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À partir d’avant-hierContrepoints

Contre l’étatisme, la solution ne peut qu’être libérale !

« Liberté économique, liberté politique » est le thème choisi pour le douzième Weekend de la Liberté. Ce thème s’imposait au vu de la dégradation progressive des libertés dans notre pays.

Il est impératif d’interrompre cette spirale infernale.

 

La base de l’harmonie sociale ce sont les droits naturels

« Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » La loi (1848).

Oublier que les droits naturels sont consubstantiels de l’Homme chosifie les individus. C’est ce qui se passe. Le politicien les considère comme des rouages interchangeables de la mécanique sociale, dont seul il possède une vision d’ensemble, éclairée, pertinente et… le mode d’emploi. À défaut de rouage interchangeable, il les considère comme du bétail dont il est le gardien. En foi de quoi il empêche les gens d’accomplir leur projet de vie en y substituant le sien, c’est-à-dire en leur imposant ce qu’il a décidé être bien pour eux. Cela ne peut se faire que par la contrainte.

Le mauvais départ dont nous subissons encore les conséquences a eu lieu en 1945 quand les étatistes, gaullistes et communistes, s’emparèrent du pouvoir en France et mirent le pays sur la voie du collectivisme totalitaire en tournant le dos aux droits naturels individuels universels. La prospérité des Trente glorieuses fit que cela passa inaperçu.

La situation s’est dégradée lors du choc pétrolier de 1973. Les politiciens ne saisirent pas l’opportunité d’une remise à plat du système. Tous ceux qui se sont succédé en France depuis 1974 ont continué à sacrifier les droits naturels individuels universels. Ce faisant, ils ont poursuivi avec ténacité la destruction du pays.

Georges Pompidou, décédé en 1974, aura été le dernier politicien à ne pas vouloir « emmerder les Français ».

C’était en 1966. Pompidou était Premier ministre. Un soir, un de ses collaborateurs lui présente, comme d’habitude, une pile de décrets à signer. Pompidou s’écrie : « Mais arrêtez donc d’emmerder les Français : Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays. On en crève ! Laissez-les vivre un peu et vous verrez que tout ira beaucoup mieux. »

Cette anecdote est citée par Thierry Desjardin dans son livre Arrêtez d’emmerder les Français. Comme quoi, il n’y a pas que Bastiat et les libéraux qui le réclament.

Tout le contraire de Macron : « les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Cette fois il s’agissait des non-vaccinés, mais de nombreuses catégories sociales ont été victimes de « lemmerdeur. »

1974 est la dernière année où le budget français a été équilibré.

 

Les politiciens sont adeptes de la spoliation légale

Il est peu probable que ceux qui ont plongé la France dans la situation dramatique qui est la sienne puissent l’en sortir.

Il ne faut pas se faire d’illusion sur les partis qui n’ont jamais gouverné. Leur politique n’est différente de celle des partis qui ont gouverné, ou qui gouvernent, que par la position du curseur de la spoliation légale. La vérité est qu’aucun parti ne la remet en cause. Tous sont étatistes, « socialistes », dirait Bastiat.

Il est illusoire d’attendre des effets différents de mesures identiques ou de la même veine, que celles qui ont été prises depuis plusieurs dizaines d’années, et qui ont conduit le pays dans le triste état que nous lui connaissons aujourd’hui.

Le seul effet véritable de ces politiques de spoliation légale est que la France se tiers-mondise et la misère s’y étend fort logiquement. Dans les années 1960 la différence était faite entre les pays industrialisés, riches, et les pays du tiers monde, pauvres.

Aujourd’hui, la France n’est plus un pays industrialisé.

La pénurie et la disette sont partout. Pénurie dans le système de santé, pénurie de logements, des enfants dorment désormais dans la rue, pénurie de travail, pénurie de ressources énergétiques, pénurie d’industries, pénuries de ressources agricoles, pénuries de ressources financières pour les ménages (perte de pouvoir d’achat) et le pays.

La liste n’est hélas pas exhaustive.

Dans Harmonies économiques, chapitre IV, Échange, (1850) Bastiat écrit :

L’homme a d’autant plus de chances de prospérer qu’il est dans un milieu plus prospère.

Ce qui veut dire que moins le milieu est prospère, plus la misère augmente. C’est ce à quoi nous assistons.

