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À partir d’avant-hierLe blog de Seb Musset

2023 après la chute des Champs-Elysées

Si l’on veut bien mesurer l’effondrement français des quinze dernières années, rien de mieux qu’une visite nocturne sur les Champs-Elysées à Paris. C'est un des must see du déclin national. 

Moment d'égarement, la veille du 11 novembre je me suis aventuré le soir là où les parisiens ne vont jamais : cette large avenue froide presque sans habitant (ils ne sont plus qu'une vingtaine sur le kilomètre de longueur, soit la densité démographique d'un hameau de la Creuse). Ah "Les Champs", symbole de la splendeur militaire et commerciale de la France, l'allée de la jonction entre notre Histoire et les promesses de prospérité des Trente Glorieuses, un de nos fleurons à l’international jouissant à n’y rien comprendre depuis d’une réputation boursouflée transmise de générations en générations de touristes. Ces derniers, vus les frais engagés pour venir jusqu’en France, ne pouvant paraitre cons en brunch et avouer leur déception à leur entourage, s’évertuent à louer la magie de l'endroit. 

Elle est loin la chanson de Joe Dassin...

Autoroute pavée de mauvaise tenue et aujourd'hui toujours quasi impraticable en vélo, je crois bien ne pas y avoir foutu les pieds depuis au moins cinq ans. Et pourtant, petit parisien que j'étais il y a quarante ans, Les Champs-Elysées étaient mon point central d’approvisionnement culturel et musical. Ado, j’allais chez Champs-Disques ou au Lido Musique acheter des affiches de films et des albums imports US ou plus simplement écouter les nouveautés au casque (n’ayant pour la plupart du temps pas assez d’argent pour payer les galettes). Sur les Champs, il y avait toutes les cinématographies et les meilleures salles de Paris et rien que de la VO. C'était unique en France. Quand tu étais sur les Champs tu avais l'impression d'être au milieu du monde. Maintenant que le monde a totalement pourri l’endroit, tu es au mieux dans une galerie commerciale (et assez peu pratique par rapport à la concurrence il faut l'avouer). 

Ce qui choque au premier regard en remontant en vélo le long de l’avenue, c’est l’alignement des enseignes à la con que l’on voit partout ailleurs. Une vrai ZAC de troisième banlieue. C’est Westfield Champs Elysées d’un côté et de l’autre des vitrines de pseudo luxe, plus simplement des façades appartenants aux plus grosses fortunes de ce monde et qui servent de support publicitaire à leurs marques. Le truc n’a plus aucune âme, on erre quelque part entre la représentation de l'opulence et le terrain vague. La musique a disparu. Le cinema est en passe d’y disparaitre. Il n’y a presque plus de salles. Le Gaumont Ambassade est devenu un Lacoste. Les Champs-Elysées, ce n'est même plus cette usine à fantasmes constamment « repimpés » comme Las Vegas. Non, tout aux Champs empeste l'immobilisme et la mort. C’est une artère vide coincée entre deux maux. Elle ne se débarrasse pas de son héritage et se laisse dévorer par le pire de la modernité sans imposer une identité autre que la formule plate de la « la plus belle avenue du monde » (C'est vraiment n'avoir jamais voyagé, à commencer en France). Aucune ligne directrice et artistique ici, si ce n'est un peu de pognon à prendre et tenter d'en mettre plein les yeux à la classe moyenne mondiale mondialisée qui s'y étale en pâte à selfie entre les barrières de travaux et les échaffaudages. 

Car dans l'océan de bordel à travaux aussi inutiles qu’interminables qu'est devenu Paris, je m'imaginais que les Champs resteraient si ce n'est bel écrin, au moins une zone sanctuarisée hors du merdier ambiant. Que nenni. L'hidaldinguerie n'épargne rien ni personne. Les Champs-Elysées sont devenus une megazone à barrières grises de travaux comme partout dans la ville. Il manque des dalles sur le trottoir, c'est pété de nids-de-poule, l’éclairage est inexistant (autre que grâce aux néons et écrans LCD des enseignes par ailleurs toutes fermées passées 19h, hormis le MacDo bien sûr). Quant à la faune, le soir on y croise quelques touristes qui errent hébétés entre quelques toxicos et autres troupeaux épars de types en survet. De l'ivresse triste. Ça pue le shit, la vinasse vomie et je n'y laisserai pas trainer ma fille. 

Alors que nous sommes censés être dans un endroit hautement symbolique et ciblé en pleine période d'alerte attentats, j'ai été par ailleurs surpris par la faible présence policière, pour ne pas dire absence, sur l'Avenue. Tous les efforts de la maréchaussée (c'est à dire 3 voitures) étaient concentrés ce vendredi soir à une vague sécurisation des répétitions des cérémonies du 11 novembre avec la fanfare militaire sous l'arc de Triomphe (que j'ai néanmoins pu atteindre quasiment jusqu'à la tombe du soldat inconnu en vélo sans être inquiété). 

Je n'ai jamais été fan inconditionnel des Champs, ni du symbole national, mais le choc est violent si tu n'es pas venu ici depuis vingt ans. Si ça aussi est abandonné, ça donne le ton du triste projet pour le reste du pays..

Allez je vous laisse sur une belle photo, porteuse d'optimisme et de renouveau, prise pas loin de la tombe du soldat inconnu dans un silence ému. Ce soir-là, l'endroit le plus vivant de l'avenue. 





Retour sur le livre : Les nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny (2023)

Dans le but premier de me tenir à jour avec un lexique d'acronymes toujours plus alambiqués, j'ai lu d'une traite l'enquête de Nora Bussigny au sein de la nébuleuse woke. Les nouveaux inquisiteurs s'intéresse aux militants, c'est ce qui en fait tout l'intérêt. 

Pas de possibilité de procéder autrement. Etant un homme "cisgenre non racisé" de plis de 50 ans donc entité personnifiée du patriarcat et par conséquent un ennemi à abattre, je ne peux intégrer un microcosme qui veut ma destruction (on appelle ça de la "déconstruction"). 

Ce qui n'est pas le cas de la journaliste qui se construit le look et le personnage qui vont bien pour son infiltration. On la suit à la première personne durant un an, des facs de socio parisiennes aux centres villes provinciaux, de réunions non-mixtes en "cortèges racisés", de collages d'affiches et stages de défense intellectuelle, au fil de ses observations et de ses doutes.

Ça décoiffe. Si on cerne, à travers les comptes-rendus, la dimension quasi existentielle de la logique victimaire (qui est la carte joker pour tout) qui animent la plupart et discréditent plus qu'autre chose de louables combats, on est effrayé par le sectarisme inhérent, le vocabulaire employé, le totalitarisme en germes de groupuscules qui, au nom de la suprématie de la différence et de l'anti-fascisme fonctionnent sur le rejet de l'autre voire son annulation (première étape sémantique). 

Comme l'autrice, on s'étonnera de la cécité de la justice rapporté aux propos tenus (comparés à d'autres, me dois-je de préciser étant pour ma part défenseur d'une totale liberté d'expression), mais surtout face aux comportements discriminants théoriquement punis par la loi (et qui le seraient à grand bruit médiatique s'ils émanaient d'autres groupes). Puis, au fil des pages, étrangement, on rit presque tant les situations, les propos tenus sombrent dans la farce et l'absurde à la Ionesco dans un salmigondis syntaxique de haut vol. C'est flippant mais parfois drôle. Tout en espérant que ces gens n'accèdent jamais à des postes à (très hautes) responsabilités, je me dis qu'il y a de quoi ici adapter et réaliser une comédie cinéma (que personne n'osera produire, c'est le drame). Quant aux postes importants : si les impétrants suivent leur logique, ils se seront tous auto-exclus et annulés les uns les autres avant d'y arriver.

Les Nouveaux inquisiteurs, Nora Bussigny
Albin Michel 19.90 / 13.99 ebook




Armanet vs. Sardou : de la supériorité morale de ces gens (qui se disent) de gauche

Avant d’attaquer les sujets sérieux de la rentrée comme le roman tragi-comique de la canicule en toc, la 37e défaite réussie de Poutine, la désintégration des services publics de ce pays et le paquet de céréales Bio à 12 euros au Spar de Villefort abordons, avec un peu de retard certes, la polémique qui a régalé vos fils d’actu ces derniers jours : les propos de la chanteuse Juliette Armanet sur Michel Sardou et sa chanson Les lacs du Connemara

Disclaimer : Ni fan de l’un ni fan de l’autre, je reconnais à Michel Sardou d’être un grand interprète, d’avoir su durer et d’avoir fédéré un très large public sur plusieurs générations (le mec a encore fait sold out le journée des préventes pour sa prochaine tournée). Je reconnais à Juliette Armanet… qu’elle sait jouer du piano. 

Chacun ses goûts musicaux et la musicienne et chanteuse a bien le droit de penser et dire ce qu’elle veut. C’est donc une non-affaire artistique totale, d’autant qu’il n’y a pas clash au sens technique du terme : elle répondait à une question à la con dans une émission de merde. On demande l’avis sur tout à la moindre pseudo célébrité, à la quête de la petite phrase à découper pour faire du buzz. Parfois ça marche.

Ce qui m’intéresse ici ce sont les mots et l’argumentaire utilisés par la dame pour chier sur cette légende vivante de la chanson française. 

Au sujet de la chanson  les lacs du connemara (qu’on aime ou pas probablement une des 10 chansons les plus emblématiques du siècle passé), Juliette Armanet déclare : 

« C’est vraiment une chanson qui me dégoûte ». Elle évoque « un côté scout, sectaire ». « La musique est immonde, (...) c’est de droite, rien ne va ». 

"C’EST DE DROITE, RIEN NE VA". 

L'air de rien, Juliette Armanet synthétise en 6 mots l’intégralité des 25 dernières années de l’argumentaire de gauche 

 "C’EST DE DROITE, RIEN NE VA".  

J’en conclue donc que la chanteuse, comme tant d’autres artistes engagés, se place à gauche : là où tout va. Sardou fait une musique de droite ? Je ne connaissais pas le concept de musique de droite. Après tout Juliette Armanet a fait des années de solfège, elle sait mieux que moi. 

C'est plus simple en vrai : Sardou est effectivement de droite (il l'a assez dit) et rappelons le code source de la pensée universitaire de gauche qui irrigue tous le discours de ces artistes biberonnés à Télérama : Sardou = droite, droite = caca donc IF musique + Sardou THEN GO TO Beurk. 

Point bonus, en prononçant cette phrase la chanteuse se situe automatiquement dans le camp du bien : à savoir la gauche qu’il n’y a donc même plus besoin de définir autrement que "c’est pas la droite". Pour être bien il faut être de gauche et, pour "être de gauche" il suffit de dire que la droite c’est mal. 

Fort ironiquement,  dans la même phrase la chanteuse évoque le "sectarisme" de la droite. 

La pensée binaire. Je connais bien le truc, j’ai fait pareil pendant des années avant de reconnaître que c’était un peu léger comme analyse politique, une garantie d'échec pour construire et surtout malhonnête comme posture morale car, et j’y reviendrais dans un prochain billet : nous sommes tous de droite. 

Il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la bourgeoisie de droite et celle qui se pense et se dit de gauche (et Juliette Armanet en est un beau spécimen). On peut sortir toutes les grilles d’analyse politique et sociologiques, avoir les belles nobles paroles et produire les écrits les plus ciselés, à la fin il ne reste que les actes. Combien ai-je vu, à l'épreuve des faits, des mecs et filles généreux et altruistes classés "à droite" et de sombres merdes humaines profiteurs et sectaires à gauche (et inversement) ? Beaucoup. Si j’ai appris une chose de ces, déjà nombreuses, années sur terre, c’est de ne jamais se fier aux labels simplistes, de ne jamais classer définitivement quelqu'un sur la base d’une appartenance supposée, ou même effective, à un courant politique. La période du Pass sanitaire aura été la démonstration grandeur nature de la parfaite adaptation d'une large partie de "la pensée de gauche" aux pires dispositifs liberticides. On aura finalement trouvé plus de types stigmatisés "de droite" pour s’insurger des restrictions de liberté. A gauche, on a globalement fermé sa gueule ou fièrement collaboré. 

"La scène a été pour moi un moment très libérateur" lance Juliette Armanet sur le plateau de BFM au sujet de sa tournée en décembre 2021 en pleine période du Pass. Visiblement, la ségrégation sur la base d’une injonction à la piqûre expérimentale pour accéder à sa musique humaniste c’était pas trop de droite là.

La vérité depuis quelques temps c’est que ce que je pouvais associer de négatif à la droite, je le trouve dans le discours de gauche : l’esprit étriqué, la rigidité des canaux de pensée, l'inadaptation au réel, l’absence totale de remise en cause, le rejet haineux de tout ce qui ne vient pas de son camp, le rejet de l’autre (bah oui il est de « droite », quand il n’est pas « fasciste » c’est à dire par d’accord avec moi), le rejet de la différence (autres que celles que je tolère bien sûr, et qu'il faut tolérer sinon t'es fasciste), le double discours (la différence du discours sur l’affaire Lola et sur celle de Nael est à vomir) et surtout, par dessus tout ça, l'affirmation décontractée de sa supériorité morale. Un peu comme si on me crachait en continu à la gueule en me certifiant que c'est du caviar. Sur que ça ne donne pas trop envie de voter pour ça. 

Je ne m’inquiète pas trop non plus, malgré une surface médiatique disproportionnée par rapport à ce qu’ils représentent dans la société (faut dire on en a besoin pour "faire barrage au fascisme" et faire gagner Macron), faute d’une remise en cause (processus dont, noyés sous le poids de leur magnificence intellectuelle, ils semblent incapables) ces gens et leur pensée à forme de réflexe conditionné, s’éteignent peu à peu, balayés par le souffle du réel.

Terre brûlée au vent, des landes de pierres... 

