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La zone euro en récession du fait notamment des sanctions anti-russes…

Par : pierre

Cette fois, le verdict est sans appel. La zone euro est officiellement entrée en récession. Les chiffres ont été rendus publics le 9 juin par l’institut public Eurostat : le produit intérieur brut des vingt pays de la monnaie unique a reculé de 0,1% au premier trimestre 2023. Une baisse analogue avait été constatée fin 2022. Ces reculs lors de deux trimestres consécutifs définissent ce que les économistes conviennent de désigner comme une récession.

Certes, les phénomènes économiques sont toujours déterminés par un ensemble de causes, mais un point n’est guère contestable, même si les dirigeants politiques de l’UE restent évidemment discrets à cet égard : les sanctions pilotées par Bruxelles contre la Russie (dix paquets successifs à ce jour décidés depuis mars 2022), et les contre-sanctions qu’elles ont provoquées de la part de Moscou, ont joué un rôle déterminant dans le plongeon économique de la zone. Et ce, alors que cette dernière pouvait espérer rebondir fortement après le choc violent du Covid et les goulets dans les chaînes de production que la pandémie a causés.

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La zone euro en récession du fait notamment des sanctions anti-russes

Par : pierre

Cette fois, le verdict est sans appel. La zone euro est officiellement entrée en récession. Les chiffres ont été rendus publics le 9 juin par l’institut public Eurostat : le produit intérieur brut des vingt pays de la monnaie unique a reculé de 0,1% au premier trimestre 2023. Une baisse analogue avait été constatée fin 2022. Ces reculs lors de deux trimestres consécutifs définissent ce que les économistes conviennent de désigner comme une récession.

Certes, les phénomènes économiques sont toujours déterminés par un ensemble de causes, mais un point n’est guère contestable, même si les dirigeants politiques de l’UE restent évidemment discrets à cet égard : les sanctions pilotées par Bruxelles contre la Russie (dix paquets successifs à ce jour décidés depuis mars 2022), et les contre-sanctions qu’elles ont provoquées de la part de Moscou, ont joué un rôle déterminant dans le plongeon économique de la zone. Et ce, alors que cette dernière pouvait espérer rebondir fortement après le choc violent du Covid et les goulets dans les chaînes de production que la pandémie a causés.

La hausse brutale du prix de l’énergie en a décidé autrement. Il faut le souligner : ce sont bien les restrictions drastiques imposées pour des raisons politiques à l’approvisionnement en pétrole, en charbon et en gaz qui plombent aujourd’hui la croissance de l’UE, et non la guerre elle-même.

Tous les analystes s’accordent en effet pour attribuer un rôle majeur, dans la récession, à la hausse brutale du cours des hydrocarbures. Certes, ces derniers sont aujourd’hui en repli (pour combien de temps ?), mais l’ascension des prix de l’énergie en diffuse toujours ses effets dans les économies et plombe les pays de la monnaie unique.

Les conséquences sont particulièrement visibles en matière d’inflation des prix alimentaires : les prix ont bondi de 13,4% en mai. En effet, le secteur agro-alimentaire est très touché par l’envolée des prix du carburant pour les tracteurs, des engrais, du chauffage des serres, du transport… Tous secteurs confondus, l’inflation décélère un peu en zone euro, mais reste très élevée : 6,1% (en rythme annuel) en mai, 7% en avril, le pic s’étant situé à 10,1% en novembre dernier.

Non seulement les ménages ont dû faire face à la hausse des prix du carburant et aux factures faramineuses du chauffage cet hiver, mais ils doivent donc se restreindre pour les courses alimentaires. Sans surprise, la consommation, moteur essentiel de la croissance, est donc en berne. En France par exemple, le niveau de l’achat de biens courants est inférieur de 4,3% d’une année sur l’autre.

A cela s’ajoute la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne : cette dernière a fait passer son taux d’intérêt principal de – 0,50% à + 3,25% en moins d’un an. Une remontée sans précédent, et qui vient d’ailleurs de grimper encore d’un cran le 15 juin.

Pour se justifier, les banquiers centraux de Francfort mettent précisément en avant leur volonté de lutter contre l’inflation, elle-même enclenchée par les prix de l’énergie. Mais cette hausse délibérée des taux d’intérêts pèse lourdement sur l’activité. Car l’envolée du coût des emprunts concerne les projets d’achats de logement des ménages, mais aussi les investissements des PME.

Face à l’inflation, la récession « fait partie de la solution » avouait même pour sa part Joachim Nagel, patron de la Bundesbank, en octobre dernier, ce qui n’a pas plu à certains dirigeants européens… Dans ces conditions, la tendance récessive pourrait bien se prolonger.

L’Allemagne est particulièrement touchée, du fait de sa dépendance au gaz russe

Un élément très notable dans ce sombre tableau est que l’Allemagne est particulièrement touchée. Celle-ci, qui représente à elle seule plus de 30% de l’économie de la zone, a vu son économie reculer de 0,5% au dernier trimestre 2022, et de 0,3% au premier trimestre 2023.

