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Choc & Stupéfaction de la raison

Par : info@dedefensa.org — 9 février 2022 à 00:00

Choc & Stupéfaction de la raison

9 février 2022 (19H00) – Sommes-nous capables de voir les évidences ? Grande question aux jours d’hégémonie du système de la communication, et qui vaut pour les plus expérimentés et les plus sensibles aux choses politiques, et souvent d’une façon louable. Je prends le cas de Matthieu Bock, sociologue, politologue, et archétype de l’intellectuel québécois rétif à l’influence anglo-saxonne, délégué par ce courant sur la scène médiatique et intellectuelle parisienne et donc plutôt ami des courants souverainistes et patriotes.

Pour moi, sur son terrain d’élection, particulièrement dans la bataille anti-wokeniste, il fait « du bon boulot » selon l’immortelle parole du non moins immortel quoiqu’ex-ministre français des affaires étrangères, et actuel gardien du temple qu’est le Conseil Constitutionnel au service du président actuel et de sa mouvance sinueuse et détestable. Bref, je suis incliné à voir dans Bock-Côté un dénonciateur de la fameuse ‘doxa’ (néolibérale), et ma citation du mot de Laurent Fabius était plutôt pour l’opposer à ce personnage incroyablement traître et sirupeux, gluand et incroyablement salonard de Paris, qu’est l’ancien “plus jeune Premier ministre de France” du byzantin président Mitterrand.

Lorsque j’identifie telle ou telle personne au côté de laquelle je peux me retrouver dans telle ou telle bataille importante (l’anti-wokenisme dans ce cas), j’ai tendance à me sentir en confiance, conforté dans mes sentiments antiSystème généraux, et croire que je me retrouverai à ses côtés dans toute autre bataille du même gabarit. C’était le cas pour le ‘Freedom Convoy’, dont on sait avec quelle empathie je l’accueillis (le 29 janvier) après une courte et simple réflexion, selon la non-moins simple formule que “tout ennemi de mon ennemi [le Système] est mon ami” qui est si vraie pour la sorte d’Armageddon que nous vivons. C’était au fond un peu le même sentiment pour Bock-Côté, et je l’attendais avec grand intérêt sur le terrain des “truckers” canadiens, puisque Canadien lui-même.

Quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre, le 1er février sur CNews, à ‘Face à l’Info’ (voyez la vidéo, autour de 49’30”). Bock-Côté expédia rapidement le ‘Freedom Convoy’, et d’une façon assez peu agréable, citant notamment des “groupes douteux”, des “suprémacistes blancs” qui sont « le poison de l’Amérique du Nord » (ce n’est pas mon jugement, lorsqu’on décompte les ignominies que le système américaniste a développé en deux siècles et demi, et continue à développer y compris lorsqu’il dénonce pour la conformité tactique les “suprémacistes blancs” ; et Bock-Côté devrait savoir, avec ses chers Québécois qui sont du style “pur blanc-de-blanc” et l’ayant subi eux-mêmes, qu’il ne peut être à cet égard question que de “suprémacisme anglo-saxon”, dans lequel je mets avec enthousiasme un certain nombre de blacks bien intégrés dans le Système passé à l’éteignoir du wokenisme) ;
et de toutes les façons enfin, au terme de sa péroraison, et c’est ce qui m’importe, Bock-Côté jugeant que ce mouvement sans raison d’être était d’ores et déjà en train de se désintégrer.

Il y est revenu une semaine plus tard, dans la même émission, celle du 8 février (vidéo à 50’00”), où il ne dissimula pas la surprise, la stupéfaction même où il se trouvait de voir au contraire le mouvement se développer et devenant une sorte de modèle mondial pour une contestation anti-Covid (contre les contraintes). D’une certaine façon, il joua cartes sur table et fort loyalement, reconnaissant indirectement son erreur de jugement en première instance ; et cela, constatant en plus dans l’événement la sorte de situation où l’on ne voyait pas matière à réduire la crise par un compromis, donc on en pouvait déduire qu’elle témoignait d’un « profond malaise » en général, un peu dans toute la population. Cela vaut pour le Canada, mais aussi pour les autres pays où le ‘Freedom Convoy’ est promis à s’étendre, comme cela vaut pour les Gilets-Jaunes, comme cela vaut pour l’abstention en France, comme cela vaut pour les folies et la bêtise du wokenisme, comme cela vaut pour le radicalisme de la catastrophe climatique, comme cela vaut pour la vogue sensationnelle du complotisme, comme cela vaut pour les conspirationnistes et les anti-conspirationnistes, comme cela vaut pour nos folles ukrainiades...

Partout, absolument partout règne ce que je ne peux qualifier que de “malaise métaphysique” ; et lorsque l’on a un 35 tonnes sous les pieds, l’on exprime son malaise avec son 35 tonnes !

On reconnaîtra mon propos à cet égard, et je ne le trouve pas déplacé : tout ce que nous constatons et jugeons en fait de subcrises et d’hystérie de la psychologie renvoie à la Grande Crise qui nous embrasse et nous emprisonne dans son ombre, et au Système comme création diabolique ; tout cela, chaque jour source de troubles divers, exprimé par ces troubles divers, démontré par eux... La “lecture” des événements est à cet égard d’une très grande simplicité, elle ne fait pas un pli.

Je dirais donc ma plus grande surprise et même stupéfaction de celles qu’exprima Bock-Côté, tout en précisant d’une façon paradoxale que je ne suis pas pour autant surpris ni stupéfait par cette sorte d’absence chez lui de l’interprétation la plus simple et la plus évidente, et qui se confirme ensuite. Tout cela est si plein de contradictions, de nécessités d’intuition, de perceptions du symbolique, d’un maniement de la raison qui doit être précieusement enfermée dans les limites strictes de sa conformation en outil de l’esprit (au service de l’esprit) et non pas d’“esprit à la place de l’esprit”.

De même, je n’ai pas été surpris ni stupéfait par le ‘Freedom Convoy’, ni par le Covid si l’on veut remonter plus loin, dans ce qu’ils ont d’événements antiSystème, d’attaques contre le Système, d’une façon ou l’autre ; mais à chaque fois j’ai été totalement et absolument surpris et stupéfait par la forme, l’originalité, l’imprévisibilité de l’événement.

