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À partir d’avant-hierLe blog de Seb Musset

Prince et la révélation de Syracuse


Reconnaissons-le : depuis la mort de Prince, ses fans sont plutôt gâtés par l’équipe qui gère une oeuvre tentaculaire (dont probablement les deux tiers restent encore totalement inédits à ce jour). Presque tous les six mois s’enchainent les sorties discographiques princières, suscitant parfois l’amertume chez les plus exigeants des fans (ceux disposant du catalogue « non-officiel » de plusieurs centaines de CD). Des rééditions vinyles, des coffrets foisonnants, récemment un album dont nous n’avions même pas connaissance... Le tout à des prix abordables comparé à la « concurrence » des grands artistes pop qu’ils soient morts ou encore en activité.

La nouvelle livraison du "Prince Estate" pourrait pourtant décontenancer les drogués en manque de nouveaux enregistrements dont je fais modestement partie. Il s’agit d’un album et d’une vidéo tirés d’un concert que nous connaissons tous sur le bout des notes dans la communauté princière. Pourtant, ce choix n'est pas anodin. Ce concert donné le 30 mars 1985 à Syracuse, état de New-York, se situe vers la fin d'une tournée US qui a aligné près d’une centaine de dates de 1984 à 1985,. Sa diffusion télévisée à l'époque est pour beaucoup de fans le début des affaires sérieuses avec l’artiste, la vraie porte d’entrée vers une passion dévorante, une relation musicale qui durera trois décennies (et perdure malgré son décès en 2016). 

Rembobinons. 

Septembre 1984. J'ai 12 ans. J'achète la cassette audio de cet étrange type de 25 ans sorti de nulle part, vendu comme un surdoué musical et un redoutable showman, et qui connait un succès fulgurant aux Etats-Unis. Premiere curiosité, c’est par une émission de cinéma que j’en entends parler. Sur le sol américain cet été-là, le chanteur-musicien à veste à jabot trône simultanément aux box-office musical et cinématographique avec Purple Rain, un film semi autobiographique, à la prophétie auto-réalisatrice, sur son ascension et une bande-son que l’on s’arrache en magasin. Malgré ce triomphe de l’été, le film et l’album passent sous les radars en Europe. Le France est alors en pleine Jacksonmania. Ni le look androgyne du petit chanteur du Minnesota ni sa musique du diable ne font recette ici. Moi-même, je suis désarçonné par cet album éclectique, très organique à une époque de soupe-synthé, qui alterne les ballades, pop country ou sensuelles, aux paroles très crues, et des morceaux lorgnant sur le rock le plus brut. Prince y butine avec désinvolture de genre en genre tout en démontrant une totale maîtrise de chacun d'eux. Je sais que j'écoute quelque chose de différent, presque d'interdit, difficile à circonscrire dans un registre, l’adhésion n’est pas immédiate mais, je sais instantanément que des titres comme Beautiful Ones ou Darking Nikki survivront aux années et aux modes. Je n'affirme pas pour autant à l’époque que j'écoute du Prince comme j'aurais pu le faire avec du Téléphone ou du Cure, sentant  que ça ne fera pas l'unanimité autour de moi. 

Acte 2. Quelques mois plus tard, mai 1985. Alors que Purple Rain le film est distribué en catimini en France et bien que le single du même nom pointe timidement dans le Top 50 naissant, le magazine Rock n’folk annonce déjà la sortie d'un nouvel album de Prince… 8 mois après le précédent. Cette cadence ne baissera pratiquement jamais. Entre 1982 et 1987, soit les cinq années séparant les deux albums Thriller et Bad de Michael Jackson qui est le rival marketing que l’on oppose Prince, ce dernier sortira de son côté 5 albums et 3 films, produira une dizaine d’albums pour d’autres et accomplira des centaines de concerts. 

Pour la promotion du nouvel opus en 1985 Around The World in a Day, incrustés façon Jean-Christophe Averty dans la pochette psychédélique de l'album, Philippe Manœuvre et Jean-Pierre Dionnet, co-hôtes de la funky et sulfureuse émission Sex Machine le samedi soir tard sur le service public, introduisent la diffusion surprise du concert enregistré quelques semaines plus tôt. 


La lumière s’éteint, le show commence.


Hello Syracuse and the world. My name is Prince and I come to play with you. 

Cette nuit, télévisée, sera une révélation pour beaucoup. Durant deux heures, ce corps tressautant, bondissant, se tortillant, qu’il mime l’acte sexuel ou implore dieu au piano, nous a captivé. Garçon, fille, nous voulions tous être lui, tout en sachant pertinemment pour nous, comme pour ceux qui suivraient, que ce serait impossible, musicalement et physiquement. Un Michael Jackson pouvait s’imiter, le personnage contenait déjà sa part de caricature, un Prince personne ne s’y frottait : trop vif, trop alternatif, trop imprévisible. Le dernier tiers du concert constitué de deux jams étirés sur I Would Die 4U et Baby I’m a Star puis d’une version de 15 minutes de Purple Rain nous basculaient dans une autre dimension. Il y a la musique de Prince et il y a Prince fusionnant avec sa musique sur scène dans une transe électrique, une parade sans fin. 

L’acte 3 suivra quelques jours plus tard avec l’écoute perplexe du nouvel album, radicalement différent, et produisant le même effet : déstabilisation, envoutement, passion et la certitude que l'on est en présence d'un artiste vendu comme "mainstream", et de fait populaire à l'époque, mais totalement en rupture avec ce que l'on pourrait attendre de lui, atypique, aussi déroutant que doué. 

Le concert de Syracuse enregistré sur VHS puis passé par chacun des fans sur cassette audio, des années plus tard maintes fois édité en version pirate CD parfois même commercialisé dans des éditions non-officielles dans les FNAC et les supermarchés, fait parti des « classiques » de Prince. Pourtant, avec son image granuleuse et un son cotonneux, il n’a jamais fait l'objet d'une édition décente, à la hauteur de son contenu. 

37 ans après, c’est chose faite. Pour celui qui n’y connait rien sur Prince, qui a lu cet article jusqu'ici et se trouve donc être un peu curieux, voir ce concert est la meilleure manière d'entrer son oeuvre. 

Edition Double CD/BluRay et triple vinyl dans le commerce le 3 juin. 
Concert diffusé sur Arte en VOD à partir du 3 juin. 

En savoir + : 
- le livre encyclopédique (en anglais) de Duane Tudahl focalisé sur les deux seules années 84 et 85 dans la carrière de Prince (700 pages tout de même).
le podcast VIOLET, tout aussi encyclopédique mais en français, qui revient en détail sur chaque album de Prince et donc ceux mentionnés ici.

Covid-19 : le best-of de la gestion française (2020-2021)

En complément de mon cinquième livre "Asymptomatique" qui sort aujourd'hui, et qui revient sur ces deux années de peur collective, je publie ici les annexes de l'ouvrage. 


Voici la chronologie factuelle de janvier 2020 à janvier 2022 des propos politiques et scientifiques, des mesures absurdes françaises, accompagnée d'infos contextuelles... histoire de ne pas oublier. 


Se procurer le livre : en version papier (324 p. 17 euros) ou numérique (epub, 11 euros) 

 

C'est parti...



2020


Janvier 2020


Le 5 janvier, une dépêche AFP reprend l’annonce par les autorités chinoises de l’émergence d’une mystérieuse pneumonie d’origine inconnue dont l’épicentre est la ville de Wuhan (Chine). La maladie s’est déclarée chez les patients, mis en quarantaine, entre le 12 et le 29 décembre 2019.


Le 9 janvier, premier mort confirmé en Chine. En France, un membre du cabinet de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est désigné pour suivre l’épidémie chinoise. 


Le 13 janvier, un arrêté signé par le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon classe l’hydroxychloroquine comme substance vénéneuse sous toutes ses formes.


Le 14 janvier, les dépistages aux aéroports sont recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La France ne suit pas ces recommandations.


Le 21 janvier, lors d’un point presse, Agnès Buzyn déclare : « Le risque d’introduction en France est faible mais ne peut pas être exclu, d’autant qu’il y a des lignes aériennes directes avec Wuhan […] Notre système de santé est bien préparé, professionnels et établissements de santé ont été informés ».


Le 22 janvier, la ville de Wuhan est confinée. 600 cas sont recensés. Le port du masque est obligatoire.


Le 23 janvier, l’OMS déclare que le virus est déjà exporté vers de nombreux pays, et qu’il existe une transmission interhumaine. Les liaisons aériennes Paris-Wuhan sont suspendues, mais sans mesures particulières aux frontières pour les passagers venant de Chine.


Le 24 janvier, Agnès Buzyn déclare : « Il n’y a pour l’instant à ma connaissance pas de cas dans l’Union européenne ». L’après-midi sont observés les trois premiers cas de Covid-19 en France. Il s’agit d’un Français d’origine chinoise et de deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan. Ces trois personnes sont également les premiers cas annoncés en Europe. 



Le 26 janvier, Agnès Buzyn déclare : « Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées. Si un jour nous devions proposer à telle ou telle population ou personne à risque de porter des masques, les autorités sanitaires distribueraient ces masques aux personnes qui en auront besoin ».


Le 30 janvier, l’OMS place le Covid-19 comme urgence de santé publique internationale et déclare que le virus peut encore être contenu à condition que les pays mettent en place des politiques adaptées (tests, masques, soins précoces, tracing des contacts des malades déjà détectés, distanciation sociale). La Direction générale de la Santé (DGS) demande à l’agence SPF d’acquérir dès que possible 1,1 million de masques FFP2.


Le 31 janvier, 220 Français rapatriés de Chine atterrissent à la base aérienne d’Istres et sont placés en quarantaine. 

Édouard Philippe, Premier ministre, annonce sa candidature à la mairie du Havre.




Février 2020


Le 1er février, les pays de l’espace Schengen, excepté la France, suspendent les visas avec la Chine.


Le 2 février, un deuxième rapatriement de ressortissants français atterrit à la base aérienne d’Istres.


Le 7 février, nouvelle demande de la DGS à l’agence SPF. Il s’agit cette fois d’acquérir 28,4 millions de FFP2, par une procédure accélérée d’achat. Le besoin en masques pour les seuls personnels soignants est estimé à 40 millions par semaine et pour toute la population à plus de 500 millions par semaine.


Le 8 février, campagne de communication des autorités chinoises pour promouvoir l’ouverture de l’hôpital Leishenshan à Wuhan. L’établissement de 25 000 m² est dédié à l’isolement et la gestion des cas graves de Covid-19. Le chantier de construction a débuté dix jours plus tôt, le 26 janvier.


En France, décision de ne pas fermer la frontière italienne.


Le 12 février, l’Académie nationale de pharmacie rappelle que 80 % des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe sont fabriqués hors de l’espace économique européen : La preuve est faite une nouvelle fois que, du fait de la multiplicité des maillons de la chaîne de production, il suffit d’une catastrophe naturelle ou sanitaire, d’un événement géopolitique, d’un accident industriel, pour entraîner des ruptures d’approvisionnement pouvant conduire à priver les patients de leurs traitements. Il faut relocaliser la production de nos matières premières pharmaceutiques. Elle avait déjà alerté sur ce point stratégique en 2011, 2013 et 2018.


Sur les 28,4 millions de masques commandés le 7 février, l’agence SPF n’en a reçu que 500 000.


Le 14 février, le premier mort recensé en France est l’un des deux touristes chinois arrivés le 23 janvier et hospitalisés le lendemain. Âgé de 80 ans, il décède dans le service de réanimation de l’hôpital Bichat, à Paris.


Le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, déclare à Genève ne pas s’attendre à disposer d’un vaccin contre le Covid-19 avant 18 mois (à l’horizon de l’automne 2021). 


La publication à son insu d’une vidéo intime à caractère pornographique filmée par Benjamin Griveaux, candidat La république en marche (LREM) à la mairie de Paris aux élections du 15 et 22 mars, entraîne sa démission et l’abandon de sa campagne électorale. 


Le 16 février, Agnès Buzyn quitte le ministère de la Santé pour remplacer Benjamin Griveaux en tête de liste de la campagne électorale LREM à la mairie de Paris. Elle est remplacée à son poste par le médecin neurologue et député LREM de l’Isère, Olivier Véran.


Le 17 février, un rassemblement évangélique de 2 500 personnes se tient durant quatre jours à Mulhouse (Haut-Rhin). Cette manifestation jouera un rôle majeur dans la propagation du virus en France et provoquera un important foyer épidémique dans le département du Haut-Rhin et la région Grand Est.


Le 18 février, Olivier Véran déclare sur France Inter : « La France est prête car nous avons un système de santé extrêmement solide ».


Le 19 février, l’OMS annonce des caractéristiques épidémiologiques très inquiétantes de ce virus.


Le 21 février, premiers confinements en Italie.


Le 22 février, Salon de l’agriculture à Paris. 483 000 visiteurs attendus jusqu’au 1er mars.


Le 23 février, la France déclenche le stade 1 du plan de réaction à la pandémie. Ce plan comporte quatre stades. 


Le 25 février, un enseignant d’un collège de Crépy-en-Valois, âgé de 60 ans et en arrêt maladie depuis 12 jours, décède d’une embolie pulmonaire dans le service de réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. C’est le premier décès français depuis le début de l’épidémie. Cinq nouvelles personnes atteintes de la maladie sont diagnostiquées. 


Dans une interview donnée à RTL dans la matinée, Olivier Véran déclare : « Il n’y a pas aujourd’hui à l’heure à laquelle je vous parle, il n’y a plus, de malade en circulation en France, il n’y a plus de malade hospitalisé [...] Dans l’espace Schengen, avec des frontières européennes ouvertes [...] On va pas bloquer toutes les routes d’accès. Nous ne fermons pas les frontières [...] 80 % des formes sont des formes sans gravité, 15 % des formes sont considérées comme sévères, 5 % des formes sont dites réanimatoires. »


Le 26 février, le match OL-Juventus de Turin, à Lyon, est maintenu avec 3 000 supporteurs turinois.


Le 27 février, à propos de la pénurie de masques, de tests et de gel hydroalcoolique, Olivier Véran déclare : « Nous sommes depuis des semaines dans l’anticipation. Nous avons et nous garderons un temps d’avance ». Olivier Véran annonce que 20 nouveaux cas positifs sont diagnostiqués, dont un homme de 55 ans en état grave, travaillant à la base aérienne de Creil. La base aérienne de Creil abrite l’Airbus militaire ayant rapatrié les Français de Chine.


Visite d’Emmanuel Macron à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Le professeur Éric Caumes, chef du service maladies infectieuses, le prévient d’« une situation à l’italienne » car « le virus circule parmi nous ».


Le 28 février, l’OMS rehausse la menace à « très élevée », et propose des recommandations claires comme la suspension immédiate des rassemblements, et la fermeture des écoles, ainsi qu’un plan massif d’information pour la distanciation sociale. 


En France, on dénombre 57 cas. Plusieurs foyers se développent autour de Creil dans l’Oise, les Contamines-Montjoie en Savoie, en Alsace, dans le Morbihan et à l’Assemblée nationale. Un conseil de défense suivi d’un conseil des ministres exceptionnel sont convoqués en urgence pour le lendemain matin afin de faire le point sur l’épidémie.


Le 29 février, lors du conseil des ministres exceptionnel, le gouvernement décide de recourir à l’article 49-3 qui engage sa responsabilité sur le projet de loi de réforme du système de retraite en examen à l’Assemblée nationale. Le stade 2 est déclenché alors que 100 personnes sont atteintes du virus. 


Le principal foyer de contamination se trouve dans l’Oise avec 36 cas. Dans l’Oise, les rassemblements sont interdits, les habitants invités à limiter leurs déplacements et les écoles des communes touchées fermées. Au niveau national, les manifestations de plus de 5 000 personnes en milieu fermé sont interdites. 


Auditionné au Sénat, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon déclare : « Nous avons débloqué les stocks stratégiques et passé en urgence une commande de masques protecteurs à destination des professionnels de santé. […] Il n’y a donc pas de pénurie à redouter, ce n’est pas un sujet »


Mars 2020



Le 1er mars, les premiers cas sont diagnostiqués Outre-Mer, dans les Petites Antilles, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. Nomination d’Anne-Marie Armanteras de Saxcé comme conseillère santé du président, en remplacement de Marie Fontanel, partie le 29 janvier 2020, après une vacance du poste pendant tout le mois de février.


Le 2 mars, le nombre de cas confirmés s’élève à 191. Le Premier ministre indique que l’objectif du gouvernement est de « ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l’arrivée dans la phase 3, c’est-à-dire l’épidémie proprement dite de coronavirus en France ».


Le 3 mars, plus de 200 cas identifiés de Covid-19 en France. L’Agence régionale de Santé (ARS) Grand Est indique par la voix de son directeur général, Christophe Lannelongue : « On ne fait plus de recherche de cas contacts, aujourd’hui, notre objectif majeur est de soigner ».


Le 4 mars, les pharmacies reçoivent l’autorisation de fabriquer du gel hydroalcoolique. Des alertes de pénurie avaient été lancées dès le début février.


Fermeture des écoles en Italie.


En France, les rassemblements de plus de 5 000 personnes sont interdits.


Les sociétés MGM et Eon annoncent repousser au 12 novembre 2020 la sortie du nouveau film de la série James Bond, Mourir peut attendre, initialement prévue le 4 avril.


Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, déclare sur France Inter : « On ne fermera pas toutes les écoles de France. [...] Si nous basculons dans le stade 3, à savoir une épidémie qui circule dans tout le territoire, on ne va pas arrêter la vie de la France. » La porte-parole rigole à une question sur l’utilité des masques en affirmant qu’ils ne sont pas nécessaires. 


Le 5 mars, Emmanuel Macron déclare : « Il y a un moment où, nous le savons tous, une épidémie est de toute façon inexorable ». Le rythme des décès commence à s’accélérer avec trois morts, portant à sept le nombre de personnes décédées. L’ensemble des régions métropolitaines françaises et la Guyane sont touchées. 


Un premier député est testé positif.


Première réunion informelle de scientifiques à l’Élysée qui décide la création d’un Conseil scientifique Covid-19 pour conseiller le gouvernement (composé entre autres du professeur Jean-François Delfraissy, de l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, d’un virologue, d’un modélisateur, d’une réanimatrice ou d’un médecin généraliste. Le Conseil sera officialisé le 11 mars 2020. 


Le 6 mars, Emmanuel Macron et son épouse vont au théâtre voir la pièce Par le bout du nez. Emmanuel Macron déclare : « La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie ».



81 cas ayant été détectés en 24 heures à Mulhouse, la ville devient un foyer important. Dans ce même département, des mesures restrictives sont prises pour limiter les rassemblements.


Selon l’OMS, le seuil des 100 000 cas de Covid-19 est dépassé dans le monde.


Le 7 mars, Guillaume Rozier, ingénieur en informatique, publie le site web CovidTracker afin de répertorier chaque jour les chiffres de la pandémie. De nombreux aspects (évolution des cas positifs, des hospitalisations, des personnes en réanimation, des décès quotidiens selon les départements ou les régions) y seront progressivement décryptés par des graphiques et des cartes interactives. 


Le 8 mars, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, décide la mise en quarantaine des régions italiennes les plus touchées.


Ajaccio fait partie des foyers d’épidémie où des mesures renforcées sont prises, la ville regroupant 23 cas. Les établissements scolaires et crèches sont fermés et les rassemblements de plus de 50 personnes prohibés.


Franck Riester, ministre de la Culture, est testé positif.


Le 9 mars, les rassemblements de plus de 1 000 personnes sont interdits. Le gouvernement maintient un stade 2, différencié selon les territoires selon qu’ils connaissent ou non une circulation active du virus. Dorénavant, seuls les cas graves seront hospitalisés et les médecins de ville doivent assurer un filtrage. 


Un décret met fin à l’obligation d’avoir eu une consultation physique avec son médecin dans l’année précédant une téléconsultation.


Le 10 mars, création du Conseil scientifique Covid-19 chargé de conseiller le président de la République. Sa composition de 11 membres est officialisée le lendemain, selon des procédures de nomination discrétionnaires opaques. Le professeur Didier Raoult, qui prône l’usage de la chloroquine pour soigner les malades, est exclu de la liste des personnalités.


Le 11 mars, Olivier Véran annonce que toutes les visites dans les Ehpad sont interdites et déclare : « Les enfants ne constituent pas un public fragile, il ne faut donc pas avoir peur de les envoyer à l’école ». Des mesures restrictives visant à limiter les rassemblements de personnes sont prises dans l’Oise, la Corse et dans la région de Montpellier.


