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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

La couverture de la Russie par les médias occidentaux est extrêmement dangereuse et ne fait qu’empirer

La couverture médiatique occidentale de chaque élection russe est mauvaise. Mais cette fois-ci, c’est encore pire que d’habitude. Sans parler des conséquences désastreuses de cette auto-illusion permanente.

La couverture de la Russie par les médias occidentaux est extrêmement dangereuse et ne fait qu'empirer -- Glenn DIESEN

L'auto-illusion pratiquée par les journalistes qui écrivent sur le pays a des conséquences désastreuses.
La couverture médiatique occidentale de chaque élection russe est mauvaise. Mais cette fois-ci, c'est encore pire que d'habitude.
Au lieu de s'insurger contre l'incompétence affichée, il est plus constructif d'explorer les raisons pour lesquelles les discussions rationnelles sur le pays continuent de sembler impossibles.
Sans parler des conséquences désastreuses de cette auto-illusion (...)

Nos lecteurs proposent / ,

Ukraine – Israël : Regards croisés sur le narratif de guerre

avec Jacques Baud. Les conflits en Ukraine et israélo-palestinien ont d’incroyables similitudes. D’abord, l’un comme l’autre déchainent les passions, avec leur corolaire, une information souvent biaisée.

La désinformation israélienne : une arme clé de son arsenal

Pendant les campagnes de génocide et de nettoyage ethnique, la désinformation est une arme puissante, un outil qui permet de déshumaniser les victimes, de justifier la violence de masse et, […]

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Faillites en cascade dans les médias américains, par Yves-Marie Adeline

Par : Rédaction

Comme chacun sait, ce qui se passe aux Etats-Unis prédit ce qui se passera en France, et plus généralement en Europe occidentale, qui après tout n’est jamais qu’une marche de l’Empire américain, ceci expliquant cela.

Dans les médias d’outre-Atlantique, les licenciements ont bondi de 98% durant l’exercice écoulé, ce qui correspond à plus de 720.000 suppressions de postes. Time magazine élague dans la rédaction, les studios, la technologie. Le Los Angeles Time a supprimé plus de 20% de sa rédaction. La Paramount procède à 1000 licenciements, NBC News une centaine, et même le magazine Sports illustrated, qui pourtant vise une clientèle de niche ; et l’on pourrait continuer à citer des titres.

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Voici ce que notre classe dirigeante a décidé d’être normal 

L’aviateur US Aaron Bushnell a prononcé ces mots : « Voici ce que notre classe dirigeante a décidé d’être normal ». Juste après, il s’est immolé pour protester contre le génocide de Gaza. […]

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France : invisibilisation de la Palestine et défense en public du génocide

Palestine Chronicle. Aucune chaîne d’information française n’a fourni un bilan exhaustif du nombre de morts à Gaza, les reportages se limitant à des zooms sur les captifs, dont plusieurs sont français.

Aaron Bushnell, le soldat américain qui s'est immolé pour Gaza

Le 25 février, un Américain a commis l'irréparable en se sacrifiant devant l'ambassade d'Israël aux États-Unis. En France, sa mort a été ignorée par les médias. Elle s'inscrit toutefois dans des modes de protestation anciens qui méritent d'être analysés. Ce geste extrême illustre l'engagement d'une nouvelle génération de militants américains qui découvre la question palestinienne et s'y engage corps et âme.

Dimanche 25 février 2024, un jeune homme de 25 ans s'approche de l'entrée de l'ambassade d'Israël à Washington DC. Dans une vidéo extraordinaire, devenue virale sur les réseaux sociaux, il affirme :

Je m'appelle Aaron Bushnell, je suis un membre en service actif de l'armée de l'air des États-Unis et je ne serai plus complice d'un génocide. […] Je suis sur le point de m'engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n'est pas extrême du tout.

La suite de la vidéo le montre en train de s'asperger d'un liquide inflammable, de mettre le feu à ses vêtements et de crier, malgré la douleur : « Free Palestine ! »

La veille, Bushnell avait posté un message sur Facebook :

Beaucoup d'entre nous aiment se demander : « Que ferais-je si j'avais vécu durant l'esclavage ? Ou sous les lois Jim Crow [nom des lois de ségrégation raciale dans le sud des États-Unis] ? Ou sous l'apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? ». La réponse est : ce que vous êtes en train de faire là. Tout de suite.

Cette auto-immolation par le feu rappelle celles du moine bouddhiste Thich Quang Duc en 1963 pendant la guerre du Vietnam, de Jan Palach en 1969 au moment de l'occupation de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie, ou de Mohamed Bouazizi à la fin du règne du despote Ben Ali en 2011 en Tunisie. L'événement est donc considérable. On ne peut néanmoins pas compter sur les principaux médias francophones pour prendre connaissance de cette information. Une semaine après les faits, Mediapart, Le Figaro et L'Humanité ont purement et simplement ignoré cette immolation. La Croix et Libération ont publié chacun un court article factuel, et Le Monde ne lui a consacré que quatorze lignes. En octobre 2020, le même journal avait pourtant estimé, à juste titre, que l'auto-immolation par le feu de la journaliste russe Irina Slavina méritait trois longs articles rappelant son histoire, son courage et le sens politique de son geste.

Face au génocide

Aaron Bushnell a grandi dans une famille conservatrice membre du groupe religieux Community of Jesus, à Orleans dans le Massachusetts. Il s'est engagé en 2020 dans l'armée de l'air états-unienne en tant qu'informaticien formé aux questions de cyber sécurité. Profondément marqué par le meurtre de George Floyd, afro-américain tué par un policier en mai 2020, il a rompu avec ce groupe religieux et développé des sentiments de plus en plus critiques à l'encontre de l'armée. Son acte de protestation extrême le 25 février 2024 s'inscrit aussi dans le contexte plus général des mobilisations massives de citoyennes et citoyens américains contre le soutien quasi inconditionnel de leur pays à Israël. Ces femmes et ces hommes considèrent, comme de nombreux spécialistes du sujet, que les opérations militaires israéliennes à Gaza constituent un génocide.

Chaque jour, environ 150 Gazaouis sont tués par les forces armées israéliennes, dont une moitié de mineurs. La population est par ailleurs privée d'eau, de nourriture, de médicaments et de soins. À l'instar d'Aaron, les personnes mobilisées savent cela mais elles sont aussi mues par ce que Bertrand Badie appelle la « transnationalisation des imaginaires de la souffrance »1. Les vidéos d'habitations détruites et de corps carbonisés, de bébés agonisants dans les maternités et des scènes d'humiliation circulent sur les réseaux sociaux. L'indignation est plus grande aux États-Unis qu'en Europe, notamment du fait de leur responsabilité particulière dans la tragédie en cours. Ce pays a opposé son veto à toutes les résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Il met en œuvre un véritable pont aérien de livraisons d'armes et de munitions sans lesquelles Israël serait contraint d'arrêter les bombardements à Gaza en quelques jours. Il apporte enfin un soutien militaire technique à Israël, sous prétexte de l'aider à localiser les otages. Beaucoup considèrent, par conséquent, que les États-Unis ne sont pas simplement complices des massacres – ou du « génocide » si l'on admet cette qualification - mais qu'ils y participent activement.

