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Aujourd’hui — 18 avril 2024Analyses, perspectives

Bardella et Attal sont-ils assez “épais” pour faire face à la tempête économique qui arrive ?

Jordan Bardella est interrogé aujourd’hui par des syndicats patronaux sur des questions économiques. Il l’avait déjà été il y a trois semaines par Croissance Plus et la CPME. Lors de ses deux premières prestations, il avait exprimé un point de vue très théorique, éloigné des problématiques réelles des entrepreneurs (notamment sur le besoin de main d’oeuvre, sur la dette ou sur les réformes de structure à mener pour défendre la compétitivité de notre économie). De ce point de vue, Bardella a le même problème qu’Attal : une connaissance purement théorique du monde du travail, et une obsession de la communication. Face à la tempête qui arrive, leur absence d’expérience professionnelle va-t-elle nous jouer un mauvais tour ?

La France entre dans une zone de turbulences : les agences de notation pourraient avoir la tentation de dégrader la note de la France. Dans tous les cas, l’été sera “chaud”, car des mesures d’économie doivent être prises, et personne ne semble décider à expliquer à l’opinion qu’elles sont inévitables… et qu’elles seront douloureuses. Face à ce Cap-Horn qui arrive, les personnalités de Bardella et d’Attal pourraient poser problème :

  • la “mode” consiste à mettre en avant des jeunes gens à l’aise dans l’exercice d’avachissement collectif, c’est-à-dire de communication lénifiante où l’on explique qu’on rasera gratis et que la dette financera l’immobilisme français
  • Attal et Bardella sont, de ce point de vue, des “créatures communicationnelles” parfaites
  • ni l’un ni l’autre n’ont la moindre expérience de l’entreprise et de l’économie réelle, tous deux ont enchaîné des postes politiques
  • l’un et l’autre sont donc coupés de la réalité d’un chiffre d’affaires, d’un bénéfice, d’une stratégie commerciale en situation réelle, et des règles propres à la conduite d’une entreprise
  • l’un et l’autre ont été formés à l’école de la dépense publique
  • l’un et l’autre sont convaincus (comme Macron) que la meilleure manière de rembourser la dette est de créer de la croissance économique
  • or les perspectives de croissance semblent lointaines et incertaines, et la maîtrise de la dette supposera soit des économies, soit des hausses d’impôt
  • la caste est convaincue que rien ne presse et que le navire France est insubmersible
  • ni Attal ni Bardella, machines de communication inventées pour dire aux Français ce qu’ils ont envie d’entendre, semblent bien frêles si la tempête devait arriver…

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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Les tourments ininterrompus des Kurdes d'Irak

Il y a trente-six ans, les avions irakiens larguaient des bombes chimiques sur la ville de Halabja, dans le Kurdistan irakien. Ce massacre peut être comparé à celui que l'aviation nazie de la légion Condor avait commis en avril 1937 en ravageant la ville basque de Guernica. Dans un récit, la journaliste Béatrice Dillies revient sur cette tragédie.

En 1988, le conflit qui oppose la république islamique d'Iran et la république d'Irak entre dans sa huitième année. Les deux États sont exsangues. Pourtant, un an plus tôt, dans un ultime sursaut belliciste, Saddam Hussein, considéré comme un rempart contre l'islamisme par l'Occident et l'URSS qui lui fournissent des armes, a confié à son cousin Ali Hassan Al-Majid, dit Ali le chimique, le soin de « régler la question kurde ». Violant le droit international, en particulier la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), Al-Majid va s'employer à noyer sous des pluies d'obus au gaz moutarde les populations des villages kurdes des provinces de Souleimaniyé, d'Erbil et de la vallée de Jafati.

Dans son ouvrage Un génocide oublié. La voix brisée du peuple kurde, la journaliste Béatrice Dillies revient sur cette tragédie à travers une enquête de terrain jalonnée de faits documentés rapportés par des témoins et des combattants peshmergas1, accompagnée d'un appareil critique et de cartes.

Le précédent arménien

Béatrice Dillies raconte comment Al-Majid va autoriser des « munitions spéciales » sur Halabja et Khurmal. Un bassin de population de 55 000 personnes qui, initialement, ne faisait pas partie de ces « zones interdites » où toute forme de vie devait être éradiquée dans le cadre d'une solution définitive de la question kurde actée en juin 1987 par le décret 4008. En quelques heures, l'opération menée ajoute 5 000 morts et 10 000 blessés au bilan de l'opération Anfal. Une action dévastatrice qui a fait au total 182 000 morts en un peu plus de six mois. La visée génocidaire d'un tel massacre ne fait aucun doute, les Irakiens s'inspirant de la façon dont les Jeunes-Turcs du Comité union et progrès (CUP) avaient tenté, en 1915, de faire disparaître la population arménienne de l'ex-empire ottoman.

Bien que le protocole de Genève de 1925 interdise l'usage de ce type d'armes, Ali Hassan al-Majid se vante le 26 mai 1987 devant les responsables du parti Baas : « Je ne les attaquerai pas (les Kurdes) avec des armes chimiques juste un jour, je continuerai de les attaquer pendant quinze jours ». Ni les États-Unis, ni l'Union soviétique, ni la France, ni l'Organisation des Nations unies (ONU) n'ont cru bon d'élever la moindre protestation au printemps 1987 lors des prémices de l'opération Anfal, ni lors de son déploiement à grande échelle l'année suivante. La Cour pénale internationale (CPI) n'a pu se prononcer dès lors qu'elle peut seulement juger les crimes commis après sa création en 2002.

Comme protagoniste principale de son récit, Béatrice Dillies a choisi Snur, Kurde de 25 ans, victime de l'attaque chimique alors qu'elle était bébé, et qui a toutes les peines à articuler correctement à cause de ses cordes vocales abîmées par les gaz. Grâce à un dispositif original, la journaliste nous introduit à l'intérieur du foyer familial de la jeune femme. Un lieu d'échanges sur les causes de son traumatisme, où les mots « fuir », « se cacher » mais aussi « lutter » reviennent comme des leitmotivs avant de nous embarquer dans sa mémoire et celle de ses proches.

Une remémoration faite d'événements douloureux, où la peur, la faim, l'incompréhension et le désespoir s'entremêlent. Des vies marquées à jamais quand, par ce jour d'août 1988 à 22 heures, les premiers MiG-23 de fabrication soviétique sont apparus dans le ciel et ont largué leur cargaison létale, répandant sur les villageois l'odeur de pomme caractéristique des bombes chimiques.

Afin d'inscrire ces crimes de guerre dans le temps, en mêlant habilement dialogues entre survivants et récits de péripéties, l'enquêtrice nous ramène en septembre 1969 à Surya, tout au nord du pays. À l'époque, les militaires irakiens ont assassiné 39 personnes, dont vingt-cinq chrétiens et quatorze musulmans. Les corps ont été prestement enterrés dans des fosses communes, faute de temps, pour donner à chacun une sépulture digne dans la crainte du retour de l'armée. Un épisode parmi d'autres qui prouve, s'il en est besoin, que la vindicte du parti Baas contre les Kurdes revendiquant l'autonomie de leur territoire n'a pas attendu la guerre Irak-Iran pour se manifester.

L'enjeu du pétrole

Autre mise en perspective de l'opération Anfal proposée par Béatrice Dillies, l'évocation des déportations de populations kurdes entre 1969 et 1982, destinées à arabiser leurs terres. En particulier en 1972, au moment où le pouvoir baasiste prend la mesure des richesses pétrolières que recèle le sous-sol du gouvernorat de Kirkouk. Dès lors, toute promesse de régler pacifiquement la question de la place des Kurdes et de leur singularité ethnique et culturelle dans la République est abolie. Eux qui représentaient 64 % de la population de cette région en 1957, ne seront plus que 37 % vingt ans après.

Dans le cadre de son panorama, l'autrice revient aussi sur un autre épisode dramatique qui s'est déroulé en 2014 : la tentative d'ethnocide des Yézidis2, vivant pour la plupart dans les monts Sinjar et considérés comme des apostats par les djihadistes de Daech. Le projet des terroristes n'a échoué que grâce à une intervention conjuguée de membres des YPJ (Unités de protection de la femme, une organisation militaire kurde syrienne composée exclusivement de femmes), du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de peshmergas yézidis. À l'issue de combats acharnés, les membres alliés sont parvenus à sauver des hommes de l'extermination et des femmes de l'esclavage sexuel. En tout, 6417 femmes et enfants avaient été kidnappés lors des premiers jours de l'attaque durant lesquels près de 1 300 Yézidis ont été tués.

Snur a beaucoup appris en écoutant Béatrice Dillies lui raconter l'histoire de son peuple. Dans un Kurdistan irakien autonome traversé de tensions, elle espère malgré tout que sa vie ressemblera à celle de n'importe quelle jeune femme indépendante. Peut-être qu'un jour, en solidarité avec ses soeurs de tous les Kurdistan, elle reprendra elle aussi le slogan kurde « Femme, Vie, Liberté ».

#


Béatrice Dillies
Un génocide oublié. La voix brisée du peuple kurde
SPM, collection Kronos
12 juin 2023
300 pages
25€


1Les Peshmergas, littéralement « ceux qui affrontent la mort », sont les combattants des forces armées du Kurdistan irakien.

2Minorité ethnico-religieuse parlant majoritairement le dialecte kurde kurmandji.

Et si Bardella arrivait à Matignon ? Quelle politique pour rétablir les comptes publics ?

Les déficits publics posent désormais un problème – tout à fait prévisible, quoiqu’obstinément nié par le gouvernement et l’opinion – qu’il est difficile de contourner. Les Républicains ont annoncé qu’ils pourraient souscrire à une motion de censure contre Gabriel Attal lors des prochaines discussions budgétaires. Une hypothèse, pour Emmanuel Macron, serait de choisir Jordan Bardella comme Premier ministre pour lui laisser le soin de gérer cette situation délicate. Concrètement, quelle politique un Bardella pourrait-il mener ?

Le Rassemblement National parle rarement de propositions économiques chiffrées. C’est un procès qu’on peut lui faire : il est plus facile de caresser l’opinion dans le sens du poil que de proposer des mesures concrètes qui risquent de fâcher. Et, à l’approche d’une crise majeure des finances publiques, ces mesures seront particulièrement sensibles.

Pour l’heure, nous devons nous contenter de la tribune (très “légère”) de Marine Le Pen dans les Echos, début mars, où elle annonce son “programme” en matière de finances publiques. Nous récapitulons dans la capsule ci-dessus notre analyse de ce texte.

Dans tous les cas, le programme du RN chiffre 30 milliards d’économies (en fourchette haute, la réalité est probablement très inférieure). Il faut pourtant réaliser de 50 à 70 milliards € d’économie d’ici à 2027 pour tenir les engagements internationaux de la France…

Où Marine Le Pen trouvera-t-elle cette somme ? Pour l’instant, elle ne semble pas y avoir réfléchi, et on n’entend guère Jordan Bardella s’exprimer sur ce sujet.

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Un amendement du MoDem pour supprimer l’élection présidentielle au suffrage universel

Un amendement glissé dans un débat sur l’article 49-3: le député Erwan Balanant, du MoDem, a proposé de revenir à un collège électoral pour élire le président de la République. Soyez prévenus: si vous critiquez M’sieur Erwan, vous êtes d’une “ignorance crasse”, vous ne voulez pas d’une vraie démocratie, vous ne connaissez rien à l’argumentation des juristes etc….En réalité, la manoeuvre est grosse comme une ficelle: la caste se demande comment éviter l’arriver de Marine Le Pen à l’Elysée. Et puis Emmanuel Macron pourrait, avec un nouveau collège électoral, se représenter, n’est-ce pas?

Le député MODEM Erwan Balanant a déposé un amendement visant à supprimer l'élection du président de la République au suffrage universel. Il propose qu'il soit élu par un collège électoral pour 7 ans. La proposition a été rejetée mais le culot de ces macronards est ahurissant. https://t.co/rV7xNXwdE1 pic.twitter.com/HNpakL73ES

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Obligation vaccinale : les aumôniers militaires US suspendus saisissent la Cour Suprême

Fin 2021, tous les membres devaient compléter leur parcours vaccinal avant le 28 décembre 2021 sous peine de renvoi. Théoriquement, les membres de l’armée de l’air pouvaient demander une exemption pour des raisons religieuses ou médicales. Malheureusement, cette clause n’a pas respecté. Actuellement, un groupe d’aumôniers militaires a saisi la Cour suprême pour contester les politiques du ministère de la Défense liées à la COVID-19, alléguant qu’elles ont contraint les objecteurs religieux à quitter les forces armées.

Le 10 janvier 2023, le Pentagone avait abrogé l’obligation vaccinale anti- Covid-19 pour les militaires américains, imposée précédemment par le Congrès dans la loi sur la défense nommée National Defense Authorization, qui obligeait le Pentagone à mettre fin au mandat de vaccination contre le Covid-19 des marines et soldats américains. Récemment, les aumôniers militaires ont saisi la Cour suprême, ces derniers affirment que les politiques du ministère de la Défense punissent injustement ceux qui ont soumis des objections religieuses à l’obligation vaccinale COVID-19, entraînant des conséquences professionnelles négatives.

Appel des aumôniers militaires devant la Cour Suprême

Les aumôniers militaires ont déposé un appel devant la Cour suprême après que le quatrième circuit ait rejeté leur affaire. Ils demandent des mesures provisoires pour protéger leur carrière et contester les politiques du ministère de la Défense, qu’ils estiment discriminatoires envers ceux qui ont déposé des objections religieuses à la vaccination obligatoire contre la COVID-19.

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Déficit à 5,5% : le bal des faux-culs sur les vraies causes du naufrage commence

Depuis cet automne, nous alertons sur les risques qui devaient peser sur les finances publiques en 2024… et nous ne nous trompions pas complètement, puisque le dérapage du déficit est devenu une sorte de sujet à la mode. Et, sans grande surprise, il fait l’objet d’une savante opération de désinformation pilotée depuis Bercy et relayée consciencieusement par tous les journalistes encartés qui bouclent leurs fins de mois grâce aux subventions de l’Etat (au nom de la déontologie évidemment). Remettons donc quelques éléments au point pour dissiper ce grand enfumage sur les causes réelles de l’effondrement français.

Donc l’INSEE a confirmé le chiffre qui circulait depuis près de 15 jours : le déficit public en 2023 n’est pas de 4,9% du PIB comme initialement prévu et annoncé, mais bien de 5,5%, ce qui est beaucoup moins bien. Toute la question est de savoir pour quelle raison ce dérapage incontrôlé survient. Et, sur ce point, le gouvernement a une explication toute trouvée : les impôts rendent moins, la croissance est en berne. Circulez, y a rien à voir, c’est la faute de la croissance ! Et notre gestion n’y est pour rien, bien entendu.

Ces éléments de propagande ont été fidèlement repris par la presse subventionnée. Voici ce qu’écrit le Monde, par exemple :

Reprise intégrale de la doctrine officielle : le déficit dérape à cause du ralentissement de la croissance et de la baisse des recettes fiscales. Bien entendu, rien sur l’excès de dépenses, comme si, dans l’esprit du journaliste moyen, un déficit provenait forcément de la baisse de l’impôt mais ne pouvait pas provenir d’excès de dépenses. Et c’est bien l’objectif de Bercy, d’expliquer que, en matière de finances publiques, il faut regarder du côté de la croissance, des impôts, mais pas des dépenses de l’Etat. Surtout des dépenses des ministères, qui doivent être inattaquables.

Pourtant, nous avons rappelé quelques points, notamment cette hausse de 35% des dépenses de l’Etat depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Et nous avions signalé l’été dernier le dérapage permanent de ces dépenses… Mais si le gouvernement subventionne largement la presse, c’est bien pour faire oublier cet aspect gênant des choses, et concentrer l’attention sur la faiblesse de l’impôt.

L’INSEE a quand eu le bon goût de proposer un autre tableau pour mieux expliquer le phénomène :

Ce tableau détaille la dérive des différents postes de dépenses et de recettes de l’Etat, et on comprend mieux, en effet, la difficulté présente.

Du côté des recettes, d’abord, si, effectivement, les impôts ont marqué le pas par rapport à 2022, le racket des salariés par les cotisations sociales a progressé de 4,5%.

Du côté des dépenses, le gros morceau est constitué par les dépenses de fonctionnement, qui ont augmenté de 6%. Les prestations sociales ont augmenté de 3%. Les dépenses d’investissement ont augmenté de 8,5%. Cet investissement est essentiellement dû aux collectivités locales.

Il est donc évident que, le problème qui s’est posé tient moins à l’essoufflement des impôts qu’à l’explosion des investissements et des dépenses de fonctionnement des administrations.

Mais cet effort de lecture simple des tableaux de l’INSEE est au-dessus du niveau moyen de nos brillants journalistes subventionnés, qui adorent expliquer que ne pas reprendre les élements de langage du gouvernement et penser par soi-même, c’est du complotisme.

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Machabert : “L’hôpital public n’a pas de problème de budget, mais d’organisation”

Dans cet entretien avec Florent Machabert, nous abordons la question épineuse des moyens de l’hôpital public. Que valent les rumeurs folles selon lesquelles l’Etat se désengagerait de l’hôpital, et selon lesquelles “Macron aurait baissé le budget des hôpitaux” ? Rien ne vaut un bon retour aux chiffres…

Dans cette capsule, nous faisons un point sur les dépenses hospitalières qui n’ont cessé d’augmenté plus vite que le PIB depuis 1997, date de la première loi de financement de la sécurité sociale.

  • les dépenses des hôpitaux sont cadrées par un objectif national de dépenses d’assurance-maladie
  • cet objectif a très fortement augmenté, de façon continue, depuis 1997
  • régulièrement, les dépenses réelles ont d’ailleurs dépassé l’ONDAM, c’est-à-dire la prévision initiale en loi de financement de la sécurité sociale
  • les graves problèmes des hôpitaux publics ne peuvent donc être imputés à une imaginaire baisse des budgets, même si de nombreux défenseurs du monopole public véhiculent (avec malice) cette fausse rumeur
  • en revanche, l’extrême bureaucratisation de l’hôpital prive les services de soins de moyens importants, et entrave leur action
  • la culture managériale de la centralisation et de la verticalité ajoute à cette perte d’efficacité
  • le culte du “Big is beautiful” pousse à créer des hôpitaux géants qui déresponsabilisent les personnels
  • la verticalité imposée par le ministère de la Santé et par les ARS achève de paralyser les compétences individuelles

Seule une introduction de l’ordre spontané dans les hôpitaux publics permettra de rétablir l’efficacité des soins.

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Frantz Fanon, un psychiatre militant

Par : Adam Shatz

À la fin de l'année 1957, et après un bref passage à l'hôpital de la Manouba, Frantz Fanon prend ses quartiers dans les services psychiatriques de l'hôpital Charles Nicolle dans le centre de Tunis. Le pays d'Habib Bourguiba était devenu, depuis son indépendance en mars 1956, la base arrière du Front de libération nationale (FLN) algérien. La proximité de Fanon avec cette organisation et notamment avec sa branche armée, l'Armée de libération nationale (ALN), l'amène à en soigner les soldats. Les traumatismes dont témoignent combattants et réfugiés algériens en Tunisie ne sont pas sans faire écho à l'actualité de la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza. Orient XXI publie les bonnes feuilles de la nouvelle biographie du médecin martiniquais Frantz Fanon. Une vie en révolutions, signée Adam Shatz, en librairie le 21 mars.

Le rôle de Frantz Fanon au sein du Front de libération nationale (FLN) algérien ressemblait à celui du médecin britannique W. H. R. Rivers, qui pendant la première guerre mondiale soigna les soldats souffrant d'obusite, le stress post-traumatique typique des hommes des tranchées, comme le poète Siegfried Sassoon. Il est possible qu'après la mort d'Abane Ramdane, le psychiatre martiniquais ait pu y trouver une certaine forme de consolation. Il avait toujours considéré la médecine comme une pratique politique, et il pouvait désormais utiliser son expertise pour rétablir la santé des combattants et servir ainsi la lutte pour l'indépendance. Son travail avec les soldats de l'ALN l'amenait de plus en plus dans l'orbite de l'armée des frontières, qui n'était plus une bande de guérilleros mais une organisation très professionnelle, composée d'anciens maquisards passés en Tunisie et au Maroc et, de plus en plus, de déserteurs musulmans de l'armée française1.

Fanon finit par développer un attachement non dénué de romantisme pour ces combattants, qu'il vénérait comme des « paysans- guerriers-philosophes »2. Lors d'une visite effectuée en 1959 à la base Ben M'hidi (baptisée du nom du dirigeant assassiné Larbi Ben M'hidi), à Oujda, au Maroc, il fit la connaissance de l'énigmatique commandant de l'ALN, le colonel Houari Boumediène, l'un des plus proches alliés de Boussouf. Né Mohammed Ben Brahim Boukherouba, Boumediène (son nom de guerre) était le fils d'un pauvre cultivateur de blé à Clauzel, un village des environs de Guelma, dans l'est du pays. Il aurait étudié à Al-Azhar, l'université islamique du Caire ; il ne s'exprimait qu'en arabe, mais comprenait le français. Grand et maigre mais doté d'une présence redoutable, avec ses cheveux brun-roux et ses yeux verts, il semblait modeste, n'élevait jamais la voix et ne souriait presque jamais (« Pourquoi devrais-je sourire parce qu'un photographe prend la peine de me photographier ? » disait-il.) Il appréciait le travail de Fanon et s'était pris d'affection pour lui.

Sur la base de ces visites à l'armée des frontières, Fanon en vint à nouer une alliance avec l'état-major, à savoir la même direction extérieure du FLN qui avait éliminé Abane et mis fin à la primauté du politique sur le militaire dans le mouvement. Mais il reçut quelque chose de précieux en retour : un accès privilégié aux combattants de l'ALN qui lui ouvrait une fenêtre exceptionnelle sur l'expérience vécue et les troubles psychologiques des insurgés anticoloniaux. Les hommes qu'il avait pour charge de soigner étaient jeunes, parfois encore adolescents, et pour la plupart issus de milieux ruraux. Ils lui parlaient souvent de membres de leur famille qui avaient été tués, torturés ou violés par des soldats français. Certains exprimaient parfois des sentiments de culpabilité et de honte à propos des violences qu'ils avaient eux-mêmes commises contre des civils européens. Ils souffraient de divers symptômes psychologiques et physiques : impuissance, fatigue, dépression mélancolique, anxiété aiguë, agitation et hallucinations. Pour Fanon, on l'a vu, leurs troubles étaient dus à « l'atmosphère sanglante, impitoyable, la généralisation de pratiques inhumaines, l'impression tenace qu'ont les gens d'assister à une véritable apocalypse. »3

Frantz Fanon et son équipe dans l'hôpital Charles Nicolle à Tunis, 1958.
Wikimedia Commons

Il comptait aussi parmi ses patients des réfugiés algériens vivant dans des camps en Tunisie et au Maroc, à proximité de la frontière algérienne (ils étaient environ 300 000 dans ces deux pays, subsistant dans une extrême pauvreté). Les réfugiés, observait Fanon, vivent dans « une atmosphère d'insécurité permanente », craignant « les fréquentes invasions des troupes françaises appliquant “le droit de suite et de poursuite” ». Incontinence, insomnie et tendances sadiques étaient fréquentes chez les enfants. Quant aux femmes, elles étaient souvent sujettes à des psychoses puerpérales (troubles mentaux consécutifs à l'accouchement) pouvant aller de « grosses dépressions immobiles avec tentatives multiples de suicide » à « une agressivité délirante contre les Français qui veulent tuer l'enfant à naître ou nouvellement né ». Le traitement de ces maux s'avérait extrêmement difficile : « La situation des malades guéries entretient et nourrit ces nœuds pathologiques. »

Ce travail avec les combattants et les réfugiés ramenait Fanon aux écrits du psychanalyste hongrois Sándor Ferenczi sur les traumatismes de guerre. « Il n'est pas besoin d'être blessé par balle pour souffrir dans son corps comme dans son cerveau de l'existence de la guerre », observait-il. Certains des traumatismes psychologiques les plus graves qu'il diagnostiquait concernaient des combattants qui n'avaient jamais été blessés. L'un de ses patients était un membre du FLN souffrant d'impuissance et de dépression parce que sa femme avait été violée par des soldats qui étaient venus perquisitionner chez lui. D'abord furieux de ce qu'il percevait avant tout comme une atteinte à son honneur, il avait fini par comprendre que son épouse avait été ainsi outragée pour avoir refusé de révéler où lui-même se trouvait et fut saisi par la honte de ne pas l'avoir protégée. Bien qu'il ait décidé de la reprendre après la guerre, il n'en ressentait pas moins un profond malaise, « comme si tout ce qui venait de ma femme était pourri ».

