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Cette interview “historique” dans tous les sens du terme est importante car elle éclaire des points majeurs sur les relations entre Israël et l’Iran :
Une interview indispensable pour comprendre le jeu entre Israël et l’Iran, devenu vital pour la paix dans le monde.
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Personne n’a pu échapper à l’attaque d’Israël par des drones iraniens, samedi soir. Beaucoup de médias occidentaux ont présenté cet événement comme une première historique et comme une escalade vers un conflit régional. Il n’était pas inutile de rappeler quelques points essentiels :
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Le 3 janvier 2020, Donald Trump donnait l’ordre de frapper, depuis un drone, le convoi du Général iranien Qasem Soleimani qui venait de quitter l’aéroport de Baghdad, pour une rencontre avec Adil Abdul-Mahdi, le Premier ministre irakien.
Outre la lâcheté d’une telle frappe, qui faisait soudain ressembler Donald Trump à son prédécesseur honni, Barack Obama, connu pour son goût des assassinats de civils ou de militaires par drone interposé, on peut dire, avec le recul, que la mort de Soleimani n’a pas eu l’impact attendu par les Américains. On frappe à la tête pour désorganiser l’ennemi, le sidérer, voire le forcer à se rendre.
En l’occurrence, il s’est passé le contraire. La détermination de ce qu’on appelle l’axe de la Résistance (Iran, Syrie, milices chiites en Iraq, Hezbollah au Liban, Ansarallah au Yemen) en est sortie renforcée.
En 1968, les étudiants du monde manifestaient en réclamant que les “Vietnam” se multiplient pour mettre en échec l’impérialisme américain. Aujourd’hui, beaucoup sont devenus des bourgeois ventripotents qui soutiennent l’impérialisme américain version “néocon”. Mais dans les manifestations en défense des Palestiniens, on aurait toutes les raisons de scander: ”Un, deux, trois Soleimani!”? Ce ne serait plus un vœu. Mais une réalité.
Les assassinats que vient de perpétrer Israêl, à quelques mois d’intervalle -Sayyed Razi Mousavi, à Damas le jour de Noël 2023; Saleh El-Arouri à Beyrouth le 2 janvier 2024 ; le Général Mohammad Reza Zahedi et plusieurs de ses adjoints le 1er avril lors du bombardement du consulat d’Iran à Damas – ressemblent à s’y méprendre à celui de Soleimani. Non seulement dans les formes mais à cause des cibles visées. L’Iranien Mousavi était un collaborateur de Soleimani. Et Saled El-Arouri est représentatif des résistants palestiniens formés par le Général. Zahedi était son successeur à la tête du CGRI.
Les graphiques que je reproduis ici concernant Soleimani sont tirés d’un compte X/canal Telegram qui offre un fil quasi-continu des événements actuellement en cours au Proche-Orient.
On comprend plusieurs choses essentielles, en lisant ce travail méticuleux:
+ pendant que les médias occidentaux se focalisaient sur Ben Laden et Al-Qaïda, ce sont Soleimani et l’Iran qui changeaient la face du Proche-Orient.
+ Le partage religieux des influences sous la forme du célèbre accord passé entre Hassan El-Banna, le fondateur des Frères musulmans, et l’Ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique d’Iran, reste sans doute vrai sur le plan religieux. Mais il ne rend pas compte de l’affrontement en cours, déterminé par la géopolitique et les nations, non plus par la religion. Chiites et sunnites ont été réconciliés par l’agressivité israélienne et américaine vis-à-vis de tous les courants de l’Islam.
+ Soleimani a enseigné aux Palestiniens comment penser dans le temps long, selon les règles d’une guerre asymétrique, développée dans un milieu aménagé ad hoc. Non seulement le Général a été essentiel pour la construction du réseau de tunnels qui servent de refuge aux mouvements combattants. Mais il a enseigné aussi aux Palestiniens comment se mettre à fabriquer leurs propres armes.
+ Comme la Résistance chiite irakienne et les Houthis d’Ansarallah, les Palestiniens ont adopté et adapté, sous l’impulsion de l’ancien chef du CGRI, la stratégie de combat du Hezbollah. Le chef militaire de la branche combattante du Hamas, Sinwar, s’est rendu, au milieu des années 2010, en Iran, pour une formation spécifique auprès des Gardiens de la Révolution.
+ Enfin, on ne saurait trop insister sur l’importance de la « méthode Soleimani » pour amener tous les mouvements combattants palestiniens à se réconcilier et s’unir dans une lutte de libération nationale : branches armées du Hamas, du Jihad islamique international, du Front Populaire de Libération de la Palestine.
Les Occidentaux – en tout cas leurs médias, répètent « Hamas » pour désigner les combattants palestiniens, sans voir le rôle joué par les autres mouvements.
La méthode Soleimani consiste d’une part dans des transferts technologiques, d’autre part dans la formation des unités combattantes. Le principe directeur est de rendre les mouvements combattants autonomes, au besoin indépendants les uns des autres.
