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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

La Chine paye cher ses erreurs politiques

Les milieux financiers découvrent tardivement les faiblesses du modèle chinois, pourtant perceptibles depuis une décennie. C’était prévisible pour tout observateur de la démographie, des mécanismes de développement et du communisme.

On peut penser notamment aux dettes souscrites en contrepartie de faux actifs, par exemple pour la construction de logements, alors qu’il y a de moins en moins de jeunes pour les occuper ou d’infrastructures redondantes, faisant momentanément la joie des bâtisseurs. Je me doutais bien que ces dettes sortiraient quelque part un jour…

Mais jusqu’à la pandémie, la croissance était si forte en apparence que mes propos étaient inaudibles. Ensuite, tout le monde pensait que ça repartirait comme avant.

 

Les financiers découvrent enfin la réalité de la Chine

Mais aujourd’hui, le monde financier est ébranlé avec les bourses chinoises au plus bas depuis 2019 et la faillite de Zhongzhi, l’établissement le plus important du financement privé. Les économistes découvrent l’évidence, et, le 5 décembre 2023, l’agence Moody’s a ainsi dégradé la perspective économique de la Chine à « négative ».

Le retard de cette prise de conscience vient à mon avis du fait que beaucoup d’experts s’attachent d’abord à analyser les données financières, alors qu’elles ne sont souvent que la conséquence de mouvements physiques de fond.

Commençons par la tendance négative qui aurait dû les alerter de façon évidente : la démographie.

 

Une prise de conscience tardive du déclin démographique

Toute personne de bon sens aurait pu prévoir, dès le lancement de la politique de l’enfant unique, que l’on allait vers un problème démographique majeur.

Le président Mao était alors affolé par la croissance de la population chinoise et fit alors la même bêtise que nos décroissants d’aujourd’hui, à savoir que trop diminuer les naissances, c’est condamner les vieux à l’abandon, faute d’enfants ou de soignants. Et non seulement les vieux d’aujourd’hui, mais aussi les vieux de demain, c’est-à-dire tout le monde.

Cette politique de l’enfant unique date de 1979, elle succédait à une pression pour le contrôle des naissances démarrée en 1970. Mais il a fallu attendre plus de 40 ans et le recensement de 2022 pour que le président XI réalise, bien trop tard, le mécanisme qui avait été lancé. Trop tard, parce qu’il y avait déjà une diminution du nombre de parents.

Nous avons là une première cause physique d’une fragilité de la croissance chinoise.

Le gouvernement en est maintenant conscient et multiplie les robots pour compenser le manque de bras.

Pour l’instant, les robots viennent d’Allemagne et produisent les voitures électriques qui ruinent l’industrie allemande. De toute façon, beaucoup de métiers ou de fonctions ne peuvent être robotisés.

La consigne de passer de un à deux, puis à trois enfants autorisés laisse à l’œuvre cette administration toute-puissante de contrôle des naissances, bien représentative de l’autoritarisme du régime.

Jusqu’à présent, aucun autocrate n’avait osé dicter le comportement des familles.

 

Conséquences sur l’immobilier

Il était évident que la diminution du nombre d’enfants et d’adultes, mais pas des vieux, allait diminuer la demande finale de logements.

Le phénomène a été masqué un certain temps par l’urbanisation, mais beaucoup moins qu’on ne le pense.

En effet, une bonne partie des migrants vers les villes sont logés dans des baraques de chantier, voire dans les entreprises elles-mêmes : les villes sont jalouses de leurs privilèges et le passeport intérieur empêche les migrants campagnards de profiter de leurs écoles et de leurs logements.

Le secteur de la construction a également été favorisé par les déplacements forcés de population, par exemple à l’occasion de l’immense lac créé par le barrage des Trois-Gorges, mais il s’agit de phénomènes ponctuels et limités dans le temps.

Enfin la demande spéculative (acheter un logement pour le revendre sans l’habiter), qui a gonflé la demande, butte forcément sur la réalité, faute d’acheteur final. D’autant plus que le gouvernement, jugeant cette spéculation malsaine, l’a découragée, ce qui a précipité la crise.

Donc, les principaux promoteurs ont fait faillite, laissant des centaines de milliers de logements inachevés ou inoccupés, et l’épargne de nombreux particuliers détruite.

En outre, la baisse brutale de cette activité très dépensière en matériaux, notamment en fers à béton, se répercute sur l’ensemble de la production industrielle, faisant rétrospectivement apparaître une partie de cette dernière comme artificielle… Ce qui n’a pas empêché la Chine de gonfler les chiffres de sa croissance et de s’en prévaloir comme illustration de sa puissance, puis de tenter de caser les surplus dans les fameuses routes de la soie.