Maintien des matchs de football OL-Juventus de Turin et du huitième de finale retour de la Ligue des champions PSG-Dortmund. Lors de ce dernier, 4 000 supporters sont massés à l’extérieur du Parc des Princes où le match se joue à huis clos.


Les inquiétudes économiques occasionnent un krach boursier mondial. La Bourse de Paris s’écroule et connaît une de ses pires séances, surpassant celles de la crise des subprimes de 2008.


L’OMS considère l’épidémie de Covid-19 comme une pandémie mondiale.


Le 12 mars au matin, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, déclare sur France Inter : « Nous n’avons jamais envisagé la fermeture totale des écoles ».


Le soir, dans une déclaration télévisée, Emmanuel Macron parle de « la plus grave crise sanitaire depuis un siècle ». Il décrète la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités. Toutes les entreprises pourront reporter « sans justification, sans formalités, sans pénalités » le paiement des cotisations et impôts dus en mars. Un mécanisme « exceptionnel et massif » de chômage partiel est annoncé et les salariés sont encouragés à pratiquer le télétravail. En revanche, le premier tour des élections municipales prévu le 15 mars est maintenu. Selon le président, « les scientifiques considèrent que rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes ». 


Le hashtag #JeNIraiPasVoter apparaît sur les réseaux sociaux.


Olivier Véran demande la déprogrammation des interventions chirurgicales non urgentes.


Le 13 mars, le quotidien Le Monde titre : Covid-19 vue d’Italie, l’insoutenable légèreté de la France après les scènes de liesse qui ont entouré, à l’extérieur du stade, la qualification du Paris Saint-Germain.


Les rassemblements de plus de 100 personnes sont prohibés.


Le porte-avions français Charles-de-Gaulle est autorisé à faire une escale de trois jours à Brest. L’équipage a la permission de sortir en ville. Quelques semaines plus tard, près des deux tiers de l’équipage (1 046 sur 1 760) seront testés positifs.


Le 14 mars, le stade 3 est activé face au doublement des contaminations en 72 heures, le bilan passant à 4 500 contaminations et 91 morts.


Édouard Philippe annonce, à compter du 14 mars minuit et jusqu’à nouvel ordre, la fermeture de tous les lieux publics non indispensables. Les exceptions sont les pharmacies, les banques, les magasins alimentaires, les stations-service, les bureaux de tabac et les bureaux de presse.



Le 15 mars, premier tour des élections municipales. Le taux d’abstention dépasse 55 %, soit 20 points de plus qu’en 2014.


Des photos de marchés et de parcs parisiens bondés circulent sur les réseaux sociaux, assorties du hashtag #Irresponsables.


5 423 cas confirmés, dont 400 graves, ainsi que 127 décès. Tous les départements connaissent des contaminations. Fermeture effective de tous les lieux publics non indispensables à la vie du pays.


Le 16 mars, Olivier Véran déclare : « À mesure que l’épidémie progresse, nous sommes en mesure de prendre les décisions qui permettent de protéger les Français ». Dans un avis, le Conseil scientifique explique que « seules doivent persister les activités strictement nécessaires à la vie de la Nation ». 


Les présidents de conseils départementaux et les fournisseurs des laboratoires départementaux d’analyse, destinés habituellement aux filières agricoles et viticoles, indiquent à Jérôme Salomon disposer d’un stock suffisant de réactifs pour réaliser 150 000 à 300 000 tests de dépistage du Covid-19 par semaine. 



À 20 h, Emmanuel Macron prononce une allocution retransmise en direct par les chaînes de télévision et les stations de radio nationales. Insistant à plusieurs reprises sur le fait que la « France est en guerre » contre le Covid-19, il annonce la mise en place de nouvelles dispositions entrant en vigueur le lendemain à midi pour une durée minimale de 15 jours  :

Tous les déplacements seront réduits au strict nécessaire, les « réunions familiales ou amicales ne seront plus permises », chaque infraction à cette nouvelle règle « sera sanctionnée ». Les frontières de l’espace Schengen seront fermées. Les voyages entre pays non européens et de l’Union européenne seront suspendus. Les ressortissants français pourront tout de même rentrer en France. Le second tour des élections municipales est reporté. Toutes les réformes en cours sont elles aussi « suspendues », « y compris la réforme des retraites ». Un projet de loi permettant au gouvernement de répondre à l’urgence et, lorsque nécessaire, de légiférer par ordonnances dans les domaines relevant strictement de la gestion de crise, sera présenté en Conseil des ministres sous 48 heures. Les masques sont désormais réservés en priorité aux hôpitaux et médecins. Un service minimum de garde pour les enfants des soignants est mis en place. Les taxis et les hôtels seront mobilisés pour le personnel des hôpitaux. Les loyers et les factures d’eau, de gaz et d’électricité devront être suspendus pour les « plus petites » entreprises « livrées au risque de faillite ».


Le 17 mars, depuis la veille et dans la matinée de nombreux Français quittent leur lieu de résidence pour leur lieu de confinement. Un million de personnes quitte l’Île-de-France, avec embouteillages et gares saturées.


Entrée en vigueur à midi du confinement en France. Les déplacements sont limités à une heure, à moins d’être dans la liste des exceptions annoncées par le ministère de l’Intérieur, et justifiés sur un formulaire nommé attestation de déplacement dérogatoire à remplir soi-même.


7 730 cas confirmés dont 699 graves ainsi que 175 décès ; 602 personnes sont guéries et ont quitté l’hôpital.


À propos de la pénurie de masques, Olivier Véran déclare : « Nous avons assez de masques aujourd’hui pour permettre aux soignants d’être armés. Nous avons suffisamment de masques FFP2 pour faire face aux besoins hospitaliers et pour équiper les infirmières et les médecins libéraux ».


Le 18 mars, 9 134 cas confirmés dont 931 graves ainsi que 244 décès, 1 000 personnes sont guéries et ont quitté l’hôpital.


Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, appelle « tous les salariés des entreprises qui sont encore ouvertes, des activités qui sont indispensables au fonctionnement du pays, à se rendre sur leurs lieux de travail ».


Le 19 mars, 10 995 cas confirmés dont 1 122 graves ainsi que 372 décès ; près de 1 300 personnes sont guéries et ont quitté l’hôpital.


Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, assure que les policiers « ne sont pas en risque face au coronavirus » et qu’ils n’ont pas besoin de porter des masques. À propos du secteur du BTP qui a interrompu les chantiers, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, déclare sur LCI : « Arrêter d’aller bosser, arrêter de faire vos chantiers, ça c’est du défaitisme ». « Les entreprises qui ne jouent pas le jeu, qui se disent l’État paiera, ce n’est pas du civisme » ajoute-t-elle, en les menaçant de la suppression du chômage partiel. Des appels à la reprise du travail sont lancés par d’autres ministres.


Le 20 mars, 12 612 cas confirmés dont 1297 graves ainsi que 450 décès, près de 1 587 personnes sont guéries et ont quitté l’hôpital.


Emmanuel Macron « félicite ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu’elle a eu lieu. » 


Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur déclare : « Les masques sont livrés très régulièrement. […] Non, je ne reconnais pas qu’il en manque. Nous en avons parlé au Conseil de défense, ces masques sont en cours de livraison, pour la plupart des départements ils ont été acheminés ».


Sibeth Ndiaye déclare : « Vous savez quoi ? Je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire  : « Je suis une ministre, je me mets un masque » mais en fait, je ne sais pas l’utiliser […] les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde […] Parce que l’utilisation d’un masque, ce sont des gestes techniques précis, sinon on se gratte le nez sous le masque, on a du virus sur les mains ; sinon on en a une utilisation qui n’est pas bonne, et ça peut même être contre-productif ».


Le 21 mars, 14 459 cas confirmés dont 1 525 graves ainsi que 562 décès.


À propos de la polémique sur la pénurie généralisée de masques et de matériel de protection, Olivier Véran déclare : « Je dis aux soignants que je comprends et partage leurs attentes et, parfois, leur colère. […] Il ne restait notamment aucun stock d’État de masques FFP2. Il a été décidé de recourir dès le mois de janvier à l’importation de masques de tous les pays producteurs avant même les premiers cas sur notre territoire. Nous avons mis en œuvre tout pour augmenter notre stock sur un marché tendu. La France a ainsi passé plusieurs commandes à l’étranger auprès d’industriels capables de fournir rapidement de gros volumes ».


Un premier soignant est signalé décédé des suites de la maladie.


Le 22 mars, 16 018 cas confirmés dont 1 746 graves ainsi que 674 décès, près de 2 200 personnes sont guéries et ont quitté l’hôpital.


Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF) déclare : « L’imprévoyance du gouvernement et de l’administration française a été totale » et les autorités « auront des comptes à rendre ».


Alors que la pénurie de tests (réservés aux malades graves) se poursuit, la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon annonce sur Twitter qu’elle a bénéficié d’un test en n’ayant que « des symptômes bénins ». D’autres VIP ou politiques annoncent leurs tests négatifs ou positifs malgré l’absence ou la bénignité de leurs symptômes.


Adoption de la loi sur l’État d’urgence sanitaire qui autorise le gouvernement à gouverner par ordonnances.


Le 23 mars, 19 856 cas confirmés dont 2 082 graves ainsi que 860 décès.


Sibeth Ndiaye déclare sur CNews : « On ne peut pas dire qu’il y a eu un défaut d’anticipation de cette crise, bien au contraire ».


La totalité des cas de Covid-19 de La Réunion concerne des personnes récemment arrivées de métropole. Les vols entre la métropole et l’Outre-mer sont interrompus. 


Le Conseil scientifique « estime, de manière consensuelle, nécessaire un renforcement du confinement ».


Le 24 mars, seuil des 1 000 morts franchi.


Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, lance un « grand appel à l’armée de l’ombre » des confinés : « Rejoignez l’armée des agriculteurs, 200 000 emplois sont disponibles ».


Le 25 mars, Sibeth Ndiaye déclare : « Il n’y a pas besoin d’un masque quand on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres ».

Emmanuel Macron visite l’hôpital de campagne de Mulhouse avec un masque FFP2 sur le visage. Il tient une allocution télévisée où il prend une posture de chef de guerre et annonce une opération militaire française en métropole et en Outre-mer : « L’opération Résilience ».


Le 26 mars, un article du Courrier international signale un rapport d’experts allemands qui, sur la base d’une visite des hôpitaux de Strasbourg, font état d’un tri des malades en fonction notamment de l’âge.


Le 27 mars, Édouard Philippe annonce une prolongation du confinement jusqu’au 15 avril au moins.


Le 28 mars, en conférence de presse Édouard Philippe déclare : « Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement ».

Emmanuel Macron dans un entretien à trois quotidiens italiens déclare : « J’ai abordé cette crise avec sérieux et gravité ».

Olivier Véran annonce qu’une commande de respirateurs artificiels pour les services de réanimation vient d’être passée.


Le 30 mars, la barre des 3 000 décès à l’hôpital est franchie en France, soit 418 de plus en 24 heures. 


Le 31 mars, lancement de l’opération « 10 000 respirateurs » par le consortium Air Liquide, PSA, Valéo et Schneider Electric pour livrer 10 000 respirateurs au 15 mai.

8,5 millions de masques arrivent en France par avion. Ils font partie d’une commande de 1,5 milliard de masques par le gouvernement, la production nationale de 8 millions d’unités ne pouvant suffire pour couvrir ses besoins hebdomadaires évalués à 40 millions.


Avril 2020 



Le 1er avril 2020, couvre-feu à 20 h instauré en Martinique et en Guadeloupe. Le gouvernement met en place une cellule qui fait appel au cabinet de conseil Bain « pour réaliser un audit sur les capacités des laboratoires à réaliser des tests en France ». 


Le 2 avril, le Conseil scientifique publie un état des lieux du confinement et constate que : 35 % des ouvriers travaillent hors du domicile, 60 % se déclarent en arrêt de travail et 5 % en télétravail, contre 10 % des cadres en travail hors du domicile, 24 % en arrêt de travail, et 66 % en télétravail. Il est décompté 4 503 morts en contexte hospitalier. 

Pour la première fois, un chiffre encore partiel faisant état de 884 personnes âgées décédées en Ehpad est communiqué.

Dans une interview donnée sur TF1, Édouard Philippe annonce qu’il confie à Jean Castex, haut fonctionnaire et maire de Prades dans les Pyrénées-Orientales, la coordination des équipes travaillant aux différentes pistes de déconfinement au ministère de la Santé.


Le 3 avril, l’Académie nationale de médecine recommande le port obligatoire de masques protecteurs pour les sorties. Elle conseille au grand public d’utiliser des masques « alternatifs » afin de ne pas priver le personnel soignant des masques médicaux traditionnels, en pleine pénurie. Jérôme Salomon déclare : « Si nous avons accès à des masques, nous encourageons effectivement le grand public, s’il le souhaite, à en porter ».


Le 6 avril, 2 417 morts ont été enregistrés dans les Ephad. Olivier Véran annonce « une vaste opération de dépistage » dans les Ephad.

Trois semaines après leur demande auprès de la DGS, les laboratoires départementaux d’analyse sont autorisés à pratiquer des tests PCR du Covid-19.


Le 7 avril, seuil des 10 000 morts franchi. 7 091 décès sont enregistrés en milieu hospitalier (+ 607 en 24 heures) et 3 237 dans les Ephad.

La préfecture et la mairie de Paris, afin de « renforcer les mesures sanitaires ainsi que les règles du confinement », prennent la décision d’interdire les activités sportives individuelles pratiquées dans la capitale entre 10 et 19 h. Cette mesure, appliquée sur arrêté préfectoral dès le 8 avril, est suivie le jour même par cinq autres départements d’Île-de-France.


Le 8 avril, Olivier Véran déclare : « Depuis le premier jour de la crise épidémique, nous avons décidé d’être dans l’anticipation, c’est-à-dire de disposer au moment opportun de tous les moyens possibles pour lutter contre la diffusion du virus ».


Le 9 avril, Sibeth Ndiaye déclare : « Il n’y a pas aujourd’hui de consensus scientifique en la matière », soulignant que l’OMS « ne recommande pas le port du masque dans la population de manière générale ».


Le 13 avril, quatrième allocution du président de la République liée au Covid-19. Le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai 2020.


Le 15 avril, 15 729 morts cumulés, dont 5 470 dans les Ephad.


Le 16 avril, « pour limiter la désinformation sur le Covid-19 » Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, annonce la mise en place d’un système de signalement qui accompagnera toute publication relative au virus Covid-19 sur le fil d’actualité des utilisateurs les incitant à consulter des sources sûres comme le site de l’OMS.


Le 19 avril, Édouard Philippe tient une conférence de presse à Matignon. Il explique les grands principes du déconfinement, sans toutefois entrer dans les détails.


Le 20 avril, l’Institut Pasteur publie une étude épidémiologique sur la pandémie en France. Elle estime qu’au 11 mai seulement 5,7 % de la population française aura été immunisée, avec des variations régionales importantes. Selon l’étude, une personne infectée sur 200 décède, avec une variation entre 0,001 % pour les moins de 20 ans et 8,3 % pour les 80 ans et plus.


Seuil des 20 000 morts franchi. 


Le 27 avril, la vente de masques grand public est autorisée dans les pharmacies et chez les buralistes. Ils en avaient été exclus par un arrêté ministériel du 3 mars 2020, en raison d’une réquisition générale des masques par l’État.


Le 28 avril, l’Assemblée nationale approuve le plan de déconfinement par 368 voix contre 100.


Le 30 avril, annulation de la Ligue 1 de football. 


Mai 2020


Le 5 mai, seuil des 25 000 morts franchi.


Différents sportifs français déclarent avoir souffert des symptômes du Covid-19 suite aux VIIe Jeux mondiaux militaires d’été à Wuhan en Chine du 18 au 27 octobre 2019. Certains journalistes émettent l’hypothèse que ces jeux mondiaux pourraient être une des sources de diffusion mondiale du Sars-COV-2 responsable de la pandémie de Covid-19. Toutefois, l’armée française, dont dépend la délégation de sportifs, ne confirme pas l’information et demande aux athlètes de ne plus communiquer à ce sujet.


Le 7 mai, plus de 50 médecins, scientifiques et prix Nobel réclament l’obligation du port d’un masque ou d’une protection faciale.


Le 11 mai, la France entre dans une période de déconfinement progressif après 55 jours de confinement.


Juin 2020


Le 2 juin, mise à disposition de l’application StopCovid.


Le 9 juin, réouverture des cafés et restaurants en intérieur ; augmentation des jauges dans les théâtres, cinémas et musées ; réouverture des salles de sport en demi-jauge.


Le 10 juin, l’application StopCovid a été activée par 2 % de la population.


Le 14 juin, Emmanuel Macron annonce la réouverture des écoles et des collèges à compter du lundi 22 juin et jusqu’au vendredi 3 juillet.


Le 22 juin, réouverture des écoles et collèges. Le protocole sanitaire est allégé.



Le 23 juin, en trois semaines de fonctionnement, l’application StopCovid a permis d’avertir 14 personnes.


Juillet 2020


Le 3 juillet, Édouard Philippe présente sa démission de son poste de Premier ministre. Il est remplacé par Jean Castex.


Août 2020


Le 1er août, le port du masque est fortement recommandé dans les lieux publics.


Le 18 août, le port du masque devient obligatoire dans les établissements publics et dans certains lieux de brassage.


Le 24 août, certaines communes prennent des arrêtés pour imposer le port du masque dans certains lieux publics (comme les centres-villes).


Septembre 2020


Le 1er septembre, rentrée des classes et mise en application du protocole sanitaire 1. Tous les élèves de plus de 10 ans doivent obligatoirement porter un masque.

50 lits de l’hôpital de Juvisy-sur-Orge, qui avaient pourtant accueilli des malades du Covid-19 pendant la première vague, sont fermés au courant du mois de septembre.


Le 30 septembre, l’application StopCovid est utilisée par 2,2 millions de Français. 6 512 QR codes signifiant la positivité au Covid-19 de l’utilisateur ont été scannés et 434 cas contacts notifiés.


Octobre 2020



Le 6 octobre, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, déclare sur RMC : « Les transports en commun ne sont pas un lieu de contamination particulier ».

Après l’avoir repoussée une première fois à novembre 2020, les sociétés MGM et Eon annoncent décaler à nouveau la sortie en salle du nouveau James Bond, Mourir peut attendre, au 31 mars 2021.


Le 14 octobre, couvre-feu obligatoire en zone à taux d’incidence élevé sur décision des autorités compétentes.


Le 22 octobre, pour vulgariser la stratégie du gouvernement qui vise à endiguer la propagation du virus en limitant les fêtes privées, le préfet de région Pierre Pouësse déclare sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire : « On ne fait plus la fête. La bamboche, c’est terminé ».

Mise à jour (v.2) de l’application StopCovid, rebaptisée TousAntiCovid.


Le 23 octobre, le seuil des un million de cas est atteint.


Le 28 octobre, Emmanuel Macron annonce un deuxième confinement national à partir du 30 octobre, qui se prolongera au moins jusqu’au 1er décembre suivant.


Le 30 octobre, confinement généralisé sur décision gouvernementale. Fermeture obligatoire des commerces non essentiels. Interdiction des déplacements. Retour des attestations de déplacement (sortie autorisée pour une heure à une distance maximale de 1 km autour de son lieu de résidence). Contrairement au premier confinement, les crèches, les écoles, les collèges et les lycées resteront ouverts, les universités resteront fermées. Les stations de ski ne sont pas autorisées à ouvrir les remontées mécaniques.




Novembre 2020


Le 1er novembre, le taux d’occupation des prisons françaises atteint 103 % avec un bond de 1 000 nouveaux détenus en un mois, 597 détenus dorment sur un matelas au sol. Certains prisonniers avaient été libérés des prisons pleines à 200 % en raison de l’urgence sanitaire. Cela fait craindre une montée des contaminations dans le milieu carcéral.

Après la fronde de certains commerçants durant le week-end, Jean Castex annonce sur TF1 que les commerces de proximité ne rouvriront pas et que les grandes surfaces se verront obligées de fermer leurs rayons de produits non essentiels, comme les livres ou les vêtements.


Le 2 novembre, le port du masque devient obligatoire dans tous les lieux publics.


Le 3 novembre, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, annonce sur RMC qu’un couvre-feu sera prochainement mis en place à 21 h en Île-de-France, en plus du confinement. Matignon dément dans la foulée mais précise que la mesure est à l’étude. 

Fermeture du service des urgences de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, sur l’île de la Cité, au cœur de Paris. Il sera remplacé par un restaurant gastronomique et des chambres d’étudiant.


