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Glyphosate : un lyssenkisme « écologique » s’imposera-t-il à Bruxelles ?

Les objections, notamment allemandes, au renouvellement proposé par la Commission européenne de l’approbation du glyphosate, pour dix ans à compter de décembre prochain, ont des relents de lyssenkisme « écologique », de « science » à objectif politique ou politicien, ou encore idéologique. Prévaudront-elles ?

 

Quelques rappels des faits

Le 20 septembre 2023, la Commission européenne a publié sa proposition de Règlement d’application renouvelant l’approbation de la substance active glyphosate conformément au règlement (CE) n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil et modifiant le règlement d’exécution (UE) n° 540/2011 de la Commission (notre traduction).

Cela fait suite à l’annonce du 6 juillet 2023 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) des résultats résumés de l’évaluation du glyphosate (dite de l’EFSA, mais produite en réalité par ses agents spécialisés et des experts des États membres). Son communiqué, « Glyphosate : pas de domaine de préoccupation critique; identification de lacunes dans les données » est assez explicite.

Une fiche d’information détaille notamment l’ampleur du processus d’évaluation ; un dossier de quelque 6000 pages (sans les annexes) permet d’en savoir bien plus.

 

Le rapport d’évaluation a été publié le 26 juillet 2023.

En bref, « pas de domaine de préoccupation critique » signifie que rien de dirimant ne s’oppose au renouvellement de l’autorisation ; et « lacunes dans les données » recouvre des points qui n’ont pas pu être finalisés et des questions en suspens, toutes choses qui peuvent ouvrir la voie à des limitations dans la nouvelle autorisation… et à des manœuvres en vue de l’interdiction de l’herbicide.

 

Quelques rappels de procédure

Le règlement d’application a beau s’intituler « de la Commission », il est soumis à un vote des États membres à la majorité qualifiée : 55 % des États membres (soit 15 sur 27) représentant 65 % de la population européenne doivent voter en faveur de la proposition, les abstentions étant comptabilisées avec les votes contre (on trouvera un simulateur ici).

La Commission européenne avait promptement réagi, les 11 et 12 juillet 2023, en soumettant un document présentant les conclusions de l’évaluation de l’EFSA, et des commentaires au SCoPAFF (Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale). Ce document avait fuité en direction d’une entité antipesticides, ce qui avait donné lieu à une première vague d’activisme… C’est là un problème de dérive dans le fonctionnement des institutions européennes.

La proposition de règlement d’exécution, encore informelle, a quant à elle été présentée au ScoPAFF le 22 septembre 2023.

Le vote formel des États membres doit intervenir le 13 octobre 2023.

En l’absence de majorité qualifiée – pour ou contre – la question est soumise à un comité d’appel, ce qui ne change généralement rien à la situation.

C’est alors à la Commission qu’il incombe de prendre la décision.

 

Un peu d’histoire

C’est là qu’il faut rappeler qu’en 2016-2017, la Commission, présidée par le très anti-glyphosate Jean-Claude Juncker, avait refusé de porter le chapeau pour une décision politiquement impopulaire, et s’était livrée à un exercice d’enchères descendantes sur la durée du renouvellement.

L’Allemagne de la chancelière Angela Merkel et de l’alliance CDU/CSU-Verts et la France du président Hollande et de ses ministres de l’Environnement (etc.) puis de la Transition écologique Ségolène Royal et Nicolas Hulot avaient apporté l’essentiel des 35 % de la population européenne nécessaires pour faire échec à la proposition de règlement (33,75 % !).

Rappelons à cet égard que Mme Ségolène Royal s’est vu offrir un bouquet de fleurs au nom de 40 « organisations non gouvernementales » en reconnaissance de son « combat vs le glyphosate au niveau européen ». Cela vaudrait une démission immédiate pour corruption dans les pays nordiques…

.@genefutures me remet, au nom de 40 ONG, un bouquet pr mon combat vs le glyphosate au niveau européen @biodiversité pic.twitter.com/42a1H4T20w

— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) May 25, 2016

 

La situation s’était débloquée en novembre 2017, à la surprise générale : le ministre fédéral de l’Agriculture Christian Schmidt avait fait sauter le verrou en faveur de la proposition de règlement de la Commission sur fond de querelles personnelles au sein d’un gouvernement Merkel qui s’était auparavant abstenu.

