenhäusern! Dies entspricht auch 909 Euro pro Jahr und pro Steuerhaushalt, für den, der Einkommenssteuer bezahlt.

Viel Glück für unsere britischen Freunde, die Anfang 2020 austreten und sehr gut abschneiden werden. Es ist höchste Zeit, ihrem Beispiel zu folgen, diese wirtschaftlichen illusionären Vorstellungen nicht mehr zu fürchten, uns durch den Frexit von der EU-Sekte zu befreien und unsere Freiheit und Demokratie zurückzugewinnen.

Die im Bereich Stellungnahmen veröffentlichten Analysen sind Diskussionsbeiträge. Die Redaktion trägt keine Verantwortung.

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1] Büro für nationale Statistiken (ONS).

2] Monatlicher Index der Confederation of British Industry (CBI) zur Messung gegebener Aufträge.

3] ONS.

4] Juni 2019 Studie von PitchBook.

5] Forbes, Dezember 2017.

6] ONS.

 

 

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Brexit : pourquoi le Royaume-Uni va sortir gagnant

Par : Grégoire

Les scénarios catastrophes promis par les opposants au Brexit ne sont pas advenus : du marché de l’emploi à la croissance, les voyants restent au vert.

Dernière minute : Boris Johnson et le Brexit remportent une victoire écrasante

Par Charles-Henri Gallois, responsable national de l’UPR pour l’Économie et auteur de l’ouvrage qui vient de paraître : Les Illusions économiques de l’Union européenne, Fauves éditions

Les élections générales au Royaume-Uni auront lieu ce jeudi 12 décembre 2019. Il s’agira de l’élection la plus importante de ce siècle puisqu’elle va déterminer l’avenir du Brexit. Pour résumer les positions, il y a d’un côté le Parti conservateur de Boris Johnson et le Parti du Brexit de Nigel Farage qui font campagne en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, respectant ainsi la volonté du peuple, et de l’autre côté les Liberal-Democrats et le SNP écossais qui sont pour une annulation pure et simple du Brexit. Le Parti travailliste de Jeremy Corbyn, principal opposant au Parti conservateur, a une position peu limpide qui prolongerait l’incertitude : négocier un autre accord que celui de Boris Johnson, chose peu probable, puis le soumettre à référendum avec l’option de rester dans l’UE.

La position du Parti travailliste montre que les européistes ont voulu complètement retourner le sens du vote des électeurs de juin 2016. Ces derniers ont voté pour le Brexit et se fichaient bien qu’il y ait un accord ou pas. Le sujet ne figurait du reste pas dans les termes du référendum et les partisans du maintien dans l’UE n’ont eu de cesse que de menacer d’une sortie sans accord pendant cette campagne. Cette option était donc présente dans les esprits lors du vote. Si le maintien l’avait emporté, inutile de dire qu’il n’y aurait plus aucun débat sur le type de maintien décidé.

« Projet de la peur »

La « danger » d’une sortie sans accord n’était pas la seule menace des partisans du maintien dans l’UE, les ‘remainers’. Leur argument était simple, efficace et tout trouvé : « si vous votez non, ce sera une catastrophe économique dès le lendemain du vote ». Les partisans de la sortie, les brexiters, dénonçait de « projet de la peur » : il s’agissait d’effrayer les électeurs pour qu’ils votent bien, c’est-à-dire pour le maintien dans l’UE.

La Banque d’Angleterre, David Cameron, George Osborne, son ministre des Finances, et même Barack Obama ainsi que Christine Lagarde, qui se targuait ici de bonne ingérence, annonçaient des catastrophes imminentes : effondrement de la livre, affaissement des marchés financiers, récession du PIB, hausse du chômage, débâcle des investissements, explosion de l’inflation et baisse massive des prix de l’immobilier. L’intimidation était totale.

Observons maintenant la réalité depuis le vote en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016, où 51,9 % des Britanniques ont voté pour sortir de l’UE. Avec une participation de 72,2 %, il s’agissait de l’une des plus grandes participations démocratiques de l’histoire moderne du Royaume-Uni, avec 33 568 184 votants. Seules les élections générales de 1992 avaient amené plus de Britanniques sur le chemin des urnes.

Une industrie britannique plus dynamique

La livre sterling a certes perdu de sa valeur à la suite du référendum et de la victoire du Brexit. Le 23 juin 2016, le taux de change était de 0,76 livre pour un euro. Au 7 décembre 2019, ce taux était de 0,84 livre pour un euro. Cela représente une dépréciation de 10,5 %. Voilà qui n’a rien d’insurmontable : entre avril 2014 et mars 2017 l’euro s’est lui-même déprécié de 25 % sans que personne ne hurle à l’apocalypse.

Les illusions économiques de l'UE

Le livre de Charles-Henri Gallois, qui vient de paraître, détaille tous ces éléments dans son chapitre V

Au contraire, la baisse de la livre sterling a favorisé la production sur le territoire britannique. Entre mars 2016 et mars 2017, la production manufacturière a augmenté de 2,7 %, et la production industrielle de 3,2 %. Un tel rebond n’avait pas été observé depuis 2010. Sur l’année 2017, la hausse a été de 1,8 % [1]. Sur la période 2016-2018, la hausse a été en moyenne de 1,2 %, alors que, sur la période 2001-2015, la production industrielle était en régression de 0,8 %. Les commandes industrielles en novembre 2017 ont d’ailleurs été au plus haut depuis près de trente ans (1988) [2] !

Bourse en hausse

Pour ce qui est des marchés financiers, le principal indice boursier britannique, le FTSE 100, équivalent de notre CAC 40, cotait à 6 338,10 le 23 juin 2016 au soir. L’indice a perdu 3,15 % le vendredi 24 juin, puis 2,55 % le lundi 27 juin. Il repartait à la hausse dès le mardi 28 juin, avec une augmentation de 2,64 %, puis dépassait son niveau d’avant le vote dès le mercredi 29 juin, à 6 360,06, avec une hausse journalière de 3,58 %. Le 7 décembre 2019, il cote désormais à 7 239,66, soit une hausse de 14 % depuis l’avant-référendum. Là aussi, on est très loin de l’effondrement annoncé.

Trois années plus tard, on attend encore la récession promise par les ‘remainers’

La catastrophe n’a pas non plus eu lieu dans le domaine de la croissance et du chômage. Dès 2016, une récession devait se produire après le vote pour le Brexit. Or en 2016, la croissance était la deuxième plus forte de tous les pays du G7, à 1,8 %. Elle avait même été revue à la hausse… après le référendum ! La croissance a été de 1,7 % en 2017 et de 1,3 % en 2018. Trois années plus tard, on attend encore la récession promise par les ‘remainers’ !

Sur la période 2016-2018, la croissance est similaire à celle de la France. Alors que d’une part l’Italie n’a pas de croissance depuis l’adoption de l’euro et sombre actuellement dans la récession, et que d’autre part l’économie allemande, en train de ralentir, se trouve également au bord de la récession, on peut même constater que le Royaume-Uni ne s’en sort pas trop mal !

Le retour de vrais emplois

Mais la plus grande claque pour tous les prophètes d’Apocalypse a sans doute été l’évolution du taux de chômage.

Ce que l’on constate, selon l’Office for National Statistics (ONS, équivalent britannique de l’INSEE), c’est que le chômage était de 5 % avant le référendum et qu’il est tombé à 3,8 % à la fin de mai 2019, soit le taux le plus bas depuis plus de quarante-quatre ans, depuis l’hiver 1974. Dans le même temps, le taux d’emploi est, lui, passé de 74,2 % à 76,1 %, ce qui constitue un record historique.

Les mauvaises langues, qui n’ont pas étudié en profondeur la question, expliquent que ce taux de chômage baisse grâce aux petits boulots et aux emplois zéro heure. Si cela a pu être vrai par le passé, c’est l’inverse que l’on observe depuis le verdict de juin 2016. Les emplois à temps partiel sont passés de 8,564 millions (27 % des emplois) à 8,562 millions (26,3 % des emplois). Cela veut donc dire que beaucoup des emplois créés l’ont été à temps plein.

Augmentations salariales

On apprenait également en septembre 2019 que les salaires ont augmenté de 4,0 %, et le pouvoir d’achat de 2,1 % sur un an pour la période mai-juillet 2019 [3]. De telles augmentations de salaire et de pouvoir d’achat n’avaient plus eu lieu depuis 2008, soit onze ans. On aimerait réellement vivre à notre tour une telle catastrophe en France !

Ironiquement, certains des plus gros investisseurs au Royaume-Uni ont été des entreprises de l’UE comme Siemens

Autre pronostic : les investissements devaient aussi s’effondrer. Là encore, rien de tel n’est advenu. L’enquête annuelle sur les tendances de l’investissement réalisée par le cabinet de conseil international EY en 2019, place même pour la première fois le Royaume-Uni au premier rang mondial des destinations d’investissement, dépassant même extraordinairement les États-Unis, une économie bien plus vaste que le Royaume-Uni.

L’investissement étranger direct (FDI, pour Foreign direct investment) a augmenté de 6 % en 2017, selon les derniers chiffres disponibles, par rapport à l’année précédente. Il y a eu 1 205 nouveaux projets, contre 1 138 en 2016 et seulement 700 en 2012. Lorsqu’ils ont été interrogés sur le Brexit, 6 % des investisseurs ont déclaré qu’il diminuait leur attrait pour le Royaume-Uni, tandis que 7 % ont déclaré qu’il augmentait leur attrait.

Ironiquement, certains des plus gros investisseurs au Royaume-Uni ont été des entreprises de l’UE comme Siemens ou la société espagnole CAF. Celles qui ont le plus investi sont les entreprises américaines : Boeing, Apple, Google, Facebook, Amazon, Snapchat, McDonald’s, Subway, McCain Foods, etc.

Mauvaise foi et catastrophisme

Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, mais elle témoigne de l’absence totale de lucidité et de bonne foi de la part de ceux qui annonçaient l’effondrement du Royaume-Uni et cherchent maintenant à se raccrocher aux quelques mauvaises nouvelles courantes pour faire croire que ce serait la catastrophe.

Londres est la première destination européenne des investissements en capital-risque dans les nouvelles technologies, d’après une étude du cabinet PitchBook [4] publiée à l’ouverture de la semaine de la tech de Londres. Le Royaume-Uni avait d’ailleurs aussi été classé par le célèbre magazine Forbes comme le meilleur pays pour faire des affaires en 2018 [5].

Ces investissements ne sont pas des investissements engagés sur deux ou trois mois mais pour plusieurs années. Les investisseurs au moment de ces choix avaient déjà intégré le Brexit.