Lorsque le Hezbollah ou l’Iran disent ne pas avoir été informés à l’avance par la Résistance Palestinienne de l’attaque du 7 octobre, c’est à la fois vrai et faux. Vrai sans doute dans les détails opérationnels. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait eu aucune interaction entre les différentes composantes de l’Axe de la Résistance. Et la formule de Gilles Kepel, qui a parlé du 7 octobre comme d’un “11 septembre chiite” touche un aspect important de ce qui est en cours.
Il faut bien comprendre, cependant, que les clivages religieux ne sont plus ce qui détermine le conflit du Proche-Orient. On a trois parties en présence.
+ Les Etats-Unis et Israël
+ L’Axe de la Résistance,autour de l’Iran. Aux pays et mouvements combattants déjà cités on peut ajouter l’Algérie.
+les pays musulmans ayant, d’une manière ou d’une autre cherché depuis des décennies un accommodement avec Israël: Maroc, Egypte, Turquie, Jordanie, pays du Golfe.
Les Palestiniens sont partis en guerre le 7 octobre parce qu’ils avaient le sentiment que le rapprochement entre Israël et l’Arabie Saoudite était en train de sceller le sort de la nation palestinienne, qui ne pourrait jamais voir le jour. Aujourd’hui, ce rapprochement est suspendu. Et l’Axe de la Résistance apparaît capable d’empêcher le projet israélien d’expulser les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
La méthode Soleimani y est pour beaucoup. Une stratégie partagée par des mouvements ou des pays qui disposent du maximum d’autonomie mais sont capables de se coordonner extrêmement rapidement parce qu’ils parlent tous la même langue stratégique. Et savent se servir des mêmes armes.
Tout ceci explique qu’aujourd’hui nous ayons affaire à des nations qui, sous l’effet du coup inattendu porté par la Résistance palestinienne à Israël depuis le 7 octobre, se mettent toutes à peser leurs intérêts. Les Etats-Unis savent qu’ils n’ont pas intérêt à se laisser entraîner par Israël dans un conflit généralisé. Le Maroc, l’Arabie Saoudite ou la Turquie doivent faire preuve d’une grande prudence, désormais, dans leur rapprochement avec Israël, sous peine de mobiliser la rue contre eux. La Syrie ou l’Iraq attendent patiemment leur heure pour libérer leur territoire de toute occupation étrangère. Au grand dam d’Israël – qui peut regretter son tournant anti-iranien depuis une génération -l’Iran sortira vainqueur de l’affrontement actuel.
La stratégie Soleimani est d’abord celle d’un patriote iranien, qui aura servi son pays avec une telle efficacité que l’Iran moderne vivra encore longtemps de son héritage militaire et politique.
On se rappelle que Yitzak Rabin a signé les accords d’Oslo parce qu’il jugeait, de manière réaliste, qu’Israël ne pouvait pas affronter à la fois les Palestiniens et l’Iran.Il voulait faire la paix avec les Palestiniens pour pouvoir éventuellement mener une guerre contre l’Iran.
Après son assassinat, en 1998, la tendance Sharon-Netanyahu a décrété, en suivant une pulsion puérile qui se révèle aujourd’hui suicidaire, que l’on pouvait affronter à la fois les Palestiniens et l’Iran. La mise en place de la stratégie du Général Soleimani a consisté à exploiter systématiquement l’absence de réalisme israélien, pour mettre en place « l’Axe de la Résistance ».
En ce mois d’avril 2024, le Proche-Orient est arrivé au point où Israël est progressivement asphyxié par la stratégie Soleimani et pratique la fuite en avant en espérant que la substitution d’une guerre ouverte à la guerre asymétrique de l’Axe de la Résistance, permettrait de reprendre la main.
Le commandant du Commandement central américain (CENTCOM), le général Erik Kurilla, est Israël, où il a rencontré ce 11 avril le ministre israélien de la défense Yoav Gallant et d’autres hauts responsables de l’armée, en prévision d’une réponse iranienne au bombardement du consulat de Téhéran à Damas.
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Nous sommes dans une guerre des nerfs, soutenue par une forme de fatalité insupportable, illustrées par ces résolutions au conseil de sécurité qui n’aboutissent jamais. On a des condamnations, des espoirs de trêves, des négociations. Mais aucun cessez-le-feu.
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De la longue interview de Thierry Meyssan, on retiendra plusieurs points, dont l’un des plus importants nous semble concerner la question des possibles crimes de guerre commis par des bi-nationaux franco-israéliens. La France de Macron a d’ores et déjà exclu d’enquêter sur ces sujets, avalisant un principe d’impunité pour la communauté juive de France, et une sorte d’exemption en matière de respect du droit international pour Israël.
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Comment ne pas être frappé par l’enchaînement de ces dernières semaines?
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Une semaine avant sa crucifixion, Jésus de Nazareth arrive à Jérusalem. Pendant les sept jours qui s’ouvrent, des événements qui vont changer la face du monde surviennent.