Un autre soldat algérien âgé de 19 ans et dont la mère venait de mourir racontait à Fanon que ses rêves étaient hantés par une femme « obsédante, persécutrice même », une épouse de colon qu'il connaissait « très bien » parce qu'il l'avait tuée de ses propres mains. Il avait tenté de se suicider à deux reprises, entendait des voix et parlait « de son sang répandu, de ses artères qui se vident ». Fanon crut d'abord qu'il s'agissait d'un « complexe de culpabilité inconscient après la mort de la mère », à l'instar de ce que raconte Freud dans son essai de 1917 sur le deuil, Deuil et Mélancolie. Mais la culpabilité du soldat était réelle. Quelques mois après avoir rejoint le FLN, il avait appris qu'un soldat français avait abattu sa mère et que deux de ses sœurs avaient été emmenées à la caserne, où elles seraient sans doute torturées, peut-être même violées. Peu de temps après, il participait à un raid dans une grande ferme dont le gérant, « actif colonialiste », avait assassiné deux civils algériens. L'homme était absent. « Je sais que vous venez pour mon mari », lui avait dit sa femme en suppliant les Algériens de ne pas la tuer. Mais pendant qu'elle parlait, le soldat ne cessait de penser à sa propre mère et, avant même de réaliser ce qu'il faisait, il l'avait poignardée à mort. « Ensuite, cette femme est venue chaque soir me réclamer mon sang, poursuivait l'homme. Et le sang de ma mère où est-il ? » Dans ses notes, Fanon écrit que chaque fois que l'homme « pense à sa mère, en double ahurissant surgit cette femme éventrée. Aussi peu scientifique que cela puisse sembler, nous pensons que seul le temps pourra apporter quelque amélioration dans la personnalité disloquée du jeune homme ».

Ces études de cas seront rapportées dans l'un des écrits les plus puissants de Fanon, « Guerre coloniale et troubles mentaux », qui constitue le dernier chapitre des Damnés de la terre. Par leur sensibilité aux détails concrets et à l'ambiguïté psychologique, par leurs portraits d'hommes et de femmes dans des temps obscurs, ils nous laissent entrevoir quel excellent auteur de fiction il aurait pu devenir. Ce sont les récits d'un médecin de campagne à la Tchekhov, mais avec aussi quelque chose de la brutale incertitude des récits de guerre d'Isaac Babel dans Cavalerie rouge. Nous ne savons pas si ces malades seront jamais guéris un jour, et encore moins libérés, lorsque la liberté de l'Algérie sera instaurée, mais nous avons de bonnes raisons d'en douter.

Après la guerre, la mémoire sauvage des violences, des viols et des tortures – de la barbarie subie et infligée – fournira aux romanciers algériens leur matière première, alors même que les dirigeants algériens tenteront d'oublier cette histoire honteuse en la purgeant de la mythologie officielle de la révolution : ne devait rester que la légende d'un peuple vertueux uni contre l'occupant. Fanon fut l'un des premiers à briser les tabous et à mettre en lumière ce qu'il appelait l'« héritage humain de la France en Algérie ». Malgré toutes ses proclamations utopiques sur l'avenir d'une nation algérienne décolonisée – ou ses affirmations sur les effets désintoxiquants de la violence anticoloniale –, il n'escomptait guère que les dommages psychologiques de la guerre soient faciles à réparer. « Nos actes ne cessent jamais de nous poursuivre, écrivait-il. Leur arrangement, leur mise en ordre, leur motivation peuvent parfaitement a posteriori se trouver profondément modifiés. Ce n'est pas l'un des moindres pièges que nous tend l'Histoire et ses multiples déterminations. Mais pouvons-nous échapper au vertige ? Qui oserait prétendre que le vertige ne hante pas toute existence ? »

En tant que porte-parole du FLN, Fanon se faisait un devoir de présenter une image héroïque de la révolution algérienne. Mais, en tant que médecin, il pansait les blessures psychiques des soldats algériens, témoignant de l'horreur que les légendes nationalistes veulent nous faire oublier. Faire les deux choses à la fois était un véritable numéro de funambule.

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Adam Shatz
Frantz Fanon. Une vie en révolutions
Paris, La Découverte, 21 mars 2024
512 pages
28 euros


1Pendant la guerre d'indépendance, les Algériens ont été plus nombreux à combattre dans les rangs de la France, que ce soit directement dans les troupes régulières françaises ou dans des unités auxiliaires appelées harka, qu'aux côtés de l'ALN.

2Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Gallimard, coll. Folio, 2009, p.490.

3Les citations de ce paragraphe et des cinq suivants sont tirées de Frantz Fanon, « Guerre coloniale et troubles mentaux », Les Damnés de la terre, pp.623-672. L'analyse de Fanon concernant les traumatismes résultants de la guerre d'Algérie était également prémonitoire. À l'époque, les médecins français rejetaient les témoignages de détresse psychologique parmi les anciens combattants de la guerre d'Algérie en décrivant par exemple un patient comme « bavard, vantard, content de lui [et ses récits] difficilement contrôlables ». (Voir Raphaëlle Branche, Papa, qu'as-tu fait en Algérie ?, La Découverte, 2020, p.314.) Selon un article du Monde publié en 2000, 350 000 vétérans souffriraient du syndrome de stress post-traumatique.

L’économie de guerre Française : un leurre ! par Michel Goldstein

LE BILLET D’HUMEUR DE LA LISTE “NON! PRENONS-NOUS EN MAINS!” – La France est-elle passée en économie de guerre comme l’annonce le Président de la République ? Le secteur de l’armement en France, c’est quatre mille entreprises. Et c’est vrai, elles produisent en ce moment à des cadences inhabituelles.

MBDA, par exemple, (détenue par Airbus 37,5%, BAE systems 37,5% et Leonardo 25%) a ainsi doublé ses commandes en 2023.Mais la réalité est autre, les difficultés sont considérables ; on manque de poudre pour les obus mais aussi des matières premières pour la fabriquer, la Chine ayant interrompu ses livraisons.

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Dans l'ombre des accords d'Évian, des identités nationales en suspens

Les accords d'Évian du 18 mars 1962 ont mis fin à 132 ans de colonisation. L'indépendance de l'Algérie pose alors la question de l'identité des pieds-noirs et des « indigènes » musulmans. Sont-ils Français ou Algériens ? Un peu des deux ? Les négociateurs d'Évian ont voulu répondre à cette question et, plus tard, les législateurs nationaux ont assuré l'exécution de leurs réponses, avec quelques bémols.

Ce dialogue de 1922 entre un étudiant algérois et une étudiante métropolitaine lors du congrès de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) témoigne bien du déni de l'identité des autochtones :


- Ainsi, vous êtes algérien... Mais fils de Français, n'est-ce pas ?
- Bien sûr ! Tous les Algériens sont fils de Français, les autres sont des indigènes !1

L'identité qui leur était confisquée à l'intérieur de l'Algérie, les « indigènes » la recouvraient paradoxalement à l'extérieur. La protection consulaire leur était due parce qu'ils étaient des « sujets protégés ». Mais ces sujets protégés forment en réalité une « catégorie juridique ambivalente [qui] sert de substitut à la nationalité algérienne sur laquelle l'État français ne se prononce pas pour ne pas lui donner crédit »2. Indigènes en Algérie, Algériens parce que sujets protégés à l'étranger, voilà la situation ubuesque dans laquelle ces individus, musulmans ou juifs, étaient enfermés.

Lorsque le nationalisme algérien monte en puissance dans les années 1930-1940, un processus de « bricolage administratif » du lien national des « indigènes » au regard de la nationalité française est mis en œuvre3. Longtemps enfermés dans un statut subalterne, les « indigènes musulmans » ne peuvent s'en extraire qu'en renonçant à leur statut personnel.

Attendu (…) qu'il est manifeste que le terme « musulman » n'a pas un sens purement confessionnel, mais qu'il désigne au contraire l'ensemble des individus d'origine musulmane qui, n'ayant point été admis au droit de cité, ont nécessairement conservé leur statut personnel musulman, sans qu'il y ait lieu de distinguer s'ils appartiennent ou non au culte mahométan4.

Bref, les « indigènes musulmans » ont longtemps été privés de la citoyenneté française au motif de leur statut personnel. Et lorsqu'ils ont enfin pu y accéder, elle n'était pas entière. Ni l' « acte d'annexion » de 1834, ni la constitution de 1848 n'ont fait des indigènes des sujets nationaux français. Le sénatus-consulte de 1865 leur a ouvert l'accès à la pleine citoyenneté à titre individuel avec abandon du statut personnel. Il a eu peu de succès.

Concernant les indigènes juifs, le décret Crémieux de 1870 les ont collectivement naturalisés. Pour les musulmans, c'est au sortir de la Seconde guerre mondiale, en 1944, que sera admise la naturalisation sans perte de statut personnel au profit de seuls 60 000 indigènes musulmans issus de l'élite. En 1946, la loi Lamine-Guèye généralise la pleine citoyenneté. Toutefois, la portée de cette loi sera réduite à travers le maintien, malgré le Statut de l'Algérie de 1947, de deux collèges électoraux distincts, supprimés en 1958. Ceux que l'on nommait aussi les Français musulmans d'Algérie (FMA) accédaient enfin à la pleine citoyenneté. Mais ils seront immédiatement transformés en une catégorie administrative nouvelle : les « Français de souche nord-africaine » (FSNA)5. Cette distinction atteste en creux de la survivance d'une catégorisation administrative sur une base raciale.

De pieds-noirs à Algériens, l'illusoire utopie

L'expression « pieds-noirs » aurait d'abord désigné les Arabes « chauffeurs de bateaux indigènes, aux pieds nus salis par le charbon »6. C'est seulement à partir de 1954 que les Européens s'appliquent à eux-mêmes cette dénomination sans abandonner l'idée, notamment dans certains milieux culturels, de leur singularité algérienne. Ce curieux chassé-croisé de dénominations va être questionné en raison des dispositions négociées à Évian en faveur des pieds-noirs (juifs inclus).

Dès les contacts secrets de Bâle en octobre-novembre 1961, les représentants français insistent sur le sort des Européens après l'indépendance. Sous quelles conditions et avec quelles garanties allaient-ils rester en Algérie ? Ils exigent la double nationalité automatique à leur profit, ce que refusent les négociateurs algériens, craignant la constitution d'une minorité européenne sous influence politique française. En définitive, les accords d'Évian retiennent une solution hybride : les pieds-noirs peuvent, par le biais d'une procédure simplifiée effectuée sous une période transitoire de 3 ans à compter du 1er juillet 1962, choisir la nationalité algérienne tout en conservant, pendant ce temps, la nationalité française.

En creux, est inscrite la perspective de la perte de la nationalité française. Les pieds-noirs allaient-ils accepter d'endosser la dénomination « Algérien », cette fois-ci non pas comme singularité pour se démarquer des Français de France, mais en tant que lien les ancrant durablement à leur terre de naissance certes, mais surtout à un État et une nation dominée par les ex-« indigènes » ? On connait la réponse : le départ massif et précipité de la très grande majorité des pieds-noirs en réaction à la politique de la « terre brûlée » de l'Organisation armée secrète (OAS). Parmi les moins de 200 000 pieds-noirs encore présents entre 1962 et 1965, très peu optent pour la nationalité algérienne : un millier tout au plus selon Pierre Chaulet, lui-même bénéficiaire de cette nationalité7.

Pourtant, la perspective de la perte de la nationalité française en cas d'option pour la nationalité algérienne avait très tôt été écartée, en contradiction avec les accords d'Évian, par l'ordonnance du 21 juillet 1962 permettant aux pieds-noirs de conserver « la nationalité française quelle que soit leur situation au regard de la nationalité algérienne ». Une partie de l'explication est peut-être à chercher dans le manque d'engouement pour le droit d'option dans la définition même de la nationalité algérienne.

Droit du sang ou droit du sol, la nation algérienne imaginée

Les accords d'Évian ne disaient rien de précis sur le devenir des musulmans naturalisés français sous statut de droit local, c'est-à-dire tous ceux déclarés Français sans avoir renoncé au statut personnel musulman. Les législations de chaque pays sont venues combler le vide.

Pour l'État français, ces personnes perdaient la nationalité française si elles ne se fixaient pas en France et n'y faisaient pas une déclaration recognitive de nationalité auprès d'un juge. On sait aujourd'hui que 60 000 personnes (hors enfants mineurs) ont bénéficié de cette disposition8. C'est peu ne serait-ce qu'au regard du nombre d'immigrés algériens présents en 1962-1963 en France, estimé à 350 000, dont on pouvait penser qu'ils utiliseraient cette formule. Aucune protection particulière en matière de nationalité française n'a en revanche été envisagée, ni par les accords d'Évian, ni par la législation française pour les harkis, sauf s'ils arrivaient à rejoindre la France et à y faire une déclaration recognitive.

De son côté, l'État algérien a promulgué un code de la nationalité le 27 mars 1963. La nationalité d'origine, mètre-étalon de la nationalité algérienne, n'est accordée que sous une triple condition exposée à l'article 34.

Le mot Algérien en matière de nationalité d'origine s'entend de toute personne dont au moins deux ascendants en ligne paternelle sont nés en Algérie et y jouissent du statut musulman.

Ce dernier critère de « statut musulman » renvoyait non pas à une appartenance religieuse, mais au statut colonial des « indigènes musulmans ». En conséquence, l'ensemble des Français sous statut de droit local, c'est-à-dire ceux déclarés français sans renonciation au statut personnel musulman, devenaient Algériens sans aucune formalité. Première observation : cela excluait de la nationalité d'origine les autres musulmans présents qui pouvaient réunir les deux premières conditions, mais pas la troisième puisqu'ils n'étaient pas soumis en droit à ce statut. Deuxième observation : les harkis, restés en Algérie ou partis en France, sont Algériens d'origine. Ils n'ont pas été frappés, comme cela avait été envisagé à l'indépendance, d'indignité nationale et transmettent aujourd'hui la nationalité à leur descendance.

Troisième observation : les accords d'Évian incluaient ceux qui étaient devenus Français avec renonciation au statut personnel musulman dans la catégorie des personnes qui pouvaient soit conserver la nationalité française, soit opter pour la nationalité algérienne (10 000 individus environ en 1962). Le code algérien a fait une entorse et admis toutes ces personnes à la nationalité d'origine. Quatrième observation : les pieds-noirs ne pouvaient prétendre à la nationalité d'origine et devaient, par le droit d'option instauré avec les accords d'Évian, acquérir la nationalité algérienne. Les départs massifs en ont contrarié l'effectivité. Pour ceux restés après l'adoption du code de la nationalité, au refus psychologique de devenir l'égal de celui que l'on dominait en situation coloniale, s'est ajoutée l'appréhension des conséquences de la constitution érigeant l'islam en religion d'État. Ils ont donc été très peu à sauter le pas.

S'affrontaient là deux conceptions de la nationalité. L'une privilégiant le lien du sang, l'autre le lien du sol. L'une mettant en avant l'existence précoloniale d'un groupe ethno-religieux qui a été soumis à la domination d'une minorité « importée ». L'autre, privilégiant le brassage de populations de différentes origines rassemblées par une même terre, source de lien national. L'une considérant que la nation était déjà là avant la colonisation et se caractérisait par l'arabité et l'islamité. L'autre envisageant la nation comme construction multiculturelle agrégeant toutes les populations présentes depuis 1830. La première vision, excluant au passage la dimension berbère, l'emporte sur la seconde et consacre une nationalité fondée sur le lien du sang, reléguant le lien du sol à un rôle d'appoint. Ainsi était scellée la nationalité des populations d'Algérie le 18 mars 1962.


1Guy Perville, « Comment appeler les habitants de l'Algérie avant la définition légale d'une nationalité algérienne ? », Cahiers de la Méditerranée, n°54, p. 55-60, 1997.

2Anne-Marie Planel, « Les ressortissants de la protection consulaire française en pays musulman. Le cas des Algériens de Tunisie sous le Second Empire », Mélanges de la Casa de Velàzquez, 51-1, p. 139-160, 2021.

3Patrick Weil, « Le statut des musulmans en Algérie coloniale. Une nationalité française dénaturée », Histoire de la justice, n°16, 2005.

4Voir Cour d'Alger, 5 novembre 1903, Revue Algérienne 1903.

5Selon la directive du 21 février 1958 sur la nouvelle appellation des Français musulmans d'Algérie (FMA) qui deviennent Français de souche nord-africaine (FSNA) par opposition aux Français de souche européenne (FSE). Voir Jean Nicot, « Inventaire de la série T. État-Major de l'armée de terre (1945-1972) », Service historique de l'armée de terre, 1994.

6Op. cit., Guy Perville.

7Entretien réalisé par Hélène Bracco, consultable sur le site de la Maison méditerranéenne des Sciences de l'homme (MMSH).

8Emmanuel Blanchard, Linda Guerry, Lionel Kesztenbaum, Jules Lepoutre, « La réintégration, une façon de devenir français », Population & Sociétés, n°619, 2024.

Faut-il ou non supprimer des lits d’hôpitaux ?

La machinerie de la protection sociale est devenue si compliquée que peu de gens s’y retrouvent encore. Beaucoup de Français sont convaincus que le budget de la santé en France baisse parce que des lits d’hôpitaux sont fermés chaque année. Les deux sujets sont pourtant très différents : les lits d’hôpitau ferment parce que les progrès de la chirurgie rendent de moins en moins utiles les hospitalisations longues pour un oui ou pour un non. Dans le même temps, le nombre de lits en soins critiques ne cesse d’augmenter, de même que le budget général des hôpitaux. Nous nous concentrons aujourd’hui sur la question des lits… et nous rappelons que la France reste une “grande puissance hospitalière et sanitaire” dans le monde…

Pour bien comprendre la question de la fermeture des lits d’hôpitaux, il faut avoir à l’esprit plusieurs points.

  • la France est à la troisième place, dans le monde, de la dépense de santé rapportée au PIB
  • il faudrait s’inquiéter de la baisse relative du PIB par habitant en France, car cette dépense globale est plus modeste de ce point de vue
  • la France ne cesse d’augmenter le nombre de places dans ses hôpitaux publics
  • mais elle baisse les lits “ordinaires”, rendus inutiles par les progrès de la chirurgie
  • dans le même temps, le nombre de lits en soins critiques n’a cessé d’augmenter
  • nous assistons donc à une réorganisation de l’offre hospitalière plutôt qu’à sa diminution
  • d’une manière générale, les moyens des hôpitaux publics augmentent
  • les hôpitaux publics sont, en France, pénalisés par le grand nombre de personnels non-soignants (notamment les administratifs)

La semaine prochaine, nous continuerons notre exploration des dépenses de santé…. rendez-vous lundi prochain.

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Requiem for Rummy’s Old Europe: Switzerland

Par : AHH

Open Letter to the People of Switzerland, the Swiss Federal Council and Parliament.

Peter Koenig
7 March 2024

This appeal calls on the people of Switzerland to demand the Swiss Government to exit the World Health Organization (WHO) – effective immediately.

We, Swiss, have the Constitutional Right of Initiatives or Referenda. It is high time that We, the People, make use of this opportunity requesting the Swiss Federal Council and Parliament to renounce its membership in WHO, the organization at the verge of becoming the world’s dictator on issues of health, more brutal and radical than humanity has ever known before.

The Covid-mandates imposed by WHO were just a precursor to what may come.

For the last several years WHO is preparing mostly behind closed doors what they call a “Pandemic Treaty”, or “Pandemic Agreement”, which would become part of the 2005 established and now being drastically revised “International Health Regulations” (IHR). If these two new “rules-based orders” are approved by the World Health Assembly (WHA – 27 May to 1 June 2024 in Geneva), WHO’s health dictate would be above every nation’s sovereignty, and would make health self-determination a thing of the past.

If WHO declares a disease, artificially made or not, as a pandemic, orders would have to be followed. If WHO decides on general vaccination, orders must be followed.

In Switzerland such drastic changes to national health legislation would require changes in the nation’s Constitution. According to the very Swiss Constitution, such changes would require approval by the Swiss people by referendum – with good chances of a popular rejection.

To forego a people’s vote, the Swiss Government – Federal Council and Parliament – are currently working on advance-amending the national Swiss health legislation, so that it would meet the requirements of a potentially impending WHO Pandemic Agreement and the new IHR. A Constitutional amendment may then not be necessary, as the new Swiss health standards would blend in with the potentially new WHO dictate.

This is happening semi-clandestinely. Not known to most citizens. Switzerland is supposed to be – Constitutionally – a democracy and a country of political neutrality; a country with self-determination and sovereignty in decision making, and where people’s voice and active participation counts.

Those were the days.


This call also goes to the Swiss Federal Council and Parliament.

Are you not ashamed after the criminal covid and vaxx-fraud you imposed on the very people that pay your salaries and pensions – to betray Us, the People again – with the behind-our-backs anticipatory acceptance of the new WHO oppressive rules?

How is health defined? Under the WHO definition health includes the “climate change” scam, which is already blamed for causing excess dengue fever in Brazil and malaria in Africa – prompting WHO and Bill Gates releasing billions of genetically modified (GMO) “vaccinating” mosquitos. They have so far brought a 400% increase in dengue fever in Brazil, and in Africa, malaria is rampant despite, or because of the GMO-Mosquitos.

Any “climate-related health issues”, defined by WHO, would also fall under the WHO health tyranny.


Over the past three years, how many people have lost loved-ones from the toxic covid-injections? Thousand, maybe tens of thousands have died from the vaxxes in Switzerland alone, a multiple of those who died from covid, if counted honestly. We know honesty was and is not part of any official covid narrative.

