Lateo.net - Flux RSS en pagaille (pour en ajouter : @ moi)

🔒
❌ À propos de FreshRSS
Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierHashtable

La mascarade régionale et l’inertie bureaucratique

Par : h16

Voilà, le second tour de la péniblerie électorale régionale est maintenant terminé et le peuple français va pouvoir reprendre le cours des quelques activités qui ne lui sont pas encore interdites ou surtaxées.

Soyons franc : tout a déjà été dit sur le premier tour, sa participation rikiki et les peu nombreux votants dont la composition générale, plutôt du côté des retraités que des étudiants, autorise la classe jacassante à de pénétrantes analyses sociopolitiques sur le mode « les jeunes ne sont plus citoyens » et autres poncifs du même acabit.

Et il est vrai qu’avec 80% des moins de 35 ans qui se sont abstenus, on pourrait arriver à cette conclusion si on poussait l’indigence intellectuelle à s’arrêter là. Au passage, cela veut dire que le grotesque pari « McFly & Carlito » du chef de l’État est donc raté, ce que bien peu de journalistes semble vouloir admettre malgré l’évidence et les sondages fébriles mentant le contraire.

La remise en question des sondages n’étant pas pour tout de suite, comme, du reste, sur les 10 dernières élections au moins, on devra se contenter des pleurnicheries habituelles des médiocres chroniqueurs officiels de la vie politique française sur la perte de civisme, les dangers qui pèsent sur la démocratie et sur le peu d’implication des Français dans ces régionales.

Bien tristement, la réalité pragmatique n’est pas lâchée sur les plateaux, tout juste est-elle édulcorée en évoquant un contexte (sanitaire en l’occurrence) qui n’a pas aidé ni la campagne ni le vote, et un niveau de pouvoir (régional) qui n’est pas suffisamment clair pour le citoyen qui ne voit donc pas forcément ce pour quoi il vote.

Pourtant, on aurait gagné à dire les choses en face, et de préférence aux brochettes de clowns venus palabrer sur les plateaux et qui ont surtout profité de l’occasion pour (au choix) se chamailler sur des différences d’opinions nanométriques et sans grand intérêt, ou pour célébrer leur victoire avec toute la retenue calculée dont ces hypocrites sont capables entre deux coupettes de champagne payé avec l’argent gratuit des citoyens, abstentionnistes compris.

Disons-le carrément : s’il y a eu une telle abstention, c’est bel et bien parce que les Français n’ont rien à carrer de ces élections régionales.

D’une part, ce niveau de pouvoir ne sert absolument à rien comme l’a amplement prouvé le remaniement de ces régions qui n’a débouché sur absolument aucun changement palpable pour ces citoyens. Ginette du service Compta de l’ancienne région Poitruc-Machin a peut-être été fusionnée avec le service Compta & Finance de l’ancienne région Limouchose pour rejoindre en fanfare la naissance de la région Nouvelle-Dépense, mais franchement, tout le monde (à part Ginette, et encore) s’en tamponne assez vigoureusement : la facture globale n’a fait qu’augmenter, et les attributions budgétaires et de compétences, déjà passablement bordéliques, ont simplement gagné en complexité.

D’autre part, ces régions se contentant de gérer (mal) et de distribuer (encore plus mal) le pognon gratuit des autres en provenance directe et exclusive de l’État, les présidents de ces fromages républicains sont essentiellement des comptables chargés d’asperger en fonction de critères très vaguement politiques la manne fiscale sur laquelle ils n’ont que peu de leviers. On comprendra que l’intérêt du citoyen dans ces tubulures en coulisses soit particulièrement modeste.

Enfin et surtout, le citoyen a maintenant compris que son vote importe très peu.

Si ce vote est pratique pour le citoyen afin de virer l’un ou l’autre incompétent, arrogant ou crétin qui aurait malgré tout réussi à choper le pouvoir, le vote qui permet de déterminer une politique et une orientation pour le pays semble s’être évaporé quelque part dans les dernières décennies.

Oui, le réalisme pousse à constater que voter ne sert plus qu’à éliminer quelques nuls parmi les enfilades d’arrivistes plus ou moins habiles qu’on nous présente régulièrement ; croire que voter permettrait d’orienter le pays, de réformer l’une ou l’autre administration serait d’une naïveté confondante.

Et pour cela, il suffit de constater que les trois derniers présidents en exercice, à la plus haute fonction de l’État et donc théoriquement disposant du plus large pouvoir, ont été parfaitement incapables de faire dévier la trajectoire néfaste du pays. Ils ont parfois un peu modifié l’assiette du bolide dans sa trajectoire parabolique descendante, mais ont tous été infoutus d’en changer la destination finale (le sol).