Le 5 novembre, séance houleuse à l’Assemblée nationale où l’opposition vote par amendement la limitation dans le temps de l’État d’urgence, finalement prolongé jusqu’à la fin de l’hiver 2021. L’opposition dénonce le caractère de gouvernement très vertical en France où le Conseil de défense sanitaire administre le pays de façon opaque. 

La fermeture progressive du CHU de Nantes continue, avec des réductions de lits et d’effectifs, et avec comme projet d’ouvrir un nouveau CHU plus petit que l’actuel pour un milliard d’euros.

Selon un sondage Ipsos BFM TV, la part de la population mondiale (15 pays) prête à se faire vacciner contre le Covid-19 se réduit, passant de 77 % des personnes interrogées en août à 73 %. La France est le territoire où la défiance est la plus grande : une petite majorité de Français (54 %) souhaite en effet bénéficier d’une piqûre, contre 59 % au mois d’août.


Le 9 novembre, Albert Bourla, PDG du laboratoire Pfizer, annonce dans un communiqué que le vaccin contre le Covid-19, développé en collaboration avec BioNtech est efficace à 90 %. 


Le 16 novembre, le laboratoire Moderna annonce par communiqué disposer d’un vaccin contre le Covid-19 efficace à 94.5 %.


Le 18 novembre, le laboratoire Pfizer annonce par communiqué disposer d’un vaccin contre le Covid-19 à l’efficacité supérieure à 94 % (étude sur 170 cas).


Jean Castex prend un décret autorisant la vente de sapins de Noël à partir du 20 novembre. La vente de décorations de Noël reste interdite car ces dernières font partie des produits dits « non essentiels ». 


Le 23 novembre, le laboratoire AstraZeneca annonce par communiqué disposer d’un vaccin contre le Covid-19 efficace à 90 %.

Mis en ligne le 11 novembre, le documentaire indépendant Hold-Up : retour sur un chaos de Pierre Barnérias atteint les 3 millions de vues sur internet. Qualifié de complotiste par la presse, le documentaire met en avant des controverses sur la gestion sanitaire et politique du Covid-19 et extrapole sur des conclusions radicales.


Le 24 novembre, lors d’un discours télévisé, Emmanuel Macron déclare envisager un déconfinement d’ici au 15 décembre 2020. Le confinement serait remplacé par un couvre-feu de 21 h à 7 h si la situation sanitaire continuait de s’améliorer (objectif de 5 000 nouveaux cas positifs quotidiens, moins de 3 000 patients en réanimation). Une exception est prévue pour les soirées du 24 et du 31 décembre où la circulation sera libre. Il annonce aussi la réouverture des commerces non essentiels à partir du samedi 28 novembre.


Le 30 novembre, l’application TousAntiCovid a été installée par 10 millions de personnes en un mois


Décembre 2020



Le 4 décembre, au sujet de son éventuelle candidature aux élections présidentielles de 2022, Emmanuel Macron déclare sur la web-tv Brut : « Peut-être que je devrais faire des choses dans la dernière année, les derniers mois, qui seront dures parce que les circonstances l’exigeront et qui rendront impossible le fait que je sois candidat, je n’exclus rien ».


Le 7 décembre, les projections laissent penser que l’objectif de 5 000 nouveaux cas positifs quotidiens au 15 décembre ne sera pas atteint, remettant en cause le plan de déconfinement prévu fin novembre par Emmanuel Macron.


Le 16 décembre, Emmanuel Macron est testé positif au Covid-19.


Le 21 décembre, un variant du virus se répand en Grande-Bretagne (« le variant anglais »). Un nouveau confinement y est décrété. Les déplacements vers la France en provenance de Grande-Bretagne sont bloqués.


Le 22 décembre, le Conseil d’État affirme dans une décision que le formulaire d’attestation de déplacement dérogatoire rempli des millions de fois par les Français lors des deux périodes de confinement, n’avait pas plus de valeur juridique qu’un autre justificatif légitimant le déplacement.


Le 27 décembre, ouverture officielle de la campagne de vaccination. La fin des essais cliniques de phase 3 des vaccins à ARN est fixée au 27 octobre 2022 pour Moderna et au 2 mai 2023 pour Pfizer.

Dans un tweet publié à 11 h 41 sur son compte, Emmanuel Macron écrit : Je l’ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider.


2021


Janvier 2021




Le 2 janvier, le site CovidTracker de Guillaume Rozier intègre la rubrique vaccin tracker. Elle permet de suivre l’avancée de la campagne vaccinale en France. En décembre 2020, le site CovidTracker enregistre 700 000 visiteurs uniques mensuels en moyenne et près de 15 millions de visites mensuelles.


Le 7 janvier, le Premier ministre Jean Castex annonce « la prolongation du couvre-feu jusqu’au 20 janvier, l’ouverture de la vaccination aux personnes de plus de 75 ans qui ne résident pas en Ehpad, le maintien de la fermeture des restaurants et lieux de culture jusqu’à la mi-février au moins ».


Le 12 janvier, une étudiante de Lyon tente de se défenestrer. Ce geste désespéré amorce une prise de conscience du mal-être des jeunes depuis la mise en place des restrictions sociales.


Le 13 janvier, à l’Assemblée nationale, Oliver Véran déclare : « Le gouvernement a fait savoir son intention de ne pas recourir au passeport sanitaire ».


Le 21 janvier, à la suite de la prolongation des fermetures de cinémas, les producteurs de la série James Bond décalent une troisième fois la date de sortie de Mourir peut attendre au 6 octobre 2021, soit 18 mois après la date initialement prévue. 



Le 29 janvier, Jean Castex annonce qu’à partir du 31 janvier « toute entrée en France et toute sortie du territoire à destination ou en provenance d’un pays extérieur à l’Union européenne, sera interdite sauf motif impérieux. Toute entrée en France à partir d’un pays de l’Union européenne sera conditionnée à la réalisation d’un test PCR, à l’exception des travailleurs transfrontaliers. Tous les déplacements en provenance et en direction de tous nos territoires ultramarins seront également soumis désormais à la production de motifs impérieux. Les centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 m² seront fermés. Le télétravail sera renforcé. Les contrôles par les forces de l’ordre du non-respect du couvre-feu, de l’organisation des fêtes clandestines, de l’ouverture illégale des restaurants seront renforcés ».


Février 2021


Le 6 février, ouverture de la campagne de vaccination à tous les professionnels de santé et du secteur médico-social, aux aides à domicile intervenant auprès de personnes vulnérables et aux sapeurs-pompiers quel que soit leur âge.


Le 9 février, le seuil de 80 000 décès en France est atteint.


Le 19 février, ouverture de la campagne de vaccination aux personnes de plus de 50 ans présentant des comorbidités.


Le 24 février, pour la première fois depuis novembre 2020, le seuil de 30 000 nouveaux cas en 24 heures est franchi.


Le 25 février, conférence de presse hebdomadaire tenue par le Premier ministre Jean Castex qui annonce la mise en place d’un confinement le week-end du vendredi 18 h au lundi 6 h du matin. Cette mesure prendrait effet le 27 février pour une durée minimum de deux semaines. Elle concerne Dunkerque et une partie du département des Alpes-Maritimes.


Mars 2021


Le 4 mars, le Premier ministre Jean Castex annonce à la télévision que le Pas-de-Calais est désormais confiné le week-end. Aucune mesure n’est prise pour les 23 autres départements sous « surveillance renforcée », parmi lesquels on retrouve les Alpes-maritimes, la Meurthe-et-Moselle ou encore les neuf départements d’Île-de-France. Le Premier ministre ajoute que les centres commerciaux de plus de 10 000 m² seront fermés au public. 

La France se prépare à une troisième vague pour le mois d’avril 2021, qui ferait suite à la deuxième vague d’octobre-novembre 2020 et à la première vague d’avril 2020.


Le 15 mars, Emmanuel Macron annonce la suspension temporaire du vaccin AstraZeneca en France, comme dans neuf autres pays européens, en réaction aux effets secondaires indésirables survenus chez certains patients, dont la thrombose.


Le 16 mars, un document de la Direction générale de la santé annonce la découverte d’un variant breton, qui semble être indétectable lors des tests PCR.


Le 18 mars, Jean Castex annonce la mise en place d’un confinement de quatre semaines, localisé dans les 16 départements les plus touchés par l’épidémie, dans les Hauts-de-France et l’Île-de-France, la fermeture des commerces non essentiels, à l’exception des librairies et des disquaires, et la levée de suspension du vaccin AstraZeneca. Le Premier ministre annonce qu’il se fera vacciner avec le vaccin AstraZeneca le lendemain, 19 mars.


Le 20 mars, le couvre-feu en France métropolitaine est repoussé de 18 à 19 h.


Le 22 mars, le gouvernement supprime l’attestation – jugée incompréhensible – qui avait été mise en place dans les 16 départements confinés. Les résidents de ces départements peuvent désormais sortir de chez eux dans un rayon de 10 km sans attestation. En revanche, ils sont tenus de respecter le couvre-feu.


Le 25 mars, trois nouveaux départements sont placés en confinement : le Rhône, l’Aube et la Nièvre. 

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, annonce que les rassemblements de plus de six personnes seront désormais sanctionnés d’une amende de 135 euros par personne, à l’exception des manifestations ou des enterrements.


Le 27 mars, ouverture de la campagne de vaccination aux personnes âgées de plus de 70 ans, et aux personnes à risque de plus de 50 ans.


Le 31 mars, lors d’une allocution retransmise en direct à la télévision, Emmanuel Macron annonce de nouvelles mesures : couvre-feu à 19 h partout en France métropolitaine ; télétravail systématique, fermeture de certains commerces, fin des déplacements interrégionaux, pas de déplacement au-delà de 10 km du domicile. Pour les écoles, collèges et lycées, l’enseignement se fera à distance à compter du 3 avril jusqu’aux vacances de Pâques. Le réouverture se fera ensuite selon les niveaux : la rentrée aura lieu pour tous le 26 avril, physiquement pour les maternelles et primaires, à distance pour les collèges et lycées, qui rouvriront le 3 mai. À partir du 16 avril, ouverture de la vaccination à tous les plus de 60 ans. À partir du 5 mai, ouverture de la vaccination à tous les plus de 50 ans. À partir de mi-juin, ouverture de la vaccination à tous les plus de 18 ans.


Avril 2021 



Le 1er avril, Guillaume Rozier annonce sur Twitter la mise en ligne de l’outil Vite ma dose sur le site CovidTracker, développé en open source. L’application regroupe les créneaux libres pour les vaccinations. 


Le 2 avril, un reportage d’investigation diffusé sur M6 déclenche l’affaire des dîners clandestins. On y voit des personnalités participant à des dîners luxueux dans un restaurant des beaux quartiers parisiens, alors que les restaurants sont censés être fermés en raison de la pandémie. On constate en outre que ni les clients ni les serveurs ne portent de masque.


Le 3 avril, Guillaume Rozier reçoit un message d’Emmanuel Macron tenant à le féliciter personnellement d’avoir créé des outils précieux pour les Français dans la crise sanitaire.


Le 4 avril, Gérald Darmanin annonce qu’il a ouvert une enquête sur les dîners clandestins. L’organisateur risque un an de prison et 15 000 euros d’amende pour mise en danger de la vie d’autrui. La secrétaire d’État Marlène Schiappa déclare que si des ministres ont pris part à ces dîners, ils doivent être sanctionnés et démissionner du gouvernement.


Le 8 avril, l’application Vite ma dose totalise 1,5 million de visiteurs. L’interface s’améliore grâce à la contribution de bénévoles. Le temps mis pour mettre à jour les rendez-vous disponibles passe de cinq heures dans la première version, à seulement une minute.

Ouverture de la campagne de vaccination aux femmes enceintes.


Le 12 avril, ouverture de la campagne de vaccination aux personnes âgées de plus de 55 ans.


Le 15 avril, en France, le seuil des 100 000 morts est franchi.


Le 16 avril, découverte en Inde d’un variant double mutant : le variant Delta.


Le 22 avril, dans une allocution télévisée, le Premier ministre Jean Castex déclare que le pic de la troisième vague est passé. Il annonce la fin du confinement pour le 3 mai.


Le 29 avril, le plan de réouverture du pays est dévoilé : fin du confinement et retour en classe le 3 mai. Couvre-feu repoussé de 19 à 21 h et réouverture des commerces, terrasses et lieux culturels le 19 mai. Couvre-feu repoussé à 23 h et réouverture de l’intérieur des restaurants et cafés le 9 juin. Fin du couvre-feu le 30 juin avec possibilité de participer à des rassemblements de plus de 1 000 personnes sur présentation d’un Pass sanitaire attestant d’une vaccination ou d’un test PCR négatif.


Mai 2021



Le 3 mai, des lycéens et des étudiants bloquent massivement l’entrée des facultés et des lycées pour protester contre le maintien des épreuves de fin d’année, en dépit de la crise sanitaire et de la piètre qualité des enseignements à distance.


Le 10 mai, la vaccination est ouverte à tous les plus de 50 ans.


Le 12 mai, la vaccination est ouverte à tous les plus de 18 ans.


Le 13 mai, mise à jour (v3.03) de l’application TousAntiCovid avec l’intégration du Pass sanitaire. 



Le 15 mai, une quinzaine d’élus du littoral signent une tribune dans laquelle ils appellent à rouvrir les boîtes de nuit pour éviter les fêtes sauvages.


Le 17 mai, contredisant ses déclarations de janvier, Olivier Véran annonce sur BFM que « pour les évènements de plus de 1 000 personnes, il faudra ce qu’on appelle le Pass sanitaire ». 

Le 19 mai, réouverture des terrasses des cafés et des restaurants avec la moitié de leur capacité d’accueil. Réouverture des théâtres, des musées et des cinémas avec 35 % de leur capacité. Réouverture des magasins avec une jauge d’un client pour 8 m².

Le 25 mai, en moins d’une semaine, plus d’une cinquantaine de bordelais sont contaminés par un variant inconnu. Le gouvernement tente d’accélérer la vaccination à Bordeaux et d’isoler le cluster.


Juin 2021


Le 13 juin, le directeur général de l’OMS demande aux pays du G7 d’atteindre l’objectif de vacciner 70 % de la population contre le coronavirus d’ici leur prochain sommet en 2022.


Le 15 juin, la vaccination est ouverte à tous les plus de 12 ans.


Le 16 juin, Jean Castex annonce à la télévision que l’amélioration sanitaire est plus rapide qu’espérée. En conséquence, certaines restrictions sont levées : fin du port du masque en extérieur sauf exceptions. Fin du couvre-feu avancé au dimanche 20 juin. Le port du masque dans les milieux clos reste obligatoire.


Le 21 juin, à l’occasion de la Fête de la musique, des rassemblements ont lieu partout en France. Le public se masse dans des rues combles, souvent sans masque. Les forces de l’ordre doivent intervenir pour disperser la foule.


Le 22 juin, l’application TousAntiCovid a été téléchargée plus de 20 millions de fois


Juillet 2021



Le 12 juillet, dans une allocution présidentielle retransmise en direct à la télévision, Emmanuel Macron annonce de nouvelles mesures : dès le 21 juillet, l’accès aux lieux de loisirs et de culture ne sera possible que sous présentation d’un Pass sanitaire signalant que le patient a reçu les deux doses de vaccin, d’un test PCR ou antigénique négatif ou d’un document prouvant qu’il a eu le Covid-19 dans les six derniers mois. À partir du mois d’août, le Pass sanitaire sera étendu aux cafés, aux restaurants, aux centres commerciaux ainsi qu’aux hôpitaux, aux maisons de retraite, aux établissements médico-sociaux, mais aussi aux avions, trains et cars pour les longs trajets. 

Pour ceux qui ont été vaccinés les premiers, qui verront prochainement leur taux d’anticorps baisser : dès la rentrée, une campagne de rappel sera mise en place pour leur permettre de bénéficier d’une nouvelle injection.

À l’automne, les tests PCR ou antigéniques seront rendus payants, sauf prescription médicale, et ceci afin d’encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests.

Le couvre-feu est réinstauré en Martinique et à La Réunion.


Le 14 juillet, des manifestations rassemblent près de 20 000 personnes pour s’opposer à la mise en place du pass sanitaire. Les manifestants défilent aux cris de : « Liberté ! On n’est pas des cobayes ! », dénoncent une « dictature sanitaire » et rappellent la déclaration du président le 29 avril : « le Pass sanitaire ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas ».


Le 19 juillet, dans son avis favorable à sa mise en place, le Conseil d’État précise que « l’application du Pass sanitaire […] doit être justifiée par l’intérêt scientifique de la mesure pour limiter la propagation de l’épidémie […] non par un objectif qui consisterait à inciter les personnes concernées à se faire vacciner ». 



Le 25 juillet, devant les députés, Olivier Véran déclare : « Ce Pass sanitaire ne saurait donc être prolongé au-delà de la date du 15 novembre… ce n’est pas si loin, et si nous pouvons nous en passer avant, évidemment nous le ferons ». 


Août 2021



Le 5 août, le Conseil constitutionnel valide à son tour le projet de loi sur l’extension du Pass sanitaire qui entrera en vigueur lundi 9 août. Plusieurs internautes alertent à nouveau sur le potentiel conflit d’intérêts du président de l’institution, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, avec le poste qu’occupe son fils Victor Fabius, directeur associé du cabinet Mc Kinsey, qui conseille le gouvernement dans sa stratégie de vaccination contre le Covid-19.


Le 7 août, 237 000 personnes manifestent contre le Pass sanitaire en France selon le ministère de l’Intérieur. Selon les observateurs sur le terrain et les différents organisateurs, ce chiffre est deux à trois fois supérieur.


Le 28 août, 160 000 personnes manifestent contre le Pass sanitaire en France selon le ministère de l’Intérieur.


Septembre 2021


Le 1er septembre, début de la campagne de rappel de vaccination (troisième dose) recommandé pour, entre autres, les plus de 65 ans, les personnes immunodéprimées et les personnels de santé.


Le 17 septembre, Emmanuel Macron annonce que 50 millions de Français ont reçu au moins une dose. 


Le 18 septembre, la base EudraVigilance (base de données européenne des rapports sur les effets indésirables suspectés des médicaments) tend à confirmer le nombre alarmant d’effets secondaires graves en Europe. Pour les vaccins Pfizer (435 779), AstraZeneca (373 285), Moderna (117 243), Janssen (27 694).


Le 24 septembre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) indique que les vaccins contre le Covid-19 coûteront 5,8 milliards d’euros à la Sécurité sociale en 2021. Selon le journal Les Échos, la facture pour le seul dépistage pour l’année 2021 devrait atteindre 4,9 milliards d’euros.



Le 25 septembre, un sondage Le Figaro/France Info annonce que 58 % des Français sont favorables à la vaccination obligatoire. Un autre sondage Ipsos/Sopra Steria pour Le Parisien indique un taux de 60% favorables. Un troisième sondage BVA/Orange pour RTL annonce lui que 68 % des Français sont favorables à la prolongation du Pass sanitaire. Toujours la même semaine, un sondage Ifop pour l’AJIR indique que 51 % des Français ne croient plus en Dieu.


Le 26 septembre, dans une interview aux Échos, Jean Castex déclare qu’à partir du 15 octobre les tests de dépistage Covid seront payants uniquement pour les non-vaccinés : « Il n’est plus légitime de payer des tests de confort à outrance aux frais du contribuable. […] La logique est de rembourser les tests liés à des motifs réellement médicaux, et de continuer à inciter à se faire vacciner », justifie le Premier ministre. 


Le 28 septembre, le laboratoire Sanofi annonce abandonner ses recherches pour un vaccin ARN messager contre le Covid-19.


Le 29 septembre, une étude menée par le ministère de la Santé (Drees) confirme que la pandémie n’a pas interrompu la réduction des capacités hospitalières. Le mouvement s’est même accéléré. Plus de 5 700 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2020 dans les établissements de santé français.

Gabriel Attal, porte-parole de l’Élysée déclare dans un point-presse : « Le gouvernement va déposer un projet de loi pour prolonger la possibilité de recourir au Pass sanitaire jusqu’à l’été prochain ».

Face aux nombreux signalements faisant état de fortes perturbations du cycle féminin après une injection à l’ARN messager, Olivier Véran se montre rassurant sur France Inter, parlant de troubles « temporaires » et « bénins ».


Octobre 2021



Le 4 octobre, première réunion de la cellule anti-complots missionnée par Emmanuel Macron et nommée Les Lumières à l’ère numérique. Selon un communiqué de l’Élysée, la cellule composée de 13 chercheurs est chargée de faire des propositions concrètes dans les champs de l’éducation, de la régulation, de la lutte contre les diffuseurs de haine et de la désinformation sur les réseaux sociaux. 