Update 21.08.2023 : l'analyse musicale

Illustration : Michel Sardou s'est essayé au cinéma dans les années 80 et j'avoue que le Cross de Philippe Setbon (1987), sorte de Vigilante à la française (euh oui, un peu de droite), est un petit plaisir coupable.

Retraites : coup de jeune sur la contestation

Pendant que le têtu s'autoconfine de trouille à l’Elysée, partageons ici quelques impressions sur cette dixième journée de mobilisation contre sa réforme des retraites et pour son retrait. En légère baisse au niveau national, du point de vue parisien, malgré toutes les annonces de pluie de météorites, de dixième vague de Covid et de fin du monde sur les chaines d'info-feuilleton, il y avait beaucoup de monde. Avec un niveau proche de celui de la dernière mobilisation record et vu la nette baisse de la mobilisation syndicale cela indique que, de nouveau, il y a un renouvellement des manifestants. 

Cette semaine dans Tous contre la réforme, les jeunes prennent la relève.

Dans ce qui ressemble de plus en plus à un carnaval anti-Macron, un 1er mai sponsorisé par Red Bull ou une Gay Pride, la moyenne d’âge a encore baissé de quelques années par rapport à la dernière édition. C’est même spectaculaire lorsqu’on se rappelle de ceux qui manifestaient au début du mouvement en janvier, 30 ans de plus. C’est cocasse d’entendre scander des adolescents « La retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » mais ils sont toujours mieux ici à brandir des fausses têtes coupées de Macron au bout d'une pique qu’à se mettre en ligne au garde à vous pour le SNU avant d’aller pointer pour les vingt prochaines années dans des bullshit jobs à ras le SMIC. La colère dépasse la question des retraites, il est ici question de démocratie plus horizontale, de libertés et d’un ras-le-bol après les deux années de sacrifice pour le covidodélire. Le mouvement contre la réforme est une plage de revendications particulièrement bien calée entre deux sessions de vacances à l’orée du printemps. 

Du côté des anciens de la colère (2 mois quand même), pour avoir discuté avec quelques connaissances recroisées, (la manif parisienne est désormais le lieu tendance de socialisation) la lassitude s’invite. Dix putains journées de mobilisation étalées depuis le début de l'année, on commence réellement à fatiguer, sans parler des ponctions financières. C’est d’autant plus rageant qu’il suffisait de grouper ces journées  sur deux semaines avec un blocage massif pour tuer cette réforme (et que nous le savions dès le départ). À la place : beaucoup d’efforts dilués, de slogans assourdissants et de fumigènes dans la gueule avec, tout le long, et malgré les apparences d’unité, la sensation d’un délitement syndical. Alors oui, c’est plus festif mais on ne fera pas tomber la réforme à coups de chorégraphies collectives en cortège. 

De sympathiques déambulations teintées d'amertume. 

Depuis le départ les syndicats semblent presque étonnés de mobilisations records dont ils ne savent au fond pas quoi faire tant ils ne sont plus habitués 
1/ à ce type de score et de soutien populaire sur la durée (Si on m'avait dit un jour que la CGT serait en tendance sur Tik Tok),
2 / à n’avoir aucun interlocuteur institutionnel en face. 
La stupidité et l’arrogance de Macron auront plus redynamisé les troupes que les discours du front syndical. Ce front a le mérite d’exister, il fournit le cadre légal et des arguments, mais avance à vide : d’un point à un autre une fois par semaine (hors vacances scolaires, faut pas déconner), comme embarrassé d’une popularité qu’il ne comprend pas, d’une violence ambiante qu’il condamne et par un vocabulaire insurrectionnel qu’il a éradiqué de son champ d’action depuis des décennies. 

Prochaine étape officielle : une manifestation dans 9 jours. La dernière avant les vacances, c'est déjà vendu comme ça...(soupirs). À ce rythme là, Laurent Fabius et Alain Juppé, les gogo dancers du Conseil Constitutionnel qui planchent actuellement sur la légalité de la réforme, vont dépasser de vitesse les syndicats dans le combat pour la cause. 



Que la Bloque Party commence !

« Alors vous voyez : La France n’est pas à l’arrêt ! » caquètent les macronards déconnectés après la journée de mobilisation du 7 mars. Vraiment ? Tandis que notre monarque dessaoule de ses bacchanales congolaises et que le Sénat se félicite de chier sur neuf actifs sur dix opposés à la réforme des retraites,  ce 9 mars, toutes les raffineries du pays sont bloquées et ça va vite se ressentir aux pompes, les transports publics sont très largement impactés, les ronds points se repeuplent, les barrages sauvages filtrent à travers les départements et les sacs poubelles s’accumulent en pyramide puantes sur les trottoirs des grandes villes tandis que les coupures ciblées d'électricité s'invitent dans la fête. 

Sur le terrain de la contestation de la réforme Macron, on ne se résout plus à défiler une fois par semaine, le mot d’ordre s’installe : il faut bloquer quoi qu’il en coûte, hors de question de se laisser imposer deux années de travail en plus. Et on peut y aller gaiement. Deux Français sur trois sont pour le blocage et, si chaos il doit y avoir, ils en tiendront rigueur au Président. La violence du VRP des marchés entrainera la violence sur le terrain. Cette violence sera légitime et surtout, indispensable. On ne change pas les choses en échangeant des anecdotes de vacances autour d’une tasse de camomille au coin du feu. Pensez au dégout que vous ressentez pour Macron et ses sbires et dites vous bien que vous n’êtes pas au centième du mépris que les France d'en bas leur inspire. Je me rappellerai toujours la phrase d’un conseiller proche d’un (ancien) pouvoir m’avait dit un jour : « c’est dingue ce que les Français sont gentils ». Avec ces gens-là, on ne peut espérer modifier la trajectoire des événements qu’en leur faisant physiquement ressentir la terreur. Avantage : comme leur courage  est inversement proportionnel à leur morgue, ils cèdent rapidement. On peut d'ailleurs observer cette fébrilité aux hurlements de poussins égorgés qu’ils poussent (grandes fortunes ou politiques) dès qu’on s’aventure à leur couper dix minutes l’électricité ou à leur froisser une chemise. On s’étonnera même que les syndicats cherchent encore à être reçus par Macron, un type qui n’a eu de cesse de les humilier depuis six ans. Après avoir grisé les troupes pendant trois mois, l’intersyndicale veut être reçue en urgence par Macron. Vraiment ? Mais pour quoi faire ? Parler déco ?

« Franchement, tant qu’on défilera d’un point A à un point B, il ne se passera rien ! Tant qu’on ne foutra pas le feu à l’Elysée, il ne se passera rien ! » ai-je entendu dans le défilé parisien, pourtant très policé du 7 mars dernier. Je ne peux qu’acquiescer. On peut au moins reconnaître à Macron d'avoir généré des avancées sociétales : en quelques mois il aura réussi comme personne à défoncer le rapport qu'ont les Français avec le travail. Il aura également rendu visible, plus qu'aucun de ses prédécesseurs avant lui pas même Sarkozy (un gauchiste proche du peuple en comparaison), le mépris de classe et l'impunité morale d'une clique qui prend bien moins de précaution que le reste des Français dès lors qu'il s'agit de défendre ses intérêts. 

On peut espérer que ça change... ou agir pour que ça change.







"Trimestre anti-inflation" : Promo flash sur le foutage de gueule

Ça y est enfin ! Au bout de 18 mois d'inflation avec du +120% sur la paella congelée et le couscous en boîte, l'Etat prend les choses en main et agit fermement. Bruno Lemaire s'est enfermé avec la cellule 'com de crise de Bercy et a pondu ce que les Français espéraient du plus profond de leur détresse économique : 

Un numéro vert ? 

Non, mieux.

Un logo.

Il s'appelle "le trimestre anti-inflation". De sa pureté graphique tricolore, il symbolise l'union de la grande distribution pour baisser (ou plutôt de cesser de faire augmenter) les tarifs sur un ensemble de produits... non définis puisque que c'est au bon vouloir des enseignes concernées. Bizarrement ceux qui affirmaient encore la semaine dernière ne pas pouvoir rogner plus sur leur marge trouvent soudain des possibilités de les réduire. On part donc sur une bonne base de confiance là. 

Quel est le principe du trimestre anti-inflation ? 

C'est de l'aumône éphémère sur une grille tarifaire floue ("les prix les plus bas possibles" (SIC), ça s'appelle un slogan publicitaire pas un tarif réglementé) concernant des produits aléatoires (dont rien n'assure que ce ne soit pas de la merde ou, plutôt, tout le laisse supposer). Mais surtout : l'important est sauvegardé : on n'augmente pas les salaires. Purée, on a eu chaud. On a failli avoir plus de pouvoir d'achat.

Passons les gesticulations argumentaire de l'inénarrable Bruno Lemaire qui croit réellement avoir livré une bataille héroïque sur le front de la méchante inflation (son personnel de maison affirme l'avoir vu faire des courses en 1982), voyons ici ce qu'il faut d'abord voir : un joli coup de pub gratuit de la grande distribution, opération complaisamment relayée sur les chaines d'infos (par ailleurs, par hasard, également les premières à leur louer de copieux espaces publicitaires entre deux pages de "news"). 

Avouons que la grande distribution est déstabilisée par le bouleversement qui gronde hors de ses murs. Après avoir empoché des milliards d'aides d'Etat à redistribuer aux actionnaires, la grande distribution s'inquiète des répercussions de l'inflation sur son chiffre d'affaires. Pire angoisse face aux spectaculaires hausses des prix : et si jamais les clients hameçonnés à la carte de fidélité commençaient à s'aventurer sur d'autres territoires de consommation ? Il parait qu'il y en aurait même qui arrêteraient déjà d'acheter des sodas sucrés et des Pastabox pour recommencer à cuisiner et faire des économies en mangeant sain. Non mais on va où là ? C'est notre mode de vie qui est attaqué. 

Il fallait effectivement agir et remettre le consommateur dans le droit chemin : celui de l'achat de merdes à bouffer. 

Merci Bruno. Tu n'as rien fait, mais c'est déjà beaucoup.



Les boomers se cachent pour mourir

J'ai rédigé assez d’articles ces quinze dernières années sur la génération dorée des baby-boomers. Pas la peine d'en rajouter. On les entend partout. Tout le temps. A faire la morale à cette France qui ne travaille. Les pauvres. Ils ont bénéficié de toutes les avancées sociétales, de l’emploi stable, de la réduction du temps de travail, de la retraite à 60 ans et de la cinquième semaine de congés payés, avec des bons salaires. Ils ont pollué comme aucune génération avant et après eux et ont soufflé comme personne dans la bulle immobilière en reléguant les deux générations derrière à s'entredéchirer et alterner des périodes de chômage de masse et de bullshits jobs sous le signe du mal logement, de la flexi-précarité et d’une planète mourante. Pas mécontents de ce triomphe, ils ont remercié la gauche et les syndicats pour leurs combats sociaux gagnés et dont ils ont été les premiers à profiter, en votant systématiquement à droite et en ne pensant qu'à leur gueule. Ils ont érigé en life-style décontracté les mécanismes de spéculation et d’individualisme comme personne avant eux. Aujourd’hui certains se goinfrent encore des pensions de retraite qui feraient saliver les trois quart des actifs (ces derniers payent d'ailleurs pour les pensions de leurs ainés). 

Donc je ne vais pas y revenir. 

Sauf que. 

Et si cette crispation autour de l’allongement du départ de l’âge de la retraite, la colère d’une population se confrontant à la cécité d’un président, sonnait comme un passage de génération ? Elle se pensait et se voyait immortelle, les choses politiques, économiques et fiscales étaient pensées pour et par elle depuis vingt cinq ans mais, ça devait arriver : cette génération disparait. Tel un Michel Drucker sous stéroïdes, elle a eu beau repousser le jeunisme jusqu’aux confins du chimiquement possible, et faire la pluie et le beau temps électoral, l’ère de son dernier poulain Macron est aussi son chant du cygne. Elle laisse derrière elle un champ de ruines idéologique et économique, et nous abandonne comme seule perspective politique de s'acharner à prolonger en coma artificiel, et en bien moins confortable à titre individuel, un mode de vie destructeur pour la plupart. 

Au nom de l'espérance de vie gagnées par cette génération (ou plutôt par les progrès accomplis pour elle), le proooojet de leur petit valet de pisse du Touquet est de faire bosser jusqu’à la mort au nom de la "valeur travail" tout ce qui aura moins de 64 ans (Rappel, l’espérance de vie en BONNE SANTE dans ce pays est de 64,1 ans). Mathématiquement, ça coince. Et ça commence à s'entendre dans la rue dans des manifestations dont les cortèges sont remplis... d'actifs. Les Baby-boomers pouvaient jusque-là faire une élection, ils ne font plus la nation. 

Attention, je n’ai rien contre eux. C'est loin d'être une génération homogène (je vais encore me prendre des commentaires : "oui, ils sont pas tous comme ça". JE SAIS. D'où ma nuance entre "boomers" et "golden retraités" ) mais il y a des réalités statistiques incontournables. Le revenu moyen des retraités en France en 2019 est supérieur de près de 2% à celui des actifs, alors que leur revenu moyen est plus faible. Admettons aussi que, baigné dans le même air du temps et avec les mêmes cartes en main, j’aurais sûrement opté pour le même parcours (sauf voter Macron, ça vraiment c’est de la merde à tout âge). Ajoutons que les nouveaux retraités sont déjà déjà bien moins lotis que les précédents et ils le seront de moins en moins. Hormis par la transmission d’héritage, le golden retraité est un concept du passé. Comme on dit en manif : "les maltraités deviendront les mal-retraités". Ces enfants et petits enfants des boomers aux jeunesses niquées (pas assez d'expérience professionnelle à 18 ans et trop âgés pour "le marché du travail" à 50) sont bien partis pour être niqués sur toute la ligne jusqu’à l’EPHAD (où ils n’iront jamais, l’EPHAD comme les soins médicaux, étant des concepts pour golden retraités : ils disparaitront avec eux). Le pouvoir d’achat des retraités par rapport à celui des actifs va considérablement baisser en France. Les vieux précaires de demain sont les salariés d’aujourd’hui. 