L'acte d'Aaron Bushnell s'inscrit aussi dans un contexte de croissance du sentiment d'impuissance. Au cours des premiers mois de « l'offensive » israélienne à Gaza, les ONG de défense des droits humains et les activistes pro-palestiniens ont multiplié les appels aux manifestations, les pétitions, les sit-in et les prises de parole de personnalités publiques. Ce répertoire d'action traditionnel n'a pas infléchi la politique de l'administration Biden. Le jeu politique institutionnel est, lui-aussi, complètement cadenassé. Le jusqu'au-boutisme de « genocide Joe »2 va probablement lui coûter sa réélection, mais il est impossible, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, de fonder le moindre espoir dans son concurrent Donald Trump. L'exaspération des personnes sensibles face à la tragédie humanitaire en cours à Gaza est de plus en plus perceptible dans les mobilisations. L'acte de protestation extrême d'Aaron Bushnell ne constitue d'ailleurs pas un acte isolé. Une femme s'est aussi immolée par le feu le 1er décembre 2023 à Atlanta pour les mêmes raisons. Elle a survécu et portera les brûlures sur son corps pour le reste de sa vie.

Force de la non-violence

Les « sacrifices politiques de soi », pour reprendre une expression de la politiste Karin Fierke, peuvent renverser des montagnes. Dans le cas de Mohamed Bouazizi en 2011, l'acte a constitué le détonateur et le moteur d'une révolution. Les actions de Jan Palach, de Thich Quang Duc et des personnes qui les ont imités ont décuplé l'énergie des mouvements de résistance contre les guerres impérialistes soviétiques et états-uniennes.

Le pouvoir mobilisateur de ces actes repose sur le même ressort que les autres types de résistance non-violente. Comme l'a montré Judith Butler dans un essai récent3, la « force de la non-violence » réside moins dans sa vertu d'exemplarité pacifique que dans le fait qu'elle expose la violence. Ce ressort était perceptible, par exemple, dans l'occupation non-violente de la place Tahrir pendant la révolution égyptienne. La police a dévoilé sa propre violence – et celle de l'État -, chaque fois qu'elle a essayé de déloger les manifestants. Dans les immolations par le feu comme celle d'Aaron Bushnell, une violence est représentée : un corps se consume et une personne meurt. Mais cette violence en symbolise une autre : celle perpétrée par l'État d'Israël et son allié (ou « complice ») états-unien. Aaron Bushnell l'a dit très explicitement en comparant son acte individuel à la souffrance collective endurée par les Palestiniens.

Les auto-immolations par le feu embarquent cependant une « force » supplémentaire. Elles nous interpellent car elles ne sont pas compréhensibles dans le référentiel moderne de l'action individualiste. On peut comprendre qu'une personne dépressive, désespérée ou en fin de vie mette fin à ses jours. Mais on ne peut pas appliquer cette grille de lecture à des jeunes gens socialement bien intégrés qui, pour le reste, semblent aimer leur vie. Le référentiel de l'action individualiste s'épuise encore plus à rendre compte du mode opératoire : une mort dans d'atroces souffrances.

Dépolitiser l'acte

Pourtant, toutes les auto-immolations par le feu n'engendrent pas des mouvements de résistance extraordinaires. Un certain nombre de conditions doivent être réunies pour qu'un sacrifice politique de soi produise des effets significatifs. Rappelons d'abord une évidence : l'événement doit, pour commencer, être porté à la connaissance du public. Or il n'existe aucune certitude en la matière comme l'illustre la couverture par les médias français de celle qui nous intéresse ici. Pour être performante, une auto-immolation par le feu doit aussi être majoritairement interprétée dans les termes voulus par l'auteur. Ce n'est pas évident car les adversaires de sa cause dépolitisent sa mort en la présentant comme l'œuvre d'un désespéré ou d'un fanatique. Dans le cas d'Aaron, on a pu lire qu'il souffrait de déséquilibres mentaux, qu'il appartenait à une secte chrétienne fondamentaliste ou encore qu'il pratiquait un « culte de la mort ». La palme de la dépolitisation est revenue au New York Times. Le 2 mars, le journal a dressé un portrait d'Aaron expliquant qu'il avait été victime d'« abus psychologiques » pendant son enfance, qu'il avait souffert « d'anxiété à l'adolescence » et qu'il avait « du mal à entrer en contact avec de nouvelles personnes ».

Dans un entretien vidéo diffusé par Al-Jazeera, une amie d'Aaron explique toutefois le contraire :

Je ne pense pas qu'il était malade mentalement. Il pensait probablement que cette société est malade d'autoriser ce qui se passe à Gaza en ce moment (…). C'est ça, ce qui est odieux, ce qui est malade. Et il était indigné par cela.

Dans ce contexte de lutte pour l'imposition d'un cadre interprétatif, les partisanes et partisans de la cause défendue par la personne qui s'est auto-immolée doivent donc, comme cette amie, apporter une autre réponse à la question : « Qui a tué Aaron Bushnell ? ». Cette réponse est : il n'est pas le seul auteur de sa propre mort, celle-ci possède également une dimension sacrificielle. Tel est le sens des hommages rendus à Aaron depuis une semaine aux États-Unis, qu'il s'agisse des dépôts de bougies et de lettres, ou des manifestations plus originales comme celle où l'on voit des vétérans des forces armées brûler leur uniforme en scandant : « Souvenez-vous d'Aaron Bushnell, libérez la Palestine ». Le samedi 2 mars à Marseille, la manifestation hebdomadaire de soutien à la Palestine défilait derrière une banderole rendant hommage à l'Américain. Chaque citoyenne ou citoyen doit être libre de se positionner comme il l'entend dans cette querelle d'interprétation. Mais pour qu'elles ou ils puissent le faire, il faudrait au moins qu'elles ou ils soient informés de l'événement.


1Bertrand Badie, Un monde de souffrance, Salvator, 2015.

2NDLR. Surnom donné par les manifestants au président américain Joe Biden pour pointer sa responsabilité dans les massacres en cours dans la bande de Gaza.

3La Force de la non-violence. Une obligation éthico-politique, Fayard, 2021.

Bolloré veut faire taire le rédacteur en chef d'Off Investigation

Le journaliste Jean-Baptiste Rivoire, fondateur du site Off Investigation, a annoncé jeudi 28 février que le tribunal prudhommal l'avait condamné à rembourser 151 000 euros à Canal+, propriété depuis 2015 du milliardaire Vincent Bolloré. Le journaliste a annoncé qu'il faisait appel de cette décision.
Jean-Baptiste Rivoire est entré à Canal+ en 2000, où il est devenu rédacteur en chef adjoint de l'émission d'enquêtes « Spécial Investigation ». La chaîne de télévision a été achetée par le groupe Bolloré en (...)

Lire la suite - En bref / ,

Mythes et réalités sur les élections présidentielles russes de 2024

Quand on vous présente Alexeï Navalny comme ayant été le principal opposant à Poutine alors qu’il avait un taux de soutien inférieur au chef du parti communiste, ou de celui du parti LDPR, il y a de quoi rigoler.

Un reportage du New York Times démolit le discours de la «guerre non provoquée» en Ukraine

Pour ceux qui en douteraient encore. L’intérêt n’est pas tant la « révélation » en elle-même que l’Ukraine était transformée depuis 2014 en tête de pont pour des opérations contre Moscou, que le […]

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Quand les médias crachent sur Aaron Bushnell

Visant à médiatiser son refus d'être « complice d'un génocide » et son soutien à une « Palestine libre », l'immolation d'Aaron Bushnell a été traitée par les médias du monde entier. Exceptés la […]

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Télé française : le mari blanchit Israël, l’épouse noircit le Hamas

Quand l’épouse du porte-parole de Nétanhayou produit « Complément d’enquête » sur le Hamas... On ne prête pas assez attention à l’actualité économique. Ainsi quand la presse nous apprend que […]

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Sur Israël, les prémonitions au vitriol de Raymond Aron

Il était plus facile il y a quelques décennies de critiquer en France la politique de Tel-Aviv qu'aujourd'hui. Les analyses de Raymond Aron, chroniqueur à L'Express et au Figaro, incisives et dénuées de tout sentimentalisme vis-à-vis de sa judaïté, tranchent avec le tropisme pro-israélien actuel des médias dominants.

