Lateo.net - Flux RSS en pagaille (pour en ajouter : @ moi)

🔒
❌ À propos de FreshRSS
Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierRuptures

Bruxelles préparerait des restrictions sur la viande, et une opération navale contre le Royaume-Uni

Par : pierre

Alors que la pandémie de Covid n’est toujours pas sous contrôle, la Commission européenne prépare deux décisions qu’elle s’apprêterait à mettre en œuvre en urgence. Constatant que les Etats membres agissent plus que jamais en ordre dispersé, Bruxelles estime qu’il lui revient d’agir à travers des règlements qui, à la différence des directives, sont d’application directe au sein des Vingt-sept, sans qu’il soit besoin de lois nationales de transposition.

Le premier règlement viserait à imposer de strictes restrictions sur la consommation de viande. D’une part, le commissaire européen à la santé, la Chypriote Stella Kyriakides, a fait part de nouveaux travaux scientifiques qui montreraient des circuits de diffusion du virus jusqu’à présent insoupçonnés. Non seulement les chauves-souris, via les pangolins, seraient des pourvoyeurs massifs de Covid, mais ce serait aussi le cas de nombreux animaux d’élevage. Le boeuf, en particulier, serait suspecté, de même que le porc et l’agneau. Des présomptions existent également sur les volailles, mais les virologues bruxellois sont plus circonspects.

Mme Kyriakides n’a souhaité ni confirmer, ni démentir ces préparatifs. Mais son collègue Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission, chargé du Pacte vert contre le changement climatique, a en quelque sorte vendu la mèche, en rappelant que la chute de la consommation de produits carnés – voire, dans un second temps, son interdiction pure et simple – constituerait « un acte majeur » concrétisant la contribution de l’Union européenne à une économie mondiale, durable et citoyenne.

« Les Européens mangent trop de viande », a lâché le politicien social-démocrate néerlandais dans un sourire, faisant ainsi écho à la phrase restée célèbre de Raymond Barre (« les Français mangent trop de chocolat »), ancien premier ministre français qui tonnait, en 1976, contre ses compatriotes rétifs à la politique d’austérité que son gouvernement s’apprêtait à mener.

Selon certaines rumeurs – qu’il convient cependant de prendre avec précaution – l’exécutif européen aurait déjà signé des contrats avec des imprimeries et des firmes logistiques pour produire des tickets de rationnement. Ceux-ci porteraient exclusivement sur la viande, a précisé une source ayant souhaité rester anonyme. Le haut fonctionnaire bruxellois a fait valoir que cette manière de procéder – qui aurait également une alternative numérique sur les smartphones – serait garante d’une stricte égalité.

Intervention militaire maritime

La deuxième décision que Bruxelles serait en train de préparer vise le Royaume-Uni. Malgré les mises en garde répétées, celui-ci continue de s’approvisionner en vaccins auprès des usines britanniques de l’anglo-suédois AstraZeneca, avec un accès prioritaire qui laisse le vieux continent de côté. Il percevrait également, via l’Irlande, des doses fabriquées en Belgique et aux Pays-Bas.

Après avoir envisagé de rétablir une frontière entre les deux Irlande, et avoir dû rétropédaler en catastrophe, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, aurait un nouveau plan afin d’interdire la Grande-Bretagne de recevoir d’autres vaccins par des voies détournées. Elle solliciterait le mécanisme baptisé Initiative européenne d’intervention (IEI). Lancée à l’initiative d’Emmanuel Macron en 2018, cette structure regroupe treize Etats membres susceptibles de mettre en commun des moyens militaires dès lors que l’UE estime qu’un engagement opérationnel serait nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix un peu partout sur le globe.

Les services de Mme von der Leyen ont effectué une expertise juridique au terme de laquelle il apparaît qu’une action déployée dans le cadre de l’IEI et qui enverrait un ensemble de navires de combat en mer d’Irlande (entre la Grande-Bretagne et l’Irlande) serait licite au regard des traités. L’Etat-major de l’UE assure que les voies maritimes de communication pourraient être ainsi strictement contrôlées, afin de restreindre l’accès de Londres aux vaccins.

Il garantit également que la Royal Navy pourrait être tenue en échec, du fait de l’effondrement cataclysmique que le pays a subi depuis le Brexit. Cette catastrophe avait été prévue par la plupart des économistes mondialisés.

NB : ces informations sont publiées ce jeudi 1er avril. Cependant, elles font écho à certains événements réels traités dans l’édition de Ruptures datée du 29 mars.

Cet article Bruxelles préparerait des restrictions sur la viande, et une opération navale contre le Royaume-Uni est apparu en premier sur Ruptures.

Unwetterwarnung

Par : pierre

Eines ist jetzt klar. Wer sich noch Illusionen über die besänftigenden Tugenden von Joseph Bidens Ankunft im Weißen Haus gemacht hatte, kann sich jetzt sicher sein: In der Außenpolitik zeigt die hier und da angepriesene « Rückkehr zur Normalität » ihr wahres Gesicht: den bezeugten amerikanischen Willen, die Kontrolle über das Weltgeschehen wiederzuerlangen und das atlantische Bündnis « wieder zu stärken ». « America is back » ist der Slogan des neuen Präsidenten, der verkündet, dass er mit Donald Trumps « America First » brechen will. Nicht, dass Trumps Außenpolitik besonders freundlich gewesen wäre – vor allem im Nahen Osten. Doch mit seinem von Ronald Reagan abgeschauten Motto kehrt der neue Herr in Washington bewusst zum Geist des Kalten Krieges zurück.

In seiner Rede vom 4. Februar sagte Biden, die US-Führung („leadership“) müsse nun « dem Aufstieg des Autoritarismus entgegentreten, einschließlich Chinas wachsender Ambitionen, mit den Vereinigten Staaten zu rivalisieren, und Russlands Entschlossenheit, unsere Demokratie zu untergraben« . Zwingen ihn die gegenseitigen wirtschaftlichen Abhängigkeiten zu einer etwas vorsichtigeren Sprache gegenüber Peking, so gilt das nicht für Moskau: « Die Zeit, in der wir uns angesichts der Aggressivität Russlands – Einmischung in unsere Wahlen, Cyber-Attacken, Vergiftung seiner Bürger – zurückgezogen haben, ist vorbei. Wir werden nicht zögern, die Kosten zu erhöhen » für dieses Verhalten und Moskau « in Rechnung zu stellen« .

Die Ernennung von Victoria Nuland zur Unterstaatssekretärin für politische Angelegenheiten ist ein perfektes Beispiel für diesen neuen Kurs. Die Frau, die damit zur Nummer drei im Außenministerium wird, hat seit den 2000er Jahren mehreren aufeinanderfolgenden Administrationen gedient. Bis 2003 war sie George Bushs Vertreterin bei der NATO und spielte eine wichtige Rolle bei der Invasion in Afghanistan. Zwischen 2003 und 2005 diente sie als Beraterin von Vizepräsident Cheney und half ihm, den Krieg gegen den Irak voranzutreiben. Als Sprecherin und enge Vertraute von Außenministerin Hillary Clinton war sie 2011 sehr aktiv an der Planung der westlichen Aggression gegen Libyen und der Ermordung seines Führers beteiligt. Und sie freute sich, dass durch diese glückliche Initiative Waffenbestände nach Syrien fließen konnten, in der Hoffnung, dass die « Rebellen » (und die ausländischen Kämpfer) das gleiche Schicksal für Bashar al-Assad reservieren könnten.

In der Ukraine hat Frau Nuland jedoch ihr ganzes Können unter Beweis am höchsten gestellt. 2013 zur Unterstaatssekretärin für Europa und Eurasien ernannt, ging sie bald nach Kiew, wo sie sich beim Verteilen von Butterbroten an die Aufständischen auf dem Maidan-Platz verewigte, deren Ziel es war, den gewählten Präsidenten mit Gewalt zu stürzen. Vor allem war sie der Dreh- und Angelpunkt der bewaffneten Provokationen, die zum Staatsstreich vom Februar 2014 führten und dann zur Bildung der neuen Regierung, die aus den Barrikaden hervorging. In einem Telefongespräch, das später aufgedeckt wurde, rief sie « Fuck the EU », um ihre Verärgerung über die europäischen Führer auszudrücken, die als zu weich beim Umsturz der ukrainischen Macht angesehen wurden.

Victoria Nuland ist diese so delikate Diplomatin, die nun in einer Schlüsselposition wieder auftaucht

Es ist diese delikate Diplomatin, die nun in einer Schlüsselposition wieder auftaucht. Zwar haben westlichen Führer nach dem Abgang von Donald Trump sicherlich mächtig aufgeatmet. Doch während die einen bedingungslos auf der Seite Washingtons stehen, ist anderen klar, vor allem in Berlin und Paris (in unterschiedlichen wirtschaftlichen und strategischen Zusammenhängen), dass hinter den polierten Worten ausschließlich amerikanische Interessen die Politik von Uncle Sam bestimmen und eine Reihe von Konflikten anstehen: geostrategische (Gaspipeline Nord Stream 2, Iran…) und vor allem kommerzielle.

Der französische Präsident fordert seinerseits « europäische Souveränität », und manche in Brüssel hören nicht auf, von einer geeinten Europäischen Union zu träumen, die sich als Weltmacht profilieren kann. Auch wenn diese Perspektive heute illusorisch erscheint, trägt dieser Wunsch zum Schlimmsten bei: zur Verschärfung der Logik von Rivalität und Konfrontation – wirtschaftlich, strategisch, militärisch – zum Nachteil der Zusammenarbeit zwischen gleichberechtigten und souveränen Staaten.

Kurzfristig jedenfalls können die internationalen Beziehungen durchaus einige Turbulenzen erleben, die nicht wirklich beruhigend sind.

Cet article Unwetterwarnung est apparu en premier sur Ruptures.

Avis de gros temps (éditorial paru dans l’édition du 22 février)

Par : pierre

Au moins, c’est clair. Ceux qui nourrissaient encore quelque illusion sur les vertus apaisantes de l’arrivée de Joseph Biden à la Maison Blanche sont désormais fixés : en matière de politique étrangère, le « retour à la normalité » vanté ici et là apparaît sous son vrai visage : la volonté américaine assumée de reprendre le contrôle des affaires du monde et de « remuscler » – les mots ont un sens – l’alliance atlantique. « America is back » (« l’Amérique est de retour »), tel est le slogan du nouveau président, qui proclame ainsi vouloir rompre avec « l’Amérique d’abord » de Donald Trump. Non pas que la politique étrangère de ce dernier ait été particulièrement aimable – au Moyen-Orient en particulier. Mais avec son mot d’ordre recopié de Ronald Reagan, le nouveau maître de Washington renoue délibérément avec l’esprit de guerre froide.

Dans son discours tenu le 4 février, M. Biden affirme que la « domination américaine » (« leadership ») se doit désormais d’« affronter la montée de l’autoritarisme, notamment les ambitions croissantes de la Chine pour rivaliser avec les USA, et la détermination de la Russie visant à abîmer et faire dérailler notre démocratie ». Si les dépendances économiques réciproques le contraignent à quelque prudence de langage vis-à-vis de Pékin, il n’en est pas de même vis-à-vis de Moscou : « l’époque où nous reculions devant l’agressivité de la Russie – interférences dans nos élections, cyber-attaques, empoisonnement de ses citoyens – est terminée. Nous n’hésiterons pas à faire grimper le coût (de ce comportement) » de Moscou.

La nomination de Victoria Nuland comme sous-secrétaire d’Etat aux affaires politiques illustre à merveille ce nouveau cours. Celle qui devient ainsi la numéro trois du département d’Etat a servi les administrations successives depuis les années 2000. Jusqu’à 2003, elle fut représentante de George Bush à l’OTAN et joua un rôle important dans l’invasion de l’Afghanistan. Entre 2003 et 2005, elle fut conseillère du vice-président Cheney, et aida ce dernier à promouvoir la guerre contre l’Irak. Porte-parole et proche de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton en 2011, elle fut très active dans la planification de l’agression occidentale contre la Libye et l’assassinat de son dirigeant. Et se félicita que cette heureuse initiative ait permis de faire affluer des stocks d’armes vers la Syrie dans l’espoir que les « rebelles » (et les combattants étrangers) puissent réserver le même sort à Bachar el-Assad.

Mais c’est en Ukraine que Mme Nuland donna toute sa mesure. Nommée en 2013 sous-secrétaire d’Etat pour l’Europe et l’Eurasie, elle ne tarda pas à se rendre à Kiev où elle fut immortalisée distribuant des sandwichs aux insurgés de la place Maïdan dont le but était de renverser par la violence le président élu. Surtout, elle fut la cheville ouvrière des provocations armées qui conduisirent au coup d’Etat de février 2014, puis de la formation du nouveau gouvernement issu des barricades. Elle s’illustra dans une conversation téléphonique dévoilée ensuite en s’écriant « Fuck EU » (« rien à foutre de l’UE ») pour exprimer son agacement face à des dirigeants européens jugés trop mous dans le renversement du pouvoir ukrainien.

Une Union européenne unie capable de se profiler comme une puissance mondiale contribuerait au pire : exacerber les logiques de rivalité et d’affrontement

C’est donc cette sémillante diplomate qui réapparaît aujourd’hui à un poste clé. Tous les dirigeants occidentaux ont certes poussé un énorme soupir de soulagement après le départ de Donald Trump. Mais si certains sont des alignés inconditionnels sur Washington et militent pour que la paranoïa anti-russe tienne lieu de politique extérieure de l’UE, d’autres, notamment à Berlin et à Paris (dans des contextes économiques et stratégiques différents), sont lucides : derrière les mots policés, ce sont exclusivement les intérêts américains qui détermineront la politique de l’Oncle Sam, avec quelques conflits en perspective : géostratégiques (gazoduc Nord Stream 2, Iran…) et surtout commerciaux.

Pour sa part, le président français appelle de ses vœux une « souveraineté européenne » tandis qu’à Bruxelles, certains ne cessent de rêver à une Union européenne unie capable de se profiler comme une puissance mondiale. Même si cet accomplissement apparaît aujourd’hui illusoire, cette velléité contribue au pire : exacerber les logiques de rivalité et d’affrontement – économique, stratégique, militaire – au détriment de coopérations entre nations égales et souveraines.

A court terme en tout cas, les relations internationales pourraient bien connaître quelques turbulences pas vraiment rassurantes.

Pierre Lévy

Cet article Avis de gros temps (éditorial paru dans l’édition du 22 février) est apparu en premier sur Ruptures.

Welche Entwicklungen nach Lukaschenkos Wiederwahl ?

Par : pierre

Am 9. August fanden in Belarus (Weißrussland) Präsidentschaftswahlen statt. Die offiziellen Ergebnisse ergaben für den sich wieder zur Wahl stellenden Präsidenten Alexander Lukaschenko 80,1% der Stimmen (4 Punkte weniger als 2015) bei einer Wahlbeteiligung von 84%. Seine Hauptgegnerin, Swetlana Tichanowskaja, erhielt 10,1%.