L’immobilier reste en forme

L’inflation était de 2,7 % en 2017 au Royaume-Uni. Elle n’était plus que de 2 % en 2018. Rien de catastrophique. Les salaires, eux, ont augmenté de 3,3 % en 2018 [6]. Il y a donc eu un gain de pouvoir d’achat. Il y a eu une perte de pouvoir d’achat très temporaire à la fin de 2017, mais tout cela est de l’histoire ancienne puisque en 2019 les salaires augmentent bien plus vite que l’inflation. Le gain moyen de pouvoir d’achat est de l’ordre de 1,5 %.

George Osborne, ancien chancelier de l’Echiquier, agitait une autre peur : les prix de l’immobilier devaient baisser de 18 %. Ils n’ont en réalité jamais décroché. Selon l’ONS, les prix de l’immobilier ont même augmenté de 5,2 % en 2016, de 4,5 % en 2017 et de 2,0 % en 2018. D’une baisse de 18 % annoncée, on passe en réalité à une hausse de 12 % de 2016 à 2018. En outre, Paris et Francfort attendent toujours les 10 000 à 30 000 financiers qui devaient traverser la Manche pour se réfugier en France ou en Allemagne.

Les mêmes qui ont asséné toutes ces prophéties apocalyptiques devraient se faire tout petits

Le projet de la peur s’est révélé complètement faux ! Les mêmes qui ont asséné toutes ces prophéties apocalyptiques devraient se faire tout petits. Et pourtant, le discours continue en France, dans les grands médias. Ceux précisément qui se sont trompés sur toutes leurs prévisions avant le référendum préparent le deuxième étage de la fusée projet de la peur et disent que la catastrophe aura lieu après la sortie effective. Comme si toutes les entreprises n’avaient pas déjà intégré depuis longtemps cette sortie…

La seule situation terrible est politique : observer des élus et toute l’oligarchie britannique refusant d’accepter le vote du peuple anglais rappelle furieusement l’attitude de toute l’élite française après le référendum de 2005. Ce sont les politiques européistes qui ont créé le climat d’incertitude en voulant bafouer le vote.

Légitimité du Brexit renouvelée

Les médias en France tentent même de nous faire croire que les Britanniques regretteraient leur vote. Or, aux élections européennes de 2019, c’est le Parti du Brexit qui est arrivé largement en tête avec 30,7 % des voix, contre 19,7 % pour le second parti.

On est donc loin d’un rejet massif du Brexit. L’opinion est partagée, comme elle l’était avant le vote. Notons tout de même qu’à l’époque la sortie avait récolté 1,3 million de voix en plus que le maintien, ce qui donne toute la légitimité démocratique nécessaire à la sortie.

Boris Johnson, selon mes pronostics, va gagner ces élections et réaliser le souhait du peuple britannique : reprendre le contrôle et être à nouveau un pays libre et indépendant. Ceux qui doivent redouter le Brexit, ce ne sont pas les Britanniques mais les peuples qui restent dans l’UE. Ce n’est pas pour rien que l’Allemagne a toujours freiné une sortie sans accord.

L’UE a voulu que le Royaume-Uni souffre pour ne pas donner aux autres l’envie de sortir

L’UE a tout à perdre, d’où sa position de fermeté totale et de sa volonté de faire un exemple. Plutôt que de vouloir faire un accord gagnant-gagnant pour sauvegarder ses intérêts économiques, l’UE, à commencer par l’eurofanatique Emmanuel Macron, a voulu que le Royaume-Uni souffre pour ne pas donner aux autres l’envie de sortir. Au fond, cette attitude est celle d’une secte qui veut punir l’adepte qui souhaite reprendre sa liberté.

L’UE peut être la grande perdante car le Royaume-Uni est massivement déficitaire au niveau des échanges de biens. Son déficit commercial était en 2017 de près de 110 milliards d’euros avec l’UE.

La France visée au portefeuille

Surtout, les pays contributeurs nets restants devront payer le manque à gagner au budget de l’UE. La contribution nette de la France au budget de l’UE est de 10 milliards d’euros en 2019. Après la sortie du Royaume-Uni, elle pourrait passer dans les années qui viennent à 14 ou 15 milliards d’euros par an. Alors que les services publics de base comme l’hôpital, ou l’entretien de nos routes et de nos ponts, manquent de moyens, on continue d’aligner les billets en pure perte pour la secte UE. 15 milliards d’euros, cela représente la construction de 375 hôpitaux ! Ce qui représente aussi 909 euros par an et par foyer fiscal payant l’impôt sur le revenu.

Bon vent à nos amis britanniques, qui sortiront tout début 2020 et s’en sortiront très bien. Il est grand temps de suivre leur exemple, de ne plus avoir peur de ces illusions économiques, de se libérer de la secte UE par le Frexit et de reprendre notre liberté et notre démocratie.

Les analyses publiées dans la rubrique Opinions constituent des contributions aux débats. Elles n’engagent pas la responsabilité de la rédaction du site.

Cet article est publié par le site de Ruptures. Le « navire amiral » reste cependant le mensuel papier (qui propose bien plus que le site), et ses abonnés. C’est grâce à ces derniers, et seulement grâce à eux, que ce journal peut vivre et se développer.

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[1] Office for National Statistics (ONS).

[2] Indice mensuel de la fédération patronale CBI (Confederation of British Industry) mesurant les commandes en carnet.

[3] ONS.

[4] Étude de juin 2019 du cabinet PitchBook.

[5] Forbes, décembre 2017.

[6] ONS.

 

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Les ultimes aigris du Brexit : procédure contre le Royaume-Uni, et quatre écrivains britanniques en tournée

Par : pierre

Le nouvel exécutif bruxellois, adoubé par les Vingt-sept, entrera en fonctions le 1er décembre. Douze jours plus tard, le Parlement britannique sera renouvelé, ouvrant la voie à une rapide dénouement du Brexit. Mais quatre romanciers à succès (photo ci-dessus) font une tournée sur le Vieux continent pour dire leur rancœur contre leurs concitoyens.

Le Conseil de l’UE (les ministres des Vingt-huit) a approuvé, ce lundi 25 novembre, la liste définitive des membres de la future Commission européenne. La règle veut que chaque Etat choisisse une personnalité pour siéger au sein de celle-ci, mais trois candidats désignés avaient été retoqués par les eurodéputés durant le mois d’octobre.

En remplacement de sa première proposition – un ancien ministre jugé trop proche du chef du gouvernement, Viktor Orban – la Hongrie a finalement désigné son ancien ambassadeur à Bruxelles, Oliver Varhelyi, qui a dû jurer ses grands dieux que jamais il ne prendrait de consignes à Budapest. Le nouveau gouvernement roumain a promu une ex-eurodéputée PNL (droite), Adina Valean, en lieu et place de la sociale-démocrate initialement désignée. Et, pour la France, Thierry Breton hérite du large portefeuille (marché intérieur, politique industrielle…) initialement destiné à Sylvie Goulard. M. Breton n’a gagné son ticket que par un vote très serré, certains ayant fait remarquer que la firme dont il était PDG travaille massivement avec des financements de l’UE.

La nouvelle Commission européenne devrait être avalisée le mercredi 27 novembre par un vote global de l’europarlement, dernière étape avant sa prise de fonctions, le 1er décembre. Soit avec un mois de retard sur le calendrier prévu, du fait des trois vetos mis par les eurodéputés, toujours avides de croire qu’ils jouent un rôle essentiel.

Procédure contre le Royaume-Uni

Seule ombre désormais au tableau, une procédure a été engagée contre le Royaume-Uni qui était dans l’obligation de désigner un commissaire. Bruxelles peut toujours courir, avait répondu en substance Boris Johnson.

Le premier ministre britannique sortant mise sur les élections du 12 décembre pour disposer d’une majorité absolue à la Chambre des communes, et pouvoir ainsi réaliser le Brexit en quelques semaines. Par ailleurs, les Conservateurs se sont engagés à mettre fin à l’austérité et à investir massivement. De son côté, le chef des Travaillistes a souligné que son programme – notamment fiscal, et de nationalisation – était le plus radical depuis 1945.

Mais Jeremy Corbyn a surtout promis de renégocier avec l’UE l’accord de divorce arraché au finish par son prédécesseur (une hypothèse totalement improbable), puis d’en soumettre le texte à un nouveau référendum. Une perspective qui prolongerait encore de nombreux mois l’interminable saga du Brexit alors que la majorité des citoyens ne demande qu’à en finir au plus vite, afin que soit enfin respectée la volonté populaire exprimée en juin 2016.

« Je ne suis pas un grand fan du Royaume-Uni, c’est un pays absurde et frustrant, c’est pourquoi j’ai déménagé aux Etats-Unis » – Lee Child

De manière surréaliste, un petit noyau au sein des élites rêve encore d’annuler cette dernière. C’est notamment le cas de quatre écrivains à succès qui ont entamé une tournée sur le Vieux continent dans cet esprit, faute sans doute de pouvoir convaincre leurs propres concitoyens.

L’un d’entre eux, Lee Child (de son vrai nom Jim Grant), a notamment déclaré, de passage à Berlin : « je ne suis pas un grand fan du Royaume-Uni, même si j’y suis né. C’est un pays absurde et frustrant, c’est pourquoi j’ai déménagé aux Etats-Unis ».

Et c’est sans doute également pour cela qu’il milite pour que son pays d’origine reste sous la coupe de Bruxelles ?

Tous les détails sur ces informations à découvrir dans l’édition du mensuel Ruptures à paraître le 29 novembre. Il n’est pas trop tard – ni top tôt – pour s’abonner

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Les trois victoires de Boris Johnson ouvrent l’ultime étape avant le Brexit

Par : pierre

Boris Johnson a réussi, en moins de deux semaines, trois miracles successifs. Pourtant, depuis qu’il a accédé au 10 Downing street, fin juillet, les parlementaires anti-Brexit n’auront rien épargné au premier ministre britannique : rebuffades, « camouflets », manœuvres et blocages.

Avec un objectif : non pas inverser le sens de l’Histoire – car peu d’entre eux croient désormais sérieusement que la sortie du pays pourra être empêchée – mais interdire au chef du gouvernement de tenir sa promesse emblématique. Celui-ci avait juré de rendre le Brexit effectif au 31 octobre, une date convenue en avril dernier avec les Vingt-sept. L’obstruction parlementaire a fait capoter cette échéance, et a contraint à un ultime report d’ici le 31 janvier 2020 au plus tard.