Alors que faire ? 

La réponse est dans la question. Le travail était déjà l’activité la moins rentable du spectre capitaliste (comparé à la bourse, à la spéculation immobilière ou à l’héritage). Avec l’inflation dans laquelle nous nous embourbons, le travail est la garantie de PERDRE 10% de pouvoir d’achat minimum par an. Ne pas espérer ni s'enrichir, ni abonder sérieusement les fonds d'une retraite par répartition quelconque avec des payes de misère. La question de faire quelque chose avant la retraite ne se posera bientôt plus, la réponse sera évidente : Rien. Ou plutôt : ne plus contribuer à cette farce économique qui nous échappe. Se tourner vers soi et la survie de ses proches. "C'est la fin de l'abondance" a dit celui qui s'est fait élire en promettant l'inverse. Il peut s'inclure dans le package, c'est la fin de son système d'exploitation des masses. On voit bien qu'il patine à vide face à l'opposition des trois quarts des Français. Il n'a tout simplement plus rien à dire. La fin du fantasme d'un capitalisme heureux s'installe peu à peu dans les consciences. Dur à reconnaître et surtout accepter (pas facile de sortir d'un mensonge géant). Ça ne continuera pas sans douleur, avec probablement de grands malheurs mondiaux pour nous distraire de nos misères locales, en attendant le reboot s'il a lieu.

Pas génial hein ? 

Oui et non, même si ça s'accélère un peu là maintenant, le processus est long. C'est sûr qu'à l'échelle d'une génération, ça peut paraitre un peu plombant (Après le golden-retraité, il y aura le misère-retraité). Mais, si nous survivons à tout ça (économiquement et climatiquement) il est possible les générations d'après tombent moins sottement que nous dans le panneau du progrès qui n'en est pas un. Ils vivront surement moins vieux mais auront à coeur de vivre mieux. 

On a vu ce que c'était une société de golden retraités. On a déjà donné.

Quand l'inflation redistribue la consommation

""Ça va exploser" : il faut bientôt s'attendre à des hausses de 30 à 50% dans les rayons des supermarchés, alerte le patron de Lidl."  L'indépendant, 12.01.2023

Avec la mobilisation contre la réforme des retraites qui occupe (légitimement) l’actualité, la grosse claque économique que se prennent dans la face des millions de français passerait presque à la trappe. Si le gouvernement avance un gentil 5,2% d'inflation sur l’année 2022, celui qui consacre l'essentiel de son budget à l’alimentation et à l’énergie constate le triple ou le quadruple de ce chiffre. Tout cela en face de salaires qui ne progressent qu'à la marge (3,8% en 2022 selon la Banque de France). 

Dans les supérettes franchisées parisiennes (Carrefour City, Franprix...) je peux voir les prix prendre 5% d'une semaine à l'autre. Chacun ses repères. La boîte de sardines à l'huile d'olive de la marque machin est passée de 1,12 à 1,92 dans la même boutique en 6 mois (on l'a trouvera 30 centimes de plus chez un autre franchisé de la même enseigne à 200 mètres de là). Le jus de pamplemousse de marque truc est passé de 1,95 à 3,55 depuis l'été, le café de 2,90 à 4,10 sur la même période. C'est du 10 à 30% d'augmentation sur presque tout l'alimentaire de base par chez moi. 

Déjà rétif à aller dans ces enseignes, cette hausse m’en détourne presque totalement. Et c'est là un point d'étonnement : les marchés, les épiceries alternatives ou en circuit court semblent mieux armées contre le grand méchant Poutine (à la source bien sûr de toutes ces augmentations qui ont commencé 6 mois avant l'invasion de l'Ukraine). Les prix pratiqués dans les épiceries dites « de bobo » (juste pour se moquer du fait qu’on y mange des produits moins transformés, en vrac, moins pollués, moins packagés, à l'unité, meilleurs pour la santé) étaient certes à l’origine plus élevés mais, en un an de temps, avec des hausses moindres elles se retrouvent aussi, voire plus, compétitives que les enseignes classiques sur des produits phares (café, céréales, oeufs, légumes de saison, produits laitiers). Je mets en dehors le hard discount, plus rare à Paris.

Petits et gros font pourtant face aux mêmes hausses de l'énergie. Les gros doivent aussi faire face à d’autres type de frais : plus grandes surfaces à chauffer, plus de choses à stocker, plus de chaine logistique et ils ont historiquement - et idéologiquement - plus recours à des produits d’importation…  Ils ont également une masse salariale sans comparaison. C'est comme si leur structure même de « gros acteurs » devenait un handicap dans ce contexte. Ce que j'observe se limite à Paris où la donne immobilière, géographique et sociologique n'est pas forcément représentative de La France. Néanmoins c'est suffisamment nouveau ici et déstabilisant pour être noté. Les salariés sont entrain de disparaitre des supermarchés. Leur nombre à la caisse est divisé par deux, voire par trois. Et, indice de basculement qui ne trompe pas, une embauche de vigile y remplace souvent deux ou trois emplois de caissiers. J’ai l’exemple d’un commerce qui a condamné une de ses deux entrées sur rue pour mieux filtrer les clients, comprendre les voleurs potentiels. Côte clients, c’est l’assèchement. Là où l'on passait avec des paniers ou des caddies remplis, la règle à la caisse c’est souvent trois ou quatre articles maximum par client. En six mois de temps, la dégringolade se voit à l'oeil nu en passant devant les vitrines : moins de salariés, moins de clients, moins d’articles. La seule donnée croissante : les prix.

D'ailleurs, les distributeurs commencent à l'avoir mauvaise (je ne vais pas les plaindre non plus). Entre le hard discount d'un côté et le local de l'autre, c'est leur modèle pachydermique qui est inadapté. 

Je n'en tire pas de conclusion pour le moment et me contenterait de citer Stefan Zweig, revenant dans ses mémoires, Le monde d'hier, sur l'effet de la violente perte de pouvoir d'achat sur le moral des Allemands entre les deux guerres mondiales : Rien - il faut le rappeler sans cesse - n'a aigri le peuple allemand, ne l'a rendu haineux au point de le précipiter dans les bras d'Hitler, autant que l'inflation

En attendant les modes de consommation s'adaptent et changent. La tendance de la grande division déjà à l'oeuvre, entre nourriture dégradée pour pauvres et nourriture saine pour riches, va t-elle se renforcer ou se réduire en trouvant de nouvelles voies et de nouveaux modes d'approvisionnement ? On va peut-être se rappeler qu'on peut produire local et à proximité des lieux de consommation et que, aussi bien pour sa santé que pour son porte monnaie, il vaut mieux ne pas être trop dépendant des multinationales et d'une poignée de distributeurs. C'est peut-être la seule bonne nouvelle dans ce bazar.  

Petite histoire d'une disparition de Twitter

Cela fait deux mois qu'Elon Musk a pris les commandes du (vieux) réseau social Twitter. C’est l’occasion du faire un petit bilan. 

On appréciera d'abord l’excavation par le nouveau patron des pratiques merdeuses de l’ancienne équipe Twitter, gangrenée par le FBI et les démocrates américains pour réduire au silence toute pensée contrevenant à l'ordre progressiste. Pas un mot ou presque dans la presse française

Il faut dire que la vague de frayeur qui s’est emparée des journalistes, des politiques et d’une bonne partie de la gauche, à l’arrivée à la direction de Twitter du milliardaire (que la presse française qualifie systématiquement depuis de « fantasque ») en dit long sur le niveau de conformisme intellectuel qui règne sur ce réseau depuis un moment. Qu’a-t-on lu cet automne ? Appels émouvants au boycott et autres « Allons tous faire la révolution sur Mastodon ! » dictés à l'IA de leurs smartphones dernier cri. 

Ils ont raison les révoltés du réseau. Les choses ont bien changé en 15 ans sur Twitter ...et bien avant l'arrivée d'Elon.

Oeuvrant sur Twitter depuis 2008, je n'ai pas vraiment compris l'intérêt du truc au début. Avant d'y voir un formidable agrégateur de news, et de démocratisation de la transmission de l'information. De 2008 à 2011 ce furent, sur la version française de Twitter tout au moins, de belles années, un peu bordéliques, assez grisantes. On pouvait y interpeller la poignée de politiques ou de journalistes qui s'y aventuraient alors. J'y ai fait de belles rencontres qui se sont transformées dans la vraie vie. Twitter, et internet en général, étaient alors mal vus par les médias classiques qui en faisaient régulièrement le procès

C'était avant que la machine s'emballe et que Twitter (et sa grande soeur l'info continue) donnent le ton à toutes les rédactions. Se peuplant de gens qui l'avait jadis boudé, de 2011 à 2015, puis de messages sponsorisés, le réseau a perdu de son intérêt, devenant une succursale des médias classiques : un truc mou et dominés par les CSP+ urbains.  Je me suis éloigné de Twitter à partir de 2015, n'y revenant que sporadiquement. Sans trop y écrire, j’atteignais alors une modeste réserve de 12000 abonnés, constamment en hausse.

C'est à l'approche de l'élection de 2017 que j'ai pu observer la mise en place de subtils processus  d'invisibilisation sur Twitter. Il y a même eu, à ma petite échelle, un avant et un après campagne Macron. Et précisément, un avant et un après 1er février 2017.  

Ce jour-là, je postais sur mon compte une affiche de campagne pour la secte macroniste "En Marche" réalisée par mes soins, plus vraie que nature. Des centaines de personnes ont réellement cru que c'était l'affiche officielle. Visiblement ça n'a pas plu. 

L'objet du délit : 

À partir de ce tweet, j'ai vu mes abonnés partir par paquet de 10 à 20 à chaque message que je postais. Même pour un "oui" ou un "non". Je constatais à la même époque plusieurs pertes sèches d’abonnés et de nombre de partages sur d’autres comptes visiblement étiquetés dangereux (ce qui recoupe les récentes révélations sur la labelisation des comptes et le "shadow banning" par l'ancienne équipe Twitter). Ces comptes avaient le point commun d'avoir été très actifs, chacun dans leur style, à la précédente campagne présidentielle de 2012. 

De 2017 à 2020, Twitter est devenu un cloaque pour journalistes et politiques. Les premiers se régalant des saillies des seconds. C'est alors le royaume de l’entre-soi de la pensée "progressiste" encore plus lisse et correcte qu’une chronique matinale de France Inter, qu’elle soit supposée économique ou humoristique (ce qui revient au même). J'ai laissé tomber ce réseau.

J'ai renoué avec Twitter en 2020 au moment du confinement, constatant à l’occasion que l’environnement s’y était encore dégradé à travers un angélisme béat et aveugle, appelant à plus d'enfermement, de restrictions et de piqûres obligatoires, J'ai posté des messages sur le sujet, des liens vers mon blog, j'ai reperdu 2000 abonnés sur la période (alors que mes articles, eux, montaient en audience). Je suis d'ailleurs toujours sous ce régime depuis, avec des messages lus par moins de 0,5% de mes abonnés sur Twitter (une cinquantaine, quasi toujours les mêmes, je les salue chaleureusement au passage).

Je me suis à mon tour désabonné massivement de comptes "stars", de médias chambre d'écho du gouvernement ou de gens, des amis parfois, se proclamant de gôôôche, humanistes et anti racistes - qui, à l’image d’un président voulant "emmerder les non-vaccinés", se prononçaient sur Twitter, avec toute la bonne conscience du monde, pour la ségrégation d'une partie des Français. On les reconnait facilement aujourd’hui : sous leurs avatars, le drapeau ukrainien a remplacé les 3 emojis de seringues et, après avoir traité de fachos les Français qui manifestaient contre les mesures liberticides, ils acclament les Chinois qui manifestent pour les mêmes raisons. 

Mon écœurement a été atteint lorsque les journalistes français se sont réjouis de l’exclusion de Donald Trump du réseau en janvier 2021. Quelle courageuse prise de position à dix jours de la fin de son mandat, et quelle ingratitude de nos suce boules locaux ! Trump à lui seul à fait vivre 300 journalistes français avec la seule exégèse de ces coups de gueule quotidien sur le réseau ces six dernières années. 

Je me suis donc réjoui cet automne des soubresauts de l’aristocratie twiterienne, de la planète woke, des fact-checkeurs en carton, des cerbères de la doxa ainsi que de l’ensemble de la noblesse journalistique après le rachat de Twitter par Musk. Ceux qui s’émeuvent aujourd’hui pour la liberté de l’information ou les risques de manipulation idéologiques sont les mêmes qui célébraient la censure du compte d'un président démocratiquement élu, du "shadow ban" de tout commentaire non ouvertement pro-vaccination ou pro-Ukraine sur le réseau de "l’oiseau bleu" de mes couilles. 

Mais l'amusement est de courte durée. Musk se piège au quotidien et peut-il tenir longtemps sans se compromettre face aux forces en place et aux campagnes de dénigrement : presse, annonceurs, politique, états ?  On aimerait d'ailleurs voir autant de hargne de nos élites face aux autres milliardaires patrons de presse et TV ou aux pratiques sociales déconcertantes d'autres grandes entreprises. 

La suite au prochaine épisode mais déjà, peu à peu, on voit revenir de leur exil sur Mastodon les petits soldats du bien qui prêchent à nouveau la bonne parole sur Twitter comme si de rien n'était, en s'asseyant sur leurs jolis principes pré-mâchés. 

Comme on dit : si tu as aimé cet article, abonnes-toi ici -> https://www.twitter.com/sebmusset

L'étrange défaite

Le premier acte de la comédie 2022 s'achève. 


Il est temps de faire les comptes. 

