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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Maxime du Camp et l’éternel ridicule français en 1870 – Nicolas Bonnal

Nous sommes saturés de rhétorique; nous avons des façades de croyance, d'opinion, de dévouement; derrière il n'y a rien. Tout est faux, tout est théâtral, nous sommes des Latins; chez nous, comme pour le baron, tout est « pour paraître ». C'est la fin du monde. Il y a une phrase des Mémoires d’outre-tombe qui m'obsède et sonne en moi comme un glas funèbre :

« Il ne serait pas étonnant qu'un peuple âgé de quatorze siècles, qui a terminé cette longue carrière par une explosion de miracles, fût arrivé à son terme. »

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Entre désespoir et décadence : Pierre Drieu La Rochelle et la démission française – Nicolas Bonnal

Le journal de Drieu publié courageusement par Gallimard avait fait scandale il y a trente ans lors de sa parution. C’est Jean Parvulesco qui me l’avait alors recommandé. Je l’ai relu récemment avec un intense intérêt tant les préoccupations de Drieu recoupent les nôtres : sensation de décadence terminale, désespoir (au sens strict) historique, incapacité de trouver des sauveurs (Hitler ? Staline ? Les chinois ?), et sinistre impression causée par la torpeur française – la même que ressent alors Bernanos, un de rares écrivains qu’estime alors Drieu

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Le concours Eurovision de la chanson a été créé par l’OTAN

Une école publique de Valence, GBN Gobernantia, a publié le document sur son site web affirmant que le festival devait être l'outil de propagande le plus important créé par l'OTAN pendant la guerre froide.

Avortement, un dogme gnostique postmoderne

Promouvoir l’avortement comme une liberté exprime un choix philosophique fondamental qui dépasse la question de la régulation des naissances : c’est le choix de la domination de la volonté individuelle sur l’être, du volontarisme sur la métaphysique ; un choix au fondement de la postmodernité.
De ce choix, il résulte que l’être conçu et porté n’acquiert de valeur qu’en proportion de la volonté dont il est d’abord l’objet puis le sujet.

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L’atomisation de l’Homme et de l’Humanité

S’il est souvent connu que certains groupes humains souhaitent faire naître leur ordre à partir du chaos, les raisons pour cela le sont moins. Nous verrons cependant ici comment ces dernières impliquent l’atomisation de l’Humanité, jusqu’à celle de l’individu, selon le degré de chaos recherché, et quelle forme d’ordre peut en émerger.

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APPEL AUX PARENTS : DES ENJEUX DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE FACE AU PROGRAMME D’ÉDUCATION À LA VIE AFFECTIVE, RELATIONNELLE ET SEXUELLE

La déconstruction par l’hypersexualisation de la société[3] est en ce sens une arme redoutable pour nous fragmenter dans des logiques idéologiques et individualistes de niches qui complexifieront les rapports sentimentaux, généreront de l’instabilité familiale et, bouleversement anthropologique majeur, conduiront à la disparition de la généalogie par l’ouverture des marchés de la GPA et de la PMA.

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Israël, ou la persécution des chrétiens, des musulmans, des Noirs … et des femmes, en 10 points stupéfiants (occultés en Occident)

Loin d’adhérer aux valeurs de l’Occident, comme le prétend la propagande sioniste dont pâtit notamment le Liban, Israël est en réalité le pays le plus raciste et le plus ségrégationniste au monde, paradis des théories raciales, et est même en train de devenir un des pays les plus misogynes de la planète. Une situation dramatique, qui ne fait pourtant que s’aggraver d’année en année, du fait d’une totale impunité et pour des raisons démographiques liées à la montée en puissance des juifs ultra-orthodoxes.

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La France subvertie et détruite par « l’American way of life »

Du plan Marshall aux Young leaders de la French American Foundation, la réalité de la trahison des élites françaises est patente.

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Libres Paroles. Avec Chloé Frammery

Je suis mobilisable par la loi de programmation militaire 2024-2030 qui permet à macron de dépêcher ses troupes, tous les Français y compris ceux qui n'habitent pas en France jusqu'à 72 ans.

La démocratie allemande se défend contre l’AfD en devenant moins démocratique

Le gouvernement d’Olaf Scholz a présenté mardi une série de mesures pour combattre l’extrême droite, en s’attaquant notamment à son financement, dans une Allemagne choquée après la révélation d’une réunion secrète projetant l’expulsion d’étrangers du pays.

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Ce qui est en jeu pour Julian Assange et pour nous tous

Ce mardi et mercredi, la Haute Cour de justice de Londres examinera la recevabilité d’un ultime recours contre l’extradition de Julian Assange. Quels sont les différents scénarios possibles ? Que risque […]

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Faut-il créer une SCI pour gérer son immobilier ? par Florent Machabert

Par : Rédaction

Une entreprise sur sept créée chaque année est une Société Civile Immobilière, alias une SCI : pourquoi cet engouement ? Est-ce un passage obligé pour gérer son patrimoine, étant entendu (voir le dossier N°38) qu’il s’agit déjà d’un bon instrument pour en anticiper la transmission ?

Dans le cadre de ce 39 dossier, nous examinerons l’engouement croissant pour les Sociétés Civiles Immobilières (SCI) en tant que moyen de gestion de patrimoine.

Nous vous présentons donc dans ce 39ème dossier :

  • En quoi consiste une SCI et les principaux cas de figure où elle s’impose ;
  • Un kit de création pas à pas si vous décidez de vous lancer ;
  • Un état des lieux des écueils à éviter ;
  • La mise à jour du baromètre général des portefeuilles (en annexe).
    Un indispensable pour tout savoir sur cette structure juridique qui a le vent en poupe.

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Les bons et les mauvais chrétiens

par Mayssoun Sukarieh. Pour être considéré comme un «bon musulman» ou un «bon chrétien» au Moyen-Orient, il faut être aligné sur Israël et les États-Unis.

La démocrature, principal ennemi des démocraties libérales

La démocratie libérale est un régime politique jeune et fragile. Elle commence véritablement à se concrétiser à la fin du XIXe siècle, et n’existe que dans une trentaine de pays dans le monde. Le primat de l’individu constitue son principal pilier qui est d’abord politique : garantir les droits naturels de l’Homme (la vie, la propriété, la liberté, la vie privée, la religion, la sécurité…) et limiter l’action de l’État¹.

La propriété de soi d’abord, la propriété des choses par le travail ensuite, la pensée critique (libre examen), la tolérance religieuse, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et la prééminence du pouvoir législatif parachèvent le libéralisme politique.

Le libéralisme économique constitue l’autre pilier des démocraties libérales : abolir les entraves, encourager l’esprit entrepreneurial, favoriser le libre commerce entre les pays et privilégier les organisations spontanées, sont des objectifs d’une économie de marché. En tant que doctrine économique, le libéralisme protège la concurrence à l’intérieur du pays et défend le libre-échange à l’extérieur. Pour la pensée libérale, le meilleur système social est celui qui laisse aux individus le soin d’adapter leurs conduites aux circonstances.

La démocratie libérale est la rencontre de deux libéralismes, politique et économique. Cette rencontre a constitué la base du développement spectaculaire, non seulement du commerce mais aussi de la science et de l’industrie.

Le protectionnisme et le corporatisme ont menacé et menacent encore la démocratie libérale. Le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté est d’abord de produire la richesse, libérer les échanges, libérer des entraves de l’esprit des entrepreneurs, et non pas la construction de douanes intérieures et extérieures.

Pour la démocratie libérale, le libéralisme économique est nécessaire mais pas suffisant.

La première crise de la démocratie libérale fut celle de la séparation entre libéralisme économique et libéralisme politique. Déjà, au début du XIXe siècle, avec le rétablissement de l’ordre monarchique en Europe, une continuité fut admise entre libre marché et despotisme. Cette schizophrénie constitue l’un des principaux problèmes pour la pensée libérale, y compris dans le monde contemporain. Pinochet, Videla, Xi Jinping ou encore le modèle singapourien sont certes capitalistes, mais nullement libéraux.

Les temps sont difficiles pour le libéralisme : guerre, terrorisme, crise climatique, protectionnisme, déficit public, augmentation exponentielle des impôts… La liste est à la fois longue et pénible.

Face à la crise, à la fois économique et culturelle, le repli sur soi semble émerger comme une réponse possible, plébiscitée par l’opinion publique. Les exemples abondent : la Chine de Xi Jinping, la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan, la Hongrie d’Orban et l’Amérique de Trump. Ils peuvent être expliqués comme une réponse à la crise du libéralisme : la démocratie illibérale. Elle a été définie par Fareed Zakaria dans un article en 1997 (« The Rise of Illiberal Democracy ») comme « une démocratie sans libéralisme constitutionnel qui produit des régimes centralisés, l’érosion de la liberté, des compétitions ethniques, des conflits et la guerre ».

Comme le note Nicolas Baverez :

« La démocrature désigne aujourd’hui une réalité politique et stratégique très différente par sa nature et sa dimension. Elle définit un mode de gouvernement original qui se revendique comme plus stable, plus efficace et plus apte à répondre aux attentes du peuple que la démocratie, qu’il s’agisse de prospérité, de cohésion sociale ou de sécurité. »

Dans un contexte de montée du nationalisme, l’expression « démocratie illibérale » connaît un succès médiatique, notamment par les déclarations du hongrois Viktor Orban qui s’en est revendiqué. Le discours à l’université d’été de Bálványos le 28 juillet 2018 à Tusnádfürdő en Roumanie mérite d’être analysé attentivement puisqu’il constitue la synthèse contemporaine de la pensée illibérale, base de la démocrature :

« Affirmons tranquillement que la démocratie chrétienne n’est pas libérale. La démocratie libérale est libérale, mais la démocratie chrétienne, par définition, ne l’est pas. Elle est, si vous voulez, illibérale. Nous pouvons le démontrer dans quelques questions importantes, et très concrètement dans trois cas : la démocratie libérale soutient le multiculturalisme, la démocratie chrétienne donne la priorité à la culture chrétienne, ce qui relève d’une pensée illibérale ; la démocratie libérale soutient la migration, la démocratie chrétienne est contre, ce qui est une pensée clairement illibérale ; et la démocratie libérale soutient les modèles de famille à géométrie variable, alors que la démocratie chrétienne soutient le modèle de famille traditionnel, ce qui est aussi une pensée illibérale.

[…]

La démocratie chrétienne ne veut pas dire que nous soutenons des articles de foi, en l’occurrence ceux de la foi chrétienne. Ni les États ni les gouvernements ne sont compétents en matière de salut ou de damnation. Une politique démocrate-chrétienne signifie la défense des formes d’existence issues de la culture chrétienne. Pas des articles de foi, mais des modes de vie qui en sont issus : la dignité de l’homme, la famille, la nation. »

Marlène Laruelle, spécialiste de l’illibéralisme à la George Washington University, le décrit comme :

« Un univers idéologique qui estime que le libéralisme, entendu comme un projet politique centré sur la liberté individuelle et les droits humains, est allé trop loin. Ce rejet s’accompagne de positions politiques plus ou moins clairement établies, s’appuyant généralement sur le souverainisme et la défense de la majorité contre les minorités. La nation est conçue de façon homogène et les hiérarchies traditionnelles célébrées ».

Les principales caractéristiques de la démocrature sont :

  • Hostilité au libéralisme qui réduit l’homme à l’état d’individu.
  • Contestation possible du suffrage universel (assaut du Capitole aux USA).
  • Fascination pour les dirigeants autoritaires et charismatiques.
  • Présentation du peuple comme l’opposé des élites dirigeantes (antiélitisme).
  • Rejet de l’État de droit : Charles Maurras, opposait déjà le pays réel au pays légal.
  • Instrumentalisation de la religion : Modi et l’hindouisme, Erdoğan et l’islam, Trump et les évangélistes, Poutine et le christianisme orthodoxe, Orban et le catholicisme…
  • Contrôle de l’économie planifiée : programme économique du Rassemblement national par exemple.
  • Exaltation du nationalisme et rejet du cosmopolitisme considéré comme une idéologie hors-sol  sans-frontiériste.
  • Droit à l’identité nationale pouvant être défini comme la nécessité pour les groupes ethno-culturels de préserver les particularismes culturels, religieux et raciaux du métissage et de l’indifférenciation.
  • Anti-européisme plus au moins déguisé : l’expression souverainisme apparaît en France en 1996 et a été forgée au sein d’associations en lutte contre les traités de Maastricht et d’Amsterdam afin d’échapper aux qualificatifs négatifs tels qu’anti-européens.
  • Critique de la légitimité des institutions de l’Union européenne.
  • Dilution de la frontière entre public et privé si chère à Benjamin Constant.
  • Inversion de la priorité du juste sur le bien dont John Rawls faisait l’emblème du libéralisme politique. Alors que la démocratie libérale n’impose pas une conception de la vie bonne, la démocrature impose un modèle culturel hégémonique.
  • Exaltation de l’action contre la pensée : anti-intellectualisme.
  • Rhétorique décliniste simple et efficace.
  • Rejet des Lumières en tant que système philosophique ayant engendré le libéralisme. (économique, politique, philosophique) et comme origine du rationalisme contemporain.
  • Rejet des minorités sexuelles et de la libération des mœurs.
  • Rejet des structures intermédiaires (Parlements, tribunaux, médias, etc.) qui bâillonneraient le peuple.
  • Promotion de l’écologie intégrale, une forme d’instrumentalisation de l’écologie au profit de valeurs conservatrices et contre les progrès de la bioéthique, l’IVG, l’euthanasie, le mariage pour tous…

 

La démocrature a ainsi su imposer un récit selon lequel le libéralisme culturel met en danger les repères naturels de l’homme enraciné dans une culture spécifique. La démocratie illibérale entend bâtir une pensée politique de l’attachement au « chez soi » et de la cohésion sociale à l’échelle nationale.

La crise de la démocratie libérale est en partie liée à l’incapacité à construire un récit allant au-delà de l’économie, à l’incapacité à mener une bataille culturelle capable de contrecarrer la rhétorique réactionnaire.

¹Grotius, Droit de la guerre et de la paix (1625) ; Hobbes, Léviathan (1651) ; Locke, Deuxième traité du gouvernement civil (1690), Rousseau, Du contrat social (1762).

