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À partir d’avant-hierLe blog de Seb Musset

L'apaisement dans ta gueule

C’est parti. Le tour de l'apaisement selon Macron a commencé sur les chapeaux de roues « au contact des Français » comme l’enrobent de leur voix mielleuses les journalistes de palais. Macron veut « renouer le dialogue » avec les gueux, moins d’un mois après avoir enjambé la représentation nationale à l’Assemblée à coup de 49-3, ça pose son ambiance. 

En Alsace, dans une région plutôt légitimiste et acquise à la droite, le déconnecté s'est fait immédiatement rattraper par la réalité de la haine qu'il suscite. A Sélestat, s'amusant à jouer au leader populaire et consensuel devant une petite assemblée (pourtant préalablement expurgée de syndicalistes et autres gaulois réfractaires), notre ordure s'est fait copieusement hué devant les caméras de l'info feuilleton, avant de se faire qualifier en frontal de « trou du cul » par un Sélestadien. C’est un peu excessif Monsieur. Sans trou du cul, la vie serait compliquée pour ne pas dire impossible alors que sans Macron on aurait deux ans de vie à la retraite en plus. Je sais pour lequel des deux j'ai le plus de respect.

Prostré dans la mairie de la Sélestat, faisant fi du lointain tumulte des batteries de cuisine, notre brave leader aura ces grands mots « Ce ne sont pas des casseroles qui font avancer la France » avant de  préciser qu’il est pour le dialogue, mais seulement avec les gens de son avis. A t-on vu le Général de Gaulle trembler devant une casserole ? C’est la marque des légendes. 

C’est ainsi que pour le jour 2 de son tour de l’apaisement dans l’Hérault, le port de casserole sera subtilement interdit dans les rues de Ganges par décret préfectorral. Pas de dispositif sonore portatif pendant la visite du Président. On n’a pas peur des casseroles, mais un peu quand même. 

Sous les explications de texte de sa garde rapprochée qui peine à convaincre que « tout ceci est bon pour son image », pour sa deuxième journée du tour de l’apaisement, l'escroc de l'Elysée s’est tenu à l’écart des 2000 manifestants à Ganges (sur 4000 habitants) pour se rendre, entouré de 600 CRS, dans un collège de 600 élèves (même si nous n’en verrons finalement qu’une poignée tout au long de la journée) Point commun avec Sélestat : Macron est resté cloitré 3 heures dans l’enceinte de l’établissement scolaire - dont l’électricité avait été préalablement coupée par la CGT) Ses annonces sur la revalorisation salariale des enseignants sont confuses (pas même décryptables par les premiers intéressés). On notera tout de même que cet arrosage soudain de pognon pour calmer la colère contre sa réforme, contredit les principes de rigueur budgétaire utilisé pour justifier la dite réforme. 

On s’étonnera, mais si peu, des commentaires élogieux de la caste journalistique de plateau qui saluait pour ce deuxième jour « le courage du président » avec force usage de l’expression « il faut tourner la page ". A croire que; dans la nuit, quelques coups de fil furent passés pour réaffirmer la notion de « séquence close » voulue par l’Elysée. Pour eux, la colère n'est qu'un cirque, une séquence un peu longue coincée entre les vacances à Courchevel et Roland Garros, alors qu’il en va de la vie dégradée de millions de salariés. J’ai même entendu le patron du JDD miser en plateau sur la lassitude des Français avec leurs casseroles, comme il le faisait au soir de la première manifestation contre les retraites en Janvier. 100 jours et 12 mobilisations plus tard, les mecs tablent encore sur l’essoufflement alors que tout, jusqu’à la bande son des casseroles frappées prouvent le contraire. Le déni n'est pas une stratégie viable. Ajoutons que persister à imposer une réforme inutile et injuste à l'écrasante majorité des travailleurs qui l'ont très bien compris et qui n'en veulent pas, ce n'est pas du « courage ». Le champ lexical de la connerie est plus approprié.

Le ton est donné, l'intervilles de l'impopularité peut commencer. Si toi aussi tu vois un Président de merde ou un médiocre ministre débarquer dans ta région pour se refaire la cerise au 20h en chiant sur ta colère et t'instrumentaliser au passage, n'oublie pas ton dispositif sonore portatif.

Leur pourrir la vie. Partout tout le temps. Jusqu'au retrait.




Sa majesté des casseroles

Prosternez-vous les gueux, l’ordure présidentielle s’exprimait hier à 20h. Non pas pour annoncer quoi que ce soit ou s'excuser auprès d'un pays qu’il a contribué plus que ses récents prédécesseurs réunis à ravager. Non: il s’agissait juste d'un vieux réflexe : communiquer pour communiquer, occuper l’espace médiatique et donner le ton pour susciter de la réaction et focaliser les attentions. En un sens, Macron a réussi. Les chaines d’info n’ont parlé que de son allocution toute la journée la précédant avec un compte à rebours en haut de l’écran : "Macron peut-il reprendre la main ?" (dans la gueule oui) et autres "quel coup d’après pour Macron ?" (carabine, pelle ?). Même la contre offensive organisée par ATTAC à base de tapage de casseroles sur les places publiques à l’heure de l'allocution télévisée du cornichon libéral-fasciste s’appuie toute entière sur la détestation qu’inspire désormais cette ordure à la population. Si sa police n’était pas aussi violente (qui en est désormais à shooter au LBD dans la rue sur les porteurs de casseroles), on pourrait rire de la déconfiture sans fin de celui qui se voyait comme la réincarnation de Steve Jobs et John Kennedy réunis et qui n'est qu'un proto-dictateur au bilan social et économique nul, à peine réélu sans avoir fait campagne et déjà défait. 

Il sera bientôt le seul à ne pas encore réaliser qu’il ne vaut plus un centime d’euro au marché de la confiance. Je n’ai bien évidemment rien écouté de la lisse prestation de ce sinistre con et j’ai tapé de la casserole comme les autres devant la mairie de mon quartier. C'est un quartier d’habitude paisible et bien rangé, pas le plus punk quoi, et nous étions une petite centaine à 20h pour cette improvisation aux percussions de cuisine, avec tant d’autres aux fenêtres propageant en une onde chaleureuse d’immeuble en immeuble les tam-tam à l’Inox. 

Nous maintiendrons le cap : le retrait de la réforme des retraites. D’ici là, la vie publique de l’ordure (et de ses sbires) est terminée. À l'image d'une Borne débordée par le malaise (en termes techniques : la réalité du terrain) face à quatre manifestants dans un superette d'Eure-et-Loire, lui et ses ministres ne pourront plus se pointer dans aucun coin de son pays sans l’intégralité des forces de l’ordre de la région autour d'eux. Macron radicalise contre lui même les plus modérés. Et c’est au fond sa plus grade qualité : en trois mois le pseudo génie (qui n'a aucun putain de sens politique, c'en est à pleurer) a régénéré la lutte des classes et décrédibilisé la Cinquième République. Il était déjà déconnecté, on va le confiner à l’Elysée pour ce qui lui reste d'un quinquennat Potemkine. À moins, sait-on jamais, un mauvais coup de casserole est si vite arrivé, qu’il doive tout quitter précipitamment.


Réforme humiliante + inflation en torche = la tempête parfaite

Il parait que le peuple des travailleurs doit se tenir suspendu à la décision du Conseil Constitutionnel le 14 avril au sujet de la réforme des retraites. « Les sages siffleront la fin de partie », ai-je entendu sur quelques ondes bienveillantes. 

J’aimerais être surpris, mais ne nous berçons pas d’illusion. Deux des « sages » du conclave gériatrique (dont un dont la voix compte double, et dont le fils officie pour MacKinsey) devraient être inéligibles à vie. Que ces mecs soient pépouses à siéger (à 13 697,49 euros bruts/mensuel) sur la bonne tenue des lois concernant nos années de travail devrait scandaliser toute rédaction de journalistes digne de ce nom. Le machin des cacochymes de droite devrait valider le machin ou mieux, le redéfinir en pire virant les deux trois bricoles décrochées par les LR, en tuant au passage dans l’oeuf la voie référendaire. 

Quoi qu’il en soit, ce ne serait bien sur vendredi soir pas la fin de partie tant espérée par les Macronards. Ces derniers n’ont pas capté depuis leurs hauteurs qu’ils ne pourront, pour leur sécurité personnelle, jamais plus redescendre sur terre sans se faire lyncher tant la détestation de ce qu’ils sont et de ce qu’ils représentent coagule chez les Français. On se remettait à peine de trois années de pandémie, de confinement et d’humiliations : nous rajouter deux ans plus de boulot pour nous piquer deux ans de retraite, sur fond d’inflation annuelle à 20%, était la dernière des conneries à faire au pire des moments. N’importe quel dictateur déchu vous le confirmera : Il n’y a pas pire danger que des gens qui attendent d’avoir le frigo vide pour faire la révolution, ça ne se passe jamais gentiment. Et vu les chiffres qui tombent les uns après les autres, le frigo se vide plus vite que prévu. 

Près d'un 1 français sur 2 qui gagnent 1500 euros ou moins par mois sautent désormais un repas par jour.

On peut lire dans le rapport de l'Institut La Boétie que selon l’indice des prix à la consommation harmonisée (IPCH) […] l’inflation affiche une hausse de 7,3 % sur un an, un taux inédit depuis le début des années 1980. La hausse des prix est tirée par la hausse des profits, notamment dans les secteurs liés à l’énergie, au fret international et dans l’industrie agroalimentaire[…] L’inflation sur les prix alimentaires grimpe à 15,8 % en mars. On notera au passage que le taux de marge des entreprises est en hausse : 32,4 % au quatrième trimestre 2022

Toujours dans le même rapport : Selon les données publiées par la Direction de l’animation de la recherche et des études statistiques (Dares), le salaire mensuel de base moyen a augmenté de 3,9 %, contre une hausse des prix (IPCH) sur un an de 6,7 % en décembre 2022.

Les salaires augmentent deux fois moins vite que les prix. En valeur relative, les salaires ont  baissé en 2022 et continueront sur cette pente en 2023. 

Dans le cadre de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires était un levier bien plus efficace pour vite abonder les caisses, que l’allongement d’une durée d’un travail mal payé (voire de pas de travail du tout, étant posé que 6 personnes sur 10 sont sans activité passés 60 ans). Cette réforme n'est pas mathématique mais idéologique. C’est un combat symbolique voulu par Macron, la vendetta personnelle de l’ordure présidentielle contre le peuple des abrutis. 

Dans ce combat pour renforcer la soumission des salariés, l’inflation est l’alliée de Macron. Tandis que l’état pompe comme jamais de la TVA (l’impôt le plus injuste qui soit), pour les salariés faire grève n’a jamais coûté aussi cher. D’un cynisme consommé, Macron table donc sur l’appauvrissement des masses pour étouffer la contestation (largement majoritaire dans l’opinion) contre sa réforme personnelle des retraites. 

Au-delà des trois derniers mois et du formidable élan de la contestation (j’aurais pas misé non plus dessus il y encore un an), Macron fait un très mauvais calcul à moyen et long terme (mais que peut-on attendre d’autre de ce type dont le sens politique et la fibre sociale se résume à quelques simulations sur tableur Excel ?). 

Tous les ingrédients de la tempête parfaite sont réunis. 

