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Aujourd’hui — 24 avril 2024Les Crises

Les États-Unis ont exporté la mort à Gaza – Norman Solomon

Le dernier transfert massif de bombes de type Mark 84 [La Mk 84 est une bombe dite d’usage général, à effet de souffle et à éclats (bombe à fragmentation), non guidée et à faible traînée, d’une masse de 900 kg et en service depuis 1970, NdT] des États-Unis vers Israël n’est apparemment pas digne d’intérêt pour le New York Times.

Source : La Progressive, Norman Solomon
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Cagle Cartoons: Emad Hajjaj

Alors que le Washington Post a révélé vendredi après-midi que « l’administration Biden a dans le plus grand silence autorisé ces derniers jours le transfert vers Israël de bombes et d’avions de combat valant des milliards de dollars », énormément de gens s’en sont émus. Les lecteurs de l’article ont posté plus de 10 000 commentaires sur sa page web. Common Dreams, l’un des principaux sites progressistes d’information, a rapidement emboité le pas en publiant un article dont le titre commençait par le mot « obscène ». Les réactions sur les médias sociaux ont été immédiates et vives ; un tweet de notre équipe de RootsAction suite au scoop du Post a été vu plus de 600 000 fois.

Mais au New York Times – le journal prétendument de référence du pays – les jours se suivent et pourtant les équipes éditoriales ont décidé que cette information concernant le nouveau transfert massif d’armes à Israël ne valait absolument pas la peine d’être publiée. Et pourtant, l’information est vérifiée. Une dépêche de Reuters a indiqué que deux sources « confirmaient » le communiqué du Post.

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À partir d’avant-hierLes Crises

La guerre n’apporte aucun bienfait aux citoyens ou à l’économie réelle

Biden vante les prétendus bienfaits de « l’Arsenal de la démocratie ».

Source : TomDispatch, William D. Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Joe Biden veut vous faire croire que dépenser de l’argent pour des armes est bon pour l’économie. Ce vieux mythe, régulièrement répété par les dirigeants politiques des deux partis, pourrait contribuer à créer une économie encore plus militarisée, susceptible de menacer notre paix et notre prospérité pour les décennies à venir. Tout gain à court terme lié à l’augmentation des dépenses d’armement sera plus que compensé par les dommages à long terme causés par l’éviction de nouvelles industries et innovations, tout en aspirant des fonds nécessaires pour répondre à d’autres priorités nationales urgentes.

L’argumentaire de l’administration Biden sur les prétendus avantages des dépenses militaires a commencé concrètement en octobre dernier, lorsque le président a prononcé un rare discours dans le bureau ovale pour promouvoir une allocation d’urgence de 106 milliards de dollars qui comprenait des dizaines de milliards de dollars d’armement pour l’Ukraine, Israël et Taïwan. Les républicains MAGA du Congrès avaient bloqué le financement et la Maison Blanche cherchait un nouvel argument pour les convaincre. Le président et ses conseillers ont opté pour une réponse qui aurait tout aussi bien pu sortir de la bouche de Donald Trump : l’emploi, l’emploi, l’emploi. Comme l’a dit Joe Biden :

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Les grands investisseurs américains soutiennent l’industrie de l’armement nucléaire

Un nouveau rapport révèle que les investissements ont augmenté au cours de l’année écoulée, certains profitant également de l’augmentation des dépenses gouvernementales.

Source : Responsible Statecraft, Eli Clifton
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les armes nucléaires ne constituent pas seulement une menace pour la survie de l’humanité, mais aussi un commerce de plusieurs milliards de dollars soutenu par certains des plus grands investisseurs institutionnels des États-Unis, selon de nouvelles données publiées aujourd’hui par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) et la PAX, la plus grande organisation pacifiste des Pays-Bas.

Pour la troisième année consécutive, le nombre d’investisseurs dans les fabricants d’armes nucléaires a diminué au niveau mondial, mais le montant total investi dans ces entreprises a augmenté, en grande partie grâce à certaines des plus grandes banques d’investissement et à certains des plus grands fonds aux États-Unis.

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Le complexe militaro-industriel est le grand gagnant : les dépenses du Pentagone nous privent de notre avenir

2023 a été une année marquée par des conflits dévastateurs, de l’invasion de l’Ukraine par la Russie aux terribles attaques terroristes du Hamas contre Israël, du massacre aveugle d’Israël à Gaza à la guerre civile dévastatrice au Soudan. Et il est fort probable que la situation soit encore pire cette année. Pourtant, il y a un grand gagnant dans cette avalanche de violence, de souffrance et de guerre : le complexe militaro-industriel américain.

Source : Tom Dispatch, William D. Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

En décembre, le président Biden a signé une autorisation record de 886 milliards de dollars de dépenses de « défense nationale » pour 2024, y compris des fonds pour le Pentagone proprement dit et des travaux sur les armes nucléaires au ministère de l’Energie. Si l’on ajoute à cela des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour une probable aide militaire d’urgence à l’Ukraine et à Israël, ces dépenses pourraient bien dépasser les 900 milliards de dollars pour la première fois cette année.

Entre temps, le programme d’aide militaire d’urgence de plus de 100 milliards de dollars de l’administration, qui n’a pas été adopté par le Congrès le mois dernier, est susceptible de passer sous une forme ou une autre cette année, tandis que la Chambre et le Sénat sont presque assurés d’ajouter des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour des projets de « défense nationale » dans des États et des districts spécifiques, comme cela s’est produit au cours de deux des trois dernières années.

Bien entendu, avant que l’argent ne commence à être versé, le Congrès doit adopter une loi de finances pour l’année fiscale 2024, afin de permettre à cet argent d’être dépensé. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Chambre des représentants et le Sénat se sont en effet mis d’accord sur un accord provisoire pour signer les 886 milliards de dollars autorisés en décembre. Une version de ce financement à hauteur de mille milliards de dollars pourrait donc bientôt voir le jour. (Si l’on se fie aux pratiques passées, plus de la moitié de cette somme pourrait aller directement aux entreprises, grandes et petites).

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Censure politique : le gouvernement britannique a surveillé les discours critiques pour les censurer

Des dossiers ont été constitués par 15 départements après avoir surveillé l’activité des réseaux sociaux afin de contrôler les personnes invitées à s’exprimer lors d’événements officiels.

Source : The Guardian, Anna Fazackerley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le ministère de l’Education est l’un des 15 ministères à avoir surveillé l’activité sur les réseaux sociaux de ceux qui sont perçus comme des opposants. Photo : Hollie Adams/Getty Images

Quinze départements gouvernementaux ont surveillé l’activité des réseaux sociaux de critiques potentielles, et compilé des « dossiers secrets » afin de les empêcher de s’exprimer lors d’événements publics, a révélé l’Observer.

Selon les directives publiées dans chaque ministère, y compris les ministères de la santé, de la culture, des médias et des sports, et de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales, il est conseillé aux fonctionnaires de vérifier les comptes Twitter, Facebook, Instagram et LinkedIn des experts. Il leur est également demandé d’effectuer des recherches sur Google concernant ces personnes, en utilisant des termes spécifiques tels que « critique du gouvernement ou du premier ministre. »

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L’aide économique américaine à la France, 1940-1953. Relecture du plan Marshall, par Jacques Sapir

Par : Sapir

La question de « l’aide » américaine à la France et généralement aux puissances européennes dans les années 1940-1950 est un sujet passionnant mais aussi d’une brûlante actualité au regard de la politique américaine vis-à-vis des pays européens depuis maintenant plusieurs années, et en particulier dans le cadre des opérations militaires en Ukraine. Cette question se double d’une autre : l’évaluation du « plan Marshall ».

Ce dernier est en effet devenu le symbole d’une aide supposée désintéressée et efficace au relèvement des pays d’Europe occidentale, au point qu’il est utilisé désormais dans le langage commun : on a évoqué un « plan Marshall pour les banlieues »et aujourd’hui on parle d’un « plan Marshall pour la rénovation des logements ». Il est ainsi devenu le synonyme de ce que l’on doit, ou que l’on devrait, faire dans certaines circonstances. Mais, le plan Marshall originel justifiait-il ces jugements et cet enthousiasme ? Depuis maintenant aux moins deux dizaines d’années, on assiste à une relecture nettement plus critique.

