Lateo.net - Flux RSS en pagaille (pour en ajouter : @ moi)

🔒
❌ À propos de FreshRSS
Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
Hier — 18 avril 2024Analyses, perspectives

The Boys from the School of the Americas

Par : AHH

Sweet coordinated moves in our Juntaland, West African Sahelian branch, among the Axes of Resistance! 

Little noticed, just after Niger officially kicked out US troops (turning on the ticking clock, as with Frenchie earlier), and right after Russian advance troops arrived in town, China swooped in to provide sanctions-busting liquidity and lucrative deals. This effectively seals off Plunder Inc from one of most stupendous resource-rich regions on earth, easily to rival Russia itself. And Niger is projected to be Africa’s top growth economy this year….

Niamey, Niger protests against French occupation troops, July 2023.

💠 @Arab_Africa:  
⭕ The day after Russian troops arrived, Niger signed a $400 million oil deal with China. China asked for $400 million for the sale of crude oil. The official signing ceremony of the agreement between Niger and CNPC took place on April 12. It was attended by the Prime Minister of Niger, Mahamane Zein Lamin, and the Chinese Ambassador to Niamey. |video|

Niamey, Niger protests against French occupation troops, July 2023.

💠 @Africa Intel: 
⭕ 🇳🇪
Hundreds rally in Niger’s capital to push for U.S. military departure

Hundreds took to the streets of Niger’s capital on Saturday to demand the departure of U.S. troops, after the ruling junta further shifted its strategy by ending a military accord with the United States and welcoming Russian military instructors.

Marching arm in arm through central Niamey, the crowd waved Nigerien flags in a demonstration that recalled anti-French protests that spurred the withdrawal of France’s forces from Niger last year after the army seized power in a coup. |media|

☝☝ Oh, the Chinese fan the flames. And the key Junta leaders were trained in the famous USA torture academy AKA “School of the Americas,” located in Georgia, LOL!!!! 😁 🫡

À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Chronique de la royauté : peut-on être nationaliste et royaliste en même temps ?

Dans ce nouveau numéro de la chronique de la royauté avec Yves-Marie Adeline, nous évoquons la figure de Charles Maurras, qui fut plus nationaliste que royaliste. Adeline en profite pour souligner la distance entre le royalisme et le nationalisme, qui font référence à des conceptions très différentes du corps social.

Plusieurs points méritent ici d’être notés :

  • Charles Maurras était un penseur et un intellectuel nationaliste, qui s’est au fond accoutumé à la République
  • Maurras était un rationaliste qui n’était pas chrétien
  • il fut condamné par l’Eglise
  • ses relations avec les prétendants au trône furent à géométrie variable
  • la conception du corps social selon Maurras ne peut se confondre avec la conception de la France dans la sphère légitimiste

Bonjour 👋
Ravi de vous rencontrer.

Inscrivez-vous pour recevoir chaque jour les articles publiés la veille dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Nous vous remercions pour votre inscription. Vous recevrez notre prochaine newsletter dans moins de 24 heures.

Céline et la malédiction du pacifisme – Nicolas Bonnal

On l’a vu avec Trump : les pacifistes sont toujours considérés comme des nazis. Celui qui veut l’humanité cuite au nucléaire (péril chinois, russe, arabo-iranien, nord-coréen, etc.) est le héros humanitaire et démocrate et nobélisable. Mais on ne la refera pas leur république. Elle aime s’envoyer en l’air sur les champs de bataille – et ce depuis le début.

L’article Céline et la malédiction du pacifisme – Nicolas Bonnal est apparu en premier sur Strategika.

De Gaulle a-t-il voulu rétablir la monarchie ?

Dans cet entretien avec Yves-Marie Adeline, nous abordons une question somme toute assez méconnue de la geste gaullienne : le grand Charles rêvait-il ou non de rétablir la monarchie en France ? Dans cette mise en perspective, Yves-Marie Adeline nous rappelle les relations complexes du général avec Henri, comte de Paris, qu’il espéra un temps installer sur le trône de France.

Dans cette interview, on notera :

  • le lien historique tissé dès les années 40 entre le général De Gaulle et le comte de Paris, héritier du trône
  • l’espoir, caressé dans les années 50 et 60, de rétablir une monarchie en remplacement du système des partis que le général De Gaulle abhorrait
  • l’impossibilité de rétablir la monarchie, constatée dans les années 60
  • l’imprégnation, dans les institutions de la Vè République, de l’idéal monarchiste

Bonjour 👋
Ravi de vous rencontrer.

Inscrivez-vous pour recevoir chaque jour les articles publiés la veille dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Nous vous remercions pour votre inscription. Vous recevrez notre prochaine newsletter dans moins de 24 heures.

« Nous devons mettre en place une diplomatie de guerre » grand entretien avec Nicolas Tenzer

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, à l’occasion d’une conférence internationale, lundi 26 février dernier.

 

Hypothèse d’une victoire russe : à quelles répercussions s’attendre ?

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints – Dans Notre Guerre, vous écrivez : « Les aiguilles de l’horloge tournent sans relâche, associant toujours plus de morts à leur fuite en avant. Mais il arrive aussi un moment où le temps presse. L’Ukraine pourrait mourir. Ce sera de notre faute, et alors le glas de la mort sonnera pour nous. » Quelles seraient les conséquences d’une défaite de l’Ukraine ?

Nicolas Tenzer Elles seraient catastrophiques sur tous les plans et marqueraient un tournant à certains égards analogue mutatis mutandis à ce qu’aurait été une victoire de l’Allemagne nazie en 1945. Outre que cela entraînerait des centaines de milliers de victimes ukrainiennes supplémentaires, elle signifierait que les démocraties n’ont pas eu la volonté – je ne parle pas de capacité, car elle est réelle – de rétablir le droit international et de faire cesser un massacre d’une ampleur inédite en Europe, nettement supérieure à celui auquel nous avons assisté lors de la guerre en ex-Yougoslavie, depuis la Seconde Guerre mondiale.

La crédibilité de l’OTAN et des garanties de sécurité offertes par les États-Unis et l’Union européenne en serait à jamais atteinte, non seulement en Europe, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient. Toutes les puissances révisionnistes s’en réjouiraient, en premier lieu la République populaire de Chine. La Russie poursuivrait son agression au sein du territoire des pays de l’OTAN et renforcerait son emprise sur la Géorgie, le Bélarus, la Syrie, certains pays d’Afrique ou même d’Asie, comme en Birmanie, et en Amérique du Sud (Venezuela, Cuba, Nicaragua).

Cela signifierait la mort définitive des organisations internationales, en particulier l’ONU et l’OSCE, et l’Union européenne, déjà minée par des chevaux de Troie russes, notamment la Hongrie et la Slovaquie, pourrait connaître un délitement. Le droit international serait perçu comme un torchon de papier et c’est l’ordre international, certes fort imparfait, mis en place après Nuremberg, la Charte des Nations unies et la Déclaration de Paris de 1990, qui se trouverait atteint. En Europe même, la menace s’accentuerait, portée notamment par les partis d’extrême droite. Nos principes de liberté, d’État de droit et de dignité, feraient l’objet d’un assaut encore plus favorisé par la propagande russe. Notre monde tout entier serait plongé dans un état accru d’insécurité et de chaos. Cela correspond parfaitement aux objectifs de l’idéologie portée par le régime russe que je décris dans Notre Guerre, qu’on ne peut réduire uniquement à un néo-impérialisme, mais qui relève d’une intention de destruction. C’est la catégorie même du futur qui serait anéantie.