Le cyborg obtient 18 779 809 voix.
Marine Le Pen obtient 13 297 728 voix. 
Abstention : 13 656 109
Blancs ou nuls : environ 3 000 000 

Sur une corps électoral de près de 50 millions, ça ne fait pas des masses pour notre gourou banquier, mais à l'image de Bruno Lemaire qui a fait volte face sur la réforme des retraites passant du statut "discutable" au statut "on va vous la passer en 49-3 bande de connards" à la faveur du scrutin, la ligne est claire : la victoire du cyborg est avant tout une adhésion populaire. C'est deux derniers mots étant, chiffres à l'appui, mensongers. L'adhésion est plus que relative, est clairement loin d'être "populaire" au sens social du terme. Le bloc bourgeois lui est bien soudé, aidé en cela par le réflexe anti fasciste médiatiquement réactivé deux semaines tous les cinq ans. 

Le triomphe du cyborg, légitime,  est surtout très peu représentatif de la réalité "vive" du pays. En écartant, les votes des + de 65 ans, il est même probable qu'il n'accédait même pas au second tour.  J'avais déjà évoqué l'importance du "vote vieux" au moment de l'accession au pouvoir de Sarkozy, là c'est sans appel. C'est un constat, la France est un pays de vieux, mais ce n'est pas le plus gros problème : nous vivons dans un pays qui se ment à lui-même, via une doxa médiatique du "dynamisme" (le travail, l'effort) alors que la réalité est à l'opposée : le travail ne paye plus et la rente rapporte bien plus  que le labeur. D'où le délire de tout discours sur la retraite à 65 ans, tout bonnement inaccessible pour la majeure partie des jeunes d'aujourd'hui qui rentrent de plus en plus tard dans l'emploi stable. 

Nous vivons sur un mensonge. Même mensonge sur l'immobilier, angle mort de la campagne électorale tout candidat confondu. Nous vivons dans un pays où il est toujours plus rentable d'être multi-propriétaire que salarié. Le coût des dépenses de logement ne rentrent que pour 7% dans le "panier de l'Insee" pour calculer les dépenses de consommation des Français, alors dans les classes populaires, chez les salariés en bas de l'échelle, il peut représenter 30 à 50% des dépenses, voire plus. Ce décrochage ne date pas d'hier, cette bulle immobilière, ignorée des débats politiques de chaque présidentielle, a déjà vingt-cinq ans de bouteille et a déjà plombé deux générations. 

Intéressant également, la leader du RN est en tête chez les employés et les ouvriers. 


Vous me direz pourquoi donc Mélenchon, qui était un des seuls à avoir quelques propositions sur le logement, n'a pas fait plus au premier tour ? "Peut-être" que ses priorités de campagne dans la dernière ligne droite n'ont pas été celles-ci et qu'une partie de son électorat n'est pas si impactée que ça par les coûts du logement et l'inflation des tarifs énergétiques. C'est jute une hypothèse. Une partie non négligeable du vote Mélenchon est urbaine, et/ou proche des zones de richesses et de pouvoir. Une relative précarité y est apparement un peu plus supportable qu'à 80 kilomètres de son lieu de travail. Le vote de "colère" dans ces zones a été dissout au second tour entre une abstention pour les plus courageux et dans un vote Macron, garantie d'une non remise en cause de cette "richesse" par proximité. 

La progression du vote RN entre 2017 et 2022 est nette. En noir, les communes ou ça vote Marine, en jaune c'est Macron. On notera les bastions jaunes urbains au milieu de zones entièrement foncées. 


(infographie Ouest France)

Les moqueries qui suintent le bon gros mépris de classe envers cette France boueuse qu'on ne voit pas de Paris se sont multipliées sur les réseaux dès la victoire du Cyborg. L'exemple le plus frappant est cette séquence tournée à Hénin-Beaumont où l'on voit le désarroi de femmes apprenant la victoire du Cyborg. Mieux que tout test politique sur Facebook, ce que l'on ressent à la vision de cette séquence indique instantanément où l'on se situe sur l'échiquier de classe. Interrogée par la Voix du Nord, une des protagonistes déclare  : Je ne m’attendais pas à un tel écart. On vit vraiment dans un pays de riches et de vieux qui ne pensent pas à leurs enfants". C'est plus pertinent que l'ensemble des propos tenus par les journalistes et les politiques dans l'ensemble des soirées électorales de dimanche dernier. 

Venons-en à l'acte II de la comédie 2022 : les législatives en juin. 

J'espère me tromper, mais tout porte à croire que l'histoire se répètera et qu'au jeu des alliances et d'une élection conçue, dans son mode de calcul et son calendrier, pour renforcer le pouvoir du président élu celui-ci sera effectivement renforcé. La stratégie de Mélenchon après la premier tour est grandiloquente  mais périlleuse. Il a offert "ses" voix à Macron sans négociation dans l'heure qui a suivi l'annonce des résultats du premier tour, alors même que le barrage médiatique n'avait même pas encore osé se lancer. A vrai dire, il a lancé le coup de feu du départ. Je ne sais pas ce qu'il vaut au pouvoir, mais en termes de négociation, il est très mauvais. Après vingt ans d'un combat anti-FN qui n'a fait que le renforcer, cette persistance dans le déni est fascinante et le révélateur d'une déconnexion avec une partie du pays qu'il est pourtant censé représenter.

La réalité est la même en plus appuyée qu'en 2017. Sans une convergence des représentants du vote populaire de gauche à droite sur des thématiques concrètes et immédiates : logement, prix, salaires, relocalisation des emplois, il n'y aura jamais d'accession au pouvoir, ni au contre-pouvoir. Il est probable que ni LFI, ni même le RN, avec leurs millions de voix (majoritaires à eux deux) n'aient de représentation digne de ces chiffres à l'Assemblée ou juste quelques sièges, assurant une poignée de salaires de députés et la prolongation d'une couverture médiatique pour les impétrants.

A moins d'un entracte populaire surprise. 

***

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Un triomphe

Ça y est. La grande quinzaine de l’antifascisme est terminée. Grâce aux vieux, aux bourgeois et à la crème de la couillemolie qui cache son vote conformiste derrière un camouflage moral, le cyborg est réélu à 58% par le peuple poisson-rouge. C’est un non-évènement même si l’abstention historique et les records de vote dans les territoires d'Outremer enregistrés par Marine Le Pen dynamisent un peu la journée et relativisent toutes les analyses définitives que j'imagine vomies à l'instant même sur les ondes. 

Aucune effervescence à l’annonce des scores à 20h, Paris s’en fout. Paris est déjà en vacances. Pas un cri, ni de joie ni de colère, pas même un écran allumé dans un bar sur les résultats du soir. Rien. Je pensais le matin que nous replongerions dans l'humeur de l'élection au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal, mais à 20h01 avec ce début de bruine, nous sommes propulsés vingt ans en arrière, lors de la mortifère réélection de Chirac (face à Le Pen père, déjà) et du quinquennat pour rien qui s'annonçait. Ce second avènement du cyborg, c’est la victoire du vide, ou plutôt du monde figé. Surtout, surtout que rien ne change. Ce sera donc dur, méprisant et violent, puisqu'il ne sait rien faire d’autre. 

Nous découvrons le score final 58/42 au guichet du petit cinéma où nous prenons une place pour le premier film en trente ans d’André Bonzel (après C’est arrivé près de chez vous) : et j’aime à la fureur. Mauvais choix de titre pour un superbe montage de films amateurs collectionnées sur un siècle. Ce film, dont j’ai découvert l’existence hier à la radio dans un demi sommeil ne pouvait que me plaire tant il est au carrefour de mes passions : le passé, les apprentis cinéastes, la lignée et l’héritage émotionnel. C’est une oeuvre cinématographique unique, tout autant qu’un essai philosophique populaire sur le sens de notre passage sur terre et l'absolue nécessité d'en profiter. C’était le film parfait pour renouer avec le cinéma en salle, activité que j’ai abandonné pour cause de ségrégation d’état (un régime qui semble avoir littéralement été effacé de la mémoire collective nationale). En une heure trente, j’ai totalement oublié le cyborg et son monde. Ce soir, le beau a temporairement triomphé du laid. 




Le retour du fabuleux barrage magique, saison 3

Il est de retour.

Moins spontané et enthousiaste qu'en 2002, moins évident qu’en 2017, toujours aussi peu subtil et toujours plus moralisateur : le barrage contre le méchant fascisme de l'entre deux tours de l’élection présidentielle 2022 qui oppose encore Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Attention, il y a un piège. Alors que tout de ces cinq dernières années indique le contraire, c’est bien le premier qui endosse sans complexe le rôle du gentil président « bienveillant » et la seconde qui doit passer les deux tiers de son temps d'antenne à se justifier des atrocités d'un quinquennat qu'elle n'a pas encore accompli. 

Depuis Paris, sur fond de mémoire de poisson rouge et avec une bonne dose d'hypocrisie, le barrage contre la droite radicale se dresse petit à petit, face à la menace du débordement. 

Tout électeur (surtout de gauche) est sommé de synthétiser ses choix et ses convictions dans un joli vote Macron et se soumettre au bon ordre des sachants, des artistes, des footballers expatriés qui tournent à 100 smics la semaine, de BHL, de tous les ministres et présidents des vingt dernières années, de Joey Starr et Nabilla et de la ribambelle des opposants de pacotille perturbés dans leur biotope économico/culturel par cette agression électorale du bas peuple. La France des nulle part c'est bien pour y passer ses confinements, mais quand ça vote c'est caca. 

Pire criminel encore dans cette parade du point Godwin permanent : l’abstentionniste. Ce dernier doit rentrer dans le rang et voter pour le cocaïné du Touquet toute affaire cessante sous peine de procès en nazisme. L’électeur de Le Pen ? Beurk. On le lui parle pas (comme d'habitude). Lui et ses 8 133 828 collègues du premier tour sont des affreux, des sales et des méchants, bien évidemment tous racistes en plus d'être pauvres. Des salopards de fils de pute consanguins à noyer dans les douves du château fort de la démocratie autorisée. 

L’heure est grave : la guerre en Ukraine, la quatrième dose (aka "deuxième rappel"), l’essence à deux balles, l’inflation et les pénuries, même la domination du patriarcat, sont mis de côté : chacun y va de sa tribune larmoyante pour appeler le peuple à se donner sans négocier à Macron. Cette hystérie rappelle les beaux jours de la campagne médiatique des "élites parisiennes" pour le "Oui" avant le référendum de 2005 sur la constitution européenne. 

Après avoir fait monter la sauce du combat face à Le Pen depuis des mois, la presse des oligarques français (à l'antenne on les appelle "capitaines d’industrie") change de braquet dans la dernière ligne droite et ressort sa batterie d'arguments niveau maternelle 1er section. Rendez-vous compte : si elle préside le pays, MLP aura l’arme atomique et la police va taper ! Sûr que ça va nous changer... 

Ces postures, expurgées d'autocritique, étaient déjà caricaturales en 2002 quand il s'agissait du père (mais bon il s'agissait alors d'"un accident démocratique"). En 2022, après cinq ans de régime macroniste d'une violence physique et psychologique inédite en Ve république et deux ans de semi liberté avec ségrégation des français non vaccino-soumis, cette insistance à nous faire avaler la pilule de la démocratie correcte vire au burlesque.  Car derrière les condamnations unanimes du peuple mal votant, on ne répond pas aux raisons de son vote.

Il n'y aucune faute de goût. Ce second tour confronte exactement les forces populaires qui doivent se confronter : le conservatisme face à la colère. 

Derrière ce récit rediffusé du bien contre le mal, il faut prendre le combat Macron / MLP pour ce qu'il est d'abord et avant tout en 2022 : un combat de classes. Derrière ce fight arrangé entre deux variantes de droite qui sont en accord sur le principal, se cache en fait le combat de deux France, celle du confort et celle de la colère. Celle qui veut que rien ne change, qui empoche et fructifie, et celle qui suffoque, qui se prend la hausse des prix dans la gueule, n'a aucune marge de manœuvre, qui a de moins en moins, ou n'a déjà plus, accès aux soins, à une alimentation correcte, au chauffage.

Ça devrait alerter et faire débattre : A plus de 65 ans, ça vote très majoritairement Macron, chez les étudiants aussi (dans une moindre mesure). Toutes les autres catégories, ceux qui sont dans la vie active, votent majoritairement Marine Le Pen. Ceux qui n'y sont pas encore ou n'y sont plus, et/ou en profitent à plein, votent Macron le plus souvent. Les statistiques d'âge sont parlantes, celles des revenus encore plus. A 2500 euros mensuels, c’est la porte d'entrée pour un vote LREM les yeux fermés. En dessous de 1300, c'est un vote RN quasi assuré. 


Le Pen fera du Macron. Macron fait déjà du Le Pen. L'une n'est pas au pouvoir, l’autre a montré de quoi il est capable et il mérite une sanction et non des encouragements à aller plus fort et plus loin. Macron se torche total des états d’âmes de castors apeurés et des « c'est la dernière fois que je cède » jurés à chaque échéance électorale. Ce qui compte, c'est de gagner. C'est la présidentielle pas l'école des Fans. Il ne peut en rester qu'un. C'en est même savoureux de voir notre homme continuer à se foutre de la gueule des Français comme un camelot itinérant de supermarché, dopés aux conseils surfacturés, vendant tout et son contraire à qui veut bien encore l'écouter. Le plus dingue c'est que personne n'y croit, ni lui, ni ceux qui votent en se pinçant le nez pour lui, pas même son électorat de base dont la seule ambition est que rien ne change puisque le monde de maintenant avec son équilibre pépère, basé sur le sacrifice de pauvres et de jeunes, le satisfait pleinement. 

Par un concours de circonstances tout à fait prévisible, certains parmi les plus acharnés opposants de Macron depuis cinq ans appellent à réélire le leader soudainement merveilleux, dernier rempart de nos libertés. Hier est oublié, demain est un nouveau jour, aujourd'hui on ferme les yeux sur ces cinq années de cette présidence dégradée et méprisante, qui a renforcé les inégalités et fracturé le pays comme jamais, pour combattre un fascisme fantasmé qui est le cache-misère d'un conservatisme non assumé. 

