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Hier — 18 avril 2024Analyses, perspectives

Autorité à l’école : Attal et son deux poids deux mesures pour les plus riches

Gabriel Attal rêve de pouvoir voler de ses propres ailes, après une série d’humiliations, notamment sur les questions budgétaires, infligées à la fois par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire. Il vient de prononcer un discours tonitruant sur le retour de l’autorité à l’école, sujet sur lequel on pourrait l’approuver. Problème : ses idées sont à rebours des principes dont il a bénéficié au sein de la très élitiste Ecole Alsacienne, “école inclusive” paraît-il, qui se goberge de principes bienveillants. Le Premier Ministre incarne à merveille ce fils à papa pistonné et servile, qui entend bien ne pas partager le gâteau qu’il avale goulument depuis sa plus tendre enfance.

Ah c’est marrant comme les gens des beaux quartiers qui grandissent avec une petite cuillère d’argent dans la bouche adorent se mettre en scène dans un monde idyllique, fait de bienveillance et de principes généreux, dont le bénéfice est évidemment réservé aux membres de la caste… Pour les autres, c’est “poigner vilains”, le bâton, le rappel à l’ordre, les sanctions et les bruits de botte dans les couloirs.

Nous savons que Gabriel Attal, à l’issue de sa scolarité dans la très sélective Ecole Alsacienne (dont je rappelle ci-dessus quelques-uns des principes dégoulinants de bonne conscience bourgeoise parfaitement pharisienne), a directement commencé à ramper dans les couloirs des cabinets ministériels pour faire carrière, sans même avoir la patience de décrocher un diplôme prouvant qu’il était capable de travailler sans l’aide de papa, de maman, et des mignons qui lui ont donné de réguliers coups de piston.

Face au problème de l’autorité à l’école, il aurait pu se souvenir des principes dont il est au fond l’héritier : l’inclusion, l’entraide, tout ça tout ça. Mais non, dans son discours du jour, destiné aux écoles publiques, il préfère manier la grosse voix et annoncer des mesures contraignantes, comme l’éloignement des perturbateurs dans des internats loin de chez eux.

En soi, l’idée de ramener l’ordre dans les classes est plutôt bonne. Simplement… on ne pouvait mieux avouer l’existence d’une école à deux vitesses en France : celle des carottes des beaux quartiers, et celle des bâtons pour le reste du pays.

Rappelons nos propositions :

  • tous les parents doivent pouvoir avoir accès à l’école privée de leur choix, comme Gabriel Attal, grâce à la mise en place d’un chèque scolaire
  • les établissements doivent devenir autonomes et chaque parent doit pouvoir choisir, pour ses enfants, le projet pédagogique dans lequel il croit le plus
  • il faut en finir avec le mythe des écoles égales et interchangeables
  • il faut redonner la liberté d’enseigner aux enseignants
  • la fin du statut de la fonction publique pour les enseignants doit permettre le licenciement des moins efficaces

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The Purpose Of War According To George Orwell (1984)

By Tyler Durden Some food for thought from George Orwell’s ‘1984’… Does anything really ever change? (emphasis ours) The primary aim of modern warfare is...

The Purpose Of War According To George Orwell (1984)

Suisse: référendum indirect sur les sanctions contre la Russie

L'initiative populaire pour l'inscription de la neutralité dans la Constitution a déposé les signatures requises

L’article Suisse: référendum indirect sur les sanctions contre la Russie est apparu en premier sur Strategika.

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos

Par : h16

Les semaines se suivent et se ressemblent en République du Bisounoursland : alors que la violence à l’école devient difficile à camoufler, celle dans la société française ne fait plus de doute.

Ainsi apprend-on, juste après les tragiques incidents de Montpellier dont le fond religieux est évident, qu’une adolescente vient d’être agressée à Achenheim dans le Bas-Rhin pour, là encore, des motifs religieux : ses quatre agresseurs lui aurait reproché de ne pas respecter le ramadan.

Ainsi apprend-on que le gérant d’un Geox (magasin de chaussures) de Strasbourg est à présent menacé de mort (après les habituelles insultes) pour avoir refusé de laisser son employée travailler en portant un voile, le règlement de travail de l’entreprise étant pourtant clair. On ne s’étonnera que modérément du profil de la vendeuse par qui le scandale arrive. En attendant, le gérant est obligé de composer avec ce nouveau vivrensemble à base de vigiles et de patrouilles policières.

Ainsi Bordeaux aura une nouvelle fois profité de l’enrichissement religieux et des enquiquinantes dérives de lames folles qui l’accompagnent parfois alors qu’un individu d’origine afghane a attaqué plusieurs personnes et tué l’une d’elles à coups de couteau, l’agresseur reprochant à ses victimes de boire de l’alcool alors que le ramadan n’est pas fini.

Ainsi un adolescent homosexuel de 15 ans a-t-il été violemment agressé par un groupe de jeunes à Grenoble, en raison de cette homosexualité, directement reprochée par l’un de ses cousins. Rassurez-vous : bien qu’ayant réalisé un enlèvement, une séquestration et des violences avec actes de barbarie, les agresseurs étant mineurs ont été relâchés. Gageons que les suites judiciaires seront exemplaires et que les associations de lutte contre l’homophobie seront présentes, n’est-ce pas.

On pourra noter de façon intéressante l’augmentation du nombre de ces actes reportés par la presse et commentés partout. On peut raisonnablement imaginer qu’en réalité, tout ceci arrive sur une base pluriquotidienne, mais que le nombre considérable d’incidents apporte une certaine lassitude du public.

De la même façon, on notera que la violence présente dans ces quartiers perdus de la République, et qui s’exprimait de façon sporadique contre la classe moyenne précisément absente de ces quartiers, se retourne maintenant progressivement contre ceux qui en sont issus et qui auraient le malheur de vouloir s’en extraire, de s’affranchir de leurs pratiques courantes, ou, pire encore, de composer pacifiquement avec le reste de la société française.

Devant ce qui apparaît pour une augmentation de ces faits, la République se défend farouchement : rapidement, les petits soldats du vivrensemble rappellent leurs évidences (tout ceci est très ponctuel, la violence est tout à fait limitée, mais non il n’y a aucun communautarisme, etc.) et n’en parlons plus.

Malheureusement, les chiffres, même torturés par les politiciens et les médias, n’en finissent pas de pointer sur d’autres évidences, assez peu favorables à l’apaisement.

D’un côté, on observe que les homicides augmentent de façon alarmante, et les tentatives d’homicides, avec 5072 en 2023 contre 2069 en 2011, sont au plus haut depuis 50 ans…

Certains ont de surcroît l’impudence de noter la sur-représentation des étrangers dans les violences commises en France : alors que ces derniers ne représentent que 7,8% de la population totale, on en retrouve 14% mis en cause pour viols hors cadre familial et 19% dans le cadre conjugal.

Pire : certains en viennent à demander que les OQTF soient appliquées et que ceux qui ont violé ou tué en France en soient expulsés, alors qu’au contraire le vivrensemble imposerait (?) plutôt de les accueillir et de les choyer. Là encore, rassurez-vous puisque les autorités ont rapidement placé en garde-à-vue les ultra-fascistes suppôts de Poutine qui osent demander de telles choses.

De cette violence, on peut en faire un problème religieux mais ceci occulte deux causes.

C’est tout d’abord l’illustration que le combat contre la religion séculaire en France (le christianisme) ne s’est pas traduit par une société plus ouverte ou tolérante, au contraire.

En lieu et place de gens qui ne croient plus en Dieu, on a surtout des gens qui croient un n’importe quoi où tout se vaut et où par conséquent, plus rien n’a de valeur. Et lorsque ce blob devient trop mou, tous ceux qui, nombreux, ont besoin d’une colonne vertébrale ou une structure solide sont un terrain fertile pour toute construction sociale répondant exactement à ces demandes.

Dans ce cadre, l’islam est d’autant plus séduisant que, d’une part, le catholicisme français officiel s’est fait un devoir d’être chaque jour plus en phase avec les “fameuses valeurs de la République”, donc toujours plus mou, plus accommodant de toutes les dernières modes niaises poussées par le politiquement correct, et que, d’autre part, cet islam est même chéri par toute une partie de la gauche, au contraire du christianisme farouchement combattu, soupe électorale oblige. Pas étonnant, dès lors, que cette religion naturellement très prosélyte gagne en “parts de marché” des religions en France.

L’autre cause, c’est surtout l’abandon du régalien par l’État, dilué dans le social et un culte à la laïcité complètement stérile. L’État ne fait plus son travail et a même abandonné avec délice toute velléité de le faire.

Au-delà de l’éventuel discours un peu martial d’un préfet ou d’un ministre de l’Intérieur lorsqu’une occasion (attentat, émeutes, etc) le commande, personne n’a rien à faire de l’insécurité en France, de la dégradation complète de l’ambiance générale dans le pays.

En réalité, on sait bien comment juguler ces “incivilités” (qui, pour la plupart, sont des délits voire des crimes) et on sait bien comment garantir la paix et la sécurité dans un pays, mais cela nécessite une police et une justice efficaces dont le gros défaut est de considérer tous les justiciables sur le même plan, ce qui, au pays de l’égalitarisme et des petits aplatissements, passe mal.

Oui, il y a en France tout l’arsenal nécessaire de lois et de police pour revenir à un réel état de droit dans le pays. Mais il n’y a aucune volonté de l’utiliser : il n’y a aucune volonté politique de construire les prisons qui manquent cruellement, il n’y a aucune volonté politique de faire appliquer réellement les lois et les peines existantes, il n’y a aucune volonté politique d’écarter de la société ses éléments les plus dangereux, notamment parce qu’ils contiennent en eux les ferments de peur qui ont permis de tenir fermement la classe moyenne jusqu’à présent.

Cependant, avec la véritable déroute économique actuelle, la classe moyenne est en train de s’évaporer très vite et ce précédent calcul (de très court terme) des dirigeants est en train de jouer contre eux : à mesure que l’insécurité et l’appauvrissement général gagnent, le baratin des politiciens ne suffit plus.

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos.

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Les livraisons d'armes à Israël font voir rouge à Marseille

Une enquête des médias indépendants Marsactu et Disclose a révélé qu'une entreprise française de Marseille, Eurolinks, a fourni des maillons militaires à Israël en octobre 2023. Sur place, l'opposition à ce commerce mortifère a entraîné une convergence inédite d'acteurs associatifs et de syndicats contre les ventes de munitions.

« Il n'y a que grâce aux salariés que l'on pourra savoir quelles entreprises envoient des armes à Israël ». Drapeaux palestiniens en main et keffiehs au cou, ce lundi 1er avril 2024, plusieurs centaines de manifestants descendent des bus et investissent le Technopôle Marseille-Provence à Château-Gombert. Devant l'usine Eurolinks, une dizaine de policiers bloquent l'accès au site. Le 26 mars dernier, une enquête de Disclose1 et Marsactu2 révélait que 100 000 pièces de cartouches pour fusils mitrailleurs de l'entreprise marseillaise avaient été envoyées en Israël à IMI Systems fin octobre 2023. Filiale du groupe d'armement israélien Elbit, IMI Systems est le fournisseur exclusif de l'armée israélienne en munitions de petit calibre. Ces maillons liant les munitions entre elles permettent aux mitrailleuses de tirer en rafale.

Ce 1er avril, pour la première fois, une manifestation d'ampleur en soutien à la Palestine se tient devant l'usine d'un fabricant d'armes en France. Selma, membre du comité local des Soulèvements de la Terre 13, souligne le caractère inédit de l'action :

La force de notre appel, c'est qu'on a réussi à réunir des collectifs d'écologie radicale tels que des syndicats de l'enseignement public ou encore des organisations qui se battent pour la Palestine comme Marseille Gaza Palestine en passant par des collectifs antiracistes.

Au total, plus d'une trentaine de collectifs, partis et syndicats se sont réunis à l'occasion de la manifestation. Cette convergence est née d'une solidarité partagée envers la cause palestinienne et d'une demande commune de stopper toute livraison de composant militaire à Israël. « Nous nous battons contre l'accaparement des terres des Palestiniens, ce qui semble évident dès lors qu'on promeut une écologie décoloniale », explique Selma.

À l'image de la participation d'autres collectifs de gauche comme Marseille contre la loi Darmanin ou Extinction Rébellion, les Soulèvements de la Terre appellent à la rencontre des mobilisations contre les « dynamiques impérialistes ».

La manifestation du 1er avril fait suite aux mobilisations de Stop Arming Israel devant les sièges des grandes entreprises qui développent des liens avec Israël. « On est généralement une dizaine à discuter avec les travailleurs. On tracte, et puis les employeurs nous envoient des voitures de police ou les renseignements territoriaux », rappelle Loïc, porte-parole du collectif. Le 11 mars dernier, des militants ont réussi à bloquer l'entrée du siège de Safran Electronics & Defense à Malakoff près de Paris pendant quelques heures pour appeler à cesser « toute collaboration et livraison d'armes, de technologie militaire et de pièces détachées à Israël ».

1er avril 2024. Lors de la manifestation devant l'usine Eurolinks à Marseille, une militante dénonce par un graffiti au mur la vente de maillons militaires à Israël.
Sophie Boutière-Damahi

Une semaine d'action contre les livraisons d'armes

La pression sur les partenaires de l'armement d'Israël grandit. En Angleterre, les blocages se multiplient : ce 8 avril, des militants pro-palestiniens ont bloqué l'entrée d'UAV Engines à Shenstone, où sont fabriqués les moteurs des drones israéliens Hermes 450.

Le 15 octobre 2023, une coalition de syndicats palestiniens appelait leurs homologues du monde entier à se mobiliser pour saboter les livraisons d'armes à Israël. Une semaine mondiale d'action est par ailleurs organisée par Stop Arming Israel du 15 au 21 avril avec le soutien de syndicats comme l'Union syndicale Solidaires (SUD pour « solidaires, unitaires, démocratiques »). Solidaires Industrie a d'ailleurs adressé un communiqué aux travailleurs du secteur de l'armement début novembre indiquant : « Préparons-nous à nous donner le pouvoir de décider ce que nous produisons ».

Car aux dires du gouvernement français, Israël serait un pays en guerre dont les fabricants d'armes, partenaires de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française, revendent à l'étranger les maillons achetés. Le 26 mars, le ministre des armées Sébastien Lecornu avançait que les composants vendus par Eurolinks à son client israélien sont réservés à la réexportation vers d'autres pays clients, la licence délivrée par l'État français ne « donnant pas droit à l'armée israélienne de les utiliser ». Le gouvernement assurait jusqu'alors ne fournir directement de matériel à Israël qu'à destination de son système défensif comme le Dôme de fer qui intercepte notamment des roquettes du Hamas.

Pour Selma, l'argument selon lequel les livraisons militaires seraient réservées à la défense d'Israël brouille encore la position de la France dans le conflit :

La notion de défense est très malléable. Parce que finalement qu'est-ce que ça veut dire de se défendre, pour une armée coloniale qui massacre, tue et vole les Palestiniens depuis 75 ans ?

Si d'aucuns s'inquiètent de voir le gouvernement changer aussi vite son fusil d'épaule et admettre des livraisons militaires en dehors du champ de la défense, lui plaide plutôt pour la bonne foi des clients israéliens de la BITD française. Et la sienne en passant, se dédouanant de la destination de sa production. « La globalisation de la production de l'armement offre aux vendeurs une plus grande possibilité de se défausser de leurs responsabilités en affirmant ne pas pouvoir contrôler l'utilisation finale de tels ou tels éléments vendus à une entreprise basée dans un autre pays », affirme Patrice Bouveret, co-fondateur et directeur de l'Observatoire des armements, un centre indépendant d'expertise et de documentation de la politique d'armement française.

Mais pour le ministre des armées, pas de principe de précaution qui tienne malgré les massacres à répétition documentés depuis l'offensive israélienne sur Gaza. « La France n'a absolument rien à se reprocher », appuyait-il encore dans sa déclaration en réaction à l'enquête de Disclose et Marsactu. Une position qui ne fait pourtant pas l'unanimité chez ses partenaires de l'OTAN. En février, le gouvernement de Wallonie en Belgique interdisait les livraisons de poudres d'explosif vers Israël, alors qu'elles aussi étaient destinées à la réexportation. Puis, ce 19 mars, c'était au tour du Canada d'annoncer l'arrêt de l'envoi d'armes à Israël, deux semaines après qu'une coalition d'avocats et de citoyens d'origine palestinienne ait déposé une plainte contre le gouvernement de Justin Trudeau. Cette plainte invoquait un risque sérieux que les armes exportées servent à commettre ou faciliter des violations graves du droit international ou humanitaire. Depuis décembre 2014, date de son entrée en vigueur, le Traité sur le commerce des armes des Nations unies prévoit l'interdiction des exportations lorsque des clients sont soupçonnés de crimes de guerre, et la révision des autorisations.