Raymond Aron est à la mode. Le penseur libéral, l'universitaire doublé d'un éditorialiste influent par ses éditoriaux dans Le Figaro puis dans L'Express, des années 1950 à 1980, a été convoqué à l'occasion du quarantième anniversaire de sa disparition par des médias de droite à la recherche des références intellectuelles qui leur manquent dans la production actuelle : « un maître pour comprendre les défis d'aujourd'hui », « un horizon intellectuel », « un libéral atypique ».

Curieusement, les prises de position les plus incisives de son œuvre journalistique, à savoir celles consacrées à Israël et à la Palestine, sont absentes des injonctions à « relire Raymond Aron ». Elles n'en restent pas moins d'une actualité brûlante.

On comprend cette gêne si on les relit, effectivement. Certaines de ces idées, exprimées dans une presse de droite par un homme de droite d'origine juive, le feraient classer en 2024 comme « antisioniste » (voire pire) par des médias et des « philosophes » de plateaux télé qui se contentent de paraphraser le narratif israélien.

C'est une véritable réflexion qui se déclenche le 27 novembre 1967, à la suite de la célèbre conférence de presse du général de Gaulle dénonçant, après la victoire éclair d'Israël et l'occupation des territoires palestiniens : « les Juifs (…) qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur ». Chaque mot de cette déclaration « aberrante » choque Raymond Aron. En accusant « les Juifs » éternels et non l'État d'Israël, de Gaulle réhabilite, écrit-il, un antisémitisme bien français : « Ce style, ces adjectifs, nous les connaissons tous, ils appartiennent à Drumont, à Maurras, non pas à Hitler et aux siens ».

Interrogations sur le concept de « peuple juif »

Mais Aron, en vrai philosophe, ne saurait s'arrêter là : « Et maintenant, puisqu'il faut discuter, discutons », écrit-il dans Le Figaro. Il se lance alors dans une étude socio-historique, adossée à une auto-analyse inquiète qui n'a pas vieilli. Quel rapport entre ses origines et l'État d'Israël ? L'obligent-elles à un soutien inconditionnel ? Et d'ailleurs qu'est-ce qu'être juif ? Ces questions parfois sans réponse définitive, on les trouve dans un ouvrage qui rassemble ses articles du Figaro1 puis, plus tard, dans ses Mémoires2 publiées l'année de sa mort, en 1983, et enfin dans un livre paru récemment qui comporte, lui, tous ses éditoriaux de L'Express3. Les citations de cet article sont extraites de ces trois livres.

Et d'abord, qu'est-ce que ce « peuple » juif comme le dit le président de la République, commence par se demander Raymond Aron. Il n'existe pas comme l'entend le sens commun, répond-il, puisque « ceux qu'on appelle les Juifs ne sont pas biologiquement, pour la plupart, les descendants des tribus sémites » de la Bible. « Je ne pense pas que l'on puisse affirmer l'existence objective du "peuple juif" comme celle du peuple français. Le peuple juif existe par et pour ceux qui veulent qu'il soit, les uns pour des raisons métahistoriques, les autres pour des raisons politiques ». Sur un plan plus personnel, Aron se rapproche, sans y adhérer complètement, de la fameuse théorie de son camarade de l'École normale supérieure, Jean-Paul Sartre, qui estimait qu'on n'était juif que dans le regard des autres. L'identité n'est pas une chose en soi, estime-t-il, avec un brin de provocation :

Sociologue, je ne refuse évidemment pas les distinctions inscrites par des siècles d'histoire dans la conscience des hommes et des groupes. Je me sens moins éloigné d'un Français antisémite que d'un Juif marocain qui ne parle pas d'autre langue que l'arabe…

Mais c'est pour ajouter aussitôt : « Du jour où un souverain décrète que les Juifs dispersés forment un peuple "sûr de lui et dominateur", je n'ai pas le choix ». Cette identité en creux ne l'oblige surtout pas à soutenir une politique. Aron dénonce « les tenants de l'Algérie française ou les nostalgiques de l'expédition de Suez qui poursuivent leur guerre contre les Arabes par Israël interposé ». Il se dit également gêné par les manifestations pro-israéliennes qui ont eu lieu en France en juin 1967 : « Je n'aimais ni les bandes de jeunes qui remontaient les Champs-Élysées en criant : "Israël vaincra", ni les foules devant l'ambassade d'Israël ». Dans ses Mémoires, il va plus loin en réaffirmant son opposition à une double allégeance :

Les Juifs d'aujourd'hui ne sauraient éluder leur problème : se définir eux-mêmes Israéliens ou Français ; Juifs et Français, oui. Français et Israéliens, non – ce qui ne leur interdit pas, pour Israël, une dilection particulière.

Cette « dilection », il la ressent émotionnellement. Lui qui en 1948 considérait la création de l'État d'Israël comme un « épisode du retrait britannique » qui « n'avait pas éveillé en lui la moindre émotion », lui qui n'a « jamais été sioniste, d'abord et avant tout parce que je ne m'éprouve pas juif », se sentirait « blessé jusqu'au fond de l'âme » par la destruction d'Israël. Il confesse toutefois : « En ce sens, un Juif n'atteindra jamais à la parfaite objectivité quand il s'agit d'Israël ». Sur le fond, il continue de s'interroger. Son introspection ne le prive pas d'une critique sévère de la politique israélienne, puisqu'Aron ne se sent aucune affinité avec les gouvernements israéliens : « Je ne consens pas plus aujourd'hui qu'hier à soutenir inconditionnellement la politique de quelques hommes ».

Le refus d'un soutien « inconditionnel »

Cette politique va jusqu'à le révulser. Il raconte comment il s'emporte, au cours d'un séminaire, contre un participant qui clame : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le digne professeur explose : « Contre mon habitude, je fis de la morale avec passion, avec colère. Cette formule… un Juif devrait avoir honte de la prendre à son compte ». Mais en général, le philosophe-journaliste reste attaché à une analyse froide des réalités du moment. Raymond Aron n'oublie pas qu'Israël est aussi un pion dans la géopolitique de la guerre froide : « S'il existe un "camp impérialiste" [face à l'URSS], comment nier qu'Israël en fasse partie ? » Puis : « Dans le poker de la diplomatie mondiale, comment le nier ? Israël, bon gré mal gré, est une carte américaine ».

Il pousse loin le principe de la « déontologie » intellectuelle. S'il juge qu'en 1967, Israël a été obligé d'attaquer, il peut être bon, pour le bien de la paix régionale, qu'il perde quelques batailles  : « Je jugeai normale l'attaque syro-égyptienne de 1973 », écrit-il, ajoutant même : « Je me réjouis des succès remportés par les Égyptiens au cours des premiers jours », car ils permettraient au président Anour El-Sadate de faire la paix.

Mais Aron reste tout de même sceptique devant l'accord de 1978 entre Menahem Begin et Sadate à Camp David, simple « procédure » qu'il « soutient sans illusion » car il lui manque le principal : elle ne tient pas compte du problème « des colonies implantées en Cisjordanie ». En 1967 (rejoignant, cette fois, les prémonitions du général de Gaulle, dans la même conférence), il décrit l'alternative à laquelle Israël fait face : « Ou bien évacuer les territoires conquis… ou bien devenir ce que leurs ennemis depuis des années les accusent d'être, les derniers colonisateurs, la dernière vague de l'impérialisme occidental ». L'impasse est totale, selon lui : « Les deux termes semblent presque également inacceptables » pour Tel-Aviv.

