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À partir d’avant-hierLes Crises

En Europe, le Centrisme libéral est en voie de disparition

Les centristes européens prétendent souvent défendre les valeurs libérales contre les menaces populistes. Pourtant, à l’approche des élections européennes de juin, les libéraux adoptent les discours de l’extrême droite sur tous les sujets, depuis le climat jusqu’à l’immigration, et cela ne leur permet pas d’améliorer leurs faibles scores dans les sondages.

Source : Jacobin, Francesca De Benedetti
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen (G), serre la main du président français Emmanuel Macron après des entretiens au palais présidentiel à Paris, le 21 juin 2022. (Ludovic Marin / POOL / AFP via Getty Images)

Avant même les élections européennes de juin prochain, l’Union européenne a perdu son centre. Il semble que le bloc ne puisse plus compter sur le groupe politique libéral de l’UE, connu sous le nom de Renew, comme étant le fléau de la balance.

L’exemple le plus récent est incarné par le président français Emmanuel Macron. Il avait promis de battre l’extrême droite, et on le retrouve faisant passer une loi sur l’immigration en s’appuyant sur les voix du Rassemblement national. Que ce soit en raison de ses politiques néolibérales, de sa rhétorique qui est désormais mâtinée de propagande d’extrême droite, ou d’une complicité pure et simple, Macron a ouvert la voie à Marine Le Pen pour lui succéder en tant que présidente. On pourrait dire exactement la même chose du principal membre néerlandais de Renew (Parti populaire pour la liberté et la démocratie, VVD) en ce qui concerne l’éternel candidat anti-immigration de ce pays, Geert Wilders.

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Les dirigeants de l’Union européenne sont accros à l’austérité budgétaire

La pandémie a révélé la fragilité des services publics européens après des années d’austérité. Le Conseil européen soutient un nouvel ensemble de règles fiscales austéritaires, imposant des coupes budgétaires estimées à 100 milliards d’euros, qui frapperont le plus durement les classes populaires.

Source : Jacobin, Marc Botenga
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse après le sommet du Conseil européen à Bruxelles, Belgique, le 15 décembre 2023. (Jonathan Raa / NurPhoto via Getty Images)

Après une pause de quatre ans, les gouvernements et les institutions européennes – y compris les sociaux-démocrates – ont décidé de relancer l’austérité en imposant pour l’année prochaine des coupes budgétaires pouvant atteindre 100 milliards d’euros. Il s’agit d’une nouvelle attaque contre la classe ouvrière, qui devra faire face à des suppressions d’emplois, à des baisses de salaires, à une détérioration des conditions de travail, et à un nouveau sous-financement des services publics. Et nous sommes déjà passés par là.

Les conséquences de la crise économique de 2008 ont donné le coup d’envoi à une vague de mesures d’austérité en Europe, alors que les États membres subissaient le poids de la crise financière et des interventions visant à sauver les banques. En 2010, la Grèce a été contrainte de mettre en œuvre de sévères mesures d’austérité. Cela a déclenché un mouvement de résistance qui a débouché en 2015 sur un bras de fer entre le gouvernement dirigé par Syriza et les institutions européennes.

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L’aide économique américaine à la France, 1940-1953. Relecture du plan Marshall, par Jacques Sapir

Par : Sapir

La question de « l’aide » américaine à la France et généralement aux puissances européennes dans les années 1940-1950 est un sujet passionnant mais aussi d’une brûlante actualité au regard de la politique américaine vis-à-vis des pays européens depuis maintenant plusieurs années, et en particulier dans le cadre des opérations militaires en Ukraine. Cette question se double d’une autre : l’évaluation du « plan Marshall ».

Ce dernier est en effet devenu le symbole d’une aide supposée désintéressée et efficace au relèvement des pays d’Europe occidentale, au point qu’il est utilisé désormais dans le langage commun : on a évoqué un « plan Marshall pour les banlieues »et aujourd’hui on parle d’un « plan Marshall pour la rénovation des logements ». Il est ainsi devenu le synonyme de ce que l’on doit, ou que l’on devrait, faire dans certaines circonstances. Mais, le plan Marshall originel justifiait-il ces jugements et cet enthousiasme ? Depuis maintenant aux moins deux dizaines d’années, on assiste à une relecture nettement plus critique.

Un livre important, un livre dérangeant, un livre critiquable

C’est donc dans ce contexte qu’Annie Lacroix-Riz a publié en octobre 2023 un livre important et imposant sur les origines du plan Marshall[1]. Important, il l’est par son sujet. Le débat a commencé depuis maintenant plus de vingt ans sur les motivations profondes de l’engagement des États-Unis dans ce que l’on appelle le plan Marshall ou ERP (Emergency Recovery Program). Imposant, il l’est par sa forme (571 pages), mais aussi par des sources très importantes. Avertissons immédiatement le lecteur, c’est un livre à thèse. L’autrice y défend celle d’une aide américaine pensée exclusivement au service des États-Unis et dans le but d’asseoir une domination totale de ces derniers sur les pays européens. Le titre du premier chapitre de l’ouvrage le prouve. Il s’intitule « la quête américaine de l’hégémonie en Europe ».

Mais, ce livre ne se limite pas à cela. Il porte aussi une seconde thèse qui est celle du ralliement des élites françaises au projet américain, dans la continuité pour certaines de leur précédent ralliement au projet nazi. Cette dernière thèse, qui est dans la continuité d’ouvrages précédents d’Annie Lacroix-Riz[2], contribue cependant à brouiller la première. En effet, elle empiète et réduit l’étude du plan Marshall, et en particulier de ses conditions d’application, notamment, mais pas seulement, de l’importance de l’OECE (la future OCDE) qui fut créée spécifiquement pour coopérer avec l’Economic Cooperation Administration qui devait gérer le plan Marshall[3] et de l’Union Européenne des Paiements[4]. Au vu de l’importance de l’ouvrage, cela est regrettable. La question des élites avait été traitée de manière exhaustive dans trois précédents ouvrages, et elle n’aurait du occuper qu’une place mineure dans celui-ci.

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Une tragédie humaine : plus de 2 500 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée en 2023

Les routes terrestres empruntées par les migrants à travers l’Afrique subsaharienne et les points de passage maritimes en Libye et en Tunisie sont également extrêmement dangereux en raison des guerres et des conflits locaux. Ceux qui survivent à la périlleuse traversée maritime sont souvent harcelés par un réseau d’agences dans les pays européens.