Entre 60% et 70% des citoyens considèrent que la « violence contre les élus » pourrait être « le prix à payer » pour résoudre enfin la question du Brexit

C’est une stratégie dangereuse de la part des députés pro-UE. Un récent sondage a fait apparaître un résultat pour le moins déroutant : entre 60% et 70% des citoyens (selon la région) considèreraient que la « violence contre les élus » pourrait être « le prix à payer » pour résoudre enfin la question du Brexit – une opinion partagée même par une majorité d’opposants à la sortie de l’UE…

Toute enquête d’opinion mérite évidemment d’être prise avec précaution, mais il est indubitable que les atermoiements depuis trois ans ont littéralement exaspéré une très grande majorité des citoyens. Alors que le référendum du 23 juin 2016 a décidé que le pays devait quitter l’Union, ce verdict n’a toujours pas été mis en œuvre du fait des efforts conjoints du Parlement britannique et des dirigeants européens. Ces derniers voulaient montrer que le choix de partir constituait un enfer afin de dissuader d’autres peuples de suivre l’exemple britannique.

Trois victoires qui semblaient inatteignables

Finalement, même s’il n’a pu tenir l’échéance promise, Boris Johnson a emporté trois victoires politiques qui semblaient, il y a quelques semaines encore, totalement inatteignables.

Le nouveau texte change certains aspects essentiels qui constituaient pourtant des « lignes rouges » des Vingt-sept

Le 17 octobre, un nouvel accord de divorce est conclu avec Bruxelles. Et ce, alors même que les dirigeants européens ne cessaient de répéter, depuis un an, que l’accord signé en novembre 2018 par Theresa May ne pouvait être renégocié – pas même une virgule. Le nouveau texte change certains aspects essentiels qui constituaient pourtant des « lignes rouges » des Vingt-sept.

Le 19 octobre, les parlementaires reportent la discussion et donc la ratification dudit texte, mais le 21, une majorité d’entre eux approuve le principe d’une loi transposant dans le droit britannique l’accord en question. Une étape que Theresa May n’avait jamais pu franchir.

Le 29 octobre enfin, après trois tentatives infructueuses du chef du gouvernement, les députés acceptent la dissolution du Parlement et des élections anticipées le 12 décembre. Pour Boris Johnson, c’est enfin la perspective d’en finir avec une paralysie parlementaire qui paraissait indépassable.

La première victoire, celle du nouvel accord signé avec l’UE, est considérable. Là où le texte précédent était susceptible de garder indéfiniment le Royaume-Uni au sein de l’union douanière européenne, celui-ci constituera un territoire douanier séparé (au terme d’une période transitoire d’une année), et aura donc la liberté de négocier des accords commerciaux avec des pays tiers.

D’autre part, si le chef du gouvernement a dû accepter que des règles et normes de l’UE (en matière de protection des consommateurs, par exemple) pour les marchandises s’appliquent à l’Irlande du Nord (partie intégrante du Royaume-Uni), des arrangements douaniers seront mis en place pour éviter qu’une frontière physique soit rétablie entre la République d’Irlande (membre de l’UE) et l’Irlande du Nord.

Le « filet de sécurité » auquel Bruxelles tenait tant, et qui aurait pu maintenir le Royaume-Uni prisonnier, est écarté

Ces dispositions devront être renouvelées – ou pas – tous les quatre ans par le parlement régional de cette dernière. Le « filet de sécurité » (« backstop ») auquel Bruxelles tenait tant, et qui aurait pu maintenir éternellement le Royaume-Uni prisonnier, est donc écarté.

La deuxième victoire semblait également improbable : le principe dudit accord a été approuvé par les parlementaires (par 329 voix contre 299). Mme May, malgré trois tentatives, n’avait pu franchir cet obstacle. Cette fois, le texte a recueilli l’assentiment tant des « Brexiters radicaux » que de ceux qui se sont résignés à un Brexit à condition qu’il ne soit pas trop « brutal » (sortie « sans accord »).

Enfin, le dernier succès paraissait hors de portée, car l’opposition travailliste – profondément déchirée entre un appareil pro-UE, et des électeurs des classes populaires pro-Brexit – se refusait à de nouvelles élections, synonymes pour elle de probable débâcle. A la quatrième tentative du premier ministre cependant, les dirigeants du Labour ont dû lever leur veto, tant ce blocage paraissait politiquement indéfendable.

Période électorale de six semaines

S’ouvre donc désormais une période électorale de six semaines. Le scrutin à venir est déjà décrit comme le plus important depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Tout laisse à penser que le Brexit sera au cœur de la campagne, dans un pays plus polarisé que jamais.

Les Travaillistes risquent de recueillir un résultat calamiteux. Certains de leurs électeurs aisés et urbains, majoritairement pro-UE, pourraient bien être tentés de glisser vers les Libéraux-démocrates, qui plaident ouvertement pour que le Brexit soit purement et simplement annulé.

Quant aux électeurs des classes populaires et des villes ouvrières, bastions traditionnels du Labour, ils pourraient faire payer à leur parti son ralliement de fait au sentiment pro-UE des élites, et le positionnement illisible de leur leader, Jeremy Corbyn. Certains d’entre eux pourraient récompenser la fermeté de M. Johnson, qui n’a pas bougé d’un pouce sur l’exigence de respecter coûte que coûte le verdict du référendum.

« Il arrive un moment où même les dindes ne pourront plus empêcher Noël » – Geoffrey Cox

Les enquêtes d’opinion accordent pour l’heure plus de dix points d’avance à son parti par rapport aux Travaillistes. Certes, une élection n’est jamais jouée tant que les urnes ne sont pas refermées. Mais, désormais, toutes les conditions sont réunies pour que le Brexit devienne enfin une réalité, même si ses opposants tenteront certainement d’ultimes manœuvres.

Car, comme le faisait remarquer dans un style très britannique l’Attorney General (conseiller juridique du gouvernement) Geoffrey Cox : « il arrive un moment où même les dindes ne pourront plus empêcher Noël ».

(Plus d’informations et d’analyses dans l’édition de Ruptures du mois d’octobre, qui arrive le 31 chez les abonnés)

 

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La Cour suprême britannique désavoue le premier ministre, mais sans conséquence sur le Brexit

Par : pierre

La décision de la Cour suprême britannique, rendue publique le 24 septembre, a fait l’effet d’une bombe. A l’unanimité, les onze juges ont décrété que la suspension du Parlement pendant cinq semaines, telle que l’avait décidée le premier ministre, était « illégale » et de nul effet. Ils ont ainsi inversé le verdict de la Haute Cour de Londres qui avait pour sa part jugé qu’une telle suspension relevait de la compétence politique (et donc de l’exécutif), et non du ressort judiciaire.

En conséquence, les députés britanniques sont revenus dès le 25 septembre en session, alors qu’ils avaient été mis en congés pour une pause de cinq semaines, en l’occurrence jusqu’au 14 octobre. Boris Johnson avait indiqué, pour justifier sa décision, qu’il préparait la rentrée parlementaire et le programme qu’il devait y annoncer. Et rappelé qu’une telle suspension intervient régulièrement – seule sa durée était inhabituelle.

De son côté, la présidente de la Cour suprême a argué que cette pause « a eu pour effet d’entraver la capacité du Parlement à exercer ses fonctions démocratiques, et ce, sans justification rationnelle », et que ses « conséquences sur les fondements de notre démocratie ont été extrêmes ». Une formulation maximaliste qui, prise à la lettre, laisse tout de même perplexe.

Nombre d’honorables parlementaires n’ont d’autre objectif que d’annuler le verdict populaire

Car cela fait désormais plus de trois ans que les parlementaires débattent du Brexit, sans qu’aucune majorité ne se dessine pour fixer les modalités de la sortie de l’Union européenne, une sortie décidée le 23 juin 2016 par le peuple. Les élus ont par trois fois rejeté l’accord négocié entre Bruxelles et le prédécesseur de Boris Johnson, Theresa May, et dit également Non à huit alternatives qu’ils avaient eux-mêmes imaginées. En réalité, nombre d’honorables parlementaires n’ont d’autre objectif que d’annuler le verdict populaire, à tout le moins de le vider de sa substance.

L’actuel locataire de Downing Street a également rappelé qu’entre le 14 octobre et la date prévue pour que le Royaume-Uni sorte de l’UE, le 31 octobre, les députés auraient eu à nouveau le temps de poursuivre leurs débats, sans d’ailleurs que personne n’imagine ce qui pourrait en sortir de nouveau. Début septembre, une majorité d’entre eux avait même voté un texte liant les mains du chef du gouvernement : faute d’accord trouvé avec Bruxelles d’ici le 19 octobre, cette loi contraint ce dernier a solliciter du Conseil européen un nouveau report – ce serait le troisième – jusqu’au 31 janvier.

L’arrêt de la Cour suprême aura, à moyen et long termes, des conséquences lourdes sur l’équilibre des pouvoirs – entre gouvernement, parlement et justice – dans ce pays sans constitution écrite, bien plus qu’à court terme sur le Brexit lui-même.

Johnson veut des élections

Boris Johnson a en tout cas saisi l’occasion du verdict du 24 septembre, pour en appeler à de nouvelles élections, seule manière de dénouer la situation. Le parti travailliste a défendu becs et ongles cette perspective depuis deux ans, avant… de la bloquer début septembre, de peur qu’elle ne favorise la réalisation de l’engagement de Boris Johnson : mettre en œuvre le Brexit, quoi qu’il arrive, au 31 octobre.

La date de sortie ne peut être repoussée qu’à la double condition que la partie britannique le demande, et que les chefs d’Etat et de gouvernement l’acceptent à l’unanimité

C’est la date de sortie qu’avaient fixée d’un commun accord Londres et les Vingt-sept, lors du Conseil européen d’avril dernier. Une date qui ne peut être repoussée qu’à la double condition que la partie britannique le demande, et que les chefs d’Etat et de gouvernement l’acceptent à l’unanimité. Ceux-ci se réuniront les 17 et 18 octobre.

M. Johnson a affirmé son désaccord avec l’arrêt de la Cour annulant la suspension du Parlement, tout en précisant qu’il le respecterait. Mais il a une nouvelle fois confirmé que le pays sortirait bien de l’Union européenne le 31 octobre – avec ou sans accord.