À partir de là il est clair qu’il ne peut exister de décroissance sans accroissement de la misère.

Bastiat ajoute : « Le bien de chacun favorise le bien de tous, comme le bien de tous favorise le bien de chacun », ce qui s’oppose à « Ce qu’un gagne, un autre le perd », sentence chère aux spoliateurs légaux. Pour eux, l’économie serait donc un jeu à somme nulle. La taille du gâteau n’augmenterait pas, il faudrait donc en réduire arbitrairement les parts par la coercition étatique. Au final, les parts de plus en plus petites seront insuffisantes. C’est ce qui se passe aujourd’hui où les classes moyennes se paupérisent, et où les classes pauvres crèvent la faim. Sans vergogne et dans leur logique, certains étatistes proposent décroissance et dépopulation, pour que les parts des survivants soient un peu moins petites.

Pour Bastiat tout ceci ne tient pas la route :

« La vraie puissance de l’échange. Ce n’est pas […] qu’il implique deux gains, parce que chacune des parties contractantes estime plus ce qu’elle reçoit que ce qu’elle donne. Ce n’est pas non plus que chacune d’elle cède du superflu pour acquérir du nécessaire. C’est tout simplement que, lorsqu’un homme dit à un autre: « Ne fais que ceci, je ne ferai que cela, et nous partagerons, » il y a meilleur emploi du travail, des facultés, des agents naturels, des capitaux, et, par conséquent, il y a plus à partager. »

L’Homme est créateur. La taille du gâteau augmente sans cesse, les parts sont de plus en plus grandes, pour le bien de tous. Il suffit de constater quelles sont nos conditions de vies, et de les comparer à celles de nos parents, grand-parents, ou ascendants plus lointains.

La spoliation légale consomme une quantité phénoménale d’énergies et de ressources (matérielles et humaines). C’est du mal investissement, du gaspillage.

« D’un autre côté, une somme vraiment incalculable de forces intellectuelles se perd à la poursuite d’organisations sociales factices. Prendre aux uns pour donner aux autres, violer la liberté et la propriété, c’est un but fort simple ; mais les procédés peuvent varier à l’infini. De là ces multitudes de systèmes qui jettent l’effroi dans toutes les classes de travailleurs, puisque, par la nature même de leur but, ils menacent tous les intérêts. » Harmonies économiques, chapitre IV, Échange (1850).

La spoliation légale engendre un cercle vicieux.

 

Totalitaires par essence 

Les politiciens adeptes de la spoliation légale ne proposent aux Français que les mêmes solutions : réglementer et taxer, acheter des voix, et favoriser le capitalisme de connivence.

Si leur politique ne marche pas ce n’est pas qu’elle est mauvaise, c’est qu’elle ne va pas assez loin dans l’étatisme.

Par conséquent, l’État se mêle de plus en plus de tout, au détriment de la vie privée des gens.

Ce système est donc totalitaire par essence.

Lisons Bastiat :

« Le pouvoir, vaste corps organisé et vivant, tend naturellement à s’agrandir. Il se trouve à l’étroit dans sa mission de surveillance. Or, il n’y a pas pour lui d’agrandissement possible en dehors d’empiétements successifs sur le domaine des facultés individuelles. Extension du pouvoir, cela signifie usurpation de quelque mode d’activité privée, transgression de la limite que je posais tout à l’heure entre ce qui est et ce qui n’est pas son attribution essentielle. » Profession de foi électorale – 1846.

 

Mettre fin à la spoliation légale

En vérité la seule initiative de grande ampleur qui vaille, c’est d’appliquer un programme politique largement inspiré de la philosophie de Frédéric Bastiat.

C’est la seule initiative à vouloir changer de paradigme en France, la seule à vouloir mettre fin à la spoliation légale :

« Je ne l’emploierai qu’aux choses dans lesquelles l’intervention de la Force soit permise ; or, il n’en est qu’une seule, c’est la Justice. Je forcerai chacun à rester dans la limite de ses droits. Que chacun de vous travaille en liberté le jour et dorme en paix la nuit. Je prends à ma charge la sécurité des personnes et des propriétés : c’est ma mission, je la remplirai, — mais je n’en accepte pas d’autre.

