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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

BCE : la grande destruction monétaire a commencé, par Ulrike Reisner

Par : Rédaction

Vendredi dernier, la BCE et la Deutsche Bundesbank ont annoncé presque simultanément d’énormes pertes pour 2023. À cause des taux d’intérêt élevés, disent-ils. En réalité, la BCE a créé quasiment de toutes pièces plusieurs billions d’euros depuis dix ans grâce à ses « programmes d’achat contre les crises ». Maintenant, avec l’aide du taux directeur, on passe par pertes et profits. Cela se fait au détriment de l’économie qui s’affaiblit. Et cela montre clairement qu’avec l’introduction d’un euro numérique, le risque augmente que de la monnaie fiduciaire non couverte puisse être créée et détruite « en appuyant sur un bouton ».

La Banque centrale européenne enregistre une perte en 2023 pour la première fois depuis environ 20 ans. Celle-ci, d’un montant de 1,3 milliard d’euros, n’est gérable que parce que la BCE a dissous ses provisions pour risques financiers et a déjà remboursé par anticipation 6,6 milliards d’euros de pertes. Pour 2023, il n’y aura pas de distribution de bénéfices aux banques centrales nationales de la zone euro. De plus, la BCE devrait continuer à enregistrer des pertes dans les années à venir.

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La Vè République se meurt-elle ?

Dans cette série de “vacances”, le Courrier propose des contenus pour débutants visant à familiariser les lecteurs avec des concepts souvent évoqués dans la presse, sans forcément être parfaitement clairs pour le tout un chacun. Aujourd’hui, j’aborde la question souvent débattue de la Vè République. On parle souvent de son épuisement ? Pourquoi ? Et en quoi la Vè République constitue-t-elle une forme originale de régime politique ?

Plusieurs questions-clés doivent rester à l’esprit concernant la Vè République :

  • elle constitue une réaction au régime d’assemblée qui produisait de l’instabilité gouvernementale en quantité “industrielle”
  • elle visait à réparer l’impuissance présumée de l’Etat sous la IVè République, notamment face aux guerres du Viêtnam et d’Algérie
  • l’abstention grandissante affaiblit considérablement sa légitimité et son bon fonctionnement
  • globalement, c’est le principe de la participation directe du peuple au pouvoir qui est désormais posée, avec des questions autour du referendum (notamment)
  • l’introduction en 2008 de la question prioritaire de constitutionnalité fut une étape majeure dans “l’ouverture” des institutions à l’initiative populaire
  • l’existence d’une majorité simplement relative depuis 2022 pose la question de l’efficacité constitutionnelle dans la recherche d’une majorité.

Nous persistons à dire que l’issue aux questions constitutionnelles en cours tient probablement à l’émergence d’une nouvelle forme de démocratie : la démocratie liquide.

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Repos pour les nuls !

Vendredi 13 décembre, les gens de la Fed ont publié le calendrier de leurs interventions dans le cadre des repos.

Document 1 :

Ces repos sont des prêts à très court terme (de 1 jour à 30 jours) qu’ils accordent à des banques qui manquent de liquidités en apportant en garantie des titres publics constitués principalement de bons du Trésor.

En effet, il faut savoir que tous les soirs, après les enregistrements de toutes les opérations de la journée, toutes les banques supervisées (contrôlées) par une banque centrale sont obligées d’avoir une position nette créditrice vis-à-vis de cette banque centrale (les découverts sont interdits !).

Or, presque toutes les banques ont généralement des positions nettes créditrices importantes (c’est-à-dire une abondance de liquidités) alors que d’autres ont parfois ou souvent temporairement une position nette débitrice vis-à-vis de la banque centrale sans que cela ne soit trop grave.

Ordinairement, les banques qui ont des liquidités excédentaires les prêtent (contre rémunération évidement) à celles qui en manquent. C’est le marché interbancaire.

Evidemment, quand des banksters au bord de la faillite en manque de liquidités en demandent aux banques qui en ont, les dirigeants de ces banques refusent de leur en prêter, ne serait-ce qu’au jour le jour (overnight).

C’est ce qui se passe dans la zone euro depuis 2015 (dès le début du QE).