Si une partie de ces maillons sont peut-être réexportés, le gouvernement n'est pas en mesure d'affirmer que de quelconques détournements soient opérés au profit de l'armée israélienne. Car sur place, aucun contrôle n'est réalisé. « On nous dit qu'on vend seulement des armes défensives. Et maintenant que l'enquête est sortie et prouve le contraire, on nous promet la main sur le cœur qu'Israël n'utilise pas les composants militaires », avance Loïc, porte-parole de Stop Arming Israel en France.

L'année dernière, le rapport présenté au Parlement sur les exportations d'armement de la France mentionnait un montant de 15 millions d'euros de ventes autorisées par des licences codées sous le classement européen du matériel de guerre. Cependant, la nature précise et la quantité des armes livrées restent, elles, confidentielles.

Crime et complicités

« 15 millions d'euros, soit 0,2 % de l'exportation globale (de la BITD française, NDLR), ce n'est rien », objecte quant à lui Sébastien Lecornu, reprenant le dernier montant connu. Qu'en est-il du montant actuel ? « La somme de 2023 n'est pas encore complètement stabilisée, ajoute-t-il, parce que ce sont les commandes réellement exécutées dont je vous parle ». Comprendre : des entreprises françaises continuent de vendre leur production à Israël grâce aux licences d'exportation directement délivrées par le gouvernement. Un pan de l'industrie auquel il faut ajouter les biens à double usage, dont Patrice Bouveret souligne les exportations chaque année :

Lecornu feint aussi d'oublier le montant des composants à double usage, civil et militaire, qui était de 159 millions d'euros en 2021, soit six fois plus important, et de 34 millions d'euros en 2022. La dangerosité d'un élément militaire n'est pas proportionnelle à son coût.

La plainte de la famille Shuheibar illustre ce propos. En 2014, alors qu'Israël lance son opération Bordure protectrice sur Gaza, un missile s'abat sur la maison de la famille Shuheibar et tue trois enfants : Jihad (10 ans), Wassim (9 ans) et Afnan (8 ans). Parmi les débris, les survivants retrouvent un capteur de position d'Eurofarad (renommée Exxilia) fabriqué en France. La famille porte plainte contre l'entreprise française pour « complicité de crime de guerre » et « homicide involontaire ».

Début 2018, une information judiciaire est ouverte. Exxelia réplique que son exportation avait reçu le feu vert des autorités françaises. La première plainte donne lieu à une enquête préliminaire classée sans suite par le parquet de Paris. Exxelia fait également valoir sa position de maillon dans la chaîne des fabricants de la guerre : l'entreprise exporte ses produits vers Israël par l'intermédiaire du revendeur israélien Relcom qui compte parmi ses clients Elbit Systems, Israel Aerospace Industries (IAI), le ministère de la défense israélien et la société Rafael Advanced Defense Systems.

Après une nouvelle plainte, la famille Shuheibar est entendue le 18 juillet 2023 par une juge d'instruction au tribunal de Paris. L'enquête toujours en cours pourrait marquer un précédent en matière de responsabilité pénale des marchands d'armes de l'industrie française et « créer une brèche dans le système français actuel où les entreprises s'abritent derrière l'autorisation reçue du gouvernement sans s'interroger sur leur propre responsabilité », avance Patrice Bouveret. Ce 12 mars, un collectif d'ONG annonçait poursuivre en justice le Danemark afin qu'il suspende ses exportations d'armes vers Israël. Une plainte déposée à l'encontre de la police nationale et du ministère des affaires étrangères, s'inscrivant dans la continuité d'un tribunal néerlandais qui a ordonné mi-février aux Pays-Bas d'arrêter l'exportation de pièces de F-35 à destination d'Israël.

Le nerf des affaires

« Techniquement, avoir massacré et testé des armes pendant des mois sur les Palestiniens, c'est un coup de force pour Israël. Et les boîtes françaises du secteur de l'armement vont être en demande de cette expérience », atteste Loïc de Stop Arming Israel. Ce printemps, les clients de l'industrie israélienne de l'armement n'auront pas à se rendre à Gaza pour la voir à l'œuvre. Du 13 au 17 juin prochain, c'est au Parc des expositions de Villepinte que les fournisseurs de l'armée israélienne tiendront leurs stands au salon Eurosatory.

Au total, ils seront 71 fabricants dont Elbit Systems et IAI, leaders mondiaux ancrés via leurs partenariats dans le complexe militaro-industriel français. « Certes, il n'existe pas de tanks fabriqués en France et envoyés en Israël, mais il existe des pièces détachées comme celles fabriquées par Thalès en co-entreprise (UAV Tactical Systems) avec Elbit Systems pour la conception du drone Watchkeeper », soutient Loïc.

Les collaborations de Dassault avec Elbit Systems font partie intégrante de la politique du géant français qui se targue aussi de ses nombreux investissements dans plusieurs fonds israéliens comme Pitango Venture Capital, le plus grand fonds capital-risque israélien de près de 3 milliards de dollars sous gestion.

Parmi les clients de la pointe israélienne, on retrouve en outre les institutions européennes. Jusqu'à son crash en mer en 2020, l'agence de gardes-frontières Frontex utilisait le drone Hermes 900 d'Elbit Systems pour surveiller les flux de migrants en mer Méditerranée, réduisant drastiquement les patrouilles physiques qui pouvaient encore secourir les embarcations naufragées. Plus récemment, en novembre 2023, Disclose a révélé que la police française utilise un logiciel de reconnaissance faciale de la société israélienne Briefcam depuis 2015 en toute illégalité. Selon l'ONG Who Profits, ce dernier serait utilisé dans les zones de Jérusalem-Est occupées par les colons israéliens. En France, ce système est déployé au niveau national par le ministère de l'intérieur en dehors du cadre légal prévu par les directives européennes et la loi française Informatique et Libertés.

La guerre, droit et pratique

« Chaque fois qu'un conflit se déclenche, le gouvernement commence par pratiquer le silence sur les exportations d'armement et attend d'être interpellé (...) pour affirmer qu'il surveille et a pris toutes les précautions afin que le matériel français ne soit pas utilisé à des fins répressives », rappelle Patrice Bouveret. Une pression médiatique ponctuelle que devrait pourtant canaliser une nouvelle disposition dans l'arsenal législatif : depuis août 2023, une délégation parlementaire d'évaluation des exportations d'armement est prévue par la loi de programmation militaire (LPM) qui fixe la stratégie budgétaire des armées jusqu'en 2030.

En novembre dernier, à l'image des dockers grévistes de la CGT qui avaient refusé de charger le matériel militaire durant la guerre d'Indochine en 1949 à Marseille et Oran, des dockers de Barcelone ont tenté de bloquer les navires d'armements destinés à Israël. Pour Loïc de Stop Arming Israel, les révélations en lien avec Eurolinks pourraient marquer une nouvelle phase dans la mobilisation pour la Palestine, car « beaucoup de salariés finissent par comprendre qu'ils sont un des maillons de cette grande chaîne meurtrière ».


1Mathias Destal, Ariane Lavrilleux, Pierre Leibovici, et Nina Hubinet, « Livraison à Israël d'équipements pour mitrailleuses : la France entretient l'opacité », Disclose, 28 mars 2024

2Ariane Lavrilleux et Nina Hubinet, « Une entreprise marseillaise expédie des composants pour fusils mitrailleurs vers Israël », Marsactu, 26 mars 2024

The Boys from the School of the Americas

Par : AHH

Sweet coordinated moves in our Juntaland, West African Sahelian branch, among the Axes of Resistance! 

Little noticed, just after Niger officially kicked out US troops (turning on the ticking clock, as with Frenchie earlier), and right after Russian advance troops arrived in town, China swooped in to provide sanctions-busting liquidity and lucrative deals. This effectively seals off Plunder Inc from one of most stupendous resource-rich regions on earth, easily to rival Russia itself. And Niger is projected to be Africa’s top growth economy this year….

Niamey, Niger protests against French occupation troops, July 2023.

💠 @Arab_Africa:  
⭕ The day after Russian troops arrived, Niger signed a $400 million oil deal with China. China asked for $400 million for the sale of crude oil. The official signing ceremony of the agreement between Niger and CNPC took place on April 12. It was attended by the Prime Minister of Niger, Mahamane Zein Lamin, and the Chinese Ambassador to Niamey. |video|

Niamey, Niger protests against French occupation troops, July 2023.

💠 @Africa Intel: 
⭕ 🇳🇪
Hundreds rally in Niger’s capital to push for U.S. military departure

Hundreds took to the streets of Niger’s capital on Saturday to demand the departure of U.S. troops, after the ruling junta further shifted its strategy by ending a military accord with the United States and welcoming Russian military instructors.

Marching arm in arm through central Niamey, the crowd waved Nigerien flags in a demonstration that recalled anti-French protests that spurred the withdrawal of France’s forces from Niger last year after the army seized power in a coup. |media|

☝☝ Oh, the Chinese fan the flames. And the key Junta leaders were trained in the famous USA torture academy AKA “School of the Americas,” located in Georgia, LOL!!!! 😁 🫡

À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Where US Inflation Hit The Hardest In March 2024

By Tyler Durden The latest U.S. inflation figures were released in early April, revealing that the consumer price index (CPI) had risen by 3.5% in March 2024,...

Where US Inflation Hit The Hardest In March 2024

Belloubet continue l’oeuvre de grand déclassement des enseignants

Beaucoup attribuent le malaise enseignant à un problème de salaires. Nous pensons plutôt que le premier problème rencontré par nos hussards noirs, tient à leur perte progressive et continue d’autonomie dans leur pratique professionnelle… et à leur déclassement dans la grande oeuvre d’uniformisation, pour ne pas dire de robotisation de l’enseignement public. Et la ministre Belloubet continue consciencieusement ce projet séculaire avec la labellisation des manuels scolaires.

Nicole Belloubet, dont beaucoup s’interroge sur la place réelle qu’elle occupe dans le dispositif éducatif, continue fidèlement l’oeuvre de prolétarisation et de soumission dont les enseignants sont victimes depuis l’invention de la “massification” de l’enseignement et même sans doute bien avant. Ainsi, elle avance sur la voie de la labellisation des manuels scolaires, qui permettra à la bureaucratie de “conseiller” certains manuels plutôt que d’autres selon la technique du Nudge dont nous avons déjà parlé.

Concrètement, cette labellisation permettra de dire aux enseignants quels sont les “bons manuels” à recommander aux élèves.

L’opération est très bien résumée par le syndicat SNALC :

Les critères primordiaux ont à voir avec les valeurs républicaines, la conformité scientifique, par rapport aux programmes et à la didactique ainsi que la qualité de la langue employée. D’autres critères pédagogiques entrent en ligne de compte ensuite. (…)

En préambule, le SNALC a rappelé qu’il aurait pu accepter une labellisation ne se fondant que sur un seul critère : le respect des programmes.

Les autres critères n’ont pas lieu d’être. Certains sont inutiles, d’autres sont dangereux soit parce qu’ils remettent en cause la liberté pédagogique, soit parce qu’ils semblent avoir pour objectif de donner du « prêt à enseigner » à des contractuels recrutés à la hâte en septembre.

Syndicat SNALC

Bref, l’uniformisation de la pédagogie est en cours, et de préférence par le bas. La bureaucratie éducative ne veut plus d’enseignants autonomes qui transmettent un savoir avec leur personnalité. Vive l’enseignant interchangeable, robotisé, soumis à des stéréotypes dont il a interdiction de sortir…

Les syndicats enseignants hurlent contre ce projet de passage collectif au rabot de la norme décidée d’en haut, dont nous avons encore montré ce week-end par quoi on pouvait la remplacer.

En attendant, c’est un peu le paradoxe enseignant : on veut la garantie de l’emploi, on veut être payé par le contribuable, mais on veut être libre, c’est-à-dire ne rendre de compte qu’à soi-même. Quand les chiens se rêvent en loups…

Rappelons que nous proposons :

  • la généralisation du chèque scolaire
  • l’autonomie des établissements
  • la fin du statut de fonctionnaires pour les enseignants

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L'Iran et les houthistes, une alliance sans alignement

En riposte au bombardement de son consulat à Damas, l'Iran a lancé une attaque limitée contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril. Les houthistes yéménites y ont participé et continuent à viser les navires de commerce « ennemis » en mer Rouge. Conscient de sa propre capacité de nuisance et de son inscription dans des enjeux locaux, le mouvement armé Ansar Allah n'est toutefois pas totalement aligné avec les intérêts de la République islamique.

La guerre à Gaza a donné aux houthistes, dont le nom en arabe est Ansar Allah, l'occasion de consolider leur pouvoir au Yémen et d'étendre leur influence régionale. Pour atteindre leurs objectifs, ils ont lancé des dizaines d'attaques contre la navigation en mer Rouge. Sur le plan intérieur, cela leur a permis de mobiliser un fort sentiment propalestinien au sein de la population. Au niveau régional, le mouvement a pu s'affirmer comme une puissance émergente. Il a démontré sa capacité et sa volonté d'entraver la navigation dans l'un des principaux goulots d'étranglement du commerce mondial.

Pour comprendre les intérêts et les perceptions de l'Iran concernant la crise en mer Rouge, il est utile d'examiner son approche du Yémen avant l'opération du Hamas le 7 octobre. Pour les dirigeants de la République islamique, la montée en puissance des houthistes constitue une évolution indéniablement positive. Ces derniers sont certes confrontés à des obstacles au niveau national du fait de la situation économique difficile et du mécontentement croissant dans les régions sous leur autorité. Cependant, ils sont sortis de la guerre civile et de l'intervention menée par l'Arabie saoudite depuis neuf ans comme autorité gouvernante de facto dans le nord-ouest du pays, sans concurrent politique ni militaire. Le gouvernement internationalement reconnu reste d'ailleurs, quant à lui, faible et divisé.

Légitimer le pouvoir

Le montant exact du soutien financier de l'Iran au mouvement yéménite n'est pas connu, mais il ne dépasse probablement pas quelques centaines de millions de dollars par an depuis 2015. En fournissant aux houthistes des armes légères, des munitions et des pièces détachées pour des armes plus sophistiquées, tels des missiles et des drones, en plus de la formation et des renseignements nécessaires pour les utiliser, l'investissement limité de l'Iran lui a procuré des gains tout à fait significatifs1. C'est en partie grâce à ce soutien que les houthistes sont devenus la puissance dominante au Yémen et un acteur clé de « l'axe de la résistance » — le réseau régional de groupes armés non étatiques guidé par Téhéran.

Le fait que les houthistes aient engagé une escalade militaire en mer Rouge permet à l'Iran de maximiser le rendement de son investissement au Yémen et ne modifie donc pas son calcul global. De son point de vue, la prochaine étape reste la légitimation du pouvoir des houthistes. C'est pourquoi Téhéran soutient un processus politique entre ces derniers et l'Arabie saoudite, dont la République islamique souhaite encourager le retrait. Si ce processus a été mis de côté pour l'instant, il ne fait aucun doute que Riyad souhaite toujours se sortir de sa guerre coûteuse au Yémen. Le résultat en sera inévitablement la consolidation du pouvoir des houthistes et non un processus de réconciliation nationale qui impliquerait une dilution du pouvoir du mouvement contrôlant actuellement Sanaa. Or, au vu de leurs récentes interventions, les houthistes seront en mesure d'obtenir encore plus de concessions de la part de Riyad lorsque les pourparlers finiront par reprendre.

Institutionnalisation de « l'axe de la résistance »

L'émergence des houthistes en tant qu'acteur régional puissant profite également à l'Iran au-delà des frontières du Yémen, en renforçant ses capacités de dissuasion et son aptitude à imposer des coûts à ses rivaux américains, israéliens et saoudiens. Elle indique qu'en plus du détroit d'Ormuz, l'Iran et ses partenaires peuvent perturber la navigation dans un autre point névralgique, le détroit de Bab Al-Mandeb, qui relie le golfe d'Aden à la mer Rouge, et par lequel transite environ 12 % du commerce maritime mondial.

La démonstration par les houthistes de leurs capacités régionales et l'intensification de leurs liens avec d'autres partenaires iraniens, en particulier le Hamas et le Hezbollah, confirment la tendance à l'institutionnalisation de « l'axe de la résistance ». Enfin, la capacité du mouvement yéménite à se positionner en tant que champion de la cause palestinienne renforce le récit porté par ces acteurs issus de différents coins du Proche-Orient. Les houthistes tirent ainsi parti d'une position véritablement populaire au Yémen et dans l'ensemble du monde arabe, au moment où leurs rivaux, forcément alignés sur les États-Unis, se montrent moins engagés dans la défense des droits des Palestiniens.