Macron a joué la carte du symbole et il se retourne contre lui. Il nous a livré clé en main, un booster de cette lutte des classes qu’il voulait taire. Après deux ans d’infantilisation covidienne, la marque de l’humiliation (par cette réforme imposée dans le mépris et son SAV de l’indécence par Macron) est profonde dans ce pays. Au lieu de jouer, même pour de faux, la carte de l’autocritique ou de l’apaisement, il abuse de la violence verbale et physique. Comment croire un seul instant que cette voie ait une issue heureuse, même pour lui ? Le type ne sortira pas vainqueur d’une situation de déclin où un peuple a de moins en moins à perdre. Les gesticulations de Bruno Lemaire ne font, comme prévu, pas effet. L’inflation se poursuit à vitesse grand V, les salaires baissent de fait dans la plus grande des passivités gouvernementale et la seule perspective économique nationale cohérente est celle d’une sévère récession. En vérité, je n’aimerais pas être à la place de ce type que tout le monde hait. Notre vie va être compliquée, la sienne n’en sera plus une. Il ne pourra poser le pied dans son pays sans risque de prendre une grosse claque ou pire. 

On le qualifie déjà de "hors-sol", il va le devenir littéralement. 



49 mois en enfer pour Jupiter

3 mois de contestation contre la réforme des retraites made in Macron. Nous en sommes à ce stade flou du mouvement où chaque pronostic exprimé sur l'avenir de celui-ci indique avant tout le désir de celui qui l'exprime. 

L'état a choisi la carte graphique de la violence et le champ lexical du terrorisme pour discréditer toute opposition. Grossier, pataud peu crédible mais c'est de bonne guerre. 

Ne nous laissons pas distraire. J'ai un cap, il n'a pas évolué depuis début janvier : le retrait de cette putain de réforme de merde qui vole leurs deux meilleures années de retraite aux Français pour leur rajouter deux années de travail (ou de chômage) les pires. 

Retour aux Invalides pour la 11e journée de manifestation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril.  La manifestation syndicale début 2023, c'est The Place To Be. Du son, de la musique, de l'espoir, de la colère et des casquettes à paillettes. Il s’en est passé des choses depuis la dernière mobilisation du 28 mars. Côté peuple, ça bloque un peu partout dans le pays de façon sporadique mais constante, ça ne décolère pas et ça mobilise. Chez les "élites", ça contre-attaque sévère : déguisée en poule multicolore, une secrétaire d’Etat s’est exprimée sur l'émancipation féminine dans Playboy, le président quant à lui a reprécisé son axe stratégique de reconquête de l'opinion dans les colonnes de Pif Gadget

Pendant ce temps, peu à peu s’installe dans le pays entre bonne humeur et grenade désencerclante, dans la prolongation du coup d'Etat démocratique du Président, un climat de guerre contre les Français avec les images de casse qui tournent jusqu'à l'écoeurement sur les chaines d’info feuilleton pour bien dissuader les 70% de mécontents d’aller manifester aux côtés de la racaille syndicale. Sans succès jusqu'à présent. Certes, il y a un peu moins de monde dans les rues en France ce 6 avril, mais on flirte toujours aves les 2 millions au niveau national... au bout de 3 mois et de 11 manifestations et sans aucun effritement du soutien populaire. C'est du jamais vu dans la Ve République. 


Donc oui, nous reviendrons et reviendrons encore jusqu’à faire tomber cette réforme. Tant que ce ne sera pas le cas, le quotidien de Macron sera un enfer pour les 4 ans qui lui restent à nous subir. 

Quant à la casse qui entoure quelques cortèges, je ne la condamne même plus. Je me désole qu'elle ne soit pas orientée vers les vrais éléments perturbateurs de peuple : Macron et sa clique. L’état (sous sa forme présidentielle et institutionnelle) est le premier à exercer la violence. Je suis même étonné que face au déni démocratique, à ce mépris envers les Français chié depuis des années au sommet de l’état, "les foules" ne soient pas plus expéditives que ça. 

La plupart des manifestants défilent aussi pacifiquement qu'ils sont déterminés. Ils ont bien compris que la violence contre la police n’est pas une solution, les mecs ne font que leur boulot. Certains moins intelligemment que d’autres, certes. Je ne désespère pas qu’un jour ou l’autre les policiers à 2000 balles / mois seront lassés de frapper et de se faire frapper par des salariés à 2000 balles / mois, tout cela pour le compte d’un type qui n’a jamais bossé et veut laisser son nom dans l’histoire à la rubrique « réforme à la con ». Ce jour où casques et matraques seront posés, l’ordure du Touquet pourra vite se carapater. Pour le moment, comme à chaque bruissement de révolution, le brave haineux prend l’avion. Cette fois, il est parti sauver le monde en Chine, et laisse derrière lui Dardmalin gérer la casse, ou la provoquer tant on ne sait plus ce qui arrange ce puant opportuniste dans son plan de com’ visant à le faire devenir vizir à la place du vizir.

Tout le monde média et politique veut voir une impasse dans la situation figée et tendue du moment, au contraire j'y vois le début d'un changement de monde. Le peuple reprend en main son destin. C'est encore maladroit, timide et un peu effrayant pour les premiers concernés mais pour une fois le slogan qui devenait une routine tournant à vide prend enfin tout son sens : "C'est dans la rue que ça se passe !". 



Retraites : coup de jeune sur la contestation

Pendant que le têtu s'autoconfine de trouille à l’Elysée, partageons ici quelques impressions sur cette dixième journée de mobilisation contre sa réforme des retraites et pour son retrait. En légère baisse au niveau national, du point de vue parisien, malgré toutes les annonces de pluie de météorites, de dixième vague de Covid et de fin du monde sur les chaines d'info-feuilleton, il y avait beaucoup de monde. Avec un niveau proche de celui de la dernière mobilisation record et vu la nette baisse de la mobilisation syndicale cela indique que, de nouveau, il y a un renouvellement des manifestants. 

Cette semaine dans Tous contre la réforme, les jeunes prennent la relève.

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un carnaval anti-Macron, un 1er mai sponsorisé par Red Bull ou une Gay Pride, la moyenne d’âge a encore baissé de quelques années par rapport à la dernière édition. C’est même spectaculaire lorsqu’on se rappelle de ceux qui manifestaient au début du mouvement en janvier, 30 ans de plus. C’est cocasse d’entendre scander des adolescents « La retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » mais ils sont toujours mieux ici à brandir des fausses têtes coupées de Macron au bout d'une pique qu’à se mettre en ligne au garde à vous pour le SNU avant d’aller pointer pour les vingt prochaines années dans des bullshit jobs à ras le SMIC. La colère dépasse la question des retraites, il est ici question de démocratie plus horizontale, de libertés et d’un ras-le-bol après les deux années de sacrifice pour le covidodélire. Le mouvement contre la réforme est une plage de revendications particulièrement bien calée entre deux sessions de vacances à l’orée du printemps. 

Du côté des anciens de la colère (2 mois quand même), pour avoir discuté avec quelques connaissances recroisées, (la manif parisienne est désormais le lieu tendance de socialisation) la lassitude s’invite. Dix putains journées de mobilisation étalées depuis le début de l'année, on commence réellement à fatiguer, sans parler des ponctions financières. C’est d’autant plus rageant qu’il suffisait de grouper ces journées  sur deux semaines avec un blocage massif pour tuer cette réforme (et que nous le savions dès le départ). À la place : beaucoup d’efforts dilués, de slogans assourdissants et de fumigènes dans la gueule avec, tout le long, et malgré les apparences d’unité, la sensation d’un délitement syndical. Alors oui, c’est plus festif mais on ne fera pas tomber la réforme à coups de chorégraphies collectives en cortège. 

De sympathiques déambulations teintées d'amertume. 

Depuis le départ les syndicats semblent presque étonnés de mobilisations records dont ils ne savent au fond pas quoi faire tant ils ne sont plus habitués 
1/ à ce type de score et de soutien populaire sur la durée (Si on m'avait dit un jour que la CGT serait en tendance sur Tik Tok),
2 / à n’avoir aucun interlocuteur institutionnel en face. 
La stupidité et l’arrogance de Macron auront plus redynamisé les troupes que les discours du front syndical. Ce front a le mérite d’exister, il fournit le cadre légal et des arguments, mais avance à vide : d’un point à un autre une fois par semaine (hors vacances scolaires, faut pas déconner), comme embarrassé d’une popularité qu’il ne comprend pas, d’une violence ambiante qu’il condamne et par un vocabulaire insurrectionnel qu’il a éradiqué de son champ d’action depuis des décennies. 

Prochaine étape officielle : une manifestation dans 9 jours. La dernière avant les vacances, c'est déjà vendu comme ça...(soupirs). À ce rythme là, Laurent Fabius et Alain Juppé, les gogo dancers du Conseil Constitutionnel qui planchent actuellement sur la légalité de la réforme, vont dépasser de vitesse les syndicats dans le combat pour la cause. 



Lui ou Nous

On s’interrogeait sur l’essoufflement de la mobilisation contre la réforme des retraites, c’était sans compter sans Macron et son pari du pire. Macron est le meilleur allié des syndicats, il les a relancés presque à lui tout seul et, dans la foulée de son egotrip démocratique, il est en passe de torpiller la Ve république. Le mec traite les Français comme de la crotte sous ses mocassins puis enjambe l'assemblée en lui pétant dessus, et maintenant il fait crier au scandale démocratique par ses sbires pour trois vitres cassées. Car, après ces images en boucle de poubelles brulées en marge des défilés contre la réforme des retraites partout en France, vous aurez bien sûr compris : Il y la bonne violence et la mauvaise violence, la Black Rock et la Black bloc.

Le fameux projet de Macron est simple : faire souffrir. C’est ce qui me saute aux yeux à bientôt six ans de gouvernance alors que resurgissent via les algorithmes mes publications Facebook à son sujet d’il y a quatre ans, au moment de la violente répression contre les Gilets Jaunes (voir en bas). Il n’a pas évolué d’un millimètre depuis. Le type ne sait pas gouverner, ne sait pas dialoguer, ne sait même pas regarder. Sa seule émotion décelable : la peur. C’est le seul levier que nous ayons (nous les 75% de Français contre sa réforme).

Revenons donc sur cette neuvième journée historique de mobilisation jeudi dernier. 

La grande nouvelle du 23 mars, c'est le nombre des manifestants, pas les violences mises en avant à des fins publicitaires. A Paris c’était à mon sens le plus gros rassemblement depuis le départ du mouvement il y a deux mois. La titraille des chaines d'info-feuilleton était calée sur le baroud d'honneur et c'était la plus joyeuse manifestation, la plus déterminée aussi. J’étais bloqué, compacté, une heure sur le boulevard Beaumarchais avant même le démarrage, impossible de mettre les mains dans mes poches pour chercher mon portable. Tout autour de moi, un renouvellement complet des têtes, beaucoup plus de jeunes que précédemment et surtout dans une tranche plutôt absente jusque-là : les 25-35 ans. J’ai revu des familles, des enfants. La foule est entrain de devenir un peuple 

Place de la République vers 17h, on a commencé à avoir des échos de violences vers Opera. En survolant les chaines d’infos, on visionnait un tout autre spectacle que celui que nous expérimentions, et on a bien compris l’angle de la journée : les manifestants sont des méchants. CNews titrait Paris : un millier de casseurs, ce qui était à la fois un mensonge et une omission. On pouvait titrer bien d’autres choses comme : Paris : des centaines de milliers de Français pour dire "Non à la réforme" ou des charges sur la foule qui proteste

Mais ne nous plaignons pas trop : depuis quelques jours, la barrière du silence médiatique des violences policières auxquelles les manifestants sont parfois confrontés depuis sept bonnes années, contre toute logique et toute légalité, (ça a commencé sous l’ère Valls) est enfin dépassée. Faut dire, les BRAV-M commencent à tabasser aussi les journalistes, ça le fait moyen niveau RP. 

Les violences ne sont que la conséquence logique de la politique Macronienne basée sur l'exercice autiste du pouvoir et la maltraitance généralisée. Ce spectacle de la violence entre travailleurs dont Macron raffole à distance vise à dissuader le peuple d’être foule et que les chaines d'fnfo-feuilleton puissent enfin titrer tranquillement : Retraite à 64 ans : Les Français résignés. Il ne faut donc pas se laisser démonter, au propre et au figuré, et continuer. Je me permets de le repréciser : à ce rythme et volume de contestations, les policiers ne tiendront pas deux semaines. 