Un livre important, un livre dérangeant, un livre critiquable

C’est donc dans ce contexte qu’Annie Lacroix-Riz a publié en octobre 2023 un livre important et imposant sur les origines du plan Marshall[1]. Important, il l’est par son sujet. Le débat a commencé depuis maintenant plus de vingt ans sur les motivations profondes de l’engagement des États-Unis dans ce que l’on appelle le plan Marshall ou ERP (Emergency Recovery Program). Imposant, il l’est par sa forme (571 pages), mais aussi par des sources très importantes. Avertissons immédiatement le lecteur, c’est un livre à thèse. L’autrice y défend celle d’une aide américaine pensée exclusivement au service des États-Unis et dans le but d’asseoir une domination totale de ces derniers sur les pays européens. Le titre du premier chapitre de l’ouvrage le prouve. Il s’intitule « la quête américaine de l’hégémonie en Europe ».

Mais, ce livre ne se limite pas à cela. Il porte aussi une seconde thèse qui est celle du ralliement des élites françaises au projet américain, dans la continuité pour certaines de leur précédent ralliement au projet nazi. Cette dernière thèse, qui est dans la continuité d’ouvrages précédents d’Annie Lacroix-Riz[2], contribue cependant à brouiller la première. En effet, elle empiète et réduit l’étude du plan Marshall, et en particulier de ses conditions d’application, notamment, mais pas seulement, de l’importance de l’OECE (la future OCDE) qui fut créée spécifiquement pour coopérer avec l’Economic Cooperation Administration qui devait gérer le plan Marshall[3] et de l’Union Européenne des Paiements[4]. Au vu de l’importance de l’ouvrage, cela est regrettable. La question des élites avait été traitée de manière exhaustive dans trois précédents ouvrages, et elle n’aurait du occuper qu’une place mineure dans celui-ci.

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Guerre au Moyen-Orient : du pain béni pour le complexe militaro-industriel

Le titre de la Une du New York Times en dit long : « La guerre au Moyen-Orient fait grimper en flèche les ventes d’armes à l’international ». Les conflits à Gaza, en Ukraine et ailleurs provoquent peut-être des souffrances humaines intolérables, mais ils dopent également les bénéfices des fabricants d’armes du monde entier. Il fut un temps où ces ventes d’armes suscitaient au moins le débat concernant les « marchands de mort » ou les « profiteurs de guerre ». Mais ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, étant donné la façon dont les médias grand public et l’establishment de Washington perçoivent l’industrie de l’armement, ainsi que la nature des conflits actuels. Il convient de rappeler que l’industrie américaine de l’armement occupe déjà une place dominante sur le marché international, puisqu’elle contrôle 45 % de l’ensemble des ventes mondiales d’armes, une position qui devrait encore se renforcer dans le cadre de la course à l’armement des alliés en Europe et au Moyen-Orient en raison des guerres qui se déroulent dans ces régions.

Source : TomDispatch, William D. Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Dans son adresse télévisée à la nation, concernant les guerres entre Israël et le Hamas et entre la Russie et l’Ukraine, le président Biden a décrit l’industrie américaine de l’armement en des termes remarquablement élogieux, faisant remarquer que « tout comme pendant la Seconde Guerre mondiale, des travailleurs américains, de vrais patriotes, construisent aujourd’hui l’arsenal de la démocratie et servent la cause de la liberté ». Du point de vue de la politique et de la communication, le président a habilement mis l’accent sur les travailleurs impliqués dans la production de ces armes plutôt que sur les entreprises géantes qui tirent profit du commerce d’armes avec Israël, l’Ukraine ou encore d’autres nations en guerre. Mais le fait est qu’elles en tirent profit et, fait encore plus marquant, une grande partie des revenus dont bénéficient ces entreprises est empochée sous forme de salaires faramineux pour les dirigeants et de rachats d’actions qui ne font qu’augmenter les bénéfices des actionnaires.

Le président Biden a également profité de ce discours pour vanter les avantages de l’aide militaire et des ventes d’armes pour l’économie américaine :

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Comprendre la croissance russe de 2023, par Jacques Sapir – RussEurope-en-exil

Par : Sapir

Les résultats pour le mois d’octobre 2023 qui ont été publiés le 30 novembre 2023 confirment que la Russie poursuit sa trajectoire de forte croissance qu’elle a entamée au début de ce printemps. C’est une croissance forte, qui s’inscrit naturellement dans un contexte de récupération du choc des sanctions subi en 2022. Cette croissance signe que la Russie a surmonté la majorité des conséquences quantitatives des sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne.

Les résultats des trois premiers trimestres de 2023 montrent un accroissement du PIB sur la période allant de janvier à septembre 2023, par rapport à la période équivalente de 2022 est de 2,9%. Ce qui est encore plus intéressant est que, par rapport à la même période de 2021, cette hausse est de 1,0%. Nous sommes bien aujourd’hui en présence d’une croissance absolue de l’économie russe, puisqu’elle se traduit par une amélioration des résultats du PIB, non seulement par rapport à 2022 mais aussi par rapport à 2021, soit sur une période d’avant les sanctions. Aujourd’hui, la hausse du PIB est de 5,0% pour octobre 2023.

Les revenus réels des ménages se sont eux aussi accrus dans les trois premiers trimestres de l’année. Pour la période de janvier à septembre 2023, la hausse est de 4,8% par rapport à la même période de 2022 et de 3,4% par rapport à la même période de 2021. Ceci est socialement important. Cela montre que les opérations militaires qui ont lieu depuis la fin de février 2022 n’ont pas eu de conséquences sur le niveau de vie des russes.

Quant à l’investissement, qui était spécifiquement visé par les sanctions prises par les pays occidentaux, il continue de progresser. En effet, sur la période de référence des trois premiers trimestres de 2023, on assiste à une hausse de 10% par rapport à 2022 et de 16% par rapport à 2021.

Si ces chiffres sont encore provisoires, et n’incluent pas les résultats du 4ème trimestre à venir, ils indiquent que la trajectoire actuelle de la Russie s’inscrit dans une perspective de forte croissance, ce qui est confirmé par l’analyse des résultats du mois d’octobre écoulé. La prévision de croissance pour l’année 2023 a donc été relevée par les collègues de l’Institut des Prévisions Économiques de l’Académie des Sciences de Russie (IPE-ASR) de 3,6% à 3,8%. En tout état de cause, et compte tenu des résultats du mois d’octobre 2023 on peut considérer que la croissance russe en 2023 ne devrait pas être inférieure à 3,5%. Autrement dit, la croissance s’avèrerait de 1,3% par rapport à 2021.

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La politique de la Banque Centrale de Russie est-elle cohérente avec le changement de structure de l’économie ? Par Jacques Sapir

Par : Sapir

La Banque Centrale de Russie a décidé le 15 septembre dernier de remonter son taux directeur de 12% à 13%[1]. Cette décision, et les raisons pour laquelle elle a été prise, ont ranimé un débat sur la cohérence de la politique monétaire menée par la Banque Centrale vis-à-vis de la croissance économique en Russie. Les questions posées sont bien réelles et le risque que les hausses répétées du taux directeur ne ralentissent la croissance non négligeable. Il convient donc d’analyser et la position officielle de la Banque Centrale de Russie et celle de ses opposants, et de confronter les déclarations des uns et des autres à la réalité.

1. Les fondements de la politique monétaire russe

La Banque Centrale de Russie a, en effet, adoptée une stratégie de « cible d’inflation » pour pouvoir continuer à opérer en situation de changes flottants en 2014[2]. Cette politique a été maintenue en dépit des fortes perturbations engendrées par la première vague de sanctions dont la Russie a été victime en 2014-2017. La position officielle est, aujourd’hui, la suivante :

« Le taux de change flottant est une condition essentielle pour une mise en œuvre efficace de la politique monétaire dans le cadre de la stratégie de ciblage de l’inflation. Il aide l’économie à mieux s’adapter aux changements des conditions extérieures que dans un régime de taux de change fixe et géré. De plus, cela permet au régulateur de mettre en œuvre une politique monétaire indépendante. Un taux de change flottant a un effet stabilisateur sur l’économie, ce qui est particulièrement important en période de transformations économiques structurelles.