Aucun mystère à cela : le pays est plus industrialisé que la moyenne de ses voisins, et, surtout, était l’un des plus dépendants du gaz russe. Preuve supplémentaire que la volonté de « punir Moscou », martelée particulièrement à Berlin, a certes nui à la Russie, mais s’est retournée contre ses auteurs.

L’énergie chère est donc un problème qui plombe particulièrement la République fédérale (alors que les pays du sud comme l’Espagne ou le Portugal, moins dépendants de la Russie, s’en sortent plutôt moins mal ; pour sa part, l’économie française a stagné au cours des deux derniers trimestres, soit 0% puis + 0,2%).

Les industries allemandes à haute consommation d’énergie ont reculé de 11% sur un an. Et de plus en plus de grands groupes (y compris l’emblématique Volkswagen pour sa future production de batteries), ainsi que de moyennes entreprises, multiplient les projets de délocalisation. Selon une récente enquête menée par l’Organisation des entreprises industrielles d’outre-Rhin (BDI), 16% des entreprises de taille moyenne ont engagé un processus de délocalisation, et 30% envisagent de le faire.

Direction l’Amérique du Nord, où le prix de l’énergie est bien plus doux. Au point d’inciter le vice-chancelier Habeck à imaginer en urgence des mécanismes visant à subventionner les prix de l’électricité allemande – des projets qui pourraient bien être mal vus par Bruxelles s’ils devaient voir le jour…

Les alliés européens des USA sont en première ligne pour subir les conséquences de leurs propres sanctions. Washington gagne sur tous les tableaux

Quoiqu’il en soit, le paradoxe géopolitique est remarquable. D’un côté, le camp occidental proclame plus que jamais son unité. Mais là où les Etats-Unis ne dépendaient quasiment pas de la Russie pour leur énergie, les alliés européens sont en première ligne pour subir les conséquences de leurs propres sanctions. Washington gagne sur tous les tableaux.

Ainsi, la consommation est en baisse de 0,9% comparativement à la période pré-Covid (fin 2019) en zone euro, alors qu’elle est en hausse de 8,5% aux Etats-Unis.

Historiquement, les dirigeants politico-économiques allemands (de l’ouest, avant 1989) ont tenté de concilier un alignement fidèle sur l’Oncle Sam, et une politique promouvant leurs intérêts mondiaux, notamment via la « réunification » du pays et l’« élargissement » de l’UE. Manifestement, l’aile la plus atlantiste tient aujourd’hui le haut du pavé. Au détriment des forces les plus orientées vers l’Est (à l’image de l’ex-chancelier Schröder) ; et des intérêts de la population.

Reste à savoir combien de temps cela pourra durer…

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Die EU-Kommission begünstigt die Verlagerungen: der Fall Bridgestone-Béthune

Par : pierre

Der multinationale Konzern Bridgestone hat vor, sein Reifenwerk in Béthune zu schließen. Dabei geht es einerseits um den von Brüssel gewollten ökologischen Wandel und andererseits um die Verlagerungen nach Osteuropa, die  in diesem Fall auch noch durch europäische Fonds gefördert werden.

Am Mittwoch, dem 16. September, 11.00 Uhr stehen die Beschäftigten des Bridgestone-Reifenwerks in Béthune (Nordfrankreich)  unter Schock: Die Geschäftsleitung des japanischen Grosskonzerns hat angekündigt, dass sie den Standort im ersten Quartal 2021 schließen wird. Damit würden 863 Arbeitsplätze von der Landkarte verschwinden.

Sehr viele Familien wären betroffen, ganz zu schweigen von den Folgen für die vielen Subunternehmer. Die Leitung des japanischen Konzerns führt zwei Gründe für ihre Entscheidung an: zum einen die Konkurrenz durch die Reifenproduktion in Ländern mit « niedrigen Lohnkosten », zum anderen die « Überkapazität » in Europa.

Was das erste Argument angeht, so kann sich die Konzernleitung sehr wohl auf die Konkurrenz durch Billigarbeitskräfte berufen: Sie hat ständig und viel in Osteuropa investiert, gerade um vom Lohngefälle zu profitieren. Auf der anderen Seite sind die Investitionen in Béthune fast gleich null.

Insgesamt sind die Reifenimporte nach Frankreich in den letzten zehn Jahren um 151% gestiegen und übertreffen nun die Exporte. Was Bridgestone angeht, so ist die Produktion im Werk Poznan (Polen) von 24 auf 30.000 Einheiten pro Tag gestiegen. In Tatabanya (Ungarn), das Ende der 2000er Jahre gegründet wurde, verdreifachte sich die Produktion zwischen 2013 und 2017 nach einer Anschubinvestition von fast 270 Millionen Euro, während der Konzern gleichzeitig damit begann, die Belegschaft in Frankreich zu reduzieren.