Alors la suite ? 

Simple, c’est le retrait de réforme. Les Français gagnent, Macron perd et c'est tout. Toute autre décision de sa part est suicidaire. La tâche demande du nombre et de la persistance, nous avons affaire à un pervers radicalisé qui ne fonctionne qu’au narcissisme et aux diktats des marchés. Pour garder la motivation, ne jamais oublier que si les marchés lui commandaient de bombarder les Français, il le ferait sans hésiter. A persister contre les Français, Macron s'isole inévitablement, même dans son camp. Il se bunkerise. S'il lui reste une once de bon sens, il lâche l'affaire. C'est dans son intérêt.

C'est quand même pas ce type qui n'a jamais bossé de sa vie, et dont on va payer les 40 confortables années de retraite après l'Elysée, qui va nous imposer de travailler jusqu'à la mort. 

On se retrouve de la rue. Sans lui. Il a trop peur de la traverser.

P.S : soutenez les caisses de grève !

(photo : Clément Foucard)





Le bordélisateur

Sentez-vous le léger décalage ? Les petites phrases du Président et de sa première Ministre sont savamment distillées. « La foule n'a pas de légitimité » et autres « on peut employer le mot victoire » . Mercredi midi dans son inutile prestation télévisé, Macron n'a pas fait de mystère: Ceux qui ne sont pas pour sa réforme sont des factieux, la démocratie c’est une fois tous les cinq ans et vous avez voté pour moi (il n'a été étonnement pas ajouté « bande de cons »). 

On sent l’homme qui a pris de la hauteur et de la sagesse et déjà les mots ne sont plus les mêmes sur les bandeaux des chaînes d'info-feuilleton. Les attitudes sont moins détendues au sujet des manifestations contre la réforme des retraites made-in-Macron. On ne parle plus de « manifestations » mais de « manifestations sur fond de tension » avant même qu'elle aient lieu, ou encore de « manifestations sauvages » avec des « éléments perturbateurs ». On ne parle pas d’ailleurs pas de manifestants mais, par petites touches, d’« anti réformes » comme avant on parlait d’« antivax ». L'étiquette « conspirateurs antisémites » est proche. La révolution sera peut-être télévisée, mais doit être préalablement domestiquée. (Rappel : participer à manifestation non déclarée n'a pas être réprimé).

Certes, on ne peut pas y aller de front. Après tout deux tiers des Français restent opposés à cette réforme qui est surtout antisociale. Mais tout de même : par réflexes suce-boules certains chroniqueurs de palais essayent de passer l’idée qu’il serait bon pour tout le monde de se résigner. 

Détruire les retraites, ce rêve laïque qui a presque remplacé la notion de paradis, a été l'attaque de trop, et le 49-3 a été le crachat constitutionnel sur le gâteau des injustices. Le 49-3 est légal aiment à rappeler la secte des illuminés macronistes. La peine de mort aussi l'était, il n’y a pas si longtemps.

Le roi est en slip, à deux doigts de se faire lâcher aussi par le patronat excédé, se concentre donc sur le travail de sape. Sa seule préoccupation est de laisser pourrir, afin de désolidariser la contestation silencieuse de l’expression visible de cette contestation. Pour cela rien de tel que de lâcher la bride à une police sous tension. Les images de violences policières font partie du dispositif. Elles ne sont désormais plus seulement diffusées sur internet, mais bel et bien en direct au grand jour, ou au grand soir, sur les chaines d’info-feuilleton. On franchit un cap dans la dénonciation et l'exposition d'une horreur pseudosécuritaire qui court depuis près dix ans dans les manifestations, mais chacun y verra ce qu’il veut y voir : Les uns, l’illégitimité et la brutalité d’une police politique. Les autres, l’expression rassurante d’un retour à l’ordre nécéssaire. Je n’aime pas la casse, je n’aime pas les casseurs. Je hais donc ce président. Il est le seul bordélisateur à l’oeuvre dans cette entreprise de destruction de nos vies. 

Les violences policières, et les images produites, ont une portée publicitaire : dissuader l’expression sur le terrain de toute contestation de la réforme. Il ne faut pas se laisser impressionner, ne pas se laisser déposséder. Ces images sont exactement celles que Macron veut générer. Il faut les retourner contre lui. Il est la violence. Un pouvoir en échec ne peut compter que sur la violence. Il faut continuer à se dresser, à déambuler, à « être de l’eau », à se mettre en grève, à bloquer et, si tout cela n’est pas possible, à saboter son travail (Le sabotage n’est plus une option : nous n’avons plus le choix, on vient de nous voler 10% de salaire en un an, et Macron nous vole deux ans de vie (ou plutôt quatre), il faut donc opérer une ponction à la source). Quant aux manifestations sur le terrain, la Police ne peut pas être partout, elle ne peut rien face à des milliers de gens déterminés et bras dessus bras dessous. D’ailleurs, même dans les rangs de la Police ça commence à se fissurer. Ils ne tiendront pas un tel rythme bien longtemps. 

A tout à l'heure dans la rue, contre cette réforme et pour son retrait.


Derniers jours tranquilles pour le déni

Ça y est. Contre bientôt l’intégralité du pays, le valet de pisse des marchés a réussi à imposer sa réforme des retraites à l’assemblée avec l’aide d’une poignée de députés paillassons. Dans la foulée du 49.3, coup d'état autorisé de jeudi dernier, la motion de censure transpartisane est rejetée… à 9 voix près. Cette victoire sur le fil aura surtout un goût d’échec pour - celui qu’il y a moins d’un an avançait avec vous dans son slogan de campagne. 

Macron est devenu l’ennemi populaire n°1

Après deux mois de mouvements sociaux et un long week-end de rassemblements spontanés de contestation à travers la France, même les députés Renaissance commencent à sentir le cramé. Même l'ancien patron des députes macronistes, appelle Macron à retirer sa réforme. Les deux tiers des députes Renaissance n’étaient d’ailleurs physiquement pas présents dans l’hémicycle au moment du vote de la motion. Ils commencent à intégrer que tout le monde déteste leur patron. 

La France est excédée. Macron a fait sortir la haine du tube. Des effigies du président, de ses ministres et de ses députés ont été brulées ces derniers jours sur les places de France. Pour l’occasion les chaines d’info-feuilleton ont ressorti de leur cryogénisation Franz Olivier Giesbert et Alain Duhamel (qui commentait déjà les émeutes de mai 1968) pour s’offusquer de ce début d’insurrection. Pourtant, eux aussi sont consternés par autant d'amateurisme : Macron a délibérément versé un jerrycan d’alcool à bruler sur le feu social qui montait depuis des mois. Quelques sbires macronistes continuent à ânonner que le recours au 49.3 était justifié par le manque de compréhension des masses. Ces maîtres du déni, profondément embarrassés par la démocratie, pensent toujours ne pas avoir assez fait de « pédagogie » auprès d'un peuple quand même très con. L’affirmation du clivage entre deux France a rarement été aussi net. Mais, celle de Macron, bien que disposant de l’argent et des réseaux, parait de plus isolée et apeurée. 

Macron et le mur de la réalité

Sur le fond de la réforme, Macron vole deux ans de vie aux travailleurs. Sur la forme, il piétine avec dédain et brutalité l'opinion. A croire qu'il n'a pas compris l'époque, le rapport au travail, le désir d'horizontalité dans les décisions. On ne refera pas le procès de cette réforme qui, après trois ans de pandémie et un an et demi d’inflation à deux chiffres, prend bien soin de ponctionner spécifiquement à ceux qui n’ont rien et de ne pas toucher à ceux qui se sont engraissés comme jamais durant ce laps de temps. Mais on se félicitera aussi : grâce à l’amateurisme d'un gouvernement de bras cassés, à la mobilisation intersyndicale, aux débats dans la vie civile (ces débats que le chef de l’état a tout fait pour limiter à l’assemblée) bref, grâce à nos efforts conjugués quels que soient nos âges et nos tendances politiques : chaque Français est désormais bien au courant que Macron lui crache à la gueule. Même pour le macronard modéré, il n’y a plus de mystère : le macronisme est avant tout une secte, qui évolue dans une réalité parallèle, dont l’essence est le mépris du peuple et qui usera de tous les outils démocratiques pour l’abuser. 

Le pays devient mature et réalise la fumisterie du stagiaire du monde de la finance qu’elle a élu par deux fois à la tête de l’Etat. J’aurais préféré que cette prise de conscience ait lieu plus tôt, au moment du Pass Sanitaire par exemple ou, mieux encore, en 2016. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. On ne peut pas passer quatre ans de plus avec cet escroc comme seul décisionnaire. Le mec n’a aucun connaissance du terrain, des gens, du travail, pas même de la famille, il n’a jamais été élu hors présidence. J’attends donc à la faveur de la colère qu’il a généré pour cette réforme, et pour tant d’autres violences avant elle, qu’on lui fasse collectivement une vie d’enfer. Il faut un contrepouvoir à opposer à ce type. Si ce n'est pas possible à l'assemblée, c'est au peuple de s'en charger.

Et maintenant ? 

« - Oui mais attends la réforme doit être validée par le Conseil Constitutionnel ». 

Je n’attends pas grand-chose d’une institution de neuf fossiles de la République dont Alain Juppé et Laurent Fabius.

« - Oui mais attends, on va faire un référendum d’initiative partagée et tout le monde votera contre » 

Certes, ça bloquera neuf mois l’application de la loi mais le RIP a été parfaitement conçu pour ne jamais avoir à être utilisé. Quand bien même il le serait et s’il y avait effectivement un vote, on sait ce qui est advenu du précédent référendum en 2005. Il a été bafoué deux ans plus tard par le président de l’époque. C’est bien d’espérer avec la constitution telle qu'elle est, mais je n’ai aucune confiance en elle tant que ce genres de type est en poste (rappel : le 49.3 est constitutionnel). Ce type ne comprend qu’une chose, et n’a jamais compris rien d’autre : LA PEUR. 

Dans ce combat, on a de la chance : sous nos yeux, il est prouvé que c’est un lâche. 


49.3 nuances de démocratie piétinée

Il a perdu le combat des idées. Il a perdu le combat de la rue. Il perd le combat démocratique, en voulant imposer sa réforme torchon des retraites -  amendée par le Sénat de droite - rejetée par 70% des Français et 94% des travailleurs avec le recours au, megasurprise, 49.3. 

Même là, il a été minable. 

On nous l’avait vendu comme un Mozart de la finance et plus encore un audacieux. On savait qu’il était médiocre dans le premier domaine, on sait désormais qu’il n’a même pas l’audace du joueur. 

Même si mon petit doigt me dit que la déchéance macronienne n’en est qu’à son début, c’est l’heure de dresser quelques bilans sur ces deux derniers mois de mobilisation plébiscitée par l'opinion avec des cortèges records qui n’ont donc servi à (presque) rien : 

1/ Je vous avais prévenus. Voter pour un fils de pute, malgré toutes les alibis moraux et les pinces à linge sur le nez du monde, ça reste voter pour un fils de pute. C’était dans l’isoloir qu’il fallait réfléchir pas dans la rue. Au « Je vote Macron, et je vais combattre ses idées », Macron fait répondre par sa première Ministre « je me torche avec vos idées et de toutes les façons il n’y aura pas de vote ». On notera au passage qu’il n’a fait que se cacher derrière Borne, ou à l'étranger, depuis le départ des mobilisations. 