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Le grand réveil de la production automobile en Russie, par Jacques Sapir

Par : Sapir

J’avais publié, fin décembre 2022, une note sur la restructuration de l’industrie automobile russe face aux sanctions et au retrait (volontaire ou contraint) des grands constructeurs européens et américains[1]. Huit mois après la publication de cette note, l’industrie automobile russe semble en pleine expansion, et en particulier le secteur des véhicules utilitaires et des camions lourds, qui avait néanmoins été moins touché par les sanctions. Cependant, des problèmes subsistent, et en particulier la montée d’une concurrence chinoise importante. L’arrivée massive sur le marché russe des constructeurs chinois était inévitable. Elle a été bénéfique à court terme, permettant au marché automobile et à celui des véhicules utilitaires de ne pas être trop déséquilibré. Mais, alors que l’industrie russe repart, cette présence des constructeurs chinois pourrait, à terme, être un facteur de limitation de la production, sauf si des mesures adéquates sont prises dans les années qui viennent.

Un marché en pleine expansion

Du fait de la forte croissance que connait l’économie russe, mais aussi des besoins logistiques des forces armées qui, visiblement, ne souhaitent pas rester trop dépendantes du transport ferroviaire, la construction de camion explose depuis le début de l’année. Les ventes de camions, mais aussi des autres véhicules utilitaires, connaissent une forte croissance en Russie. Cependant, le développement de la production de ces machines reste freiné par des manques de compétences des producteurs russes dans la création de ces produits techniquement complexes. Une autre raison de la limite à l’expansion de la production est constituée par la pression croissante des concurrents chinois qui s’avèrent redoutablement compétitifs[2].

Selon Alexeï Grammatchikov, les fabricants russes ont cependant tenté de dominer le salon COMTRANS-2023 qui s’est tenu des 5 au 8 septembre à Moscou[3]. Ce salon a été marqué par 141 exposants et un nombre important de visiteurs professionnels.

« Dans toute l’histoire post-soviétique, il n’y a jamais eu une telle augmentation de la demande de camions moyens et lourds en Russie ! Ainsi parle Pavel Yakovlev, directeur général de l’AZ URAL[4], qui peut à peine contenir ses émotions. Lors d’une conférence de presse officielle sur son stand au salon Comtrans-2023, il donne des chiffres : l’année dernière, les ventes de l’usine automobile de l’Oural se sont élevées à 9900 camions avec une augmentation de 14 %. Mais en 2023, elles connaîtront une croissance sans précédent de 60 %, pour atteindre 15 900 véhicules, et en 2024, selon les prévisions de Yakovlev, de 22 % supplémentaires, pour atteindre 19 400 véhicules »[5].

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Analyse des prévisions économiques sur la Russie, par Jacques Sapir [Russeurope-en-Exil]

Par : Sapir

Analyse des prévisions économiques sur la Russie telles que fournies par le bulletin trimestriel n°59 de l’IPE-ASR

L’Institut de Prévision de l’Économie de Moscou, qui dépend de l’Académie des Sciences de Russie, est aujourd’hui une ses sources les plus respectées de prévisions économiques en Russie. Le fait qu’il soit un institut scientifique, sans liens directs de subordination avec le gouvernement, est un facteur important de sa crédibilité. Le domaine de la prévision est occupé, outre l’IPE-ASR, par la Banque centrale (mais avec un double biais à la fois monétaire et néoclassique assez important), par le Ministère du Développement Économique (mais qui reprend souvent les analyses de l’IPE-ASR), et enfin par les services économiques des banques privées (notamment ALFA-Bank), mais dont les capacités prédictives sont relativement moindres. Ses analyses font donc références.

Comme toujours, la publication du Kvartal’nyj Prognoz VVP n°59 (Prévisions trimestrielles du PIB, n°59 ou KV59)[1], par l’Institut de Prévision de l’Économie était donc très attendue, après un deuxième trimestre de 2023 qui s’était traduit par une forte accélération de la croissance. J’ai donc traduit le « résumé analytique » qui figure en tête de ce bulletin de quarante pages, pour que le lecteur français non russophone puisse se faire une idée de l’état de l’économie russe telle qu’il analysé par des chercheurs russes. Je commenterai le texte à la suite de ce dernier.

(Traduction. Les intertitres ont été ajoutés par le traducteur)

Résumé analytique pour janvier-août 2023

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Pour protéger la marque OTAN, l’US Army Cyber Command veut mettre les réseaux sociaux sous surveillance

Un responsable de l’Army Cyber Command a recherché des sous-traitants militaires qui pourraient aider à « attaquer, défendre, influencer et intervenir » sur les réseaux sociaux mondiaux.

Source : The Intercept, Sam Biddle
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le drapeau de l’OTAN avant la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles, le 21 octobre 2021. Photo : Kenzo Tribouillard/AFP via Getty Images

L’US Army Cyber Command a déclaré aux sous-traitants de la défense qu’il prévoyait de surveiller l’utilisation mondiale des médias sociaux pour défendre « l’image de OTAN », selon un enregistrement de webinaire de 2022 examiné par The Intercept.

La divulgation, faite un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fait suite à des années de débat international sur la liberté d’expression en ligne et l’influence des agences de sécurité gouvernementales sur le Web. Le Cyber ​​Command de l’armée est chargé à la fois de défendre les réseaux militaires du pays et d’effectuer des opérations offensives, y compris des campagnes de propagande.

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La croissance de l’économie russe au 2ème semestre 2023, par Jacques Sapir [Russeurope-en-Exil]

Par : Sapir

La récente publication des résultats de l’économie russe pour le 2ème trimestre de 2023 indiquant une croissance de 4,9% ont provoqué un certain émoi. Si les accusations par certains de « trucage » des données statistiques ont refait surface, elles ne semblent guère fondées. Les grandes institutions internationales, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale (BIRD) dans leurs derniers rapports prennent acte d’une forte croissance de l’économie russe. Mais, cette croissance soulève de nombreuses questions.

La première n’est autre que de savoir comment l‘économie russe a-t-elle résisté aux sanctions prises depuis fin février 2022 ? Cette question a beaucoup agité les esprits avec souvent plus de propagande que de faits réels. Rappelons que les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début des hostilités en Ukraine ont été profondes et étendues[1]. Elles viennent s’ajouter aux sanctions mises en place après les événements de 2014[2]. Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe. Plus généralement, comment le choc des sanctions de 2022 s’inscrit-il dans l’histoire récente des crises que la Russie a connues depuis 1998 ? Cette question est aussi importante pour tenter de comprendre la résistance de la Russie aux mesures de « guerre économique » appliquées par les pays occidentaux.

Ces sanctions ont eu un impact, qui a été et qui est toujours, reconnu par les autorités russes. Mais la question était, et reste de savoir combien. Au final, pour 2022, la croissance, qui était de 3,5% dans les deux mois précédant les sanctions, s’est transformée en une récession de -2,1%. Cela est certes significatif mais cela reste bien moins que ce qui avait été initialement prévu, avec des chiffres annoncés de -8% à -10%. De toute évidence, l’économie russe ne s’est pas effondrée, que ce soit financièrement ou économiquement et l’impact réel des sanctions soulève de nombreuses discussions.

Par ailleurs, l’économie russe semble avoir retrouvé, à la fin du 1er semestre 2023 une croissance assez robuste. Ainsi, l’industrie russe connait depuis la fin du premier trimestre 2023 des résultats que l’on peut qualifier d’excellents. Les volumes et niveaux de production ont retrouvé ce qu’ils étaient avant les sanctions. Fait important, ceci concerne toutes les branches et pas seulement celles qui sont à potentialités militaires. Par contre, une étude microéconomique montre que l’impact des sanctions n’a pas encore été effacé, même s’il est à l’évidence en voie de résorption. L’industrie russe a retrouvé son efficacité mais pas encore son efficience. Autrement dit, l’économie, et l’industrie, ont retrouvé les volumes de production du début de 2022, mais avec une productivité du travail qui, elle, a baissé

Un bilan général

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Non, aucune urgence ne justifie une augmentation du budget militaire des États-Unis

Au contraire, il faut les réduire. Commencez par réformer le financement des campagnes électorales et le pantouflage entre le Congrès, le ministère de la Défense et l’industrie de l’armement.