Je veux dire qu’il faut être prêt à tous les possibles, y compris ceux qui le sont le moins, c’est-à-dire les possibles les plus fous, les plus insaisissables, les plus impensables, les plus hors de portée de notre savoir et de notre divination (les “knowns/knowns-unknownw/unknowns-unknowns du philosophe  Rumsfeld, en privilégiant absolument le troisième de l’équation, « les choses que nous ne connaissons pas, et dont nous ne savons pas par conséquent que nous ne nous les connaissons pas ») ;
et l’on est d’autant plus prêt à cet affrontement avec l’inconnu que l’on donne, raisonnablement si l’on veut et sans craindre le paradoxe, le moins possible de sa confiance aveugle aux prétentions d’autonomie universelle et d’arrogante certitude de sa propre raison (tout en s’en servant sans hésiter ni barguigner sur l’ouvrage, comme on tord un torchon) ;
car notre raison est cet outil à manier rudement s’il vous plaît, servant d’abord à nous éclairer sur les impuissances de la raison à comprendre le destin du monde ;
car, à un autre propos, j’écrivais ceci alors que nous avions pénétré de plein fouet dans l’année du Covid :

 « Alors, bien entendu et aussitôt, j’ajouterais que je ne tiens en rien du tout la raison comme un instrument assurant la mesure et la sagesse, encore moins l’harmonie, l’équilibre et l’ordre. “Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante”, écrit Pascal, voilà plutôt ce qui me va diablement. Dans sa ‘Nuit de Gethsemani : Essai sur la philosophie de Pascal’ où il fait un parallèle saisissant entre Pascal et Nietzsche, qui eurent toute au long de leur vie, la maladie et la souffrance pour les hisser au-dessus de la raison [laquellle,  “par ses vérités propres, fait de notre monde le royaume enchanté du mensonge”], Leon Chestov observait ceci qui implique d’autres personnages :

“Platon disait à Diogène qu’il n’avait pas l’‘organe’ nécessaire pour voir les ‘idées’, et Plotin savait que la vérité n’est pas ‘un jugement obligatoire pour tous’ : Pour voir la vérité, enseignait-il, il faut ‘survoler’  toutes les choses obligatoires, il faut s’élever ‘au-delà’ de la raison et de la conscience”... On comprend bien que je me range derrière cette noble cohorte  lorsque je parle, par exemple, – car je change de désignations pour personnaliser ces choses que je ne connais pas mais en l’influence et à l’inspiration desquelles je crois, – de ces “fameuses forces suprahumaines”. »

Tout cela me conduit à dire et à redire sans la moindre hésitation, ni la moindre crainte de me faire apostropher comme une sorte d’illuminé, que je reconnais sans difficulté l’extraordinaire capacité d’originalité, la créativité sans fin des “forces supérieures” (ces « fameuses forces suprahumaines ») qui créent et ordonnent les événements dont nous sommes les jouets, pour les faire évoluer, – accélérer, se précipiter, s’expédier, aussi vite que possible dans le sens qu’il faut. Notre surprise et notre stupéfaction doivent se mêler, c’est dans tous les cas mon fait, d’une certaine admiration : “Bravo l’artiste”. Cela signifie d’ailleurs, outre l’admiration, que les “forces supérieures” sont figurées dans mon jugement absolument intuitif comme autant d’“artistes”, matrices de l’“âme poétique”, exigeantes sur l’esthétique, sur la beauté des actes en cours, sur la sublime harmonie de l’acte décisif de la destruction de l’enfer où le démon tente de nous enfermer.

Aujourd’hui, il faut être à l’affut, prêts à se saisir d’un événement pour trouver  la marque de l’antiSystème, de l’autodestruction, de tout ce qui, pour nous, forme un sens absolument décisif.

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Perspectives otaniennes

Par : info@dedefensa.org — 11 février 2022 à 00:00

Perspectives otaniennes

• L’OTAN est évidemment au centre de la crise ukrainienne, et la crise ukrainienne tient paraît-il la sécurité de l’Europe, et notre-président lui-même, le touriste de Moscou et de Kiev, assure l’essentialité de la crise ukrainienne. • Voilà qui concerne l’électeur de la prochaine élection présidentielle. • Par conséquent, l’OTAN devrait être un des centres de la campagne présidentielle. • Par conséquent, il serait bon de débattre de ce que devrait être l’avenir de la position de la France par rapport à l’OTAN. • Cela sera-t-il le cas ? Rêvons un peu...

On vaticine beaucoup autour de la visite de Macron à Moscou, notamment sur certaines conditions et à-côtés de cette rencontre. Selon Mélenchon, certainement l’homme politique qui nous a donnés la meilleure interprétation de la rencontre, « Macron a été piégé [par les Allemands] » ; il parlait de la rencontre exactement parallèle à celle de Moscou, entre Biden et le chancelier allemand à Washington. Cette situation a été très fortement dommageable à Macron devant Poutine, – on le comprend aussitôt.

En effet, il y a l’affaire allemande, à des milliers de kilomètres de Moscou et qui n’en est pas moins la vedette cachée de la rencontre de Moscou. Tout le monde, ou dans tous les cas beaucoup de monde, s’est exclamé devant l’intervention extraordinaire d’un Biden toujours désordonné et chaotique, affirmant que “nous [Américains] arrêterons le NordStream-II si les Russes font quelque chose en Ukraine”. Cela se passait devant un silencieux (à cet égard) chancelier Sholz, alors que NordStream-II dépend purement et simplement des Allemands. Il nous avait été suggéré par de discrètes allusions qu’au départ le voyage Macron devait se faire à deux, avec le chancelier Sholz, et qu’au dernier moment le second a fait faux-bond devant une invitation inattendue et péremptoire à venir ce même jour à Washington D.C. Les Russes ont eu, depuis, des mots très sévères à propos des Allemands, de la part de la très-fine et bien-informée Maria Zakharova, porte-parole du ministère des affaires étrangères.

« ...Commentant les propos du président américain Joe Biden qui a parlé de “fermer” le gazoduc Nord Stream 2 lors de la visite du chancelier allemand Olaf Scholz à Washington lundi, Zakharova a souligné que Berlin reste sous la coupe de Washington bien après la fin de la guerre froide.

» “L’Allemagne, selon un certain nombre de caractéristiques pertinentes, – ce n’est ni mon opinion, ni celle de la Russie, c’est selon des termes et des métriques politiques, – reste, d’une manière ou d'une autre, un État occupé : 30 000 [soldats] américains y sont stationnés”, a-t-elle déclaré à RT.