C’est pourquoi il convient de définir clairement nos buts de guerre : faire que l’Ukraine gagne totalement et que la Russie soit radicalement défaite, d’abord en Ukraine, car telle est l’urgence, mais aussi en Géorgie, au Bélarus et ailleurs. Un monde où la Russie serait défaite serait un monde plus sûr, mais aussi moins sombre, et plus lumineux pour les peuples, quand bien même tous les problèmes ne seraient pas réglés. Les pays du sud ont aussi à y gagner, sur le plan de la sécurité énergétique et alimentaire, mais aussi de la lutte anti-corruption et des règles de bon gouvernement – songeons à l’Afrique notamment.

 

Peut-on négocier avec Poutine ?

Pourquoi pensez-vous qu’il n’est pas concevable de négocier avec la Russie de Poutine ? Que répondez-vous à l’ancien ambassadeur Gérard Araud qui plaide pour cette stratégie ? C’est aussi le point de vue de la géopolitologue Caroline Galacteros, qui écrit : « Arrêtons le massacre, celui sanglant des Ukrainiens et celui économique et énergétique des Européens . Négociations !! pendant qu’il y a encore de quoi négocier… ». Comment comprenez-vous cette position ? 

Je ne confondrai pas les positions de madame Galacteros, dont l’indulgence envers la Russie est bien connue, et celle de Gérard Araud qui n’est certainement pas pro-Kremlin. Ses positions me paraissent plutôt relever d’une forme de diplomatie classique, je n’oserais dire archaïques, dont je montre de manière détaillée dans Notre Guerre les impensés et les limites. Celles-ci m’importent plus que les premières qui sont quand même très sommaires et caricaturales. Je suis frappé par le fait que ceux, hors relais de Moscou, qui parlent de négociations avec la Russie ne précisent jamais ce sur quoi elles devraient porter ni leurs conséquences à court, moyen et long termes.

Estiment-ils que l’Ukraine devrait céder une partie de son territoire à la Russie ? Cela signifierait donner une prime à l’agresseur et entériner la première révision par la force des frontières au sein de l’Europe, hors Seconde Guerre mondiale, depuis l’annexion et l’invasion des Sudètes par Hitler. Ce serait déclarer à la face du monde que le droit international n’existe pas. De plus, laisser la moindre parcelle du territoire ukrainien aux mains des Russes équivaudrait à détourner le regard sur les tortures, exécutions, disparitions forcées et déportations qui sont une pratique constante, depuis 2014 en réalité, de la Russie dans les zones qu’elle contrôle. Je ne vois pas comment la « communauté internationale » pourrait avaliser un tel permis de torturer et de tuer.

Enfin, cela contreviendrait aux déclarations de tous les dirigeants politiques démocratiques depuis le début qui ne cessent de proclamer leur attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine. Se déjuger ainsi serait renoncer à toute crédibilité et à toute dignité. Je trouve aussi le discours, explicitement ou implicitement pro-Kremlin, qui consiste à affirmer qu’il faut arrêter la guerre pour sauver les Ukrainiens, pour le moins infamant, sinon abject, quand on sait que, après un accord de paix, ceux-ci continueraient, voire s’amplifieraient encore.

Suggèrent-ils qu’il faudrait renoncer à poursuivre les dirigeants russes et les exécutants pour les quatre catégories de crimes imprescriptibles commis en Ukraine, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide et crime d’agression ? Il faut leur rappeler que le droit international ne peut faire l’objet de médiation, de transaction et de négociation. Il s’applique erga omnes. Le droit international me semble suffisamment affaibli et mis à mal pour qu’on n’en rajoute pas. Cela fait longtemps que je désigne Poutine et ses complices comme des criminels de guerre et contre l’humanité et je me réjouis que, le 17 mars 2023, la Cour pénale internationale l’ait inculpé pour crimes de guerre. Il est légalement un fugitif recherché par 124 polices du monde. On peut gloser sur les chances qu’il soit un jour jugé, mais je rappellerai que ce fut le cas pour Milosevic. En tout état de cause, l’inculpation de la Cour s’impose à nous.

Veulent-ils signifier qu’on pourrait fermer les yeux sur la déportation de dizaines de milliers d’enfants ukrainiens en Russie, ce qui constitue un génocide, en vertu de la Convention du 9 décembre 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide ? On ose à peine imaginer qu’ils aient cette pensée. Là aussi, il est dans notre intérêt à donner des signaux cohérents et forts.

Entendent-ils enfin qu’il serait acceptable que la Russie soit dispensée de payer les réparations indispensables pour les dommages de guerre subis par l’Ukraine, qui sont aujourd’hui estimer à environ deux trillions d’euros ? Veulent-ils que cette charge incombe aux assujettis fiscaux des pays de l’Alliance ? Tout ceci n’a aucun sens, ni stratégique, ni politique.

Sur ces quatre dimensions, nous devons être fermes, non seulement aujourd’hui, mais dans la durée. Dans mon long chapitre sur notre stratégie à long terme envers la Russie, j’explique pourquoi nous devons maintenir les sanctions tant que tout ceci n’aura pas été fait. C’est aussi la meilleure chance pour qu’un jour, sans doute dans quelques décennies, la Russie puisse évoluer vers un régime démocratique, en tout cas non dangereux.

En somme, ceux qui souhaitent négocier avec la Russie tiennent une position abstraite qui n’a rien de réaliste et de stratégiquement conséquent en termes de sécurité. Si la Russie n’est pas défaite totalement, elle profitera d’un prétendu accord de paix pour se réarmer et continuer ses agressions en Europe et ailleurs. C’est la raison pour laquelle je consacre des développements approfondis dans la première partie de Notre Guerre à réexaminer à fond certains concepts qui obscurcissent la pensée stratégique que je tente de remettre d’aplomb. Je reviens notamment sur le concept de réalisme qui doit être articulé aux menaces, et non devenir l’autre nom de l’acceptation du fait accompli. Je m’y inspire de Raymond Aron qui, à juste titre, vitupérait les « pseudo-réalistes ».

Je porte aussi un regard critique sur la notion d’intérêt, et notamment d’intérêt national, tel qu’il est souvent entendu. Lié à la sécurité, il doit intégrer principes et valeurs. Je montre également que beaucoup d’analystes de politique étrangère ont, à tort, considéré États et nations dans une sorte de permanence plutôt que de se pencher sur les spécificités de chaque régime – là aussi, la relecture d’Aron est précieuse. Enfin, je démontre que traiter de politique étrangère sérieusement suppose d’y intégrer le droit international et les droits de l’Homme, alors qu’ils sont trop souvent sortis de l’analyse de sécurité. Pourtant, leur violation est le plus généralement indicatrice d’une menace à venir.

 

Sanctions : comment les rendre efficaces ?

Les sanctions économiques n’ont pas mis fin à la guerre de la Russie en Ukraine. Il semble que la Russie ait mis en place une stratégie de contournement plutôt efficace : depuis 2022, les importations (notamment depuis l’Allemagne) de pays proches géographiquement de la Russie (Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Turquie) ont explosé, et leurs exportations en Russie aussi… Sans parler de l’accélération des échanges entre la Russie et la Chine. Que faudrait-il vraiment faire pour isoler économiquement la Russie ?