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Dans cette interview quinzomadaire, Thierry Meyssan nous dresse le panorama de la situation à Gaza, qui est tragique :
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De cette rétrospective, on retiendra plusieurs points essentiels :
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Donc, la chanteuse qui doit représenter Israël au roboratif et inintéressant concours Eurovision de la chanson (nouvelle preuve du vide spirituel européen et de l’effondrement culturel de notre continent) s’appelle Eden Golan. Elle devrait chanter un morceau impérissable de l’art lyrique intitulé : “Pluie d’octobre”. Octobre ? à cause du 7 octobre, jour où le Hamas a semé la terreur en Israël ?
Un couplet dit notamment :
“Dansant dans l’orage/Nous n’avons rien à cacher/Ramène moi à la maison/Et laisse le monde derrière/Et je te promets que ça n’arrivera plus jamais/Je suis toujours mouillée par cette pluie d’octobre/Pluie d’octobre”
Pluie d’octobre
Israël menace de se retirer du concours si les organisateurs n’acceptent pas de faire exception au règlement…
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En début de semaine, nous avions hésité entre l’option de la guerre imminente et celle d’une mise en scène de Washington pour dissimuler la défaite stratégique de lapuissance américaine au Proche-Orient.
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Dans son point quinzomadaire, Thierry Meyssan nous évoque la situation au Proche-Orient :
La suite dans quinze jours…
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De cet entretien, on retiendra plusieurs éléments essentiels, qui expliquent largement les ressorts du conflit en cours :
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Le gouvernement allemand a fait une déclaration officielle concernant la requête sud-africaine devant la Cour Internationale de Justice:
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Benjamin Netanyahu ne manque pas d’aplomb, comme on sait. Ce 10 janvier, cependant, il a osé encore plus que d’habitude:
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Dans cette interview de rentrée, Thierry Meyssan fait le point des événements de fin d’année à Gaza, mais aussi au Liban et en Iran. En particulier, il s’attarde sur la politique d’assassinats ciblés sur des responsbales du Hamas par l’armée israélienne. Qui vise-t-elle au juste ?
Thierry Meyssan nous donne accès à une information rare en Europe : le fonctionnement interne du Hamas. On comprend peu à peu que l’objectif des Israéliens est de supprimer la branche “laïque” du Hamas pour ne préserver que les Frères Musulmans, repoussoirs indispensables pour conserver le soutien de l’opinion publique occidentale, travaillée au corps avec la peur du terrorisme islamiste.
J’en profite pour signaler par ailleurs l’important article que nous avons publié hier sur la plainte de l’Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice contre Israël, accusé de perpétrer un génocide.
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Lorsque le Hamas a commis son polyattentat sur le sol israélien le 7 octobre, comme beaucoup d’organes de presse, nous nous sommes posés la question du traitement de l’information face à une nouvelle crise sur le parcours chaotique imposé par la stratégie néo-conservatrice.
Nous continuerons notre travail de dévoilement du narratif néo-conservateur officiel et de ses ramifications, qui biaise gravement notre perception de la réalité.
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Eric Dénecé, directeur bien connu du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, a bien voulu dressé un tableau de la situation internationale actuelle :
Au final, la politique agressive américaine conduit à une contestation grandissante de l’Occident.
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Thierry Meyssan reprend pour nous l’analyse de la situation entre Israël et ses adversaires ou voisins.
Nous retrouverons Thierry pour d’autres analyses l’an prochain.
Dans ce premier numéro de Chaos Global présenté par Alexia Colombo, nous abordons cinq points d’actualité majeurs pour décrypter la semaine à venir :
Nous vous donnons rendez-vous le 8 janvier pour la reprise des journaux télévisés. Bonnes fêtes à tous !
Le général Soleimani, concepteur de la stratégie aujourd’hui mise en oeuvre par “l’Axe de la Résistance” face à Israël
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Edouard Husson a largement évoqué les sources israéliennes qui confirment toutes ce que nous avions écrit très vite après l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre : les projets palestiniens étaient connus des services israéliens, depuis une date encore indéterminée. Mais depuis quand au juste ?
La question n’est pas anodine : les pages des livres d’Histoire qui restent à écrire ne portent pas sur les atrocités commises par les uns et par les autres, mais sur les calculs politiques qui les ont environnés.
Quelles étaient les véritables intentions du Hamas ? Obtenir une négociation sur la création d’un Etat israélien ? Déstabiliser Netanyahu ? Effacer la contestation organisée par le Fatah au printemps en Cisjordanie ? Empêcher la reconnaissance d’Israël par l’Arabie Saoudite ?
Selon toute vraisemblance, Netanyahu a largement laissé faire. Peut-être a-t-il même encouragé l’opération du Hamas. Dans quel but ? Voulait-il se donner une occasion de “punir” les Palestiniens pour sortir de sa crise intérieure ? A-t-il été dépassé par l’ampleur de l’opération menée par le Hamas ?
Toutes ces questions sont aujourd’hui sans réponse, mais nous pouvons commencer à rassembler les éléments d’actualité épars pour mieux comprendre les événements. C’est à cet exercice que Thierry Meyssan s’emploie avec nous aujourd’hui.