» Zakharova a ajouté que “les ambassadeurs américains en Allemagne, qui sont censés y travailler pour améliorer les relations bilatérales, donnent des ordres aux fonctionnaires allemands”. Richard Grenell, qui était l'ambassadeur américain à Berlin pendant la présidence Trump, “leur donnait des ordres littéralement tous les jours sur ce qu'il fallait faire sur des questions telles que Nord Stream 2”.

» L’Allemagne est traitée comme “simplement un protectorat” par les États-Unis, a déclaré Zakharova, ajoutant que cela ne prend pas seulement la forme d'un levier financier de menaces, mais est “soutenu par 30 000 bottes américaines sur le terrain”. »

Pourquoi Berlin se laisse-t-il traiter de la sorte ? C’est une question à poser à l’Allemagne, mais “le fait est qu'il ne s'agit pas d'une relation d’égal à égal”, a déclaré Mme Zakharova.

Sans  repousser ni condamner l’initiative de Macron allant parler à Poutine, car il faut selon lui absolument parler avec Poutine, Mélenchon (excellent commentaire sur la visite de Moscou), avec d’autres, remarque la position en complet porte-à-faux du président français. A la sortie de son entretient avec Poutine, Macron affirmait avoir obtenu des Russes un engagement de non-escalade en Ukraine ; il fut, quelques heures après, complètement et fort logiquement démenti par le porte-parole de Poutine, Sergei Pechkov. Ce que Mélenchon expliquait indirectement ainsi :

« Selon le New York Times, à peine Macron arrivé à Kiev, le Kremlin a démenti les avancées vers la désescalade avec l’Ukraine que le président français Macron disait avoir obtenu de Poutine. L’article dit aussi : “des déclarations de responsables de la diplomatie russe viennent saper l’autorité, si ce n’est pas la crédibilité, de la diplomatie française”. Le titre : “la Russie sort Macron de l’équation”. Ces lignes éditées aux États-Unis montrent dans quel traquenard le président français s’est laissé enfermer. »

Mais d’une façon, plus profonde, plus générale, quelle est la logique des Russes à cet égard, qu’ils auraient eu beaucoup moins tendance à déployer si le chancelier allemand avait été avec Macron, les deux établissant alors de facto une dimension européenne qu’on aurait pu juger dans cet instant hors de la mainmise américaniste ? Cette logique, c’est que tout se passe comme si les Russes avaient dit à Macron, sans circonvolutions inutiles (et nous mettons ce passage entre guillemets parce qu’il est au fond quasiment la quintessence d’une interprétation, que nous a donnée une source fort peu convenable, faisant comme si elle était le Russe-Lambda du ministère des affaires étrangères) :

« Notre bataille principale à propos de l’Ukraine est avec l’OTAN. Que représentez vous, vous président français, dans l’OTAN ? Rien, comme tous vos partenaires sauf les USA, lesquels sont les patrons incontestés de cette organisation et y décident de tout. Dans ce cas, un accord avec vous sur une non-escalade qui dépend uniquement de votre côté de l’OTAN est tout simplement impossible. »

Ces remarques peu amènes mais néanmoins logiques nous (r)amènent au problème, que nous avons déjà évoqué, des rapports de la France avec l’OTAN ; et avec l’idée entêtée que ces rapports gagneraient beaucoup à devenir un des débats de la future élection présidentielle, alors qu’un certain nombre de candidats (Asselineau, Dupont-Aignan, Le Pen, Mélenchon, Philippot, Zemmour, etc.) ont déjà annoncé des initiatives vis-à-vis de l’OTAN, retrait partiel ou retrait complet...

Dans la référence déjà signalée, nous citions l’analyste Xavier Moreau par rapport à l’annonce de Zemmour qu’il retirerait la France du commandement intégré de l’OTAN s’il est élu, tout en lui conservant sa place dans la dimension politique du Traité (Conseil de l’Atlantique Nord). Moreau critiquait cette position, lui préférant un retrait total de l’OTAN

Depuis, Zemmour a précisé sa position : s’il entend conserver à la France son siège au Conseil de l’Atlantique Nord, c’est pour opposer son véto à toute tentative de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Moreau est  revenu sur le sujet de son opposition à la  formule zemmourienne, d’une façon beaucoup plus modérée, en y intégrant la plus récente position (vidéo du 9 février, à 8’05”) :

« Deuxième déclaration d’Éric Zemmour : il a expliqué qu’en fait, il voulait rester [au sein de l’organisation politique du Traité] pour mettre son veto à l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’OTAN. Ce petit côté provocateur m’a bien plu, cependant je pense que cette position ne tient pas, parce que de toutes les manières, encore une fois, ni l’Ukraine ni la Géorgie ne rentreront dans l’OTAN tant qu’il y aura des bases russes sur des territoires contestés, c’est-à-dire l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Crimée. Donc, il est impossible pour ces pays de rentrer dans l’OTAN, sauf à renoncer à ces territoires qu’ils contestent à la Russie, sinon ce serait la Troisième Guerre Mondiale, donc le risque de l’entrée de ces pays [dans l’OTAN] n’existe pas... En revanche, le but politico-stratégique doit être la fin de l’OTAN et si les grandes puissance européennes, c’est-à-dire la France, l’Allemagne et, dans une moindre mesure, l’Italie, qui est le porte-avions américain en Europe sortent de l’OTAN, c’est la fin de l’OTAN... »

Une fois encore pourtant, nous divergerons avec le point de vue de Moreau, effectivement conforté en ce sens par la déclaration de Zemmour (“Je reste dans l’OTAN-politique uniquement pour bloquer l’OTAN”).

On peut très fortement contester l’affirmation que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN avec la question de la Crimée en l’état est impossible. Il y a nombre de pays chargés de lourds conflits potentiels  qui sont entrés dans l’OTAN, y compris l’Allemagne Fédérale (RFA) qui ne reconnaissait pas la RDA de l’Est truffée de bases russes, et avait comme but essentiel et constitutionnel la réunification,.. De toutes les façons, on sait bien qu’à notre triste époque, c’est le “droit” qui prime, c’est-à-dire le droit proclamé triomphalement par les conceptions US, – par les porte-avions, les avions de combat, la corruption et les relais d’influence, les coups de force type-Kiev2014, le dollar, enfin la brutalité hystérique extraordinaire qui forment le fond de la politiqueSystème pratiquée par les USA.