Bridgestone erhielt erhebliche Subventionen von der Europäischen Union

Wenn dies auch keine Verlagerung im strengen Sinne des Wortes ist, so sieht es doch sehr danach aus. Aber es gibt Besseres – oder Schlimmeres… Der bedürftige multinationale Konzern erhielt erhebliche Subventionen von der Europäischen Union: Seine 139,1 Millionen Investitionen in Polen wurden von Brüssel mit 24 Millionen unterstützt. Genauer gesagt durch den Europäischen Fonds für regionale Entwicklung (EFRE), dessen offizieller Zweck es ist, die am schwächsten entwickelten Regionen Europas zu begünstigen.

In einem Vermerk der Kommission aus dem Jahr 2013 wird diesbezüglich präzisiert, dass das Investitionsprojekt diese großzügige Anschubfinanzierung verdient, da es sich um « Spitzenprodukte » handelt, zu denen auch Innovationen gehören, die es insbesondere ermöglichen, die Treibhausgasemissionen zu reduzieren. Darüber hinaus würde die Investition « 201 Arbeitsplätze » schaffen. Zum Preis also der späteren Schließung (insbesondere) seines französischen Werks.

Hier setzt das zweite Argument des Unternehmens an, das sich auf « Überkapazitäten in Europa » bezieht. In Wirklichkeit hängt dies einerseits mit einer Arbeitsteilung auf dem Alten Kontinent zusammen: « kleine Reifen » für Personenkraftwagen sind « profitabler », wenn sie in Niedriglohnländern hergestellt werden, während Fabriken im Westen diese « Wettbewerbsfähigkeit » bei den größeren (und profitableren) Reifen aufrechterhalten könnten, z.B. bei der Ausrüstung von SUVs (Sport Utility Vehicles). Aber in Béthune ist in dieser Richtung nichts investiert worden. Es sei darauf hingewiesen, dass andere Reifenhersteller der gleichen Logik folgen: Continental (das sein Werk in Clairoix, nördlich von Paris, liquidiert hat), Goodyear (das seine Werke in Amiens geschlossen hat) und sogar Michelin.

Da der « ökologische Wandel » weniger Kraftfahrzeuge beinhaltet, bedeutet dies zwangsläufig… weniger Reifen zu produzieren

Das hängt andererseits damit zusammen: Da der « ökologische Wandel » die Reduzierung der Grösse und der Anzahl der Kraftfahrzeuge beinhaltet, bedeutet dies zwangsläufig… weniger Reifen zu produzieren.

Das bisher jüngste Beispiel ist der Plan, « große Fahrzeuge » nach ihrem Gewicht (und damit insbesondere… SUVs) mit einem Zuschlag zu belegen. Dies wäre ein neues Handicap für einen durch den Lockdown verwüsteten Automarkt, dessen Nutzung u.a. mit der Perspektive leben muss, Verbrennungsmotoren durch Elektromotoren zu ersetzen, die viel weniger Arbeitskräfte benötigen.

Zwischen den Fronten

Die Mitarbeiter von Bridgestone befinden sich daher zwischen den Fronten: den « Umwelt »-Richtlinien, die auf dem Automobilsektor, einschließlich der Ausrüstungshersteller lasten, und der Priorität der Verlagerung aus Gründen der « Wettbewerbsfähigkeit », d.h. der Gewinnmaximierung.

Der französische Wirtschaftsminister Bruno Le Maire kann zwar hämmern, dass « Verlagerung » und « Reindustrialisierung » « Prioritäten » seien. In Wirklichkeit werden die Standortverlagerungen jedoch mit ziemlicher Sicherheit weitergehen, denn für die Europäische Union ist es verboten, … sie zu verbieten. Und das aus gutem Grund: Es ist dies die eigentliche Definition des Binnenmarktes. Kapital und Güter können darin frei zirkulieren, ganz nach Lust und Laune der Unternehmen und Investoren.

In dieser Hinsicht ist Polen ein Fall aus dem Lehrbuch: Es erhält weiterhin Werke, die von den großen Konzernen für den Westen als « zu teuer » angesehen werden. Und Warschau gewinnt an allen Fronten, da das Land einerseits von diesen großen Abwanderungen; und andererseits von massiven Finanztransfers, insbesondere über den EFRE, profitiert. Subventionen, die angeblich benachteiligten Regionen helfen sollen, die aber in Wirklichkeit mehr den großen Konzernen – den westlichen oder, in diesem Fall, den Japanern – als dem polnischen Volk zugute kommen.