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Rappelons l’enjeu géopolitique principal du conflit explicité dans la première partie de cette analyse La résurgence du conflit israélo-palestinien sous la forme d’une surprise stratégique se déroule dans le contexte d’une nouvelle configuration géopolitique mondiale qui change la donne et modifie considérablement les conditions de sortie de crise.
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Tout système international est avant tout un ordre spatial avait souligné Raymond Aron dans son ouvrage « Paix et guerre entre les nations » (1962), c’est-à-dire qu’il repose sur une hiérarchie du pouvoir mondial et sa structuration dans l’espace géographique. Or aujourd’hui, nous sommes dans une période de transition ou l’ancien ordre spatial n’est plus, tandis que le nouveau fait l’objet d’une lutte âpre entre les puissances.
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“Henry Kissinger”, ce n’est pas seulement l’individu centenaire qui vient de décéder. C’était aussi un personnage mythique, au sens plein du terme. C’est-à-dire qu’il existe une multitude de Henry Kissinger imaginaires, dont aucun ne rend compte de la complexité du personnage ni, surtout, de ses limites. Par exemple,ici même, Modeste Schwarz a longuement défendu l’idée que Kissinger était l’un des parrains du mondialisme davosien. Je vous engage à revoir ces vidéos, passionnantes/ Mais épuisent-elles le personnage?
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Le texte original, en langue anglaise, est paru sur le blog In Gaza and beyond
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Le PVV (parti pour la liberté) de Geert Wilders vient de remporter une écrasante victoire sur ses adversaires, victoire inattendue qui ouvre une nouvelle ère aux Pays-Bas. Les sondages avaient plutôt pronostiqué une continuité avec une victoire probable du parti libéral dont Mark Rutte fut le leader jusqu’à sa démission cet été.
Cette victoire pose plusieurs questions essentielles :
Rappelons que, de notoriété publique, Geert Wilders est proche des milieux suprémacistes juifs en Israël et s’est même à une époque déclaré agent du Mossad. La ligne politique qu’il défendra illustrera parfaitement la tendance générale que les mouvements conservateurs ou identitaires suivront dans le reste de l’Europe : simple combat contre l’Islam, sans portée réelle, ou bien changement de donne, y compris sur le plan économique ?
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Il paraît donc que l’Occident est engagé dans une lutte de “civilisation” contre la barbarie islamiste. La lecture du compte-rendu de la visite des hôpitaux de Gaza par les dirigeantes d’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’UNFPA, soulève quelques difficultés majeures pour tous ceux qui nous expliquent que nous, Occidentaux, sommes le camp du bien. Voici quelques éléments de la description qui souligne les horreurs que le camp du bien est capable de commettre :
« Certaines femmes enceintes ont dû subir des césariennes sans anesthésie » à Gaza, a rapporté la Directrice exécutive de l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, l’UNFPA, Natalia Kanem, devant le Conseil de sécurité, qui examinait mercredi l’impact humanitaire du conflit opposant Israël au Hamas sur les femmes et les enfants.
Mme Bahous a martelé que « la férocité et la destruction que la population de Gaza est contrainte de subir, sous les yeux de la communauté internationale, ont atteint une intensité jamais vue auparavant », s’appuyant sur plusieurs statistiques. (…) 67% des plus de 14.000 personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. « Cela fait deux mères tuées toutes les heures et sept femmes toutes les deux heures », a-t-elle commenté.
« Dans le service néonatal, j’ai vu de minuscules bébés s’accrocher à la vie dans des incubateurs, alors que les médecins s’inquiétaient de savoir comment ils pourraient faire fonctionner les machines sans carburant », a encore témoigné Mme Russell.
Ele s’est également entretenue avec une membre du personnel de l’UNICEF, qui, malgré la perte de 17 membres de sa propre famille élargie, « travaille héroïquement » pour fournir aux enfants et aux familles de Gaza un accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Témoignages de responsables de l’ONU
Bon, voilà une belle bataille livrée par la civilisation contre la barbarie.
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Le vote a été initié par le parti d’extrême gauche des Combattants de la liberté économique. Bien qu’il soit considéré comme oppositionnel et qu’il s’inspire de positions trotskystes-maoïstes radicales (« tuer les blancs, emporter les terres »), il est secrètement soutenu par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), bien plus respectable. Cependant, un autre parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), s’est opposé à la rupture des relations avec Israël. Si le mot « démocratique » figure dans le nom d’un parti, son orientation est aujourd’hui immédiatement évidente. Le « OUI » s’exprime à partir de positions pro-occidentales. Ce sont ces mêmes personnalités qui ont exigé l’arrestation de Vladimir Poutine sur la base d’un mandat de la soi-disant Cour pénale internationale (CPI). Autrement dit, la situation est claire.
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Le Courrier inaugure donc sa collaboration régulière avec Thierry Meyssan par une interview consacrée à la trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, avec un échange de prisonniers à la clé. Comment interpréter cette soudaine inflexion d’Israël, jusqu’ici opposée à toute forme de cessez-le-feu ?