Worldwide, a conservative figure indicates 17 million deaths resulted from the jab. A more realistic figure may put the death toll in the hundreds of millions; and the worst is still to come, according to Dr. Michael Yeadon, former Vice-President and Chief of Pfizer Research.

This same Federal Council which betrayed the people on covid, is now working secretly on another betrayal, formulating an advanced new Swiss health legislation, that would match WHO’s looming Pandemic Treaty and revised IHR dictatorship.


So that you know:

At the same time, the Federal Council, through Cantonal Federalism, allows promoting throughout Switzerland, including in schools, the pathological, Soros’s funded transgender Woke agenda, giving kids, as little as eleven years of age, the choice to decide over their sex without parental interference.

This agenda is also promoted by the World Economic Forum (WEF), WHO, and yes, the United Nations – the eugenists. Queers and transgender people cannot procreate.

Also, be aware, any new “vaccination” even those recommended for new-born children, will in the future be the mRNA-type, as announced by Pfizer, Bill Gates and WHO. The mRNA gene-modifying type is known to, at best, reduce the autoimmune system, and produce a spike protein, with one of its characteristics being a fast or slow killer – myocardities, brain strokes, thrombosis, aggressive turbo-cancers and more.

The mRNA-vaxxes are also known to massively reduce fertility in both women and men.

As a reminder, the number one objective of the WEF, WHO, and UN Agenda 2030, we are living today, is a drastic worldwide depopulation, starting with western industrialized nations.

Let us, Swiss, be frontrunners for the rest of the world, standing up with our Constitutional Rights, demanding our government TO EXIT WHO NOW.

——-


Peter Koenig is a geopolitical analyst and a former Senior Economist at the World Bank and the World Health Organization (WHO), where he worked for over 30 years around the world. He lectures at universities in the US, Europe and South America. He writes regularly for online journals and is the author of Implosion – An Economic Thriller about War, Environmental Destruction and Corporate Greed; and  co-author of Cynthia McKinney’s book “When China Sneezes: From the Coronavirus Lockdown to the Global Politico-Economic Crisis” (Clarity Press – November 1, 2020)
Peter is a Research Associate of the Centre for Research on Globalization (CRG).
He is also a non-resident Senior Fellow of the Chongyang Institute of Renmin University, Beijing.

Le RN pourrait affronter Macron sur la question ukrainienne

Emmanuel Macron a ouvert une séquence ukrainienne, avec l’évocation d’un conflit ouvert contre la Russie, dans des termes bien ténébreux pour l’instant, mais qui se révèlent chaque jour un peu plus inquiétants. Un “format Saint-Denis” lui a permis hier de prendre le pouls des partis d’opposition (et de la majorité). Un débat jeudi prochain à l’Assemblée Nationale devrait obliger chaque parti à prendre position sur l’accord de coopération militaire bilatérale avec l’Ukraine. Macron espérait “coincer” le RN… et tout indique que le RN pourrait assumer un vote contre le projet.

Hier, Emmanuel Macron a reçu les responsables de partis politiques en “format Saint-Denis”, expression désormais consacrée pour désigner ces rencontres informelles et “consultatives”. Si l’on en croit la presse subventionnée, cette réunion a donné à Emmanuel Macron l’occasion de commenter la défaite ukrainienne en cours, que nous commentons de longue date et dont Xavier Moreau nous a donné de nouvelles descriptions (voir l’interview ci-dessous). Visiblement, l’OTAN s’attend à une déculottée rapide face à la Russie, et toute la question est de savoir quelle riposte nous apportons à cette perspective.

On comprend le raisonnement : écarter par avance l’option terrestre serait une erreur tactique. Sauf que… personne ne croit à la capacité de l’armée française à envoyer des troupes utiles sur le sol ukrainien. La menace d’Emmanuel Macron sonne donc plus comme l’extension du parapluie nucléaire français à l’Ukraine que comme une possibilité de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain.

Mourir pour Kiev ?

Visiblement, si tout le monde, RN et LFI compris, s’accordent pour dire qu’il faut aider l’Ukraine face à la Russie, le principe de l’intervention terrestre est beaucoup moins fédérateur. Edouard Philippe et François Bayrou sont pour, mais ils sont bien les seuls. Toute la question est donc de savoir si le débat sur l’accord bilatéral avec l’Ukraine, la semaine prochaine, sera le lieu d’une unanimité ou pas.

La rumeur affirmait qu’Emmanuel Macron pariait sur un ralliement du Rassemblement National, rebuté à l’idée de passer pour pro-Russe. Selon toute vraisemblance, l’état-major du RN devrait passer outre cette crainte d’un “bad buzz” et s’opposer à cet accord. Le RN est donc sur une ligne “en deux temps” :

  • premier temps : il faut aider l’Ukraine
  • deuxième temps : l’aide à l’Ukraine doit avoir des limites, notamment exclure une confrontation nucléaire

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« Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine »

Engagé avec son épouse Mélinée dans la Résistance, le communiste Missak Manouchian a été fusillé par les nazis en février 1944. Sur des paroles d’Aragon, Léo Ferré leur avait rendu […]

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Bensaid Aït Idder, homme libre et résistant marocain

Résistant marocain, dirigeant politique et opposant historique à la monarchie autoritaire, Mohamed Bensaid Aït Idder est mort le 6 février 2024, à l'âge de 99 ans. À ses obsèques, le roi Mohamed VI s'est fait représenter par son frère cadet.

Mohamed Bensaid Aït Idder nait vers 1925 dans la région du Souss, dans le sud-ouest du Maroc, non loin de l'enclave espagnole de Sidi Ifni. Il suit des études coraniques et religieuses traditionnelles dans sa région natale, puis émigre à Marrakech pour compléter ses études secondaires, avant de s'inscrire à la célèbre médersa Ben Youssef (école coranique d'enseignement supérieur), à la fin des années 1940.

Dès la vingtaine, il commence à s'intéresser à la politique grâce à la lecture assidue de revues et journaux en provenance du Proche-Orient arabe. Mais la flamme militante nait en lui sous l'effet des informations diffusées par le service arabe de la BBC et le journal Al-Alam, l'organe de presse du parti de l'Istiqlal, à propos des massacres perpétrés en Palestine en 1948. Durant les années 1950, il fonde un groupe de résistants qui se transforme, un peu plus tard, en l'aile-sud de l'Armée de libération marocaine (ALM).

J'ai entendu parler de Mohamed Bensaid Aït Idder pour la première fois aux abords de mes seize ans. Je garde l'image d'un résistant anticolonialiste qui n'a jamais plié l'échine devant un quelconque pouvoir. À commencer par celui du roi Hassan II, au summum de sa gloire nationale et de sa manie répressive durant les années 1970-1980. Il m'a dit une fois, au début des années 2000 à Casablanca, alors que nous parlions de réconciliation nationale, que le président François Mitterrand avait raison de traiter Hassan II d'« inutilement cruel ».

Nous avions aussi évoqué sa première arrestation quelques années après l'accession du Maroc à l'indépendance : « Ils nous ont torturés comme des forcenés, alors qu'ils avaient toutes les informations sur notre groupe et sur moi personnellement ». « Ils » , ce sont les agents de la sécurité politique créée par Hassan II, avant même qu'il ne monte sur le trône alaouite en 1961. Ils espionnaient, intimidaient, torturaient, et parfois tuaient les opposants. Ils étaient organisés en groupes mobiles qui ressemblaient aux escadrons de la mort des dictatures d'Amérique latine.

Bensaid a ajouté :

Ils nous torturaient juste pour nous faire souffrir un maximum. Afin qu'on perde notre dignité. Ils nous suspendaient en l'air horizontalement avant de nous battre jusqu'au sang. Leur objectif semblait être de nous briser la colonne vertébrale, au sens physique comme moral… Oui, il y a en chaque humain une sorte d'échine morale ; une fois cassée, la personne peut se transformer en un être dénué de dignité. Un être prêt à se mettre au service du plus fort ou du plus offrant.

L'homme des paradoxes

L'affaire de sa vie, ce sont les quatre décennies de son opposition à Hassan II dont il n'appréciait ni la personne ni les politiques. Il soulignait les « accointances » de ce dernier avec les puissances néocoloniales. Mais jamais il n'a prononcé le mot « trahison » à propos du roi, sans doute par respect pour le monarchisme, majoritaire chez les Marocains.

Il m'a néanmoins certifié un jour de 2008 à Rabat, lors d'une conversation à l'Institut royal pour la recherche sur l'histoire du Maroc, qu'il y avait bien eu coalition sur le terrain entre l'armée marocaine officielle et l'armée française, lors de la guerre de libération du Sahara occidental menée par l'ALM dont il faisait partie du commandement.

Un aventureux homme [wahed lasgaâ, ce fut son expression] de mes combattants eut l'idée de surprendre l'armée (officielle) la main dans le sac. Il met aux arrêts l'officier, le chauffeur et les soldats d'un camion militaire sur une route isolée. Il les interroge sans me demander mon avis. Il ressort de leurs déclarations que le camion, plein de provisions, se dirige vers Foum Lahcen afin d'y ravitailler le poste militaire français assiégé par l'Armée de libération.

Il ajoute que Mohamed V ne devait pas être au courant des agissements de son fils, car « il ne contrôlait pas les services »1.

Le système de sacralisation officielle faisant de Hassan II un roi-dieu l'insupportait. L'arrogance méprisante de celui-ci l'agaçait. De fait, le monarque, « à la différence de son prédécesseur et de son successeur, cultivait un mépris pour les Marocains » quel que soit leur rang, les opposants comme ceux qui faisaient allégeance, les serviteurs vénaux ou les fiers patriotes. Selon Bensaid, une telle attitude réduit en esclavage le peuple marocain. C'est sur ce fonds d'incompatibilité comportementale qu'ont eu lieu plusieurs clashs directs et indirects entre le roi et le résistant. Je n'en citerai que deux.

Clash personnel avec Hassan II

Le premier incident, qui en dit long sur le caractère d'homme libre de Bensaid, se déroula durant les années 1980. Le résistant a accepté de faire partie d'une délégation de dirigeants nationaux chargés de défendre la position officielle du Maroc sur le Sahara occidental auprès de l'Organisation de l'unité africaine (Union africaine aujourd'hui). De retour d'Addis-Abeba, Hassan II les reçoit en grande pompe dans son palais de Fès. Le temps passant, les données partielles fournies par certaines archives sont devenues accessibles, et cela me permet de penser que le roi voulait ainsi montrer au peuple que Bensaid était rentré dans le rang. C'est pourtant le contraire qui s'est produit - une grande déception pour Hassan II.

Le roi a donc accueilli lesdits leaders nationaux qui se présentaient devant lui en file comme de coutume. Le monarque était tout sourire, il semblait jouir de ces moments de protocole marquant l'humiliation des grands de la nation. L'un après l'autre, ceux-ci se plient plus ou moins en deux pour embrasser la main royale tendue, sans réserve aucune. Mais lorsque le tour de Bensaid arrive, il salue oralement Hassan II sans s'incliner, se donnant tout de même une contenance en posant la main sur son épaule. Le monarque manque de s'étouffer de colère, et il le fait savoir à Bensaid par le biais du ministre de l'intérieur, Driss Basri.

Quelques années plus tard, en préparation d'une réception au palais, le même Basri dira à Bensaid sur un ton grave que Hassan II exige de lui qu'il se plie au protocole. Aït Idder refuse à nouveau, tout en esquissant une légère inclinaison. Un modus vivendi est finalement trouvé entre les deux hommes.

Il est vrai que les deux dirigeants se détestent. Le roi n'appelle jamais Bensaid par son vrai nom, plutôt par un qualificatif faisant référence à sa région de naissance, Chtouka-Aït Baha. Il faisait de même avec d'autres opposants notoires comme Mohammed Fqih Basri, qu'il affublait du surnom Demnati (de Demnate, petite ville du Haut Atlas). Ce n'était point une manie royale. Il s'agissait dans son esprit de remettre à leur place les dirigeants nationaux qui lui tenaient tête : « Ce ne sont que des locaux », semblait signifier le roi. Dans le même esprit, Hassan II aurait transmis son souhait de voir le fondateur de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) Abderrahim Bouabid se présenter aux législatives de 1977 dans sa région natale, au nord de Rabat. Le leader socialiste optera au contraire pour le lointain sud-ouest, profondément amazigh (berbère). Toutefois, le ministère de l'intérieur veillait au grain. Et les desiderata du roi étant des ordres, le leader sera recalé. Il ne fera pas partie des élus de l'USFP, bien qu'il en soit le plus populaire.

L'affaire du livre irrévérencieux

La seconde anecdote remonte à janvier 1996. Mohamed Bensaid Aït Idder propose à la rédaction du journal critique Anoual dont il est le responsable politique de publier, en extraits successifs, la totalité de mon livre sorti quelques années plus tôt à Paris, La Monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir (L'Harmattan, 1992). Cette publication doit avoir lieu durant le ramadan de la même année, car les lecteurs sont plus nombreux pendant le mois sacré. Or, non seulement l'ouvrage est interdit au Maroc, mais, de nature universitaire, il est perçu par le palais comme irrévérencieux. La rédaction d'Anoual fait part de ses craintes de saisie à Bensaid, qui ne bronche pas. Dès la parution des premières pages, le ministère de l'intérieur menace la rédaction, qui persiste cependant. Basri contacte alors Bensaid par téléphone afin que le journal cesse ses publications. Puis il le rencontre en personne et lui déclare en substance : le roi t'intime l'ordre d'arrêter la publication pour laisser cicatriser les blessures entre le palais et le mouvement national. Sa réponse est sans appel : il n'en est pas question, car il n'y a aucun mal à publier un livre qui évoque des évènements vieux de plusieurs décennies. Le roi ordonne la saisie du journal. C'est chose faite à la publication du septième extrait.

Bensaid m'a relaté cette histoire, qu'il appelait le « clash du livre », en 2001. Quelques années plus tard, en 2008, il rédigera en arabe un témoignage manuscrit (publié ci-dessous) sur l'incident.

Révolutionnaire et monarchiste, Amazigh et nationaliste arabe, militant de la marocanité du Sahara occidental et ami des Algériens, fervent musulman et adepte de la gauche radicale, premier financier de son parti et perpétuel désargenté, éprouvé dès sa jeunesse par des problèmes de santé, Mohamed Bensaid Aït Idder s'est éteint le 6 février 2024, centenaire.


1L'expression en arabe qu'utilise Bensaid est « rijal lmaham sirriya » dont la signification littérale est « les hommes des missions secrètes », qu'on peut traduire par « services ».

Comment éviter un contrôle fiscal ? par Florent Machabert

Par : Rédaction

Depuis 2017, les services fiscaux français recouvrent en moyenne 9 Mds € d’impôts moyennant des redressements. A horizon 2027, Bercy compte par ailleurs réaliser 25% de contrôles supplémentaires et a d’ailleurs embauché 1 500 contrôleurs de plus et étoffé de 40 agents la « police fiscale ». Près de 100 000 particuliers sont d’ores et déjà contrôlés chaque année et, dans un contexte où l’Etat peine de plus en plus à boucler son budget, ce chiffre ne devrait faire qu’augmenter.

Avec l’augmentation des effectifs et des contrôles prévus, les services fiscaux visent à dissuader la fraude fiscale et à assurer une contribution équitable de tous les contribuables au financement des dépenses publiques.

Aussi, nous vous présentons dans ce 40ème dossier :


– Les principaux moyens déployés par Bercy pour repérer les fraudes ;
– Les principales situations à risques en matière d’impôt sur le revenu ;
– Les cas plus spécifiques de l’IFI et des droits de succession.

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Gabriel Attal : déjà dans l’impasse ?

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’être simple, d’autant que, sitôt nommé,  il se trouve devoir faire face à une révolte paysanne, nos agriculteurs se plaignant d’être soumis à des réglementations bruxelloises absurdes qui entravent leurs activités et assombrissent leur horizon.

Nous allons voir que, par divers signes qui ne trompent pas, tant dans le domaine agricole que dans le domaine industriel, notre pays se trouve en déclin, et la situation devient critique. Le mal vient de ce que nous ne produisons pas suffisamment de richesses et, curieusement, les habitants paraissent l’ignorer. Notre nouveau Premier ministre, dans son discours de politique générale du 30 janvier dernier, n’a rien dit de l’urgence de remédier à ce mal qui affecte la France.

 

Dans le domaine agricole, tout d’abord :

La France, autrefois second exportateur alimentaire mondial, est passée maintenant au sixième rang. Le journal l’Opinion, du 8 février dernier, titre : « Les exportations agricoles boivent la tasse, la souveraineté trinque » ; et le journaliste nous dit : « Voilà 20 ans que les performances à l’export de l’alimentation française déclinent ». Et, pour ce qui est du marché intérieur, ce n’est pas mieux : on recourt de plus en plus à des importations, et parfois dans des proportions importantes, comme on le voit avec les exemples suivants :

On est surpris : la France, grand pays agricole, ne parvient-elle donc pas à pourvoir aux besoins de sa population en matière alimentaire ? Elle en est tout à fait capable, mais les grandes surfaces recourent de plus en plus à l’importation car les productions françaises sont trop chères ; pour les mêmes raisons, les industriels de l’agroalimentaire s’approvisionnent volontiers, eux aussi, à l’étranger, trouvant nos agriculteurs non compétitifs. Aussi, pour défendre nos paysans, le gouvernement a-t-il fini par faire voter une loi qui contraint les grandes surfaces et les industriels à prendre en compte les prix de revient des agriculteurs, leur évitant ainsi le bras de fer auquel ils sont soumis, chaque année, dans leurs négociations avec ces grands acheteurs qui tiennent les marchés. Il y a eu Egalim 1, puis Egalim 2, et récemment Egalim 3. Mais, malgré cela, les agriculteurs continuent à se plaindre : ils font valoir qu’un bon nombre d’entre eux ne parviennent même pas à se rémunérer au niveau du SMIC, et que beaucoup sont conduits, maintenant, au désespoir. 

 

Dans le domaine industriel, ensuite : 

La France est un gros importateur de produits manufacturés, en provenance notamment de l’Allemagne et de la Chine. Il s’est produit, en effet, depuis la fin des Trente Glorieuses, un effondrement de notre secteur industriel, et les pouvoirs publics n’ont pas réagi. La France est ainsi devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce exceptée. Notre production industrielle, calculée par habitant, selon les données de la Banque mondiale (qui incorpore la construction dans sa définition de l’industrie) est faible, comme le montre le tableau ci-dessous :

Nous nous situons en dessous de l’Italie, et nous sommes à 50 % de l’Allemagne. 

Autre signe préoccupant : la France, depuis des années, a une balance commerciale déficitaire, et ce déficit va en s’aggravant, d’année en année :

En 2023, notre déficit commercial a été extrêmement important : 99,6 milliards d’euros. Les commentateurs de la vie politique ont longtemps incriminé des éléments conjoncturels : augmentation du prix du baril de pétrole, baisse des commandes chez Airbus, le Covid-19, etc… Ils ont fini par réaliser que la véritable raison tient à la dégradation de notre secteur industriel.

 

Des pouvoirs publics sans cesse impuissants : 

Les pouvoirs publics, depuis une quarantaine d’années, se sont montrés impuissants à faire face à la dégradation de notre économie : ils ne sont pas parvenus à faire que notre économie puisse assurer le bien être de la population selon les normes qui sont celles des pays les plus avancés. Cela vient de ce qu’ils n’ont pas vu que la cause fondamentale des difficultés que nous rencontrions provenait de la dégradation de notre secteur industriel. Ce qui s’est produit, c’est que nos dirigeants se sont laissés piéger par le cliché qui s’était répandu dans nos sociétés, avec des sociologues fameux comme Alain Touraine, selon lequel une société moderne est une société « postindustrielle », une société « du savoir et de la connaissance » où les productions industrielles sont reportées sur les pays en voie de développement qui ont une main d’œuvre pas chère et corvéable à merci. Jean Fourastié avait formulé « la loi des trois secteurs de l’économie » dans son ouvrage « Le grand espoir du XXe siècle » (Population – 1949) qui connut un succès considérable. Une société, quand elle se développe, passe du secteur agricole (le secteur primaire) au secteur industriel (le secteur secondaire), puis ensuite du secteur industriel au secteur des services (le secteur tertiaire) : on en a conclu qu’une société moderne n’avait plus d’activités industrielles. C’est bien sûr une erreur : le secteur industriel reste toujours présent avec, certes, des effectifs réduits, mais qui sont extrêmement productifs, c’est-à-dire à haute valeur ajoutée par emploi. Nos dirigeants ont donc laissé notre secteur industriel se dégrader, sans broncher, voyant dans l’amenuisement de ce secteur le signe même de la modernisation du pays. Ainsi, on est-on arrivé à ce qu’il ne représente  plus, aujourd’hui, que 10% du PIB : en Allemagne, ou en Suisse, il s’agit de 23 % ou 24 %.

 

Des dépenses sociales phénoménales 

Le pays s’appauvrissant du fait de l’amenuisement de son secteur industriel, il a fallu que les pouvoirs publics accroissent régulièrement leurs dépenses sociales : des dépenses faites pour soutenir le niveau de vie des citoyens, et elles sont devenues considérables. Elles s’élèvent, maintenant, à 850 milliards d’euros, soit 31,5 % du PIB, ce qui est un chiffre record au plan mondial. Le tableau ci-dessous indique comment nous nous situons, en Europe :

Le graphique suivant montre comment nos dépenses sociales se situent par rapport aux autres pays européens :

La corrélation ci-dessus permet de chiffrer l’excès actuel des dépenses sociales françaises, comparativement aux autres pays de cet échantillon : 160 milliards d’euros, ce qui est un chiffre colossal, et ce sont des dépenses politiquement impossibles à réduire en démocratie car elles soutiennent le niveau de vie de la population. 

 

Un endettement du pays devenu structurel :

Autre conséquence de l’incapacité des pouvoirs publics à maitriser la situation : un endettement qui augmente chaque année et qui est devenu considérable. Faute de créer une richesse suffisante pour fournir à la population un niveau de vie correct, l’Etat recourt chaque année à l’endettement et notre dette extérieure n’a pas cessé d’augmenter, comme l’indique le tableau ci-dessous :

Notre dette dépasse à présent le montant du PIB, et les agences de notation commencent à s’en inquiéter car elles ont bien vu qu’elle est devenue structurelle. Le graphique ci-dessous montre combien est anormal le montant de notre dette, et il en est de même pour la Grèce qui est, elle aussi, un pays fortement désindustrialisé.

 

 

Quelle feuille de route pour Gabriel Attal ?

Notre jeune Premier ministre a une feuille de route toute tracée : il faut de toute urgence redresser notre économie et cela passe par la réindustrialisation du pays.

Nous avons, dans d’autres articles, chiffré à 350 milliards d’euros le montant des investissements à effectuer par nos entreprises pour porter notre secteur industriel à 17 % ou 18 % du PIB, le niveau à viser pour permettre à notre économie de retrouver ses grands équilibres. Ce montant est considérable, et il faudra, si l’on veut aller vite, des aides importantes de l’Etat, comme cela se fait actuellement aux Etats Unis avec les mesures prises par le Président Joe Biden. Nous avons avancé le chiffre de 150 milliards d’euros pour ce qui est des aides à accorder pour soutenir les investissements, chiffre à comparer aux 1.200 milliards de dollars du côté américain, selon du moins les chiffres avancés par certains experts. Il faut bien voir, en effet, que les industriels, aujourd’hui, hésitent à investir en Europe : ils ont avantage à aller aux Etats-Unis où existe l’IRA et où ils bénéficient d’une politique protectionniste efficace. 