Source : Responsible Statecraft, William Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le Capitole (Ungvar/Shutterstock) et un F-18 survolant le Pentagone (Everett Collection/Shutterstock)

Pour l’année fiscale 2024, l’administration Biden a demandé 886 milliards de dollars pour la défense nationale, une somme bien plus élevée en termes réels que les pics des guerres de Corée ou du Vietnam, ou au plus fort de la Guerre froide.

Ce chiffre pourrait être encore plus élevé selon les termes de l’accord sur le plafond de la dette conclu par le président Biden et le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, alors que les faucons du Congrès font pression pour un paquet urgent qui pourrait non seulement fournir l’aide nécessaire pour défendre l’Ukraine, mais aussi des dizaines de milliards de dollars de financement supplémentaire pour le budget ordinaire du Pentagone.

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Comment l’économie russe a déjoué les mesures de « guerre économique » de l’Occident

Par : Sapir

Ce texte a été rédigé à la suite de la 65e session du séminaire Franco-Russe co-organisé par le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation de l’École de Guerre Économique (Paris) et par l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences de Russie (Moscou). Ce séminaire s’est tenu les 3-5 juillet derniers à la fois en distanciel et en présentiel et a été hébergé dans les locaux de l’École de Guerre Économique que je tiens à remercier. Il a réuni des chercheurs français, russes, mais aussi arméniens et du Belarus. Il témoigne de la volonté de ces chercheurs de maintenir, en dépit des circonstances actuelles, une coopération scientifique entre la France et la Russie.

Ce texte est rédigé suivent les règles de Chatham House. Les interventions des participants sont anonymes. Par contre, des références sont faites aux documents présentés dans le cours du séminaire. L’auteur de ce texte remercie ses collègues pour les remarques et les contributions faites durant le séminaire. Il demeure seul responsable des erreurs et omissions du présent texte.

Comment l’économie russe a-t-elle résisté aux sanctions prises depuis fin février 2022 ? Cette question a beaucoup agité les esprits avec souvent plus de propagande que de faits réels. Rappelons que les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début des hostilités en Ukraine ont été profondes et étendues[1]. Elles viennent s’ajouter aux sanctions mises en place après les événements de 2014[2]. Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe.

Ces sanctions ont eu un impact, qui a été et qui est toujours, reconnu par les autorités russes. Mais la question était, et reste de savoir combien. Au final, pour 2022, la croissance, qui était de 3,5% dans les deux mois précédant les sanctions, s’est transformée en une récession de -2,1%. Cela est certes significatif mais cela reste bien moins que ce qui avait été initialement prévu, avec des chiffres annoncés de -8% à -10%. De toute évidence, l’économie russe ne s’est pas effondrée, que ce soit financièrement ou économiquement et l’impact réel des sanctions soulève de nombreuses discussions.

Par ailleurs, l’économie russe semble avoir retrouvé, à la fin du 1er semestre 2023 une croissance assez robuste. Ainsi, l’industrie russe connait depuis la fin du premier trimestre 2023 des résultats que l’on peut qualifier d’excellents. Les volumes et niveaux de production ont retrouvé ce qu’ils étaient avant les sanctions. Fait important, ceci concerne toutes les branches et pas seulement celles qui sont à potentialités militaires. Par contre, une étude microéconomique montre que l’impact des sanctions n’a pas encore été effacé, même s’il est à l’évidence en voie de résorption. L’industrie russe a retrouvé son efficacité mais pas encore son efficience. Autrement dit, l’économie, et l’industrie, ont retrouvé les volumes de production du début de 2022, mais avec une productivité du travail qui, elle, a baissé

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Pantouflage : plus de 500 anciens fonctionnaires sont désormais lobbyistes pour des fabricants d’armes

Des dizaines de membres de la commission des services armés et du personnel du ministère de la Défense sont partis pantoufler dans le privé en 2023.

Source : Truthout, Taylor Giorno
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des Coyote, des armes intelligentes StormBreaker, des Stinger et des missiles Javelin de Raytheon Missiles and Defense sont exposées pendant le meeting aérien international Farnborough 2022 le 18 juillet 2022 à Farnborough en Angleterre. JOHN KEEBLE / GETTY IMAGES

Le secteur des fabricants d’armes a embauché des dizaines d’anciens membres des services armés et du ministère de la Défense l’année dernière, soit toujours plus de fonctionnaires nouveaux reconvertis à faire du lobbying auprès des acheteurs du secteur de la Défense au cours du premier trimestre 2023, révèle un nouvel analyste d’OpenSecrets sur le lobbyisme fédéral.

Au moins 672 anciens fonctionnaires, officiers militaires et membres du Congrès ont travaillé en tant que lobbyistes, membres du conseil d’administration ou directeurs pour les 20 premiers fabricants d’armes en 2022, d’après un nouveau rapport publié par sénatrice Elizabeth Warren (Démocrate-Massachusetts) mercredi dernier. L’équipe de Warren a utilisé la base de donnée des pantouflages de OpenSecrets ainsi que les sites web des entreprises, les déclarations de lobbying et les listes de confirmation du Sénat américain pour identifier ces individus.

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PIB russe : Pourquoi les prévisionnistes se sont-ils trompés sur leurs estimations pour 2022, par Jacques Sapir

Par : Sapir

Pourquoi les prévisionnistes se sont-ils trompés sur leurs estimations du PIB de la Russie pour 2022. Et pourquoi ils pourraient encore se tromper pour 2023…

Les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début des hostilités en Ukraine ont été profondes et étendues. Elles viennent s’ajouter aux sanctions mises en place après les événements de 2014. Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe.

Dans cet article, nous essaierons de comprendre pourquoi de tels échecs de prévision se sont produits, pouvaient-ils être évités et pourrions-nous établir des prévisions plus précises sur l’économie russe pour les temps à venir.

Sanctions contre la Russie

La Russie est sous sanctions économiques depuis 2014 et son intervention en Crimée. Ce fait est assez souvent ignoré dans le débat sur l’application des sanctions actuelles. Ces sanctions ont été mises en œuvre à la fois par l’Union européenne, qui était le principal partenaire commercial de la Russie à l’époque[1],, et par les États-Unis, principalement mais pas uniquement par le biais de la CAATSA (Countering America’s Adversaries Through Sanction Act) [2]. L’effet global de ce que l’on pourrait appeler la « première vague » de sanctions a fait l’objet de vifs débats. Si certains auteurs ont prétendu qu’elles étaient efficaces[3], d’autres ont montré que cette efficacité était, au mieux, limitée[4]. Une réduction significative des exportations vers la Russie pour les pays de l’UE, et une « effet boomerang » ont été les résultats les plus significatifs[5]. Comme l’avait prédit Peter van Bergeijk, la Russie a répondu à ces sanctions en décrétant un embargo contre les produits agricoles européens[6].

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Vers quel nouvel ordre mondial ? La fin de la domination étasunienne et ses conséquences, par Jacques Sapir

Par : Sapir

Il devient de plus en plus évident que nous sommes aujourd’hui à l’aube d’un nouvel ordre mondial. Les transformations qui ont affecté les rapports de force géostratégiques, mais aussi les rapports de forces économiques et les règles et pratiques du commerce international l’attestent. L’ordre mondial issu de la fin de la Guerre Froide en 1991, et qui était marqué par une domination sans partage de l’Hyper-Puissance américaine[1], s’est progressivement fragmenté. Mais, ce qui naitra de cette fragmentation n’est pas encore pleinement défini.