Une décision cruciale est attendue pour Julian Assange

Par : Collectif

Le 20 février se tiendra une audience capitale pour Julian Assange. La Haute Cour britannique examinera la recevabilité du recours introduit par sa défense contre l’extradition du fondateur de WikiLeaks […]

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Woke et anti-woke : deux faces de l’intolérance

Moyennant un changement d’approche et un pas de côté en s’inspirant des moralistes de l’âge classique, essayons de réfléchir au wokisme autant qu’à ceux qui le dénoncent qui représenteraient deux formes distinctes d’hyper-focalisation. Redéfini comme étant avant tout une forme contemporaine, mais pas nouvelle, d’intolérance, il est possible d’envisager le phénomène woke/anti-woke en tant que passion, au sens classique du terme, celui d’un affect subi qui altère, pour le pire, celui ou celle qui en est la proie.

Avec le wokisme ou l’anti-wokisme, pendant d’une même médaille, on aurait affaire à la problématique de la parole close sur elle-même ne pouvant accueillir un discours différent de celui qu’elle propose. Le wokisme et l’anti-wokisme ont en effet pour dénominateur commun la passion de la monomanie : la dénonciation, sur un mode lancinant.

Exemples parmi tant d’autres : « l’hypocrisie de la gauche », le « féminisme tartuffe », la « masculinité toxique », le « non-partage des tâches ménagères » qui prennent des proportions inouïes…
Ces passions de la dénonciation sont souvent sclérosantes, car obsessives. Or, qui dit obsession, dit passion : le sujet est otage d’un sentiment qui le surdétermine dans ses actions, en l’espèce, l’acte de dénoncer.

Or, comme nous le rappelle le duc de La Rouchefoucauld :

« Les passions ont une injustice et un propre intérêt qui fait qu’il est dangereux de les suivre, et qu’on s’en doit défier lors même qu’elles paraissent les plus raisonnables. » (Maximes)

Le problème n’est pas tant de dénoncer, mais de la manière dont on le fait, en s’en piquant, pour parler comme au siècle de Louis Le Grand.

Un rappel tout d’abord.

Si le wokisme a à voir avec l’annulation des opinions d’autrui ou d’œuvres d’art appartenant à des champs culturels différents (cinéma, littérature, beaux-arts…) alors ce phénomène ne date pas d’hier. Les phénomènes de cancellation/annulation sont aussi anciens que Socrate, Jésus ou Pascal et la controverse universitaire, la querelle académique, qui conduisit plus d’une fois à la mise à l’index d’un tel ou d’un tel n’a rien de bien nouveau. L’entre-soi cultivé à l’envi n’a rien de bien neuf non plus et mène, toujours avec autant de constance, au même résultat : le repli identitaire qui touche toute forme de parti pris exclusif pour appréhender le réel —extrême droite, extrême centre, extrême gauche etc.

Quand un porte-parole du gouvernement prétend être dépositaire exclusif de la Raison est-il woke parce qu’il est péremptoire ? Voilà qu’il annule visiblement les opinions adverses, ce qui permet de le ranger dans la catégorie woke en ce qu’il prétend détenir à lui seul la vérité. Est devenu woke tout et n’importe quoi, si bien que je parlerais plutôt pour ma part d’un retour de l’intolérance plutôt que d’user d’un terme dont l’usage est piégeux. Je ne l’abandonnerai pourtant pas complètement ci-après, mais je ne prétends pas en assumer une définition arrêtée ni délivrer ici autre chose qu’une réflexion personnelle.

L’intolérance, elle, n’est pas propre à un milieu ou à une orientation politique particulière. C’est un phénomène de repli sur soi et de focalisation extrême sur un aspect des choses, une dimension d’une question ou d’un problème qui apparente ces attitudes à l’endroit du réel à une sorte de monomanie ou de paranoïa critique.

De ce point de vue, dans son anti-wokisme, Éric Zemmour est ainsi tout à fait intolérant, c’est-à-dire monomaniaque dans sa manière de réduire les problèmes français à la seule question migratoire. La morale du « j’ai raison contre vous et vous ne m’entendez pas » est une attitude délétère qui tue le débat public dans l’œuf et le transforme en un face-à-face conflictuel et mortifère certainement recherché, du reste, par le parti Reconquête. Pire, les gens finissent par s’ignorer, à faire comme si les autres n’existaient pas, ou alors seulement pour prélever du discours adverse un aspect faible qui leur permettra de les caricaturer sans avoir (trop) mauvaise conscience. Eugénie Bastié offre régulièrement dans ses chroniques sur Europe 1 un exemple particulièrement frappant de cette manière de procéder.

L’intolérance est moins affaire de sensibilité politique que d’orientation morale et d’éthique personnelle, et c’est à ce titre qu’on peut dire qu’elle dépasse les clivages. Bien plutôt que la responsabilité américaine dans cette radicalisation et étanchéisation du débat public, il faudrait se demander si le macronisme n’a pas une part de responsabilité conséquente dans la manière dont le président a conduit le débat et clivé les opinions en France.

Le mantra du dépassement des clivages n’a-t-il pas conduit in fine à une polarisation a fortiori des opinions ? Ce ne serait pas la première fois que mettre en étendard une attitude intellectuelle revient à faire exactement son contraire, à produire un résultat inverse à celui qui était escompté.

À vouloir tout dépasser, on se contente finalement au mieux d’un modeste sur place, au pire d’un cynisme. Plus on affiche des principes, plus il y a de chances qu’ils soient trahis, c’est là une règle à peu près infaillible. L’inflation de la parole présidentielle et parlementaire a pour corollaire une perte drastique de cohérence en pratique, et c’est terrible car la parole publique s’en retrouve durablement dévaluée. Si la valeur fiduciaire des discours présidentiels et ministériels sont faibles, c’est parce que « La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal. » (La Rochefoucauld, Maximes). De ce point de vue, est-ce vraiment exagérer de dire que le macronisme s’apparente à un théâtre de postures et de simulacres, au règne des apparences ?

La tolérance est d’abord une pratique : ou bien on la constate ou bien elle fait défaut.

Dans certains journaux que je ne nommerai pas, comme chez une partie de la gauche (ceux que les jets de soupe sur les tableaux ne gênent pas, mettons, ou chez certaines féministes radicales) on peut constater qu’elle est empiriquement peu présente : entre la monomanie féministe ou la monomanie de la dénonciation des wokes, les interlocuteurs tournent vite en rond et nous avec. L’absence de tolérance est palpable au fait que des marottes se repèrent dans les discours : la surspécialisation dans un type de propos rend d’autres thèmes quasiment illégitimes ou périphériques, le réel est voilé parce qu’on lui substitue des causes, qui aussi justes soient-elles ne permettent pas de le résumer.

Le réseau X ou la chaîne CNEWS sont à cet égard des postes d’observation privilégiés du phénomène qui consiste à exposer ses thèses ou ses opinions en les imposant comme vraies, en les assénant de manière quasi obsessionnelle. Sous ces auspices, une grande partie de la classe médiatique et politique française doit être alors définie comme intolérante. Elle est arc-boutée sur ses thèses et ne réfléchit plus vraiment aux sujets qui se posent, invitent les mêmes en boucle, s’enfermant finalement dans une dangereuse clôture intellectuelle. C’est la passion du même, pourrait-on dire, et elle s’est immiscée dans bien des rédactions, dans bien des partis. Flattant un public déjà acquis à ses causes, un art de l’intolérance s’est insidieusement répandu de part et d’autre de l’échiquier politique et des sensibilités éditoriales.

Le groupe Bolloré serait à cet égard un champion de cette intolérance via son anti-wokisme, si on le ramène, comme je le propose, à un exercice de la pensée critique réduit à la portion congrue et au fond, à une immense paresse intellectuelle. Wokiste ou anti-wokiste, c’est inviter ou côtoyer des individus proches ou assez proches de son système de pensée parce qu’on a peur d’autrui.

À ce jeu-là, une peur surplombe toutes les autres, celle des États-Unis : berceau des wokes dont on fait un raz-de-marée qui peine à s’aligner avec ma propre expérience à l’Université de Chicago. Certes, la polarisation des opinions est là, certes des tendances académiques se font valoir, mais elles n’empêchent nullement l’exercice de la liberté académique. On peut à mon sens se demander si l’agitation de la menace woke n’exploite pas plutôt le filon d’un anti-américanisme qui a trouvé là une manière de s’exprimer décente et acceptable. Certains médias ont fait des États-Unis et de leurs universités un tel épouvantail et un tel contre-modèle, alors même que le système d’enseignement supérieur américain caracole dans les classements internationaux, qu’on est tenté de s’interroger sur les ressorts d’une telle panique.

Aux détracteurs du wokisme d’outre-Atlantique, on peut concéder que cultiver la pluralité des mondes et de ses contacts est le seul antidote au corporatisme et à la monomanie dans les objets d’étude poursuivis. C’est tout aussi valable pour les anti-wokes qui ne font guère preuve de plus d’ouverture d’esprit que ceux qu’ils dénoncent avec une étrange véhémence. Le risque d’enfermement, physique ou métaphorique, est toujours encouru par tout un chacun dès lors qu’on se refuse à confronter les points de vue et les opinions.

Concluons.

Sortir de soi peut être une expérience douloureuse, mais c’est une habitude à prendre assurément salutaire, un art de retrouver vraiment les Lumières, et de les rallumer.

N’oublions pas, avec La Rochefoucauld, que « La santé de l’âme n’est pas plus assurée que celle du corps ; et quoique l’on paraisse éloigné des passions, on n’est pas moins en danger de s’y laisser emporter que de tomber malade quand on se porte bien. » (Maximes). Ne nous croyons pas trop vite éveillés alors que nous marchons dans l’obscurité — qui n’est souvent imputable qu’à nous-mêmes, à une manière humaine, trop humaine, de vouloir avoir raison contre tous les autres, et surtout sans eux.

La France dépressive : 13% des femmes de moins de 24 ans ont déjà fait une tentative de suicide…

La France est frappée d’une dépression généralisée, que Santé Publique France parvient à documenter et chiffrer de façon assez précise. Ainsi, dans son baromètre annuel sur la “prévalence des pensées suicidaires et tentatives de suicide chez les 18-85 ans en France”, l’organisme public dresse un portrait accablant des pensées suicidaires chez les jeunes, et spécialement chez les jeunes femmes.

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Comment les experts occidentaux peuvent être une arme de destruction massive – Nicolas Bonnal

Le monde moderne est plein de mathématiques, de chiffres, de machines étranges et d’illusions magiques ; il vacille sous les données. Malgré son arrogance, ce monde inquiet a besoin d’un nouveau type de mages et de « prévisionnistes scientifiques », que l’on appelle des experts. Environ 6000 chaînes de télévision dans le monde appellent à tout moment les experts pour étudier avec eux des événements complexes ou prévoir un avenir meilleur.

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Lettre à mes frères catholiques sur les événements de Gaza – Édouard Husson

Je m’adresse à mes frères catholiques français ; notre silence face au sort des Gazaouis – et des Palestiniens de Cisjordanie dans la terrible guerre qui se déroule au Proche-Orient – devient de plus en plus difficile à défendre. Il était d’ailleurs dès le mois d’octobre indéfendable ! Il serait temps que nous élevions la voix !

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La lutte de l’Occident contre le courant de l’histoire

Une politique catastrophique peut être imputée à un manque de conscience de soi, ou à la croyance que le monde voit l’Occident comme l’Occident se voit lui-même. Un article d’Asia Times, les milieux d’affaire de Hong Kong qui décrit d’une manière assez impitoyable l’impuissance de l’occident qui n’arrive pas à renoncer à des mœurs dépassées par la réalité et qui se ment à soi-même autant qu’aux autres. Lorsqu’il est devenu clair que la Chine et l’Inde refusaient de jouer le jeu du régime de sanctions occidentales contre la Russie, les pays du Sud ont senti que la carte géopolitique avait changé.

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La logique de l’atlantisme de Palmerston à nos jours

Le comportement des gouvernements atlantistes, qui mènent des politiques ouvertement cannibales et antisociales non seulement à l'égard des pays et des peuples étrangers, mais aussi à l'égard des leurs, souligne une fois de plus la nature parasitaire de ces élites. Les peuples de leurs pays (y compris les Anglo-Saxons de souche, les Français de souche, etc.) ne sont pas "leurs" pour eux, mais seulement du matériel consommable, sauf qu'il est un peu plus cher que les peuples du "Tiers-Monde". L'Atlantisme est extrêmement élitiste et repose sur des clivages de classe, il n'apporte de fabuleux profits qu'à la couche "nomade" des cosmopolites mondialistes. Les habitants des pays atlantistes eux-mêmes - tant les zones rurales que les bidonvilles urbains - ont souffert de ces parasites pendant des siècles

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Et si la démographie avait le dernier mot ?

L’INSEE vient de publier un bilan démographique pour l’année 2023 qui met en évidence un affaissement de la natalité française. Selon des sources concordantes, celle-ci n’est plus guère soutenue que par la fécondité des femmes immigrées. Ce qui laisse entrevoir à terme une diminution de l’effectif global de la population, et une nouvelle configuration de sa composition ethnique et culturelle.

Faut-il s’en inquiéter ? Pour la plupart de nos concitoyens, cette question n’a pas de conséquence directe et immédiate, encore moins pour les responsables politiques dont les échéances se situent à quelques mois ou quelques années d’ici. Les phénomènes démographiques ont une grande inertie et leurs effets ne sont perçus qu’avec beaucoup de retard. Tout au plus entendons-nous s’exprimer ceux qui craignent une possible pénurie de main-d’œuvre et/ou un vieillissement de la population, déséquilibrant un peu plus nos régimes de retraite. Ceux-là vont plaider pour un recours accru à l’immigration.

C’est oublier un peu vite deux choses :

  1. Une baisse de la population active aurait pour effet de renforcer le pouvoir de négociation des salariés, un rééquilibrage bienvenu du rapport de force entre le travail et le capital.
  2. Une population en équilibre stationnaire, c’est-à-dire dont l’effectif progresse faiblement, les naissances compensant à peu près les décès, ne peut se maintenir éternellement jeune.

 

Conséquences économiques, sociales et politiques du vieillissement d’une population française de plus en plus multiculturelle

La pyramide des âges finit par ressembler, non à une pyramide à large base, mais vaguement à un cylindre à la pointe effilée. La disparition des seniors s’accélère subitement au-delà de 65 ans. Pour pallier le déséquilibre toujours renaissant de nos régimes de retraite, il faudrait une injection continue, année après année, de travailleurs immigrés. Il serait ô combien préférable d’opter pour des régimes par capitalisation qui vivraient des revenus tirés de placements réalisés à l’étranger, dans des pays restés encore jeunes.

Nous voudrions insister ici sur les conséquences, non pas économiques, mais politiques, des évolutions démographiques. Il n’est pas toujours de bon ton de les évoquer.