Ce pessimisme foncier s'exprime dans ses articles écrits pour L'Express dans les dernières années de sa vie. En 1982, il salue la portée « symbolique » et la « diplomatie précise » de François Mitterrand, qui demande devant le parlement israélien un État pour les Palestiniens, en échange de leur reconnaissance d'Israël. Tout en restant lucide : « Mitterrand ne convaincra pas Begin, Reagan non plus ». Selon lui, écrit-il toujours en 1982, Israël n'acceptera jamais de reconnaître l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme seul représentant des Palestiniens. Dix ans plus tard, les accords d'Oslo connaîtront finalement l'échec que l'on sait, et Israël facilitera la montée du Hamas, dans le but d'affaiblir l'OLP.

L'invasion du Liban par Israël en 1982, le départ de Yasser Arafat et de ses combattants protégés par l'armée française donnent encore l'occasion à Raymond Aron de jouer les prophètes : même si l'OLP devient « exclusivement civile (…), d'autres groupements reprendront l'arme du terrorisme (…). L'idée d'un État palestinien ne disparaîtra pas, quel que soit le sort de l'OLP ».

En septembre, il commente ainsi les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila par les phalangistes libanais, protégés par l'armée israélienne :

Israël ne peut rejeter sa responsabilité dans les massacres de Palestiniens (…). Pendant les trente-trois heures de la tuerie, des officiers de Tsahal ne pouvaient ignorer ce qui se passait dans les camps.

Et les prédictions d'Aron, en décembre de la même année, résonnent singulièrement aujourd'hui. À l'époque, le terme d'apartheid est encore réservé à l'Afrique du Sud. Le philosophe évoque un autre mot et une autre époque :

D'ici à la fin du siècle, il y aura autant d'Arabes que de Juifs à l'intérieur des frontières militaires du pays. Les Juifs porteront les armes, non les Arabes. Les cités grecques connaissaient cette dualité des citoyens et des métèques. Faut-il croire au succès de la reconstitution d'une cité de ce type au XXe siècle ?

Oui, il faut relire Raymond Aron.


1De Gaulle, Israël et les Juifs, Plon, 1968.

2Mémoires, tome 2, Julliard, 1983.

3De Giscard à Mitterrand, 1977-1983, Calmann-Lévy, 2023.

Analyse des tentatives d’ingérences étrangères dans les élections présidentielles russes de 2024

par Christelle Néant. Alors que les élections présidentielles russes auront lieu dans à peine un mois, les médias étrangers ainsi que les CIPSO ukrainiens tentent de déstabiliser la situation en fédération de Russie.

Tiré de La Revue de Presse Alternative du Saker Francophone -- le Saker Francophone

Puisque nous parlons de « guerre des narratifs », nous finirons par cet article de Caitlin Johnstone qui, en se basant sur l'interview de Poutine, nous explique les subtilités de la propagande occidentale pour imposer son récit : dans la guerre de propagande, il est très difficile de vaincre les États-Unis. Par Caitlin Johnstone – Le 11 février 2024
Un moment peu remarqué de la récente interview de Vladimir Poutine par Tucker Carlson fut quand Poutine a laissé entendre que les puissances de l'OTAN (...)

Nos lecteurs proposent / , ,

Gaza : les grands médias américains ont largement pris le parti d’Israël, selon une analyse

Une analyse quantitative montre que les grands journaux ont privilégié les récits israéliens au cours des six premières semaines de l’assaut contre Gaza.

Source : The Intercept, Adam Johnson, Othman Ali
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’entrée du New York Times alors que des militants pro-palestiniens participent à une grève mondiale pour Gaza, le 18 décembre 2023, à New York. Photo : Michael M. Santiago/Getty Images

Le New York Times, le Washington Post et le Los Angeles Times ont couvert la guerre d’Israël contre Gaza avec un parti pris systématique contre les Palestiniens, selon une analyse de la couverture médiatique effectuée par Intercept.

La presse écrite, qui joue un rôle influent dans la formation de l’opinion américaine sur le conflit israélo-palestinien, a accordé peu d’attention à l’impact inédit du siège et de la campagne de bombardement d’Israël sur les enfants et les journalistes de la bande de Gaza.

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Biden REJETTE l’offre de négociation de Poutine. Les néocons FURIEUX après l’interview de Carlson

Non seulement la Maison Blanche dit «non» à l'idée de négociations de paix mais l'Occident Collectif est également furieux de l'interview, puisqu'elle porte un véritable coup à leur stratégie de propagande.

Poutine a subverti les médias traditionnels et alternatifs dans son interview avec Tucker Carlson

par Andrew Korybko. L’objectif était d’informer son auditoire du contexte qui a précédé l'opération spéciale, en prenant soin d’expliquer les motivations et les nuances de chaque camp.

Affaire “Wannsee 2.0” : intrigue d’État contre la droite allemande, par Ulrike Reisner

Par : Rédaction

En Allemagne, on assiste à une grande manœuvre de diversion politique : pourquoi le gouvernement devrait-il également s’occuper de la récession économique qu’il tente lui-même de dissimuler en manipulant les chiffres ? Pourquoi devrait-il s’occuper des agriculteurs, des médecins ou des pharmaciens qui protestent, des conducteurs de train, des pilotes, des enseignants ou des employés du commerce qui font grève ? Pourquoi devrait-il sérieusement reconsidérer sa position sur la question ukrainienne ou le conflit de Gaza ? Pourquoi arrêter le tournant énergétique casse-cou avant qu’il ne soit trop tard ? Pourquoi mettre enfin de l’ordre dans un budget national qui part complètement en vrille ? Non, l’Allemagne s’indigne bruyamment « contre la droite », avec de grandes manifestations dans tout le pays. Ceci n’est pas seulement soutenu ouvertement par Olaf Scholz ou Annalena Baerbock, mais aussi par le directeur de l’Office fédéral de protection de la Constitution, Thomas Haldenwang, un critique ouvert de l’AfD.

Dans l’affaire « Wannsee 2.0 », cet Office joue un rôle douteux. Il y a de forts soupçons de transmission d’informations confidentielles aux médias. L’objectif : influencer les élections au Parlement européen ainsi que les élections régionales en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg !

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L’ancien présentateur de Fox News Tucker Carlson en voyage à Moscou

carlson moscou

carlson moscouC’est la panique totale parmi les démocrates à Washington. Bien entendu, le blocus total de l’information sur la Russie, imposé

L’article L’ancien présentateur de Fox News Tucker Carlson en voyage à Moscou est apparu en premier sur STRATPOL.

C’est une hécatombe pour les grands médias

Faut-il s’étonner que l’industrie de l’information soit frappée par une vague massive de licenciements ? Les enquêtes successives montrent que les Américains ont perdu confiance dans les grands médias et que des millions d’entre nous ont décidé de se tourner vers d’autres sources d’information. Depuis des années, les grands médias perdent des téléspectateurs et des lecteurs, et aujourd’hui, bon nombre des plus grands noms de l’industrie de l’information perdent des sommes colossales. Ce n’était qu’une question de temps avant que nous n’assistions à des licenciements à grande échelle, et c’est désormais chose faite.

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Ce que ça coûte de s’exprimer sur Israël-Palestine

par Thomas Vescovi. Chercheurs, journalistes ou responsables politiques préfèrent souvent ignorer le sujet, ou nuancer leur propos, plutôt que d’être la cible de la fachosphère et de ses relais.