L’autorisation du glyphosate devait donc expirer en décembre 2022. Mais l’EFSA avait lancé une consultation publique en septembre 2021, et a reçu tellement de contributions qu’elle a dû proroger son délai d’examen d’un an, jusqu’en juillet 2023 (on trouvera une chronologie des différentes actions ici). Les autorités européennes ont donc décidé de prolonger l’autorisation du glyphosate d’une année, jusqu’au 15 décembre 2023.

Ce qui nous mène à la situation actuelle.

Les autorités ? La Commission européenne, les États membres n’ayant pas réuni la majorité requise en termes de population pour une décision somme toute impérative.

Six États membres – Croatie, Luxembourg et Malte (votes contre) et Allemagne, France et Slovénie (abstentions) – ont ainsi signifié au monde qu’ils étaient prêts à faire passer la veulerie ou la démagogie avant un principe de droit fondamental qui veut que les autorités ne privent pas une partie (les bénéficiaires de l’autorisation) de son droit par la faute ou la carence desdites autorités, ici par l’impossibilité pour elles de boucler la procédure dans le temps imparti.

La France, la grande donneuse de leçons…

 

Et maintenant ?

La Commission a donc proposé une prolongation de dix ans (elle pouvait aller jusqu’à quinze).

Pour résumer une information parue dans La France agricole, ce n’est ni trop court (un nouvel exercice d’évaluation, extrêmement dispendieux, à bref délai n’aurait guère de sens), ni trop long (les nouvelles études pourront être évaluées dans un délai raisonnable, sachant qu’une étude majeure pourra toujours être prise en compte avant le terme de l’autorisation).

Elle a aussi apporté une attention particulière – en fait comme d’usage – aux points qui n’ont pas pu être finalisés et aux questions en suspens, ainsi qu’à d’autres aspects.

Ainsi, l’EFSA a considéré que l’évaluation des risques pour les plantes aquatiques n’a pas pu être finalisée en raison du manque de données sur leur exposition au glyphosate par dérive de pulvérisation. Notons que cela témoigne, avec d’autres cas, d’une inquiétante dérive du processus d’évaluation vers l’ubuesque. On ne saurait pas après presque cinquante ans d’utilisation du glyphosate et compte tenu des procédures d’homologation des pulvérisateurs ?

La Commission écrit donc dans le considérant 21 de la proposition de règlement d’application (notre traduction) :

« L’Autorité n’a pas identifié de risques inacceptables pour les plantes terrestres non ciblées lorsqu’elle a examiné l’exposition potentielle à la dérive de pulvérisation, si certaines mesures d’atténuation sont appliquées. Les plantes aquatiques non ciblées peuvent également être exposées à cette dérive. Afin d’éviter tout effet inacceptable sur les plantes terrestres et aquatiques non ciblées, il convient d’exiger des États membres qu’ils tiennent compte d’une éventuelle exposition par contact due à la dérive de pulvérisation, et qu’ils imposent des mesures d’atténuation appropriées lorsqu’ils procèdent à des évaluations en vue de l’autorisation de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate. »

Cela ouvre la voie à des contestations et des possibilités de justifier des oppositions, certes de manière fort vaseuse, au niveau tant de la décision européenne sur le règlement, qu’ultérieurement au niveau national lors de l’homologation d’un produit formulé.

Il est donc possible, sinon probable – cela dépendra du vote de la France –, que le projet de règlement ne soit pas voté par les États membres.

Il y aura alors deux options :

  1. La Commission pourra envisager de durcir les conditions de l’autorisation et réduire le champ d’application du glyphosate de manière à obtenir la majorité nécessaire (réitérer le cirque de la Commission Junckers)
  2. La Commission appliquera la procédure normale et promulguera le règlement après deux votes ne dégageant pas les majorités requises.

 

Selon Euractiv, le porte-parole de la Commission, Stefan de Keersmaecker, ou un autre fonctionnaire (l’article n’est pas clair) a déclaré à la presse le 20 septembre 2023 que « la Commission a la ferme intention de conclure ce processus avant le 15 décembre, date d’expiration de l’approbation actuelle ». Cela exclut donc les marchandages qui s’éternisent et les demandes dilatoires d’informations et d’études complémentaires.