Source : ScheerPost, Peoples Dispatch
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Migrants à bord d’un bateau pneumatique avant leur sauvetage coordonné par un navire militaire américain près de l’Espagne en 2016. (US Navy, Wesley R. Dickey, Wikimedia Commons, Public domain)

Plus de 2 500 personnes sont mortes ou ont disparu en essayant de traverser la mer Méditerranée pour atteindre l’Europe en septembre de cette année, a déclaré le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un énorme bond par rapport au chiffre de l’année dernière pour la même période, qui s’élevait à 1 680.

Le directeur du HCR, Ruven Menikdiwela, a déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies, lors d’une réunion le jeudi 28 septembre, que malgré le nombre accru de décès et d’accidents, l’afflux de migrants en Europe n’a pas ralenti et qu’il n’y a aucune raison de croire qu’il le fera dans un avenir proche.

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Crise migratoire : l’incapacité politique favorise l’autoritarisme et la militarisation

Plusieurs personnalités politiques européennes de premier plan se sont rendues sur l’île italienne de Lampedusa, présentée comme le symbole d’un continent submergé par les immigrants. Pourtant, le problème vient avant tout d’une incapacité politique à créer des itinéraires sûrs pour les personnes concernées.

Source : Jacobin, Nathan Akehurst, Joe Rabe
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen (à gauche), et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni (à droite), se rencontrent lors d’un événement organisé dans le cadre de la crise des migrants sur l’île de Lampedusa, en Italie, le 17 septembre 2023. (Valeria Ferraro / Anadolu Agency via Getty Images)

La petite île de Lampedusa est en quelque sorte un radeau de sauvetage naturel. Bien qu’appartenant à l’Italie, elle se trouve à une centaine de kilomètres de la côte tunisienne, ce qui en a fait un lieu de débarquement stratégique tout au long de l’histoire – et un abri naturel pour les personnes en quête de sécurité.

La semaine dernière, en un peu plus de vingt-quatre heures, plus de sept mille personnes sont arrivées sur l’île. Bien que les traversées aient déjà atteint des sommets de quelques milliers de personnes, ce nombre est exceptionnellement élevé. En arrivant au terme de leur voyage dans des mers impitoyables, ces gens ont eu de la chance. En 2015, cette route est devenue la plus meurtrière au monde. Mais même après avoir atteint un lieu qu’ils supposaient sûr, il est devenu évident que leur calvaire n’était pas terminé. On a laissé des milliers de personnes dormir dehors en pleine chaleur, avec peu ou pas de nourriture ni d’eau, et beaucoup d’entre elles ont été encerclées et tabassées par la police.

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Toujours plus à droite : l’Europe d’Ursula von der Leyen

Le discours d’Ursula von der Leyen sur l’état de l’Union montre qu’elle concentre de plus en plus de pouvoir entre ses mains. Non seulement les partis d’extrême droite progressent sur le continent, mais la première responsable de l’Union européenne défend leur programme.

Source : Jacobin, Francesca de Benedetti
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, prononce son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen à Strasbourg, en France, le 13 septembre 2023. (Stefan Wermuth / Bloomberg via Getty Images)

Ursula von der Leyen, chef de la Commission européenne, concentre de plus en plus de pouvoirs entre ses mains, et ce parallèlement à la dérive droitière de l’Union européenne.

S’arroger des pouvoirs illimités a toujours été une tentation pour les dirigeants européens de droite. Il y a dix ans, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a commencé à théoriser la « démocratie illibérale ». Il a été suivi en 2019 par Matteo Salvini, chef de la Lega (droite dure), qui a réclamé les « pleins pouvoirs » pour changer l’Italie.

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L’identité européenne n’est pas un antidote au nationalisme

Les partisans de l’Union européenne la qualifient souvent d’antidote au nationalisme. Pourtant, aujourd’hui, l’Union durcit ses frontières face au monde extérieur. Les citoyens ne parvenant pas à infléchir son orientation économique générale, l’UE est de plus en plus obsédée par son identité.

Source : Jacobin, Michael Wilkinson
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les drapeaux de l’Union européenne flottent devant le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles, le 7 décembre 2020. (Kenzo Tribouillard / AFP via Getty Images)

Critique de l’ouvrage Eurowhiteness : Culture, Empire et Race dans le projet européen par Hans Kundnani (Hurst Publishers)

« Lorsque l’Allemagne a assumé la présidence semestrielle de l'[Union européenne] en 2020, elle a choisi le slogan « Tous ensemble pour relancer l’Europe », raconte Hans Kundnani dans son nouveau livre, Eurowhiteness. « Le gouvernement allemand avait donc adopté un slogan du type de l’administration Trump, Make America Great Again, mais, parce qu’il s’appliquait désormais à une région plutôt qu’à une nation, il imaginait que cela allait le transformer en l’opposé de ce que Trump avait eu en tête. »

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Le capitalisme européen sur modèle allemand est à bout de souffle

Pendant le règne d’Angela Merkel, l’intégration européenne néolibérale a servi de cadre à la croissance allemande alimentée par les exportations. Mais la guerre sur le continent et une série de crises ont montré les limites de ce modèle, provoquant des scissions au sein du gouvernement d’Olaf Scholz.

Source : Jacobin, David Karas
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le chancelier allemand Olaf Scholz s’adresse à la presse alors qu’il arrive pour le premier jour d’un sommet au Conseil européen à Bruxelles, le 17 juillet 2023. (Emmanuel Dunand / AFP via Getty Images)

Lorsque les grands noms du libéralisme comme l’Economist, Der Spiegel, Politico ou le Financial Times s’empressent d’enterrer votre héritage politique en déplorant vos « occasions ratées », on peut vous pardonner de prendre la chose un peu personnelement. C’est particulièrement le cas si vous vous appelez Angela Merkel et que vous vous accrochez encore à ce vieux numéro du Time qui vous salue comme la « chancelière du monde libre ».