Certains seront tentés d’apporter moult exemples de réformes soi-disant nécessaires, courageuses, importantes, marquantes ou que sais-je pour montrer que, mais si, mais si, tel président et son gouvernement ont réellement influé sur le destin du pays. Les leurres médiatiques et politiques, les rhétoriques plus ou moins efficaces des partis servent précisément à ça : faire croire que ces bouffons ont, effectivement, un impact.

Les dernières crises montrent qu’il n’en est rien : la direction générale du pays, le trajet qu’il suit et sa vitesse actuelle tiennent beaucoup, beaucoup plus de l’inertie qu’il a acquise il y a plusieurs décennies que des testiculations présidentielles (impressions de gesticulations tout en ne glandant rien). Regardez les choses en face : alors que le pays était au devant d’une crise majeure, alors que son petit Président est même monté à la télé pour déclamer, en zozotant avec gravité, que nous étions en guerre, et que l’État allait tout mettre en œuvre (quoi qu’il en coûte) pour juguler le pire, alors qu’une mobilisation de toutes les administrations, de toutes les bureaucraties était à l’ordre du jour (et le mot ordre ici n’est pas rhétorique), … tout ce qui pouvait merdouiller mollement l’a fait dans des petits prouts gras.

Eh oui : malgré l’intervention du Président, malgré tout un gouvernement tendu comme un seul homme dans le but d’organiser une réponse adaptée à la crise sanitaire, absolument rien n’a fonctionné correctement. Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État s’est habilement employée à nouer les lacets des autres. Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État a consciencieusement appliqué les milliards de procédures débiles qu’elles ont minutieusement construites depuis cinquante ans. Chaque administration, chaque bureaucratie, chaque strate de l’État a agi de façon à peu près individuelle, sans coordination d’ensemble, dans le but de conserver sa parcelle de pouvoir, de minimiser ses responsabilités et tout travail qui lui incomberait et de maximiser son budget.

Les immobilismes crétins, les idées idiotes, les procédures à la con, les interdictions ubuesques et les règlements ineptes se sont donc multipliés dans un véritable ensemble symphonique d’inutilité bureaucratique quintessentielle pour garantir que le beau volontarisme du mirliflore présidentiel se traduise au final par un petit zéphyr tiède. Et tout ça, pour une crise majeure ouverte avec une véritable déclaration de guerre, alors même que chaque Français (en ce compris chaque échelon de chaque administration) avait bien compris l’enjeu et l’importance de l’action décisive…

Imaginez le niveau de néant chimiquement pur que doivent produire ces mêmes administrations lorsqu’il s’agit d’une énième réforme lancée par un gouvernement (ô combien temporaire) pour un sujet qui ne mobilise qu’un ou deux ministres, avec éventuellement un « Grenelle » et un numéro vert (ou deux)…

Les Français ont compris que, quel que soit leur vote, la petite musique de l’État providence allait continuer, cahin-caha, que les louanges du collectivisme continueraient d’être chantées, de même qu’ils commencent à comprendre que l’épouvantail RN n’est que ça, un épouvantail qui, confronté à la même administration pachydermique obèse, ne pourra pas plus faire de réforme que les douzaines d’autres guignols avant eux.

Ne votant plus que pour éjecter les usés, les nuls et les imbéciles, ils ne se déplacent plus pour donner un avis dont, par inertie bureaucratique, personne n’a rien à foutre : les politiciens ne les écoutent pas hors campagnes électorales, et les journalistes ne sont plus payés pour ça depuis un demi-siècle. Au final, personne ne tient compte des votes.

C’est d’ailleurs aussi pour cela que ce pays est foutu.

J'accepte les BTC et BCH !

qqefdljudc7c02jhs87f29yymerxpu0zfupuufgvz6

Vous aussi, foutez les banquiers centraux dehors, terrorisez l’État et les banques en utilisant les cryptomonnaies, en les promouvant et pourquoi pas, en faisant un don avec !
BTC : 1BuyJKZLeEG5YkpbGn4QhtNTxhUqtpEGKf
BCH : qqefdljudc7c02jhs87f29yymerxpu0zfupuufgvz6
 

[Redite] La France : entre la gauche et le rejet

Par : h16

Article initialement paru le 21.12.2015

À la suite des élections régionales, un aimable lecteur m’avait fourni une analyse multifactorielle des résultats des élections. On avait alors abouti à une forte intéressante série de graphiques qui illustraient un phénomène que personne, dans la presse courante et subventionnée, n’avait analysé : le véritable fossé entre d’un côté, la France urbaine et diplômée, et de l’autre, la France rurale moins diplômée.

