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Italie : Bruxelles s’angoisse d’une probable « rechute populiste »

Par : pierre

Le 21 juillet, gouvernement italien est tombé. Lâché par trois des partis qui formaient sa majorité, son chef, Mario Draghi, a présenté sa démission. Alors qu’une semaine auparavant, le président de la République, Sergio Mattarella, avait tenté de refuser cette dernière dans l’espoir d’une combinazione de dernière minute, il n’a eu, cette fois, pas d’autre choix que d’en prendre acte. Les électeurs de la Péninsule se rendront aux urnes le 25 septembre prochain.

C’est peu dire que cet événement provoque des sueurs froides à Bruxelles et parmi les grandes capitales européennes. « Une tempête parfaite » est désormais l’expression qui revient dans les couloirs de la Commission européenne et dans la presse mainstream.

Le Monde notait ainsi, dans un éditorial (21/07/22) : « le moment ne pouvait pas être pire pour l’Italie, pour la zone euro et pour l’Union européenne tout entière ». « Les orages s’accumulent » poursuit le quotidien qui rappelle le contexte : un pays dont l’économie a considérablement pâti du Covid-19, lesté d’une dette publique considérable, touché par des taux d’emprunt qui repartent vivement à la hausse, en proie à une inflation qui grimpe en flèche, et menacé par une pénurie de gaz en provenance de Russie dont il est particulièrement dépendant.

Toute l’Union européenne est certes concernée par ces menaces à des degrés divers. Mais la troisième puissance économique de la zone l’est tout particulièrement. L’Italie est du reste, avec l’Espagne, le plus gros « bénéficiaire » du plan de relance piloté par la Commission européenne : Rome s’est vu promettre 69 milliards d’euros de subventions et 123 milliards de prêts à taux réduit. Seule une petite part de cette somme a été transférée, car Bruxelles procède – comme pour les autres pays – à un décaissement par tranches en fonction de l’avancement des « réformes » que chaque pays membre a promis de mener à bien en échange des subsides.

Un homme personnifiait la garantie de la fidélité aux «recommandations» européennes : Mario Draghi

En Italie, un homme personnifiait la garantie de la fidélité aux « recommandations » européennes : Mario Draghi. Celui-ci, après un passage à la direction du Trésor italien puis chez Goldman Sachs, assura de 2011 à 2019 la présidence de la Banque centrale européenne. Dans la légende européenne, il est décrit comme le magicien qui a sauvé l’euro des attaques spéculatives en 2012. C’est peu dire que sa présence à la tête du gouvernement italien était stratégique pour Bruxelles.

Or les intentions de vote d’ici septembre placent le parti Les frères d’Italie, souvent qualifié de « post-fasciste », en tête, avec la possibilité de diriger une alliance qui associerait deux autres forces de droite : la Ligue, et Forza Italia, de Silvio Berlusconi. Certes, aucune de ces forces ne prônent la sortie de l’UE ni de l’euro, et le mouvement des Frères d’Italie ne cache pas son atlantisme. Mais peu importe : si une telle coalition voyait le jour, et avant même le premier acte d’un tel gouvernement, tous les espoirs bruxellois s’effondreraient. Les éléments constitutifs de l’éclatement de la zone euro – puis de l’UE – seraient réenclenchés.

En février 2018, une vague électorale qualifiée de «populiste» avait balayé l’Italie

On n’en est pas là, mais pour mesurer les enjeux, il faut garder à l’esprit les soubresauts de la politique italienne de la dernière décennie. Un tournant majeur a eu lieu en 2018 : en février de cette année-là, une vague électorale qualifiée de « populiste » a balayé l’Italie, aboutissant à une coalition impensable alliant le grand vainqueur du scrutin, le Mouvement cinq étoiles (M5S), classé « anti-système » de gauche, et la Ligue, souvent étiquetée extrême droite et dirigée par Matteo Salvini.

Après un moment de panique à Bruxelles, l’attelage s’est assagi avant d’être secoué par des contradictions. A l’été 2019, le chef du gouvernement, Guiseppe Conte, proche du M5S (et dont il prendra la direction ultérieurement) opéra un retournement d’alliance en associant ce mouvement au Parti démocrate (dit de centre gauche) – un attelage qui paraissait improbable – et en larguant la Ligue.