Diese Zahlen sind eindeutig das Ergebnis eines Betrugs. Wenn man verschiedene Quellen gegeneinander abwägt, so hätten die beiden Kandidaten in der Tat vergleichbare Anteile der 7 Millionen registrierten Wähler erreichen müssen.

Die Bekanntgabe der Ergebnisse löste daher Demonstrationen aus, die nicht mehr abreissen. Aktuell versammeln sich jedes Wochenende Zehntausende von Bürgern, um den Rücktritt des Präsidenten und Neuwahlen zu fordern. Diese Kundgebungen – in der Hauptstadt Minsk, aber auch in den Provinzen – haben regelmäßig zu Hunderten von Verhaftungen geführt. Pro-Lukaschenko-Aktivisten haben sich ebenfalls mobilisiert, wenn auch in viel geringerer Zahl.

Die anhaltenden Unruhen in der ehemaligen Sowjetrepublik sind neu. Der Staatschef führt den Vorsitz seit 1994, als er überraschend gewählt wurde und sich sowohl gegen die postsowjetischen Oligarchen, wie es sie damals in Russland und der Ukraine zu Hauf gab, als auch gegen die Kräfte stellte, die auf eine Annäherung an die Europäische Union drängten. Er versprach einen entschlossenen Kampf gegen die Korruption.

Viele waren ihm dankbar dafür, dass er die Ausplünderung des Landes durch Oligarchen verhinderte

In der Folge erfreute er sich lange Zeit eines breiten Rückhalts im Volk. Nachdem er eine persönliche, autoritäre und paternalistische Macht aufgebaut hatte, waren ihm viele dankbar dafür, dass er die Ausplünderung des Landes durch Oligarchen verhinderte und die stabile Zahlung von Renten und Gehältern sowie die Aufrechterhaltung des Sozialstaats und der öffentlichen Dienstleistungen sicherstellte (vgl. Bericht in BRN vom 26.03.2006).

Große Industriekomplexe aus der Sowjetzeit sind erhalten geblieben. Das Land verfügt nach wie vor über ein anerkanntes Potenzial für die Herstellung von schweren Lastkraftwagen, Bussen und Traktoren, für die Kaligewinnung und -verarbeitung, aber auch für wichtige High-Tech-Aktivitäten (auch im militärischen Bereich).

Doch gerade im letzten Jahrzehnt haben die unveränderte Dauer des sich an der Regierung befindenden Staatsoberhauptes, die überall gegenwärtige Macht, aber auch die stagnierende Kaufkraft die Popularität Lukaschenkos allmählich untergraben. Diese Entwicklung spürend, hat bei Loukaschenko zweifellos zu einer Vervielfachung… kontraproduktiver Initiativen geführt.

Erstens, indem er vor der Wahl behauptete, er wolle die Macht auf jeden Fall behalten; indem er zwei der potentiellen Kandidaten, die ihm hätten Stimmen abnehmen könnten (Frau Tichanowskaja ist die Frau eines von ihnen), inhaftierte; und indem er die Verhaftung russischer Paramilitärs inszenierte, die sich auf der Durchreise im Land befanden und denen er vorwarf, Teil eines Versuchs Moskaus zu sein, die Kontrolle über das Land übernehmen zu wollen. Eine Idee, die er einige Wochen später bitter bereute, denn sie endete mit der Verärgerung des großen russischen Bruders, mit dem Belarus – das die gleiche Kultur und Sprache hat, ganz zu schweigen von den wirtschaftlichen und familiären Bindungen – 1999 noch einen Integrationsvertrag unterzeichnet hatte.

Dann die vielen Absurditäten nach der Wahl: durch die Bezeichnung von Gegnern, die seinen Abgang forderten, als « Ratten »; durch Auftritte im Fernsehen mit einer Kalaschnikow und einer kugelsicheren Weste; und vor allem durch die Orchestrierung einer besonders brutalen Repression der Kundgebungen der ersten Tage. Auf diese Weise gelang es ihm, einen Teil der Bevölkerung, der ihm zunächst nicht unbedingt feindlich gesinnt war, gegen sich aufzubringen.

Viele Beschäftigte, im Prinzip Anhänger der Regierung, schlossen sich den Mobilisierungen an

Von da an befand sich nicht mehr nur eine bestimmte verstädterte Mittelschicht auf der Straße. Viele Beschäftigte, im Prinzip Anhänger der Regierung, schlossen sich den Mobilisierungen an. Es gab auch einige Streiks in Fabriken, die der Präsident ursprünglich für loyal hielt.

Obwohl westliche Führer jahrelang belarussische NGOs finanziell gefördert haben und von der Entstehung einer für sie günstigen Opposition träumten, hatten sie eine solche Bewegung nicht kommen sehen. Letzteres brachte, anders als z.B. in der Ukraine, in keiner Weise eine Spaltung zwischen « pro-EU » und « pro-russischen » Kräften zu Tage. Bei den Demonstrationen gab es weder eine europäische Flagge noch einen Anti-Moskau-Slogan. Dies hielt den US-Außenminister jedoch in keiner Weise davon ab, die Europäer aufzufordern, sich « für die Freiheit des belarussischen Volkes » einzusetzen …

Am 14. August protestierten die Minister der 27 EU-Mitgliedsstaaten gegen die Repressionen, plädierten für einen « Dialog » zwischen der Regierung und dem in Minsk gebildeten Koordinierungsrat, um den Rücktrittt des Präsidenten zu fordern. Sie beschlossen Sanktionen gegen diejenigen, die für Betrug und Polizeigewalt verantwortlich seien. Trotz eines außerordentlichen Gipfels, der am 19. August per Videokonferenz abgehalten wurde, haben die 27 immer noch keine Einigung erzielt. Dies sollte auf dem für den 24. und 25. September geplanten Gipfel erneut auf der Tagesordnung stehen.

Unter den EU-Staaten stehen auf der einen Seite die Ultras, u.a. die baltischen Länder und insbesondere Litauen – welches Swetlana Tichanowskaja aufnahm, als sie noch am Tag nach den Wahlen dorthin geflohen war. Sie fordern weit reichende Sanktionen, auch gegen den Präsidenten selbst, und haben diese ihrerseits bereits beschlossen.

Doch Angela Merkel fordert, ebenso wie der Präsident des Europäischen Rates, weniger weitreichende Maßnahmen. Berlin will vermeiden, Minsk weiter in die Arme Moskaus zu treiben. Der französische Präsident möchte seinerseits vermeiden, den « Dialog ohne Naivität » zu untergraben, für den er sich seit einem Jahr zum großen Missfallen einiger seiner EU-Kollegen mit Russland einsetzt.

Es ist allen bewusst, dass aufgrund der engen Beziehungen, die zwischen Minsk und Moskau bestehen (einschließlich militärischer Beziehungen), Wladimir Putin nun die Trümpfe für eine Lösung in der Hand hält. Der russische Präsident erklärte von Anfang an, dass es Sache der Belarussen selbst sei, Lösungen zu finden. Er versprach jedoch, Russland werde im Falle sehr schwerwiegender Störungen der öffentlichen Ordnung eingreifen. Als er seinen belarussischen Amtskollegen am 14. September empfing, tat er so, als würde er sich nicht an die Anschuldigungen erinnern, die sein Amtskollege vor den Wahlen gegen ihn erhoben hatte, und versprach ein Darlehen von 1,5 Milliarden Dollar.

Es sei daran erinnert, dass die Entfernung zwischen Belarus und Moskau nur 500 km beträgt und dass der Westen schlecht beraten wäre, wenn er im « geopolitischen Kampf um den postsowjetischen Raum » punkten wollte, wie es der Chef der russischen Diplomatie, Sergej Lawrow, formulierte.

Der Kremlchef ist zweifellos nicht verärgert darüber, sich in der Position eines Helfers gegenüber einem Alexander Lukaschenko zu sehen, der sich in seinem Land nun in einer schwierigen Lage befindet, der aber seit zehn Jahren nicht aufgehört hat, einen irritierenden Balanceakt zwischen Ost und West zu vollführen.

Der belarussische Präsident vertraute vor kurzem den russischen Medien an, es könne sein, dass er vielleicht zu lange an der Macht geblieben sei

Der belarussische Präsident vertraute vor kurzem den russischen Medien an, es könne sein, dass er vielleicht zu lange an der Macht geblieben sei (unerwartete Reue…), und dass er zukünftige Wahlen nicht ausschließe, vorausgesetzt, dies geschähe im Rahmen einer neuen Verfassung. Sollte man sich darunter vorstellen, dass er sein Gesicht wahren will, indem er vorübergehend auf seinem Posten bleibt, aber schließlich vor dem Ende der Amtszeit verschwindet…?

Ein solches Szenario würde dem Kreml nicht unbedingt missfallen. Dies gilt umso mehr, als es in Minsk wahrscheinlich keinen Mangel an Bewerbern gibt, die für die Umsetzung einer weiteren Annäherung zwischen den beiden Ländern, wie sie im Vertrag von 1999 vorgesehen ist, eintreten.

Es bleibt abzuwarten, ob diese Annäherung zu einer verstärkten Zusammenarbeit oder zu einer Übernahme durch bestimmte russische Oligarchen führen kann, die nie einen Hehl aus ihrem Interesse an den bis heute bewahrten technologischen und industriellen Schätzen des Landes gemacht haben.

(Bericht am 18. September)

Cet article Welche Entwicklungen nach Lukaschenkos Wiederwahl ? est apparu en premier sur Ruptures.

Norbert Röttgen findet Macron zu schwach gegenüber Russland, und überbietet

Par : pierre

Ein möglicher Nachfolger Angela Merkels ist empört, dass EU-Staaten ihre eigene Politik bestimmen und verfolgen könnten.

Wird Norbert Röttgen der nächste Bundeskanzler? Der derzeitige Vorsitzende des Auswärtigen Ausschusses des Bundestages macht keinen Hehl aus seinen Ambitionen, auch wenn seine Chancen im Moment eher gering sind. Er ist auf jeden Fall einer der Kandidaten im Kampf um die Nachfolge von Angela Merkel als CDU-Chefin auf dem für Dezember geplanten Kongress. Und er versäumt es nicht, sich um sein Image im Ausland zu kümmern, wie sein jüngstes Interview mit der Tageszeitung Le Monde (08.10.202) gerade gezeigt hat.

Röttgen gilt als Ultra-Atlantiker und bestätigt das Bild, das er von sich geben will: das eines harten Kerls. So verteidigt er in Wirtschaftsfragen beharrlich den Stabilitätspakt, der die Staaten der Eurozone in ewige Sparsamkeit zwingt, um das Überleben der gemeinsamen Währung zu sichern. Zwar ist der Pakt (der insbesondere jedes Land verpflichtet, ein Haushaltsdefizit von weniger als 3% einzuhalten) derzeit aufgrund der Coronavirus-Epidemie ausgesetzt. Der französische Staatssekretär für europäische Angelegenheiten vertrat kürzlich die Auffassung, dass der Pakt niemals wieder in Kraft gesetzt werden sollte. Zu diesem Punkt befragt, ruft Röttgen den französischen Minister zur Ordnung: Die Situation und die Sondermaßnahmen « dürfen kein Vorwand sein, den Grundsatz einer stabilen Finanzpolitik aufzugeben, dem Deutschland – und das betrifft nicht nur die CDU – sehr verbunden bleiben wird« . Ein deutlicher Hinweis für diejenigen, die noch Zweifel gehabt haben könnten.

Nach dem (relativen) Rückzug von Uncle Sam wird die EU in ihrer Nachbarschaft für Ordnung sorgen müssen

Aber natürlicherweise rückt der Vorsitzende des Ausschusses für auswärtige Angelegenheiten die internationale Politik in den Mittelpunkt. Er stellt fest, dass « die ‚Ausrichtung’ der Vereinigten Staaten auf Asien, die von Clinton und Obama initiiert wurde, endlich Realität werden wird, unabhängig vom Ausgang der US-Wahlen« . Diese « Ausrichtung auf Asien », das bedeutet, dass Washington eher Asien als Europa ein vorrangiges Interesse beimisst. Weit davon entfernt, sich dadurch beleidigt zu fühlen, schliesst der christdemokratische Führer daraus: « Die Vereinigten Staaten werden von den Europäern erwarten, dass sie ihre Verantwortung gegenüber ihren Nachbarn wahrnehmen » (ohne zu präzisieren, welche göttliche Autorität « Europa » mit dieser « Verantwortung » betraut hat). Mit anderen Worten: Nach dem (relativen) Rückzug von Uncle Sam wird die EU in ihrer Nachbarschaft – im Süden und vor allem im Osten – für Ordnung sorgen müssen, auch mit Gewalt. Und damit dies geschieht, « muss sich Europa unbedingt als geopolitische Macht behaupten« , hämmert Norbert Röttgen.

Röttgen rühmt sich auch, zur Veränderung der Positionen seiner Partei und der Kanzlerin beigetragen zu haben. Im Fall von Navalny – dem russischen Anwalt und Blogger, den Wladimir Putin nach Ansicht der EU-chefs gerne ermordet hätte – begrüßt er die Tatsache, dass die deutsche Regierung als Vergeltungsmaßnahme die Aussetzung des Baus der Gaspipeline Nord Stream II nicht ausgeschlossen hat. Diese Option wird zwar zur Zeit nicht weiterverfolgt, aber Herr Röttgen war einer der ersten, der sie vorgeschlagen hat, was sofort die Zustimmung vieler Politiker fand. Die Kanzlerin hatte diese Option nicht grundsätzlich ausgeschlossen. Das ist neu und gut, jubelt der Kandidat.

China bringt er die gleiche Liebe entgegen. Der Befragte erinnert daran, dass er schon sehr früh, zunächst zwar vergeblich, darum gebeten hatte, die chinesische Firma Huawei vom Einsatz von 5G auszuschließen, bevor diese Forderung schließlich in einen in Vorbereitung eines heutigen Gesetzentwurfs aufgenommen wurde.

Auf die Frage nach der Art der Koalition, die das Land nach den für September nächsten Jahres geplanten Wahlen regieren könnte, reagiert er nicht mit Begeisterung für eine Erneuerung des derzeitigen Bündnisses mit den Sozialdemokraten, da er diese für schuldig hält, « die Rückkehr des Militarismus bei der geringsten Gelegenheit anzuprangern« . Auf der anderen Seite ist er erfreut, dass « die Grünen sich auf diese Fragen neuorientiert haben. In Bezug auf Russland oder China zum Beispiel liegen ihre Positionen oft recht nahe an unseren« .