C’est un point déterminant. Même si les différents paquets de sanctions décidés tant par l’Union européenne que par les États-Unis et quelques autres pays comme le Japon et la Corée du Sud, sont les plus forts jamais mis en place, ils restent encore incomplets, ce qui ne signifie pas qu’ils soient sans effets réels – ne les minimisons pas. Je reprends volontiers la proposition émise par la Première ministre estonienne, Kaja Kallas, qui proposait un embargo total sur le commerce avec la Russie. Je constate aussi que certains pays de l’UE continuent d’importer du gaz naturel liquéfié russe (LNG) et qu’une banque autrichienne comme Raiffaisen a réalisé l’année dernière la moitié de ses profits en Russie. Certaines entreprises européennes et américaines, y compris d’ailleurs françaises, restent encore présentes en Russie, ce qui me paraît inacceptable et, par ailleurs, stupide dans leur intérêt même.

Ensuite, nous sommes beaucoup trop faibles en Europe sur les sanctions extraterritoriales. Il existe une réticence permanente de certains États à s’y engager, sans doute parce que les États-Unis les appliquent depuis longtemps, parfois au détriment des entreprises européennes. C’est aujourd’hui pourtant le seul moyen pour éviter les contournements. Nous devons mettre en place ce que j’appelle dans Notre Guerre une diplomatie de guerre : sachons dénoncer et agir contre les pratiques d’États prétendument amis, au Moyen-Orient comme en Asie, qui continuent de fournir la machine de guerre russe.

Enfin, nous devons décider rapidement de saisir les avoirs gelés de la Banque centrale russe (300 milliards d’euros) pour les transférer à l’Ukraine, d’abord pour renforcer ses capacités d’achats d’armements, ensuite pour la reconstruction. Les arguties juridiques et financières pour refuser de s’y employer ne tiennent pas la route devant cette urgence politique et stratégique.

 

La nécessité d’une intervention directe

Les alliés de l’Ukraine soutiennent l’effort de guerre de l’Ukraine en aidant financièrement son gouvernement et en lui livrant des armes. Qu’est-ce qui les empêche d’intervenir directement dans le conflit ?

La réponse est rien.

Dès le 24 février 2022 j’avais insisté pour que nous intervenions directement en suggérant qu’on cible les troupes russes entrées illégalement en Ukraine et sans troupes au sol. J’avais même, à vrai dire, plaidé pour une telle intervention dès 2014, date du début de l’agression russe contre le Donbass et la Crimée ukrainiens. C’eût été et cela demeure parfaitement légal en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies qui dispose que non seulement un État agressé peut répliquer en frappant les infrastructures militaires et logistiques sur le territoire de l’ennemi, mais que tout autre État se portant à son secours peut également légalement le faire. Cela aurait mis fin rapidement à la guerre et aussi épargné la mort de plus d’une centaine de milliers d’Ukrainiens, civils et militaires. Cela aurait renforcé notre sécurité et la crédibilité de notre dissuasion.

Si nous, Alliés, ne l’avons pas fait et si nous sommes encore réticents, c’est parce que nous continuons de prendre au sérieux les récits du Kremlin qui visent à nous auto-dissuader. Je consacre toute une partie de Notre Guerre à explorer comment s’est construit le discours sur la menace nucléaire russe, bien avant le 24 février 2022.

Certes, nous devons la considérer avec attention et sans légèreté, mais nous devons aussi mesurer son caractère largement fantasmé. Poutine sait d’ailleurs très bien que l’utilisation de l’arme nucléaire aurait pour conséquence immédiate sa propre disparition personnelle qui lui importe infiniment plus que celle de son propre peuple qu’il est prêt à sacrifier comme il l’a suffisamment montré. On s’aperçoit d’ailleurs que même l’administration Biden qui, au début de cette nouvelle guerre, avait tendance à l’amplifier, ce qui faisait involontairement le jeu de la propagande russe, a aujourd’hui des propos beaucoup plus rassurants. Mais cette peur demeure : je me souviens encore avoir entendu, le 12 juillet 2023, alors que j’étais à Vilnius pour le sommet de l’OTAN, Jake Sullivan, conseiller national pour la sécurité du président américain, évoquer le spectre d’une guerre entre l’OTAN et la Russie. Ce n’est pas parce que les Alliés seraient intervenus, ou interviendraient aujourd’hui, que cette guerre serait déclenchée. Je crois au contraire que la Russie serait obligée de plier.

Là aussi, il convient de remettre en question le discours de la propagande russe selon lequel une puissance nucléaire n’a jamais perdu la guerre : ce fut le cas des États-Unis au Vietnam et, de manière plus consentie, en Afghanistan, et bien sûr celui de l’ancienne URSS dans ce dernier pays. Songeons aussi au signal que, en refusant d’intervenir, nous donnerions à la Chine : cela signifierait-il que, parce qu’elle est une puissance nucléaire, elle pourrait mettre la main sur Taïwan sans que nous réagissions ? Il faut songer au signal que nous envoyons.

Enfin, et j’examine cela dans mon livre de manière plus détaillée, se trouve posée directement la question de la dissuasion au sein de l’OTAN. Celle-ci repose fondamentalement, du moins en Europe, sur la dissuasion nucléaire et la perspective de l’activation de l’article 5 du Traité de Washington sur la défense collective. Elle concerne aussi, par définition, les pays de l’Alliance, ce qui d’ailleurs montre la faute majeure qui a été celle de la France et de l’Allemagne en avril 2008 de refuser un plan d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN lors du sommet de Bucarest. Emmanuel Macron l’a implicitement reconnu lors de son discours du 31 mai 2023 lors de son discours au Globsec à Bratislava.

Une double question se pose donc. La première est celle de notre dissuasion conventionnelle, qui a été en partie le point aveugle de l’OTAN. Je propose ainsi qu’on s’oriente vers une défense territoriale de l’Europe. La seconde est liée au cas de figure actuel : que faisons-nous lorsqu’un pays non encore membre de l’Alliance, en l’occurrence l’Ukraine, est attaqué dès lors que cette agression comporte un risque direct sur les pays qui en sont membres ?

 

Hypothèse d’un retour de Donald Trump

Donald Trump est bien parti pour remporter l’investiture des Républicains en juin prochain. Quelles seraient les conséquences d’une potentielle réélection de l’ancien président américain sur la guerre en Ukraine ? 

À en juger par les déclarations de Donald Trump, elles seraient funestes. On ne peut savoir s’il déciderait de quitter l’OTAN qu’il avait considérée comme « obsolète », mais il est fort probable qu’il diminuerait de manière drastique les financements américains à l’OTAN et l’effort de guerre en faveur de l’Ukraine. Les Européens se trouveraient devant un vide vertigineux. S’il fallait compenser l’abandon américain, y compris sur le volet nucléaire – au-delà des multiples débats doctrinaux sur le rôle des dissuasions nucléaires française et britannique –, les pays de l’UE devraient porter leurs dépenses militaires à 6 ou 7 % du PIB, ce qui pourrait difficilement être accepté par les opinions publiques par-delà les questions sur la faisabilité. Ensuite, cela ne pourrait pas se réaliser en quelques mois, ni même en quelques années sur un plan industriel en termes d’armements conventionnels.