Le vieillissement de la population française, dont nous venons de voir qu’il est inévitable, entraîne quelques conséquences fâcheuses, qui nécessitent une adaptation de nos pratiques et de nos institutions. Le relèvement de l’âge du départ en retraite est une absolue nécessité, et cette mesure n’est supportable qu’accompagnée d’un effort sans précédent de formation permanente des salariés tout au long de leur vie professionnelle. Or, le poids électoral élevé des classes d’âge est un obstacle à ces réformes qui les font sortir de leur zone de confort. Des incitations financières puissantes, mieux qu’un âge-couperet, doivent encourager les seniors à participer à la force de travail, aussi longtemps que possible.

Mais il est d’autres aspects du problème dont le rappel est encore moins « politiquement correct ». Dans les sociétés multiculturelles, les écarts entre les taux de croissance démographique des différentes communautés ont des effets cumulatifs, qui prennent tôt ou tard une signification politique. Des États-nations, constitués plus ou moins artificiellement, au cours des deux siècles passés, par la réunion de groupes hétérogènes, différant par la religion, l’ethnie ou la culture, ont été pour cette raison le théâtre d’affrontements violents, qui se sont soldés quelquefois par l’éclatement de ces formations sociales. Généralement, les groupes dominés, initialement minoritaires, parviennent à submerger par le nombre leurs anciens maîtres ; à moins que ceux-ci, craignant d’être évincés, ne se lancent dans des politiques répressives. Les exemples abondent.

Au Liban, les musulmans, chiites notamment, en état d’infériorité économique, mais de plus en plus nombreux, ont pu rivaliser avec leurs compatriotes chrétiens. Entre 1932 et 2018, le nombre de ces derniers aurait triplé, tandis que celui des musulmans aurait été multiplié par neuf. Ce pays, régi par des institutions multiconfessionnelles, a vu son fonctionnement gravement entravé. La composition de la Chambre des députés était censée refléter le poids des différentes communautés du pays. Mais il s’est révélé très difficile de suivre leur évolution. Aucune élection n’a été organisée depuis 2009. Pas davantage de recensement. Le dernier date du mandat français, en 1932. Ainsi, ces deux exercices citoyens n’ont plus cours au pays du Cèdre : la vérité n’est pas toujours bonne à voir.

Son voisin du sud, Israël, connaît depuis peu des déchirements similaires. La démographie joue un rôle central dans l’équation stratégique du pays. L’establishment veille à ce que la majorité juive reste substantielle, en l’alimentant au flux de l’immigration des Juifs de la diaspora (l’alyah). Mais une menace nouvelle s’est levée qui remet en cause les fondements de la société israélienne. Les Juifs orthodoxes font davantage d’enfants que les laïcs et les Juifs traditionnalistes. Les privilèges qui leur avaient été octroyés à la naissance de l’État, – ils étaient alors environ 150 000 -, sont devenus un poids difficilement supportable pour le budget, et sont vécus comme une injustice par leurs concitoyens. Ils sont maintenant environ 1 300 000, leur nombre a été multiplié par presque dix ! Ils sont dispensés du service militaire, ils reçoivent des aides pour continuer de fréquenter des lieux de prière sans travailler. Leur formation scolaire, notoirement insuffisante, les en empêche le plus souvent.

Plus loin dans le passé, on pourrait aussi citer les cas de l’Irlande. L’Eire s’est détachée de la couronne britannique, sous la pression politique, mais aussi démographique des catholiques irlandais, las de trouver leur salut dans l’émigration aux Amériques.

À cette courte liste, ajoutons, la Bosnie-Herzégovine, qui fut le berceau ancestral du peuple serbe, mais s’est retrouvée à l’éclatement de la Fédération yougoslave, majoritairement peuplée de musulmans. Le refus de cohabiter de la minorité serbe s’est soldé par trois années d’une guerre meurtrière.

Il n’est pas jusqu’à l’URSS dont la dislocation est en partie imputable à la progression très rapide des populations allogènes du Caucase et de l’Extrême-Orient. C’est la thèse soutenue par Hélène Carrère d’Encausse dans son livre prophétique. On pourrait aussi s’intéresser à l’histoire mouvementée de l’Union indienne et, plus proche de nous, à celle de la Belgique ou du Canada, pays binationaux où la démographie a joué un rôle significatif.

Dans les décennies qui viennent, la composition ethnique les États-Unis eux-mêmes devrait sensiblement se modifier, les descendants d’immigrants non européens devenant majoritaires. Il est très difficile de poser un tel diagnostic pour la France, la législation s’opposant à la constitution de statistiques portant sur l’origine ethnique ou nationale des individus recensés.

 

Du basculement démographique au basculement géopolitique

La démographie s’invite aussi dans la géopolitique. Le poids des nations se mesure à la richesse qu’elles sont capables de générer. Or, cette grandeur combine le nombre d’individus à la richesse que chacun produit par son travail et sa créativité. Au cours des vingt-cinq dernières années, les deux termes de l’équation ont progressé très rapidement dans les pays du tiers monde, modifiant radicalement la hiérarchie des puissances, ouvrant la voie au monde multipolaire que nous connaissons aujourd’hui et à la mise en cause de l’hégémonie de l’Occident.

Considérons le top 10 des pays classés en fonction de leur PIB (en dollars constants, corrigé des fluctuations du taux de change). Plaçons-nous en 1990.

Les États-Unis caracolent en tête, suivis du Japon, de la Russie et de l’Allemagne. L’Italie et la France occupent respectivement les cinquième et sixième positions. La Chine est au huitième rang. Un peu plus de deux décennies plus tard, le paysage est complètement bouleversé. La Chine aurait supplanté les États-Unis en tête du top 10 de l’année 2022 (même si elle reste au deuxième rang en dollars courants). L’Indonésie y a fait son entrée, évinçant l’Italie. La France est reléguée au dernier rang, talonnée par la Turquie. On constate enfin que les pays qui ont progressé dans la hiérarchie des nations (Chine, Inde, Indonésie, Brésil, Turquie…) sont précisément ceux qui ont combiné dynamisme démographique et dynamisme économique. Ces changements ne sont pas sans conséquence sur les équilibres internationaux.

L’Afrique est restée à la traîne de ce classement, mais la population de l’Afrique subsaharienne, elle seule, pourrait tripler entre 2020 et la fin du siècle, passant de un à trois milliards d’habitants, posant un défi d’autant plus sérieux à l’Europe, que la pression migratoire sera entretenue par les désordres politiques et l’inefficacité économique.

 

D’ici à l’hiver démographique mondial, faut-il s’attendre à une explosion des conflits liés au réchauffement climatique ?

Plaçons-nous pour finir au niveau de la planète Terre prise comme un tout, faisant abstraction des rivalités qui opposent les peuples les uns aux autres. Évaluée à 1,6 milliard d’habitants en 1900, la population mondiale s’élève en 2023 à huit milliards d’individus. Elle est attendue à dix milliards en 2050. Il faudrait être aveugle pour nier que cette explosion démographique complique singulièrement la lutte contre le réchauffement climatique. Si les pays dont la population croît le plus vite sont aussi ceux qui cherchent à rattraper le standard de vie des Occidentaux, et donc aspirent à un développement rapide, alors leurs émissions de gaz à effet de serre ne peuvent qu’augmenter. Il n’est pas sûr que l’effort de sobriété énergétique des pays développés suffise à les compenser, en supposant que la population de ces derniers y consente. L’égoïsme des peuples règne toujours en maître.

Tous les pays, ou presque, ont achevé leur transition démographique, la natalité est en baisse, rejoignant la chute de la mortalité qui l’avait précédée. Plusieurs zones verront à l’avenir leur population diminuer. Des auteurs annoncent un « hiver démographique », qui pourrait affecter toute la population mondiale, c’est-à-dire une inversion de la courbe. Notre planète poussera un soupir de soulagement. Mais quel sera l’état du monde après ce reflux bienvenu ? On n’ose y penser.

Quel enseignement tirer de ces constats ? Certes « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Les biologistes ajoutent qu’ils naissent tous identiques, avec les mêmes organes, les mêmes capacités intellectuelles. Mais rapidement, l’éducation qu’ils reçoivent, le milieu social dans lequel ils baignent, vont imprégner leur cerveau de croyances et de contenus culturels différents, au point qu’ils vont se considérer comme appartenant, non à l’unique espèce Homo sapiens, mais à des espèces étrangères les unes aux autres. Des espèces qui entrent en conflit, comme se combattent les espèces animales. La liberté et l’égalité des droits apparaissent alors comme subalternes. Tel est le triste spectacle que l’humanité offre encore aujourd’hui.

Même si on la réprouve, on aurait tort d’ignorer cette réalité anthropologique. Nos politiques publiques et nos postures sur la scène internationale doivent impérativement prendre en compte la démographie, car elle a (presque) toujours le dernier mot.

«Amis paysans, ne vous trompez pas de cible!»

La colère des agriculteurs ne devrait pas cibler les écologistes, mais le gouvernement et sa politique agro-industrielle, écrit Hervé Kempf dans cet éditorial de Reporterre. « Qui chasse des paysans ? Les […]

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Le projet de loi sur la fin de vie brisera-t-il le tabou de l’euthanasie ?

Le projet de loi sur le modèle français de la fin de vie devrait être présenté au Parlement courant février 2024, peu après l’annonce d’un plan décennal sur les soins palliatifs. Prédire quel sera l’influence du récent changement de titulaires au ministère de la Santé relève de la boule de cristal. Le texte sera en effet porté par un tandem composé de Catherine Vautrin, ministre de plein exercice, notoirement opposée à l’euthanasie et Agnès Pannier-Runacher, non moins notoirement connue pour y être favorable.

On sait que le projet de loi n’est pas encore finalisé dans les détails mais les fuites sur son contenu et les événements qui l’ont préparés, comme la Convention citoyenne sur la fin de vie, et le Comité consultatif national d’éthique, ne laissent guère de doute sur son contenu.

En effet, pour la première fois en France, ce projet de loi devrait rendre possible « l’aide active à mourir », c’est-à-dire d’une part, le « suicide assisté », situation dans laquelle le médecin fournit les substances létales à une personne qui se les administre elle-même, et d’autre part « l’euthanasie », consistant en l’administration par un médecin de médicaments ou de substances à une personne en fin de vie, à la demande de celle-ci, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès.

Bien sûr, le texte encadrera cette aide à mourir de multiples garde-fous et mettra en avant le développement des soins palliatifs « pour toutes et tous et partout ». Mais le fait est là, c’est bien un tabou majeur qui serait brisé, puisqu’il deviendrait dorénavant possible de favoriser le suicide de personnes désireuses de mourir mais aussi, dans certains cas, de leur donner la mort dans le cadre des soins.

 

Consensus et prudence

Ce projet de loi, engagement de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2022, aurait dû être déposé à l’été 2023, mais il a été repoussé à plusieurs reprises. La ministre a déjà prévenu qu’il faudrait probablement 18 mois de débats au Parlement avec des allers-retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat, ce qui repoussera l’application pratique de cette loi au mieux pour la seconde partie de 2025.

Ces délais, vécus comme des tergiversations insupportables par les militants du droit à l’euthanasie, montrent, s’il en était besoin, la complexité de toute prise de décision politique sur ce sujet particulièrement clivant, qui se compare aux grandes lois de société comme la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (1974), ou celle autorisant le mariage pour tous (2013).

En apparence pourtant, ce sujet fait consensus, puisque toutes les enquêtes montrent qu’une très grande majorité des Français – entre 70 % et 93 % suivant la façon dont est posée la question – est favorable à une aide médicalisée à mourir.

La prudence du gouvernement s’explique par la crainte d’une opposition résolue à cette loi de deux secteurs de l’opinion qu’il ne peut s’aliéner : les catholiques d’une part, pour des raisons politiques, et les professionnels de santé d’autre part, dont l’adhésion est indispensable à la réussite de cette mutation éthique majeure.

 

Le Pape, combien de divisions ?

« Le pape, combien de divisions ? » se moquait Staline, mais c’est bien un pape qui, 45 ans après, a été l’acteur principal de la chute du pouvoir qu’il avait mis en place, le communisme soviétique.

Aucun dirigeant politique d’un pays de tradition catholique ne peut négliger l’influence de la religion majoritaire sur les sujets dits de société qu’elle considère comme son pré carré, comme l’avait appris à ses dépens François Mitterrand, obligé de retirer sa loi de nationalisation de l’école privée en 1984, avec démission à suivre du Premier ministre et du ministre de l’Éducation nationale.

Bien sûr, le monde catholique n’est pas monolithique, et sa majorité non pratiquante s’aligne à peu près sur la majorité de la population française dans son souhait d’une possibilité légale d’aide active à mourir.

Mais plus on a affaire à des convaincus, à des pratiquants, et plus les opinions s’inversent, et plus les opposants farouches à l’euthanasie sont nombreux et déterminés, à l’image des militants de la Manif pour tous, rebaptisée Syndicat de la famille.

Sous des dehors de modération, le clergé français est vent debout contre l’idée même d’euthanasie, vécue comme une énième transgression faustienne après la contraception, l’interruption volontaire de grossesse, le clonage, le mariage des personnes de même sexe, ou encore la procréation médicalement assistée. Cette opposition radicale est d’ailleurs partagée par les deux autres grandes religions abrahamiques influentes dans notre pays, le judaïsme et l’islam.

Un tel sujet est donc potentiellement explosif, et le camp du président de la République ne peut se permettre une rupture avec un électorat catholique qui a massivement quitté la droite classique pour le parti présidentiel, et est tenté par les sirènes de l’extrême droite.

 

Le Styx, Charon et son obole

L’autre secteur de l’opinion qu’une telle loi peut venir bousculer est celui des professionnels de santé, déjà éprouvés par la pandémie de Covid-19, les conséquences de la désertification médicale, et la crise de l’hôpital public qui n’en finissent pas de payer l’archaïsme d’une gestion publique à bout de souffle.

Là aussi les apparences sont rassurantes, et la majorité des professionnels de santé est plutôt favorable à l’évolution de la loi dans ce domaine. Mais, à y regarder de plus près, on observe plusieurs sujets d’inquiétude pour les législateurs.

D’abord, même si une majorité de médecins est favorable, nous l’avons dit, au principe de la loi, seule une minorité se dit prête à pousser elle-même la seringue de produits létaux en cas de permission d’une euthanasie active. Toutes les législations déjà existantes dans d’autres pays permettent d’ailleurs une objection de conscience pour les professionnels de santé, et la France ne devrait pas déroger à cette règle. Combien de médecins accepteront concrètement de mettre en œuvre cette nouvelle dimension de l’accompagnement de la fin de vie ?

La question se pose d’autant plus que les professionnels des soins palliatifs, qui sont les meilleurs connaisseurs de ces sujets, sont très opposés à une telle évolution.