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Il est bien évident qu’au-delà du soulagement concernant le retour d’une cinquantaine d’otages (échangés contre 150 Palestiniens), l’accord de cessez-le-feu passe mal dans une partie de la société israélienne. En témoigne un article paru ce mercredi matin dans Yediot Aharonot:
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Une pause de 4 jours dans les combats à Gaza devrait prendre effet ce mercredi 22 novembre. Elle devrait permettre de remplir l’accord suivant, négocié par l’intermédiaire du Qatar, entre les deux belligérants:
On se rappelle que la guerre menée par Israël contre Gaza,depuis six semaines, avait pour objectif “d’éradiquer le Hamas, mouvement terroriste”. Le gouvernement Netanyahu effectue un “tête-à-queue” et accepte un échange de prisonniers au terme d’une négociation menée par l’intermédiaire du Qatar.
Tout ceci se passe après six semaines de bombardements massifs de Gaza, qui ont causé la mort de 15 000 personnes et suscité une réprobation internationale quasi-unanime. Faute d’obtenir une victoire militaire rapide et de réussir à localiser les otages pour les libérer, Tel-Aviv a été obligée de négocier. Le gouvernement américain, en particulier, mis sous pression croissante par ses alliés dans le monde arabo-musulman, n’a pas laissé le choix au gouvernement Netanyahu.
On notera avec grand intérêt la contestation par Youssef Hindi du narratif contemporain selon lequel l’antisionisme serait une forme d’antisémitisme. Sa démonstration s’appuie sur un retour aux éléments fondamentaux de la tradition hébraïque. Voici un entretien et une explication particulièrement documentés qu’il faut mettre entre toutes les mains.
Le 26 octobre, les autorités qataries ont condamné à mort huit citoyens indiens accusés d’espionnage au profit d’Israël. Selon les médias, les accusés étaient d’anciens cadres indiens et travaillaient pour une société privée, Al Dahra Global Technologies and Consultancy Services. Ils ont été arrêtés par les services de sécurité qataris en août 2022, mais la publication du verdict a coïncidé avec l’escalade dans la bande de Gaza. Cela a donné lieu à des spéculations selon lesquelles le verdict a été rendu en raison de la position pro-israélienne de l’Inde.
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Dans ce quatrième numéro du Chaos global, nous évoquons la situation en Ukraine, la guerre à Gaza, la manifestation contre l’antisémitisme, la loi sur l’immigration et la question de la dégradation de la note de la dette française. N’oubliez pas de vous abonner à notre chaîne Youtube.
On écrit peu de choses sur l’existence de l’oléoduc israélien « Eilat – Ashkelon ». Le silence est de mise, mais en fait, c’est la cause profonde de la crise actuelle au Moyen-Orient. Parlons-nous franchement : tout le monde, absolument tout le monde, ne se soucie pas des souffrances des Palestiniens, chassés par les Israéliens de leurs terres et retranchés dans un petit morceau de Palestine appelé « bande de Gaza ». Et pour qu’on s’en souvienne, il a fallu l’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par des militants du Hamas et les atrocités de représailles israéliennes, qui se sont immédiatement transformées en un véritable génocide de la population palestinienne de Gaza.
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Cet article initialement publié sur le site stoletie.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
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Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, l’État hébreu et le Hamas sont actuellement impliqués dans un conflit ouvert qui transcende également le domaine de la communication. Bien que les approches stratégiques des deux camps diffèrent, l’objectif commun demeure : projeter une image de confiance. Désormais grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle créative, il est possible avec Adobe Stock d’acheter des images de la Guerre d’Israël générées par IA.,Le Dr TJ Thomson s’inquiète l’utilisation abusive des ces images générées par l’IA mélangeant le virtuel et le réel et ouvrant la porte à plus de propagande et de désinformation.
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Thierry Meyssan dresse un point important sur la situation du Hezbollah, sur sa stratégie, et sur le rôle de l’Iran au Proche-Orient. Il livre quelques importantes révélations sur l’explosion du silo à grains sur le port de Beyrouth. Il rappelle les positions de Donald Trump sur la question israélo-palestinienne. Et il exhorte les Juifs de France à dénoncer les massacres civils et singulièrement d’enfants, à Gaza.
Pour mémoire, je vous rappelle l’interview précédente de Thierry Meyssan :
La paix des veules – Alors que la plupart des médias nous ennuient toujours avec la Russie qui est en train de perdre et qui saigne, pendant que l’Ukraine s’étourdit dans son succès, il se susurre que des pourparlers de paix seraient engagés. Il se susurre en même temps que Joe Biden y serait très attaché, lui – le « Big Guy », aujourd’hui encensé comme « plus grand chef de guerre du monde de tous les temps »-, et dont le tout récent président de la Chambre des représentants vient pourtant – à peine élu – de mettre en cause ses « capacités cognitives », aimable litote pour dire « démence sénile ».