Dans l’hypothèse d’un non-accord, rien ne l’empêche par exemple – c’est une de ses possibilités – de respecter la lettre du texte le contraignant à demander formellement un report, tout en indiquant aux Vingt-sept que cette voie relancerait une situation inextricable et prolongerait une énième fois les incertitudes. Dans ce cas, il est probable que certains dirigeants européens mettront un veto à cette demande de report. Par exemple le président français, qui avait déjà exprimé sa volonté en ce sens en avril dernier, avant de se rallier in extremis à la position d’Angela Merkel.

La « souveraineté du parlement » est une bizarrerie juridico-politique, puisque c’est le peuple – et non ses représentants – qui est censé être souverain

Après la décision de la Cour suprême, les adversaires du Brexit exultent, en Grande-Bretagne, mais aussi sur tout le Vieux continent. Officiellement, ils se réjouissent que la « souveraineté du parlement » ait été défendue dans la « plus vieille démocratie parlementaire du monde ». Notons au passage que la formulation « souveraineté du parlement » est pour le moins une bizarrerie juridico-politique, puisque c’est le peuple – et non ses représentants – qui est censé être souverain. En réalité, ils se réjouissent que la voix de ce dernier ait été une nouvelle fois défiée, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Ainsi, Le Monde (26/09/19) note sans ciller que la démocratie parlementaire a été « fragilisée » par le référendum de 2016. Etrange démocratie qui peut ainsi être « fragilisée »… par le peuple.

Mais l’époque n’est plus où la voix populaire pouvait être simplement battue en brèche, voire carrément bafouée. Certes, la décision de la Cour constitue un revers politique pour le Premier ministre. Ceux qui s’en réjouissent oublient littéralement les millions de Britanniques écœurés et exaspérés par cet insupportable constat : leur décision de quitter l’UE n’est toujours pas appliquée. C’est à cette incroyable injustice que Boris Johnson s’est engagé à mettre fin.

Que ce soit dans un mois ou dans quatre, ceux qui font la fête aujourd’hui devront déchanter.

 

– L’édition de Ruptures de septembre vient de paraître (voir son sommaire). Une page est consacrée aux dernières nouvelles du Brexit. Pour recevoir cette édition et les suivantes, il n’est pas trop tard pour s’abonner.

– Voir aussi les derniers développements politiques en Espagne (article tout récemment mis en ligne sur ce site).

 

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Brexit : et maintenant, il reste un chemin simple pour tenir l’échéance

Par : pierre

Le Royaume-Uni quittera-t-il irréversiblement de l’Union européenne le 31 octobre prochain ? Ou bien cette échéance fera-t-elle l’objet d’un ultime report de quelques mois ? Seule la conclusion est certaine : le Brexit aura bel et bien lieu. Mais la première hypothèse – une sortie à la Toussaint – est la plus probable. Pourquoi ?

Sans doute faut-il rappeler ici quelques repères. Car la « saga » que vit la Grande-Bretagne a une apparence : une incroyable succession de coups de théâtre, de rebondissements, de retournements, de coups de force, et d’interminable procédure parlementaire – une histoire à laquelle le citoyen de base ne comprend plus grand-chose ; elle a une réalité : un référendum tenu le 23 juin 2016, à l’issue duquel le peuple britannique décide de dire Bye Bye à Bruxelles, et ce face à une majorité de parlementaires qui tente par tous les moyens de faire capoter cette issue, avec le soutien de tout ce que l’Europe compte de forces opposées aux verdicts populaires.

A la question parfaitement claire (« le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? »), 51,9% des électeurs du pays ont répondu sans ambiguïté. Le 29 mars 2017, Londres a envoyé la lettre officielle concrétisant juridiquement la sortie de l’UE. En juin 2018, une large majorité de députés a dû acter le rapatriement juridique des compétences nationales, et a fixé l’échéance de la sortie au 29 mars 2019.

Mais les partisans de l’UE n’ont jamais accepté de se déclarer vaincus. La négociation d’un accord de divorce entre le Royaume-Uni et les Vingt-sept a fourni un prétexte à une guérilla dont le seul résultat fut un blocage institutionnel total. Les députés ont par exemple refusé à trois reprises de valider un projet d’accord négocié par le premier ministre d’alors, Theresa May. Mais ils ont également voté Non à… huit alternatives envisagées.

Bref, la chambre des Communes fait barrage, mais est trop divisée pour proposer une issue. En mai  de cette année, Mme May est alors poussée vers la sortie par ceux qui, au sein du Parti conservateur, considèrent que sa faiblesse – la volonté de préserver un compromis boiteux avec l’UE – n’a que trop duré.

Le 24 juillet, Boris Johnson remplace Theresa May, avec un seul mot d’ordre : mettre en œuvre le Brexit au 31 octobre, quoiqu’il arrive

Le 24 juillet, Boris Johnson la remplace, avec un seul mot d’ordre : mettre en œuvre le Brexit au 31 octobre, quoiqu’il arrive. Quitte pour cela à suspendre la session d’un Parlement paralysé et paralysant pendant cinq semaines – ce qui est inhabituel mais légal. Tant les forces pro-UE dans le pays que les médias européens dominants crient au coup de force – comme si le refus parlementaire de mettre en œuvre la volonté populaire depuis plus de trois ans n’était pas le véritable scandale…

Début septembre se forme donc formé un « front anti-Brexit » hétéroclite à Westminster, dont l’objectif officiel est d’empêcher une sortie sans accord (« no deal »), en réalité de faire capoter le Brexit. Fait sans précédent : une majorité de députés a voté pour se substituer au chef du gouvernement et forcer ce dernier à mendier un nouveau délai auprès de Bruxelles – une demande censée être examinée par le Conseil européen le 17 octobre.

Cerise sur le gâteau : les Travaillistes, qui ne cessaient de réclamer depuis deux ans des législatives anticipées comme seul moyen de résoudre la crise, ont finalement… bloqué cette voie qui nécessitait un vote de deux tiers des députés. Pour la plupart des observateurs, l’impasse paraît totale. D’autant qu’un nouveau report n’aboutirait à rien d’autre qu’à prolonger un feuilleton sans dessiner aucune issue.

S’affranchir du Parlement

Il reste désormais – parmi d’autres solutions – un chemin simple au chef du gouvernement : s’affranchir du vote du Parlement censé lui dicter sa conduite, et ne pas quémander aux Vingt-sept le énième report voulu par les députés. Les dirigeants européens ne pourront alors accorder ce dernier, et le pays sera ipso facto hors de l’UE le 31 octobre au soir. Variante : Londres transmet formellement la demande parlementaire, mais indique que le gouvernement ne soutient pas cette dernière.

Certes, on entend déjà les cris d’orfraie des uns et des autres, qui dénonceront certainement un « coup d’Etat » dans ce que la grande presse – en France comme en Allemagne, notamment – décrit comme « le berceau de la démocratie parlementaire dans l’histoire mondiale ». Mais cette voie est possible, car le seul verdict qui suivra sera celui des électeurs, puisqu’une motion de défiance sera, dans ce cas, certainement adoptée. Et, dans les semaines qui suivront, les citoyens ne devraient pas manquer de récompenser celui qui aura – après 40 mois de tergiversations – enfin réussi à trancher le nœud gordien.

Il faut « qu’on en finisse » clament non seulement les partisans de la sortie, mais également une part de ceux qui avaient voté contre cette dernière

Pour le locataire de Downing Street, suivre ce chemin est à la fois nécessaire et faisable. Et d’abord pour une raison largement sous-estimée par nombre d’analystes européens : l’immense ras-le-bol des électeurs face à un feuilleton grotesque, traumatisant et interminable. Il faut « qu’on en finisse » clament non seulement les partisans de la sortie, mais également une part de ceux qui avaient voté contre cette dernière, mais qui souhaitent que le résultat de 2016 soit respecté plutôt que de voir se prolonger la paralysie et les divisions qui s’immiscent jusque dans l’intimité des familles.

Un dernier élément doit également être pris en compte : à supposer que le premier ministre accepte de demander le report comme l’exigent les députés, rien n’indique que les Vingt-sept l’acceptent, car ils doivent se prononcer à l’unanimité. Certes, jusqu’à présent, les dirigeants de l’UE avaient une priorité : montrer que sortir de la secte UE conduisait au chaos (afin de dissuader d’autres peuples de suivre cette voie).

Mais ledit chaos s’étend désormais au-delà de la Manche. A Paris notamment, il se dit que la succession des reports finit par provoquer des incertitudes économiques menaçantes, sans apporter quelque issue que ce soit. C’était déjà ce qu’avait fait valoir Emmanuel Macron lors du sommet européen du 10 avril dernier, avant de se rallier à contrecœur à l’échéance d’octobre promue notamment par Angela Merkel.

Quoiqu’il en soit, l’essentiel est ce fait politique majeur : la volonté populaire de sortir a été exprimée en juin 2016 (et rien n’indique qu’elle se soit inversée) ; or l’époque est révolue où l’on pouvait s’asseoir sur cette dernière comme du temps des référendums français, néerlandais, mais aussi irlandais ou danois.

C’est cette réalité qu’oublient ceux qui ont les yeux rivés sur le prochain rebondissement du feuilleton, voire finissent par se convaincre que les manœuvres pourraient finalement berner le peuple britannique. Boris Johnson a assis sa crédibilité politique sur sa capacité à imposer le choix de celui-ci.

Il a désormais un chemin simple pour toucher au but.

(Les dernières infos et analyses complètes seront à retrouver dans l’édition de Ruptures prévue pour le 25 septembre)

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Sur RT, Pierre Lévy fait le point sur le Brexit après le report de six mois décidé par le Conseil européen

Par : pierre

Le Conseil européen extraordinaire du 10 avril a décidé de reporter de six mois l’échéance de la sortie du Royaume-Uni. Theresa May avait demandé une prolongation plus courte, mais différents dirigeants européens souhaitaient un délai plus long, de l’ordre d’une année.

Le pays devra en principe participer aux élections européennes, à moins qu’un accord au parlement britannique ne vote majoritairement en faveur de l’accord de divorce d’ici là.

La sortie aura bien lieu, mais ni ses conditions ni sont échéance n’ont été éclaircies.

Invité du journal de RT le 11 avril, Pierre Lévy, rédacteur en chef de Ruptures, revient sur ce feuilleton d’apparence complexe, mais dont le fond est finalement beaucoup plus simple…

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Le nouveau report du Brexit, décidé par le Conseil européen, exacerbe la colère des citoyens britanniques

Par : pierre

Les Vingt-sept ont décidé de décaler la sortie de l’Union européenne jusqu’en octobre au plus tard. Le feuilleton semble incompréhensible, mais le fond de l’affaire est simple : une majorité de citoyens veut sortir de l’UE, une majorité de députés était opposée à ce choix.

