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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Le Sénat rejette largement le traité de libre-échange avec le Canada

Les sénateurs ont dit non à la ratification du Ceta, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, jeudi 21 mars. L'issue du vote était attendue, grâce à une alliance de circonstance, entre la gauche et Les Républicains, qui a permis de rejeter l'article du projet de loi relatif à ce traité commercial par 211 voix contre 44.
L'accord, très décrié, prévoit notamment la suppression des droits de douane sur 98 % des produits échangés entre l'UE et le Canada, la réduction des réglementations et (...)

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Un « coup de tonnerre politique » : une alliance gauche-droite pour rejeter le Ceta

Le traité de libre-échange entre l'UE et le Canada est examiné le 21 mars par le Sénat. Mais une alliance entre la gauche et la droite menace la ratification de l'accord, néfaste pour l'environnement et la santé des consommateurs.
En pleine campagne pour les élections européennes et sur fond de crise agricole, il n'y a pas meilleur moment pour imposer le sujet dans les débats. Plus de six ans après son adoption par le Parlement européen, le Comprehensive economic and trade agreement (Ceta) est de retour (...)

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Un protectionnisme comme en Suisse pour sauver l’agriculture française ? Vraiment ?

On ne sait plus d’où viennent les rumeurs. Mais, lorsque les paysans étaient dans la rue, une rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre : le protectionnisme, ça marche en Suisse. Pourquoi pas en France ? Et hop, vive le protectionnisme… Sauf que, la réalité suisse est un peu plus compliquée que la rumeur ne le dit. Et l’agriculture suisse n’échappe, malgré son protectionnisme, ni à la baisse du nombre d’agriculteurs, ni à l’augmentation des importations.

Plusieurs points doivent vraiment être soulignés concernant la réalité suisse :

  • d’abord, l’économie suisse fait partie des économies européennes les plus ouvertes à la mondialisation. Le poids des exportations dans le PIB en Suisse est deux fois supérieur à celui des exportations françaises…
  • la Suisse importe massivement des produits agricoles simples et exporte massivement des produits transformés (notamment du chocolat et du café)
  • le nombre d’exploitations agricoles diminue fortement, plus rapidement qu’en France et la Suisse compte désormais moins d’exploitants agricoles par habitant que la France
  • l’agriculture suisse parvient à exporter des produits laitiers, comme le fromage, dans des conditions qui devraient interroger les producteurs français

Finalement, le protectionnisme suisse :

  • n’empêche pas la disparition progressive des exploitations agricoles
  • est parallèle à un recours massif aux importations

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Libre-échange : l’effondrement agricole français

Les postures idéologiques à courte vue sont faciles : pour ou contre le protectionnisme ou le libre-échange, pour ou contre l’agriculture industrielle, pour ou contre l’Europe. Mais la réalité est toujours plus compliquée, et l’analyse des faits change la donne. Alors que les tensions agricoles sont fortes, les chiffres officiels du commerce extérieur pour 2023 éclairent de façon crue les enjeux intérieurs français dans ce domaine. Et la balance ne penche guère en faveur des petits producteurs.

Ce premier tableau qui détaille les exportations françaises et leurs évolutions en 2023, a le mérite de replacer le débat sur l’agriculture dans ses justes dimensions. Onp eut en retenir plusieurs points :

  • la France exporte des produits agricoles à hauteur de 19 milliards €, c’est le 14è poste d’exportations en termes de valeur
  • les exportations de l’industrie agro-alimentaire (c’est-à-dire les produits agricoles transformés) valent près de 63 milliards €. C’est le premier poste d’exportations…
  • l’industrie agro-alimentaire rapporte donc 3 fois plus que la production agricole brute
  • le second poste d’exportation est l’automobile, avec 56,5 milliards €…
  • la stratégie commerciale française est donc assez logiquement dictée par les industriels qui exportent, et sont favorables au libre-échange

Voyons le tableau des importations :

Comme on le voit :

  • les importations de produits agricoles sont le 15è poste d’importations en France
  • elles représentent près de 18 milliards €
  • la France est donc exportatrice nette de produits agricoles à hauteur d’un peu plus d’un milliard
  • la France importe 57,2 milliards € de biens agro-alimentaires, c’est le 4è poste d’importations
  • la France est importatrice nette d’agro-alimentation à hauteur de près d’un milliard

Si la France veut redevenir une exportatrice nette de biens agro-alimentaires, elle doit favoriser sa filière industrielle de transformation.

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Passe d’armes entre la France et l’Allemagne sur le libre-échange avec le MERCOSUR

Hier, Gabriel Attal s’est déplacé à Belrin pour causer business avec Olaf Scholz, les très mondialiste et très otaniste chancelier allemand. Entre autres sujets, la discussion a porté sur la signature imminente du traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud, le fameux Mercosur. Les deux premiers ministres ont constaté leur désaccord : la France aimerait bien au minimum traîner sur la signature, l’Allemagne est pressée de signer. L’issue finale sera un bon test pour la crédibilité de la France en Europe. Gloups !

De l’opposition entre la France et l’Allemagne sur la signature du traité Mercosur, on peut déduire plusieurs points essentiels.

  • le traité du Mercosur devrait fortement nuire à la position des petits producteurs agricoles européens, notamment dans la filière viande, dans la volaille ou dans l’industrie sucrière
  • en revanche, le Mercosur prévoit une suppression des barrières tarifaires pour le vin, les spiritueux, les olives, les pêches en conserve et le chocolat, qui peuvent intéresser des filières agricoles françaises
  • les industriels européens sont largement favorables à ce traité qui leur permettra de développer des marchés convoités par la Chine et les USA
  • en France, un acteur comme Stellantis (Peugeot, Citroën) piaffe d’impatience pour signer un texte qui lui ouvrira la possibilité d’installer des usines pour concurrencer les producteurs automobiles allemands déjà installés
  • le choix à opérer ne se limite donc pas à une alternative simpliste entre protectionnisme et libre-échange, il concerne notre ambition ou non de rester une puissance industrielle
  • la stratégie de Macron (et plus largement des responsables européens) qui consiste à ne pas expliquer les choix de l’Union se révèle ici désastreuse, car elle contribue à simplifier à outrance un débat crucial pour notre avenir
  • toute la difficulté est d’expliquer à l’opinion française qu’il faut arbitrer entre plusieurs mouvements contradictoires du monde contemporain, et qu’aucun choix manichéen n’est tenable

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Des paysans européens se mobilisent à Bruxelles contre le libre-échange

Le 1er février, un millier de paysans étaient rassemblés devant le Parlement européen contre les traités de libre-échange "antidémocratique". Ils dénoncaient aussi l'appauvrissement de la profession.
Bruxelles, reportage
Près du Parlement européen, sous un gigantesque panneau « Use your vote » — utilisez votre vote, en français – un cordon de police a essuyé jeudi 1er février des jets de bouteille et quelques cocktails Molotov lancés par des agriculteurs en colère, visage découvert. Une statue, au centre de la (...)