Nouveau retournement en février 2021 : M. Conte dut constater que sa nouvelle majorité n’était plus viable. Le très pro-UE président Mattarella manœuvra alors discrètement pour constituer une majorité associant à peu près tous les partis parlementaires, à l’exception des Frères d’Italie. Un peu comme si, à Paris, une « grande coalition » rassemblait de La France insoumise au Rassemblement national. Avec donc, à sa tête, le Dottore Draghi, en sauveur de l’Italie dans l’UE.

Le surgissement « miracle » de ce dernier avait alors rappelé le coup de théâtre de novembre 2011. A ce moment, c’était Silvio Berlusconi qui dirigeait le pays. Certes, ce magnat des médias n’était nullement anti-européen, mais, sous pression populaire, il peinait à mettre en œuvre les « réformes » drastiques imposées par Bruxelles, réformes d’autant plus sévères que l’Italie était alors la proie des spéculateurs. Le cavaliere fut donc dégagé, officiellement « sous la pression des marchés » ; en réalité, Bruxelles, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient orchestré en coulisses (lors d’un sommet européen) ce coup d’état rampant. Avec à l’époque déjà un personnage miracle pour prendre la tête du gouvernement : l’ex-commissaire européen Mario Monti. Ce dernier partage avec Mario Draghi au moins trois caractéristiques : les deux hommes n’ont jamais été élus, ils sont en étroite osmose avec le monde des affaires, et, surtout, ils ont été des hommes clés au sein de l’Union européenne.

Du quasi-putsch opéré par l’UE en 2011 date l’hostilité populaire à l’encontre de l’intégration européenne

Ce quasi-putsch opéré de l’extérieur a eu des conséquences profondes au sein du peuple italien. C’est de cette époque que date l’hostilité à l’encontre de l’intégration européenne de la part d’un pays auparavant réputé particulièrement « europhile ». Un peu comme quand les Non français et néerlandais aux référendums de 2015 portant sur le projet de constitution européenne avaient été bafoués – on se souvient qu’un traité équivalent (dit de Lisbonne) avait finalement été imposé.

Pour les dirigeants européens, l’angoisse est réelle face à la « rechute » italienne. Au point que le quotidien La Stampa a cru trouver l’origine de celle-ci : la crise politique à Rome aurait été pilotée de Moscou – une affirmation largement relayée par les médias occidentaux. L’« explication », qui fait l’impasse sur les contradictions politiques du pays, n’est guère crédible. Mais à supposer qu’elle soit vraie, la presse pro-UE est mal placée pour s’indigner de cette supposée ingérence, elle qui avait applaudi des deux mains les parachutages successifs des deux Mario, quasi-ouvertement manigancés par Bruxelles.

Le début de panique des dirigeants européens s’explique aussi par le contraste entre un Mario Draghi qui fut l’un des plus fermes défenseurs de la cause ukrainienne contre Moscou ; et les partis qui viennent de provoquer sa chute, et qui pourraient participer au futur gouvernement issu des élections de septembre : la Ligue et Forza Italia d’un côté, le M5S de l’autre sont tous accusés d’une certaine indulgence « pro-Poutine ». Et ce, dans un pays dont l’opinion publique est décrite comme la moins anti-russe au sein de l’UE.

Il revient «à l’UE d’agir avec doigté pour éviter ce scénario de cauchemar».

Éditorial du Monde (21/07/22)

On comprend dans ces conditions la fébrilité et les conseils du Monde, en conclusion de l’éditorial déjà cité : « aux Italiens pro-européens de se mobiliser et à l’UE d’agir avec doigté pour éviter ce scénario de cauchemar ». L’UE est ainsi appelée à s’ingérer une nouvelle fois. Mais, de grâce, « avec doigté » cette fois-ci…

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Italien: die « politische Klasse » schwört Draghi die Treue

Par : pierre

Der politische Wandel, der gerade in Italien stattgefunden hat, verdient höchste Aufmerksamkeit. Mario Draghi, der ehemalige Chef der Europäischen Zentralbank (EZB), hat das Amt des Regierungschefs übernommen.