Schließlich verschont derjenige, der davon träumt, Kanzler zu werden, den französischen Partner nicht. Demnach reagierte Frankreich in der Navalny-Affäre « im Vergleich zu Deutschland zu zaghaft. Diese französische Passivität ist bedauerlich, denn die Affäre ist ein Lackmustest für Europa, das, wenn es gegenüber Russland Gewicht haben will, eine kohärente Strategie haben muss« . Allgemeiner ausgedrückt: « Emmanuel Macron lag falsch, einen ‘strategischen Dialog’ mit Russland vorzuschlagen« .

« Wenn jedes Land seine eigene Politik betreibt, ist Europa in Gefahr », empört sich Norbert Röttgen

Zugegeben, « es ist normal, dass Frankreich und Deutschland nicht immer genau die gleichen Positionen verteidigen« , räumt Norbert Röttgen ein. Es ist jedoch zu bedauern, dass « die Unterschiede in letzter Zeit größer geworden sind« . Und zum Schluss, schulmeisterhaft und drohend: « Wenn jedes Land seine eigene Politik betreibt, ist Europa in Gefahr« .

Dass jedes Land darüber nachdenken sollte, seine eigene Politik zu bestimmen und verfolgen? Welch ein Alptraum, welch eine Absurdität, welch ein Skandal! Glücklicherweise hat Europa ein wachsames Auge…

 

Cet article Norbert Röttgen findet Macron zu schwach gegenüber Russland, und überbietet est apparu en premier sur Ruptures.

Retour sur le Russiagate : 98 % des médias français ont été conspirationnistes

Par : laurent

Ce travail est chaleureusement dédié à Aaron Maté, Glenn Greenwald, Robert Parry (†), Julian Assange, Max Blumenthal, Stephen Cohen, Caitlin Johnstone, Matt Taibbi, Chris Hedges, Jimmy Dore et à tous les autres journalistes et commentateurs qui ont correctement informé sur le Russiagate malgré la marginalisation, les pressions et les calomnies (voir cette liste des valeureux sceptiques anglo-saxons).

Le Russiagate, dont la thèse centrale était l’existence d’une collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump pour favoriser l’élection de celui-ci à la présidence des États-Unis, a subi une débâcle flagrante lors de la remise du rapport Mueller en mars 2019. Dénuée de toute preuve, cette théorie du complot fait pourtant régulièrement l’objet de tentatives de réanimation par différentes forces traumatisées par la défaite d’Hillary Clinton. Les médias ayant joué un rôle essentiel dans la production de ce mauvais feuilleton d’espionnage – aux conséquences néfastes bien réelles –, il n’est pas inutile de revenir sur le traitement de l’affaire en France. Sur les 56 médias de premier plan que nous avons examinés, dont certains font bruyamment profession d’« indépendance », comme Mediapart ou Le Canard enchaîné, un seul ne s’est pas vautré dans le conspirationnisme : Le Monde diplomatique.

Après sa déroute, le Russiagate a rapidement été remplacé, ou plutôt prolongé, par un autre récit sensationnel qui tournera lui aussi au fiasco, l’Ukrainegate. Les commentateurs et médias dominants (et parfois moins dominants…), nullement ébranlés par leur fourvoiement manifeste, continuent de servir de caisse de résonance docile aux multiples allégations d’« ingérence russe ». Une telle obstination irrationnelle signe la propagande, on peut même légitimement parler de russophobie. C’est parce que les médias refusent de reconnaître leurs erreurs et d’en tirer les enseignements appropriés qu’il est nécessaire de bien prendre la mesure du délire conspirationniste dans lequel ils se sont complu.

Il faut donc se souvenir que la thèse clintonienne d’une collusion entre l’équipe Trump et Moscou en vue de faire élire l’homme d’affaires à la présidence des États-Unis en novembre 2016 a été très favorablement relayée dans les médias occidentaux pendant deux ans et demi. C’est-à-dire qu’elle a occupé le devant de la scène durant la majeure partie du mandat de Donald Trump.

À la remorque de leurs homologues d’outre-Atlantique, les principaux acteurs français de la presse, de la télévision et de la radio, mais aussi la plupart des organes dits indépendants ou alternatifs, ont ainsi donné de l’importance et du crédit à la plus grande théorie du complot officielle depuis la fable criminelle sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Nous présentons ci-dessous les preuves de cette quasi-unanimité (98 % des médias dans l’échantillon large et représentatif que nous avons retenu).

Conspirationnisme mainstream

Bien qu’incapables de fournir la moindre preuve, les médias ont choisi de croire – et surtout de faire croire – à ce « Russiagate », un nom faisant référence au scandale du Watergate qui avait abouti à la démission du président Richard Nixon. S’ils se sont acharnés à donner vie à cette conspiration en essayant de faire passer les allégations les plus abracadabrantes pour de solides éléments à charge, c’est principalement sous l’effet grisant d’une double détestation : celle de la Russie (personnifiée par son maître maléfique, Vladimir Poutine) et celle de Trump. La victoire « impensable » de ce dernier face à Hillary Clinton, la championne des élites libérales-atlantistes, devait être contestée d’une façon ou d’une autre ; c’était moins pénible que de s’astreindre à réfléchir aux raisons véritables de la défaite.

Sans originalité, l’amertume du camp otanien a pris la forme d’une accusation du grand méchant ours russe, une incrimination reprise en France y compris par des médias se réclamant – certes plutôt timidement – de positions moins alignées sur l’impérialisme washingtonien (Mediapart, Le Canard enchaîné, Marianne, L’Humanité, Politis). Comme il y a des alter-européistes, il y a des alter-impérialistes ; ce sont d’ailleurs souvent les mêmes.

Il n’était nullement nécessaire d’être bien disposé à l’égard de la ligne politique de Moscou ou de celle (moins claire…) de Donald Trump pour être capable de s’apercevoir que les innombrables adeptes du Russiagate ont fait preuve d’un manque de prudence et de discernement stupéfiant. Il suffisait d’être sensible à la vraisemblance du scénario et attentif aux faits, ou plutôt… à leur absence.

Le paroxysme du n’importe quoi a été atteint avec la médiatisation abondante du « dossier Steele », qui postulait notamment l’existence d’une vidéo dans laquelle on verrait Donald Trump en train de contempler des prostituées soulageant leur vessie sur le lit de la chambre du Ritz-Carlton de Moscou que les époux Obama avaient occupée lors d’une visite présidentielle. Ce « kompromat » obtenu par le FSB permettrait à Voldemort Poutine de faire chanter l’homme d’affaires… Le dossier, un grotesque tissu de rumeurs et de fake news, avait été concocté par un ancien agent du renseignement britannique pour le compte d’un prestataire du Comité national démocrate (DNC – l’organisme qui dirige le Parti démocrate) et du comité de campagne officiel d’Hillary Clinton. Une source on ne peut plus fiable donc.

Aux États-Unis comme en France, les personnes qui exprimaient publiquement des doutes sur la crédibilité du récit dominant étaient volontiers dépeintes en thuriféraires du président américain ou de son homologue russe, voire des deux. Avec ceux qui ont un faible plus ou moins assumé pour l’Otan, l’intimidation et l’ostracisation remplacent souvent l’argumentation. Le débat est rendu délibérément impossible en assimilant toute critique de la ligne euro-atlantiste à un soutien aux « dictateurs » et autres « populistes illibéraux ». C’est l’application d’une méthode simpliste courante en propagande de guerre, généralement cuirassée d’un alibi humanitaire : « Si vous êtes contre un changement de régime par la force en Irak/Libye/Syrie/etc., c’est que vous êtes du côté du boucher Saddam/Kadhafi/Bachar/etc. »

L’irresponsabilité des Russiagâteux

Si tous les médias français n’ont pas défendu la thèse de la collusion avec le même zèle, les comptes rendus et commentaires partaient toujours du principe que celle-ci était crédible et que des éléments probants plaidaient en sa faveur (précisons que la préférence compréhensible de Moscou pour le candidat Trump – compte tenu de l’hostilité anti-russe affichée d’Hillary Clinton – ne constitue évidemment pas en soi une preuve d’entente). Les tournures conservant l’apparence du doute masquaient mal une adhésion préférentielle à la théorie du complot. La rationalité avait une fois encore déserté toutes les rédactions. Toutes sauf celle du Monde diplomatique (et dans une bien moindre mesure celle d’Atlantico), qui parlera de « Tchernobyl médiatique » lors de l’explosion en plein vol du Russiagate.

À chaque fois qu’il y avait un rebondissement dans « l’affaire » – et il y en eut beaucoup –, que les spéculations allaient bon train sur les « avancées » de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, le bourrage de crâne reprenait de plus belle. « Ingérence russe », « collusion avec la Russie », « liens troubles », « relations ambiguës »… Ce récit jamesbondesque à base de machiavélisme poutinien a libéré la parole conspirationniste dominante et permis de multiplier les procès à charge contre Moscou, accusé de vouloir saper à la chaîne les bienveillantes « démocraties libérales ».

En effet, si la Russie a manipulé l’élection présidentielle américaine, alors pourquoi pas le référendum sur le Brexit, la campagne présidentielle française, le référendum catalan, le mouvement des Gilets jaunes, les élections européennes, les élections générales britanniques, etc., etc. ? Dernièrement, on nous a dit que, « selon des sources du renseignement », Moscou payait des talibans pour qu’ils tuent des soldats américains et que des hackers russes essayaient de voler des données sur un vaccin pour la Covid-19. Il n’y a pas de fumée sans feu. C’est pourquoi il faut produire beaucoup de fumée. Et donc relayer servilement les opérations d’intoxication mitonnées par les services de renseignement occidentaux.

Les propagateurs de ces multiples scoops tonitruants devraient s’enquérir de la moralité de la fable d’Ésope appelée « Le Berger mauvais plaisant », plus connue sous le titre « Le Garçon qui criait au loup »…

Au lieu de se montrer soucieux de la vérité et des faits, de tempérer leur agressivité systématique à l’égard de la deuxième puissance nucléaire mondiale, les médias ont endossé le paradigme belliciste de la « menace russe ». Ce climat hostile a facilité, entre autres mesures antagoniques, l’intensification de l’odieuse politique de sanctions contre la Russie, le retrait états-unien de plusieurs traités internationaux de contrôle des armes, le renvoi de diplomates russes et l’opposition au projet de gazoduc Nord Stream 2 soutenu par Moscou. Quant à l’Otan, qualifiée d’« obsolète » par Donald Trump pendant sa campagne, elle est redevenue selon lui pertinente peu de temps après son élection, et même « un rempart pour la paix et la sécurité internationales » (voir notre article sur ce revirement). La « marionnette Trump » semble moyennement sous le contrôle du maître du Kremlin…

La campagne permanente de dénigrement anti-russe travaille l’opinion publique afin qu’elle consente à la hargne occidentale, en premier lieu à l’égard de Moscou, mais aussi des autres « ennemis » du bloc euro-atlantique (Chine, Iran, Syrie, Venezuela, etc.). Il s’agit ultimement de justifier un prétendu « droit d’ingérence ». Les médias sont en grande partie responsables de cette mentalité obsidionale qui tente de légitimer des comportements de brute et la pratique routinière du deux poids, deux mesures. Ce ne sont pas seulement les usages diplomatiques, l’esprit de concorde, voire le droit international qui sont piétinés, mais aussi plus fondamentalement les valeurs de vérité et de justice.

Les journalistes sont-ils conscients que la russophobie paranoïaque et le climat de guerre froide qu’ils nous imposent empoisonnent les relations internationales et font courir de graves risques à la paix dans le monde ? Non seulement les médias ne favorisent pas la désescalade, mais ils la combattent âprement.

Aaron Maté, l’expert proscrit

Deux ans et demi d’intense propagande conspirationniste donc, et puis… le verdict est tombé avec la remise du rapport Mueller : la « théorie du complot » selon laquelle « Donald Trump ou ses équipes auraient conspiré avec les Russes pour voler la présidentielle américaine » est une « illusion » (Wall Street Journal, 24 mars 2019). Une conclusion confirmée par la publication du rapport complet. À ceux qui douteraient encore du caractère tout à fait vide du dossier, nous recommandons la lecture des articles de celui qui est probablement le meilleur spécialiste au monde du Russiagate, le journaliste Aaron Maté, qui travaille désormais pour l’excellent site The Grayzone.

Ses textes, très étayés et rigoureux, sont malheureusement peu accessibles en français. Toutefois, Le Monde diplomatique en a traduit trois : « Ingérence russe, de l’obsession à la paranoïa », « Comment le “Russiagate” aveugle les démocrates » et « Un cadeau des démocrates à Donald Trump » (nous avons déjà indiqué plus haut un quatrième article d’Aaron Maté paru dans le mensuel, celui sur l’Ukrainegate). Et le site Les Crises a publié celui-ci : « Repose en Paix, Russiagate ».

Pour les lecteurs qui maîtrisent la langue de Steinbeck, il est indispensable de prendre connaissance de cette analyse approfondie du rapport Mueller. Aaron Maté y réfute également les allégations centrales du volet informatique de l’accusation d’ingérence russe dans l’élection américaine de 2016, à savoir d’une part le piratage des serveurs du DNC (voir aussi cet article plus récent) et de la messagerie électronique de John Podesta – le directeur de campagne d’Hillary Clinton –, et d’autre part les opérations menées par des « bots russes » sur les réseaux sociaux afin d’influencer les électeurs américains (pour en savoir plus sur le second point, lire cet autre texte).

Il est édifiant de constater que le journaliste le plus compétent sur le Russiagate a été complètement marginalisé, quand il n’était pas harcelé sur les réseaux sociaux ou attaqué avec virulence par des personnes occupant des positions professionnelles plus confortables, y compris d’anciens collègues. Aux États-Unis, Aaron Maté a vu ses espaces d’expression se réduire à cause de la lucidité dont il a fait preuve ; il a été (et reste) quasiment banni de l’univers mainstream. En France, parmi la cinquantaine de médias connus que nous avons observés, seul Le Monde diplomatique s’est intéressé à son travail ; son nom n’a pas même été mentionné par les autres (sauf une unique fois dans cet article malhonnête de Slate éreintant Glenn Greenwald, « tellement critique de la couverture médiatique sur l’ingérence russe que son discours ressemble à celui de Donald Trump »…).

Les chauffards du journalisme

Le Russiagate a fait chou blanc mais, sans surprise, les médias et commentateurs installés n’ont nullement fait amende honorable et reconnu qu’ils avaient massivement intoxiqué leurs publics, s’alignant ainsi sur les objectifs géostratégiques des faucons de Washington – qui dominent aussi le Parti démocrate – et des services de renseignement occidentaux. Ils auraient pourtant eu intérêt à admettre leur égarement pour enrayer la spirale du discrédit dans laquelle ils sont pris. Mais rien n’indique pour l’instant qu’ils se soient résolus à pratiquer un journalisme honnête et rigoureux.