Les années ont passé, et avec le temps, on se rend compte que ce découpage, bien qu’un peu cru, reste tout à fait d’actualité. Mieux : la crise des Gilets Jaunes a permis de véritablement mettre en exergue cette fracture profonde : il n’y a guère que l’élite germanopratine qui n’ait pas encore compris et appréhendé ce gouffre (parce que son salaire dépend de cette opacité mentale).

La relecture de ce billet à l’aune des récents mouvements sociaux est éclairante…

Le week-end, il faut bien s’occuper et parmi mes lecteurs, il s’en trouve certains qui aiment les statistiques. L’un d’eux m’a contacté dernièrement pour me faire part de ses découvertes concernant les résultats des dernières élections en France. Le résultat vaut largement un billet.

Avant d’aller plus loin, un petit point méthodologique s’impose.

Pour réaliser l’analyse, les fichiers qui ont été utilisés sont ceux fournis par le ministère de l’Intérieur (résultats du second tour par régions, départements et circonscriptions) dans lesquels on trouvera les acronymes suivants : LUG pour Liste Union de Gauche, LUD pour Liste Union de Droite, LFN pour Liste FN. Pour éviter une trop grande dispersion des données, les autres acronymes et groupes de données (comme LDVG, LREG, LSOC, par exemple) n’ont pas été inclus dans l’analyse.

Ces fichiers ont été recoupés avec la structure de la population par circonscription par âge, sexe, logement et catégorie socio-professionnelle, obtenue par le recensement partiel de 2012 sur la base des chiffres de 2008 fournis par l’INSEE.

Enfin, pour effectuer l’analyse en question, notre aimable lecteur s’est muni du puissant outil open-source R, avec le package Factominer des statisticiens de l’Agrocampus de Rennes, grâce auquel il a effectué une AFC (Analyse Factorielle des Correspondances).

En substance, il s’agit du moteur au cœur de tous les logiciels de datamining, et qui permet de réaliser de l’analyse de données non-supervisée. Autrement dit, il s’agit de laisser parler les données et de voir quelles sont les formes ou correspondances qui émergent en premier, puis en second, etc. Ce seront les « dimensions », visibles dans les graphiques un peu plus bas, qui permettent d’identifier les facteurs qui structurent le plus fortement les données. De dimensions en dimensions, on peut alors expliquer laquelle contribue à quelle quantité de données observées, comme on pèle un oignon, et ce jusqu’à ce qu’il ne reste plus que du bruit statistique.

Cette technique identifie de fortes « correspondances » statistiques entre variables. Reste enfin à interpréter ces correspondances, ce qui revient à répondre aux questions qu’on se pose sur les découvertes que l’outil permet. Par exemple, pourquoi diable les circonscriptions qui se caractérisent le plus par un vote Liste Union de Gauche sont des circonscriptions avec beaucoup d’étrangers ou des circonscriptions avec beaucoup de professions libérales ou de cadres supérieurs ?

Avant de tenter de répondre à ces questions, si on regarde d’un peu plus près les résultats bruts, on découvre que près de 70% de la variabilité du vote par circonscription est expliquée par seulement deux dimensions : la localisation des votants (ruraux ou urbains), et leur positionnement face aux listes de gauche (en accord ou en rejet). En effet, et peut-être pour la première fois en France, le vote jadis droite-gauche ressemble maintenant à un vote de rejet complètement orthogonal à la structuration des catégories socio-professionnelles (i.e. statistiquement indépendant des CSP).

La première force qui structure le vote, c’est la corrélation entre bobos et étrangers dans le vote de gauche, c’est-à-dire entre les circonscriptions d’urbains diplômés (qu’on pourrait synthétiser grossièrement mais pas inexactement par « bobos ») et les circonscriptions avec un fort taux d’étrangers, dans un vote pour les listes à gauche (LUG, ou listes d’union de gauche).

Cette tranche de France-là, surtout urbaine, s’oppose à l’autre tranche (et en particulier au monde rural) suivant un gradient des CSP. Cette autre France se compose, elle, de circonscriptions avec beaucoup de Professions Intermédiaires et autres inactifs (dont les chômeurs), celles avec beaucoup d’employés et d’abstention, celles avec beaucoup d’ouvriers, d’artisans, de commerçants, de retraités (qui ont particulièrement exprimé leur vote), et enfin les circonscriptions sans doute les plus rurales, avec beaucoup d’agriculteurs exploitants.