Au contraire, l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, si Washington le désire, se ferait sans aucune complication en laissant les commentaires sur la pertinence de la chose au seul silence de la presseSystème. Elle impliquerait une pression extraordinaire sur la Russie, dont nul, à Washington, ne doute un seul instant, une seule nanoseconde, qu’elle (la Russie) finirait par capituler. La France hors de l’OTAN, l’Ukraine entrerait dans l’OTAN et nous irions vers la catastrophe, effectivement le risque de la Troisième mondiale d’anéantissement nucléaire que les USA exceptionnalistes sont prêts à courir et à assumer parce qu’ils sont assurés en eux-mêmes qu’elle n’aura pas lieu, parce que l’adversaire finira pas se liquéfier, par s’américaniser et rendre les armes devenues inutiles, parce qu’il est écrit qu’on ne résiste pas aux sirènes de l’américanisation. Au royaume des psychopathes fous, nul ne peut dénier l’hégémonie américaniste

Il faut alors, pour retrouver un peu de bon sens, se tourner vers Poutine et rappeler sa sortie de lundi dernier lors de sa conférence de presse tenue avec Macron, lorsqu’il décrit avec la brutalité d’une superbe et implacable logique ce qui surviendrait si l’Ukraine entrait dans l’OTAN :

 « Pourquoi l’adhésion de l’Ukraine est dangereuse ? Parce qu’il y a un problème. Les pays européens, y compris la France, estiment que la Crimée est une partie de l’Ukraine. Et nous croyons que c’est une partie de la Fédération de Russie. Et si l’on entreprend des tentatives pour changer cette situation par des moyens militaires, alors que dans les textes doctrinaux de l’Ukraine il est écrit que, d’abord, la Russie est une ennemie, et ensuite, que la reprise de la Crimée par des moyens militaires est possible ? Imaginez que l’Ukraine soit membre de l’Otan. L’Article 5 n’est pas supprimé ; au contraire Mr. Biden a dit récemment qu’il était absolument impératif et qu’il serait appliqué. Donc il y aura une guerre entre la Russie et l’Otan. J’ai déjà posé cette question la dernière fois : “Est-ce que la Russie doit entrer en guerre contre l’Otan ?” Mais il y a une autre question : “Et vous, voulez-vous entrer en guerre contre la Russie ?” Demandez à vos lecteurs, vos spectateurs et vos internautes : “Voulez-vous que la France entre en guerre contre la Russie ?” Ce sera le cas.” »

Si l’on suit Zemmour, cela signifie que la France retrouverait sa complète indépendance militaire et resterait au Conseil de l’Atlantique Nord en proclamant : “Je reste là pour mettre un veto à toute idée d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN”. (Après tout l’OTAN, comme l’UE, fonctionne à l’unanimité.) Il pourrait, il devrait même aller plus loin encore et proclamant : je suis et reste là comme un “Monsieur Veto”, comme l’équivalent du “Monsieur Niet” que fut l’ambassadeur de l’URSS Molotov à l’ONU, empêchant toute résolution occidentale qui ne correspondrait au millimètre aux intérêts soviétiques. La présence de “Monsieur Veto” voudrait dire finalement :“Vous ne ferez plus rien des aventures otaniennes et américanistes car je veux la fin de l’OTAN”.

En effet, comme le dit justement Moreau, « le but politico-stratégique doit être la fin de l’OTAN ». Il doit l’être non seulement parce que l’OTAN soumet les Européens aux USA mais surtout parce que l’OTAN est l’outil de la catastrophe en Europe. Si la France quittait complètement l’OTAN, on peut être sûr que le choc produit rendrait l’Amérique folle de rage, qu’elle terroriserait encore plus les membres restant jusqu’à des aventures insensées qui concerneraient toute l’Europe, et auxquelles la France n ‘échapperaient pas parce que le terme, – cette fois nous parlons objectivement, – serait la guerre nucléaire d’anéantissement qui concernerait tout le monde.

« La fin de l’OTAN » ? Sans aucun doute, ce doit être le but, même au-delà du stratégique, un but qu’on pourrait qualifier d’ontologique de survie du continent européen. Si la France se retirait du commandement intégré, le choc serait bien aussi grand qu’un retrait complet pur et simple, mais la France resterait au Conseil de l’Atlantique Nord (tout en parlant amicalement avec les Russes !). Elle y serait comme un ferment affiché de désordre, de déséquilibre, de mutinerie, avec son droit de veto et sa puissance indépendante (et nucléaire), et plus encore avec sa présence pour rallier certains mécontents qui, sans elle, n’oseraient pas s’exprimer. Ce serait un ferment de désintégration de l’OTAN, et la fin de l’OTAN par implosion, par liquéfaction d’elle-même, sans conflit européen nécessaire.

Pour détruire un monstre tel que l’OTAN, rien ne vaut une vilaine bombe à retardement placée en son cœur... C’est là et bien là qu’elle est affreusement vulnérable.

 

Mis en ligne le 11 février 2022 à 10H40

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Être “RT-journalistes” en France

Par : info@dedefensa.org — 11 février 2022 à 00:00

Être “RT-journalistes” en France

Le Drian, notre actuel ministre, gris et terne en général, n’est jamais plus lui-même que face aux Russes lorsqu’il se doit pleinement de conserver la bouche pincée et le regard d’en-dessus ses lunettes pour voir au plus près en-dessous, pour répondre au journaliste qui l’interroge lors d’une conférence de presse suivant une rencontre ministérielle à Moscou. Chaque fois, le brave homme a l’air à la fois excédé et épuisé, mais toujours gris. On parle ici d’une question absolument effrontée et inconvenante qu’un journaliste de RT-France, a donc tenu à lui poser...