Ce sera donc le 31 octobre. Ou bien peut-être avant. La date de sortie du Royaume-Uni, initialement fixée au 29 mars, puis une première fois décalée au 12 avril, a donc été à nouveau reportée, cette fois de six mois, d’un commun accord entre les vingt-sept dirigeants de l’UE et le premier ministre britannique.

La décision a été prise lors du Conseil européen qui s’est prolongé tard dans la nuit du 10 avril, selon la tradition typiquement bruxelloise des « sommets de crise ». Theresa May avait demandé un délai seulement jusqu’au 30 juin. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, militait en faveur d’un report beaucoup plus long, par exemple d’une année. Et ce, dans l’espoir à peine dissimulé (mais vain) que, les mois passant, le Brexit pourrait bien être enterré.

Une bonne quinzaine de chefs de gouvernement, dont Angela Merkel, partageaient cette même position. A l’inverse, le président français, soutenu par trois ou quatre des ses homologues, avait affiché son intransigeance, et affirmé qu’une sortie sans accord et sans nouveau délai était envisageable. Entre Paris et Berlin, il y avait probablement un jeu de rôles et de postures ; mais il faut aussi noter que les intérêts sont divergents, notamment en termes d’échanges commerciaux.

Le Brexit pourrait être effectif avant l’échéance annoncée si les députés britanniques approuvaient d’ici là l’accord de divorce

Le compromis trouvé coupe donc la poire en deux. Il précise que le Brexit pourrait être effectif avant l’échéance annoncée si les députés britanniques approuvaient finalement l’accord de divorce qu’ils ont jusqu’à présent refusé trois fois. Un élément nouveau est cependant apparu : Mme May vient d’engager des discussions avec le chef de l’opposition travailliste dans l’espoir de trouver un compromis susceptible de recueillir finalement une majorité parlementaire. Et si une telle issue était trouvée avant le 22 mai, le pays pourrait même se dispenser d’organiser les élections européennes qu’il s’est engagé à tenir le 23 mai. Un scrutin particulièrement baroque dans un pays en passe de quitter l’UE, quand bien même la date de sortie reste aléatoire.

Enfin, les Vingt-sept comptent sur une attitude de « bonne foi » du Royaume-Uni, qui devrait s’engager à ne pas profiter de sa présence prolongée au sein de l’UE pour perturber la vie interne de celle-ci, notamment le renouvellement de ses instances, au printemps et à l’automne, ou pour bloquer des décisions importantes. Emmanuel Macron voulait des « garanties » à cet égard, mais il s’est retrouvé quelque peu isolé : il est en effet difficile juridiquement de contraindre ou de réduire au silence un pays toujours membre, a fortiori son parlement national ou ses eurodéputés.

Le Conseil européen de juin fera le point. Et celui prévu en octobre actera les évolutions survenues dans le paysage et les décisions politiques britanniques. A ce stade, un accord entre la direction des Tories et celle du Labour paraît peu vraisemblable : d’un côté, Jeremy Corbyn a peu de raisons de faire la courte échelle à Mme May ; de l’autre, si cette dernière fait trop de concessions, elle risque l’implosion de son propre parti. Et sans accord, il et peu probable que la Chambre des Communes approuve les termes du divorce qu’elle a déjà rejetés.

Les « lignes rouges » que les Vingt-sept s’interdisaient de franchir ont été régulièrement repoussées

Cependant, force est de constater que, depuis des mois, ce qui était improbable un jour est subitement devenu possible le lendemain. Les « lignes rouges » que les Vingt-sept s’interdisaient de franchir ont été régulièrement repoussées ; et il en va de même pour la chef du gouvernement britannique. Dès lors, bien malin qui peut prédire les prochains rebondissements politiques de l’autre côté de la Manche.

Même le scénariste le plus fou n’aurait pas imaginé les rebondissements du « feuilleton » engagé il y presque trois ans. Une des conséquences est la colère qui se répand parmi les citoyens britanniques. Ceux qui avaient voté pour sortir (52%) sont scandalisés que leur décision ne soit toujours pas appliquée. Et même certains de ceux qui voulaient rester ne comprennent pas les retards et atermoiements face à un verdict incontestable. Du coup, même si l’improbable deuxième référendum dont rêvent les pro-UE depuis le résultat du 23 juin 2016 se tenait, il n’inverserait pas forcément ce dernier, contrairement à ce que suggèrent les dirigeants européens et la presse « mainstream ».

Effet boomerang

Quoiqu’il en soit, le ras-le-bol face à une histoire qui paraît sans fin se répand parmi les citoyens britanniques. Et leurs voisins continentaux, pour beaucoup d’entre eux, n’y comprennent plus rien.

Pourtant, si les rebondissements et surprises donnent l’apparence d’une insondable complexité, le fond de l’histoire peut se résumer très simplement : les électeurs anglais se sont majoritairement exprimés pour sortir, mais une majorité de leurs députés était d’avis inverse. Et une partie de ceux-là ne rêvent que de remettre en cause le verdict populaire.

Quant aux dirigeants européens, certains continuent à espérer pouvoir inverser ce dernier, comme ils l’avaient fait en France et aux Pays-Bas, au Danemark et en Irlande. Sauf que l’époque n’est plus où les peuples se résignaient à ce déni de démocratie : depuis quelques années, l’Union européenne suscite des réticences nouvelles, voire un rejet croissant.

la priorité des chefs d’Etat et de gouvernement a d’emblée été de tout faire pour « pourrir la vie » des Britanniques

En tout cas, la priorité des chefs d’Etat et de gouvernement, comme de Bruxelles, a d’emblée été de tout faire pour « pourrir la vie » des Britanniques afin de dissuader d’autres peuples d’emprunter la même voie. Un peu comme quand un membre veut sortir de la secte : celle-ci n’hésite pas à employer tous les moyens pour le « punir » (menaces, chantage, attaques…) et dissuader ainsi d’autres velléités.

Mais en accumulant ainsi difficultés, imbroglios et menaces sur le chemin choisi par les Anglais, les dirigeants européens subissent désormais un « effet boomerang » : c’est toute la vie institutionnelle de l’UE qui se trouve phagocytée et minée par le Brexit. Pire : de l’aveu même de certains proches d’Emmanuel Macron, le spectacle conforte l’impression que la Grande-Bretagne est retenue contre son gré, et renforce ainsi le sentiment – à quelques mois des élections européennes – que l’Union est une « prison des peuples ».

L’image n’est pas très éloignée de la réalité. Dès lors, le problème de Bruxelles pourrait bien un jour s’aggraver : il ne s’agira plus seulement de retarder l’évasion d’un détenu, mais bien d’empêcher une mutinerie générale.

Toute l’analyse et les détails dans l’édition de Ruptures à paraître fin avril. Il n’est pas trop tôt, ni trop tard, pour s’abonner

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Le Royaume-Uni partira le 22 mai, ou peut-être même d’ici le 12 avril

Par : pierre

Depuis le 23 juin 2016 et le choix majoritaire du peuple britannique, l’issue finale était certaine : le Royaume-Uni sortirait bel et bien de l’Union européenne. Ce qui vient de s’éclaircir avec le sommet des Vingt-sept du 21 mars, ce sont le chemin, les modalités et les échéances. Certes, outre de toujours possibles ultimes rebondissements, il reste encore une incertitude importante : Londres partira-t-il le 22 mai moyennant l’accord de divorce signé en novembre dernier et assorti des garanties juridiques négociées en mi-mars ? Ou y aura-t-il une sortie « sans accord » le 12 avril ? La réponse sera fournie d’ici peu par les parlementaires britanniques.

Il y avait deux manières d’aborder ce qui s’est passé depuis près de trois ans. La première était de suivre au jour les jours les événements, sans prendre aucun recul. Et il faut bien reconnaître que l’incroyable suite de surprises, de rebondissements, de retournements, de coups de théâtre, d’affrontements internes et externes, de pièges, de chausse-trapes a dépassé tout ce qu’aurait pu concevoir le plus fou des scénaristes. Jusqu’au dernier moment, d’innombrables dirigeants politiques et commentateurs, des deux côtés de la Manche ont espéré que le résultat du référendum pourrait être inversé, ignoré ou gelé pour l’éternité.

le choix de juin 2016 n’était nullement une foucade conjoncturelle des Anglais

La seconde approche supposait, au contraire, de comprendre les mouvements politiques de fond, et notamment deux d’entre eux. D’une part, le choix de juin 2016 n’était nullement une foucade conjoncturelle des Anglais, mais s’inscrivait dans une tendance longue, marquée par un délitement de l’intégration européenne. Que celle-ci se soit d’abord concrétisée en Grande-Bretagne n’étonnera que ceux qui ignorent ou méprisent l’Histoire (et la géographie qui la détermine).

D’autre part, l’époque n’est plus où les dirigeants européens pouvaient tranquillement exiger que le résultat d’un référendum soit à nouveau soumis au vote jusqu’à ce que les électeurs donnent enfin la « bonne réponse », ou soit purement et simplement inversé. C’est ce qu’ont subi les Danois en 1992 (traité de Maëstricht), les Irlandais en 2001 (traité de Nice) et 2008 (traité de Lisbonne), ainsi bien sûr que les Français et les Néerlandais en 2005 (traité constitutionnel). Les temps ont changé, et les peuples supportent de moins en moins cette arrogance.

Beaucoup de partisans de l’intégration européenne auraient pu s’éviter trois ans de faux espoirs

Beaucoup de partisans de l’intégration européenne auraient pu s’éviter trois ans de faux espoirs et de vaines illusions s’ils avaient simplement mesuré la détermination de Theresa May. Arrivant au pouvoir dans la foulée du référendum, en juillet 2016, celle qui avait pourtant elle-même voté pour rester dans l’UE a affirmé : je suis ici pour remplir le mandat que les citoyens m’ont donné, et je le ferai.

Sans doute ne mesurait-elle pas elle-même l’incroyable déchaînement d’obstacles qu’allaient ériger ses innombrables détracteurs – bien sûr les Vingt-sept et la Commission européenne, de même que sa propre opposition parlementaire, ce qui est somme toute logique ; mais aussi ses adversaires parmi ses propres députés, ceux qui militaient pour une sortie sans accord, comme ceux – nombreux – qui espéraient que le pays resterait au sein de l’UE ; et jusqu’au sein de son propre gouvernement, y compris son numéro deux ainsi que le chancelier de l’Echiquier, et même son propre chef de cabinet !… A des degrés divers, les uns et les autres ont tenté de faire dérailler le processus, ou de le dénaturer. Et l’on ne compte pas les quolibets quotidiens, moquant les « humiliations », les « gifles », les « revers », les « défaites » subies par le premier ministre, et pronostiquant régulièrement (depuis trois ans) sa démission. Encore aujourd’hui, certains poussent le grotesque jusqu’à espérer cette issue comme arme pour un ultime retournement.