Pour que ces banksters n’entrainent pas leurs propres banques à la faillite par défaut de paiement, généralement les dirigeants des banques centrales acceptent de leur prêter les milliards d’euros ou de dollars qui leur manquent…

C’est ce qui se passe dans la zone euro depuis 2015 et aux États-Unis depuis le 17 septembre.

La Fed s’est donc engagée à prêter jusqu’à… 525 milliards d’euros (le 2 janvier 2020) aux banksters qui sont sous sa supervision à la fin de cette année 2019 et au début 2020 pour qu’ils puissent ne pas faire faillite tout de suite !

Le graphique que j’ai élaboré (en ligne pour les abonnés à mon site) permet de suivre l’évolution de ce programme de sauvetage des banksters par la Fed.

La question qui se pose alors au sujet de ces repos est toujours la même : qui sont ces banksters ?

J’ai donné clairement une réponse argumentée et plusse que vraisemblable : des banksters européens (pour ce qui concerne leurs entités établies aux États-Unis).

Par contre, tous les irréductibles opposants à l’Amérique et au monde de la Phynance sont persuadés que c’est le système bancaire américain qui est au bord du gouffre, et même au plus profond de ce gouffre, et même que le système capitaliste américain est sur le point de faire faillite.

Une fois de plus, un minimum de réflexion s’impose…

Les banksters européens ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement alors que les big banks des États-Unis les respectent, cf. mes analyses.

En conséquence, les dirigeants des banques des États-Unis ont déposé… 1 671 milliards de dollars auprès de la Fed (en augmentation de 77 milliards par rapport à la semaine précédente) car ils ont ces liquidités disponibles qu’ils placent ainsi afin de bénéficier d’une rémunération faible certes, mais non négligeable (celle du taux de base de la Fed) alors que le marché interbancaire fonctionne presque normalement, c’est-à-dire normalement, sauf pour ces banksters actuellement anonymes, comme le montre clairement le dernier bilan de la Fed (item 4),

Document 2 :

Les gens de la Fed peuvent donc sans difficulté prêter ces dollars ainsi déposés à ces banksters dans le cadre de cette procédure dite des repos (Repurchase agreements),

Document 3 :

La Fed n’injecte pas de capitaux dans le système bancaire. Elle ne fait que faire circuler l’argent sans en créer contrairement à ce que racontent tous les idiots inutiles.

Il n’y a donc pas de création monétaire indue dans le système bancaire américain mais une circulation monétaire normale.

L’argent y reste sain, ce qui est le premier pilier des Reaganomics dixit Arthur, Laffer.

Pour rappel, il n’en est pas du tout de même dans la zone euro car la BCE est obligée de prêter continuellement… 700 milliards d’euros à ses banksters pour qu’ils survivent et elle leur a acheté pour 2 841 milliards de titres (des bons des trésors des pays membres) alors qu’elle n’a pas cet argent, comme le montre le dernier bilan de la BCE !

Document 4 :

La création monétaire dans la zone euro est gigantesque et personne, ou quasiment personne ne la dénonce en dehors d’une très rare mention dans une dépêche du bureau de Francfort de l’AFP et de très rares personnes dont Pierre Jovanovic (sans en donner les justifications précises) avec son livre Adolf Hitler ou la revanche de la planche à billets et de… moi, cf. mes analyses à ce sujet parfaitement documentées.

Cliquer ici pour voir la page de la Fed publiant le calendrier à venir des repos.

© Chevallier.biz

 

Repo : la Fed et les banksters européens

La Fed continue à sauver des banksters de la faillite en leur prêtant jusqu’à 200 milliards de dollars depuis le 17 septembre dans le cadre des repos, cf. mon premier article à ce sujet à condition qu’ils déposent en garantie (collatéral) des titres sûrs : des bons du Trésor (Treasury), des titres hypothécaires (agency mortgage-backed securities, MBS) et d’organismes publics (agency debt),

Ces prêts sont au jour le jour, sur une dizaine de jours et même à un mois mais ces derniers ne sont plus accordés en totalité… car ils sont à échéance après la clôture du bilan 2019 à condition qu’ils ne le déposent pas avant !

Les actifs de la Fed sont financés par les dépôts (Deposits) d’institutions financières (principalement des banques et assimilées) pour presque 2 000 milliards de dollars, par des billets émis pour plus de 1 500 milliards et par presque 300 milliards mis en réserve pour ces repos !