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Pour un traité de libre-échange entre l’Union européenne et l’Indonésie

Près de la moitié de la population mondiale votera en 2024 dans un contexte de troubles internationaux. Les électeurs de l’Union européenne éliront leurs représentants au Parlement européen les 6 et 9 juin 2024. Une quarantaine d’élections auront également lieu dans le monde, notamment aux États-Unis, en Inde, en Indonésie, en Russie et au Mexique.

L’Union européenne se trouve à un trounant en 2024, confrontée à la nécessité de redéfinir ses relations avec un autre géant démographique et commercial, l’Indonésie. Alors que les deux entités s’apprêtent à vivre des élections importantes, l’influence combinée de plus de 700 millions de personnes pourrait ouvrir la voie à la réinitialisation d’un partenariat qui a été entaché par les conflits politiques, les contestations juridiques et l’absence flagrante d’un accord de libre-échange.

 

L’Indonésie, troisième plus grande démocratie du monde

L’histoire de l’Indonésie est tissée de cultures et d’influences diverses. Autrefois plaque tournante du commerce des épices, l’archipel a connu l’essor et le déclin de puissants royaumes, dont celui de Srivijaya et de Majapahit. La colonisation par les Hollandais au XVIIème siècle a ouvert la voie à la lutte pour l’indépendance de l’Indonésie, qui a culminé avec sa proclamation en 1945. Après l’indépendance, la nation asiatique a été confrontée à des défis politiques et économiques, notamment le régime autoritaire de Suharto, jusqu’à l’avènement de la démocratie en 1998.

Aujourd’hui, l’Indonésie est un exemple de résilience. Le pays, qui compte aujourd’hui plus de 270 millions d’habitants, a connu une croissance économique constante et s’est imposé comme un acteur clé en Asie du Sud-Est. Dans ce pays démocratique et dynamique, les prochaines élections seront l’occasion de donner un mandat pour des politiques qui peuvent propulser l’Indonésie sur la scène mondiale.

 

Un accord de libre-échange opportun avec le pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est

L’Union européenne a négocié avec succès plusieurs accords de libre-échange avec différents blocs, renforçant ainsi ses liens économiques sur la scène mondiale. Parmi les accords les plus importants, citons les partenariats avec le Canada (CETA), le Japon et le bloc Mercosur en Amérique du Sud. Ces accords ont permis de faciliter l’accès aux marchés, de réduire les droits de douane et de stimuler les investissements transfrontaliers.

Depuis juillet 2016, l’Union négocie donc avec l’Indonésie dans le but de conclure un accord dont la portée serait similaire à celle des accords commerciaux conclus par Bruxelles avec Singapour en 2014 et avec le Viêt Nam en 2015.

À l’instar des accords existants, la position unique de l’Indonésie en tant que marché majeur pour les biens et services haut de gamme, associée à son influence régionale, offre à l’Union européenne une porte d’accès au dynamisme économique de l’Asie du Sud-Est. En donnant la priorité à un accord de libre-échange global avec l’Indonésie, l’Union européenne ne diversifierait pas seulement son portefeuille économique, mais se positionnerait aussi stratégiquement dans une région à l’immense potentiel.

Le libre-échange favorise la croissance économique en élargissant l’accès au marché, en promouvant une concurrence saine et en stimulant l’innovation. L’abaissement des barrières commerciales permet une allocation efficace des ressources, une spécialisation basée sur l’avantage comparatif et un plus grand choix pour les consommateurs. Les consommateurs européens et indonésiens bénéficieraient d’un plus large éventail de biens et de services à des prix plus compétitifs, ce qui améliorerait en fin de compte leur niveau de vie.

Par exemple, les produits de luxe français, réputés dans le monde entier, trouveraient un marché florissant dans la classe moyenne en expansion de l’Indonésie. Les produits français emblématiques ont tout à gagner d’une réduction des droits de douane et d’une plus grande accessibilité. Les collaborations dans des domaines tels que les énergies renouvelables, les infrastructures intelligentes et les technologies numériques pourraient ouvrir la voie à des partenariats mutuellement bénéfiques. Alors que l’Indonésie, membre du G20, vise un développement durable, l’expertise française dans ces secteurs deviendrait un atout qui s’alignerait sur les priorités économiques des deux nations.

De surcroît, le renforcement des liens économiques avec l’Indonésie pourrait servir de doux contrepoids à l’influence croissante de la Chine dans la région, sans avoir recours à des manœuvres ouvertement politiques ou militaires. En substance, un accord de libre-échange avec l’Indonésie serait un outil sophistiqué dans l’arsenal diplomatique de l’Union européenne, facilitant l’influence et la stabilité dans une partie du monde stratégiquement cruciale.

Mais le renforcement des liens économiques n’est pas seulement une question de commerce et d’influence ; c’est aussi un outil qui permet de promouvoir la compréhension entre des sociétés différentes. Des économies interconnectées sont moins susceptibles d’entrer en conflit. Dans ce contexte, un accord de libre-échange bien négocié ne renforcerait pas seulement la prospérité économique des deux blocs, mais jetterait également les bases d’une relation géopolitique plus solide.

 

Les gagnants et les perdants d’un accord avec l’Indonésie

Un accord de libre-échange devrait entraîner une augmentation globale du PIB et des échanges tant pour l’Union européenne que pour l’Indonésie. Les résultats de l’analyse d’impact menée par l’Union européenne indiquent que d’ici 2032, les augmentations attendues du PIB de l’Union se situeront entre 2,46 et 3,09 milliards d’euros. Pour l’Indonésie, les gains attendus sont plus prononcés, avec des augmentations prévues du PIB allant de 4,56 milliards d’euros à 5,19 milliards d’euros d’ici 2032. 

L’étude prévoit des augmentations significatives de la production et des exportations de produits industriels en provenance de l’Union européenne. Les secteurs les plus susceptibles de connaître des hausses à la production et à l’exportation sont les véhicules à moteur et pièces détachées, papier et produits en papier, produits chimiques, caoutchouc et plastique. Pour l’Indonésie, on s’attend à des augmentations significatives de la production et des exportations de textiles, de vêtements et de chaussures.

Alors que les gains globaux devraient être positifs, certains secteurs devraient connaître des baisses de production et d’exportations globales. Pour l’Union européenne, celles-ci devraient se produire dans les secteurs du textile, de l’habillement et de la chaussure, tandis que l’Indonésie devrait connaître des baisses dans les secteurs des véhicules à moteur et de leurs pièces détachées, des machines, du papier et des produits en papier, des produits chimiques, du caoutchouc, du plastique et des produits métalliques.

 

Quel impact sur nos agriculteurs ?

En ce qui concerne l’agroalimentaire, l’étude d’impact prévoit que l’accord pourrait entraîner une augmentation de la production de produits laitiers et de boissons alcoolisées dans l’Union européenne, tandis que les exportations bilatérales d’aliments transformés devraient également augmenter en Indonésie. 