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Quand un conflit éclate entre des hommes, que ce soit dans un environnement social ou politique, la pire des choses qui puisse arriver serait qu’il fût impossible d’identifier les protagonistes du drame. Car alors, on se retrouve face au chaos, ou pire encore que face au chaos, on se retrouve plongé dans le chaos, dont le principe même est d’avoir des frontières inconnues, illisibles.
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Il faut lire la circulaire d’Eric Dupond-Moretti (en jugement de la Cour de Justice de la République, rappelons-le) pour comprendre la folie propagandiste néo-conservatrice qui s’est emparée du Deep State français (largement contrôlé par l’ami américain) dans l’affaire palestinienne.
Que la circulaire demande au Parquet de réprimer avec vigueur les éloges du Hamas est une chose. Mais qu’elle demande également de réprimer sans pitié les “propos qui tendent à inciter autrui à porter un jugement favorable sur une infraction qualifiée de terroriste ou sur son auteur, même prononcés dans le cadre d’un débat d’intérêt général et se revendiquant comme participant d’un discours de nature
politique » sont constitutifs de l’apologie de terrorisme visée par l’article 421-2-5 du code pénal.”
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Officiellement, 70 employés des Nations Unies seraient morts sous les bombardements israéliens à Gaza depuis le 7 octobre. Ce chiffre est significatif, car il est très peu commenté dans la presse occidentale, pourtant soucieuse de dénoncer le traitement de faveur dont les Palestiniens seraient l’objet dans une part grandissante de l’opinion. On imagine mal le Hezbollah ou le Hamas tuer 70 employés de l’ONU sans une émotion internationale forte, et sans une réaction brutale des Occidentaux.
Deux poids deux mesures.
Dans cet ensemble, on signalera la démission, la semaine dernière, de Craig Mokhiber, directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme, signalée par plusieurs médias occidentaux. Sa lettre de démission est sans équivoque :
Monsieur le Haut Commissaire,
Ceci sera ma dernière communication officielle en tant que directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme (OHCHR).
Je vous écris dans un moment de grande détresse pour le monde, y compris pour beaucoup de nos collègues. Une fois encore, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. En tant que personne ayant enquêté sur les droits de l’homme en Palestine depuis les années 1980, ayant vécu à Gaza comme conseiller des Nations unies pour les droits de l’homme dans les années 1990, et ayant effectué plusieurs missions de défense des droits de l’homme dans le pays avant et depuis ces périodes, cette situation me touche personnellement.
C’est encore dans ces locaux de l’ONU que j’ai travaillé lors des génocides contre les Tutsis, les musulmans bosniaques, les Yazidis et les Rohingyas. Dans chaque cas, alors que la poussière était retombée sur les horreurs perpétrées contre des populations civiles sans défense, il devenait douloureusement évident que nous avions manqué à notre devoir de répondre aux impératifs de prévention des atrocités de masse, de protection des personnes vulnérables et d’obligation d’exiger que les auteurs de ces actes rendent des comptes. Il en a été de même avec les vagues successives de meurtres et de persécutions à l’encontre des Palestiniens, tout au long de l’existence des Nations unies.
Monsieur le Haut Commissaire, nous échouons à nouveau.
En tant que juriste spécialisé dans les droits de l’homme, avec plus de trente ans d’expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’exploitation politique abusive. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d’épuration systématiques, entièrement fondé sur leur statut d’Arabes, et associé à des déclarations d’intention explicites des dirigeants du gouvernement et de l’armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. À Gaza, les habitations, les écoles, les églises, les mosquées et les établissements médicaux sont attaqués sans raison et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée, les maisons sont saisies et réattribuées en fonction uniquement de la race. Par ailleurs, de violents pogroms perpétrés par les colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, l’apartheid règne.
Il s’agit d’un cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles “d’assurer le respect” des conventions de Genève, mais ils arment activement l’offensive, fournissent un soutien économique, des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël.
De concert avec tout cela, les médias corporatifs occidentaux, de plus en plus aux ordres des gouvernements, sont en totale rupture avec l’article 20 du PIDCP (ndt, Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966), déshumanisant les Palestiniens sans cesse pour justifier le génocide, et diffusant la propagande guerrière et les appels à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. Les entreprises de réseaux sociaux basées aux États-Unis étouffent les voix des défenseurs des droits de l’homme tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Les gendarmes du lobby israélien sur le net et les GONGOS (ndt, organisations non gouvernementales soutenues par des gouvernements) harcèlent et diffament les défenseurs des droits de l’homme, les universités et employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent s’élever contre les atrocités. À la suite de ce génocide, ces acteurs devront également rendre des comptes, comme ce fut le cas pour la radio des Milles Collines au Rwanda.
Dans de telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée à agir de manière efficace et fondée sur des principes. Mais nous n’avons pas relevé ce défi. Le pouvoir de protection du Conseil de sécurité a de nouveau été bloqué par l’intransigeance des États-Unis, le secrétaire général est attaqué pour ses faibles protestations et nos mécanismes de défense des droits de l’homme font l’objet d’attaques calomnieuses soutenues par un réseau organisé en ligne qui défend l’impunité.