Mais il y a les élections au Parlement européen de juin prochain…

 

L’Allemagne en campagne contre la nouvelle autorisation

L’accord de coalition entre le SPD, les Verts et le FDP prévoyait une « sortie » du glyphosate avant la fin 2023. Le ministre fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture Cem Özdemir a compris qu’une telle action n’était pas possible. Cela ne peut que durcir sa position à Bruxelles, et intensifier ses actions pour rallier d’autres États membres à sa position.

L’accord prévoit également :

 

« Les plantes doivent être protégées de manière à éviter les effets secondaires sur l’environnement, la santé et la biodiversité. L’autorisation des produits phytosanitaires doit être transparente et doit se faire en toute sécurité juridique selon des critères scientifiques. Les lacunes existantes au niveau européen seront comblées. Parallèlement, les décisions doivent être prises plus rapidement.

En outre, nous veillons à améliorer la disponibilité des produits phytosanitaires, en particulier pour les applications à petite échelle dans les cultures spécialisées cultivées de manière diversifiée, pour la protection des stocks et pour des stratégies de résistance appropriées. »

 

Formidable exemple de mariage de la carpe et du lapin ! Le FDP tentera de s’en servir pour infléchir la position qui sera prise à Bruxelles, mais un compromis en faveur de l’abstention plutôt que du vote contre ne changera rien.

À l’issue de la réunion du ScoPAFF du vendredi 22 septembre 2023, le ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL) a publié un communiqué présentant les deux axes de la position allemande : elle « s’engage pour l’abandon du glyphosate en Europe » et, en même temps, en fait dans l’optique de l’échec de cette position, estime qu’« un niveau de protection uniforme et élevé de la biodiversité est nécessaire ». Marchandages en vue ?

L’argumentation est particulièrement inquiétante.

L’EFSA, rappelons-le, n’a pas trouvé de « domaine de préoccupation critique » en ce qui concerne les risques pour l’homme, pour l’animal ou pour l’environnement. Mais elle a louvoyé pour les risques pour la biodiversité, en bref difficiles à appréhender. Mais, selon le communiqué de presse,

« De façon générale, les informations disponibles ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur cet aspect de l’évaluation des risques et les gestionnaires des risques pourraient envisager des mesures d’atténuation. »

Le BMEL assène :

« Les connaissances scientifiques bien connues montrent que le glyphosate nuit à la biodiversité. […] Les plantes [détruites par le glyphosate] ne sont donc plus disponibles pour les insectes et autres petits animaux en tant qu’habitat et source de nourriture. Les sols sont également affectés. »

Après la science prolétarienne contre la science bourgeoise, voici donc, dans une sorte de nouvel avatar du lyssenkisme, la science écologiste contre la science agronomique, toxicologique, etc.

C’est ahurissant, et on se demande comment cela a pu sortir d’un ministère de l’Agriculture : il est reproché au glyphosate de précisément faire le travail pour lequel est conçu un herbicide… ou tout autre moyen de désherbage.

Un intégrisme écologique doit préempter un pragmatisme dans la production agricole…

 

Les Pays-Bas en campagne électorale

Alors que le gouvernement n’avait pas encore défini sa position, la Chambre basse a adopté le 7 septembre 2023, à l’initiative du Parti pour les animaux (PvdD/Gauche européenne) et GroenLinks (GL/Verts), une motion l’exhortant à voter contre le renouvellement de l’autorisation.

Voulez-vous voir là aussi une sorte de lyssenkisme ? Selon Euractiv, le gouvernement avait auparavant incité les agriculteurs à revenir au labour pour minimiser le recours au glyphosate… c’est-à-dire à abandonner l’agriculture écologiquement vertueuse !

Situation intéressante !

Les Néerlandais éliront le 22 novembre 2023 les 150 représentants de la Seconde Chambre des États généraux pour un mandat de quatre ans.

Frans Timmermans, champion des extravagances du Green Deal quand il était vice-président exécutif de la Commission européenne, est retourné aux Pays-Bas pour mener la liste commune du Parti du travail (PvdA) et des Verts (GroenLinks).