En effet, il est impossible d’affirmer que le secteur agricole français pourrait se trouver lésé par un éventuel accord de libre-échange avec l’Indonésie. En effet, la France produit surtout des céréales (blé, maïs, orge), de la betterave sucrière, du tournesol, des pommes de terres, du colza, des fruits, du lait de vache, du vin, de la viande bovine et porcine. De son côté, la production agricole de l’Indonésie, pays soumis à un climat chaud et tropical, est dominée par les produits suivants : riz, huile de palme, caoutchouc naturel, thé, noix de coco, fruits tropicaux (bananes, mangues, ananas, etc.), café, cacao, soja, poissons et fruits de mer. On le voit, les deux pays, soumis à des climats que tout oppose, ont une production agricole aussi différente que complémentaire.

La Copa-Cogeca, le groupe de pression des agriculteurs européens à Bruxelles, estime que « en ce qui concerne les ambitions de l’agenda commercial européen (par exemple l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Mercosur et l’Indonésie), nous soutenons les efforts de l’Europe pour trouver de nouveaux marchés, en particulier dans les régions du monde qui connaissent une croissance rapide. Nous pensons toutefois que les accords doivent être équilibrés en ce qui concerne le chapitre agricole. »

Preuve qu’un traité de libre-échange peut respecter les intérêts agricoles des deux parties et être populaire, la Suisse a conclu un accord de libre-échange avec l’Indonésie en décembre 2018. Les citoyens suisses, dont l’avis a été demandé par referendum d’une façon inédite sur un traité de libre-échange, a accepté l’accord. 

 

Le nickel, le véritable enjeu des négociations ?

« Pour l’Union européenne, le véritable enjeu des négociations est lié à l’accès aux matières premières », estime Alan Hervé, Professeur à Institut d’études politiques de Rennes et auteur de l’ouvrage Les accords de libre-échange de l’Union européenne, publié en décembre 2023. 

Contacté par Contrepoints, il souligne que c’est l’accès au nickel qui fait l’originalité de ces négociations entre Bruxelles et Jakarta. L’Indonésie a en effet interdit l’exportation de minerai de nickel en 2020, affirmant son droit à stimuler son économie et à créer des emplois en remontant dans la chaîne de valeur, notamment pour développer son industrie locale de batterie pour les véhicules électriques. L’Indonésie, premier exportateur mondial de nickel avant cette interdiction, représente donc pour l’Europe une source d’approvisionnement potentielle très intéressante. Un contentieux a notamment été engagé par l’Union européenne devant l’OMC à ce sujet.

Pour Alan Hervé, « quand l’Union européenne négocie, elle essaie d’obtenir un accès au marché du pays-tiers. Là, un des enjeux premiers est de sécuriser des règles sur l’accès aux matières premières indonésiennes, ce pays appliquant beaucoup de mesures de restriction à l’export ». Si jamais les négociations devaient aboutir, « il y aurait sans doute des clauses qui porteront sur ces points de frictions avec, du côté de l’Union européenne, des garanties d’approvisionnement, mais aussi sans doute, du côté indonésien, la volonté de maintenir des mesures de sauvegarde et des possibilités de maintenir des mesures de restrictions dans certains cas. » 

 

Une opportunité à saisir

Malgré des aspects prometteurs, les relations Union européenne-Indonésie connaissent des difficultés. Celles-ci sont particulièrement évidentes lorsque l’Union impose des barrières commerciales et des droits de douane sur les produits indonésiens, notamment sur le cacao, le café, l’huile de palme, l’acier et le bois. À Jakarta, ces actions ont alimenté une certaine méfiance, créant un obstacle à la promotion d’un partenariat mutuellement bénéfique.

Comme le disait Frédéric Bastiat, les mesures protectionnistes, telles que les droits de douane, reviennent à briser des vitres pour stimuler l’activité économique : elles créent un avantage visible (la protection de l’industrie nationale) mais négligent les coûts invisibles (les pertes d’opportunités et les inefficacités économiques).

Alors que l’Union européenne est confrontée à la baisse de ses exportations vers des marchés comme la Chine, et à la menace de tarifs douaniers de la part d’un probable gouvernement Trump, le moment est plus que jamais venu de recalibrer sa stratégie. En resserrant ses liens avec l’Indonésie, l’Union pourrait tirer parti d’une économie dynamique et s’assurer ainsi un avantage stratégique sur des concurrents tels que les États-Unis, la Chine, et même des acteurs plus modestes comme le Royaume-Uni et la Turquie, qui s’efforcent de renforcer leurs relations commerciales avec Jakarta. Ces pays ont conclu que les mesures unilatérales contre les exportations indonésiennes étaient contre-productives. À l’Union européenne de leur emboîter le pas.

Si elle veut surfer avec succès sur cette vague diplomatique, l’Union européenne devra adopter une approche pragmatique. Après les élections indonésiennes de février, le nouveau président indonésien offrira une occasion unique de prendre un nouveau départ, et Bruxelles devra faire preuve de proactivité. Pour établir un dialogue constructif avec Jakarta, il faudra s’attaquer à la cause première de ces relations tendues : les barrières commerciales imposées par Bruxelles.

L’huile de palme, l’une des principales pommes de discorde entre les deux zones, est emblématique des défis auxquels l’Union européenne est confrontée dans ses relations avec l’Indonésie. Alors que l’Union s’oriente vers le développement durable, il est impératif de trouver un terrain d’entente avec l’Indonésie, un pays fortement tributaire de la production d’huile de palme. Il est primordial de trouver un équilibre qui encourage les pratiques durables indonésiennes sans étouffer la croissance économique du pays et l’Union européenne doit mettre fin à certaines barrières commerciales manifestement protectionnistes qui nuisent aux exportations indonésiennes.

 

Alors que l’Union européenne cherche à relever ces défis, un accord de libre-échange global et mutuellement bénéfique avec l’Indonésie doit être une priorité. Si elle n’agit pas maintenant, l’Union risque d’être mise à l’écart alors que d’autres acteurs mondiaux renforcent leurs liens avec l’Indonésie et l’Asie du Sud-Est, ce qui désavantagerait Bruxelles dans le paysage en constante évolution du commerce international.

Mercosur et libre-échange : l’Union piétine Macron une fois de plus

Macron a récemment affirmé que l’Union Européenne avait renoncé à négocier l’accord de libre-échange avec l’Amérique du Sud, le fameux Mercosur. Problème : le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, s’est empressé d’annoncer l’inverse. Dans la pratique, si les agriculteurs français sont très hostiles à cet accord, les industriels le poussent car ils espèrent exporter massivement grâce à cet accord. Officiellement, Macron se rend à Bruxelles demain pour négocier le bout de gras. Mais l’Allemagne est bien décidée à signer un traité dont elle a besoin pour relancer son industrie…

Les années passent et, comme nous l’évoquons souvent, les tensions grandissent au sein de l’Union Européenne, et tout particulièrement entre la France et l’Allemagne. Ces tensions ne sont guère surprenantes : l’Allemagne est une puissance industrielle exportatrice, la France une puissance désindustrialisée dont le commerce extérieur est fortement déficitaire. Leur rapport au monde est donc inversé : l’Allemagne a besoin du libre-échange pour s’enrichir, la France a besoin du protectionnisme.

