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À partir d’avant-hierLe blog de Seb Musset

Petite histoire d'une disparition de Twitter

Cela fait deux mois qu'Elon Musk a pris les commandes du (vieux) réseau social Twitter. C’est l’occasion du faire un petit bilan. 

On appréciera d'abord l’excavation par le nouveau patron des pratiques merdeuses de l’ancienne équipe Twitter, gangrenée par le FBI et les démocrates américains pour réduire au silence toute pensée contrevenant à l'ordre progressiste. Pas un mot ou presque dans la presse française

Il faut dire que la vague de frayeur qui s’est emparée des journalistes, des politiques et d’une bonne partie de la gauche, à l’arrivée à la direction de Twitter du milliardaire (que la presse française qualifie systématiquement depuis de « fantasque ») en dit long sur le niveau de conformisme intellectuel qui règne sur ce réseau depuis un moment. Qu’a-t-on lu cet automne ? Appels émouvants au boycott et autres « Allons tous faire la révolution sur Mastodon ! » dictés à l'IA de leurs smartphones dernier cri. 

Ils ont raison les révoltés du réseau. Les choses ont bien changé en 15 ans sur Twitter ...et bien avant l'arrivée d'Elon.

Oeuvrant sur Twitter depuis 2008, je n'ai pas vraiment compris l'intérêt du truc au début. Avant d'y voir un formidable agrégateur de news, et de démocratisation de la transmission de l'information. De 2008 à 2011 ce furent, sur la version française de Twitter tout au moins, de belles années, un peu bordéliques, assez grisantes. On pouvait y interpeller la poignée de politiques ou de journalistes qui s'y aventuraient alors. J'y ai fait de belles rencontres qui se sont transformées dans la vraie vie. Twitter, et internet en général, étaient alors mal vus par les médias classiques qui en faisaient régulièrement le procès

C'était avant que la machine s'emballe et que Twitter (et sa grande soeur l'info continue) donnent le ton à toutes les rédactions. Se peuplant de gens qui l'avait jadis boudé, de 2011 à 2015, puis de messages sponsorisés, le réseau a perdu de son intérêt, devenant une succursale des médias classiques : un truc mou et dominés par les CSP+ urbains.  Je me suis éloigné de Twitter à partir de 2015, n'y revenant que sporadiquement. Sans trop y écrire, j’atteignais alors une modeste réserve de 12000 abonnés, constamment en hausse.

C'est à l'approche de l'élection de 2017 que j'ai pu observer la mise en place de subtils processus  d'invisibilisation sur Twitter. Il y a même eu, à ma petite échelle, un avant et un après campagne Macron. Et précisément, un avant et un après 1er février 2017.  

Ce jour-là, je postais sur mon compte une affiche de campagne pour la secte macroniste "En Marche" réalisée par mes soins, plus vraie que nature. Des centaines de personnes ont réellement cru que c'était l'affiche officielle. Visiblement ça n'a pas plu. 

L'objet du délit : 

À partir de ce tweet, j'ai vu mes abonnés partir par paquet de 10 à 20 à chaque message que je postais. Même pour un "oui" ou un "non". Je constatais à la même époque plusieurs pertes sèches d’abonnés et de nombre de partages sur d’autres comptes visiblement étiquetés dangereux (ce qui recoupe les récentes révélations sur la labelisation des comptes et le "shadow banning" par l'ancienne équipe Twitter). Ces comptes avaient le point commun d'avoir été très actifs, chacun dans leur style, à la précédente campagne présidentielle de 2012. 

De 2017 à 2020, Twitter est devenu un cloaque pour journalistes et politiques. Les premiers se régalant des saillies des seconds. C'est alors le royaume de l’entre-soi de la pensée "progressiste" encore plus lisse et correcte qu’une chronique matinale de France Inter, qu’elle soit supposée économique ou humoristique (ce qui revient au même). J'ai laissé tomber ce réseau.

J'ai renoué avec Twitter en 2020 au moment du confinement, constatant à l’occasion que l’environnement s’y était encore dégradé à travers un angélisme béat et aveugle, appelant à plus d'enfermement, de restrictions et de piqûres obligatoires, J'ai posté des messages sur le sujet, des liens vers mon blog, j'ai reperdu 2000 abonnés sur la période (alors que mes articles, eux, montaient en audience). Je suis d'ailleurs toujours sous ce régime depuis, avec des messages lus par moins de 0,5% de mes abonnés sur Twitter (une cinquantaine, quasi toujours les mêmes, je les salue chaleureusement au passage).

Je me suis à mon tour désabonné massivement de comptes "stars", de médias chambre d'écho du gouvernement ou de gens, des amis parfois, se proclamant de gôôôche, humanistes et anti racistes - qui, à l’image d’un président voulant "emmerder les non-vaccinés", se prononçaient sur Twitter, avec toute la bonne conscience du monde, pour la ségrégation d'une partie des Français. On les reconnait facilement aujourd’hui : sous leurs avatars, le drapeau ukrainien a remplacé les 3 emojis de seringues et, après avoir traité de fachos les Français qui manifestaient contre les mesures liberticides, ils acclament les Chinois qui manifestent pour les mêmes raisons. 