Emmanuel Macron a entrepris, finalement, de réindustrialiser le pays. On notera qu’il a fallu que ce soit la crise du Covid-19 qui lui fasse prendre conscience de la grave désindustrialisation de notre pays, et il avait pourtant été, précédemment, ministre de l’économie !  Il a donc  lancé, le 12 octobre 2021, le Plan « France 2030 », avec un budget, pour soutenir les investissements, de 30 milliards d’euros auquel se rajoutent 24 milliards restants du Plan de relance. Ce plan vise à « aider les technologies innovantes et la transition écologique » : il a donc un champ d’application limité.

Or, nous avons un besoin urgent de nous réindustrialiser, quel que soit le type d’industrie, et cela paraît échapper aux autorités de Bruxelles qui exigent que l’on n’aide que des projets bien particuliers, définis selon leurs normes, c’est à dire avant tout écologiquement corrects. Il faudra donc se dégager de ces contraintes bruxelloises, et cela ne sera pas aisé. La Commission européenne sait bien, pourtant, que les conditions pour créer de nouvelles industries en Europe ne sont guère favorables aujourd’hui : un coût très élevé de l’énergie, et il y a la guerre en Ukraine ; et, dans le cas de la France, se rajoutent un coût de la main d’œuvre particulièrement élevé et des réglementations très tatillonnes. Il va donc falloir ouvrir très largement  le champ des activités que l’on va aider, d’autant que nous avons besoin d’attirer massivement les investissements étrangers, les entreprises françaises n’y suffisant pas.

Malheureusement, on va buter sur le fait que les ministres des Finances de la zone euro, lors de leur réunion du 18 décembre dernier, ont remis en vigueur les règles concernant les déficits budgétaires des pays membres et leurs dettes extérieures : on conserve les mêmes ratios qu’auparavant, mais on en assouplit l’application.

Notre pays va donc devoir se placer sur une trajectoire descendante afin de remettre ses finances en ordre, et, ceci, d’ici à 2027 : le déficit budgétaire doit être ramené en dessous de 3 % du PIB, et la dette sous la barre des 60 % du PIB. On voit que ce sera impossible pour la France, d’autant que le taux de croissance de notre économie sur lequel était bâti le budget de 2024 était trop optimiste : Bruno le Maire vient de nous le dire, et il a annoncé que les pouvoirs publics allaient procéder à 10 milliards d’économies, tout de suite.

L’atmosphère n’est donc pas favorable à de nouvelles dépenses de l’Etat : et pourtant il va falloir trouver 150 milliards pour soutenir le plan de réindustrialisation de la France ! Où notre Premier ministre va-t-il les trouver ? C’est la quadrature du cercle ! Il est donc dos au mur. Il avait dit aux députés qu’il allait œuvrer pour que la France « retrouve pleinement la maîtrise de son destin » : c’est une bonne intention, un excellent projet, mais, malheureusement, il n’a pas d’argent hélicoptère pour le faire.

Austérité : le gouvernement sacrifie les cancéreux sur l’autel des absentéistes et des bobologisés

Comment faire les indispensables économies dans la santé ? Il y a la méthode morale, qui consiste à demander aux très nombreux assistés de tous poils de se serrer la ceinture pour aider les quelques grands malades. Et il y a la méthode populiste, qui consiste à sacrifier les quelques grands malades en sursis pour faire plaisir aux nombreux assistés qui seront encore vivants aux prochaines élections. Déjà auteur d’instructions illégales sur la vaccin en 2021, Frédéric Valletoux, groupie d’Edouard Philippe et grand bureaucrate de la santé devenu ministre, a choisi la méthode la plus immonde… celle qui lui ressemble le mieux. Haro sur les cancéreux !

Mais pourquoi défendre l’intérêt général en perdant des voix, quand on peut en gagner en défendant les intérêts particuliers ? Telle est, dit-on, la maxime du nouveau ministre de la Santé Frédéric Valletoux, défenseur d’Edouard Philippe et de son cynisme bourgeois à toute épreuve.

Donc, dans les inévitables économies annoncées dans le domaine de la santé, Frédéric Valletoux, directeur d’hôpital, maire de Fontainebleau et encore fraîchement président de la Fédération Hospitalière Française, qui s’est déshonoré dans la crise du COVID, se contente d’appliquer sa maxime. Selon toute vraisemblance, le ministère de la Santé limitera les remboursements des soins aux cancéreux ou autres personnes affectés d’une maladie de longue durée. Concrètement, le “100%” sera désormais limité aux médicaments directement liés à l’affection, et ne concernera plus les médicaments liés aux autres maladies. Autrement dit, un cancéreux en stade terminal ne bénéficiera plus du 100% sur les antibiotiques qui lui permettent de lutter contre une mauvaise bronchite.

En revanche, la secrétaire médicale de l’hôpital, qui en est à son énième arrêt maladie de l’année pour un oui ou pour un non, continuera à voir sa boîte de Doliprane remboursée, et ne fera l’objet d’aucune chipoterie pour vérifier que son absence est vraiment justifiée.

Il est vrai que des tire-aux-flancs et des profiteurs, on en compte beaucoup plus et en parfaite santé (les indemnités journalières explosent depuis plus de 10 ans !), que des cancéreux qui ont peu de chances d’être encore vivants aux prochaines élections. Cela s’appelle la solidarité.

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Cour internationale de justice ou Cour pénale internationale. Qui peut aider les Palestiniens ?

Sur la Palestine, la Cour internationale de justice (CIJ) a acquis une visibilité légitime, qui tend à éclipser la Cour pénale internationale (CPI). Ces institutions, toutes deux saisies de la situation, doivent être distinguées car elles n'ont ni la même légitimité, ni le même mandat. Statuant sur le fondement du droit international public, la CIJ peut porter un regard sur la longue durée de l'histoire, ce qui manque cruellement à la CPI.

La Cour internationale de justice (CIJ), récemment saisie par l'Afrique du Sud contre Israël, s'est illustrée par une ordonnance venant modifier la représentation du conflit à Gaza en admettant la possibilité d'une offensive génocidaire. Elle est de nouveau réunie en cette fin février 2024 pour entendre les exposés oraux de 52 États et trois organisations internationales répondant à la question posée en décembre 2022 par l'Assemblée générale des Nations unies sur la légalité de l'occupation du territoire palestinien depuis 19671. Cette question, qui convoque le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais aussi le thème du gouvernement par la ségrégation raciale (apartheid), est fondamentale. L'avis qui sera rendu, probablement à l'été 2024, s'inscrira dans une jurisprudence relative à la Palestine remarquée puisque, en 2004, un autre avis sur la construction d'un mur en territoire palestinien occupé avait déjà rappelé le cadre juridique de compréhension de la situation du peuple palestinien. En parallèle, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) prétend mener une enquête indépendante sur les crimes commis dans les territoires palestiniens occupés. Pourtant, cette dernière institution semble désormais terriblement dépassée, tant au regard du retard accumulé dans le travail relatif à la Palestine que de l'orientation des enquêtes relatives à Gaza.

La place des États dans le contentieux international

Organe judiciaire principal des Nations unies, la CIJ juge des différends entre États. C'est dans cette fonction contentieuse qu'elle est appelée à statuer sur l'affaire portée par l'Afrique du Sud contre Israël. Composée de juges représentant la diversité des États membres des Nations unies, elle peut se reposer sur une jurisprudence bien établie et respectée, précédée de celle de la Cour permanente de justice internationale instituée dans le cadre de la Société des Nations (SDN). Cette jurisprudence se caractérise par une forme de prudence, dès lors que le recours au juge, en droit international public, se fonde sur l'acceptation des États. Ainsi, la CIJ ne peut être saisie d'un différend entre États que si ceux-ci ont accepté sa juridiction.

Plusieurs modes d'expression de ce consentement étatique sont possibles. Les États peuvent accepter la compétence de la CIJ de manière générale et par avance, en formulant la déclaration facultative d'acceptation de la juridiction de l'article 36§2 de son Statut. Ils peuvent aussi l'accepter par avance, mais de manière plus restreinte, par une clause figurant dans un traité spécifique. Enfin, ils peuvent l'accepter ponctuellement pour que la Cour statue sur un différend précis les opposant. Cette nécessaire acceptation de sa juridiction explique la position de prudence de la Cour vis-à-vis des sujets de droit international que sont les États, dont la condition est marquée, en droit international, par l'égalité et le respect dû à leur organisation interne.

À l'inverse, la Cour pénale internationale (CPI) est une institution récente, distincte du système des Nations unies. Le traité de Rome qui l'établit en 1998 crée une nouvelle organisation internationale, autonome de celle des Nations unies. Si celle-ci prétend à l'universalité, tous les États-membres des Nations unies n'y participent pas. Ainsi, il est bien connu que les puissances que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran, Israël, n'ont pas ratifié le traité de Rome. Si les États africains l'ont très largement fait, peu d'États arabes ou asiatiques se sont engagés. Ceci a de nombreuses conséquences en termes de légitimité internationale, de désignation des principaux acteurs de l'institution, de possibilité d'enquêter.

Pourtant, s'agissant des enquêtes, le traité de Rome organise (article 12) un régime dans lequel un État non partie est susceptible de voir ses agents poursuivis s'ils sont soupçonnés d'avoir commis des crimes sur le territoire d'un État partie, ou d'un État ayant accepté ponctuellement la juridiction de la Cour. C'est ce qui se produit actuellement pour Israël et pour la Russie, l'enquête ayant ici conduit à l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Aussi, on le voit dans ce dernier exemple, l'activité de la CPI est susceptible d'atteindre directement un État non partie, à travers la mise en cause de ses principaux agents. Si ce système est rhétoriquement justifié par la gravité des crimes internationaux, on est bien loin des principes classiques de la justice internationale, et du respect dû à tous les États dans le cadre des Nations Unies ; il devrait n'être utilisé qu'avec le plus grand discernement.

Les avis consultatifs de la Cour internationale de justice

Dans le cadre de sa fonction consultative, la CIJ s'émancipe du consentement étatique lorsque la question juridique qui lui est posée se rapporte au comportement d'un État. Ce fut le cas dans plusieurs avis régulièrement cités lors des audiences actuelles : avis sur la Namibie (1971), avis sur le mur édifié dans le territoire palestinien occupé (2004), avis sur l'archipel des Chagos (2019)2. Dans la procédure consultative en cours, la juridiction est saisie d'une situation de longue durée : la question posée par l'Assemblée générale porte sur la légalité de l'occupation israélienne depuis 1967. Les exposés oraux présentés par les États évoquent d'ailleurs des aspects encore antérieurs : le mandat britannique sur la Palestine, le plan de partition voté par l'Assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947, la Nakba. La Cour est donc conduite à s'interroger sur le temps long de l'occupation, ce qui est le seul moyen d'évaluer juridiquement de manière cohérente la situation actuelle. De plus, le droit applicable est le droit international public, qui comprend des aspects pénaux, mais les excède très largement. Seule la Cour internationale de justice peut véritablement statuer sur ce qui est au cœur de la condition du peuple palestinien : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Et ce droit a des conséquences militaires (résistance, interdiction de la répression), politiques (accès à l'indépendance), économiques (souveraineté sur les ressources naturelles), démographiques (droit au retour des réfugiés, interdiction de la colonisation), qui dépassent le droit international pénal.

Les déclarations récentes du procureur de la CPI

Le regard porté par l'institution qu'est la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine reste quant à lui extrêmement restreint. Il est limité temporellement par la date d'adhésion de la Palestine au système de la Cour pénale internationale (2014-2015). Contrainte par cette compétence temporelle, par les spécificités du droit qu'elle applique, mais aussi par sa politique de poursuites, la CPI ne saisit généralement le réel que de manière ponctuelle et décontextualisée. Ceci s'avère tout à fait frappant dans les récentes déclarations de son procureur sur la situation en Palestine.

S'agissant des événements actuels, dans les propos émis par le procureur Karim Khan le 29 octobre 2023 depuis Le Caire, la première condamnation de la violence se rapporte aux attaques du 7 octobre et « à la haine et à la cruauté » qui les ont « motivées ». Dans un second temps, évoquant l'offensive sur Gaza, le procureur affirme qu'Israël

dispose d'une armée professionnelle bien entraînée (…), dispose d'un système qui vise à assurer le respect du droit international humanitaire (...) et devra démontrer la bonne application des principes de distinction, de précaution et de proportionnalité.

Il n'y a, dans cette déclaration, rien sur le long blocus puis le siège de Gaza, sauf pour évoquer l'entrave actuelle à l'acheminement des secours et à un ravitaillement insuffisant.

Le 3 décembre 2023, après une visite rendue aux victimes en Israël, puis à Ramallah, la manière dont le procureur de la CPI présente la situation ne semble pas avoir beaucoup évolué. Ainsi, s'agissant de l'attaque du 7 octobre, le procureur affirme :

Les attaques perpétrées contre des civils israéliens innocents (…) constituent des crimes au regard du droit international qui sont parmi les plus graves, de ceux qui heurtent la conscience humaine.

S'agissant de l'offensive à Gaza, il insiste plutôt sur la difficulté du combat pour Israël :

Les combats qui se déroulent dans des zones densément peuplées, qui permettent aux combattants armés de se cacher parmi la population civile, sont par nature complexes, mais ils n'en restent pas moins régis par le droit international humanitaire, dont les règles sont connues de l'armée israélienne.

Nous sommes donc en présence d'une approche singulièrement orientée, où les actes du Hamas semblent déjà qualifiés, où l'enquête semble d'abord engagée en faveur des victimes israéliennes, au soutien d'un État qui n'a, pas plus que les États-Unis ou l'Ukraine, ratifié le traité de Rome. Et ceci alors même que l'État d'Israël dispose d'un appareil répressif, qu'il emploie d'ailleurs extensivement.

Dans le discours du procureur, en revanche, l'offensive à Gaza est rendue « complexe » par le comportement de groupes combattants perturbant l'action d'une armée professionnelle bien au fait du droit international humanitaire. Ce biais désolant est rendu encore plus visible/risible par la récente ordonnance de la Cour internationale de justice, qui n'a pas hésité à citer les déclarations à caractère génocidaire des responsables israéliens de l'offensive sur Gaza, déclarations déjà connues au moment où le procureur de la Cour pénale internationale s'est exprimé dans la région.

Le long refus d'enquêter

Les positions du procureur témoignent de l'évolution des influences qui s'exercent au sein de cette organisation. Le britannique Karim Khan s'est en effet d'abord illustré par le renoncement en 2021 à une enquête sur l'activité des agents des États-Unis et de ses alliés européens en Afghanistan3. Plus récemment, les États-Unis, qui ne sont pourtant pas partie au statut de Rome, ont offert leur aide s'agissant de l'enquête sur la Russie, et ont alimenté, à la Cour, un fonds spécial dédié à celle-ci4. Cet État non partie est donc désormais présent dans le système de Rome comme passager clandestin généreusement accueilli, ce qui pose des questions tant politiques que juridiques. Cette participation de facto des États-Unis succède d'ailleurs immédiatement — rappelons-le — à leur opposition violente à la CPI, qui est allée jusqu'à sanctionner certains acteurs majeurs de l'organisation en 2020.

Mais par-delà ce contexte très récent, il est bien connu que les procureurs successifs de la CPI n'ont jamais été enclins à enquêter sur les crimes commis en Palestine5. Saisi par la Palestine en 2009 à l'occasion de l'opération « Plomb durci » sur Gaza, le procureur a refusé d'enquêter en mettant en avant le statut incertain de la Palestine. Saisi ensuite par l'État des Comores en 2013 de l'attaque contre un navire de la flottille humanitaire pour Gaza battant pavillon comorien, le Mavi Marmara, le procureur a de nouveau refusé d'enquêter. Il affirmait que les crimes commis n'étaient pas d'une gravité suffisante pour relever de la juridiction de la Cour. Cette position, contestée par les Comores, a aussi été durement critiquée par les juges de la Cour dans une séquence caractérisée par une sorte de bras de fer avec le procureur. Finalement, la Palestine, devenue un État partie au Statut de Rome en 2015, a pu demander de nouveau en 2018 une enquête sur la situation se déroulant sur son territoire. Mais, encore une fois, le procureur n'a pas jugé urgent d'agir et n'a ouvert une enquête qu'en 2021.

Aussi, en dépit des nombreuses enquêtes ou rapports des Nations unies et d'organisations non-gouvernementales6, la CPI a fermé les yeux sur la Palestine pendant plus de dix ans. Ses procureurs ont, à cet égard, une responsabilité morale dans l'aggravation de la situation, leur politique d'inactivité ayant probablement accru un sentiment d'impunité. Cette politique pénale orientée suscite aujourd'hui des réactions de la part de certains États parties au Statut de Rome. Ces réserves apparaissent clairement dans les demandes d'enquêtes dont la CPI a été récemment saisie. Ce sont d'abord 5 États (Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie, Comores, Djibouti) qui ont officiellement demandé au procureur, le 17 novembre 2023, une extension de l'enquête pour couvrir, notamment, les allégations de génocide à Gaza. Deux autres États, le Chili et le Mexique, ont fait la même démarche le 18 janvier 2024. Aussi, la confiance que l'on peut avoir dans l'activité de la CPI relative à la Palestine doit rester très mesurée ; cette activité constituera certainement un test pour une institution qui paraît à la dérive.


1Assemblée générale, résolution 77/247 du 30 décembre 2022 (A/RES/77/247).

2S'agissant de l'Afrique du Sud, CIJ, avis consultatif du 21 juin 1971 ; s'agissant d'Israël, CIJ, avis consultatif du 9 juillet 2004 ; s'agissant du Royaume-Uni, CIJ, avis consultatif du 25 février 2019.

3Stéphanie Maupas, « Le procureur de la CPI suspend l'enquête sur les tortures dans les prisons secrètes de la CIA », Le Monde, 28 septembre 2021. Cette enquête était pourtant autorisée par les juges de la Cour : CPI, Chambre d'appel, 5 mars 2020, n° ICC-02/17 OA4.

4Rafaëlle Maison, « Quelles poursuites internationales des crimes commis en Ukraine ? », Confluences Méditerranée, 2023/3, pp. 61-74.

5Triestino Mariniello, « The situation in Palestine : Seeking for Justice, a Chimera ? », Confluences Méditerranée, 2023/3, pp. 135-153.

6S'agissant de Gaza, voir Norman G. Finkelstein, Gaza, An Inquest into its Martyrdom, University of California Press, 2018.

Le calcul russophobe de Macron pour se maintenir au pouvoir

Emmanuel Macron enchaîne les déclarations russophobes. Leur sincérité est peu probable: naguère l’homme se plaignait de “l’Etat profond” (français) qui l’empêchait de dialoguer sereinement avec Vladimir Poutine. Il y a deux ans, il essayait de jouer les médiateurs avec la Russie. La raison du prurit russophobe du président français est purement intérieure. Emmanuel Macron espère polariser une n-ième fois, en se posant comme le rempart contre l’arrivée au pouvoir de la “très poutinienne” Marine Le Pen.

Emmanuel Macron enchaîne les déclarations russophobes. Ici, au Salon de l’Agriculture:

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Pénurie de médicaments : impuissance du gouvernement malgré une nouvelle feuille de route

Depuis quelques années, la France a connu un problème d’approvisionnement en médicaments indispensables. Ce mercredi 21 février, le gouvernement a présenté une nouvelle feuille de route pour 2024 à 2027 pour lutter contre les pénuries de molécules. Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus critiques en France. Le constat est pourtant clair, nous avons surtout reculé de la 1ère à la 4è place européenne en seulement 15 ans. Notre production perd énormément en qualité, puisque nous n’avons pratiquement plus de recherche et de développement dans ce secteur.

En plus des crises déjà existantes, l’Europe est confrontée à une pénurie de médicaments. Il ne s’agit pas seulement de la production de certaines molécules à forte intensité de main-d’œuvre, mais de médicaments de base qui devraient figurer dans chaque trousse de premiers soins – comme le paracétamol et les antibiotiques. Leur absence peut affecter de manière significative la santé publique. Plusieurs mesures techniques devraient être prises pour faire face à la situation.

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Mayotte : Quand Macron et Darmanin font du Le Pen

Soumise depuis plus d'un siècle et demi à des traumas colonialistes infligés par Paris, l'île de Mayotte devrait connaître une « révision  constitutionnelle » : la fin du droit du sol. Au nom […]

The post Mayotte : Quand Macron et Darmanin font du Le Pen appeared first on Investig'action.

Le complexe militaro-industriel est le grand gagnant : les dépenses du Pentagone nous privent de notre avenir

2023 a été une année marquée par des conflits dévastateurs, de l’invasion de l’Ukraine par la Russie aux terribles attaques terroristes du Hamas contre Israël, du massacre aveugle d’Israël à Gaza à la guerre civile dévastatrice au Soudan. Et il est fort probable que la situation soit encore pire cette année. Pourtant, il y a un grand gagnant dans cette avalanche de violence, de souffrance et de guerre : le complexe militaro-industriel américain.

Source : Tom Dispatch, William D. Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

En décembre, le président Biden a signé une autorisation record de 886 milliards de dollars de dépenses de « défense nationale » pour 2024, y compris des fonds pour le Pentagone proprement dit et des travaux sur les armes nucléaires au ministère de l’Energie. Si l’on ajoute à cela des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour une probable aide militaire d’urgence à l’Ukraine et à Israël, ces dépenses pourraient bien dépasser les 900 milliards de dollars pour la première fois cette année.

Entre temps, le programme d’aide militaire d’urgence de plus de 100 milliards de dollars de l’administration, qui n’a pas été adopté par le Congrès le mois dernier, est susceptible de passer sous une forme ou une autre cette année, tandis que la Chambre et le Sénat sont presque assurés d’ajouter des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour des projets de « défense nationale » dans des États et des districts spécifiques, comme cela s’est produit au cours de deux des trois dernières années.

Bien entendu, avant que l’argent ne commence à être versé, le Congrès doit adopter une loi de finances pour l’année fiscale 2024, afin de permettre à cet argent d’être dépensé. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Chambre des représentants et le Sénat se sont en effet mis d’accord sur un accord provisoire pour signer les 886 milliards de dollars autorisés en décembre. Une version de ce financement à hauteur de mille milliards de dollars pourrait donc bientôt voir le jour. (Si l’on se fie aux pratiques passées, plus de la moitié de cette somme pourrait aller directement aux entreprises, grandes et petites).