Übrigens finden Verlagerungen nicht ausschließlich nach Osteuropa statt. Im vergangenen Juni kündigte der belgische Konzern Schréder an, dass das Werk Comatelec (Zentral-Frankreich), das Außenbeleuchtungen herstellt, seine Produktion an den spanischen Standort Guadalajara verlagern wird (rund hundert Arbeitsplätze). Lokale Mandatsträger – die lokalen Behörden sind die Hauptkunden des Unternehmens – hatten sich vorgestellt, dagegen zu protestieren, indem sie drohten, ähnliche, aber immer noch in Frankreich hergestellte Produkte zu kaufen. Noch einmal Pech gehabt: Das Gesetz über das öffentliche Auftragswesen verbietet es, eine solche Bedingung zu stellen. Es würde in der Tat im Widerspruch zu den Regeln des europäischen Binnenmarktes stehen.

Im Jahr 2005 vertraute die Polin Danuta Hubner, damals EU-Kommissarin für Regionalpolitik, der französischen Tageszeitung La Tribune an: « Standortverlagerungen in Europa müssen gefördert werden » – eine Vertraulichkeit, deren Offenheit sie sehr schnell bedauerte. Seitdem aber wurde diese Linie mit großer Konsequenz verfolgt…

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La Commission européenne favorise les délocalisations : l’exemple de Bridgestone-Béthune

Par : pierre

La multinationale Bridgestone prévoit de fermer son usine de pneumatiques de Béthune. En cause : d’une part la transition environnementale pilotée par Bruxelles, d’autre part les délocalisations vers l’Europe de l’Est, en l’espèce encouragées par des fonds européens (article paru dans l’édition de Ruptures du 26/10/2020)

Mercredi 16 septembre, 11 heures du matin. Les salariés de l’usine de pneus Bridgestone, à Béthune (Pas-de-Calais), sont sous le choc : la direction du groupe japonais annonce vouloir fermer le site au premier trimestre 2021. 863 emplois seraient rayés de la carte.

Autant de familles jetées dans le désarroi, sans même parler des conséquences pour les nombreux sous-traitants. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, évoque une « véritable trahison » ; sa collègue déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, veut « mettre les dirigeants face à leurs responsabilités » ; et le président du Conseil régional demande à ces derniers de renoncer à la fermeture en échange d’investissements que les pouvoirs publics financeraient à hauteur de 50% sinon, « ce sera la guerre », tonne Xavier Bertrand… Ce dernier avait déjà versé 500 000 euros de fonds publics en 2018, année au cours de laquelle le groupe japonais a également touché 1,8 millions de fonds d’Etat au titre du CICE…

Depuis lors, un « accord de méthode » a été signé prévoyant un « dialogue social » en vue de trouver des « scénarios alternatifs ». Mais qui est dupe ? En quelques années, la production est tombée de 30 000 à 5 000 pneus par jour. Dès lors, les protestations officielles auraient été plus crédibles si elles étaient arrivées plus tôt ; et, surtout, si les véritables enjeux avaient été pointés : d’une part, la libre circulation des capitaux au sein de l’UE, et donc la liberté de délocalisation ; d’autre part, les conséquences de la « transition écologique » pilotée par Bruxelles.

La direction du groupe nippon avance deux justifications à sa décision : d’une part, la concurrence des pneus produits dans les pays à « bas coût de main d’œuvre » ; d’autre part une « surcapacité » en Europe.

S’agissant du premier argument, la direction du groupe est bien placée pour citer la concurrence de la main d’œuvre à bas coût : elle n’a eu de cesse d’investir massivement en Europe de l’Est, précisément pour bénéficier du différentiel salarial, comme le pointe Jean-Luc Ruckebusch, délégué CGT de l’usine. A contrario, s’indigne ce dernier, les investissements à Béthune ont été quasi nuls, tout juste les dépenses de maintenance.

Il rappelle par ailleurs que, globalement, les importations de pneus vers la France ont bondi de + 151% en dix ans, et dépassent désormais les exportations. Une catastrophe face à laquelle un « bouclier anti-dumping social » serait nécessaire, selon le syndicaliste.

Car la production de l’usine Bridgestone de Poznan (Pologne) est passée de 24 à 30 000 unités par jour. Celle de Tatabanya (Hongrie), créée à la fin des années 2000, a vu sa production tripler entre 2013 et 2017, moyennant un investissement de près de 270 millions d’euros, au moment même où le groupe commençait à rogner ses effectifs en France.

Bridgestone a reçu de grasses subventions de l’Union européenne pour investir en Pologne

Si ce n’est pas une délocalisation au sens strict, cela y ressemble fortement. Mais il y a mieux – ou pire… La pauvre multinationale a reçu de grasses subventions de l’Union européenne : ses 139,1 millions d’investissements en Pologne ont été financés, à hauteur de 24 millions, par Bruxelles. Plus précisément par le Fonds européen de développement régional (FEDER), dont l’objet est officiellement de favoriser les régions européennes les moins développées.

Une note de la Commission datant de 2013 précise à cet égard que le projet d’investissement mérite ce plantureux coup de pouce parce qu’il concerne des « produits de pointe » incluant des innovations permettant en particulier de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En outre, l’investissement permettait de créer « 201 emplois ». Au prix, donc, de la fermeture ultérieure de (notamment) son usine française.