Seine Aufgabe wird es sein, die Verwendung von EU-Geldern vorzubereiten, die das Land unter der Bedingung erhalten soll, dass es die von Brüssel gewünschten Reformen in die Wege leitet.Aufgabe von Draghi wird es sein, die Verwendung von Geldern der Europäischen Union (EU) vorzubereiten, die das Land unter der Bedingung erhalten soll, dass es die von Brüssel gewünschten Reformen in die Wege leitet.

Das neue Kabinett, das am 13. Februar offiziell bekannt gegeben wurde, besteht aus neun « unabhängigen » Ministern, die die strategisch wichtigsten Ressorts innehaben, sowie aus Vertretern von sechs politischen Familien unterschiedlichster Couleur, deren Allianz – gelinde gesagt – spektakulär ist: die Demokratische Partei (PD, bekannt als Mitte-Links), die an der scheidenden Regierung beteiligt war; die Fünf-Sterne-Bewegung (Movimento 5 Stelle: M5S), ebenfalls in der früheren Regierung; die Liga, mit der die PD geschworen hatte, sich niemals zu verbünden (und umgekehrt) und die Forza Italia, deren Galionsfigur immer noch Silvio Berlusconi bleibt.

Schließlich erben zwei kleine Parteien jeweils ein Ministerium, darunter Italia Viva, die Splittergruppe der PD, die vom ehemaligen Premierminister Matteo Renzi gegründet wurde – dem Mann, der eine Schlüsselrolle im politischen Sturm spielte und der es nicht versäumte, den ehemaligen Präsidenten der EZB als « den kompetentesten Mann Italiens » und als « anerkannte Führungspersönlichkeit auf europäischer und internationaler » Ebene zu loben.

« Es war wichtig, Europa zu beruhigen »

Paolo Gentiloni, aktueller EU-Wirtschaftskommissar und ehemaliger Regierungschef

Der aktuelle EU-Wirtschaftskommissar Paolo Gentiloni, der von 2016 bis 2018 selbst Regierungschef (PD) war, fügte hinzu: « Es war wichtig, Europa zu beruhigen ». Ein anderer ehemaliger Premierminister, Romano Prodi, auch ehemaliger Präsident der Europäischen Kommission, äußerte sich ebenfalls in dieser Richtung.

Dieses Konzert von Lobeshymnen lässt wenig Zweifel an der Bedeutung, die dem Auftritt des « Retters » Draghi beizumessen ist. Seine Priorität wird die Neudefinition und Umsetzung des nationalen Plans zur Verwendung der 209 Milliarden sein, die dem Land von Brüssel zugewiesen werden sollen.

Jeder EU-Mitgliedsstaat muss seinen Investitions- und Reformplan bis zum 30. April bei der Europäischen Kommission einreichen, damit diese die Mittel freigibt. Italien, das Land, das am stärksten von der Pandemie und ihren schrecklichen wirtschaftlichen Folgen betroffen ist (ein « negatives Wachstum » von 8,5 Prozent im Jahr 2020), ist auch das Land, dem die meisten Subventionen zugesagt wurden. Draghi wird natürlich sehr beflissen auf die Brüsseler Erwartungen eingehen.

« Super-Mario » hat mit seinen 73 Jahren zwar noch nie ein Wahlmandat innegehabt, ist aber nicht minder vertraut mit der « politischen Klasse ». So war er von 1991 bis 2001 Generaldirektor des italienischen Finanzministeriums, wurde von nicht weniger als neun Regierungen als solcher immer wieder bestätigt und steuerte so ohne Unterbrechung das Programm von 750 Privatisierungen in Italien. Dann war er anschließend europäischer Vizepräsident der Bank Goldman Sachs (2002-2005), bevor er 2006 Gouverneur der Banca d’Italia wurde.