En diffusant avec délectation une théorie du complot accablante pour Donald Trump, les médias dissimulaient à peine leur souhait de le voir destitué ; il en fut de même ensuite avec l’Ukrainegate et la procédure formelle en ce sens. Résultat : en l’accusant à tort de façon aussi outrée, en orchestrant une chasse aux sorcières de type maccarthyste, ils ont renforcé le président honni et l’ont en partie immunisé contre les critiques légitimes – qui ne manquent pas –, ce qui l’a positionné avantageusement pour un second mandat (depuis, sa gestion de la crise du coronavirus a beaucoup fragilisé cette configuration favorable).

Par contre, les perroquets otanophiles sont parvenus à leurs fins sur un autre plan : ils ont empêché tout apaisement entre les États-Unis (et leurs vassaux) et la Russie. Le parti de la guerre continue de mener la danse. On peut d’ailleurs se demander si le Russiagate n’avait pas pour but premier, dans l’esprit de ses instigateurs, de contrecarrer le non-interventionnisme, l’obsolescence de l’Otan et le rapprochement américano-russe sur lesquels Donald Trump avait fait campagne (la sincérité de ces positions est une autre question).

Ce sinistre feuilleton était une façon pour les adorateurs du Pentagone de réaffirmer leurs fondamentaux : exceptionnalisme états-unien, hégémonie mondiale et impérialisme humanitaire. La vaste campagne anti-russe favorise également une restriction de la liberté d’expression et un contrôle de plus en plus strict d’Internet. De tout cela, les médias sont activement complices.

98 %, vraiment ? – Oui.

Nous présentons ci-dessous des captures d’écran effectuées sur les versions en ligne des principaux médias d’information permettant de se faire une idée de leur traitement du Russiagate et plus globalement du dossier des « ingérences russes » dans l’élection de 2016 (Le Canard enchaîné n’ayant pas de formule numérique, nous utilisons pour ce titre des reproductions réalisées à partir des archives sur microfilms). Au nombre de dix au maximum, les publications sont ordonnées chronologiquement. Comme cela peut être aisément vérifié, les titres – et les chapôs quand ils sont présents – des articles reflètent leur contenu, à quelques nuances près. Il s’agit ici de restituer la tonalité générale du discours.

Les lecteurs attentifs remarqueront la mention récurrente de l’expression « avec l’AFP » dans la signature des articles listés (c’est-à-dire qu’ils ont été écrits en reprenant largement une dépêche produite par l’agence de presse), ce qui montre le rôle majeur qu’a joué celle-ci dans la propagation de la théorie du complot. L’agence britannique Reuters est également citée. L’emprise souvent néfaste des agences de presse sur la production journalistique mériterait d’être davantage mise en lumière (sur le sujet, voir cette étude).

La couverture du Russiagate permet de mesurer le degré d’uniformité de l’espace médiatique français – droite et « gauche » confondues – sur ce qui a trait aux rapports de force mondiaux et à la géopolitique. Pluralisme et finesse d’analyse font particulièrement défaut quand il est question de la Russie. Nous avons affaire à un cas d’école qui révèle la soumission foncière à l’impérialisme américain, y compris de la part de publications prétendument alternatives (qui semblent réclamer une « autre Otan » – inclusive, bienveillante et durable – comme elles réclament une « autre Europe »). 98 % des médias sont les attachés de presse ou des critiques superficiels du militarisme euro-atlantique.

La pensée conspirationniste, considérée par les élites comme un grand fléau civilisationnel quand elle est pratiquée par les dominés, devient tout à fait autorisée pour la défense des intérêts de l’Occident néocolonial. On notera au passage le silence pudique des chasseurs patentés de fake news, fact-checkeurs et autres spécialistes médiatiques du complotisme sur la déconfiture du Russiagate. Par exemple, à notre connaissance, le sociologue Gérald Bronner, qui déplore abondamment – et souvent à juste titre – le « succès des mythologies du complot [et l’]hystérisation des débats publics » (cf. cette tribune), n’a pas dit un mot sur le sujet. Comment expliquer cette occultation si ce n’est par un biais politique ?

Quant à Rudy Reichstadt, qui est considéré par les médias dominants comme l’expert de référence en matière de conspirationnisme, il a écrit dans un article publié le 18 janvier 2019 sur Conspiracy Watch que le Russiagate était étayé par des « indices accablants » et des « éléments autrement plus solides que ceux sur lesquels sont habituellement bâties les théories du complot diffusées par le Kremlin ». Deux ans plus tôt, dans cet autre texte, il était allé jusqu’à accorder du crédit au fameux dossier Steele, dont « les éléments troublants […] portés sur la place publique » lui semblaient de nature à appuyer « l’hypothèse que le Kremlin ait pu influencer les élections américaines ». Convenons-en, Rudy Reichstadt est bien, en un certain sens, « expert en complotisme »… On comprend que le complexe médiatico-politique ait adoubé un tel champion pour défendre la cause.

Le cas du Russiagate montre à quel point l’ensemble du secteur médiatique peut faillir sous le poids de ses biais idéologiques et vices structurels. Une telle irresponsabilité représente une menace pour la paix mondiale. C’est pourquoi il nous faut inlassablement demander des comptes aux propagandistes. À ceux qui seraient tentés de minorer leur influence, nous préconisons la lecture de ce bref compte rendu d’un sondage effectué après la médiatisation des conclusions du rapport Mueller : « Pour près de la moitié des Américains, il y a eu collusion Trump-Russie ».

Laurent Dauré

Cliquez sur le nom d’un média pour accéder à l’échantillon de publications le concernant.

I. La règle : médias conspirationnistes (55)

A. Quotidiens (13)

20 Minutes
CNews
La Croix
Les Échos
Le Figaro
L’Humanité
Libération
Le Monde
L’Opinion
Ouest-France
Le Parisien-Aujourd’hui en France
Sud Ouest
La Voix du Nord

B. Hebdomadaires (15)

Le Canard enchaîné
Challenges
Charlie Hebdo
Courrier international
L’Express
Les Inrockuptibles
Le Journal du dimanche
Marianne
L’Obs
Paris Match
Le Point
Politis
Télérama
La Tribune
Valeurs actuelles

C. Pure players (5)

Atlantico
Le HuffPost
Konbini
Mediapart
Slate

D. Stations de radio (7)

Europe 1
France Culture
France Info
France Inter
RFI
RMC
RTL

E. Chaînes de télévision (15)

Arte
BFM-TV
CNews
Euronews
France 2
France 3
France 5
France 24
FranceTVinfo
i24news
LCI
Public Sénat
TF1
TMC
TV5 Monde

II. L’exception : média non-conspirationniste (1)

A. Mensuel (1)

Le Monde diplomatique

Cet article Retour sur le Russiagate : 98 % des médias français ont été conspirationnistes est apparu en premier sur Ruptures.

Frankreich: das grosse Abwandern der Industrie

Par : pierre

Die Verlagerung der pharmazeutischen Produktion zeigt in der aktuellen Gesundheitskrise dramatische Folgen. Sie sind Teil des langen Delokalisierungsprozesses der pharmazeutischen Industrie.

Mangel. Das Wort war seit dem Ende des Zweiten Weltkriegs aus dem Wirtschaftsvokabular der entwickelten Industrieländer verschwunden. Inmitten der Coronavirus-Krise erlebt es ein starkes Comeback. Mangel an Krankenhausbetten, aber auch an Masken, Desinfektionsmitteln, Tests, Beatmungsgeräten und Medikamenten…

Covid-19 hat diese dramatischen Defizite aufgezeigt. In Frankreich sind sie das Ergebnis einer bewusst und auf Dauer angelegten Politik, die Produktion zu delokalisieren und das Land zu deindustrialisieren. Seit Mitte der 1970er Jahre hat sich der Anteil der verarbeitenden Industrie an der französischen Wirtschaft demnach halbiert: Sie macht heute nur noch 10% des inländischen Reichtums aus. Und die leichten Veränderungen der letzten Jahre haben es nicht möglich gemacht, den Trend ernsthaft umzukehren.

Ein Beispiel unter vielen anderen ist die Schließung einer großen Maskenfabrik in Plaintes in den Côtes d’Armor Ende 2018, im Hinblick auf eine Verlagerung. Die französische Firma Spérian hatte schon vorher, 2010, unter die amerikanische Flagge von Honeywell gewechselt.

Die Maschinen konnten bis zu 20 Millionen FFP1- und FFP2-Masken pro Monat herstellen. Im Jahr 2005 waren sie Gegenstand einer Investition von 6 Millionen Euro, die mit Hilfe der öffentlichen Hand getätigt wurde und 2009, zur Zeit des H1N1-Virus, eine massive Produktion ermöglichte, bevor der Staat beschloss, sich zurück zu ziehen.

Zum Zeitpunkt der Schließung hatten die CGT- und CFDT- Vertreter der Fabrik Emmanuel Macron und den Wirtschaftsminister, Bruno Le Maire, aufgefordert, das Unternehmen zu retten. Damals ohne Erfolg. Hinzu kommt, dass die Unternehmensleitung große Sorgfalt darauf verwandt hatte, die acht Produktionslinien zu zerstören, damit sie nicht in die Hände eines Konkurrenten fielen. Zuletzt hörte man, dass Gewerkschafter und betroffene Gemeinden versuchen, das Unternehmen wiederzubeleben.

Ein tragisch ähnliches Szenario spielt sich im Luxfer-Werk in Gerzat (Puy-de-Dôme) ab, wobei die anglo-amerikanische Gruppe Luxfer Gas Cylinders als Liquidator fungiert. Bis zum Frühjahr 2019 produzierten dort französische Mitarbeiter medizinische Sauerstoffflaschen – die letzten, die in Frankreich und sogar auf dem ganzen Kontinent hergestellt wurden. Auch hier wieder die gleiche Unfähigkeit des Staates, aber auch dieselbe Bereitschaft zur Wiederaufnahme der Produktion auf Seiten der Arbeiter, die immer noch nicht aufgeben wollen. Dies umso mehr, als dieses Material angesichts des in die Höhe schnellenden Bedarfs für die Wiederbelebung von entscheidender Bedeutung geworden ist.

« Selbst in einer Kriegswirtschaft ist es schwierig, nicht vorhandene Kapazitäten und verloren gegangenes Know-how zu mobilisieren und die klaffenden Spezialisierungslücken zu füllen« , bemerkten die Ökonomen Elie Cohen, Timothée Gigout-Magiorani und Philippe Aghion in einer Kolumne in Les Echos (31.03.20) über diese massive Deindustrialisierung. Sie erinnern uns daran, dass Deutschland seinerseits nicht aufgehört hat, seine Produktionskapazitäten zu verstärken: Die deutschen Bruttoexporte von Tests, die jetzt für Covid-19 mobilisiert werden können, belaufen sich auf fast 2 Milliarden Euro pro Jahr, verglichen mit knapp 200 Millionen Euro in Frankreich.

Die pharmazeutische Industrie ihrerseits steht bei der Auflösung der Produktionslinien an vorderster Front. Heute werden zwischen 60% und 80% der Wirkstoffe außerhalb der Europäischen Union hergestellt, gegenüber 20% bis 30% vor zwanzig Jahren. Von Frankreich selbst ganz zu schweigen. Die Europäische Kommission sagt heute, dass sie eine « Neubewertung » der Produktionsketten innerhalb der EU erwägt. Aber dann ?

Indien ist der größte Lieferant von Generika und Impfstoffen und deckt 20% der weltweiten Nachfrage. Doch dieses Streben nach finanzieller Effizienz führt umso mehr zu einer gefährlichen Abhängigkeit, als der Subkontinent selbst vom Coronavirus betroffen ist.

So beschloss Indien am 4. März zum ersten Mal in seiner Geschichte, den Export von 26 Wirkstoffen wie Paracetamol, Antibiotika und antiviralen Medikamenten zu stoppen. Das Land wollte sich auch vor der nicht minder massiven Abhängigkeit schützen, in der es sich befindet: Indien importiert fast 70% seiner Wirkstoffe, die das Herzstück der Arzneimittelherstellung bilden, zumeist aus China. Unter Druck, insbesondere von Seiten der Vereinigten Staaten, gab Premierminister Narendra Modi am 7. April schließlich 13 Medikamente und Zusatzstoffe frei.

Diese Aufsplitterung auf mehrere Produktionsländer ist umso gefährlicher, als die Konzerne von Sanofi bis Novartis der Meinung sind, dass die Daten über die Herkunft ihrer Produkte Herstellungsgeheimnisse sind, die sie eifrig schützen.

Nach mehreren Warnungen vor Lieferunterbrechungen für Europa startete die französische Firma Sanofi am 24. Februar die Gründung einer Gesellschaft, um die sechs europäischen Werke, die aktive Wirkstoffe herstellen, zusammenzuführen. Solide Konsolidierung?

In Wirklichkeit beabsichtigt der Konzern, … dieses zukünftige Unternehmen, das schließlich nur noch 30 % des Kapitals hält, als Tochtergesellschaft an die Börse zu bringen. Auf diese Weise kann man sich von dieser Einheit diskret verabschieden. Während öffentliche Institutionen wie BPI-France (die französische KfW) willkommen sind, sich an der Finanzierungsrunde des neuen Unternehmens zu beteiligen, ist es sehr wahrscheinlich, dass sich auch ausländische Fonds gerne beteiligen werden, um Einfluss auf seine Entscheidungen zu nehmen.

Indem sie ihre Produktion auf diese Weise auseinander legen, haben die Hersteller zwar ihre Kosten gesenkt, gleichzeitig aber ihre Produktionskette extrem anfällig gemacht. Und das nicht nur in der pharmazeutischen Industrie. Eine andere Aktivität, die eng mit der industriellen Geschichte Frankreichs verbunden ist, zahlt gerade ihren Preis: die Automobilindustrie.

Carlos Tavares, Präsident von PSA (Peugeot-Citroën) kann sich rühmen, dass er « nur » 300 chinesische Lieferanten von den insgesamt 8.000 hat, was jedoch ausreicht, um die Produktionslinien in Poissy und Rennes zu blockieren. In diesem Fall konzentriert sich China auf eine Produktion mit geringer Wertschöpfung, die 4% des Preises für den Bau eines Fahrzeugs in Frankreich ausmacht. Vom Ganzen her gesehen stellen diese Teile jedoch 20%, bei kleinen mechanischen und Kunststoffkomponenten sogar 50% dar. Unter diesen Bedingungen hat es keinen Sinn, weiterhin Stoßstangen in Europa herzustellen, wenn Schrauben und Muttern fehlen, damit die Autos die Fabriken verlassen können.

 Überraschenden Veränderungen

In der gegenwärtigen Krise führt all dies zu einigen überraschenden Veränderungen in der Vorgehensweise. Philippe Varin, ehemaliger Chef von Peugeot-Citroën (PSA), der beschlossen hatte, den Standort Aulnay-sous-Bois zu schließen, ist heute als Präsident der Lobby des französischen Arbeitgeberverbandes der Industrie der Ansicht, dass die Krise « den Charakter einer Chance annehmen kann, weil sie die Wiederaufnahme der Produktion in Frankreich ermöglicht« .