En somme, nous devons poursuivre nos efforts au sein de l’UE pour transformer de manière effective nos économies en économies de guerre et porter à une autre échelle nos coopérations industrielles en matière d’armement au sein de l’Europe. Mais dans l’immédiat, les perspectives sont sombres. Cela sonnera l’heure de vérité sur la volonté des dirigeants européens de prendre les décisions radicales qui s’imposent. J’espère que nous ferons en tout cas tout dans les mois qui viennent pour apporter une aide déterminante à l’Ukraine – nous avons encore de la marge pour aller plus vite et plus fort.

Les États-Unis et l’Europe restent encore à mi-chemin et n’ont pas livré à l’Ukraine toutes les armes, en quantité et en catégorie, qu’ils pouvaient lui transférer, notamment des avions de chasse et un nombre très insuffisant de missiles à longue portée permettant de frapper  le dispositif ennemi dans sa profondeur. Quant au président Biden, il devrait comprendre qu’il lui faut aussi, dans le temps qui lui reste avant les élections de novembre, donner à Kyiv toutes les armes possibles. Il serait quand bien mieux placé dans la course à sa réélection s’il apparaissait aux yeux de se concitoyens comme le « père la victoire ».

 

« La puissance va à la puissance »

La guerre d’agression de la Russie en Ukraine n’est pas un événement isolé. Il semble que l’impérialisme russe cherche à prendre notre continent en étau en déstabilisant nos frontières extérieures. À l’Est, via des actions d’ingérence militaire, de déstabilisation informationnelle, de corruption et d’intimidation qui ont commencé dès son arrivée au pouvoir dans les années 2000, et bien entendu à travers la guerre conventionnelle lancée contre l’Ukraine. Au Sud, la stratégie d’influence russe se développe depuis une décennie. Si elle est moins visible, elle n’en est pas moins nuisible. Ces dix dernières années, Moscou a approfondi sa coopération militaire avec le régime algérien et s’est ingéré dans le conflit libyen à travers des sociétés militaires privées comme Wagner. On a vu le seul porte-avions russe mouiller dans le port de Tobrouk en 2017, mais aussi des navires de guerre russes faire des exercices communs avec des bâtiments algériens sur les côtes algériennes en août 2018, en novembre 2019, en août et en novembre 2021, en octobre et en juillet 2022 et en août 2023. Au sud du Sahara, le régime de Poutine sert d’assurance-vie à la junte installée au Mali depuis 2020 et soutien l’Alliance des États du Sahel (composée des régimes putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger). Quelle diplomatie adopter pour conjurer la menace russe, à l’Est comme au Sud ?

Votre question comporte deux dimensions qui sont à la fois sensiblement différentes et liées. La première est celle de la guerre de l’information et de ses manipulations. Celle-ci se déploie sur quasiment tous les continents, en Europe occidentale autant que centrale et orientale, dans les Amériques, du Nord et du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique et dans certains pays d’Asie. Pendant deux décennies, nous ne l’avons pas prise au sérieux, ni chez nous ni dans certains pays où elle visait aussi à saper nos positions.

Malgré certains progrès, nous ne sommes pas à la hauteur, y compris en France, comme je l’avais expliqué lors de mon audition devant la Commission de l’Assemblée nationale sur les ingérences extérieures l’année dernière, et comme je le développe à nouveau dans Notre Guerre. Nous n’avons pas, dans de nombreux pays, une attitude suffisamment ferme à l’encontre des relais nationaux de cette propagande et n’avons pas mise à jour notre système législatif. En Afrique, la France n’a pas pendant longtemps mesuré, malgré une série d’études documentées sur le sujet, ni riposté avec la force nécessaire aux actions de déstabilisation en amont. Moscou a consacré des moyens considérables, et même disproportionnés eu égard à l’état de son économie, à ces actions et ses responsables russes n’ont d’ailleurs jamais caché que c’était des armes de guerre. Nous avons détourné le regard et ne nous sommes pas réarmés en proportion.

La seconde dimension est celle de l’attitude favorable de plusieurs pays envers Moscou, avec une série de gradations, depuis une forme de coopération étendue, comme dans le cas de l’Algérie, du Nicaragua, de l’Iran, du Venezuela, de Cuba, de l’Érythrée et de la Corée du Nord – sans même parler de groupes terroristes comme le Hamas –, une action commune dans le crime de masse – Syrie –, une complicité bienveillante – Égypte, Émirats arabes unis, Inde, Afrique du Sud, mais aussi Israël avec Netanyahou – et parfois active – République populaire de Chine – ou une soumission plus ou moins totale – Bélarus et certains des pays africains que vous mentionnez. Sans pouvoir entrer ici dans le détail, l’attitude des démocraties, qui doit aussi être mieux coordonnée et conjointe, ne peut être identique. Dans des cas comme celui de la Syrie, où nous avons péché par notre absence d’intervention, notre action doit être certainement militaire. Envers d’autres, nous devons envisager un système de sanctions renforcées comme je l’évoquais. Dans plusieurs cas, notamment en direction des pays ayant envers Moscou une attitude de neutralité bienveillante et souvent active, un front uni des démocraties doit pouvoir agir sur le registre de la carotte et du bâton. Nous payons, et cela vaut pour les États-Unis comme pour les grands pays européens, dont la France, une attitude négligente et une absence de définition de notre politique. Rappelons-nous, par exemple, notre absence de pression en amont envers les pays du Golfe lorsqu’ils préparaient le rétablissement des relations diplomatiques avec Damas, puis sa réintégration dans la Ligue arabe. Nous n’avons pas plus dissuadé l’Égypte de rétablir des relations fortes avec Moscou et cela n’a eu aucun impact sur nos relations avec Le Caire. Avec l’Inde, nous fermons largement les yeux sur la manière dont Delhi continue, par ses achats de pétrole à la Russie, à alimenter l’effort de guerre. Quant aux pays africains désormais sous l’emprise de Moscou, le moins qu’on puisse dire est que nous n’avons rien fait pour prévenir cette évolution en amont.

Nous sommes donc devant deux choix politiques nécessaires. Le premier, dont je développe les tenants et aboutissants dans Notre Guerre, est celui de la défaite radicale de la Russie en Ukraine, et celle-ci devra suivre au Bélarus, en Géorgie et en Syrie notamment. Je suis convaincu que si nous agissons en ce sens, des pays faussement neutres ou sur un point de bascule, dont plusieurs que j’ai mentionnés ici, verraient aussi les démocraties d’un autre œil. Elles auraient moins intérêt à se tourner vers une Russie affaiblie. Ce sont les effets par ricochet vertueux de cette action que nous devons mesurer, notamment dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. C’est notre politique d’abstention et de faiblesse qui les a finalement conduits à se tourner vers la Russie. Si nous changeons, ces pays évolueront aussi. La puissance va à la puissance.

Le second choix, que je développe dans Notre Guerre, consistera à repenser de manière assez radicale nos relations avec les pays du Sud – un sud, d’ailleurs, que je ne crois pas « global », mais profondément différent, et avec lequel nous ne saurions penser nos relations sans différenciation. Ce sont les questions d’investissement, de sécurité énergétique et alimentaire, et de lutte contre la corruption qu’il faudra repenser. La guerre russe contre l’Ukraine est un avertissement et le pire serait, une fois que l’Ukraine aurait gagné et nous par la même occasion, de repartir avec les autres pays dans une sorte de business as usual sans aucun changement.