Der aktuelle politische Umbruch begann mit einem parlamentarischen Manöver ohne zunächst erkennbare Tragweite: Am 13. Januar drohte der ehemalige Ministerpräsident Matteo Renzi (2014-2016), seine kleine Bewegung aus der Regierungskoalition zurückzuziehen, wodurch diese ihre knappe Mehrheit verlor. Offiziell wollte Renzi – dessen Rolle hinter den Kulissen umgekehrt proportional zu den weniger als 3 Prozent Rückhalt in den durch Meinungsumfragen ermittelten Wahlabsichten ist – lediglich den « Mangel an Ehrgeiz » des vom Regierungschef Giuseppe Conte ausgearbeiteten Sanierungs- und Reformplans anprangern.

Am 19. Januar scheiterte Conte daran, sich die absolute Mehrheit der Senatoren zu sichern. Im Bewusstsein dieser Fragilität trat er am 25. Januar zurück, in der Hoffnung, ein neues Kabinett bilden zu können und eine neue Mehrheit zu gewinnen. Er versäumte es nicht, einen pathetischen Appell an « alle pro-europäischen Kräfte » zu richten, sich gegen « Nationalisten und Souveränisten » zu vereinen. Trotz zahlreicher Versuche, verschiedene einzelne Parlamentarier zu verführen, ist ihm dies nicht gelungen. Am 2. Februar musste er seinen Misserfolg eingestehen.

Von da an übernahm der Präsident der Republik, Sergio Mattarella – die andere Figur, die eine entscheidende Rolle spielte – die Sache in die Hand, und rief Herrn Draghi zu sich. Am 3. Februar stimmte Draghi zu, an der Bildung einer Regierung zu arbeiten. Am 6. Februar bestätigte er die Zustimmung der wichtigsten politischen Kräfte. Das Kabinett war damit parlamentarisch äußerst breit aufgestellt und wurde schließlich am 17. und 18. Februar mit überwältigender Mehrheit vom Senat und anschließend auch von der Abgeordnetenkammer bestätigt.

Vor den Parlamentariern verkündete der neue Regierungschef eindringlich: « Diese Regierung zu unterstützen bedeutet, die Unumkehrbarkeit des Euro zu akzeptieren ». Er sprach damit vor allem die Liga an, deren Anführer Matteo Salvini seine Popularität durch seine Hetzreden gegen Brüssel aufgebaut hatte. Ohne vor ideologischen Verrenkungen zurückzuschrecken, rechtfertigte der hitzköpfige Führer die Rückkehr seiner Bewegung in die Regierung mit seinem « Pragmatismus », indem er die versprochenen Gemeinschaftsmittel winken ließ… Diese schillernde Verwandlung scheint unter dem Druck der Nummer zwei in dieser Partei erfolgt zu sein. Giancarlo Giorgetti, jetzt Minister, ist für seine Nähe zur Mailänder Geschäftswelt bekannt.

« Wir sind es, die das Werk des Herrn ruinieren »

Mario Draghi

Mario Draghi betonte auch die Priorität des Umweltschutzes, indem er sich dem Papst anschloss (und damit eine christdemokratische Tradition wiederbelebte). « Naturkatastrophen sind die Antwort der Erde auf ihre Misshandlung (…) Wir sind es, die das Werk des Herrn ruinieren », klagte er und erlaubte so auch der « grünen » M5S, ihre Beteiligung im neuen Kabinett zu rechtfertigen.

In Sachen Akrobatik ist diese Bewegung tatsächlich nicht zu übertreffen. Die M5S wurde 2009 von dem Komiker Giuseppe « Beppe » Grillo mit der radikalen Anprangerung des « Systems » und der « Kaste » gegründet und lehnte von vornherein jedes Bündnis ab. Ein Eilreferendum unter ihren Mitgliedern – das übrigens von einem Teil der Basis und etwa fünfzig Parlamentarier angefochten wurde – befürwortete nun die Teilnahme an der Regierung.