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Vers un défaut de paiement de la France ? par Florent Machabert

Par : Rédaction

L’info de la semaine- On sait où passe notre pognon ! …. Dans notre débat économique de la semaine qui fait écho à la rubrique que nous dédions mensuellement aux finances publiques dans Finance & Tic, nous avons abordé avec Eric la question des colossales dépenses des pouvoirs publics en France : médaille d’or des prélèvements obligatoires (cotisations sociales, impôts & taxes) qui représentent près de 46% de notre PIB (soit 4 pts au-dessus de la moyenne des pays de l’UE et 12 pts au-dessus de la moyenne de l’OCDE), la France n’en a pas moins enregistré un déficit public de plus de 173 Mds € en 2023, soit presque autant qu’en 2020 en pleine pandémie, où la croissance s’était pourtant repliée de 7,7% ! Si en 2023 ni la croissance du PIB (+0,9%), ni les encaissements de TVA (tristement) dopés par l’inflation n’ont donc suffi à résorber le déficit, c’est que notre pays vit très largement au-dessus de ses moyens : sur les quelque 1 600 Mds € de dépenses publiques annuelles, 53% (850 Mds €) financent notre système de protection sociale, ce qui conduit à verser une moyenne annuelle de 12 500 € de prestations sociales par habitant (dont une majorité pour notre retraite et notre santé…), soit 20% de plus que la moyenne des pays de l’UE, mais moins que d’autres pays (l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, etc.) qui pressurent pourtant (bien) moins leurs contribuables.

Notre dépense publique, et notamment sociale, manque donc cruellement d’efficacité. Les autres postes de dépense sont, eux, loin derrière : 250 Mds € pour les collectivités territoriales, 110 Mds € pour l’enseignement (scolaire et supérieur), 55 Mds € d’intérêts de la dette… et près de 150 Mds € de dépenses de personnel (salaires nets des presque 6 millions de fonctionnaires d’Etat, territoriaux ou hospitaliers). Avec 15% des aides sociales alors qu’elle représente moins d’1% de la population mondiale, la France ne doit-elle pas élaguer un peu ?

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Une page censurée de la révolution algérienne

Revenant sur l'épisode de la censure d'un numéro du journal Révolution Africaine en août 1965, Christian Phéline montre comment le régime algérien a, très tôt, combattu une partie de l'héritage de la guerre de libération nationale, pour asseoir l'ascendance du militaire sur le civil.

Le 21 août 1965, Révolution Africaine, l'un des deux journaux du Front de libération nationale (FLN), le parti au pouvoir en Algérie, affiche à la une la photographie d'un combattant agenouillé derrière un parapet, qui tire avec son fusil sur un ennemi invisible. À un jour près, l'hebdomadaire célèbre le dixième anniversaire du sanglant soulèvement populaire du 20 août 1955 survenu dans le Nord-Constantinois. Rien de très habituel dans la commémoration d'un événement iconique de la lutte de libération nationale. Sauf que moins de 24 heures plus tôt, la couverture du journal et sa « cover story », déjà bouclées, étaient consacrées à un tout autre anniversaire : celui de la « plateforme de la Soummam » adoptée en août 1956 par un mini-congrès, qui scelle les grands principes de la révolution algérienne1.

Auteur de plusieurs ouvrages distingués sur l'Algérie coloniale, Christian Phéline passe pour la première fois la frontière de 1962, date de l'indépendance des trois « départements français », pour s'attaquer à un épisode postérieur, largement oublié : le remplacement en quelques heures d'un sujet par un autre à la une d'un journal important. Amar Ouzegane, à l'époque directeur de Révolution africaine, reconnait pour la première fois dans l'article phare être le principal rédacteur de la plateforme de la Soummam. Il met en scène la découverte récente du manuscrit sous le carrelage vieilli d'une masure dans le vieux quartier d'Alger, la Casbah : un texte de 77 pages écrites à la main sur un cahier d'écolier. En quelques heures, les agents de la Sécurité militaire, la police politique du nouveau régime né du coup d'État militaire du 19 juin 1965 qui a renversé le président Ahmed Ben Bella, bloquent la rédaction, éloignent son directeur, isolent l'imprimerie et récupèrent les 20 000 exemplaires déjà imprimés.

Civils et militaires

Personne ne s'en aperçoit. Cette supercherie réussie traduit la peur des militaires devant un texte qui, au contraire du nouveau régime, pose la prééminence des civils sur les soldats dans la hiérarchie politique de l'Algérie nouvelle. Elle montre aussi leur méfiance à l'égard de son auteur, Amar Ouzegane, ancien secrétaire général du Parti communiste algérien, devenu partisan de l'amalgame entre islam et socialisme, connu pour son savoir-faire politique et son ambition de jouer un rôle sur la scène de l'Algérie indépendante. Avant même l'indépendance et après la signature du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, l'armée des frontières fait sentir sa force en quelques semaines et écrase un à un ses rivaux dans la course au pouvoir. Après l'indépendance, ce sont une à une toutes les institutions, de l'université aux syndicats, en passant par les ONG et les mosquées, qui sont épurées et « redressées » par la police politique de Ben Bella, puis celle de Houari Boumédiène, toutes deux soumises aux militaires.

Un demi-siècle plus tard, le spectre de la Soummam revient en force dans l'actualité. Pendant un an, chaque vendredi, des centaines de milliers d'Algériens défilent dans les rues de la capitale, et plus irrégulièrement dans les autres villes du pays. Ils scandent un slogan en faveur d'un « État civil et non militaire » qui reprend le principe de la plateforme de la Soummam relatif à la prééminence du civil sur le soldat. Un scandale pour le chef d'état-major qui assume alors tous les pouvoirs. Dans une postface éclairante, Mohammed Harbi, historien majeur et militant, qui fut directeur de Révolution africaine après Ouzegane, explique les conditions difficiles dans lesquelles se débattaient les tenants d'une ligne politique plus ouverte et progressiste, à la fois avec le président Ben Bella désireux de se renforcer, et contre l'armée qui pesait de tout son poids. Ce livre précis et documenté montre bien que la fossilisation idéologique et politique du système algérien ne date pas d'hier.

#

Christian Phéline
Pierre Feuille ciseaux ! Alger, 20 août 1965. La discrète mise au pas de Révolution africaine
Éditions du Croquant
Décembre 2023
140 pages
20 €


1Le congrès de la Soummam est un congrès du FLN qui s'est tenu dans la clandestinité pendant la guerre de libération algérienne, organisé du 13 au 20 août 1956 au village d'Ifri, dans l'actuelle commune d'Ouzellaguen en Algérie.

40 ans après “L’Heure de vérité”: l’héritage paradoxal du lepénisme

J’ai pris le temps de revoir, quarante ans après, “L’Heure de Vérité” qui lança définitivement Jean-Marie Le Pen et et le Front National. C’était le 13 février 1984. Occasion de se poser la question de l’héritage du lepénisme. Pas seulement pour constater que le Rassemblement National est devenu la première force politique de France. Mais aussi pour constater que l’hostilité soigneusement entretenue de la caste au pouvoir à Jean-Marie Le Pen a été le prétexte d’un renoncement généralisé, d’une fragilisation du pays, aujourd’hui exposé à toute une série de dangers, dont certains sont, de mon point de vue, bien plus dangereux que l’immigration dénoncée par le fondateur du Front National en 1984.

C’est un document d’histoire. Mais l’Heure de Vérité du 13 février 1984 est à bien des égards saisissante d’actualité. Et ceci non seulement parce que l’un des intervieweurs de Jean-Marie Le Pen, Alain Duhamel, sévit toujours sur les plateaux de télévision, symbolisant le vide intellectuel de la France giscardienne devenue macroniste.

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Québec: le tribunal administratif donne raison à un salarié non vacciné suspendu

Le Tribunal administratif du travail du Québec a finalement statué en faveur d’un salarié non vacciné placé en congé sans solde pour une période indéterminée. Ce dernier a refusé de faire un test de dépistage supplémentaire. Selon le tribunal, c’est un congédiement déguisé et que l’employeur a « abusé de son droit de gestion ». Le tribunal a ordonné la réintégration du salarié.  

Au Québec, un travailleur non adéquatement vacciné contre le COVID-19, préférant les tests de dépistage rapide, a été mis en congé sans solde pour une durée indéterminée par son employeur. Cependant, cette mesure a été jugée comme un congédiement déguisé par le Tribunal administratif du travail.

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Poutine, Tucker Carlson et les bananes

La Russie de Poutine sera privée de bananes, considérées là-bas comme une source importante et peu chère de vitamines et de protéines. C’est le surprenant effet indésirable du transfert par l’Équateur aux États-Unis de six systèmes de missiles anti-aériens Osa-AKM, qui devraient ensuite être transférés à l’Ukraine. En contrepartie, les États-Unis fourniront à l’Équateur de nouveaux systèmes de défense aérienne américains, accompagnés d’une formation, d’un soutien, de pièces de rechange et d’une assistance technique continue.

En effet, pour contourner le refus des Républicains de voter une enveloppe d’aide à l’Ukraine, Joe Biden cherche partout sur la planète des armements qui pourraient être livrés au pays victime de la barbarie de Poutine, en les faisant transiter par les États-Unis.

Mais… Quel rapport avec les bananes ? 

Le rapport, c’est la stupidité des dirigeants russes qui, à l’annonce de cette information, ont décidé de boycotter l’Équateur qui était jusqu’alors leur principal, sinon l’unique fournisseur (92 à 98 %) de ce fruit dont la forme fait penser à un boomerang allongé.

Comble de l’hypocrisie, le Kremlin a « envoyé Rosselkhoznadzor, son service de contrôle phytosanitaire, vérifier la prochaine livraison de bananes de cinq grandes entreprises agricoles équatoriennes et y a trouvé une mouche à bosse polyphage. »

La Russie espère pouvoir se tourner vers l’Inde, mais les prix ne seraient pas aussi avantageux et rien n’est sûr au niveau des quantités.

Il est vrai cependant que la Russie dispose de milliards de roupies dans les coffres de New Delhi, produits de la vente de pétrole, dont elle ne sait que faire, à cause de l’inconvertibilité en dollars américains des deux devises.

Et la banane est aussi un sujet sociologique en Russie, rien de mieux pour le comprendre que de lire ce qu’un Russe en pense sur Télégram, avec un humour réaliste :

« Le problème ici, ce sont les bananes. Pour les Russes, elles sont devenues un produit de base. L’une des sources les plus accessibles non seulement d’énergie, mais aussi de vitamines et de minéraux. Du calcium, du fer.

L’autre aspect du problème est socio-économique. Pour des segments importants de la population, la banane reste le mets délicat et le dessert le plus abordable. Les ananas et les mangues, vous le savez, sont plus chers, et les oranges le sont désormais aussi. Il s’avère donc que pour les couches sociales les moins riches, la banane la plus ordinaire est le symbole d’un succès minime. Puisque vous pouvez vous permettre une banane, cela signifie que vous n’êtes pas un complet perdant ni un mendiant. »

La liste des pénuries alimentaires va s’allonger pour le pauvre peuple russe opprimé : œufs, viande de bœuf et de poulet, et maintenant bananes.

Sans parler des berlines allemandes, françaises ou japonaises dont ils étaient si fiers de se porter acquéreurs. Pendant ce temps, l’Ukraine inonderait l’Europe de ses poulets et de ses œufs à des prix imbattables. Un comble ! Mais elle ne produit pas encore de bananes.

 

Tucker Carlson, le trumpiste poutiniste

Le célèbre chroniqueur trumpiste expert en fakes et en provocation, qui était arrivé en Russie pour interviewer le maître du Kremlin, n’est pas le bienvenu pour une partie des Russes, qui s’en émeuvent sur les réseaux sociaux, tandis que les ultranationalistes plus fascistes que Poutine lui-même – on peut se demander comment c’est possible – se réjouissent par avance du tort de ce que son travail de sape pourrait faire à Joe Biden.

« Et pourquoi un tel amour pour ce colporteur de faux de haut vol, qui a été licencié de Fox News pour des dommages s’élevant à un milliard de dollars, précisément à cause d’allégations mensongères » s’interrogent les Russes raisonnables, ceux qui ont su préserver leur esprit des ravages de la propagande institutionnelle orchestrée par le FSB ex-KGB.

Le Kremlin a confirmé que Carlson avait bien rencontré le dictateur russe, Poutine ne pouvant bien sûr pas rater cette occasion de faire un pied de nez à l’adversaire de son allié objectif, Donald Trump.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré que les médias occidentaux n’essayaient même plus de paraître impartiaux dans leurs reportages sur la Russie, et qu’ils n’avaient plus envie de communiquer directement avec de tels médias.

Il est vrai qu’en matière d’impartialité, la Russie de Poutine coche toutes les (mauvaises) cases.

Le trublion du paysage médiatique américain a annoncé qu’il publierait son interview le 9 février sur son site internet.

Par ailleurs, Carlson prévoit de se rendre à Kyiv pour réaliser une interview, car selon lui, « toutes les interviews précédentes du dirigeant ukrainien avec les médias américains n’étaient pas du journalisme, mais de la propagande. »

À moins qu’un mandat d’arrêt ne soit opportunément lancé… Mais l’Union européenne ne semble pas l’envisager.

L’Arménie adhère à la Cour pénale internationale

armenie cpi

armenie cpiL’Arménie est officiellement devenue membre de la Cour pénale internationale (CPI) jeudi. Moscou avait précédemment qualifié d’inacceptable la ratification par

L’article L’Arménie adhère à la Cour pénale internationale est apparu en premier sur STRATPOL.

Sur Radio-France, Sibyle Veil prise en flagrant délit de conflit d’intérêts sionistes

Comment diriger un groupe public d’informations aussi puissant que Radio-France en toute impartialité quand l’actualité concerne Israël, quand le donneur d’ordres final (le Président de la République) est un copain de promotion à l’ENA et accessoirement “l’autorité de nomination” qui prend et fait et cause pour l’un des belligérants, et quand on est la nièce par alliance du nouveau président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ? Eh bien, en écrivant à tous les salariés, journalistes compris, pour le demander de se censurer à titre privé, au nom de la liberté de la presse, bien entendu. Nous publions ici le mail que Sibyle Veil, patronne de Radio-France, a écrit à ses subordonnés le 6 novembre pour leur demander de ne pas la ramener sur le génocide palestinien désormais ouvertement évoqué par la Cour Internationale de Justice.

Sibyle Veil, née à Langres, en Haute-Marne, diplômée de Sciens-Po Paris, ancienne élève de l’ENA, dont elle est sortie conseillère d’Etat, dans la même promotion que l’inspecteur des Finances Emmanuel Macron, est née Petitjean et a épousé l’un des petits-fils de Simone Veil, Sébastien, lui-même camarade de promotion à l’ENA, et camarade d’Emmanuel Macron au lycée Henri-IV. Décidément, le monde est petit, et la macronie ressemble à un entre-soi très huppé.

Au titre de cette union, Sibyle Veil est devenu la nièce de Pierre-François Veil, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, association reconnue d’utilité publique, donc bénéficiant d’avantages fiscaux qui servent notamment à financer Conspiracy Watch, l’organe de flicage en mode régime de Vichy qui fiche tous les opposants à la macronie et leur salit leur réputation à l’ombre d’un pouvoir qui rappelle sur ce point les heures les plus sombres de notre histoire.

Le conflit en Palestine, que la Cour Internationale de Justice vient d’évoquer comme un génocide, supposerait, compte tenu de ses conflits d’intérêt, que la présidente de Radio-France se déporte et s’abstienne de toute intervention. Loin de ce principe de prudence, cette bonne élève de la macronie, à l’image de ses petits camarades, ne criant pas l’excès et la violation élémentaire des principes démocratiques. Elle n’a pas hésité à restreindre la liberté d’expression de ses salariés, y compris à titre privé, en leur écrivant :

Je vous écris aujourd’hui pour vous dire que cette exigence de responsabilité, de rigueur et de modération ne peut pas s’arrêter aux portes de nos rédactions, au risque de porter atteinte à tout le travail qui est fait. Elle s’impose à chaque salarié de Radio France, y compris aux humoristes. Ce n’est pas entraver la liberté d’expression et le droit à la caricature – auxquels nous sommes très attachés – que d’appeler au discernement. (…) Chacun doit être solidaire de l’intérêt général, doit exercer son métier dans le respect de nos valeurs, sans porter préjudice au service public et à sa vocation universelle. Quand ce n’est pas le cas, des sanctions sont légitimes et sont prises. L’ensemble des obligations déontologiques auxquelles chacun est tenu, en vertu du règlement intérieur ou de son contrat de travail, sera rappelé dans les prochains jours.

Sibyle Veil

Bref, vous avez le droit de tout dire à titre personnel, sauf quand ça concerne Israël. Miam, miam, le service public. Une douce odeur de Radio Paris flotte sur Radio France.

Bonjour 👋
Ravi de vous rencontrer.

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Pénuries d’antibiotiques : les difficultés d’approvisionnement se sont accrues en 2023

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a récemment annoncé une amélioration progressive de l’approvisionnement en amoxicilline et en amoxicilline-acide clavulanique, en particulier pour les présentations pédiatriques. Cependant, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a déclaré que cette amélioration de l’approvisionnement n’est pas encore perceptible sur le terrain.

Vendredi, dans un communiqué de l’ANSM, elle a annoncait que la situation concernant l’approvisionnement en amoxicilline et en amoxicilline-acide clavulanique s’améliore graduellement sur l’ensemble du territoire français, notamment pour les formulations pédiatriques. Cependant, des tensions persistent dans les pharmacies, en particulier pour les présentations à 250 mg/ml et 500 mg/ml, ainsi que des ruptures de stock chez les grossistes, bien que l’industrie pharmaceutique maintienne une bonne couverture. Pour rappel, durant le Covid, selon une étude, dans nombreux pays, les antibiotiques étaient couramment prescrits aux patients atteints de Covid. On sait que dans de nombreux pays ayant traité, d’abord à l’hydroxychloroquine puis à l’ivermectine, associées à un antibiotique comme l’azithromycine, l’épidémie était parfaitement contrôlée et même quasiment terminée.

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Le patron de TOTAL vous explique que la fin est pour 2030 ou presque !

Le patron de Total Energies a lâché une bombe sans s’en rendre compte ou sans faire exprès et personne, ou presque, n’a relevé l’importance de la sortie du président de Total. Il nous a expliqué que la première échéance compliquée allait être 2030, date à laquelle d’ailleurs, l’Arabie-Saoudite n’aura plus de pétrole à extraire pour alimenter le monde.

L’article Le patron de TOTAL vous explique que la fin est pour 2030 ou presque ! est apparu en premier sur Strategika.

Censure de la loi immigration: Marine Le Pen repousse l’heure de vérité

Marine Le Pen a publié un communiqué astucieux en réponse à la censure d’un tiers de la loi immigration par le Conseil Constitutionnel. Se gardant de mettre en cause le Conseil, elle attribue la censure au travail bâclé du gouvernement. Et elle donne rendez-vous aux Français, pour un référendum, qu’elle organiserait dès son éventuelle élection à la présidence. C’est malin, mais n’est-ce pas éluder l’obstacle européen?

Marine Le Pen a répondu de manière astucieuse à la censure d’une partie importante de la loi par le Conseil Constitutionnel.

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Le Parti communiste tunisien. Peser sans les masses

L'histoire du Parti communiste tunisien est celle d'un éternel tiraillement : d'abord entre son origine coloniale et son ancrage « indigène », ensuite entre une adhésion au socialisme bourguibien et un anti-impérialisme farouche. Pourtant, cette formation a été présente à tous les rendez-vous importants de l'histoire du pays.

En 1993, disparaît en Tunisie le plus ancien parti communiste du monde arabe, qui change cette année-là de nom pour devenir Ettajdid (le Renouveau), et inclure en son sein des personnalités non communistes affiliées à la mouvance dite progressiste. Depuis cette date et surtout depuis la révolution de 2011, ce parti a prolongé son existence sous des avatars successifs, mais sans plus peser sur la vie politique tunisienne, ni même sur la recomposition d'une gauche en déshérence.

Certes, le parti communiste n'a jamais été en Tunisie une formation de masse et n'a réuni dans ses moments les plus fastes que quelques milliers de militants sous sa bannière. Mais il a eu, à de nombreux moments de l'histoire du pays, une influence allant au-delà de l'engagement de ses seuls membres, malgré les contradictions et les ambigüités de ses positionnements politiques, dus en grande partie à sa dépendance vis-à-vis du Parti communiste français.

Né dans le sillage du PCF

Dès le lendemain du Congrès de Tours est créée en 1921 une Section fédérale de l'Internationale communiste de Tunis (SFIC de Tunis). Bien que cette première mouture du parti ait vu le jour à l'initiative de militants français, elle souscrit pleinement à la huitième condition de l'adhésion à la IIIe Internationale : le soutien à tout mouvement d'émancipation dans les colonies et la lutte contre toute oppression des peuples coloniaux. Car la Régence de Tunis est un protectorat français depuis 1881, où la puissance occupante s'est arrogé tous les pouvoirs, s'appropriant les ressources agricoles et minières du pays.

La longue histoire du PCT peut être divisée en deux périodes : de sa création à l'indépendance en 1956 où les principaux clivages en son sein résident dans le positionnement par rapport à la lutte de libération nationale et l'alignement sur la politique soviétique, puis de l'indépendance à sa disparition progressive après 2011.

Tout au long des années 1920, le PC travaille à sa « tunisification », selon le terme de l'époque, et donc à renforcer son implantation dans les milieux indigènes. Jusqu'à l'indépendance, un de ses grands problèmes - exploité par le mouvement nationaliste afin de le délégitimer - aura été en effet d'effacer son image de formation, où les Français de la colonie et les Tunisiens juifs occupent une place prépondérante sans être pour autant majoritaires en nombre.

En 1924, le parti participe à la création du premier syndicat tunisien, la CGTT (Confédération générale des travailleurs tunisiens), à laquelle sont hostiles à la fois le Destour, parti nationaliste créé en 1920, qui craint un éparpillement du mouvement national, et l'Union départementale de la CGT (UD-CGT) qui accuse la nouvelle centrale de diviser les rangs ouvriers. La CGTT est rapidement interdite par les autorités du protectorat, son principal dirigeant Mohamed Ali El Hammi condamné au bannissement avec Jean-Paul Finidori, son camarade à la tête de la formation communiste. Jusqu'à la crise de 1929 qui a des répercussions sociales catastrophiques dans la régence, le PC est cantonné à une relative léthargie du fait de la répression dont il est l'objet. C'est avec l'arrivée au pouvoir du Front populaire en mai 1936 qu'il retrouve de la vigueur et prend la tête de nombreux mouvements de grève qui agitent alors le pays.

Tunisification et division

L'année 1936 est également l'année où le parti parvient à s'affranchir partiellement du PCF et prend le nom de Parti communiste tunisien. Il nomme à sa tête Ali Jrad, un de ses principaux dirigeants. Dès lors, deux tendances vont s'y affronter jusqu'au début des années 1950 : l'une attachée à suivre en tous points les positions du PCF dont on sait l'ambigüité et les retournements successifs sur la question coloniale, et l'autre voulant donner la priorité à la libération nationale, quitte à s'allier pour ce faire à certaines tendances du Néo-Destour, parti créé par Habib Bourguiba en 1934. La ligne « nationale » se renforce à partir de 1936 avec l'arrivée en Tunisie de dirigeants communistes italiens ayant fui le régime mussolinien et plus sensibles que leurs homologues français aux ravages causés par l'oppression coloniale.