Des décennies de distraction par les promesses illusoires et largement décevantes d’Oslo ont détourné l’Organisation de son devoir essentiel de protection du droit international, des droits de l’homme et de la Charte elle-même. Le mantra de la “solution à deux États” est devenu une plaisanterie ouverte dans les couloirs de l’ONU, à la fois pour son impossibilité absolue dans les faits et pour son incapacité totale à tenir compte des droits humains inaliénables du peuple palestinien. Le soi-disant “Quartet” n’est plus qu’une feuille de vigne pour l’inaction et la soumission à un statu quo brutal. La référence (écrite par les États-Unis) aux “accords entre les parties elles-mêmes” (au lieu du droit international) a toujours été un tour de passe passe évident, destiné à renforcer le pouvoir d’Israël contre les droits des Palestiniens occupés et dépossédés de leurs biens.
Monsieur le Haut Commissaire, j’ai rejoint cette Organisation dans les années 1980, parce que j’y ai trouvé une institution fondée sur des principes et des normes qui étaient résolument du côté des droits de l’homme, y compris dans les cas où les puissants États-Unis, Royaume-Uni et Europe n’étaient pas de notre côté. Alors que mon propre gouvernement, ses institutions subsidiaires et une grande partie des médias nord-américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort d’Amérique centrale, les Nations unies défendaient les peuples opprimés de ces pays. Nous avions pour nous le droit international. Nous avions pour nous les droits humains. Nous avions pour nous les principes. Notre autorité était ancrée dans notre intégrité. Mais ce n’est plus le cas.
Au cours des dernières décennies, des membres importants des Nations unies ont cédé au pouvoir des États-Unis et à la peur du lobby israélien, abandonnant ces principes et renonçant au droit international lui-même. Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, notamment notre propre crédibilité mondiale. Mais c’est le peuple palestinien qui a subi les plus grandes pertes à cause de nos échecs. L’ironie de l’histoire veut que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien.
Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le mythe éculé selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXème siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les auteurs de la Déclaration promettaient les droits de l’homme à tout le monde, sauf au peuple palestinien. N’oublions pas non plus que les Nations unies ont commis le péché originel de faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen qui s’est emparé des terres palestiniennes et les a remises aux colons. Nous avons tant à nous faire pardonner.
Mais la voie de l’expiation est claire. Nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée ces derniers jours dans les villes du monde entier, où des millions de personnes s’élèvent contre le génocide, même au risque d’être battues et arrêtées. Les Palestiniens et leurs alliés, les défenseurs des droits de l’homme de tous bords, les organisations chrétiennes, musulmanes et les voix juives progressistes qui disent “pas en notre nom”, montrent tous la voie. Il ne nous reste plus qu’à les suivre.
Hier, à quelques rues d’ici, la gare Grand Central de New York a été complètement envahie par des milliers de juifs défenseurs des droits de l’homme, solidaires du peuple palestinien et exigeant la fin de la tyrannie israélienne (nombre d’entre eux risquant d’être arrêtés). Ce faisant, ils ont balayé en un instant l’argument de propagande de la hasbara israélienne (et le vieux cliché d’antisémitisme) selon lequel Israël représenterait en quelque sorte le peuple juif. Ce n’est pas le cas. Et, en tant que tel, Israël est seul responsable de ses crimes. Sur ce point, il convient de répéter, malgré les calomnies du lobby israélien, que la critique des violations des droits de l’homme par Israël n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, et la critique des violations du Myanmar n’est anti-bouddhiste, ou la critique des violations indiennes n’est anti-hindouiste. Lorsqu’ils cherchent à nous faire taire en nous calomniant, plutôt que faire silence, nous devons élever la voix. J’espère que vous conviendrez, Monsieur le Haut Commissaire, qu’il s’agit là de l’essence même du parler vrai aux puissants.
Mais je trouve également de l’espoir dans tous ces membres des Nations unies qui, en dépit des énormes pressions exercées, ont refusé de compromettre les principes de l’Organisation en matière de droits de l’homme. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, nos commissions d’enquête et nos experts des organes de traités, ainsi que la majorité de notre personnel, ont continué à défendre les droits humains du peuple palestinien, alors même que d’autres membres des Nations unies (même au plus haut niveau) ont honteusement courbé l’échine devant les puissants. En tant que gardien des normes et standards en matière de droits de l’homme, le HCDH (ndt Haut-Commissariat aux droits de l’homme) a le devoir particulier de défendre ces normes. Notre tâche, je crois, est de faire entendre notre voix, du secrétaire général à la dernière recrue des Nations unies et, horizontalement, dans l’ensemble du système des Nations unies, en insistant sur le fait que les droits humains du peuple palestinien ne font l’objet d’aucun débat, d’aucune négociation, ni d’aucun compromis, où que ce soit sous la bannière bleue.