Faut-il reconnaître à chacun sa propriété et sa liberté, son droit de travailler et d’échanger sous sa responsabilité, soit qu’elle châtie, soit qu’elle récompense, et ne faire intervenir la Loi, qui est la Force, que pour la protection de ces droits ? — Ou bien, peut-on espérer arriver à une plus grande somme de bonheur social en violant la propriété et la liberté, en réglementant le travail, troublant l’échange et déplaçant les responsabilités ?

En d’autres termes :

« La loi doit-elle faire prévaloir la Justice rigoureuse, ou être l’instrument de la Spoliation organisée avec plus ou moins d’intelligence ? » Harmonies économiques, chapitre IV, Échange (1850)

 

Pourquoi ça bloque

« Entre les hommes qui se disputent les portefeuilles, quelque acharnée que soit la lutte, il y a toujours un pacte tacite, en vertu duquel le vaste appareil gouvernemental doit être laissé intact. « Renversez-moi si vous le pouvez, dit le ministre, je vous renverserai à votre tour ; seulement, ayons soin que l’enjeu reste sur le bureau, sous forme d’un budget de quinze cents millions.

[…]

Messieurs, disputez-vous le pouvoir, je ne cherche qu’à le contenir ; disputez-vous la manipulation du budget, je n’aspire qu’à le diminuer ; ah ! soyez sûr que ces furieux athlètes, si acharnés en apparence, sauront fort bien s’entendre pour étouffer la voix du mandataire fidèle. Ils le traiteront d’utopiste, de théoricien, de réformateur dangereux, d’homme à idée fixe, sans valeur pratique ; ils l’accableront de leur mépris ; ils tourneront contre lui la presse vénale. Mais si les contribuables l’abandonnent, tôt ou tard ils apprendront qu’ils se sont abandonnés eux-mêmes. » Profession de foi électorale – 1846.

C’est pour cela que les partis au pouvoir, ou qui aspirent à y parvenir, sont tous unis contre un adversaire commun : le libéralisme. Le libéralisme est le seul qui ne veuille pas prendre le pourvoir aux gens pour l’exercer à leur place, mais le leur rendre.

C’est aussi pour cela que les politiciens actuels se contentent de déplacer plus ou moins le marqueur de la spoliation légale sans la remettre en cause, parce qu’elle les sert.

C’est enfin pourquoi la liberté économique, la liberté politique, la liberté d’expression ne sont pas prêtes de revenir en France. Aucun politicien ne le veut. Tous s’accommodent du système, espérant en tirer profit un jour.

Pour comprendre la liberté, ne plus en avoir peur, et travailler au retour en France de la liberté économique, de la liberté politique, de la liberté d’expression, venez assister au douzième Weekend de la Liberté.

« Sauvons la liberté, la liberté sauve le reste. » – Victor Hugo.

 

Venez assister au douzième Weekend de la Liberté.

Séisme au Maroc : les satellites peuvent aider les secours à réagir au plus vite

Par Emilie Bronner, Centre national d’études spatiales (CNES). 

 

Un séisme de magnitude 6,8 a frappé le Maroc à 11km d’Adassil le vendredi 8 Septembre 2023 à 23h11 heure locale. On déplore plus de 2 000 décès et autant de blessés avec un bilan qui pourrait encore s’alourdir.

Depuis l’espace, on peut obtenir des informations cruciales pour guider les secours et l’aide humanitaire qui convoie eau et vivres, mais qui sont inaccessibles depuis le sol, en particulier en cas de catastrophes. Il s’agit de cartographier l’état des routes, des ponts, des bâtiments, et aussi – et c’est crucial ici – de repérer les populations qui tentent d’échapper aux effets de potentielles répliques en se regroupant dans des stades ou d’autres espaces ouverts.

Afin de tourner rapidement les yeux des satellites vers les régions concernées, les Nations Unies (UNITAR) ont demandé l’activation de la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » le samedi matin à 7h04 heure locale pour le compte de l’organisation humanitaire internationale FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge).

Dans la foulée, les satellites optiques et radar les plus appropriés de huit agences spatiales ont été programmés. Pour la France, il s’agit des satellites optiques Pléiades et Pléiades Neo (de haute et très haute résolution), qui fourniront de premières images dès demain matin, lors de leur passage au-dessus de la zone, le temps de charger le plan de vol. Des satellites radar viendront compléter les informations des satellites optiques, car ils fonctionnent aussi la nuit et à travers les nuages, et peuvent imager les glissements de terrain et les changements d’altitude, même très faibles.