Mis en sommeil par la Seconde guerre mondiale, l'affrontement entre ces deux lignes reprend toutefois dès son achèvement. Durant cette période, le PCT a été la seule formation politique à mener une lutte clandestine, d'abord sous le régime de Vichy, puis sous l'occupation allemande du pays de novembre 1942 à mai 1943. La divergence devient si profonde qu'Ali Jrad, soucieux de donner la priorité au combat pour l'indépendance, est exclu en 1948 au profit d'une mainmise sur l'appareil de la tendance inféodée au PCF.

Plus généralement, à partir de 1947, les nationalistes et les communistes se retrouvent dans les deux camps opposés de la guerre froide. Farouchement anticommuniste, Bourguiba a choisi d'arrimer son mouvement à l'Occident, tandis que les seconds privilégient la lutte contre l'impérialisme américain, seule cible de leur propagande jusqu'en 1950. Mais la lutte pour l'indépendance ayant connu une accélération depuis 1945 et avec l'évolution du contexte international, les communistes sont contraints à partir de cette date de s'y rallier enfin sans réserve et subissent, comme les destouriens, les foudres de l'autorité coloniale.

Avec les femmes et les syndicalistes

Paradoxalement, c'est durant cette période que le PCT connaît son apogée. Bien implanté dans quelques bastions ouvriers, en particulier chez les mineurs et les dockers, il participe à toutes les revendications qui prennent de l'ampleur à cette époque. Depuis la transformation de l'UD-CGT en Union syndicale des travailleurs tunisiens (USTT) passée sous le contrôle des communistes, ce syndicat mène de nombreuses actions communes avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) pourtant située dans le camp opposé, puisqu'elle est une composante centrale du mouvement national, mais sans oublier pour autant sa dimension syndicale. Cette collaboration dure jusqu'en décembre 1952, date de l'assassinat du leader de l'UGTT, Farhat Hached, par un commando affilié à la Résidence française. Ce dernier disparu, la centrale nationale passe en effet sous le contrôle direct du Néo-Destour, peu disposé à collaborer avec les communistes. Affaiblie, l'USTT parvient à exister jusqu'en 1956 mais décide après l'indépendance de s'autodissoudre et d'intégrer ses militants à l'UGTT.

Durant sa période faste, le PCT se dote également d'organisations de masse. Grâce à la création de L'Union des femmes de Tunisie et de L'Union des jeunes filles de Tunisie, il pénètre les milieux féminins. Mais, dans ce domaine aussi, la forte présence de femmes françaises et tunisiennes juives dont seul un petit nombre maîtrise la langue arabe, et la réputation sulfureuse du PC dans les milieux musulmans, ne leur permettent pas d'étendre leur influence. Les associations de femmes musulmanes proches du mouvement nationaliste demeurent hégémoniques dans la population féminine de la Régence.

Ce n'est qu'en 1957, un an après l'indépendance, que le PCT fait l'autocritique de ses positions antérieures. Il écarte de sa direction les derniers Français qui en faisaient partie et y intègre une jeune génération de militants, recrutés principalement dans les milieux intellectuels.

Commence alors une nouvelle phase de son histoire, marquée par sa marginalisation progressive. Le premier facteur de cette mise à l'écart est l'instauration dès 1956 d'un régime autoritaire sous la houlette de son chef Habib Bourguiba, décidé à réprimer toute contestation de sa pratique du pouvoir. En janvier 1963, le PCT est interdit, ce qui fait de la Tunisie un pays à parti unique de fait. Mais il est également contesté par une jeune génération d'étudiants plus radicaux vis-à-vis du régime, qui créent en 1963 le Groupe d'études et d'action socialiste tunisien (GEAST), plus connu par le nom de sa revue Perspectives.

« Soutien critique » d'un côté, anti-impérialisme de l'autre

Le PCT hésite alors sur la conduite à tenir. Depuis 1962, la Tunisie tente une expérience « socialiste » sous la direction du puissant ministre Ahmed Ben Salah qui procède à une collectivisation massive des terres agricoles et de l'ensemble de l'économie sous couvert de leur mise en coopératives, au point que le Néo-Destour prend en 1964 le nom de Parti socialiste destourien. Entrés dans une « semi-clandestinité » selon leur propre formule, les communistes apportent leur « soutien critique » à l'expérience en se définissant comme « une opposition constructive ». La planification et la création des coopératives seraient à mettre à l'actif du régime qui aurait ainsi choisi « une voie non capitaliste » de développement. Le parti la soutient jusqu'au bout malgré l'opposition générale qu'elle suscite et qui conduit Bourguiba à y mettre brutalement fin en septembre 1969.

De fait, c'est essentiellement dans le domaine de la politique étrangère que le PC s'oppose durant ces années au régime, dont l'arrimage à l'Occident ne cesse de se consolider. L'impérialisme américain est évidemment dénoncé avec vigueur. L'accent est mis sur la guerre que les États-Unis mènent au Vietnam puis, à partir de la défaite arabe de juin 1967, sur le soutien sans failles qu'ils apportent à Israël. Les communistes dénoncent aussi l'hostilité tunisienne vis-à-vis de l'Égypte de Nasser considérée comme un phare de l'anti-impérialisme au Proche-Orient. L'Égypte, l'Algérie, la Syrie, la Guinée, le Mali, la Tanzanie, Cuba, le Vietnam de Hô Chi Minh sont cités comme d'authentiques pays progressistes. Alors que les communistes critiquent l'autoritarisme bourguibien et réclament l'instauration chez eux d'un régime démocratique, ils ne font jamais mention de la répression des opposants qui caractérisent ces « pays frères ».

Le décalage de plus en plus grand entre les positions du PCT et les préoccupations de la population. Son alignement sur l'URSS alors que les jeunes mouvements étudiants s'en éloignent catégoriquement en font progressivement une formation marginale dans un arc politique qui connaît un début de diversification à partir du début des années 1980. C'est pourtant lui que le pouvoir décide de réautoriser en 1981, voulant atténuer son image autoritaire et estimant sans doute qu'il n'a rien à craindre d'une formation devenue quasiment groupusculaire.

Prenant acte de la disparition du bloc soviétique, le Parti communiste tunisien change de nom en 1993, et devient Ettajdid. Sous cette nouvelle appellation, il retrouve une popularité momentanée en présentant aux élections présidentielles de 2004 un candidat au nom de toute la gauche, face au président Zine El-Abidine Ben Ali. Néanmoins, le truquage du scrutin ne donne à Mohamed Ali Halouani qu'un score ridicule. Cette union de la gauche se fracasse en outre l'année suivante sur la question de l'alliance avec le mouvement islamiste Ennahda, susceptible aux yeux d'une partie de cette mouvance de renforcer la lutte contre la dictature. Ettajdid est le seul parti de gauche à refuser cette alliance scellée en octobre 2005 et tente de fédérer autour de lui des personnalités et des mouvements opposés à tout rapprochement avec les islamistes.

On aurait pu croire que la révolution de 2011 redonnerait un espace politique aux forces de gauche et en particulier aux héritiers du PC, regroupés au sein des nouveaux mouvements Al Qotb (Le Pôle) puis Al Massar (La Voie). Mais la victoire d'Ennahda aux élections de l'Assemblée constituante d'octobre 2011 a douché cet espoir. Le coup de grâce a été donné à ce qui restait du vieux parti quand plusieurs responsables d'Al Massar ont rejoint le parti Nidaa Tounes, fondé par le futur président Béji Caïd Essebsi au nom de la lutte contre les islamistes, ce qui s'est transformé en marché de dupes.

La naissance, la vie et la disparition du Parti communiste tunisien épousent les tribulations de l'ensemble du mouvement communiste international. Avec, comme pour de nombreux partis communistes du Sud, les impasses du communisme en situation coloniale, déchiré entre les injonctions — pas toujours identiques — de Moscou et des partis métropolitains, et les aspirations à la libération nationale des masses locales. S'il n'a eu qu'une influence modeste sur le cours de l'histoire tunisienne, le PCT a fait partie de l'aventure du marxisme en terre arabe et a laissé des traces malgré son effacement du paysage politique. Il est notamment le seul à avoir favorisé la mixité intercommunautaire et la distance par rapport à la norme religieuse, dont il a toujours contesté l'hégémonie. Aux historiens de mesurer ce qu'il en reste de cet héritage chez les Tunisiens d'aujourd'hui.

YEMEN & RED SEA … Open Thread, 12.01.2024

Par : AHH

Please use as an Open Thread for the new aggression on Yemen, especially those who lack Salon access. I will continue my updates there as that format better supports mixed media (writing, images, links, embedded YT videos, etc). Here: https://globalsouth.co/globalsouthforum/topic/west-asia-front-thread-10-jan-2024/

IMO, this new expansion of West Asian war shouldn’t immediately result in a conflagration. The Empire delivered a symbolic show last night, a mafia-posture demonstrating “resolve” and “demonstration of strength” to “deter the Houthi hordes” as if a school-teacher wielding a stick against unruly children (!!).

The desired switcheroo will not be accommodated. Incomprehensibly larger Victories ripen in Palestine, in the Hague, and in the court of global public opinion. The civilizational-states will ensure Yemenis and others of the Resistance Axis keep their Eyes on the Ball.

So the Resistance has its priorities and its own pace. They remain attuned to the Genocide of Gaza, which will NOT be taken off the screens and attention of mankind. Rather this is another well laid trap, as pointed out by dear Pepe.. In hindsight, everything unfolding has been gamed and played to a “T,” knowing the eternal profile and Cro-Magnon reflexes and primitive urges of the dying Anglo-Zionists!

It is absolutely riveting and shocking the exposure and total isolation of the Anglo-American elites, chained at the hip to the now universally abhorred and Pariah Zionists. Today is the Zionist “defense” against charges of Genocide at the ICJ in the Hague.

Yemeni retaliation, which is a given, and some has already been dealt, can be expected to be measured and muted so as not to distract public attention off their evisceration at the ICJ, along with the entire combined West, equally on Trial. Perhaps audiovisual documentation of last night’s retaliation will be subsequently publicised at the right moment, and so on. Many operations by other Resistance members were displayed later, sometimes weeks later as by Hezbollah and Iraqis. The horrifying Spectacle in Gaza was paramount.

The Focus will remain on Gaza, at all costs, including sucking up momentary indignities and deferring revenge, or publication of documented hits, so as not to play into the desperate need of their enemies to deflect attention from the Annihilation of Palestinians which they CANNOT halt at this point. The Zionists’ deranged eschatological timeline, with its extremely limited time-window, is being used so beautifully against them. Unable to retreat, they are invited ever deeper into total strategic loss.

Thus the overriding goal of the coordinated Resistance Axis is that the messianic Jews, and the implacably supportive Christian Zionist Anglo-American elite, be exposed in front of mankind as satanic anti-Human supremacists that require the extremely brutal solutions now underway. Even at cost of a portion of the dear Palestinians, willing to endure anyhow for Liberation, building the moral imperative for total action against the crazed is the supreme task. So it was in the eight years of patiently suffering the slower genocide in the Donbass by the same parties, which led to global recognition of the inherent justness of the SMO. These are the sad prices moral societies must pay for remaining moral whilst fighting absolute amoral madness.

The Russia-China strategic partnership played it beautifully.

Abstention at a UN Security Council vote on Yemen.

Desperate Hegemon falls into the trap.

Opens yet another war front against the Houthis – who are capable of resisting ANYTHING.

— Pepe Escobar (@RealPepeEscobar) January 12, 2024

History will register that on the same day that BRICS member South Africa's legal team eviscerated the apartheid Zionist Project in court, the Hegemon under Straussian neocon psychos bombed Yemen to change the narrative.

— Pepe Escobar (@RealPepeEscobar) January 12, 2024

Le vrai niveau de nos dépenses sociales

La DREES a publié le 14 décembre dernier une étude qui révèle, que pour la septième année consécutive, la France est championne européenne des dépenses sociales. Celles-ci représentent 32,2 % du PIB, alors que la moyenne des pays de l’OCDE se situe à 21 %.

Mais, dans le même temps, le taux de pauvreté augmente dans notre pays : entre 2004 et 2021 le nombre de pauvres (seuil à 50 % du niveau médian) est passé de 4,2 à 5,2 millions de personnes. Pourquoi nos dépenses sociales sont-elles aussi élevées ? Comment continuer à les financer ?

En janvier 2020, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, avait déclaré sur France 2 : « La France, à elle toute seule, représente 15 % des dépenses sociales dans le monde, alors qu’elle constitue 1 % de la population mondiale ». Les dépenses sociales seraient totalement démesurées, et ont atteint un tel niveau que le redressement des comptes sociaux est un souci permanent pour les pouvoirs publics.

Leur tâche est ardue : le journal Le Figaro du 13 décembre dernier titrait : « La dette de la sécu, prochain dossier explosif de l’exécutif ». Il faut donc examiner les chiffres avec raison, et procéder à des comparaisons avec l’étranger qui aient du sens. Nous en sommes, pour la dernière année connue, à 850 milliards d’euros, avec la ventilation  suivante :

Dépenses sociales, en 2022, en milliards d’euros

Pour financer ces dépenses, quatre types d’organismes interviennent :

  1. La Sécurité sociale publique
  2. Les régimes complémentaires
  3. L’UNEDIC
  4. L’aide sociale (État et départements)

 

La Sécurité sociale est au centre du dispositif. À elle seule, elle a en charge environ 80 % des dépenses sociales du pays. Cette année, le déficit de ses comptes s’élèvera à plus de 8,8 milliards d’euros, et on estime qu’il ne pourra qu’aller en s’aggravant : les experts évoquent probablement la somme de 17,5 milliards en 2027.

 

Le vrai niveau de nos dépenses sociales

Les organismes officiels expriment toujours les dépenses sociales des pays en pourcentage de leur PIB. Cette manière de procéder est relativement trompeuse, car se référer au PIB pour mesurer les dépenses sociales, c’est mesurer l’effort que consentent les pouvoirs publics pour faciliter la vie de leur population, faire « du social », et corriger les inégalités. En ce domaine, la France est le pays qui effectivement fait le plus de sacrifices. Son indice de Gini est d’ailleurs excellent.

Pour procéder à des comparaisons internationales correctes, il convient d’examiner les dépenses sociales calculées par habitant au regard du PIB/capita des pays (en dollars) :

Dépenses sociales/habitant et PIB/capita (Source : OCDE et PIB de la BIRD)

Ces chiffres montrent que les dépenses sociales françaises n’ont rien d’anormal : des pays moins riches ont des dépenses sociales par habitant beaucoup plus faibles ; et des pays beaucoup plus riches ont des dépenses bien plus élevées.

Les dépenses sociales françaises par habitant sont celles de pays aux PIB/capita 40 % à 50 % supérieurs au nôtre. En soi, elles ne sont pas anormales, c’est le PIB français qui est en cause, il est très en retard. Nos dépenses sociales ont augmenté au même rythme que dans les autres pays, sous la pression notamment des syndicats. Depuis de nombreuses années, l’économie française est en effet très poussive.

Référons-nous à une étude de la Division des statistiques des Nations Unies qui a examiné la façon dont les économies des pays ont évolué sur une longue période. L’étude a porté sur la période 1980-2017. Ci-dessous, les résultats pour quelques pays européens, en prolongeant les données de l’ONU jusqu’à la période actuelle, et en ajoutant le cas d’Israël, qui est exemplaire :

PIB/tête en dollars courants (Source : ONU, Statistics Division)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur toute cette période, les performances économiques de la France ont été déplorables.

Le PIB/capita aurait du être multiplié par au moins 4,2, ce qui aurait placé les dépenses sociales à 23,6% du PIB, soit à peine au-dessus de la moyenne OCDE qui se situe à 21 %.

Ces mauvaises performances économiques proviennent de l’effondrement du secteur industriel. En effet, nos dirigeants ont mal interprété la loi des trois secteurs de l’économie de Jean Fourastié dont le livre Le grand espoir du XXe siècle, avait connu à l’époque un succès considérable. Ils en ont conclu qu’un pays moderne donne la priorité aux activités tertiaires. Ils ont donc laissé se dégrader et se réduire le secteur industriel, voyant dans cet amenuisement le signe de la modernisation du pays.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, notre secteur industriel ne représente plus que 10 % du PIB, alors que celui de l’Allemagne ou de la Suisse sont à 23 % ou 24 %. La France est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, Grèce mise à part. La crise de la Covid-19 a permis la prise de conscience de la très grave désindustrialisation du pays. Il était temps. De toute part, il est à présent question de cette urgente nécessité.

 

De combien nos dépenses sociales sont-elles en excès ?

Une approche économétrique simple permet d’évaluer de combien les dépenses sociales sont en excès : elle consiste à se référer aux PIB /capita des pays que l’on prendrait comme variable explicative.

L’équation de la droite de corrélation indique que pour le PIB/capita qui est le nôtre aujourd’hui, les dépenses sociales par habitant devraient se limiter à 9976 dollars, alors que nous en sommes à 12 555 dollars, ce que permet, normalement, un PIB/capita de 40 963 dollars. L’excès de dépenses sociales françaises se chiffre donc à 175 milliards de dollars (soit 160 milliards d’euros). On en serait, alors, à un taux de 23,5 % de dépenses sociales par rapport au PIB, un taux tout à fait normal.

La Cour des comptes ne procède pas de cette manière. Elle semble ignorer les approches économétriques qui sont, pourtant, les plus valables pour effectuer des comparaisons internationales. Elle procède plutôt à partir de scénarios. Dans son rapport de juillet 2023 sur les dépenses publiques, elle énonce :

« Une action puissante sur les dépenses publiques est nécessaire […] ll faut trouver chaque année 12 milliards d’économies, soit un cumulé, d’ici à 2027, de 60 milliards ». Elle s’inquiète de ce que les pouvoirs publics paraissent incapables d’y parvenir.

Dans une note du 4 juillet 2023 l’iFRAP s’interroge : « Où sont les économies ? On aurait aimé que la Cour des comptes livre une liste concrète de pistes d’économies pour documenter les 60 milliards qu’elle identifie d’ici à 2027 ».

Nous en sommes donc à espérer une économie de 60 milliards d’euros sur l’ensemble des comptes publics pour les cinq prochaines années, en craignant que l’objectif soit inatteignable. Pour les seules  dépenses sociales, il faudrait rechercher 160 milliards d’euros d’économies !

En matière d’économies à faire sur l’ensemble des comptes publics de la Nation, les préconisations de la Cour des comptes sont totalement hors de proportion avec ce qu’il conviendrait de faire. Mais déjà craint-elle que ce soit trop en demander à l’exécutif.

La France est très loin de pouvoir ramener ses dépenses sociales à un niveau aligné sur celui des autres pays européens, elle n’en prend guère le chemin. Certes, ces dépenses sont extrêmement difficiles à comprimer, les réactions du public étant immédiates et violentes. Les pouvoirs publics ont en mémoire l’épisode des Gilets jaunes. Il faudra donc attendre que le PIB du pays progresse très fortement et bien plus rapidement que celui de nos voisins, un rêve utopique.

Sans doute, pour le moins, faudrait-il commencer par s’attaquer sérieusement aux fraudes sociales que le député Olivier Marleix, président des députés LR à l’Assemblée nationale, chiffre à 30 milliards d’euros. Ce serait la moindre des choses ! Ne rien faire, c’est laisser le pays continuer à s’endetter un peu plus chaque année. Les grandes agences de notation, qui dans leur dernière revue n’ont pas voulu faire reculer la France d’un cran, ont trop cédé aux propos lénifiants de Bruno Le Maire.

Pour Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis, la France a une bonne technique de gestion de la dette. Mais celle-ci est sans cesse en progression.

La France dépense autant pour sa protection sociale que les USA pour leur armée…

Hier, Démocrates et Républicains américains se sont mis d’accord sur une augmentation du plafond de la dette et sur une répartition des dépenses pour 2024. Cet accord vise à éviter une crise de shutdown en plein milieu de la campagne électorale. Il prévoit que le Pentagone bénéficiera d’un budget de 886 milliards $. Un chiffre à rapprocher singulièrement des dépenses de protection sociale en France : plus de 850 milliards €. Si la France transformait son budget social en armement, elle deviendrait la première puissance mondiale…

L’actualité permet parfois des rapprochements malencontreux, ou particulièrement révélateurs.

Ainsi, hier, on apprenait que Républicains et Démocrates s’étaient mis d’accord sur des plafonds de dépenses pour 2024, afin d’éviter un shutdown en plein milieu de la campagne électorale. Le résultat est intéressant en soi : 704 milliards$ pour les dépenses non-militaires, et 886 milliards$ pour les dépenses du Pentagone.

Cette répartition est en soi intéressante. Elle rappelle le poids du complexe militaro-industriel dans la décision publique chez l’ami américain.

De façon tout aussi instructive, le Monde relevait à la mi-décembre le poids total des dépenses de protection sociale en France en 2022 : pratiquement 850 milliards€.

Je sais bien que beaucoup de Français s’imaginent vivre dans un horrible système néo-libéral où l’Etat se désinvestit de la protection sociale. Mais enfin, les chiffres montrent le contraire : la France est un pays plus socialisé et socialisant que jamais. Au point que si nos dépenses sociales devenaient des dépenses militaires, nous aurions la première armée du monde, au moins par son budget.

En soi, il est peut-être temps de réfléchir sur nos priorités : peut-on rester une grande puissance quand ce que les uns dépensent en armement est, chez nous, dépensé en allocations en tous genres ?

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Bébés abandonnés, un crime israélien sous les radars médiatiques

Si l'ampleur du génocide en cours à Gaza a poussé nombre de rédactions en France à revoir leur couverture médiatique, de nombreux aspects des exactions commises par l'armée israélienne ne sont pas relayés par les médias mainstream. Parmi ces crimes, l'abandon forcé de cinq bébés abandonnés dans un hôpital du nord de l'enclave.

Gaza, 10 novembre 2023. L'hôpital Al-Nasr, dans le nord de l'enclave, est évacué de force par l'armée israélienne dans un chaos indescriptible. L'équipe médicale contrainte à partir laisse derrière elle, la mort dans l'âme, cinq bébés impossibles à déplacer sans ambulance équipée. Un officiel israélien prévenu assure que le nécessaire sera fait. Situé dans une zone d'intenses combats, l'hôpital est resté inaccessible.

Dix-sept jours plus tard, durant la trêve, Mohamed Baalousha, le journaliste correspondant de la chaîne émiratie Al-Mashhad, pénètre avec sa caméra à l'intérieur de l'hôpital fantôme. Ce qu'il découvre ce 27 novembre dans l'unité de soins intensifs est une scène d'horreur absolue : les corps des bébés sans vie, en état de décomposition. CNN, qui a pu voir les images non floutées fournies par le journaliste, décrit :

Les minuscules corps des bébés, dont plusieurs sont encore reliés à des fils et à des tubes destinés à les maintenir en vie, se décomposent dans leurs lits d'hôpital ; des bouteilles de lait et des couches de rechange toujours à côté d'eux sur les draps.

Les corps sont dans un tel état de décomposition qu'on voit « à peine plus que des squelettes laissés dans certains lits. […] Les mouches et les asticots rampent visiblement sur la peau d'un enfant ». À sa demande, Stefan Schmitt, médecin légiste à l'Université internationale de Floride, a examiné la vidéo et estimé le niveau de décomposition des nourrissons « avancé ». Selon lui, personne n'est intervenu depuis que les bébés ont été abandonnés. « Ces restes se sont décomposés sur place, c'est-à-dire qu'ils se sont décomposés sur ces lits […] Vous pouvez le constater grâce aux fluides corporels qui se sont échappés au cours de la décomposition », estime le légiste.