La loi actuelle dite Claeys Léonetti (2016) leur paraît en effet suffisante, puisqu’elle permet à chaque malade d’exprimer à l’avance des directives sur sa fin de vie, et autorise une sédation profonde et continue jusqu’au décès, quand celui-ci est jugé proche.

Ils soulignent aussi que les majorités favorables à l’euthanasie sont faites de personnes saines qui fantasment leur fin de vie, et que celles en situation sont en réalité très peu nombreuses à demander la mort, entre 0,7 et 3 % suivant les études.

Plutôt qu’une fuite en avant vers l’aide active à mourir, ils réclament donc des moyens pour appliquer la loi actuelle, en soulignant, par exemple, que 21 départements ne possèdent à ce jour aucune équipe de soins palliatifs.

Enfin, les organismes professionnels chargés par la loi d’actualiser et de faire respecter l’éthique, comme le Conseil de l’ordre des médecins, sont eux aussi, très opposés au franchissement de ce qu’ils considèrent comme un véritable Styx éthique dont il refusent de devenir les Charon en blouse blanche, attendant leur obole sur le bord de la rive.

Ces oppositions expliquent la grande prudence des gouvernants et leurs tentatives de déminage vers ces secteurs de l’opinion. Elles ne devraient toutefois pas remettre en cause le vote d’une loi plébiscitée à l’avance par une majorité de Français, et déjà présente dans plusieurs pays proches (Belgique, Pays-Bas, Suisse, Espagne, Luxembourg…).

 

La liberté et la mort

Qu’ont à apporter les libéraux dans ce débat qui va probablement s’amplifier dans les prochains mois ?

« Dans tous les cas, l’aide active à mourir répondra à la volonté libre et éclairée d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, face à des souffrances inapaisables » écrivent des professionnels de santé favorables à l’évolution de la loi.

En adhérant massivement à l’idée de l’aide active à mourir, les citoyens revendiquent l’exercice de leur liberté personnelle au moment de leur mort, comme ils la revendiquent pour toutes les décisions concernant leur vie. Tout en demandant l’aide des experts, en l’occurrence les professionnels de santé, ils refusent l’idée que ceux-ci puissent prendre à leur place une décision dont ils seront seuls, avec leurs proches, à assumer les conséquences.

Nous sommes là au cœur même de la doctrine libérale, et on ne voit pas bien comment un libéral pourrait refuser cette liberté ultime à un de ses semblables.

Cela dit, la question qui subsiste, et qui n’est pas moins libérale, concerne les conditions d’exercice de cette liberté à ce moment crucial de l’existence, et particulièrement l’évaluation du discernement de la personne en demande de sa propre fin.

Comment juger du caractère éclairé de la demande d’un mineur, d’une personne démente ? Un suicidaire n’est-il pas toujours un dépressif, comme le pensent de nombreux psychiatres ? Doit-on accepter la première demande d’aide à mourir d’un patient quand on sait que 40 % des personnes en situation palliative ne réitèrent pas leur demande après une prise en charge complète de leurs symptômes ? Qui doit évaluer, instruire et décider : un médecin, plusieurs médecins, un juge ?

On le voit, la revendication de la liberté individuelle n’épuise pas le sujet, et il y a place pour un vrai débat, non seulement éthique, mais aussi technique, médical, juridique, politique sur cette question. Espérons qu’il pourra avoir lieu dans de bonnes conditions.

 

Une pédagogie de l’euthanasie ?

Dans son article « Une pédagogie de la guérison est-elle possible », Georges Canguilhem, philosophe et médecin du XXe siècle expliquait que la guérison restait, en dernière instance, une décision du patient lui-même, malgré tout l’arsenal objectif de la médecine scientifique pour la décréter.

Le citoyen du XXIe siècle, né de la libre décision de parents disposant de la contraception et l’IVG, n’acceptera sans doute pas, à tort ou à raison, de se voir confisquer ce qu’il considère comme l’avatar ultime de sa liberté individuelle : le droit de décider sa mort.

Les professionnels de santé, et d’abord les médecins, n’auront d’autre choix que de l’accompagner sur ce chemin : une pédagogie de l’euthanasie est souhaitable, voire souhaitée, mais est-elle possible ?

Le film suisse qui raconte le «débat étouffé» sur le Covid a failli être bâillonné

CovidHub. Ce film voulait «briser la loi du silence». Il a failli être bâillonné. Mais malgré tous les rejets, obstacles et censures, «Totalitarisme helvétique?!» a vu le jour et percé son chemin vers le public.

À l’origine de l’oppression des femmes – Entretien avec Mary Davis

D’où viennent l’oppression et l’exploitation des femmes ? Quel est le lien avec la lutte des classes et le capitalisme ? Nous sommes revenus sur les fondements du féminisme marxiste […]

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Un climat de guerre s’installe en France

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Que se passe-t-il en Équateur ?

Quelques jours, après l’évasion d’un des principaux barons de la drogue, en détention depuis 12 ans, les gang de Narcos ont lancé une attaque avec prise d’otage contre certaines institutions et notamment la télévision nationale. Il y a eu de… Lire la suite

Monseigneur Gaume et le caractère technologique du démon moderne – Nicolas Bonnal

On a parlé des victimes du vaccin. En fait comme dit Bloy leur petit nombre tempère notre joie. La vraie cible du vaccin c’est l’âme soit par l’altération de l’ADN (Adonaï) remplacé par l’ARN (Aaron grand prêtre et magicien), soit par la création d’un réflexe d’obéissance, de passivité et de soumission qui prélude à la grande extermination voulue par les élites bureaucratiques et milliardaires mondialistes. On est entouré des âmes mortes de Gogol, mais au sens

Patrick Buisson : C’est un suicide démocratique auquel nous assistons : avortement, mariage homosexuel et demain, bien sûr, euthanasie

Il y a un moment où, quoiqu’il nous en coûte, il faut savoir s’incliner devant les miracles du progrès. Deux siècles d’émancipation, deux siècles pendant lesquels on aura appris à l’homme à ne plus disposer de lui-même pour autre chose que lui-même. Deux siècles de Lumières ont débouché sur cette bonne nouvelle : l’humanité a enfin acquis les moyens techniques d’un suicide collectif. Je sais bien qu’il est de bon ton dans certains milieux – les nôtres par exemple – d’opposer une élite corrompue et pervertie à un peuple opprimé et innocent, à un peuple exonéré de toute responsabilité dans ce qui lui arrive. C’est ce que j’appellerai l’un de ces produits manufacturés de la non pensée populiste. Comme si les peuples n’avaient pas les élites qu’ils méritent !

Quand Dostoïevski dénonce la Babylone mondialiste et l’homoncule occidental… – Nicolas Bonnal

Ce voyage connu et oublié est essentiel pour compléter mon livre et mes réflexions sur Dostoïevski et la modernité occidentale (je vais rajouter ce texte à mon recueil traduit en roumain du reste). Ici il ne s’agit pas comme dans Crocodile d’un conte fantastique et comique, mais d’un ensemble de réflexions échevelées et épouvantées face à la grande modernité infernale occidentale et son troupeau bourgeois et consommant. Les cibles de ce voyage pas comme les autres sont surtout Londres et Paris, les deux capitales les plus folles alors de cet occident qui fonctionne en mode turbo maintenant, contre le monde (toujours…) et contre sa population toujours plus hébétée et « hallucinée » (Guénon).

Affaire Depardieu : les lynchages éthiques, ça n’existe pas

La presse-système française aux mains de l’oligarchie, se fait désormais une spécialité de lancer de plus en plus fréquemment des lynchages médiatiques géants. L’aspect diversion pour détourner l’attention des véritables problèmes qui accablent notre pays, est une évidence. Il vaut… Lire la suite

France Inter : radiographie d’un média d’État

 

 

Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance de ceux-ci.

Animé par le journaliste de TF1 Paul Larrouturou, le débat a réuni Isabelle Roberts, présidente des Jours, pure player lancé en 2016, le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernos, le président du groupe Les Échos-Le Parisien Pierre Louette, et la directrice de France Inter Adèle Van Reeth.

Répondant à une question sur l’orientation à gauche de la station dont elle est directrice depuis septembre 2022, Adèle Van Reeth a été courtoisement mais fermement recadrée par ses contradicteurs issus du privé.

 

L’art de la langue de bois

En cause : l’exercice de langue de bois qu’a été la réponse de la dirigeante publique. Une séquence reprise dans la foulée sur X (ex-Twitter) où Adèle Van Reeth explique qu’à ses yeux, France Inter n’est pas une radio de gauche, mais que son histoire, ses auditeurs et certaines émissions ont cette tendance. De plus, France Inter ne serait pas une radio de gauche car elle ne serait pas une radio d’opinion mais une radio publique qui appartiendrait, non à l’État comme dans un régime autoritaire, mais aux citoyens.

https://twitter.com/DocuVerite/status/1737502165256589606

Face à ce cafouillage manifeste, d’autres intervenants ont tenu à apporter des clarifications.

Nicolas de Tavernost a ainsi rappelé que la principale concentration de médias était celle du service public. Son propos a été appuyé par Pierre Louette qui a rappelé que cette concentration n’a jamais été aussi faible qu’à une époque où créer un média n’a jamais été aussi aisé.

 

Radio France est une radio d’État

Cet échange pose notamment la question de la nature du paysage radiophonique public.

En effet, Adèle Van Reeth distingue très nettement les chaînes appartenant aux citoyens de celles appartenant à l’État. Cette distinction est évidement factice, car les citoyens évoqués sont avant tout des contribuables, et donc des financeurs de l’État.

On ne peut réellement saisir l’erreur, sans doute volontaire, qu’est cette distinction sans comprendre la nature même de France Inter, station de radio propriété de Radio France.

Radio France est, elle, une société anonyme à capitaux publics héritière de l’ORTF dont 100 % des actions sont détenues par l’État français.

Sa fiche sur le site de l’Annuaire des Entreprises, disponible publiquement comme celle de toute entreprise française, détaille ses dirigeants et bénéficiaires effectifs, personnes physiques possédant plus de 25 % du capital ou des droits de vote, ou exerçant un contrôle sur les organes de direction ou de gestion.

Parmi les 15 dirigeants recensés, on retrouve cinq administrateurs, deux commissaires aux comptes et huit administrateurs. L’éclectisme y est roi, puisque les profils vont du député au directeur général d’entreprise publique, en passant par l’ingénieur et la dirigeante associative.

S’agissant de l’unique bénéficiaire effective, nous retrouvons Sybile Veil. L’épouse d’un des petit-fils de Simone Veil et maître des requêtes au Conseil d’État est elle-même énarque, conseillère d’État et surtout PDG de Radio France depuis le 16 avril 2018, après avoir été nommée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui n’était pas encore devenu l’Arcom par sa fusion avec Hadopi au 1er janvier 2022.

Rappelons que le CSA comme Hadopi, et aujourd’hui l’Arcom, sont des autorités administratives indépendantes (AAI) agissant au nom de l’État. Comme le constatait un rapport sénatorial paru en 2017, les AAI n’ont généralement pas de personnalité morale propre distincte de l’État, et leurs membres sont désignés soit par le président de la République, les présidents des assemblées ou des ministres, soit par de hautes autorités juridictionnelles. Entendez par là, par exemple, le vice-président du Conseil d’État ou le premier président de la Cour de cassation, postes nommés directement par le président de la République.

 

Naïveté et manipulation

En d’autres termes, ce qui distingue chaînes publiques et chaînes d’État est le caractère prétendument démocratique des États des premiers.

Cette nuance est encore plus complexe lorsqu’on analyse le niveau de démocratie des institutions françaises, plus proches des démocratures d’Europe de l’Est que des démocraties parlementaires avoisinantes.

Distinguer arbitrairement et par pur soutien à un narratif social-démocrate médias d’États et médias publics relève donc au mieux d’une naïveté coupable à ce niveau de responsabilité, et au pire d’une manière de prendre ses auditeurs pour des imbéciles.

 

Un auditorat de gauche

Adèle Van Reeth a toutefois reconnu dans sa réponse que l’auditorat de France Inter était de gauche. Cet état de fait est corroboré par une étude conjointe entre le journal Marianne et l’Ifop, révélant en 2012 que l’auditorat de France Inter votait à 72 % à gauche, dont la ligne relève de la gauche caviar lorsqu’elle est pas tout simplement assimilable « à un tract de la CGT  » pour reprendre les mots de l’ancienne directrice de la station Laurence Bloch après avoir décidé de supprimer l’émission « Comme un bruit qui court », critiquée pour son militantisme y compris par Les Inrocks, eux-mêmes sur la ligne de la gauche bobo.

 

Un financement politique contestable

En réalité, Adèle Van Reeth a été gênée par la question posée, car elle sait que son intervention relève d’une question autrement plus fondamentale, dans une société se voulant démocratique, qu’est le consentement à l’impôt.

Admettre que France Inter est de gauche, c’est admettre que l’argent des contribuables sert à financer une information orientée politiquement, alors même que cette orientation n’est pas celle des contribuables en question.

Pour rappel, en 2022, seuls deux Français sur dix se positionnait à gauche ou à l’extrême gauche, contre le double à droite ou à l’extrême droite.

Reconnaître que France Inter est de gauche contribuerait à confirmer une réalité qui saute aux yeux de quiconque s’intéresse un minimum à ces sujets : il existe un décalage entre ce que souhaitent les contribuables et ce qui leur est proposé, décalage qui n’existerait pas sur un marché libre où le payeur d’impôt serait un consommateur à satisfaire comme un autre et non une poche dans laquelle se servir au nom d’une solidarité fantasmée.

 

Concentration et conspirationnisme

Cette intervention pose également la question de la concentration des médias.

Sur le sujet, le ministère de la Culture lui-même donne raison à Nicolas de Tavernost et Pierre Louette, puisqu’un rapport paru en juillet 2022 estime que France Télévisions est le premier acteur du marché.

Cette position, justifiée aussi bien en termes d’audience que de chiffre d’affaires, montre une tendance nette depuis 20 ans : la part de chiffre d’affaires de France Télévisions a explosé, alors même que son audience s’est effondrée.

Cependant, et comme le notait justement Pierre Louette, créer un média n’a jamais été aussi simple qu’aujourd’hui. Une liberté salutaire mais qui pose aussi la question de la qualité de cette information et de la montée des discours conspirationnistes que seuls la transparence publique et le respect du consentement démocratique permettront de combattre.

L’islamisation de l’Europe : qu’en est-il vraiment ?