C’est là qu’intervient le second argument mis en avant par la firme, qui évoque donc une « surcapacité en Europe ». En réalité, celle-ci est d’une part liée à une division du travail sur le Vieux continent : les « petits pneus » pour véhicules de tourisme sont « plus rentables » à fabriquer dans les pays à bas salaires, tandis que les usines à l’ouest pourraient maintenir cette « compétitivité » sur les plus gros (et plus rentables) pneumatiques, par exemple ceux équipant les SUV (véhicules utilitaires sports). Mais rien n’a été investi à Béthune en ce sens. A noter que les autres constructeurs de pneumatiques sont dans la même logique : Continental (qui a liquidé son usine dans l’Oise), Goodyear (qui a fermé ses usines d’Amiens), et même Michelin.

Dès lors que la « transition écologique » passe par moins de véhicules automobiles, cela signifie forcément… moins de pneus à produire

D’autre part et surtout, les responsable politiques qui s’affichent scandalisés se sont bien gardés de pointer une évidence : dès lors que la « transition écologique » passe par la réduction de la place et du nombre de véhicules automobiles, cela signifie forcément… moins de pneus à produire.

Dernier exemple en date : le projet (non encore concrétisé) de surtaxer les « gros véhicules » en fonction de leur poids (et donc en particulier… les SUV). Un nouveau handicap pour un marché automobile sinistré lors du confinement, et dont l’emploi est en ligne de mire avec, entre autres, la perspective du remplacement des moteurs thermiques par des moteurs électriques (pour sa part, le puissant syndicat allemand IG Metall sonne déjà l’alerte dans ce contexte).

Pris en étau

Les salariés de Bridgestone sont donc pris en étau entre ces consignes « environnementales » qui pèsent sur le secteur automobile, y compris les équipementiers ; et la priorité aux délocalisations pour des raisons dites de « compétitivité », c’est-à-dire de maximisation des profits.

Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, peut bien marteler que « relocalisation » et « réindustrialisation » sont des « priorités ». En réalité, les délocalisations ont toutes chances de se poursuivre, car, pour l’Union européenne, il est interdit… de les interdire. Et pour cause : c’est la définition même du marché unique. Capitaux et marchandises peuvent y circuler sans contrainte, au bon vouloir des firmes et des investisseurs.

La Pologne constitue à cet égard un cas d’école : elle ne cesse de recevoir des activités que les grands groupes jugent « trop chères » à l’Ouest. Pour la seule année 2017, Castorama et Bricodépôt y ont par exemple expédié une part de leurs activités (tertiaires), au moment où Whirpool déménageait son usine d’Amiens (électroménager) vers ce même eldorado.

A noter que Varsovie gagne ainsi sur tous les tableaux puisque le pays bénéficie d’un côté de ces grands déménagements, et d’un autre de transferts financiers massifs, notamment via le FEDER. Des subventions censées aider les régions défavorisées, mais qui profitent donc en réalité plus aux grands groupes – occidentaux, voire, en l’espèce, japonais – qu’au peuple polonais.

Au demeurant, les délocalisations ne se font pas exclusivement vers l’Europe de l’Est. En juin dernier, le groupe belge Schréder a annoncé que l’usine Comatelec (Cher) qui fabrique de l’éclairage extérieur, va voir sa production déménagée vers le site espagnol de Guadalajara (une centaine d’emplois). Des élus locaux – les collectivités sont les grands clients de cette entreprise – ont imaginé protester en menaçant d’acheter des produits analogues mais qui restent fabriqués en France. Encore une fois, mauvaise pioche : le code des marchés publics interdit de spécifier une telle condition. Ce serait en effet contradictoire avec les règles du marché unique européen…

En 2005, la Polonaise Danuta Hubner, qui était alors commissaire européen à la politique régionale, confiait au quotidien La Tribune : « il faut favoriser les délocalisations en Europe » – une confidence dont elle regretta très vite la franchise. Depuis cette date, cette ligne a été suivie avec une grande constance. Quelles que soient les proclamations ministérielles…

 

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Comment se prépare la spoliation de l’épargne et des épargnants

Par : Grégoire

Les taux d’intérêt négatifs favorisent les ultra-riches et le capitalisme financier, en menaçant les épargnants et les classes moyennes.

Par Jean-Michel Quatrepoint, journaliste, auteur notamment de Alstom, scandale d’Etat, Dernière liquidation de l’industrie, Fayard, 2015.

Aberration hier. Réalité aujourd’hui. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le capital ne rapporte plus. Pire, il coûte ! Les taux négatifs sont désormais la norme, en Europe, mais aussi au Japon, pour l’épargnant moyen. La rémunération du Livret A est inférieure à l’inflation. Idem pour les contrats en euros à capital garanti de l’assurance vie, ce placement préféré des Français (1700 milliards d’euros).