Pour ma part, comme je l'avais annoncé en juillet dernier, mon vote se résumera en deux mots : 

"Pass Vaccinal". 

Un dirigeant qui a pondu ça est capable de tout. Un peuple qui a accepté ça a d'ores et déjà signé pour pire. Et cela tombe bien : Quel que soit le résultat, elle ou lui, le pire c'est ce que nous aurons. 

#ToutSaufMacron

A douze jours du second tour qui opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen faisons le point sur les cas de conscience qui taraudent l’électorat étiqueté de gauche, même si l’étiquette ne convient plus. Il ne s’agit pas ici de faire la morale ou de juger qui que ce soit étant d’entrée posé que le pire vote possible est, au premier comme au second tour, celui pour Macron. 

Commençons par les réjouissances. Ne boudons pas notre plaisir. Il est exquis de contempler la phase terminale de l’agonie du PS et de LR. Il n’y a qu’eux qui ne savaient pas qu’ils étaient morts, ils réussissent enfin un truc en trente ans : leur mise en slip totale. Bon débarras. 

Venons-en au gros morceau qui sera l’objet d’une bourrage de crâne médiatique à base de revival d’un chantage que je connais depuis mon enfance et dont nos élites raffolent pour esquiver de rendre compte de leur bilan et de leur responsabilité. 

Je comprends le désarroi à gauche malgré la performance de Mélenchon (à laquelle je ne croyais honnêtement pas), mais les reports sont dans les sondages depuis le départ. Même si Mélenchon avait été présent au second tour, il se serait fait laminer et Macron serait passé haut la main (avec la morgue des macronistes qui s'en suivait). Ce n'est pas la peine d'en vouloir au PCF ni même aux écolos qui ont visiblement des ambitions plus locales que nationales. Le problème est plus profond. Ce que nous confirme le vote du 10 c'est que La France de 2022 est de droite, ou plutôt pense à ses intérêts individuels plus que collectifs. Ça, c'est une tendance de fond depuis quinze ans. C’est aussi la conséquence d’un appauvrissement d’un côté et à l’inverse d’une préservation, voire d’un enrichissement de l’autre. Et vu le contexte, si des mesures radicales ne sont pas prises nous n’en sommes qu’au début. Et je ne parle d'une cosmétique du prix de l'essence durant quinze jours de campagne.  

Au soir du premier tour, on constate donc que d’un côté, il y a un bloc de droite, libérale-mondialiste pseudo progressiste et proto fascisante, qui n'a aucun problème pour sacrifier les jeunes et les libertés pour conserver son train-train de vie (globalement âgé et/ou plutôt à l'aise financièrement). Ce bloc du confort voit dans le jeune bébé batard né de la fusion économico-idéologique du PS et de LR son meilleur représentant. Et il faut le reconnaître, il fait bien le job. Pour eux. 

De l’autre côté, monte un bloc de droite nationale-sociale, fourre-tout certes mais avec un point commun : SURVIVRE que ce soit culturellement et le plus souvent, on l'oublie à Paris, pour boucler ses fins de mois. Au-delà du clivage gauche/droite je qualifierai ça de France du ras-le-bol. Si certains éditorialistes de palais avaient suivi le mouvement des gilets jaunes ou les manifestations antiPass de cet été au lieu de les fustiger, ils comprendraient peut-être un peu mieux le pourquoi du comment. Mélenchon a capté une partie de ce ras-le-bol sur sa personne et son programme, mais ça ne suffit pas. Il nous l'avait lui même lors d'une interview en 2010 (dans la même interview où il nous avait dit qu'il ne se présentera pas à la présidentielle) : dans les situations de crise, les gens vont vers des solutions radicales. Il avait raison, ils y vont.

On verra comment se déroulent les dix prochains jours et le fameux débat du 20 avril, mais a l'évidence ça va être la foire à la saucisse côté promesses des deux côtés pour séduire les électeurs de gauche qui ont la clé du résultat entre leurs mains. A ce petit jeu, Macron qui peut vous dire tout et n’importe quoi dans la même psalmodie creuse, pondue par des communicants payés avec votre argent 25 smics la phrase, n’est évidemment pas crédible. 

 Il y a donc désormais 3 options pour le 24 avril : 

1 / Macron pour 5 ans de plus avec tous les pouvoirs (a moins qu'il y ait une énorme vague de gauche aux législatives mais au vu des scores et des divisions ça parait peu probable). Nous avons connu l’infamie ces 5 dernières années : suspension des soignants, traque des non-vaccinés, kermesse des éborgnements, arrestations préventives de manifestants, des mutilations, un mépris affiché et répété que les gesticulations du VRP du libéralisme-autoritaire, qui paraphrase aujourd’hui les slogans du NPA et va bientôt citer du Gandhi tout en nous tirant sur la gueule, ne feront pas oublier. 

2 /  MLP pour 5 ans avec un contre-pouvoir (si elle passe ce sera sur la corde, et elle n'aura pas de majorité aux législatives et l’on entrera de fait dans une cohabitation, sans garantie aucune mais sans psychopathe). Je n’ai aucune sympathie pour elle, mais elle ne m’a pas (encore) empêché de me déplacer, de voir mes proches, ma famille ou même de me soigner puis me classant de fait comme un sous-citoyen parce que je refuse de m’injecter un produit expérimental. 

3 /  Etre légitimement écoeuré et ne pas voter, vivre dans son quotidien dans "une autre France" et se focaliser sur d'autres façons de vivre, de s'informer, de se nourrir, d'être solidaires. A ce titre, la période de ségrégation vécue par les non vax a été un bon régime d'entraînement. Dernier point, une forte abstention délegitimerait le vainqueur quel qu'il soit. 

Macron va faire le fiérot pendant dix jours pour avoir fédéré les boomers (qui en remerciement de nos sacrifices veulent nous coller une retraite à 65 ans) mais il est déjà fragilisé. Je ne sais pas ce que vaut le nouveau monde, mais lui est à douze jours de l'échéance l'incarnation la plus parfaite de celui avec lequel il faut en finir. 



L'emmerdeur et les émancipés

Je corrigeais les dernières touches de mon livre, incluant le récit de ce curieux mois de décembre 2021, à titre intime et collectif, quand est tombée comme une crotte sèche "la petite phrase" du président sur les réseaux sociaux.  

Ce 4 janvier, alors qu'était "discuté" à l’Assemblée, le texte sur le Pass vaccinal, a « fuité »  une interview d’Emmanuel Macron aux sujets des non-vaccinés, censée être publiée après le vote :

"Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie… "

Jusque-là rien de de bien grave, moi aussi je pisse à la raie de ce malappris. Mais, le président de la République d'ajouter : 

"Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen."  Là, c'est plus grave. Et surtout, très con. D'autant que plein de terroristes avec du sang sur les mains, eux, sont bel et bien encore citoyens. 

Une fois encore, rien ne me surprend dans les propos du sagouin. Son penchant pour la coke et son mépris du peuple suintent de lui depuis le début du quinquennat. Les récentes déclarations de Castex et Véran allaient exactement dans le même sens avec la même violence, et les mesures discriminatoires s’accumulent concrètement depuis six mois. Focaliser la colère sur des boucs-émissaires, d’autant plus menaçants qu’ils sont de moins en moins nombreux, est une mode de gouvernement vieux comme le monde. Blâmer les non-vaccinés, c'est le pied. C’est un peu comme du racisme mais sans l’accusation de racisme, bref c'est propre, éthique et pratique pour cacher tout ce qui déconne : l'argent qu'on ne met pas dans l'hôpital et l'évasion fiscale, ou encore la stratégie toute pétée de la vaccination à l'aveugle...

Aveugle, il fallait l'être pour ne pas voir jusque-là que : 
1 / Macron a déclaré la guerre aux Français 
2 / Cette histoire de Pass n’a absolument rien à voir avec la santé publique. (Exemple : alors qu'on veut vacciner les enfants, rien n’est engagé pour améliorer la vaccination chez les personnes âgées dont la vie sociale est souvent la même avec ou sans Pass). 
Castex a d'ailleurs depuis confirmé : pas d'échéance de fin prévue

Néanmoins, la diarrhée verbale du forban de la République, qu'elle soit préméditée ou non, rapproche des gens qui ne se parlaient plus depuis un moment. Que ce soit chez une partie des vaccinés ou/et dans le camp de gauche, l’indignation est nette. Pour certains à gauche, les non-vaccinés existent soudainement puisqu’ils basculent, enfin, dans la catégorie : minorité visible et opprimée. On ne les a pas attendu pour tirer cette conclusion, le 12 juillet tout était déjà très clair. 

J'avoue être flatté d’être défini comme "réfractaire" par le président d’un pays dont il ne me considère plus citoyen... et de me confirmer ce que je savais déjà. Macron nous sert la sécession sur un plateau doré. 

Au-delà des mots, il devient évident que le pouvoir n’a pas envie d’en finir avec la pandémie. La faible virulence d’Omicron lui aurait permis de sortir « proprement » de ces deux années en capitalisant sur les effets du vaccin sur les formes graves. Au lieu de ça, le pouvoir a tout entrepris pour gonfler la panique en décembre et nous maintenir dans la peur. Et encore en 2022, avec une paralysie en approche du pays, suite à cette gestion débile. 

Pourquoi continuer ce suicide national ? Je n’ai pas la réponse. La piste de l’enrichissement des labos est certaine, mais elle ne peut suffire à expliquer cette persévérance dans l’échec. La destruction du groupe témoins ? Il doit bien savoir qu'il n'y arrivera jamais. La piste des élections présidentielles ? Surement, mais je n’ai jamais vu un président décrocher un second mandat en insultant les gens, à moins qu'il les empêche de voter, va savoir. 

Visiblement, pour le moment la terreur plait encore aux Français :  tous vaccinés, tous des bâtons dans le nez, et partis en chantant pour des piqûres à répétitions tous les trois mois. Les pharmacies jouent à guichet fermé, notre nouveau film catastrophe. Le cinquième de la série en moins de deux ans. Car à vrai dire, si une guerre aux non-vaccinés est commencée longtemps, la véritable obligation vaccinale, pour le moment, vise concrètement les vaccinés. Ce sont eux qui ont mis le bras dans un mécanisme dont ils auront dû mal à s’extraire. Néanmoins, nous les accueillerons avec joie et sans rancune dans nos territoires en zone libre où le président caca boudin, son mari et ses sbires ne sont plus rien.







Leave Zemmour Alone !

Sans apporter notre soutien à la personne en question, il va de soi que nous prenons les indignations relatives aux propos et gestes d'Eric Zemmour qui seraient émises de la part d'artistes, intellectuels, journalistes, politiques, SJW et autres bien penseurs de mes couilles qui ont bien fermé leurs gueules sur la question du pass sanitaire, pour ce qu'elles sont : 

DE-LA-MERDE-EN-BARRE

Ces clowns ont perdu le peu de crédibilité qui leur restait sur tous les sujets ayant un rapport avec la politique, la tolérance, la défense des différences et le respect d'autrui. On ne se rachète pas aussi vite une bonne conscience, même sur le dos de Zemmour. 

Le farfadet de droite a au moins ce délicieux mérite d'énerver comme personne les bonnes âmes de gauche (leurs moulinets dans le vide n'ayant eu jusqu'à présent comme effet que de le faire monter dans les sondages). 

Au sujet de Zemmour, le passé nous réserve de belles histoires. Mars 2011, souvenez-vous : L'UMP ne faisait pas la fine bouche et invitait le polémiste avec tambour et trompettes à ses meetings pour rabattre de l'électeur aigri. Et bien j'étais dans la file d'attente. Retrouvez ici le récit de ce thé-dansant de folie qui n'a pas vieilli d'une ligne, sauf qu'aujourd'hui c'est Zemmour qui dirige l'orchestre. 



Pour qui voter en 2022 en 2 réponses

A table les gueux et n'oubliez pas votre bavoir. Politiques et journalistes sont rentrés de vacances. Cette fois le festin des foutaises pour les élections présidentielles 2022 est dressé dès septembre. Les bacchanales du baratin et des commentaires qui servent à rien sont d'ores et déjà distribuées par les chaines d'info-feuilleton avec leurs farandoles de candidatures à la droite de la gauche et de la droite, sur une copieuse salade verte aux pépites de green-washing, nappées d'une abondante cascade de buzz de com' et promesses à la con, le tout relevé de son piment aux méchants immigrés. Ça va pétiller du rêve dans ton cerveau citoyen. 

A croire qu’il ne s’est rien passé ces 18 derniers mois dans le quotidien des Français. 

Calmons les ardeurs des révolutionnaires des réseaux : si le premier tour est très ouvert pour cause d'atomisation et d'abstention des troupes, tel que c’est barré, et à moins d’un parpaing tombant malencontreusement d'un chantier dans sa tronche, Macron a toutes les chances de décrocher une seconde fois le pompon doré de l'Elysée. En face, en plus d'être embourbés dans leurs bisbilles internes pour ceux et celles qui ont encore un vague parti derrière, ils sont alignés sur la même logique économique et sanitaire à base de "l’Europe c’est bien" et "la santé c'est le vaccin". On ne voit donc pas très bien pourquoi se déplacer pour une alternance qui dans les grandes lignes philosophiques et dans le cadre de la cinquième république aura tout de la continuité. A bien y regarder Macron est même dans une situation encore plus confortable qu’il y a cinq ans (alors qu'il était globalement un inconnu pour l’écrasante majorité des français). Je n’aime pas l’individu mais j'estime l'animal politique : tout cynique qui vous nique une fois a les qualifications requises pour encore vous niquer à la perfection. 