À New York comme au Parlement belge, je rencontre de plus en plus d’interlocuteurs qui se disent convaincus que l’islamisation de Bruxelles — et de Londres, ajoutent-ils fréquemment — est désormais inéluctable et n’est plus qu’une question de temps. C’est un pronostic qui paraît audible, mais qui mérite plus que des nuances.

Commençons par relever, sans nous perdre dans les chiffres, que la progression de la population musulmane, à Bruxelles, est aussi massive que fulgurante. Depuis cinquante ans, le nombre de musulmans ne cesse de croître, et vu l’abaissement des frontières européennes, en fait quand ce n’est pas en droit, le mouvement ne semble pas prêt de s’enrayer.

 

Les chiffres

Toutefois, les chiffres ne sont pas aisés à établir. Si l’on veut rester scientifique et factuel, ce n’est pas en constatant la popularité du prénom Mohamed que l’on avancera. C’est là une fallace statistique classique — dénoncée à juste titre par Nassim Nicholas Taleb : la popularité du prénom Mohamed reste très élevée parmi les musulmans, donc à populations égales il y aura plus de Mohamed que de Pierre, Jan et Eric. Ce qui ne « prouve » strictement rien.

La dernière étude fiable sur le sujet date malheureusement de 2015/2016. C’est l’étude du Pr. Jan Hertogen, généralement considérée comme fiable et reprise par le Département d’État américain. Selon cette étude, le pourcentage de musulmans à Bruxelles était en 2015 de 24 %. Des chiffres plus récents sont fournis par le Pew Research Center, mais seulement pour la Belgique dans son ensemble, sans détail par ville. En 2016, 29 % des Bruxellois se revendiquaient musulmans. Si l’on contemple la courbe de progression, on peut estimer que le pourcentage de musulmans à Bruxelles se situe très probablement aujourd’hui en 2023 au début des 30 %.

Les chiffres n’attestent donc en rien une majorité musulmane à Bruxelles — ni sa réalité ni son imminence. Contrairement aux fantasmes d’une certaine droite qui réfléchit aussi mal que la gauche, en Europe, le taux de fécondité des femmes musulmanes s’est effondré, suivant en cela la courbe générale (même s’il reste plus élevé que chez les « natifs » : la faute à qui ?). Le fantasme d’une fécondité musulmane explosive en Europe est un pur mythe. Les préventions légitimes à l’égard de l’islam comme doctrine politique ne doivent pas nous éloigner des catégories élémentaires du raisonnement.

 

L’immigration

Bruxelles n’est pas majoritairement musulmane, et rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’elle le deviendra. Car l’immigration n’est pas une donnée invariable, à l’instar de la gravitation universelle. Force est de constater que, dans l’ensemble de l’Europe sauf la Wallonie, nous assistons à l’ascension au pouvoir de partis et personnalités qui tendent vers l’immigration zéro, à tout le moins un moratoire sur l’immigration. Qu’on approuve ou pas cette tendance, c’est un fait.

Car, en dépit des allégations de la gauche, qui présente l’immigration vers l’Europe comme inéluctable, l’immigration n’a strictement rien d’inéluctable. C’est la jurisprudence de la CEDH qui a créé le chaos migratoire actuel, en combinaison avec le Wir Shaffen Das de Angela Merkel.

L’immigration n’est pas une sorte de catastrophe naturelle qui s’abattrait sur l’Europe, inévitablement, à l’instar d’une invasion de sauterelles ou d’un orage d’été. Le chaos migratoire que nous connaissons, en Europe, est un phénomène purement humain, causé par des politiques et des juges.

Or, ce qui a été fait peut être défait. L’afflux de migrants que nous connaissons actuellement peut s’interrompre — après-demain, en neutralisant la CEDH. De ce point de vue, il sera intéressant d’observer ce que fera aux Pays-Bas Geert Wilders, qui a certes mis de l’eau dans son vin, mais qui souhaite mordicus mettre un terme au déferlement migratoire que connaît son joli pays. Sortir de la CEDH est une option — parmi d’autres.

 

La tentation de l’essentialisation

L’implantation massive de populations musulmanes en Europe — 50 millions de personnes en 2030, selon le Pew Research Center — est vécue de façon douloureuse et même dramatique quand dans le même temps une fraction notable de ces populations se radicalise. Par exemple, à la faveur du conflit israélo-palestinien. En France, l’écrasante majorité des actes et agressions antisémites est le fait de musulmans. En Belgique, les préjugés antisémites sont nettement plus répandus parmi les musulmans. Les défilés propalestiniens depuis le 7 octobre sont, trop souvent, le prétexte de slogans antisémites haineux comme nos rues n’en ont plus connu depuis les meetings du NSDAP dans les années trente et quarante du XXe siècle.

Pour autant, il faut se garder de la tentation de cette essentialisation tellement répandue à gauche : l’islam n’est pas une race, ni une fatalité. L’islam est une doctrine politique. On en sort comme on sort du socialisme, de l’écologisme, ou de la religion catholique. Je ne prétends pas que la majorité des musulmans d’Europe reniera l’islam — rien ne permet de le présager — ni que l’islam en Europe se pliera aux normes et valeurs de la civilisation occidentale : là encore, rien ne l’annonce.

Mais considérer que l’islam est une sorte de bloc infrangible, de Sphinx face au temps, qui se maintiendra immuable dans la courbe des siècles, abrogeant tout autre facteur, écrasant toute autre considération, revient à raisonner comme un islamiste, pour qui l’Univers se réduit à l’islam et selon lequel sortir de l’islam est un crime indicible.

Dis autrement, considérer dès à présent que Bruxelles — Paris, Londres — deviendra immanquablement islamique a fortiori islamiste revient à commettre une erreur de fait, et offrir par avance la victoire aux pires extrémistes parmi les musulmans. C’est le type par excellence de cette pensée défaitiste, dont Churchill enseignait dans sa somme magistrale Second World War qu’elle était, dès 1939, plus menaçante que l’ensemble des divisions nazies.

Inauguration de la guerre politique organisée

par Mendelssohn Moses. Dans un sens, la CIA est «pire» que le KGB ne l’était, en raison des technologies à sa disposition, et surtout, du «hubris», ce sens d’omnipotence et impunité réunies, qui l’a captée depuis la fin de la Guerre froide.

L’état d’esprit victimaire rend les gens impuissants

Dans son article « Unraveling the Mindset of Victimhood », le psychologue américain Scott Barry Kaufman a recommandé de passer le court test suivant pour déterminer si vous avez un « état d’esprit de victime » :

« Évaluez dans quelle mesure vous êtes d’accord avec chacun de ces éléments sur une échelle de 1 (« pas moi du tout ») à 5 (« c’est tellement moi ») :

– Il est important pour moi que les personnes qui m’ont blessé reconnaissent qu’une injustice m’a été faite.

– Je pense que je suis beaucoup plus consciencieux et moral dans mes relations avec les autres que dans la façon dont ils me traitent.

– Lorsque des personnes proches de moi se sentent blessées par mes actes, il est très important pour moi de préciser que la justice est de mon côté.

– C’est très difficile pour moi d’arrêter de penser à l’injustice que les autres m’ont faite.

Si vous avez obtenu un score élevé (4 ou 5) sur tous ces éléments, vous avez peut-être ce que les psychologues ont identifié comme une « tendance à la victimisation interpersonnelle ».

J’ajouterais la déclaration suivante : « Je me définis d’abord et avant tout comme un membre d’un groupe social distinct (de préférence une minorité) qui a été discriminé partout dans le monde et pendant des siècles ou des millénaires. »

 

Définir la tendance à la victimisation 

Le psychologue israélien Rahav Gabay définit cette tendance à la victimisation interpersonnelle comme « Un sentiment continu que le soi est une victime, qui est généralisé à de nombreux types de relations. Par conséquent, la victimisation devient un élément central de l’identité de l’individu. Ceux qui ont un état d’esprit de victimisation perpétuelle ont tendance à avoir un  »locus de contrôle externe ». Ils croient que la vie d’une personne est entièrement sous le contrôle de forces extérieures à elle-même, telles que le destin, la chance ou la miséricorde des autres. »

Le « locus de contrôle externe » signifie : je ne me considère pas comme le façonneur de mon propre destin, je blâme toujours les forces extérieures. Je blâme la société, la discrimination, le capitalisme, etc. pour les défaites et les revers. Si d’autres personnes réussissent, j’envie leur succès et je l’attribue à la « chance » ou à « l’injustice sociale ».

Cette attitude rend les gens impuissants. Les mouvements radicaux qui cultivent ce mythe victimaire et promettent que seul un renversement de la société changera leur situation personnelle leur donnent alors une force supposée.

 

Un handicap n’est pas nécessairement un frein

Les histoires de personnes handicapées qui ont réussi et que je raconte dans mon livre Unbreakable Spirit montrent que ce ne sont pas les circonstances extérieures, mais surtout sa propre attitude intérieure, l’état d’esprit, qui a une influence décisive sur la vie d’une personne :

Comme le montre le livre, Ludwig van Beethoven a utilisé son incroyable volonté pour dépasser de loin ses propres ambitions et surmonter ses capacités physiques supposées limitées et a composé certaines de ses plus grandes symphonies alors qu’il était déjà sourd. Comme il l’a dit : « La force est la morale de l’homme qui se démarque des autres, et c’est la mienne. ». Frida Kahlo, qui a été frappée par la poliomyélite dans son enfance, puis handicapée physique lors d’un grave accident de la route, est devenue la peintre la plus célèbre d’Amérique latine. Le physicien de renommée mondiale Stephen Hawking a exploré les trous noirs et nous a expliqué l’univers, bien qu’il soit confiné à un fauteuil roulant et qu’il communique via un ordinateur vocal.

Ray Charles, Stevie Wonder et Andrea Bocelli sont devenus des superstars de la scène musicale parce qu’ils ont refusé d’accepter leur cécité comme un désavantage, et ont même réussi à en faire un atout. Michael J. Fox était déjà devenu célèbre à Hollywood lorsqu’on lui a diagnostiqué la maladie de Parkinson. Cela signifierait normalement la fin de la carrière d’un acteur, mais la star de Retour vers le futur a prouvé le contraire. À l’aube de la vingtaine, Felix Klieser était déjà devenu l’un des plus grands cornistes du monde, même sans ce qui est en fait une condition préalable indispensable pour jouer du cor : les bras.

Thomas Quasthoff est un survivant de la thalidomide, il est né avec de graves malformations des bras et des jambes – il est devenu l’un des plus grands ténors vivants. Nick Vujicic, né sans bras ni jambes, est un conférencier très recherché et a inspiré des millions de personnes dans 63 pays et rencontré 16 chefs d’État à travers le monde. « Je crois », dit Vujicic, « que si vous créez la vie que vous voulez dans votre imagination, il est possible de la créer dans la réalité minute par minute, heure par heure et jour par jour. »

Un puissant désir de dépasser les limites fixées par le corps ou l’esprit est ce qui motive chacune de ces incroyables personnes. L’alpiniste aveugle Erik Weihenmayer a notamment conquis les sept sommets les plus redoutables des sept continents, dont le mont Everest. La force mentale de personnes comme Weihenmayer leur permettait de ne jamais se considérer comme des victimes ou des membres d’une minorité « défavorisée », mais comme des personnes fortes qui contrôlaient leur propre destin.

La France face à la menace terroriste : vers un État policier ?

Par : h16

Les autorités redoutent un attentat d’ici la fin de l’année. Elles l’ont d’ailleurs très médiatiquement fait savoir, tant du côté européen que du côté français, afin que toute la population soit correctement saisie d’inquiétude et de méfiance pour la période des fêtes.

Et donc, que ce soit le résultat d’une action préparée de longue date restée discrète voire secrète au point d’échapper aux renseignements policiers, ou qu’il s’agisse d’un événement quasiment improvisé, selon toute vraisemblance, les prochaines semaines ou, plus probablement, les prochains mois verront un nouvel événement terroriste en France.

Notons que tout aura été fait pour, et qu’on pourra raisonnablement écarter tout hasard dans la préparation des consciences, tant est difficile à cacher la volonté pour une bonne partie des politiciens d’importer avec gourmandise le conflit israélo-palestinien en France. Ici, on comprend bien évidemment la mécanique politique à l’œuvre : toute nouvelle tension, toute nouvelle bouffée d’horreur en France servira essentiellement à augmenter les prérogatives de l’État, et de ceux qui le gouvernent, et tout événement violent sera prétexte à accroître les possibilités offertes à ces derniers de pressurer la population, la museler et la contraindre dans le sens qui leur plaira.

Il n’y a guère besoin d’extrapoler. Même quelque chose de relativement bénin (voire festif selon certains) comme les Jeux Olympiques d’été permet d’illustrer le point : ces célébrations dispendieuses, largement coupées des préoccupations directes de l’écrasante majorité de la population, servent déjà à passer nombre de lois et de décrets afin de transformer la capitale en véritable enfer carcéral pour ses habitants, et à mettre en place des mesures (notamment numériques) dont on sait qu’elles perdureront bien au-delà de leur raison initiale.

Dans ce contexte, il est facile de comprendre que n’importe quel attentat un peu plus large qu’un simple échange de coups de couteaux (qui ne ferait qu’attiser ce que la classe jacassante appelle maintenant hypocritement l’ultradroite) pourra servir d’une part à terroriser la population (ou tout faire dans ce but) ; et d’autre part à renforcer le contrôle policier… sur ceux qui pourraient trouver la situation un peu saumâtre et vouloir se défendre (encore l’ultradroite, comme par hasard).

Il semble donc évident qu’un événement majeur, avec à la clé plusieurs (dizaines de ?) morts aura lieu dans les prochains mois, disons pour donner une idée, d’ici Noël 2024. Quelque chose comme ce qui s’est passé en Israël où des villages entiers furent attaqués par de petites troupes de terroristes.

Cela n’a absolument rien de farfelu puisque l’ébauche a déjà germé dans les cerveaux manifestement sous-dimensionnés de quelques individus qui ont, fort heureusement, réussi à se faire gauler : « On passe à quatre ou cinq, armés, tu tues tout le village en une seule nuit, c’est facile, je te dis que tu peux faire ça, c’est facile ! »…

On devra se demander pourquoi les autorités ont jugé bon de faire connaître médiatiquement ces projets d’attentats de ces soi-disant « réfugiés », mais il est clair que ce faisant, outre disséminer encore un peu plus l’idée, cela permet d’établir un précédent, à toutes fins utiles. Dès lors, on peut imaginer que d’autres, un peu plus finauds que ces pieds nickelés du djihadisme, s’organisent déjà avec une meilleure discrétion. Peut-être ceux-là acquièrent-ils lentement des armes personnelles, chacun dans son coin, la filière ukrainienne servant sans nul doute à les fournir et, un petit matin, ou un soir, ils choisiront de passer à l’action de manière individuelle selon un plan préparé à l’avance, et discuté hors des réseaux numériques les plus écoutés.