Note Bene d’une bonne source, récemment sorti d’un hôtel-Spa psychiatrique à 5 étoiles : « Tiens donc ! Celui-là se trouvait ce jour-là à Moscou ? A Moscou, justement ! Tiens donc, tiens donc... Ne serait-ce pas suspect ? N’est-ce pas une forme d’aveu ? Tiens donc ! Bizarre, bizarre... Vous avez dit ‘Tiens donc’ ? Comme c’est bizarre... »

La question donc, revenons-y... Une question posée par un journaliste de RT-France, Thomas Bonnet, journaliste français, basé à Paris (est-ce bien sûr ?) et en mission à Moscou (ah, c’est donc l’aveu !). La question devait être de ce genre un peu inquisiteur (on n’en a pas entendu les termes exacts, alors j’improvise) : “Dans cette nouvelle atmosphère de coopération entre la France et la Russie, le ministre [Le Drian] considère-t-il les journalistes de RT en France comme des journalistes ?” Retenons précisément l’entame de la réponse du ministre, précisément sous cette forme énigmatique d’un pléonasme tautologique teintée d’oxymore à propos de l’“exercice de la liberté en toute liberté” :

« Je pense que les journalistes de RT en France exercent la liberté en toute liberté... »

... Cela suivi, après un assez long silence significatif semble-t-il d’une intense activité cérébrale, de quelques bafouillis et gribouillis, terminée par une anecdote sur la  liberté internationale des journalistes proclamée dans un manifeste que la France initiatrice a paraphé et que d’autres pays n’ont pas (encore ?) paraphé, – dont la Russie certes, est-il précisé sur ce ton lugubre qu’affectionne notre ministre.

Quoi qu’il en soit, voici, pour en venir au principal... A la fin de la conférence de presse, dans une dernière intervention faite un peu dans le brouhaha, alors que les ministres se levaient et que les journalistes commençaient à se diriger vers la sortie, Lavrov, le grand Lavrov lança de toute sa taille aux journalistes de Spoutnik-France et RT-France présents des félicitations joviales et ironiques, sous forme de “félicitations !” :

« Vous êtes donc bien des journalistes ! ».

Il entérinait ainsi la percée décisive tenant à ces mots de Le Drian, décidément réveillé en sursaut : « les journalistes de RT », – « Ce qui n’a pas toujours été le cas », précisa Bonnet.

« ... Ici d’ailleurs, intervient une autre source [ proche du CSA et désignée sous le pseudo de ‘Voix-off’], il importe que l’on dévoile un aspect de cette enquête qui relève complètement de la machination, et qui est du fait de PhG, peut-être d’ailleurs non-élaborée au départ. La conférence de presse à laquelle on assiste, la réponse de Le Drian, la plaisanterie de Lavrov ; tout cela qui est dit et commenté comme si c’était aujourd’hui, c’est-à-dire mardi dernier, pourrait parfaitement l’avoir été il y a trois ans ; et d’ailleurs, et c’est là qu’on en veut venir, c’est effectivement le cas puisqu’il s’agit de la première rencontre France-Russie des ministres de la défense et des affaires étrangères depuis 2014, suivie d’une conférence de presse, le 23 septembre 2019. »

Ainsi donc, les journalistes RT et Spoutnik sont finalement des journalistes en France qui « exercent la liberté en toute liberté... » depuis septembre 2019 : “Plus ça change, plus ça recommence” avec le temps qui passe... Car si l’on s’attarde tant à cet épisode qui est, je l’avoue, complètement un montage de ma part, qu’on jugera justement dérisoire à côté de l’enjeu fondamental de cette terrible crise ukrainienne, c’est parce qu’il est à la fois significatif et archétypique, et qu’après tout il vaut bien “cette terrible crise ukrainienne” quand l’on sait à quoi elle (cette crise) tient, sérieusement considérée depuis Kiev-2014 et « le coup [d’État US] le plus flagrant dans l’histoire ».

L’aspect dérisoire quoique constamment persifleur de mon sujet tient à la dérision alimentée par le persiflage qui marque, depuis des années, le procès fait à RT & Cie. Ce procès est instruit sans cesse, sous la houlette d’un extraordinaire simulacre de complotisme, par le principal, le gros noyau moutonnier de la cohorte des employés syndiqués et rédactionnels de la presseSystème en France, ceux-là agissant avec la gourmandise du voyeur-délateur et autres cafardeur-sycophante caractérisant le comportement épisodique des élites françaises. (Ailleurs dans le bloc-BAO aussi, mais nous restons dans notre beau pays dont l’histoire donne tant d’exemples d’épisodes de mouchardise vertueuse, très collaborationniste, au nom chargé de vertus de la vertu.)

C’est effectivement dans ce pays qui ne cesse de se féliciter de son indépendance et de sa souveraineté depuis de Gaulle, que l’alignement sur les thèses, les manigances et les effets sonnant-trébuchant de l’atlantisme du système de l’américanisme, c’est donc bien dans ce pays exemplaire que l’antirussisme a pris des allures d’une sorte de vertigineuse schizophrénie. La distance sanitaire mise entre les proclamations de la valeur républicaine de la liberté d’expression, de pensée, de chuchoter, d’allusionner, et le comportement de toute cette bande de l’alignement aux vœux d’un empire décrépit et complètement pris dans une dérive hystérique (les USA, dit-on) relève d’un exceptionnel grand écart qui semblerait finalement confirmer la thèse des univers parallèles.

Les Russes en sont évidemment les principales victimes, et la gauche, – la gôôôche germanopratine, ou “gauche-caviar” comme l’on disait de mon temps des beaux et longs manteaux en cachemire ; cette gauche-là, donc, qui cajola pendant trois quarts de siècle le communisme et sa soi-disant matrice russe, au temps où effectivement il pouvait y avoir une chance d’être collabo en étant pro-russe, cette gauche-là donc y est aujourd’hui d’un activisme stupéfiant dans la vindicte antirussiste. Elle s’y trouve collabo au meilleur des prix : les gâteries de l’État capitaliste, des grands patrons, des privilèges de la puissance installée, des pitreries idéologiques  et de son spectacle permanent, de la charité subventionnée et télévisée, et toutes ces sortes de chose avec en plus le délice de pouvoir insulter, diffamer et dénoncer.

Il ne m’étonne plus d’avoir appris ce que j’ai appris en visionnant il y a quelques années un film sur les débuts de la Résistance en France et en France libre (les quatre premiers envoyés de De Gaulle en France pour organiser la Résistance étaient Rémy, Maurice Duclos, Pierre Fourcault, Honoré d’Estienne d’Orves, soit un maurassien, deux Cagoulards et un royaliste). Je vous livre ici, comme en passant, une part de mon “devoir mémoriel” :

« “Une partie de la droite et de l’extrême-droite percevait dans l’Allemagne et le nazisme un danger fondamental pour la France, et ils furent les premiers résistants.”

» Cela est expliqué par Simon Epstein, de l’université hébraïque de Jérusalem, auteur en 2001 des ‘Dreyfusards sous l’occupation’, où il montre le nombre impressionnant des partisans de Dreyfus en 1898 encore actifs en 1940 devenus pétainistes et collaborateurs pendant la Deuxième Guerre mondiale (on n’apprécia guère le bouquin, sur les rives de Saint-Germain-des-Prés). Quant aux socialistes et aux radicaux aux premiers temps de la résistance, ils tenaient congrès avant de s’engager.