Un pari qui demeure audacieux

Malgré ces avancées, les récents événements survenus en mer Rouge présentent des risques pour l'Iran. Le principe dominant de la politique étrangère de la République islamique est d'éviter une confrontation directe avec les États-Unis, compte tenu de la grande asymétrie de puissance entre les deux pays. Le soutien apporté aux groupes armés non étatiques dans toute la région lui permet de repousser l'insécurité au-delà de ses propres frontières. Car ses dirigeants comprennent qu'en cas d'escalade majeure, les États-Unis ont en fin de compte la capacité de causer beaucoup plus de dégâts. C'est en partie la raison pour laquelle l'Iran a encouragé le Hezbollah à ne pas intensifier son conflit avec Israël, une retenue compatible avec les intérêts intérieurs actuels du parti libanais.

C'est dans ce contexte que la démesure des actions houthistes présente des risques pour l'Iran. Ceux-ci estiment à juste titre qu'aucun acteur au Yémen ne peut les défier. Non seulement ils peuvent résister à des frappes aériennes limitées de la part des États-Unis et du Royaume-Uni, mais ils peuvent aussi tirer profit de ces attaques sur le plan politique. En ce sens, leur tolérance au risque est plus élevée que celle de l'Iran, qui cherche davantage à éviter l'escalade. L'Iran est également conscient que le Hamas subit des dommages militaires importants et a perdu la capacité de gouverner la bande de Gaza. Ce sont-là deux leviers importants dans le jeu régional de Téhéran qui souhaite ainsi éviter que les houthistes ne subissent davantage de dommages au-delà des bombardements américano-britanniques.

Un calibrage minutieux

L'équilibre idéal pour la République islamique est une zone grise dans laquelle les houthistes, comme d'autres groupes armés pro-iraniens, provoquent l'Arabie saoudite, Israël et les États-Unis, et contribuent à les enliser dans des conflits aussi coûteux que possible. Pendant ce temps, « l'axe de la résistance » marque des points sur le plan rhétorique, renforçant sa popularité. Une telle mécanique permet à l'Iran de faire pression directement et indirectement sur ses rivaux et de leur imposer des coûts, tout en évitant une escalade qui lui serait coûteuse. C'est probablement la raison pour laquelle, comme l'ont suggéré de récents articles2, l'Iran s'est efforcé de maîtriser certaines des milices qu'il soutient en Irak. Celles-ci avaient poussé le bouchon trop loin, augmentant le risque d'une nouvelle escalade.

Cet exercice de calibrage minutieux ravive l'ancien débat sur le niveau d'influence opérationnelle et stratégique que l'Iran exerce à l'égard des houthistes. Certains analystes considèrent ces derniers comme des mandataires et affirment que Téhéran, sans nécessairement les contrôler directement, exerce une influence majeure. Les récents événements plaident néanmoins en faveur d'un point de vue plus nuancé. Farouchement nationalistes tout en bénéficiant d'une aide iranienne importante, les houthistes sont devenus un acteur puissant de plus en plus indépendant. Il serait donc davantage judicieux de les qualifier de partenaires. Malgré quelques divergences, leurs intérêts sont pour la plupart alignés et ils collaborent étroitement dans une même quête.

L'objectif principal de la politique étrangère iranienne reste de limiter la marge de manœuvre des États-Unis en augmentant les coûts réels ou potentiels de leurs actions, de même qu'en les forçant à faire de mauvais choix et à adopter des politiques préjudiciables. C'est dans cette situation que l'Iran a contribué à pousser les États-Unis dans la mer Rouge. Washington se retrouve désormais empêtré dans la guerre au Yémen en bombardant les houthistes, avec des chances de succès limitées. Sachant qu'Israël est embourbé dans une guerre coûteuse à Gaza, et que les houthistes ont émergé comme une puissance régionale réalisant d'importants gains en termes de propagande, l'objectif de la République islamique est désormais de protéger les acquis de ses alliés tout en minimisant les pertes : effectives pour ce qui concerne le cas du Hamas, potentielles dans le cas des houthistes. L'équilibre demeure donc précaire.

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Cet article a initialement été publié par le Sana'a Center for Strategic Studies sous le titre « Iran's View of Houthi Attacks in the Red Sea : Protecting Gains and Limiting Costs », le 9 avril 2024.
Traduit de l'anglais par Laurent Bonnefoy.


1Thomas Juneau, « How war in Yemen transformed the Iran-Houthi partnership », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 47, n°3, 2023.

2Susannah George, Dan Lamothe, Suzan Haidamous et Mustafa Salim, « Iran wary of wider war, urges its proxies to avoid provoking U.S. », The Washington Post, 18 février 2024.

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Referendum LR sur l’immigration : le peuple peut-il décider de tout ?

Le Conseil Constitutionnel vient de refuser le sixième referendum d’initiative partagé dûment sollicité par des parlementaires. En l’espèce, les parlementaires LR ont demandé de soumettre à un referendum d’initiative partagée les mesures restrictives concernant l’immigration que le Conseil Constitutionnel avaient refusées au moment de la loi sur l’immigration. Et patatras, les Sages déboutent une nouvelle fois les LR, sur un motif qui mérite, pour le coup, d’être rappelé à tous les partisans du referendum : non, en démocratie, le peuple ne décide pas de tout.

LR vient de subir un nouveau revers sur l’immigration, avec ce refus du Conseil Constitutionnel d’organiser un referendum sur une proposition de loi restreignant l’accès des étrangers en situation régulière à des prestations d’aide sociale.

Ce refus était prévisible, puisque le projet de referendum s’appuie sur une conception très socialiste et totalitaire de la loi, héritée du Comité de Salut Public de 1793 : la loi peut tout, dans cette vision étrange de la démocratie, qui anime également certains partisans du RIC. Ainsi, le peuple, par referendum, pourrait légitimement décider de tout.

Rappelons que cette croyance est en rupture complète avec la démocratie elle-même :

  • la base de la démocratie est le respect du droit, et tout particulièrement des droits naturels de chacun, y compris si ce chacun appartient à une minorité
  • le vote est une forme dégradée de décision démocratique
  • le vote majoritaire est la forme la plus primitive qui soit du mode de décision… des votes comme le scrutin préférentiel sont beaucoup plus respectueux des nuances de l’opinion
  • le totalitarisme démagogique se caractérise par l’illusion qu’un referendum peut décider de ne plus respecter le droit
  • en l’espèce, on comprend mal comment nous pourrions concilier avec nos droits naturels le fait que certains, en France contribuent à des prestations auxquelles ils ont droit, pendant que d’autres seraient obligés de les financer sans y avoir droit

Il est assez étonnant qu’un parti de gouvernement véhicule une vision aussi dangereuse du referendum. Redisons-le, la démocratie, ce n’est pas le droit du peuple de décider de tout, c’est l’obligation faite au peuple de respecter les droits individuels. C’est quand même très différent…

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Americans Now Worry About Out-Of-Control Power Bill Inflation

By Tyler Durden Tens of millions of Americans are having trouble paying their power bills as residential electricity inflation continues to run rampant. The latest...

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Sharp Boomerangs of Lost Wars

Par : AHH

Tremendous weakening of the combined West in the Holy Land and the Ukraine has already led to unraveling of odious UNSC sanctions and their enforcement against North Korea, ridiculing of unilateral threats vis-a-vis Russia, and pitiful kowtowing to China in order to obtain breathing room anywhere. The Imperial Vampire Ball transitions to the Danse Macabre

S’engager dans l’armée : Une très, très mauvaise idée

Par : Falasteen

Fred Reed, ancien militaire américain, met en garde les jeunes à s'engager dans l'armée. Dans cette tribune, il déconstruit l'illusion de l'aventure et révèle les conséquences tragiques souvent occultées. Si […]

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La violence à l’école n’est pas prête à s’arrêter

Par : h16

Jolie excursion en province française que l’actualité et les collèges du cru nous ont offerte la semaine dernière ! Ainsi, mardi, nous découvrions le charme discret de Montpellier où de petites querelles féminines entre collégiennes ont poussé certaines à en mettre une autre dans le coma. Mercredi, ce fut la calme ville de Tours où des collégiennes décidèrent d’en dépouiller une autre après l’avoir copieusement tabassée. Jeudi, c’est dans la riante Île-de-France, à Viry-Châtillon, qu’un collégien trouve la mort sous les coups de ses camarades de classe pour avoir osé fréquenter la mauvaise fille.

Décidément, l’école française explore de nouveaux domaines avec, il faut le dire, un succès mitigé : par exemple, les cours d’auto-défense, parfois prodigués à certains enseignants, ne semblent pas toujours porter leurs fruits. Certes, mais compte tenu du calibre de nos ministres et de l’impeccable compétence de notre administration scolaire, on sait déjà que les résultats s’amélioreront dès les prochains mois.

En attendant, force est de constater qu’on observe la répétition d’événements tragiques dans certains établissements de l’Hexagone. Le schéma, bizarrement, est toujours à peu près le même, avec des établissements réputés – depuis longtemps – calmes et sereins, dans des banlieues elles-mêmes très favorablement connues des services de police et de justice, des altercations impliquant systématiquement une victime et une demi-douzaine (au moins) d’agresseurs (le “un contre un” semble désuet) et des parents étonnamment absents du côté des racailles assaillants. Dans tous les cas, un facteur religieux est présent, sous forme de prétexte ou pour alimenter un communautarisme pratique et qui permet d’invoquer des lois supérieures à celles du pays.

Bien évidemment, à chaque fois, les autorités se retrouvent devant le fait accompli et font la démonstration de leur impuissance : bien que des alertes avaient été remontées dans le cadre scolaire ou que des plaintes avaient été déposées, rien de tangible n’avait été fait. Dans certains cas, le maire de la commune concerné passera dans les médias pour expliquer son courroux ou son désarroi, certains iront jusqu’à pleurnicher, mais cela n’ira guère plus loin.

De la même façon, à chaque fois, les médias se bousculent pour relayer des messages qui ont maintenant leurs tournures si éculées qu’elles en deviennent des gimmicks, depuis le padamalgam jusqu’au vivrensemble qui ne doit pas être discuté ni ne saurait être remis en question par ce qui sera, ensuite, systématiquement présenté comme un fait divers aussi malheureux que ponctuel ou purement coïncident.

Et peu importe que ce ponctuel se répète de plus en plus fréquemment, peu importe que les coïncidences finissent par faire des statistiques solides : rien ne devra être analysé dans un contexte plus large, et non, non et non, il ne s’agira surtout pas de communautarisme. Ce n’est pas du tout un problème de comportements général d’un quartier ou d’une population, c’est – bien sûr – une question de moyens dont on n’a jamais assez et qui nécessite la réapparition sur les plateaux télés des politiciens qui ont pourtant amplement prouvé leur inaptitude à traiter le problème lorsqu’ils en avaient l’occasion.

Pourtant, ces moyens n’ont cessés d’être déversés à gros bouillons d’argent gratuit des autres, et pas qu’un peu : une petite consultation même furtive des documents officiels qui détaillent les montants d’argent public engouffrés dans ces quartiers montrent que ces “moyens dont on manque” représentent systématiquement des dizaines de millions d’euros pendant des dizaines d’années (par exemple, Mosson, le quartier de Montpellier ou se sont déroulés les derniers faits tragiques, a bénéficié de 74 millions d’euros de fonds publics). À la fin, autant de milliards de l’État qui ne se traduisent par aucun résultat positif, au contraire.

Et quand ce n’est pas faute de moyens (dont on manque toujours cruellement), c’est parce que ces ghettos n’offrent aucune perspective… Toutes aussi absentes pour les collégiens au milieu de la Creuse ou de la Lozère mais dont la violence ne s’exprime apparemment pas de la même façon, voire… pas du tout. Étrange, non ?

Ce déni de comprendre qu’il ne s’agit ni d’un problème de moyens (ou de réseaux sociaux, comme l’explique stupidement Najat Vallaud-Belkacem sans pouffer de rire), ni d’un problème de pauvreté, s’accompagne du déni de l’aggravation de la situation. Pourtant, là encore, les statistiques sont sans ambiguïté.

En fait, le problème de fond, cette violence dans le cadre scolaire, est récurrent et s’est installé depuis des décennies. Il y a dix ans de cela, ces colonnes dressaient déjà le constat d’une violence largement insupportable au sein des établissements scolaires

Pire, l’état des lieux, pas reluisant, portait sur des enquêtes au long cours qui permettaient de retracer ces violences au moins cinq à dix ans en arrière, ce qui nous ramène au début des années 2000. Bref et au bas mot, cela fait 20 ans qu’on sait que ces problèmes s’accumulent et que cette violence ne cesse de croître.

Il y a vingt ans, cela se traduisait par du harcèlement, des enfants tapés dans la cour de récréation ou à la sortie du collège et cela se transforme maintenant par des adolescents qui viennent armés (couteaux, pistolets), qui menacent des enseignants et des élèves, qui passent à l’acte et qui les tuent, élèves comme profs. Samuel Paty, Dominique Bernard ont chèrement payé cet entêtement des institutions et des politiciens dans le déni.

Il ne faut pas se leurrer, les médias camouflent une double réalité abominable : d’une part, le fait que la situation est devenue catastrophique et les exhortations au padamalgam, au vivrensemble ne suffisent plus à rassurer les citoyens. D’autre part, le fait que les politiciens et l’administration s’en foutent complètement.

Oui, vous avez bien lu.

Si on pouvait encore vaguement croire il y a dix ans que politiciens et administrations étaient à la fois débordés et incompétents, on comprend maintenant qu’en réalité, ni les premiers (qui profitent tranquillement du pouvoir et des ors de la République) ni les seconds (qui bénéficient de la rente que procure leur position d’intermédiaires indispensables dans toutes les interactions dans le pays) n’en ont quelque chose à carrer.

En somme, on le sait déjà : le maire de Viry-Châtillon continuera de pleurnicher devant les caméras, comme d’autres le feront après lui. Personne ne veut réellement s’attaquer au problème, devenu de toute façon électoralement suicidaire et politiquement impossible à toucher.

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La Russie met fin au mandat du comité d’experts sur les sanctions contre la RPDC

Le représentant russe auprès du CSNU, Vassili Nebenzia, a mis en avant les conséquences humanitaires des sanctions ainsi que la nécessité de réouvrir la voie d'un dialogue avec Pyongyang.

Turquie : fuite des épargnants devant une dévaluation

Par : h16

Un article de Henry Bonner

En Turquie, le gouvernement subit un revers aux élections. L’opposition remporte des victoires pour le contrôle d’une poignée de villes, en particulier à Istanbul. Selon la presse, la défaite survient en raison des difficultés liées à l’économie du pays et la population soutiendrait un changement de dirigeants.

Il faut en effet noter que, depuis la réouverture de l’économie après les confinements, les prix grimpent en flèche : l’indice gouvernemental des prix augmente de plus de 50 %, sans signe de ralentissement.

Selon différentes sources, en réalité les prix grimpent encore plus rapidement – de plus de 100 % par an.

Le gouvernement mène une politique de déficits depuis des années. Pour les besoins d’endettement du gouvernement, la banque centrale réduit les taux d’intérêt depuis des années. En revanche, depuis l’été dernier, le gouvernement a changé de tactique face à la dévaluation de la devise. Les autorités ont augmenté les taux d’intérêt – contre la chute de la devise. La banque centrale a ainsi monté le taux d’intérêt à 50 % en mars de cette année, contre 8,5 % l’année dernière.

Pour l’instant, ce resserrement des taux n’a pas freiné la perte en valeur de la livre turque, celle-ci chutant de 35 % par rapport au dollar depuis le début des hausses de taux en juin. Comme vous le voyez ci-dessous, la valeur de la devise s’est effondrée de plus de 80 % par rapport au dollar en 5 ans.

La pression contre la livre turque continue en raison de la fuite des épargnants, en quête de sécurité, via des achats de dollars, ou des actifs comme l’or. De plus, le gouvernement accroît la pression contre la livre avec des programmes de protection des épargnants contre la dévaluation.

Ainsi, depuis décembre 2021, ce dernier promet aux citoyens des protections au travers des banques – sous contrôle des autorités – qui compensent la perte de valeur des comptes en livres turques. La chute de la livre depuis la mise en place de ce programme entraîne d’ailleurs un coût pour les banques. Et logiquement, si le programme est arrêté, le pays risque une fuite de l’épargne vers le dollar ou l’euro, ce qui poserait problème à des banques qui manquent actuellement de devises étrangères.

En anticipation de cette fin de programme, les banques achètent actuellement des dollars et vendent des actifs ou de la livre turque, ce qui contribue à la pression contre cette dernière, … et empire le problème pour les banques.

À présent, le gouvernement turc garantit plus de 100 milliards $ de dépôts. Tout arrêt du programme pourrait ainsi entraîner des retraits de dépôts en masse, et l’évaporation des réserves de dollars de la banque centrale.