Le mouvement paysan en est la preuve.

Le graphique ci-dessus rappelle la complexité de la situation, évoquée par Jean-François Chaperon dans nos colonnes (voir la vidéo ci-dessous). Les paysans français sont confrontés à la concurrence de produits importés, mais ils sont aussi exportateurs. Simplement, ceux qui subissent la rude concurrence des produits importés ne sont pas forcément ceux qui exportent. La mondialisation fait des gagnants, mais aussi des perdants…

Dans cet ensemble, Macron, sous la contrainte des blocages paysans, est obligé de donner le change à Bruxelles en demandant de temporiser sur le traité de libre-échange que les Allemands sont pressés de signer. Le cartel de la presse subventionnée rend service à l’Elysée en présentant la venue de Macron à Bruxelles demain comme une opération héroïque. En réalité, elle a tout d’une opération d’enfumage destinée à dissimuler la perte d’influence de la France. Perte d’influence d’autant plus importante que les industriels français eux-mêmes plaident pour la signature de ce traité.

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6 (courtes) questions sur les déterminants économiques de la crise agricole

Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

Crise des agriculteurs : le rôle de la PAC

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints – Le mouvement de colère des agriculteurs n’est pas propre à notre pays. Il s’exprime aussi aux Pays-Bas, en Belgique, en Roumanie, en Italie, en Allemagne.. quel rôle a eu la politique agricole européenne dans le déclenchement de ces crises ? 

Xavier Hollandts La politique agricole européenne a toujours été la colonne vertébrale des politiques agricoles nationales et de leur déclinaison dans les territoires. Elle constitue même, historiquement, la première vraie politique commune à l’échelle européenne. Il ne faut pas oublier que la politique agricole, lorsqu’elle s’appuyait sur les quotas, était un puissant outil de régulation. Outil qui servait à piloter les volumes et qui jouait aussi un rôle d’amortisseur en cas de crise agricole. Les quotas ayant disparu progressivement dans les années 2010, on assiste depuis lors à une dérégulation des prix et des marchés. La politique agricole s’appuie désormais sur quelques leviers, essentiellement incitatifs, et le rôle d’amortisseur n’est plus du tout assuré par la politique agricole. Alors qu’elle était vue d’un bon œil par une majorité des paysans, la politique agricole est désormais vue comme un ensemble de contraintes et un corset règlementaire. 

 

Impact des traités de libre-échange sur le secteur agricole, sur le pouvoir d’achat et l’assiette des Français

Le libre-échange a-t-il tué l’agriculture française ? Quelles répercussions ont eu le CETA et le récent traité signé entre l’UE et la Nouvelle-Zélande sur la filière agricole française ? Sur le pouvoir d’achat et la santé des Français ?

On ne peut pas dire ça ou présenter les choses comme cela. Le libre-échange, c’est aussi la libre circulation des biens et services et, indirectement, des hommes et des femmes. Il est certain et bien documenté que les accords commerciaux et de libre-échange ont des répercussions sur plusieurs pans de notre agriculture, et que cela affecte surtout les exploitations agricoles familiales. Mais il faut aussi reconnaître que ces accords vont plutôt dans le sens, ou servent les intérêts de nos géants de l’agroalimentaire notamment. Car ils ouvrent des marchés et permettent à ces grandes entreprises de mieux en pénétrer d’autres. 

Nous allons assister à une amplification d’un mouvement déjà bien entamé : à savoir la combinaison d’une dérégulation, d’un abaissement des barrières douanières, couplés à des échanges relativement inégaux, en termes de qualité comme de conditions de production. Paradoxalement, cela va aussi permettre aux Français, dont le pouvoir d’achat stagne en moyenne, d’accéder à des produits agricoles moins chers, mais aussi de moins bonne qualité. 

 

Mercosur : quelles filières y perdraient ?

La ratification du projet d’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur semble particulièrement fragilisée. Quels secteurs d’activité auraient le plus à perdre et le plus à gagner s’il venait à être signé ?

Si cet accord est signé, on va assister à l’importation, sans doute massive, de produits transformés ou bruts essentiellement dans la filière volaille, sucre et aussi certains types de légumes. Le soja ou le riz sont des produits certes emblématiques, mais qui étaient déjà massivement produits à l’étranger et importés. Si ce traité n’est pas signé je dirais que ce sont certaines commodités (le lait en poudre par exemple) et les services à l’agriculture qui pourront être impactés négativement (insémination, services techniques, agriculture de précision).

 

Clauses miroir : sont-elles réellement applicables ?

Les distorsions de concurrence sont-elles inévitables dans le cadre de traités de libre-échange ? À quel point les clauses de réciprocité sont-elles réellement applicables avec des marchés qui ne sont pas soumis aux mêmes réglementations, si ce n’est à aligner les standards sur le pays le moins exigeant ? 

Dans ce type de négociation, il faut bien se rendre compte que tout est affaire de compromis. L’objectif est donc de trouver un équilibre entre les demandes des différentes parties, notamment du point de vue des normes de production. C’est le fameux sujet des clauses miroirs et de la réciprocité. Il faut tendre vers un échange le plus équitable et équilibré possible… ce qui en matière agricole est loin d’être évident. 

 

Hypothèse 1. Le fantasme de M. Mélenchon

Exercice de pensée 1. Quelles seraient les conséquences d’une interdiction de tous les produits agricoles importés, dont la production a été faite selon des standards différents des nôtres, dans l’assiette et dans le porte-monnaie des Français ?

C’est très simple : nous aurions des rayons à moitié vides, si ce n’est pire, dans les supermarchés et commerces de détail, mais également dans le secteur de la restauration qui est assez friand de produits importés. Nous aurions des produits introuvables car non produits en Europe (fruits exotiques, mais aussi amandes ou arachides, et certaines huiles). Et puis, nous aurions sans doute à payer notre alimentation plus cher.

La mondialisation des échanges semble inéluctable en matière d’agriculture car très peu de pays peuvent prétendre avoir la capacité (1) à nourrir leur population et (2) avoir suffisamment de diversité de production. 

 

Hypothèse 2. Un pays sans paysans

Exercice de pensée 2. L’économie française peut-elle se passer du secteur agricole ? 

Non. D’autant plus que cela fait partie de notre identité et de notre patrimoine matériel et immatériel comme vient de le rappeler le Premier ministre. Dans le fond, aucun Français ne souhaite se passer de l’agriculture, mais pour lui venir en aide, il faudra tôt ou tard faire des choix courageux et également accepter de payer le juste prix à nos paysans.