Le mandat de seize ans de Merkel à la tête de l’Allemagne a permis à l’Europe de faire preuve d’une résilience néolibérale à toute épreuve. Son long règne illustre parfaitement l’art consistant à masquer la spirale de malheur apparemment sans fin, reliant l’effondrement financier mondial, la crise de la dette européenne, en passant par le référendum de Syriza, la crise des réfugiés de 2015, le Brexit, Donald Trump et la crise de la COVID-19.

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L’aide financière à l’Ukraine a-t-elle siphonné le budget de l’UE ? Le Green Deal est-il en danger ?

Comme l’a expliqué Mme Von der Leyen, les États membres de l’UE devront faire des contributions complémentaires au budget de l’UE, à hauteur de 66 milliards d’euros au total, afin de pouvoir passer le cap de 2023.

Source : The AltWorld, Alastair Crooke
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le « Green Deal » de l’UE devait coûter 620 milliards d’euros. Tout le monde était d’accord. Cependant, comme le rapporte Eurointelligence [Eurointelligence est un service spécialisé dans l’actualité et l’analyse de l’UE et de la zone euro, NdT], il se retrouve aujourd’hui pratiquement sans financement, en raison de l’aide « somptueuse » accordée à l’Ukraine. La Commission ne dispose plus que de tout juste 82,5 milliards d’euros. Des clopinettes ! Le programme vert devrait donc disparaître de la scène politique.

La semaine dernière, le président Macron (prenant en compte les réalités économiques) a commencé à revenir sur les mesures vertes : L’Europe, a-t-il dit, « est allée bien assez loin ». Cette semaine, le Parti populaire européen envisageait, semble-t-il, de retirer son soutien au « Green Deal » de la Commission européenne, lequel comprend, entre autres, un objectif européen d’élimination des émissions nettes carbone d’ici 2050.

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Turquie : La détermination d’Erdoğan à rentrer dans l’UE n’est pas qu’un effet de manche

Après avoir joué pendant des années sur l’angoisse de la population face à l’eurocentrisme, l’homme fort de la Turquie, couronné de succès, voit désormais dans l’Occident un moyen de sortir de ses problèmes.

Source : Responsible Statecraft, Philip Balboni
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan (Shutterstock/Alexandros Michailidis)

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a pris les dirigeants occidentaux de court la semaine dernière à Vilnius, en annonçant qu’il soutenait la candidature de la Suède à l’OTAN tout en réitérant son intérêt pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, demande que la Suède, à son tour, s’est engagée à soutenir.

Au lendemain d’une élection présidentielle très surveillée, qu’Erdoğan a remportée en jouant sur les questions de souveraineté nationale et de politique identitaire, son retour sur le sujet de l’adhésion à l’UE a surpris nombre d’observateurs de la Turquie. Certes, Erdoğan veut les F-16 des États-Unis tout comme il veut affaiblir la capacité d’accueil de l’Europe. Mais après des années durant lesquelles il n’a montré que bien peu d’intérêt pour une reprise des négociations concernant une adhésion à l’UE (ce que l’opposition turque avait promis de faire si elle était élue), aurait-il vraiment envie de relancer la question aujourd’hui ?

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Alors que l’Italie et la Grèce sont en flammes, leurs dirigeants sont obsédés par l’immigration

Les dirigeants de l’UE jouent la carte de la peur concernant l’immigration tout en ne prenant pas la mesure des menaces réelles et meurtrières que fait peser le changement climatique. L’ensemble de la région euro-méditerranéenne devrait se mobiliser et coopérer pour venir en aide aux personnes déplacées, lutter contre les géants du secteur des énergies fossiles et s’engager résolument sur la voie de la décarbonation.

Source : Jacobin, Nathan Akhehurst
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

A Apollana, Rhodes, Grèce, le 27 juillet 2023, on voit un homme prêt à combattre les flammes qui ravagent le flanc d’une colline. (Dan Kitwood / Getty Images)

L’Europe brûle. Rome a battu son record de chaleur de près de 43°C, qui ne date que d’un an, et certains hôpitaux italiens ont signalé que le nombre de patients hospitalisés atteignait des niveaux identiques à ceux de la période COVID. Des vols spéciaux ont été affrétés vers Corfou et Rhodes pour évacuer les touristes menacés par les incendies qui ravagent les îles grecques, tandis que la population locale en subit les conséquences. Même les Alpes affichent des températures de plus de 38°C. De l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie a enregistré sa nuit la plus chaude de toute l’histoire de l’Afrique.

La crise est mondiale, et nécessite un leadership mondial : des températures extrêmes et des inondations ont frappé partout, depuis les États-Unis, jusqu’à la Chine, au Brésil et sur le sous-continent asiatique. Les structures politiques supranationales existantes, telles que l’Union européenne (UE), pourraient – et devraient – être à la pointe de la riposte. Pourtant, alors que la terre se craquelle, que les arbres s’embrasent et que les réserves s’épuisent, le regard de l’Europe est résolument tourné dans la mauvaise direction.

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Le triomphe de la droite autoritaire en Grèce correspond aux souhaits de l’UE

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis est fait du même bois que le hongrois Viktor Orbán, attaquant la liberté de la presse et brutalisant les réfugiés. Les principaux acteurs de l’UE ont soutenu Mitsotakis à bout de bras et sa position politique dominante a été forgée à Berlin et à Bruxelles.

Source : Jacobin, Daniel Finn
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2023. (Nicolas Economou / NurPhoto par Getty Images)

Les deuxièmes élections législatives en Grèce dimanche dernier ont confirmé le résultat désastreux des premières. Un conservateur visé par des scandales, qui a fait l’étalage de son mépris pour les droits démocratiques, Kyriakos Mitsotakis, s’est assuré un deuxième mandat au pouvoir avec 40% des voix. Un bloc substantiel d’extrême droite, divisé en trois parties, va aussi entrer au Parlement, tandis que la gauche grecque a subi une défaite écrasante.

Mitsotakis doit sa position actuelle aux acteurs dirigeants de l’Union Européenne, de membres de la Comission européenne aux politiciens nationaux comme Angela Merkel et Jeroen Dijsselbloem. Ils ont organisé une démonstration sans précédent de force économique en 2015 pour soumettre les citoyens grecs et éradiquer l’insurection populaire contre le vandalisme économique. Une fois avoir dégagé le chemin du pouvoir pour Mitsotakis dans un contexte de profonde démoralisation, ses partenaires européens ont toléré et permis ses détestables abus de pouvoir.