Selon Almayadeen,

“Dans un entretien avec des investisseurs étrangers, [le ministre des Finances] Mehmet Simsek a montré son profond désaccord avec le mécanisme de protection de l’épargne en livre turque.

Selon M. Simsek, le gouvernement a commis une erreur avec la création du programme…

…Bloomberg rapporte que les banques nationales ont vendu 2,3 milliards $ d’actifs pour répondre à la demande de dollars pour les comptes protégés contre les variations du cours de la livre.”

Bourse : apparences de performance

En dépit des dégâts pour les épargnants, la création monétaire provoque aussi des gains sur les marchés des actifs. En effet, face à la dégradation de la livre turque, les gens cherchent des sources de protection, et dépensent donc leurs livres turques en achetant des devises étrangères – en particulier le dollar – ou de l’or … et des placements dans la Bourse. Les hausses de taux par la banque centrale réduisent, par contre, les placements dans la pierre.

Cette dévaluation de la devise crée un “sentiment de croissance” des entreprises : les actions en Bourse font des gains. Ainsi, l’indice du marché-action turc, le BIST-100, génère plus de gains que le S&P500, en hausse de 19 % depuis le début de l’année.

Selon CNN :

“En dépit des difficultés économiques, le marché-actions de la Turquie représente un point positif. L’indice des actions turques, le BIST-100, a grimpé de 19,8 % depuis le début de l’année 2024, ce qui est plus élevé que les 8,5 % de gains du S&P 500 sur la période. Cela en fait l’indice le plus performant du monde, après le Nikkei 225 du marché de Tokyo.”

La presse présente les résultats en livres turques, sans ajustement pour l’impact de la dévaluation de la devise. Par contre, la comparaison de la Bourse avec le prix de l’or montre en réalité cette source des gains : la création monétaire. En livres turques, l’indice BIST-100 grimpe de 819 % sur les 5 dernières années, comme vous le voyez ci-dessous :

En revanche, le prix de l’or en Turquie grimpe de 907 % sur les 5 dernières années ce qui est visible sur le graphique suivant :

En pratique, la performance des actions provient d’une chute en valeur de la devise et non d’une amélioration des résultats des entreprises via une hausse de ventes ou une amélioration de la productivité par exemple.

Par ailleurs, l’or offre plus de protection contre la dévaluation de la devise que les actions en Bourse !

Comme en France – avec les records du CAC 40 – la presse voit dans la performance des actions un signe de progrès. Mais en réalité, la dévaluation de la devise crée une apparence de records, dans les résultats des entreprises et les cours de la Bourse.

Ruée vers la sécurité

Les épargnants cherchent des alternatives à la livre turque. Cette fuite est directement profitable aux changeurs d’argent et aux vendeurs d’or.

Comme le rapporete CNN :

“Afin de protéger leurs épargnes, les gens se rendent aux marchés de l’or au Grand Bazaar, avec tout ce qu’ils ont – que ce soit de petites économies, ou des valises remplies de billets -, explique Omer Tozdum, un courtier de l’or…

Les gains dans les actions en Turquie sont en partie dus à une ‘frénésie’ chez les investisseurs turcs pour acheter des actions et préserver la valeur de leurs liquidités, explique Jacob Grapengiesser, directeur du gérant de fonds East Capital…

Le centre d’Istanbul est parsemé d’échangeurs de devise étrangère, et de vendeurs d’or – dans certains endroits, vous en trouverez à chaque coin de rue. Beaucoup d’entre eux portent des affiches ‘sans commission’, ce qui peut être le cas si vous avez des dollars. La plupart des changeurs près du bazar historique proposent des dollars à des cours plus avantageux que le taux de change de marché, afin de répondre à la demande croissante.”

Comme en France, le gouvernement turc annonce des économies. Il mène – en apparence – une lutte contre la chute de la devise via des hausses de taux.

Le président turc, M. Erdogan, annonce : “Nous avons mis en pace notre programme de moyen-terme avec détermination. Nous évitons les mesures populistes qui pourraient ajouter un fardeau au pays, à notre nation, et aux générations futures. Nous allons commencer à voir des résultats positifs de notre programme économique, avec une amélioration à l’inflation.”

La protection de la devise requiert sans doute bien plus de hausses de taux d’intérêt, et de resserrement des déficits du gouvernement. En revanche, les baisses de dépense (avec le gel du salaire minimum et des pensions, par exemple) nuisent à la popularité des dirigeants – et mènent à des défaites aux urnes.

Comme en France, les dirigeants font des coupes de budget pour la forme et font surtout de la communication dans la presse. Le gros des dépenses et des déficits reste en place.

La chute de la devise crée une apparence de richesse, avec des hausses de bénéfices et de cours des actions. L’attrait de gains en surface mène les autorités à plus de déficits et de dévaluations à l’avenir.

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Effondrement militaire ukrainien? Quand l’Occident prend peur!

Le front ukrainien va-t-il s’effondrer? C’est comme un célèbre sketch des “Inconnus”: Politico témoigne de la peur qui s’installe dans le monde occidental. Les experts de plateau télévisé de ces deux dernières années sombrent dans le ridicule. Le problème, c’est la réalité: à force de ne pas écouter les vrais experts, les gouvernements occidentaux ont envoyé à la mort pour rien des centaines de milliers d’Ukrainiens.

C’est un article de Politico dont tout le monde parle depuis sa publication il y a deux jours: le risque est grand que les lignes de ffront ukrainiennes s’effondrent, nous explique sentencieusement le magazine en ligne qui semble désormais jouer le rôle, pour internet, que jouait jadis The Economist pour les médias imprimés.

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Les tourments ininterrompus des Kurdes d'Irak

Il y a trente-six ans, les avions irakiens larguaient des bombes chimiques sur la ville de Halabja, dans le Kurdistan irakien. Ce massacre peut être comparé à celui que l'aviation nazie de la légion Condor avait commis en avril 1937 en ravageant la ville basque de Guernica. Dans un récit, la journaliste Béatrice Dillies revient sur cette tragédie.

En 1988, le conflit qui oppose la république islamique d'Iran et la république d'Irak entre dans sa huitième année. Les deux États sont exsangues. Pourtant, un an plus tôt, dans un ultime sursaut belliciste, Saddam Hussein, considéré comme un rempart contre l'islamisme par l'Occident et l'URSS qui lui fournissent des armes, a confié à son cousin Ali Hassan Al-Majid, dit Ali le chimique, le soin de « régler la question kurde ». Violant le droit international, en particulier la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), Al-Majid va s'employer à noyer sous des pluies d'obus au gaz moutarde les populations des villages kurdes des provinces de Souleimaniyé, d'Erbil et de la vallée de Jafati.

Dans son ouvrage Un génocide oublié. La voix brisée du peuple kurde, la journaliste Béatrice Dillies revient sur cette tragédie à travers une enquête de terrain jalonnée de faits documentés rapportés par des témoins et des combattants peshmergas1, accompagnée d'un appareil critique et de cartes.

Le précédent arménien

Béatrice Dillies raconte comment Al-Majid va autoriser des « munitions spéciales » sur Halabja et Khurmal. Un bassin de population de 55 000 personnes qui, initialement, ne faisait pas partie de ces « zones interdites » où toute forme de vie devait être éradiquée dans le cadre d'une solution définitive de la question kurde actée en juin 1987 par le décret 4008. En quelques heures, l'opération menée ajoute 5 000 morts et 10 000 blessés au bilan de l'opération Anfal. Une action dévastatrice qui a fait au total 182 000 morts en un peu plus de six mois. La visée génocidaire d'un tel massacre ne fait aucun doute, les Irakiens s'inspirant de la façon dont les Jeunes-Turcs du Comité union et progrès (CUP) avaient tenté, en 1915, de faire disparaître la population arménienne de l'ex-empire ottoman.

Bien que le protocole de Genève de 1925 interdise l'usage de ce type d'armes, Ali Hassan al-Majid se vante le 26 mai 1987 devant les responsables du parti Baas : « Je ne les attaquerai pas (les Kurdes) avec des armes chimiques juste un jour, je continuerai de les attaquer pendant quinze jours ». Ni les États-Unis, ni l'Union soviétique, ni la France, ni l'Organisation des Nations unies (ONU) n'ont cru bon d'élever la moindre protestation au printemps 1987 lors des prémices de l'opération Anfal, ni lors de son déploiement à grande échelle l'année suivante. La Cour pénale internationale (CPI) n'a pu se prononcer dès lors qu'elle peut seulement juger les crimes commis après sa création en 2002.

Comme protagoniste principale de son récit, Béatrice Dillies a choisi Snur, Kurde de 25 ans, victime de l'attaque chimique alors qu'elle était bébé, et qui a toutes les peines à articuler correctement à cause de ses cordes vocales abîmées par les gaz. Grâce à un dispositif original, la journaliste nous introduit à l'intérieur du foyer familial de la jeune femme. Un lieu d'échanges sur les causes de son traumatisme, où les mots « fuir », « se cacher » mais aussi « lutter » reviennent comme des leitmotivs avant de nous embarquer dans sa mémoire et celle de ses proches.

Une remémoration faite d'événements douloureux, où la peur, la faim, l'incompréhension et le désespoir s'entremêlent. Des vies marquées à jamais quand, par ce jour d'août 1988 à 22 heures, les premiers MiG-23 de fabrication soviétique sont apparus dans le ciel et ont largué leur cargaison létale, répandant sur les villageois l'odeur de pomme caractéristique des bombes chimiques.

Afin d'inscrire ces crimes de guerre dans le temps, en mêlant habilement dialogues entre survivants et récits de péripéties, l'enquêtrice nous ramène en septembre 1969 à Surya, tout au nord du pays. À l'époque, les militaires irakiens ont assassiné 39 personnes, dont vingt-cinq chrétiens et quatorze musulmans. Les corps ont été prestement enterrés dans des fosses communes, faute de temps, pour donner à chacun une sépulture digne dans la crainte du retour de l'armée. Un épisode parmi d'autres qui prouve, s'il en est besoin, que la vindicte du parti Baas contre les Kurdes revendiquant l'autonomie de leur territoire n'a pas attendu la guerre Irak-Iran pour se manifester.

L'enjeu du pétrole

Autre mise en perspective de l'opération Anfal proposée par Béatrice Dillies, l'évocation des déportations de populations kurdes entre 1969 et 1982, destinées à arabiser leurs terres. En particulier en 1972, au moment où le pouvoir baasiste prend la mesure des richesses pétrolières que recèle le sous-sol du gouvernorat de Kirkouk. Dès lors, toute promesse de régler pacifiquement la question de la place des Kurdes et de leur singularité ethnique et culturelle dans la République est abolie. Eux qui représentaient 64 % de la population de cette région en 1957, ne seront plus que 37 % vingt ans après.

Dans le cadre de son panorama, l'autrice revient aussi sur un autre épisode dramatique qui s'est déroulé en 2014 : la tentative d'ethnocide des Yézidis2, vivant pour la plupart dans les monts Sinjar et considérés comme des apostats par les djihadistes de Daech. Le projet des terroristes n'a échoué que grâce à une intervention conjuguée de membres des YPJ (Unités de protection de la femme, une organisation militaire kurde syrienne composée exclusivement de femmes), du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de peshmergas yézidis. À l'issue de combats acharnés, les membres alliés sont parvenus à sauver des hommes de l'extermination et des femmes de l'esclavage sexuel. En tout, 6417 femmes et enfants avaient été kidnappés lors des premiers jours de l'attaque durant lesquels près de 1 300 Yézidis ont été tués.

Snur a beaucoup appris en écoutant Béatrice Dillies lui raconter l'histoire de son peuple. Dans un Kurdistan irakien autonome traversé de tensions, elle espère malgré tout que sa vie ressemblera à celle de n'importe quelle jeune femme indépendante. Peut-être qu'un jour, en solidarité avec ses soeurs de tous les Kurdistan, elle reprendra elle aussi le slogan kurde « Femme, Vie, Liberté ».

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Béatrice Dillies
Un génocide oublié. La voix brisée du peuple kurde
SPM, collection Kronos
12 juin 2023
300 pages
25€


1Les Peshmergas, littéralement « ceux qui affrontent la mort », sont les combattants des forces armées du Kurdistan irakien.

2Minorité ethnico-religieuse parlant majoritairement le dialecte kurde kurmandji.

Maroc. Les islamistes d'Al-Adl wal-Ihsan mettent la monarchie au pied du mur

Alors que la vie politique est bloquée depuis le tournant autoritaire du régime, la principale formation islamiste du Maroc a publié un « document politique » qui définit une nouvelle stratégie. Connue aussi sous le nom de Jamaa, l'organisation se propose désormais de lutter pour un gouvernement responsable devant le peuple. Un tournant qui inquiète le palais et suscite un vif débat dans le pays.

Le 6 février 2024 à Rabat, Al-Adl wal-Ihsane (Justice et spiritualité1), couramment appelée la Jamaa, rend public son nouveau manifeste ou « document politique ». C'est le choc, surtout dans les rangs de la classe politique pro Makhzen2. La plus puissante organisation islamiste au Maroc et au Maghreb fait connaitre son engagement définitif — longtemps débattu en son sein — en faveur de la démocratie pluraliste et de la modernité politique. Il faudra désormais que la cour et ses obligés trouvent un autre moyen pour continuer à la mettre au banc de la nation et contenir son poids social et politique écrasant, capable de se traduire par un triomphe électoral dévastateur. Une telle victoire obligerait le palais à une cohabitation beaucoup plus malaisée qu'avec le Parti de la justice et du développement (PJD) qui a dirigé le gouvernement entre 2011 et 2021. Car Al-Adl wal-Ihsane (AWI) reste ferme sur l'essentiel : pas d'intégration dans le système sans que le gouvernement soit le détenteur d'un pouvoir exécutif réel, responsable devant un parlement élu directement par le peuple. Autrement dit, Charles III n'aurait plus rien à envier à Mohammed VI.

Une seule source de légitimité, le peuple

Long de 195 pages, le manifeste d'AWI marque un tournant dans le discours politique de l'organisation islamiste. Comme s'y attendaient les observateurs proches, la Jamaa franchit un pas décisif avec une opposition que l'on pourrait qualifier de totale : religieuse, sociale, politique. Le cercle politique (secrétariat général) d'AWI se place dans le cadre d'un réformisme aussi radical qu'antimonarchique. Ce cercle appelé en arabe daïra est sous le contrôle quasi exclusif de la deuxième génération3 qui a reçu une instruction moderne. Profondément marquée par la sanglante guerre civile en Algérie, elle prône la non-violence, une option qui trouve également son origine dans les racines soufies de l'organisation. Les guerres civiles en Libye, en Syrie et au Yémen n'ont fait que confirmer le long cheminement de l'AWI vers un participationnisme conditionné.

Le manifeste rejette le régime du Makhzen autoritaire au sein duquel le roi règne et gouverne sans partage. Il conditionne l'entrée d'AWI dans le jeu politique et électoral à travers l'adoption d'une constitution démocratique plébiscitée par voie démocratique. Autrement dit, une assemblée constituante élue doit rédiger de manière consensuelle un texte constitutionnel afin de le soumettre au peuple, le seul souverain.

La Jamaa voudrait tout de même trouver un modus vivendi implicite avec le trône alaouite, une solution médiane : la monarchie parlementaire. Bien que ce concept n'ait pas été mentionné par l'organisation, il apparaît entre les lignes de son manifeste. Il est aussi présent en filigrane dans les détails de sa feuille de route pour une sortie de crise, qui incarne son projet social. Néanmoins, AWI évite de faire usage de ce terme pour plusieurs raisons. D'une part, le concept de monarchie parlementaire a été galvaudé par la constitution de 2011 qui l'utilise mais le contredit dans d'autres articles de son texte. D'autre part, le retour en force des pratiques autoritaires depuis des années l'a totalement vidé de son sens. L'adoption du concept risquerait d'être interprétée comme une reddition pure et simple par les alliés potentiels de la Jamaa, allant de la gauche marxiste aux islamistes non légitimistes.

D'autres facteurs peuvent encore jouer dans cet évitement sémantique. Il s'agit tout d'abord de ne pas choquer la base des sympathisants, très large dans les grandes villes du Maroc. L'outillage conceptuel sculpté ou adapté par son cheikh-fondateur Abdessalam Yassine (1928-2012) y est parfois manié, avec des expressions comme khalifa (calife), qawma (soulèvement) et al-minhaj al-nabawi (la voie du Prophète). Il faudrait rappeler que Yassine qui a été persécuté et emprisonné plusieurs fois par le régime de Hassan II reste le principal producteur de sens de la Jamaa.