Eine weitere Wende: Laurence Daziano, Forscherin am Fondapol, das sich als eine « liberale und europäische Denkfabrik » bezeichnet, fordert ihrerseits in Les Echos (7. April) den « Wiederaufbau der französischen Industrie » mit einer « Lenkungs- und Finanzierungsfunktion » für den Staat, der aufgefordert wird, « sich mit bis zu 10% bis 15% an strategischen Industrien zu beteiligen« .

Doch die spektakulärste rhetorische Kehrtwende findet sich im Elysée-Palast. So plädierte Emmanuel Macron am 13. April für « den Wiederaufbau der Unabhängigkeit Frankreichs in den Bereichen Landwirtschaft, Gesundheit, Industrie und Technologie« , nicht ohne an sein Mantra zu erinnern: « mehr strategische Autonomie für unser Europa« . « Unser Europa », in diesem Fall die EU, basiert nach wie vor auf dem freien Verkehr von Waren, Dienstleistungen und Arbeitskräften. Und Kapital.

Nach dem letzten Stand der Dinge stellen die europäischen Staats- und Regierungschefs, insbesondere der französische Präsident, dieses grundlegende und existentielle Dogma in keiner Weise in Frage. Die Kluft zwischen Rhetorik und Realität könnte sich daher vergrößern. Aber auch, immer deutlicher sichtbar werden.

 

Cet article Frankreich: das grosse Abwandern der Industrie est apparu en premier sur Ruptures.

Öl : der Krieg der Giganten

Par : pierre

Ein bisher noch nie dagewesener (wenn auch nur vorübergehender) Rückgang des Weltrohölverbrauchs, diente als Auslöser für eine Konfrontation zwischen Washington, Moskau und Riad. Der Preiseinbruch führt zu einem Gemetzel unter den Produzenten in Texas.

Während fast ausschließlich der « Krieg » gegen das Coronavirus im Rampenlicht steht, findet im Hintergrund eine gigantische Schlacht zwischen den großen Ölmächten statt. Obwohl die Konfrontationen schon seit mehreren Jahren in der Luft lagen, hat die Epidemie mit ihren dramatischen wirtschaftlichen Folgen nun die Gelegenheit dazu geboten, diese offen auszutragen.

Dem Szenario zufolge fand das erste Scharmützel am 6. März in Wien am Sitz der Organisation der erdölproduzierenden Länder (OPEC, der Saudi-Arabien, die Golfstaaten, Iran, Irak, Libyen, Venezuela und Nigeria angehören) statt. Riad lud die Mitglieder der Organisation zu einer Dringlichkeitssitzung ein; eingeladen waren auch die Mitglieder der « OPEC+ », einer 2016 geschaffenen Erweiterung um zehn zusätzliche Länder, der insbesondere auch Russland angehört. Die Verwüstungen durch die globale Pandemie beginnen in der Tat, den Verbrauch des schwarzen Goldes in den Keller zu stürzen, bis hin zu einem Punkt, der den Rohölpreis schwer belastet. So fiel der Preis des Barrel (160 Liter), der Anfang Januar bei 70 Dollar lag, Anfang März auf 50 Dollar.

Der saudische Minister schlug vor, den Preisverfall durch eine freiwillige Reduzierung der Förderung zu begrenzen. Sein russischer Kollege antwortete, dass er nicht dagegen sei, vorausgesetzt, dass alle Produzenten der Welt sich verpflichten, ihren Teil dieses Opfers zu bringen, angefangen mit Washington. Die Vereinigten Staaten wurden 2018 zum weltweit führenden Produzenten, mit einem Rekord von fast 13 Millionen Barrel pro Tag (MB/d), die 2019 dank des durch Fracking gewonnenen Öls, das etwa die Hälfte des Gesamtvolumens ausmacht, gefördert wurden.

Aber Uncle Sam, der nicht Teil der OPEC+ ist, hat nie einer Selbstbeschränkung zugestimmt. Eine Einigung war daher in Wien nicht möglich. Saudi-Arabien beschloss daraufhin, den Spiess umzudrehen und den Markt zu überschwemmen. Sie pumpten immer mehr und stiegen von 9,8 MB/d auf 12. Moskau, der zweitgrößte Produzent der Welt (10,7 MB/Tag), musste diesem Beispiel folgen und ebenfalls seine Förderung erhöhen, während es gleichzeitig die Haltung Riads als « irrational » qualifizierte.

Aber die Lage wurde weiter erschwert: Immer mehr Länder auf den fünf Kontinenten entschieden sich für Ausgangsbeschränkungen. Die meisten kommerziellen Flüge wurden gestrichen, der Autoverkehr war stark rückläufig und der Energieverbrauch der Industrien begann einen Sturzflug. Anfang April erreichte das Ungleichgewicht zwischen dem weltweiten Angebot (etwa 100 MB/Tag) und dem Einbruch der Nachfrage 25 MB/Tag oder sogar 30 MB/Tag, ein in der Geschichte des schwarzen Goldes noch nie dagewesenes Niveau.

So dass Ende März der Kurs unter 20 Dollar pro Baril fiel. (Am 20. April fielen einige kurzfristige Kaufverträge sogar bis zu « negativen Preisen » hinunter: Händler waren bereit, für den Verkauf des von ihnen erworbenen Rohöls zu zahlen, aber niemand wollte es kaufen. Tatsächlich waren die US-Reservoire kurz davor, überfüllt zu sein. Ein Bohrstopp ist besonders kostspielig. Diese völlig unerhörte Situation blieb jedoch eine Ausnahme, und Mitte Mai war der Rohölpreis der Sorte Brent wieder bei etwas 30 Dollar).

Am 9. April traf sich die OPEC+ erneut. Die Länder einigten sich schließlich auf einen Gesamtrückgang von 9,7 MB/d, d.h. ein Zehntel der Weltproduktion – das ist ein gigantischer und beispielloser Vorgang. Am 10. April zögerte Mexiko jedoch. Es dauerte weitere zwei Tage, bis unter den 23 vertretenen Ländern Einstimmigkeit erzielt wurde. Riad und Moskau vereinbarten, die Produktion um jeweils 2,5 MB/d zu reduzieren. Der russische Minister ist jedoch der Ansicht, dass das Abkommen, das ab dem 1. Mai gilt, mindestens bis zum Ende des Jahres dauern muss, um sich spürbar auszuwirken, und noch länger, um zu den Preisen von Anfang 2020 zurückzukehren. Ein neues Treffen ist für Juni geplant.

Das Übereinkommen wurde gebilligt und unter den Schirm der G20 gestellt. Das Weiße Haus hat seinerseits keine verbindlichen Zusagen gemacht, auch wenn der russische Minister einen Rückgang der US-Produktion um 2 bis 3 MB/d in Aussicht stellt.

Am 12. April rief der amerikanische Präsident seinen russischen Amtskollegen an. Die beiden Männer betonten gemeinsam « die große Bedeutung der erzielten Vereinbarung ». Der Kreml präzisierte auch, dass ein Gespräch zwischen Wladimir Putin und dem saudischen König Salman im gleichen Geiste stattgefunden habe.

Offiziell haben die drei Ölgiganten daher einen Waffenstillstand geschlossen. Aber Beobachter glauben nicht an einen langfristigen Frieden. Schon allein deshalb, weil der beschlossene Rückgang der Fördermenge, so spektakulär er auch sein mag, nicht mit dem aktuellen Nachfragerückgang übereinstimmt. Doch der erzielte Kompromiss mischt die Karten neu.

Der Ausbruch der Feindseligkeiten

Mit der Weigerung, sich am 6. März vertraglich zu binden, setzte Moskau eine neue Strategie um, für die sich Igor Setchine, der Chef der staatlichen Ölgesellschaft Rosneft, ein sehr enger Freund von Wladimir Putin, eingesetzt hatte. Letzterer entschied zugunsten der Feindseligkeiten aus drei Gründen heraus.

Erstens, um kurzfristig den neuen amerikanischen Frackingölproduzenten (hauptsächlich in Texas) „an die Gurgel zu gehen“. Zugegebenermassen behindert der Rückgang des Rohölpreises die Öleinnahmen Russlands. Aber die durchschnittlichen Förderkosten in Russland liegen zwischen 15 und 20 Dollar pro Barrel. Es kann sich also behaupten, zumal es über Devisenreserven in Höhe von 450 Milliarden und einen « souveränen » (staatlichen) Fonds von 150 Milliarden Dollar verfügt.

Umgekehrt sind die texanischen Produzenten besonders anfällig, da sie Produktionskosten von 50 bis 60 Dollar pro Barrel haben. Wenn die Preise unter dieses Niveau fallen, werden sie die Suppe auslöffeln müssen, das wird umso härter sein, als sie schlecht kapitalisiert sind; sie riskieren auch, die Banken, die sie finanziert haben, mit nach unten zu ziehen. Dieses erste Ziel beginnt sich zu verwirklichen: Die Konkurse kleiner texanischer Produzenten nehmen zu. Die US-amerikanische Frackingölproduktion könnte um 40% zurückgehen.

Dieser Rückgang ist zwar ein Ergebnis der Marktkräfte und keine formelle Verpflichtung der US-Regierung. Tatsache bleibt aber, dass die Amerikaner zum ersten Mal dazu gebracht werden, den Regeln anderer Weltproduzenten zu folgen. Moskau kann also damit zufrieden sein.

Die texanischen Produzenten untergehen zu lassen, die seit mehreren Jahren den Markt stören, war auch das Ziel des saudischen Kronprinzen Mohammed Ben Salmane (MBS). Aber letzterer kann kaum triumphieren: Nach vielen Rückschlägen und diplomatischen und militärischen Misserfolgen hat er die Krise mehr durchlitten als gesteuert. Zwar hat sein Land die niedrigsten Förderkosten (5 bis 10 Dollar pro Barrel), aber die Finanzen des Königreichs verschlechtern sich doch in besorgniserregender Weise. Die umfangreichen Modernisierungspläne, die unternommen werden, verursachen beträchtliche Kosten, und erfordern ein Barrel zu 80 Dollar. Dies gilt umso mehr, als die brutalen Vorgehensweisen von MBS sowohl in Moskau als auch in Washington Zweifel an der saudischen Stabilität aufkommen ließen. Es scheint so, als suchten auch einige im Innern des Königreichs nach einer Alternative. Vor einigen Wochen ließ der Prinz zwei Mitglieder der königlichen Familie verhaften, von denen einer der CIA sehr nahe stand.

Das zweite Ziel Moskaus besteht mittelfristig darin, seinen Anteil am europäischen Markt nicht zu verringern

Das zweite Ziel Moskaus besteht mittelfristig darin, seinen Anteil am europäischen Markt nicht zu verringern. Im Jahr 2017 lieferte Russland 32% des Öls der EU und will seinen Platz als führender Lieferant behalten, den ihm die amerikanischen Ölkonzerne gerne wegnehmen würden… begünstigt durch die Selbstbeschränkungen der Produktion, die innerhalb der OPEC+ zur Preisstützung beschlossen wurden. Es ist auch klar, dass Washington alles tut, um den russischen Gasexporten auf den Alten Kontinent entgegenzuwirken, indem es sein eigenes Flüssiggas fördert, alles mit dem Ziel geostrategischer Dominanz.

In diesem Licht muss man auch die Versuche verstehen, Venezuela, das Land mit den größten bekannten Reserven an schwarzem Gold, zu destabilisieren. Möglicherweise haben sich die Verhandlungen zwischen Amerikanern und Russen hinter den Kulissen nicht nur auf die Produktion von Erdöl konzentriert, sondern auch auf die amerikanischen Sanktionen, die sowohl gegen Moskau als auch gegen Caracas gerichtet sind.

Schließlich könnten die Russen ein längerfristiges Ziel haben: sich als weltweiter Regulator der Rohölpreise zu positionieren.

In diesem Zusammenhang sind die Staats- und Regierungschefs der EU verärgert: Wegen des Mangels an Erdölressourcen können sie nur dabei zuschauen. Nur hatte die Kommission 2015 einen « strategischen Rahmen für eine belastbare Energieunion mit einer weitsichtigen Klimaschutzpolitik » vorgeschlagen.

Ein sehr theoretischer gemeinsamer Rahmen, weil die 27 in diesem wie in vielen anderen Bereichen oft unterschiedliche, ja sogar gegensätzliche Interessen haben.

 

Cet article Öl : der Krieg der Giganten est apparu en premier sur Ruptures.

Irland: der Sieg der « Linken Nationalisten »

Par : pierre

Eine wirklich verlorene Wette für den scheidenden irischen Premierminister Leo Varadkar. Mitte Januar hatte er Überraschungswahlen ausgerufen und damit gerechnet, dass er danks einer dreiwöchigen Blitzkampagne,  die Abstimmung am 8. Februar gewinnen würde.

Er setzte auf sein am 10. Oktober mit Boris Johnson ausgehandeltes bilaterales Abkommen zur Freigabe des Brexit ohne eine « harte » Grenze mit Nordirland zu schaffen, und auf den daraus von ihm erhofften Glorienschein. Er forderte daher seine Landsleute auf, ihn mit einem « starken Mandat » für die Verhandlungen zwischen London und Brüssel über die künftigen Handelsbeziehungen, bei denen Irland an vorderster Front steht, zu erneuern.

Die Wähler enttäuschten seine Hoffnungen, indem sie seiner Partei, der Fine Gael (FG,  als Mitte-Rechts geltend), nur 20,9 % der Stimmen gaben, was einem Rückgang von 4,9 Punkten gegenüber 2016 entspricht. So zeigten sie, dass sie andere Prioritäten im Sinn hatten, die bereits während der Kampagne in den Vordergrund gerückt waren: die akute Wohnungskrise mit astronomischen Mietpreisen in der Hauptstadt Dublin, das Gesundheitswesen unter hohem Druck, das Verkehrswesen unzulänglicher denn je.

Herr Varadkar rühmte sich eines beneidenswerten Wachstums (fast 5 %), aber viele Bürger erinnerten ihn daran, dass dies nicht in ihre Brieftaschen geflossen ist – ganz im Gegenteil. Die Partei Sinn Fein (SF), ein fortschrittlicher und historisch kämpferischer Befürworter der Wiedervereinigung ganz Irlands – was ihr den Titel « linke Nationalisten » einbrachte – führte ihren Wahlkampf, in dem sie einen Mietpreisstopp, den Bau von 100 000 Sozialwohnungen, zusätzliche Mittel für öffentliche Krankenhäuser und die Unternehmensbesteuerung vorschlug.