En mars 2023, le Mouvement agriculteur-citoyen (BoerBurgerBeweging, BBB) avait remporté une victoire éclatante aux élections provinciales, laquelle avait signé un refus de l’« écologisme ».

De quel côté penchera le gouvernement le 13 octobre ?

 

Le brouillard règne sur la France

Le brouillard, c’est sur les intentions gouvernementales.

Un radieux soleil médiatique brille en revanche sur la glyphophobie, alimentée par les indécrottables arguments faux ou fallacieux (le classement en cancérogène probable par le CIRC, une expertise de l’INSERM qui a trouvé une « présomption moyenne » de cancérogénicité grâce à « au moins une » étude scientifique de qualité (mais pas « plusieurs »), un article d’une indigence crasse d’auteurs de l’INRAE faisant les poubelles de la science militante…).

Mais c’est l’agitation du personnel politique macroniste qui doit nous intéresser.

Se référant à un entretien qu’il a accordé à Libération – admirez le titre et la photo d’un pulvérisateur viticole pour traiter les vignes :

« Pascal Canfin : « La proposition de la Commission européenne de repousser l’interdiction du glyphosate est purement idéologique » » – l’eurodéputé Pascal Canfin tonitrue sur X (anciennement Twitter) : « La France ne soutiendra pas la proposition de la Commission … sans conditions et nous nous y opposerons au Parlement. »

 

Stéphane Séjourné est tout aussi catégorique :

« Le renouvellement sans condition de l’autorisation du glyphosate par la Commission européenne n’est pas acceptable. Nous nous y opposerons avec @RenewEurope »…

Mais la décision ne relève pas du Parlement européen !

Et il serait étonnant que l’ensemble du groupe s’aligne sur cette position. Et il y a, comme d’usage, des conditions à la ré-autorisation…

Dans une autre déclaration, c’est :

« Ce qui est proposé actuellement, dix ans sans condition, n’est pas acceptable ; s’il n’y a pas de modification, on votera contre. »

Faut-il y voir des pressions sur le gouvernement français ? Il n’aura échappé à personne que le macroniste en chef s’est longtemps enfermé dans le mutisme, alors qu’il a été l’auteur d’une déclaration fracassante il y a six ans, régulièrement rappelée à ses bons souvenirs.

Commençons d’abord par le sujet des pesticides et notamment du glyphosate. Alors qu’E. Macron s’était engagé en 2017 à sortir du glyphosate, il a annoncé hier vouloir “diminuer notre dépendance” à celui-ci de 30%. pic.twitter.com/BklI9Mn7Fd

— Greenpeace France (@greenpeacefr) September 26, 2023

 

Le 26 septembre 2023, dans le cadre de la présentation de « son » plan pour la planification écologique, il a annoncé vouloir « diminuer notre dépendance [au glyphosate] de 30 % ». « On ne peut pas laisser des agriculteurs sans solution » a-t-il expliqué.

Le génie du « en même temps » a encore frappé !

Ce n’est pas vraiment du lyssenkisme, mais c’est en tout cas un profond mépris pour les réalités scientifiques et pratiques, tant agronomiques qu’économiques. Quasiment comme dans le cas d’Écophyto et de sa stupide ambition de réduire l’usage des pesticides de 50 %, on a sorti un chiffre du chapeau.

Mais cela signifie-t-il un vote positif à Bruxelles ?

La France était intervenue lors de la réunion du ScoPAFF du 12 juillet 2023 avec – en bref – des revendications qui furent reprises dans une note du 28 juillet 2023. Elle a sans doute réitéré des demandes lors de la réunion du 22 septembre 2023.

La France agricole rapporte en effet le 20 septembre 2023 :

« « Aujourd’hui, les autorités françaises ne sont pas satisfaites de cette proposition », ont réagi les services du ministère de l’Agriculture. La France souhaite en effet que l’approche à la française, à savoir « la recherche d’alternatives pour ne laisser aucun agriculteur sans solution », puisse être harmonisée au niveau européen et approfondie. « La France demandera également […] d’accélérer la mise au point de méthodes d’évaluation des risques pour la biodiversité », a précisé le ministère. »

L’approche française serait plutôt d’interdire – au niveau européen – tous les usages « pour lesquels il existe des alternatives non chimiques pouvant être mises en œuvre sans inconvénients économiques ou pratiques majeurs » et de prévoir « une limitation des usages résiduels à des doses inférieures », ainsi que « des restrictions […] afin de s’assurer que l’approbation vise effectivement des  conditions d’utilisation considérées comme sûres par l’EFSA ».