Donc, histoire de s’épargner une multitude de billets et de commentaires sur cette campagne qui s’annonce encore plus pénible que les précédentes, mettons les points sur les i. Dans le cas, pour le moment hautement improbable, où je me déplacerais pour voter, mon scrutin ne sera motivé que sur la base de la réponse à ces deux questions : 

1 / Le ou la candidate s’engagent-ils sur un retour de la souveraineté économique française et une sortie de l’union européenne ? Toute esquive du sujet est assimilée à un refus. 

2 / Quels ont été, entre le 12 juillet et le 1er septembre 2021*, la position et les propos du ou de la candidate au sujet du pass « sanitaire » et son chantage à la vaccination ? Toute absence de condamnation claire est assimilée à une approbation. 

Deux réponses c’est court mais c’est plus concret que mille promesses. Après tout on est en état d’urgence depuis plus d’un quinquennat et pour moi ce sont deux urgences bien plus influentes sur notre quotidien que de savoir si Mohamed doit s’appeler Charles-Edouard, s'il faut 700 ou 800 policiers au mètre carré dans ce pays, si rouler à 30 à l’heure en vélo électrique en ville pollue plus ou moins que de rouler à 20 en trottinette à essence sur la plage du Touquet ou si le square Johnny Hallyday doit être rebaptisé jardin Jean-Paul Belmondo. 

Deux thématiques c’est court, mais ça à l’avantage de tracer une ligne simple à l’heure du choix devant les 33 piles de bulletin au premier tour. 

On ne sait pas pour qui voter ? Sachons déjà reconnaitre pour qui il ne faut surtout plus jamais voter.


* oui j'exclue d'office les opportunistes de la dernière ligne qui, après leur avoir chié dessus tout l'été, vont inévitablement faire la cour aux millions d'opposants au pass prétenduement sanitaire. 



Le Black Friday de la santé

Il est là, il est beau, il est synonyme de progrès, il est l’espoir du monde après, il ne permet pas de recevoir la 5G mais il génère autant de files d'attente que la sortie du nouvel Iphone, il est à 100% remboursé et avant même de produire des effets il provoque un engouement collectif proche de ceux observés lors des pires opérations commerciales de la grande distribution. Nous parlons du vaccin bien sûr qui nous débarrassera c'est certain de l'odieux COVID et dont on peut légalement s’informer des moyens pour circuiter la file d’attente au détriment des publics prioritaires sur l'appli si bien nommée : vitemadose

On ne lui fera pas son procès ici, considérant ici que, pour peu qu’il réussisse à s’extraire de la propagande multi canal, chacun est libre et éclairé à commencer sur l’absence totale de recul que l’on peut avoir sur ses conséquences à moyen et long terme (quand plus personne ne sera pénalement responsable). On s’étonnera toutefois que les arguments récemment utilisés pour discréditer certains traitements désormais interdits ne soient pas, à minima, appliqué à son administration massive sur une population qui dans son écrasante majorité n’a rien à craindre du virus chinois. On s’étonnera également d’un tel engouement alors que de l’aveu des laboratoires concernés, le miracle technologique  n’empêche en rien la transmission du virus mais, théoriquement, des formes graves pour la tranche la plus exposée. Alors qu’on ne parle toujours pas d’augmenter les capacités hospitalières, on parle déjà de vacciner les enfants, pourquoi arrêter l'offre quand la demande est si forte ? 

Prochain épisode : la culpabilisation des hérétiques qui empêcheront les auto-proclamés "bien portants parce que vaccinés" d’accéder à encore plus de libertés individuelles. Episode suivant : l’explosion de la sécurité sociale. Selon les dogmes libéraux qui reprennent déjà le cours normal de nos exploitations : elle ne survivra pas à cet open bar du confort individuel au prétendu nom de la santé collective. Nos dealers d’état nous ont copieusement fournis de l'attestation et de la prison pendant plus d’un an, ils conditionnent désormais nos libertés à la soumission à la piqure. Ils sont le problème, peuvent ils réellement fournir une solution, autre que principalement motivée par leurs seuls intérêts électoraux ? 

Mais force est constater que, efficacité de la publicité sur fond de peur et de lassitude, pour le moment la farce marche puisque les soumis perçoivent ce passage obligé intime comme la condition de l'émancipation collective. Je ne sais pas ce qu'il en sera du vaccin d'ici quelques années (si ça marche pas tant pis : on fera un update avec forfait illimité), mais je sais déjà très clairement où en seront nos libertés fondamentales. Le passeport sanitaire serait temporaire et facultatif ? Temporaire comme l’état d’urgence dont ne sort plus et facultatif comme un compte en banque dont on ne peut se passer ? On aurait déjà du se méfier il y a un an : à partir du moment où l’on acceptait de se faire introduire des bâtons dans le nez pour un oui ou un non, la messe était dite.

Le vaccin n’est pas la solution, c'est juste NOTRE SOLUTION capitaliste parfaitement calibrée par des entreprises privées, remboursée sur fonds publics, pour notre société d’égoïsmes. On ne sa vaccine pas pour protéger les autres bien évidemment, mais pour s’assurer à soi de partir en vacances cet été. Rendez-vous à la rentrée, prochaine échéance concrète de nos perspectives à la petite journée. Rien de bien neuf donc, mais une belle piqure de rappel du monde pourri jusqu’à la moelle dans laquelle nous vivons. Le monde d'après ? Il est déjà là. C'est celui d'avant en pire. 




Petit point d'étape sur la route de la fin du monde

474e jour de l’an de merde 2020 en zone écarlate rouge rouge de la république du Baltringuistan. 

Faisons le point sur la situation ambiante au sujet du fatiguant virus chinois. 

Sur le front perso : Toujours chou blanc. Aucun signe de COVID ni sur moi ni dans mon entourage proche. 

Sur le front social : Après la fuite des confinistes à l’autre bout de la France pour leurs vacances de Pâques avancées et les révélations de divers diners clandestins dans la plus grande impunité dans les beaux quartiers (tandis que tu peux te faire verbaliser pour non-port de masque à la plage), il apparait de plus en plus clairement que la France se divise désormais en 2 catégories : 
- ceux qui ne veulent un durcissement de mesures qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes, 
- ceux qui ne veulent pas de ces mesures mais qui les respectent quand même. 

On peut y ajouter une troisième catégorie, plus cohérente, tout aussi minoritaire que discrète : ceux qui n’en veulent pas de ces putains de mesures débiles et qui ne les respectent donc pas. 

Une amie me demandait sur Facebook combien de temps allait encore durer ce délire sécuritaire et hygiéniste aussi con qu'inefficace. Il faut regarder le tableau dans son ensemble et non à la petite semaine comme nous a habitué à le faire l’info-feuillleton et le hit-parade quotidien des entrées en réanimation ou du taux de vaccination dans chaque pays. Je pense depuis le premier jour que nous en avons pour 3 ou 4 ans de cette merde. Nous sommes au milieu de la deuxième année : à la moitié pour les optimistes, au premier tiers pour les plus prudents. Pour un « retour à la vie d'avant » et des « voyages à gogo », ce sera entre 5 et 10 ans, et bien sûr pas pour tout le monde, car si on sort un jour de la pandémie telle que définit par l’OMS (à priori pas demain la veille), des millions d’entre nous aurons basculé dans le stade terminal de l’extrême pauvreté. Bien évidemment aucun homme ou femme politique ne pourra vous le dire, et c’est paradoxalement Macron qui a le mieux senti l’échéance en branlant du vocabulaire « guerrier » dès mars 2020, la durée d’une guerre mondiale est l’ordre de grandeur temporel le plus juste. Tout cela sous réserve que, à force de manipulations de variants, de stratégie vaccinale non coordonnée et aux posologies improvisées en fonction des stocks, le virus ne parte pas définitivement en couilles (à croire qu’aucun de nos dirigeants n’a vu de films de morts-vivants). 
Pour le reste, nous sommes collectivement en état de coma avancé. Quand je nous vois marcher en plein air dans les rues de Paris avec un masque sur la gueule alors que 1 / ça ne sert rigoureusement à rien 2 / il n’y a même plus de flic pour nous verbaliser, je considère que la messe est dite. 

Sur le front de la croyance : Là on est vraiment dans la merde. Les ravages neurologiques sont sévères. C’est d’autant plus effrayant que cela touche des gens supposés rationnels, voire athées, avec plutôt de bonnes analyses par ailleurs mais qui sont totalement partis dans une vrille illuminée que plus grand-chose, même pas la fin du virus, ne semble pouvoir arrêter. Le COVID est désormais un dogme avec ses prédicateurs, ses péchés, sa tenue réglementaire, son catalogue d’interdits… Ils sont faciles à reconnaitre. Ils accusent tout le monde d’être irresponsables ou complotistes, et peuvent dans la même phrase se féliciter de l’interdiction de la hydroxychloroquine sur laquelle nous n’aurions pas assez de recul, et réclamer la vaccination généralisée quand bien même on leur rétorque un manque cruel de recul. On a beau leur exposer les chiffres de la mortalité qui, aussi tristes soient-ils, restent anecdotiques à l’échelle de notre espèce et ne touchent toujours majoritairement que des gens du trois et quatrième âge, en leur précisant qu’en mettant le focus médiatique H24 sur toutes les ondes sur n’importe quelle cause de décès on pourrait aussi bien créer une panique mondiale sur les pets de vache ou les chokobons : rien n'y fait, il n'y a plus que COVID, COVID et COVID. Plus aucune autre cause de décès n'a le droit de cité. 

Ah, le front médiatique : Tant qu’une autre grosse catastrophe ne vient pas chasser celle-ci, nous resterons dans cette fin du monde sans fin, même si reconnaissons-le ce troisième confinement est un moment de pause dans le traitement média du COVID. La trêve est de courte durée. Les experts confinistes encore en congés sur l’ile de Ré ne devraient pas tarder à refaire parler d’eux. Après l’Angleterre, l’Afrique du Sud c’est désormais autour du Brésil de jouer le rôle du grand méchant qui justifiera de nouvelles mesures liberticides.

Sur le front sanitaire justement : C’est bien là qu'il y a le moins de progression. Les six derniers mois de lutte française contre le virus chinois peuvent se résumer en un pitch de Shakespeare : Beaucoup de bruit pour rien. Ici en zone écarlate rouge-rouge, nous célébrons notre premier semestre de couvrefinement continu - subtil pot-pourri de périodes de couvre-feu à heures diverses, avec ou sans école et avec ou sans confinement et à commerces ouverts variables - sans aucun résultat probant pour personne. 

Sur le front du vaccin :  qui est aussi un peu le front médiatique, notons qu'on sort par petites touches encore timides de la séquence du « miracle vaccinal » dont on nous rabat les oreilles depuis trois mois. Il faut doucement nous amener à comprendre que, en fait non, la double piquouse du super vaccin à "95% de réussite" ne sera pas suffisante. Pour recevoir la 5G je ne sais pas, mais pour l’abonnement renouvelé automatiquement ça commence à se dessiner. Tout en essayant de refourguer sa came (qui a pourtant tout du beta-test) en mode "y en aura pas pour tout le monde" le patron de Pfizer l'avoue carrément : une ou deux piquouses ne suffiront pas

Sur le front psychologique : là c’est la descente aux enfers général mais on continue à considérer que c’est moins important de perdre sa santé mentale qu’avoir une chance sur des milliers de mourir du virus chinois. On continue donc dans l’hystérie sanitaire et le plus parfait des égoïsmes à sacrifier les plus jeunes et les plus pauvres pour rassurer les plus vieux et les plus riches. Là dessus ceci dit rien de fondamentalement nouveau depuis trois décennies. Mais au moins avec ce COVID qui a bon dos c'est limpide.

Tout cela n’est donc pas très joyeux même s’il est fortement conseillé d’en rire pour ne pas sombrer. Car à bien des égards ce delirium est digne d'un best-of des Guignols de l'Info. Et si je dois en mourir pourvu que ce ne soit pas en étant aussi triste et apeuré que certains de mes concitoyens. Certains me désolent et m’effrayent désormais infiniment plus que ce virus. Avec eux, plus besoin de distanciation sociale : nous ne serons jamais plus du même monde. `



#confinement 3 : apprendre à reconnaitre la gauche bourgeoise sur les réseaux sociaux

Méthode facile et infaillible pour reconnaitre la gauche bourgeoise sur les réseaux sociaux : 

en mai 2017 : sur Twitter, ils t'accusent d'être fasciste si tu ne votes pas Macron.

en février 2021 : toujours sur Twitter, ils réclament un confinement dur. 

en mars 2021 : encore sur Twitter, ils déclarent que Macron est "un criminel" de ne pas confiner. 

en avril 2021 : ils "descendent en province" pour 4 semaines de vacances "rando-boulot-dodo" pour le confinement (et basculent sur instagram)

en mai 2021 : grand retour sur Paris et Twitter pour reprocher aux Français de ne pas respecter les gestes barrières. 

en mai 2022 : sur Twitter, ils accusent les abstentionnistes d'être fascistes. 





2022 : Que cache la peur du barrage qui casse ?

Pour ceux qui en doutaient Macron est en campagne. 

D'un côté notre conseiller clientèle en chef tente de séduire les jeunes à travers les "influenceurs" des réseaux sociaux (ou tout au moins fait croire aux vieux qu'il séduit les jeunes et tout ça hors frais de camapane), de l'autre il réveille les plus âgés à travers les débats des chaines d’info-feuilleton en faisant branler par ses sous-fifres les terreurs secrètes de l’électorat de droite affirmée ou qui s’ignore, à savoir d'une semaine l'autre : « l’islamogauchisme » ou les « khmers verts ». L'initiative a le mérite de prendre un temps d’antenne considérable et d’étouffer toute autre forme d’actualité. Mécanique vieille comme Sarkozy mais qui marche toujours. D'autant que la gauche ,qui tombe dans son ensemble dans la piège de l’indignation sans sortir du carcan sémantique ni dévier le débat,  en renforce la dynamique. 