Jamais un autre dirigeant européen n’aura tenu tête à ses pairs d’une telle manière

Quoi qu’on pense par ailleurs des orientations politiques de Mme May, force est de le constater : jamais un autre dirigeant européen n’aura tenu tête à ses pairs d’une telle manière.

Enfin, le chemin de croix qui lui a été imposé avait un autre objectif : convaincre les peuples du Vieux continent que sortir de l’UE est un cauchemar, une catastrophe, une torture sans fin. Et à l’exaspération – ô combien compréhensible – des Britanniques eux-mêmes face à un dénouement toujours reculé, s’est ajouté le sentiment instillé aux Allemands, aux Français et à bien d’autres que, décidément, quitter le club est une impasse insupportable.

D’ici quelques semaines ou quelques mois, chacun pourra enfin le constater : le Royaume-Uni n’aura ni sombré ni subi on ne sait quelle infernale catastrophe économique.

Au contraire.

La prochaine édition de Ruptures (fin mars) reviendra en détail sur le Conseil européen et les suites du dossier. Il n’est pas trop tard pour s’abonner

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Nouvelle étape vers le Brexit

Par : pierre

L’intervention de la chef du gouvernement britannique devant son Parlement, le 26 février, a, comme d’habitude, suscité de la part de beaucoup d’observateurs des spéculations sur la possible remise en cause du Brexit. Comme à chaque fois, ces « analyses » sont démenties par la réalité des faits. Il est vrai que les mêmes experts ont affirmé un nombre incalculable de fois depuis trente mois que le premier ministre était un « cadavre ambulant » et courait à la démission.

Le plan proposé par Theresa May, repris par un amendement de deux députés, a été massivement approuvé par les parlementaires le 27 février. Il est conçu en trois étapes possibles. Le 12 mars, un vote important aura lieu : les députés seront à nouveau interrogés sur l’accord de divorce conclu entre Londres et Bruxelles en novembre dernier. En cas de vote négatif, ils devront se prononcer, le lendemain, sur une sortie sans aucun accord négocié. Et si c’est un deuxième Non, ils seront consultés, le 14 mars, sur un décalage « limité dans le temps » de la date de sortie de l’UE programmée pour le 29 mars. Mais l’extension de la période de négociation ne pourrait pas, en tout état de cause, être supérieure à trois mois.

L’accord de divorce avait été rejeté par les parlementaires le 15 janvier ; puis approuvé le 29 janvier (cf. Ruptures du 31/01/19), moyennant une réserve importante : que la disposition dite « filet de sécurité » portant sur la frontière entre les deux Irlande soit modifiée. Et ce, afin d’éviter le risque de condamner le Royaume-Uni à rester indéfiniment dans l’union douanière européenne.

Theresa May a entamé d’ultimes pourparlers avec ses « partenaires » de l’UE

Theresa May a donc entamé d’ultimes pourparlers avec ses « partenaires » de l’UE. Ces tractations sont toujours en cours, et pourraient durer jusqu’au dernier moment. Officiellement, les Vingt-sept refusent de modifier l’accord de divorce négocié ; ils pourraient cependant fournir des garanties politiques dans la déclaration d’accompagnement, et conférer à celle-ci un caractère plus contraignant. C’est du moins ce sur quoi compte Mme May.

Contrairement aux prédictions de nombreux analystes, il n’est pas improbable que cette stratégie fonctionne. Le 15 janvier, l’accord avait été rejeté par une coalition hétéroclite entre députés pro-UE, et partisans d’un Brexit qui ne soit pas sapé par ledit « filet de sécurité ». Ces derniers pourraient cette fois se rallier à la nouvelle mouture s’ils estiment les garanties suffisantes. Vis-à-vis de ces « Brexiters », Mme May, tactiquement, a brandi le risque que de nouveaux atermoiements puissent compromettre la sortie effective.

« si nous n’avons pas le choix, nous ferons en sorte que le Brexit sans accord soit une réussite »

En réalité, elle a bien précisé que même en cas de report de l’échéance, cela « n’exclurait pas un Brexit sans accord ». Et confirmé qu’un tel « Brexit dur » restait une possibilité : « si nous n’avons pas le choix, nous ferons en sorte que le Brexit sans accord soit une réussite ». Le fantasme d’un nouveau référendum, imaginé par ceux qui voudraient faire voter les citoyens autant de fois que nécessaire pour obtenir la « bonne » réponse, et désormais évoqué par le chef des Travaillistes, est totalement rejeté par Mme May qui, seule, aurait le pouvoir de le déclencher.

Vu du continent, tout cela peut paraître tortueux. Mais ces rebondissements successifs s’expliquent par deux facteurs. Le premier est l’éclatement du spectre des parlementaires britanniques. Les deux grands partis ont toujours été divisés sur le Brexit. Par exemple, l’écrasante majorité de l’appareil et des cadres travaillistes déplorent la sortie de l’Union européenne, mais une part de l’électorat de ce parti y est favorable, et même très majoritairement au sein des classes populaires.

Quant aux députés conservateurs, certains sont et restent de fervents amoureux de l’UE, d’autres sont des militants – à des degrés divers de radicalité – du Brexit, et d’autres encore sont des fidèles de Theresa May et des stratégies que cette dernière doit mettre en œuvre pour, finalement, faire respecter le vote populaire de juin 2016.

Les dirigeants européens se sont toujours efforcés de donner au Brexit une apparence la plus douloureuse, la plus cataclysmique possible

Le second facteur tient à la détermination des dirigeants européens pour donner au Brexit une apparence la plus douloureuse, la plus cataclysmique possible. Il s’agit d’éviter à tout prix que l’exemple anglais fasse école. Par exemple, un débat est resté célèbre auquel avaient participé Emmanuel Macron, qui n’était pas encore président, l’inénarrable Daniel Cohn-Bendit, ainsi que Jean Quatremer, journaliste à Libération connu pour son engagement caricaturalement pro-UE. Ce dernier avait ainsi résumé, sans précaution diplomatique, l’état d’esprit des débatteurs : « on va leur faire bouffer, le Brexit »…

Dès lors, la où une négociation entre partenaires de bonne foi aurait dû avoir lieu avec l’objectif d’un accord équilibré et non punitif, on a assisté à un bras de fer permanent à travers lequel Bruxelles rêvait d’imposer ses conditions léonines.

Theresa May tient bon depuis près de trois ans, contre vents et marées

Depuis le début, Theresa May a dû batailler contre les Vingt-sept ; contre son opposition parlementaire ; mais aussi contre un pan important des députes de son parti ; et même contre une part de son propre gouvernement. Par vagues successives, des ministres ont quitté le cabinet – et d’autres encore s’apprêtaient à le faire, d’où l’annonce du calendrier en trois temps formulée le 26. Au sein du cabinet, son numéro 2 n’est pas un partisan du Brexit, et son propre chef de cabinet non plus…

C’est dans ces conditions que Theresa May tient bon depuis près de trois ans, contre vents et marées. Même si elle a dû faire des concessions à Bruxelles, elle n’en démord pas : sa mission est et reste de mettre en œuvre le verdict populaire.

Quels que soient de toujours possibles rebondissements, on voit mal pourquoi elle dévierait de cette ligne à l’approche du but.

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Brexit : victoire éclatante de Theresa May au sein de son parlement

Par : pierre

C’est une victoire éclatante qu’a remportée Theresa May à l’issue de la séance parlementaire décisive qui s’est tenue le 29 janvier. La plupart des correspondants des journaux européens prédisaient (espéraient, en fait) que les députés britanniques allaient imposer au premier ministre des dispositions de nature à faire échouer le Brexit ; ils ont été pris totalement à contre-pied.

Car une majorité de parlementaires a voté le texte du gouvernement actant l’état des négociations avec Bruxelles, texte désormais nanti d’un amendement décisif : celui-ci donne mandat à Mme May de retourner à Bruxelles pour exiger des Vingt-sept une modification essentielle du projet de divorce signé en novembre dernier.

Theresa May, selon cet amendement (qu’elle soutenait vivement et qui fut finalement adopté par 317 voix contre 301), doit renégocier ledit « filet de sécurité » (« backstop »). Cette disposition prévoyait que le Royaume-Uni devait rester dans l’Union douanière avec l’UE aussi longtemps qu’une solution pérenne quant à la frontière entre les deux Irlande n’était pas trouvée – c’est-à-dire potentiellement indéfiniment, accusaient ses détracteurs.

Tous les amendements qui concrétisaient les différents espoirs des adversaires du Brexit ont été rejetés

Certes, un autre amendement affirme l’opposition des députés à un Brexit sans accord (« no deal »), mais il n’est nullement contraignant. Surtout, tous les autres amendements qui concrétisaient les différents espoirs des adversaires du Brexit ont été rejetés : pouvoir accordé au Parlement pour déterminer lui-même différentes alternatives remettant en cause la sortie du Royaume-Uni, voire pour imposer l’une d’entre elles ; report de la date prévue (29 mars), ou bien faculté du Parlement d’imposer un tel report…

Bref, Theresa May garde la main, démentant ainsi ceux qui pronostiquaient que le Parlement britannique allait unilatéralement « prendre le contrôle ». Une prédiction qui était juridiquement infondée – dans la jurisprudence constitutionnelle britannique, le premier ministre reste le maître à bord tant qu’une motion de censure ne l’a pas chassé ; et qui s’est surtout révélée politiquement erronée, la capacité de rebondir de Theresa May ayant, pour la énième fois, été sous-estimée.

Suite de l’article, et dossier complet dans l’édition du mensuel à paraître le 31 janvier

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Il n’y a pas d’Exit heureux (auteur invité)

Par : pierre

Une session décisive du Parlement britannique aura lieu mardi 29 janvier. L’édition à paraître de Ruptures y consacrera une large place. Avant cela, nous reproduisons ici une analyse parue sur le Blog des Descartes. En raison de l’intérêt de la problématique évoquée par ce texte, nous faisons ainsi une rare exception à la règle de ne publier que des articles de la rédaction.