Comme je l’ai écrit dans un article précédent, cliquer ici pour le (re)lire, il est impossible que des grandes banques américaines soient en difficulté au point de devoir emprunter au jour le jour à la Fed car elles regorgent de liquidités.

Ces banques auxquelles aucune banque ne veut leur prêter les quelques dizaines de milliards de dollars qui leur sont nécessaires pour survivre ne peuvent être que celle de banksters européens aventurés en Amérique.

Il suffit de pas grand-chose pour faire éclater cette bulle, juste un petit touite du Donald mais pas tout de suite…

© Chevallier.biz

Repo : banques US / banksters européens en faillite

Imaginez que vous êtes Jamie Dimon le grand patron de JPMorgan…

Vous avez plus de 250 milliards de dollars de disponibilités que vous prêtez au jour le jour à d’autres banques américaines (pour 235 milliards) qui sont temporairement en manque de liquidités, ce qui est habituel quand le marché interbancaire d’un pays fonctionne normalement,

Document 1 :

Allez-vous prêter des milliards de dollars au jour le jour à des banksters comme ceux de BNP-Paribas qui n’ont que 167 milliards d’euros de disponibilités, en baisse d’une vingtaine de milliards par rapport à fin 2018, sachant que le montant des capitaux propres tangibles réels de BNP n’est que de 60 à 70 milliards d’euros (selon les estimations réalistes que l’on peut retenir) contre… 265 milliards de dollars pour JPMorgan ?

Document 2 :

Pour rappel, le total des dettes de JPMorgan représente moins de 10 fois le montant de ses capitaux propres tangibles contre 40 fois pour BNP (c’est le leverage réel tel qu’il devrait être calculé selon ce bon vieux Greenspan).

Les investisseurs ne se trompent pas : la capitalisation boursière de JPMorgan est de 407 milliards de dollars contre 63 milliards d’euros pour BNP-Paribas !

Yapa foto !

Idem pour d’autres banksters européens comme Deutsche Bank qui ont des activités bancaires aux États-Unis et pour lesquels la BCE est obligée de mettre à leur disposition… 3 500 milliards d’euros car ils seraient en faillite sans ces apports.

Dans ces conditions, il est compréhensible que la Fed soit obligée, pour le moment, de leur prêter quelques dizaines de milliards de dollars pour que ces banksters ne soient pas en faillite… pour l’instant.

Encore un moment Monsieur le bourreau.

[Quand la Fed arrêtera de prêter des dollars aux banksters européens, ces banques sauteront comme cela s’est passé avec la banque des frères Lehman, mais les conséquences seront dramatiques en Europe]

© Chevallier.biz

Direct Democracy Is the Future of Human Governance – Part 1

Power tends to corrupt and absolute power corrupts absolutely. Great men are almost always bad men, even when they exercise influence and not authority: still more when you superadd the tendency or the certainty of corruption by authority. There is no worse heresy than that the office sanctifies the holder of it. That is the point at which the negation of Catholicism and the negation of Liberalism meet and keep high festival, and the end learns to justify the means.

- Lord Acton

You never change things by fighting the existing reality. To change something, build a new model that makes the existing model obsolete.

- Buckminster Fuller

If you've read anything I've written over the past several years, you'll be acutely aware of my belief that human civilization is currently in a major transition period between two great paradigms of world history. The old world we all grew up in no longer works for most people, yet is being relentlessly propped up by the powerful and their minions who benefit from its parasitic and destructive nature. Despite their best efforts, a system so poisonous, decrepit and corrupt cannot and will not last. At this stage, it's little more than a Potemkin village fraud barely kept standing courtesy of increasingly intense deception, manipulation and the sheer will of those who profit handsomely from it.