Il y aura des imprévus (comme d'habitude) mais Macron est pour le moment bien parti pour trianguler à sec tous les électorats sur fond d’atonie générale. Ça peut marcher pour la principale raison que cela a déjà fonctionné en 2017. Certes, Macron a de sévères casseroles sociales, économiques et sanitaires au cul mais il a conscience des enjeux de communication, il s'active tôt (la campagne a commencé depuis plus de six mois avec le message Tik Tok envoyé aux lycéens qui passaient le bac). Et, ça me fait un peu mal au derche de l’avouer, mais je ne vois personne à ce jour aussi intuitif et surtout aussi volontaire en face. Et dans ce domaine la prime va toujours au plus motivé. Oui, le Covid marquera son quinquennat et il probable qu'une grande partie de l'élection se joue sur  la gestion de l'épidémie mais force est de constater que l'opposition n'a pas brillé par son opposition aux mesures liberticides qui s'accumulent depuis un an, voire même se cantonne à demander encore plus de confinement à l'instar de l'inénarrable Hidalgo. On trouve désormais les confinistes les plus radicalisés à gauche du spectre politique. Ils ne savent même plus pourquoi mais ils sont en boucle : il faut confiner encore et toujours plus. On atteint ce paradoxe de la vie politique : le meilleur défenseur du non-confinement est aujourd'hui Macron lui-même. Avec une France sous couvre-feu mais pas totalement confinée qui repose sur une présence continue des enfants à l'école depuis septembre, frère Emmanuel   fait un quitte ou double. L'opposition mise sur son échec pour cause de laxisme. Plutôt mince comme programme. 

Depuis ce week-end la gauche bourgeoise (que nous appelons par souci de lisibilité : la droiche, droite auto-persuadée d'être de gauche) fait part de son inquiétude à travers son organe de presse, Libération, que sa mécanique traditionnelle du « barrage » contre Le Pen ne fonctionne plus aussi bien qu'en 2002 et 2017. Voyons ici le début d'une stratégie pour imposer dans l’opinion un autre candidat - ou plutôt candidate - à même de mieux souder les gogos face à Le Pen. Et préparez-vous d'ici quelques semaines à voir surgir dans Nouvel Obs et consort des portraits dithyrambiques d’Anne Hidalgo, le point commun aux trois derniers scrutins présidentiels étant la volonté de la presse de définir à l'avance le cadre du match et de ses participants. 

Il est donc entendu pour la droiche que :

- Le Pen est inéluctable au second tour. Soit, c'est toujours pratique, et ça évite de parler des questions économiques et sociales qui fâchent, mieux vaut s'étriper sur l'écriture inclusive et la PMA pour les unijambistes albinos transgenres que sur le libre-échange, le droit du travail ou l'accès au logement pour tous. D'où ce besoin de maintenir les Le Pen (père puis fille et nièce) à la surface médiatique mieux qu'ils ne le font eux-même. 

- L’électorat de gauche dans toutes ses composantes ne sert plus qu’à une chose depuis le début du siècle : être convoqué tous les 5 ans pour faire barrage à l’extreme-droite et élire le plus démocratiquement du monde le pire candidat néo-libéral de service qu'il soit étiqueté "socialiste", "de droite" ou "ni gauche ni droite', tout cela revenant désormais strictement au même au bout de trois semaines d'exercice du pouvoir. 

- Qu'on doit pouvoir encore embrouiller la gôche avec un faux-nez socialiste. Et je pense malheureusement que oui c'est encore possible malgré - ou à cause de - ce qu'écrit Libération

Il s'en passera d'ici 2022 et notamment je l'espère le surgissement en tête de gondole de thématiques sur la souveraineté économique, le renforcement de nos politiques sociales et de santé, la définition de nos priorités en tant que nation (c'est ma part de naïveté). J'espère également que ni Macron ni Le Pen ne seront au second tour, malgré nos défauts nous méritons quand même mieux que ce pitoyable remake entre l'héritière de Saint-Cloud qui se la joue prolo et le golden-boy du Touquet qui préside les Français comme un stock-manager gère une palette de PQ. En revanche, si par malheur cela devait encore arriver, il va de soit, comme en 2017, que je ne voterai ni pour l'un ni contre l'autre et inversement,  je ne voterai pas non plus pour un (ou une) candidate de droiche qui ne fera que poursuivre l'action de Macron.





Port du masque obligatoire, c’est la chenille qui redémarre

Deux mois sont passés dans le monde d'après...

En juin, on souffle un peu. Le citoyen veut des vacances, l'Etat veut du PIB. Un petit air de "plus rien à foutre du virus" plane sur le pays depuis le début du déconfinement. Les incompétents du gouvernement ont été remplacés par d'autres incompétents provisoirement moins impopulaires. On peut donc recommencer à culpabiliser le quidam, lui dire qu'on va lui baisser son salaire, qu'il coûte trop cher, qu'il se relâche trop, fait trop la fête et porte mal son masque. 

En juillet, ça reconfine un peu partout en Europe. Plusieurs signaux sanitaires sur une hausse de la propagation du covid titillent ces rédactions d'info-feuilleton qui raffolent de l'affolement. Le gouvernement Baltringuistan-du-Castex décrète en plein milieu des grandes vacances (comme il le ferait pour une hausse de taxe honteuse) que le port du masque est obligatoire dans les lieux publics clos (tous sauf l’entreprise bien sûr, ce qui permet aux experts de chaines d'info-feuilleton de faire la morale sans masque en lieu clos sur l'importance pour les autres de porter le masque en lieu clos).

J’avoue que je ne comprends pas le pataquès actuel autour du port du masque, comme s’il fallait être systématiquement pro ou anti sur chaque chose. Je croyais naïvement que le port du masque dans les lieux publics clos était, si ce n'est obligatoire, au moins très fortement recommandé vu que c’est précisément l'absence de masques l'hiver dernier qui nous a collectivement fait traverser deux mois merdiques au printemps suivant. 

Il fallait juste le temps que l'opinion oublie un peu le fiasco d'état de la pénurie de masques à l'origine du confinement pour que le nouveau gouvernement légifère plus fermement au sujet du petit bout de tissu qui, s'il avait été livré à temps et porté par tout le monde nous aurait probablement évité deux mois de prison et dix ans de crise économique.  

Le masque c'est surtout le marqueur le plus visible d'un sombre futur collectif. On veut revenir comme avant, avant le confinement, même si "comme avant" c’était loin d’être la joie. C'est ça le monde d'après, chapitre 1 : « le monde d’avant n’a pas compris qu’il était mort ». Tout est en transition. Relations humaines, réunions, façon de travailler, tourisme, lieu de vie, espace habitable… plus rien n’est déjà plus comme avant et ça va continuer.  Il y a ceux qui le comprennent et s'adaptent et ceux qui foncent sans masque et gestes barrière, avec les mêmes schémas mentaux et certitudes, dans le monde d’hier. Si ce n’est pas ce virus, ce sera son petit frère encore plus musclé. La question n’est pas si mais quand. Les années à venir, dans les domaines sanitaire, écologique et économique, ressembleront plus à Mad Max qu’à L’auberge espagnole

C'est ce que nous dit le masque et c'est ce que l'on voudrait oublier.  


Vers 2022 après la chute de LREM aux municipales

Avec tous ces évènements contrariants, ces mensonges, les discours creux et l'impuissance du pouvoir, j'en avais oublié qu'il y avait des élections locales. Donc, j'ai fait mon devoir du citoyen qui peut encore se regarder dans la glace sans honte : je suis allé bronzer au parc. Faut dire j'habite Paris et l'offre était réellement à chier.

Même si les municipales sont à chaque scrutin un cas particulier avec des problématiques locales et des personnalités distinctes, les résultats de ce second tour après deux mois de confinement sont une bonne prise de température démocratique.

Alors quelques réflexions en vrac :

1 / Tout le monde s’en fout. Un taux d’abstention record qui confirme la défiance globale contre un système. j’ai entendu parler de « dégagisme démocratique » mais c’est à peu près ça. Quand on écoute la rhétorique satisfaite des élu-e-s sur les plateaux télés dimanche soir, ça se comprend un peu. Le pouvoir n'est pas au peuple. 

2 / LREM retourne dans la fosse à purin d'où elle vient. C’est plus qu’une claque, c’est la démonstration que LREM est avant tout une secte marketing de neuneus hors-sol formée par et pour le conseiller clientèle en chef : Macron.

3 / Les verts font l'OPA et prennent en solo des grosses villes (Lyon, Bordeaux, Poitiers…). Ils ratent de très peu Lille. Ce sera intéressant de voir qui a voté vert (Est-ce un vote jeune ? Quels sont les revenus moyens des électeurs ?). Beaucoup de ces métropoles néo-vertes sont depuis ces dernières années des terres d’exil pour familles moyennes parisiennes confrontés à un immobilier prohibitif (en cours de vidange démographique).

4 / Gazon de synthèse à Paris. Compte tenu du point 3 c’est la ville de Paris sort un peu ringardisée par la victoire d’Hidalgo. Paris aurait pu être verte, Paris sera un bout de pelouse en plastique entre un chantier abandonné, un Velib cassé et un 4X4 en double file. En se peinturlurant écolo depuis un an, et en absorbant le candidat EELV qui n’a pas brillé par sa pugnacité, Anne Hidalgo réussit toutefois l’exploit d’être réélue alors que personne ne peut l’encadrer ici. Elle peut dire un grand merci à la division de la droite, la bite à Griveaux et la nullité de Buzyn, mais il faut lui reconnaitre une très grande habileté politique qui en fait une sérieuse prétendante à la présidentielle (misère).

5 / Le RN prend Perpignan mais baisse nationalement. 

6 / Le PS a trop vite fait de se gargariser des résultats. Il est siphonné idéologiquement par l’écologie. La prochaine question est l'écologie a-t-elle vraiment besoin du PS ? 

Ça se confirme donc peu à peu., la prochaine ligne de combat pour la présidentielle ne sera pas la gauche contre la droite. Ça ne ne sera même par libéralisme contre état providence (après le fiasco sanitaire et la nationalisation de l’économie confinée, il ne reste bien qu’une poignée de macronistes fanatisés pour réclamer moins d’état). 

Ecologie et souverainisme devraient être les deux axes forts de la prochaine présidentielle. La petite subtilité c’est que ces deux axes, pas forcément contradictoires, peuvent être aussi bien repris par la droite traditionnelle que par la gauche historique. Si ces thématiques ne sont pas récupérées par les indéboulonnables tartuffes habituels, et si Macron est dézingué dès le premier tour, ça nous promet donc de beaux débats et de beaux projets, car il y a dans les deux domaines de vrais virages urgents à prendre.

Vers le nouvel âge de Facebook ?


De la Serbie au Guatemela, la petite entreprise de Mark Zuckerberg réalise actuellement de très instructifs tests.

Il s’agit de séparer du fil d’actu des comptes Facebook (à base d'"amis"), les contenus issus des pages Facebook (commercial, au sens très large).

Là, on se dit tous (sauf les community-manager) : - Cool, c’est à terme moins de contenus sponsorisés dans mon fil d’actualité !

Sauf que c’est oublier que Facebook c'est tout sauf le cool. C'est une entreprise libérale d’obédience carnassière, une gigantesque régie pub avec 2 milliards de clients auto-fichés dans sa nasse. C’est oublier la vision de nos progressistes amis de Palo Alto : vous êtes consommateur ou annonceur.

La seule ligne éditoriale du média Facebook est de faire rentrer le pognon. Entreprises comme particuliers sont quotidiennement bougés comme des pions selon les critères d’optimisation de cette ligne. L’algorithme de Facebook est modifiable sans préavis selon ses impératifs de rentabilité. Rien à redire là-dessus : chacun fait ce qu’il veut chez lui. Et malgré les apparences quand vous êtes sur votre compte Facebook, vous êtes chez Facebook et non chez vous. Cela a des avantages (c’est pas cher), mais aussi des inconvénients (mise à la porte sans sommation, changement unilatéral et aléatoire du règlement intérieur).

Pour les entreprises qui misent l’essentiel de leur communication numérique sur Facebook, ces tests sont un sérieux avertissement. Si la portée organique des pages est flinguée à grande échelle, la compétition va se durcir sur le marché de la présence dans vos fils d’actu, et les prix augmenter. Jusqu’à présent, certaines s’en sortaient avec de la créativité et la viralité sans trop débourser. Ça ne suffira plus.

Côté consommateur, en cas de généralisation de l'expérience, ne vous attendez pas à voir disparaitre les contenus des pages de vos fil d’actu. Les annonceurs qui mettront le prix continueront à s’afficher. Vous allez toujours en bouffer du Conforama et de l’offre C Discount pour votre anniversaire. Tous les autres pages en revanche, moins ou pas commerciales, les pages associatives etc… seront digérées dans le dédale de la confidentialité numérique.

Pourquoi s’arrêter là ? (Attention, vous entrez en territoire SF)

La prochaine étape pourrait être de faire raquer les particuliers, pas en mode abonnement comme tentent de parfois de le faire croire des chaines de mails dont le frisson d’angoisse qu’elles génèrent à la première lecture et la rapidité de leur propagation nous informent tout de même sur la sévérité de notre état de dépendance numérique.

Non, pourquoi ne pas adapter, dans une sorte de B2B (ou P2P) de l’intime, une bonne vieille technique de dealer ? Une fois qu’il est devenu hégémonique sur le quartier et qu'il t'a bien rendu accro à sa came, le dealer ferme le robinet et met les doses aux enchères pour toi et une sélection de tes copains les plus affamés.

Tu veux être lu et continué à être liké ? Entre ton numéro de CB.

Facebook fait d’abord son business de nos faiblesses dans une époque (que la compagnie a en partie enfanté) où chacun devient l’entrepreneur névrosé de la représentation la plus populaire possible de sa singularité.