Pris pour cible pendant l'évacuation

Les investigations croisées de plusieurs médias et de l'ONG Euromed, qui exige une enquête internationale indépendante, pointent vers une responsabilité d'Israël dans cette épouvantable histoire. Après une enquête fouillée, les journalistes de CNN sont en mesure de retracer l'histoire dans un article publié le 8 décembre. Plusieurs responsables et membres du personnel médical de l'hôpital tiennent des propos concordants dans leur récit d'une évacuation sans ambulance, dans la panique générale.

Dans une vidéo publiée le 9 novembre, le docteur Mustafa Al-Kahlout, directeur des hôpitaux pédiatriques d'Al-Nasr et d'Al-Rantissi — qui se trouvent à 500 mètres l'un de l'autre et qui ont été tous les deux évacués de force — rapporte déjà que l'hôpital Al-Nasr a été « frappé à deux reprises », subissant « de nombreux dégâts », que l'oxygène dans les unités de soins intensifs « a été coupé » et signale qu'au moins un patient est décédé, tandis que d'autres risquent de mourir. Il décrit une situation apocalyptique : « Nous sommes encerclés… les ambulances ne peuvent pas atteindre l'hôpital et celles qui l'ont tenté ont été prises pour cibles ».

Dans un enregistrement audio rendu public par l'armée israélienne le 11 novembre d'une conversation entre un haut responsable non identifié de l'hôpital Al-Rantissi et un officier de la Coordination des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires (Cogat) à propos de l'évacuation des deux hôpitaux, le premier alerte l'agent de la Cogat sur le fait que les ambulances ne peuvent pas atteindre l'hôpital, et l'Israélien répond : « Je vais organiser la coordination avec le centre de secours primaires. Ne vous inquiétez pas, je suis près de l'armée, tout ira bien. » « Est-ce que les ambulances emmèneront les patients et le personnel médical ? », demande le responsable de l'hôpital. « Pas de problème », répond l'officier israélien. Mais les ambulances ne sont jamais arrivées. Lorsque les patients et le personnel ont commencé à évacuer à pied, drapeaux de fortune blancs à la main comme convenu avec l'agent de la Cogat, ils ont été visés par des tirs, comme en atteste une vidéo du 10 novembre.

Selon Euromed, le docteur Al-Kahlout « a déclaré qu'il avait informé l'officier de l'armée israélienne […], mentionnant qu'ils ne pouvaient pas être transférés, et l'armée l'a [en retour] informé qu'elle en était consciente et qu'elle agirait » en conséquence. L'ONG rapporte également que lors d'une conversation téléphonique (dont la date n'a pas été précisée) avec le directeur de l'hôpital, un officier israélien a affirmé que tous les nourrissons qui sont restés avaient été secourus et transférés en lieu sûr.

Dans un enregistrement audio du 10 novembre diffusé par Médecins sans frontières (MSF), un infirmier bénévole, présent avec sa famille réfugiée dans l'établissement, affirme que le personnel a dû évacuer en trente minutes. Il dit avoir réussi à transporter un bébé avec lui lors de sa fuite et qu'il l'a ensuite remis à une ambulance en direction de l'hôpital Al-Shifa. Mais il rapporte que quatre bébés ont été laissés en soins intensifs. Euromed et le média émirati Al-Mashhad évoquent pour leur part cinq bébés retrouvés en état de décomposition après la trêve. L'infirmier déplore dans l'enregistrement :

Laisser mes patients mourir sous mes yeux est la chose la plus dure que j'aie jamais vécue, c'est indescriptible. Cela nous a brisé le cœur, nous ne pouvions pas les aider, nous ne pouvions pas les prendre, nous avons à peine pu fuir avec nos enfants, nous sommes des civils, nous sommes une équipe médicale.

Le directeur des hôpitaux de Gaza au sein du ministère de la santé, le docteur Mohammad Zaqout a également confié à CNN : « Nous les avons informés que ces enfants étaient sur des lits et ne pouvaient pas être évacués. Nous avons pris d'autres enfants dans nos bras quand nous avons été forcés d'évacuer ».

Déni israélien et démissions du CICR

Dans un article du 12 novembre, le Washington Post cite Mohamed Abou Mughaissib, coordinateur médical adjoint de MSF à Gaza à propos de cette affaire :

Le personnel médical a évacué à cause des bombardements sur l'hôpital pédiatrique, et ils n'ont pas pu sauver les bébés pour les emmener, alors ils ont laissé cinq bébés seuls dans les soins intensifs, reliés aux machines et aux respirateurs. […] On en est là : laisser les bébés seuls avec des respirateurs.

De son côté, l'armée israélienne a fermement nié toute responsabilité dans la mort de ces bébés. « Étant donné que Tsahal n'a pas opéré à l'intérieur de l'hôpital Al-Nasr, ces allégations non seulement sont fausses, mais elles constituent également une exploitation perverse de vies innocentes, utilisées comme outils pour diffuser de dangereuses informations erronées », a déclaré l'armée dans un communiqué adressé à CNN. Interrogé à plusieurs reprises par la chaîne américaine pour savoir pourquoi elle n'avait pas fourni d'ambulances pour l'évacuation, comme l'avait promis l'officier de la Cogat dans la conversation enregistrée avec le responsable de l'hôpital, et s'ils étaient au courant de la présence d'enfants laissés à l'unité de soins intensifs comme l'a affirmé le docteur Zaqout, l'armée israélienne n'a pas répondu. Lors d'une séance de questions-réponses en ligne avec les journalistes, le porte-parole de l'armée Doron Spielman a qualifié l'histoire de simple « rumeur » : « Il n'y a pas eu de bébés prématurés qui se sont décomposés à cause de Tsahal. Il n'y a probablement eu aucun bébé qui s'est décomposé », a-t-il osé. « Le Hamas est responsable de l'hôpital Nasr, nous n'occupons pas l'hôpital Al-Nasr », a-t-il insisté.

Un communiqué du ministère de la santé de Gaza publié après la vidéo des restes des bébés affirme que l'armée a assuré le personnel de l'hôpital Al-Nasr que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) arrivait pour évacuer les patients. « Au lieu de cela, leurs corps décomposés ont été retrouvés dans leurs lits […] Ces bébés ont poussé seuls leur dernier souffle et sont morts seuls ». Contacté, le CICR a expliqué à CNN qu'il avait reçu « plusieurs demandes » d'évacuation d'hôpitaux du nord de Gaza, mais qu'en raison de la « situation sécuritaire », il n'était « impliqué dans aucune opération ou évacuation, et les équipes ne se sont pas engagées à le faire ». Le CICR a ajouté que les images des bébés d'Al-Nasr constituaient une « tragédie indescriptible ».

Le 16 décembre, le journaliste Mohamed Baalousha, auteur de la vidéo, a été ciblé par un sniper israélien et blessé aux jambes. Sa vidéo restera dans l'esprit de tous ceux qui l'ont vue. Pour l'avocat Johann Soufi, spécialiste en droit international, si à l'issue d'une enquête indépendante, il est prouvé que l'armée israélienne a été informée que des bébés étaient présents et qu'elle a forcé l'évacuation, cela constituerait un crime de guerre :

Les hôpitaux et les patients qui s'y trouvent sont particulièrement protégés par le droit international humanitaire. Il n'existe quasiment aucune exception à ce principe, et dans tous les cas, l'armée israélienne était tenue à ses obligations de proportionnalité, de précaution et d'humanité dans ses attaques. Les faits que décrit CNN violent ces trois principes.

Le 12 octobre déjà sur la chaîne Sky News, bien avant l'évacuation de l'hôpital Al-Nasr, l'ancien premier ministre israélien Naftali Bennett a été interrogé sur les « bébés dans les couveuses à Gaza dont le système de survie a été coupé parce que les Israéliens ont coupé le courant ». Sa réponse reflétait déjà l'état d'esprit dans lequel se déroulent les opérations de l'armée israélienne : « Êtes-vous sérieusement en train de me poser des questions sur les civils palestiniens ? Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? »

Sur les plus de 22 000 victimes des bombardements israéliens à Gaza depuis le 7 octobre, plus de 5 350 sont des enfants. Israël devrait être poursuivi pour chacune de ces pertes. La vidéo des bébés de l'hôpital Al-Nasr est une des images les plus perturbantes de cette offensive d'une brutalité sans précédent. Elle ne fait pourtant pas la une des journaux télévisés du monde et n'a déclenché aucun commentaire des dirigeants occidentaux.

Il y a 33 ans, la guerre contre l'Irak était déclenchée par les États-Unis et leurs alliés. Un récit en particulier avait ému le monde entier et servi à mobiliser les opinions contre Saddam Hussein. Le 10 octobre 1990, à Washington, six minutes ont suffi à une « infirmière » koweïtienne pour plaider l'entrée en guerre. La jeune fille en larmes assurait devant les sénateurs que les forces armées irakiennes avaient pénétré de force dans la maternité de l'hôpital koweïtien Al-Addan, qu'ils avaient arraché les bébés des couveuses, jeté au sol ces bébés qui avaient agonisé dans le froid. Ce mensonge a contribué à ce que le Congrès américain valide l'attaque contre l'Irak. En réalité, l'infirmière était la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington et son témoignage avait été imaginé et rédigé par Michael K. Deaver, ancien conseiller en communication du président Ronald Reagan — à côté de bien d'autres mystifications concoctées par des spécialistes en communication1. Ce que les Américains avaient imaginé, Israël l'a finalement fait.


1Lire Ignacio Ramonet, « Mensonges d'État », Le Monde diplomatique, juillet 2003.

L’inefficience française en matière d’éducation et de formation coûte 16 milliards d’euros par an

L’Institut économique Molinari a publié une étude inédite visant à comparer le rapport coût/efficacité des différents pays européens en termes d’éducation et de formation. Elle analyse 30 pays européens et effectue trois comparatifs : le premier sur l’éducation primaire et secondaire, le second sur le supérieur, et le troisième sur l’ensemble du système de formation.

 

Un manque d’efficacité global autour de 16 milliards d’euros

La France se situe à la 22e place sur les 30 pays d’Europe étudiés. Au titre du primaire, du secondaire et du supérieur, l’inefficience française représente un surcoût de 18 milliards d’euros en considérant les lacunes dans la transmission des compétences de base et l’intégration dans l’emploi. Elle est de 14 milliards si l’on se focalise sur la seule inadéquation de l’éducation et de la formation avec le marché de l’emploi.

En retenant le milieu de cette fourchette, on peut affirmer que si le système français se rapprochait des systèmes les plus efficaces, les mêmes résultats auraient dû être atteints en économisant 16 milliards d’euros ou 9,4 % de la dépense intérieure d’éducation de 2018.

L’Irlande, l’Estonie et les Pays-Bas forment le trio de tête de l’efficacité de la dépense d’éducation et de formation, suivis par l’Allemagne, la Norvège et la Finlande.

 

Un surcoût de 14 milliards d’euros par an dans le primaire et le secondaire

La France est au 14e rang sur 30 en efficacité de la dépense d’éducation primaire et secondaire.
Elle dépense 7890 euros par an et par élève du primaire et secondaire (ou 22,5 % du PIB par habitant par élève, vs 21,7 % en Europe) ; 70 % des élèves de 15 ans n’ont pas de difficulté en compréhension de l’écrit, mathématique et science (vs 69 % dans les 30 pays étudiés).

Les deux pays les plus performants sont l’Estonie et l’Irlande. La dépense par élève est élevée en Estonie (23,8 % du PIB par tête vs 21,7 % en Europe), mais les résultats sont excellents, avec 83 % des élèves n’ayant aucune difficulté (vs 68,7 % en Europe). L’Irlande dépense moins que la moyenne avec des résultats très bons, 77 % des élèves n’ayant aucune difficulté (vs 68,7 % en Europe).

Si les ressources françaises étaient dépensées aussi bien qu’en Estonie ou en Irlande, le même résultat aurait été obtenu en 2018 en diminuant de 15,3 % la dépense par élève en pourcentage du PIB/tête, soit une économie de 1200 euros par élève du primaire et du secondaire.

Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 13,7 milliards d’euros sur 90 milliards d’euros de dépense d’éducation primaire et secondaire.

 

Un surcoût de 4 milliards par an dans l’enseignement supérieur

La France est au 27e rang sur 30 en efficacité de la dépense d’enseignement supérieur.
Elle dépense plus par élève (31,7 % du PIB par habitant et par an vs 31,3 % en Europe) mais obtient un taux d’emploi moindre (84,6 % un à trois ans après le diplôme, vs 85,6 % en Europe).

La Finlande a notamment un taux d’emploi plus élevé que la France (88,3 % vs 84,6 %) en dépit d’une dépense par élève inférieure de 3 points (28,8 % du PIB par habitant, vs 31,7 % en France).

L’inefficacité française est encore plus criante vis-à-vis de l’Islande dont le taux d’emploi est 11 points plus élevé qu’en France (95,8 % vs 84,6 %) avec une dépense par élève inférieure de 8 points (24,3 % du PIB par habitant vs 31,7 % en France).

Si la France était au niveau des pays les plus performants (Grèce, Islande, Lettonie, Malte), elle aurait atteint en 2018 le même niveau d’intégration des jeunes diplômés en économisant 12,1 % des dépenses liées à l’enseignement supérieur.

Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 3,8 milliards d’euros sur 32 milliards d’euros de dépense d’enseignement supérieur.

 

Un surcoût de 14 milliards lié à l’inadéquation avec l’emploi

La France est au 25e rang sur 30 en efficacité de la dépense d’éducation et formation, si l’on se focalise sur l’adéquation avec le marché de l’emploi.

Elle dépense plus dans l’éducation (6 % du PIB vs 5,3 % en Europe) mais a de moins bons résultats en termes d’adéquation avec l’emploi.

En France, le taux d’emploi 1 à 3 ans après l’obtention du dernier diplôme était de 70,3 % en 2018 (vs 76,7 % en Europe), le taux de surqualification de 21,9 % (vs 20,8 % en Europe), et le taux de jeunes ni en formation ni en apprentissage, ni en emploi de 13,6 % (vs 12,4 % en Europe).

L’inefficacité française était particulièrement criante vis-à-vis de l’Islande. Cette dernière dépense moins en éducation que la France (5,7 % du PIB vs 6 %) pour des résultats bien meilleurs en emploi (91,8 % vs 70,3 %), surqualification (15,6 % vs 21,9 %), ou jeunes ni en formation ni en apprentissage, ni en emploi (5,4 % vs 13,6 %).

Si la France était au niveau des pays les plus performants (Islande, Lituanie, Luxembourg, Malte, Roumanie, Suisse) elle aurait atteint en 2018 le même niveau d’intégration des jeunes diplômés, économisant 8,5 % des dépenses d’éducation et de formation.

Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 14 milliards d’euros sur 171 milliards d’euros investis dans l’éducation et la formation.

 

Trois axes pour améliorer l’efficacité du système de d’éducation et de formation en France

1) Laisser une plus grande autonomie aux établissements, aussi bien en termes d’organisation, que de recrutement et de choix des méthodes.

2) Poursuivre les efforts visant à améliorer l’adéquation de la formation à l’emploi, pour casser la spirale inflationniste qui conduit à augmenter la durée des études pour se signaler vis-à-vis des employeurs.

3) Réduire les coûts cachés associés à l’imprévoyance de l’État en matière de gestion de personnels, en provisionnant les retraites des nouveaux enseignants et personnels administratifs de droit public.

 

À propos de la méthode

Nous avons employé la méthode d’analyse d’enveloppement des données, dite DEA. Elle permet d’identifier les pays ayant le meilleur rapport qualité/prix éducatif, et de quantifier la moindre efficacité des autres pays, en comparant les ressources éducatives aux résultats fournis par les systèmes d’éducation.

Elle définit une frontière d’efficacité qui représente le meilleur résultat possible pour un niveau de ressource donné. Plus un pays est éloigné de cette frontière composée des pays les plus performants, moins son système éducatif est efficace, plus il peine à mobiliser efficacement ses moyens pour atteindre un objectif donné. La méthode permet de quantifier les économies qui pourraient être réalisées pour atteindre les mêmes résultats, si chaque pays à la peine arrivait à se hisser au niveau des pays les plus performants.

Les 30 pays étudiés correspondent à l’Union européenne (sauf l’Espagne pour laquelle une donnée PISA clef n’était pas disponible) plus l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni. L’analyse porte sur l’année 2018, date de la publication des derniers résultats PISA disponibles au moment de la réalisation de l’étude. Les résultats ont été convertis en euros de 2022, conformément aux usages du ministère de l’Éducation nationale.

L’efficacité du primaire et du secondaire est évaluée en comparant la part des élèves de 15 ans n’ayant aucune difficulté dans les trois domaines étudiés dans PISA (compréhension de l’écrit, mathématique, science), et les dépenses d’éducation par élève rapportées au PIB par habitant.

L’efficacité de l’enseignement supérieur est évaluée en comparant le taux d’emploi des diplômés du supérieur 1 à 3 ans après leur dernier diplôme, et les dépenses par élève en pourcentage du PIB par habitant.

L’adéquation avec l’emploi est évaluée en comparant la dépense totale d’éducation et de formation (y compris apprentissage et formation continue) et :

  1. Le taux d’occupation d’un emploi 1 à 3 ans après l’obtention du dernier diplôme
  2. Le taux de surqualification (part des actifs exerçant une activité requérant un niveau de diplôme inférieur à celui qu’ils ont obtenu)
  3. Le taux de jeunes ni en formation ni en apprentissage, ni en emploi (NEET)

 

Afin d’obtenir un classement général des systèmes d’éducation, nous avons pris en compte les trois classements. Les notes obtenues au titre du primaire/secondaire et du supérieur comptent pour 50 % de la note finale. Elles ont été agrégées, en tenant compte du poids respectif des dépenses dédiées au primaire/secondaire et au supérieur dans chacun des pays. Les notes obtenues sur l’adéquation de l’éducation et de la formation avec le marché de l’emploi comptent elles aussi pour 50 % de la note finale.

Emmanuel Macron prépare ses fléchettes contre Marine Le Pen

Nous l’avions souligné: Marine Le Pen a mis KO le gouvernement Borne sur la loi immigration. Le rapport de forces des dernières présidentielles s’inverse lentement. Du coup, sous l’impulsion discrète d’Emmanuel Macron, le pouvoir à bout de souffle se lance dans un jeu de fléchettes contre la future candidate à l’élection présidentielle. Avec une finesse désarmante.

Par deux manoeuvres parlementaires habiles (vote de la motion de rejet de la loi immigration; puis vote de la loi immigration révisée), Marine Le Pen a tellement mis KO le gouvernement qu’on parle d’un remaniement.

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Après le pactole covid, Moderna parie sur de nouveaux produits pour stimuler ses ventes

La société Moderna, longtemps associée à son vaccin Covid, connaît un regain d’optimisme suite à la déclaration positive d’Oppenheimer. L’analyste d’Oppenheimer, Hartaj Singh a affirmé que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026. Suite à cette annonce, l’action de Moderna a grimpé. En effet, la fin de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid-19 a entraîné une diminution significative des revenus de la société biopharmaceutique en 2023.

2023 a été une année marquée par une baisse significative de la valeur des actions de Moderna. Cette baisse des bénéfices est principalement attribuée à la diminution de la demande de vaccins COVID-19. Malgré un marché du Covid en crise, les prévisions actuelles indiquent un potentiel de croissance stimulé par un pipeline diversifié. Les actions de Moderna ont clôturé en hausse de plus de 13 % mardi après qu’Oppenheimer a relevé le titre à « surperformance », affirmant que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026.

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T. E. Lawrence au Caire. Premiers pas d'un fabulateur stratège

Si le rôle joué par « Lawrence d'Arabie » durant la première guerre mondiale a été abondamment documenté, le livre de l'historien Christophe Leclerc remonte légèrement le temps pour revenir sur la période cairote du célèbre officier britannique. Apparaissent déjà à cette époque les principaux traits de sa personnalité qui contribueront à l'inscrire dans la postérité.

Un livre de plus sur Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie ? La littérature sur l'épopée politico-militaro-littéraire de ce personnage hors norme est déjà si abondante qu'on ne compte plus les ouvrages en tous genres qui lui ont été consacrés, « des hagiographies comme des biographies sérieuses, mais aussi des essais des travaux d'archéologie, des pièces de théâtre, des bandes dessinées ou des romans », écrit l'historien Christophe Leclerc, dans la préface de son livre Deux ans au Caire. Lawrence d'Arabie avant la légende, sans oublier le film de David Lean de 1962.

Pourtant, assure l'auteur, cette période où le jeune Lawrence sert comme agent des services de renseignement militaires britannique du Caire « n'a pas été étudiée tant que ça ». Accompagné d'une bibliographie et d'un utile petit dictionnaire des acteurs arabes, britanniques et français, le livre couvre les 22 mois cairotes de Lawrence, entre le début du premier conflit mondial et l'entrée du jeune homme dans la guerre du désert. Un prélude indispensable pour comprendre quel rôle il a pu jouer dans le théâtre proche-oriental de la première guerre mondiale.

Savoir « réseauter »

Son aventure personnelle est surtout le produit de l'histoire du remodelage de la région par les grandes puissances de l'époque, France et Royaume-Uni, matrice du Proche-Orient d'aujourd'hui. Lawrence est là quand l'irruption de la Grande Guerre et l'alliance d'Istanbul avec Berlin précipitent les choses. Comment devient-on Lawrence d'Arabie ? Le guerrier romantique, le metteur en scène de sa propre légende, coiffé d'un keffieh blanc et juché sur un dromadaire de course fut d'abord un bureaucrate acharné doté d'une grande puissance intellectuelle. « Mon compagnon super cérébral » dit de lui dans son journal Ronald Storrs, numéro deux de l'administration britannique en Égypte. Mais les qualités personnelles ne suffisent pas à faire une carrière. Le jeune homme sait réseauter.

Son mentor c'est David George Hogarth, directeur de l'Ashmolean Museum d'Oxford (il dirigera plus tard l'Arab Bureau du Caire). C'est lui qui a envoyé Lawrence sur des théâtres de fouilles en Irak. Il était son relais dans la mesure où il était l'intermédiaire entre Lawrence qui transmettait ses rapports et les milieux du pouvoir. Il était par exemple un ami du ministre des affaires étrangères, Lord Grey.

À Londres, Lawrence est embauché à l'automne 1914 par le service des opérations du War Office. Outre ses fouilles irakiennes, il avait effectué des relevés cartographiques au Sinaï, cette dernière mission étant commanditée par les services britanniques. Il est recruté comme cartographe, et se distingue aussitôt. « Il dirige tout le service à ma place », dit son supérieur, le colonel Hedley, à D. G. Hogarth. Lawrence a aussi du culot. Il lui arrive d'« inventer » une partie des cartes, comme il l'avoue à un ami.