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Vers un nouvel ordre mondial ? par Jacques Sapir – [Russeurope-en-exil]

Par : Sapir

Ce texte a été rédigé à la suite de la 65ème session du séminaire Franco-Russe co-organisé par le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation de l’École de Guerre Économique (Paris) et par l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences de Russie (Moscou). Ce séminaire s’est tenu les 3-5 juillet derniers à la fois en distanciel et en présentiel et a été hébergé dans les locaux de l’École de Guerre Économique que je tiens à remercier. Il a réuni des chercheurs français, russes, mais aussi arméniens et du Belarus. Il témoigne de la volonté de ces chercheurs de maintenir, en dépit des circonstances actuelles, une coopération scientifique entre la France et la Russie.

Ce texte est rédigé suivent les règles de Chatham House. Les interventions des participants sont anonymes. Par contre, des références sont faites aux documents présentés dans le cours du séminaire. L’auteur de ce texte remercie ses collègues pour les remarques et les contributions faites durant le séminaire. Il demeure seul responsable des erreurs et omissions du présent texte.

Les hostilités en Ukraine ont accéléré, mais non créé, un changement dans l’ordre mondial de première importance. L’ordre mondial, tel qu’il existait depuis la dissolution de l’URSS (1991) et tel qu’il dérivait de la seconde guerre mondiale a été mis à bas. La puissance dominante, les États-Unis, s’est vu contestée ; sa capacité à construire une hégémonie sur les autres puissances s’est probablement effondrée. Un groupe de puissances émergentes (cas de la Chine, de l’Inde et du Brésil) ou ré-émergente conteste non seulement son hégémonie, mais aussi se capacité à définir les institutions mondiales. L’organisation du monde, qui reposait sur le multilatéralisme définissant alors les modalités de la globalisation (ou « mondialisation ») et qui prétendait reposer sur des règles a-politiques est entrée en crise. Les relations internationales se sont brutalement repolitisées. Mais, cette re-politisation s’accompagne aussi d’une forme de désoccidentalisation du monde qui, dans les représentations des acteurs, peut s’apparenter à une seconde décolonisation, venant renouveler et achever le processus des années 1960 et 1970. Des termes nouveaux sont apparus, comme « Occident collectif » et « Sud collectif ». Si la circulation des marchandises, des flux financiers et des capitaux est remise en cause, c’est dans le domaine monétaire mais aussi le domaine informationnel que le polycentrisme et la fragmentation de l’espace sont les plus évidents. Le rêve d’un « village global » tel que l’avait défini McLuhan semble mort.

Ces transformations, et c’est en ceci qu’elles sont paradoxales, ont été initiées par l’ancienne puissance dominante, les États-Unis. Mais, elles lui ont échappé et ont acquis leurs dynamiques propres. Le dilemme de Triffin en est à l’origine[1].

La question centrale qui se pose désormais est de savoir si un ordre global pourra être recomposé ou si des ordres régionaux, maintenant certes des relations entre eux mais se développant de manière autonome et construisant leurs propres systèmes de valeurs et de représentations, ne seront pas la solution d’avenir pour les années qui viennent.

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Comment l’économie russe a déjoué les mesures de « guerre économique » de l’Occident

Par : Sapir

Ce texte a été rédigé à la suite de la 65e session du séminaire Franco-Russe co-organisé par le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation de l’École de Guerre Économique (Paris) et par l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences de Russie (Moscou). Ce séminaire s’est tenu les 3-5 juillet derniers à la fois en distanciel et en présentiel et a été hébergé dans les locaux de l’École de Guerre Économique que je tiens à remercier. Il a réuni des chercheurs français, russes, mais aussi arméniens et du Belarus. Il témoigne de la volonté de ces chercheurs de maintenir, en dépit des circonstances actuelles, une coopération scientifique entre la France et la Russie.

Ce texte est rédigé suivent les règles de Chatham House. Les interventions des participants sont anonymes. Par contre, des références sont faites aux documents présentés dans le cours du séminaire. L’auteur de ce texte remercie ses collègues pour les remarques et les contributions faites durant le séminaire. Il demeure seul responsable des erreurs et omissions du présent texte.

Comment l’économie russe a-t-elle résisté aux sanctions prises depuis fin février 2022 ? Cette question a beaucoup agité les esprits avec souvent plus de propagande que de faits réels. Rappelons que les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début des hostilités en Ukraine ont été profondes et étendues[1]. Elles viennent s’ajouter aux sanctions mises en place après les événements de 2014[2]. Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe.

Ces sanctions ont eu un impact, qui a été et qui est toujours, reconnu par les autorités russes. Mais la question était, et reste de savoir combien. Au final, pour 2022, la croissance, qui était de 3,5% dans les deux mois précédant les sanctions, s’est transformée en une récession de -2,1%. Cela est certes significatif mais cela reste bien moins que ce qui avait été initialement prévu, avec des chiffres annoncés de -8% à -10%. De toute évidence, l’économie russe ne s’est pas effondrée, que ce soit financièrement ou économiquement et l’impact réel des sanctions soulève de nombreuses discussions.

Par ailleurs, l’économie russe semble avoir retrouvé, à la fin du 1er semestre 2023 une croissance assez robuste. Ainsi, l’industrie russe connait depuis la fin du premier trimestre 2023 des résultats que l’on peut qualifier d’excellents. Les volumes et niveaux de production ont retrouvé ce qu’ils étaient avant les sanctions. Fait important, ceci concerne toutes les branches et pas seulement celles qui sont à potentialités militaires. Par contre, une étude microéconomique montre que l’impact des sanctions n’a pas encore été effacé, même s’il est à l’évidence en voie de résorption. L’industrie russe a retrouvé son efficacité mais pas encore son efficience. Autrement dit, l’économie, et l’industrie, ont retrouvé les volumes de production du début de 2022, mais avec une productivité du travail qui, elle, a baissé

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La guerre de l’Europe contre les réfugiés facilite l’ascension de l’extrême droite

Des deux côtés de l’Atlantique, les droits internationaux fondamentaux des réfugiés ne cessent de régresser.

Source : Truthout, David Goeßmann
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Une voiture de police passe devant la porte principale du nouveau camp de réfugiés sur l’île de Samos, en Grèce, le 18 septembre 2021. SOCRATES BALTAGIANNIS / PICTURE ALLIANCE VIA GETTY IMAGES

L’Union européenne livre une guerre aux réfugiés.