Vous souhaitez réagir à cet entretien ? Apporter une précision, un témoignage ? Ecrivez-nous sur redaction@contrepoints.org

Les révoltes paysannes, qui se répandent au sein de l’UE, inquiètent Bruxelles

Par : pierre

Un spectre hante l’Europe : celui d’une insurrection paysanne. Pour l’instant, l’affirmation ainsi formulée est sans doute exagérée ; mais un petit vent de panique fait présentement frissonner les bureaux de la Commission européenne et les gouvernements de nombreux Etats membres.

Allemagne, France, mais aussi Pays-Bas, Belgique, Espagne, Pologne, Roumanie et même la pourtant très disciplinée Lituanie : les agriculteurs se sont mobilisés ou se mobilisent encore pour défendre leur activité, et pour récupérer les moyens d’une vie digne.

En Allemagne, le mouvement, qui a connu un moment spectaculaire le 15 janvier lors de la convergence massive à Berlin de tracteurs et de manifestants, semble loin de retomber. Les paysans français ont démarré plus tard, mais la colère, qui était d’abord apparue mi-janvier à travers l’occupation d’une autoroute du sud du pays, s’est répandue en quelques jours comme une traînée de poudre. Voies de circulation bloquées, ronds-points occupés : le désespoir accumulé depuis des années a soudain explosé.

Un élément a mis le feu aux poudres : la suppression progressive de la détaxe dont bénéficiait le carburant pour les engins agricoles (gazole non routier, GNR). C’est le même élément qui avait déclenché la mobilisation paysanne allemande. Et cette mesure de fiscalité verte rappelle l’étincelle qui avait lancé le mouvement des Gilets jaunes en France, fin 2018 et profondément déstabilisé le règne d’Emmanuel Macron.

Autre point commun avec les Gilets jaunes : le très large soutien qui s’est tout de suite manifesté parmi les Français, comme ce fut également le cas lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2023. Les paysans mobilisés sur les barrages routiers ont récolté d’innombrables témoignages de solidarité. Pour les agriculteurs, qui ont souvent le sentiment d’être les mal-aimés accusés de salir la planète, ces soutiens sont une aide et un encouragement considérables.

Si l’on ajoute à cela que de premières convergences se sont dessinées avec les pêcheurs en colère, ou avec les petites entreprises de transport routier, on comprend pourquoi le nouveau premier ministre était prêt à lâcher du lest dans l’espoir d’éteindre un incendie potentiellement hors de contrôle.

Le 26 janvier, il s’est donc rendu sur le terrain – une exploitation agricole près de Toulouse – et a annoncé un train de mesures : allègement de certaines normes écologiques, assouplissement des contrôles, fonds d’urgence, et surtout annulation de la hausse programmée des taxes sur le GNR. De nouvelles concessions devaient être accordées le 30 janvier. Il reste à voir si cela suffira pour calmer la mobilisation.

Si l’on ajoute aux ressources qui baissent et aux charges qui s’envolent les contraintes environnementales imposées de Bruxelles, on comprend le désespoir qui se répand un peu partout.

Même si le contexte politique diffère d’un pays de l’UE à l’autre, les dramatiques difficultés auxquelles est confronté le monde rural présentent bien des analogies. Les agriculteurs – essentiellement les nombreux petits et moyens exploitants – sont de plus en plus coincés entre des ressources qui baissent (avec notamment la pression des industriels de l’agro-alimentaire et des grandes chaînes de distribution) et des charges qui s’envolent : les taxes, mais aussi le prix des intrants (engrais…) ainsi que le coût de l’énergie (conséquence des sanctions décidées par l’UE contre la Russie) et celui des emprunts bancaires (lié notamment aux décisions sur les taux de la Banque centrale européenne).

Si l’on ajoute à cela les contraintes environnementales imposées de Bruxelles (et la prolifération des démarches administratives qui en résultent), on comprend le désespoir qui se répand un peu partout. De nombreux exploitants, qui travaillent couramment soixante-dix à quatre-vingt heures par semaine pour ne gagner qu’un revenu mensuel inférieur au salaire minimum, voire pour boucler l’année avec plus de dépenses que de revenus, désespèrent tant pour eux-mêmes que pour l’avenir de leur activité. Un paysan du centre de la France affichait récemment sur son tracteur : « je suis éleveur, je vous nourris, je meurs ».

Face aux mouvements qui se font jour, les réactions des différents gouvernements nationaux se ressemblent. Premièrement : « agriculteurs, on vous aime ». Deuxièmement, « l’Europe n’est pas du tout responsable ». Troisièmement : « attention, vous faites le jeu de l’extrême droite ».

Le premier point n’est que l’aveu implicite du rapport de forces… Le troisième fait écho au fait que les partis dits « populistes » ont longtemps été les seuls à tenir un discours (pas forcément sincère) remettant en question l’ouverture des frontières et le dogme quasi-religieux de l’environnement.

L’Union européenne porte une responsabilité écrasante dans la situation actuelle, avec deux points-clés : le libre échange et l’obsession écologique

Mais c’est le second point qui est le mensonge le plus frappant. L’Union européenne porte en effet une responsabilité écrasante dans la situation actuelle. Avec – notamment – deux points-clés : le libre échange ; et l’obsession écologique.

Premier volet, le libre échange en matière de commerce mondial, fait partie de l’ADN de l’UE. Cette dernière a rompu avec ce qui constituait la Politique agricole commune des débuts : dans les années 1960-1970, les six membres fondateurs affirmaient vouloir assurer l’indépendance alimentaire et avaient constitué pour ce faire une zone de protection de l’agriculture grâce à des droits de douane vis-à-vis du reste du monde, et à des subventions compensatoires.

Mais dès les années 1990-2000, l’UE s’est ouverte au grand vent de la mondialisation. Au fil du temps, la Commission, qui a le monopole des négociations commerciales internationales, a conclu des accords de libre échange avec, entre autres, le Mexique, le Chili, le Canada, le Japon ; celui avec la Nouvelle-Zélande entrera en vigueur cette année.

Avec un esprit d’à-propos qui fait grincer des dents dans certaines capitales (à Paris notamment), Bruxelles vient d’annoncer que les négociations en vue d’un accord avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) pourraient très prochainement aboutir, alors qu’on les croyait ensablées… Voilà qui va faire plaisir aux éleveurs européens !

Les échanges au sein du marché unique de l’UE ne sont pas neutres non plus. En effet, les coûts différents d’un pays à l’autre (le prix du travail notamment) engendrent une concurrence déloyale. C’est ce qu’ont voulu signifier les producteurs de fruits et légumes français qui ont stoppé et vidé sur les barrages les camions de marchandises venant par exemple des serres industrielles espagnoles.

Un cas particulier concerne les exportations en provenance d’Ukraine, telles que les céréales, mais aussi la viande et les fruits. Dans un geste politique visant à soutenir Kiev, Bruxelles a, en 2022, levé les quotas et taxes sur les produits de ce pays, qui est pourtant loin de respecter les normes et règles de l’UE. Il y a quelques mois, les producteurs français de volaille alertaient ainsi sur le déferlement de poulets ukrainiens (+ 127% en un an), élevés dans des conditions interdites au sein des Vingt-sept. Au grand détriment des producteurs français, mais aussi des consommateurs.