Un journaliste s’effondre d’épuisement

AJ+ français. En plein direct, un correspondant de Palestine TV s'effondre d'épuisement. Les habitants de Gaza subissent le manque de sommeil, le froid et la faim depuis plus de 100 jours.

Les médias admettent que les États-Unis enfreignent le droit interne pour Israël

Études sur la Neutralité. Des médias produisent des articles sensés sur les racines de la guerre et le parlement européen choisit enfin d'appeler à un cessez-le-feu ! Quelque chose se passe enfin en coulisses.

La mentalité sectaire du journaliste ordinaire

Le Tribunal de l'infaux. L’opération psychologique nommée COVID-19 aurait été impensable sans la participation active des grands médias pour discréditer et censurer une foule d’experts et de lanceurs d’alertes.

Gaza. L'escorte médiatique d'un génocide

« Depuis 90 jours, je ne comprends pas. Des milliers de personnes meurent et sont mutilées, submergées par un flot de violence qu'on ne peut qualifier de guerre, sauf par paresse ». Dans sa lettre de démission après douze ans de bons et loyaux services, le journaliste Raffaele Oriani du supplément hebdomadaire du quotidien italien La Repubblica entend protester contre la manière dont son journal couvre la situation à Gaza. Il dénonce « l'incroyable circonspection d'une grande partie de la presse européenne, y compris La Repubblica – aujourd'hui deux familles massacrées ne figurent qu'à la dernière ligne de la page 15 », et évoque « l'escorte médiatique » qui rend ces massacres possibles.

Il fut un temps où les médias occidentaux n'avaient pas ce type de pudeur. Personne n'avait de réticence à dénoncer l'invasion russe et il ne serait venu à l'idée de personne d'évoquer « l'opération spéciale russe », sinon par dérision. Aujourd'hui s'est imposée l'expression israélienne de « guerre Israël-Hamas », comme si deux parties égales s'affrontaient, ou que les victimes étaient principalement des soldats des Brigades d'Al-Qassam.

Les formules dans les journaux varient, mais le Hamas est presque toujours désigné comme « organisation terroriste » — rappelons que seuls l'Union européenne et les États-Unis le considèrent comme tel — ce qui exonère par avance Israël de tous ses crimes. Face au Mal absolu, tout n'est-il pas permis ? Un journaliste de CNN rapportait les consignes de sa rédaction :

Les mots « crime de guerre » et « génocide » sont tabous. Les bombardements israéliens à Gaza seront rapportés comme des « explosions » dont personne n'est responsable, jusqu'à ce que l'armée israélienne en accepte ou en nie la responsabilité. Les citations et les informations fournies par l'armée israélienne et les représentants du gouvernement ont tendance à être approuvées rapidement, tandis que celles provenant des Palestiniens ont tendance à être attentivement examinées et traitées précautionneusement1.

« Selon le Hamas »

On sait la suspicion qui a accompagné les chiffres du nombre de morts donnés par le ministère de la santé à Gaza, jusqu'à aujourd'hui accompagnés de l'expression « selon le Hamas », alors qu'ils semblent inférieurs à la réalité. Le traitement réservé aux otages palestiniens, déshabillés, humiliés, torturés, est relativisé, la suspicion d'appartenir au Hamas justifiant l'état d'exception. En revanche, les fake news colportées après le 7 octobre sur les femmes éventrées, les bébés décapités ou brûlés dans des fours ont été reprises, car elles avaient été entérinées par des responsables israéliens. Une fois la supercherie révélée, aucune rédaction n'a cru nécessaire de faire son mea culpa pour avoir contribué à colporter la propagande israélienne. En France, le porte-parole de l'armée israélienne a micro ouvert sur les chaînes d'information, et quand un journaliste se décide de faire son métier et de l'interroger vraiment, il est rappelé à l'ordre par sa direction. Pendant ce temps, des propos d'un racisme éhonté, qui frisent l'incitation à la haine ou à la violence à l'encontre des critiques de l'armée israélienne sont à peine relevés. Sans parler de la suspicion qui frappe les journalistes racisées coupables de « communautarisme » quand ils offrent une autre vision2.

Alors qu'Israël refuse l'entrée de journalistes étrangers à Gaza — sauf à ceux qu'ils choisissent d'« embarquer » dans un tour guidé, ce que de nombreux correspondants acceptent sans le moindre recul critique —, peu de protestations se sont élevées contre ce bannissement. La profession ne s'est guère mobilisée contre l'assassinat de 109 journalistes palestiniens, un nombre jamais atteint dans tout autre conflit récent. Si ces reporters avaient été européens, que n'aurait-on pas entendu ? Pire, dans son bilan annuel publié le 15 décembre 2023, l'organisation Reporters sans frontières (RSF) parle de « 17 journalistes [palestiniens] tués dans l'exercice de leur fonction », information reprise par plusieurs médias nationaux. La formulation choque par son indécence, surtout quand on sait que cibler volontairement les journalistes est une pratique courante de l'armée israélienne, à Gaza et en Cisjordanie, comme nous le rappelle l'assassinat de la journaliste Shirin Abou Akleh. Le dimanche 7 janvier, deux confrères palestiniens ont encore été tués après qu'un missile israélien a ciblé leur voiture, à l'ouest de Khan Younes. L'un des deux n'est autre que le fils de Wael Dahdouh, le chef du bureau d'Al-Jazira à Gaza. La moitié de sa famille a été décimée par l'armée israélienne, et son caméraman a été tué.

Or, on doit à ces journalistes palestiniens la plupart des images qui nous parviennent. Et bien que certains d'entre eux aient déjà travaillé comme « fixeurs » pour des journalistes français, ils restent a priori suspects parce que Palestiniens. Pendant ce temps, leurs confrères israéliens qui, à quelques exceptions près (+972, certains journalistes de Haaretz) reprennent les éléments de langage de l'armée sont accueillis avec révérence.

Le nettoyage ethnique, une option comme une autre

Ces derniers jours on a assisté à des débats surréalistes. Peut-on vraiment discuter, sereinement, calmement, « normalement » sur des plateaux de radio et de télévision des propositions de déplacement de la population palestinienne vers le Congo, le Rwanda ou l'Europe, sans marteler que ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ? Sans dire que ceux qui les profèrent, ici ou là-bas, devraient être inculpés d'apologie de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ?

Selon les Nations unies, la bande de Gaza est devenue « un lieu de mort, inhabitable ». Chaque jour s'accumulent les informations sur les morts (plus de 23 000), les blessés (plus de 58 000), les structures médicales bombardées, les exécutions sommaires, les tortures à grande échelle3, les écoles et universités pulvérisées, les domiciles détruits. À tel point que l'on crée un nouveau terme, « domicide » pour désigner cette destruction systématique des habitations. Tous ces crimes font rarement l'objet d'enquêtes journalistiques. Pourtant le mémorandum soumis par l'Afrique du Sud le 29 décembre 2023 à la Cour internationale de justice de La Haye4 suffirait aux médias à produire des dizaines de scoops. Ils contribueraient à donner aux victimes (pas seulement celles du 7 octobre) un visage, un nom, une identité. À contraindre Israël et les États-Unis qui les arment sans barguigner, à mettre aussi les autres pays occidentaux et en particulier la France devant leurs responsabilités, et pour cela il ne suffit pas de parachuter quelques vivres sur une population en train d'agoniser, ou d'exprimer sa « préoccupation » à la faveur d'un communiqué.