Vous souhaitez réagir à cet entretien ? Apporter une précision, un témoignage ? Ecrivez-nous sur redaction@contrepoints.org

Après le pactole covid, Moderna parie sur de nouveaux produits pour stimuler ses ventes

La société Moderna, longtemps associée à son vaccin Covid, connaît un regain d’optimisme suite à la déclaration positive d’Oppenheimer. L’analyste d’Oppenheimer, Hartaj Singh a affirmé que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026. Suite à cette annonce, l’action de Moderna a grimpé. En effet, la fin de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid-19 a entraîné une diminution significative des revenus de la société biopharmaceutique en 2023.

2023 a été une année marquée par une baisse significative de la valeur des actions de Moderna. Cette baisse des bénéfices est principalement attribuée à la diminution de la demande de vaccins COVID-19. Malgré un marché du Covid en crise, les prévisions actuelles indiquent un potentiel de croissance stimulé par un pipeline diversifié. Les actions de Moderna ont clôturé en hausse de plus de 13 % mardi après qu’Oppenheimer a relevé le titre à « surperformance », affirmant que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026.

Ce contenu est réservé aux abonnés

Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.

Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.

S'abonner

Accédez à tous nos contenus.
Plus de 5 000 articles.

Acheter l'article

Déverrouillez cet article et obtenez un accès permanent pour le lire.

Emirates Airlines va utiliser la reconnaissance faciale à la chinoise dans les aéroports

Pour accroitre leurs capacités de surveillance, de plus en plus de pays usent de la technologie de reconnaissance faciale. Emirates Airlines va mettre en place un contrôle par reconnaissance faciale biométrique. Si cette initiative visionnaire espère réduire les temps d’attente des passagers et optimiser l’efficacité globale des aéroports. Cette technologie suscite néanmoins des préoccupations quant au respect de la vie privée.

Emirates Airlines se prépare à révolutionner l’embarquement aérien en adoptant la reconnaissance faciale biométrique, éliminant ainsi le besoin de contrôle traditionnel des passeports. Cette initiative visionnaire vise à réduire les temps d’attente des passagers et à optimiser l’efficacité globale des aéroports. Mais à l’évidence, cette expansion des systèmes de technologie faciale s’agit avant tout d’une surveillance constante sur la population. Une emprise du pouvoir qui permettra de renforcer le contrôle social à travers la technologie.

Ce contenu est réservé aux abonnés

Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.

Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.

S'abonner

Accédez à tous nos contenus.
Plus de 5 000 articles.

Acheter l'article

Déverrouillez cet article et obtenez un accès permanent pour le lire.

Sciences Po n’est plus une école: la preuve par la géopolitique, par Yves-Marie Adeline

Au risque de surprendre, l’étymologie grecque du mot « école » renvoie à l’idée de pause, de repos dans le tourbillon de la vie. Cela ne signifie nullement un lieu de paresse intellectuelle, mais seulement une prise de distance, ou plutôt, de hauteur, ce qui, donc, n’exclut pas, et même exige une discipline du travail intellectuel. Toutes choses qui semblent se pratiquer de moins en moins au célèbre institut d’études politiques de la rue Saint Guillaume.


Rappelons qu’aux yeux des Grecs, le travail, dans tout ce qu’il a de matériel, d’obligatoire, de vital, est sans noblesse ; seul le travail intellectuel est noble, parce qu’il nous rapproche de la figure idéale de l’humanité : le philosophe. En effet, l’homme est hanté par ses passions, mais il est aussi doué de raison, et le philosophe est celui qui détient la clef du bon usage de la raison. Autrement dit, les passions sont constituées de tout ce qui empêche la raison de s’épanouir : un enthousiasme excessif autant qu’une déprime insurmontable. L’usage de la raison doit conduire au raisonnement, lequel se décompose en trois étapes : le jugement, qui s’appuie sur l’argument, lequel se nourrit de l’exemple. Ainsi, une succession de jugements ne constitue pas un raisonnement ; mais aussi, il existe de mauvais exemples et des arguments fallacieux. Bref, le raisonnement est une discipline qui s’apprend, et s’enseigne, et l’École est le lieu de cet enseignement.

Ce contenu est réservé aux abonnés

Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.

Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.

S'abonner

Accédez à tous nos contenus.
Plus de 5 000 articles.

Acheter l'article

Déverrouillez cet article et obtenez un accès permanent pour le lire.

Il faut interdire les déficits publics

Un article de l’IREF.

En 2022, pour alimenter un fonds pour le climat et la transformation énergétique  – KTF – de 212 milliards d’euros, le gouvernement allemand avait puisé à due concurrence dans les réserves non utilisées d’un autre compte, constitué en 2021 pour contribuer à l’amortissement de l’impact du coronavirus. Mais celui-ci avait bénéficié d’une suspension des règles du « frein à l’endettement », en raison de la pandémie. Ce qui ne pouvait plus être le cas du fonds KTF.

La CDU/CSU, les conservateurs dans l’opposition, ont dénoncé un « tour de passe-passe » pour contourner le frein à l’endettement du pays, inscrit dans la Constitution allemande, qui limite le déficit budgétaire fédéral à un maximum de 0,35 % du PIB.

La Cour constitutionnelle de Karlsruhe leur a donné raison au motif qu’un recours exceptionnel à l’emprunt sans application de la règle du frein à l’endettement doit être « objectivement et précisément imputable » et que les fonds correspondants doivent être utilisés dans l’exercice pour lequel ils ont été prévus. À défaut, le détournement de la règle serait trop simple !

 

Le frein à l’endettement

Selon la Loi fondamentale (ou constitutionnelle) allemande de 1949, les recettes et les dépenses du budget de l’État doivent être équilibrées (article 110).

Elle dispose en outre que, sauf « perturbation de l’équilibre économique global », « le produit des emprunts ne doit pas dépasser le montant des crédits d’investissements inscrits au budget » (article 115). Cette règle d’or n’a pas toujours été respectée.

Mais après la réunification de l’Allemagne en 1989, et l’absorption dans les budgets publics de la RFA des dettes de la RDA, la dette publique allemande est passée de l’équivalent de 623 milliards d’euros en 1991 à 1040 milliards d’euros en 1995 (+ 67 %) et a poursuivi sa croissance. Pour stopper cette course en avant, sur proposition de la commission allemande du fédéralisme (Föderalismuskommission), la Loi fondamentale a été amendée le 1er août 2009. Selon les termes des articles modifiés (109 et 115) de la Constitution, au niveau fédéral comme au niveau des Länder, les dépenses publiques doivent être couvertes par des recettes publiques, un endettement public étant toléré dans les cas exceptionnels au niveau fédéral pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un déficit structurel supérieur à 0,35 % du PIB.

 

Le respect des règles budgétaires

Par sa décision du 14 novembre 2023, la Cour constitutionnelle allemande a rappelé qu’on ne badinait pas avec la Loi fondamentale. Ce frein à l’endettement est sans doute l’une des causes de la vigueur de l’économie du pays depuis quinze ans, même si elle est mise à mal en ce moment par les bêtises de Mme Merkel sur l’immigration et le nucléaire.