» “N’oubliez pas que sur les 17 ministres socialistes du gouvernement du Front Populaire, les deux-tiers furent exclus de la SFIO en 1944 pour pétainisme ou collaborationnisme » [Epstein].” »

RT et Spoutnik sont donc considérés comme une constante infamie dans la mesure où les deux compères ne cessent de rappeler leur propre infamie à ceux qui les diffament. D’où le rôle du type ‘Je suis partout’ joué par des clandés du type ‘Le Monde’ et ‘Libé’, avec leurs petites rubriques du type simulacre-checking ; d’où les émissions des chaînes et radio nationales et publiques, de ‘Arte’ et ainsi de suite, où sont persiflées avec certitude les réelles activités de tous ces “journalistes” directement financés par l’ex-colonel de l’ex-KGB. On sait ce que j’en pense de RT, moi, sans qu’il faille chercher d’autre cause que l’évidence, face à ce champ de ruines qu’est devenue le champ de l’information et de la communication, en France et chez les amis, esclaves de leur propre infamie, prisonniers des simulacres qu’ils ne cessent de tisser. J’en rappelle quelques mots à un autre propos, en confirmant ce qu’on ressent, que j’apprécie chez ces Russes qui font le travail que nous ne faisons pas, plus encore leur travail écrit que leur travail parlé et télévisé d’ailleurs, parce que je crois que c’est dans l’écrit qu’est le vrai journalisme :

« RT est vraiment fort bien fait. Plus qu’aucun autre réseau au monde, RT a réussi, techniquement parlant, à intégrer complètement la nouvelle formule des grands médias : d’une part produire à la fois une TV d’information en continu (ce pourrait être aussi publier un grand journal-papier) ; d’autre part publier régulièrement en ligne un site formidablement bien informé, un véritable journal quotidien touchant à l’actualité autant qu’au sujet de fond, couvrant tous les domaines, disposant d’une armée de commentateurs dont les opinions varient notablement, et dont certains, comme Žižek, sont loin d’épouser toute la ligne éditoriale de RT... Et le tout, comme on ne manque jamais de vous le dire avec un sourire entendu et méprisant, étant financé par son gouvernement [horriblement russe, sachez-le !]. RT fait, dans cette formule nouvelle de l’information, infiniment mieux que les divers ‘France-Info’, la BBC, les divers réseaux et quotidiens US, tous financés par le fric-Système (les divers gouvernements pour les uns, les puissances financières du Système pour les autres). A tous ceux-là, il manque, – et je crois intuitivement, en vieux journaliste, que c’est une cause de leur médiocrité technique dans la réalisation de leur travail, – “la gloire du respect de la liberté”. »

C’est un jeu étrange et à quel jeu jouons-nous, dans un cloaque grouillant de mensonges comme autant de sargasses, autour d’une Gorgone aux mille serpents animant sa chevelure et persiflant leurs accusations furieuses. Observée objectivement et en ayant le souci rationnel de leur intérêt tactique (je parle de ces antirusses), rien de réellement probant ne justifie cette hargne extraordinaire exprimant une haine dont on cherche en vain la cause.

Il faut savoir qu’une telle conduite finit par dépasser ceux qui la suivent, pour les mettre dans le domaine de l’incompréhension de ceux qui les observent et les écoutent, faisant naître le doute de l’équilibre de la santé mentale. Leurs efforts sont formidables, les effets qu’ils en obtiennent finalement assez médiocres, et parfois même ridicules jusqu’à se tourner contre leur cause. Rien n’y fait, ils continuent, tels des robots aux yeux pleins d’un feu qui les aveugle plus qu’il ne les éclaire. J’avoue effectivement mon incompréhension, au-delà de la critique, de la dérision, de l’indignation. Ils sont comme leurs maîtres qui sont aussi des valets, à fulminer, accuser, bombarder, écraser depuis des décennies, semant la souffrance, la destruction et la mort ; et pour se retrouver encore plus bas qu’ils n’étaient auparavant, sombrant encore plus vite. Priez pour eux, ce sont de pauvres gens ; ensuite, poussez-les un peu pour qu’ils s’étalent complètement mais sans trop de casse, ils encombrent le passage.

Enfin, et pour justifier tous ces anathèmes, je joints un rapport court et précis sur la façon dont la toute-puissance du service public français, les grandes ondes de la radio-télévision publique, traitent les hordes russes qui les assaillent, via RT et Spoutnik... Un témoignage rapide, par Karine Bechet-Golovko, sur son site le 8 février 2022, sous le titre « Quand France Inter reproche à RT France l’objectivité qu’il n’a plus depuis longtemps : oui, je pense que la Russie n'attaquera pas l'Ukraine ». (Titre modifié par mes soins, pour des raisons techniques-esthétiques attenantes au site.)

PhG, – Semper Phi !

__________________________

 

 

La traque anti-RT de France Inter

L'arrivée de Macron en Russie s'est accompagnée d'une attaque médiatique en règle contre RT France, menée notamment par France Inter. Ayant été personnellement visée par notre média public, qui sous couvert d'appel au pluralisme et à l'objectivité veut imposer le discours dominant, je voulais rappeler ma position, qui n'est dictée par aucun intérêt financier - non, la Russie n'attaquera pas l'Ukraine. 

Une très étrange publication est sortie sur le site de France Inter, qui n'a rien à voir avec un article de presse. France Inter, se réfugiant derrière la signature de la "rédaction internationale", attaque directement RT France pour sa présentation de la situation autour du conflit ukrainien. Il fait partie d'un mouvement lancé volontairement, comme le souligne Xenia Fedorova :

« Une série d’attaque coordonnées contre RT France par les médias mainstream au cours des deux derniers jours illustre une tentative unanime de discréditer notre média concernant la couverture de l’Ukraine juste avant la visite d’Emmanuel Macron à Moscou »

Il est reproché à RT France d'avoir une position partiale sur le traitement de la crise ukrainienne et plusieurs "experts" y sont cités, dont je fais partie, puisque nous avons le toupet de ne pas penser que la Russie puisse avoir la volonté d'attaquer l'Ukraine - ce qui semble être pourtant une chose acquise pour la "rédaction internationale". Est-ce pour France Inter un signe d'objectivité que de reproduire sans nuance ni réflexion la ligne de l'Élysée, qui reproduit lui-même sans nuance ni réflexion la ligne atlantiste ?