Finalement, en dépit des nombreuses mesures incitatives prises par Pékin pour relancer les ventes, celles-ci ont chuté de 35 % en décembre 2023 par rapport à l’année précédente.

 

Les dettes induites

La faillite du géant Zhongzhi

Revenons sur le cas de Zhongzhi. Ce géant chinois de la « finance de l’ombre », c’est-à-dire totalement privée, par opposition aux services des banques d’État, était l’un des principaux gestionnaires de patrimoine du pays : on parle de 140 milliards d’actifs au plus haut.

On le découvre aujourd’hui endetté à hauteur d’environ 64,4 milliards de dollars et en cessation de paiement. C’est l’une des plus graves faillites de l’histoire de la Chine.

Zhongzhi collectait l’épargne des entreprises et des ménages pour la reprêter et investir notamment dans l’immobilier, mais aussi dans les actions, les obligations ou encore les matières premières.

C’est une fonction normale en économie de marché où les logements et infrastructures sont en principe vendables ou rentables, pas quand il s’agit de bulle spéculative ou d’infrastructures redondantes, décidées politiquement par folie des grandeurs ou simple copinage entre décideurs du parti et entrepreneurs.

J’ignore si les dettes correspondantes ont été prises en compte dans la comptabilité nationale chinoise, mais ce n’est pas du tout certain. Avec cette faillite, c’est une autre partie de l’épargne de la population qui va disparaître.

 

Les dettes des gouvernements locaux

À cela s’ajoute l’inquiétude croissante liée aux dettes des gouvernements locaux, qui, jusqu’à présent, les remboursaient en décidant que des terrains agricoles devenaient constructibles et empochaient la marge.

De ce fait, toute diminution de la construction de logements ou de bâtiments en général les empêche de rembourser leurs dettes.

Bien sûr, ces gouvernements locaux vont se retourner vers les banques d’État ou l’État lui-même. Mais, à mon avis, la valeur détruite finira par se faire sentir dans l’économie, d’une manière ou d’une autre.

Et à ces dettes s’ajoutent les subventions aux entreprises jugées stratégiques, ou tout simplement bien vues du Parti. Cela pour leur permettre de percer en cassant les prix : voir par exemple le cas des panneaux solaires hier, et aujourd’hui celui des voitures électriques.

Si l’Occident profite de ces prix de bradage, c’est malheureusement au détriment de son industrie nationale.

 

Le retour du contrôle du Parti sur les entreprises

À cela s’ajoute le fait que les cellules du parti dans des entreprises ont reçu l’ordre de se réactiver et de participer à la gestion, et notamment au choix des dirigeants, y compris dans les entreprises étrangères.

Dans les entreprises nationales, tout responsable accédant à une certaine notoriété fait de l’ombre au parti, voire au président, et on a pris l’habitude de disparitions fréquentes, la première, très médiatisée a été celle de Jack Ma, mais il y en a eu beaucoup d’autres depuis. Il y a même eu des « accidents » à l’étranger.

Ce resserrement du contrôle du Parti me paraît un point fondamental, qui touche non seulement à l’attractivité de la Chine, mais aussi indirectement à la liberté des débats techniques, donc à l’innovation, en dépit des subventions massives pour la générer.

 

La désillusion des investisseurs étrangers 

Dans le monde des affaires, qui est politiquement puissant dans tous les pays occidentaux, mais particulièrement en Allemagne et aux États-Unis, la Chine est d’abord un marché irremplaçable et un sous-traitant efficace.

D’où une pression sur le monde politique que l’on pourrait résumer par : « que la politique ne nous empêche pas de faire des affaires ! ».

Je ne pense pas seulement aux grands groupes industriels, mais aussi aux multiples conseillers financiers préconisant d’acheter des actions chinoises, c’est-à-dire de financer la croissance du pays.

Mauvais conseil : les bourses chinoises baissent depuis plusieurs années ! Pire, les placements des Occidentaux ont atténué les pertes des nationaux et ont donc en partie payé les dettes du régime !

Cette fascination des investisseurs occidentaux pour les marchés chinois est bien entendu une erreur d’un point de vue géopolitique, mais elle signifie aussi qu’ils se fiaient jusqu’à présent à des résultats financiers qui ne prenaient pas en compte toute la réalité.