L’Europe a, elle aussi, édicté un frein à l’endettement. En effet, depuis 2013 au sein de l’Union, et sauf circonstances exceptionnelles selon le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance aussi appelé pacte budgétaire, « la situation budgétaire des administrations publiques doit être en équilibre ou en excédent » (article 3). Le problème est qu’elle ne sait pas faire respecter ce qu’elle a elle-même décidé. Sa règle d’or prévoit que le déficit public structurel, hors éléments conjoncturels, d’un pays ne doit pas dépasser 0,5 % de son PIB.

Le déficit structurel correspond au déficit public. Il concerne les dépenses courantes de l’État, des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale. Hélas, les tribunaux européens se montrent impuissants à faire appliquer la règle.

 

Et la France en profite pour s’endetter à tout-va

L’Agence France Trésor (AFT), la Direction du Trésor en charge des levées de dette publique sur le marché, annonce 285 milliards d’euros d’émission à moyen et court terme en 2024, un record historique après les 270 milliards de 2023, et les 260 milliards de 2022.

Sauf que le taux d’emprunt pour les obligations à dix ans est estimé à 3,4 %, alors qu’on était encore en territoire négatif il y a à peine plus de deux ans. La charge de la dette française montera à 52 milliards d’euros en 2024, 56 milliards en 2025, 61 milliards en 2026, et plus de 70 milliards en 2027. Le gouvernement prévoit que la dette passe de 111,8 % du PIB en 2022 à 108,1 % du PIB en 2027, un niveau très élevé en Europe. Mais les prévisions de l’État sont, d’un avis commun, très optimistes.

Lors de l’examen de la Loi de finances de la Sécurité sociale pour 2024, la commission des Affaires sociales du Sénat n’a pas caché ses doutes sur la sincérité de ce budget qui prévoit une croissance continue du déficit à 11,2 milliards en 2024, après 8,8 milliards en 2023.

Les recettes de l’État continuent d’augmenter et les prélèvements obligatoires se stabilisent, tout au plus, à près de 45 % du PIB. Selon les chiffres d’Eurostat, on serait même plutôt à 47 %, un record au sein de l’OCDE. Mais le gouvernement ne cesse de multiplier les dépenses nouvelles sans jamais en réduire d’autres, sinon à la marge. L’augmentation de la dette et des intérêts pèse aussi. Ainsi, le déficit public se maintient à un niveau de 4,4 % du PIB, très supérieur (de 2,4 %) à celui d’avant covid, malgré la fin de celui-ci. Le déficit, hors dépenses exceptionnelles de crise, augmente : de 72 milliards d’euros en 2022 à 118 milliards d’euros en 2024 !

Puisque les hommes politiques ne savent plus être raisonnables, il faut les forcer à le devenir comme les Allemands y sont parvenus.

Il faut insérer dans la Constitution française une règle d’or pour interdire les déficits publics. Il faut, sauf cas très exceptionnels, interdire tous les déficits, car il n’y a pas d’un côté les bons (déficits d’investissement), de l’autre les mauvais (déficits de fonctionnement) : sur la masse du budget d’un pays comme la France, l’investissement annuel peut trouver sa place sans avoir recours à l’emprunt qui pèse toujours sur les générations futures. Une telle obligation réduirait le poids de l’État et libèrerait l’initiative privée. La croissance en serait favorisée. L’État lui-même pourrait ainsi obtenir à terme de meilleures recettes. Gagnant/gagnant.

Sur le web.

L’Union soviétique en dix moments clés

François Kersaudy est un auteur, historien reconnu, spécialiste de la Deuxième Guerre mondiale et de l’histoire diplomatique. Auteur de De Gaulle et Churchill (Perrin, 2002), De Gaulle et Roosevelt (Perrin, 2004), il a aussi écrit une biographie de Churchill pour Tallandier, et une autre consacrée à Lord Mountbatten pour Payot. Il est aussi l’auteur d’ouvrages consacrés à l’Allemagne nazie.

Tout au long de Dix faces cachées du communisme, Kersaudy explore une série de dix questions variées, principalement liées aux actions de l’URSS des années trente aux années soixante, soit les années du règne de Staline.

Ces questions englobent divers sujets, tels que le sort de l’or espagnol pendant la guerre civile de 1936 ; la propagande soviétique à l’étranger (notamment des déclarations sur la cession de la Ruthénie par le président tchécoslovaque Edvard Benès à l’URSS en 1920, malgré les revendications territoriales entre la Russie et la Pologne) ; le cas de Vlassov et son armée de déserteurs soviétiques (mettant en lumière le fait que les prisonniers russes étaient traités comme des traîtres sur les ordres de Staline, favorisant la croissance de ces forces) ; le devenir du corps d’Adolf Hitler qui a fait l’objet d’innombrables théories et fantasmes alors que les Soviétiques se sont surtout efforcés de conserver son crâne ; le conflit entre Tito et Staline ; ou encore les relations entre Kennedy et Khrouchtchev pendant la crise des missiles à Cuba, qui sont savoureuses.

Si l’Ukrainien était infiniment plus « sympathique » que le monstre Staline, il n’en demeure pas moins que JFK fut marqué par la rencontre : « Je n’ai jamais rencontré un homme comme celui-là, confiera Kennedy. Quand je lui ai dit qu’une guerre nucléaire ferait 70 millions de morts en 10 minutes, il m’a regardé d’un air de dire : et alors ? »

L’ouvrage aborde également les péripéties entourant les mémoires rédigées par Khrouchtchev, la remise en question de la distinction fondamentale entre les crimes du nazisme et du stalinisme, la personnalité de Che Guevara (enfin reconnu comme un vrai criminel), et la biographie de Poutine, couvrant ses actions en Russie, et occasionnellement ses efforts de déstabilisation en Europe et aux États-Unis, notamment lors de l’élection de Donald Trump.

Il décrit particulièrement bien ce nouveau tsar, pur produit de l’URSS et du KGB, coupable d’une guerre qui déstabilise le continent européen pour satisfaire son désir de puissance. En remontant à ses origines de petit mafieux, d’espion moyen de la RDA, mais d’opportuniste assez fin pour profiter du délitement de l’URSS, il explique comment Poutine a su s’imposer dans son pays avant de devenir un danger planétaire.

Les sujets abordés ne sont pas nouveaux et ne révolutionnent pas le genre. Quiconque a déjà lu des ouvrages sur l’URSS sera en terrain familier. Par contre, pour les novices, ce peut être une excellente porte d’entrée, accessible et donnant envie de poursuivre plus en profondeur. Au-delà des événements, c’est une façon pertinente de comprendre les recoins les plus sombres qui animèrent ceux qui pensèrent changer le monde pour en créer un nouveau.

François Kersaudy, Dix faces cachées du communisme, Perrin, août 2023, 432 pages, 22 euros

Netanyahu a besoin de l’opération à Gaza pour conserver son pouvoir, par Dmitri Bavyrine

Après la visite du président américain Joe Biden en Israël, le discours de Washington à l’égard du gouvernement israélien semble devenir plus dur. En fait, les Américains ne veulent pas d’opérations terrestres dans la bande de Gaza. Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lui, en a besoin comme de l’air qu’il respire. Sans cette offensive, il perdra le pouvoir, mais avec elle, il en sera certainement de même.

Cet article initialement publié sur le site vz.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.

« Justice doit être rendue. Mais mon avertissement est le suivant : pendant que vous ressentez cette rage, ne la laissez pas vous consumer. Après le 11 septembre, nous étions furieux aux États-Unis. Nous avons demandé justice, mais nous avons commis des erreurs », a déclaré le président américain Joe Biden dans un discours télévisé spécialement destiné au peuple israélien.