Sortie dans les salles françaises de Mourir peut attendre qui franchira son premier million de spectateurs en cinq jours. 


Le 5 octobre, le rapport du Conseil scientifique souligne un net relâchement des gestes barrières dans la population française et notamment chez les personnes vaccinées. 


Le 7 octobre, plusieurs journalistes témoignent sur les réseaux sociaux de l’absence de contrôle des pass sanitaires aux arrivées des vols internationaux à Roissy, y compris pour ceux en provenance de zones rouges.


Le 8 octobre, le ministère de la Santé publie un communiqué pour indiquer que les autotests réalisés sous la supervision d’un professionnel de santé ne seront plus reconnus comme preuve pour le Pass sanitaire à partir du 15 octobre. 


Le 11 octobre, sortie dans la presse d’une large étude française confirmant l’efficacité du vaccin. L’étude Epi-Phare (qui associe l’Assurance maladie et l’Agence du médicament) porte sur 22 millions de personnes. Elle indique que la vaccination contre le Covid-19 réduirait de 90 % le risque d’hospitalisation chez les plus de 50 ans, et cette efficacité des vaccins est également prouvée face au variant Delta.


Le 13 octobre, Olivier Véran révèle qu’environ 15 000 soignants ont été suspendus, pour avoir refusé l’obligation vaccinale.


Le 14 octobre, le site gouvernement.fr annonce 103,1% de la population majeure vaccinée à Paris. 


Le 15 octobre, fin de la gratuité des tests PCR et antigéniques pour les personnes majeures et non vaccinées.

Premier jour de l’obligation vaccinale pour tout salarié en Italie. 

Mise en place du Pass sanitaire en Wallonie, le Covid safe ticket.

La Haute autorité de santé (HAS) déconseille l’usage du vaccin Moderna et Janssen pour la troisième dose de rappel.



Le 19 octobre, dans un hémicycle aux deux tiers vide, vers minuit, l’Assemblée nationale adopte l’article premier du projet de loi Vigilance sanitaire qui prolonge le cadre juridique de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 par 109 voix pour et 66 contre. 

86,1 % des Français éligibles ont reçu toutes les doses requises.

Le 21 octobre, dans un communiqué de presse, Pfizer annonce une efficacité de son vaccin de 90 % sur les enfants de 5 à 11 ans. 


Le 22 octobre, le rapport de surveillance des vaccins de l’Agence de santé publique britannique avance que les personnes vaccinées sont testées positives à un taux plus important que les personnes non vaccinées. Chez les 40-49 ans, la proportion de personnes infectées est deux fois plus importante chez les vaccinées que chez celles non vaccinées (1281 sur 100 000 personnes contre 690) en septembre.


Le 24 octobre, selon une enquête flash dirigée par le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, environ un lit sur cinq est fermé dans les grands hôpitaux publics faute de personnel en France. Un chiffre corroboré, selon le journal Libération, par des documents internes à l’AP-HP. 

En visite à l’AP-HP de Marseille, Jean Castex déclare : « Le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade ».


Le 25 octobre, les autorités chinoises imposent un confinement à Lanzhou (nord-ouest), qui compte quatre millions d’habitants, en raison d’un rebond de cas de Covid-19 à une centaine de jours des JO d’hiver de Pékin.


Novembre 2021



Le 2 novembre, le British Medical Journal révèle qu’une des compagnies sous-traitant les essais du vaccin pour le laboratoire Pfizer a falsifié les données et tardé à assurer le suivi d’effets secondaires. 


Le 4 novembre, à plus de 3 h du matin, l’Assemblée nationale adopte en nouvelle lecture le projet de loi Vigilance sanitaire qui prolonge le cadre juridique de l’état d’urgence et la possibilité de recourir au Pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 à 147 voix pour, 125 contre. Le Sénat avait rapporté ce délai au 28 février.


Le 6 novembre, « le port du masque sera obligatoire dans les files d’attente des remontées mécaniques des stations de ski et le Pass sanitaire le deviendra aussi si le taux d’incidence national dépasse les 200 cas pour 100 000 habitants », annonce Jean Castex.


Le 8 novembre, la HAS publie un communiqué dans lequel elle déconseille le recours au vaccin de Moderna pour les moins de 30 ans, s’appuyant sur l’étude Epi-Phare. Le vaccin accroîtrait le risque de myocardite et péricardite pour cette population.

Moderna demande l’autorisation de son vaccin pour les 6-11 ans en Europe. 

Le rapport de l’Agence technique sur l’activité hospitalière (ATIH) rapporte qu’en 2020 seulement 2 % des hospitalisations en France étaient liées au Covid-19.


Le 9 novembre, Emmanuel Macron annonce à la télévision l’intégration d’une troisième dose de rappel au Pass sanitaire pour les plus de 65 ans. 


Le 14 novembre, Gabriel Attal déclare ne pas exclure un reconfinement. 


Le 15 novembre, l’Autriche décrète le confinement des non-vaccinés.


Le 16 novembre, mobilisés contre le Pass sanitaire et l’obligation vaccinale des syndicats guadeloupéens décrètent la grève illimitée sur l’île. Plusieurs échauffourées ont lieu avec la police. 


Le 18 novembre, selon un sondage Ifop/JDD 58 % des Français se disent favorables à la mise en place d’un confinement des non-vaccinés. 


Le 19 novembre, l’Autriche décrète le confinement pour l’ensemble de la population, y compris non vaccinée, et impose la vaccination obligatoire à partir de février 2022.


Le 20 novembre, manifestations massives en Europe et dans le monde contre le Pass sanitaire et l'obligation vaccinale (République Tchèque, Pays-Bas, Autriche, Italie, Croatie, Suisse, Belgique, Australie et Royaume-Uni). À Rotterdam, la police tire à balles réelles sur les manifestants. À Bruxelles, la police charge avec un blindé. 

50 gendarmes du RAID et du GIGN sont envoyés en renfort des 2 200 policiers déjà déployés pour faire face à la contestation populaire en Guadeloupe. 

Le ministre de la Santé allemand déclare : « Vraisemblablement à la fin de l’hiver chacun sera vacciné, guéri ou mort ».


Le 22 novembre, Jean Castex, double vacciné, est testé positif au Covid-19. Il déclarera le 11 décembre sur France Bleu Alsace : « C’est ma fille de 11 ans qui m’a donné le virus ».



Le 25 novembre, en se basant sur la hausse du taux d’incidence, Olivier Véran annonce l’obligation d’une dose de rappel sept mois maximum après la dernière dose pour maintenir son Pass sanitaire actif. Les tests PCR et antigéniques ne seront désormais valables que 24 h. Il déclare également : « Non, nous ne mettons pas en place un Pass vaccinal ».

1,3 million de rendez-vous pour la troisième dose sont pris sur Doctolib en une seule journée. Nouveau record.


Le 26 novembre, un variant B.1.1.529, baptisé "Omicron", en provenance d’Afrique du Sud est jugé préoccupant par les scientifiques en raison de ses nombreuses mutations échappant aux vaccins existants.


Le 29 novembre, l’OMS souligne que le variant Omicron présente un risque très élevé au niveau mondial, mais précise dans un document technique qu’aucun décès n’a encore été rapporté. 

Sur la chaîne américaine CNBC, Albert Bourla, PDG de Pfizer déclare au sujet du variant Omicron : « Nous serons capables de produire le vaccin en moins de 100 jours ».


Le 30 novembre, 47 177 cas sont dépistés dans la journée, un record depuis le 12 avril 2021.


Décembre 2021



Le 6 décembre, en conférence de presse, Jean Castex annonce l’ouverture de la vaccination aux enfants « à risque » de 5 à 11 ans, à partir du 15 décembre, le port du masque pour les enfants dans la cour de récréation et la fermeture des discothèques pour une durée de quatre semaines. 

Auditionné par la Commission des affaires sociales du Sénat, Jean-François Delfraissy déclare au sujet du Pass sanitaire : « Est-il pour autant réellement protecteur ? Vous avez donné la réponse : non, puisque l’on peut être vacciné et porteur du virus ». 


Le 8 décembre, paraît au Journal officiel un décret interdisant de danser dans les bars et restaurants pendant un mois. 


Le 10 décembre, en déplacement dans une pharmacie lilloise, Olivier Véran se félicite que « près de six millions de tests sont réalisés par semaine. Ce sont des niveaux absolument records qui signifient que 10 % de la population se fait tester chaque semaine ». 


Le 14 décembre, avec 63 000 cas dépistés en une journée, le record de 2020 est dépassé. Il n’y avait alors ni vaccin ni Pass sanitaire.


Le 15 décembre, Emmanuel Macron déclare dans une émission télévisée : « Vous savez, nous y sommes quasiment à l’obligation vaccinale quand vous avez plus de 90 % de ceux et celles qui doivent se faire vacciner ». Le président ajoute : « Celui qui dicte les règles, c’est le virus ! ». Sur son attitude, il précise : « Dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens. Et c’est ça que je ne referai plus. »


Le 16 décembre, le laboratoire Pfizer annonce vouloir tester un rappel de vaccin chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui pourrait conduire l’entreprise à déposer l’année prochaine une demande d’autorisation pour trois doses d’emblée chez les plus jeunes.

En déplacement, Olivier Véran déclare : « Nous freinons le variant Omicron avec succès ».


Le 17 décembre, Jean Castex annonce qu’il déposera à la rentrée 2022 un projet de loi à l’Assemblée nationale pour transformer le Pass sanitaire en Pass vaccinal. Seul un schéma vaccinal complet permettra accéder aux transports, salles de spectacle, de sport ou à l’hôpital. Il annonce également le raccourcissement des délais entre les doses de rappel qui passent de cinq à quatre mois. Il déclare : « Il n’est pas admissible que le refus de quelques millions de Français de se faire vacciner mette en risque la vie de tout un pays et entame le quotidien d’une immense majorité de Français qui a fait preuve de responsabilité depuis le début de cette crise ».

Le 18 décembre, Olivier Véran confirme sur Brut que la mise en place du Pass sanitaire pour avoir accès à son lieu de travail est à l’étude.


Le 20 décembre, la HAS donne son feu vert à la vaccination de tous les enfants de 5 ans et plus.


Le 21 décembre, 84 272 cas sont dépistés, nouveau record. Contamination de Frank Riester, ministre du Commerce extérieur, double vacciné, déjà contaminé le 8 mars 2020 alors qu’il était ministre de la Culture. L’Angleterre dépasse le seuil des 100 000 contaminations quotidiennes, pour un nombre total de décès dus au variant Omicron depuis son apparition de… 14.


Le 22 décembre, le directeur de l’OMS déclare dans un point-presse : « Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel et les rappels ne sont pas un feu vert pour célébrer comme on l’avait prévu ».

Ouverture officielle par le ministère de la Santé de la vaccination des 5-11 ans. 

L’avant-projet de modification de loi renforçant les outils de gestion sanitaire n’inclut pas la guérison du Covid comme motif d’obtention du Pass vaccinal.


Le 24 décembre, la HAS recommande de réduire le délai d’attente à trois mois entre la première vaccination et la dose de rappel.


Le 25 décembre, 104 611 cas dépistés (10 000 de plus que la veille), un record absolu depuis le début de la pandémie.


Le 27 décembre, deuxième anniversaire de la première contamination identifiée (rétrospectivement) en France (à Bondy, 93).

Devant « la montée » du variant Omicron, à l’issue d’un Conseil de défense sanitaire, Jean Castex annonce une série de restrictions : concerts debout interdits, consommation d’alcool debout interdite, interdiction de manger dans les trains et les cinémas, retour du masque à l’extérieur dans les centres-villes et passage des  délais entre les doses de rappel de quatre à trois mois, ce qui est contraire aux notices des vaccins. 


Le 28 décembre, 179 807 cas dépistés (double de la veille et nouveau record). 


Le 29 décembre, en formation restreinte de la commission permanente, le Conseil d’État valide à 4 heures du matin le principe du Pass vaccinal. Il y a 15 votants. 


Le 30 décembre, 208 099 cas dépistés (nouveau record). La France représente à elle seule 16 % des contaminations mondiales. 


Le 31 décembre, les activités de danse sont interdites dans les établissements recevant du public à Paris à partir de 18 h, et dans la plupart des départements français. Les rassemblements festifs sont également interdits. Le port du masque en plein air redevient obligatoire dans les grandes villes.

La rentrée des classes des 12 millions d’élèves et un million d’enseignants est maintenue au 3 janvier 2022.


2022


Janvier 2022



Le 1er janvier 2022, l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et le président du Conseil Scientifique, sont nommés au titre d’officier de la légion d’honneur. 


Le 2 janvier, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, délivre le protocole sanitaire pour la rentrée scolaire (le lendemain), concernant un million d’enseignants et 12,5 millions d’élèves, dans un article du JDD (article payant). 


Le 3 janvier, Olivier Véran déclare : "La question d'une nouvelle dose de vaccin va se poser assez vite pour les personnes fragiles dans notre pays, les personnes immunodéprimées ou très âgées. On en discute avec les scientifiques, pour l'instant seul Israël a ouvert cette quatrième dose" 409 370 Français ont été testés positifs au Covid-19 sur la journée. 


Le 4 janvier, alors que les débats sur le Pass vaccinal sont en cours à l’Assemblée nationale, circule sur les réseaux sociaux une interview inédite d’Emmanuel Macron, donnée au journal Le Parisien, est prévue pour paraître après le vote. 

On peut y lire : « En démocratie, le pire ennemi c’est le mensonge et la bêtise. Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. »

Il ajoute : « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen » Les débats a à l’Assemblée sont suspendus. 


Le joueur de tennis, non vacciné, Novak Djokovic, annonce via Instagram qu'il est sur le départ pour l'Australie. Il précise qu'il bénéficie d'une exemption médicale. 


Le 5 janvier, la classe politique (hors LREM et Modem) condamne les propos d’Emmanuel Macron stigmatisant les non-vaccinés. 


Novak Djokovic est intercepté par la police des frontières qui lui refuse l'entrée sur le territoire australien, estimant qu'il ne justifie pas suffisamment son exemption médicale. Son visa est annulé, le joueur menacé d’expulsion. Il est transféré dans un centre de rétention pour migrants à Melbourne. Ses fans et sa famille se mobilisent, ses avocats font appel. Il devient le symbole de la lutte des non-vaccinés contre l’oppression dont ils sont l’objet en Occident. 



Le 6 janvier, à 6 heures du matin, les députés votent le Pass vaccinal (214 pour / 93 contre) Sur RMC, le Premier ministre Jean Castex interrogé sur la limitation dans le temps du Pass vaccinal répond que « ce n’est pas, à ce stade, ce qui est prévu ». (malgré les garantes demandées par la Cnil). 


Le 7 janvier, 296 097 Français ont été testés positifs au Covid-19 sur la journée. 


Le 8 janvier, des dizaines de manifestations anti Pass se déroulent en France, réunissant 110 000 personnes pour le ministère de l’Intérieur, et 410 000 pour le syndicat FrancePolice (qui participait aux mouvements). 


Suivi par plus de 5 millions d’abonnés, le compte Twitter du chanteur français Booba est censuré par la plateforme  suite à plusieurs messages remettant en cause ses prises de position sur le vaccin et sur la politique du gouvernement. 


Le 9 janvier, dans une tribune au journal Le Parisien, Davis Smadja, professeur en hématologie et Benjamin Fellous, avocat au barreau de Paris (et militant LREM), plaident pour des poursuites pénales contre ceux qui refusent le vaccin.


Des files d’attente devant les pharmacies de France sont toujours observées ce week-end. 


Un cas positif sur sept sur la planète (15 %) est désormais dépisté en France. 


On estime désormais que un salarié sur six a un arrêt-maladie lié au Covid. Le taux d’incidence à Paris est de 3800… pour mémoire, au moment du 1er confinement, le seuil d’alerte se déclenchait à 50. 


Le 10 janvier, Albert Bourla, PDG de Pfizer, déclare qu’un vaccin « adapté à Omicron » sera disponible en mars. 


Un groupe d’experts de l’OMS avertit qu’« une stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés des premiers vaccins a peu de chances d’être appropriée ou viable ». 


Au sujet des fermetures de lits d’hôpitaux, Olivier Véran, ministre de la Santé, déclare au parlement : « On n’a pas fermé des lits intentionnellement. Il y a des chambres doubles qui sont devenues des chambres seules ». 


L’annulation du visa de Novak Djokovic est levée par un juge australien. Il est libéré. Djokovic part aussitôt s'entraîner. Il indique sur les réseaux sociaux qu'il compte bien disputer l'Open d’Australie. 


Le 11 janvier, 368 149 Français ont été testés positifs au Covid-19 sur la journée, nouveau record. 


Le 12 janvier, Carolina Darias, ministre de la Santé espagnole déclare vouloir ouvrir la voie à un changement de stratégie « afin de déterminer les meilleures options pour faire face à une maladie pandémique qui peu à peu est en train d'acquérir des caractéristiques d'endémie ». 


Le 13 janvier, à l’appel de l’ensemble des syndicats du secteur, journée nationale de grève des enseignants et les personnels de l’Education nationale, pour dénoncer la gestion de la situation sanitaire dans les écoles. Selon le syndicat majoritaire, 75 % des enseignants du primaire sont grévistes. Ils sont 27% pour le ministère. 



Par 249 voix pour et 63 contre, le Sénat valide le projet de loi sur le Pass vaccinal. Olivier Véran, triple vacciné, est déclaré positif au Covid-19. 


Sur BFM, Christian Estrosi, maire de Nice et soutien d’Emmanuel Macron, déclare : « Ceux qui ne seraient pas vaccinés devraient être confinés chez eux dans les mêmes conditions que nous étions tous confinés au mois de mars et au mois d'avril 2020 et par ailleurs ne devraient pas avoir droit et accès à l'assurance chômage, comme au Canada ».

 

La Cour suprême américaine bloque l'application d'une mesure du président Biden obligeant les employés des grandes entreprises à être vaccinés contre le Covid-19 ou à effectuer des tests réguliers. Le tribunal administratif suspend l'arrêté préfectoral qui rend obligatoire le port du masque en extérieur à Paris. 


Le 14 janvier, le visa de Novak Djokovic est encore annulé par Alex Hawke, le ministre de l'Immigration du gouvernement australien, 


Le 15 janvier, Novak Djokovic est renvoyé en rétention administrative, au Park Hotel de Melbourne. 


On dénombre en France 28 cas de maladie de Creuztfel-Jakob en 27 ans et 23 cas depuis le début de la vaccination. 


La base de pharmaco-vigilance européenne, EudraVigilance recense à ce jour 38 000 décès suite à la campagne de vaccination et 3,4 millions d’effets secondaires au 15 janvier 2022. 

Le 16 janvier, La Cour fédérale australienne annule définitivement le visa de Novak Djokovic, qui ne disputera pas l'Open d'Australie 2022. Il quittera le pays le lendemain. 


Le 18 janvier, les députés de l’Assemblée nationale adopte la version définitive du projet de loi instaurant un Pass vaccinal à 215 voix contre 58 


Un rapport d’Oxfam révèle que la fortune des 10 hommes les plus riches du monde a doublé depuis le début de la pandémie. 


L’agence européenne du médicament (AEM) déclare que les injections répétées pourraient affaiblir le système immunitaire. 


Dans une interview accordée à BFM, Albert Bourla, PDG de Pfizer déclare : « J’aimerais dire aux gens qui ont peur du vaccin de ne pas se laisser submerger par la peur et d’utiliser l’amour pour surmonter la peur car chez l’humain le seul sentiment qui plus fort que la peur c’est l’amour » 


464 769 Français ont été testés positifs sur la journée (record) 


Le 19 janvier, Boris Johnson, premier ministre anglais, annonce la fin des restrictions dans son pays à partir du 27 janvier : fin du port du masque obligatoires, suppression du PassSanitaire anglais, le télétravail ne sera plus recommandé officiellement. 


Petr Fiala, chef du nouveau gouvernement Tchèque, annule le projet de loi de vaccination obligatoire dans son pays. 


L’OMS recommande de lever les interdictions internationales de voyages liées à la non-vaccination. 


Le 20 janvier, en conférence de presse, et alors qu’il annonce la mise en place du Pass vaccinal dès lundi 24 janvier, sans attendre la mise en place sans l’avis du Conseil Constitutionnel, Jean Castex décline un calendrier de « levée des restrictions. A partir du 2 février : fin des jauges dans les établissements, fin du masque obligatoire en extérieur et de l’obligation de télé-travail. 