2/ Pour les mêmes raisons, une motion de censure aura dû mal à passer : « Oh beurk on veut pas voter avec le RN ». J’espère me tromper mais La France Insoumise a toujours le chic pour défoncer les barrières de la navrance. Si on m’avait dit un jour que Charles de Courson avec sa motion centriste représenterait mon seul espoir, l’aurais-je cru ? 

3/ 3 mois de syndicalisme d'accompagnement à défiler d'un point A à un point B en chantant "à cause des garçons" à grand renfort de chorégraphies c'est peut-être bon pour le moral mais ça pèse peu face au mépris et à la violence de ce pouvoir. 

4/ On a compris que les manifestations à 10000 ou 2 millions, de personnes, c’est du pareil au même pour Macron et sa clique. Ces quelques individus hors-sol sont en guerre contre le peuple. Il faut donc être plus fermes et surtout efficaces de notre côté. Ils appelleront ça « se radicaliser », ce sera de la légitime défense face à une attaque antisociale de grande ampleur. 

5/ Bloquer les lieux de pouvoir et faire trembler physiquement la bourgeoisie et les ordures de palais, il n'y a que ça au final qui paye. 

6/ Macron n’est rien sans la soumission des premiers concernés par sa réforme : les salariés. On aura finalement plus parlé des éboueurs et de leur courageux mouvement que des 90% des autres salariés, pourtant mieux traités, qui n'ont rien dit, rien changé dans leur quotidien. Je sais c’est dur mais à un moment il va falloir se sortir les doigts du cul. 

7/ Les LR sont finis, mais ça avec ou sans 49.3 c’était acquis.

8/ L'autre bonne nouvelle, malgré tout ce que j'ai précisé, c'est que Macron vient de démontrer sa faiblesse. Il est seul, apeuré, aux abois. C'est donc le moment d'accélérer.

9/ La chasse est ouverte. 


Force aux éboueurs !

En attendant les nouveaux développements législatifs sur la réforme des retraites. l'accumulation des ordures dans Paris, et dans d'autres villes, suite au mouvement de grève reconductible des éboueurs, met hors d'elle la droite qui se retrouve un alibi d'opposition (alors qu'elle s'apprête à faire passer la réforme des retraites de Macron, sans les voix LR la réforme ne passe pas à l'assemblée nationale). 

Fascinante droite qui trépigne en colère d'un plateau télé à l'autre sur l'accumulation des ordures dans Paris suite à la grève des éboueurs. On s'étonne qu'il ne vienne pas à l'esprit des collabos macronards, légendaires apôtres de la valeur travail, des gens qui ont fait du courage et de la responsabilité individuelle et collective une ligne d'action (allant jusqu'à plébisciter une réforme dont personne ne veut et condamnant les Français à deux ans de turbin supplémentaire), de s'activer aux-mêmes à la collecte des déchets ? 

Quant aux restaurateurs parisiens qui, après s'être gavés d'argent publique pendant la crise Covid, pleurnichent encore et encore d'une antenne à l'autre sur les montagnes de poubelles, on leur rappellera qu'ils squattent à l'année des trottoirs à des tarifs ultra concurrentiels entravant au quotidien la circulation des piétons et qu'ils sont parmi les premiers producteurs de déchets de la ville.  

Face à cette spontanée déferlante télévisée de nez pincés, on réitérera notre total soutien aux éboueurs. Nous ajouterons que les éboueurs sauvent l'honneur par rapport à d'autres corporations qui ont lâché l'affaire après s'être branlé la nouille insurrectionnelle sur une France à l'arrêt. "On lâche rien" ? Surtout pas le salaire visiblement. 

Que les éboueurs nous laissent nous auto submerger avec notre propre merde. C'est un peu notre lâcheté qui s'accumule en pyramides de sacs puants sous notre nez. Par là même les éboueurs nous offrent l'opportunité de mener le combat contre la réforme des retraites en faisant la seule chose que l'on sait faire et que l'on semble désirer : consommer. 

"- Mon dieu il y aura des rats dans la ville !" La belle affaire. Il y en a déjà et, quitte à choisir, je préfère les rats à Macron et sa clique. Rappelons-ici qu'il est le seul responsable de cette réforme et de l'empuantissement de notre avenir. 

Le seul ? 

Pas tout à fait, notre résignation est son indispensable allié.

À demain devant l'assemblée. 

(illustration : Illuminati Reptilien, sur Twitter)

Les poubelles de la colère

Le dialogue social à la française prend de nouveaux arômes. Plus à une déconnade près pour justifier son silence face aux mobilisations historiques qui émaillent la France depuis deux mois contre sa réforme des retraites (je le rappelle ici rejetée par 9 actifs sur 10), notre Président (aka Mister 49.3) déclare vouloir respecter le travail démocratique en cours au Sénat et à l'Assemblée nationale. Il parait que notre homme, fier de son triomphe programmé, se place déjà dans "l'après". 

Pourtant ça coince lentement de partout. De blocages d'autoroutes en coupures d'électricité, le grippage de l'activité s'installe tranquillement. À Paris, les évènements prennent une tournure olfactive. La situation a vite dégénéré. Suite à la grève reconductible des éboueurs, en 5 jours la capitale est littéralement submergée de déchets. Bientôt 10000 tonnes. Comme chaque parisien, j'ai désormais devant chez moi une montagne de sacs poubelles de 2 mètres de haut sur 5 mètres de large en schlingorama. Au hasard des concentrations d'habitations face à l'exiguïté des trottoirs (sans compter l'omniprésence de chantiers dans toute la ville) les remparts de déchets peuvent prendre des proportions bien plus dantesques. Certains immeubles sont déjà difficilement accessibles ou à travers des labyrinthes de sacs renforcés de structures montées par quelques concierges bricoleurs.

Cette exposition parisienne à l'air libre de l'art de la poubelle, où les contenus sont offerts à la vue de tous, est l'occasion de déplorer la surconsommation de mes contemporains. 80% de ce que j'y vois ne devrait pas y être (ne pas avoir été jeté, ne pas avoir été acheté ou mieux encore : ne pas avoir été produit). Voyons toutefois cette surconsommation comme un opportun combustible insurrectionnel. La force de Paris est aussi sa faiblesse : tout y est concentré. Le raz-de-marée des détritus n'épargne personne et surtout pas les quartiers riches. 

Fidèles à eux-mêmes les parisiens jouent encore la partition de l'insensibilité au monde extérieur, traçant leur cap, fiers et avec une haute idée d'eux-mêmes au milieu du caca général. Mais on le sent bien (si si on le sent) : encore quelques jours à ce rythme et la ville des lumières sera la planète poubelle du dessin animé Wall-E. Encore quelques empilements de Tetris de sacs et les commerces de bouche devront tout simplement fermer, l'activité touristique sera réduite à zéro et, laissant la place à de nouveaux propriétaires, les rats, le parisien devra songer à l'exil vers de nouveaux edens incertains au-delà du périphérique : Melun ou Ris-Orangis. Il ne faut pas blâmer les éboueurs grévistes, ils ont prévenu et longtemps à l'avance en plus. Il n'y a qu'un responsable dans l'histoire : Macron. C'est lui qui gravite en électron libre dans l'hyper espace de ses fantasmes. Le seul travail qui compte à ses yeux c'est celui de son image dans les livres d'Histoire, le réel c'est votre problème, chacun sa merde. 

Au-delà de l'odeur, cette grève des poubelles est un moment de toute beauté, la matérialisation la plus concrète de la contestation contre une réforme de merde. À l'heure de l'inflation décomplexée et de la démocratie méprisée au plus haut sommet de l'état, ces montagnes de déchets (symboles de notre sur consommation) sont nos barricades au coeur de la Capitale. Peu à peu, elles se dressent, barrent la ville, congestionnent l'espace, pourrissent l'ambiance, étouffent les lieux de pouvoir. Avant le grand brasier qui sait ? Alors je me pince le nez et soutiens bien évidemment les éboueurs. À la différence d'un politique, quand un métier essentiel est en grève on le déplore tout de suite. Tout cela nous rappelle qu'on aura toujours bien plus besoin d'éboueurs que de députés LREM et que, mais c'est presque une règle d'or du capitalisme : plus un travail est utile à la collectivité, moins il est payé. 



Que la Bloque Party commence !

« Alors vous voyez : La France n’est pas à l’arrêt ! » caquètent les macronards déconnectés après la journée de mobilisation du 7 mars. Vraiment ? Tandis que notre monarque dessaoule de ses bacchanales congolaises et que le Sénat se félicite de chier sur neuf actifs sur dix opposés à la réforme des retraites,  ce 9 mars, toutes les raffineries du pays sont bloquées et ça va vite se ressentir aux pompes, les transports publics sont très largement impactés, les ronds points se repeuplent, les barrages sauvages filtrent à travers les départements et les sacs poubelles s’accumulent en pyramide puantes sur les trottoirs des grandes villes tandis que les coupures ciblées d'électricité s'invitent dans la fête. 

Sur le terrain de la contestation de la réforme Macron, on ne se résout plus à défiler une fois par semaine, le mot d’ordre s’installe : il faut bloquer quoi qu’il en coûte, hors de question de se laisser imposer deux années de travail en plus. Et on peut y aller gaiement. Deux Français sur trois sont pour le blocage et, si chaos il doit y avoir, ils en tiendront rigueur au Président. La violence du VRP des marchés entrainera la violence sur le terrain. Cette violence sera légitime et surtout, indispensable. On ne change pas les choses en échangeant des anecdotes de vacances autour d’une tasse de camomille au coin du feu. Pensez au dégout que vous ressentez pour Macron et ses sbires et dites vous bien que vous n’êtes pas au centième du mépris que les France d'en bas leur inspire. Je me rappellerai toujours la phrase d’un conseiller proche d’un (ancien) pouvoir m’avait dit un jour : « c’est dingue ce que les Français sont gentils ». Avec ces gens-là, on ne peut espérer modifier la trajectoire des événements qu’en leur faisant physiquement ressentir la terreur. Avantage : comme leur courage  est inversement proportionnel à leur morgue, ils cèdent rapidement. On peut d'ailleurs observer cette fébrilité aux hurlements de poussins égorgés qu’ils poussent (grandes fortunes ou politiques) dès qu’on s’aventure à leur couper dix minutes l’électricité ou à leur froisser une chemise. On s’étonnera même que les syndicats cherchent encore à être reçus par Macron, un type qui n’a eu de cesse de les humilier depuis six ans. Après avoir grisé les troupes pendant trois mois, l’intersyndicale veut être reçue en urgence par Macron. Vraiment ? Mais pour quoi faire ? Parler déco ?

« Franchement, tant qu’on défilera d’un point A à un point B, il ne se passera rien ! Tant qu’on ne foutra pas le feu à l’Elysée, il ne se passera rien ! » ai-je entendu dans le défilé parisien, pourtant très policé du 7 mars dernier. Je ne peux qu’acquiescer. On peut au moins reconnaître à Macron d'avoir généré des avancées sociétales : en quelques mois il aura réussi comme personne à défoncer le rapport qu'ont les Français avec le travail. Il aura également rendu visible, plus qu'aucun de ses prédécesseurs avant lui pas même Sarkozy (un gauchiste proche du peuple en comparaison), le mépris de classe et l'impunité morale d'une clique qui prend bien moins de précaution que le reste des Français dès lors qu'il s'agit de défendre ses intérêts. 

On peut espérer que ça change... ou agir pour que ça change.