Les assureurs veulent orienter leurs clients vers des placements à risque

Les assureurs ont massivement investi dans les Bunds allemands, les bons du Trésor français et même ceux de l’Italie qui offrent toujours des taux négatifs, malgré une remontée des courbes depuis septembre 2019. Mécaniquement, les revenus de l’assurance vie chutent. Les assureurs sont donc tentés de fermer peu à peu les comptes en capital garanti, qui ne permettent plus une rémunération suffisante, tant des épargnants que des gestionnaires. Ils veulent orienter leurs clients vers des placements à risque, en actions et autres produits financiers.

Les grandes banques privées commencent à taxer, au-delà d’un certain seuil, les dépôts en liquide de leurs clients les plus fortunés. Elles répercutent ainsi le coût du taux négatif de 0,5% sur leurs liquidités excédentaires qu’elles sont obligées de déposer à la BCE.

« Helicopter money »

Comment expliquer que l’on en soit arrivé là ? D’où viennent ces taux négatifs, appelés apparemment à perdurer ? Tout commence, fin 2008, avec la faillite de Lehman Brothers et la crise financière qui s’est ensuivi. Une bulle s’était créée autour des subprimes (1) avec un excès de dettes immobilières privées. Les banques, notamment américaines, ayant accumulé des créances irrécouvrables, beaucoup se trouvaient en situation de quasi-faillite. Pour éviter un krach et un effondrement de l’économie mondiale, le président de la Banque centrale américaine, la FED, Ben Bernanke applique une nouvelle théorie monétaire, celle de l’Helicopter money. Les banques centrales, à commencer par la FED, jettent des tombereaux de monnaie que les pâles de l’hélicoptère saupoudreront sur l’ensemble de l’économie, et surtout sur les acteurs financiers.

Les États passent ainsi le relais aux banques centrales qui deviennent les acteurs majeurs de l’économie. La FED fait tourner la planche à billets, rachète aux banques leurs actifs toxiques. Son bilan passe en deux ans de 850 milliards à 4 500 milliards de dollars. Parallèlement, l’État émet plus de dettes, souscrites pour partie par la FED pour soutenir l’économie. Les Européens suivront l’exemple, quoique sur une moindre échelle.

La création monétaire aurait pu être orientée vers l’économie réelle, on a préféré laisser faire les marchés

L’Helicopter money de Ben Bernanke a sauvé le système financier américain, les grandes banques et Wall Street. Cette création monétaire abondante a eu un effet mécanique : les taux d’intérêt ont baissé. Mais ils restent outre-Atlantique positifs. Ne serait-ce que pour conserver au dollar son pouvoir attractif auprès des investisseurs internationaux. Faute de réinventer un nouveau modèle économique, on a donc, en 2008, sauvé les meubles. L’Helicopter money se contentant de déplacer la bulle, des dettes privées vers les dettes publiques. La création monétaire des Banques centrales aurait pu être canalisée, orientée vers l’économie réelle, vers des investissements collectifs, notamment les infrastructures. On a préféré laisser faire le marché.

Des bénéfices pour les ultra-riches

Les capitaux de plus en plus abondants se sont investis en Bourse, dans des opérations de LBO (2), dans des montages financiers rémunérateurs. Les entreprises ont multiplié les programmes de rachats d’actions pour faire monter les cours et assurer ainsi des plus-values à leurs actionnaires. En revanche, elles ont souvent négligé les investissements de long terme. On a continué à sabrer dans les effectifs et la masse salariale a été contenue.

Les délocalisations et la course aux moins-disant fiscal, social et environnemental ont maintenu des prix bas pour le consommateur. D’où une inflation plus que contenue. En revanche, une autre inflation est apparue : celle des actifs. Les ultra-riches, qui financent leur développement et leurs opérations en s’endettant à des taux très bas rachètent des entreprises, de l’immobilier, des œuvres d’art et en font grimper les prix. Ce qui accroît mécaniquement leur patrimoine.

Sauver la monnaie unique

La théorie de l’Helicopter money sera reprise en Europe, quelques années plus tard, sur une grande échelle, par Mario Draghi. Cet Italien, éduqué chez les Jésuites, est en réalité un pur produit de la finance mondiale. Son passage chez Goldman Sachs, dont il fut un vice-président, lui ont appris les arcanes de cet univers impitoyable et le langage qu’il faut tenir aux marchés. Succédant à Jean-Claude Trichet et confronté à la crise grecque, qui risque de faire imploser la zone euro, il applique la politique suivie par Ben Bernanke.

Il affirme que la BCE fera « tout ce qui est nécessaire pour sauver la monnaie unique ». Son action sera double. D’une part, il introduit, en 2014, un taux négatif (- 0,1 % et – 0,5 % aujourd’hui) sur les dépôts que les banques sont tenues de déposer à la BCE. D’autre part, à partir de 2015, la banque centrale entame un programme de rachat d’actifs, d’abord de la dette publique, étendu ensuite aux dettes d’entreprises. Au total, en quatre ans, la BCE a ainsi acquis 2 600 milliards d’euros d’actifs. Au passage, Mario Draghi, qui se souvient qu’il est Italien, sauve son pays. La dette italienne (130 % du PIB) est recyclée. La Banque d’Italie, la BCE, mais aussi la Bundesbank en sont désormais les principaux détenteurs. En France, la Banque de France et les fonds euros de l’assurance vie rachètent massivement la dette française.