Lehrer und Kindergartenhelfer streikten im Januar

Und das in einem ungewöhnlichen sozialen Klima: Lehrer und Kindergartenhelfer streikten im Januar. Das Land ist zwar aus der schrecklichen Krise von 2008-2010 herausgekommen, die in einem von der EU unter dem Deckmantel der Rettung der schuldengeplagten öffentlichen Finanzen auferlegten Super-Austeritätsplan endete. Aber die arbeitende Bevölkerung hat von der Erholung überhaupt nicht profitiert.

Die Sinn Fein hat also « den großen Wurf gemacht »: Mit 24,5% der Stimmen, d.h. +10,7 Punkte, wird sie zur führenden Partei in Bezug auf die Anzahl der Vorzugsstimmen (das Wahlsystem erlaubt die Aufteilung der Stimmen). Viele Beobachter haben sogar von einem politischen Erdbeben gesprochen, da die SF die historische Vorherrschaft der beiden großen Parteien, die sich die politische Szene teilten, gebrochen hat: die FG sowie ihre traditionelle Rivalin, die Fianna Fail (FF), die ebenfalls als Mitte-Rechts-Partei bezeichnet wird. Die FF beteiligte sich nicht an der scheidenden Regierung, unterstützte sie aber in der Zeit vor dem Brexit. Mit 22,2% liegt sie 2,2 Punkte unter dem Wert von 2016.

Mit 4,4% (-2,2 Punkte) setzt die Labour-Partei ihren Abstieg in die Hölle fort, der während ihrer Regierungsbeteiligung 2011 begann, als sie die von Fine Gaël umgesetzten sozialen Abbaupläne unterstützt hatte. Mit 7,1% sind die Grünen gegenüber 2016 um 4,4 Punkte gestiegen, im Vergleich zur Europawahl vom Mai 2019 jedoch um 4,3 Punkte gesunken.

Sinn Fein hat sich « entdämonisiert »

Die ganze Aufmerksamkeit richtet sich daher nun auf Sinn Fein, die als einzige Partei sowohl in Irland als auch in Nordirland, das zum Vereinigten Königreich gehört, präsent ist. Die SF hat sich « entdämonisiert » mit Mary Lou McDonald, der Anführerin, die 2018 den historischen Führer Gerry Adams ablöste. Dieser wurde lange – wie die Partei selbst – beschuldigt, mit der IRA in Verbindung zu stehen und somit für den « Terrorismus » schuldig zu sein, und zwar gegen die britischen Armee, die seit Mitte der 1960er Jahre für die « Aufrechterhaltung der Ordnung » in Nordirland sorgte. Es war eine schmerzhafte Zeit, die Tausende von Opfern forderte und mit dem 1998 unterzeichneten Friedensabkommen endete.

Die IRA wurde aufgelöst, die Nationalisten wollen nun die Wiedervereinigung der Insel mit friedlichen Mitteln erreichen. Ein Ziel, das sicherlich von einer großen Mehrheit der Bürger der Republik geteilt wird, das aber eindeutig nicht zu ihren Prioritäten gehört. Sinn Fein, lange Zeit „euroskeptisch“, hat sich auf die Europäische Union zubewegt, eine Stellungnahme, die sie insbesondere beim britischen Referendum vom Juni 2016 verteidigte, als sie die Nordiren aufforderte, gegen den Brexit zu stimmen (was 55,8% von ihnen taten). Bei den Europawahlen im Mai 2019 mobilisierte die SF jedoch nicht viele für ihre Pro-EU-Positionen, da sie nur 11,7% der Stimmen erhielt. Im Gegensatz zu Herrn Adams, der in einem Arbeiterviertel aufwuchs, besuchte Frau McDonald eine wohlhabende Privatschule, bevor sie Personalmanagement und… die europäische Integration studierte.

Von ihrem eigenen Erfolg überrascht

Die Sinn Fein scheint von ihrem eigenen Erfolg überrascht gewesen zu sein: Sie stellte nur 42 Kandidaten, von denen 37 gewählt wurden. Das Unterhaus (Dail) hat 160 Sitze. Die Fine Gael und die Fianna Fail erhielten 35 bzw. 38 Sitze. Keine der jetzt drei großen politischen Kräfte wird daher allein regieren können.

Ideologisch gesehen würde nichts FG und FF daran hindern, ein Bündnis zu erneuern. Aber gerade um diese Konfiguration zu vermeiden, hatte Herr Varadkar die Wahlen ausgerufen. Vor allem würde eine « Große Koalition » der FG-FF gegen das Votum der Bürger gehen, die in der Hoffnung auf eine echte Veränderung für Sinn Fein gestimmt haben.

Während des Wahlkampfes hatten die beiden großen Parteien jedoch ausgeschlossen, mit Sinn Fein zu regieren, die sie für unberührbar halten. McDonald ihrerseits kündigte an, dass sie eine « Regierung für das Volk » bilden wolle (vielleicht ein Echo der von Boris Johnson behaupteten « Regierung des Volkes »), und dass sie vorrangig die Unterstützung kleiner Parteien (Sozialdemokraten, Grüne, usw.) suche – eine Aufgabe, die dennoch komplex erscheint. Sie prophezeite auch, dass ihre beiden Rivalen Sinn Fein nicht ewig auf der Strecke halten könnten. Tatsächlich schien Fianna Fail’s Führer, der ehemalige Minister Micheal Martin, nach der Bekanntgabe der Ergebnisse ein wenig aufgeschlossener zu sein.

Amüsantes Paradoxon: die Befürworter der europäischen Integration begrüßen den Erfolg einer offen nationalistischen Partei

Die ausländische Presse – insbesondere die französische, aber auch die in Brüssel – drückte am Tag nach der Wahl ihre Trauer über das Scheitern von Herrn Varadkar aus, der 2017 im Alter von 38 Jahren Premierminister wurde und für seine europäischen Kollegen ein Modell der « Vielfalt » verkörperte: indischer Herkunft, und offener Schwuler.

Aber viele in der Mainstream-Presse glauben, eine neue Perspektive voraussagen zu können, nämlich die der irischen Wiedervereinigung auf Kosten des Vereinigten Königreichs. Eine solche Aussicht ist zum jetzigen Zeitpunkt unrealistisch, aber viele Kommentatoren träumen wahrscheinlich von den Rückschlägen, die die britische Regierung so zu verkraften hätte. « Das erste Nachbeben nach dem Brexit“ war zum Beispiel eine Schlagzeile von Le Monde.

Das erklärt dieses amüsante Paradoxon: für das erste Mal begrüßen die Befürworter der europäischen Integration den Erfolg einer offen nationalistischen Partei. Im wirklichen Leben erwarten aber die Wähler tatsächlich schnelle Antworten auf ihre sozialen Erwartungen.

Wie auch immer, in dieser neuen dreigliedrigen Konfiguration könnte die Bildung der künftigen Regierung einige Wochen oder sogar Monate dauern.

Cet article Irland: der Sieg der « Linken Nationalisten » est apparu en premier sur Ruptures.

Elections en Irlande : le parti nationaliste Sinn Fein triomphe grâce à son programme social

Par : pierre

Lors du scrutin irlandais du 8 février, le Sinn Fein a créé la surprise en détrônant les deux formations traditionnelles. Les électeurs ont exprimé leurs attentes sur le plan social et leur volonté de changement.

Pari vraiment raté pour le premier ministre irlandais sortant, Leo Varadkar. Mi-janvier, il déclenchait des élections surprises en comptant sur une campagne éclair de trois semaines pour remporter le scrutin fixé au 8 février.

Il misait sur son accord bilatéral négocié le 10 octobre dernier avec Boris Johnson en vue de débloquer le Brexit sans recréer de frontière « dure » avec l’Irlande du Nord, et sur l’aura qu’il en attendait. Il avait donc exhorté ses compatriotes à le reconduire avec un « mandat fort » pour la négociation qui va s’engager entre Londres et Bruxelles sur la future relation commerciale, pour laquelle l’Irlande se trouve en première ligne.

En accordant à son parti, le Fine Gael (FG, étiqueté centre-droit), seulement 20,9% des suffrages, soit une chute de 4,9 points par rapport à 2016, les électeurs ont douché ses espoirs, et manifesté qu’ils avaient d’autres priorités en tête (la participation s’est élevée à 62,9%, soit une baisse de 2,3 points). Déjà pendant la campagne, ces priorités étaient apparues au grand jour : la crise aiguë du logement, avec des loyers astronomiques dans la capitale, Dublin ; les services de santé sous haute pression ; les transports plus inadaptés que jamais.

M. Varadkar s’était prévalu d’une croissance enviable (près de 5%), mais de nombreux citoyens lui ont rappelé que celle-ci ne s’était pas traduite dans leur porte-monnaie, bien au contraire. Le parti Sinn Fein (SF), progressiste et historiquement militant de la réunification de toute l’Irlande – ce qui lui vaut le qualificatif de « nationaliste de gauche » – a précisément mené sa campagne en proposant un gel des loyers, la construction de 100 000 HLM, des moyens supplémentaires pour les hôpitaux publics, ainsi que la taxation des entreprises.

Les enseignants, de même que les assistantes maternelles ont fait grève en janvier

Et cela dans un climat revendicatif inhabituel : les enseignants, de même que les assistantes maternelles ont fait grève en janvier. Certes, le pays s’est sorti la crise terrifiante de 2008-2010 qui s’était soldée par un plan de super-austérité imposé par l’UE sous couvert de renflouement des finances publiques étranglées par la dette. Mais la population laborieuse n’a nullement profité de la reprise.

Le Sinn Fein a donc « cartonné » : avec 24,5% des voix, soit +10,7 points, il devient le premier parti en nombre de suffrages préférentiels (le mode de scrutin autorise les panachages). De nombreux observateurs ont même parlé de séisme politique, puisque le SF brise la domination historique des deux grands partis qui se partageaient la scène politique : le FG, ainsi que son traditionnel rival, le Fianna Fail (FF), également étiqueté centre-droit. Le FF ne participait pas au gouvernement sortant, mais soutenait celui-ci dans la période pré-Brexit. Avec 22,2%, il s’effrite de 2,2 points sur son score de 2016.

A 4,4% (-2,2 points), le Parti travailliste poursuit sa descente aux enfers entamée lors de sa participation gouvernementale de 2011, où il avait soutenu les plans de régression sociale mis en œuvre par le Fine Gaël. Avec 7,1%, les Verts progressent de 4,4 points sur 2016, mais chutent de 4,3 points par rapport aux Européennes de mai 2019.

Sinn Fein « dédiabolisé »

Toute l’attention se porte donc désormais sur le Sinn Fein, par ailleurs seul parti présent à la fois en Irlande, et en Irlande du Nord qui fait partie du Royaume-Uni. Il s’est manifestement « dédiabolisé » avec Mary Lou McDonald, la dirigeante qui a remplacé, en 2018, le leader historique Gerry Adams, longtemps accusé – comme le parti lui-même – d’être lié à l’IRA, et donc d’être responsable du « terrorisme » face à l’armée britannique chargée de « maintenir l’ordre » en Irlande du Nord à partir du milieu des années 1960. Ce fut une période douloureuse qui a compté des milliers de victimes, et qui s’est conclue par les accords de paix signés en 1998.

L’IRA a été dissoute, et les nationalistes souhaitent désormais obtenir la réunification de l’île par des voies pacifiques. Un objectif que partage certainement une très large majorité de citoyens de la République, mais qui ne fait manifestement pas partie de leurs priorités. Longtemps « eurosceptique », le Sinn Fein a évolué en faveur de l’Union européenne, une position qu’il a en particulier défendue lors du référendum britannique de juin 2016, lorsqu’il avait appelé les Nord-Irlandais à voter contre le Brexit (ce que firent 55,8% d’entre eux). Cependant, lors des élections européennes de mai 2019, le SF n’avait guère mobilisé sur ses positions pro-UE, puisqu’il n’avait obtenu que 11,7% des voix. A noter qu’à la différence de M. Adams, qui avait grandi dans un quartier populaire, Mme McDonald a fréquenté une école privée cossue, avant de faire des études supérieures de gestion des ressources humaines et… d’intégration européenne.

Surpris par son propre succès

Le Sinn Fein semble s’être fait surprendre par son propre succès : il n’a présenté que 42 candidats. 37 d’entre eux ont été élus sur les 160 sièges que compte la Chambre basse (le Dail). Le Fine Gael et le Fianna Fail en obtiennent respectivement 35 et 38. Aucune des désormais trois grandes forces politiques ne pourra donc gouverner seule.

Idéologiquement, rien n’empêcherait FG et FF de renouveler une alliance, fût-elle tacite, mais c’est précisément pour éviter cette configuration que M. Varadkar avait déclenché les élections. Surtout, une « grande coalition » FG-FF irait contre le vote des citoyens, qui ont voté Sinn Fein dans l’espoir d’un véritable changement.

Mais pendant la campagne, les deux grands partis sortants avaient exclu de gouverner avec le Sinn Fein, jugé trop sulfureux. Pour sa part, Mme McDonald a annoncé qu’elle voulait former un « gouvernement pour le peuple » (peut-être un écho au « gouvernement du peuple » revendiqué par Boris Johnson), et qu’elle cherchait en priorité le soutien de petits partis (sociaux-démocrates, Verts…) – une tâche qui paraît cependant complexe. Elle a par ailleurs prédit que ses deux rivaux ne pourraient pas éternellement tenir le Sinn Fein à l’écart. De fait, le leader du Fianna Fail, l’ancien ministre Micheal Martin, a semblé faire preuve d’ouverture après l’annonce des résultats.

Amusant paradoxe : des médias favorables à l’intégration européenne se félicitent du succès d’une force ouvertement nationaliste

La presse étrangère – française notamment, mais aussi à Bruxelles – exprimait, au lendemain du scrutin, sa tristesse quant à l’échec de M. Varadkar, qui devint premier ministre en 2017, à 38 ans, et incarnait pour ses pairs européens un modèle de « diversité » : métis d’origine indienne, et homosexuel déclaré. Mais ces médias croient déceler une nouvelle perspective, celle d’une réunification irlandaise au détriment du Royaume-Uni. Un tel horizon est à ce stade irréaliste, mais de nombreux commentateurs rêvent, sans doute par revanche, des déboires auxquels devrait alors faire face le gouvernement anglais. « La première réplique du Brexit » titrait ainsi Le Monde.

Ce qui explique cet amusant paradoxe : des médias favorables à l’intégration européenne se félicitent du succès d’une force ouvertement nationaliste. Dans la vraie vie, les électeurs espèrent en réalité des réponses rapides à leurs attentes sociales.

Quoiqu’il en soit, dans cette nouvelle configuration tripartite, la formation du futur gouvernement pourrait se faire attendre quelques semaines, voire quelques mois.

Cet article Elections en Irlande : le parti nationaliste Sinn Fein triomphe grâce à son programme social est apparu en premier sur Ruptures.