Chaque année, des millions de personnes partout dans le monde sont touchées par des catastrophes, qu’elles soient d’origine naturelle (cyclone, tornade, typhon, tremblement de terre, glissement de terrain, éruption volcanique, tsunami, inondation, feu de forêt, etc.) ou humaine (pollution par hydrocarbures, explosion industrielle). L’intensité et la fréquence de ces évènements s’intensifient malheureusement avec le changement climatique, créant chaque jour un peu plus de sinistrés ou d’habitats précaires.

 

Anatomie d’une catastrophe

Dans le cadre de la charte internationale « Espace et Catastrophes majeures », on définit une catastrophe comme un événement de grande ampleur, soudain, unique et incontrôlé, entraînant la perte de vies humaines ou des dommages aux biens et à l’environnement et nécessitant une action urgente d’acquisition et de fourniture de données.

Glissement de terrain à Munnar, en Inde. L’accès aux zones touchées est souvent difficile.
Rakesh Pai/Flickr, CC BY-NC-ND

Cette charte a été créée par le Centre National d’Études Spatiales et l’Agence spatiale européenne en 1999, rejoints rapidement par l’Agence spatiale canadienne. Aujourd’hui, 17 agences spatiales membres s’unissent pour offrir gratuitement des images satellites le plus rapidement possible sur la zone sinistrée. Depuis 2000, la charte a été activée 837 fois dans plus de 134 pays. Elle est depuis complétée par des initiatives similaires (Copernicus Emergency ou Sentinel Asia).

Près des trois-quarts des activations de la charte sont dues à des phénomènes hydrométéorologiques : tempêtes, ouragans et surtout inondations qui représentent à elles seules la moitié des activations. Dans ces situations de crise imprévues, quand les sols sont endommagés ou inondés et les routes impraticables, les moyens terrestres ne permettent pas toujours d’analyser l’étendue du désastre et d’organiser au mieux les secours et l’aide humanitaire. En capturant la situation vue de l’espace, avec des satellites très haute résolution, le spatial apporte rapidement des informations cruciales.

L’ouragan Harvey a provoqué des inondations au Texas en 2018, déplaçant 30000 personnes, et nécessitant le sauvetage de 17000 personnes.
Sentinel Hub/Flickr, CC BY

Dans certains cas, la charte ne peut pas être activée. Soit parce que l’objet est hors cadre de la charte (guerres et conflits armés), soit parce que l’imagerie spatiale n’est parfois pas d’un grand intérêt (canicules, épidémies), soit car les phénomènes ont une évolution lente (sècheresses) qui est incompatible avec la notion d’urgence au cœur de la mission de la charte.

Les données satellites en réponse aux crises dans le monde

Dès la survenue d’une catastrophe, les satellites sont programmés pour acquérir dans un délai très court des images au-dessus des zones impactées. Plus d’une soixantaine de satellites, optiques ou radars, sont mobilisables à toute heure.

Selon le type de catastrophes, on mobilisera différents satellites, en se basant sur des scénarii de crise préétablis – parmi eux : TerraSAR-X/Tandem-X, QuickBird-2, Radarsat, Landsat-7/8, SPOT, Pléiades, Sentinel-2 notamment.

Feux de forêt en Russie dans la région d’Irkutsk en 2017, causés par des éclairs.
Sentinel Hub/Flickr, CC BY

Les images optiques sont semblables à des photos vues de l’espace, mais les images radar par exemple sont plus difficilement interprétables par les non-initiés. Ainsi, suite à la catastrophe, les informations satellites sont retravaillées pour les rendre intelligibles et y apporter de la valeur ajoutée. Elles sont par exemple transformées en cartes d’impacts ou de changements pour les secouristes, en cartes de vigilance inondations pour les populations, en cartographie des zones brûlées ou inondées avec estimation des dégâts pour les décideurs.