Le ministère de la guerre ne tarde pas à l'envoyer en Égypte. Le jeune homme a 26 ans quand il débarque à Port-Saïd. Même débutants, les archéologues font figure d'experts, les services de renseignement sur place étant embryonnaires. Au Caire, Lawrence intègre une sorte de club très british, composé de membres de l'upper class, cultivés et excentriques comme il se doit, parmi lesquels des parlementaires bien nés et familiers du terrain, ou des personnalités comme Gertrude Bell, célèbre orientaliste partie ensuite en Irak. Lawrence pour sa part sacrifie à l'usage avec son uniforme dépenaillé et ses cheveux en bataille. Il croise aussi dans ce club un dominicain et anthropologue français, le fameux père Antonin Jaussen, professeur à l'École biblique de Jérusalem, qui s'est mis lui aussi au service de la patrie, et collabore un temps avec les Britanniques.

Des gens brillants, mais lui se distingue par sa puissance de travail. Il commence ses journées à 9 h et les termine à minuit, après le dîner il explore les télégrammes qui sont arrivés, c'est un cartographe super efficace, il a une mémoire visuelle extraordinaire.

Des qualités reconnues par la hiérarchie

Il est aussi très efficace dans l'interrogatoire de prisonniers. Ayant appris l'arabe pendant ses fouilles en Irak, le jeune sous-lieutenant fait montre de finesse et de psychologie pour cuisiner les prisonniers et les déserteurs de l'armée ottomane.

C'est aussi un rédacteur d'un niveau supérieur. Ses rapports et ses notes de synthèse, c'est de haute volée, très pénétrant. Par exemple il en a fait un sur la sociologie de la Syrie extrêmement intéressant. Quand on les compare à ceux de ses homologues, la différence en hauteur de vue, en sens tactique et stratégique est flagrante.

Ses qualités sont reconnues par la hiérarchie. T. E. Lawrence exerce donc dès le début des responsabilités sans rapport avec la modestie de son grade. On connaît le scénario : au Caire, Lawrence envisage une « révolte arabe » basée sur les tribus bédouines qui nomadisent à l'est de la Palestine. Il ajoute à ces considérations politiques une bonne dose d'imagination, voyant les Bédouins comme une incarnation des chevaliers médiévaux et comme les « Arabes purs », par opposition aux Arabes des villes, dont il avait décrit, dans une lettre à sa mère en 1911, « la vulgarité totalement irrécupérable ».

Mais le rêveur a étudié le terrain. L'ensemble disparate des tribus ne peut être uni que par le prestige politico-religieux d'un leader charismatique, estime-t-il dans ses nombreux rapports. Lawrence pense à Hussein, chérif de La Mecque et chef de la dynastie hachémite, qui jouit d'une forte légitimité. Le jeune officier britannique a d'abord cherché ailleurs son homme providentiel. Dans des pages plutôt cocasses, on le voit arpenter Bassora récemment conquise par le Royaume-Uni, et proposer à divers militants arabes de prendre la tête d'une révolte, les intéressés se montrant plus que prudents. Et quand il se décide pour le chérif, T. E. Lawrence s'appuie sur une idée qui occupe déjà les connaisseurs du Proche-Orient.

« Pour bien des observateurs de l'époque, dès 1905-1906, il est question d'une révolte arabe du chérif de La Mecque qui entraînerait avec lui les tribus de la péninsule arabique et bénéficierait d'un soutien politique de la Grande-Bretagne », écrit Henry Laurens1 titulaire de la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France. Le projet est partagé par les élites urbaines et les organisations clandestines arabes en lutte contre l'impérialisme ottoman. L'irruption de la guerre oblige les belligérants anti-ottomans à entrer dans le concret. En novembre 1914, le ministère français de la guerre estime que Hussein peut être « l'instigateur d'un soulèvement arabe ».

Un intermédiaire entre le chérif de La Mecque et Mac-Mahon

Les deux grandes puissances n'ont pas les mêmes objectifs. Les Français estiment que la Syrie leur revient, les Britanniques veulent protéger le canal de Suez et les Indes. Là encore, la période cairote place T. E. Lawrence au cœur de l'histoire. Par ses rapports, il contribue au célèbre échange de lettres entre le chérif Hussein et le haut-commissaire britannique en Égypte Arthur Henry Mac-Mahon, qui tente de définir les conditions de l'entrée en guerre du leader hachémite.

L'agent britannique a connaissance très tôt, bien avant de se lancer dans la guerre du désert, des accords Sykes-Picot de 1916 qui, bien que transitoires, préludent aux traités de l'après-guerre dans lesquels la France se réserve la Syrie. Lawrence est « très contrarié. Il avait répété et écrit qu'il fallait que la Syrie soit placée sous le contrôle de son pays ». Dans la même personne, le rêveur et l'officier ne sont pas toujours d'accord. Le premier imagine un « royaume arabe », le second est au courant de tractations diplomatiques qui le dépassent largement, et considère d'ailleurs ouvertement qu'un royaume unifié n'est pas possible.

C'est dans la tactique militaire que le jeune officier, bien que dépourvu de toute formation de soldat, montre le plus d'originalité. Il rédige en janvier 1916 une note qui recommande d'utiliser les Bédouins pour des actions de guérilla contre le chemin de fer du Hejaz qui relie Damas à la ville sainte de Médine, indispensable à l'armée ottomane. « En coupant cette voie ferrée, nous détruirons le gouvernement civil du Hejaz […]. Les tribus bédouines détestent le chemin de fer qui a réduit leurs droits annuels de passage. Elles nous aideront à le couper ». C'est exactement la méthode qu'il appliquera plus tard.

Vers la Grande Révolte arabe

C'est bientôt le début de l'épopée lawrencienne. Le livre de Christophe Leclerc la remet utilement dans son contexte. Les Britanniques — et les Français, forts d'une mission militaire de 1000 hommes — sont déjà venus au secours de l'offensive que le chérif Hussein a déclenchée sans les prévenir. « Les Britanniques ont fourni au chérif 18 000 fusils, des mitrailleuses, des obusiers, ainsi que 250 artilleurs égyptiens et indiens ». Ils ont aussi sauvé la mise aux troupes bédouines en grande difficulté, en envoyant des croiseurs bombarder la garnison turque de Djeddah. Mais il faut une stratégie. La prise du port d'Aqaba sur la mer Rouge est vite considérée par les décideurs britanniques (et français) comme de la plus haute importance. On sait qu'elle constituera le plus haut fait d'armes de T. E. Lawrence, qui décidera de surprendre les soldats ottomans en attaquant par la terre avec ses Bédouins, exploit jugé impossible, car il impliquait la traversée du désert aride du Nefoud. On sait moins que Lawrence fut au début partisan de la solution envisagée par les états-majors, à savoir l'assaut par la mer, qui aurait été fort coûteux en hommes.

À la révolte, il faut un leader militaire arabe. Lawrence juge le chérif Hussein trop politique et trop retors. Il a jeté son dévolu sur l'un de ses fils, Fayçal, à « l'enthousiasme ardent », qui mènera après-guerre la révolte contre le mandat français en Syrie. Là encore, l'officier de Sa Majesté n'est pas le seul à porter cette idée, puisque Fayçal a déjà été repéré par les Britanniques. Mais c'est T. E. Lawrence qui va la concrétiser. En octobre 1916, il fait partie d'une mission britannique qui s'embarque sur la mer Rouge pour aller discuter avec Abdallah, un autre fils de Hussein, celui qui deviendra le premier émir de la Transjordanie sous protectorat britannique. Lawrence, lui, va en profiter pour rencontrer Fayçal.

Auparavant, le jeune officier de renseignement est impliqué dans la fabrique des équilibres qui façonneront l'après-guerre. À Djeddah, la délégation croise le chef du détachement français, le colonel Brémond, qui insiste pour faire débarquer des troupes composées d'officiers français et de tirailleurs sénégalais. Abdallah se montre intéressé, mais Lawrence estime que le débarquement de troupes étrangères au Hejaz serait une catastrophe. Finalement, Paris rappelle le colonel. Les Français laissent aux Britanniques le soin de mener la révolte, à condition, entre autres, qu'ils leur laissent la Syrie une fois les Turcs vaincus. T. E. Lawrence obtient du chérif Hussein le droit de partir dans les terres à la rencontre de Fayçal. Il est à dos de dromadaire et habillé en Arabe. Dans Les Sept Piliers de la sagesse (1922), il écrit : « Je sus au premier regard que j'avais trouvé l'homme que j'étais venu chercher en Arabie ».

La suite, comme l'écrit Christophe Leclerc, est une autre histoire.

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Christophe Leclerc
Deux ans au Caire. Lawrence d'Arabie avant la légende
Préface de Rémy Porte
Lemme Edit, Paris,
2023
196 pages
19 euros


1Orientales III. La révolte arabe, T. E. Lawrence et la création de la Transjordanie, Paris, CNRS éditions, 2004 ; pages 185-197.

France Inter : radiographie d’un média d’État

 

 

Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance de ceux-ci.

Animé par le journaliste de TF1 Paul Larrouturou, le débat a réuni Isabelle Roberts, présidente des Jours, pure player lancé en 2016, le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernos, le président du groupe Les Échos-Le Parisien Pierre Louette, et la directrice de France Inter Adèle Van Reeth.

Répondant à une question sur l’orientation à gauche de la station dont elle est directrice depuis septembre 2022, Adèle Van Reeth a été courtoisement mais fermement recadrée par ses contradicteurs issus du privé.

 

L’art de la langue de bois

En cause : l’exercice de langue de bois qu’a été la réponse de la dirigeante publique. Une séquence reprise dans la foulée sur X (ex-Twitter) où Adèle Van Reeth explique qu’à ses yeux, France Inter n’est pas une radio de gauche, mais que son histoire, ses auditeurs et certaines émissions ont cette tendance. De plus, France Inter ne serait pas une radio de gauche car elle ne serait pas une radio d’opinion mais une radio publique qui appartiendrait, non à l’État comme dans un régime autoritaire, mais aux citoyens.

https://twitter.com/DocuVerite/status/1737502165256589606

Face à ce cafouillage manifeste, d’autres intervenants ont tenu à apporter des clarifications.

Nicolas de Tavernost a ainsi rappelé que la principale concentration de médias était celle du service public. Son propos a été appuyé par Pierre Louette qui a rappelé que cette concentration n’a jamais été aussi faible qu’à une époque où créer un média n’a jamais été aussi aisé.

 

Radio France est une radio d’État

Cet échange pose notamment la question de la nature du paysage radiophonique public.

En effet, Adèle Van Reeth distingue très nettement les chaînes appartenant aux citoyens de celles appartenant à l’État. Cette distinction est évidement factice, car les citoyens évoqués sont avant tout des contribuables, et donc des financeurs de l’État.

On ne peut réellement saisir l’erreur, sans doute volontaire, qu’est cette distinction sans comprendre la nature même de France Inter, station de radio propriété de Radio France.

Radio France est, elle, une société anonyme à capitaux publics héritière de l’ORTF dont 100 % des actions sont détenues par l’État français.

Sa fiche sur le site de l’Annuaire des Entreprises, disponible publiquement comme celle de toute entreprise française, détaille ses dirigeants et bénéficiaires effectifs, personnes physiques possédant plus de 25 % du capital ou des droits de vote, ou exerçant un contrôle sur les organes de direction ou de gestion.

Parmi les 15 dirigeants recensés, on retrouve cinq administrateurs, deux commissaires aux comptes et huit administrateurs. L’éclectisme y est roi, puisque les profils vont du député au directeur général d’entreprise publique, en passant par l’ingénieur et la dirigeante associative.

S’agissant de l’unique bénéficiaire effective, nous retrouvons Sybile Veil. L’épouse d’un des petit-fils de Simone Veil et maître des requêtes au Conseil d’État est elle-même énarque, conseillère d’État et surtout PDG de Radio France depuis le 16 avril 2018, après avoir été nommée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui n’était pas encore devenu l’Arcom par sa fusion avec Hadopi au 1er janvier 2022.

Rappelons que le CSA comme Hadopi, et aujourd’hui l’Arcom, sont des autorités administratives indépendantes (AAI) agissant au nom de l’État. Comme le constatait un rapport sénatorial paru en 2017, les AAI n’ont généralement pas de personnalité morale propre distincte de l’État, et leurs membres sont désignés soit par le président de la République, les présidents des assemblées ou des ministres, soit par de hautes autorités juridictionnelles. Entendez par là, par exemple, le vice-président du Conseil d’État ou le premier président de la Cour de cassation, postes nommés directement par le président de la République.

 

Naïveté et manipulation

En d’autres termes, ce qui distingue chaînes publiques et chaînes d’État est le caractère prétendument démocratique des États des premiers.

Cette nuance est encore plus complexe lorsqu’on analyse le niveau de démocratie des institutions françaises, plus proches des démocratures d’Europe de l’Est que des démocraties parlementaires avoisinantes.

Distinguer arbitrairement et par pur soutien à un narratif social-démocrate médias d’États et médias publics relève donc au mieux d’une naïveté coupable à ce niveau de responsabilité, et au pire d’une manière de prendre ses auditeurs pour des imbéciles.

 

Un auditorat de gauche

Adèle Van Reeth a toutefois reconnu dans sa réponse que l’auditorat de France Inter était de gauche. Cet état de fait est corroboré par une étude conjointe entre le journal Marianne et l’Ifop, révélant en 2012 que l’auditorat de France Inter votait à 72 % à gauche, dont la ligne relève de la gauche caviar lorsqu’elle est pas tout simplement assimilable « à un tract de la CGT  » pour reprendre les mots de l’ancienne directrice de la station Laurence Bloch après avoir décidé de supprimer l’émission « Comme un bruit qui court », critiquée pour son militantisme y compris par Les Inrocks, eux-mêmes sur la ligne de la gauche bobo.

 

Un financement politique contestable

En réalité, Adèle Van Reeth a été gênée par la question posée, car elle sait que son intervention relève d’une question autrement plus fondamentale, dans une société se voulant démocratique, qu’est le consentement à l’impôt.

Admettre que France Inter est de gauche, c’est admettre que l’argent des contribuables sert à financer une information orientée politiquement, alors même que cette orientation n’est pas celle des contribuables en question.

Pour rappel, en 2022, seuls deux Français sur dix se positionnait à gauche ou à l’extrême gauche, contre le double à droite ou à l’extrême droite.

Reconnaître que France Inter est de gauche contribuerait à confirmer une réalité qui saute aux yeux de quiconque s’intéresse un minimum à ces sujets : il existe un décalage entre ce que souhaitent les contribuables et ce qui leur est proposé, décalage qui n’existerait pas sur un marché libre où le payeur d’impôt serait un consommateur à satisfaire comme un autre et non une poche dans laquelle se servir au nom d’une solidarité fantasmée.

 

Concentration et conspirationnisme

Cette intervention pose également la question de la concentration des médias.

Sur le sujet, le ministère de la Culture lui-même donne raison à Nicolas de Tavernost et Pierre Louette, puisqu’un rapport paru en juillet 2022 estime que France Télévisions est le premier acteur du marché.

Cette position, justifiée aussi bien en termes d’audience que de chiffre d’affaires, montre une tendance nette depuis 20 ans : la part de chiffre d’affaires de France Télévisions a explosé, alors même que son audience s’est effondrée.

Cependant, et comme le notait justement Pierre Louette, créer un média n’a jamais été aussi simple qu’aujourd’hui. Une liberté salutaire mais qui pose aussi la question de la qualité de cette information et de la montée des discours conspirationnistes que seuls la transparence publique et le respect du consentement démocratique permettront de combattre.

Rétrospective 2023 : pourquoi nous avons choisi l’indépendance sur la mort de Nahel

À l’approche de 2024, nous nous donnons le temps d’expliquer notre démarche dans le traitement de l’information. Aujourd’hui, nous revenons sur la mort de Nahel et sur les émeutes qui l’ont suivies. Quelle position fallait-il adopter à ce moment-là ? Fallait-il voir dans les émeutes les prémisses d’une guerre civile imminente tant annoncée par les identitaires et leurs proches, mais qui ne survient jamais ? Ou bien fallait-il saisir l’opportunité de cette colère pour détricoter la toile tissée par la caste ? Dans la pratique, la mouvance identitaire a sauvé Macron, qui peut se targuer de disposer d’une “droite” finalement très complaisante avec lui. Nous vous expliquons pourquoi nous avons soutenu que la chute du macronisme devait être prioritaire dans les choix politiques.

Sur le fond, nous réaffirmons ici quelques principes :

  • l’analyse des faits est notre priorité
  • la posture idéologique (pour ou contre l’Islam, pour ou contre ceci ou cela, sans analyser les mécanismes du réel) nous paraît dangereuse pour un media sincère et loyal
  • si la stabilité d’une ligne éditoriale est importante, il importe que le décodage des faits reste libre et cohérent avec les principes de compréhension du réel
  • il nous paraissait impossible de ne pas aborder frontalement ce sujet d’actualité, ni de chercher à le décrypter
  • nous avons fait le choix de ne pas être prisonniers de certains lecteurs abonnés, parfois boomers, parfois loosers, qui appelaient aveuglément à l’ordre, sans mesurer le caractère liberticide de leur position

Nous assumons cette liberté.

La gratuité, quoi qu’elle en coûte ?

Notre pays entretient des rapports difficiles et ambigus avec l’argent, la création de richesses, mais aussi la rémunération des services rendus tant par les entreprises que par la collectivité.

Jeudi 21 décembre 2023, Montpellier est devenue la plus grande agglomération d’Europe à rendre ses services publics de transports entièrement gratuits. La crise aidant, la tentation pourrait être grande de proclamer l’avènement du tout gratuit et son corollaire : la fin du travail.

Dans cet article, notre chroniqueur Didier Cozin analyse les enjeux et les non-dits de cette politique.

 

Tout a un coût, tout a un prix

Alfred Sauvy l’écrivait il y a 80 ans dans ses leçons magistrales d’économie : pour que les produits que nous consommons soient offerts ou gratuits il faudrait qu’ils soient aussi disponibles et accessibles que l’air que nous respirons (il en est déjà autrement pour l’eau, puisqu’elle doit être puisée, canalisée, filtrée, traitée, ce qui a un coût).

Tout ou presque a donc un prix (et un coût) et le débat actuel qui consiste à s’interroger sur l’intérêt de faire payer ces coûts à l’usager (ou à l’utilisateur), pourrait être à la fois vain, contre-productif et générateur de grands désagréments.

Jusqu’à présent les Français acceptaient -sans trop renâcler- de payer de leur poche les produits, les appareils ou les biens qu’ils utilisaient ou consommaient. Il n’en était pas tout à fait ainsi pour les biens immatériels (ou services). Habitués et confortés par la gratuité ancienne de l’école, de la santé ou de la sécurité, certains estimaient que d’autres services, comme ceux des transports en commun (ou du logement) pourraient être collectivisés et devenir « gratuits ».

 

La gratuité, ce prolongement séduisant de l’assistanat

Le socialisme a pour devise « toujours plus ». Non seulement il a contribué à bâtir une société surendettée, sur-importatrice et sous-travailleuse mais il se croit obligé d’aller toujours plus avant.  Plus loin pourrait être promouvoir la gratuité intégrale des services devenant tous publics, les transports aujourd’hui, le logement demain (par exemple).

En France, à l’instar de Montpellier depuis cette fin d’année, ce sont donc près de 40 collectivités qui ont mis en œuvre la gratuité (parfois totale, parfois partielle) des transports collectifs alors que des usagers, des associations, des partis politiques militent ou revendiquent déjà la gratuité de tous les transports collectifs (y compris inter-régionaux) en prétextant de leurs coûts (le travail est malheureusement, et pour des raisons idéologiques, très cher en France) ou des enjeux climatiques (l’autobus remplacerait les voitures sans contraindre trop l’automobiliste moyen).

La gratuité, qui est l’étape ultime de l’aide sociale généralisée (sans condition de ressources) rendrait-elle pour autant les citoyens libres, égaux et notre société meilleure ou plus juste ? Il est permis d’en douter, tant les inconvénients de la gratuité sont innombrables et croissants :

a) La gratuité envoie un signal délétère au citoyen en l’empêchant de devenir adulte, de s’autonomiser, de devenir libre et indépendant (socialement comme financièrement) de l’État.

b) Le signal prix disparaît également puisque la ressource paraît illimitée, éternelle et gratuite. Tout comme le prix de l’énergie (KWH ou litre d’essence) nous fait prendre conscience qu’on peut et qu’on doit éviter de gaspiller, le prix des transports implique une réflexion et des arbitrages. Qu’en serait-il dans la société du tout gratuit ?

c) La concurrence est également faussée entre les différents modes de transports : les taxis (qui participent des transports publics) ou les autobus privés ne pourraient plus fonctionner, la gratuité et la simplicité de la marche à pied ou du vélo seraient remisées au rang de gadgets écolos.

d) Une surcharge et une congestion des réseaux rendraient les services déclinants ou médiocres.

e) Une baisse de la qualité du service, de la sécurité perçue (ou réelle avec la disparition ou la réduction de la présence humaine) apparaîtrait nécessairement, ainsi qu’une chute des investissements pour de nouveaux transports.

f) Le travail, l’activité économique et laborieuse deviendraient secondaires, ne seraient plus nécessaires pour la plupart des actes de la vie quotidienne. L’illusion de la fin du travail (une torture pour certains) tromperait des citoyens devenus passifs, soumis et aux ordres (le pouvoir revient toujours à celui qui paie).

g) Dans cette société massivement orientée vers le temps libre et les loisirs, l’offre de transports ne serait plus reliée au travail, mais aux sorties ludiques, aux déplacements nocturnes ou aux vacances (non indispensables et consommateurs de beaucoup de ressources)

 

À l’attention de Michael Delafosse, maire socialiste de Montpellier

La gratuité des transports est illusoire et fallacieuse puisque les matériels, l’énergie ou les salaires doivent être payés par quelqu’un (le contribuable ou nos créanciers). La gratuité est une facilité de caisse dangereuse, une pente glissante qui a des effets pervers et nécessiterait toujours plus de moyens financiers pour des résultats de moins en moins avérés (les rendements décroissants des aides).

Si les Français semblent séduits par la gratuité, les résultats de cette politique dans l’éducation, la santé (aide médicale), les transports ou les loisirs (pass culture) sont-ils à la hauteur des résultats attendus et ne provoquent-ils pas des dégâts importants ?

Nos concitoyens s’illusionnent s’ils pensent pouvoir mieux vivre et se développer dans un monde de gratuité, l’exemple des ex-« démocraties populaires » atteste du contraire : dans ces pays – non libres- les services publics quasi gratuits étaient dans un état lamentable, les salariés non managés et totalement abandonnés ne donnaient pas 10 % de leur implication ou de leurs compétences pour travailler.

Dans une société essentiellement matérielle et matérialiste, ce qui est gratuit ne vaut au final (presque) rien. Les progrès qu’ont pu représenter en leurs temps l’école gratuite (Jules Ferry), la sécurité sociale (après 1945), les HBM (devenues HLM) tout cela risque désormais de se retourner contre leurs bénéficiaires, citoyens éternellement mineurs, ne votant plus et maintenus sous tutelle par l’État ou ses administrations.

Sortir des aides, de l’assistanat, de la fausse gratuité, et permettre à chacun de jouer un rôle dans la société (autre que celui de consommateur passif) ne serait-il pas un projet plus engageant pour l’avenir que la multiplication infinie des aides, des dettes et des gadgets sociaux ?

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