Cette fragmentation peut se solidifier en une nouvelle Guerre Froide tout comme pourrait apparaître d’ici quelques années nouvel ordre mondial q plus respectueux des droits des Nations, plus centré sur les problèmes communs de ces nations, problèmes qui vont de la sauvegarde de l’environnement au développement social et économique qui reste à accomplir dans de nombreux pays, et enfin mieux compatible avec l’émergence d’un contrat social de progrès au sein de chacun d’entre eux. Tel est sans doute le défi le plus important que nous aurons à affronter dans ces prochaines années.

(Cette note est issue d’un projet d’article qui a été soumis à la revue russe Economic and Social Changes: Facts, Trends, Forecast / Экономические и социальные перемены: факты, тенденции, прогноз et qui sera, après révisions, publiés dans le n°4/2023)

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Pour Lockheed Martin et son conseil d’administration, le changement climatique peut continuer de s’aggraver

Lockheed Martin est le plus grand fournisseur militaire du ministère de la Défense, le plus grand consommateur institutionnel de combustibles fossiles au monde. On lui a récemment demandé de but en blanc s’il comptait s’attaquer à son rôle dans l’aggravation du changement climatique. Sa réponse : non.

Source : Jacobin Mag, Danaka Kotovich, David Gibson
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un avion de chasse américain F-35 est photographié lors d’un événement de l’US Air Force sur la base aérienne danoise Fighter Wing Skrydstrup dans le Jutland, au Danemark, le 10 mars 2023. (Bo Amstrup / Ritzau Scanpix / AFP via Getty Images)

La réunion des actionnaires de Lockheed Martin, le plus grand entrepreneur militaire du monde, aura lieu le 27 avril. Les actionnaires y voteront sur une résolution visant à exiger un rapport d’entreprise « divulguant la manière dont la société entend réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de sa chaîne de valeur, conformément à l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris, qui exige des émissions nettes nulles d’ici à 2050. » Le conseil d’administration de Lockheed Martin a conseillé à tous ses actionnaires de voter contre cette résolution, indiquant clairement qu’en plus de promouvoir les conflits et la violence dans le monde, Lockheed Martin n’est pas non plus intéressé par la réduction de sa contribution significative au changement climatique.

Selon le raisonnement du conseil d’administration, les actionnaires devraient voter contre la résolution parce qu’elle est « prématurée et n’est pas dans le meilleur intérêt de notre société ou de nos actionnaires ». Suggérer qu’il est « prématuré » d’agir face à la catastrophe climatique en cours en dit long sur le manque d’urgence que les dirigeants de Lockheed perçoivent face à la crise climatique. Selon un récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le seuil des changements climatiques critiques sera probablement atteint au cours de cette décennie. Le rapport souligne que nous devons immédiatement abandonner les combustibles fossiles pour éviter l’effondrement du climat. L’idée que toute action sur le changement climatique est prématurée est au pire un mensonge flagrant, au mieux une ignorance délibérée.

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Le président mexicain a dénoncé « l’oligarchie » américaine lors du sommet de Biden sur la démocratie

Le président mexicain de gauche Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a profité du « Sommet pour la démocratie » organisé par le gouvernement américain pour dénoncer indirectement l’hypocrisie de Washington : « L’oligarchie règne avec la façade de la démocratie », a-t-il déclaré, appelant à une « plus grande égalité » et à la « séparation du pouvoir économique et politique. »

Source : ScheerPost, Ben Norton / Geopolitical Economy Report
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président Joe Biden débarque d’Air Force One à l’aéroport international Felipe Angeles de Mexico, le dimanche 8 janvier 2023, et est accueilli par le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador. (Photo officielle de la Maison Blanche par Adam Schultz)

Le président mexicain de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) a profité du « Sommet pour la démocratie » organisé par le gouvernement américain pour dénoncer indirectement l’hypocrisie de Washington. (La transcription complète de son discours figure ci-dessous.)

AMLO a fortement laissé entendre que les États-Unis étaient une oligarchie et non une véritable démocratie. Il a affirmé que le gouvernement devait remettre en question le pouvoir des élites économiques s’il voulait vraiment être démocratique.

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Guerre en Ukraine : Les fabricants d’armes américains ont le sourire, les actions de défense explosent à Wall Street

Les cinq principales entreprises d’armement américaines ont explosé les principaux indices de Wall Street l’année dernière, principalement sur le dos des contribuables américains.

Source : Responsible Statecraft, Eli Clifton
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Image : CeltStudio via shutterstock.com

En janvier 2022, le PDG de Raytheon, Greg Hayes, a déclaré aux investisseurs que l’instabilité mondiale présentait une opportunité de profit pour son entreprise d’armement. « [N]ous voyons, je dirais, des opportunités de ventes internationales », a déclaré Hayes, citant, entre autres événements mondiaux, « les tensions en Europe de l’Est. » Il a ajouté : « Toutes ces choses exercent une pression sur certaines dépenses de défense là-bas. Je m’attends donc à ce que nous en tirions un certain profit. »

L’invasion catastrophique de l’Ukraine par la Russie a déclenché des pressions financières et humanitaires dans le monde entier, entraînées par la hausse des prix de l’énergie, l’inflation galopante et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

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[RussEurope-en-Exil] : Interrogations sur le PIB de la Russie – par Jacques Sapir

Par : Sapir

Interrogations sur le PIB de la Russie

La croissance russe pour 2022 pourrait-elle avoir été sous-estimée ?

Jacques Sapir, Directeur d’Études (Économie) à l’EHESS, Directeur du CEMI, Membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie

On a quelques raisons de s’interroger sur la grandeur exacte du PIB de la Russie en 2022 et 2023. Non que les données de ROSSTAT soient truquées. J’ai, à de nombreuses reprises expliqué pourquoi une manipulation des données était difficile et contre-productive pour des données qui sont couramment utilisées par les administrations et les entreprises[1]. Mais, les « estimations » pour 2022 et les prévisions pour 2023 sont naturellement discutables. Après tout, l’INSEE corrige bien ses données[2]. Dans la présente note, on va donc tenter de faire le point sur les différentes interrogations que suscitent les différents chiffres.

1. Le PIB pour 2022 a-t-il été sous-estimé ?

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Industrie russe : comment expliquer la résilience face aux sanctions ? – Jacques Sapir

Par : Sapir

Comment expliquer la résilience de l’industrie russe face aux sanctions ?

Jacques Sapir – Directeur d’études à l’EHESS – Directeur du CEMI – Membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie

La résilience de l’industrie russe, et plus généralement de l’économie russe dans son ensemble face aux sanctions occidentales, interpelle. En dépit de prévisions catastrophistes émises par l’OCDE ou par la Banque mondiale en avril-juin 2022, les résultats – confirmés par la récente mise à jour du FMI[1] – montrent que l’économie russe a bien résisté au choc des sanctions. Après avoir été un temps nié dans la presse occidentale, et dans la presse française en particulier, ce fait semble désormais admis. Pour autant, il n’est pas expliqué. Le présent texte se veut une première tentative d’explication.

L’économie russe a démontré d’importantes capacités d’adaptation devant les sanctions prises par l’Union européenne et les États-Unis, sanctions qui constituent à ce jour l’ensemble le plus important et le plus radical de sanctions prises hors état de guerre[2]. La réaction de l’économie et de l’industrie a été remarquable, comme le montre l’enquête menée par l’Institut des Prévisions Économiques de l’Académie des Sciences de Russie[3]. Dès le début du mois de septembre 2022 on pouvait voir apparaître des premières lueurs d’espoir quant aux résultats économiques[4], lueurs qui se sont confirmées dans les mois qui ont suivi. Ceci était notamment vérifié dans de nombreux secteurs comme l’industrie[5], la construction ou l’agriculture dès le mois de septembre.

L’industrie, en particulier, présente des résultats pour 2022 qui sont remarquables, -0,3% par rapport à 2021[6], si on les compare à l’ampleur des sanctions prises. De plus, le FMI anticipe un résultat positif pour 2023 (+0,3%) et une croissance forte dès 2024 (+2,1%). Ces chiffres sont meilleurs que ceux que prédisait encore le 26 décembre 2022 les collègues de l’Institut de Prévision Économique de l’Académie des Sciences, dans leur bulletin n°56[7].