Le travail collaboratif entre les utilisateurs de terrain et les opérateurs satellitaires est primordial. Des progrès ont été faits grâce aux innovations des technologies d’observation de la Terre (notamment la performance des résolutions optiques – passant de 50 à 20 mètres puis à 30 centimètres actuellement) et des logiciels de traitement des données 3D, mais également grâce au développement d’outils numériques pouvant coupler données satellites et in situ. De plus, les besoins de terrain ont contribué à l’évolution des processus d’intervention de la charte en termes de délai de livraison et de qualité des produits délivrés.

La reconstruction après les catastrophes

La gestion de l’urgence est bien sûr primordiale mais il est important pour tous les pays affectés d’envisager une reconstruction et l’avenir. En effet, dans le « cycle du risque », après le sinistre et l’urgence humanitaire, le retour à la normale va ouvrir le temps de la reconstruction, de la résilience, de la prévention et de l’alerte. On ne peut prévoir les catastrophes mais on peut mieux s’y préparer, surtout dans les pays où le malheur est récurrent, avec par exemple la construction antisismique, le déplacement des zones d’habitation en lieu sûr, la sensibilisation aux gestes de survie, la création de lieux de rassemblements sécurisés, entre autres.

Inondations à Gan dans le Béarn en 2018.
Bernard Pez/Flickr, CC BY-NC-ND

Plusieurs initiatives, appelées « Observatoires de la Reconstruction », ont été menées après des catastrophes d’envergure, par exemple à Haïti en 2021, ou suite à l’explosion de Beyrouth en 2019. Le but : planifier des acquisitions d’images satellites coordonnées pour permettre une évaluation détaillée et dynamique des dommages aux zones les plus touchées (bâti, routes, agriculture, forêts, etc.), suivre la planification des reconstructions, réduire les risques et enfin réaliser un suivi des changements à l’horizon de 3-4 ans.

 

Emilie Bronner, Représentante CNES au Secrétariat Exécutif de la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures, Centre national d’études spatiales (CNES)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

The Conversation

Restaurer la nature en Europe face à l’obsession du pacte vert

Le 12 juillet 2023, le Parlement européen a voté à une courte majorité le projet de loi sur la restauration de la nature qui prévoit de ramener au moins 20 % des terres et des mers dégradées du Vieux Continent à leur état d’origine d’ici à 2030, et d’ici à 2050 d’étendre ces mesures à tous les écosystèmes qui doivent être restaurés.

D’emblée, il convient de s’interroger sur la notion « d’état d’origine ».

À quel niveau l’Europe situe-t-elle cet état d’origine ? Au Paléolithique, au Moyen Âge, ou avant la révolution industrielle ?

Cette question est importante, car affecter 20 % des surfaces terrestres ou marines à ce retour brutal et drastique ne sera pas sans conséquences graves qui ne semblent ni prises en compte ni même envisagées, dans aucun des textes prônant cette révolution.

Cet objectif est ambitieux, car il prévoit de multiplier par dix les surfaces actuellement protégées (zones Natura 2000, zones des conservatoires naturels de l’environnement..)

 

Objectifs envisagés promus

  • Inverser le déclin des populations de pollinisateurs d’ici à 2030, puis accroître leurs populations
  • Aucune perte nette d’espaces verts urbains d’ici à 2030, une augmentation de 5 % d’ici à 2050, un minimum de 10 % de couvert arboré dans chaque agglomération, ville et banlieue d’Europe, et un gain net d’espaces verts qui seront intégrés dans les bâtiments et les infrastructures
  • Dans les écosystèmes agricoles, augmentation globale de la biodiversité et évolution positive pour les papillons de prairies, les oiseaux des milieux agricoles, le carbone organique dans les sols minéraux sous les terres cultivées, et les particularités topographiques à haute diversité biologique sur les terres agricoles.
  • Restauration et remise en eau des tourbières drainées utilisées à des fins agricoles, et dans les sites d’extraction de tourbe
  • Dans les écosystèmes forestiers, augmentation globale de la biodiversité et évolution positive de la connectivité forestière, du bois mort, de la part des forêts inéquiennes, des oiseaux des milieux forestiers, et des stocks de carbone organique
  • Restaurer les habitats marins tels que les prairies sous-marines ou les sédiments, et restaurer les habitats d’espèces marines emblématiques telles que les dauphins et les marsouins, les requins et les oiseaux de mer
  • Supprimer les obstacles présents sur les cours d’eau de manière à transformer au moins 25 000 km de cours d’eau en cours d’eau à courant libre d’ici à 2030.