Le gouvernement italien d’extrême droite a récemment déclaré l’état d’urgence et verrouillé hermétiquement ses ports. Les autres États membres de l’UE détournent le regard.

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Des crises économiques, bancaires et financières à l’horizon et des « suspects habituels », par Jacques Sapir

Par : Sapir

Une nouvelle crise économique internationale est clairement à l’ordre du jour pour de nombreux commentateurs[1]. La multiplication des problèmes dans les systèmes bancaires de plusieurs pays, aux États-Unis avec la Silicon Valley Bank, puis la First Republic Bank, en Suisse avec le sauvetage de Crédit Suisse, en Allemagne avec Deutsch Bank, ont ravivé les craintes d’une crise financière majeure, comme en 2008-2009. Mais, d’autres problèmes se profilent à l’horizon, comme la croissance atone des pays de l’Union européenne combinée avec une hausse de l’endettement public et le ralentissement brutal de l’économie américaine.

Ceci survient alors que les économies n‘ont pas encore complètement récupéré de la crise liée à la Covid-19 et se débattent dans une inflation inconnue depuis les années 1970. Enfin, la fragmentation progressive des relations commerciales internationales, un processus rampant depuis la fin de la crise financière de 2008-2009 mais qui s’est accéléré brutalement avec les sanctions prises par les pays occidentaux contre la Russie, inquiète tant les organisations internationales que les économistes[2]. Ce dernier problème est lié à l’érosion de la prééminence américaine, dorénavant mise en cause par l’ascension de la Chine à la première place et la montée en puissance de l’Inde, et plus généralement par l’émergence du groupe de pays que l’on nomme les BRICS[3]. Tout cela fait de nombreuses causes potentielles de crise. Pourtant, ces différents problèmes ne sont pas tous dans la même temporalité. Leur conjonction reste hypothétique même si leur existence est suffisante pour créer une inquiétude diffuse.

Il est donc clair qu’aujourd’hui l’économie mondiale est entrée dans une zone de forte instabilité. Mais, le constater n’implique pas nécessairement que cette instabilité va déboucher sur une crise mondiale majeure.

Quand surviennent des crises internationales ?

Un rappel ici s’impose : les grandes crises internationales, que l’on pense à la crise asiatique et russe des années 1997-1999, celle liée à la bulle des valeurs internet au tout début des années 2000 ou à la crise des « subprimes » de 2008, se sont produites dans des situations de relative euphorie économique[4]. C’est d’ailleurs pour cela que ces crises, qui auraient pu n’être que limitées, ont pris la dimension qui fut la leur. La période d’euphorie précédant la crise avait créé une atmosphère propice au relâchement de l’attention des responsables, tant publics que privés, et à un affaiblissement des institutions régulatrices. C’est ainsi que, fin janvier 2008, M. Koudrine, alors Ministre des finances de la Fédération de Russie, s’était moqué des difficultés des banques américaines et avait vanté la place de la Russie comme « havre de paix » dans la finance[5]. C’était effectivement vrai en janvier 2008, mais il n’avait visiblement pas compris que si la crise bancaire devenait ouverte aux États-Unis, ses conséquences en seraient mondiales et que nul pays ne pourrait y échapper. Ce fut très exactement ce qui se passa quand Lehman Brothers fit faillite en septembre 2008. Dans la panique générale, les banques occidentales retirèrent massivement leurs capitaux de Russie qui, de plus, fut confrontée à une chute brutale du prix du pétrole du fait de l’effondrement de la demande solvable. L’euphorie économique, ou financière, est généralement très mauvaise conseillère.

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Le plan industriel du Pacte vert de l’UE est une aubaine pour les entreprises

Pour répondre à la loi sur la réduction de l’inflation [Il s’agit d’une loi des États-Unis qui vise à freiner l’inflation et qui, entre autres mesures, représente un énorme investissement dans la production d’énergie domestique tout en promouvant l’énergie propre, NdT] l’UE a dévoilé son propre plan industriel vert. Ce plan n’a pas grand-chose à voir avec une véritable décarbonation, mais il distribue de l’argent public aux grandes entreprises, alimentant ainsi une course mondiale entre oligopoles de « technologies propres ».

Source : Jacobin Mag, Alexandra Gerasimcikova
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Rainer Hopp, contremaître du département d’inspection finale des véhicules à la Transparent Factory, lors d’une séance photo à l’occasion de la première mondiale numérique du modèle électrique de la Volkswagen ID.3 (Robert Michael / picture alliance via Getty Images)

Un « moment à la hauteur des premiers pas sur la lune ». En 2019, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est exprimée dans un langage audacieux pour annoncer son intention de faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone. Pourtant, le Green Deal s’est avéré être davantage une « affaire de technocrates à Bruxelles » – et de surcroît fondamentalement bancale. Peu d’argent neuf a été mis sur la table, et le secteur privé et financier a été fortement privilégié, les fonds publics étant destinés à rendre les projets rentables pour les investisseurs. Ne prévoyant qu’un maigre budget pour compenser les impacts de la décarbonation dans les régions dépendantes des combustibles fossiles, ce programme n’allait certainement pas être en mesure d’amorcer une transition verte équitable.

Aujourd’hui, plus de trois ans après, Mme Von der Leyen donne une suite au Green Deal avec le « Plan industriel du Pacte vert » (PIPV). Ce plan est censé garantir que l’Europe aura une place de premier choix dans une nouvelle « ère industrielle à zéro émission nette » en maximisant les investissements dans la fabrication de technologies propres sur le continent. Si quiconque nourrissait encore l’espoir de voir l’Union européenne se doter d’une politique industrielle verte d’envergure, ce plan – annoncé, et c’est révélateur, lors du récent Forum économique mondial de Davos – l’a définitivement anéanti.

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Expulsion des réfugiés : L’UE intensifie surveillance et répression au mépris de la vie humaine

Lors d’un récent sommet spécial de l’Union européenne, qui s’est tenu à Bruxelles, les États membres se sont engagés à augmenter les fonds destinés à la surveillance des frontières et à l’expulsion des réfugiés. Il s’agit de la dernière mesure en date du projet européen de durcissement des frontières au mépris flagrant de la vie humaine.