Auf beiden Seiten des Rheins äußern die Bauern ihren Ärger und ihre Not

Par : pierre

Schlag auf Schlag demonstrierten in Berlin und in Paris Zehntausende von Landwirten gegen die in Brüssel verhängten Verbote und Vorschriften, die ihre Zukunft auf dem Altar der Umwelt opfern, sowie gegen  die von der EU abgeschlossenen Freihandelsabkommen.

Am Dienstag, dem 26. und am Mittwoch, dem 27. November erhoben deutsche und französische Bauern nacheinander ihre Stimme auf der Strasse. Auf beiden Seiten des Rheins sind Erbitterung, Verzweiflung, und die daraus resultierenden Forderungen sehr ähnlich. Zumal in vielen Fällen die Ursachen für die Entscheidungen auf der Ebene der Europäischen Union liegen.

Ist der Bauer ruiniert, wird dein Essen importiert

In Berlin trafen sich 40 000 Bauern – so die Polizei – auf dem Potsdamer Platz. Diese kamen, um ihrem Ärger Ausdruck zu verleihen und dem Gefühl, dass ihnen ihre Zukunft gestohlen wird. Zu ihren Slogans gehörten: „Ist der Bauer ruiniert, wird dein Essen importiert“ sowie „Gemeinsam statt gegeneinander“. Die in Brüssel beschlossenen neuen Beschränkungen, Regeln und Verbote bedrohen einen Sektor, dessen Hauptaufgabe darin besteht, die Bevölkerung zu ernähren. Es sei denn, man akzeptiert, dass die Zukunft in einer ständig zunehmenden Globalisierung liegt: dem Import von Äpfeln aus Chile bis hin von Rindfleisch aus Argentinien.

Deutsche Landwirte hatten in jüngster Zeit bereits zweimal demonstriert: Die Ankündigung des « Insektenschutzplans » der Bundesregierung, der die Beschränkung oder Beseitigung von Chemikalien (Herbizide, Insektizide, Düngemittel…) vorsieht, hatte wie der Funken, der das Feuer entzündet, gewirkt: Ausserdem stellt der freie Warenverkehr die Landwirte des Landes jedoch in Konkurrenz zu Staaten, in denen es diese Art von Beschränkungen nicht gibt.

Der im September angekündigte Plan wurde umgesetzt, nachdem die EU-Kommission ein zweites Vertragsverletzungsverfahren gegen Deutschland eingeleitet hatte: Berlin wurde aufgefordert, den Nitratgehalt im Grundwasser zu senken.

Grundsätzlich steigt der Druck der umweltpolitischen Lobbys, den « Naturschutz » zum höchsten Wert zu machen so weit, dass Bauern das Ziel von Anschuldigungen und Racheakten aus bestimmten Meinungsbereichen werden– oft aus den wohlhabenden Schichten in Großstädten (aber nicht aus den Arbeitervierteln).

Eine vergleichbare Situation in Frankreich

Vergleichbar ist die Lage in Frankreich, wo sich die Landwirte immer mehr wie Sündenböcke behandelt fühlen. In Wirklichkeit sind es aber die Mainstream-Medien, die immer wieder die Gesellschaften auf beiden Seiten des Rheins beschreiben, als befänden diese sich, wie von einer grünen Welle getragen, in einer höheren Sphäre. Nichts dürfte  dieser „grünen“ Stimmung entgegen gesetzt  werden – sowohl  aus ideologischen wie auch aus wahltaktischen Gründen.

Diese zunehmende Diskriminierung der Agrarwelt ist besonders schlimm in einer Zeit, in der Hunderttausende von kleinen französischen bäuerlichen Familienbetrieben vom Bankrott bedroht sind, und wo, von unlösbaren Schwierigkeiten getrieben, sich im Durchschnitt ein Bauer pro Tag, das Leben nimmt. Filme, die kürzlich in Frankreich herausgekommen sind, veranschaulichen diese dramatische Situation (Au nom de la terre, Petit paysan). Der populäre Erfolg dieser Werke deutet darauf hin, dass die Anklage gegen die Bauern bei weitem nicht einstimmig ist.

In diesem Kontext demonstrierten die französischen Bauern am 27. November in mehreren Städten. In Paris blockierten zwischen 800 und 900 Traktoren den „périphérique“ (Ring-Autobahn), dann die Champs-Elysées, und streuten sogar Heu vor das sehr vornehme Restaurant Le Fouquet’s.

In Paris wie in Berlin prangerten die Demonstranten die Ungerechtigkeit an: einerseits werden immer mehr Zwänge durchgesetzt, anderseits werden landwirtschaftliche Erzeugnisse massiv importiert. Insbesondere die von der Europäischen Union unterzeichneten jüngsten Freihandelsabkommen, (mit Kanada,  dem Mercosur…), wurden von den Protestierenden angegriffen.

Grundsätzlich haben die Bauern auf beiden Seiten des Rheins ein zentrales Anliegen: Sie wollen von ihrer Arbeit leben können.

Darüber hinaus hat ein zu Beginn des Jahres verabschiedetes Gesetz („Egalim“) zur Neugewichtung der Einkommen zwischen Produzenten, Lebensmittelindustrie und grossen Handelsketten bisher noch keine konkreten Ergebnisse gezeigt. Grundsätzlich haben die Bauern auf beiden Seiten des Rheins ein zentrales Anliegen: Sie wollen von ihrer Arbeit leben können.

Und sie wollen nicht als Sündenbock benutzt werden. Vor allem von denen nicht, die Petitionen zur « Rettung der Bienen » (wie in Bayern vor kurzem) in die Welt setzen, ein Slogan, der ihnen mehr am Herzen zu liegen scheint als die « Rettung der Bauern ».

Die gleiche Opposition entstand vor einigen Monaten in Frankreich, als die Regierung im Namen der Umwelt eine Kraftstoffsteuer einführen wollte. Dies hat zu einer Spaltung geführt zwischen denen, die sich um das « Ende der Welt » sorgen , und denen, die sich mehr um das « Ende des Monats » sorgen.

Und das war die Bewegung der Gelbwesten-..

 

Cet article Auf beiden Seiten des Rheins äußern die Bauern ihren Ärger und ihre Not est apparu en premier sur Ruptures.

Face au déchainement médiatique, hommage à Peter Handke

Par : pierre

Le prix Nobel de littérature a été décerné, le 10 octobre dernier, au grand écrivain autrichien Peter Handke. Depuis, les médias, notamment dans son pays, ne cessent de se déchaîner contre un homme qui a toujours dénoncé le démantèlement de la Yougoslavie.

 

 

Par Hannes Hofbauer, éditeur autrichien, et notamment auteur de Guerre des Balkans, dix ans de destruction de la Yougoslavie, (8ème édition) Promedia Verlag, Vienne

 

« J’aimerais être en Serbie si les bombes tombaient sur la Serbie. C’est chez moi, ici. Je vous promets que si les criminels de l’OTAN bombardent, je viendrai en Serbie ». Ces paroles ont été prononcées par Peter Handke le 18 février 1999, lorsqu’il a été interviewé par la télévision serbe à Rambouillet.

Rambouillet ? C’était dans le château de cette ville des Yvelines que les négociateurs des Etats-Unis et de l’Union européenne, Christopher Hill et Wolfgang Petritsch, avaient tenté, il y a vingt ans, de forcer la partie yougoslave à placer la province du Kosovo sous contrôle international, et à faire de la Serbie-et-Monténégro une zone de déploiement de l’OTAN. L’article 8 de l’oukase qu’ils prétendaient faire accepter à Belgrade stipulait par exemple : « le personnel de l’OTAN (…) pourra circuler librement dans la République fédérale yougoslave entière, espace aérien et eaux territoriales compris ».

Ce chantage était tellement énorme que même l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger s’était fendu de ce commentaire ironique : « la Yougoslavie, État souverain, est tenue de transférer la souveraineté sur une province à des forces militaires étrangères. De même, on pourrait demander aux Américains de laisser défiler des troupes étrangères à Alamo pour redonner la ville au Mexique parce que l’équilibre ethnique a changé », conseillait-il ironiquement à son successeur, Madeleine Albright.

Après dix-sept jours de négociations, le chef de la délégation yougoslave, Milan Milutinović, ne pouvait que faire ce constat : « une entourloupe s’était produite. Ils ne voulaient pas d’accord du tout. Tout ce cinéma avait été organisé dans le but d’accepter l’inacceptable ou, si nous ne l’acceptions pas, de faire pleuvoir des bombes »

Les bombes de l’OTAN sont tombées sur la Serbie et le Monténégro. C’était un acte criminel. Et Peter Handke a tenu sa promesse. Il est allé en Serbie.

Un mois plus tard, les bombes sont tombées sur la Serbie et le Monténégro. Le 24 mars 1999, l’OTAN, qui venait d’intégrer trois nouveaux membres – Hongrie, Pologne et République tchèque – a attaqué. Sans mandat de l’ONU. C’était un acte criminel. Et Peter Handke a tenu sa promesse. Il est allé en Serbie.

Un pays qu’il connaissait bien. Dès 1996, alors que le déchaînement anti-serbe déferlait déjà dans la politique occidentale et les médias alignés, il publiait un récit de son voyage hivernal sur le Danube, la Save, la Morawa et la Drina, avec le sous-titre : « Justice pour la Serbie ».

Début 1999, il termina d’écrire la pièce de théâtre Die Fahrt im Einbaum oder das Stück zum Film vom Krieg, dans laquelle il s’élèvait sans équivoque contre les projets des militaires occidentaux, et l’implication des entreprises et ONG, dans la guerre civile en Bosnie.

La première fut jouée au Burgtheater de Vienne le 9 juin 1999, le jour même de la signature d’un traité à Kumanovo, en Macédoine, qui retirait l’Armée populaire yougoslave du Kosovo.

L’affaire du passeport

Le 15 juin 1999, les autorités de Belgrade délivraient un passeport yougoslave à Handke, en signe de remerciement. Rien de secret, bien au contraire : une copie de ce document est exposée depuis des années dans les archives en ligne de la Bibliothèque nationale d’Autriche.

Mais les médias autrichiens feignent aujourd’hui de le découvrir, et ne retiennent plus leur haine contre l’écrivain. Ils dénoncent à nouveau Peter Handke comme ami d’un dictateur serbe assoiffé de sang.

Le quotidien viennois Die Presse (8 novembre) fait ainsi mine de révéler que « le régime Milosevic a délivré en 1999 un passeport au lauréat du prix Nobel de littérature ». Et le Standard surenchérit le même jour en titrant : « Pourquoi Peter Handke n’est peut-être plus autrichien ». En effet, comme la double nationalité n’est autorisée que dans des cas exceptionnels en Autriche, il faudrait désormais examiner si Handke n’aurait pas perdu la nationalité autrichienne en 1999.

Le gouverneur social-démocrate de Carinthie, la région d’origine de l’écrivain, a même officiellement ouvert une « enquête citoyenne » contre Handke. C’est ainsi que la politique et les prétendus médias de qualité au pays des arts traitent leur figure littéraire, qui a reçu les plus hautes distinctions, dont le Nobel cette année.

Manifestement, ils ne lui pardonnent pas d’avoir publiquement regretté la désintégration de la Yougoslavie dans les années 1990 ; et encore moins d’avoir été proche de la personnalité la plus sensée à l’époque, Slobodan Milosevic.

On se souvient que ce dernier est décédé dans une prison de La Haye faute du traitement médical qu’il avait pourtant demandé. C’était le 18 mars 2006. Lors de ses funérailles, Peter Handke prononça notamment ces mots : « le monde, le soi-disant monde, sait tout sur la Yougoslavie, la Serbie. Le monde, le soi-disant monde, sait tout sur Slobodan Milošević. Le soi-disant monde connaît la vérité. C’est pourquoi le soi-disant monde est absent aujourd’hui, et pas seulement aujourd’hui, et pas seulement ici. Le soi-disant monde n’est pas le monde. (….) Je ne connais pas la vérité. Mais je regarde, j’entends. Je m’en souviens. Je demande. C’est pourquoi je suis présent aujourd’hui, près de la Yougoslavie, près de la Serbie, près de Slobodan Milosevic ».

« Pourquoi le prix Nobel a-t-il été décerné à un homme qui célèbre un criminel de guerre ? » – le Washington Post

C’est en fait le Washington Post qui a déclenché la curée sur Peter Handke. Le 10 octobre 2019, lorsque l’Académie suédoise a annoncé l’attribution du prix Nobel de littérature, le quotidien américain suggérait que Handke pourrait être un « apologiste du génocide ». Et la semaine suivante, il titrait ainsi le commentaire du président de l’Académie des Beaux-Arts albanaise du Kosovo, Mehmet Kraja, ainsi : « Pourquoi le prix Nobel a-t-il été décerné à un homme qui célèbre un criminel de guerre ? ».

Retour sur l’histoire

Mais comment en est-on arrivé à cette haine ? Un retour sur l’histoire de la désintégration de la Yougoslavie est éclairant. La première agression occidentale contre ce pays a eu lieu au tournant de l’année 1990/1991. Face à l’hyperinflation qui sapait alors l’économie en dinars du pays, le Fonds monétaire international (FMI) lançait au premier semestre 1990 un programme d’austérité drastique, basé sur les mesures déjà testées en Amérique latine : politique monétaire restrictive, suppression des subventions et avantages sociaux de l’Etat, ainsi, bien sûr que l’ouverture du marché intérieur aux investisseurs étrangers et la privatisation des entreprises publiques.

Jeffrey Sachs du FMI et Ante Markovic, le dernier Premier ministre de Yougoslavie, ont donné leur nom à cette thérapie de choc. Mais Slobodan Milosevic, qui venait d’être confirmé avec 65 % d’approbation par le bureau du Président de la République de Serbie, a voulu faire échec à ce plan en imprimant l’équivalent de 16 milliards de dinars et en payant ainsi les fonctionnaires serbes – militaires, enseignants, personnel hospitalier…

Jeffrey Sachs est indigné, lève le camp de Belgrade, déménage à Ljubljana et plus tard à Varsovie. Le président, avocat et banquier de formation, venait de s’assurer du jour au lendemain la détestation des dirigeants occidentaux.

L’Allemagne et l’Autriche, en particulier, ont commencé à soutenir les forces centrifuges au sein de la Yougoslavie. Les deux ministres des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher (FDP) et Alois Mock (ÖVP), se sont particulièrement distingués.

Qui étaient leurs partenaires en Yougoslavie ? Surtout les sécessionnistes musulmans croates et bosniaques sur lesquels ils comptaient. Le parallèle historique des années 1940 était présent en Serbie tandis qu’en Allemagne régnait le silence absolu.

En Croatie, la politique étrangère allemande et autrichienne a soutenu Franjo Tudjman. Il avait été élu Président de la République de Croatie en mai 1990 et était désormais considéré comme le héros de la démocratie et de l’économie de marché.