On imagine sans mal qu’ils débouleront dans l’un de ces villages tranquilles où la gendarmerie est sous-équipée et en sous-effectif chronique d’autant plus que la commune, sans barres HLM, sans racailles et sans gentils clandestins, est très calme et ne nécessite donc que peu de services de proximité que l’État n’a de toute façon aucune volonté de maintenir localement. Les dégâts (en nombre de morts, en blessés) y seront logiquement élevés.

Ce n’est qu’un scénario possible, mais compte tenu du nombre de candidats potentiels à ce genre d’actions, de l’état général des services de renseignements en France, de la compétence moyenne de nos autorités, avouons que ce n’est pas le scénario le plus fou fou non plus.

On peut aussi garantir que l’action des forces de l’ordre sera spectaculairement foireuse pendant un bon moment avant de pouvoir les stopper. Peut-être même une partie des perpétrateurs pourra – comme par hasard – s’enfuir dans la nature.

Pour donner un ordre d’idée, une poignée d’attaquants, cinq ou six (soit seulement trois de plus qu’au Bataclan) peut faire des dizaines de morts et de blessés dans une poignée de villages. À quelques dizaines, le massacre serait rapidement monstrueux face à des populations qui ont été volontairement et largement habituées à dépendre totalement de l’État pour leur sécurité, et dont les dents et les griffes ont été patiemment limées ; de lois scélérates, en (dé)moraline en baril distribuée chaque soir sur les ondes, et prunages vexatoires pour la moindre hausse de sourcil un peu trop rapide, ces populations ont abandonné toute envie de combattre, et leur capacité d’auto-défense

Ici, parier sur l’incompétence totale des autorités françaises à réagir rapidement et efficacement dans ce genre de terrible contexte n’est même pas un pari osé, c’est malheureusement le moins risqué. Du reste, les attentats du 13 novembre 2015 ont amplement démontré la désorganisation des forces d’intervention et des autorités. Qui imagine que l’équipe actuelle serait soudainement plus affûtée que celle d’alors ?

En revanche, on peut garantir la bonne compétence de la même brochette pour la récupération d’un tel événement, afin de poser les derniers jalons, les plus sévères, les plus lourds et les plus définitifs d’un véritable État policier, c’est-à-dire une dictature parfaitement étanche. Cela ne fait aucun doute.

En réalité, c’est précisément pour cela que la menace d’attentats a été clairement annoncée urbi & orbi par nos autorités, l’apeurement des populations étant un des effets directs recherchés. C’est pratique, une population apeurée : bien préparée à une horreur quasiment vendue comme inévitable, elle sera à point lorsque l’horreur surviendra.

Quelques centaines de morts d’un côté, un pouvoir quasi-illimité de l’autre : pour des élites parasitaires et parfaitement dénuées de tout scrupule, le calcul est vite fait et la question de la marche à suivre, « elle est vite répondue » pour des dirigeants qui sentent leur fin inéluctable sans la mise en place d’une poigne de fer contre le peuple.

En fait, il n’y a guère lieu d’épiloguer. Gérard Collomb, dans un rare moment de lucidité que permet l’abandon de la politique, expliquait au sujet de certaines populations que nous vivions actuellement côte à côte, et risquions vite « de se retrouver face à face ».

Nous y sommes.

Sur le web.

Une contre-révolution sous nos yeux ? Ce que révèlent les affaires Depardieu et Cesari

Deux événements se sont produits simultanément le 7 décembre 2023.

Le premier concerne la bronca qui a gagné un collège des Yvelines à la suite de la présentation en cours de français d’un tableau de Giuseppe Cesari datant du XVIIe siècle, Diane et Actéon. Parce que ce tableau représente des femmes dénudées, des élèves musulmans de 6e ont exprimé leur réprobation. Des tensions et des menaces ont suivi, ce qui a conduit les enseignants à faire valoir leur droit de retrait, avant que le ministre Gabriel Attal ne se rende sur place.

Le second événement concerne l’acteur Gérard Depardieu. Dans un documentaire, le magazine « Complément d’enquête » a diffusé des extraits d’une vidéo tournée en 2018 dans laquelle le comédien tient des propos particulièrement crus et vulgaires sur les femmes, y compris sur une très jeune fille d’une dizaine d’années.

Si ces deux événements méritent d’être rapprochés, malgré leurs différences, c’est parce que, chacun à leur manière, ils nous parlent des transformations actuelles de la société française.

 

Cachez cette nudité

Commençons par l’affaire du tableau de Cesari. On peut légitimement discuter pour savoir s’il était judicieux de montrer un tel tableau à des élèves de 6e. Mais l’essentiel n’est pas là.

Il fut un temps pas si lointain où, face à des images à caractère sexuel, entraperçues par exemple dans un film ou un documentaire, les collégiens avaient tendance à manifester, non pas leur dégoût mais bien un enthousiasme typiquement juvénile, où se mêlaient gloussements émerveillés et clameurs grivoises.

Que des élèves de 6e adoptent aujourd’hui une attitude exactement inverse, surtout à un âge aussi précoce, en dit long sur le type d’éducation qu’ils reçoivent et sur les valeurs qu’ils entendent affirmer. Visiblement, cette affaire confirme l’existence d’un clivage profond qui place l’école en porte-à-faux vis-à-vis d’une partie de la population, comme l’avaient déjà révélé les incidents lors de l’hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard, ou les nombreux conflits sur les signes religieux et les atteintes à la laïcité.

 

Cachez cette sexualité

Concernant Gérard Depardieu, le problème se présente différemment. Il est évidemment légitime d’être choqué par les propos de l’acteur, lesquels dépassent très largement ce que la décence commune peut tolérer.

On évitera cependant d’être hypocrite. Lorsqu’ils sont entre eux, il arrive aux hommes de parler crûment des femmes et de la sexualité car rares sont ceux qui échappent totalement aux pulsions de leur cerveau reptilien. Cela vaut sans doute aussi dans l’autre sens. On peut en effet remarquer que l’un des clips actuellement les plus populaires est une chanson de rap interprétée par deux femmes qui s’intitule WAP, ce qui signifie Wet Ass Pussy. Or, les paroles n’ont rien à envier à la trivialité de Depardieu : « Il y a des salopes dans cette maison / Amène un seau et une serpillière pour cette chatte bien mouillée / Mets cette chatte sur ton visage, glisse ton nez comme une carte de crédit / Crache dans ma bouche / Dans la chaîne alimentaire, je suis celle qui t’avale / Je veux que tu touches ce petit trucmuche qui pendouille au fond de ma gorge. » Ce clip a été encensé encore récemment sur le site Slate.fr.

Il ne s’agit pas de dire que tout est permis. La vie civilisée consiste justement à s’abstenir de toute vulgarité dans la vie publique : la sexualité est une affaire privée. Mais rien ne dit que les propos de Depardieu étaient destinés à être diffusés. On aimerait d’ailleurs savoir pourquoi la chaîne publique s’est autorisée à diffuser ces images, violant sans scrupules le droit à la vie privée de l’acteur.

 

Cachez ce monstre

Le problème concerne cependant moins Depardieu lui-même que l’évolution de son statut dans la société. Car Depardieu n’a pas toujours été ce personnage exécré qu’il est devenu. Historiquement, il a au contraire incarné l’audace modernisatrice, la provocation progressiste, la critique iconoclaste.

Le film qui l’a propulsé vers la gloire, en l’occurrence Les Valseuses de Bertrand Blier (1975), dont le titre était déjà tout un programme, devait son succès à ses dialogues crus et à ses scènes de sexe délibérément destinées à choquer le bourgeois. Les radios publiques lui rendent encore hommage, que ce soit France Interou plus récemment France Culture.

C’est donc en grande partie pour son côté iconoclaste que Depardieu a été encensé. Même les institutions de la République y sont allées de leur reconnaissance, d’abord en le faisant chevalier de l’ordre national du Mérite de la part de François Mitterrand en 1988 (précisons toutefois qu’il avait appelé à voter pour le candidat socialiste), puis en lui attribuant la Légion d’honneur (Jacques Chirac en 1996).

Cette consécration artistique et politique a forcément eu des effets sur ses manières d’être et de s’exprimer. Tout au long de sa vie, Depardieu a probablement été adulé par son entourage pour son côté libéré et provocateur. Personne ne se fait tout seul, et Depardieu n’échappe pas à cette règle : à sa façon, il est le fruit de cette France d’après 1968 qui ambitionnait de bouleverser la morale traditionnelle au profit de la liberté amoureuse et sexuelle.

Le retournement est aujourd’hui total. Depardieu est maintenant présenté comme un « ogre » ou un « monstre ». La ministre de la Culture n’hésite pas à dire qu’il fait « honte à la France », et parle de lui retirer la Légion d’honneur. Elle n’a pas appelé à brûler ses films, mais ce n’est peut-être qu’une question de temps.

On pense à la célèbre formule de l’Évêque de Reims lors de la conversion de Clovis au christianisme :

« Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ».

C’est probablement à cela qu’on reconnaît un changement d’époque : c’est lorsqu’une société aspire à se débarrasser de ses idoles d’hier, à briser ses anciennes icônes devenues insupportables, que l’on comprend qu’une nouvelle religion émerge, même si on ne sait pas très bien quelles personnalités vont incarner la nouvelle vertu.

 

La contre-révolution est en marche

Les affaires Cesari et Depardieu pourraient rester dans le registre du fait divers si elles ne venaient pas à la suite de nombreuses polémiques du même type. On pense par exemple au baiser de Blanche-Neige, dont nous avons essayé d’esquisser une analyse.

Une contre-révolution morale est manifestement en marche. Serge Gainsbourg, un autre provocateur du même acabit, en a fait les frais dernièrement. Autrefois, les jeunes traitaient leurs aînés de « vieux cons » et dénonçaient leurs opinions réactionnaires ; désormais, ils reprochent aux générations précédentes d’avoir été progressistes.

Si cette dynamique contre-révolutionnaire s’annonce profonde et durable, c’est parce qu’elle est portée par un agrégat de groupes différents soutenus par une démographie et des mutations sociologiques favorables, dont le point commun est de promouvoir un agenda néo-puritain. La polémique sur le tableau de Guiseppe Cesari est ici très significative : elle a été lancée par des familles musulmanes, mais elle aurait très bien pu être initiée par des néo-féministes. L’islam rigoriste se retrouve sur la même ligne qu’une partie du féminisme moralisateur, tandis que la gauche, loin de se détourner de ces deux causes, aspire à les englober dans un salmigondis idéologique aussi indigeste que fragile.

Il faut donc s’attendre à ce que les polémiques de ce type se multiplient. On doit se préparer à aller de surprise en surprise, car les nouvelles sensibilités sont toujours pleines de ressources et de créativité lorsqu’il s’agit de désigner des icônes à abattre. C’est ce qui en fait tout l’intérêt, un peu comme pour une bonne série télé : on a hâte de découvrir la prochaine saison.

La religion biblique serait interdite ?

Par : gun giant
par Gilbert Guigant. Tueurs d’enfants et de femmes. En prétendant que c’est «forcément juste» et qu’une entité divine les en félicite. Il faut donc faire barrage à ce bloc de béton d’inhumanités.

Que nous apprend l'Ukraine au sujet des forces morales de la Nation ? Entretien avec C. Marangé

Que révèle l'expérience ukrainienne de l'importance des forces morales de la Nation ? Cet entretien avec Céline Marangé pose de manière argumentée la nécessité d'une prise de conscience partagée des enjeux.

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Etude PISA sur l’enseignement: le Covid a bon dos…

Par : Nico Hirtt

Deux graphiques permettent de résumer les deux principaux enseignements, à ce stade,  de l’étude PISA 2022. D’une part la chute régulière et universelle du niveau de performance des élèves. D’autre part […]

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Au-delà de l’État : plaidoyer pour l’anarchocapitalisme

Un article de Anthony P. Mueller. 

La politique sous toutes ses formes, en particulier celle des partis politiques, est l’ennemi juré de la liberté, de la prospérité et de la paix. Pourtant, où que l’on regarde, le renforcement du gouvernement est invoqué comme la solution.

Rares sont les voix qui affirment qu’une autre voie est possible. Peu d’entre elles s’expriment en faveur de l’anarchocapitalisme et d’un ordre social libertarien.

Il est assez courant aujourd’hui d’annoncer avec assurance le verdict selon lequel l’anarchocapitalisme, une société sans État répressif, n’est pas réaliste. Pour la plupart des gens, un ordre social libertarien est une chimère. Les fausses accusations abondent, comme celle selon laquelle l’anarchocapitalisme serait source d’injustice et désavantagerait les pauvres.

 

La situation précaire du libertarianisme est en partie liée à l’évolution de l’histoire.

L’évolution sociétale a pris un mauvais tournant lorsque Rome a vaincu Carthage, et qu’au lieu d’une société commerciale, c’est une société étatique militariste qui a pris le dessus. Plus de deux mille ans de césarisme ont répandu la croyance qu’il n’y a pas d’alternative à la politique et à l’État. La hiérarchie et l’autoritarisme en sont venus à être considérés comme le mode naturel d’organisation de la société, sans reconnaître que ces ordres sont imposés.

Le libertarianisme est une société de droit privé. Dans une société de droit commun, les entreprises privées sur le marché remplissent les fonctions traditionnelles de l’État. L’ordre contractuel volontaire de l’anarchocapitalisme remplace la coordination hiérarchique des activités de l’État. Le sens premier de l’anarchocapitalisme est un ordre où la coopération horizontale basée sur l’échange volontaire domine la coordination des activités humaines.

L’ordre spontané d’une société anarchocapitaliste exige qu’il se réalise sous la forme d’un processus graduel de privatisation. Commençant par la suppression des subventions et des réglementations, ainsi que par la vente des entreprises semi-publiques et des services publics, la privatisation devrait s’étendre progressivement à l’éducation et à la santé, et finalement englober la sécurité et le système judiciaire.

Il existe de nombreuses preuves que les soi-disant services publics deviendront meilleurs et moins chers dans le cadre de l’anarchocapitalisme. Dans le cadre d’un système global de libre marché, la demande et l’offre en matière d’éducation, de soins de santé, de défense et de sécurité intérieure seraient très différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. La privatisation de ces activités, qui sont actuellement sous l’autorité de l’État, entraînerait non seulement une diminution des coûts unitaires des services, mais changerait également la nature des produits.