Es stimmt schon, dass die Mitglieder dies Basis innerhalb von drei Jahren in drei internen Abstimmungen mit Ja geantwortet haben: zunächst im Frühjahr 2018 über die « Conte 1 »-Regierung, die die M5S mit der Liga verband – ein Bündnis zwischen « Linkspopulisten und Rechtsnationalisten », das Brüssel beunruhigt hatte; dann, nach dem Sturz dieses Kabinetts im Sommer 2019, über die « Conte 2 »-Regierung, die diesmal die M5S mit der PD verband – eine Konfiguration, die die Liga ausbootete, zur großen Erleichterung der Führer in der EU; und diesmal schließlich über ein Kabinett, das wie eine Karikatur des « Systems » aussieht, das von einem Schlüsselmann der « europäischen Integration » geführt wird, und das buchstäblich alles verkörpert, was die M5S früher anprangerte.

In mancher Hinsicht erinnert das Auftreten des ehemaligen EZB-Präsidenten an das Jahr 2011, als der ehemalige EU-Kommissar Mario Monti die Zügel übernahm, nachdem Silvio Berlusconi auf Druck aus Brüssel ausgeladen wurde. Damals rechtfertigten die EU-Führer diese kaum verhohlene Einmischung mit dem Risiko, dass die Finanzmärkte gegen Italien Amok laufen würden. Diesmal ist es nicht die Peitsche, sondern das Zuckerbrot des Konjunkturprogramms der « Europäischen Union », das hingehalten wird, um einen surrealistischen politischen Umsturz zu provozieren und zu rechtfertigen.

In beiden Fällen ist die Fähigkeit der EU-Granden bemerkenswert, die Kontrolle über die italienische politische Szene wiederzuerlangen: egal, ob durch die Drohung der Finanzmärkte, die das Land untergehen lassen könnten, oder mit den Milliarden, die Brüssel als Vorwand anbietet, vorausgesetzt, Rom setzt die « notwendigen Reformen » um.

Kommissar Gentiloni betonte die Notwendigkeit der Beteiligung aller Interessengruppen, « insbesondere der Gewerkschaften ». Wenn die Gewerkschaften nicht ausreichend einbezogen würden, werde es « viel schwieriger », den Arbeitsmarkt und die Rentensysteme zu reformieren, warnte er. Das gilt natürlich nicht nur für Italien.

Die italienischen Medien veröffentlichten eine Umfrage, wonach mehr als sechs von zehn Befragten dem « Unternehmen Draghi » eine Chance geben möchten. Weniger mitteilungsfreudig geben sie sich über eine andere Umfrage, die ergab, dass nur 39 Prozent der Italiener eine EU-Mitgliedschaft für eine « gute Sache » halten.

Denn von der Einmischung der EU im Jahr 2011 bis hin zum Gefühl der völligen Entsolidarisierung zu Beginn der Pandemie hat diese Europäische Union in Italien wahrlich nicht an Popularität gewonnen. Ihre Institutionen erweisen sich als deutlich geschickter darin, nationale Politiker umzustimmen, als die Bürger zu überzeugen.

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En Italie, un attelage gouvernemental improbable va faire « le sale boulot » requis par Bruxelles

Par : pierre

Les députés italiens devraient voter, lundi 9 septembre au soir, la confiance au nouveau cabinet dirigé par Giuseppe Conte. Le lendemain, les sénateurs feront sans doute de même. Mais la Ligue et son leader, Matteo Salvini, pourraient bien tirer profit de la nouvelle configuration.

La crise politique italienne couvait depuis de nombreux mois. Elle a éclaté le 8 août, lorsque Matteo Salvini, chef de la Ligue et à ce moment ministre de l’Intérieur, a annoncé son coup d’éclat. Elle a finalement connu son dénouement le 5 septembre, avec l’annonce d’un gouvernement s’appuyant sur une nouvelle coalition, rebattant ainsi les alliances politiques.

Ce cabinet, très différent du précédent même s’il est à nouveau dirigé par Giuseppe Conte, va donc se mettre au travail dès le vote de confiance des députés puis des sénateurs. Les parlementaires – nombreux – qui redoutaient de perdre leur siège à la faveur d’élections anticipées, de même que les dirigeants européens et les forces pro-UE en Italie, ainsi que les marchés financiers (qui ont rebondi dès que fut confirmée la mise en place du nouvel exécutif), ont poussé un immense soupir de soulagement. Mais la plupart de ces forces le savent bien : le répit n’est que provisoire.