Ce contenu est réservé aux abonnés

Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.

Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.

S'abonner

Accédez à tous nos contenus.
Plus de 5 000 articles.

Acheter l'article

Déverrouillez cet article et obtenez un accès permanent pour le lire.

C’est plus facile de disserter sur Gaza que de prévenir un acte terroriste à Arras

La vengeance du réel ! Le président de la République avait à peine prononcé une allocution dédiée au conflit de Gaza que la question du terrorisme en France s’est rappelée brutalement à nous…Peut-on mieux illustrer le décalage d’une caste qui fait des variations sur les éléments de langage du néo-conservatisme américain, prétendant sauver le monde avec les États-Unis mais incapable d’empêcher que se reproduise, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, le meurtre d’un professeur de lycée français par un individu fiché S

Terrible constat : le Président de la République était intervenu, jeudi soir , sur le conflit israélo-palestinien. Et le lendemain, vendredi 13 octobre, un professeur est tué par un individu fiché S et dont les motivations semblent bien avoir été la haine de l’École laïque au nom d’une version extrémiste de l’islam.

Ce contenu est réservé aux abonnés

Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.

Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.

S'abonner

Accédez à tous nos contenus.
Plus de 5 000 articles.

Acheter l'article

Déverrouillez cet article et obtenez un accès permanent pour le lire.

Tragédie de Poissy, un courrier « honteux » ? Non, infect.

Le terme « fait divers » a dans l’esprit de l’opinion une connotation péjorative. Il renvoie souvent dans la presse ce que l’on appelle avec mépris la rubrique des « chiens écrasés ». C’est une erreur, car les faits divers… Continue Reading

Louis-Ferdinand Céline et la robotisation du monde et des gens – Nicolas Bonnal

Comme Bernanos combat les robots. Le mot « robot » revient trente-sept fois dans
Bagatelles pour un massacre, ce qui est énorme. Car comme je l’ai montré ce que combat Céline... Les robots ne se révoltent pas. Asimov avait raison : donc on a transformé les gens en robots, ce qui
était facile, reconnaissons-le.
dans les Pamphlets c’est le monde moderne

L’article Louis-Ferdinand Céline et la robotisation du monde et des gens – Nicolas Bonnal est apparu en premier sur Strategika.

Pourquoi l’alliance entre Staline et Hitler ne doit jamais être oubliée

Par Benjamin Williams.

La Seconde Guerre mondiale a été l’une des périodes les plus catastrophiques de l’histoire de l’humanité, marquée par une violence, un génocide et une destruction sans précédent.

Pourtant, alors que le récit de la guerre est dominé par les puissances de l’Axe et les puissances alliées occidentales, le rôle de l’Union soviétique, en particulier sous la direction de Joseph Staline, dans le soutien indirect à la campagne de terreur et de conquête de l’Allemagne nazie, est souvent passé sous silence. S’appuyant sur plusieurs extraits historiques, nous analyserons l’implication de l’Union soviétique dans les efforts de guerre nazis et son incapacité à protéger ou à informer sa population juive des atrocités imminentes.

Le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé aux premières heures du 24 août 1939, lors d’une cérémonie surréaliste où les croix gammées flottaient à côté de la faucille et du marteau. Les drapeaux à croix gammée provenaient prétendument d’un studio de cinéma, où ils avaient été utilisés pour des films de propagande antinazie. Le pacte de non-agression de dix ans entre l’URSS et l’Allemagne s’accompagne d’un protocole secret définissant les sphères d’influence de chaque puissance en Europe de l’Est, y compris la partition de la Pologne et l’octroi des États baltes et de la Bessarabie aux Soviétiques.

Staline porte un toast de clôture en déclarant :

« Je sais à quel point la nation allemande aime son Führer ; je voudrais donc boire à sa santé« .

Ce toast était ironique, compte tenu de la position hostile que l’URSS avait précédemment adoptée à l’égard de l’Allemagne nazie. Le premier cadeau de Staline après le pacte a été d’accorder à l’Allemagne environ 600 communistes allemands, dont la plupart étaient juifs. Il les fait extrader vers la Gestapo de Brest-Litovsk, un lieu symbolique chargé d’implications historiques. Parmi les extradés se trouvait Hans David, un compositeur de talent, qui a péri plus tard dans les chambres à gaz de Majdanek, un destin partagé par beaucoup d’autres. Ce processus de remise de prisonniers juifs et/ou communistes aux nazis s’est poursuivi au-delà de 1939.

Margarete Buber-Neumann, ancienne communiste devenue anticommuniste convaincue, a été l’une de ces personnes transférées de la prison soviétique aux mains de la Gestapo en 1940. Survivant aux conditions brutales d’une prison soviétique et d’un camp de concentration nazi, Buber-Neumann a écrit plus tard les mémoires Sous deux dictateurs, détaillant les dures réalités de la vie sous les régimes totalitaires de Staline et d’Hitler.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, après la signature du pacte Molotov-Ribbentrop en 1939, l’Union soviétique et l’Allemagne nazie se sont engagées dans une relation diplomatique qui a permis une expansion territoriale et des manœuvres politiques. Les deux régimes socialistes totalitaires ont formé un partenariat difficile caractérisé par la coopération économique, la rétention d’informations et la non-agression. L’impact de cette alliance sur la population juive, en particulier dans la zone d’occupation soviétique de la Pologne, a été grave et catastrophique.

Le calcul idéologique de la politique étrangère de Staline apparaît clairement lorsqu’il anticipe l’imminence de l’attaque allemande contre la Pologne. Reconnaissant le caractère inévitable de l’intervention britannique et française, Staline y voit une occasion unique de faire avancer la cause du communisme. De son point de vue, un conflit prolongé entre les puissances capitalistes constituait un scénario idéal, semant la discorde et créant des opportunités pour l’expansion de l’influence soviétique.

Staline est explicite dans ses machinations, affirmant que l’URSS, le pays des travailleurs, aurait tout à gagner d’une guerre prolongée qui affaiblirait à la fois le Reich et le bloc anglo-français. Craignant une conclusion rapide de la guerre, Staline souligne l’importance d’aider l’Allemagne afin d’éviter un conflit long et coûteux. Malgré les tensions persistantes avec le Japon en Extrême-Orient, Staline envisage l’entrée de l’URSS sur le théâtre européen au moment le plus avantageux pour les intérêts soviétiques. La vision stratégique du dirigeant soviétique soulignait un pragmatisme impitoyable et un engagement sans compromis en faveur de la cause communiste.

La déportation massive d’environ un million de réfugiés polonais initiée par le NKVD de Lavrentiy Beria en février 1940, dont la moitié étaient des Juifs, met en lumière le premier aspect inquiétant de la collaboration soviéto-nazie. Les déportés, classés sous diverses étiquettes telles que « la contre-révolution nationale juive », ont été envoyés en Sibérie dans des conditions épouvantables ayant entraîné de nombreux décès en cours de route. De nombreux dirigeants et militants juifs figurent parmi les personnes arrêtées, notamment Menachem Begin, un jeune dirigeant sioniste, ainsi que Henryk Ehrlich et Viktor Alter, fondateurs du Bund polonais, le plus grand parti juif de Pologne. Cette déportation massive constitue la « principale méthode administrative de soviétisation ».