La valeur arrêt de travail

N'allez pas croire que j'ai de la colère contre lui (j’ai en réalité plus de colère envers ceux qui ont voté pour lui). Non, j’ai presque pitié du pantin des banquiers qui gesticule du marché de Rungis au Salon de l’Agriculture pour faire la promo de sa camelote démodée et qui, plus à une contradiction près, peut dans la même minute appeler au dialogue puis faire vider un opposant par le service d’ordre. Il est là, à se tripoter les narines et à tourner en boucle sur sa « valeur travail » comme un vieux Windows du siècle dernier en manque de mise à jour. Tout le monde a compris l'escroquerie. Sa "valeur travail" c'est d’abord de la valeur du travail des autres. Pas son travail ni celui de sa caste. Répétons-le, au casino du capitalisme débridé, le travail est actuellement ce qui rapporte le moins et de très loin. Mais c’est comme la dette, il faut du travail pour tous, tout le temps, et surtout le faire croire, pour continuer à faire tourner en mode automatique la roue de la soumission. Faites le test chez vous, seule une personne sur dix qui utilise l’expression « la valeur travail » exerce effectivement une activité professionnelle. Cette expression est un vrai détecteur de connard.

Mais, malgré mon dégout du bonhomme, je ne l’enterre pas. Il est déterminé à poursuivre, à contretemps de l'époque et de son peuple, ce combat stupide pour une réforme au choix inutile ou contreproductive. Il veut gagner parce que c’est son jouet, na ! 

D’abord, il y a la fragilité de l’opposition et ce malgré un rejet massif de la réforme par l’opinion. A force d’avoir retardé l’échéance et fait monter la sauce d’une « France à l’arrêt » après les vacances d’hiver, le blocage se doit être copieux et, s'il le faut, de durer. Si le 9 mars il y a des failles dans l’union ou que certains corps de métier, pourtant souvent prompts à appeler à la grève générale, ne suivent pas les appels syndicaux et que l’on constate que le pays tourne encore pas trop mal, ce sera l’indice qu’on peut ranger les pancartes. Si d’aventure le blocage prend, il faudra alors avoir les reins solides pour tenir face à la déferlante médiatique et édictocratique qui s’abattra sur ces ennemis de l’intérieur : les travailleurs qui ne travaillent plus. Pour le moment les chaines d'info feuilleton sont globalement bienveillantes et la presse conciliante avec le mouvement syndical. S’il se durcit, ce ne sera plus le cas. On a vu le travail de sape au moment des gilets jaunes. Deux mois de bisous entre manifestants et envoyés spéciaux sur les ronds points et, une fois les gilets jaunes physiquement proches de l’Elysée, l’ensemble de la presse s’est retourné : les héros d’hier sont devenus en 48h de violents antisémites complotistes et radicalisés. 

Mais surtout, on notera que remontent dans les news depuis quelques jours par le gouvernement des sujets qui touchent les enfants et sont prompts à diviser l’opposition (à gauche et à droite) : les rumeurs de généralisation du service national universel sur temps scolaire ou encore l'annonce (à Jarnac, ça ne s'invente pas) d'une campagne de vaccination des adolescents contre le papillomavirus, dernière lubie du VRP des labos qui nous sert de président. Certains à gauche, pas à une contradiction près, tout en brandissant des drapeaux ukrainiens, s'insurgeront contre toute esquisse d’un service militaire même à minima (à croire que la guerre se fait à coup de concepts et de slogans), tandis que chez les sympathisants de droite tentés par l'insurrection syndicale on se rangera au pas cadencé derrière la proposition du chef des armées. La jeunesse devrait, elle, s'énerver un peu sur ce projet où elle est, encore une fois, le dindon sacrifié. Quant à la vaccination heureuse au collège, là il y a de quoi régénérer le bon climat d’hostilité, à peine tiédi, qui a éparpillé gauche et droite à l’époque du Pass Vaccinal. Soyons diplomate sur ce sujet, auquel nous coupons court sans plus argumenter (ce n’est pas l’objet ici) : armée au rabais ou piquouse sponsorisée, ce taré sans enfant ne touchera pas aux miens. Que celui qui nous a été vendu comme un "génie de l'économie" s'occupe plutôt de tordre la courbe de l'inflation que tout le monde prend dans la gueule, sauf lui visiblement. 

On sent donc les gros doigts de la manipulation et des tentatives de division à l’action. Après tout, cela a tellement bien marché précédemment qu'on peut s'inquiéter. Notre sauveur a néanmoins a néanmoins déjà fait une grosse erreur qui laissera des traces quelle que soit la suite des événements. En insistant à passer une réforme complètement pétée visant à nous voler à chacun des dizaines de milliers d'euros et deux ans de vie, réforme à laquelle il ne capte rien lui même, il a prouvé ces dernières semaines qu'il n'y connaissait rien non plus dans le domaine du travail. Pénible, mal payé, aux horaires défoncés... Pas son problème. Il a aura contribué plus que tous les autres présidents avant lui à casser le rapport des Français avec le travail. Au lendemain de la condamnation à deux ans supplémentaires de travaux forcés, ne pas espérer que les Français aillent au turbin en sifflotant Merci Patron

On sait donc ce qu'il reste à faire. Quinze jours de blocage dur et cette réforme ne sera plus qu'un souvenir. Quinze jours de salaire perdu pour gagner deux années de vie. Ça, au final, c'est très bien payé. 


Retraites : Le blocage oui mais...

"- Vous comprenez : on doit travailler plus parce qu'on vit plus longtemps", Random macronard.

"- Mm... Rien que cette année j'ai trois proches qui sont morts dans la cinquantaine et de cause naturelle. Tous ont cotisé un max. Alors tes 64 ans au nom du progrès de la science.... M'est avis qu'eux ils n'en profiteront pas des masses de leur retraite.

Les macronards ont mis le doigt dans un mécanisme du mécontentement qui déborde même le cadre, arithmétiquement débile, d'une réforme des retraites qui mécontente tout le monde, qu'on la considère inutile, inappropriée ou au contraire pas assez ambitieuse. Au-delà de donner des gages à Bruxelles, le but quasi philosophique de cette réforme est d'intensifier le maillage intellectuel sur le quidam et ne le conduire à n'entrevoir aucun à côté ni aucun au-delà à la seule occupation salariée et au remboursement des dettes, individuelles ou collectives. Avec son projet de réforme tout pété, Macron a décapsulé le ras-le-bol français d'un modèle dont chacun perçoit l'essoufflement et le mensonge. Le travail est une partie (chiante et mal payée) de la vie, sûrement pas la vie. Et encore moins la seule perspective de vie à espérer en attendant la mort. On ne veut pas mourir au travail, c'est tout. 

Tandis qu'a l'Assemblée nationale se tiennent, autour du texte de la réforme, des représentations live du Muppet Show plus affligeantes les unes que les autres, de gauche à droite, et qui éloigneront encore plus des urnes le peu d'électeurs qui restaient pour voter pour ces guignols, les Français se mobilisent avec assiduité et bien plus de dignité (et moins de salaire) dans tous les coins du pays. Samedi 11 février, c'était la quatrième journée officielle de mobilisation intersyndicale contre la réforme Macron des retraites. La manifestation parisienne était la plus populaire que j'ai vue depuis des lustres : Des familles, des enfants, en vélo, en trottinette. je ne sais ce qu'il adviendra mais tout cela laissera des traces. Et quoi qu'il se passe désormais avec ce texte, le pouvoir en ressortira affaibli. Ce beau succès de samedi rentrerait presque dans la catégorie faits-divers des médias désormais : un million et demi de personnes tous les trois jours, ça manque de peps et, surtout, de casse. Fort heureusement, la promesse d'un "arrêt du pays" et de grèves potentiellement reconductibles titillent l'imaginaire du présentateur d'information feuilletonnée. 

Car oui, on y vient ! Ça a pris le temps, mais c'est décidé : c'est le blocage ! Enfin bientôt, peut-être, faut voir, et y réfléchir, et puis le mot "blocage" c'est un peu fort, il ne figure pas dans le communiqué de l'intersyndicale sur lequel se paluchent toutes les rédactions depuis samedi. Une chose est sûre néanmoins, "La France à l'arrêt" ce sera pas pendant les vacances, faut pas déconner. Ici, nos révolutions se tiennent à débit différé. 

Blocage, ultimatum, arrêt... Quelque soit le nom, il nous faudra passer par cette épreuve de force qui sera d'autant plus courte qu'elle sera massive. 

Les mobilisations c'est indispensable, mais on a affaire en face à des radicalisés : des gens déconnectés de tout. Que l'on soit un million ou deux dans la rue, ce n'est pas qu'ils s'en foutent, mais ça n'évoque pas grand-chose chez eux. La rue ? Les gens ? Le travail ? Ce sont des concepts assez abscons pour notre Macron et sa clique. Ils ne comprennent qu'une chose : la peur.  On a eu la preuve au moment des gilets jaunes et on a le rappelle quasi quotidien dans la façon qu'ils ont de mettre en scène le harcèlement dont ils seraient victimes, opposant une violence sauvage chez les autres pour mieux se dédouaner de la violence de leur politique et de leurs propos. Deux millions de personnes en France c'est bien, 100000 déterminées autour du palais présidentiel ou de l'Assemblée et la reforme est retirée dans la journée en mode Super 49-3 express

Il en va de même pour le blocage qui, une fois dépassé le stade du mot pas prononcé, se devra d'être intelligent pour cibler là ou ça fait mal à l'élite : au hasard le blocage des recettes fiscales, celui du traffic aérien ou des chiottes de l'Elysée...  Reste à savoir si la France du secteur public comme du secteur privé aura le courage de se mettre à l'arrêt. C'est facile de critiquer cette tête-à-baffes de Macron, surtout après avoir voté pour lui à répétition. Il va falloir aussi lui montrer que La France a un autre talent que celui de faire de belles pancartes et de jolies chorégraphies dans des manifestations pacifiques. 










Les boomers se cachent pour mourir

J'ai rédigé assez d’articles ces quinze dernières années sur la génération dorée des baby-boomers. Pas la peine d'en rajouter. On les entend partout. Tout le temps. A faire la morale à cette France qui ne travaille. Les pauvres. Ils ont bénéficié de toutes les avancées sociétales, de l’emploi stable, de la réduction du temps de travail, de la retraite à 60 ans et de la cinquième semaine de congés payés, avec des bons salaires. Ils ont pollué comme aucune génération avant et après eux et ont soufflé comme personne dans la bulle immobilière en reléguant les deux générations derrière à s'entredéchirer et alterner des périodes de chômage de masse et de bullshits jobs sous le signe du mal logement, de la flexi-précarité et d’une planète mourante. Pas mécontents de ce triomphe, ils ont remercié la gauche et les syndicats pour leurs combats sociaux gagnés et dont ils ont été les premiers à profiter, en votant systématiquement à droite et en ne pensant qu'à leur gueule. Ils ont érigé en life-style décontracté les mécanismes de spéculation et d’individualisme comme personne avant eux. Aujourd’hui certains se goinfrent encore des pensions de retraite qui feraient saliver les trois quart des actifs (ces derniers payent d'ailleurs pour les pensions de leurs ainés). 

Donc je ne vais pas y revenir. 

Sauf que. 

Et si cette crispation autour de l’allongement du départ de l’âge de la retraite, la colère d’une population se confrontant à la cécité d’un président, sonnait comme un passage de génération ? Elle se pensait et se voyait immortelle, les choses politiques, économiques et fiscales étaient pensées pour et par elle depuis vingt cinq ans mais, ça devait arriver : cette génération disparait. Tel un Michel Drucker sous stéroïdes, elle a eu beau repousser le jeunisme jusqu’aux confins du chimiquement possible, et faire la pluie et le beau temps électoral, l’ère de son dernier poulain Macron est aussi son chant du cygne. Elle laisse derrière elle un champ de ruines idéologique et économique, et nous abandonne comme seule perspective politique de s'acharner à prolonger en coma artificiel, et en bien moins confortable à titre individuel, un mode de vie destructeur pour la plupart. 