Source : Jacobin Mag, Nathan Akehurst
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des migrants descendent d’un bus au centre d’accueil Tariq al-Matar avant d’être expulsés vers leur pays d’origine, à Tripoli, en Libye, le 24 avril 2022. (Hamza Turkia / Xinhua via Getty Images)

Pour ses partisans centristes comme pour ses opposants conservateurs, l’Union européenne a pour la plupart représenté un visage libéral sur la scène mondiale, l’antithèse du nationalisme effronté de Trump. Et pourtant, c’est maintenant l’Europe qui crie « Construisez le mur », alors que la semaine dernière, le Conseil spécial de l’UE a promis de nouveaux fonds « substantiels » pour les armes, la surveillance et l’accélération des déportations.

Le débat qui a précédé le Conseil spécial a été plus houleux que jamais. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a passé la semaine précédente à faire office de déléguée syndicale pour les nativistes européens, [Mouvement né aux USA s’opposant à toute nouvelle immigration, NdT] exigeant encore plus de fonds pour les clôtures aux frontières et des contrôles plus stricts. Elle a été rejointe par son homologue conservateur suédois Ulf Kristersson. Le fait que la Suède assure désormais la présidence du Conseil de l’UE n’a jamais été de bon augure pour le sommet.

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OPEP+, BRICS : Fin de l’Histoire pour l’Occident ?

Les changements historiques dans la politique mondiale se produisent très lentement. Ce n’était pourtant pas le cas lorsque les États-Unis ont fait leur entrée sur la scène mondiale. Cela s’est produit assez soudainement en 1898, avec l’invasion de Cuba : la vieille Europe a observé la situation avec une anxiété palpable… Le Manchester Guardian, à l’époque, a rapporté que presque tous les Américains avaient fini par adhérer à ce nouvel esprit expansionniste. Les rares critiques sont « simplement moqués pour leur peine ». Le Frankfurter Zeitung mettait en garde contre « les conséquences désastreuses de leur exubérance » mais se rendait compte que les Américains n’écouteraient pas.

Source : Strategic Culture, Alastair Crooke
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

En 1845, un article non signé avait déjà donné naissance au slogan « Destinée manifeste », selon lequel l’Amérique avait pour vocation de s’étendre et d’occuper les terres des autres. Sheldon Richman, dans America’s Counter-Revolution, a écrit que cette dernière vision avait clairement « l’Empire en tête. »

Cette philosophie de la « destinée » a marqué un tournant par rapport à l’ancienne dynamique de décentralisation, et le début de l’impulsion américaine vers un rayonnement impérial totalisant qui lui a succédé. (Bien entendu, tout le monde n’était pas de la partie – les premiers conservateurs américains étaient de tendance burkéenne, c’est-à-dire qu’ils se méfiaient de l’ingérence étrangère).

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EN FINIR AVEC L’UNION EUROPÉENNE, CETTE OLIGARCHIE QUI NOUS MÈNE À LA RUINE – Olivier Delorme

Olivier DELORME est historien et romancier, auteur notamment des trois tomes de « La Grèce et les Balkans du Ve siècle à nos jours » et de « 30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe » aux Éditions H&O. Il vit en Grèce désormais, sur une petite île proche de la côte Turque.

Dans cet entretien par Olivier Berruyer pour Élucid, Olivier Delorme pourfend tous les mythes de l’Union européenne : L’Europe de la paix, l’Europe qui protège, l’Europe sociale… Il démontre que cette institution est en réalité antidémocratique, oligarchique, et menace nos intérêts économiques tout en anéantissant la voix de la France sur le plan géopolitique. Un état des lieux sans langue de bois, pour regarder la vérité en face : une coopération est nécessaire, mais pas au prix de l’anéantissement de la souveraineté des peuples.

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UNION EUROPÉENNE, SYSTÈME BANCAIRE, PRIX : L’ÉTAT AU SERVICE DU MARCHÉ – David Cayla

David Cayla est économiste, membre des économistes atterrés. Ses travaux portent principalement sur l’économie de l’Union européenne, sur le néolibéralisme et l’histoire de la pensée économique. Auteur avec Coralie Delaume de « La Fin de l’Union européenne (Michalon 2017) » il vient de publier « Déclin et chute du néolibéralisme: Covid, inflation, pénuries : comment reconstruire l’économie sur de nouvelles bases » chez De Boeck Supérieur.

Dans cette interview par Olivier Berruyer pour le site Élucid, il propose de décortiquer ce qu’est réellement le néolibéralisme, en faisant un tour d’horizon de l’Union européenne, du système bancaire, du fonctionnement du marché, de la fixation des prix, ou encore de la désindustrialisation que nous subissons.

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Taïwan : Les États-Unis envisagent des sanctions contre la Chine – Bruxelles sous pression pour faire de même

TAIPEI/FRANCFORT/WASHINGTON, 13 septembre (Reuters) – Les États-Unis réfléchissent à un panel de sanctions à l’encontre de la Chine pour la dissuader d’envahir Taïwan, et l’Union européenne fait face à des pressions diplomatiques de Taipei pour obtenir qu’elle en fasse de même, selon des sources bien informées au sujet de ces discussions.

Source : Reuters, Ben Blanchard, Yimou Lee, John O’Donnell, Alexandra Alper, Trevor Hunnicutt
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un globe terrestre devant des drapeaux chinois et taïwanais dans cette illustration, le 6 août 2022. REUTERS/Dado Ruvic/Illustration

Les sources ont déclaré que tant les délibérations à Washington que le lobbying mené en parallèle par Taipei auprès des envoyés de l’UE n’en étaient qu’à leurs débuts. Il s’agit là d’une réponse aux craintes d’une invasion chinoise qui augmentent en raison de l’escalade des tensions militaires dans le détroit de Taiwan. Dans les deux cas, il s’agit avant tout de renforcer les sanctions au-delà des mesures déjà prises en Occident pour restreindre certains échanges et investissements avec la Chine concernant des technologies sensibles comme les puces informatiques et les équipements de télécommunications.

Nos sources n’ont pas fourni de détails sur ce qui est envisagé, mais le concept de sanctions contre la deuxième économie mondiale qui est aussi l’un des principaux maillons de la chaîne d’approvisionnement mondiale n’est pas sans soulever des questions de faisabilité.