Membre du cercle politique d'AWI, Omar Iharchane insiste sur la fidélité de l'organisation à ses origines. Faisant allusion au manifeste, il explique que le document

traduit une évolution naturelle (…) mais son contenu est tout à fait conforme à la doctrine constitutive de la Jamaa et ne s'en écarte pas. Il ne fait aucune concession à personne, car nous ne sommes pas prêts à en faire et que c'est une question de principe pour nous. Tout ce qui comptev, c'est que le document ait été rédigé de manière claire, en tenant compte des questions institutionnelles qu'il aborde et des personnes à qui il s'adresse4.

Il s'agit donc d'une inflexion, d'une adaptation qui tient compte du contexte politique. Malgré cela, les positions d'AWI envers le régime autoritaire restent, selon Ihachane, sans concessions.

Fonder un parti politique

Le manifeste mentionne, entre autres, deux points importants dans la nouvelle orientation politique. Tout d'abord, la fin du despotisme et l'établissement d'un régime démocratique ne peuvent se réaliser au Maroc que par la voie d'un changement total de paradigme : l'élection de tous les détenteurs du pouvoir politique. Aucune autre source de légitimité, même religieuse ou prétendument divine, ne saurait s'opposer au principe institutionnel de la souveraineté exclusive du peuple-électeur. Il apparaît ici clairement que le commandement des croyants — symbole de la primauté morale du roi justifiant ses pouvoirs extra constitutionnels — est ignoré. Le manifeste n'en fait pas mention.

Le deuxième point évoque quant à lui un mécanisme de bonne gouvernance : la reddition des comptes. Tous les responsables doivent rendre des comptes. Ce mécanisme régi par la loi doit être présent à tous les niveaux de responsabilité. C'est la seule façon de combattre la corruption politique et financière, ainsi que l'économie de rente qui gangrène le système et en est même devenu un pilier.

Al-Adl wal-Ihsan est donc prête à fonder un parti politique. Cependant, pour elle, la balle est dans le camp du palais. Car la Jamaa refuse de passer sous les fourches caudines du Makhzen. On ne négocie pas à huis clos, quitte à rester dans cette situation d'entre-deux : être toléré mais réprimé sans être reconnu ni intégré. Cette fermeté transparaît non seulement dans le manifeste, mais ressort aussi des déclarations des leaders de la daïra, tels Hassan Bennajeh5 et Mohamed Manar Bask6.

Des alliances nouvelles ?

La rencontre durant laquelle AWI a dévoilé son nouveau projet social a également été l'occasion d'un débat avec l'opposition démocratique. C'est sans doute l'évènement politique le plus important au sein de l'opposition depuis les assemblées politiques multi-courants et pluri-idéologiques organisées par le Mouvement du 20 février. Car le manifeste sanctionne l'engagement formel d'AWI en faveur de la démocratie pluraliste et contre tout régime théocratique. Un tel engagement exprimé de façon solennelle va certainement faire tomber le mur de méfiance entre AWI et une bonne partie de l'opposition démocratique, qu'elle soit conservatrice ou progressiste. Les réticences voire les peurs que la Jamaa provoquait dans les rangs de la société civile moderne vont probablement se dissiper. Ainsi, plusieurs coalitions anti-régime comme le Front social (FS)7 succomberont sans doute à son offensive de charme en lui ouvrant des portes auparavant hermétiquement fermées.

Cette inflexion se traduit sur le plan organisationnel interne par une distinction formelle entre le politique et le religieux. Le manifeste affirme :

Afin d'éviter les extrapolations qui pourraient faire tort aussi bien à la daawa (prédication) qu'à la politique, il faudrait insister sur la distinction, tant fonctionnelle que thématique, entre ces deux champs d'action. De même nous insistons, avec une force égale, sur la reconnaissance du lien qui existe bel et bien au niveau des principes et valeurs8.

Cette évolution découle aussi des évènements du dernier quart de siècle que j'énumère par ordre chronologique et non d'importance. Tout d'abord, la disparition du roi Hassan II en 1999 et la libération par Mohamed VI du cheikh-fondateur quelques mois après sa montée sur le trône. Le cheikh lui rend la politesse en traitant publiquement le nouveau roi de « garçon sympathique » et de 'ahel souverain » en arabe). Il lui reconnait également sa légitimité hagiographique officielle (en tant que descendant direct du prophète de l'islam) et sa popularité, toute royale, auprès de la jeunesse de l'époque. Certes, Yassine gardera jusqu'à son décès un discours audacieux d'homme libre vis-à-vis du roi et de la monarchie despotique9. Cependant une sorte de réconciliation armée s'est installée entre AWI et le palais. Le palais met rarement aux arrêts ses dirigeants nationaux les plus en vue, et ces derniers n'appellent plus à la qawma (soulèvement). Il demeure qu'AWI garde sa totale indépendance vis-à-vis du Makhzen et, par conséquent, sa popularité.

Le retour de la répression quelques années après l'accession au pouvoir de Mohamed VI et les attaques suicidaires sanglantes du 16 mai 200310 poussent l'opposition radicale à resserrer les rangs. Il s'agit, d'une part, de faire baisser la tension dangereuse pour la paix civile entre les courants laïque et religieux et, d'autre part, de freiner le glissement du Maroc vers de nouvelles « années de plomb ». Entre 2007 et 2014, le centre Ibn Rochd et des personnalités politiques indépendantes organisent une dizaine de rencontres nationales entre les leaders de la gauche, AWI et d'autres islamistes anti-régime. Ces prises de langues publiques abattent le mur psychologique qui séparait jusque-là islamistes et militants de gauche.

Événement historique sur le plan national et régional, les « printemps arabes » pousseront AWI à entamer la sécularisation — certes prudente — de son action politique. Sa jeunesse qui participe massivement aux manifestations de rue pour la démocratie sous le slogan rassembleur « La lil-fassad ! La lil-istibdad ! » (Non à la corruption ! Non au despotisme !) sympathise avec des militants de gauche et d'autres jeunes libéraux-démocrates, initiateurs des manifestations de 2011. L'exemple tunisien de l'alliance islamo-séculière, dite de la Troïka11 fait le reste. Le rapprochement ravivé plus récemment par l'action populaire unitaire contre la normalisation entre le Maroc et Israël en 2020 décide finalement AWI à faire ce saut « à la Ennahda » et à devenir un parti islamo-démocrate.

Réactions à gauche et à droite

La véritable lune de miel entre Tel-Aviv et Rabat, qui se traduit notamment par l'étroite collaboration entre les deux services de sécurité et les multiples accords militaires entre les deux capitales, jouent en faveur du rapprochement de toutes les composantes de l'opposition. Ainsi, les vétérans du puissant mouvement propalestinien (présents en général dans les associations de lutte pour les droits humains ou nationalistes arabes) optent définitivement pour une collaboration avec AWI. Le président de la populaire Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) Aziz Ghali affirme recevoir très positivement le manifeste du 6 février. Il n'hésite pas à manifester aux côtés des leaders d'AWI pour la Palestine.

Ledit manifeste a d'ailleurs sévèrement condamné la collaboration sécuritaire entre le Maroc et Israël, la considérant comme « une menace pour la sécurité nationale du Maroc, et un grave danger pour sa stabilité et la stabilité de la région12 ». Le régime ne lui pardonnera pas ce clin d'œil aux pays voisins qui n'ont pas succombé aux sirènes de Tel-Aviv et continuent de soutenir le combat des Palestiniens.

L'initiative du 6 février met mal à l'aise à la fois l'opposition légitimiste qui est ainsi mise à nu, et les défenseurs du « grand soir » révolutionnaire qui craignent une intégration pure et simple d'AWI dans le système. En revanche, la société civile de gauche accueille favorablement l'initiative de l'organisation politico-soufie. Ainsi le militant démocrate Fouad Abdelmoumni déclare :

Les engagements et clarifications apportées par le manifeste politique d'AWI sont un pas significatif sur le chemin de la sortie de l'autoritarisme. Cela permet d'envisager l'élaboration d'un consensus démocratique national garantissant l'éligibilité périodique et la sanction par les urnes de tout détenteur de l'autorité de l'État. La référence à la religion (…) demeure sujette à clarification et à évolutions historiques. Mais aucune autorité d'inspiration religieuse n'est appelée à régenter le pays en dehors du cadre démocratique.

En revanche, certains intellectuels musulmans ont peur que l'organisation politico-soufie s'éloigne trop du puritanisme de ses origines, et que son initiative entame un glissement qui ne s'arrêtera qu'avec la « digestion » de la Jamaa par l'hydre-Makhzen. Le chercheur Alaeddine Benhadi explique : « Le régime se trouve dans l'impasse, et la Jamaa se propose (…) comme son sauveur. Elle rencontrera le même destin que le PJD islamiste, c'est-à-dire l'affaiblissement puis l'assimilation au sein du régime. (…) Il s'agit d'un faux-pas mortel ».

Les dirigeants d'AWI ont répondu d'avance à cette crainte en affirmant que le plus important est que le peuple soit souverain, et seul souverain. Si par malheur « le peuple vote librement pour une constitution qui donne le pouvoir à une personne [entendre le roi], ce n'est pas un problème. Cela voudrait dire que nous avons mal travaillé. Et que nous nous devrons de continuer encore plus fort notre lutte pacifique pour le changement démocratique », insiste Omar Iharchane. Gêné, le régime lui reste muet.


1On peut parfois trouver le nom Justice et bienfaisance, mais le nom officiel utilisé par la Jamaa elle-même est Justice et spiritualité.

2Makhzen est un concept politique historique au Maroc qui désigne l'État traditionnel qui ne connait pas de séparation des pouvoirs.

3Du fait de son nombre, la deuxième génération contrôle l'ensemble de l'appareil. Toutefois, le noyau fondateur du mouvement qui donnera naissance à l'organisation actuelle ne se trouve pas dans le département politique mais dans son conseil supérieur, plus connu sous le vocable arabe Majlis al-choura.

4Toutes les déclarations non référencées ont été faites à l'auteur de cet article.

7Le Front social est un collectif d'associations, de syndicats et de personnalités de gauche qui lutte pour les droits sociaux, contre la vie chère et la répression.

8Al-Wathiqa Al-Siyassiya (Document politique), édition AWI, 2023, p.17.

9Recevant chez lui les dirigeants de la Jamaa, Yassine qualifie en 2011, en plein printemps arabe, la monarchie de « pouvoir personnel pharaonique et par conséquent faible ». Il se déclare favorable à la démocratie, « système puissant » car « il ne dépend pas d'une seule personne », affirme-t-il.

10Une série d'attentats à Casablanca tue une trentaine de personnes.

11Coalition regroupant deux partis non islamistes et Ennahda, qui a dirigé le pays entre 2011 et 2013.

12Al-Wathiqa Al-Siyassiya, op.cit., p. 73.

Maroc. Les islamistes d'Al-Adl wal-Ihsan mettent la monarchie au pied du mur

Alors que la vie politique est bloquée depuis le tournant autoritaire du régime, la principale formation islamiste du Maroc a publié un « document politique » qui définit une nouvelle stratégie. Connue aussi sous le nom de Jamaa, l'organisation se propose désormais de lutter pour un gouvernement responsable devant le peuple. Un tournant qui inquiète le palais et suscite un vif débat dans le pays.

Le 6 février 2024 à Rabat, Al-Adl wal-Ihsane (Justice et spiritualité1), couramment appelée la Jamaa, rend public son nouveau manifeste ou « document politique ». C'est le choc, surtout dans les rangs de la classe politique pro Makhzen2. La plus puissante organisation islamiste au Maroc et au Maghreb fait connaitre son engagement définitif — longtemps débattu en son sein — en faveur de la démocratie pluraliste et de la modernité politique. Il faudra désormais que la cour et ses obligés trouvent un autre moyen pour continuer à la mettre au banc de la nation et contenir son poids social et politique écrasant, capable de se traduire par un triomphe électoral dévastateur. Une telle victoire obligerait le palais à une cohabitation beaucoup plus malaisée qu'avec le Parti de la justice et du développement (PJD) qui a dirigé le gouvernement entre 2011 et 2021. Car Al-Adl wal-Ihsane (AWI) reste ferme sur l'essentiel : pas d'intégration dans le système sans que le gouvernement soit le détenteur d'un pouvoir exécutif réel, responsable devant un parlement élu directement par le peuple. Autrement dit, Charles III n'aurait plus rien à envier à Mohammed VI.

Une seule source de légitimité, le peuple

Long de 195 pages, le manifeste d'AWI marque un tournant dans le discours politique de l'organisation islamiste. Comme s'y attendaient les observateurs proches, la Jamaa franchit un pas décisif avec une opposition que l'on pourrait qualifier de totale : religieuse, sociale, politique. Le cercle politique (secrétariat général) d'AWI se place dans le cadre d'un réformisme aussi radical qu'antimonarchique. Ce cercle appelé en arabe daïra est sous le contrôle quasi exclusif de la deuxième génération3 qui a reçu une instruction moderne. Profondément marquée par la sanglante guerre civile en Algérie, elle prône la non-violence, une option qui trouve également son origine dans les racines soufies de l'organisation. Les guerres civiles en Libye, en Syrie et au Yémen n'ont fait que confirmer le long cheminement de l'AWI vers un participationnisme conditionné.

Le manifeste rejette le régime du Makhzen autoritaire au sein duquel le roi règne et gouverne sans partage. Il conditionne l'entrée d'AWI dans le jeu politique et électoral à travers l'adoption d'une constitution démocratique plébiscitée par voie démocratique. Autrement dit, une assemblée constituante élue doit rédiger de manière consensuelle un texte constitutionnel afin de le soumettre au peuple, le seul souverain.

La Jamaa voudrait tout de même trouver un modus vivendi implicite avec le trône alaouite, une solution médiane : la monarchie parlementaire. Bien que ce concept n'ait pas été mentionné par l'organisation, il apparaît entre les lignes de son manifeste. Il est aussi présent en filigrane dans les détails de sa feuille de route pour une sortie de crise, qui incarne son projet social. Néanmoins, AWI évite de faire usage de ce terme pour plusieurs raisons. D'une part, le concept de monarchie parlementaire a été galvaudé par la constitution de 2011 qui l'utilise mais le contredit dans d'autres articles de son texte. D'autre part, le retour en force des pratiques autoritaires depuis des années l'a totalement vidé de son sens. L'adoption du concept risquerait d'être interprétée comme une reddition pure et simple par les alliés potentiels de la Jamaa, allant de la gauche marxiste aux islamistes non légitimistes.

D'autres facteurs peuvent encore jouer dans cet évitement sémantique. Il s'agit tout d'abord de ne pas choquer la base des sympathisants, très large dans les grandes villes du Maroc. L'outillage conceptuel sculpté ou adapté par son cheikh-fondateur Abdessalam Yassine (1928-2012) y est parfois manié, avec des expressions comme khalifa (calife), qawma (soulèvement) et al-minhaj al-nabawi (la voie du Prophète). Il faudrait rappeler que Yassine qui a été persécuté et emprisonné plusieurs fois par le régime de Hassan II reste le principal producteur de sens de la Jamaa.

Membre du cercle politique d'AWI, Omar Iharchane insiste sur la fidélité de l'organisation à ses origines. Faisant allusion au manifeste, il explique que le document

traduit une évolution naturelle (…) mais son contenu est tout à fait conforme à la doctrine constitutive de la Jamaa et ne s'en écarte pas. Il ne fait aucune concession à personne, car nous ne sommes pas prêts à en faire et que c'est une question de principe pour nous. Tout ce qui comptev, c'est que le document ait été rédigé de manière claire, en tenant compte des questions institutionnelles qu'il aborde et des personnes à qui il s'adresse4.

Il s'agit donc d'une inflexion, d'une adaptation qui tient compte du contexte politique. Malgré cela, les positions d'AWI envers le régime autoritaire restent, selon Ihachane, sans concessions.

Fonder un parti politique

Le manifeste mentionne, entre autres, deux points importants dans la nouvelle orientation politique. Tout d'abord, la fin du despotisme et l'établissement d'un régime démocratique ne peuvent se réaliser au Maroc que par la voie d'un changement total de paradigme : l'élection de tous les détenteurs du pouvoir politique. Aucune autre source de légitimité, même religieuse ou prétendument divine, ne saurait s'opposer au principe institutionnel de la souveraineté exclusive du peuple-électeur. Il apparaît ici clairement que le commandement des croyants — symbole de la primauté morale du roi justifiant ses pouvoirs extra constitutionnels — est ignoré. Le manifeste n'en fait pas mention.

Le deuxième point évoque quant à lui un mécanisme de bonne gouvernance : la reddition des comptes. Tous les responsables doivent rendre des comptes. Ce mécanisme régi par la loi doit être présent à tous les niveaux de responsabilité. C'est la seule façon de combattre la corruption politique et financière, ainsi que l'économie de rente qui gangrène le système et en est même devenu un pilier.

