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Le Parlement Européen veut des batteries remplaçables

Minimachines.net en partenariat avec IAMNUC.COM

Remplacer sa batterie quand celle-ci commence à fatiguer, voilà un geste d’une évidente simplicité il y a encore quelques années. Avec de grosses boursouflures au niveau de leur charnière, les ordinateurs portables avaient tous des batteries remplaçables. L’évolution du marché portable vers des modèles de plus en plus fins a signé la disparition de cette solution. La miniaturisation de la partie électronique, le passage du disque mécanique au SSD, la fin des supports optiques et la réduction connectique ont poussé les marques à glisser les batteries dans les châssis. Et non plus au dehors.

Un choix qui a poussé certains constructeurs à des pratiques fort peu écologiques. En collant les modules sur les châssis pour s’assurer de leur maintien. En soudant celles-ci aux cartes mères. Beaucoup, connues ou non, ont choisi des raccourcis pour intégrer leurs modules de la manière la plus économique possible.

Aujourd’hui le Parlement Européen veut imposer des batteries remplaçables aux fabricants. Mieux, il veut que cela soit facile d’accès et, évidemment, que les anciennes batteries soient recyclées. Les chiffres sont ambitieux. La loi qui vient d’être votée impose un recyclage des métaux à 95% et à 80% du lithium embarqués dans les batteries. Des éléments très positifs donc même si la bataille était déjà bien engagée par… les constructeurs eux-mêmes.

Les scores de réparabilité ont de plus en plus d’écho auprès des consommateurs qui notent précisément quelles machines sont accessibles et modifiables dans leur argumentaire d’achat. De nombreux fabricants ont lancé des partenariats avec des sites comme iFixit pour proposer des pièces détachées et des outils de manière à rendre accessibles leurs produits. Il est par exemple très rare de voir aujourd’hui des ordinateurs portables avec des batteries soudées aux cartes mères. Il ne reste plus que l’entrée de gamme noname à avoir ce genre de pratique. A partir du moment où vous devez assumer un SAV, le recours à ce genre de solution n’est pas tenable.

Là où cela change c’est pour les autres marchés électroniques : la batterie remplaçable n’est vraiment pas au cœur des préoccupations de la majorité des constructeurs sur tout une gamme de matériels. Ecouteurs et enceinte Bluetooth, liseuses, smartphones et autres outils nomades ne proposent souvent aucun accès à leurs entrailles. Concevoir une liseuse accessible ou une oreillette Bluetooth dont on pourra remplacer la batterie va demander pas mal de travails aux ingénieurs.

La règle imposée par l’Union Européenne est pourtant claire. Pour être conforme et pouvoir être vendu en France, les appareils devront disposer d’une batterie facilement accessible au public. Un exemple bête ? 100% des casques intra-auriculaires en vente actuellement sur le marché ne sont pas conformes avec cette règle. La moindre Kindle d’Amazon va devoir être remise sur l’établi pour se plier à cette exigence. 

Reste à savoir ce que ces directives vont proposer pour la partie recyclage. Sur le papier, les ambitions sont importantes mais  sur quelles aides les acteurs vont-ils pouvoir compter ? Quelle communication va être faite auprès du public qui a pris l’habitude d’acheter et de jeter. Habitude évidemment proposée par les fabricants qui ont plus d’intérêt à ce type de consommation qu’à une augmentation de la durée de vie des produits. Combien d’entre nous a déjà jeté un produit avec une batterie parce qu’elle ne tenait plus la charge ?

Si il est évidemment positif de vouloir recycler les matériaux rares de ces éléments, je ne suis pas certain que le grand public soit si facile que cela à motiver. Combien continuent à jeter leurs piles usagées aux ordures ménagères ? Et quand bien même ils déposeraient leurs batteries dans les collecteurs adaptés, quel pourcentage finit par être réellement correctement recyclé ? En 2018, l’Ademe annonce 256 091 tonnes de piles et autres accumulateurs commercialisés en France. Sur ce chiffre, le taux de collecte est de 46.7%. Collecte qui ne signifie pas forcément recyclage. Et cela n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux chiffres annoncés des batteries des voitures électriques.

Il faut donc plus que ce mouvement en amont pour modifier les habitudes. Si ce vote est très positif, c’est une prise de conscience globale qui doit être faite. Il reste à inventer ou améliorer la totalité de la filière. Des entreprises de recyclage, des embauches de spécialistes, de la recherche et donc des formations sur le sujet. La création d’industries exploitant ces matériaux recyclés doivent être mise en œuvre pour améliorer la situation. L’urgence est dépassée et la consommation ne doit plus être vue uniquement dans le but de faire durer plus longtemps son matériel, même si c’est évidemment positif, mais tout simplement pour essayer de préserver un peu notre écosystème.

Le Parlement Européen veut des batteries remplaçables © MiniMachines.net. 2023.

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