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L’industrie de l’armement domine le Congrès américain

Le nouveau budget militaire de 850 milliards de dollars, que la Chambre vient d’approuver est un cadeau à l’industrie de l’armement. Est-ce une coïncidence que les partisans du projet de loi à la Chambre aient reçu sept fois plus d’argent des entrepreneurs militaires que les opposants ?

Source : Jacobin Mag, Stephen Semler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des soldats de la Garde nationale de l’armée américaine tirent avec la mitrailleuse M240B pendant le cours avancé de chef d’infanterie du 254e régiment dans le New Jersey, 2018. (Sergent-chef Matt Hecht / Smith Collection / Gado / Getty Images)

La Chambre des représentants des États-Unis a approuvé une augmentation de plus de 80 milliards de dollars des dépenses militaires par une majorité impressionnante de 350 contre 80.

Sur les 858 milliards de dollars que le projet de loi autorise pour le Pentagone, les entreprises privées devraient s’attendre à un montant stupéfiant de 450 milliards de dollars. Après tout, le budget militaire annuel est le moteur de l’industrie américaine de l’armement (même si les ventes à l’étranger lui rapportent également beaucoup). Les plus grandes entreprises d’armement sont particulièrement dépendantes des largesses du Pentagone. En 2020, 74 % des revenus de Lockheed Martin provenaient de financements approuvés par le Congrès. Pour Northrop Grumman, un autre géant de l’industrie, ce chiffre était de 84 %.

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Quel sera l’impact macroéconomique de la nouvelle donne géopolitique sur l’économie française ? – Jacques Sapir

Par : Sapir

La trajectoire et les perspectives de l’économie française à l’automne 2022 est marquée par un certain nombre d’incertitudes. Si l’activité économique a connu une embellie au 2ème trimestre 2022, les nuages s’accumulent sur son futur. Pour comprendre les problèmes auxquels l’économie française fait face, il faut analyser le contexte économique international dans lequel elle s’insère, les contraintes auxquelles elle doit faire face (en particulier la hausse de l’inflation et l’impact des politiques monétaires) et enfin considérer les évolutions de l’investissement et de la demande.

(Une première version de ce texte a été présentée à la 64ème session du Séminaire Franco-Russe qui s’est tenue à Moscou les 21, 22 et 23 novembre 2022)

I. Le contexte

Les facteurs qui avaient soutenu l’activité durant le premier semestre 2022, comme la normalisation de la circulation des hommes et des biens à la suite de la crise de la COVID-19, s’estompent progressivement. En dépit de goulots d’étranglement sur plusieurs catégories de bien[1], l’activité économique en Europe s’était bien maintenue au premier semestre 2022. La réouverture des communications et des transports, et la fin des restrictions, avait soutenu un rebond des services à forte intensité de contact, y compris les secteurs liés au tourisme qui avaient pris du retard sur celle des activités de production de biens sans contact pendant la majeure partie de 2021.

Cependant, la guerre en a également posé des problèmes croissants aux économies européennes en raison de l’aggravation de la crise énergétique, de la hausse des hydrocarbures et de ses effets tant directs qu’indirects[2], mais aussi du fait des désordres survenant sur les marchés des matières premières, et en particulier des matières premières alimentaires[3].

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Empreinte carbone militaire : des émissions équivalentes à 85 % de tout le carbone émis par les voitures

Une nouvelle analyse des émissions de carbone militaires non documentées estime qu’elles sont équivalentes à 85 % de tout le carbone émis par les voitures particulières dans le monde, rapporte Nafeez Ahmed.

Source : Byline Times, Nafeez Ahmed
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un char Centurion australien exploité par le Centre d’éducation militaire canadien. Photo : Presse canadienne/Alamy

Voici la première estimation scientifique des émissions militaires mondiales : non seulement elles sont presque équivalentes au carbone émis par toutes les voitures du monde, mais elles sont également supérieures à celles du plus grand exportateur de pétrole et de gaz du monde : la Russie.

Selon un nouveau rapport publié par Scientists for Global Responsibility (SGR) en collaboration avec l’Observatoire des conflits et de l’environnement (CEOBS), les énormes quantités de dioxyde de carbone émises par les armées du monde jouent un rôle énorme mais invisible dans la conduite de l’humanité vers une catastrophe climatique.

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La situation de l’économie russe début septembre et les perspectives pour 2023 – Jacques Sapir

Par : Sapir

La situation de l’économie russe début de septembre et les perspectives pour 2023 (*)

L’évolution de l’économie russe à court terme et à moyen terme pourraient diverger. C’est en tout cas l’un des avertissements lancés par l’équipe de chercheur de l’Institut de Prévision de l’Économie de l’Académie des Sciences de Russie (IPE-ASR/INP-RAN). L’analyse des dernières données publiées par ROSSTAT l’agence statistique russe, dont on rappelle que la fiabilité n’a pas été mise en doute par les organisations économiques internationales et dont le « trucage » serait extrêmement difficile[1], confirme même une amélioration plus rapide que celle pronostiquée par les chercheurs (collègues et amis) de l’IPE-ASR. Petit résumé des faits.

I. L’évolution de l’économie russe en août 2022 et les trajectoires possibles pour la fin de l’année

Les résultats publiés par ROSSTAT sont meilleurs qu’attendus et, sous réserve de confirmation, démontrent une récupération plus rapide que prévue du choc des sanctions de l’économie russe. Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la « mobilisation partielle » sur l’économie. Celle-ci, cependant, devrait avoir un impact faible vu le nombre (300 000 mais possiblement plus, jusqu’à 700 000) de réservistes rappelés. Par contre, il est certain que la production d’armement pèse et pèsera positivement sur les résultats économiques.

Ceux-ci sont donc bons, dans le contexte de sanctions extrêmement importantes et extensives frappant l’économie russe. Calculé en glissement annuel (ou en pourcentage du même mois de l’année précédente) le PIB reculait de -4,5% en juin, de -3,0 en juillet et de -1,6% en août.

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Le Pentagone a détourné les aides aux petites entreprises au profit des géants de l’armement

Un nouveau rapport révèle qu’en une seule année, Raytheon, Lockheed Martin, L3Harris et d’autres ont obtenu plus de 300 millions de dollars destinés aux petites entreprises.

Source : Responsible Statecraft, Tevah Gevelber, Connor Echols
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un F-16 et un F-35 en arrière-plan, sur le stand d’exposition de Lockheed Martin à la Foire internationale de Thessalonique, 2018. (Giannis Papanikos/Shutterstock)

En un an seulement, plus de 300 millions de dollars destinés aux petites entreprises ont fini par aller à Lockheed Martin, Raytheon, L3Harris et d’autres grands entrepreneurs de la défense, selon un récent rapport du Project on Government Oversight (POGO).

Ces fonds proviennent d’un fonds commun de 33 milliards de dollars que le Pentagone a mis de côté pour soutenir les petites entreprises de l’industrie de la défense, qui ont rapidement disparu à mesure que le secteur militaire se consolidait ces dernières années.

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Le Pentagone envisage d’utiliser Space X comme une force militaire de réaction rapide

L’US Transportation Command espère que les fusées Space X d’Elon Musk pourront empêcher un prochain Benghazi.

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Photo Illustration: The Intercept with Alex Hinton/Gettyimages

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Top Gun : Abolir le complexe militaro-culturel

Parmi les rares scénarios antimilitaristes qui sont transformés en films, beaucoup ont été rejetés par réflexe parce que leur contenu provocateur soulevait des objections de la part des chefs militaires.

Source : Jacobin Mag, David Sirota
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Tom Cruise dans le film original Top Gun de 1986. (Paramount Pictures)

L’armée infiltrant discrètement un studio de cinéma… l’idée peut sembler être une intrigue fantastique pour un film, mais Top Gun : Maverick nous rappelle que tout cela est bien réel. Ce nouveau blockbuster est le dernier produit d’un complexe militaro-culturel dont peu de gens ont connaissance, mais qui façonne une grande partie de ce que nous lisons, voyons et entendons sur l’armée et le militarisme.