A partir du 16 février, consommer un café debout sera également de nouveau possible. déclare sur CNEWS « ce vaccin est très particulier. Il protège contre les formes sévères et les formes graves et ça n’a pas assez été ditIl ajoute : « Le variant Omicron est certes beaucoup plus dangereux, mais clairement moins sévère que ses prédécesseurs » 


Le taux d’incidence moyen en France est à 7000. Le seuil d’alerte était à 50 au moment du premier confinement. 


La caisse d’assurance maladie estime que les tests vont coûter 1,5 milliard d’euros pour le seul mois de janvier. 


Le 24 janvier, entrée en vigueur du Pass vaccinal en France. 501 635 Français ont été testés positifs sur la journée (record) 


Le 25 janvier, Sur France Info, Jean-François Delfraissy déclare au sujet du vaccin contre le Covid: « C'est un vaccin, mais qui a un peu une forme de vaccin-médicament, puisqu'en fait, il protège contre les formes sévères et les formes graves. ». 


Sur France 5, Christiane Taubira, candidate socialiste à la présidentielle déclare: « Je pense que le président de la République aurait pu prendre la décision d’une obligation vaccinale. » 


Lors de la journée de conférences et de débats organisée par l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI), Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM TV déclare au sujet du traitement médiatique pendant le premier confinement : « dans un moment aussi, où on vous dit qu’on est en guerre et où toute la notion de cohésion générale de la société, vous êtes rappelés au fait qu’il ne faut pas non plus trop troubler les gens. Et finalement, même si on a tenté au maximum de s’extraire de tout ça, pas trop aller à rebours de la parole officielle, puisque ce serait fragiliser un consensus social ». 


Le 26 janvier, Sur France 5, au sujet des frais d’hospitalisation des non-vaccinés, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, déclare : «Il n'y a pas de raisons qu'il n'y ait pas de conséquences [à ne pas être vacciné] alors qu'il y aura des conséquences pour d'autres personnes hospitalisées». Il ajoute : «Est-ce qu'on doit avoir droit au même niveau de prestation et de remboursement ?» 


Le 27 janvier, l’Angleterre lève toutes ses restrictions. 


Le 28 janvier, la région espagnole de Catalogne met fin à l’obligation de présenter un pass sanitaire pour entrer dans les bars, restaurants et salles de sports, le jugent peu efficace face à la grande contagiosité du variant Omicron. 


Le 29 janvier, dans une interview au Parisien, Gabriel Attal déclare : « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales ». 


Le 31 janvier, au Canada alors que la révolte des camionneurs contre la vaccination obligatoire prend de l’ampleur et que les cortèges se dirigent vers Ottawa, Justin Trudeau président, est exfiltré avec sa famille dans un endroit tenu secret. Il fait savoir qu’il est contaminé par le Covid, malgré sa triple vaccination.


La suite c'est vous qui l'écrivez...


* * *


Ce sont ici les annexes de mon livre "Asymptomatique, chroniques covidiennes 2020-2021" qui revient sur ces deux années. Il est disponible en version papier, 326 pages (17 euros) ou ebook (11 euros) exclusivement sur le site Lulu.com.



Si vous avez des suggestions, des corrections à soumettre, contactez-moi a sbmusset@gmail.com

Asymptomatique, le nouveau livre de Seb Musset

Mon nouveau livre "Asymptomatique" est disponible dès maintenant en ligne

Avant que tout le monde oublie/déforme la réalité des paroles et des actes, et que la panique et le Pass soient temporairement hors-sujet pour cause d'élection, je me devais de publier la traversée de ces deux années délirantes. 

C'est toujours compliqué de résumer en quelques phrases des mois de travail. Si je reprends le dossier de presse :  Seb Musset revient sur « la crise sanitaire » liée au virus du Covid-19 qui a transformé l’intime et la société comme un écho familier de périodes historiques que nous pensions avoir remisées sur les étagères du passé. Comment en est-on arrivé à parler d’un virus comme d’une personne et d’individus comme d’un virus ?

Roman en deux parties et dix chapitres du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2021, de la sidération à la soumission, "Asymtomatique" est une chronique à la première personne décrivant les assauts répétés du politique contre le dernier espace protégé : nos corps. C’est aussi le récit, en temps réel, de mes interrogations et de ma colère face à la croyance aveugle d’un occident qu’on pensait revenu de toutes les idéologies. 

Provax, antivax, sansavivax, de gauche, de droite ou du milieu, confiniste ou déviant… chacun s’y reconnaitra d’une façon ou d’une autre. Vous y retrouverez aussi tous vos bourreaux favoris dans leurs exploits. 

Le livre est entre vos mains maintenant. A vous de me dire ce que vous en pensez. Vous êtes les ambassadeurs du livre sur les réseaux sociaux... Quelque chose me dit que je n'aurai pas une grosse couverture média... Mais comme a dit un ami : ça c’est une belle promotion ! 

"Asymptomatique" est disponible en exclusivité durant 3 mois, à prix préférentiel, sur la plateforme lulu.com

Version papier, 326 pages 
17 euros + expédition/taxe (env. 5 euros)

(-20% jusqu'au 11 février 23h59)

Version ebook 
11 euros

En bonus, je publie ici les annexes du livre, soit les repères chronologiques de la gestion sanitaire française. La stricte réalité est plus dingue que les plus folles envolées complotistes. 

Bonne lecture et au plaisir de vous retrouver.

La playlist du livre à écouter sur Deezer et Spotify

Dernières précisions : Le livre est imprimé en France (pour les exemplaires vendus en France) et livré par colissimo sous 5 jours ouvrés. Bien sûr, je suis ouvert à toutes rencontres, participations, débats en librairie etc. En France et en Belgique. La seule condition : pas de Pass.


En 30 après Gainsbourg

Il y a 30 ans ce jour (en vrai c’était le 3 mars), les bras chargés de mes « nouveaux » enregistrements pirate de Prince, en rentrant d'une matinée à l’espace Wagram où se tenait une convention du disque  j’apprenais à la radio la mort de Serge Gainsbourg. L'annonce me surprenait peu. Aussi loin que le tout juste majeur que j’étais pouvait s’en souvenir, j’avais vu trainer dans un triste état - plus ou moins alcoolisé - d’un plateau télé à l’autre celui qui se complaisait dans le rôle du poète dandy et maudit. Je n’aurais finalement connu « de son vivant musical » que très peu de temps Gainsbourg. Cinq ou six ans grand maximum du collège au lycée et je ne connaissais à l’époque que son versant « contemporain », le Gainsbarre de "Love and the Beat" ou "You’re under arrest", pourtant par son attitude (l'engueulade avec Catherine Ringer chez Denisot, son passage à Droit de Réponse avec le professeur Choron, son happening du billet de banque brulé dans l'émission 7 sur 7...) et sa décontraction à envoyer se faire foutre tout le monde avec la plus belle mauvaise foi du monde, il m’aura profondément marqué. 

J’ai mis du temps à découvrir d’abord sa musique (et le génie de ses productions des années 70, foncez écouter "Melody Nelson", "L'homme à la tête de chou" et ses BO de l'époque) mais aussi les raisons de son apparente insouciance face à la mort qui apparaissant alors comme une envie de destruction. Il le dit lui-même dans plusieurs interviews, c’est un rescapé. Il aurait dû mourir pendant la guerre à plusieurs reprises et son succès à été relativement tardif (la trentaine bien passée), presque contre son gré. Il est le WTF incarné. Les hommages dans les médias sont assez discrets ce jour. Et pour cause, à peu près tout ce qu’est le Gainsbourg que j’ai connu dans les années 80 serait aujourd’hui interdit d’antenne. Les paroles équivoques sur l’inceste, le sexe, la cigarette à tout bout de champ, les provocations jubilatoires, les blagues douteuses. Gainsbarre ne pourrait tout simplement pas faire carrière aujourd’hui ou alors dans les rubriques faits-divers et juridiques. A la place on a Vianney. C’est bien Vianney. 

Ci-dessous son passage dans l'émission "Sex Machine" en 1984. C'était sur le service public le samedi soir oui messieurs dames : 

 

Le coffret 1999 de Prince : 1982 en 2019

C'est noël le 29 novembre pour tout fan de Prince qui se respecte. Ce vendredi sort le coffret "deluxe expanded édition" de l'album 1999 de Prince : 10 vinyles et un DVD, rien que ça. Après Piano and a Microphone et Originals, 1999 expanded édition est le troisième effort discographique de la Warner à destination des fans en moins d'un an. Et cette fois, il y a du vraiment massif. 


Reprenons depuis le début.

Fin 1982. Un an et demi avant le ras de marée planétaire de Purple Rain, 1999 est le double album qui a rendu Prince populaire aux Etats-Unis. C'est avec ce clip d'un inconnu ligoté par deux femmes sur un lit, diffusé un soir de 1983 sur Antenne 2 dans l'émission Sex Machine de Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manoeuvre que je découvre Prince. Calibré à la soupe du Top 50, le garçon de 11 ans ne comprend pas immédiatement ce qu'il voit et entend mais il sent bien que la vérité est par là, et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que plus rien ne sera pareil après :



L'album 1999 est passé « relativement » inaperçu en Europe à la différence du Thriller de Michael Jackson sorti la même semaine. Composé à l’hiver 81/82, entièrement réalisé dans le sous-sol de la maison de Prince, minimaliste, parfois pop, souvent très électronique, home-studio avant l'heure, 1999 vise à dépasser la seule audience noire américaine (les classements musicaux, passages radio, sont encore très compartimentés aux Etats-Unis à cette époque). Avec l'essor de MTV et des clips un peu chauds, l’alchimie électrique et sensuelle va fonctionner : l’album et la tournée qui va suivre seront un triomphe.


1999 est l’album de Prince que j’ai le plus acheté. Une fois en cassette en 87, puis en CD dans sa version simple à la fin des années 80, puis dans sa version complète dans les années 2000, puis en vinyle double quelques années après, puis en vinyle simple l’an dernier pour le Record Store Day puis enfin cette semaine avec ce coffret 10 vinyles qui propose :
- le double album remasterisé,
- un double album de face B,
- un double album de 24 chansons inédites enregistrées durant la période de la conception de l’album,
- deux doubles albums d’un concert de la tournée à Detroit,
- un dvd d’un concert de la tournée à Houston.


La première surprise de cette réédition, c’est l’album lui-même. Le nouveau mix de 1999 fait ressortir des nuances jusque-là inédites. 1999 est le sixième album de Prince à seulement 23 ans, mais c'est le premier vraiment composé au cordeau, moins spontané que les précédents mais plus audacieux aussi, où la place de chaque morceau est étudiée. Le son de 1999 suit deux tendances : une très synthétique, certains diront new-wave voire techno (Détroit n’est pas loin de Minneapolis où l’album est enregistré) et l’autre plus organique et soul avec Free ou International Lover. Les titres sont longs, hors formats classiques (entre 5 et 10 minutes d’où le double album), souvent hypnotiques, basés sur la répétition et des paroles assez crues. Y figurent plusieurs hits : le titre phare 1999 (un morceau prolifique débordant de sons que Prince compose en quelques minutes dans une chambre d’hôtel après avoir vu un documentaire sur Nostradamus), le torride Little Red Corvette ou l’antienne DMSR (Dance Music Sex Romance, qui aurait pu être l’autre nom de l’album).



La compilation des faces B et des différents mix, même si elle est cohérente, a peu d’interêt sauf pour les quatre perles qui s’y perdent. How come U dont call me anymore, Horny Toad et Irresistible Bitch sont des faces B d’une telle qualité qu’elles auraient méritées de figurer sur de vrais albums. Idem pour le « dance mix » de Little Red Corvette qui a, parait-il, lancé la mode des maxi 45t.

Le véritable intérêt de cette édition pour les fans ce sont les deux double albums de chansons inédites extraites du coffre fort de Prince et toutes enregistrées entre fin 1981 et début 1983. Même si les fans en connaissaient certaines, dans ces versions ou d’autres, nous en découvrons beaucoup dont même les archivistes les plus pointus ignoraient jusque-là l’existence : Rearrange, Money don't grow on trees, No Call U, Vagina ou Colleen. Cette abondance de morceaux inédits, inégaux, déroutants pour certains, témoigne d’abord d’un éclectisme fou. A l'époque Prince déstockait son excédent musical au travers d'autres artistes qui lui servaient de couverture : le groupe masculin The Time et celui féminin de Vanity 6. On connaissait donc déjà ce côté touche-à-tout chez lui, mais c'est encore un autre univers, ou plutôt des passerelles entre chacun de ces univers que l'on découvre ici.



La quintessence du son 1999 se retrouve sur les fabuleux Purple Music (repris 25 ans plus tard sur la scène du New Morning), Possessed ou Moonbeam Levels. D’autres titres prennent des chemins de traverse, voguent vers la pop ludique, les rivages de la country, voire du reggae. Prince aurait-il souhaité qu'ils sortent en l'état ? C'est une question à laquelle je n'ai qu'une réponse "- tu n'avais qu'à laisser un putain de testament !". En attendant il y a de quoi se régaler dans ce coffret. On découvre par exemple au milieu de la compilation des ébauches déjà bien affirmées d’un album qui sortira huit ans après, Grafitti Bridge (et dont il semble désormais évident avec des dernières pièces à conviction qu’il est quasiment exclusivement composé de « vieux » morceaux ré-assaisonnés au son des nineties).

Des prises alternatives enregistrées « live » en studio (International Lover, How come U ou un medley autour de Lady Cab Driver) fascinantes de maitrise et d’émotion, complètent ces disques. C’est le plus grand interêt à mon sens de cette compilation qui aurait pu même consacrer un ou deux disques complets à ces prises directes.



On regrettera l’absence d'Extraloveable, morceau indispensable enregistré à cette époque. La crainte par Warner d’une cabale #MeToo pour une rime sur le viol a déchiré tout espoir de réhabilitation discographique. Mais pas de panique à Puritanisme Park, la bite dessinée par Prince sur la pochette se dresse toujours sur le coffret. 


Le titre interdit en question (parce que what the fuck)

Le disque final du 1999 tour à Détroit (fin 82 donc), bien qu’inédit, est plus anecdotique pour les fans, puisque nombre d’enregistrements de qualité existent d’autres dates. En revanche, pour celui qui découvre le son 1999 et de sa tournée il faut impérativement commencer par là : l’album et le concert sont des versions différentes sur les mêmes thèmes (alors qu’une poignée de mois seulement séparent les deux enregistrements).


extrait du DVD du concert de Houston du 30 /11/82

Ce coffret qui vise à satisfaire tous les niveaux de fans est une réussite. 1999 c’est aussi un de ces albums de Prince qui ne prend pas une ride des décennies après sa sortie tant il est précurseur et a inspiré des générations de producteur. Il ne reste plus à attendre que Warner archives et Sony Legacy, fassent la même chose avant la fin du monde avec les... 39 albums officiels restants.

A écouter le podcast "The story of 1999" (en anglais)

Prince et la leçon de piano

On peut mettre à part l'édition Purple Rain Deluxe de l'an passé, le 21 septembre 2018 est distribué le premier réel album posthume de Prince, Piano and a Microphone. C’est en apparence un choix déconcertant de la Warner que d’avoir exploité le contenu d’une cassette audio d’une session au piano de Prince dans son home studio en 1983 pour en faire un album. Après tout, c’est le genre de choix improbable que Prince aurait pu faire.

A l’écoute c’est la claque. On y est. Force du toucher, précision de la voix et justesse dans la dinguerie, malgré le packaging l’album est tout sauf lugubre, c’est un brillant aperçu de la créativité et de la maîtrise du jeune Prince. Dur de ce dire que ce mec n’avait que 25 ans quand il balance sans une fausse note 30 minutes d’improvisation au piano en mêlant chant traditionnel, titres inédits, reprise de Joni Mitchell ou ébauches de futurs hits. 


Ce type a passé sa vie à travailler la musique et ça s’entend déjà à 25 ans. Le contenu était certes connu d'un grand nombre de fan, l'enregistrement pirate de cette session circulant depuis une vingtaine d'années mais pas dans une aussi bonne qualité. Le titre de l'album reprend le nom de l'ultime tournée (également au piano) de Prince où pour la première fois il revenait sur ses jeunes et cette année charnière de 1983. Il était alors à la veille de devenir une star planétaire.

Le plus dingue c’est de se dire que des milliers d’heures de la sorte nous attendent et qu’il n’y aura pas assez d’une vie pour les apprécier.


S’y retrouver dans les 23 albums Post-Warner de Prince (1995-2010)


Avec la "libération" de 23 albums de Prince sortis entre 1995 et 2010 et jusque-là inédits sur les plateformes de streaming (et la plupart introuvables dans le commerce), ceux qui ne connaissent pas l'étendue de l’œuvre de Prince après 1995 (après les années de hits, et un divorce laborieux avec sa maison de disques Warner) ont une chance assez dingue : Ils vont pouvoir découvrir des albums aussi riches et différents que The Rainbow Children, The Truth, One Nite Alon" ou Crystal Ball en une journée. J'avoue que je les envie. Devant cette profusion, un petit audio-guidage s'impose. Commençons donc la série avec le premier album de la seconde partie de carrière de Prince : The Gold Experience (1995). 

[1/23] THE GOLD EXPERIENCE ou le retour gâché

« All that glitters ain’t gold… »
 
L'album devait être son "Purple Rain 2" et a été fusillé à la fois par la Warner, sa maison de disques n'ayant pas trop apprécié ses récentes émancipations discographiques sur d'autres labels et sous d'autres noms, et Prince lui-même qui s'est comme souvent lassé du projet (la sortie a été bloquée durant 2 ans). Éclectique, nerveux et inspiré : Gold Experience est le parfait album pour commencer à écouter du Prince, on y retrouve un peu de tout ce qui a fait sa marque audio dans les années 90 : des ballades électriques calibrées sex (Shhh, Eye Hate U), une touche de rap (Pussy Control, Now), de rock (Endorphine Machine), du funk clintonien (Billy Jack Bitch) et des morceaux un peu plus dénudés (Shy)


Titres favoris : Billy Jack Bitch, Eye Hate U, Shhh
Le Sachiez-Tu : On y entend brièvement Ophélie Winter et Lenny Kravitz.


[2/23] COME ou quand Prince se dédouble

"Come. You Should Do That, Baby"

Comme c’est Prince et que « chaos » et « désordre » sont les maitres-mots de sa discographie, cette série Prince Post Warner 1995-2010 n’est déjà plus respectée dès le 2eépisode avec un album sorti en 1994 chez Warner. Mais on ne peut parler de Gold Experience sans évoquer COME, son album jumeau aussi sombre que Gold est lumineux.


Come et Gold étaient pensés par Prince pour sortir le même jour en 1994. Come sous le nom de Prince et Goldsigné d’un symbole imprononçable. Sur la pochette de Come sont d’ailleurs indiqués naissance et mort de Prince : 1958-1993. C’est à cette époque que l’on voit Prince arborer un « SLAVE » sur sa joue. Prince cherche alors à reprendre le contrôle de son nom et sortir comme bon lui semble ses albums (c'est-à-dire 1 tous les 3 mois). Mais il est contractuellement lié pour plusieurs années à la Warner qui n’a pas la même vision de la distribution. Les relations entre les deux sont exécrables. Prince va honorer son contrat en « lâchant » pour la major une série d’albums d’apparence bâclés mais qui contiennent chacun leurs pépites. Come est le premier de la série. C’est un de ses albums les plus courts, et hors-formats habituels (un titre a capella, un autre de 11 minutes…), avec peu de possibilité de singles là ou Goldest un album étiré mais très accessible avec 4 ou 5 hits potentiels. Prince avait tout misé sur Gold, Warner sortira Come. Les anciens amis ne s’aiment plus.

Titres Favoris : Papa,  Solo et Let it Go (pas celui de la reine des neiges hein)
LeSachiezTu : On entend des gémissements sur le dernier morceau Orgasm. Sont-ce ceux de Vanity (Denise Matthews), enregistrés dix ans plus tôt ? Si oui, dans quelles conditions ? Et pourquoi les réutiliser à ce moment-là en concluant cette ode à la jouissance sur un "I love You" ? Le débat reste ouvert.  Ils ont emporté leur secret dans l’afterworld, les deux sont décédés à 3 mois d’intervalle en 2016.