En survolant rapidement la production du service public de l'information en France, j'aimerais beaucoup que France Inter me dise quels sont les invités, qui expriment des doutes ou au moins des réserves quant à une attaque de l'Ukraine par la Russie, quelle est la proportion du temps d'antenne dont ils disposent et quelles sont plages horaires ? Ensuite, nous pourrons parler d'objectivité et de pluralité.

Ces critiques sont d'autant plus amusantes, que France Inter n'a pas publié l'intégralité de la réponse qu'il a reçue de RT France (lire ici). Notamment :

« A titre d’exemples, pour Frédéric Encel, ce n’est pas Moscou qui peut choisir qui rentre ou pas dans l’OTAN. Alexandre del Valle a salué les initiatives françaises du Président Macron et souligné les désaccords qui existent en Europe. Dominique Trinquant a estimé que les demandes russes ne sont pas réalistes, doute de cette stratégie et ajoute que les manœuvres militaires russes auraient dû être déclarées. Un porte-parole de Valérie Pécresse a estimé que les Ukrainiens, s’ils sont agressés, vont se défendre, qu’il faut garantir l’intégrité de l’Ukraine et qu’il est hors de question de laisser la Russie l’envahir. D’autres critiquent la position américaine etc... M. Bernard-Henri Levy a récemment appelé à une intervention américaine sur Fox News et nous en avons parlé. »

Les critiques s'abattent sur RT France au moment où l'on voit arriver sur ses plateaux de plus en plus d'experts s'exprimant dans les médias main stream, important autant la langue de bois que le discours globaliste, et que les "débats" sont noyés par une quantité grandissante de personnes n'ayant plus le temps ni la possibilité de traiter le sujet réellement en profondeur, ce qui faisait pourtant l'intérêt de cette chaîne par rapport aux autres.

Sur le fond des critiques portées par France Inter, il est intéressant que l'argumentation de la position des experts ne reconnaissant pas la possibilité d'une attaque russe de l'Ukraine n'est pas traitée. Il est a priori reproché de ne pas reconnaître la possibilité d'une attaque de l'Ukraine par la Russie. C'est absurde, mais comme il s'agit du discours politique dominant en Occident, les médias alignés le reprennent et les autres doivent justement s'aligner - au nom de "l'objectivité". 

Une question : s'ils en arrivaient à parler d'une prochaine invasion extra-terrestre de l'Ukraine, serait-ce une faute professionnelle de ne pas propager ce discours ?

Une chose est réellement inquiétante dans ce gloubiboulga médiatique est l'insistance avec laquelle ces médias posent comme assurée l'attaque de l'Ukraine. Le pire scénario serait celui de la tentation de reproduire l'intervention azérie au Karabakh : dans ce cas, les médias savent qu'il y aura conflit et il faut préparer à force de matraquage l'espace de communication pour rendre la Russie responsable de défendre le Donbass. Si, sous couvert d'uniforme ukrainien, le Donbass est attaqué, la Russie ne pourra pas rester à regarder. Le discours est alors prêt pour montrer comment elle est censée "attaquer" l'Ukraine. Les menaces de sanctions sans précédent sont d'ailleurs là pour la dissuader de bouger le petit doigt dans l'opération qui se prépare.

Mais le Donbass et la Crimée ne sont pas le Karabakh et la Russie n'est pas l'Arménie. Comme l'a très clairement dit Poutine lors de la conférence de Presse avec Macron : vous voulez demander au Français s'ils veulent une guerre avec la Russie au nom de l'Ukraine ? 

Karine Bechet-Golovko

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Être “RT-journaliste” en France

Par : info@dedefensa.org — 11 février 2022 à 00:00

Être “RT-journaliste” en France

11 février 2022 (20H30) – Le Drian, notre actuel ministre, gris et terne en général, n’est jamais plus lui-même que face aux Russes lorsqu’il se doit pleinement de conserver la bouche pincée et le regard d’en-dessus ses lunettes pour voir au plus près en-dessous, pour répondre au journaliste qui l’interroge lors d’une conférence de presse suivant une rencontre ministérielle à Moscou. Chaque fois, le brave homme a l’air à la fois excédé et épuisé, mais toujours gris. On parle ici d’une question absolument effrontée et inconvenante qu’un journaliste de RT-France, a donc tenu à lui poser...

Note Bene d’une bonne source, récemment sorti d’un hôtel-Spa psychiatrique à 5 étoiles : « Tiens donc ! Celui-là se trouvait ce jour-là à Moscou ? A Moscou, justement ! Tiens donc, tiens donc... Ne serait-ce pas suspect ? N’est-ce pas une forme d’aveu ? Tiens donc ! Bizarre, bizarre... Vous avez dit ‘Tiens donc’ ? Comme c’est bizarre... »

La question donc, revenons-y... Une question posée par un journaliste de RT-France, Thomas Bonnet, journaliste français, basé à Paris (est-ce bien sûr ?) et en mission à Moscou (ah, c’est donc l’aveu !). La question devait être de ce genre un peu inquisiteur (on n’en a pas entendu les termes exacts, alors j’improvise) : “Dans cette nouvelle atmosphère de coopération entre la France et la Russie, le ministre [Le Drian] considère-t-il les journalistes de RT en France comme des journalistes ?” Retenons précisément l’entame de la réponse du ministre, précisément sous cette forme énigmatique d’un pléonasme tautologique teintée d’oxymore à propos de l’“exercice de la liberté en toute liberté” :

« Je pense que les journalistes de RT en France exercent la liberté en toute liberté... »

... Cela suivi, après un assez long silence significatif semble-t-il d’une intense activité cérébrale, de quelques bafouillis et gribouillis, terminée par une anecdote sur la  liberté internationale des journalistes proclamée dans un manifeste que la France initiatrice a paraphé et que d’autres pays n’ont pas (encore ?) paraphé, – dont la Russie certes, est-il précisé sur ce ton lugubre qu’affectionne notre ministre.

Quoi qu’il en soit, voici, pour en venir au principal... A la fin de la conférence de presse, dans une dernière intervention faite un peu dans le brouhaha, alors que les ministres se levaient et que les journalistes commençaient à se diriger vers la sortie, Lavrov, le grand Lavrov lança de toute sa taille aux journalistes de Spoutnik-France et RT-France présents des félicitations joviales et ironiques, sous forme de “félicitations !” :

« Vous êtes donc bien des journalistes ! ».