Au nom de l'espérance de vie gagnées par cette génération (ou plutôt par les progrès accomplis pour elle), le proooojet de leur petit valet de pisse du Touquet est de faire bosser jusqu’à la mort au nom de la "valeur travail" tout ce qui aura moins de 64 ans (Rappel, l’espérance de vie en BONNE SANTE dans ce pays est de 64,1 ans). Mathématiquement, ça coince. Et ça commence à s'entendre dans la rue dans des manifestations dont les cortèges sont remplis... d'actifs. Les Baby-boomers pouvaient jusque-là faire une élection, ils ne font plus la nation. 

Attention, je n’ai rien contre eux. C'est loin d'être une génération homogène (je vais encore me prendre des commentaires : "oui, ils sont pas tous comme ça". JE SAIS. D'où ma nuance entre "boomers" et "golden retraités" ) mais il y a des réalités statistiques incontournables. Le revenu moyen des retraités en France en 2019 est supérieur de près de 2% à celui des actifs, alors que leur revenu moyen est plus faible. Admettons aussi que, baigné dans le même air du temps et avec les mêmes cartes en main, j’aurais sûrement opté pour le même parcours (sauf voter Macron, ça vraiment c’est de la merde à tout âge). Ajoutons que les nouveaux retraités sont déjà déjà bien moins lotis que les précédents et ils le seront de moins en moins. Hormis par la transmission d’héritage, le golden retraité est un concept du passé. Comme on dit en manif : "les maltraités deviendront les mal-retraités". Ces enfants et petits enfants des boomers aux jeunesses niquées (pas assez d'expérience professionnelle à 18 ans et trop âgés pour "le marché du travail" à 50) sont bien partis pour être niqués sur toute la ligne jusqu’à l’EPHAD (où ils n’iront jamais, l’EPHAD comme les soins médicaux, étant des concepts pour golden retraités : ils disparaitront avec eux). Le pouvoir d’achat des retraités par rapport à celui des actifs va considérablement baisser en France. Les vieux précaires de demain sont les salariés d’aujourd’hui. 

Alors que faire ? 

La réponse est dans la question. Le travail était déjà l’activité la moins rentable du spectre capitaliste (comparé à la bourse, à la spéculation immobilière ou à l’héritage). Avec l’inflation dans laquelle nous nous embourbons, le travail est la garantie de PERDRE 10% de pouvoir d’achat minimum par an. Ne pas espérer ni s'enrichir, ni abonder sérieusement les fonds d'une retraite par répartition quelconque avec des payes de misère. La question de faire quelque chose avant la retraite ne se posera bientôt plus, la réponse sera évidente : Rien. Ou plutôt : ne plus contribuer à cette farce économique qui nous échappe. Se tourner vers soi et la survie de ses proches. "C'est la fin de l'abondance" a dit celui qui s'est fait élire en promettant l'inverse. Il peut s'inclure dans le package, c'est la fin de son système d'exploitation des masses. On voit bien qu'il patine à vide face à l'opposition des trois quarts des Français. Il n'a tout simplement plus rien à dire. La fin du fantasme d'un capitalisme heureux s'installe peu à peu dans les consciences. Dur à reconnaître et surtout accepter (pas facile de sortir d'un mensonge géant). Ça ne continuera pas sans douleur, avec probablement de grands malheurs mondiaux pour nous distraire de nos misères locales, en attendant le reboot s'il a lieu.

Pas génial hein ? 

Oui et non, même si ça s'accélère un peu là maintenant, le processus est long. C'est sûr qu'à l'échelle d'une génération, ça peut paraitre un peu plombant (Après le golden-retraité, il y aura le misère-retraité). Mais, si nous survivons à tout ça (économiquement et climatiquement) il est possible les générations d'après tombent moins sottement que nous dans le panneau du progrès qui n'en est pas un. Ils vivront surement moins vieux mais auront à coeur de vivre mieux. 

On a vu ce que c'était une société de golden retraités. On a déjà donné.

Retraites : Des nouilles encore !

« - Pour les actionnaires c’est des couilles en or, pour les  salariés et les retraités c’est des nouilles encore » 

C’est lorsque j’ai entendu la journaliste de BFM, dans la lumière ouatée du plateau d’info-feuilleton, conclure avec ce slogan son compte-rendu des pancartes lues dans les cortèges du 31 janvier, juste avant la page de publicités, que j’ai compris que le petit diner de Macron avec les éditorialistes, afin de leur souffler les éléments de language pro-réforme affinés à Davos, n’avait pas encore eu l’effet escompté et que le point de retournement média contre les manifestants n’était pas encore atteint. 

Il faut bien constater cette réforme foireuse torchée dans la précipitation par la clique à Macron mobilise de plus en plus contre elle. 93% des actifs sont opposés à la réforme et le mécontentement est même devenu majoritaire chez les retraités : BFM ne peut pas non plus se fâcher avec la majorité de son audience. J’entends dire que même la Manif pour Tous est contre cette réforme en raison du traitement qui est réservé aux mères de famille.  

Le 31 janvier était donc une nouvelle journée de manifestations réussie avec une mobilisation en hausse. Le SAV robotisé des causes perdues était au rendez-vous le soir même sur les ondes. Le plouc Véran chez Hanouna et Attal le gominé au 20h de TF1. « Si vous continuez à vous mobiliser, continuez à le faire en respectant les Français qui travaillent » déféqua-t-il aux syndicats avec la suffisance qu’on lui connaît. Avec plus de 2 millions de personnes dans la rue, c’est présomptueux de croire qu’il s’agit là seulement 1 / de syndiqués 2 / de gens qui ne travaillent pas. Excusons nos élites, il en va de la rue comme du travail, ils n’en connaissent que ce qu’en disent leurs fiches rédigées par MacKinsey. 

Dans les cortèges, et sans que nous nous soyions concertés, j'ai recroisé d'anciennes têtes des mobilisations de l'avant Macron, voire de l'avant Hollande. Pour le moment, ça ressemble à 2009/2010 mais en plus profond, car il n'est pas ici seulement question des retraites (beaucoup des gens croisés hier savent très bien qu'ils n'en auront pas ou très peu) et il y a aussi une plus grande variété dans les profils de manifestants (plus jeunes que dans les manifestations de 2009/2010 sur les retraites) avec une plus large montée dans les villes moyennes et dans les zones rurales par rapport aux zones plus "riches". À force de mépris et de déni, la macronie est-elle en train de se confectionner une bonne force d'opposition populaire, philosophique en plus d'être physique, étendue à tout le pays ? Cette tête de noeud aura au moins réussi un truc en 6 ans.  

Et donc ? critiquent les sceptiques. Et bien on remet ça avec deux journées la semaine prochaine, le mardi 7 et samedi 11 février pour la possibilité de diversifier un peu les foules, avec le risque aussi de la dispersion pour cause de vacances. 

« - Oui, la contestation ça va bien deux secondes mais hors des congés payés bordel ! »

La question du blocage va bien finir par devoir se regarder en face mais ces deux dates proches ont au moins le mérite de tester la motivation des troupes (et de permettre une rotation des mobilisés). Regardons ce qui se passe actuellement en Angleterre : la contestation dure depuis des mois. 

C'est un moment de vérité : ceux qui appellent à la grève continue ne vont plus pouvoir se cacher longtemps derrière l'inaction supposée des syndicats. Si l’on n’est déjà pas prêt à faire grève un ou deux jours en deux semaines, comment croire à un blocage suivi dans la longueur ? Macron fait aussi ce calcul : les payes sont ridicules et beaucoup de salariés sont endettés, la grève coûte. Pourtant, reculer maintenant, c’est signer non seulement l’application de la réforme mais la poursuite de ce rapport de force ultra violent entre une poignée de nuisibles (eux et l'infinitésimale clique qu’ils servent) et nous, les infiniment plus nombreux et bien trop gentils.

Réforme des retraites : n'avoir aucune idée de ce qu'est le travail

J’entendais ce matin Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, un peu fatigué à l’antenne d’RMC. Il est bien conscient des risques d’enlisement d’un mouvement de contestation morcelé quand bien même ce mouvement est soutenu par une majorité des français. 

Avec 72% des Français opposés à la réforme Macron des retraites, la bataille actuelle est un de ces moments de vérité collectifs assez rares de la société française. La défaite n’est une option pour personne. Si Macron recule, il peut légitimement penser que son quinquennat est terminé. En revanche, si les Français (majoritaires quand même) cèdent par désertion, ils auront dégringolé un pallier de plus vers la désintégration sociale du pays déjà bien amorcée. Macron pourra terminer son quinquennat tranquille avec encore plus de morgue et préparer le terrain pour le clone banquier suivant. 

Le combat comptable autour de cette réforme est simple : on vous vole quatre ans de vie et des dizaines de milliers d’euros. Mais il y a aussi le combat philosophique. Ce que l’on attend du travail. De l'école à la télé : il y a obligation morale, avant même financière, à travailler. Le travail doit se suffire à lui-même, de votre seul présence à son chevet est censée colmater tous ses incohérences et absurdités : Les mauvais salaires (commencer se loger sans aide familiale même avec un boulot quand on est jeune, et quand on est moins jeune : comment acheter quand on est pas marié ?) mais aussi les temps de trajets (pourquoi donc ce n’est pas rémunéré ?), sa prise globale du temps (on pourrait tout à fait travailler beaucoup moins, alors que nous avons gagné des capacités de production hallucinantes en quelques décennies). La question de la pénibilité évidemment est au centre de la pièce. Mais, tout travail où tu ne te lèves pas pour toi et tu ne disposes pas de ton temps EST par définition pénible. Point. Après, suivant le poste, l'encadrement, la paye et les conditions, on s’enfonce du "très" au "super" pénible. 

On peut être de gauche ou de droite, chacun concèdera que te dire que tu vas devoir te taper 44 ans de boulot de merde pour vaguement pouvoir profiter d’une aumône à la fin d’un parcours à la Squid Games (si tu es encore vivant), ce n’était pas clairement un super mouv' marketing à lancer en pleine inflation et à deux doigts d’une troisième guerre mondiale.  Sans compter que tout le monde a désormais bien compris, avec une poignée de riches s'accaparant à vitesse grand V la quasi intégralité de cette planète, que le travail est finalement l'activité la moins enrichissante. 

Le monde de Macron est à l’agonie et avec sa réforme pour satisfaire l'UE et les marchés il nous entraîne dans son délire comptable (qui sera de toutes les façons remis sur la table d'ici quelques années). Le débat ne devrait pas seulement se focaliser sur cette fin de vie aménagée qu’on appelle la retraite mais sur ce que nous faisons au présent de ce fardeau nommé travail. Et quand je dis travail, c'est pour la plupart de salariat dont je parle : cette drogue occidentale au confort de la paye qui tombe chaque fin de mois et qui est au fond la cause de tous nos maux, de notre docilité sociale et nous sort de la merde tout autant qu'elle nous fige dans le mal-être. 

Martinez a dit une chose juste ce matin : il faut bien que ces gens (Macron et son régiment de couillons) n’aient aucune conscience de ce qu’est le travail pour imposer une telle réforme. C’est tout à fait ça. Le grand problème de ce pouvoir (et ce n’est pas d’hier) est sa déconnexion complète avec le peuple qu’il représente. C’est son péché d’orgueil et probablement par là qu’il périra aujourd’hui ou un autre jour. Macron a commis l’erreur de leur lancer, fier de lui comme tous les cons, que les Français n’étaient que ses électeurs, dont la finalité et leur bonheur seraient d’être des esclaves, salariés et imposables, jusqu’au cimetière. 

C’était déjà vrai, mais ce n’était pas le bon moment pour leur rappeler. 

À tout à l’heure dans la rue.

Retraites : On ne négocie pas une vie volée

Nous apprenons dans la presse subventionnée et avec la plus grande des surprises qu'Elizabeth Borne est "inflexible", qu'elle "affiche sa détermination" et qu'elle "ne reviendra pas" sur le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. 