[3/23] CHAOS AND DISORDER ou quand Prince claque la porte

"I Rock, Therefore I am !"
Le bien nommé Chaos & Disorder est sorti à l’été 1996. Probablement enregistré en quatrième vitesse, l’album fait partie de ceux que Prince jetait à la Warner pour honorer son contrat. « C & D » est passé inaperçu personne ne daignant en assurer la promotion.  Si la compilation est plutôt cohérente et épurée (c’est probablement le plus « rock » de ses albums avec The Undertaker 1993), la plupart des morceaux comme I like It There ou Zanaleeprenaient réellement leur dimension en live. La pochette est symbolique de cette époque ou l'image de Prince (embourbé dans ses litiges juridiques et artistiques sur son nom et ses disques) se brouille complètement dans le public, au point de disparaitre des radars. Avec son côté "Je m'en bats les couilles", Chaos & Disorder est en tout point l’antithèse de l’album que Prince prépare au même moment et qui sortira sous un autre label à l’automne 1996. 1996, une année charnière à plus d’un titre dans la carrière et la vie intime de Prince. Mais ça nous en parlerons demain. 

Titres favoris : The Same December, Zanalee, Had U.
LeSachiezTu : Le dernier titre Had U (au choix « je t’avais » ou « je t’ai eu ») ne parle pas d’une femme, mais bien de ses 15 années chez Warner : « Kissed U, Disappoint U, Fuck U, Had U… »



[4/23] EMANCIPATION ou quand Prince se libère. Vraiment ?

"- Free ! Don’t Think I Ain’t."
On allait voir ce qu’on allait voir. Frustré de ne pas pouvoir distribuer autant de musique qu’il le voulait chez Warner, Prince sort chez EMI 36 chansons sur 3 CD de 1h pile chacun pour célébrer son amour et sa liberté artistique retrouvée. L’épais Emancipation, sorti en novembre 1996, est un tournant dans la production princière. Il y explore plus qu'avant plusieurs genres (Salsa, RnB, Rap, disco même) et, première, s’aventure dans des reprises de standards US (Bonnie Raitt, Joan Osborne, les Stylistics et les Delfonics). Si cette somme est incroyablement riche, la production n’est parfois pas à la hauteur de la créativité de certains titres (l’absence de cuivres sur Face Down reste un mystère) mais on y trouve son lot de bons grooves, de morceaux bien déglingués et un bel enchainement de ballades mélancoliques.


Emancipation fait également parti des opus « intimes » où Prince se livre le plus sur sa vie privée. Le disque 2 est intégralement consacré à son couple (il s’est marié avec Mayté Garcia). Le morceau Sex in The Summer est d’ailleurs rythmé par les battements de cœur de son enfant à naître. Emancipation est donc un album joyeux, résolument optimiste. La joie sera de courte durée. Son enfant, Amir, décèdera au bout de quelques jours, peu avant la sortie du disque dont il assurera quand même une longue promotion (ce qui n’était plus le cas depuis plusieurs années). Dans sa récente interview sur Schkopi-tv, Mayté revient sur l’importance qu’avait pour Prince ce disque. Elle l’a donc accompagné sur cette tournée promo malgré la peine. Prince disait que ses chansons étaient comme « ses enfants ». Pourtant quelque chose est cassé et son couple ne s’en remettra pas. C’est à cette époque, pour notre plus grand bonheur, qu’il s’embarque dans des tournées fleuves aux États-Unis et en Europe pour financer son association caritative « Love 4 one another ». Jusqu’à la fin, Prince ne jouera plus que très rarement des titres d’Emancipation sur scène. Paradoxalement cet album sur la liberté marque le début de son enfermement personnel et musical sur lui-même dans son gigantesque studio-blockhaus de Paisley Park « The White Mansion » à un moment où beaucoup de nouveaux sons et tendances musicales transforment la planète pop-rock. C'est aussi le début du bazar dans la distribution de sa musique, à partir de là il négociera disque par disque avec différents labels, quand il ne distribuera pas lui-même ses albums.


Titres favoris : Emancipation, Saviour, Joint 2 Joint, The Love We Make
LeSachiezTu : On entend Kate Bush sur le titre My Computer dont le thème est l’addiction à internet (10 ans avant la création de Facebook !). 


[5/23] CRYSTAL BALL ou quand Prince se pirate lui-même

"- You never would have drank my coffee if I had nerver served you Cream"

Prince est probablement, encore aujourd’hui, un des artistes les plus piratés : Les enregistrements des concerts bien sûr, le fameux Black Album, mais aussi des centaines de titres inédits ont circulé dès la fin des années 80. Ce marché parallèle atteignait un tel niveau que certaines paroles de chansons supposément inédites étaient parfaitement connues des fans qui les reprenaient durant les concerts. 

Au milieu des années 90, Prince veut reprendre la main sur les "bootleggers" et profiter des possibilités de l' internet naissant pour distribuer lui-même sa compilation de pirates. Crystal Ball est sa première ambitieuse démarche dans ce sens.

Disponible en 1998 uniquement en commande par téléphone ou via son site internet, Crystal Ball est un triple album dont le seul concept est d’offrir dans le désordre des morceaux inédits tirés du fameux "vault" (son coffre-fort à Paisley Park). L’emballage est sommaire avec une vague note rédigée par Prince où il explique le pourquoi et le comment de chaque titre.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843042

On ne va pas chipoter, Crystal Ball est une mine d’or. Une mine qui se divise en trois catégories :
- Des morceaux de 1986 (Dream Factory, Last Heart, Sexual Suicide, Crucial ou le mythique Crystal Ball un titre résolument jazz de 11 minutes qui devait introduire un quadruple album refusé par la Warner).
- Des titres plus rock et RnB des années 90 (Aknowledege Me, The Ride, Interactive, Poom Poom, Calhoun Square…) qui auraient pu trouver leur place sur ses plus récents albums.
- Des curiosités : une séance à la batterie avec son comparse Morris Day, un poème  et des versions remixées.

S’il n’a pas vraiment de cohérence sonore, Crystal Ball montre plus que tout autre album la diversité de la production princière entre 1985 et 1995 et contient des classiques incontournables pour les fans.
Même s’il a été furtivement commercialisé en France sous le label Night and Day, ce triple album gâchant un peu son potentiel, autant dans l’assemblage bordélique que par sa distribution confidentielle, est symptomatique du sentiment ambigu que nous ressentions à l’époque. Nous avions d’un côté la satisfaction de pouvoir enfin entendre tout ça avec un bon son tout en déplorant que personne d’autres en dehors du cercle des fans ne le puisse. C’est enfin possible aujourd’hui. Profitez.

Titres favoris : Crystal Ball, Hide The Bone, Crucial, Days O Wild


Le SachiezTu : Crystal Ball est en fait un quintuple album. La version originale contient deux disques supplémentaires : un album instrumental improbable Kamasutra (qui n’est pas disponible dans la liste des 23 albums en streaming) et aussi The Truth un album acoustique à la guitare dont nous parlerons demain.


[6/23] THE TRUTH ou quand Prince est seul à la guitare

"- When the voices you hear command you to entertain the absurd..."

Fin des années 90, Prince est tiraillé entre son désir de revenir sur le devant de la scène comme à l’époque de Purple Rain (tout en sachant pertinemment que ce sera impossible) et sa volonté de faire la musique simplement pour un cercle plus restreint, ses amis ou ses fans de longue date, ou « fams ». Il va donc durant dix ans alterner des albums calibrés visant le grand public et des sorties ultra confidentielles pour son "audience rapprochée".

The Truth c’est 12 titres où Prince est seul à la guitare sèche, savamment accompagné de quelques effets sonores. Sans pochette et distribué en cadeau avec Crystal Ball en 1998, à l’évidence Prince n’avait aucune prétention d’exploser les charts avec cet unplugged. The Truth se glisse discrètement entre plusieurs albums largement surproduits avec, eux, de réelles ambitions commerciales (Emancipation et New Power Soul). Avec le recul on peut voir cette stratégie comme une erreur.
Cette volonté de se rapprocher des fans se poursuivra quelques années encore avec la création d’un « club » en ligne et des « célébrations » avec des concerts plus intimes (et acoustiques) chez lui à Paisley Park


Il faut voir aussi dans The Truth sa première affirmation discographique pour remettre en avant « la vraie musique par de vrais musiciens », un leitmotiv qui ne le quittera plus par la suite. Et preuve est faite avec cet album que Prince est un grand guitariste. De par sa simplicité et son authenticité, The Truth passe très bien l’épreuve du temps et serait probablement un carton s’il sortait aujourd’hui.


Titres favoris : The Truth, Fascination, Comeback, Welcome 2 The Dawn
LeSachiezTu : Animal Kingdom est une chanson pro-vegan offerte à l’association pour la défense des animaux PETA à l’occasion de son vingtième anniversaire.


[7/23] NEW POWER SOUL ou quand les disques de Prince commencent à devenir des prétextes à concerts

"- Freaks On This Side !"
1998 est une année princière faste. En plus de Crystal Ball, The Truth et Kamasutra, Prince sort un autre album sous le nom de son groupe le NPG (New Power Generation). Le NPG est une formation à géométrie variable et membres interchangeables (tous ont d’ailleurs repris la scène ensemble à la mort de Prince). 

Avec un son synthétique dans la continuité d’Emancipation, NewPowerSoul, avec son mélange heavy funk et guimauve, déroute sur certains titres. Une fois encore, c’est un album inégal dont la production laisse parfois dubitatif. L'album fait partie d’un triptyque le « NewPowerPak » composé de deux autres disques produits par Prince mais interprétés par deux de ses idoles de jeunesse : Chaka Khan et Larry Graham le bassiste de Sly and The Family Stone. Si Prince ne signe pas New Power Soul de son nom, il en assure néanmoins la promotion et plusieurs clips sont réalisés (dont The One par son épouse Mayté)

A écouter ici : http://tidal.com/us/store/album/61536195

L’album a été distribué en Europe dans le principal but de servir d’appui à une longue tournée le « Jam Of The Year Tour » qui a ressoudé les rangs des fans qui commençaient à se clairsemer. A Paris, ou il n’avait pas joué depuis quatre ans, l’année de ses 40 ans, Prince remet les pendules à l’heure et nous offre 2h30 de concert fabuleux et prouve avec force solo et grand écart qu’il est au sommet de son art. NewPowerSoul est l’exemple type de l’album dont on aime se souvenir pour les concerts et les longs jams qui y sont associés.

Titres Favoris : Push it Up, Come On, Mad Sex


Le SachiezTu : Il existe deux autres albums où Prince se cache derrière le groupe NPG : Goldnigga (1993) et Exodus (1995). A la différence de NewPowerSoul où il est en avant sur la pochette, il n’y est fait aucune mention de Prince ou alors via des messages cachés. Mais c’est bien lui aux commandes et qu'on entend sur la majeure partie des titres.


[8/23] THE VAULT : OLD FRIENDS 4 SALE ou quand Prince déstocke à prix cassé des pièces de collection

"- And they'll show you the friends that they're not"

Sorti à la fin de l’été 1999 The Vault : Old Friends 4 Sale est la dernière livraison contractuelle et à contrecœur (comme le montre la pochette) de Prince à la Warner. C'est un album à l’exact opposé du précédent NewPowerSoul. Selon le même schéma que Chaos And Disorder ou Come, Old Friends 
est très court, mais cette fois orienté smooth jazz et très accessible.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/90953

Cette collection de morceaux enregistrés entre 1986 et 1994 et d’extraits d’une musique de film jamais sortie (I’ll do Anything) s’avère une excellente surprise. Alternant les titres enlevés et plus sombres, on y retrouve enfin un Prince musicien au milieu d’autres musiciens, sans artifices électroniques et avec une vraie cohérence entre chaque titre. On regrette juste l’absence des autres titres de la BO d’I’ll Do Anything qui y auraient parfaitement trouvé leur place. Il n’y aura aucune promotion ni vidéo pour cet album.

On se met à rêver alors qu’il poursuive dans cette direction jazzy et intimiste sur scène mais, au tournant du millénaire, c’est dans un registre totalement différent que Prince prépare son (troisième) comeback.

Titres favoris : It’s about that walk, When the lights go down
LeSachiezTu : 5 Women est un titre à l’origine écrit pour Joe Cocker et figure dans son album Nightcalls en 1991.

[9/23] RAVE UNTO/INTO THE JOY FANTASTIC ou quand Prince rêvasse.

"- Don't hate me 'cause I'm beautiful !"
 Rave UNto The Joy Fantastic sort sur le label Arista en novembre 1999. L’album est symptomatique d’un travers qu’aura Prince durant 10 ans : il délaisse ce qui a fait sa marque de fabrique, des albums concepts et transgressifs, pour chercher à tout prix artistique à distribuer un album "catalogue" brassant différents genres avec pour chaque genre un titre formaté. Quand on cherche à plaire à tout le monde, il y a de grandes chances qu’on ne séduise vraiment personne. C’est le cas avec Rave Unto pourtant adossé à une impressionnante tournée promotionnelle en Europe (Prince ira jusque sur le plateau de Jean-Pierre Foucault !). 

Rap, ballade, clin d’œil à James Brown, solo au piano, rock fm… l’album part dans tous les sens et sonne comme une prétentieuse tentative de prouver qu’il maitrise tout mieux que tout le monde « I don’t follow trends, they just follow me ». Comme il s’agit de Prince les collaborations annoncées, que ce soit avec Gwen Stefani ou Sheryl Crow, n’en sont pas réellement et, cerise sur le pudding, le packaging n’a aucune âme (en un sens c’est raccord avec le contenu). Malgré tout, comme souvent avec Prince, on pioche deux ou trois titres magnifiques dans la bouillabaisse des 2 versions de l’album.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842702

Car, ce serait trop simple, un an plus tard une nouvelle version de l’album, nommée Rave INto The Joy Fantastic, est distribuée en CD via son site internet. Elle comprend des versions longues ou remixées, plus ou moins heureuses et un nouveau titre envoutant qu’on écoute alors en boucle : Beautiful Strange

A écouter ici (version 2) : https://www.deezer.com/fr/album/69843052

Bref, on sent à cette époque que Prince
1 / ne s’intéresse plus à ses albums en tant que tel (il mise de plus en plus sur la distribution en ligne, titre par titre, et le futur prouvera qu’il a raison)
2 / est clairement préoccupé par autre chose (on apprendra avec son prochain album qu’il s’agit de religion).

Pour les fans, plus que jamais, c’est désormais sur scène que ça se passe.


(reprise de Jimi Hendrix en décembre 1999. Extrait du DVD "Rave Unto the year 2000"

Titres favoris : Eye Love U But Eye Don’t Trust U Anymore, Beautiful Strange, Wherever U Go Whatever U Do.
Le SachiezTu : Le titre Rave Unto The Joy Fantastic a été enregistré en 1988 (à l’époque de Batman), soit 11 ans avant la sortie de l’album.


 [10/23] THE RAINBOW CHILDREN ou quand Prince prie en musique

"- I'm willing to do The Work Tell me now what about you ?"

Prince aura eu jusqu'à la fin la faculté de nous cueillir là où on ne l’attendait pas. Après quelques déceptions discographiques, à l'été 2001 il nous percute avec un album radicalement différent de tout ce qu'il a fait jusque-là sur le fond, la forme et la distribution.

Sur la forme, avec The Rainbow Children Prince assume enfin son penchant jazz d’un bout à l’autre d’un album. Il renoue également avec « l'album concept ». John Blackwell son nouveau batteur a précisé que l'album avait entièrement été réalisé avec seulement eux deux dans le studio. L’album peut déconcerter à la première écoute, mais c’est un classique et pour certains fans son dernier grand album.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842772

Sur le fond, fini l'équivoque ou la dualité sexe et spiritualité, The Rainbow Children gravite entièrement autour de la religion (même si tout reste cryptique). Jamais des psaumes n’ont sonné aussi funky. Ce disque est l’aboutissement artistique du travail spirituel que Prince entreprend sous l'influence de Larry Graham qu'il a rencontré peu après la mort de son enfant. Le bassiste de Sly and the Family Stone, très « investi » dans la religion, inspirera son « baby brother » à rejoindre les témoins de Jehovah. Certains en veulent à Graham pour cette « dérive ». Je pense, mais ça ne tient qu’à moi, qu’aussi déroutante qu’elle puisse nous paraitre ce détour a probablement rallongé d’au moins quinze ans la vie de Prince. La religion a par ailleurs toujours été présente dans ses disques à des degrés divers sous un axe plus profane ou blasphématoire.

Au début du siècle sur scène Prince est donc moins « dirty » et plus « mind », les « explicit lyrics » sont édulcorés, la chanson Sexuality est rebaptisée Spirituality et d’autres morceaux comme Sexy Mother Fucker ou Irresistible Bitch disparaissent de son répertoire. Côté promo, Prince ne fait plus une interview sans parler de la bible au milieu d’un charabia difficile à suivre.

Malgré son coup sur la cafetière, nous allons entrer avec cet album, et ceux qui vont suivre autour de son nouvel assemblage du NPG, dans une de ses meilleures périodes en concert.

Alors que l’industrie du disque dans sa quasi-totalité se méfie d’internet comme de la peste, l’album est disponible en téléchargement gratuit (nous sommes en 2001 !) sur le NPG Music Club, un site que Prince vient d’ouvrir et sur lequel il distribuera désormais sa musique. L’album sortira par la suite en CD et vinyle en France où il aura joli succès d’estime. Dix-sept ans après The Rainbow Children reste un album intemporel, et on entend toujours chaque soir ses premières notes au milieu d’autres standards dans le générique du Club JazzaFip. 


Titres Favoris : Rainbow Children, Mellow, 1+1+1=3, Everywhere
LeSachiezTu : Dans le cadre de la promotion de l’album et du NPG Music Club, Prince est le premier artiste de renommé à avoir donné l'exclusivité d'un titre (The Work) à Napster, le site d’échange de fichiers mp3 qui était dans le collimateur de l’industrie musicale.


[11/23] ONE NITE ALONE… ou quand Prince jouait du piano assis


Début des années 2000, Prince s’investit énormément dans le développement de son site internet, le NPG Music Club. Pour un abonnement annuel de 100$ les fans y ont accès à son blog, une émission mensuelle (précurseur des podcasts) et surtout des chansons et des vidéos inédites chaque mois, voire des albums (The Rainbow Children). Il y distribuait aussi des CD physiques comme Rave Into The Joy Fantastic ou ce One Nite Alone, son 25e album.

Après The Truth, One Nite Alone est le second album « unplugged » de Prince. Alors que depuis une dizaine d’années, l’autodidacte de la musique délaisse le piano sur ses disques et sur scène (nous avions tous en mémoire les longs passages de la tournée Lovesexy où il retournait un stade en quelques notes), il nous livre avec One Nite Alone 33 minutes émouvantes où il est seul face à l'instrument. Conséquence de ce qu’il vit à l’époque ? Son père, pianiste de jazz, est mort quelques mois plus tôt.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842782

One Nite Alone est son album le plus épuré, le plus triste, celui où on a le sentiment d’être le plus proche de lui (on l’entend quitter la pièce à la fin). L’album, bien que confidentiellement distribué, donne son nom à une tournée mondiale où nous retrouvons un Prince sur scène au piano à queue mais pas que. Et ça nous en parlerons demain.

Titres favoris : One Nite Alone, Avalanche, Arboretum
LeSachiezTu : Prince admirait Joni Mitchell. One Nite Alone contient une reprise de A Case of U. Une autre version est présente dans l’album Piano and a Microphone 1983 qui sortira le 25 septembre prochain chez... Warner.


[12/23] Le coffret ONE NITE ALONE LIVE ou quand Prince est en concert dans ton salon

"- If you came to put your purple rain coat on, you're in the wrong house

Même s’il vendait moins de disques dans la seconde partie de sa carrière Prince a toujours rempli les salles, du petit club réservé à l’arrache à 1h du matin au Stade de France booké seulement un mois avant le show. Et, soyons un peu objectifs, même un concert éventuellement « moins bon » de Prince dépassait de loin à peu près tout le reste de ce que j’ai vu avant, pendant et depuis. Si les fans le sont restés aussi longtemps malgré la difficulté à le suivre sans nom dans sa croisade anti-major et le labyrinthe mystico-bulshitesque de son bon-vouloir, c’est avant tout grâce à ses concerts et aux enregistrements de ses concerts, enfin les enregistrements pirates de ses concerts.

Car en déjà 25 ans de carrière, mis à part quelques programmes vidéo et le film Sign of the Times, Prince n’a jamais officiellement sorti de « live ». Il devait donc être sacrément fier de la tournée One Nite Alone pour en faire un triple-album. Le coffret One Nite Alone Live est distribué à la fin 2002 alors que Prince termine la tournée en Europe. Cette tournée, avec Prince et son groupe en costards, est exceptionnelle pour sa set-list sortant des hits attendus. L’album a été enregistré lors de la partie américaine autour d’une formation « jazz » (avec John Blackwell et Maceo Parker) et l’on y retrouve le son et les titres de The Rainbow Children et des morceaux moins connus (Extraordinary, Anna Stesia…) revisités sur le même mode.