La crise politique qui secoue aujourd’hui la Grande Bretagne doit être pour tous ceux qui souhaitent un retour à la souveraineté nationale et qui s’imaginent naïvement qu’un tel retour pourrait se faire dans la joie et l’allégresse un sérieux avertissement. Je suis d’ailleurs toujours surpris qu’on puisse trouver parmi les souverainistes des gens qui, aveuglés par une sorte de juridisme primaire, arrivent à oublier qu’en matière de souveraineté le droit cède à la politique, et qu’un acte politique d’une telle portée ne peut que revêtir une dimension tragique.

Comment ces gens-là voient-ils le Frexit ? Après un référendum qui aura approuvé une sortie de l’Union européenne, on commencera par déposer une lettre d’intention conformément à l’article 50 du Traité. On négociera ensuite sagement pendant deux ans, et à l’issue de cette période on signera avec l’Union européenne un traité équilibré et on récupérera toute notre souveraineté tout en gardant avec nos anciens partenaires des relations cordiales. Il ne restera alors plus qu’à déboucher le champagne.

Sauf que ça ne se passera pas comme ça. Ça ne peut pas se passer comme ça. Car il en va de l’UE comme de la Mafia : personne ne doit pouvoir quitter l’organisation et vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants. Une telle situation condamnerait sans appel la construction européenne. Si le Brexit devait réussir, si la Grande Bretagne se portait mieux hors de l’Union européenne que lorsqu’elle en était membre, cela pourrait donner de très mauvaises idées à d’autres pays. Il est donc capital pour les institutions bruxelloises que le Brexit soit un échec, un désastre, une catastrophe. C’est la seule manière de cultiver cette peur qui est devenue aujourd’hui le seul moyen de maintenir les peuples coincés dans l’ensemble européen. Nous ne sommes plus liés par l’amour, mais par l’épouvante, comme disait Borges.

Imaginer que Bruxelles pourrait négocier de bonne foi est absurde

L’hypocrisie de l’article 50 apparaît dans cette affaire dans toute son étendue. Prévoir deux ans d’une négociation que l’une des parties a tout intérêt à faire échouer ne sert à rien, sauf à user la volonté du pays qui a décidé de sortir, de donner le temps à ses élites pour trouver un moyen de revenir en arrière, aux majorités de changer. Imaginer que Bruxelles pourrait négocier de bonne foi, que les bonzes de la Commission pourraient rechercher un équilibre juste entre les intérêts des pays de l’Union et ceux de celui qui va la quitter est absurde. Le but des négociateurs bruxellois sera de montrer que hors de l’Union, point de salut.

Et pour cela, ils peuvent compter sur la complicité des élites politiques du pays sortant, élites qui portent les intérêts du « bloc dominant », principal bénéficiaire de la construction maestrichienne. Peut-on compter sur ces gens, totalement acquis à l’Union européenne, pour négocier le meilleur compromis de sortie pour leur pays ? Pour rédiger et passer la meilleure législation permettant au pays de fonctionner après la sortie ? Ou seront-ils plutôt tentés par la politique du pire pour démontrer au peuple que la sortie est impossible, que l’Union européenne est l’horizon indépassable ?

L’expérience britannique montre comment les intérêts bruxellois et ceux du « bloc dominant » local se conjuguent pour produire un accord inacceptable – au point que les deux tiers des membres de la Chambre des Communes ont voté contre le gouvernement – tout en s’assurant que le pays ne soit pas préparé à une sortie « sèche » ce qui justifie la campagne de terreur contre cette éventualité. L’objectif, qui devient clair avec le temps, est de reporter la sortie sine die, le temps de trouver un « accord acceptable » – autant dire, jusqu’à la Saint-Glinglin, puisque l’Union européenne ne proposera jamais quelque chose d’acceptable pour les britanniques – solution élégante qui permet de s’asseoir sur le résultat du référendum tout en faisant mine de le respecter.

la sortie de l’Union européenne, c’est une guerre de libération

Il ne faut pas se tromper : la sortie de l’Union européenne, c’est une guerre de libération. Bien sûr, une guerre feutrée, ou les armes ne sont pas des chars et des canons, mais des armes économiques. Imaginer que l’Union européenne hésitera à saboter l’économie, la santé, la cohésion territoriale du pays sortant au nom d’on ne sait quelle « amitié européenne » c’est se bercer de douces illusions. On l’a vu avec la Grèce. Dans les rapports internationaux – et, on a tendance à l’oublier, les rapports entre états européens sont des rapports internationaux – il n’y a pas beaucoup de place pour les sentiments ou les principes. Et si vous ne me croyez pas, regardez ce qu’ont été les discussions sur le Brexit. Menaces d’asphyxie économique, soutien ouvert ou déguisé aux indépendantismes en Ecosse et dans l’Ulster, campagnes sur une prochaine pénurie de médicaments ou de papier hygiénique – non, le ridicule ne tue pas – si le Brexit devait avoir lieu…

Imaginer qu’on puisse récupérer les instruments de la souveraineté à travers un Frexit négocié, c’est aussi absurde qu’imaginer que Vichy aurait pu récupérer la pleine souveraineté en négociant avec le IIIème Reich

Ceux qui – et je me compte parmi eux – militent pour un retour à la pleine souveraineté de notre pays doivent prendre conscience que le Frexit – comme n’importe quel « exit » – ne sera pas, ne peut pas être un dîner de gala. Bruxelles fera tout, y compris le pire, pour montrer que hors de l’Union point de salut. C’est pour les institutions européennes une question existentielle. Imaginer qu’on puisse récupérer les instruments de la souveraineté à travers un Frexit négocié, c’est aussi absurde qu’imaginer que Vichy aurait pu récupérer la pleine souveraineté en négociant avec le IIIème Reich. Cela n’existe tout simplement pas. Secouer le joug d’une domination est toujours douloureux, coûteux, tragique. Et ceux qui choisissent cette voie doivent être prêts à assumer le fait qu’à court terme du moins ils n’ont à proposer, comme disait Churchill, que du sang, de la sueur et des larmes. Comme tout choix véritablement politique, le choix du Frexit est nécessairement un choix tragique.

Que serait devenue la France si nos ancêtres, voyant à quel point les britanniques « galéraient » sous le Blitz, avaient conclu que combattre les Allemands était une « folie » ?

C’est là le point faible dans la médiatisation du projet souverainiste. Alors que le champ idéologique est dominé par des classes intermédiaires hédonistes qui tiennent avant tout à leur petit confort, il est difficile de parler d’effort et de sacrifice. Rien n’illustre mieux cette idéologie que le récent « tweet » de Ian Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes, qui décidément commence bien mal sa campagne. Voici ce qu’il écrit : « Quand on voit à quel point la Grande-Bretagne galère avec le Brexit, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France. Pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne ». Étonnant de voir un dirigeant communiste invoquer l’esprit de madame Thacher en proclamant « qu’il n’y a pas d’autre choix ». Mais surtout, que serait devenue la France si nos ancêtres, voyant à quel point les britanniques « galéraient » sous le Blitz, avaient conclu que combattre les Allemands était une « folie » ? On a envie de pleurer lorsqu’on pense que ce sont les héritiers du « parti des fusillés » qui tient ce genre de propos. Un parti qui se dit « révolutionnaire » mais qui craint les « galères ». A quand « la révolution sans effort » ?

Et ne croyez pas que c’est mieux ailleurs. S’il y a quelque chose qui réunit Bayrou et Marine Le Pen, Brossat et Hamon, Faure et Wauquiez, Dupont-Aignan et Jadot, Macron et Mélenchon, c’est la croyance que le salut viendra non pas de la reprise en main de nos affaires, mais de la « transformation profonde de l’Union européenne ». Transformation qui, bien entendu sera indolore pour tout le monde sauf peut-être pour le « 1% », c’est-à-dire, l’autre. Tous ces personnages communient dans le rejet de la « galère » que serait une sortie de l’UE. Et c’est logique : cette « galère » terrorise les classes intermédiaires, qui tiennent à leur statut et n’aiment l’effort que quand ce sont les autres qui le font. Remarquez, on a toujours le choix de voter pour l’UPR qui, elle, croit au « Frexit heureux » par la magie du droit…

On ne sortira pas de l’Union européenne en pantoufles

C’est pourquoi le seul espoir du camp souverainiste est de construire un récit qui soit à la foi réaliste et mobilisateur. Inutile de raconter que demain on rase gratis, notre peuple sait très bien ce qu’il faut faire de ce type de discours. La sortie de l’Union européenne serait aujourd’hui, comme la Résistance hier, une aventure. Il est irresponsable – et peu crédible – de dire le contraire. On ne sortira pas de l’Union européenne en pantoufles. Alors autant avoir du panache et raconter le Frexit comme une aventure exaltante, et non comme une noce chez les petits bourgeois. La France populaire est prête à accepter des efforts et des sacrifices – elle en a fait beaucoup ces dernières années – à condition qu’ils soient justement repartis et surtout qu’ils aient un sens, d’où le besoin d’un « récit » d’avenir qui soit plus attractif que le darwinisme social qu’on nous propose. Un « récit » terriblement difficile à construire, dans la mesure où l’ensemble de l’establishment politico-médiatique est bien décidé à en empêcher l’émergence. C’est pourquoi le travail politique fondamental à mes yeux pour les progressistes aujourd’hui est la défense des jeunes pousses de ce « récit », contre tous ceux qui prêchent la soumission et la résignation comme moyen d’éviter les « galères ».

Tant pis si la lutte est cruelle.
Après la pluie, le temps est beau.

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Brexit : le « feuilleton » continue, mais ceux qui rêvent d’inverser le verdict populaire seront déçus

Par : pierre

Le rejet par les parlementaires britanniques du projet d’accord portant sur les conditions du Brexit était attendu. Son ampleur – 432 votes contre sur 650 députés – a cependant surpris nombre d’observateurs. Une chose est certaine : le « feuilleton » est loin d’être terminé.

A l’issue du scrutin, le premier ministre, Theresa May, a pris acte du « message » des parlementaires, mais noté que ce vote de la Chambre des Communes « ne dit rien sur la manière dont celle-ci entend honorer la décision du peuple britannique ».

Pour comprendre l’impasse actuelle, il faut remonter au référendum de juin 2016 qui avait vu 52% des citoyens se prononcer pour la sortie de l’Union européenne – un événement historique sans précédent. Or pas moins de 70% des membres du parlement actuel avaient pris position à l’époque pour rester dans l’Union.

Face à la force du verdict populaire cependant, il était politiquement difficile de passer outre. Mais dès lors que les pourparlers en vue d’une sortie négociée du Royaume-Uni se sont engagés avec Bruxelles, Mme May s’est retrouvée sous une immense pression, de la part de toutes les forces pro-UE en Grande-Bretagne, conjuguée à celles des Vingt-sept Etats membres.