Zut alors, l’intersyndicale ne serait pas écoutée ? Après avoir foutu deux millions de personnes dans la rue avec le soutien inespéré de 70% de la population, fallait-il vraiment cramer quinze jours, dans un agenda législatif de cinquante, dans l'espoir que Borne et Macron changent d’avis ?

Sérieusement, qu’attendre de la part de cette minorité radicalisée de Français ?
(Je parle du gouvernement au cas, improbable, où il y aurait un doute)

Négocier ? On ne négocie pas avec des salopards qui vous volent deux ans de vie au nom du dieu "travail", concept dévoyé dont nos escrocs n'ont pas un exemplaire sur eux, mais aussi mot-valise pour "fermez vos gueules les Français !". 

Les mecs devraient tout faire pour bloquer des prix qui prennent du +20% au semestre, mais non. La priorité de vos élus est de reformer les retraites pour "sauver le système". Et, après 200 Milliards distribués sans contreparties en deux ans aux entreprises (qui en ont refilé plus de 80 aux actionnaires sur la seule année 2022), ils nous martèlent l'urgence d'un plan de "sauvetage des retraites" pour une poignée de milliards dont il n’est d’ailleurs même pas sûr que le dit système est réellement besoin !

« - Oh la la, mais tu comprends la valeur travail et toussa ! Il y a trop d’inactifs et pas assez d’actifs ! ». 

Quand on dit travail en France, on dit d’abord salarié (87,4% de l’emploi). Salarié étant aussi le niveau le plus bas dans l’échelle des valeurs capitalistiques, combattre au quotidien pour améliorer ses conditions devrait être l’obsession de tout salarié. Le salariat est de la location de ton temps, de ton cerveau et de ton corps, un esclavagisme améliorée empreint d’idéologie du devoir accompli où, bercé par une illusion d’un progrès, après avoir été sorti du lit le matin avec le bâton du crédit à rembourser, tu cours tête baissée après la carotte du confort à atteindre en fin de journée. Il s’agit pour les gouvernants à qui tu as abandonné le pouvoir (parce que c’est plus simple) de te faire nager en rond avec des brassards là-dedans en te dissuadant d'aller t'aventurer hors du petit bassin : de ta sortie des études (à condition que tes parents te les payent) au cimetière (à condition d'avoir réglé le caveau à l’avance). Dans ce bref passage de vie terrestre à se faire traiter comme de la marchandise pour impressionner des gens dont tu te fous et enrichir au-delà de toutes les limites de la décence d’autres gens que tu ne connais pas, tu seras bien gentil de cramer toute ton épargne en consommation sans trop de plaindre des prix. Dans ce concept, on ne peut plus émancipateur, la retraite apparaît comme un Graal à trois mètres de la pierre tombale : "A 62 ans, je vais enfin pouvoir commencer à vivre". Il faut le reconnaître la retraite a été l’appartement-témoin d'un capitalisme "heureux "dont ont profité une génération ou deux, le temps de faire monter jusqu'au prohibitif les prix de l’immobilier et de systématiquement voter pour les pouvoirs successifs les plus anti-retraites possibles. 

Maintenant on te "change le jeu" (dans leur mindset tu n'es guère plus qu'un pion) et on te rajoute deux ans de salariat (enfin pour les "happy few" les plus chanceux, les autres seront au chômage depuis bien longtemps) pour t’enlever deux ans de retraite de l'autre côté, soit 2+2 = 4 années niquées (Ding, le compte est bon ! Ah ça valait le coup de "Voter Macron pour combattre ses idées"). 

Entends bien que, pour les hommes, l’âge d’espérance de vie en bonne santé (62,7 ans) sera désormais en dessous de l’âge légal de départ à la retraite (qui dans la réalité sera en fait bien au dessus). On voudrait te cracher à la gueule sans même avoir à se fatiguer à le faire, on ne pourrait pas mieux. Crève en silence, heureux car au travail. Mais n'angoisse pas : si t’as bien été soumis, sans écart aucun, au salaire minimum pendant 43 ans, tu les auras tes 1200 balles de retraite… net ? Euh non brut… donc en dessous du seuil de pauvreté (1103 euros en 2022). Ah ça fait rêver toute cette "valeur travail" amassée dans une vie... 

Et on serait encore dans une approche de négociation avec ces fils de chacals nés avant la honte ? Il n’y a rien à négocier. Ils le répètent à longueur de tribunes. On ne discute pas avec ces gens qui n’ont pour nous que le plus profond des mépris. Ils ne comprennent que la force et la peur. Il n'y a pas d'alternative.


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Le blocage sinon rien

C’était aujourd'hui une belle première journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites partout en France (avec des scores dignes de 1995 dans nombre de villes moyennes). Le million de manifestants est largement dépassé et les orgas sont satisfaites (La CGT annonce 2 millions). Même les quelques casseurs accrédités, sortis des beaux quartiers parisiens pour assurer au service com' du gouvernement les quelques images qui vont bien (tiens prends ça méchant conteneur à poubelles du Boulevard Beaumarchais, suppôt du capitalisme débridé !) n'ont pas réussi à gâcher cette démonstration d'opposition. 

Carapaté derrière les Pyrénées avec onze de ses incompétents ministres (et 3 avions), notre leader Macron a laissé l‘arrière garde des seconds couteaux défendre sa réforme sur les plateaux télés. Devant les écrans géants affichant les mobilisations massives dans toute la France, nos élus de la diagonale du vide politique ont bien tenter de faire "l'effort de pédagogie nécéssaire" pour justifier les bienfaits d'une réforme si mal ficelée que 93% des actifs français en ont désormais compris la substantifique arnaque. On résume : Tandis que l’électorat Macron (dont il est raisonnable d’affirmer qu’une bonne partie ne travaille pas) continuera de se la couler douce avec un niveau de vie au-dessus de la moyenne en traitant tout le monde de feignants ou d’assistés, ceux qui travaillent paieront deux ans de plus pour une retraite dont ils bénéficieront deux ans de moins. Tout ça pour - hypothétiquement - économiser une poignée de milliards au moment où l’on redécouvre pour la quarantième fois en dix ans que les grandes fortunes se sont enrichies comme jamais ces deux dernières années. 

Les arguments du gouvernement sont inaudibles. Même les journalistes les plus serviles ont du mal à soutenir longtemps les thèses avancées. Travailler plus vieux ? Mais quelle bonne idée ! Encore faudrait-il qu’il y ait du travail entre 50 et 70 ans (64 ans pour le départ à la retraite c’est  la base, dans les faits ce sera bien au-dessus).42% des retraités arrivent aujourd'hui à la retraite en se trainant un chômage de plusieurs années. 

Toutes ces mobilisations font donc chaud au coeur, mais elles rappellent également le chapelet de mobilisations de 2010 sur le même sujet. Elles étaient aussi réussies mais, restées dans les seules mains des syndicats puis, trop espacées, elles se sont étiolées sur un semestre et à la fin la réforme est passée toute seule. 

13 ans après le contexte a changé, s’est considérablement dégradé pour une assiette plus large de la population. En 2010, les initiés parlaient aux initiés et les manifestations étaient médiatiquement minimisées. Sarkozy, qui avait fait rêver une partie de l’électorat populaire à base de "travaillez plus et vous serez tous propriétaires", bénéficiait encore d’un vague soutien dans l'opinion. Ce n’est absolument pas le cas en 2023 pour un Macron dont le leitmotiv "faut travailler jusqu'à la mort bande de cons" fait moins fantasmer les masses (surtout quand elles ont déjà quarante ans de boulot au compteur). Macron, mal élu, est aussi mal aimé d’un bout à l’autre du spectre politique dans toutes les classes sociales (sauf les plus aisées). J'ai même entendu des Républicains contre la réforme. L’inflation ronge et ruine une partie plus large de la population. Même la natalité française s’effondre au niveau de l’après-guerre. Autant dire que l’humeur nationale est plus au marouflage des murs de l'Elysée au canon à merde qu’au plébiscite de réforme antisociales rédigées par trois conseillers boutonneux qui n'ont jamais bossé de leur vie. 

Macron voulait nous faire traverser la rue ? Pour le moment, c’est la rue qui lui marche sur la gueule. Après cette première journée, on entre dans le dur et il faut éviter les erreurs de 2010. Un ou deux rounds de manifestations vont probablement encore avoir lieu, mais si on reste seulement à de la manif hebdomadaire, c’est la réforme assurée dans cinquante jours. La contestation doit s'étendre et taper vite là ou ça fait mal : en bloquant l'économie le plus massivement et surtout le plus rapidement possible pour en sortir au plus vite. Un sondage ELABE indique que 55% des Français comprendraient le blocage du pays. Deux ou trois semaines de sacrifices valent bien un recul de cette réforme et le plus clair des messages au paltoquet des marchés qui nous sert de Président. 

[update 19.01.23 20h40 : à la demande de la CFDT, la deuxième journée de mobilisation intersyndicale aura lieu... le 31 janvier. On pourrait appeler ça du sabotage.]

Image du haut : la mobilisation du 19 janvier contre la réforme à Paris -par Julien G. -.
Image du bas : un casseur dans son biotope.
 


Travaille, crève ou refuse

"On ne se projette pas là dans l'idée d'une mobilisation massive ou de l'impact de cette mobilisation".

Si ce bon à rien d'Olivier Véran* "ne se projette pas dans l'idée", c'est qu'on se dirige tout droit vers une très forte mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites le 19 janvier. Détail qui ne trompe pas : notre conseiller en clientèle Macron sera en déplacement à l’étranger ce jour-là (comme à la belle époque des samedi musclés de la Giletjaunemania sur les Champs-Elysées). Faut croire que le simulateur de retraite mis en place en catastrophe n'a pas donné les résultats escomptés par nos samaritains des marchés. 

Vu le calendrier législatif serré, la déconnexion de ce pouvoir (qui peaufine déjà une nouvelle version du 49-3 pour accélérer la musique : le 47-1) et l'antipathie que suscite ce projet de réforme, il est du domaine du possible que s'installe assez rapidement une situation de blocage dans certains secteurs. Ça ne suffira pas à faire changer les choses si les syndicats restent seuls dans ce combat. L'inconnue est le taux de transformation sur le terrain de l'animosité envers la réforme chez les salariés du privé, notamment chez les plus âgés d'entre eux et ceux qui ont commencé à travailler tôt. Ce sont eux qui ont le plus à perdre et à qui l’on recule de deux ans la retraite alors qu’ils entamaient la dernière ligne droite (en leur ponctionnant au passage des milliers d’euros de cotisation). On passera sur l'absurdité économique de ce projet purement idéologique visant à ergoter sur quelques milliards alors qu'on en dilapide des centaines chaque année en aide aux grandes entreprises (remember le CICE), cette réforme n’est ni plus ni moins qu’une peine de mort au travail pour un français sur 4. Ce n’est ni de la justice ou de l’économie mais de la criminalité. Plus personne aujourd'hui ne veut se tuer au travail et c'est tant mieux. L'annonce de cette réforme aura au moins permis de remettre ce ras-le-bol sur la table (Ça, Macron ne l'avait pas prévu). On discute sur des trimestres en plus ou en moins pour pousser jusqu'à 64 ans et plus, alors que 60 ans devrait être la base du départ pour tous sauf celui qui VEUT continuer à travailler. 

