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À partir d’avant-hierLa voie de l'épée

Frédéric Leclerc-Imhoff, éclaireur

Il y a de nombreuses similitudes entre la vie, et parfois la mort, des soldats professionnels et la vie de reporters, ne serait-ce que parce que les uns comme les autres, plongent régulièrement dans des zones de crises. Forcément, devrait-on dire, car s’il n’y avait pas de problèmes, personne n’aurait besoin de les y envoyer. D’une certaine façon, les reporters sont même des soldats de l’information, à ce détail énorme près qu’ils n’y ont pas le droit de tuer, n'y d'y être tués d'ailleurs, mais seulement celui de prendre des risques pour témoigner.

Si les gens peuvent dormir en sécurité, c’est parce que certains veillent sur la muraille. Si les gens peuvent être informés avec des éléments de première main, et en premier lieu celle qui porte la caméra, c’est parce que d’autres vont directement là où les choses se passent mal, voire se passent dans le mal, voir, dire et montrer. Ce sont les éclaireurs, à tous les sens du terme : ceux qui sont en avant et ceux qui mettent de la lumière sur le tragique et son pendant l’héroïque.

Frédéric Leclerc-Imhoff était éclaireur pour BFM TV, et un très bon éclaireur. Frappé de manière indigne et criminelle dans un convoi humanitaire par l’artillerie russe, Frédéric est tombé en montrant avec ses camarades, Maxime Brandstaetter et leur «fixeuse» Oksana Leuta, la réalité des pauvres gens écrasés par une guerre imbécile.

Sans eux, la guerre resterait un huis clos propice à encore plus de délires dans nos réseaux. Sans eux et leur capacité de dire «j’étais là et j’ai vu», les massacres de Boutcha, entre autres horreurs, seraient décrits comme des manipulations avec acteurs-cadavres. Frédéric, Maxime et les autres de toutes les rédactions sont donc comme dans le roman Dune, des «diseurs de vérité», bardés de leur compétence à décrire et de leur éthique de journaliste. Ce sont des témoins que l’on ne convoque pas après les évènements, mais sur le moment afin que les gens derrière leur écran puissent se faire leur propre jugement.

Bien entendu donc qu’il ne faut pas les retirer des zones de guerre, sous prétexte du danger et parfois de petites économies, c’est au contraire parce qu’il y du danger qu’ils doivent y être, non pour celui-ci, mais parce que la guerre a créé un nouveau monde qu’il faut forcément décrire. Ces hommes et ces femmes courageux sont indispensables à la connaissance impartiale des choses, et la connaissance des choses offerte à tous est indispensable à la démocratie.

Maintenant, tout cela n’est pas gratuit et le prix peut parfois être très élevé. On pense à ceux, eux et leurs proches, qui l’ont payé et le payent toujours dans leur chair et leur âme.

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