Étant donné que la majeure partie de l’offre actuelle de biens dits publics est un gaspillage inutile, une charge énorme pèserait sur les contribuables une fois que ces produits seraient privatisés. Sans perdre les avantages réels de l’éducation, des soins de santé et de la défense, ces biens seraient adaptés aux souhaits des consommateurs, et fournis de la manière la plus efficace. Les coûts seraient réduits à une fraction de leur taille actuelle.

Si l’on inclut l’appareil judiciaire et l’administration publique hypertrophiés dans la réduction de l’activité de l’État, les dépenses publiques – qui représentent aujourd’hui près de 50 % du produit intérieur brut dans la plupart des pays industrialisés – seraient ramenées à des pourcentages à un chiffre. Les contributions diminueraient de 90 %, tandis que la qualité des services augmenterait.

 

Contrairement à la croyance dominante, la privatisation des fonctions policières et judiciaires n’est pas un problème majeur. Il s’agirait d’étendre ce qui se fait déjà. Dans plusieurs pays, dont les États-Unis, le nombre de policiers et d’agents de sécurité privés dépasse déjà le nombre de policiers officiels. La prestation privée de services judiciaires est également en augmentation. Les tribunaux d’arbitrage ont fait l’objet d’une demande forte et croissante, y compris pour les litiges transfrontaliers.

Ces tendances se poursuivront, car la protection et l’arbitrage privés sont moins coûteux et de meilleure qualité que les services publics.

Au Brésil, par exemple, qui possède l’un des systèmes judiciaires les plus coûteux au monde, environ quatre-vingt millions d’affaires sont actuellement en attente de décision, et l’incertitude juridique est devenue monstrueuse. Aux États-Unis, de nombreux secteurs du système judiciaire sont en déliquescence.

 

La solution aux problèmes actuels n’est pas plus mais moins de gouvernement, pas plus mais moins d’État, pas plus mais moins de politique. La malédiction qui pèse actuellement sur les jeunes, à savoir avoir un emploi fixe bien rémunéré ou vivre à la limite de l’autonomie, disparaîtrait. L’anarchocapitalisme est synonyme de productivité élevée et de temps libre abondant. Dans une société anarchocapitaliste, la pénibilité du travail salarié ne sera plus la norme et sera remplacée par le travail indépendant.

L’anarchocapitalisme n’est pas un système qui doit être établi par un parti ou un homme fort.

 

Une communauté libérale devrait émerger comme un ordre spontané. La bonne voie vers une telle société est donc l’action négative. La tâche qui nous attend est la suppression des subventions et des réglementations. Au lieu de créer de nouvelles lois et de nouvelles institutions, la mission consiste à abolir les lois et les institutions. Pour ce faire, un changement de l’opinion publique est nécessaire.

Plus l’idée que la solution réside dans la réduction de la politique et de l’État gagnera du terrain, plus le mouvement libertarien prendra de l’ampleur. Pour ce faire, il faut avoir la volonté d’exiger et de réaliser la privatisation du plus grand nombre possible d’institutions publiques.

La privatisation est un moyen, pas un but. Elle sert à placer un fournisseur de biens sous le contrôle du grand public. Sur le marché libre, ce sont les clients qui déterminent les entreprises qui restent en activité et celles qui doivent fermer. Avec le système actuel du capitalisme d’État, de larges pans de l’économie sont contrôlés par la politique et l’appareil technocratique.

La privatisation place les entreprises sous le régime du profit et de la perte, et donc sous le contrôle du client. Le profit est la clé de l’accumulation du capital, et donc de la prospérité. Le profit des entreprises est le moteur et en même temps le résultat du progrès économique. Seule une économie prospère génère des profits. Dans la même logique, on peut dire que les profits poussent l’économie vers la prospérité.

Pour les entreprises privées, l’importance des bénéfices dépend du degré d’efficacité de l’entreprise et de l’utilité de son produit pour satisfaire les goûts du public. Cependant, la privatisation en soi ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une déréglementation. Dans le passé, de nombreux cas de privatisation ont échoué parce que le cadre réglementaire n’avait pas été supprimé. Les anciennes barrières à l’entrée ont continué à exister.

 

Une autre erreur souvent commise a été de privatiser à la hâte des entreprises publiques qui fournissent des services essentiels, au lieu de commencer par l’évidence : supprimer les subventions. La déréglementation et la suppression des subventions sont des conditions préalables essentielles à la réussite de la privatisation. Le capitalisme a besoin de concurrence, et la concurrence a besoin de faibles barrières à l’entrée.

L’anarchocapitalisme dessine un ordre économique dans lequel l’entrepreneur dirige l’entreprise selon les règles du profit et de la perte. Ceux-ci, à leur tour, dépendent directement des actions des clients. Les lois du profit et de la perte obligent l’entrepreneur à employer son capital au profit des consommateurs. En ce sens, l’économie de marché fonctionne comme un mécanisme de sélection permanent en faveur de l’allocation des ressources, là où le degré de productivité et de bien-être est le plus élevé.

Pour réussir, la privatisation doit être considérée comme une étape dans un ensemble de mesures visant à établir une économie de marché. Pour bien fonctionner, la privatisation doit s’accompagner de l’ouverture des marchés – y compris le libre-échange international – en réduisant la bureaucratie et en rendant le marché du travail plus flexible.

 

Une monnaie saine et une faible pression fiscale sont des conditions préalables fondamentales au bon fonctionnement des marchés libres. La privatisation de l’économie échouera tant que le système monétaire sera soumis à un contrôle politique et technocratique et que des charges fiscales élevées limiteront les actions économiques de l’individu.

Dans l’économie de marché, les idées des entrepreneurs font l’objet d’un plébiscite permanent. Les entreprises privées doivent répondre aux désirs des consommateurs, car ce sont eux qui indiquent leurs préférences par leurs actes d’achat. Le choix démocratique en politique est systématiquement moins bon que les décisions sur le marché. Alors que la plupart des décisions d’achat peuvent être corrigées et remplacées immédiatement ou dans un court laps de temps, les décisions politiques ont des conséquences à long terme qui dépassent souvent le contrôle et l’horizon intellectuel de l’électorat.

La prospérité est l’objectif, et l’anarchocapitalisme l’apporte.

Le principe de base en faveur de la privatisation découle de l’idée que la propriété privée des moyens de production – et donc la privatisation – garantit le progrès économique et la prospérité pour tous. Les marchés ne sont pas parfaits, pas plus que les entrepreneurs ou les consommateurs. La production capitaliste ne peut pas répondre à tous les désirs ou besoins de chacun. Aucun système ne le peut. Le système de marché n’élimine pas la pénurie pour tout le monde, mais le système de marché est l’ordre économique qui gère le mieux la présence universelle de la pénurie.

L’anarchocapitalisme correctement compris n’entre pas dans la même catégorie que le socialisme. Le socialisme doit être imposé. Sa mise en place et son maintien requièrent la violence. Avec l’anarchocapitalisme, c’est différent. Il naîtra spontanément de la suppression des barrières qui s’opposent à l’ordre naturel des choses.

Un article traduit par la rédaction de Contrepoints. Voir sur le web.

La laïcité à l’anglaise : autre pays, autres mœurs ?

Par Michael Kelly

Ceux qui ont observé le couronnement du roi Charles III en mai 2023 pourraient penser que le Royaume-Uni est tout le contraire d’un pays laïc. Dans l’abbaye de Westminster, le nouveau chef de l’État a reçu son mandat de l’archevêque de Canterbury et est ainsi devenu chef de l’Église d’Angleterre. Pourtant, les apparences sont trompeuses.

La situation actuelle outre-Manche est complexe, tributaire des contradictions et des compromis de l’histoire britannique. Dans le fond, l’Angleterre devient une société séculière, mais sans avoir adopté le principe français de la laïcité.

On cite souvent le philosophe américain Charles Taylor, qui distingue trois éléments majeurs dans la sécularisation des sociétés occidentales : le déclin de la croyance religieuse, la conception de la religion comme choix personnel du croyant, et la séparation entre l’Église et l’État.

Concernant les deux premiers éléments, la France et l’Angleterre sont assez proches.

 

Un déclin de la croyance

Lors du recensement de 2021 en Angleterre et au Pays de Galles, on a observé pour la première fois que moins de la moitié de la population s’est déclarée chrétienne : 46 %, contre 59 % en 2011. Ils sont 37 % à se déclarer sans religion. Par comparaison, l’Eurobaromètre de 2019 compte 47 % de chrétiens en France, contre 40 % sans religion. On a recensé 10 % de personnes se déclarant d’autre religion que le christianisme en Angleterre, et 12 % en France. Ce déclin de l’identité religieuse s’accompagne d’une chute de la pratique religieuse dans les deux pays.

On constate également des changements fondamentaux dans les pratiques, notamment concernant ce qui était considéré jusqu’à récemment comme des rites de passage. Par exemple, il était normal que les Anglais et les Anglaises se marient à l’église, mais en 2020, 15 % seulement des couples s’y sont mariés.

Ainsi, une église anglicane moyenne n’a assuré que quatre funérailles et un seul mariage en 2020. En revanche, les rites alternatifs foisonnent. Il est maintenant possible et admis de se marier, ou de formaliser son union civile, en dehors de l’église ou du bureau d’enregistrement : dans un hôtel, mais aussi dans un jardin, sur un bateau, à la plage, ou ailleurs selon l’imagination du couple.

Au Royaume-Uni, on constate que ce sont très souvent des humanistes, appartenant au mouvement non religieux que je présente plus bas, qui président les mariages et les autres rites en lieu et place des curés.

Au lieu de proposer des sacrements, ils marquent les hauts moments de la vie humaine dans des célébrations collectives. Ils peuvent êtres appelés tant pour les noces que pour les enterrements.

Dans les autres institutions sociales, on peut percevoir les mêmes tendances. Dans les tribunaux, par exemple, où autrefois on jurait sur la Bible, l’accusé ou les jurés peuvent aussi jurer sur un livre religieux de leur choix, comme le Coran, la Torah ou la Bhagavad-Gita (texte clé de l’hindouisme), ou peuvent simplement faire une déclaration solennelle. Lors d’un procès auquel j’ai participé l’année dernière, dix jurés sur douze ont choisi de jurer solennellement qu’ils allaient accomplir leur devoir. Le choix religieux est donc une option personnelle, mais ne change rien dans le déroulement de la justice.

 

La religion à l’école

Concernant les institutions d’éducation, la France et le Royaume-Uni ont une économie mixte qui comprend des écoles publiques et privées. Au Royaume-Uni, 6 % des jeunes sont dans l’enseignement privé pour près de 17 % en France. Les écoles privées britanniques ne reçoivent aucune subvention financière directe de l’État, alors que la grande majorité des écoles privées françaises sont « sous contrat » avec l’État, et perçoivent une importante subvention publique.

Au Royaume-Uni, le tiers des écoles d’État sont des écoles dites « de foi », dont la majorité sont des écoles primaires. En France, par contre, l’enseignement à caractère religieux se passe essentiellement dans les écoles privées, dont la vaste majorité (97 %) sont des écoles catholiques.

C’est dans les écoles d’État que les différences se manifestent. On sait combien les écoles d’État en France doivent insister sur l’exclusion des signes et des pratiques religieux. La situation au Royaume-Uni varie à travers l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, car chacune des « quatre nations » est responsable de l’éducation de ses jeunes administrés.

En Angleterre, par exemple, le tiers des écoles d’État (y compris les collèges et les lycées) a un statut religieux (anglican et catholique en majorité, mais aussi juif, musulman, hindou et Sikh). Ce statut implique que l’école, ou le lycée, sont affiliés à une organisation religieuse, offrent des cours d’éducation religieuse et maintiennent une culture informée par la religion en question. L’école peut accepter des enfants d’autres religions, ou sans religion, qui peuvent manifester leur appartenance propre dans le respect de la culture religieuse de l’école. On peut penser qu’il y a une forte ressemblance entre les écoles d’État « de foi » britanniques et les écoles privées sous contrat en France.

Notons que depuis la loi de 1944, les écoles d’État en Angleterre autre que les écoles de foi, en primaire et secondaire, sont obligées de fournir une fois par semaine un enseignement sur la religion, et de tenir tous les jours un « acte de culte chrétien ». En pratique, la majorité de ces écoles choisissent de reconnaître la diversité des croyances parmi les élèves, soit dans les classes de religion, soit dans les rassemblements collectives.

 

Les familles peuvent choisir

Au Royaume-Uni, les parents d’élève peuvent choisir de retirer leurs enfants des activités religieuses, ce qui se fait de plus en plus. Les élèves eux-mêmes peuvent exercer ce choix à partir de 16 ans.

D’ailleurs, les écoles interprètent ces obligations à leur façon. Par exemple, « l’acte de culte » peut prendre la forme d’un rassemblement portant sur la vie de l’école (réussite scolaire ou sportive, événement marquant, discipline et comportement). Et les cours sur la religion peuvent porter sur les croyances et pratiques de toutes sortes.

Non seulement les parents ont la possibilité de retirer leurs enfants de ces activités, mais les directeurs peuvent demander que l’école en soit dispensée. In fine, on constate une diversité de situations, entre l’enthousiasme religieux et la pratique laïque.

Chaque école a la responsabilité de formuler ses règlements sur la discipline intérieure (comportements, coiffure, vêtements, port de signes, etc.) selon le contexte de l’école et de sa composition sociale.

Il est rare d’y voir des confrontations, et il semble que le régime du choix personnel des élèves, des parents et des enseignants, en matière de croyances et pratiques religieuses, contribue à la paix scolaire.

 

La place du religieux en évolution

La séparation de l’État et de l’Église dans le domaine politique et juridique pose des questions plus aiguës. L’Église anglicane ne reçoit aucune subvention de l’État, mais elle est « établie » comme l’Église d’Angleterre depuis la Réforme d’Henri VIII au XVIe siècle.

Aujourd’hui, le monarque est toujours chef de cette Église, même si les décisions sont en réalité prises par le gouvernement qui est par exemple chargé d’approuver la nomination d’évêques. 26 évêques siègent de droit dans la Chambre des Lords (équivalent du Sénat français) et y font peser leur voix.

La position politique de l’Église est surtout symbolique, mais elle exerce un rôle de porte-parole en faveur des valeurs spirituelles et éthiques, ce qui lui donne une certaine influence dans l’opinion publique. Par contre, depuis le XIXe siècle, son statut sous la loi est résiduel. Elle a peu de pouvoir politique direct, et se garde de l’utiliser dans la mesure du possible.

 

Vers un régime séculier ?

Actuellement, la critique de la religion est devenue très répandue et une minorité croissante s’exprime en faveur de l’exclusion des privilèges des religions dans la vie collective. Au Royaume-Uni, deux associations majeures représentent cette perspective : les Humanists UK (Humanistes Royaume-Uni) et la National Secular Society (Société séculière nationale).