À quoi ressemblerait donc une position fondée sur les normes de l’ONU ? À quoi travaillerions-nous si nous étions fidèles à nos exhortations rhétoriques sur les droits de l’homme et l’égalité pour tous, la responsabilité pour les criminels, la réparation pour les victimes, la protection des personnes vulnérables et l’autonomisation des détenteurs de droits, le tout dans le cadre de l’État de droit ? La réponse, je crois, est simple – si nous avons la lucidité de voir au-delà des écrans de fumée de la propagande qui déforment la vision de la justice pour laquelle nous avons prêté serment, le courage d’abandonner peur et déférence à l’égard des États puissants et la volonté de brandir l’étendard des droits de l’homme et de la paix. Certes, il s’agit d’un projet à long terme et d’une voie escarpée. Mais nous devons commencer maintenant à moins de nous abandonner à une horreur indicible. Je vois dix points essentiels :
1-Une action légitime : tout d’abord, nous devons, au sein des Nations unies, abandonner le paradigme d’Oslo, qui a échoué (et qui est en grande partie fallacieux), sa solution illusoire à deux États, son Quartet impuissant et complice, et le détournement du droit international aux diktats de son supposé bien-fondé politique. Nos positions doivent se fonder sans équivoque sur les droits de l’homme et le droit international.
2-Une vision claire : nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit territorial ou religieux entre deux parties belligérantes et admettre la réalité de la situation, à savoir qu’un État au pouvoir disproportionné colonise, persécute et dépossède une population autochtone sur la base de son appartenance ethnique.
3-Un État unique fondé sur les droits de l’homme : nous devons soutenir l’établissement d’un État unique, démocratique et laïque dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs, et, par conséquent, le démantèlement du projet colonialiste profondément raciste et la fin de l’apartheid sur tout le territoire.
4-Lutte contre l’apartheid : nous devons réorienter tous les efforts et toutes les ressources des Nations unies vers la lutte contre l’apartheid, comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990.
5-Retour et indemnisation : nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à l’indemnisation complète de tous les Palestiniens et de leurs familles qui vivent actuellement dans les territoires occupés, au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans la diaspora à travers le monde.
6-Vérité et justice : nous devons appeler à un processus de justice transitionnelle, utilisant pleinement les décennies d’enquêtes, de recherches et de rapports accumulés par l’ONU, afin de documenter la vérité et garantir la responsabilité de tous les criminels, la compensation pour toutes les victimes et la réparation des injustices documentées.
7-Protection : nous devons insister sur le déploiement d’une force de protection de l’ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide pour protéger les civils du fleuve à la mer.
8-Désarmement : nous devons plaider pour le retrait et la destruction des stocks massifs d’armes nucléaires, chimiques et biologiques d’Israël, évitant ainsi que le conflit ne conduise à la destruction totale de la région et, qui sait, au-delà.
9-Médiation : nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont pas des médiateurs crédibles, mais plutôt des parties prenantes du conflit, qui sont complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les affronter en tant que tels.
10-Solidarité : nous devons ouvrir grand nos portes (et celles du secrétariat général) aux légions de défenseurs des droits de l’homme palestiniens, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires du peuple de Palestine et de ses droits, et mettre un terme au flux incontrôlé de lobbyistes israéliens vers les bureaux des dirigeants de l’ONU, où ils prônent la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, tout en dénigrant nos défenseurs des droits humains à cause de leur position de principe sur les droits des Palestiniens.
Il faudra des années pour y parvenir, et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus, c’est pourquoi nous devons faire preuve de fermeté. D’ores et déjà, nous devons œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et la fin du siège de Gaza, nous opposer au nettoyage ethnique de Gaza, Jérusalem, Cisjordanie (et ailleurs), documenter l’assaut génocidaire à Gaza, contribuer à apporter aux Palestiniens une aide humanitaire massive et les moyens de la reconstruction, prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles, et nous battre comme des diables pour que la démarche des bureaux politiques de l’ONU soit basée sur des principes.
L’échec des Nations unies en Palestine jusqu’à présent n’est pas une raison pour nous de renoncer. Au contraire, il devrait nous encourager à abandonner le paradigme passé qui a échoué, et à adopter pleinement une ligne de conduite plus fondée sur des principes.
En tant qu’OHCHR, rejoignons avec audace et fierté le mouvement anti-apartheid qui se développe dans le monde entier, en ajoutant notre logo à la bannière de l’égalité et des droits de l’homme pour le peuple palestinien. Le monde nous observe. Nous devrons tous rendre compte de notre position à ce moment crucial de l’histoire. Prenons le parti de la justice.
Je vous remercie, Monsieur le Haut Commissaire Volker, d’avoir écouté ce dernier appel de mon bureau. Dans quelques jours, je quitterai le Bureau pour la dernière fois, après plus de trois décennies de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si je peux être utile à l’avenir.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées,
Craig Mokhiber, 31 octobre 2023
Dans l’esprit occidental contemporain, la justification ultime d’Israël et de son existence, c’est la réparation de la Shoah.
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