Mon écœurement a été atteint lorsque les journalistes français se sont réjouis de l’exclusion de Donald Trump du réseau en janvier 2021. Quelle courageuse prise de position à dix jours de la fin de son mandat, et quelle ingratitude de nos suce boules locaux ! Trump à lui seul à fait vivre 300 journalistes français avec la seule exégèse de ces coups de gueule quotidien sur le réseau ces six dernières années. 

Je me suis donc réjoui cet automne des soubresauts de l’aristocratie twiterienne, de la planète woke, des fact-checkeurs en carton, des cerbères de la doxa ainsi que de l’ensemble de la noblesse journalistique après le rachat de Twitter par Musk. Ceux qui s’émeuvent aujourd’hui pour la liberté de l’information ou les risques de manipulation idéologiques sont les mêmes qui célébraient la censure du compte d'un président démocratiquement élu, du "shadow ban" de tout commentaire non ouvertement pro-vaccination ou pro-Ukraine sur le réseau de "l’oiseau bleu" de mes couilles. 

Mais l'amusement est de courte durée. Musk se piège au quotidien et peut-il tenir longtemps sans se compromettre face aux forces en place et aux campagnes de dénigrement : presse, annonceurs, politique, états ?  On aimerait d'ailleurs voir autant de hargne de nos élites face aux autres milliardaires patrons de presse et TV ou aux pratiques sociales déconcertantes d'autres grandes entreprises. 

La suite au prochaine épisode mais déjà, peu à peu, on voit revenir de leur exil sur Mastodon les petits soldats du bien qui prêchent à nouveau la bonne parole sur Twitter comme si de rien n'était, en s'asseyant sur leurs jolis principes pré-mâchés. 

Comme on dit : si tu as aimé cet article, abonnes-toi ici -> https://www.twitter.com/sebmusset

#confinement jour 40 : l'art de la contradiction

A moins d’un miracle (vaccin ou disparition soudaine du virus) ou que l’on accepte enfin de voir collectivement la mort en face tout en prenant nos précautions et responsabilités, il n’y a pas d’autre issue au confinement que le confinement. Le piège se referme donc sur le duo Elysée-Matignon à l’incompétence démasquée. Alors que chacun commence à s’organiser sa vie post-confinement (les boutiques réouvrent, les gens circulent) chaque jour qui passe permet aux Français, anxieux ou résignés, d’assister au pitoyable spectacle médiatique d’un pouvoir en déconfiture. Entre morgue, incompétence, culpabilisation et branlage de symbole, la Power Point Action Team En Marche s’enfonce de jour en jour dans le grotesque. 

Chaque annonce de la présidence est désormais démontée par le gouvernement. Sur la question de la reprise des cours le 11 mai, l’Elysée est contredit par le ministre dès le lendemain lui-même contredit par Matignon le jour d’après. Avec de tels clowns, l’opposition est atomisée. Macron et ses sbires plus ou moins controlés deviennent inaudibles mais jouissent encore d’une certaine légitimité pour certains. Ils donnent l’impression d’agir (action qui consiste à saturer l’espace médiatique pour dire qu’on agit). A ce rythme de confusion, parachevant le scandale d’état de la gestion des masques (status update : on en a toujours pas), ils vont inexorablement perdre aussi cette légitimité chez les plus, si ce n’est fidèles, au moins sagement respectueux des institutions. 

L’Elysée reprend finalement la main  dans la journée pour préciser que la reprise se fera sur la base du volontariat. Lequel ? Celui des professeurs sacrifiés ou des parents effrayés ? Les enfants, eux, sont laissés à leur angoisse. Ils ont très bien saisi la contradiction entre ces deux derniers mois d’un discours anxiogène où tout devient suspect et un environnement scolaire (qui a connu le premier mort du Covid rappelons-le) qu’on leur promet soudainement sans danger.

Cette injonction contradictoire puissance 1000 que représente la reprise scolaire au 11 mai enfonce le clou du manque de vision du pouvoir qui ne fait que ce qu’il croyait savoir faire : de la com’. A défaut de susciter de l’adhésion et de vendre du rêve, on pouvait au moins espérer de technocrates qu’ils sachent gérer les basiques d’une nation. On s’aperçoit que même pour ça ils sont très mauvais. Ça donne des leçons de travail à la terre entière mais ça n’est probablement pas capable d’organiser les tours de vaisselle à la cantoche de la colonie de vacances alors une entreprise, un budget familial serré ou un pays…

Je parle ici de l'éducation, c'est la même chanson sur les test ou les masques qui sont, d'un jour sur l'autre, en fonction de l'état de nos arrivages, "inutiles" ou "indispensables".

On ne l’entend pas sur les chaines d’infos (comme sur la majorité des ondes privées ou publiques) mais avec cette gestion colin-maillard du Covid on est peut-être tout simplement entrain d’assister à l’agonie en direct de la cinquième république. Moins elle a de voix, plus elle fait du bruit pour exister. A-t-on encore besoin d’elle ? Qu’on ne compte plus trop sur nous pour la réanimer.