Cette corrélation des circonscriptions à fortes populations étrangères avec celles des professions libérales et des cadres supérieurs, unis dans un même vote de gauche, éclaire assez nettement les stratégies du PS, la fameuse ligne « Terra Nova » appliquée jusqu’à présent, qu’on pourrait résumer par « Plus d’État pour les bobos, et plus d’État pour les populations en otage ou en assistanat ».

De façon complètement orthogonale à cela, la deuxième force qui structure le vote est le rejet.

Par exemple, le vote pour le Front National est très associé aux bulletins blancs et nuls, ce qui montre de façon assez claire là aussi qu’au lieu d’une montée de l’idéologie du FN, il faut voir une montée visible du rejet du système, de façon très claire, et le long de toutes les CSP.

cah

NB : rappelez-vous que ces graphiques sont issus d’une analyse dirigée par les données et non par l’opérateur. Les regroupements visibles ci-dessus sont ce qui ressort des corrélations, pas d’un choix volontaire du statisticien.

Plus dramatiquement encore, ce découpage montre, si quelqu’un pouvait encore en douter, le rôle réel des listes de droite : celui d’un bouche-trou entre deux les grandes forces politiques qui restent, à savoir le Parti Socialiste ou le rejet. Si quelqu’un doutait de ce rôle de bouche-trou, il est démontré par l’association des listes de droite (LUD) au paquet « rejet », de l’autre coté du véritable fossé entre les Français qui se matérialise sur les graphiques de l’Analyse Factorielle des Correspondances ci-dessous.

afc nuage

afc zone

Cliquez pour agrandir – les n° sur les points indiquent la circonscription ; ex : 9306 est la sixième circonscription du département 93

Une telle répartition montre bien l’abandon par toute la gauche d’une partie du peuple : les ouvriers, les artisans, les commerçants ont un vote majoritairement opposé à celui de la gauche, et se retrouvent écartelés entre le vote de protestation et le vote conservateur.

dim1 dim2

Par exemple, sur le graphique ci-dessus, les points « O » (ouvriers) et « AI » (autres inactifs, les chômeurs, donc) sont au bord du gouffre créé par le clivage, à la fois le plus loin possible de la gauche sans être à droite, partagés par leur différence socio-professionnelle (des chômeurs plutôt urbains, des ouvriers plutôt ruraux), et sur le point de rejeter le système, de l’autre côté du gouffre. D’autres études prouvent d’ailleurs encore et encore que ce sont ces deux catégories socio-professionnelles, socialement les plus vulnérables, qui rejettent le plus clairement la gauche et sont récupérées par le Front National ou s’associent à un vote rageur nul ou blanc.

D’autre part, ces graphiques expliquent assez bien les récents éclats entre NKM et Sarkozy : la droite, qui accepterait de marchander (c’est la « ligne NKM ») tomberait dans un véritable piège et serait complètement mangée par le vote protestataire. La « ligne Sarkozy » semble alors plus cohérente puisqu’il vaut mieux recevoir des reports de votes du PS que de disparaître.

Enfin, en tant que force progressiste, la gauche n’existe plus. Elle n’est plus qu’un outil de préservation des avantages d’un assemblage hétéroclite composé d’une caste de bourgeois et d’une caste d’assistés ou de populations dépendantes des aides. Ceci est d’ailleurs corroboré par le dernier scrutin ; en abandonnant trois régions, la gauche a préféré isoler complètement ses électeurs plutôt qu’accepter un changement paradigmatique, d’ailleurs confirmé par le renouvellement du rejet au second tour par les circonscriptions concernées.

Quant à la France, ce graphique illustre un terrible clivage, un gouffre même, entre deux peuples, créé par la petite politique politicienne, allant de la diabolisation du Front National jusqu’aux calculs politiciens pendant les scrutins, les discours communautaristes ou l’illisible politique laïcarde, et surtout, l’absence complète de toute volonté d’agir autrement que pour les intérêts spécifiques des élus.

On n’ose imaginer le degré de frustration qui doit se créer chez les électeurs qui, progressivement ostracisés par ces basses manœuvres, ne trouvent plus que le rejet pour s’exprimer.

En somme, si quelqu’un veut la guerre civile, c’est bien le PS.

—-
Données brutes
Résultats bruts
Archive des données et résultats au format XLS

J'accepte les BCH !

qqefdljudc7c02jhs87f29yymerxpu0zfupuufgvz6

Vous aussi, foutez les banquiers centraux dehors, terrorisez l’État et les banques en utilisant les cryptomonnaies, en les promouvant et pourquoi pas, en faisant un don avec !
BCH : qqefdljudc7c02jhs87f29yymerxpu0zfupuufgvz6
 

❌