Autre inconnue de la contestation, les foyers spontanés : collectifs, mouvements et initiatives qui échappent aux radars institutionnels, à l'image du mouvement de noël des contrôleurs SNCF. C’est ce que le gouvernement redoute, ce que les syndicats espèrent (et craignent à la fois) et ce que les médias souhaitent (pour quelques épisodes du feuilleton). Le gouvernement ne pourra alors plus que tabler sur le pourrissement et l’exaspération d'une autre partie des Français (au hasard le fan-club Macron déjà à la retraite) et/ou la surexploitation en ouverture de JT de quelques vitrines cassées pour diaboliser toute contestation (on peut compter sur la collaboration pleine et entière des médias : si les Français sont majoritairement contre la réforme des retraites, 9 éditorialistes sur 10 de la presse restent pour). 

La partie est serrée mais le moment est grisant. Qu'on en finisse vite, parce que le combat qui urge c'est celui de la bataille contre l'inflation. Avec du 25% par an sans augmentation de salaire, avoir ou ne pas avoir de retraite sera bientôt le cadet de nos soucis.  

* médecin déchu, ex-porte-parole de Pfizer puis rétrogradé panneau d'affichage à l’Elysée. 


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Retraite ? Non, travail !

Ah ! Voilà de quoi célébrer à l'apéritif du World Economic Forum de Davos qui commence dans 5 jours

Comme prévu, des bras cassés démocratiquement élus qui, pour la plupart ne travaillent pas et ont pourtant une retraite assurée, viennent de décider d'allonger le temps de travail et l'âge de départ à la retraite de dizaines de millions de Français. L'affaire est entendue et, grâce à une poignée de députes paillassons des Républicains, la régression sociale collective devrait être votée sans trop de soucis.

La nouvelle réforme des retraites, made in MacronLand et annoncée par Borne, prévoit de repousser l'âge du départ à 64 ans et la durée de cotisation pour une retraite à taux plein à 43 ans dès 2027, me niquant de deux ans dans le process (la tuile, je ne vais pas pouvoir toucher mes 300 balles de retraites avant 2036). Evidemment, le machin tape en priorité les travailleurs déjà les plus précaires et, pour "plus de justice", ceux qui travaillent le plus (ayant commencé les plus jeunes), en puisant au passage dans les caisses prévues pour les accidents du travail (allez on va pas s'emmerder : de toutes les façons les pauvres il faut qu'ils meurent au boulot, mais après avoir fini de payer leurs crédits). On aurait pu imaginer que nos experts de la démocratie du capital et du travail pour tous même les plus vieux, mettent un peu plus de hargne à récupérer les 100 de Millards de fraude fiscale annuels ou puisent dans une partie des dividendes records versés aux actionnaires cette année (80 Milliards pour le Cac 40 en 2022), mais ce sont là des fariboles de gauchistes. 

On peut retourner le truc dans tous les sens, lui chercher un semblant de justice ou même de crédibilité arithmétique, la philosophie de la réforme (avant la prochaine) est simple : TRAVAILLEZ BANDE DE FEIGNASSES ! Elle contredit à peu près tout de la simple observation du monde du travail actuel où, avant trente ans et passé cinquante, tes chances 1 / de trouver un boulot 2 / trouver un boulot correctement rémunéré, sont faibles.  

Ce n'est pas les retraites qu'il faut réformer mais le travail : 1 / en le rémunérant décemment 2 / en se préparant intellectuellement, et matériellement, à s'en passer. Car, scoop, vous allez pour la plupart perdre vos boulots dans les quinze ans à venir. Mais là on entre dans le domaine des propos outranciers qui seront bientôt condamnées par la loi. 

La réforme des retraites s'imposait, et notre conseiller clientèle se devait d'agir et donner des gages de bonne volonté aux marchés financiers. Macron le pion poursuit l'agenda dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Cette destruction du régime de retraites dépasse sa seule personne, elle se déroule sur plusieurs quinquennats mais ne vise qu'un objectif : le désengagement de l'Etat en tout domaine et l'assurance pour le privé de récupérer les secteurs les uns après les autres, tout en pouvant tabler sur la docilité de travailleurs paupérisés et soumis aux aides d'Etat. 

Pour le moment, journalistes et chaînes d'info-feuilleton se pourlèchent les babines de la montée du mécontentement à l'approche de la journée de contestation syndicale unitaire du 19 janvier. Dès que ça se rapprochera trop des centres de décision et des rédactions, ils changeront de cap et culpabiliseront les empêcheurs de réformer en rond. Pareil, guettons l'ombre du premier gilet jaune ou de la première vitrine cassée pour diaboliser la colère des Français (82% sont contre cette retraite. Bon les sondages, ça vaut ce que ça vaut : ils étaient un sur deux à déclarer ne pas vouloir se faire vacciner début 2020).

J'espère sincèrement que la colère du peuple empêchera le passage de ce machin, pas tant pour moi, l'affaire est entendue depuis longtemps (j'ai plus de chance de toucher le loto dans l'ordre), mais parce qu'il faut mettre un terme à ce foutage de gueule continu aux valeurs renversées où ceux qui te parlent d'entreprendre coûte que coûte en t'agitant de la valeur travail à chaque phrase n'ont pas un échantillon sur eux et n'ont pas entrepris grand-chose d'autre que des campagnes démagogiques pour se faire réélire. 


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La bataille des retraites est-elle perdue avant même d'être menée ?

Privilège de l'âge, je viens de recevoir mon récapitulatif retraites et je dois le reconnaître : pour une fois, l’État a tout bien fait. 

Le récapitulatif est clair, pratique, compréhensible et ne m’amène qu’à une conclusion : si je veux toucher une retraite, si ce n’est décente au moins à taux plein, il faut que je travaille plus et plus longtemps …jusqu’à 77 ans en fait. (À condition bien entendu de ne connaitre aucune période de chômage d’ici là et que les règles ne changent pas dix fois avant 2049). 

Tout ça pour dire que le - nouveau - combat contre la réforme des retraites qui se profile n’est malheureusement plus ma priorité. Je me fais vieux, ou plus lucide. Question retraites j’en connais pourtant un rayon puisque, comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai passé ma vie professionnelle (salariée ou pas) à assurer les pensions des boomers (pas moi hein, les vrais nés avant 1970). Les mêmes qui ont eu les gros salaires, peu de chômage et ont gonflé la bulle immobilière comme jamais en 20 ans, provoquant des hausses de loyers indécentes dont les premières victimes ont été leurs enfants et petits-enfants qui peuvent ainsi cumuler salaires de merde et logements de merde. 

2023 sera « l’année de la réforme des retraites » a prévenu Macron. Recul de l'âge du départ, allongement de la durée de cotisation. 

Le problème pour les générations née après 1970, et plus encore celles des années 80 et 90, n’est pas tant l’échéance de l'ouverture des droits à la retraite que la juste rémunération de leur travail dès maintenant ! Avec un SMIC a quelques encablures du seuil de pauvreté qu’honnêtement espérer pour sa retraite ? Il est acquis depuis un moment pour les quadras et les quinquas qui ont connu des carrières grignotées par le chômage et avec des salaires toujours tirés vers le bas, qu'ils auront une retraite aux allures de minimum vieillesse. Si le machin existe encore d'ici là... Ne pas oublier que c'est la même équipe qui a géré le fiasco des masques, la destruction de la santé, bradé des autoroutes remboursés et flingué notre souveraineté énergétique pour vous la facturer dix fois le prix, qui est en charge de vos pensions futures. Rien que ça, cela devrait décourager toute personne rationnelle de cotiser. 

Et si l'on voulait y croire, c'est sans compter les injustices sociales, l'angle mort de tous les discours de la start-up nation. Un riche vit plus longtemps qu'un pauvre. Pour 25% d'entre eux, peu ou pas de retraite. Pas le temps de la prendre. À croire que ce système de retraites est historiquement pensé comme une carotte pour faire avancer l'âne et qu'il n'était aucunement adapté à un tel allongement de l'espérance de vie (enfin... de la vie des plus aisés... qui votent Macron). Une retraite est comme toute bonne assurance qui se respecte : pensée et optimisée pour ne jamais être perçue. À défaut d’aller taper dans les 100  Milliards annuel de fraude fiscale (des gens qui votent encore Macron), l’important c’est de continuer à faire cotiser le couillon de travailleur pour payer les retraités d’aujourd’hui (qui votent majoritairement Macron dès le premier tour). 

Les jeunes dans l’histoire ? C’est comme d’habitude le petit bois de notre « marché du travail ». Il s’agit de les décourager, les pousser à placer, à épargner même et surtout s’ils n’ont pas grand-chose, avec des complémentaires (dont les patrons devinez quoi ?... votent Macron). La retraite, comme la santé ou l’éducation, est un marché prometteur à fort potentiel. D’ailleurs, le système de financement des retraites n’est pas en déficit. En 2021, les caisses de retraites étaientt même excédentaires de près d’un Milliard d’Euros. Où se trouve donc l’urgence de réformer ailleurs que dans l'intention de faire quelques cadeaux aux copains du secteur ? 

On s'interroge aussi sur les raisons mathématiques qui poussent notre Leader à reculer l'âge du départ à la retraite à 64 ou 65 ans alors que passé la barre des 60, l’activité salariée s'effondre (38 % pour les 60-64). Ne serait-ce pas là une motivation purement idéologique ? Une facette de la fameuse « valeur travail » sur laquelle rentiers, actionnaires et autres feignants aiment à faire s'entredéchirer plus pauvres qu'eux de peur qu'ils ne viennent les embêter ? Je ne connais qu'une seule valeur travail, elle est simple et facilement quantifiable, on l'appelle « le salaire net à la fin du mois »

Et pour l'instant, après avoir été passablement piétinée pendant 30 ans, avec l'inflation cette valeur perd du 10% à l'année. 

Alors que faire ? Et bien commencer par ne pas voter deux fois de suite pour un banquier d'affaires qui n'a jamais travaillé de ses mains. Pour le reste, tout le monde n'est - déjà - pas et ne sera pas logé à la même enseign,e mais toute bataille contre ce régime et ses soutiens est bonne et juste à mener*. D'autant plus que cette réforme des retraites tient à coeur à notre Leader. Après l'anicroche de parcours de la connerie covidienne, il est plus que jamais décidé à en faire le marqueur de son règne, un recul social d'excellence qui sera célébré comme il se doit par la finance. Un abandon de Macron sur les retraites (et je ne parle de la concession d'une petite année de 65 à 64 ans) sera vécu comme un échec complet et d'un début de reprise en mains du rapport de force elite/peuple pour l'instant très défavorable à ce dernier.

Dans l'attention de vos salutations, massives et distinguées dans la rue, je ne saurais quand même trop vous conseiller d'apprendre à cultiver vos patates, à investir dans des outils et des produits utiles, à produire votre propre énergie et à vous soigner tout seul. 

On ne sait jamais.

oui je le concède : le titre de ce billet est un peu putassier.

Pourquoi Macron s'attaque-t-il aux retraités ?

"A l’augmentation de la CSG, entrée en vigueur le 1er janvier et non compensée pour 60 % des retraités, est venu s’ajouter un quasi-gel des pensions pour 2019 et 2020, annoncé fin août par le premier ministre, Edouard Philippe." Le Monde, 19.09.2018

S'attaquer aux retraités est une ligne de code comme une autre de la présidence Macron.

Les aides descendantes des "seniors" vers leurs enfants et petits-enfants compensent en partie, pour certains, jusqu'à tard dans la vie des salaires trop bas ou des aides sociales trop maigres.

Assécher les prestations sociales d'un côté, réduire les aides familiales et inter-générationnelles de l'autre : la ligne de code gouvernementale est d'une cohérence implacable. La conséquence,ou l'objectif, de cette prise en étau : contraindre le quidam, nous, à traverser la rue, pour accepter n'importe quel boulot à n'importe quel prix.

Si cela s'inscrit parfaitement dans sa logique d'austérité comptable, politiquement c'est suicidaire. En s'attaquant aux retraités, la macronie fait peut-être sa plus grosse connerie.
 

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