Pour la première fois, un génocide a lieu en direct, littéralement en live stream sur certaines chaînes d'information panarabes ou sur les réseaux sociaux, ce qui n'a été le cas ni pour le Rwanda ni pour Srebrenica. Face à cela, la facilité avec laquelle ce massacre quitte petit à petit la une des journaux et l'ouverture des journaux télévisés dans nos pays pour être relégué comme information secondaire est déconcertante. Pourtant, autant que les États signataires de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, les journalistes ont la responsabilité morale de se mobiliser pour arrêter ce crime en cours.

Pour ne pas se rendre complice de génocide, la France peut contribuer à l'arrêter : suspendre la coopération militaire avec Israël, prendre des sanctions contre les Français qui participent aux crimes à Gaza, suspendre le droit des colons d'entrer dans notre pays, voire suspendre l'importation de marchandises israéliennes, dont certaines viennent des colonies et sont donc commercialisées en contravention avec les décisions européennes.

Fin décembre, à la suite d'une attaque russe sur les villes ukrainiennes qui avait fait une trentaine de morts, le gouvernement américain condamnait « ces bombardements épouvantables », tandis que celui de Paris dénonçait « la stratégie de terreur russe ». Le quotidien Le Monde titrait sur la « campagne de terreur russe ». Combien de temps faudra-t-il pour qualifier de terrorisme la guerre israélienne contre Gaza ?


1« Cnn Runs Gaza Coverage Past Jerusalem Team Operating Under Shadow of Idf Censor », The Intercept, Daniel Boguslaw, 4 janvier 2024.

2Nassira Al-Moaddem, « TV5 Monde : « l'affaire Kaci » secoue la rédaction », Arrêt sur image, 30 novembre 2023.

3Lire l'enquête du magazine israélien +972, Yuval Abraham, « Inside Israel's torture camp for Gaza detainees »

Quand les barricades brûleront-elles en Allemagne ? par Ulrike Reisner

Par : Rédaction

En Allemagne, la menace d’une protestation nationale plane : à partir du 8 janvier, la « paix de Noël » pourrait bien prendre fin. Des appels à la grève et à des blocages sont lancés dans l’agriculture, les chemins de fer et le secteur des transports. Une résistance massive se dessine contre le gouvernement d’Olaf Scholz. D’autres arrêts de travail menacent chez les médecins et dans le commerce. Les médias parlent déjà de « grève générale » – mais celle-ci est effectivement illégale en Allemagne. L’ambiance est donc très tendue en ce début d’année. La situation est tendue, car il suffit de la fameuse « goutte » qui fait déborder le vase. Scholz et son entourage sont bien trop faibles et ignorants pour voir ce danger – et encore moins pour le maîtriser.

Dans son message du Nouvel An, le président de l’Union allemande des agriculteurs résume le mécontentement des agriculteurs : « Au lieu des progrès annoncés, le gouvernement fédéral ne fait que trébucher d’une crise à l’autre. Fin 2023, cette accumulation de crises a atteint son sommet provisoire avec la crise budgétaire. La proposition de supprimer le remboursement du diesel agricole et l’exonération fiscale pour les véhicules agricoles et forestiers est totalement inacceptable. » Après une première grande manifestation des agriculteurs à la mi-décembre, les rassemblements se poursuivront à partir du 8 janvier dans toute l’Allemagne. L’Union avait déjà annoncé avant Noël que les agriculteurs manifesteraient au cours de la nouvelle année « comme le pays n’en a encore jamais connu ».

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John Pilger, le monument du journalisme n’est plus

La veille du nouvel an, John Pilger nous a quitté. C'est un phare du journalisme d'enquête qui s'est éteint à l'âge de 84 ans. Courageux, intègre, infatigable, le journaliste laisse […]

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Henry Kissinger : derrière l’homme d’État, le criminel de guerre aux 3 millions de victimes

Lors de son passage au gouvernement, Henry Kissinger a supervisé des politiques qui ont coûté la vie à au moins 3 millions de personnes.

Source : Truthout, Norman Solomon, Common Dreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

L’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger rend visite à Fox Business Network dans les studios de Fox, le 18 décembre 2015, à New York. JOHN LAMPARSKI / GETTY IMAGES

Pour les médias américains, la boutade d’Henry Kissinger selon laquelle « le pouvoir est l’aphrodisiaque par excellence » s’est avérée exacte. Les journalistes influents et les experts ont souvent exprimé leur amour pour lui. L’establishment médiatique n’a cessé de se pâmer devant l’un des pires criminels de guerre de l’histoire moderne.

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France Inter : radiographie d’un média d’État

 

 

Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance de ceux-ci.

Animé par le journaliste de TF1 Paul Larrouturou, le débat a réuni Isabelle Roberts, présidente des Jours, pure player lancé en 2016, le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernos, le président du groupe Les Échos-Le Parisien Pierre Louette, et la directrice de France Inter Adèle Van Reeth.

Répondant à une question sur l’orientation à gauche de la station dont elle est directrice depuis septembre 2022, Adèle Van Reeth a été courtoisement mais fermement recadrée par ses contradicteurs issus du privé.

 

L’art de la langue de bois

En cause : l’exercice de langue de bois qu’a été la réponse de la dirigeante publique. Une séquence reprise dans la foulée sur X (ex-Twitter) où Adèle Van Reeth explique qu’à ses yeux, France Inter n’est pas une radio de gauche, mais que son histoire, ses auditeurs et certaines émissions ont cette tendance. De plus, France Inter ne serait pas une radio de gauche car elle ne serait pas une radio d’opinion mais une radio publique qui appartiendrait, non à l’État comme dans un régime autoritaire, mais aux citoyens.

https://twitter.com/DocuVerite/status/1737502165256589606

Face à ce cafouillage manifeste, d’autres intervenants ont tenu à apporter des clarifications.

Nicolas de Tavernost a ainsi rappelé que la principale concentration de médias était celle du service public. Son propos a été appuyé par Pierre Louette qui a rappelé que cette concentration n’a jamais été aussi faible qu’à une époque où créer un média n’a jamais été aussi aisé.

 

Radio France est une radio d’État

Cet échange pose notamment la question de la nature du paysage radiophonique public.

En effet, Adèle Van Reeth distingue très nettement les chaînes appartenant aux citoyens de celles appartenant à l’État. Cette distinction est évidement factice, car les citoyens évoqués sont avant tout des contribuables, et donc des financeurs de l’État.

On ne peut réellement saisir l’erreur, sans doute volontaire, qu’est cette distinction sans comprendre la nature même de France Inter, station de radio propriété de Radio France.

Radio France est, elle, une société anonyme à capitaux publics héritière de l’ORTF dont 100 % des actions sont détenues par l’État français.

Sa fiche sur le site de l’Annuaire des Entreprises, disponible publiquement comme celle de toute entreprise française, détaille ses dirigeants et bénéficiaires effectifs, personnes physiques possédant plus de 25 % du capital ou des droits de vote, ou exerçant un contrôle sur les organes de direction ou de gestion.

Parmi les 15 dirigeants recensés, on retrouve cinq administrateurs, deux commissaires aux comptes et huit administrateurs. L’éclectisme y est roi, puisque les profils vont du député au directeur général d’entreprise publique, en passant par l’ingénieur et la dirigeante associative.

S’agissant de l’unique bénéficiaire effective, nous retrouvons Sybile Veil. L’épouse d’un des petit-fils de Simone Veil et maître des requêtes au Conseil d’État est elle-même énarque, conseillère d’État et surtout PDG de Radio France depuis le 16 avril 2018, après avoir été nommée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui n’était pas encore devenu l’Arcom par sa fusion avec Hadopi au 1er janvier 2022.