 

Déclin des pollinisateurs 

Selon la source :

« À l’échelle mondiale, 75 % des espèces cultivées pour l’alimentation dépendent de la pollinisation animale, et 50 % des terres cultivées de l’UE dépendantes des pollinisateurs sont déjà touchées par un déficit de pollinisation. »

Bien que les sources de ces assertions ne soient pas citées, tout observateur honnête peut remarquer que la production des surfaces en céréales (blé, orge, maïs, riz…), pas plus que les prairies naturelles et les betteraves ou les vignes ne sont inféodées à la pollinisation des insectes.

La diminution des insectes pollinisateurs est multifactorielle, et il n’est pas certain que l’interdiction totale des insecticides permette un rapide croissance de leur nombre, tant la présence de nouveaux insectes invasifs soit néfaste et difficile à combattre sans insecticides (cochenilles, cicadelle de la flavescence, Drosophila Suzukii…).

L’interdiction totale de produits de défense des récoltes se traduira par une perte totale de beaucoup de productions. La polémique sur les néonicotinoïdes et les betteraves sucrières en est un exemple évocateur. La lutte contre les pucerons prédateurs par des coccinelles est une utopie : quand les coccinelles arrivent pour manger les pucerons, les dégâts sur la culture sont déjà irréversibles.

La promotion de l’utilisation des insectes pour remplacer les protéines animales dans l’alimentation humaine est une entreprise hasardeuse : les pays où les criquets se reproduisent naturellement de façon incontrôlée sont ceux dont les populations sont les plus soumises à la famine.

 

Des papillons dans les prairies

Certes, ce sont des pollinisateurs, mais les agriculteurs savent que ces lépidoptères ne sont pas des fervents visiteurs des arbres fruitiers et des plantes potagères.

Il ne faut donc pas trop compter sur eux pour améliorer les rendements des productions de fruits et légumes.

La PAC a déjà prévu de les favoriser en imposant des jachères faunistiques qui peuvent favoriser les abeilles avec des plantes spécifiques, mais dont les surfaces viennent en déduction de celles de productions vivrières.

 

Restaurer les tourbières et les zones humides

Si l’on prend en compte l’estimation officielle de 2014, les milieux potentiellement humides couvrent 23 % du territoire métropolitain, soit près de 13 millions d’hectares.

Le quatrième plan national des milieux humides prévoit de doubler les surfaces de milieux humides intégrés dans des zones de protection forte, soit une augmentation de 110 000 hectares pour la métropole, et de procéder à l’acquisition de 8500 hectares de zones humides d’ici à 2026.

Les zones humides sont présupposées être des zones de stockage de carbone. L’évolution de l’épaisseur végétale d’une tourbière est estimée à 5 cm par siècle. C’est une des facultés considérée comme bénéfique par le stockage du carbone issu du CO2 de l’air.

Cependant, on peut tenter de comparer cette captation avec une plante cultivée, allez, soyons provocateur : le maïs. J’ai déjà prouvé la capacité de cette culture : un hectare de maïs capte annuellement 16,32 tonnes de CO2 de plus qu’un hectare de forêt. Cette captation engendre la production d’environ 15 tonnes d’hydrates de carbone, dont sept tonnes de tiges et racines pour une densité d’environ 105 kg au m3 qui sont restituées au sol. Ce qui donne une épaisseur annuelle d’environ 0,66 cm de masse végétale répartie sur l’hectare… 66 cm par siècle, soit 13,2 fois plus de stockage de carbone que la tourbière.

Par ailleurs, une tourbière, qui se comporte comme une roche végétale, peut retenir 80 % de sa masse en eau. Selon les défenseurs des zones humides, celles-ci peuvent donc restituer progressivement cette eau, mais déduction faite de l’évapotranspiration des végétaux qui la composent. Cette évaporation est largement plus conséquente que celle d’une retenue collinaire qui s’y substituerait, et qui permettrait d’irriguer les cultures environnantes pour nourrir les populations.

Restaurer une zone humide dans un espace qui a été drainé pour permettre des cultures est-il judicieux dans un contexte de risque de pénurie alimentaire ?

 

Évolution de la connectivité forestière

Les forêts sont des habitats naturels pour une faune diversifiée et plus ou moins mobile.