By stating we're in the transition period, I want to make it clear I believe things are very much already being disrupted and altered beneath the hood of a world which appears indistinguishable from what it was a decade ago on a superficial level. Specifically, I think there are two core aspects of human existence that will be completely transformed in the years to come. First, within the monetary and financial systems that define how commerce, savings and entrepreneurship function. The emergence and continued momentum of Bitcoin offers evidence that disruption in this realm is already very much underway, albeit still in its infancy. The second realm I expect will experience massive transformational change relates to forms of human governance. We've barely scratched the surface on this one, but nascent signs have started to appear, and I suspect a push towards political systems more defined by direct democracy will become increasingly common in the years ahead. I've spent many hours writing about the financial and monetary system, so today's piece will focus on what appears to be coming with regard to human political evolution.

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Le héron et le liquide

Le héron a lu mon billet sur le liquide (mais il y a un autre commentaire sous le billet, qui vaut aussi lecture). Il nous donne son opinion. Qui est une sorte de conte de Noël, finalement. Merci à lui. OK

Source

« Olivier Kempf s'interroge au sujet du liquide. Je suis sûr que tu as une opinion là-dessus.

  • – Évidemment : je passe mes journées à observer la rivière. Le liquide, c'est mon garde-manger, c'est l'endroit qui contient des grenouilles et des poissons. Je ne vois vraiment pas comment l'on peut s'interroger. »

Mon copain le héron de l'Erdre était perché sur le toit de sa péniche habituelle et je lui avais posé la question en passant à sa hauteur sur le petit Pont Saint-Mihiel. Bref : tout était normal ce matin-là, y compris notre conversation. Sauf que nous ne parlions pas de la même chose. Il fallait que je dissipe le malentendu :

  • « mais non, ce qu'on appelle 'le liquide', c'est la monnaie, l'argent. Je t'en ai déjà parlé.
  • – Ah oui, les pièces et les billets... Mais tu m'as dit que c'est du papier ou du métal ! Pourquoi dites-vous que c'est liquide ?
  • – Façon de parler.
  • – Comme quand vous dites 'prendre la plume' pour dire 'écrire'. Vous êtes vraiment compliqués, vous les TGC avec vos Trop Gros Cerveaux. Le Grand Patapon n'a pas été très sympa avec vous, je trouve, quand il a créé le monde.
  • – Si, si : on s'habitue très bien à être des TGC. Du moins la plupart d'entre nous s'habituent à cette complication obligatoire. Ton Grand Patapon avait certainement son idée en nous créant comme ça.
  • – Certainement. »

Il se tait un moment. Il semble réfléchir à l'infinie sagesse de son Grand Patapon mais pas du tout : il se jette sur une grenouille qui a commis l'imprudence de vouloir respirer puis, aussitôt avalée il revient à son poste et reprend :

  • « excuse-moi, je devais faire accomplir à cette grenouille le destin qui lui a été assigné par le Grand Patapon.
  • – C'est-à-dire ?
  • – Nourrir les hérons. Sinon les grenouilles ne serviraient à rien, 'faut être logique. »

Je ne dis rien : je ne conteste pas sa logique car elle est quasi-religieuse et l'expérience m'a appris que les religions, il faut les admettre et non les discuter. Il me relance :

  • « alors c'est quoi, la question au sujet de votre liquide ?
  • – C'est que nous avons aussi d'autres monnaies que le liquide.
  • – Pfff... Encore plus de complications. D'autres monnaies, tu dis ? C'est quoi ? »

Je prévois beaucoup de difficultés pour lui faire comprendre la monnaie scripturale et surtout la monnaie électronique. Je n'aurais peut-être pas dû lui parler de ça, mais maintenant que j'ai commencé, je le vexerais si je lui disais qu'il ne peut pas comprendre. Alors j'explique :