Rappelons que le CSA comme Hadopi, et aujourd’hui l’Arcom, sont des autorités administratives indépendantes (AAI) agissant au nom de l’État. Comme le constatait un rapport sénatorial paru en 2017, les AAI n’ont généralement pas de personnalité morale propre distincte de l’État, et leurs membres sont désignés soit par le président de la République, les présidents des assemblées ou des ministres, soit par de hautes autorités juridictionnelles. Entendez par là, par exemple, le vice-président du Conseil d’État ou le premier président de la Cour de cassation, postes nommés directement par le président de la République.

 

Naïveté et manipulation

En d’autres termes, ce qui distingue chaînes publiques et chaînes d’État est le caractère prétendument démocratique des États des premiers.

Cette nuance est encore plus complexe lorsqu’on analyse le niveau de démocratie des institutions françaises, plus proches des démocratures d’Europe de l’Est que des démocraties parlementaires avoisinantes.

Distinguer arbitrairement et par pur soutien à un narratif social-démocrate médias d’États et médias publics relève donc au mieux d’une naïveté coupable à ce niveau de responsabilité, et au pire d’une manière de prendre ses auditeurs pour des imbéciles.

 

Un auditorat de gauche

Adèle Van Reeth a toutefois reconnu dans sa réponse que l’auditorat de France Inter était de gauche. Cet état de fait est corroboré par une étude conjointe entre le journal Marianne et l’Ifop, révélant en 2012 que l’auditorat de France Inter votait à 72 % à gauche, dont la ligne relève de la gauche caviar lorsqu’elle est pas tout simplement assimilable « à un tract de la CGT  » pour reprendre les mots de l’ancienne directrice de la station Laurence Bloch après avoir décidé de supprimer l’émission « Comme un bruit qui court », critiquée pour son militantisme y compris par Les Inrocks, eux-mêmes sur la ligne de la gauche bobo.

 

Un financement politique contestable

En réalité, Adèle Van Reeth a été gênée par la question posée, car elle sait que son intervention relève d’une question autrement plus fondamentale, dans une société se voulant démocratique, qu’est le consentement à l’impôt.

Admettre que France Inter est de gauche, c’est admettre que l’argent des contribuables sert à financer une information orientée politiquement, alors même que cette orientation n’est pas celle des contribuables en question.

Pour rappel, en 2022, seuls deux Français sur dix se positionnait à gauche ou à l’extrême gauche, contre le double à droite ou à l’extrême droite.

Reconnaître que France Inter est de gauche contribuerait à confirmer une réalité qui saute aux yeux de quiconque s’intéresse un minimum à ces sujets : il existe un décalage entre ce que souhaitent les contribuables et ce qui leur est proposé, décalage qui n’existerait pas sur un marché libre où le payeur d’impôt serait un consommateur à satisfaire comme un autre et non une poche dans laquelle se servir au nom d’une solidarité fantasmée.

 

Concentration et conspirationnisme

Cette intervention pose également la question de la concentration des médias.

Sur le sujet, le ministère de la Culture lui-même donne raison à Nicolas de Tavernost et Pierre Louette, puisqu’un rapport paru en juillet 2022 estime que France Télévisions est le premier acteur du marché.

Cette position, justifiée aussi bien en termes d’audience que de chiffre d’affaires, montre une tendance nette depuis 20 ans : la part de chiffre d’affaires de France Télévisions a explosé, alors même que son audience s’est effondrée.

Cependant, et comme le notait justement Pierre Louette, créer un média n’a jamais été aussi simple qu’aujourd’hui. Une liberté salutaire mais qui pose aussi la question de la qualité de cette information et de la montée des discours conspirationnistes que seuls la transparence publique et le respect du consentement démocratique permettront de combattre.

France Télévisions ferme son média écolo, pour mieux couvrir les JO

Le 31 décembre, l'humeur ne sera pas à la fête chez France Télévisions. Du moins, pas pour tout le monde. Le média écolo du groupe, créé il y a deux ans et baptisé Nowu, fermera définitivement ses portes à cette date. Si la direction met en avant des audiences peu convaincantes, une enquête de Mediapart publiée le 20 décembre dévoile une toute autre raison : Nowu aurait été sacrifié pour libérer du budget pour la couverture des Jeux olympiques 2024.
Le média d'investigation a pu consulter un document interne, (...)

Lire la suite - En bref / ,

Journalistes tués : les palestiniens ne comptent pas

Israël commet le plus grand massacre de journalistes du 21ème siècle, Reporters Sans Frontières regarde ailleurs. L’association Reporter Sans Frontières se présente comme une ONG de «défense de la liberté […]

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Tags antisémites à Levallois-Perret : l’auteur, lui-même juif, n’est autre que le propriétaire du local

par Aguelid. Il est utile de rappeler à quel point cette affaire a été médiatisée en France en diabolisant les musulmans et leur religion, faisant croire qu’ils étaient responsables de cet acte antisémite.

Pourquoi les médias «libéraux» poussent aux génocides ?

par Kevin Barrett. Il n’y a en réalité que deux endroits sur Terre où des «nazis d’extrême droite» sont en train de commettre un génocide : Israël sous le führer Netanyahou, et l’Ukraine sous le führer Zelenksy.

Comment l’armée israélienne intimide les journalistes français

par Rafik Tadjer. Pour faire taire les médias français sur ce qui se passe à Gaza, l’armée israélienne utilise l’intimidation et les pressions sur les journalistes qui osent poser des questions qu’elle juge gênantes.

Pourquoi les journalistes doivent dénoncer ce qui se passe à Gaza -- Collectif

Par : Collectif

Des journalistes et des professionnels des médias signent cette carte blanche pour alerter leurs consœurs et leurs confrères. Depuis le début de la guerre à Gaza, Israël cible les journalistes – tout en bloquant les canaux de communication. Au moins 75 d'entre eux ont déjà perdu la vie. Les signataires de cette carte expliquent pourquoi ce qui se passe à Gaza est particulièrement grave et nous concerne tous. Ils appellent la profession à réagir. (I'A)
En tant que journalistes et professionnels des (...)

Nos lecteurs proposent / ,

Pourquoi les journalistes doivent dénoncer ce qui se passe à Gaza

Par : Collectif

Des journalistes et des professionnels des médias signent cette carte blanche pour alerter leurs consœurs et leurs confrères. Depuis le début de la guerre à Gaza, Israël cible les journalistes […]

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La guerre d’Israël contre Gaza massacre aussi des journalistes

Israël a tué plus d’une cinquantaine de journalistes au cours de sa campagne de bombardements à Gaza, tuant même parfois les familles des reporters. Les médias, qui, il y a peu, dénonçaient à juste titre l’assassinat de Jamal Khashoggi, n’ont rien dit.

Source : Jacobin, Branko Marcetic
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des journalistes palestiniens assistent aux funérailles du correspondant de la télévision palestinienne Mohammed Abu Hatab, le 3 novembre 2023. (Rizek Abdeljawad / Xinhua via Getty Images)

Dans la période post-2016, les reporters et le travail d’une presse libre semblaient être devenus importants aux yeux de l’establishment américain. Soudain, on voyait partout des hommages consacrés au rôle du journalisme. Les attaques verbales de Donald Trump contre les journalistes étaient régulièrement présentées comme une menace de type hitlérien à l’encontre de la liberté de la presse. Cela a même eu des répercussions géopolitiques alors que l’assassinat du journaliste et chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi par le prince héritier saoudien déclenchait une telle indignation, que cela a probablement ouvert la plus grande des brèches dans les relations américano-saoudiennes vieilles de plusieurs décennies. Aujourd’hui, le gouvernement israélien assassine non seulement des journalistes mais aussi leurs familles, parfois dans le cadre de frappes délibérément ciblées, et tout le monde semble avoir oublié ces bons sentiments.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), en date du week-end dernier, la campagne de bombardements aveugles du gouvernement israélien sur Gaza, qui dure depuis près de quatre semaines, a tué trente-six journalistes et autres professionnels des médias, dont trente-et-un Palestiniens. Huit autres ont été blessés et trois sont portés disparus.