Cependant, les plus durement touchés sont les paysans polonais, roumains, bulgares, hongrois et slovaques : les dispositions décidées par Bruxelles prévoyaient aussi des « couloirs de la solidarité » censés faciliter le transport des céréales ukrainiennes vers des clients mondiaux, mais transitant par les pays de l’Est de l’UE. Conséquence immédiate : un effondrement des cours sur le marché national de ceux-ci et la ruine des producteurs polonais ou roumains.

L’émotion fut telle que Bruxelles dut suspendre provisoirement ces facilités. Mais elles sont désormais rétablies, au grand dam de Varsovie et de Bucarest. Dès lors, les agriculteurs se sont mobilisés en masse. Le nouveau gouvernement polonais, mis en place après les élections de novembre 2023 et pourtant fêté comme très pro-UE, a annoncé que, sur ce terrain, il poursuivrait la politique de son prédécesseur « europhobe » : il et maintiendra des taxes nationales, violant ainsi le droit communautaire.

Le « Pacte Vert », adopté en 2021 par le Conseil de l’UE et l’europarlement, inclut une partie agricole dont la perspective inquiète au plus haut point le monde rural

L’obsession écologique dont les dirigeants européens se veulent les plus zélés militants constitue le second volet qui contribue à noyer l’agriculture européenne. Par exemple, c’est bien au nom de l’environnement que la Commission européenne a demandé aux Etats membres de relever la fiscalité sur les carburants agricoles au même niveau que celle sur le gazole routier (proposition de directive du 14/07/2021).

Plus généralement, au motif que l’UE doit être exemplaire pour appliquer l’Accord de Paris sur le climat, ledit « Pacte Vert », adopté en 2021 par le Conseil de l’UE et l’europarlement, englobe pas moins de soixante-dix textes, dont cinquante déjà adoptés, dans des domaines divers (interdiction des moteurs thermiques, marché du carbone…). Il inclut une partie agricole, baptisée « de la ferme à la fourchette », dont la perspective inquiète au plus haut point le monde rural.

Cela s’ajoute à la réforme de la Politique agricole commune, déjà appliquée, qui prévoit toujours plus de contraintes environnementales. Il faut aussi citer le texte récemment voté intitulé « restauration de la nature », de même que les restrictions sur les produits phytosanitaires, les obligations de rétablissement de zones humides, de jachères, de haies.

Alors que les paysans du 21ème siècle s’estiment fiers de ce qu’ils voudraient faire, nourrir la population, ils se rendent compte que les technocrates bruxellois, qui prétendent leur imposer la manière de s’y prendre, voudraient en fait les transformer en « jardiniers du paysage ». Pour le plus grand plaisir des firmes agro-alimentaires avides de régner sur le commerce mondial…

Début janvier, un agriculteur roumain en route pour bloquer Bucarest, proclamait pour sa part : « frères fermiers, unissez-vous ! ».

Décidément, un spectre hante l’Europe…

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Les révoltes paysannes, qui se répandent au sein de l’UE, inquiètent Bruxelles…

Par : pierre

Un spectre hante l’Europe : celui d’une insurrection paysanne. Pour l’instant, l’affirmation ainsi formulée est sans doute exagérée ; mais un petit vent de panique fait présentement frissonner les bureaux de la Commission européenne et les gouvernements de nombreux Etats membres.

Allemagne, France, mais aussi Pays-Bas, Belgique, Espagne, Pologne, Roumanie et même la pourtant très disciplinée Lituanie : les agriculteurs se sont mobilisés ou se mobilisent encore pour défendre leur activité, et pour récupérer les moyens d’une vie digne.

En Allemagne, le mouvement, qui a connu un moment spectaculaire le 15 janvier lors de la convergence massive à Berlin de tracteurs et de manifestants, semble loin de retomber. Les paysans français ont démarré plus tard, mais la colère, qui était d’abord apparue mi-janvier à travers l’occupation d’une autoroute du sud du pays, s’est répandue en quelques jours comme une traînée de poudre. Voies de circulation bloquées, ronds-points occupés : le désespoir accumulé depuis des années a soudain explosé.

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La réponse de l’UE aux paysans français : on va faire du libre-échange avec le MERCOSUR !

Si l’on avait voulu illustrer l’antagonisme systémique de l’Union Européenne, entre sa caste bureaucratique qui déteste le petit peuple et les forces traditionnelles des Etats-membres, progressivement étranglées par les normes bruxelloises, on n’aurait pu trouver mieux que cette caricature actuelle, où les paysans défilent contre les contraintes environnementales et la concurrence déloyale que portent des pays peu soucieux d’écologie, d’une part, et où la Commission affirme son intention de signer un traité de libre-échange avec le Mercosur, c’est-à-dire l’Amérique Latine. L’Europe, c’est, paraît-il, la démocratie. Une démocratie qui déteste son peuple.

Alors que nos paysans, plombés par les normes environnementales imposées par l’Union Européenne, dénoncent la concurrence déloyale qui leur est adressée par le reste du monde, notamment par les pays d’Amérique du Sud où l’environnement fait l’objet de moins d’attentions, la bureaucratie bruxelloise, bras armé de la caste mondialisée, vient d’apporter une réponse claire, nette et précise aux revendications ordinaires : le 9 janvier, les négociations ont repris, en vue de conclure le traité de libre-échange avec le Mercosur, interrompues au printemps dernier. L’objectif est assez clair, à en croire Politico : la Commission actuelle est convaincue qu’elle peut aboutir à une conclusion avant l’été 2024. C’est le principe Jean-Claude Dusse : je sens que je vais conclure !

On ne pouvait mieux montrer non pas l’écart, mais l’antagonisme qui oppose la bureaucratie bruxelloise soucieuse d’établir son pouvoir en faisant table rase des traditions nationales, et ces mêmes traditions nationales (par exemple la préférence française pour la paysannerie, qui est au coeur de notre construction historique). Dans de nombreux pays d’Europe, les normes environnementales communautaires nous mettent au bord de la rupture, et étranglent littéralement les paysans. Mais la Commission européenne n’en a cure. Le rouleau compresseur continue à rouler droit.

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Sébastien Béraud : “L’écologie est imposée par les lobbies américains pour couler l’agriculture européenne”

La grogne des agriculteurs s’étend progressivement, notamment en Occitanie. Diverses villes devraient être le théâtre, demain, de manifestations en tous genres, selon nos informations. Pour mieux comprendre cette grogne, nous avons interrogé Sébastien Béraud, agriculteur de Haute-Loire, actif au moment de la campagne des Gilets Jaunes, qui milite pour une nouvelle donne dans le domaine agricole. Eleveur de bovins, il nous explique les difficultés du monde agricole face à une mondialisation qui se joue à armes inégales. Selon lui, les normes environnementales qui étouffent les agriculteurs français sont imposés par des lobbies au service des filières américaines.