 

Un réveil douloureux

Le monde des affaires a un peu évolué récemment, en constatant que les efficaces sous-traitants chinois devenaient des concurrents dangereux, et que la stabilité politique chinoise, longtemps vantée, se traduit maintenant par une mainmise du parti sur les entreprises étrangères, et par une politique sanitaire qui a interdit le séjour des cadres et dirigeants étrangers en Chine. 

Des multinationales ont donc commencé à déplacer leurs projets d’extension vers d’autres pays comme l’Inde ou l’Indonésie, voire le Mexique. Ou encore, dans des cas particulièrement stratégiques, vers les États-Unis.

 

Le cas de Taïwan est instructif

Dans un premier temps, les entrepreneurs de l’île, aidés par la communauté de langue, ont massivement investi en Chine, et ont largement contribué à son développement.

On pouvait même dire à l’époque que Taïwan « avait gagné la guerre » en combinant ses compétences et les bas salaires du continent. Maintenant les Taïwanais se sentent piégés et commencent à investir ailleurs.

Toutes ces questions se répercutent sur la devise chinoise. Le yuan est relativement faible par rapport au dollar (0,14 contre souvent 0,16 ces trois dernières années) et surtout n’est pas complètement convertible, probablement pour compliquer les fuites de capitaux des riches chinois.

Cette non convertibilité est aussi une faiblesse : si la Russie exporte davantage de pétrole et de gaz vers la Chine, elle ne pourra se servir de ses yuans que pour acheter des marchandises chinoises ou celles de pays déficitaires vis-à-vis de la Chine : ils existent, mais encore faut-il qu’ils n’utilisent pas le dollar et que ses marchandises soient intéressantes pour la Russie.

Alors qu’avec des dollars ou des euros, on peut acheter de tout, partout.

 

Le plus grave à terme : la fermeture intellectuelle

Cette prise de conscience encore relative du monde des affaires va accentuer l’isolement chinois.

Le fait que tout doive être conforme à « la pensée de Xi »  et que toute « valeur occidentale » soit décadente ou anti-nationale, va freiner le débat des idées, y compris sur le plan de l’évolution technique.

La baisse de demande d’apprentissage de l’anglais est un indicateur dans ce sens.

Le fait de rappeler à tout Chinois, même de nationalité occidentale, qu’il a un devoir d’espionnage, et la méfiance qui en résulte en face, va également dans le sens de la fermeture intellectuelle.

Cette fermeture n’aura que des conséquences indirectes et à long terme, mais je les crois importantes, même si elles ne se traduisent pas directement dans les indicateurs financiers.

Plus rapidement, on s’apercevra que cette fermeture intellectuelle nuit à l’intelligence artificielle, puisque cette dernière :

  • d’une part, ne pourra puiser dans toutes les données mondiales dont certaines sont censurées en Chine,
  •  et d’autre part, parce qu’il y aura probablement obligation pour les logiciels de respecter le « politiquement correct ». 

 

En conclusion

Certes, le développement de la Chine est réel et important, mais il s’agit non d’un miracle, mais du rattrapage normal d’un pays puissant, comme c’est arrivé à partir de 1945 au Japon, à l’Allemagne et à la Corée du Sud.

De plus, il est probable que ce développement ait été surévalué et surtout repose sur des causes qui n’existent plus aujourd’hui, comme la croissance démographique et l’ouverture sur le monde.

On peut également être frappé par le décalage entre la géopolitique et la perception économique de la Chine par les milieux financiers, ou la passion des entrepreneurs pour le marché chinois.

Ainsi, le géopoliticien s’inquiète de tout ce qui manifeste la force de la Chine, alors que le financier et l’entrepreneur s’inquiètent au contraire de tous ses signes de faiblesse.

À court et moyen terme, ces péripéties financières se traduisent notamment par la disparition d’une partie de l’épargne des ménages. Cela pèsera sur la demande future et pourrait éventuellement entraîner des mouvements politiques.

Finalement la Chine ne dépassera pas les États-Unis de sitôt !

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le coup de génie de Jack London. Il comprend que nos élites sont dangereuses car gentilles et humanitaires, missionnées et messianiques. Elles sont dans le même état moral que le Führer qui voulait interdire le tabac aux femmes, limiter les vitesses de voiture, libérer les Sudètes ou créer l’homme nouveau. Dans son Ozymandia, le libertarien Shaffer Butler indique que ses étudiants sont des gentils nazis sans le savoir (végétariens, écolos, zoophiles, anti-tabac, contrôleurs de tout, etc.) ... Ils se jugent irremplaçables. D’autre part, la grande masse désespérée du peuple de l’Abîme s’enfonçait dans un abrutissement apathique et satisfait de sa misère.

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