Cette notion de connectivité est déjà prise en compte lors de l’urbanisation ou de la construction de voies de communications. Des passages aménagés (viaducs, tunnels crapauducs) sont inclus dans les cahiers des charges et réalisés à grands frais.

L’Europe veut aller plus loin en multipliant les trames vertes et bleues qui figurent déjà dans les registres parcellaires graphiques des déclarations PAC des agriculteurs. La multiplication de ces zones est prévue pour favoriser les déplacements de la faune sauvage. Mais dans un contexte où les dégâts de gibiers (sangliers, cerfs, chevreuils) sont déjà considérables, le rayon d’action de ces dégâts sera étendu et les effets délétères multipliés. De plus, la création de ces coulées vertes morcellera des parcelles agricoles, générant de la concurrence avec les cultures adjacentes, des complications et des pertes de productivité dans les exploitations.

Cette création de zones boisées supplémentaires (haies, zones non cultivées) va s’ajouter aux surfaces forestières françaises, lesquelles se sont agrandies, passant de 14,1 millions d’hectares en 1985 à 17,1 millions en 2021. Il faut noter que cette superficie était estimée entre 8,9 et 9,5 millions d’hectares (Cinoti, 1996).

En 1831, la population française était de 33,595 millions. Elle est aujourd’hui de 65,8 millions d’habitants. Face à son augmentation drastique, par un lobbyisme forcené à Bruxelles, les écologistes veulent imposer encore plus de diminution des surfaces cultivées. Sont-ils incapables de prévoir une perte d’indépendance alimentaire ?

 

Restaurer le cours naturel des cours d’eau

Autre lubie de nos experts en morphologie des cours d’eau : supprimer tous les barrages ou ouvrages sur les berges afin d’améliorer la continuité écologique de l’eau vers son aboutissement final : la mer.

Plusieurs prétextes sont avancés pour supprimer ces barrages :

  • Obstacles à la libre circulation des poissons et faune aquatique
  • Évasement en amont des barrages et eutrophisation de l’eau par ralentissement du courant
  • Création d’embâcles
  • Digues empêchant l’étalement de l’eau lors des crues

 

Il est curieux que les barrages qui permettent d’alimenter les moulins, dont chacun pourrait produire de l’électricité, empêchent aujourd’hui plus qu’hier la circulation des poissons.

Depuis des siècles qu’existent les moulins, les salmonidés auraient dû disparaître depuis bien longtemps.

En ce qui concerne l’envasement, la réglementation actuelle prévoit les curages et leurs modalités.

La suppression d’un barrage ou d’une retenue collinaire sur un ruisseau peut conduire à l’assèchement total en été, alors que la retenue maintenait une zone en eau durant tout l’été, bénéfique à la faune, et à une végétation aquatique. En période d’étiage, les retenues d’eau en amont du barrage d’alimentation d’un moulin conservent des poches d’eau qui permettent à quantité de poissons d’attendre le retour du flux de la rivière avec les pluies d’automne.

En ce qui concerne les digues, suite aux inondations de secteurs urbanisés construits dans des zones inondables, il est préconisé d’en supprimer certaines pour permettre aux rivières de s’étaler sur les terres agricoles, avec comme corollaire des dégâts aux cultures, et pollution éventuelle.

Autre question : nos écologistes vont-ils supprimer les barrages des castors ?

De fait, la raison majeure, et cachée, de la volonté d’accélérer au maximum l’écoulement des cours d’eau ne serait-il pas d’évacuer au plus vite la pollution des stations d’épuration qui se déversent dans le milieu naturel ?

 

Un futur inquiétant

Dans le premier pays agricole de l’UE, on ne peut que s’inquiéter de la volonté obstinée d’une minorité agissante, bien structurée, n’hésitant pas à employer des méthodes violentes et dévastatrices (Sainte Soline, train de céréales…) pour monopoliser l’actualité médiatique et faire avancer une idéologie soi-disant écologique qui vise à restreindre les surfaces cultivées, et contraindre les paysans à des méthodes de culture du XIXe siècle.

Peu importe que la France devienne totalement dépendante alimentairement des importations, pourvu que l’espace rural devienne un jardin de loisirs pour citadins libres de toute retenue ?

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