Le tonitruant et populaire dirigeant de la Ligue avait, début août, joué un coup de poker en annonçant une motion de défiance contre son propre gouvernement. Il avait argué de la guérilla croissante entre les deux forces qui composaient la majorité constituée quatorze mois auparavant – une situation qui engendrait en effet nombre de blocages.

Ses anciens alliés du Mouvement cinq étoiles (M5S, fondé par le comique Beppe Grillo et catalogué populiste) de même que ses adversaires, avaient de leur côté accusé ce dernier de vouloir provoquer des élections anticipées dans le seul intérêt de son parti, en l’occurrence pour profiter de la remarquable popularité de celui-ci. Car en lui accordant 36%, 38%, voire 40% des intentions de vote, les sondages semblaient confirmer voire amplifier la spectaculaire progression de la Ligue : lors des européennes de mai dernier, celle-ci avait obtenu plus de 34% des suffrages, soit le double du score réalisé lors des législatives de mars 2018.

Matteo Salvini ne s’en est d’ailleurs pas caché, affirmant qu’un retour aux urnes constituait « la voie royale » de la démocratie, et que le pays avait besoin qu’on lui confie « les pleins pouvoirs », c’est-à-dire une majorité ne dépendant pas de partenaires réticents.

M. Conte s’est montré particulièrement dur à l’égard de Matteo Salvini, lui reprochant d’affaiblir l’Italie au sein de l’Union européenne

Lors du débat qui s’est tenu le 20 août au Sénat dans une ambiance particulièrement tendue, Giuseppe Conte, a annoncé la fin du gouvernement, rendant ainsi caduque la motion de défiance que s’apprêtait à déposer la Ligue. M. Conte s’est montré particulièrement dur à l’égard de celui qui a pris l’initiative de la rupture, lui reprochant entre autres d’affaiblir l’Italie au sein de l’Union européenne.

Une course de vitesse s’est alors engagée pour trouver une coalition de rechange afin d’éviter le retour aux urnes souhaité par M. Salvini. C’est l’ancien président du Conseil Matteo Renzi (qui est resté aussi impopulaire dans son pays qu’Anthony Blair l’est dans le sien) qui a pris l’initiative d’un improbable rapprochement entre sa propre formation, le Parti démocrate (PD, dit de « centre-gauche »), et le M5S.

Après validation par les adhérents de ce dernier, l’attelage annoncé le 29 août s’est finalement réalisé, en dépit des innombrables insultes que les deux partis se sont échangées dans les années récentes (« populistes dangereux et irresponsables » d’un côté, « corrompus et pourris » de l’autre), reflet des multiples oppositions entre une formation symbolisant la « caste politique » et un mouvement fondé à l’origine comme un « non-parti » dénonçant les turpitudes de celle-ci.

Avec cette alliance contre-nature, il est probable que la popularité du M5S se dégrade encore plus. Déjà, ce dernier avait dégringolé de 33% à 17% entre les législatives de mars 2018 et les européennes de mai 2019.

Nouveau gouvernement

Le nouveau gouvernement compte dix ministres issus de chacun des deux camps. Mais le M5S risque de s’affaiblir encore un peu plus face aux politiciens aguerris du PD. Son chef, Luigi Di Maio, hérite certes des Affaires étrangères – poste prestigieux mais hors des priorités de ce mouvement – mais n’a pas obtenu de garder le titre de vice-premier ministre. Quant à Giuseppe Conte, un économiste non encarté mais qui passait pour proche du M5S, il jouait un rôle relativement effacé dans le cabinet qu’il dirigeait jusque là. Il a désormais pris de l’autorité et de l’autonomie politiques.