L’interview de Sébastien Béraud est importante pour plusieurs raisons :

  • les agriculteurs sont étouffés par des normes proliférantes, notamment dans le domaine environnemental
  • la concurrence se fait de façon déloyale, face à des producteurs étrangers qui sont soumis à beaucoup moins de contraintes que les producteurs français
  • les petits producteurs sont largement devenus les simples sous-traitants d’acheteurs dans des marchés cartellisés
  • ces acheteurs imposent des prix plus faibles que les prix de production
  • in fne, l’objectif est de réduire les capacités de production française
  • cette stratégie permettra d’ouvrir à terme notre marché à la viande de synthèse et aux produits nouveaux comme les insectes venus des Etats-Unis

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Quand Trump donne une leçon de libre-échange à Macron… et aux Français

On sait que les français sont largement fâchés (et ce n’est pas nouveau) avec le libre-échange, qualifié par principe de concurrence déloyale, sauf lorsqu’il leur profite, bien entendu. Ainsi, beaucoup de Français sont scandalisés que le transport ferroviaire soit ouvert à la concurrence en France, mais se félicite que la SNCF remporte des marchés en Espagne ou ailleurs. Et ainsi de suite… On doit à Donald Trump d’avoir illustré avec un sens de la pédagogie qui n’appartient qu’à lui cette courte vue à la Française où il imite Emmanuel Macron avec un sens consommé de l’humour et même du sarcasme…

« Vous connaissez Macron ? Un gars très sympa ». Lors d’un meeting à Mason City (Iowa), @realDonaldTrump fanfaronne aux dépends d’@EmmanuelMacron (et tente d’imiter l’accent francais). NB: Il fait référence en toute vraisemblance à la taxe GAFA… que la France n’a pas retirée pic.twitter.com/lhF4pS30k9

— Alexis Buisson (@alexisbuisson) January 6, 2024

Quoi de mieux qu’un extrait de Donald Trump pour expliquer aux Français que l’éloge du protectionnisme et la phobie du libre-échangen ne produisent pas forcément le résultat escompté dans la vie quotidienne.

Dans cet extraite de discours de campagne où Donald Trump se moque d’Emmanuel Macron, l’ex-Président et probablement futur Président, tout “isolationniste” qu’il soit, rappelle le principe élémentaire du protectionnisme : si un pays impose des barrières protectionnistes aux autres, il est lui-même victime d’une mise à l’index… Il suffit de quelques secondes à Donald Trump pour l’expliquer aux Français : si nous voulons votre notre vin et notre Champagne à l’étranger, nous nous tirons une balle dans le pied (et même deux) en imposant des barrières douanières aux pays où nous les exportons.

Voilà un principe de réciprocité à ne jamais oublier…

Bien évidemment, ce petit rappel laisse entière la question pour laquelle la Chine est le seul pays qui exporte sans importer… et sans s’exposer aux foudes de l’OMC.

D’ici là, n’oublions jamais que la France, qui importe beaucoup plus qu’elle n’exporte, sera la première victime du protectionnisme mondial…

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L'Europe et la Nouvelle-Zélande signent un accord climaticide

Le Parlement européen a adopté mercredi 22 novembre, par 524 voix contre 85 et 21 abstentions, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et la Nouvelle-Zélande. Il supprimera les droits de douane entre les deux entités, dont le commerce atteint aujourd'hui 9 milliards d'euros par an. Les négociations avaient commencé en 2018. Selon le service de presse du Parlement, l'accord protège les indications géographiques (IG) de l'UE pour les vins et les spiritueux, ainsi que 163 IG célèbres pour (...)

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Des deux côtés du Rhin, les agriculteurs font entendre leur colère et leur détresse

Par : pierre

A Paris comme à Berlin, des dizaines de milliers de paysans ont manifesté contre les interdictions et règlements édictés à Bruxelles qui sacrifient leur avenir au nom de l’environnement, ainsi que contre les traités de libre échange.

Coup sur coup, les agriculteurs allemands puis français, se sont fait entendre, respectivement les mardi 26 et mercredi 27 novembre. Des deux côtés du Rhin, l’exaspération, la détresse et les revendications qui en découlent sont comparables. D’autant que, bien souvent, ce sont des décisions prises au niveau de l’Union européenne qui en constituent les causes.

A Berlin, 8 600 tracteurs – selon la police – ont convergé vers la Potsdamer Platz, soit 40 000 agriculteurs venus exprimer leur colère et le sentiment qu’on leur vole leur avenir. Parmi leurs slogans : « agriculteurs ruinés, nourriture importée ». Les nouvelles contraintes, règles et interdictions décidées à Bruxelles menacent gravement un secteur dont le rôle premier est pourtant de nourrir la population. Sauf à accepter que l’avenir soit à une mondialisation toujours plus poussée, de l’importation de pommes du Chili à celles de viande bovine d’Argentine.

Les paysans allemands avaient déjà manifesté deux fois récemment, après une étincelle qui avait mis le feu aux poudres : l’annonce par le gouvernement fédéral du « plan de protection des insectes » prévoyant la restriction ou l’élimination de produits chimiques (herbicides, insecticides, engrais…). Or la libre circulation des marchandises met les agriculteurs du pays en concurrence avec des Etats où ce type de contrainte n’existe pas.

Le plan, annoncé en septembre, avait été adopté notamment après que la Commission européenne eut lancé une deuxième procédure d’infraction contre l’Allemagne, sommée de réduire le niveau de nitrates dans les eaux souterraines.

Plus généralement, la pression monte de la part des lobbys écologistes qui érigent la « protection de la nature » en valeur suprême. Au point que les paysans sont l’objet d’accusations et de vindicte de la part de certains secteurs de l’opinion, souvent les classes aisées des grandes villes, bien moins fréquemment au sein des milieux populaires.

Situation comparable en France

La situation est comparable en France, où les paysans se sentent de plus en plus les mal-aimés. En réalité, les grands médias ne cessent de dépeindre des sociétés, des deux côtés du Rhin, soulevées par une vague verte. Il faudrait donc ne rien refuser à celle-ci, pour des raisons tant idéologiques qu’électoralistes.

Cette discrimination contre le monde agricole est particulièrement mal vécue au moment où des centaines de milliers de petites exploitations sont menacées de faillite

Cette discrimination montante contre le monde agricole est particulièrement mal vécue au moment où des centaines de milliers de petites exploitations sont menacées de faillite, et où, en moyenne, un paysan par jour met fin à ses jours, acculé par des difficultés infernales. Des films, sortis récemment dans l’Hexagone, illustrent cette situation dramatique (Au nom de la terre, Petit paysan). Le succès populaire de ces œuvres laisse à penser que la mise en accusation des agriculteurs est loin d’être unanime.

C’est notamment avec cela en tête que les agriculteurs français ont manifesté dans plusieurs villes, le 27 novembre. A Paris, entre 800 et 900 tracteurs ont bloqué le boulevard périphérique, puis les Champs-Elysées, et même déversé du foin devant le très select restaurant Le Fouquet’s.