Bref, obtenir par tranches le retrait du glyphosate de la boite à outils des agriculteurs et d’autres utilisateurs promis par un président ignare, hâbleur et manipulateur. Quoi qu’il en coûte sur les plans économique et pratique (« majeurs » est très élastique) et même environnemental (« non chimiques », c’est, entre autres, la charrue…).

Rappelons ici que la décision d’une SNCF tributaire des subventions étatiques, et donc de ses bonnes relations avec le gouvernement de se passer du glyphosate pour le désherbage des voies ferrées s’est traduite par une « alternative » moins efficace, plus difficile à mettre en œuvre, et beaucoup plus chère, avec des herbicides bien plus problématiques.

Un vote contre serait incompatible avec la parole présidentielle… Un vote pour serait peu compatible avec les exigences qui ont été formulées (et dont certaines, du reste, ne semblent pas relever du règlement d’exécution)… L’abstention ? Elle a le même effet qu’un vote contre.

 

Et alors ?

Sauf miracle, l’Allemagne et l’Autriche ne voteront pas pour. Avec la France, la minorité de blocage en termes de population serait déjà atteinte. La décision reviendrait alors à la Commission. Et alors…

Ou bien cette Commission – maintenant accusée de manière répétitive de courtiser la droite et l’extrême droite et de revenir sur de grands projets du Green Deal – adoptera le règlement d’exécution, selon les intentions rapportées par Euractiv.

Ou bien elle adoptera une prolongation intérimaire en cherchant à satisfaire les demandes des États récalcitrants et à éviter d’hériter du mistigri.

Le champion du Green Deal Frans Timmermans n’est plus à Bruxelles. Mais les élections au Parlement européen sont proches…

Et, bien sûr, le renouvellement de l’autorisation du glyphosate déclenchera une avalanche de procédures judiciaires de la part de tous ces groupes pour lesquels le glyphosate est un totem à abattre. Cela a d’ailleurs déjà commencé en Autriche, sans doute la meilleure cible d’un forum shopping (recherche de la juridiction a priori la plus favorable).

La tendance des jeunes Français à devenir végétaliens nuit à leur santé et à l’environnement

Par : Jason Reed

Le véganisme est aujourd’hui une tendance croissante dans le monde occidental, en particulier chez les jeunes. Les végétaliens vantent les bienfaits pour la santé d’un régime alimentaire à base de plantes.

Ils sont également nombreux à observer l’impact environnemental de l’élevage sur les émissions de gaz à effet de serre. Un mouvement mondial pousse aujourd’hui de plus en plus de personnes à adopter le véganisme afin d’enrayer le changement climatique et « sauver » la planète.

Pourtant, le véganisme a un côté sombre ; ses effets sur notre santé et sur l’environnement ne sont pas aussi simples que le prétendent ses partisans.

 

Un phénomène en pleine expansion

Il ne fait aucun doute que le véganisme gagne en popularité.

Selon certaines études, il y aurait 88 millions de végétaliens dans le monde. La France ne fait pas exception. Environ 340 000 Français sont végétaliens, et un million de plus sont végétariens. La tendance est particulièrement marquée chez les jeunes. En France, plus d’une personne sur dix âgée de 18 ou 19 ans est végétalienne. C’est beaucoup plus qu’en Allemagne, en Italie ou en Espagne.

Grâce à la demande croissante d’aliments d’origine végétale, les substituts de la viande et du lait se vendent plus rapidement que jamais. Selon le Good Food Institute, les ventes au détail de substituts de viande à base de plantes atteindront 6,1 milliards de dollars en 2022. Les défenseurs du véganisme considèrent cette tendance comme une révolution en matière de santé et d’environnement.

 

Un régime alimentaire pas si écolo

La nature offre très peu de sources de protéines autres que la viande, les produits laitiers et les œufs. Après tout, une personne ne peut consommer qu’une quantité limitée de haricots et de lentilles.