Ce n'est qu'une hypothèse, l'environnement est technologiquement imprévisible et soumis aux bonnes vieilles ruptures générationnelles (Facebook est déjà un réseau de « vieux »). Mais, partant du fait qu’il y a encore dix ans peu d’entre nous imaginaient la prédominance actuelle de ce média (et de l’égo-bombing qui va avec) dans nos modes de communication en ligne, la plus grande partie du chemin n'est-elle pas déjà parcourue ?

"- Quoi mais c’est vraiment trop injuste ce monde libéral de merde !"

Oui mais non, au fond rien de neuf. Les annonceurs vont transférer des budgets d’un média à l’autre. Ceux qui n'ont pas d'argent pour faire de la pub n'en feront pas. Et les spectateurs resteront des consommateurs. Quel que soit le média.

Que Facebook se dévoile un peu plus à travers ces tests, admettant de se transformer peu à peu en média classique de télé-achat descendant (avec une fonction "interactivité entre amis") est une bonne chose. En revanche, les individus qui font l’erreur de trop privilégier Facebook pour communiquer et débattre devraient commencer à se diversifier, et progressivement migrer sur d’autres plateformes collaboratives ou personnelles, commerciales ou auto-financées.

Ou bien, retourner à leur blog.

Illustration : Black Mirror, S3E1, Netflix

[Trucs et astuces] Que voter pour cette élection présidentielle ?


Reprenons un instant ce blog pour faire le point sur ce carnaval présidentiel à quelques jours du premier tour...

Concentrons-nous sur le quatuor de tête des sondages :
Choix 1 : La pâte-à-modeler des patrons ?
La poupée du lobby bancaire qui crache en costard sur le code du travail, celui qui veut couler chaque français en société individuelle de service pour tous les auto-entretenir dans une concurrence cannibale jusqu’à la négociation du prix de leur cercueil arriverait semble-t-il à convaincre un quart d’entre nous. On rappellera aux convertis de l’écran plat que choisir Macron, c’est poursuivre encore un peu plus profond ce qui est en cours depuis trente ans, c'est libéraliser toujours plus au seul sens Medefien du terme, c’est choisir l’esbroufe à vide d’un Sarkozy et y coller la soumission d’un Hollande, le rire en moins. Opter pour cet ersatz de renouveau qui promet tout et son contraire pour faire l’inverse et vice versa, c’est seulement repousser Le Pen de cinq ans, comme on repousse sous le tapis le tas de crasse qui ne cesse de croître.

Choix 2 : Le croquemitaine démocratique ?
J’avais l’âge de ma fille, j’entendais déjà le couplet sur « la menace Le Pen ». Ce sera qui après ? La nièce et le petit-fils ? Lassés des paroles creuses, désabusés par l’impuissance successive des pouvoirs, beaucoup concluront légitimement que la meilleure façon d’être débarrassé de « la menace Le Pen » est encore de l’avoir aux manettes. Peut-on encore parler de « menace » lorsque dans n’importe quelle assemblée, même parisienne, où vous réalisez un petit sondage au pif, vous trouverez toujours une personne sur cinq qui avoue voter Le Pen et deux autres que ce choix ne scandalise pas ? Si nous avions des hommes et femmes politiques efficaces et un minimum en phase avec la société, le FN ferait des scores à la Cheminade. Ce qui serait embarrassant pour ceux qui depuis le départ ont fait le calcul du combat face à face avec le FN au second tour. Raisonner les électeurs du FN ? Ça ne marche pas. Les traiter de racistes ? Ça ne marche pas. Arrêter de les prendre pour des truffes ? T’es fou, c’est trop risqué : on n’est pas bien là avec notre « menace Le Pen » ?

Choix 3 : L’assisté anti assistanat ?
Le serial-fraudeur de la Sarthe a au moins le mérite de nous avoir bien fait marrer. Enfin la rigolade risque d’être écourtée. Des quatre principaux prétendants, Fillon est le seul à pouvoir décrocher une majorité aux législatives. Ce type est une arnaque diluée sur quatre décennies, sous l’emprise d’un conflit psychologique intime carabiné à la puissance Freud, coefficient 34. Il est déconnecté du monde réel et n’a honte de rien : il a donc toutes les qualités requises pour être 1 / président 2 / grand leader de droite auquel se rallieront dans les minutes suivant sa victoire tous ceux qui l’ont lâché au fil des affaires. C’est l’avantage avec la droite : même au fond de la cuvette, elle est capable de cette unité que la gauche foire toujours.

Interlude : et les programmes alors ?
On va se calmer. A part les fanatisés et ceux qui ont du temps libre : tout le monde s’en cogne des programmes. On ne sait pas qui les écrit, personne ne les lit et chaque président les trahi. Pour les trois candidats susmentionnés c’est limpide : les programmes sortent du même moule libéral avec quelques variantes de vocabulaire et sur l’intensité des coups de latte à donner sur le service public. D’ailleurs on ne vote pas pour un programme, on vote pour une personnalité : c’est la cinquième république Baï-bay. Et par défaut, sur les quatre prétendants il n’y en a qu’un qui m’a l’air "plus proche" des intérêts du plus grand nombre.

Choix 4 : L'insoumis pas content ?
Autant l'annoncer aux utopistes : Mélenchon décevra, c’est consubstantiel à l’exercice. Mais, au moins, je pars avec lui sur quelques fondations communes, ce qui n'est pas le cas avec les trois autres. Et puis, c'est son moment : son analyse faite il y a bientôt dix ans est plus que jamais pertinente. Il est enfin sorti de son tropisme sud-américain et a dépassé sa dualité productivisme / écologie. L’effroi dans lequel l’hypothèse de sa victoire plonge l’aristocratie est un délice. On touche à quelque chose de fondamental, de l'ordre du "choc". Ils le craignent pour la plupart bien plus que le croquemitaine de Montretout. Fiscalement parlant. Le reste, ils s'en foutent. A moins d’un évènement majeur d’ici là (4 jours c'est une éternité à l'échelle du WTF de l'actu), c’est pour lui que je voterai au premier tour. Sans colère ni espoir surdimensionné, et sans aucune amertume s’il n’est pas qualifié pour la suite. Il aura de toutes les façons dans ce contexte merdique accompli la meilleure campagne possible sur le fond et la forme, sans changer de cap d’une phrase à l’autre, en cherchant à élever le débat et sans mise en examen. Triple exploit.

Si vous ne vous retrouvez pas dans un de ces quatre là, il vous en reste toujours sept autres dans un spectre plutôt TRÈS large. Faites ce que vous voulez et rappelez-vous qu’il n’y a qu’un seul "vote utile" : le vôtre. 

Régionales 2015, round 2 : ne t'en fais pas, les meubles vont bien

"Rien ne sera plus jamais comme avant"... jusqu'à la prochaine fois.

Here we are folks. Après une campagne hors-sol, d'abord inexistante médiatiquement puis hystérique, totalement imbibée par la politique nationale, les résultats des régionales c'est l’école des fans. Ceux qui devaient gagner ont perdu, ceux qui pensaient tout perdre s’en sortent bien, les vainqueurs le sont grâce aux voix des perdants et la région la plus importante de France glisse des mains du candidat socialiste comme une savonnette au sauna de Solférino.

Détaillons en dix points :

1 / Parce que c’est ma région et que j'ai un peu la haine, je commence par là. En Ile-de-France, Claude Bartolone du PS échoue face à une figure de l’incompétentosphère de la bourgeoisie de droite. C’était imperdable bordel ! A moins de ne pas vouloir gagner. Le bon côté, c’est que Le Petit Journal a une ligne éditoriale assurée pour les six prochaines années, parce que des grosses pécrèsseries, je vous le signe ici : il va y en avoir par kilotonnes sur une base quotidienne.

2 / Les socialistes "sauvent les meubles". Il y a encore un mois, je leur donnais zéro région. (cf point 8)



3 / Après une non-campagne où il a été question de tout sauf de l’impact concret sur notre quotidien de l’action des conseils régionaux, c’est un succès apparent de la campagne de second tour sur le dos du FN. Le parti de Marine Le Pen se prend une tarte dans toutes les régions. MAIS…

4 / Jusqu’à quand cette politique du « front républicain » répondant dans l’urgence à l’inertie programmatique des partis de gouvernement ? Réponse : tant que ça n’échouera pas. Le piège est enclenché. Vous vouliez des idées et du renouveau pour 2017 ? Dommage, vous aurez une bataille des candidats pour arriver au second tour face à Marine Le Pen et, automatiquement, gagner. Attention. A force de "sauver les meubles", on va peut-être finir par légitimement avoir envie de les brûler.

5 / Le FN, la petite entreprise qui ne connait pas la crise. 350 nouveaux conseillers régionaux et un positionnement clair : ils sont l’opposition. Ils métastasent et se solidifient laborieusement dans le paysage.

6 / Ne jamais crier victoire avec un loustic pareil (hyper hermétique à l'humilité), mais on pourrait cette fois être débarrassé du teigneux de Neuilly. Ratage au premier tour, grattage des voix de gauche au second, tout en appelant piteusement au "ni-ni" : Sarkozy est le grand perdant des régionales.

7 / A l’inverse, en plus de sa victoire dans le Nord-Pas-de-Calais, Xavier Bertrand a marqué des points dans son discours d’ouverture dimanche soir. Depuis deux ans quand je dis que ce type sera le prochain (ou le prochain prochain) président, on me lance des soupirs amusés d’intensité à peu près équivalente à ceux lancés en 2011 lorsque j’évoquais la possible victoire d’Hollande l’année suivante. Celui qui fait oublier qu’il a été ministre de Sarkozy s’est également démarqué des têtes de son parti qui ont utilisé cette soirée médiatique comme tremplin perso pour la campagne des primaires à droite.

8 / Le ras-le-bol de la politique gouvernementale ? Pas si sûr. Le meilleur score socialiste est obtenu par un ministre du gouvernement (qui n’a même pas fait campagne qui plus est). La droite appelle a accélérer les réformes, l’exécutif "n’entend pas changer de cap".

9 / Que les abstentionnistes d’Ile-De-France ne viennent pas pleurnicher dans les mois qui viennent. Lutter contre l’arrestation abusive de militants écolos (ce qui n’est pas du ressort de la région) en donnant les clés de la gestion des écoles, des routes à un conseil régional de droite (à dominante Manif pour tous), j’ai vu moins couillon (même dans l’équipe de Pécresse).

10 / Le « changement de logiciel » s’impose. Là au moins, nous serons tous d’accord. Ils l’ont tous répété hier soir. Il y a d’un côté la bataille des idées, mais aussi le casting. Celui-ci ne prend  pas en compte la diversité sociale et professionnelle de ce pays (FN compris) et ne se renouvelle pas (elle est sympa cette boîte où même quand tu es viré tu peux repointer sans cesse). De ce côté-là, rien n’arrivera en attendant les bras croisés. C’est le challenge du moment, d'autant qu'il y a un boulevard pour une opposition constructive. Nous sommes nombreux à avoir envie de voter "pour" et non plus "contre".

Régionales 2015, round 1 : jusqu'ici tout allait bien

La baffe des #Régionales2015 est pire que prévue. Le 6 décembre 2015 relègue le 21 avril 2002 au rayon d'accident de tir sur un stand d'animation folklorique pré-estival.

Le FN triomphe avec des candidats parachutés mais médiatiques. Le PS est sanctionné en local pour la politique nationale. LR perd le leadership de l'opposition et la défaite est cinglante pour Sarkozy qui non seulement ne capte plus le vote FN comme par le passé (c’était à peu près sa seule qualité) mais en plus divise ses troupes. La gauche, rongée par son archaïsme communicationnel et/ou ses batailles intestines, est inaudible. Les abstentionnistes sont fiers d'eux. Nord et Paca (entre autres) basculent à droite (avec un FN à 40% dans le Nord et un PS pulvérisé). La politique d’austérité du gouvernement (bien silencieux en ce dimanche de rouste) explique bien plus ce score (et la démobilisation qui va avec) que les récents attentats de Paris. Dans la capitale, le FN ne dépasse  pas les 10%. Pourtant, j'ai bien peur que la réponse soit la poursuite et l'accélération dans cette course à l'échec, avec un climat de guerre là-dessus pour unir le pays contre l'ennemi.

La France est à bout de souffle démocratique, au bout de ses scléroses, de ses non-renouvellements de personnels, d’idées et nous (qui par fatalisme, cynisme ou confort, avons également renoncé pour la plupart à nous investir) nous sombrons dans cette absurdité : nous sanctionnons le gouvernement pour sa politique de droite libérale par une forte vague de droite réac (notons d'ailleurs que, pour Les Républicains, une gauche même molle est pire qu'une droite dure). 

Si ce premier tour des régionales est l’échec de Valls et Sarkozy (pour avoir l’un et l’autre persisté dans leurs obsessions), il faut dépasser leur petits cas personnel (l'histoire va les digérer, et moi aussi j'ai envie de dire à l'unisson du pays : "C'est bien fait") : à partir du 13 décembre ce sont les gens en local qui vont trinquer. C’est le plus terrible dans ce délire national : des Français vont payer au quotidien pour les turpitudes d’une élite qu’ils dénoncent par ailleurs en installant une autre micro-élite, nullissime en gestion et pourrie idéologiquement. 


Le calendrier électoral est désastreux. A la différence des différentes mairies conquises par le passé et dont la gestion a tourné vinaigre, si le FN récupère des régions (et notamment le Nord-Pas-de-Calais pour sa présidente), le délai sera trop court avec la présidentielle pour que l’on puisse tirer l’an prochain un bilan négatif de son action.
 
Si maintenant vous n'avez pas compris que si vous ne vous mêlez pas de politique, elle finit par se mêler de vous, alors effectivement vous n'avez plus qu'a prendre un bol de popcorn et confortablement vous installer devant BFM pour les prochaines soirées électorales à dominante bleu marine.
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