Là encore, c’est l’injustice qui a été dénoncée, matérialisée par des contraintes imposées, alors que des produits agricoles sont importés massivement. Les récents traités de libre échange signés par l’Union européenne (avec le Canada, avec le Mercosur…) étaient particulièrement en ligne de mire des manifestants.

En outre, une loi mise en place en début d’année censée rééquilibrer les revenus entre producteurs, transformateurs et grande distribution, n’a pour l’instant pas montré de résultats tangibles. Fondamentalement, les agriculteurs, des deux côtés du Rhin, ont une exigence centrale : pouvoir vivre de leur travail.

Et ne pas servir de boucs émissaires. Notamment de la part de ceux qui répandent les pétitions pour « sauver les abeilles » (comme en Bavière récemment), un mot d’ordre qui semble les intéresser plus que « sauver les paysans ».

Une même opposition était apparue il y a quelques mois en France, lorsque le gouvernement avait voulu introduire une taxe sur le carburant au nom de l’environnement. Ce qui a provoqué un clivage entre ceux qui sont angoissés par « la fin du monde », et ceux qui s’inquiètent plutôt de « la fin du mois ».

Et ce fut le mouvement des Gilets jaunes…

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CETA : vrais dangers, faux arguments

Par : pierre

Le 23 juillet, l’Assemblée nationale française votait en faveur de la ratification du CETA, l’accord de libre échange signé en octobre 2016 entre le Canada et l’Union européenne. Le scrutin parlementaire fut plus serré que prévu : les oppositions, de droite comme de gauche, ont largement refusé le texte. Et au sein même de la majorité des députés fidèles à Emmanuel Macron, une cinquantaine s’est abstenue, et une dizaine a même voté contre.

Le Sénat, ne s’est pas encore prononcé, mais il n’est pas sûr que le vote soit favorable au traité. L’Assemblée nationale aura cependant le dernier mot. Plus généralement, le CETA doit être ratifié par les Parlements de tous les Etats membres pour entrer complètement en vigueur. Il est vrai qu’une clause subtile a prévu qu’il soit appliqué même avant cette ratification (quand il s’agit des intérêts des grands groupes européens, on trouve toujours des accommodements avec l’« Etat de droit »). De fait, il fonctionne déjà provisoirement depuis septembre 2017.

Cependant, si un Parlement national devait se mettre en travers de la route, c’est tout le traité qui tomberait par terre, et avec lui les dix ans de négociations entre Ottawa et la Commission européenne. Car il faut rappeler que cette dernière détient l’exclusivité des pouvoirs de négociation commerciale entre l’UE et des pays tiers. Les Etats membres ne peuvent qu’approuver à la fin du processus.

Ou refuser. Ce « risque » existe désormais pour l’oligarchie européenne. Dans ce contexte, l’on pourrait donc se réjouir que les députés français aient traîné les pieds, ce qui annonce peut-être des problèmes dans d’autres pays.

L’argumentation employée par beaucoup de parlementaires, de droite comme de gauche, évitait de faire porter le débat sur l’essentiel

Sauf que, hélas, l’argumentation employée par beaucoup de parlementaires, de droite comme de gauche, s’appuyait sur des arguments secondaires voire discutables, et évitait donc de faire porter le débat sur l’essentiel. Si les menaces pour certains agriculteurs (les éleveurs, par exemple) ont été légitimement évoquées au travers des risques sur l’effondrement des prix, ce sont surtout les arguments environnementaux qui ont été mis en avant.

A entendre certains, l’accord aurait été « mal » négocié, il manquerait des garanties et des garde-fous pour l’environnement. Pourtant, là n’est pas la question essentielle. C’est son principe même qui est intrinsèquement néfaste, puisqu’il repose sur la volonté avouée de promouvoir le libre échange.

Certes, il n’est pas condamnable que les pays commercent entre eux. Mais le libre échange tend vers autre chose : vers la libre circulation – c’est-à-dire sans droits de douane, sans taxe, sans contrôle, sans restriction – des marchandises et des services, de même que des capitaux et de la main d’œuvre. Cette quadruple « liberté », inscrite dans les traités européens depuis l’origine, constitue l’essence même de la mondialisation.

Naturellement, il ne manque pas de rapports « prouvant » que la libéralisation des échanges créera tant de milliers d’emplois (nul n’a jamais vu le détail des calculs). La réalité est que cette libéralisation est le carburant des grandes firmes et des multinationales, et se fait par nature au détriment des salariés et des peuples.

Deux raisons fondamentales

On peut citer deux raisons fondamentales de la nocivité intrinsèque du libre échange. La première se résume en un mot : dépendance. Avec la destruction progressive des barrières commerciales se sont multipliées sous-traitance et délocalisations – pour des raisons de prix du travail, en particulier. D’autre part, les pays les moins développés restent dépendants des technologies et du bon vouloir des groupes occidentaux.

Plus généralement, les chaînes de valeurs sont de plus en plus imbriquées. Conséquence : si un pays décide de ne plus jouer le jeu, des pans économiques entiers peuvent être déstabilisés. C’est d’ailleurs un des arguments des adversaires du Brexit : les grands groupes automobiles (allemands par exemple) risquent de perdre gros si est remis en cause la pratique du « juste à temps » par des contrôles aux frontières.

Un autre exemple, pas assez connu, se trouve du côté de l’industrie pharmaceutique. Il y a encore trois décennies, 80% des médicaments consommés sur le Vieux continent étaient produits sur place. Désormais, c’est seulement… 20%. Avec des ruptures d’approvisionnement et donc des conséquences dramatiques pour le traitement de certaines maladies.

Quand on importe du Coca-Cola, on reçoit aussi, sans limitation, du Disneyland

L’autre raison est plus fondamentale encore : dès lors que se généralise le libre échange, ce ne sont pas seulement des biens qui arrivent, mais aussi des cultures, des modes de vie, des manières de comprendre le monde et la société.

Pour résumer à l’aide d’un exemple : quand on importe du Coca-Cola, on reçoit aussi, sans limitation, du Disneyland. Faut-il préciser que la « culture américaine », d’Hollywood à Disney, est une des armes majeures de l’hégémonie US, peut-être plus puissante encore que son armada militaire ?

Bien sûr, l’échange entre les cultures est positif et souhaitable. Mais chacun comprend bien qu’il ne s’agit pas ici d’« échange » équilibré, mais d’influence massive et à sens unique.

Un « levier » pour promouvoir « nos valeurs »…

Un exemple connu concerne les normes comptables : la conception américaine de l’entreprise et des affaires, de même que les modes de gestion qui prévalent chez l’Oncle Sam se sont imposés en France dès lors que les autorités ont accepté d’adopter le système comptable américain – du moins, cela y a fortement contribué.

Les dirigeants le déclarent du reste ouvertement : une intégration européenne plus poussée, et donc la force que celle-ci donnerait aux exportations (et donc aux normes) de l’UE serait un « levier » pour imposer « nos valeurs » partout dans le monde.

Est-ce vraiment de cela dont les peuples ont besoin ?

 

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