Draghi, plus loin que Bernanke

En introduisant durablement les taux négatifs – ce que n’a jamais fait la Fed – Mario Draghi va plus loin que Ben Bernanke. Pour un investisseur en euro, 70% des revenus à taux fixe sont désormais à rendement négatif. Au niveau mondial, les emprunts des États et des entreprises offrant des rendements négatifs atteignent désormais 17 000 milliards de dollars, soit 20% du PIB mondial. La BCE a suivi le chemin emprunté par le Japon, il y a près de 30 ans. Des déficits publics financés par l’épargne locale à des taux de plus en plus bas. Résultat ? La dette publique japonaise atteint 240% du PIB, avec une inflation voisine de zéro, une consommation stagnante, tout comme la croissance.

En basculant dans l’univers des taux négatifs, c’est un bien inquiétant message que les banques centrales et les marchés financiers émettent

Et si les taux négatifs étaient finalement le révélateur d’une nouvelle idéologie : celle de la décroissance ? Dans la théorie économique classique, le taux d’intérêt est la récompense de l’acte d’épargne. « Je mise sur le futur, plutôt que de satisfaire une consommation immédiate et j’en reçois une récompense par l’intérêt qui m’est versé ». La croyance dans un avenir meilleur et le niveau des taux sont intimement liés. Or, en basculant dans l’univers des taux négatifs, c’est un bien inquiétant message que les banques centrales et les marchés financiers émettent. Ils se projettent dans un monde de décroissance et de baisse des prix. Cent euros aujourd’hui vaudront moins demain. « Je prête 100 euros et j’accepte que l’on ne m’en rembourse que 95 demain parce que je ne crois pas dans le futur et que je ne veux pas prendre de risques. »

Addiction à la planche à billets

Le court-termisme a pris le pas sur la vision à long terme. L’argent injecté par les banques centrales ne va plus dans l’économie réelle, ne s’investit pas dans le long terme. Il alimente, en réalité, la spéculation sur les marchés financiers. C’est le triomphe du capitalisme de la plus-value, au détriment du capitalisme de rendement. La planche à billets des banques centrales est devenue une drogue, dont les marchés et l’ensemble du système financier ont besoin. Une remontée des taux se traduirait mécaniquement par des pertes considérables dans les portefeuilles obligataires des grands investisseurs. Et par une baisse des actions. Avec un risque de krach.

Cette addiction à la planche à billets et aux taux bas bloque toute inversion de cette politique. Si l’on débranche le malade, il meurt. Aux États-Unis, la FED a tenté en 2018 d’inverser, très prudemment, la courbe des taux. Elle a dû battre en retraite face à une coalition hétéroclite. Rassemblant la fine fleur de Wall Street, l’aile gauche des démocrates et… Donald Trump. Chacun plaidant, pour des raisons diverses, en faveur d’une baisse des taux et une poursuite de l’endettement.

Il est vrai que cette politique fait bien des gagnants. À commencer par les États. Le service de la dette leur coûte de moins en moins cher et redonne quelques marges budgétaires. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a pu financer les dix milliards des Gilets jaunes. Mais les États se révèlent impuissants à investir massivement dans les infrastructures, la transition énergétique, les domaines régaliens. Idéologie néolibérale oblige.

La croissance s’étiole, la confiance des acteurs économiques s’érode, le capitalisme financier triomphe

Autres gagnants : les particuliers qui peuvent obtenir des crédits quasiment gratuits pour acheter des biens immobiliers. Même chose pour les rachats d’entreprises, les LBO, qui se financent par la dette. Avec des effets pervers. L’immobilier s’envole. Pas partout. Uniquement là où il y a une forte demande : dans les métropoles et non sur l’ensemble du territoire. Les entreprises préfèrent faire des acquisitions, plutôt que d’investir dans leur propre outil de production ou dans les salaires. La croissance s’étiole et la confiance des acteurs économiques – consommateurs, épargnants – s’érode. Le capitalisme financier triomphe, au risque d’entraîner le monde à sa perte.

Le grand capital, grand gagnant

En inondant le marché de liquidités et en instaurant les taux négatifs, les banques centrales ont servi, en fait, le grand capital. Ceux qui ont déjà beaucoup, beaucoup de capitaux. Ils investissent avec de l’argent qui ne leur coûte rien. Ils compensent d’éventuelles pertes sur certains actifs par de considérables gains sur d’autres. Ils jouent sur les allers-retours boursiers.