C’est pourquoi certains ingrédients apparaissent fréquemment dans les aliments végétaliens, qui remplacent les produits d’origine animale. Le soja, par exemple, est présent dans les substituts de viande que sont le tempeh et le tofu, tandis que le lait de soja est un substitut très répandu.

Le soja est donc un élément essentiel de la plupart des régimes alimentaires à base de plantes. Malheureusement, dans leur empressement à rejeter les produits d’origine animale, les végétaliens se sont engagés dans la consommation de produits tels que le soja, dont l’impact sur l’environnement est grave et de grande ampleur. La production de soja provoque l’érosion des sols, la déforestation à grande échelle, et des sécheresses. Tout cela s’ajoute à des niveaux importants d’émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de la planète, tout comme l’élevage de vaches pour produire de la viande et du lait.

D’autres substituts au lait font des ravages sur l’environnement de diverses manières.

On a découvert que deux marques populaires de lait d’avoine contenaient l’herbicide glyphosate, qui a été associé à de nombreuses catastrophes écologiques. Tout comme l’élevage de vaches, la production de lait de riz génère du méthane. Pour ne rien arranger, il contient parfois de l’arsenic. La production d’amandes contribue aux sécheresses et décime les populations d’abeilles. La culture de la noix de coco, nécessaire à la production de lait de coco, détruit les qualités nutritionnelles du sol, le rendant inutilisable pour d’autres cultures.

D’autres produits végétaliens courants ne sont pas mieux lotis.

L’alternative au cuir proposée par la communauté végétale, appelée pleather, permet d’éviter les émissions de méthane émis par les élevages de vaches nécessaires à la production du cuir traditionnel. Toutefois, la majorité des cuirs synthétiques contiennent des matières plastiques telles que le polyuréthane et le chlorure de polyvinyle, qui sont généralement non biodégradables, et dont la production fait souvent appel au chlore, au pétrole et à d’autres produits chimiques.

Ces mêmes produits sont dénoncés par les défenseurs de l’environnement qui promeuvent le véganisme en nous avertissant qu’ils sont en train de tuer la planète.

 

Le véganisme : meilleur pour la santé ?

En matière de santé, le véganisme échoue une fois de plus lamentablement. Les risques sanitaires associés aux régimes à base de plantes sont trop nombreux pour qu’on puisse tous les citer.

Ces risques comprennent la perte de cheveux, l’anémie, la faiblesse musculaire et osseuse et l’irritation de la peau. Ils sont particulièrement graves pour les femmes et les enfants, qui courent un risque accru de malnutrition dans le cadre d’un régime végétalien sans compléments alimentaires.

Certains prétendent que le remplacement de la viande et des produits laitiers par des produits à base de soja réduit le risque de cancer, mais les preuves scientifiques suggèrent qu’il n’y a guère de différence. En revanche, les dangers pour la santé associés à une consommation accrue de soja sont graves et bien établis. Une étude menée par l’université de Californie à Riverside et publiée dans la prestigieuse revue Endocrinology a établi des liens entre la consommation de soja et le diabète, l’obésité, la résistance à l’insuline, et la stéatose hépatique.

Les recherches ultérieures de cette équipe ont permis de découvrir les effets alarmants de la consommation de soja sur le cerveau. Le soja affecte l’hypothalamus, qui régule le métabolisme, la température corporelle, et d’autres fonctions vitales. Les scientifiques ont découvert des perturbations dans l’activité normale du cerveau et dans la production d’hormones, en particulier en ce qui concerne l’ocytocine, l’hormone de l’amour. Les chercheurs craignent qu’en extrapolant ces effets sur tout une vie, la consommation de soja puisse contribuer à des maladies telles que l’autisme et la maladie de Parkinson.

Vouloir faire sa part pour l’environnement est un objectif noble. De même, il est bénéfique d’être conscient des effets de nos choix alimentaires sur notre santé. Cependant, le mode de vie végétalien n’est pas la panacée que beaucoup déclarent. Il est souvent étonnamment malsain et peu respectueux de la planète.

Nous, omnivores, devrions pouvoir savourer notre viande et nos produits laitiers sans en avoir honte.

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