Le nouveau cabinet aura comme tâche prioritaire de préparer le budget 2020, qui doit être soumis à la Commission européenne à l’automne et doit être conforme à ses règles

Pour sa part, et contrairement aux commentateurs prompts à gloser sur « l’échec de Salvini qui s’est tiré une balle dans le pied», la Ligue pourrait bien profiter de sa nouvelle position d’opposant quasi-exclusif. D’autant que le nouveau cabinet aura comme tâche prioritaire de préparer le budget 2020, qui doit être soumis à la Commission européenne à l’automne et doit être conforme à ses règles. En l’occurrence, celles-ci imposent de trouver entre 23 et 30 milliards (compte tenu des négociations antérieures entre Rome et Bruxelles), c’est-à-dire d’opérer des coupes majeures dans les budgets publics, et de renoncer aux baisses d’impôts initialement promises. En un mot, il va désormais falloir faire le « sale boulot ».

Ce nouveau gouvernement devrait également rompre avec la « fermeté » vis-à-vis des arrivées de migrants sur les côtes italiennes, fermeté sur laquelle Matteo Salvini a construit une large part de son aura. Celui-ci pourra encaisser ainsi tranquillement les dividendes d’une telle situation, tout en dénonçant par ailleurs les sordides « combinazione » des partis unis par leur seule volonté d’éviter le retour aux urnes

Certes, M5S et PD ont mis au point un programme commun comportant vingt-six points, dont la « lutte contre les inégalités », une « solution européenne au programme migratoire », ou des investissement dans l’environnement et les énergies renouvelables. Mais beaucoup d’orientations opposent en réalité les deux forces politiques. M. Di Maio répète sur tous les tons que ce gouvernement est dans la continuité et poursuivra l’action du précédent, tandis que le leader du PD, Nicola Zingaretti, explique tout au contraire que le changement et la rupture constituent le nouveau mandat de l’exécutif…

Au-delà des bisbilles prévisibles, les forces ouvertement pro-UE ont repris la main. Le nouveau ministre de l’Economie, Roberto Gualtieri, présidait la commission des Affaires économiques de l’europarlement et passe pour très apprécié à Bruxelles ; celui chargé des Affaires européennes, Enzo Amendola, est un partisan acharné de l’intégration ; surtout, on connaît désormais le nouveau Commissaire européen nommé par Rome, en l’occurrence l’ancien chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, celui-là même que les électeurs avaient chassé en mars 2018. Tous les trois sont issus du PD.

A la faveur de la crise, les forces pro-UE ont donc gagné… du temps. Mais c’est sans doute reculer pour mieux sauter

Les négociations avec Bruxelles devraient donc en être facilitées pour la préparation du budget 2020. A noter qu’en juin dernier encore (après un premier bras de fer en décembre 2018, au cours duquel Rome s’était finalement incliné), la Commission européenne avait une nouvelle fois brandi la menace d’une procédure de sanctions (officiellement pour endettement excessif), alors même que certains économistes et dirigeants proches de la Ligue travaillaient à la mise en place d’un mécanisme (« mini-bots ») qui pouvait préfigurer une sortie de l’euro…

A la faveur de la crise, les forces pro-UE ont donc gagné… du temps. Mais c’est sans doute reculer pour mieux sauter. Et les premiers test sont proches : trois élections régionales (Ombrie, Calabre, Emilie-Romagne) sont prévues en octobre et novembre.

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« Nous sommes le peuple ! » (éditorial paru dans l’édition du 19/12/2018)

Par : pierre

Londres, Berlin, Rome, Madrid, Bruxelles, Stockholm. Et Paris. Si un européiste s’était éclipsé de l’UE il y a quelques années et ré-atterrissait aujourd’hui, il serait atterré, éberlué, anéanti. Où qu’il porte le regard, il ne découvrirait que ruines et cataclysmes. A commencer par ce fait de portée littéralement historique : pour la première fois, un pays va quitter l’Union européenne après en avoir démocratiquement décidé. Certes, les soubresauts ne sont pas terminés. Mais, d’une manière ou d’une autre, fût-ce à une échéance un peu plus éloignée qu’espéré par certains, le Royaume-Uni va reprendre le contrôle de ses lois, de ses deniers, de ses frontières.

L’Allemagne connaît une instabilité politique durable. A Rome, le cauchemar de la Commission européenne s’est réalisé. La Belgique vient de plonger dans une crise gouvernementale. La Suède n’a toujours pas de gouvernement.