Al-Adl wal-Ihsan est donc prête à fonder un parti politique. Cependant, pour elle, la balle est dans le camp du palais. Car la Jamaa refuse de passer sous les fourches caudines du Makhzen. On ne négocie pas à huis clos, quitte à rester dans cette situation d'entre-deux : être toléré mais réprimé sans être reconnu ni intégré. Cette fermeté transparaît non seulement dans le manifeste, mais ressort aussi des déclarations des leaders de la daïra, tels Hassan Bennajeh5 et Mohamed Manar Bask6.

Des alliances nouvelles ?

La rencontre durant laquelle AWI a dévoilé son nouveau projet social a également été l'occasion d'un débat avec l'opposition démocratique. C'est sans doute l'évènement politique le plus important au sein de l'opposition depuis les assemblées politiques multi-courants et pluri-idéologiques organisées par le Mouvement du 20 février. Car le manifeste sanctionne l'engagement formel d'AWI en faveur de la démocratie pluraliste et contre tout régime théocratique. Un tel engagement exprimé de façon solennelle va certainement faire tomber le mur de méfiance entre AWI et une bonne partie de l'opposition démocratique, qu'elle soit conservatrice ou progressiste. Les réticences voire les peurs que la Jamaa provoquait dans les rangs de la société civile moderne vont probablement se dissiper. Ainsi, plusieurs coalitions anti-régime comme le Front social (FS)7 succomberont sans doute à son offensive de charme en lui ouvrant des portes auparavant hermétiquement fermées.

Cette inflexion se traduit sur le plan organisationnel interne par une distinction formelle entre le politique et le religieux. Le manifeste affirme :

Afin d'éviter les extrapolations qui pourraient faire tort aussi bien à la daawa (prédication) qu'à la politique, il faudrait insister sur la distinction, tant fonctionnelle que thématique, entre ces deux champs d'action. De même nous insistons, avec une force égale, sur la reconnaissance du lien qui existe bel et bien au niveau des principes et valeurs8.

Cette évolution découle aussi des évènements du dernier quart de siècle que j'énumère par ordre chronologique et non d'importance. Tout d'abord, la disparition du roi Hassan II en 1999 et la libération par Mohamed VI du cheikh-fondateur quelques mois après sa montée sur le trône. Le cheikh lui rend la politesse en traitant publiquement le nouveau roi de « garçon sympathique » et de 'ahel souverain » en arabe). Il lui reconnait également sa légitimité hagiographique officielle (en tant que descendant direct du prophète de l'islam) et sa popularité, toute royale, auprès de la jeunesse de l'époque. Certes, Yassine gardera jusqu'à son décès un discours audacieux d'homme libre vis-à-vis du roi et de la monarchie despotique9. Cependant une sorte de réconciliation armée s'est installée entre AWI et le palais. Le palais met rarement aux arrêts ses dirigeants nationaux les plus en vue, et ces derniers n'appellent plus à la qawma (soulèvement). Il demeure qu'AWI garde sa totale indépendance vis-à-vis du Makhzen et, par conséquent, sa popularité.

Le retour de la répression quelques années après l'accession au pouvoir de Mohamed VI et les attaques suicidaires sanglantes du 16 mai 200310 poussent l'opposition radicale à resserrer les rangs. Il s'agit, d'une part, de faire baisser la tension dangereuse pour la paix civile entre les courants laïque et religieux et, d'autre part, de freiner le glissement du Maroc vers de nouvelles « années de plomb ». Entre 2007 et 2014, le centre Ibn Rochd et des personnalités politiques indépendantes organisent une dizaine de rencontres nationales entre les leaders de la gauche, AWI et d'autres islamistes anti-régime. Ces prises de langues publiques abattent le mur psychologique qui séparait jusque-là islamistes et militants de gauche.

Événement historique sur le plan national et régional, les « printemps arabes » pousseront AWI à entamer la sécularisation — certes prudente — de son action politique. Sa jeunesse qui participe massivement aux manifestations de rue pour la démocratie sous le slogan rassembleur « La lil-fassad ! La lil-istibdad ! » (Non à la corruption ! Non au despotisme !) sympathise avec des militants de gauche et d'autres jeunes libéraux-démocrates, initiateurs des manifestations de 2011. L'exemple tunisien de l'alliance islamo-séculière, dite de la Troïka11 fait le reste. Le rapprochement ravivé plus récemment par l'action populaire unitaire contre la normalisation entre le Maroc et Israël en 2020 décide finalement AWI à faire ce saut « à la Ennahda » et à devenir un parti islamo-démocrate.

Réactions à gauche et à droite

La véritable lune de miel entre Tel-Aviv et Rabat, qui se traduit notamment par l'étroite collaboration entre les deux services de sécurité et les multiples accords militaires entre les deux capitales, jouent en faveur du rapprochement de toutes les composantes de l'opposition. Ainsi, les vétérans du puissant mouvement propalestinien (présents en général dans les associations de lutte pour les droits humains ou nationalistes arabes) optent définitivement pour une collaboration avec AWI. Le président de la populaire Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) Aziz Ghali affirme recevoir très positivement le manifeste du 6 février. Il n'hésite pas à manifester aux côtés des leaders d'AWI pour la Palestine.

Ledit manifeste a d'ailleurs sévèrement condamné la collaboration sécuritaire entre le Maroc et Israël, la considérant comme « une menace pour la sécurité nationale du Maroc, et un grave danger pour sa stabilité et la stabilité de la région12 ». Le régime ne lui pardonnera pas ce clin d'œil aux pays voisins qui n'ont pas succombé aux sirènes de Tel-Aviv et continuent de soutenir le combat des Palestiniens.

L'initiative du 6 février met mal à l'aise à la fois l'opposition légitimiste qui est ainsi mise à nu, et les défenseurs du « grand soir » révolutionnaire qui craignent une intégration pure et simple d'AWI dans le système. En revanche, la société civile de gauche accueille favorablement l'initiative de l'organisation politico-soufie. Ainsi le militant démocrate Fouad Abdelmoumni déclare :

Les engagements et clarifications apportées par le manifeste politique d'AWI sont un pas significatif sur le chemin de la sortie de l'autoritarisme. Cela permet d'envisager l'élaboration d'un consensus démocratique national garantissant l'éligibilité périodique et la sanction par les urnes de tout détenteur de l'autorité de l'État. La référence à la religion (…) demeure sujette à clarification et à évolutions historiques. Mais aucune autorité d'inspiration religieuse n'est appelée à régenter le pays en dehors du cadre démocratique.

En revanche, certains intellectuels musulmans ont peur que l'organisation politico-soufie s'éloigne trop du puritanisme de ses origines, et que son initiative entame un glissement qui ne s'arrêtera qu'avec la « digestion » de la Jamaa par l'hydre-Makhzen. Le chercheur Alaeddine Benhadi explique : « Le régime se trouve dans l'impasse, et la Jamaa se propose (…) comme son sauveur. Elle rencontrera le même destin que le PJD islamiste, c'est-à-dire l'affaiblissement puis l'assimilation au sein du régime. (…) Il s'agit d'un faux-pas mortel ».

Les dirigeants d'AWI ont répondu d'avance à cette crainte en affirmant que le plus important est que le peuple soit souverain, et seul souverain. Si par malheur « le peuple vote librement pour une constitution qui donne le pouvoir à une personne [entendre le roi], ce n'est pas un problème. Cela voudrait dire que nous avons mal travaillé. Et que nous nous devrons de continuer encore plus fort notre lutte pacifique pour le changement démocratique », insiste Omar Iharchane. Gêné, le régime lui reste muet.


1On peut parfois trouver le nom Justice et bienfaisance, mais le nom officiel utilisé par la Jamaa elle-même est Justice et spiritualité.

2Makhzen est un concept politique historique au Maroc qui désigne l'État traditionnel qui ne connait pas de séparation des pouvoirs.

3Du fait de son nombre, la deuxième génération contrôle l'ensemble de l'appareil. Toutefois, le noyau fondateur du mouvement qui donnera naissance à l'organisation actuelle ne se trouve pas dans le département politique mais dans son conseil supérieur, plus connu sous le vocable arabe Majlis al-choura.

4Toutes les déclarations non référencées ont été faites à l'auteur de cet article.

7Le Front social est un collectif d'associations, de syndicats et de personnalités de gauche qui lutte pour les droits sociaux, contre la vie chère et la répression.

8Al-Wathiqa Al-Siyassiya (Document politique), édition AWI, 2023, p.17.

9Recevant chez lui les dirigeants de la Jamaa, Yassine qualifie en 2011, en plein printemps arabe, la monarchie de « pouvoir personnel pharaonique et par conséquent faible ». Il se déclare favorable à la démocratie, « système puissant » car « il ne dépend pas d'une seule personne », affirme-t-il.

10Une série d'attentats à Casablanca tue une trentaine de personnes.

11Coalition regroupant deux partis non islamistes et Ennahda, qui a dirigé le pays entre 2011 et 2013.

12Al-Wathiqa Al-Siyassiya, op.cit., p. 73.

La police militaire russe se déploie le long du Golan

«Un poste de police militaire russe supplémentaire a été déployé dans la région du plateau du Golan dans le cadre de la surveillance de la situation sur la ligne dite 'bravo' (limite orientale de la zone démilitarisée)».

Afrique et développement -- Rorik DUPUIS VALDER

Ceux qui ne perçoivent le monde qu'à travers le prisme du sacro-saint « développement économique », passent sans doute à côté des richesses spirituelles et des réalités humaines de l'Afrique. Ce travail de « dissociation culturelle » – sorte de gymnastique intellectuelle faite d'empathie profonde et de métaphysique – demande, il est vrai, une certaine humilité et un goût de l'effort (ou du sacrifice, c'est selon) particulier, lorsqu'on a été élevé dans les normes de la domination matérielle et les restes d'un (...)

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Y a-t-il un trou dans la raquette de l’OTAN?

Par : STRATPOL

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance politique et militaire internationale composée de 32 États membres d’Europe

L’article Y a-t-il un trou dans la raquette de l’OTAN? est apparu en premier sur STRATPOL.

L’Axe de la Résistance du Sahel

par Pepe Escobar. Le Sahel africain se révolte contre le néocolonialisme occidental en éjectant les troupes et les bases étrangères, en concevant des monnaies alternatives et en défiant les anciennes multinationales.

The Sahel’s ‘Axis of Resistance’

Par : AHH

The Axis of Resistance in the Sahel is a multipolar counterpart of the Axis of Resistance in West Asia. Everyone needs to keep the focus on Resistance across the spectrum. A long and winding road – but we will prevail.

By Pepe Escobar at The Cradle.

The African Sahel is revolting against western neocolonialism – ejecting foreign troops and bases, devising alternative currencies, and challenging the old multinationals. Multipolarity, after all, cannot flower without resistance paving its path.

The emergence of Axes of Resistance in various geographies is an inextricable byproduct of the long and winding process leading us toward a multipolar world. These two things – resistance to the Hegemon and the emergence of multipolarity – are absolutely complementary.

The Axis of Resistance in West Asia – across Arab and Muslim states – now finds as its soul sister the Axis of Resistance spanning the Sahel in Africa, west to east, from Senegal, Mali, Burkina Faso, and Niger to Chad, Sudan, and Eritrea.

African Sahel states

Unlike Niger, where the change in power against neocolonialism was associated with a military coup, in Senegal, the power change comes straight from the polls.

Senegal plunged itself into a new era with the landslide victory of Bassirou Diomaye Faye, 44, in nationwide elections on 24 March. A former tax inspector who had just spent a fortnight stint in jail, Faye emerged with the profile of an underdog pan-African leader to turn the ‘most stable democracy in Africa,’ under French puppet incumbent Macky Sall, upside down.

The incoming Senegalese president now joins Ibrahim Traore, 36, in Burkina Faso, Aby Ahmed, 46, in Ethiopia, Andry Rajoelina, 48, in Madagascar, as well as future superstar Julius Malema, 44, in South Africa as part of the new, young pan-African generation focused on sovereignty. In his election manifesto, Faye pledged to reclaim Senegal’s sovereignty no less than eighteen times.

Geoeconomics is key to these shifts. As Senegal becomes a substantial oil and gas producer, Faye will aim to renegotiate mining and energy contracts, including the largest ones with British Petroleum (BP) and UK gold mine operator, Endeavor Mining.

Crucially, he plans to ditch the exploitative CFA franc – the French-controlled currency system used in 14 African states – even setting up a new currency as part of reshaping relations with neocolonial power France, Senegal’s top trading partner. Faye, echoing Comrade Xi Jinping, wants a “win-win” partnership.

(L): Niger’s military ruler General Abdourahamane Tchiani with Malian counterpart Colonel Assimi Goita, Bamako, Mali; (R): Niger’s Tchiani with Burkinabè counterpart Captain Ibrahim Traoré, Ouagadougou, Burkina Faso; November 23-24, 2023.

Enter the Alliance of the Sahel States

Faye has not yet been clear on whether he intends to kick the French military out of Senegal. Were that to happen, the blow to Paris would be unprecedented, as embattled Petit Roi Emmanuel Macron and the French establishment consider Senegal the key player when it comes to blockading landlocked Niger, Mali, and Burkina Faso, which have already left Paris in the (Sahel) dust.

The three latter states, which have just formed an Alliance of the Sahel States (Alliance des Etats du Sahel, AES, in the original French), are not only a major Paris nightmare after serial humiliations but also a big American headache – epitomized in the spectacular breakdown of military cooperation between Washington and Nigerien capital Niamey.

The culprit, according to the US Deep State, is, of course, Russian President Vladimir Putin.

Obviously, no one in the US Beltway has been paying due attention to the Russia–Africa diplomatic flurry since last year, involving all key players from the Sahel to the new African BRICS members Egypt and Ethiopia.

In sharp contrast to its prior regard of Niger as a staunch ally in the Sahel, Washington is now forced to present a calendar date to get its troops out of Niger – after a military cooperation deal was annulled. The Pentagon cannot be involved in military training in Nigerien territory anymore.

There are two key bases – in Agadez and Niamey – which the Pentagon spent over $150 million to build. Niamey was finished only in 2019 and is managed by the US military’s African Command, AFRICOM.

Operational objectives are, predictably, shrouded in mystery. The Niamey base is essentially an intel center, processing data collected by MQ-9 Reaper drones. The US Air Force also uses the Dirkou Aerodrome as a base for operations in the Sahel.

Now things get really exciting, because the presence of a de facto CIA drone base in Dirkou, manned by a handful of operatives, is not even acknowledged. This dark base allows intel collection everywhere in Central Africa, from west to north. Call it another classic example of former CIA director Mike Pompeo’s “We Lie, We Cheat, We Steal.”

There are roughly 1,000 US troops in Niger who may soon face ejection. The Americans are trying everything to stem the bleeding. Only this month, US Undersecretary of State for Africa Molly Phee visited Niger twice. Losing bases in Niger will translate into Washington following Paris in losing control of the Sahel – as Niger gets closer to Russia and Iran.

These bases are not essential to exercise surveillance over the Bab al-Mandeb; it’s all about the Sahel, with drones operating on their limit and violating every sovereign air space in sight.

Incidentally, a hefty delegation from Niamey visited Moscow in January. Then, last week, Putin discussed security cooperation in phone calls with Mali’s interim President, Assimi Goita, and Niger’s military junta President Abdourahmane Tchiani before talking to the Republic of Congo’s President Denis Nguesso.

(L): VVP with Burkinabè interim leader Traoré, St. Petersburg, July 2023; (R): Russian Deputy PM Alexey Overchuk with Nigerien PM Ali Lamine Zein, Moscow, January 2024.

Ivory Coast: The Empire turn-around

Pro-west puppet regimes are dwindling fast all across the African continent. The Alliance of the Sahel States – Mali, Burkina Faso, and Niger – may be the vanguard of an African Axis of Resistance, but there’s more, in the form of South Africa, Ethiopia, and Egypt as full BRICS members – not to mention serious candidates for the next wave of BRICS+, such as Algeria and Nigeria.

Russia, diplomatically, and China, commercially, plus the full weight of the Russia–China strategic partnership, are clearly focused on the long game – counting on Africa as a whole as a key multipolar player. Additional evidence was provided once again during the multipolar conference last month in Moscow, where charismatic pan-African leader Kemi Seba from Benin was one of the superstars.

Pan-Eurasian diplomatic circles even allow themselves to joke about the recent hissy fits by Le Petit Roi in Paris. The utter humiliation of France in the Sahel is likely one of the drivers of Macron’s chest-thumping threats to send French troops to Ukraine – who would be turned into steak tartare by the Russians in record time – and his eagerness to support Armenia’s current Russophobic stunts.

Historically, the fact remains, that Africans considered the former USSR much more pliable and even supportive when it came to siphoning natural resources; that goodwill has now also been transferred to China.

As a regional integration platform, the Alliance of the Sahel States has everything it takes to become a game-changer. Senegal under Faye may eventually join, but Guinea already offers the geographical capacity to provide the alliance with credible maritime access. That will lead to the progressive extinction of the western-controlled, Nigeria-based ECOWAS.