C’est dans les films que ce système de propagande furtive pro-militaire est le plus répandu, même s’il est à peine dévoilé aux spectateurs.

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Top Gun Maverick : pourquoi Hollywood reste le meilleur allié de l’armée américaine

Les producteurs peuvent emprunter des équipements coûteux à bas prix, mais le Pentagone utilise les films comme une machine de propagande.

Source : The Guardian, Steve Rose
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Vitesse de croisière… Top Gun : Maverick, avec Tom Cruise.

Tom Cruise est de retour avec le film Maverick. Il enfreint les règles, repousse les limites, frôle la tour de contrôle, puis affiche un grand sourire et s’en sort comme si nous étions encore en 1986. Comme pour son précédant film à succès, il y a une série de règles Top Gun auxquelles Maverick obéit scrupuleusement : celles de la Marine américaine. Sans ses avions de chasse, ses bases, ses porte-avions et sa coopération totale, les films de la série Top Gun n’existeraient pas.

Ce n’est un secret pour personne que le ministère de la Défense (DoD) collabore volontiers et fréquemment avec l’industrie du divertissement, y compris en prêtant ses jouets les plus coûteux. Mais cette coopération a un prix, et il n’est pas seulement financier. Le DoD gère si soigneusement son image à l’écran que certains ont suggéré qu’il est en fait un coproducteur anonyme sur des milliers de films, au point qu’Hollywood fonctionne comme sa machine de propagande.

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Russie : Quelle trajectoire pour l’économie russe ? – Jacques Sapir

Par : Sapir

Analyse du bulletin n°54 de l’IPE-ASR

La question de l’évolution de l’économie russe à la suite du choc de la guerre et des sanctions est aujourd’hui une question centrale pour l’évolution de la situation géostratégique autour de l’Ukraine.

L’Institut des Prévisions Économiques de l’Académie des Sciences de Russie (IPE-ASR) vient de publier ses données au 25 mai, qui correspondent à ce qu’ils appellent le « scénario inertiel » dans le bulletin n°54[1]. Elles offrent une vision intéressante, sur la base du modèle QUMMIR que nos collègues utilisent régulièrement pour leurs évaluations de la situation économique.

Le contexte

Il est clair que le développement de l’économie russe cette année a été divisé, et sera, en deux parties : avant et après le début la guerre en Ukraine. Les sanctions qui ont été imposées à la Russie par les pays de l’OTAN et leurs alliés, qui sont désormais qualifiés de « pays hostiles à la Russie » a imposé un changement radical dans les interactions de la Russie avec le monde extérieur. Cela pose la question de « l’isolement » de la Russie et de ses effets. On sait que de nombreux pays ont refusé de prendre des sanctions économiques contre la Russie, qu’il s’agisse de la Chine, de l’Inde, ou de pays plus petits comme la Malaisie (gros producteur de micro-processeurs) ou le Vietnam.

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Russie : Comment l’économie s’adapte aux sanctions – Jacques Sapir

Par : Sapir

Alors que les commentaires publiés dans la presse sur la situation de l’économie en Russie sont plus ou moins catastrophistes[1], mais essentiellement sur des sources occidentales, la véritable question qui se pose est de savoir comment, et à quelle vitesse, l’économie russe pourra s’adapter à la situation actuelle. Au-delà des mesures prises pour conjurer les effets à court terme des sanctions, mesures qui ont été relativement efficaces au point que certaines de ces mesures sont aujourd’hui assouplies[2], se pose en effet la question de savoir comment la Russie va s’adapter à une rupture plus ou moins importante avec les économies occidentales. Cette question n’a, pour l’instant, pas de réponse. Mais, on voit se mettre en place des stratégies d’adaptation qui indiquent que les choses pourraient bouger dans les prochains mois, voire les prochaines semaines. Deux exemples sont ici intéressants et méritent d’être analysés.

1 – Le cas d’Avtoframos (Renault-Moscou)

Le premier cas est celui de l’usine Avtoframos créée à la fin des années 1990 par Renault suite à un accord avec la municipalité de Moscou. Renault, qui avait investi environ un demi-milliard d’euros dans la création de cette entreprise, a donc décidé de transférer gratuitement l’usine à la municipalité. Mais, contrairement à AvtoVAZ (qui se trouve à Togliattigrad), qui a été cédé à l’État pour un rouble symbolique et où Renault a le droit de revenir dans les six ans, l’usine de Moscou, qui est l’une des entreprises automobiles les plus modernes et technologiquement avancées de Russie, passe sous la juridiction russe de manière complète et irrévocable. Cette usine, située dans la banlieue de Moscou au Sud-Est de la ville à proximité du « port du Sud » sur la Moskova, à côté mais distinctes de l’ancienne usine automobile « Moskvitch », et que je connais pour avoir, avec l’un de mes thésards, suivi de près sa construction, employait environ 6000 personnes et produisait des modèles Dacia soit des « Logan », des « Sandéro », ou des « Duster », mais aussi un modèle Renault, la « Fluence ». La production avait dépassé les 160 000 exemplaires par an.

Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine a annoncé, sur son blog le 16 mai, vouloir relancer la production, une production qui se ferait sous le nom de Moskvitch, une marque célèbre du temps soviétique, et faire de cette usine un nouveau fleuron industriel de Moscou[3]. L’idée décrite dans le blog est de chercher de nouvelles coopérations avec des firmes japonaises, chinoises ou malaisiennes (Proton ou Perodua) afin de disposer des composants (25%) qui étaient encore issus de l’étranger dans la production d’Avtoframos. Si une coopération directe avec des firmes japonaises est peu probable, du fait du régime de sanctions prises contre la Russie, la situation apparaît plus favorable dans le cas d’entreprises chinoises ou d’entreprises de la Malaisie, un pays qui se refuse à appliquer les sanctions et avec lequel la Russie vient justement de signer un grand accord pour la livraison de semi-conducteurs[4].

Cette idée est-elle réaliste ? Sans doute, mais elle impliquera que la municipalité de Moscou s’engage largement dans la gestion de la firme et lui apporte un soutien financier important dans les mois de transition. Si la nouvelle société « Moskvitch » veut s’inscrire dans la durée, elle devra soit s’allier à une société étrangère de taille internationale, soit se doter rapidement, mais cela impliquera de nouveaux coûts, d’un bureau d’étude et de conception lui permettant de concevoir et produire des véhicules nouveaux. L’histoire est donc loin d’être écrite. On peut penser que la solution la plus raisonnable serait de rechercher rapidement une alliance avec un grand groupe (chinois ?) mais on ne peut exclure la volonté de la municipalité de Moscou de relancer « Moskvitch » comme une firme réellement nationale.

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Elon Musk pourrait aggraver la situation, mais Twitter était déjà mal en point

Beaucoup craignent que Twitter, sous la houlette d’Elon Musk, ne tombe dans l’escarcelle des trolls et des harceleurs. C’est possible. Mais au lieu de se disputer pour savoir qui devrait être exclu de Twitter, nous devrions nous intéresser aux raisons d’être de Twitter et à l’impact recherché du réseau social sur le comportement de ses utilisateurs.

Source : Jacobin Mag, Ryan Zickgraf
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Elon Musk, founder of SpaceX and chief executive officer of Tesla Inc., arrives at the Axel Springer Award ceremony in Berlin, Germany, on Tuesday, Dec. 1, 2020. Tesla Inc. will be added to the S&P 500 Index in one shot on Dec. 21, a move that will ripple through the entire market as money managers adjust their portfolios to make room for shares of the $538 billion company. Photographer: Liesa Johannssen-Koppitz/Bloomberg via Getty Images

Le vrai problème de Twitter, ce ne sont pas les milliardaires qui le possèdent, mais l’indignation que ses algorithmes sont conçus pour provoquer, transformant nos pensées et notre attention en une marchandise. (Liesa Johannssen-Koppitz / Bloomberg via Getty Images)

À entendre la classe bavarde libérale la semaine dernière, l’achat de Twitter par Elon Musk n’est pas seulement une mauvaise nouvelle – c’est l’apocalypse.