La classe moyenne occidentale, et surtout les épargnants, sont les grands perdants de cette politique. La première, faute de croissance et de hausses des salaires, a de plus en plus de mal à se constituer un patrimoine. Quant aux retraités, on rogne régulièrement sur leur pouvoir d’achat. Et cela ne fait que commencer. L’épargnant a accumulé de l’épargne par son travail. Il ne veut pas tant gagner, mais ne pas perdre et préserver son capital pour sa retraite et ses enfants. Or, les taux négatifs vont peu à peu rogner ce capital. S’il conserve aujourd’hui de l’argent liquide sur ses comptes, c’est parce qu’il est inquiet de l’avenir. Il a le sentiment qu’il n’y a plus, depuis 2008, de pilote dans la cabine de l’économie mondiale.

De quoi accroître encore la bulle financière et… préparer un gigantesque krach boursier où petits épargnants et caisses de retraite seront lessivés

Les modèles économiques anciens se sont effondrés, mais il n’y en a pas de nouveau. On ne cesse de l’affoler en lui parlant de catastrophe climatique, de vagues migratoires, de conflits en tout genre. Bref, un environnement qui ne pousse pas à prendre des risques. Mais le système financier, lui, veut qu’il en prenne.

On va donc, peu à peu, lui ponctionner ses liquidités. Éradiquer doucement l’usage des espèces. L’inciter à retirer son argent de l’assurance vie à capital garanti, pour qu’il l’investisse en actions et que son épargne prenne en quelque sorte la relève de la création monétaire des banques centrales. De quoi accroître encore la bulle financière et… préparer un gigantesque krach boursier où petits épargnants et caisses de retraite seront lessivés. Le grand capital, lui, sera sorti du marché au fur et à mesure que les petits seront entrés. En encaissant ses plus-values. Un grand classique de l’histoire financière. 

Christine Lagarde préfèrera spolier les épargnants en s’imaginant qu’elle créera ainsi de l’emploi

« Nous devrions être plus heureux d’avoir un emploi que de protéger notre épargne » ! Christine Lagarde, la nouvelle patronne de la BCE, vient d’annoncer la couleur. Elle poursuivra la politique de Mario Draghi. Elle préfèrera spolier les épargnants en s’imaginant qu’elle créera ainsi de l’emploi. Non seulement elle sort de son rôle, mais en plus elle a tout faux. Emploi et épargne, activité économique et épargne sont intimement liés. Il appartient aux responsables politiques et économiques de faire en sorte que l’épargne s’investisse dans l’économie réelle, pour le bénéfice de tous. Et non de l’orienter vers des placements spéculatifs.

Avec son « quantitative easing » (3), Mario Draghi a favorisé les sorties de capitaux de la zone euro. Les investisseurs qui ont vendu leurs obligations d’État à la BCE ont, bien souvent, utilisé le produit de cette vente pour investir dans les marchés financiers hors zone euro. En cherchant notamment des actifs offrant une meilleure rentabilité, sur le marché obligataire et immobilier américain et dans les pays émergents. Alimentant ainsi la spéculation et prenant un risque majeur pour leurs clients.

De l’épargne pour les grands projets

Comment éviter cette spoliation de l’épargne qui se profile et relancer l’activité économique ? En revenant tout simplement à des principes sains de transformation de l’épargne. L’Europe, mais aussi les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux souffrent d’un manque d’investissement dans les grandes infrastructures, dans la transition énergétique, dans l’adaptation aux changements climatiques. Pourquoi ne pas proposer aux épargnants des obligations de très long terme offrant une rémunération correcte ? La rentabilité historique du capital est voisine de 2 % par an, hors inflation. Ces obligations seraient émises au niveau européen et dans chaque État, par des organismes comme la Banque européenne d’investissement (BEI) ou la Caisse des Dépôts en France. Les centaines de milliards d’euros ainsi récupérés seraient alloués à des grands projets, à des biens collectifs, décidés par les États.

Aux Etats-Unis, c’est ce qu’aurait dû faire Donald Trump pour son programme d’investissement dans les infrastructures de 1 000 milliards de dollars, promis lors de sa campagne… dont on attend toujours le début du commencement. Mais une telle solution risque de ne pas être du goût des grands acteurs financiers, car les grands projets collectifs de long terme ne donnent pas matière à spéculation.

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Prochaine tribune (à paraître le 18 novembre) :
Les vertus de la diplomatie russe : l’exemple kurde, par Robert Charvin, agrégé des facultés de Droit, professeur émérite à l’Université de Nice

(1) Prêt risqué. Aux Etats-Unis, il s’agissait essentiellement de prêts immobiliers à des personnes déjà très endettées.

(2) Leveraged buy-out, rachat d’entreprise par endettement, avec effet de levier.

(3) Assouplissement quantitatif. Politique monétaire qui utilise des outils comme l’achat d’obligations par les Banques centrales afin d’accroître la liquidité en circulation. L' »Helicopter money » est rendu possible par cet assouplissement quantitatif.

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