Yet, never dismiss the Hegemon’s mighty tentacles. The Pentagon master plan does not entail abandoning Africa to a multipolar Russia–China–Iran sphere of influence. Yet no one across the Sahel’s Axis of Resistance buys the US ‘terror threat’ card anymore. There was virtually zero terror in Africa until 2011, when NATO turned Libya into a wasteland, then put boots on the ground and erected military bases across the continent.

So far, the Alliance of the Sahel States is winning the sovereignty-first information war, hands-down. But there’s no question the Empire will strike back. After all, the whole game is tied to the Beltway’s supreme paranoia of Russia taking over the Sahel and Central Africa.

Enter the Ivory Coast, now that Senegal may be about to start flirting with the Alliance of the Sahel States.

Ivory Coast is more strategic to Washington than, for instance, Chad because Ivorian territory is very close to the Sahel alliance. Still, Chad has already recalibrated its foreign policy, which is no longer Western-controlled and comes with a new emphasis on getting closer to Moscow.

What lies ahead for Empire? Perhaps US ‘anti-terror’ drones shared with Paris at the French base in the Ivory Coast to keep the Sahel alliance in check. Call it the humiliated Gallic rooster embracing the Hegemon in West Africa without receiving even the crumbs of a stale croissant.

Woke: Chinese Communist Attack on America

By Neenah Payne Klaus Schwab, founder of the World Economic Forum, is proposing The Great Reset to replace shareholder capitalism with “stakeholder capitalism” – a...

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Dubai Deploys AI Robot Police for Scofflaw Cyclists

Activist Post Editor’s Note: This should make it clear that AI robot police will not be used only for the most serious crimes, as governments...

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Concern Over Food & Water Supply Grows Among Europeans

By Tyler Durden Spain’s northeast Catalonia region is currently suffering its worst drought on record. And, as Statista’s Anna Fleck reports, it’s not just Spain afflicted...

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La Russie exerce son droit de veto sur la résolution de l’ONU visant à prolonger le contrôle des sanctions contre la RPDC

Par : Verso
par Katabella Roberts. Par 13 voix contre 1, avec le vote négatif de la Russie, le projet a été rejeté et le groupe d’experts cessera ses activités à l’expiration de son mandat actuel, à la fin du mois d’avril.

Le projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar : un défi pour l'Afrique du Nord -- Mustapha STAMBOULI

Le projet de tunnel ferroviaire sous-marin de 38 km dont 28 sous la mer entre le Maroc et l'Espagne est remis sur les rails depuis que les relations entre Madrid et Rabat se sont réchauffées. Ce projet offre des avantages économiques, sociaux et de stabilité régionale importants, mais fait face à des défis techniques, environnementaux et politiques. Les tensions entre le Maroc et l'Algérie pourraient limiter l'accès au tunnel, excluant la Tunisie des bénéfices potentiels. La Tunisie doit agir (...)

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ESG Frustration And Backlash In The Banking Sector Continues

By Tyler Durden “Facts that don’t align with ill-informed prejudice are often infuriating. That doesn’t make them wrong. Someone needs to tell the truth about...

ESG Frustration And Backlash In The Banking Sector Continues

La Passion du Christ, un sacrifice rituel ?

À l’occasion de la fête de Pâques, dans ce numéro spécial d’Urbi et Orbi, Edouard Husson évoque la Semaine Sainte, mais précise la notion de sacrifice, dans la lignée de la pensée développée par René Girard. La force du christianisme est d’avoir proclamé que la victime du sacrifice collectif est innocente, et que le sacrifice du bouc-émissaire repose donc sur une imposture. La mort du Christ renvoie chacun à sa propre responsabilité dans ses fautes.

En ce vendredi saint, et à la veille du week-end pascal, Edouard Husson reprend la signification des symboles religieux liés à ce moment très particulier de l’année.

Le vendredi saint est une journée essentielle pour comprendre la résurrection du Christ, qui fonde la doctrine de la Foi dans l’église catholique.

Reste que cette résurrection ressemble, par bien des aspects, au mythe du sacrifice tel qu’il fut analysé et discuté par René Girard, notamment autour de la violence et du sacré, et autour du bouc-émissaire. En quoi Jésus est-il le dernier bouc-émissaire de l’histoire ? En quoi guérit-il le monde de la superstition qui entoure le bouc-émissaire et le réflexe du sacrifice dans les sociétés en crise ?

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28.03.24 Speech of the Ansar Allah Leader

Par : AHH

A continuation with this week’s speech of the Yemeni leader on the state of the war against Zio-USUK, Gaza, and the wider region. He gives his speech on Thursdays, the day before their now-regular million man marches in most cities of Yemen on each Friday.

This week’s edition reviews exploits against Zio-USUK on the seas and Eilat; mocks the futile Drang of USUK against Yemen — informing them the Age of Plunder and gunboat diplomacy has ended; the abject situation of the losing zionists, now resorting to Volkssturm like their cousins the UkroNazis; the pitiful and heartless arab compradore hypocrites who built their glass palaces on sand; and the severely deteriorated plight of the poor starving Palestinians.

He enjoins patience on his people. The correlation of forces are in the firm favor of the Resistance. The war is attritional and going according to the consensual plan of the many fronts, as drawn by General Soleimani. The western enemy is starved economically, morally, geopolitically, and its all-essential naval force projection rendered null. As irreversible demilitarization takes full hold, the land war component will swing into action, completing the deZioNazification of the Arabian Peninsula. In the meanwhile, the Zio-USUK frog boils.

💠@Resistance News Network:
🇾🇪 Ansarallah Commander, Sayyed Abdulmalik Badr El-Din Al-Houthi, in his speech, March 28th, 2024

To the criminal zionists:
🔸Your crimes will inevitably take you more swiftly to the inevitable demise that Allah has promised you in His books.
🔸You are occupiers, and the blood is a curse upon you that will sweep you from the land of Palestine. Your injustice will not be forgotten by generations and will be etched in their consciousness.
🔸Revenge for those oppressed and animosity towards you runs like blood through the veins of all the free.

To the Americans:
🔸The era of control, colonization, subjugating nations, and enslaving them through genocide and intimidation to enforce surrender has passed and ended.
🔸Go back a bit in history to remember what happened to you in Vietnam, Iraq, and other countries.
🔸In this battle, you are in a bigger predicament, and your loss is massive as you sacrifice the interests of your people to serve the zionists.
🔸You are facing damages that you will not be able to compensate for generations, and if you persist, the consequences will be worse, bigger, and more dangerous.
🔸You will inherit from Britain the disappointment and defeat, and the British patronage is one of disappointments, defeats, and failure.
🔸Your protégé “israel” that you planted in our region is indeed facing a historic scandal.

The tragedy in Gaza grows
🔸crimes become increasingly brutal every day, with the criminal zionist killer becoming more determined, overbearing, and savage. The audacity and insistence of the American partner to support and protect zionist criminality increases.
🔸What is happening in Gaza is a disgrace to all humanity and a warning to everyone about the zionist danger and the savage American colonial inclination.
🔸Over the course of half a year, the enemy “israeli” army has been incapable of achieving a military victory in the narrowest geographic area in the history of wars.
🔸The enemy’s army engaged in a fierce battle for 5 hours with the participation of helicopters and drones against one of the Palestinian heroes in Ramallah. A single fighter humiliated the enemy’s soldiers and settlers for nearly half a day on his own.
🔸Kuwait Roundabout has become a scene for zionist starvation crimes every week.
🔸Behind the air drop operations is an American plan coordinated with the “israeli” on the ground to kill the locals in the areas of aid drops.
🔸The “israeli” enemy leaves the displaced with choices of death by starvation, epidemics, or murder.
🔸The “israeli” enemy announces a safe area, then when people gather there, it targets them as happened this week in the Al-Mawasi camp.
🔸For the second consecutive week, the “israeli” enemy continues its invasion and siege of the al-Shifa medical complex, creating a tragedy for patients, medical staff, and displaced people.
🔸The “israeli” enemy has made hospitals primary targets for its criminal and savage offensive operations.

The “israeli” enemy has failed and was disappointed
🔸in creating a rift between the clans and the fighters due to the steadfastness of the tribes in their supportive stance towards the resistance.
🔸The “israeli” enemy’s ongoing failure is also a failure for the American, complicit in the crime of genocide and mass destruction in Gaza.
🔸Fighters in all fronts of battle are inflicting losses on the enemy and its machinery.
🔸After the enemy’s celebration of the depletion of the fighters’ rocket stockpile, rockets were launched from areas that the enemy had declared under its control towards Asdod.
🔸The [IOF] recruitment crisis continues, evidencing the “israeli” enemy’s significant failure.
🔸Evidence of the enemy’s failure and defeat is the ongoing reverse migration from Palestine and the escape of zionist Jews from there.
🔸The enemy’s economic losses are continuously rising, with Hezbollah’s operations having a significant impact on the enemy’s factories in the north of occupied Palestine.
🔸Hezbollah continues in its direct front impacting the “israeli” enemy, inflicting daily losses on the “israeli” enemy.

Our front in Yemen, in the battle of Promised Conquest and Sacred Jihad, by the grace of Allah and His success, is an active, ongoing, and effective front.
🔸This week, 10 operations were carried out using 37 ballistic and cruise missiles and drones.
🔸This week, 9 ships were targeted, bringing the total number of ships associated with the “israeli” enemy, America, and Britain targeted to 86.
🔸The enemy’s movement at sea has become rare, and they try to camouflage to the utmost extent, attempting to mislead through media and information. The movement of the enemy’s ships is akin to a smuggling operation, yet they fail, and effective strikes are executed.
🔸A missile strike operation with cruise missiles was carried out towards Um Al-Rashrash [“Eilat”] to target objectives belonging to the “israeli” enemy.
🔸By the grace of Allah, the impact of military operations at sea and also towards Palestine and the enemy’s inability to stop them is a clear matter acknowledged by the enemy.
🔸It is a great blessing that Allah grants success in impactful actions against the enemy, starting from its economic situation, which it relies on in its military aggression.

The only solution is to stop the aggression, crimes, and siege on the Gaza Strip.
🔸According to a U.S. officer, the U.S. Navy has not reached this level of humiliation since the 19th century
🔸American stubbornness in supporting zionist criminality and aggression against our country has truly placed it in a dilemma.
🔸The Americans and British have entangled themselves in the problem with “israel” , despite the rise in prices of goods, shipping, and insurance.
🔸The Americans and British have reached this predicament and failure while still in military confrontation with our armed forces.
🔸The Americans and British should imagine their situation if they were to get involved in any ground attack against hundreds of thousands of heroes supported by millions.

The British are in a very bad situation.
🔸demeaning themselves as a pitiful follower of the Americans and the hand of zionism that guides them.
🔸British Navy leaders acknowledge facing missiles launched from Yemen traveling at speeds more than three times the speed of sound.
🔸A commander of a British destroyer states that Yemenis are currently using more advanced and lethal weapons in the Red Sea and the Gulf of Aden.
🔸British Navy leaders said that one of the destroyers faced a deadly attack by a large number of drones.
🔸British Navy leaders describe the pace of operations in the Red Sea as challenging and its concentrations as exhausting.

The American is proceeding with the aggressions against our country
🔸its attacks this week reaching 13 air raids and naval bombardments.
🔸Like previous ones, this week’s enemy attacks were unsuccessful and could not undermine the capabilities of our armed forces or impact our decision to support the Palestinian people.
🔸The aggression against our country will only contribute, unintentionally from the enemies, to the development of military capabilities.
🔸The enemy also continues to incite mercenaries and the coalition, seeking to involve them, and continues to distort the honorable stance of our people.

“Israeli” committees using Arab dialects participate in social media campaigns against our people’s stance.
🔸The media campaigns distort the Palestinian position itself and any supporting stance.
🔸The enemy continues to pressure the humanitarian file to deprive the Yemeni people of the aid that comes through the United Nations.
🔸Our people continue unaffected by any of the hostile actions from the Americans, British, and their agents.
🔸The million-man march turnout last Friday was a great, large, and honorable mobilization with 154 major marches in governorates and directorates.
🔸There is no equivalent to our people’s widespread movement in any Islamic country, although demonstrations take place in some countries.

Some countries are aligning with the “israeli” enemy on the media level and through various normalization activities.
🔸Our people’s participation stems from their faith and sense of responsibility, feeling deeply of the unparalleled suffering of the Palestinian people.
🔸Given the magnitude of the Palestinian people’s tragedy, our responsibility indeed grows to take serious action for jihad and to mobilize in all fields.
🔸If we do not stand with the Palestinian people in their enormity of oppression, then when will we act?
🔸If we do not carry the banner of jihad for the sake of Allah against the tyranny and criminality of the zionist “israelis”, Americans, and British, then against whom and when will we wage jihad?
🔸It is extremely dangerous for a person not to stand in any position in countries where greater stances are possible.

It is a great blessing for us in our country that we have conditions conducive to a comprehensive stance.
🔸We were not able to mobilize hundreds of thousands of fighters to participate directly in the Gaza Strip against the enemy due to geographical landscapes, the countries between us and the enemy not agreeing to open land corridors for our people to cross. [iirc, this is the first instance he calls the Saudis “the enemy” since October 07]
🔸The weekly million-man march turnout is a great, important, and comprehensive act alongside military operations and other activities.
🔸Media activity is an important front in supporting the Palestinian people and countering enemy campaigns.
🔸Our people have achieved a comprehensive stance as a fruit of past sacrifices and their liberating and revolutionary movement at all previous stages.

If a person completely ignores what is happening in Gaza, they become a partner in creating the tragedy
🔸they are an accomplice to the “israeli” enemy.
🔸The Palestinian people have suffered greatly from the betrayal of their Arab and Islamic surroundings, except for a rare few, and from the “israeli” aggression and criminality.
🔸Our people’s battle in support of the Palestinian people is an extension of the battles of their honorable fathers and earliest ancestors.

I call on our dear people to honorably come out tomorrow, on the third Friday of Ramadan, in Sana’a and other governorates.
🔸My hope in you is very great, and with fasting during these blessed days, the reward and closeness to Allah the Almighty are magnified.
🔸You are people of faith and proximity to Allah, people of loyalty, steadfastness, chivalry, integrity, and manhood.

De l’opium pour le peuple ? L’Allemagne interdit le charbon et autorise le cannabis ! par Ulrike Reisner

A Pâques, les choses changent à Berlin : alors que le gouvernement fédéral fait fermer 15 centrales à charbon, la légalisation du cannabis entre en vigueur. On pourrait alors affirmer par dérision que le « changement d’époque » d’Olaf Scholz a définitivement commencé. Il l’avait annoncé lors de sa déclaration gouvernementale en février 2022, au début de la guerre en Ukraine. Mais en réalité, ces deux actions sont une preuve négative de l’échec total de l’élite dirigeante allemande. Celle-ci s’exerce à la politique des symboles sans évaluer le moins du monde les conséquences de ses actes pour l’Etat et la société.


Rappelons tout d’abord les faits : En 2024, le groupe énergétique RWE AG mettra à lui seul hors service des centrales au lignite d’une capacité de 2,5 gigawatts. Début avril, les trois unités de lignite du « bassin rhénan », qui avaient été activées par le gouvernement fédéral dans le cadre de la crise énergétique, seront définitivement fermées. En outre, les deux tranches de charbon de 600 mégawatts de Neurath, dont l’exploitation avait également été prolongée par la loi, seront arrêtées. Le lundi de Pâques dans toute l’Allemagne 15 centrales et unités de production d’électricité au charbon, représentant une puissance installée de 4,4 gigawatts, seront déconnectées du réseau.

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Plucked Peacocks in Françafrique..

Par : AHH

Lost in the thunder of the two incendiary battlegrounds of the Ukraine and the Holy Land, the end of the western Age of Plunder is vividly demonstrated in the West African Sahel. Calm business arrangements are conducted with friendly states, even as the last US garrisons are dismantled, one by one.


💠 @Intel Slava Z:
⭕ 🇷🇺🇫🇷🇸🇳 SENEGAL: how Russia is destroying French neocolonialism

Historical events are brewing in another West African country, Senegal. Getting rid of the country’s neocolonial dependence on its former official metropolis – France.

Over the weekend, presidential elections took place here, in which the opposition candidate Bashiru Jumaye Faye is confidently leading (and may even win them in the first round, which will become known tomorrow), who, as part of his election promises, promised to review oil and gas deals with Western campaigns, including agreements with British Petroleum, Endeavor Mining and Kosmos Energy.

He also advocates a radical revision of relations between Senegal and France. And as part of this, Faye is going to follow neighboring Mali, Niger and Burkina Faso to leave the French currency system (by abandoning the CFA franc). And the French military will have to leave the country. By the way, sensing something was wrong, Paris had already announced a little earlier that it was sharply reducing the military contingent in the country (probably so that it would not be so shameful later). In return, he promises to take a course towards rapprochement with Russia.