Elle a fait le choix politique de négocier des concessions pour éviter un Brexit sans accord, acceptant notamment de rester au sein de l’union douanière pendant une période provisoire, mais dont le terme dépendait de la bonne volonté des dirigeants européens. Les Vingt-sept ont en particulier joué sur le levier de la frontière entre les deux Irlande, dramatisant un problème qui aurait pu être réglé de manière technique sans difficulté majeure.

Les concessions de Theresa May à Bruxelles ont heurté nombre de députés pro-Brexit

Ces concessions (y compris financières) non négligeables ont heurté nombre de députés pro-Brexit, particulièrement au sein même du parti conservateur. Theresa May s’est donc retrouvée prise en étau entre élus pro-UE d’un côté, et partisans d’un Brexit radical de l’autre. Cette coalition contre-nature et de circonstance a abouti au vote du 15 janvier, et redonné aux partisans de l’intégration européenne, des deux côtés de la Manche, l’espoir de pouvoir inverser le référendum de 2016. Ils rêvent pour ce faire de multiples scénarios, dont le recours à une seconde consultation.

Souvenirs…

A ce stade, ce coup de force est très hypothétique, tant pour des questions de délai – il est désormais question de repousser l’échéance de la sortie prévue le 29 mars – que du fait de l’impossibilité de trouver une formulation consensuelle de la question à poser.

Il reste que cette configuration rappelle quelques souvenirs à plusieurs peuples : au Danemark, en Irlande, aux Pays-Bas, et bien sûr en France, l’histoire des référendums portant sur des questions liées à l’UE est l’histoire de verdicts électoraux finalement inversés ou piétinés par l’acharnement conjugué de Bruxelles et des dirigeants nationaux.

En France, le projet de « constitution européenne » de 2005 était soutenu par 80% des parlementaires au moment où le peuple rejetait massivement ce traité.

Ainsi, en France, le projet de « constitution européenne » de 2005 était soutenu par 80% des parlementaires au moment où le peuple rejetait massivement ce traité. En matière de contradiction entre volonté populaire et engagement de ceux qui sont censés la représenter, le Royaume-Uni n’a donc pas l’exclusivité… On sait comment les dirigeants européens ont délibérément contourné le vote des Français (et des Néerlandais).

Comme l’affirme Mme May qui, à juste titre, refuse la tenue d’un nouveau référendum, celui-ci constituerait un scandale démocratique. Cela signifierait que la volonté populaire peut être piétinée quand elle s’exprime contre l’idée européenne, mais qu’elle est définitive dès lors qu’elle irait dans le sens de celle-ci. Car les partisans de cette consultation excluent évidemment une troisième manche si le résultat leur était favorable.

Ce qui, au demeurant, serait très loin d’être assuré. Les sondages affirment aujourd’hui que ceux qui souhaitent rester dans l’Union seraient légèrement majoritaires. Mais les mêmes instituts avaient pronostiqué en 2016 une défaite du Brexit…

Les Britanniques qui se sont prononcés pour que leur pays recouvre sa souveraineté n’ont pas changé d’avis

En réalité, les Britanniques qui se sont prononcés pour que leur pays recouvre sa souveraineté n’ont pas changé d’avis. Et s’il est vrai que nombre de citoyens sont épuisés ou agacés par la situation actuelle, ce n’est pas qu’ils rejettent désormais le Brexit (qui n’a pas encore eu lieu) mais plutôt le processus interminable dont on ne voit pas la fin.

On peut même affirmer que le soutien à l’UE est bien inférieur à la moitié de la population qui a voté contre la sortie de l’Union. Simplement, en 2016 et plus encore aujourd’hui, les europhiles n’ont jamais cessé leur chantage à la peur du vide et au chaos.

« C’est mon devoir de mettre en œuvre les instructions (des électeurs en 2016) et j’ai l’intention de le faire » – Theresa May

Après le vote aux Communes, Mme May, certes fragilisée, reste ferme sur son refus d’une nouvelle consultation, ainsi que sur sa volonté : « c’est mon devoir de mettre en œuvre les instructions (des électeurs en 2016) et j’ai l’intention de le faire ».

Depuis 2005, les temps ont profondément changé. En France par exemple, les Gilets jaunes ont surgi, semant la terreur dans les allées du pouvoir. Si, par hypothèse d’école, les dirigeants européens réussissaient, à force de manœuvres, à garder un pays dans la secte européenne contre sa volonté, ce serait une victoire qui leur serait probablement fatale : la « vague populiste » qu’ils redoutent déjà, notamment à l’occasion des prochaines élections européennes, pourrait alors prendre une ampleur qu’il n’imaginent même pas…

Mais pour l’heure, on peut l’affirmer : l’incertitude est plus forte que jamais quant à ses conditions et délais, mais le Brexit aura bel et bien lieu.

La prochaine édition de Ruptures à paraître fin janvier reviendra en détails sur l’état actuel du Brexit : contexte, scénarios et perspectives. Pour recevoir cette édition, il n’est pas trop tôt – ni trop tard… – pour s’abonner.

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L’accord de divorce que le Royaume-uni vient de conclure avec l’UE sera-t-il validé par le Parlement britannique ?

Par : pierre

Le dossier Brexit n’est pas clos, loin de là. Une seule chose est certaine – et c’est l’essentiel : pour la première fois, un Etat membre sortira de l’UE. Ce sera formellement le cas, le 29 mars prochain, pour le Royaume-Uni. Et ce, conformément au choix exprimé par une majorité d’électeurs en juin 2016. Contrairement aux rêves de ceux pour qui un « Non » doit toujours être remis en question, il n’y aura pas de second référendum.

Pour le reste, l’incertitude demeure : le traité de divorce annoncé le 14 novembre, après presque deux ans de laborieuses négociations entre Londres et Bruxelles, sera-t-il approuvé par le Parlement britannique ? Et si oui, comment se dessineront les nouvelles négociations censées aboutir, en principe d’ici fin 2020, à un vaste accord régissant les futures relations entre les deux parties ?

A l’inverse, si Westminster refusait le projet, le Royaume-Uni larguerait sèchement les amarres. Une hypothèse synonyme de cataclysme selon les dirigeants européens. Certes, dans ce dernier cas, de nombreux problèmes techniques seraient à résoudre, dans un climat inévitablement tendu. De là à décrire une situation de paralysie totale, des Anglais menacés par des pénuries effrayantes, et un chaos économique continental sans précédent … Les exagérations qu’on entend de diverses parts ne sont certainement pas innocentes.

A ce stade, le projet d’accord ligue contre lui, dans le microcosme politique anglais, deux groupes antagonistes : d’une part les députés qui restent indécrottablement nostalgiques de l’intégration européenne ; d’autre part les partisans d’un Brexit rompant clairement et rapidement avec toute dépendance vis-à-vis de Bruxelles.

Le choix pour les amis de Mme May « est désormais entre le reniement de leur promesse politique absurde ou le désastre économique »  – Bruno Le Maire (et ses gros sabots)

On peut parfaitement comprendre la frustration de ces derniers. Car le Premier ministre, Theresa May, a dû accepter d’importantes concessions. Les Vingt-sept entendaient imposer un divorce le plus défavorable et coûteux possible aux Anglais, dans le but quasi avoué de dissuader les peuples tentés de choisir eux aussi la sortie. Revanchard, Bruno Le Maire déclarait ainsi, alors que l’encre de l’accord était à peine sèche, que le choix pour les amis de Mme May « est désormais entre le reniement de leur promesse politique absurde ou le désastre économique ». Difficile, pour le ministre français de l’Economie, d’avancer avec de plus gros sabots…

Période de transition

L’accord prévoit une « période de transition », jusqu’en décembre 2020, pendant laquelle le pays, certes sorti de l’UE, sera encore soumis aux obligations communautaires. Cette période pourrait même être prolongée d’un an si les deux parties estiment que c’est nécessaire pour fignoler le futur cadre des relations de long terme (dont les relations commerciales).

Deux points du divorce avaient déjà été actés depuis quelques mois : le statut des expatriés, ainsi que les sommes que Londres s’engage à continuer à verser au pot communautaire pour solder ses engagements antérieurs.

Restait le casse-tête de la frontière entre l’Irlande du Nord (qui fait partie du Royaume-Uni) et la République d’Irlande, membre de l’UE. Londres, Dublin et Bruxelles partageaient le but d’éviter le rétablissement de postes de douane. Mais les dirigeants européens ont proclamé vouloir préserver l’intégrité du « marché intérieur » de l’UE, et avaient donc demandé que l’Irlande du Nord reste soumise aux règles de ce marché unique.

Pas question d’accepter une frontière interne au Royaume-Uni, a martelé Londres, qui a, dès lors, accepté que le pays tout entier reste membre de l’union douanière européenne, sa province irlandaise ayant des obligations renforcées. Mais cette concession ne serait mise en œuvre que si n’était pas trouvée, d’ici 2020, une solution plus satisfaisante pour l’après période transitoire.

Une concession majeure théoriquement donc limitée dans le temps (impliquant cependant le bon vouloir de l’UE), mais qui entraîne notamment de l’acceptation de l’autorité de la Cour de Justice européenne, dont les Britanniques voulaient se débarrasser. De même, le moment où le pays pourra négocier ses propres accords commerciaux avec des pays tiers, est reporté.

Calendes grecques ?

Reporté aux calendes grecques ? Telle est la crainte de nombreux Brexiters. Certains se sentent, de bonne foi, floués. D’autres – au sein même du parti conservateur – s’insurgent contre le « deal » pour des ambitions moins avouables visant à faire chuter Mme May.

Jusqu’à présent cependant, celle-ci a résisté à toutes les épreuves, alors que sa démission est très régulièrement pronostiquée depuis qu’elle est entrée en fonctions, en juillet 2016. La conjonction des oppositions au Parlement, qui doit se prononcer mi-décembre, pourrait, sur le papier, rejeter l’accord. Mais Mme May n’a pas dit son dernier mot.

Quant au Parti travailliste – lui-même divisé – il a également annoncé son intention de voter contre, avec l’espoir de déstabiliser ainsi le gouvernement et de se rapprocher des portes du pouvoir. Sur le fond pourtant, cette attitude est paradoxale, en tout cas pour Jeremy Corbyn, qui défend des renationalisations de services publics, particulièrement du rail, et une rupture nette avec l’austérité – des propositions très populaires.

Mais qui ne sont envisageables que si le pays n’est plus sous la coupe de l’Union européenne…

 

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