Le second disque reprend le concept de son album précédent et on l’entend longuement seul au piano. Malheureusement l’enchainement des titres au piano est trop rapide pour vraiment créer une émotion. Le tout est même presque trop « lisse » par rapport à ce que nous avons expérimenté sur cette tournée.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842722

Le troisième disque ONE NITE ALONE LIVE… THE AFTERSHOW : IT AIN’T OVER ! est un collage de titres enregistrés lors d’aftershows dans des petits clubs sur cette même tournée. Car un concert de Prince c’était souvent l’angoisse d’un second concert surprise de Prince ailleurs dans la nuit. On ne compte plus ceux qui ont raté un premier concert dans l’espoir d’une bonne place au second qui n’aura finalement pas lieu (ou ailleurs) et ceux qui, à l’inverse, par le plus grand des hasards se sont retrouvés aux premières loges d’un concert surprise de Prince dans une boite de nuit alors qu’ils étaient venus pour une soirée mousse. Le son de ce troisième disque est donc différent, plus électrique, plus funk, plus décousu aussi, on y croise George Clinton, Larry Graham ou Musiq Soulchild, et une longue version à la guitare saturée d’une de ses plus belles chansons : Joy In Repetition. Tout cela est très bien mais il manque le principal : y être.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842892

Titres Favoris : Xenophobia, Strange Relationship, Anna Stesia, 2 Nigs United 4 West Compton, Dorothy Parker
LeSachiezTu : Il existe un DVD officiel de cette tournée, à regarder d’un œil seulement. One Nite Alone Live in Las Vegas est filmé avec les pieds (c’est l’époque où Prince filme tout lui-même au camescope parce que ça coute moins cher). Le DVD dure une heure et ne rend pas hommage ni à ce concert (qui en faisait trois) ni à cette tournée.




[13 et 14/23] XPECTATION et NEWS… ou quand Prince est à la croisée des chemins



Pas de répit, ce n'est jamais fini. La tournée One Nite Alone s’achève en décembre 2002 et le coffret Live vient tout juste de sortir et, pour les abonnés du NPG Music Club, l’année 2003 commence par un cadeau. Le matin du 1er janvier Prince offre un nouvel album en téléchargement : XPECTATION.
C’est une double révolution. C’est le premier album de Prince entièrement dématérialisé (il n’y aura jamais de version CD) et, si l’on met à part les 2 albums du groupe Madhouse (un de ses nombreux alias) sortis cher Warner dans les années 80 et 90, XPectation est le premier album entièrement instrumental qu’il signe de son nom. 

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842762

Entouré des musiciens de la tournée (John Blackwell, Candy Dulfer, Rhonda Smith) auxquels est invitée à se joindre la violoniste Vanessa Mae, Xpectation est une prolongation plus radicale du son jazz qu’il a initié deux ans plus tôt avec Rainbow Children. Il ne cherche ni le consensus ni à atteindre le grand public. Le sous-titre de l’album est explicite : New Directions in Music From Prince. L’album est une « expérience », inspirée dans la démarche par les disques de Miles Davis que Prince admirait. Le résultat est une succession de morceaux plus ou moins réussis aux allures de « jams » en studio. La distribution ultra confidentielle indique que Prince n’était, pour une fois, pas trop sûr de son coup et qu’il attendait des réactions de ses fans. Ceux-ci sont mitigés.

Il va poursuivre l’expérience avec un autre album instrumental NEWS qui sort dans la foulée en mai 2003 en version CD commercialisée à grande échelle. Cette fois c’est le saxophoniste Eric Leeds qui rejoint la formation. L’album a été enregistré en une prise et une journée. Il est composé de 4 morceaux (North, East, West, South) de 14 minutes chacun et sont pensés pour être écoutés en une seule fois à la suite.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842902

Malgré son joli packaging où Prince n’apparait pas (son nom est écrit en petit, perdu dans la pochette), News est encore moins commercial qu’Expectation, mais il est aussi plus intéressant et plus envoutant. News sera la plus mauvaise vente de disque de Prince.

Sa période jazz aura duré près de trois ans. Si Prince l’a incontestablement appréciée et qu’il a voulu donner des « preuves » à on ne sait qui qu’il était d’abord un musicien (ce que nous savions), on sent aussi qu’il se cherche musicalement, qu'il doit se réaffirmer commercialement et que nous sommes donc, en toute logique princière, à la veille de quelque chose de nouveau…

Something big is coming.


[15 et 16/23] THE CHOCOLATE INVASION et THE SLAUGHTERHOUSE ou quand Prince solde les comptes

- The chocolate invasion strats here !

 Début 2004. L’aventure NPG Music Club touche à sa fin. Les fans ont parfois eu la dent dure avec le club, mais avec le recul c’était une expérience fabuleuse. Durant 3 ans nous avons eu un contact plus « direct » avec la musique de Prince au fur et à mesure qu’il l’enregistrait.

Alors qu’un grand projet discographique et scénique pour le grand public se dessine (l’album et la tournée Musicology), un nouveau site est ouvert. Plusieurs albums sont mis en ligne sur le Musicology Download Store. A commencer par ces deux volumes regroupant les NPG TRAX, les chansons que Prince distillait chaque mois de 2000 à 2002 sur internet.

Il faut donc voir ces 2 volumes comme des compilations, jouables en mode shuffle à destination première de ses fans, pour marquer de façon plus officielle un moment de sa carrière où il a privilégié la musique en ligne, et non des albums « pensés ». La plupart des morceaux sont des chutes d’albums abandonnés. S’il y a une dominante funk-electro cohérente sur Chocolate Invasion, on y trouve des morceaux plus doux comme When I Lay My Hands on U ou U Make My Sunshine, un duo avec Angie Stone.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842442

"- How can a non-musician discuss the future of music from anything other a consumer point of view ?"

La recette est la même pour le volume 2, The SlaughterHouse, qui a peut-être un meilleur niveau global et sonne un peu plus techno. Le son y est de nouveau surproduit et la tonalité se veut futuriste.
Ces deux compilations ne sont jamais sorties en CD et, à quelques notables exceptions près, la plupart des titres des deux volumes n’ont pas été joués sur scène. Pourtant les clips de plusieurs chansons ont été tournés.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842402

Titres favoris : 2045 Radical man, Northside, Judas Smile, SexMeSexMeNot
LeSachiezTu : sur cette compilation figurent deux titres inspirés/écrits par/pour un film de Spike Lee, Bamboozled (Judas Smile et Radical Man). Ce n’est pas la première fois que Prince travaillait avec Spike Lee. Il avait déjà signé la BO de son film Girl 6 et avait participé au financement du biopic sur Malcolm X. Au générique de fin du récent Blackkklansman on peut également entendre un classique de la musique noire américaine repris au piano en 1983 : Mary Don’t U Weep. Spike Lee a également réalisé plusieurs vidéos pour Prince.


[17/23] C-NOTE ou quand Prince improvise

"- Now how am I gonna fill this empty room?"


Mars 2004, le troisième album distribué en téléchargement sur le Musicology Download Store est une perle. Pour la décoder, il faut revenir en arrière à l’automne 2002 sur la tournée One Nite Alone. En plus des titres et des podcasts, les abonnés du NPG Music Club avaient alors accès à la billetterie des concerts et des aftershows en avant-première mais aussi le privilège d’assister aux répétitions des concerts. Et, avec Prince, répétition équivaut parfois concert et souvent un concert différent de celui qui va suivre. C’est ainsi qu’à Paris, en amont des deux heures de concert puis des deux heures d’aftershow au Bataclan, 200 fans français ont assisté à un concert privé d’une heure dans un Zénith vide. Le summum est atteint au sportpaleis d’Anvers avec un soundcheck de 2h qui reste un de mes meilleurs souvenirs de cette époque et la seule fois où j'ai vu prince habillé en type lambda, dans une posture totalement décontractée, jouant les titres qu’on lui demandait.

C-Note revisite, trop brièvement, ces moments magiques. C’est une compilation de 5 morceaux dont 4 instrumentaux improvisés enregistrés à Copenhague et au Japon. Le disque est court (33 minutes) mais c’est un sans-faute. Les milliers d’heures d’enregistrements pirates qui circulent le prouvent : Prince était particulièrement doué pour ces exercices d’improvisation. La majeure partie de ses chansons sont nées sur scène, construites au fil de ces jams d’avant concert puis améliorées de preshow en show.

C-NOTE contient également la première version officielle d’une émouvante chanson « inédite » bien connue des fans depuis dix ans, Empty Room, dont on s’est toujours demandé pourquoi il ne l’avait pas sortie sur un album avant. Peut-être est-ce tout bêtement par ce que le titre (« salle vide ») prend sur cet album toute sa signification.
Il n’a jamais réitéré cette expérience « planifiée » de réelle proximité avec les fans, mis à part pour quelques «Celebrations» à Paisley Park et quelques chanceux au fil des tournées, pourtant il semblait l’apprécier.

Une pièce rare dans tous les sens du terme.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842552


[18/23]  MUSICOLOGY ...ou quand Prince fait le tour de la révolution

"- Kick the old school joint, for the true funk soldiers !"

Prince a multiplié les comeback plus ou moins réussis entre 1995 et 2003. En avril 2004, il se donne enfin les moyens commerciaux de ses ambitions.
Prince annonce à la fois la sortie de l'album Musicology et une très longues tournée américaine durant l'été. Première mondiale, le CD de Musicology est inclus dans le prix de vente du billet et sera distribué physiquement à l'entrée des concerts.
Cette fois, tout ceci est appuyé à un vrai plan média : superbe prestation avec Béyoncé aux Grammy Awards où ils reprennent Let's Go Crazy et Purple Rain, tournage d'un vrai vidéo-clip, une emission-concert à New York diffusée sur MTV et une prestation légendaire au Rock n'Roll Hall Of Fame avec Tom Petty. Il sera également le premier artiste à organiser une retransmission live du concert de lancement dans les salles de cinéma américaines.



Le Musicology Tour est une de ses tournées « greatest hits » la plus formatée avec, toujours (c'est Prince quoi), de grands moments et un long set acoustique à la guitare au milieu du public. C'est également une tournée sans effets où une grande place (scène centrale) est donnée aux musiciens : "real music by real musicians"



A l'exception du titre phare (hommage funky à James Brown et à la musique de son enfance) qui débute le concert, l'album Musicology a peu de rapport avec le concert du même nom. Peu ancré dans les sons du moments, l'album est un portfolio de genre divers (funk, pop, balades, rock...). Si l'ensemble montre proprement l'aisance et la diversité du musicien, Musicology laisse à l'époque une impression d'éparpillement. Plusieurs titres tiennent pourtant très bien les années et sont des merveilles de production.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842532

Si Musicology n'est pas un summum de créativité, ce sera en revanche un très gros succès commercial. Grâce à son coup de génie marketing (un cd vendu d'office dans une tournée à guichet fermé), Prince renoue avec les sommets des ventes de disques aux États-Unis. Il est enfin de retour sur les écrans et dans les esprits. L'aventure Musicology est la preuve que Prince comprend avant les autres que le rapport scène/vente de disque s'inverse à l'heure de la musique en ligne et du piratage. De surcroît, la recette lui permet de s’émanciper, avec une pointe de fierté, des "majors" du disque. Il fera désormais plus d'argent en concert qu'en cherchant à vendre des CD. Chaque album sera le pivot d'une tournée offrant l'opportunité d'une distribution ingénieuse de l'album qui, en retour, fera parler de la tournée.
 
La boucle est bouclée entre le petit Prince qui, pour s'entrainer à la guitare, achète un vinyle dans un "record store" au début de la vidéo de Musicology, et la dévalorisation du support CD symbolisée par la distribution gratuite de l'album à l'entrée du concert d'un Prince devenu grand... La musique n'est pas une question de formats mais d'émotions.



Titres favoris : Musicology, Call My Name, Dear Mr Man
LeSachiezTu :Dear My Man est une des rares chansons "politiques" de Prince (Other Titles In This Category Include : Baltimore, America et Sign Of The Times).


[19/23] 3121 ou quand Prince va en vacances

- You can come if you want to, but you can never leave"

Après sa longue tournée américaine de 2004 et une exposition médiatique comme il n’en avait pas bénéficié depuis une bonne dizaine d’années, pour la première fois de sa carrière, Prince souffle un peu. Pas de disque, pas de tournée en 2005.

L’indépendance retrouvée, Prince suit enfin le rythme que lui a dicté en vain la Warner pendant des années (une forte exposition pendant six mois pour le nouvel album et la tournée, puis un silence radio d’un ou deux ans avant le prochain album).
Celui qui est pourtant attaché à son Minnesota natal passe l’essentiel de cette année à Los Angeles dans la grande maison du 3121 Antelo Road. Il y organise des soirées où se pressent les people d’Hollywood. On retrouve quelques traces de ces nuits et concerts privés dans le livre photo de Afshin Shahidi : Prince A Private View… 

C’est le même Afshin qui réalise la pochette du 31e album de Prince : 3121. L’album sort en mars 2006 chez Universal, accompagné d’un beau plan marketing et de plusieurs prestations télé aux États-Unis et en Angleterre.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842852

L’album est, une fois encore, un collage de morceaux divers et légers dans l’esprit de Rave Unto The Joy Fantastic. Et, comme souvent depuis quelques années, on n’en ressort pas convaincu sur le moment, avant de lui trouver des qualités au fil des années.

La tournée à venir sera immobile, Prince décide de s’établir à Las Vegas sur la scène de l’Hôtel Casino Rio pour une série de shows durant toute l’année 2006. Il rode ici un concept qui traversera l’Atlantique l’année suivante.

Titres Favoris : 3121, Black Sweat, Get On The Boat

LeSachiezTu : Sur le CD de 3121 est sous-titré « The Music ». 3121 est aussi un film que Prince voulait distribuer en DVD avec l’album avec le sous-titre « The Movie ». Devant l’indigence narrative et formelle de la chose à côté de laquelle Grafitti Bridge ressemble à Citizen Kane, Universal a dû juger bon de brûler les copies. Le film restera inédit. Ce n’est pas une première expérience cinématographique pour Prince. Dans la foulée de Purple Rain, Prince a réalisé trois longs métrages, et durant vingt ans il a tourné (ou fait tourner) des centaines de clips et de programmes musicaux à Paisley Park. Si certains ont été diffusés (Sacrifice of Victor, Love 4 One Another, Beautiful Experience…), la plupart n’ont jamais été distribués, ni même vus.


[20/23] Planet Earth ou quand Prince occupe Londres

"- I love you baby, but not like I love my guitar"
Été 2007. Définitivement remis sur orbite marketing avec sa prestation historique à la mi-temps du Superbowl, Prince revient conquérir l'Europe qu'il avait délaissé pendant près de cinq ans. Il va allier le modèle de distribution expérimenté sur Musicology avec le principe de la tournée en résidence inauguré avec 3121. Inclus dans le prix du billet, l’album Planet Earth sera distribué à l’entrée du concert de la tournée européenne Earth Tour. 21 dates dans un lieu unique : l’O2 à Londres. Durant l’été tous les fans européens convergent donc en pèlerinage à Londres, certains pour une date, d’autres pour douze.



Même s'il est plutôt bien accueilli, on garde de meilleurs souvenirs de ces concerts que de l’album. Des disques kaléidoscopiques et sans concept, prétextes à tournée, égrainés par Prince de 2000 à 2010, Planet Earth est le moins inspiré (Oui, Guitar ressemble quand même BEAU-COUP au Back In USSR des Beatles). 2 ou 3 titres surnagent d’un ensemble très, trop, facile d’écoute et donc pas désagréable mais qui s’oublie très vite.

Mais, avec ces deux mois invraisemblables de concerts à l’O2, un main show modifié chaque soir et une douzaine d’aftershows, tout lui était pardonné à la fin de l’été.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843302

Titres Favoris : Planet Earth, Chelsea Rodgers, Resolution



LeSachiezTu : Pour le lancement de la tournée, l’album sera distribué en Angleterre avec le journal Mail-On-Sunday. C’est une première pour un artiste de cette renommée.


[21/23] INDIGO NIGHTS ou quand, à l’heure du mp3, Prince sort le cd au boitier le plus encombrant du monde

« - Inside I’m still the same, but something else has changed »

Terminée l’époque de la course aux aftershows, la tournée Earth tour de l’été 2007 offre la possibilité de réserver des tickets pour l’aftershow qui aura lieu à 50 mètres du premier concert au Club Indigo. Sa présence n’est pas garantie, mais au final cet été londonien sera riche en concerts princiers d’anthologie autour de formations variables du NPG (des formations rock avec le couple Dunham, d’autres plus funk, latino ou encore plus jazz avec Renato Neto et Maceo Parker).
En 2008, le disque Indigo Nights est une sélection d’extraits de ces soirées, reflétant plusieurs de ces tendances.

A écouter : https://www.deezer.com/fr/album/69842942

Après avoir sorti un parfum pour l’album 3121, Prince décide d’accompagner le CD d'un livre de photos, ou plutôt l'inverse. Pour avoir le disque, il fallait acheter par correspondance le coffee table book de 5 kilos (pas très Planet Earth comme initiative).

Pour les habitués des enregistrements pirates et, plus encore pour ceux qui ont assisté aux concerts, une impression bizarre d’un mix trop propre se dégage de cet enregistrement. On regrette aussi ce choix de titres lorsqu’on connait le contenu des autres concerts. Mais tel est le fan de Prince : jamais content spécialement lorsqu’il est gâté.

Ce disque reste pourtant intéressant à plus d’un titre. Déjà pour les quelques morceaux rarement joués, pour ses reprises (Led Zeppelin, Aretha Franklin, Mother’s Finest) ainsi que pour le monologue central de Prince (qui s’étend sur 4 morceaux de Girls and Boys à Just Like U) où il évoque son rapport à la célébrité, sa jeunesse, des aveux à la fois drôle et pointant de réelles angoisses.

D’ailleurs, si le livre Indigo Nights est une succession de photos à sa gloire, cliché après cliché, l’artiste enfermé dans son hôtel y étale d’abord, consciemment ou non, son extrême solitude.


Titres Favoris : Indigo Nights/Get on The Boat, Misty Blue/Baby love, The One/Question Of U

LeSachiezTu : Plusieurs guests sont montées sur scène à l’Indigo, notamment Amy Winehouse et Will I Am. Ce n’est que le second live officiel de Prince en 30 ans de carrière. Ce sera le dernier de son vivant.


[22/23] LOTUS FLOW3R + MPLS SoUND ou quand Prince est plus incontrôlable que jamais

"-Donwload a future full of isolated boys and girls..."

Au fil de la première décennie des années 2000 Prince propose des albums « faciles » pour tenter de conquérir une autre audience que celle de ses fans, des albums « formatés » pour les radios … radios qui ne les diffusent pas. Les albums un peu plus pointus, eux, sont distribués sous d’autres modes. Le disque n’est plus qu’un support dans lequel il ne se projette plus vraiment. C’est n’est vraiment plus que sur scène qu’on l’apprécie, et qu’il s’améliore. Alors que sa production (officielle tout du moins) décontenance les fans, Prince multiplie dans la même période des prestations scéniques fabuleuses à un rythme toujours plus soutenu.

Chaque album est un coup marketing et le théâtre d’un évènement scénique que Prince gère en artisan, certains diront en amateur. Force est de constater qu’il est plutôt doué pour faire parler de lui. En 2009, pour son lancement, le triple album Lotus Flow3r est l’objet de trois concerts consécutifs le même soir à Los Angeles dans trois salles différentes. En parallèle, LotusFLow3r est vendu en exclusivité à prix cassé aux États-Unis dans une chaine de supermarché, Target (un peu comme si Johnny avait donné l’exclu de son album à Monoprix).

En Europe, la stratégie commerciale (s’il y en a une) est basée sur le plaisir de Prince de créer des évènements uniques. En juillet 2009, Prince s’invite au dernier moment au festival de Montreux pour deux concerts différents le même soir. La tournée promotionnelle d’octobre 2009 (le triple album est distribué en France par le label Because) sera l’occasion d’une des semaines de concerts princiers les plus intenses survenues sur le sol français. En assistant à la fashion-week, Prince décide de jouer sous la nef du Grand Palais. Organisés en quelques jours, et complets en une heure, ces deux concerts du 11 octobre 2009 sont un sommet de magie princière, à la fois pour le bordel général de l’entreprise (il n’y a quasiment eu aucunes répétions et la balance est faite en direct lors du premier concert), et la beauté du moment (pour le premier concert entre chiens et loups et les allers retours des pigeons d’un bout à l’autre de la verrière). Il remettra le couvert dès le lendemain à la Cigale avec un set plus funk à destination des abonnés de son nouveau site (succédant au NPGMC, puis au Musicology, puis au 3121). On sent pourtant lors de cette tournée quelques signes de faiblesse physique.