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La Norvège, membre de l’OTAN, refuse donc de vendre son gaz au tarif d’avant crise

« La Norvège, pays que nous nous sommes engagés à protéger car membre de l’OTAN, refuse donc de vendre son gaz au tarif d’avant crise… »

Source : Reuters, Terje Solsvik, David Gregorio
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Vue intérieure de la plateforme gazière Aasta Hansteen sur le chantier de Stord, en Norvège, le 8 mars 2018. Photo prise le 8 mars 2018. REUTERS/Nerijus Adomaitis

OSLO, 7 septembre (Reuters) – Le Premier ministre norvégien et le chef de la Commission européenne n’ont pas discuté de la fixation d’un plafond de prix pour le gaz norvégien vendu à l’UE lors des discussions de mercredi, a déclaré le gouvernement norvégien.

L’UE a annoncé plus tôt mercredi qu’elle envisageait de plafonner le prix du gaz russe, tandis que le président Vladimir Poutine a menacé de couper toutes les fournitures d’énergie si elle prenait une telle mesure, ce qui augmente le risque de rationnement dans certains des pays les plus riches du monde cet hiver.

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Sanctions : Une 8ème vague catastrophique pour l’UE ? – Jacques Sapir

Par : Sapir

Le Conseil de l’Union européenne a donc adopté un 8ème « paquet » de sanctions contre la Russie en rétorsion aux referenda sur le rattachement des 4 provinces ex-ukrainiennes[1]. Les mesures qui ont été prises sont dans la continuité des sept autres « paquets ». Mais, parmi elles, certaines pourraient avoir un effet pervers sur l’économie européenne, ce que l’on a appelé un « effet boomerang »[2], constituant de fait des menaces pour la stabilité des économies des pays de l’UE.

I. Des sanctions incohérentes ?

Le Conseil de l’Union européenne a donc adopté les mesures supplémentaires qui ciblent ceux qui sont impliqués dans l’occupation, l’annexion et les referenda qui ont été organisés dans les territoires, ou « oblasts », occupés des régions de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporizhzhia. Cette liste comprend aussi des individus et des entités travaillant dans le secteur de la défense, tels que des hauts responsables et des militaires, ainsi que des entreprises soutenant les forces armées russes. Par ailleurs, l’UE continue également de cibler les acteurs qui propagent la désinformation sur la guerre, formule vague qui cache mal, en réalité, une volonté de censure et de contrôle sur l’information.

Ces mesurent comprennent des restrictions supplémentaires à l’exportation introduites dans le but de réduire l’accès de la Russie aux articles militaires, industriels et technologiques, ainsi que sa capacité à développer son secteur de la défense et de la sécurité ainsi que des restrictions à l’importation concernant près de 7 milliards d’euros de restrictions supplémentaires. Dans le détail, sont interdites les exportations de charbon, y compris le charbon à coke (qui est utilisé dans les installations industrielles russes), des composants électroniques spécifiques (présents dans les armes russes), des articles techniques utilisés dans le secteur de l’aviation, ainsi que certains produits chimiques. Pour les importations, l’interdiction d’importer touche les produits sidérurgiques russes finis et semi-finis (sous réserve d’une période de transition pour certains produits semi-finis massivement importés par les pays de l’UE), des machines et appareils, des matières plastiques, des véhicules, des textiles, des chaussures, du cuir, de la céramique, certains produits chimiques et les bijoux autres qu’en or.

L’absurdité de certaine de ces dernières mesures saute aux yeux. L’UE était importatrice de charbon et de charbon à coke russe. La Russie est entièrement auto-suffisante sur ces produits qu’elle exporte. Cela n’a guère de sens de s’interdire d’exporter des biens que l’on n’exporte pas mais que l’on importe au contraire, une réalité qui doit dépasser les capacités cognitives des commissaires européens.

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Les 37 personnes tuées à Melilla sont les victimes de la politique criminelle de l’Europe

Le 24 juin dernier, la police marocaine a assassiné au moins 37 migrants à la frontière avec l’Espagne. Ce massacre montre à quel point l’Union européenne s’appuie sur des régimes autoritaires pour surveiller ses frontières — et démontre le caractère superficiel de l’image « progressiste » du gouvernement espagnol.

Source : Jacobin Mag, Eoghan Gilmartin
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un membre des forces de sécurité marocaines devant la clôture frontalière séparant le Maroc de l’enclave nord-africaine espagnole de Melilla, près de Nador au Maroc, le 26 juin 2022. (Fadel Senna / AFP via Getty Images)

« La police marocaine nous a battus et a tué nos amis », raconte Amir, un des survivants du massacre de vendredi dernier le long de la frontière de l’enclave nord-africaine espagnole de Melilla. Le bilan des victimes reste contesté, mais selon les ONG internationales, au moins trente-sept personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité marocaines ont frappé, lapidé et aspergé de gaz lacrymogène les quelque 1 500 immigrants qui se précipitaient vers la clôture frontalière – une des seules frontières terrestres de l’Union européenne avec une nation africaine. Certains ont été tués lors d’une bousculade dans le périmètre frontalier, la police ayant utilisé une stratégie de tenaille qui a piégé des centaines de personnes dans une tranchée. Des images vidéo montrent des dizaines d’autres personnes tombant de la clôture de six mètres de haut alors que la police marocaine aspergeait de gaz lacrymogène et tirait des balles en caoutchouc sur ceux qui y grimpaient.

Selon l’Association locale des droits humains de Nador, un certain nombre d’autres décès sont survenus parce que des personnes gravement blessées ont été laissées jusqu’à dix heures de temps au soleil et à la chaleur sans soins médicaux. Une vidéo choquante publiée sur les plateformes de médias sociaux de l’organisation montre des centaines de corps entassés les uns contre les autres et entourés par la police anti-émeute, dans laquelle il est difficile de distinguer les personnes blessées et les épuisées de celles qui sont mortes. Certaines sont menottées, d’autres restent immobiles, tandis que dans une autre vidéo, la police frappe à plusieurs reprises celles qui sont allongées sur le sol.

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Guerre en Ukraine : l’Occident confronté à un nouvel ordre monétaire mondial ?

Un échec en Ukraine pourrait bien signifier la désintégration de l’UE et de l’OTAN, écrit Alastair Crooke.