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Comprendre les dilemmes de l’économie russe aujourd’hui – Jacques Sapir

Par : Sapir

Quelles sont les perspectives pour l’économie russe aujourd’hui ? Deux textes, l’un publié dans l’hebdomadaire russe EKSPERT par des collègues de l’Institut de Prévisions de l’Économie de l’Académie des Sciences (IPE-ASR)[1] et l’autre sur le site de ce même institut, co-écrit par Alexandre Shirov et son équipe[2], permettent de se faire un début d’opinion.

Quelle baisse pour la production ?

La première question est naturellement d’évaluer les conséquences des sanctions liées à la guerre en Ukraine sur l’économie russe. On sait, et cela a déjà été dit[3], que la situation du rouble s’est stabilisée dès la fin du mois de mars, grâce aux actions de la Banque Centrale de Russie. Celle-ci a pu desserrer le contrôle des changes mis en place à la fin du mois de février 2022[4]. Néanmoins, des experts russes et étrangers estiment que le choc des sanctions sur l’économie devrait se traduire par une baisse du PIB de -8% à -12%[5]. C’est pourquoi le texte d’Alexandre Shirov et de ses collègues est-il si important car il apport des précisions importantes en la matière.

Le texte commence donc par constater que « Le déclin de l’économie russe d’ici la fin de l’année en cours de 8 à 10 %, attendu par les experts, ne s’est pas encore reflété dans les statistiques officielles (les calculs sont basés sur les données de Rosstat pour janvier-mars 2022) »[6]. Ce n’est pas à priori trop étonnant compte-tenu du retard de plus d’un mois et demi dans les publications des principaux indicateurs conjoncturels. Il convient d’ailleurs de rappeler que les calculs basés sur des méthodes d’extrapolation de séries temporelles, dans les conditions d’un grand choc exogène, comme celui provoqué par la guerre et les sanctions, ne permettent pas de prendre pleinement en compte les évolutions de l’économie.

Néanmoins, Alexandre Shirov et ses collègues constatent que, avec une baisse attendue du PIB pour 2022 de 8%, et compte tenu d’une croissance de 4% en glissement annuel au premier trimestre 2022, la baisse au deuxième trimestre par rapport à la période précédente, corrigée des variations saisonnières, devrait être supérieure à 14 % ; après quoi, au cours des III et IV trimestres, il ne devrait pas y avoir de reprise de la croissance de la production. Or, « à partir des données disponibles pour avril 2022 (chargement sur le transport ferroviaire, production de pétrole et production de produits pétroliers, consommation d’électricité, bilan de consommation dépenses), une baisse aussi importante au deuxième trimestre n’est pas encore visible »[7].

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Ukraine : Ne vous fiez pas aux « experts » de l’industrie de la défense

Les chaînes d’information câblées font appel à d’anciens responsables militaires bellicistes pour analyser la guerre en Ukraine. Pourtant, elles omettent de mentionner les liens de ces experts avec les entreprises de défense – et leur intérêt financier à pousser à l’intervention militaire américaine.

Source : Jacobin Mag, Aditi Ramaswami et Andrew Perez
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des consultants de l’industrie de la défense dans diverses émissions d’information sur MSNBC et CNN.

La semaine dernière, CNN a fait appel à l’ancien secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, pour sa récente quatrième apparition afin de parler, une fois de plus, de l’invasion meurtrière de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine.

« Je pense que nous devons comprendre qu’il n’y a qu’une seule chose que Poutine comprend, et c’est la force », a déclaré Panetta sur Newsroom.

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Guerre en Ukraine : Comment les sous-traitants du Pentagone tirent profit de la crise

Les entrepreneurs américains de l’armement ne font pas que profiter, ils se gavent aussi avec l’invasion russe en Ukraine.

Le Pentagone, le siège du ministère américain de la Défense, à Washington. (Wikimedia Commons).

Source : Scheer Post, William D. Hartung et Julia Gledhill / TomDispatch
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’invasion russe de l’Ukraine a apporté d’immenses souffrances aux habitants de ce pays, tout en suscitant des appels à l’augmentation des dépenses militaires tant aux États-Unis qu’en Europe. Bien que cette guerre puisse s’avérer être une tragédie pour le monde, un groupe en profite déjà : les entrepreneurs d’armes américains.

Avant même que les hostilités n’éclatent, les PDG des principales entreprises d’armement évoquaient la manière dont les tensions en Europe pourraient gonfler leurs bénéfices. En janvier 2022, lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs de sa société, Greg Hayes, PDG de Raytheon Technologies, s’est typiquement vanté que la perspective d’un conflit en Europe de l’Est et dans d’autres points chauds du globe serait bonne pour les affaires, ajoutant que « nous voyons, je dirais, des opportunités de ventes internationales… Les tensions en Europe de l’Est, les tensions en mer de Chine méridionale, toutes ces choses font pression sur certaines dépenses de défense là-bas. Je m’attends donc à ce que nous en tirions un certain profit. »

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Qui est isolé ? La guerre en Ukraine dans son contexte géoéconomique – Jacques Sapir

Par : Sapir

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a mis en évidence une profonde fracture entre le monde « occidental » » et le reste du monde [1]. Cette fracture survient dans un contexte de démondialisation accélérée. Cette dernière est devenue une évidence depuis la crise des subprime de 2008-2010 qui n’a jamais été surmonté complètement. Elle s’est accentuée avec l’épidémie de la Covid-19 et, aujourd’hui, avec les conséquences de la guerre résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Se réveillent alors de vieilles peurs. Et si cette démondialisation annonçait le retour au temps des guerres ?

Mais ces peurs ne sont que l’autre face d’un mensonge qui fut propagé par ignorance, pour les uns, et par intérêts, pour les autres. Le commerce n’a jamais effacé la guerre, même en Europe. On oublie trop rapidement la guerre civile dans l’ex-Yougoslavie, et ce sans parler de la terrible guerre qui ravagea l’Afrique centrale [2], de la guerre du Darfour [3], des guerres du Moyen-Orient, de celle toujours en cours au Yémen. La liste est, hélas, longue. Que signifie l’expression de « démondialisation » que l’on utilise pour qualifier le contexte géoéconomique dans lequel se déroule cette guerre ?

La mondialisation que nous avons connue depuis près de quarante ans a résulté de la combinaison de la globalisation financière, qui s’est mise en place avec le dé-tricotage du système hérité des accords de Bretton Woods en 1971-73, et de la globalisation marchande, qui s’est incarnée dans le libre-échange. Elle a conduit à une surexploitation des ressources naturelles plongeant plus d’un milliard et demi d’êtres humains dans des crises écologiques qui vont chaque jour empirant. Elle a provoqué la destruction du lien social dans un grand nombre de pays et confronté là aussi des masses innombrables au spectre de la guerre de tous contre tous, au choc d’un individualisme forcené qui laisse présager d’autres régressions, bien pires encore [4].

La guerre en Ukraine survient alors dans un contexte économique et politique international qui a profondément évolué ces vingt dernières années, et en particulier depuis 2010. Ce contexte est marqué par une accélération du mouvement de démondialisation, déjà apparent en 2010 mais considérablement renforcé, et d’un mouvement de désoccidentalisation du monde.

Le constat que l’on peut tirer des dix dernières années est que la mondialisation, ou globalisation, a engendré de telles forces de contestation, forces qui ne se sont pas limitées à l’idéologie, forces qui se sont avérées profondes et puissantes et qui n’ont fait que se renforcer, qu’un point de basculement a été atteint. La mondialisation s’est d’abord enrayée, puis elle s’est inversée. Cela fut patent lors de la crise de la Covid-19. La démondialisation a donc commencé dans les faits. Elle porte en elle, aussi, une « désoccidentalisation » du monde [5]. C’est un phénomène important, qui se traduit par le renforcement considérable des économies extra-européennes mais aussi par leur autonomisation vis-à-vis de « l’occident », mouvement qui ne semble pas avoir été réellement compris.

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