L’Allemagne est, quant à elle, plongée depuis les élections de septembre 2017 dans une instabilité politique durable. Elections régionales calamiteuses, coalition chancelante et démission forcée de la patronne des chrétiens-démocrates : nul ne se risque à pronostiquer la fin de ce chaos qui paralyse Berlin sur la scène européenne.

A Rome, le cauchemar de la Commission européenne s’est réalisé : la coalition baroque des « populistes » et de l’« extrême droite » est au pouvoir et ne s’estime pas tenue par les règles sacrées de l’euro. Certes, des signes de compromis sont envoyés vers Bruxelles. Mais le fait est là : l’un des pays réputés les plus euro-enthousiastes durant des décennies a tourné casaque.

L’Espagne était il y a quelques mois encore décrite comme l’un des derniers pays immunisé contre ladite extrême droite. Or le parti Vox, jusqu’à présent marginal, vient d’entrer de manière fracassante dans le parlement régional d’Andalousie, et nourrit des espoirs réalistes de s’allier avec le Parti populaire (conservateur) en vue d’être associé au pouvoir à Madrid, peut-être dès 2019. La Belgique vient de plonger dans une crise gouvernementale. La Suède n’a toujours pas de gouvernement, près de quatre mois après les élections.

Et si notre néo-huron tentait de se consoler en se tournant vers l’Est, le spectacle achèverait de le désespérer. La Pologne et plus encore la Hongrie sont en conflit avec l’Union qui a entamé contre elles des procédures pour « grave atteinte à l’Etat de droit ». Quant à la Roumanie, elle est en passe de rejoindre le camp des moutons noirs « illibéraux », mais là avec un gouvernement social-démocrate. Comble de malheur : Bucarest prend au 1er janvier la présidence semestrielle du Conseil de l’UE.

Champ de ruines et de mines

Dans ce qui représente pour les fans de l’Europe un champ de ruines et de mines, on ne saurait oublier la France. On peut même penser que le mouvement des Gilets jaunes constitue, parmi les Vingt-huit et hors Brexit, la crise la plus ample, la plus profonde, et la plus dangereuse pour l’intégration européenne.

Parti d’un rejet ô combien légitime d’une taxe supplémentaire sur le carburant visant officiellement à imposer la « sobriété » énergétique « pour éviter la fin du monde », cette mobilisation allie dans une même dynamique l’irruption de la question sociale, à travers la révélation que la pauvreté et le mal-vivre ne sont pas le lot des seuls « exclus », mais bien de millions de ménages qui forment le monde du travail ; et la prégnance de la question nationale, comme en témoigne l’omniprésence du drapeau tricolore et de la Marseillaise. Deux mots sont revenus comme un leitmotive : pouvoir d’achat pour vivre décemment ; et souveraineté populaire, pour décider ensemble. Une auto-politisation accélérée résumée en une formule : « nous sommes le peuple ». Explosif et ravageur pour un président de la République symbolisant la richesse éhontée et l’arrogance assumée.

« Notre seule bataille, c’est pour la France » : la proclamation d’Emmanuel Macron relève de l’escroquerie, mais révèle la force d’un mouvement qui l’a contraint à passer ce soir-là l’Europe par pertes et profits

Ce dernier n’est pas seulement démonétisé dans l’Hexagone. Il a largement perdu son crédit au sein des élites de l’UE, qui, il y encore un an, voyaient en lui le jeune et brillant sauveur de l’Europe. La presse allemande, en particulier, ne lui pardonne pas d’être tombé de son piédestal jupitérien. C’en est fini des espoirs de réformes « audacieuses » et des ambitions européennes déclamées dans le discours de la Sorbonne.

Concluant son intervention solennelle du 10 décembre, le maître de l’Elysée a usé notamment de deux formules : « mon seul souci, c’est vous » ; « notre seule bataille, c’est pour la France ». La première est un aveu involontairement humoristique ; la seconde relève évidemment de l’escroquerie, mais révèle la force d’un mouvement qui a contraint le chantre de la « souveraineté européenne » à passer ce soir-là l’Europe par pertes et profits.

Rien ne sera plus jamais comme avant.

Pierre Lévy

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