Parfois, les changements révolutionnaires s’insinuent furtivement dans nos vies ; nous ne prenons conscience de la bifurcation majeure que lorsque nous la remarquons, dans le rétroviseur. C’est particulièrement vrai lorsque ceux qui ont été les premiers à appuyer sur la gâchette n’ont pas pleinement conscience – par eux-mêmes – ce qu’ils ont fait.

Qu’est-ce qui a été fait ? Dans un moment de préjugé viscéral, quelques membres de « l’équipe Biden » ont décidé de profiter de leur plan pour faire chuter la valeur du rouble. Ils ont donc eu recours à la ruse consistant à saisir les réserves en dollars, en euros et en bons du Trésor de la Banque centrale de Russie.

Source : Strategic Culture, Alastair Crooke
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

© Photo : REUTERS/Maxim Shemetov

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Dépendance énergétique : l’Europe remplace la Russie par un néocolonialisme vert en Afrique du Nord

La stratégie de l’Union européenne consistant à se détourner des combustibles fossiles russes est présentée comme faisant partie de la transition énergétique verte. Pourtant, le recours aux importations en provenance du Maroc et du Sahara occidental occupé montre comment ce projet est à l’origine d’un nouveau type de colonialisme vert.

Source : Jacobin Mag, Eoghan Gilmartin
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La commissaire européenne à l’énergie, Kadri Simson, s’exprime lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 15 décembre 2021. (Zheng Huansong / Xinhua via Getty Images)

Dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne a dévoilé ce mois-ci ses plans pour réduire de deux tiers ses importations de gaz russe au cours de l’année prochaine et pour cesser toute importation de combustibles fossiles en provenance de ce pays « bien avant » 2030. Les responsables ont reconnu que, pour atteindre des objectifs aussi ambitieux, l’UE dépendra largement, dans un premier temps, des importations de gaz naturel liquéfié, à forte intensité carbone, et de la production nationale d’électricité à partir du charbon — ce qui a amené le Financial Times à s’interroger : « La guerre en Ukraine va-t-elle faire dérailler la transition énergétique verte ? »

Les dirigeants européens se sont inscrits en faux contre une telle conclusion, promettant de regagner du terrain au cours de la prochaine décennie. Ils ont appelé à un déploiement de la production d’énergie renouvelable à un rythme plus rapide que prévu. « À plus court terme, nous devons diversifier davantage nos approvisionnements en gaz par rapport à la Russie, a déclaré à la presse Kadri Simson, commissaire européenne à l’énergie. Mais, en fin de compte, la meilleure et la seule solution durable est le Green Deal [de l’UE] — dynamiser les énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique aussi vite que la technique le permet. Je ne saurais trop insister sur l’importance, dans la situation actuelle, de mettre notre puissance collective au service de politiques qui sont du bon côté de l’histoire. »

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États-Unis/Russie : l’Histoire ne se répète jamais, mais bégaie tout le temps

Au début des années 1960, au plus fort de la première guerre froide entre l’Amérique et l’Union soviétique, mon ancienne arme, l’armée de l’air, a cherché à construire 10 000 missiles nucléaires terrestres. Ces missiles étaient destinés à renforcer les centaines de bombardiers nucléaires que l’armée possédait déjà, tels les B-52 présentés de manière si mémorable dans le film Dr Strangelove.

Comme on pouvait s’y attendre, la surenchère massive était justifiée au nom de la « dissuasion », même si le plan de guerre nucléaire en vigueur à l’époque visait plutôt à l’anéantissement. Il prévoyait une attaque dévastatrice de l’Union soviétique et de la Chine communiste qui tuerait environ 600 millions de personnes en six mois (l’équivalent de 100 holocaustes, note Daniel Ellsberg dans son livre The Doomsday Machine). Des cerveaux un peu plus sensés l’ont finalement emporté – en ce sens que l’armée de l’air a finalement obtenu « seulement » 1 000 de ces missiles nucléaires Minuteman.

Source : Tom Sispatch, William J. Astore
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

En dépit de pourparlers entre les États-Unis et l’Union soviétique quant à la limitation des armements stratégiques, la terrible menace d’un Armageddon [Bataille finale, décisive et destructive, NdT] nucléaire a persisté, atteignant un nouveau sommet dans les années 1980, pendant la présidence de Ronald Reagan. À l’époque, il a déclaré, et tout le monde s’en souvient, que l’Union soviétique était un « empire du mal », tandis que des Pershing II à capacité nucléaire et des missiles de croisière à lancement terrestre étaient envoyés en urgence en Europe. Au même moment, nombre d’Européens, rejoints par quelques Américains, sont descendus dans les rues pour demander un gel nucléaire – la fin des nouvelles armes nucléaires et du déploiement dévastateur de celles qui existaient déjà. Si seulement…

C’est dans cet environnement exaltant que je me suis retrouvé, en uniforme, travaillant dans l’ultime redoute nucléaire de la guerre froide. Je me trouvais sous 600 mètres de granit massif, dans un poste de commandement du NORAD (North American Aerospace Defense) construit dans la Cheyenne Mountain, à l’extrémité sud de la chaîne de montagnes du Colorado qui comprend Pikes Peak. Lorsque je n’étais pas en service, j’avais pris l’habitude de randonner le long d’un sentier qui me conduisait presqu’au niveau du sommet de la Cheyenne Mountain. Là, je pouvais voir la redoute d’un œil neuf, toutes antennes clignotantes, prête à recevoir et à relayer des avertissements et des ordres qui auraient pu aboutir à mon anéantissement lors d’une frappe initiale ou d’une contre-attaque soviétique.

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Expansion de l’OTAN : ce que Gorbatchev a entendu

Des documents déclassifiés montrent des garanties de sécurité contre l’expansion de l’OTAN aux dirigeants soviétiques de Baker, Bush, Genscher, Kohl, Gates, Mitterrand, Thatcher, Hurd, Major et Woerner

Michail Gorbatchev discutant de l’unification allemande avec Hans-Dietrich Genscher et Helmut Kohl en Russie, le 15 juillet 1990. Photo: Bundesbildstelle / Presseund Informationsamt der Bundesregierung.

Source : Dossiers déclassifiés publiés par le National Security Archive, Svetlana Savranskaya & Tom Blanton, 12-12-2017


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