Les humanistes se présentent comme des libres penseurs, non religieux, qui proposent une vision du monde rationnelle et éthique. Ils puisent dans une longue tradition européenne et même internationale, et favorisent le débat sur des questions philosophiques et sociales. Alors qu’en France l’humanisme peut être revendiqué par beaucoup de tendances intellectuelles, l’usage de ce terme au Royaume-Uni se limite en pratique aux non-croyants.

Les humanistes forment un réseau de soutien et fournissent un grand nombre de célébrants pour les rites de passage non religieux. Ce sont des personnes formées et accréditées pour diriger des cérémonies comme les mariages et les enterrements, sans référence à la religion.

Ils sont proches de la National Secular Society, qui mène des campagnes en faveur d’une « démocratie laïque où chacun est traité de manière égale, quelle que soit sa religion ou ses convictions ». Cette société vise notamment à renforcer la séparation de l’Église et de l’État, à abolir les écoles religieuses, à exclure la religion des institutions de la santé et à affirmer l’égalité de tous devant la loi, sans distinction de croyance. Ses perspectives correspondent donc de près à certaines interprétations du principe français de la laïcité.

Ces deux associations sont des membres actifs de l’association Humanists International, qui regroupe 130 associations à travers le monde. On constate qu’aucune association française n’y appartient. Cette absence est peu commentée, mais on peut penser que, d’une part, la notion d’humanisme n’a pas le même sens en français, et que, d’autre part, la promotion de la laïcité fait partie des débats quotidiens sur les valeurs républicaines en France, et n’est pas conçue comme le rôle d’une ONG internationale.

 

Deux histoires proches mais différentes

On pourrait développer davantage la complexité de la situation actuelle. Les différences entre les quatre « nations » du Royaume-Uni tendent à s’affirmer davantage avec la montée des nationalismes en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. De plus, l’Église d’Angleterre fait partie d’une communauté internationale, qui regroupe 46 Églises anglicanes à travers le monde, surtout dans les anciennes colonies. On y retrouve des perspectives très diverses, surtout en matière de politique sociale (rôle des femmes, inclusion de l’homosexualité, rapports avec l’État et avec d’autres religions).

On trouve des complexités comparables dans les régions de France qui ont un rapport différent avec la laïcité (Alsace-Moselle, France d’Outre-mer). Cela renforce l’idée que l’Angleterre et la France font face aux mêmes défis.

Il y a cependant un travail important à faire pour arriver au point où les deux pays pourront mieux comprendre l’expérience du voisin. Les itinéraires historiques de la France et du Royaume-Uni sont très différents, malgré leur proximité géographique. Ces différences traversent leurs institutions, leurs structures politiques, sociales et intellectuelles et leurs langues. Et si les deux pays affrontent souvent des problèmes comparables, comme la place de la religion dans la société moderne, il est évident que chacun devra trouver des solutions adéquates en fonction de sa culture et de son histoire.

Sur le web.

Crépol, révélateur du fossé entre les citoyens et les élites

Le meurtre de Thomas à Crépol a fait apparaître comme jamais le profond clivage entre l’opinion publique majoritaire et les dirigeants politiques. L’alignement des médias dominants, en particulier ceux du service public, sur le déni politicien, traduit leur incompréhension de la situation ou leur asservissement au pouvoir.

Pour tous ceux qui vivent dans la « France profonde », la perception du fossé, devenu gouffre béant, séparant gouvernants et gouvernés, est ancienne mais devient aujourd’hui alarmante.

 

La bien-pensance persiste dans le déni

On aura en effet tout entendu après ce meurtre odieux et particulièrement significatif. Un épisode de « la guerre des boutons » selon Pablo Pillaud-Vivien (BFMTV), « un fait divers banal » selon Isabelle Veyrat-Masson (Arte), des assaillants « venus pour s’amuser et draguer des filles » selon Patrick Cohen (France 5).

Face à un meurtre révélant le face-à-face belliqueux de deux France par le passage à l’acte de jeunes issus de l’immigration et vivant dans la marginalité, les intervenants de gauche ne songent qu’à nier l’évidence. Pitoyable.

La France entière a été profondément émue et révoltée, mais les missi dominici de la bien-pensance n’y voient que la banalité de la vie quotidienne. Ils « communiquent ». Ce verbe si galvaudé a malgré tout un sens profond.

Il existe désormais deux mondes : celui de la réalité vécue dans lequel se trouvent 90 % des Français, et celui de la communication médiatique qui concerne les politiciens, les journalistes, les animateurs et les invités habituels des émissions d’actualité. Une petite couche totalement irréelle de communication recouvre une réalité infiniment complexe et prétend la représenter. Le monopole du verbe n’induisant ni la connaissance ni la clairvoyance, ces gens-là ne comprennent pas grand-chose au pays dans lequel ils vivent.

Pourquoi ?

 

Les décideurs parisiens

Explication la plus évidente : ils vivent à des années-lumière de leurs concitoyens. Parisiens en général, très aisés financièrement presque toujours, voyageant beaucoup et côtoyant des personnes venues des quatre coins du monde, leur vie ne ressemble en rien à celle du Français moyen. Celui-ci est provincial, ne voudrait pour rien au monde vivre à Paris, a des revenus modestes ou moyens et voyage peu et pas très loin. Deux modes de vie radicalement différents entraînent deux perceptions incompatibles de la société.

Deuxième élément : ce sont des décideurs ou des relais des décideurs. Les décisions politiques sont aujourd’hui complexes et reposent sur des analyses multifactorielles qu’il est impossible d’aborder dans une interview de quelques minutes ou même dans une émission d’une heure. Il faudrait une formation longue pour maîtriser les tenants et aboutissants de la plupart des sujets. D’où la communication.

De mauvais comédiens expliquent donc aux Français, comme on s’adresse aux enfants de la maternelle, les rudiments de l’économie, du droit constitutionnel, de la géopolitique, etc. Exercice particulièrement ambitieux qui a toutes les chances de se solder par un échec. Le Français moyen saisit intuitivement qu’on le prend pour un imbécile, qu’on lui cache bien des choses réservées aux décideurs.

Les communicants ont surtout réussi à transformer les politiques en professionnels de l’hypocrisie. Où sont Churchill, de Gaulle, qui ressentaient profondément ce qu’ils disaient car ils l’écrivaient eux-mêmes ? Nos politiciens et nos journalistes de l’audiovisuel sont des comédiens pas très doués, prisonniers d’un scénario élaboré par d’autres.

 

L’héritage calamiteux

Troisième cause de la fracture : le passé. Il faut désormais assumer les erreurs massives du demi-siècle écoulé et en particulier deux dérives majeures :

  1. L’immigration totalement incontrôlée avec régularisation de clandestins, regroupement familial de plus en plus large et instrumentalisation systématique de vieilles conventions internationales sur le droit d’asile. Ces conventions ne correspondent plus du tout aux réalités actuelles, mais sont utilisées par les gouvernants comme justification de leur inefficacité.
  2. La fuite vers une dette publique abyssale pour ne pas faire face politiquement à la fin de la période exceptionnelle de forte croissance des trente années d’après-guerre.

 

Il s’agit donc de gérer l’héritage calamiteux de François Mitterrand, allégrement poursuivi par ses successeurs. Pas facile ! Le mensonge et le cynisme d’antan conduisent au désespoir et à la violence d’aujourd’hui.

 

Le clientélisme électoral

Enfin, cerise sur le gâteau, la politique politicienne fait intervenir un dernier élément : le clientélisme électoral.

Logiquement, les électeurs se sont progressivement détournés des partis traditionnels de gouvernement (social-démocratie et droite modérée) puisque leurs leaders s’étaient eux-mêmes éloignés d’eux. Les extrêmes ont conquis le corps électoral. Une recette très simple a été utilisée : le populisme, qui consiste à dire aux électeurs cibles ce qu’ils veulent entendre. La France insoumise convoite l’électorat d’origine immigrée et adapte son logiciel en conséquence. Le Rassemblement national rassemble, comme son nom l’indique, tous les déçus, toutes les victimes des tromperies politiciennes des décennies antérieures. L’absence de politique migratoire, l’abandon de la classe ouvrière par la gauche lui ouvrent un boulevard vers la conquête du pouvoir.

Avec une violence verbale et comportementale de mauvais aloi, LFI joue la carte du communautarisme, du wokisme et de l’écologisme radical. En choisissant l’image de la sérénité et de la respectabilité, le Rassemblement national part à la conquête des oubliés de l’histoire récente, attachés à la nation, à la culture européenne, aux frontières, à l’autorité de l’État.

Deux France totalement incompatibles, représentées par deux partis aux antipodes l’un de l’autre s’affrontent. Entre les deux, l’espoir s’évanouit peu à peu.

« Plan 15 000 » : un projet ambitieux mais inefficace pour les prisons françaises

Un article de l’IREF.

« Nous construirons 15 000 nouvelles places de prison ». La promesse de campagne d’Emmanuel Macron, en 2017, a débouché à l’automne 2018 sur un vaste plan de création de places en établissements pénitentiaires, le « Plan 15 000 » pour 2027. Un second plan est également lancé, prévoyant la construction de vingt centres éducatifs fermés (CEF) de deuxième génération pour les mineurs. Alors que la mi-parcours est passée, le rapporteur spécial des crédits de la mission « Justice », Antoine Lefèvre, dresse un bilan amer du projet.

La situation carcérale française est une épine dans le pied de chaque nouveau président : le nombre des détenus explose, la radicalisation en prison prospère, les injonctions et les condamnations internationales somment la France de prendre des mesures pour respecter les droits de l’homme. Au cours des dernières décennies, plusieurs plans avaient déjà été déployés mais aucun ne s’était révélé capable d’anticiper les besoins croissants de places en établissements pénitentiaires. Celui d’Emmanuel Macron se distinguait par son importance et pouvait laisser croire qu’une réforme du système pénitencier était imminente.

Un plan de construction insuffisant

Mais voilà, bien souvent les rapports du Sénat sonnent le glas des politiques hasardeuses, et c’est le cas en l’espèce. Le rapporteur est formel : « (…) En dépit de ses ambitions initiales, le Plan 15 000 ne permettra pas seul de remédier durablement à la dégradation des conditions de détention et de travail pour les personnels de l’administration pénitentiaire. Même si le plan venait à être achevé en 2027, ce qui apparait peu probable, les capacités du parc pénitencier seraient déjà saturées ». Et pour cause : la prévision de 75 000 détenus en 2027 s’est réalisée dès 2023 ! Pendant la période du Covid, un assez grand nombre de détenus ont été libérés mais une fois la crise sanitaire passée, les enfermements ont repris à un rythme encore plus soutenu, avec une hausse de près de 20% depuis 2020. En janvier 2022, le taux de densité carcérale était de 115%, plaçant la France au troisième rang européen derrière Chypre et la Roumanie. Avec une telle densité, il est quasi impossible de respecter le principe d’encellulement individuel ; l’objectif de 80% est ainsi repoussé de législation en législation, quelle que soit la couleur politique du garde des Sceaux. Les conséquences de la surpopulation carcérale sont pourtant connues : violences, manque d’hygiène, trafics facilités, radicalisation soutenue, réinsertion compromise… La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, dénonce dans son dernier rapport annuel « un abandon de l’Etat » : « On a laissé la prison se substituer aux asiles d’antan, enfermant dans ses murs plus de 30% de prisonniers atteints de troubles graves. Voilà comment, à leur corps défendant, surveillants et détenus ont, en quelque sorte, été contraints de se muer en infirmiers psychiatriques ». Les établissements pour peine respectant globalement ce principe, ce sont les maisons d’arrêt qui suscitent l’inquiétude, le taux d’encellulement individuel y évoluant autour de 20%[1].

Un budget intenable et des délais qui explosent

Face à ces défis, l’argent est le nerf de la guerre. Et d’argent, on ne manque pas, à tel point que le budget initial a pu être rehaussé de deux milliards d’euros sans que quiconque s’en émeuve. Les premières annonces ministérielles annonçaient 3,6 milliards, avant de grimper rapidement à 4,3 milliards ; et en juin 2022, la direction du budget a relevé encore la facture à 5,4 milliards d’euros. Un an après, le rapporteur estime que le coût du Plan 15 000 sera d’au moins 5,55 milliards d’euros, soit 30% de plus que le coût d’abord prévu. S’agissant des centres éducatifs fermés, on est passé de 30 millions d’euros à plus de 76 millions dans le dernier budget… avant que le rapporteur ne l’estime à au moins 110 millions d’euros ; et nous ne sommes qu’à mi-chemin. Plus le calendrier de livraison s’allonge, plus les coûts explosent. Moins de la moitié des places prévues a pu être livrée, avec (pour l’instant) un retard de deux ans sur le calendrier initial. La maison d’arrêt de Basse-Terre (Guadeloupe) sera par exemple livrée avec plus de sept ans de retard.

Le sénateur Antoine Lefèvre formule une douzaine de recommandations suivant trois principes : « Anticiper, s’adapter et évaluer ». Est-il possible que cette approche élémentaire n’ait pas été celle des politiques publiques ? La réponse est évidemment oui, et la précision des recommandations frise le ridicule, telle que celle d’équipes-test sur chacun des chantiers engagés. En effet, « il est difficilement admissible qu’un établissement pénitencier tout juste livré nécessite de lourds travaux d’aménagement pour remédier à des failles de sécurité ou de fonctionnement, telles que l’installation de fenêtre pouvant être ouvertes en moins de deux minutes à l’aide d’un coupe-ongle acheté au supermarché ». Coût du changement des châssis des fenêtres du centre pénitentiaire Mulhouse-Lutterbach : 600 000 euros. Et de citer d’autres « erreurs de conception » : par exemple, des boutons « sécurité incendie » ouvrant toutes les portes et accessibles à tous dans un centre éducatif fermé …

Le chantier des établissements pénitentiaires est donc colossal. Alors qu’un détenu coûte 100 euros par jour au contribuable, l’IREF appuie la proposition du député Eric Pauget (LR) de faire payer aux détenus une partie significative de leurs frais d’incarcération. Ajoutons qu’il n’y a rien de surprenant à ce que le suivi des chantiers soit négligé lorsque le futur gérant de la prison est une administration. La privatisation des prisons permettrait sans doute de réduire fortement les coûts de construction et de réduire les délais. Plusieurs pays s’y sont déjà essayés : le Royaume-Uni, l’Australie et les Etats-Unis. La gestion privée demeure « incontestablement plus simple que la gestion publique », ainsi que le relève la Cour des comptes.

Sur le web.

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