Thus, France’s next major foreign policy defeat on the African continent looms on the horizon. Moreover, Senegal was a key player in the issue of the blockade of Niger, Burkina Faso and Mali, which had previously freed themselves from the influence of Paris. And the departure of Senegal from the CFA franc zone puts a final and fat cross on this system (which brought huge profits to France) and on which the entire system of French neocolonialism was essentially built.

And hence all of Macron’s current anti-Russian hysteria. He, like a plucked rooster, understands that he is losing to Russia and therefore becomes hysterical. And Ukraine for him is the last chance to spoil Moscow. But I think he will be disappointed here too.


💠 @Russian MFA:
⭕ 🇷🇺🇳🇪📞 President Vladimir Putin spoke over the phone with President of the National Council for the Safeguard of the Homeland of the Republic of Niger Abdourahamane Tchiani, who expressed solidarity with the Russian people and heartfelt condolences over the numerous victims of the heinous terrorist attack at Crocus City Hall.

In discussing the bilateral agenda, the Leaders expressed determination to step up political dialogue and develop mutually beneficial cooperation in various spheres.

They also exchanged views on the developments in the Sahel-Sahara region with an emphasis on coordination of security and counterterrorism efforts. 

💠 @Sputnik Africa:
⭕ 🇳🇪 US will plan for the “disengagement” of troops from Niger after its military pact with Washington ends, Niger’s interior minister says.

The statement was published on social media after Mohamed Toumba hosted US Ambassador Kathleen FitzGibbon for talks.

A spokesperson for the Nigerien military said in mid-March that the country’s transitional government, which took power in a coup last July, ended the agreement with immediate effect, citing the interests of the Nigerien people.

💠@Africa Intel:
⭕ 🇷🇺🌍 Putin discusses security cooperation with West and Central African leaders.

Russian President Vladimir Putin discussed security and economic cooperation with Mali’s junta leader Assimi Goita by phone on Wednesday, both countries said, a day after Putin held a similar call with the junta leader in neighbouring Niger.

“We discussed bilateral issues, particularly the security and economic areas,” Goita said. “We agreed to cooperate further in the fight against terrorism.” The Kremlin confirmed.

The call appeared to be part of a round of diplomatic exchanges Putin has made with West and Central African leaders since his re-election earlier this month.

The Kremlin said on Wednesday Putin and the leader of the Republic of Congo, Denis Sassou Nguesso, had agreed in a phone call to deepen political, economic and humanitarian ties.

On Tuesday, Putin spoke by phone with Niger’s junta leader, Abdourahamane Tiani and discussed a need to reinforce their security cooperation, according to Nigerien state television.


💠 @Arab_Africa:
⭕ 🇺🇸 The US is worried that Niger will replace its military with Russian mercenaries

This was stated by the Chairman of the House Armed Services Committee, Mike Rogers, at a hearing on the US military posture in the Middle East and Africa.

According to him, the recent expulsion of the US military from Niger may be linked to security talks with Iran and Russia that took place the day before.

“It looks like Niger will soon join Mali, Libya, Sudan, Mozambique and Burkina Faso in welcoming Russian troops and mercenaries into their country,” Rogers suggested. He also noted that China is at the same time seeking to expand its military presence beyond the PLA naval base in Djibouti.

“And they set up bases on the west coast to give the PLA strategic access to the Atlantic. China has already built and currently operates several major trading ports along the west coast of Africa,” the Republican reported.

Finally, Rogers warned that the US could lose the initiative due to inaction on the continent.

“Africa is of vital strategic importance to the United States. We cannot allow China or Russia to become their preferred security or business partner,” the American worries.
#нувыпонимаете
LOL


💠@Sputnik Africa:
⭕ “Atomexpo-2024,” the largest international forum on nuclear energy, was held on March 25-26 in Russia. Here are our publications not to be missed
🔸 Atomexpo-2024 nuclear industry forum breaks attendance record;
🔸 Rosatom signs roadmaps for developing cooperation on nuclear energy with Mali, and Burkina Faso and AlgeriaNOTE: the first two are members of the Sahelian Junta Belt..
🔸 “Russia will be able to better support Burkina Faso towards its energy independence,” a Burkinabe minister reveals details of the roadmap with Rosatom;
🔸 “Gold mined in Mali should be processed in Mali,” Malian minister of mines comments on the gold processing plant project with Russia;
🔸 Cooperation with Russia can help eliminate power shortages in Africa and advance Zimbabwe’s healthcare system, says minister;
🔸 Russia attracted Africans’ interest in nuclear energy because it’s a reliable partner, says a Rosatom official;
🔸 With the help of the agreements with Rosatom, Burundi intends to have a nuclear power plant that will help launch the country into industrial production, says a minister from the African country.

State Farm Insurance Drops 72,000 California Properties

By Tyler Durden State Farm will not renew approximately 72,000 property and commercial apartment policies, of which approximately 30,000 will be for ‘homeowner, rental, rental,...

State Farm Insurance Drops 72,000 California Properties

Sous la dictature des images -- Rorik DUPUIS VALDER

Si quelques voix de professionnels — enseignants et médecins notamment — s'élèvent contre la surexposition des enfants aux écrans, le grand public ne semble pas bien mesurer l'ampleur et le caractère délétère du phénomène.
Troubles de l'attention et du comportement, manque d'autonomie, angoisse, apathie, perte de la dextérité et du goût pour les travaux manuels, la liste des dommages collatéraux s'allonge à mesure que grandissent la permissivité des parents et la faillite d'un système éducatif soumis à (...)

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Yémen. Le socialisme dilué dans le séparatisme sudiste

De la République populaire et démocratique du Yémen, unique État marxiste dans le monde arabe, au mouvement sécessionniste sudiste, la trajectoire du socialisme au Yémen apparaît bien singulière. Le passage au pouvoir jusqu'en 1990 n'a empêché ni le désenchantement ni la relégation. Le parti socialiste s'est depuis trois décennies largement enfermé dans des logiques identitaires, instrumentalisées par les puissances régionales.

La gauche au Yémen, comme ailleurs dans le monde arabe, est un objet devenu fuyant. Elle s'est graduellement vu marginaliser, ne comptant plus vraiment aujourd'hui en tant que force politique de premier plan. Restent la nostalgie, quelques atavismes et parfois des positionnements géopolitiques baroques lui permettant de survivre sans jamais réellement peser.

L'une des spécificités du Yémen est liée à une longue expérience socialiste au pouvoir. Pendant deux décennies, alors que le pays était divisé en deux entités indépendantes héritières des découpages de l'ère coloniale, le Parti socialiste yéménite (PSY), créé en 1978, et ses prédécesseurs issus du soulèvement anticolonial débuté en 1963 contre les Britanniques, ont présidé de façon autoritaire aux destinées du Yémen du Sud. Depuis la capitale Aden, autrefois port de rayonnement international et joyau de l'Empire, les dirigeants socialistes ont exercé de 1967 à 1990 un pouvoir centralisé, fortement idéologisé. Celui-ci était porté par une volonté d'exporter leur révolution, en particulier dans l'Oman voisin et la région du Dhofar, ainsi qu'au Yémen du Nord, à travers le soutien fourni à la guérilla du Front national démocratique à la fin des années 1970. Les socialistes ont œuvré pour transformer la société et l'économie du Yémen du Sud à coup de nationalisations et de purges, et grâce à l'appui des parrains extérieurs est-allemands, soviétiques et chinois. Aden était alors un phare du camp socialiste, lieu de refuge et d'entraînement de militants, parfois armés tels ceux du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) emmené par Georges Habache, ou de l'Allemand Hans-Joachim Klein et du Vénézuélien Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos.

L'État marxiste défait

Mise sous pression par le projet socialiste, la société traditionnelle locale — dans laquelle les tribus et les acteurs religieux sont centraux — a toutefois survécu, en particulier dans les campagnes et dans la région orientale du Hadramaout. Les structures n'ont en réalité guère évolué, faute de ressources, mais aussi en raison de la faiblesse de l'urbanisation et d'une importante population émigrée (en particulier dans les monarchies du Golfe), qui a trouvé hors du Yémen une protection face aux politiques volontaristes socialistes, souvent brutales, et des moyens de préserver ses intérêts financiers.

Malgré sa vulgate progressiste, la République populaire et démocratique du Yémen était elle-même traversée par des tensions inter régionales déguisées en divergences idéologiques. Cela a notamment abouti en janvier 1986 à un épisode d'une violence rare, faisant plusieurs milliers de morts, et dont l'impact est encore fort parmi les élites du Sud. Cette brève guerre civile1 a entraîné l'exil de certains et un fort ressentiment. Une opposition est née de l'époque, entre le groupe dit Al-Zoumra dirigé par Ali Nasser Mohammed (président du Sud de 1980 à 1986) et plus marginalement Abd Rabbo Mansour Hadi (président de 2012 à 2022) qui trouve ses principaux soutiens dans la région d'Abyan d'un côté, et la faction alors victorieuse surnommée Al-Toughma conduite par Ali Salim Al-Bidh dont la base principale se trouve dans le Hadramaout de l'autre. Cette opposition continue de structurer les débats et les inimitiés au sein de la gauche sudiste.

Cet échec du pouvoir marxiste n'a jamais été totalement digéré. Il a fini par reconfigurer la place des socialistes en tant que mouvement d'opposition depuis la fin de la Guerre froide, l'unification des deux Yémen le 22 mai 1990, et la chute de l'État socialiste. Plutôt que d'incarner une alternative politique claire, fondée sur le plan économique par des stratégies différentes de celles proposées par Ali Abdallah Saleh, président du Yémen unifié jusqu'en 2012, le parti socialiste yéménite s'est largement transformé en défenseur d'une identité sudiste qu'il a volontiers cherché à définir comme spécifique, distincte de l'identité nationale et donc opposée à celle dite du Nord. La défense des classes laborieuses s'est largement mue en construction d'une nation sudiste.

Sur la route de l'exil

Au lendemain de l'unité, cette logique, adossée à la volonté des leaders socialistes de sauvegarder leurs prérogatives et leur accès aux ressources de l'État, a grandement structuré l'attitude du Parti socialiste yéménite. Pendant quatre années, l'accord entre le Nord et le Sud a préservé une phase de transition qui offrait des postes de commandement aux socialistes, notamment le rang de vice-président à Ali Salem Al-Beidh, en plus du maintien des forces armées du Sud sous commandement autonome.

Certes, l'unité du Yémen a acté la domination du Nord, entraînant des spoliations et des discriminations au moment de la reprivatisation des terres, cependant les élites socialistes n'ont pas reconnu leur défaite — tout d'abord économique — en maintenant des attentes peu réalistes. L'égalité était de fait impossible, ne serait-ce qu'en raison d'un déséquilibre démographique : l'ex-Yémen du Sud demeure environ trois fois moins peuplé que le Nord. Dans ce contexte, la guerre de 1994, au lendemain de la déclaration de sécession de l'ex-Yémen du Sud en mai 1994, a précipité une nouvelle défaite socialiste, militaire cette fois, poussant Ali Salem Al-Beidh vers un exil définitif à Oman puis en Autriche, et entraînant une marginalisation définitive de la gauche en tant qu'alternative.

Après 1990, la bouée de sauvetage que le leadership socialiste avait alors cru trouver auprès des monarchies du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite qui cherchait en lui un affaiblissement du Yémen, n'a pas suffi. Leur reconnaissance de l'État sudiste nouvellement proclamé en 1994, les promesses d'aide financière par les rois et émirs n'ont pas effacé un processus historique profond, incarné dans une défaite militaire conduisant au sac d'Aden par l'armée du Nord, alliée aux islamistes et aux hommes de tribus revanchards, le 7 juillet 1994. La séquence a néanmoins souligné les compromissions géopolitiques des dirigeants de gauche, loin des discours anti impérialistes qui avaient guidé la création du parti et de l'État socialistes.

Construire l'alternance avec les islamistes

Il demeure évidemment quelques exceptions et le jugement soulignant un égarement de la gauche au Yémen s'avère quelque peu sévère. L'assise du parti socialiste au nord, avant comme après l'unité de 1990, n'est pas nulle. À travers la guérilla du Front national démocratique, le parti a su mobiliser et donner naissance à des cadres qui étaient pour partie autonomes vis-à-vis de l'État sudiste. Le plus brillant est Jarallah Omar Al-Kuhali, originaire de la région d'Ibb et secrétaire général adjoint du PSY. Autour de Taez, troisième ville du pays, le parti socialiste avait également une base non négligeable et a su, après 1994, se réinventer partiellement. De même, en dehors de la structure partisane née au Sud, le Yémen a connu des figures de gauche, comme les poètes Abdallah Al-Baradouni et Abd Al-Aziz Al-Maqalih, ou encore les militantes féministes Amal Bacha et Raoufa Hassan.

Au cours des trois dernières décennies, deux dynamiques au sein du parti socialiste semblent avoir coexisté, sans jamais donner naissance à des scissions formelles, pourtant coutumières au sein des gauches arabes : l'une inscrite dans le cadre large de l'État unifié, l'autre œuvrant pour la sécession. Bien qu'assassiné en décembre 2002 dans des conditions non élucidées alors qu'il assistait au congrès du parti Al-Islah (branche yéménite des Frères musulmans), Jarallah Omar Al-Kuhali a su imposer une option singulière pour le parti socialiste : l'alliance entre oppositions. En 2003 puis en 2006, la présence de candidats uniques à travers la plateforme du Dialogue commun (Al-liqa al-mouchtarak) face au parti au pouvoir d'Ali Abdallah Saleh, a permis au parti socialiste de se maintenir. Il a également pu apporter son concours à un dépassement de la confrontation entre islamistes et gauche qui, partout ailleurs dans le monde arabe, a renforcé les pouvoirs autoritaires. Le journal Al-Thawri et l'Observatoire yéménite des droits humains, liés au PSY, ont été l'incarnation de cette option finalement fructueuse.

C'est en partie grâce à cette logique que le soulèvement révolutionnaire de 2011 a pu atteindre sa masse critique et aboutir, avec un niveau de violence limité, à la chute d'Ali Abdallah Saleh. Cependant, la phase de transition, marquée par la montée des enchères au sein de chaque groupe politique, a aussi montré les limites de l'approche fondée sur le consensus qu'incarnait le Dialogue commun. Le secrétaire général du PSY, Yassin Said Noman, qui était une figure largement respectée, s'est alors retiré de la politique, acceptant le rôle d'ambassadeur à Londres en 2015, un rang qu'il continue d'occuper début 2024.

Le socialisme dilué

La dynamique sudiste au sein du parti socialiste a donc acquis une place prépondérante au moment même où les rebelles houthistes prenaient le contrôle de Sanaa fin 2014 et où la confrontation armée débutait. Depuis 2015 et l'intervention saoudienne pour rétablir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, ancien socialiste honni par ces derniers, le devenir de la gauche n'est clairement pas un enjeu de premier plan. Socialiste ou non, elle n'incarne à aucun niveau une alternative sérieuse. Les quelques socialistes restés à Sanaa se sont alignés sur les positions anti saoudiennes des houthistes, d'autres sont en exil et ont délaissé le label socialiste du fait de sa démonétisation.

C'est ainsi que le PSY s'est pour l'essentiel dilué dans le mouvement sudiste. Il a toutefois été marginalisé dans la mesure où une nouvelle génération a remplacé la figure longtemps tutélaire d'Ali Salem Al-Beidh, exilé depuis 1994 mais qui continuait jusqu'au début de la guerre actuelle à être l'un des leaders du mouvement. Les faits d'arme de combattants salafistes lors des affrontements contre les houthistes en 2015 à Aden ont favorisé une alliance de fait avec une partie des socialistes. Tous deux se sont depuis lors retrouvés dans le Conseil de transition sudiste, fondé en 2017 avec l'appui continu des Émirats arabes unis. Soutenus par l'État capitaliste par excellence et soumis à des leaders religieux, les socialistes ne sont même pas représentés au sein du Conseil présidentiel composé de huit membres qui a succédé à Hadi en avril 2022. Dans l'armée comme au sein des milices, ils ne comptent plus et ne semblent subsister qu'à travers d'anciens cadres, parfois formés dans les anciennes républiques socialistes d'Europe et mus par une nostalgie désespérée. Certes, il reste bien l'étoile rouge du socialisme sur le drapeau derrière lequel se rallient les partisans de la sécession sudiste, néanmoins c'est là un bien maigre héritage si l'on pense aux ambitieux slogans portés par la République populaire et démocratique du Yémen dans les années 1970.


1NDLR.— La guerre civile au Yémen du Sud s'est déroulée du 13 janvier au 24 janvier 1986. Le bilan de ces onze jours de combats est estimé entre 4 000 et 10 000 morts.

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