Peu avant le référendum croate sur l’indépendance en mai 1991, Tudjman a montré ce qu’il entendait par nationalisme croate. Le 2 mars 1991, il a envoyé des gardes nationaux croates (il n’y avait pas encore d’armée) dans la ville de Pakrac, qui était principalement habitée par des Serbes. Ils ont forcé les policiers serbes locaux à hisser le nouveau drapeau de la « République de Croatie » sur leur poste de police, en l’occurrence l’échiquier, le célèbre symbole de la période fasciste Ustasa.

Personne à l’Ouest n’y trouvait à redire. Les manifestations antisémites de Tudjman ont également été ignorées par les médias allemands et autrichiens. Son livre Irrwege der Geschichtswirklichkeit (« Les erreurs de la réalité historique »), traduit en allemand en 1993, regorge de banalisations du régime fasciste croate.

Tudjman trouve l’évaluation de six millions de Juifs assassinés pendant le national-socialisme « exagérée sur le plan émotionnel ». Son ministre des Affaires étrangères Zvonimir Separović a donné une interview dans laquelle il a expliqué pourquoi l’antisémitisme du parti HDZ de Tudjman en Occident n’est pas devenu un problème : « le lobby serbe dans le monde est dangereux car il coopère avec des organisations juives ».

Quant à l’allié bosno-musulman de l’Occident, Alija Izetbegovic, il avait rejoint pendant la Seconde Guerre mondiale le Mladi Muslimani, une organisation proche des Frères musulmans égyptiens qui utilisa l’avancée allemande et le gouvernement fasciste en Croatie pour former une force musulmane contre les partisans de Tito.

L’ouvrage principal de Izetbegović, la Déclaration islamique, a été publié en 1970. Il y décrit ainsi l’ordre social futur de ses rêves : « la première et la plus importante caractéristique est certainement celle de l’incompatibilité de l’Islam avec les systèmes non islamiques. Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la foi islamique et les sociétés et institutions politiques non islamiques ».

L’agression atlantique achevant le démantèlement de la Yougoslavie avait pour partenaires le nationalisme croate, l’islamisme bosniaque et le nationalisme albanais

Tant pour l’adhésion aux Jeunes Musulmans que pour la publication de la Déclaration islamique, Izetbegovic a passé plusieurs années dans des prisons titistes. Tout cela n’a pas empêché l’Occident, en particulier les médias et les intellectuels français comme Bernard-Henri Lévy ou André Glucksmann, de voir en Izetbegovic le sauveur de la démocratie dans les Balkans.

En mars 1999, l’agression atlantique achevant le démantèlement de la Yougoslavie avait pour partenaires le nationalisme croate, l’islamisme bosniaque et le nationalisme albanais.

C’est dans ce contexte, peu avant le décollage des escadrons de chasse de l’OTAN, que Peter Handke s’est a fait savoir à tous ceux qui voulaient l’entendre son mépris pour cette politique et pour cette opération militaire.

A voix basse, comme d’habitude, mais avec insistance. Sa solidarité avec la Serbie maltraitée par les bombes de l’OTAN doit être respectée. Ce n’est pas malgré cela qu’il méritait le prix Nobel de littérature, mais bien, aussi, à cause de cela.

Les analyses publiées dans la rubrique Opinions constituent des contributions aux débats. Elles n’engagent pas la responsabilité de la rédaction du site.

 

Cet article est publié par le site de Ruptures. Le « navire amiral » reste cependant le mensuel papier (qui propose bien plus que le site), et ses abonnés. C’est grâce à ces derniers, et seulement grâce à eux, que ce journal peut vivre et se développer.

La qualité du travail et l’indépendance ont un prix…
Abonnez-vous au mensuel, même à titre d’essai !

Cet article Face au déchainement médiatique, hommage à Peter Handke est apparu en premier sur Ruptures.

Finlande : après les élections, encore un sujet d’angoisse pour Bruxelles

Par : pierre

Les électeurs finlandais, qui élisaient le 14 avril leur nouveau parlement, se sont rendus aux urnes moyennant une participation de 68,7%, soit 1,8 point de plus qu’en 2015. Le scrutin a été marqué par la claque subie par le Parti du centre du premier ministre sortant ; par un important succès du Parti des Finlandais (ex-Vrais Finlandais, généralement classé à l’extrême droite) ; et par l’arrivée en tête des sociaux-démocrates, avec cependant un score bien plus faible qu’ils ne l’espéraient.

Deux thèmes ont dominé la campagne. Le premier portait sur le système de santé et des services sociaux. Alors que ce dernier est souvent considéré comme l’un des meilleurs du monde, le gouvernement s’était fixé l’objectif, en 2015, de le réformer drastiquement, avec notamment un renforcement de la part du privé. Et cela, au moment même où il appliquait une forte politique d’austérité touchant notamment ce secteur, mais aussi l’éducation. La réduction des dépenses publiques, conforme au Programme national de stabilité convenu avec la Commission européenne, visait en particulier à alléger les cotisations patronales.

Le Parti du centre dégringole de 7,3 points en s’établissant à 13,8%, son pire résultat depuis un siècle

La « grande réforme » elle-même n’a cependant pas pu être réalisée du fait de divergences au sein des trois partis de la coalition au pouvoir, notamment sur la réorganisation territoriale du système de soins. Du coup, par dépit ou par manœuvre tactique, Juha Sipila, chef du gouvernement sortant (un ancien homme d’affaires, toujours richissime), a présenté sa démission cinq semaines avant l’échéance électorale. Les électeurs l’ont manifestement sanctionné puisque sa formation, le Parti du centre (KESK) dégringole de 7,3 points en s’établissant à 13,8%, le pire résultat depuis un siècle pour cette formation surtout implantée en milieu rural.

Associé au sein du gouvernement, le Parti de la coalition nationale (KOK, droite ultralibérale) s’en tire moins mal, avec 17% (- 1,2 point). Troisième pilier de la majorité, le Parti de la réforme bleue ne dépasse pas… 1% des suffrages. Cette formation était en réalité issue d’une scission du Parti Les Finlandais : en 2017, son chef d’alors, Timo Soini, avait tenté un recentrage pour amener ses camarades sur une ligne bien moins « eurocritique ». C’était le prix à payer pour qu’il puisse garder son poste (ministre des Affaires étrangères) au gouvernement, de même que quatre de ses collègues. Mais le parti avait finalement désavoué M. Soini et ses amis devenus pro-UE. Ces derniers ont dès lors choisi de le quitter.

Ils se retrouvent désormais exclus du Parlement, tandis que leur formation d’origine sort grande gagnante du scrutin, obtenant la deuxième place avec 17,5% des voix. Il y a quelques mois encore, les sondages lui accordaient à peine 10%. Le Parti Les Finlandais a en effet exploité le deuxième thème qui a marqué la bataille électorale : l’immigration. En 2015, ce pays de 5,5 millions d’habitants avait accueilli 32 000 demandeurs d’asile, alors que les arrivées étaient d’environ 4 000 les années précédentes. Des affaires de viol impliquant des migrants avaient, tout récemment, polarisé le débat public et entraîné la création de petites formations extrémistes. Mais c’est finalement Les Finlandais qui ont emporté la mise.

Pour sa part, le Parti social-démocrate (SDP) arrive cette fois en tête avec 17,7%, soit un gain de 1,2 point. La Ligue verte passe de son côté de 8,5% à 11,5%, dans un contexte où les questions environnementales ont également été beaucoup évoquées. A noter cependant que le Parti Les Finlandais a affiché des positions dites climatosceptiques qui ne lui ont pas nui, bien au contraire. Enfin, avec 8,2%, l’Alliance de gauche progresse légèrement (+1,1 point).

Tâche complexe

Mais ce n’est pas de ce côté qu’Antti Rinne, le chef du SDP chargé de former un gouvernement, va chercher des alliances, mais plutôt du côté du KESK ou du KOK, dans ce pays aux longues traditions de coalition hétéroclite. Cette fois cependant, la tâche devrait être particulièrement complexe : son score est inférieur à ce qu’il avait espéré, et les trois premiers partis se tiennent dans un mouchoir de poche aux alentours de 17%…

M. Rinne a juré qu’il ferait tout pour constituer une majorité et un gouvernement d’ici fin mai. Et à Bruxelles, on compte bien qu’il tienne cette promesse, car la Finlande prend la présidence tournante du Conseil de l’UE, pour six mois, au 1er juillet. La Commission est d’autant plus anxieuse que la période est particulièrement sensible. D’une part, c’est lors de ce semestre que doit avoir lieu l’épilogue du Brexit. D’autre part, après les élections européennes prévues en mai, la Commission, et son président, seront également renouvelés.

…Rien qui puisse rassurer Bruxelles. Ni d’ailleurs Marine Le Pen.

Et ce, dans un contexte où le verdict des citoyens finlandais a tout pour angoisser les dirigeants européens. Alors qu’ils avaient espéré que l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017 fût un signe d’un virage pro-UE du sentiment des citoyens, ils ont, depuis lors, vécu une longue série de résultats reflétant (plus ou moins clairement) une hostilité populaire croissante face à l’intégration européenne – en Allemagne, en Autriche, en Tchéquie, en Suède, et bien sûr en Italie.

Cette fois encore, le parti politique anti-Bruxelles se distingue, et les « sceptiques » ralliés sur le tard à l’idée européenne comme M. Soini s’effondrent. En l’occurrence, au pays du Père Noël. Voilà qui n’a rien qui puisse rassurer Bruxelles. Ni d’ailleurs Marine Le Pen.

Cet article Finlande : après les élections, encore un sujet d’angoisse pour Bruxelles est apparu en premier sur Ruptures.

Le donnant-donnant d’Aix-la-Chapelle

Par : pierre

C’est ce qui s’appelle avoir le sens du symbole. Le 21 janvier, Emmanuel Macron paradait à Versailles, dans le château du Roi-Soleil. Objectif : séduire les plus grands patrons des multinationales. Le lendemain, il officiait à Aix-la-Chapelle, la capitale de Charlemagne. Il s’agissait de signer un nouveau traité franco-allemand.

Ledit traité a suscité beaucoup de commentaires unilatéraux, caricaturaux, voire fantaisistes. Ce qui a permis, en retour, à certains d’assurer que le texte était en réalité anodin, ce qui n’est pas le cas.

Pour en saisir le contexte et l’esprit, il convient de lire l’accord lui-même, mais aussi les allocutions des deux dirigeants lors de la cérémonie. Angela Merkel n’a pas caché que diverses dispositions ont été âprement négociées. Elle a rappelé que c’est son hôte qui en a le premier lancé l’idée (à la Sorbonne, en septembre 2017).

Une angoisse commune des deux protagonistes pointe  face à un ordre où la domination occidentale ne va plus de soi

A travers les discours des deux protagonistes pointe une angoisse commune face à un ordre où la domination occidentale – que certains avaient cru éternellement établie après la disparition de l’URSS – ne va plus de soi. Montée de la Russie, de la Chine, ainsi que d’autres puissances émergentes, mais aussi imprévisibilité du président américain qui déstabilise tant ses alliés : tout cela constitue un inquiétant « tumulte du monde », selon le chef de l’Etat français, qui ajoute : « la menace (…) vient de l’extérieur de l’Europe » mais aussi « de l’intérieur de nos sociétés ». Angela Merkel fait écho : « le populisme et le nationalisme se renforcent dans tous nos pays », et cite en premier lieu le Brexit – un cataclysme pour les deux dirigeants effrayés par la menace d’épidémie dans une Union européenne qui prend l’eau de toutes parts.

Face à ces risques de débâcle, le remède est tout trouvé : toujours plus d’intégration européenne. La chancelière précise que cela passe par une « refondation de notre responsabilité franco-allemande au sein de l’Union européenne », et par une « compréhension commune de notre rôle international ». De tels propos ne devraient pas manquer d’agacer les autres « partenaires européens », dont beaucoup sont peu enthousiastes à l’idée d’un nouveau directoire franco-allemand qui ne dit pas son nom. Les dirigeants italiens ont été les premiers à prendre la mouche.

Donnant-donnant

L’accord apparaît comme un donnant-donnant : à Paris, on voudrait partager la codirection de l’Europe avec une Allemagne économiquement dominante. A Berlin, on accepte volontiers le marchepied diplomatique proposé par la France officielle à son voisin pour un accès privilégié à la scène diplomatique mondiale. Ce n’est pas un hasard si la chancelière a insisté sur « notre responsabilité commune en matière de politique étrangère » et sur l’action en matière de politique de développement, particulièrement en Afrique.

Aux termes du traité, la coopération diplomatique et militaire devrait donc être renforcée, que ce soit en matière capacitaire (armements) ou d’interventions à l’extérieur. Côté allemand, les marchands de canons rêvent d’effacer les quelques garde-fous en matière d’exportations d’armement qui prévalent chez eux, alors que les contrôles sont fort accommodants en France. De même, une « harmonisation » avec la France serait saluée par ceux qui s’agacent que les militaires allemands ne puissent être projetés sur des terrains extérieurs sans le consentement du Bundestag, là où l’Assemblée nationale française n’a pas son mot à dire.

Par ailleurs sont encouragées l’« harmonisation » des législations « par exemple dans le droit des affaires », et plus généralement la « convergence » en matière économique, fiscale et sociale. Un souhait exprimé de longue date par les organisations patronales des deux côtés du Rhin, dans la perspective de diminuer les « charges » et d’accroître la « compétitivité » des grandes entreprises.

Des « entités transfrontalières » pourront se voir accorder des « compétences appropriées » moyennant des dispositions législatives dérogatoires

Enfin, est affirmée la volonté de renforcer les prérogatives des « entités transfrontalières » qui pourront se voir accorder des « compétences appropriées » moyennant des dispositions législatives dérogatoires pour les régions frontalières. Le processus est connu pour promouvoir un effacement rampant des frontières et donc une intégration européenne à bas bruit, contradictoire avec la souveraineté nationale. Angela Merkel n’a pas manqué de se réjouir de cette évolution de la culture politique française – historiquement attachée à l’égalité de la loi pour tous – là où l’Allemagne fonctionne selon un mode fédéral laissant aux régions une large marge de manœuvre. Que le traité se sente obligé de préciser que ces dispositions doivent respecter les constitutions des deux pays constitue un aveu en creux de ce qui se joue sur ce terrain.

Il reste que ces embrassades au sommet adviennent au moment où la chancelière allemande est très affaiblie dans son propre pays et où son homologue français est honni dans l’Hexagone.

Et au moment où ce dernier prétend mener un « grand débat » pour s’enquérir des vœux de ces concitoyens, il s’est bien gardé de soumettre le traité d’Aix-la-Chapelle à ces derniers. Souveraineté, cadre des évolutions économiques et sociales, perspective de convergence diplomatico-militaire, union européenne : on ne va tout de même pas laisser le peuple débattre de ces détails…

Cet article Le donnant-donnant d’Aix-la-Chapelle est apparu en premier sur Ruptures.

❌