Dans le même temps, les autorités soviétiques ont maintenu la population juive dans l’ignorance des atrocités nazies qui se déroulaient juste de l’autre côté de la frontière, entretenant un silence délibéré qui a permis l’avènement de l’Holocauste. Dans le cadre du pacte de non-agression, les organes soviétiques n’ont pas rendu compte des massacres génocidaires perpétrés par les nazis entre 1939 et 1941. Les films antinazis susmentionnés ne sont plus produits. Les journaux soviétiques comme la Pravda ont à peine utilisé le mot « fasciste » de 1939 à 1941. Ce silence s’est poursuivi même après que les nazis ont rompu le pacte et envahi l’URSS, ce qui a précipité l’extermination de 1,5 million de Juifs en Russie blanche et en Ukraine.

En substance, le silence et l’inaction de Staline ont permis à l’Holocauste de se dérouler sans résistance ni contre-action significatives.

En outre, la complicité soviétique a contribué à la normalisation de la violence nazie. Les victimes juives des exécutions de masse étaient régulièrement appelées « Polonais » ou « Ukrainiens » dans les médias soviétiques, occultant ainsi la nature spécifiquement antisémite des pogroms nazis. Malgré un endoctrinement constant, la population soviétique n’a pas été informée de l’antisémitisme nazi ni de son plan de génocide, ce qui a favorisé l’ignorance qui a finalement conduit à une collaboration généralisée contre les populations juives.

Parallèlement à ces politiques, l’Union soviétique a également apporté un soutien économique à l’Allemagne nazie, ce qui a contribué à faciliter la guerre de conquête d’Hitler. L’importance de cette aide ne peut être sous-estimée, car l’URSS a fourni d’importantes quantités de nourriture et de matières premières aux nazis. Par exemple, lors de l’invasion de la France et des Pays-Bas, l’URSS a fourni au Reich 163 000 tonnes de pétrole et 243 000 tonnes de blé ukrainien pour les seuls mois de mai et juin 1940. Lorsque la demande allemande a augmenté au cours de batailles cruciales, comme à Dunkerque, les livraisons de pétrole soviétique ont augmenté pour répondre aux besoins, alimentant ainsi la conquête de l’Europe de l’Ouest par Hitler.

Publiquement, l’Union soviétique a même soutenu l’invasion allemande de la France et des Pays-Bas. Le Parti communiste français reçoit l’ordre de ne pas résister aux Allemands, ce qui entraîne une vague de défections et affaiblit encore la capacité de la France à résister à l’assaut allemand. Malgré les dissensions et la résistance internes, les Soviétiques ont continué à propager des slogans défaitistes, sapant ainsi activement l’effort de guerre contre les nazis.

 

Dans le discours d’aujourd’hui, les apologistes soviétiques ont tendance à faire l’éloge de l’URSS en tant que force unique qui a finalement renversé le régime nazi en 1945.

Bien entendu, cela ne tient pas compte du soutien essentiel apporté par les États-Unis par le biais du prêt-bail. Même Staline a admis que « sans les machines que nous avons reçues grâce au prêt-bail, nous aurions perdu la guerre ». Si les sacrifices consentis par des millions de soldats soviétiques ne doivent pas être oubliés ou balayés sous le tapis, il est vital pour nous d’éclairer simultanément les zones d’ombre de ce passé.

Nous devons résister à la tentation d’ignorer la triste réalité de la complicité de l’Union soviétique. Il ne faut pas oublier que l’alliance initiale forgée entre Staline et Hitler n’était pas fondée sur la nécessité, mais qu’elle a germé dans le terreau de l’idéologie socialiste de Staline. Le poison était tel dans cette tapisserie politique que si Hitler n’avait pas envahi l’URSS en 1941, ou s’il avait choisi de renoncer à cette voie, l’Union soviétique aurait pu continuer à se taire et à soutenir. En détournant les yeux, elle aurait pu rester observatrice et complice de la progression du monstrueux régime nazi à travers l’Europe.

Lorsque nous jetons un regard sur le passé, une ombre de tristesse est projetée, un écho de lamentation pour les victimes autrefois sans voix, résonnant avec un appel pour que l’histoire ne répète pas ses heures les plus sombres. Notre devoir de mémoire exige que nous gardions ces vérités amères à l’esprit et que nous en tirions des leçons si nous voulons honorer l’héritage de ceux qui ont souffert et sont morts à l’ombre des régimes totalitaires.

Sur le web

PMC : ces produits de marquage utilisés contre les manifestants, sans cadre légal

Des produits de marquage codés (PMC) ont été utilisés par des gendarmes lors des manifestations de Saint-Soline. Ces liquides invisibles qui permettent de marquer les tissus et les êtres vivants ont servi de justification à des arrestations et des gardes à vue. Pourtant l’encadrement juridique de cette pratique est flou.

L’article PMC : ces produits de marquage utilisés contre les manifestants, sans cadre légal est apparu en premier sur Strategika.

Staline est-il nationaliste ?

Staline, théoricien des “nationalités” Staline, contempteur du “chauvinisme grand-russe” Staline, fondateur de l’Ukraine et père de l’ukrainisation forcée Le national-bolchévisme

L’article Staline est-il nationaliste ? est apparu en premier sur STRATPOL.

Another Stupid War

All I wanted to do this week was work on part 2 of my localism series, but circumstances quickly got the best of me. The assassination of Iran's top general Qassem Soleimani was an event of such historical significance, I feel obligated to detail my thoughts on what it means and how things unfold from here, especially given how much of a role geopolitics and questions of empire have played in my writings.

First off, we need to understand the U.S. is now at war with Iran. It's an undeclared, insane and unconstitutional war, but it is war nonetheless. There is no world in which one government intentionally assassinates the top general of another government and that not be warfare. You can argue the U.S. and Iran were already engaged in low-level proxy wars, and that's a fair assessment, but you can't say we aren't currently in a far more serious a state of war. We are.

Soleimani was not only a powerful general, he was a popular figure within Iran. Unlike other blows the U.S. and Iran have inflicted upon one another, this cannot be walked back. There's no deescalation from here, only escalation. Even if you want to pretend this didn't happen and turn back the clock, it's impossible. This is a major event of historical proportions and should be seen as such. Everything has been turned up a notch.

continue reading

Things Fall Apart

It was the best of times, it was the worst of times, it was the age of wisdom, it was the age of foolishness, it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity, it was the season of Light, it was the season of Darkness, it was the spring of hope, it was the winter of despair, we had everything before us, we had nothing before us, we were all going direct to Heaven, we were all going direct the other way – in short, the period was so far like the present period, that some of its noisiest authorities insisted on its being received, for good or for evil, in the superlative degree of comparison only.

- Charles Dickens, A Tale of Two Cities

You're not losing your mind, everybody else is. Things are crazy and getting crazier. Something must be done. Somebody, please do something.

If paying attention to global events overwhelms and results in a combined sense of dread, concern and bewilderment, you're not alone. It's not simply because humans have more access to more information than ever before that you feel this way, there does appear to be a quickening in the pace of the unfolding of humanity's latest chapter. Things are genuinely falling apart, but things are always falling apart. Likewise, things are always being built and created. Governments come and governments go, as do global empires and monetary systems. Everything is dying and being born all at once, constantly and forever. This will not change.

continue reading

❌