Si on a l’impression depuis quelques temps que non seulement le contenu des albums de Prince peut-être écouté dans n’importe quel ordre et que les titres sont également interchangeables d’un album à l’autre, LotusFlow3r échappe un peu à la règle. Déjà, il prend le temps d’offrir trois visions musicales. Le premier disque, « organique » est un condensé des dernières années musicales de Prince, un peu de jazz instrumental, une pointe de rock. Le tout est plutôt réussi.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842742


Le second disque MPLS Sound se veut un retour au son de ses débuts, plus électronique, le son de Minneapolis qu’il a contribué (avec d’autres) a lancé au début des années 80. Là à l’exception d’un Old Skool Company, particulièrement efficace, c’est moins concluant.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843262

Le troisième album, Elixer (He Licks Her), met en avant sa protégée du moment, Bria Valente. Ce troisième album n’est mystérieusement pas disponible en streaming. C’est dommage c’est le plus intéressant du package. Il en interprétera des passages sur la scène du festival de jazz de Montreux.
Prince va bientôt entrer dans une nouvelle période, la dernière. Dans ce qui apparait avec le recul comme une fuite en avant, il multipliera les concerts comme jamais, tout en s’isolant humainement et musicalement.

Titres Favoris : Boom, Colonized Mind, Elixer, Old Skool Company

LeSachiezTu : Inspirée de ses tournées statiques à Londres et Las Vegas, Prince était en discussion à l’époque pour faire une nouvelle résidence à Paris. Elle se serait limitée à sept jours dans sept salles différentes parmi elles l’Olympia et Bercy … Entre le New Morning, la Cigale, le Grand Palais et le Stade de France, ce projet se sera finalement à moitié réalisé de 2009 à 2011.


[23/23] 20TEN ou Quand Prince renait en Europe

" I love everybody and everybody loves me"
2010 sera une année européenne pour Prince. Désormais l’artiste tourne dans les gros festivals d’été et pour l’occasion il distribuera son nouvel album 20TEN gratuitement via des magazines dans chaque pays visité, la veille même ou le jour même du concert.

Opération de la hanche ou painkillers ? Ce qui surprend lors de son passage au Main Square Festival d’Arras, neuf mois après le Grand Palais, c’est sa vitalité retrouvée. Si la set-list n’évolue guère depuis quelques temps (majorité de hits d’avant les années 2000), l’énergie et l’optimisme sont de retour.


L’album 20ten, probablement sorti des mêmes sessions d’enregistrements dans lesquelles il a puisé pour Planet Earth, 3121 et LotusFlow3r, est le plus abouti de la série. Sans prétention, plus inspiré, avec un peu plus de groove que les albums précédents et une bonne humeur communicative sur fond d'électronique, 20Ten est un « MPLS sound » réussi. Certains titres pourraient même figurer sur Controversy ou Dirty Mind. Le tout est une pop festive ne trahissant pas ce qu’il a fait il y a vingt ans, sans pour autant verser dans la nostalgie, et au contraire en donnant envie d’avoir la suite. Si le disque a un concept, c’est bien celui éphémère d’être écouté pour la première fois sur le chemin du concert, histoire de s’échauffer.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842972

Nous n’avons pourtant pas perçu à l’époque que nous changions de paradigme princier. Celui qui s’était toujours battu pour faire vivre ses albums, s’en désintéressait désormais totalement. Une preuve parmi d’autres : après s’être battu dix ans pour reprendre possession ses masters et les réenregistrer, il n’en a rien fait une fois les avoir récupérés. C’est aussi une époque où Prince s’englue à nouveau dans une communication opaque, multiplie des prises de position clivantes (anti-internet par exemple, alors qu’il a été précurseur dans le domaine) et produit des contenus web de plus en plus amateurs et déroutants (à voir comme une nouvelle preuve du système autarcique dans lequel il se complaisait). De même, la profusion de tournées et de concerts (toujours complets) qui se sont enchainés par la suite à travers le monde (principalement aux États-Unis) contribuera à mettre sous le tapis une inquiétante anomalie dans ses bientôt 40 ans de carrière : il ne s'est jamais passé plus d'une année entre la sortie de deux albums de Prince.

Son album suivant, Art Official Age, qui déjà de son vivant a des vibrations testamentaires, ne sortira que 4 ans après en 2014 (O ironie et boucle bouclée) chez Warner.

De son propre aveu, dans les derniers mois de sa vie, celui qui ne dormait jamais et avait déjà vécu deux ou trois vie de plus que le commun des mortels, commençait à retrouver le sommeil. Il l’envisageait peut-être comme le signe de la fin de sa carrière. Alors que nombre de fans le pensait assagi, prêt pour entamer un nouveau pan de sa carrière plus « cool » dans des clubs de jazz ou des salles prestigieuses, il surprendra jusque dans sa sortie. Entre deux réclusions dans son bunker blanc où il n’échangeait plus qu’en mode « cryptique » avec une poignée de fans sur Instagram, Prince s’est livré sur scène jusqu’à la fin dans un récital au piano où il revisitait dans la joie et surtout la peine les souvenirs d’une jeunesse qu’il n’a au fond jamais quittée.

« …and there’s always a rainbow at the end of every rain »

Titres favoris : Future Soul Song, Lavaux, Laydown
LeSachiezTu : 20ten n’est sorti que dans la presse européenne (en France, dans le Courrier International). C’est un album inédit dans le reste du monde.

La play-liste de l'article (5h40 tout de même)



Le retour de Purple Rain


Et soudain 33 ans après, Purple Rain ressort dans les bacs et sur les plateformes de streaming dans un coffret à prix cassé. 

Comme je lis quelques commentaires blasés ici et là, faisons le point :
En toute objectivité, cette réédition est un évènement musical. Point.

Retour en arrière pour ceux qui ont raté les dernières minutes : 
Purple Rain est d’abord un film, tourné fin 83 dans la banlieue de Minneapolis avec un budget art et essai et qui sera le gros carton de l’été 84. Un projet fou sur le papier décidé par Prince Rogers Nelson, 25 ans et déjà 5 albums à son actif mais à la diffusion un peu trop limitée à son gout. Prince va se construire purement et simplement sa mythologie sur celluloïd. Un peu sur le modèle de Rocky tourné quelques années plus tôt, le film faussement autobiographique et totalement autoprophétique, raconte l’histoire d’un musicien surdoué, un peu badass et au melon surdimensionné qui va dépasser ses démons, la concurrence et son entourage pour devenir une star. Star, Prince va effectivement le devenir grâce au film et à sa musique composée presque en même temps que le tournage. L’été 1984, le film, l’album et ses singles seront simultanément en tête des classements publics et critiques dans le monde entier. L'ouragan parfait à l'époque du "vidéoclip" roi : le film donnait envie d’acheter le disque, le disque poussait à aller voir le film, et en ressortant du film ceux qui avaient déjà le disque achetaient le maxi-single de Let's go Crazy.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’album original, Purple Rain par "Prince and the Revolution" c’est 9 titres dont 9 hits, dans des registres différents liés par un son électrique. Même si ce n’est paradoxalement pas le plus révolutionnaire de ses albums, Purple Rain est un précipité d’énergie, de souffre (le label Explicit Lyrics a été créé à cause de la chanson Darling Nikki), de mélodies et d’efficacité, avec une exécution zéro défaut.

Purple Rain c'est désormais un coffret de 4 disques.

Les 11 morceaux inédits du second disque offrent enfin au plus grand nombre un autre point de vue (moins calibré) sur l’artiste et la diversité des registres qu'il était capable d'aborder sur une période relativement courte (environ deux ans). En marge de la production officielle déjà abondante (un album par an pendant près de quarante ans), nombre de fans le sont restés grâce à une exploitation parallèle d’enregistrements "pirate" et d'une myriade de chutes de studio. On en retrouve quelques unes ici (Wonderful Ass ou Electric Intercourse) avec un son enfin parfait, ainsi que d’autres morceaux jusque là inconnus (notamment une version à tiroir d’une dizaine de minutes de We Can Fuck qui a elle seule justifie le coffret). La sélection des titres inédits ou des versions privilégie moins l’unité musicale que la cohérence avec l’environnement sonore du film (pourtant absent de cette édition). Plusieurs morceaux comme Possessed ou Father’s Song sont entendus dans le film mais ne figuraient pas sur l’album original. Quelque sonorités dans We Can Fuck ou Katrina Paper Dolls évoquent des passages du film.

Le troisième disque se concentre sur les versions "maxis" et les face B de cette période (rien de nouveau pour les fans, mais encore quelques "classiques" à découvrir pour les autres God, 17 days, ou Erotic City).

La cerise sur le gâteau de ce coffret est un DVD du concert de Syracuse filmé en 1985 (lors de la tournée fleuve dans la foulée du film). Plus qu’avec l’album, j’ai compris comme beaucoup d’autres en voyant ce concert dans les Enfants du Rock la même année qu’on dealait là avec quelqu’un d’exceptionnel dans toutes les dimensions du show : chant, improvisation, danse, multi-instrumentiste et un gout prononcé pour la provocation qu'elle soit sexuelle, religieuse ou artistique. Ça ne s’est jamais démenti, du moins sur scène, avec des propositions musicales sans cesse renouvelées, parfois difficiles à suivre, durant plus de trente ans.

Purple Rain sera a double tranchant pour Prince. Si le film et l'album lui ont permis d’acquérir une notoriété internationale, une assise financière et une légitimité artistique illimitée, le record pourpre serait indépassable. Purple Rain devenait aussi un piège, une référence obligée à la moindre évocation de son nom, alors que Prince est tellement plus que « seulement » Purple Rain


Prince est mort l'an passé. par surprise, à l'image de sa carrière, comme un nouveau concept album. Il n’aurait probablement pas approuvé ce coffret (il avait juste signé pour le remastering de l’album, le disque 1) comme il n’approuvait pas (euphémisme pour "procédure judiciaire systématique") les multiples enregistrements pirates, ni même la simple diffusion sur internet de sa musique. Avec ce coffret, la boite de Pandore est, timidement, ouverte. Nous allons probablement avoir accès à d’autres nouveautés qui se conjugueront toujours au passé. A l’exception de ses concerts, Prince ne regardait pas en arrière. Quand il sortait un album, il en sabordait souvent la promotion. C’était souvent déjà de l’histoire ancienne pour lui, il avait déjà trois ou quatre nouveaux albums enregistrés d’avance radicalement différents. C’est aussi cette énergie, qui semblait inépuisable, qui fascinait ses fans tout autant qu'elle les maintenait dans une dépendance plus ou moins larvée prête à se débrider à la moindre esquisse de sortie d’album ou d'annonce d'une tournée. 

L’été de la mort de Michael Jackson, j’avais une conversation avec une amie sur l’éventualité du décès de Prince (hypothèse proprement inconcevable). Je lui répondais que l’on aurait alors l'amère joie d'avoir le reste de nos vies pour enfin tout écouter pai-si-ble-ment et en découvrir encore  plus. Voilà on y est. Le spectacle est fini, l’œuvre est achevée, les lumières sont rallumées. On va rester encore un peu là. Histoire de voir s’il y n’aurait pas un truc imprévu qui déboulerait. 

"Tu sais avec Prince, on ne sait jamais".  

Purple Rain Deluxe Expanded, sorti le 23 juin, Warner/NPG, 3 CD/1 DVD, 21.99 euros.
Pour en savoir + : 
Purple Fam, histoire d’une addiction à Prince Raphaël Melki
The Rise of Prince (1958-1988), Alex Hahn, Laura Tiebert (en anglais)

Où étais-tu la nuit dernière ?

 
Journal, 21 avril 2016 > Toute la journée en montage. Je coupe les infos. A peine le temps de voir en fin d'après-midi, un partage Facebook au sujet d'un corps sans vie retrouvé à Paisley Park. Je ne m’inquiète pas plus que ça. Les filles rentrent vers 19h. En leur mettant des dessins animés sur la télé, j’aperçois un extrait de Purple Rain sur France 5. A 19h20, Prince sur une chaine nationale ? Lui qui (comme la bonne musique en général) est tricard des heures de grande écoute sur les médias depuis si longtemps. Je n’ai pas besoin de lire le synthé. Je comprends.

Prince est mort à 57 ans.

Ce moment, je ne le redoutais même pas tant il est inconcevable, surtout depuis que Prince entre apaisé dans une nouvelle phase de sa carrière et que je l’imaginais atterrir en douceur d’ici vingt ans dans des croisières souvenir pour ses anciens fans, ou dans un club de jazz, ou les deux. Je ne pleure pas. Je m’étonne même d’être totalement froid. Le téléphone vibre sans cesse. Des condoléances. Des cœurs. Des SMS. Je n’en ai jamais reçu autant et aussi vite. Je ne pensais pas avoir fait autant étalage de ma passion auprès de mon entourage et sur les réseaux. J’ai du mal à partir aux 50 ans de Jegoun. Je suis quand même sonné, ça monte. Gildan m’envoie un message :

- Tu sais ?
- Yep.

Le repas à la Comète n’est qu’un flottement cotonneux d’où je ne perçois que les échos du best-of de Michael Jackson que le patron a jugé bon de passer en boucle. Dans le brouhaha, sur l’écran d’une chaine d’info, j’aperçois Raphaël. Il a les mots justes et relève le niveau bien mal engagé tout à l’heure avec Eric Dahan qui n’a pas attendu dix minutes après l’annonce du décès de Prince pour piétiner son œuvre.

J’entraîne Gildan à la soirée hommage organisée en une heure par Schkopi au Réservoir. La première fois que j’y retourne depuis 2012 et le concert de The Family (les premiers interprètes de Nothing compres 2U). C'était le soir des 60 ans d’Eric Leeds. J’étais comme un fou, je discutais avec des légendes de mon adolescence qui ont collaboré avec Prince à des moments clés, et je filmais leur concert. Devant la salle, des visages sombres que je connais et d’autres visages, le regard tout aussi perdu, croisés au fil des années de concert en concert. J’ai presque honte de ne rien sentir, de ne rien afficher à part une décontraction de façade. Something does not compute. Nous pénétrons dans le club aux sombres éclairages pourpres alors que raisonne de la façon la plus glauque du monde sa chanson la plus triste : Sometimes it snows in april.

Sometimes it snows in april,
Sometimes I feel so bad,
Sometimes I wish life was never ending,
but all good things, they say, never last.

J’ai envie de partir.

Comment va-t-on faire ? Comment vais-je faire ? Comment ne pas parler de sa musique au passé alors que sa musique c'est lui ? Comment faire vivre tout ça ? Comment laisser la place à du nouveau tant il est inégalable ? 

Bientôt des souvenirs m’assaillent dans tous les sens : Des concerts évidemment, ceux auxquels j’ai eu le privilège (cher parfois) d’assister, mais aussi ceux que j’ai raté (ça fait partie de l’expérience, et finalement j’en garde aussi un bon souvenir. Je l’ai d’abord aimé grâce à ces centaines de concerts dont je ne connais que les enregistrements). Plein de flashs sans aucune hiérarchie sur ces petits moments qui n’ont rien et tout à voir avec lui, ces trente-trois dernières années où il m’a accompagné chaque jour. Je me souviens précisément du moment et de l’endroit où je l’ai découvert, aux balbutiements de mon adolescence. La déconcertante et magique première écoute d'Around the world in a day l'année suivante. Ce moment où j’ai clairement basculé, deux ans plus tard, avec la sortie de Sign of the Times et cette émission sur la toute jeune Skyrock diffusant l’intégralité du double album le soir même de sa sortie, les cassettes de compilation faites au collège, les paroles sur mes cahiers, les vinyles achetés à Londres en 1987 lors d'un week-end de gavage princier (disques stupidement revendus des années après), mon premier concert au Parc des princes en 90 (peut-être le moins bon de tous, et qui pourtant a été un déclencheur supplémentaire), les discussions entre fans sur Minitel, 3615 code stars, mes dessins, des heures de dessin autour de son univers (là il m’a vraiment aidé à passer des moments difficiles). Mon premier enregistrement pirate acheté 500 francs à un revendeur hollandais le Small club 2nd show that night, écouté en boucle cet été de solitude 1990 et qui est encore là sous mes yeux au moment où j’écris ces lignes. C’était tellement décoiffant musicalement, différent de ses hits et d’une qualité audio si parfaite que j’ai d’abord cru à un « fake ». Ma course aux bootlegs, mes pochettes recomposées, ces heures en sa compagnie auxquelles je ne faisais plus attention tant elles étaient naturelles, ces voyages en Europe et aux États-Unis que je planifiais toujours autour de ses concerts durant dix ans. Ces longues répétitions au palais des sports d'Anvers où il était habillé pour une fois (presque) en civil et jouait les morceaux que nous lui demandions. Cette inoubliable et improbable nuit dans un petit club à Las Vegas en 1999 après laquelle je me suis dit : « OK c’est bon. Ce que je viens de vivre pendant des heures est indépassable ».

Le New Morning dix ans après me prouvait que, oui, cela pouvait encore être dépassé.


Même si parfois il m’énervait, et que je m’en éloignais, il était toujours dans mon air. Ayant une défiance pour la vénération aveugle, je me suis toujours défendu d’être le "vrai fan" (ce qui m’a d’ailleurs connement fait rater pas mal de concerts y compris une fois juste en bas de chez moi) sans toutefois jamais cacher ma passion pour sa musique et son énergie (elles étaient trop consubstantielles de ma vie pour pourvoir les dissimuler). Mais cette nuit, au fil des heures les enchainements du DJ ReverendP et l’alcool font leur effet.

How can you just leave me standing  ? Alone in a world that's so cold.

Je craque sur une chanson "inoffensive" Beautiful, loved and blessed, une de ces ballades récentes sur lesquelles, entre les démos, les avalanches d’enregistrements inédits, de concerts, mon attention glissait jusqu’à présent. Cette nuit, cette chanson est une flèche tirée de l'au-delà qui me perce le cœur. Je pleure et bats la mesure. La joie et la peine, comme le sentiment amoureux. L’être aimé n’est jamais assez là. Même quand il est là. C’est exactement ce que je ressens. C'est ce que j’ai toujours ressenti avec Prince, avec des débordements parfois, une distance raisonnée à d’autres moments, ou en le refusant, tout simplement parce qu’un amour trop intense vous empêche parfois de vivre.

Body don’t wanna quit, gonna get another hit.

Dans les larmes, je bricole une cohérence à tout cela : cette dernière tournée énigmatique où il joue seul au piano (je dois avouer que ce trop-plein soudain m’agaçait alors qu’il snobait stupidement en live cet instrument dans lequel il excelle aussi bien, voire mieux, que dans les autres) et la reprise de Heroes depuis quelques semaines (lui qui n’a jamais joué du Bowie) sur cette même tournée. Même les paroles que je considérais être son seul point faible prennent une autre dimension, de Let’s go Crazy aux dernières secondes du dernier morceau de son dernier album. Je ne m’étais pas inquiété sur sa santé. Je m’inquiétais sur ses choix artistiques et commerciaux récemment, mais j’étais déterminé à rester insensible à sa personne (toujours ma vigilance à ne pas tomber dans le fanatisme), et je n’ai pas prêté d'importance à ce que j’interprète maintenant comme des signes. Sauf bizarrement la veille de son décès, où j’écoutai religieusement une émission de FIP qui lui était consacrée, en postant sur Twitter un commentaire sur chaque chanson (ce que je ne fais jamais). Expérience décalée qui ajoute au côté surréel de ma nuit blanche.

I’m gonna dance my life away.

Nous écoutons très fort sa musique jusqu’à très tard. On danse, on rit, on pleure. Comme dans un concert de Prince, plein d'inconnus sont au diapason de la même émotion. C’est ce qu’il fallait. Un énorme merci à Raphaël. Nous marchons à l’aube. Comme d’hab. Comme après le concert surprise  du Bataclan, toujours en 99, où à peine sorti, usé mais heureux, il fallait reprendre une journée de montage dans la foulée. Je dis au revoir à Gildan à Bastille. Il me rend mon casque qu’il avait gardé dans son sac. Et j'écoute encore celui que j'écoute au moins une fois par jour depuis trois décennies.

En me demandant de quoi demain sera fait.



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