  • « il y a la monnaie scripturale et surtout la monnaie électronique : la monnaie scripturale, c'est celle qu'on écrit...
  • – Avec une plume ?
  • – Euh...
  • – Et la monnaie électronique ?
  • – On l'écrit aussi mais sans plume...
  • – Je préfère ça. Vive la monnaie électronique ! Dis-m'en plus au sujet de la monnaie écrite sans plume.
  • – La monnaie électronique, on l'écrit sur des machines. Les machines savent se parler entre elles...
  • – Un peu comme toi et moi.
  • – Un peu, excepté que toi et moi personne ne peut intercepter notre conversation si nous ne la racontons pas.
  • – Et même si tu la racontais, tu m'as dit que personne ne te croirait. Tandis qu'il y a des gens qui peuvent intercepter les conversations des machines ?
  • – Oui, avec d'autres machines. C'est bien ça tout le problème de la monnaie électronique.
  • – Ça ne m'étonne pas : vous les TGC, vous aimez beaucoup inventer des trucs qui vous posent des problèmes que vous n'aviez pas auparavant. Et si je comprends bien, cette monnaie électronique est plus visible que les pièces et les billets ?
  • – Visible de plus loin : quand je paie mon petit café à la terrasse du bistrot d'à côté...
  • – Oui, le café que tu prends dans un grand verre qui tient debout comme moi.
  • – Très peu de gens peuvent savoir qu'en réalité j'ai bu un verre d'Anjou-rouge quand je paie avec des pièces ou un billet. Toi tu sais ce que je paie parce que tu l'as vu mais aucune machine ne sait ce que je paie. Le problème avec la monnaie électronique, c'est que beaucoup de gens peuvent savoir ce que j'ai acheté, à qui je l'ai acheté, si j'en achète souvent. Et vérifier aussi que j'ai le droit d'acheter ce que j'achète, que j'ai le droit de faire du commerce avec ce vendeur.
  • – Béni soit le Grand Patapon qui, dans son infinie sagesse, m'a épargné tous ces problèmes ! »

Le héron

Supprimer le liquide

Voici le texte de ma chronique parue dans le dernier numéro de Conflits, consacré au Brésil.

C’est une musique lancinante, qui revient sans cesse malgré la réticence des commentateurs : il faudrait cesser les paiements en liquide, officiellement pour lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme. Les plaies du moment ont bon dos, car beaucoup soupçonnent en fait des puissants, qui ne sont pas ceux qu’on croit, avoir bien d’autres desseins.

Certes, l’argent liquide est parfait pour la fraude fiscale : voici un instrument de paiement légal et anonyme ! Bannir l’argent liquide, c’est donc le rendre illégal et empêcher l’anonymat. L’anonymat, voilà l’ennemi.

C’est d’abord l’ennemi des gouvernements, puisque le liquide permet allégrement la fraude fiscale. Ceci explique la décision surprise, en novembre 2016, du gouvernement Modi (Inde) de démonétiser les coupures en circulation. Le liquide permet de thésauriser en monnaie étrangère, ce que font les Vénézuéliens (pour contrer l’hyperinflation) et qui a donc incité le président N. Maduro à mettre en place une nouvelle monnaie. A chaque fois, un système économique profondément altéré.

D’autres motifs sont à l’œuvre : tout d’abord, l’épuisement des politiques « d’assouplissement quantitatif » qui sont à l’œuvre depuis dix ans pour lutter contre la crise financière. Or, ces facilités monétaires suscite l’accumulation de liquidité, ce qui ne suffit plus. Il faut donc aller plus loin dans l’endettement général en passant par les taux négatifs, notamment sur l’épargne. Le cash protège contre cette politique. Supprimons le cash, on pourra taxer l’épargne ! On pourra surtout verrouiller tout le fonctionnement de l’économie « si besoin s’en faisait sentir », comme quand la Grèce avait restreint l’accès au cash, en 2015.

Autres puissants intéressés : les géants du numérique qui déjà scrutent nos comportements et pourront, si nous sommes obligés de passer au tout électronique, observer vraiment tout ce que nous faisons.

L’absence de cash et donc le passage à une monnaie exclusivement électronique sont finalement de profondes menaces envers notre démocratie. Les technophiles mentionnent l’hypothèse de monnaies alternatives, fondées par exemple sur les blockchains (bitcoin, éthereum) : mais ces monnaies sont déjà justement surveillées par les autorités et en passe de devenir illégales.

Voici donc des intérêts autrement plus puissants, ceux de l’alliance entre Wall Street et la Silicon valley, qui se conjuguent contre le liquide. La thématique sécuritaire habituelle (lutte contre le terrorisme ou la criminalité armée) ne fera pas oublier que la NSA travaille surtout pour l’espionnage économique. Cela doit nous inciter à payer en liquide, manière pratique de défendre nos libertés quotidiennes : le liquide est aussi pratique que la carte bleue et surtout, il permet encore une qualité aussi rare que l’air pur à Pékin : l’anonymat !

O. Kempf

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