Pour l’école, je n’ai pas encore décidé si mes enfants y retourneront ou non. Pas tant que je craigne le virus mais pourquoi suivre cette navigation ivre d’une clique en orbite qui gère le stock humain au petit bonheur la chance. Je pense que je vais continuer pour ce bout d’année scolaire à faire comme l’état nous a habitué à faire pour les masques : se démerder. 


Les jours d'avant :
Jour 2 - Jour 3 - Jour 4 - Jour 5 - Jour 6 - Jour 7 - Jour 8 - Jour 9 - Jour 10 - Jour 11 - Jour 12 - Jour 13 - Jour 14 - Jour 15 et 16 - Jour 17 - Jour 18 -  Jour 19 - Jour 20  - Jour 21 Jour 22 et 23 - Jour 24 - Jour 25  Jour 26 - Jour 27 - Jour 28 - Jour 29 - Jour 30 - Jour 31 - Jour 32 Jour 33 - Jour 34 Jour 35 et 36 Jour 37 et 38 Jour 39 

#confinement jour 39 : la reprise, plus c'est précis plus c'est flou

"C'est dangereux mais ce n'est pas dangereux, et réciproquement". C'est un peu le seul discours cohérent de ce gouvernement depuis des mois, et cela a commencé bien avant le confinement. C'est d'ailleurs une des raisons que nous sommes enfermés dans nos salons depuis la mi-mars. Pas parce que nous sommes irresponsables ou imprudents, mais bien parce qu'ils n'ont pas fait leur job, ont menti et/ou n'ont pas pris la mesure des enjeux (très probablement les deux).

Jean-Michel Blanquer a "précisé" les contours de l'usine à gaz de la réouverture anticipée des établissements scolaires le 11 mai, date symbolique de "déconfinement qui n'est pas un déconfinement". Curieux sentiment avec ce gouvernement : plus il donne des précisions sur la reprise, plus celle-ci paraît floue. A l’évidence, le monsieur propre de l'Education ne voulait pas de cette reprise printanière. Comme nous, le ministre a dû apprendre devant son poste qu'il avait trois semaines pour préparer une rentrée des classes en "temps de guerre sanitaire". Quelle connerie la guerre. Ses hashtags étaient déjà calés jusqu’à septembre : #nationApprenante #WeekEndApprenant #GrandesVacancesApprenantes #ChomageDeMasseApprenant et, paf, le couillon en chef a plié sous les injonctions du Medef pour sortir de son chapeau cette reprise surprise, histoire que les enfants de pauvres puissent être gardés par des enseignants à sacrifier. Le confinement est un luxe de bourgeois. Si le virus n’avait atteint que les classes populaires, il n’y aurais JAMAIS eu de confinement.  Il n’y a pas de justification autre qu'économique à cette reprise des cours aussi prématurée. D’ailleurs les universités ne reprendront pas avant des mois, et il se dessine clairement que les enfants des privilégiés qui peuvent télé-travailler (et disposent de plusieurs ordinateurs) seront dispensés d’aller physiquement en classe et pourront eux aussi étudier en télé-travail.

La reprise des cours dans des conditions sanitaires acceptables (je veux dire celle qu’on nous impose  à longueur d'ondes dans des spots débilisants) est tout simplement impossible. Dimension des locaux, proximité continue, files d’attente interminables, évidemment les millions de masques quotidiens nécessaires que l’Etat ne sera jamais en mesure de fournir ne serait-ce que pour une seule journée, idem pour les tests. Je n'évoque même pas la question de la cantine, des couloirs et des transports scolaires… On peut s’interroger sur cette désinvolture au terme de sept semaines de privation de liberté. Depuis le départ, bien avant le confinement, ce pouvoir alterne sur une base quotidienne, dès fois même à l’intérieur d’une seule journée, entre le discours sur la dangerosité extrême du virus et celui du relativisme en se basant sur une parole scientifique qui, elle-même, se contredit puisqu’elle n’a pas tellement plus de recul sur ce virus que le commun des mortels. En cas d’échec à combattre ce que le pouvoir ne sait même plus définir, la parade est trouvée : c’est de la faute des Français qui ne seront responsables et n’auront pas complètement saisi l’enjeu.

On juge un pouvoir à la façon dont il traite ses prisonniers et à la façon dont il traite sa population en temps de crise. En temps de crise, ce pouvoir n’accomplit qu’une chose : faire de nous des prisonniers de nos maisons et de ses discours schizophrènes. Demain jour 40, toujours pas de masques, pas de tests. Nous n’aurons pas d’ici le 11 mai. La seule certitude que l'on peut avoir avec cette clique de médiocres, dont les deux seuls super pouvoirs restent à ce jour de distribuer des PV et de tordre la cohérence, est que le 11 mai il n’y aura pas de 11 mai.


Les jours d'avant :
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