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Gaza - Que s'est-il passé le 7 octobre ? -- Djamel LABIDI

La question est légitime quand on considère les contradictions, les non-dits, la rétention de l'information visuelle, les invraisemblances, les bizarreries de l'information délivrée à ce sujet par les autorités israéliennes.
Les autorités israéliennes, au plus haut niveau, décrivent des visions d'horreur, "des bébés décapités, des femmes violées et éventrées, des corps coupés en morceaux". Le récit est relayé largement par les medias occidentaux. On ajoute même chaque fois de nouveaux détails (...)

Actualité / , ,

Crépol, révélateur du fossé entre les citoyens et les élites

Le meurtre de Thomas à Crépol a fait apparaître comme jamais le profond clivage entre l’opinion publique majoritaire et les dirigeants politiques. L’alignement des médias dominants, en particulier ceux du service public, sur le déni politicien, traduit leur incompréhension de la situation ou leur asservissement au pouvoir.

Pour tous ceux qui vivent dans la « France profonde », la perception du fossé, devenu gouffre béant, séparant gouvernants et gouvernés, est ancienne mais devient aujourd’hui alarmante.

 

La bien-pensance persiste dans le déni

On aura en effet tout entendu après ce meurtre odieux et particulièrement significatif. Un épisode de « la guerre des boutons » selon Pablo Pillaud-Vivien (BFMTV), « un fait divers banal » selon Isabelle Veyrat-Masson (Arte), des assaillants « venus pour s’amuser et draguer des filles » selon Patrick Cohen (France 5).

Face à un meurtre révélant le face-à-face belliqueux de deux France par le passage à l’acte de jeunes issus de l’immigration et vivant dans la marginalité, les intervenants de gauche ne songent qu’à nier l’évidence. Pitoyable.

La France entière a été profondément émue et révoltée, mais les missi dominici de la bien-pensance n’y voient que la banalité de la vie quotidienne. Ils « communiquent ». Ce verbe si galvaudé a malgré tout un sens profond.

Il existe désormais deux mondes : celui de la réalité vécue dans lequel se trouvent 90 % des Français, et celui de la communication médiatique qui concerne les politiciens, les journalistes, les animateurs et les invités habituels des émissions d’actualité. Une petite couche totalement irréelle de communication recouvre une réalité infiniment complexe et prétend la représenter. Le monopole du verbe n’induisant ni la connaissance ni la clairvoyance, ces gens-là ne comprennent pas grand-chose au pays dans lequel ils vivent.

Pourquoi ?

 

Les décideurs parisiens

Explication la plus évidente : ils vivent à des années-lumière de leurs concitoyens. Parisiens en général, très aisés financièrement presque toujours, voyageant beaucoup et côtoyant des personnes venues des quatre coins du monde, leur vie ne ressemble en rien à celle du Français moyen. Celui-ci est provincial, ne voudrait pour rien au monde vivre à Paris, a des revenus modestes ou moyens et voyage peu et pas très loin. Deux modes de vie radicalement différents entraînent deux perceptions incompatibles de la société.

Deuxième élément : ce sont des décideurs ou des relais des décideurs. Les décisions politiques sont aujourd’hui complexes et reposent sur des analyses multifactorielles qu’il est impossible d’aborder dans une interview de quelques minutes ou même dans une émission d’une heure. Il faudrait une formation longue pour maîtriser les tenants et aboutissants de la plupart des sujets. D’où la communication.

De mauvais comédiens expliquent donc aux Français, comme on s’adresse aux enfants de la maternelle, les rudiments de l’économie, du droit constitutionnel, de la géopolitique, etc. Exercice particulièrement ambitieux qui a toutes les chances de se solder par un échec. Le Français moyen saisit intuitivement qu’on le prend pour un imbécile, qu’on lui cache bien des choses réservées aux décideurs.

Les communicants ont surtout réussi à transformer les politiques en professionnels de l’hypocrisie. Où sont Churchill, de Gaulle, qui ressentaient profondément ce qu’ils disaient car ils l’écrivaient eux-mêmes ? Nos politiciens et nos journalistes de l’audiovisuel sont des comédiens pas très doués, prisonniers d’un scénario élaboré par d’autres.

 

L’héritage calamiteux

Troisième cause de la fracture : le passé. Il faut désormais assumer les erreurs massives du demi-siècle écoulé et en particulier deux dérives majeures :

  1. L’immigration totalement incontrôlée avec régularisation de clandestins, regroupement familial de plus en plus large et instrumentalisation systématique de vieilles conventions internationales sur le droit d’asile. Ces conventions ne correspondent plus du tout aux réalités actuelles, mais sont utilisées par les gouvernants comme justification de leur inefficacité.
  2. La fuite vers une dette publique abyssale pour ne pas faire face politiquement à la fin de la période exceptionnelle de forte croissance des trente années d’après-guerre.

 

Il s’agit donc de gérer l’héritage calamiteux de François Mitterrand, allégrement poursuivi par ses successeurs. Pas facile ! Le mensonge et le cynisme d’antan conduisent au désespoir et à la violence d’aujourd’hui.

 

Le clientélisme électoral

Enfin, cerise sur le gâteau, la politique politicienne fait intervenir un dernier élément : le clientélisme électoral.

Logiquement, les électeurs se sont progressivement détournés des partis traditionnels de gouvernement (social-démocratie et droite modérée) puisque leurs leaders s’étaient eux-mêmes éloignés d’eux. Les extrêmes ont conquis le corps électoral. Une recette très simple a été utilisée : le populisme, qui consiste à dire aux électeurs cibles ce qu’ils veulent entendre. La France insoumise convoite l’électorat d’origine immigrée et adapte son logiciel en conséquence. Le Rassemblement national rassemble, comme son nom l’indique, tous les déçus, toutes les victimes des tromperies politiciennes des décennies antérieures. L’absence de politique migratoire, l’abandon de la classe ouvrière par la gauche lui ouvrent un boulevard vers la conquête du pouvoir.

Avec une violence verbale et comportementale de mauvais aloi, LFI joue la carte du communautarisme, du wokisme et de l’écologisme radical. En choisissant l’image de la sérénité et de la respectabilité, le Rassemblement national part à la conquête des oubliés de l’histoire récente, attachés à la nation, à la culture européenne, aux frontières, à l’autorité de l’État.

Deux France totalement incompatibles, représentées par deux partis aux antipodes l’un de l’autre s’affrontent. Entre les deux, l’espoir s’évanouit peu à peu.

Les médecins de plateau enfin devant le Conseil de l’Ordre (Syndicat Liberté Santé)

Géopolitique Profonde. Quel est le rôle des médias et des experts médiatiques dans la diffusion d’informations erronées ou biaisées sur le Covid-19 et ses traitements ?

Révélation du système occulte de Cyril Hanouna avec Xavier Poussard de «Faits et Documents»

Hanouna est complice de la destruction de la France ? - Macron et Hanouna - Macron futur Zelensky ? - Booba fait téchouva - JM Trogneux - Brigitte et son frère - Le rôle de Brigitte.
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