Il entérinait ainsi la percée décisive tenant à ces mots de Le Drian, décidément réveillé en sursaut : « les journalistes de RT », – « Ce qui n’a pas toujours été le cas », précisa Bonnet.

« ... Ici d’ailleurs, intervient une autre source [ proche du CSA et désignée sous le pseudo de ‘Voix-off’], il importe que l’on dévoile un aspect de cette enquête qui relève complètement de la machination, et qui est du fait de PhG, peut-être d’ailleurs non-élaborée au départ. La conférence de presse à laquelle on assiste, la réponse de Le Drian, la plaisanterie de Lavrov ; tout cela qui est dit et commenté comme si c’était aujourd’hui, c’est-à-dire mardi dernier, pourrait parfaitement l’avoir été il y a trois ans ; et d’ailleurs, et c’est là qu’on en veut venir, c’est effectivement le cas puisqu’il s’agit de la première rencontre France-Russie des ministres de la défense et des affaires étrangères depuis 2014, suivie d’une conférence de presse, le 23 septembre 2019. »

Ainsi donc, les journalistes RT et Spoutnik sont finalement des journalistes en France qui « exercent la liberté en toute liberté... » depuis septembre 2019 : “Plus ça change, plus ça recommence” avec le temps qui passe... Car si l’on s’attarde tant à cet épisode qui est, je l’avoue, complètement un montage de ma part, qu’on jugera justement dérisoire à côté de l’enjeu fondamental de cette terrible crise ukrainienne, c’est parce qu’il est à la fois significatif et archétypique, et qu’après tout il vaut bien “cette terrible crise ukrainienne” quand l’on sait à quoi elle (cette crise) tient, sérieusement considérée depuis Kiev-2014 et « le coup [d’État US] le plus flagrant dans l’histoire ».

L’aspect dérisoire quoique constamment persifleur de mon sujet tient à la dérision alimentée par le persiflage qui marque, depuis des années, le procès fait à RT & Cie. Ce procès est instruit sans cesse, sous la houlette d’un extraordinaire simulacre de complotisme, par le principal, le gros noyau moutonnier de la cohorte des employés syndiqués et rédactionnels de la presseSystème en France, ceux-là agissant avec la gourmandise du voyeur-délateur et autres cafardeur-sycophante caractérisant le comportement épisodique des élites françaises. (Ailleurs dans le bloc-BAO aussi, mais nous restons dans notre beau pays dont l’histoire donne tant d’exemples d’épisodes de mouchardise vertueuse, très collaborationniste, au nom chargé de vertus de la vertu.)

C’est effectivement dans ce pays qui ne cesse de se féliciter de son indépendance et de sa souveraineté depuis de Gaulle, que l’alignement sur les thèses, les manigances et les effets sonnant-trébuchant de l’atlantisme du système de l’américanisme, c’est donc bien dans ce pays exemplaire que l’antirussisme a pris des allures d’une sorte de vertigineuse schizophrénie. La distance sanitaire mise entre les proclamations de la valeur républicaine de la liberté d’expression, de pensée, de chuchoter, d’allusionner, et le comportement de toute cette bande de l’alignement aux vœux d’un empire décrépit et complètement pris dans une dérive hystérique (les USA, dit-on) relève d’un exceptionnel grand écart qui semblerait finalement confirmer la thèse des univers parallèles.

Les Russes en sont évidemment les principales victimes, et la gauche, – la gôôôche germanopratine, ou “gauche-caviar” comme l’on disait de mon temps des beaux et longs manteaux en cachemire ; cette gauche-là, donc, qui cajola pendant trois quarts de siècle le communisme et sa soi-disant matrice russe, au temps où effectivement il pouvait y avoir une chance d’être collabo en étant pro-russe, cette gauche-là donc y est aujourd’hui d’un activisme stupéfiant dans la vindicte antirussiste. Elle s’y trouve collabo au meilleur des prix : les gâteries de l’État capitaliste, des grands patrons, des privilèges de la puissance installée, des pitreries idéologiques  et de son spectacle permanent, de la charité subventionnée et télévisée, et toutes ces sortes de chose avec en plus le délice de pouvoir insulter, diffamer et dénoncer.

Il ne m’étonne plus d’avoir appris ce que j’ai appris en visionnant il y a quelques années un film sur les débuts de la Résistance en France et en France libre (les quatre premiers envoyés de De Gaulle en France pour organiser la Résistance étaient Rémy, Maurice Duclos, Pierre Fourcault, Honoré d’Estienne d’Orves, soit un maurassien, deux Cagoulards et un royaliste). Je vous livre ici, comme en passant, une part de mon “devoir mémoriel” :

« “Une partie de la droite et de l’extrême-droite percevait dans l’Allemagne et le nazisme un danger fondamental pour la France, et ils furent les premiers résistants.”

» Cela est expliqué par Simon Epstein, de l’université hébraïque de Jérusalem, auteur en 2001 des ‘Dreyfusards sous l’occupation’, où il montre le nombre impressionnant des partisans de Dreyfus en 1898 encore actifs en 1940 devenus pétainistes et collaborateurs pendant la Deuxième Guerre mondiale (on n’apprécia guère le bouquin, sur les rives de Saint-Germain-des-Prés). Quant aux socialistes et aux radicaux aux premiers temps de la résistance, ils tenaient congrès avant de s’engager.

» “N’oubliez pas que sur les 17 ministres socialistes du gouvernement du Front Populaire, les deux-tiers furent exclus de la SFIO en 1944 pour pétainisme ou collaborationnisme » [Epstein].” »

RT et Spoutnik sont donc considérés comme une constante infamie dans la mesure où les deux compères ne cessent de rappeler leur propre infamie à ceux qui les diffament. D’où le rôle du type ‘Je suis partout’ joué par des clandés du type ‘Le Monde’ et ‘Libé’, avec leurs petites rubriques du type simulacre-checking ; d’où les émissions des chaînes et radio nationales et publiques, de ‘Arte’ et ainsi de suite, où sont persiflées avec certitude les réelles activités de tous ces “journalistes” directement financés par l’ex-colonel de l’ex-KGB. On sait ce que j’en pense de RT, moi, sans qu’il faille chercher d’autre cause que l’évidence, face à ce champ de ruines qu’est devenue le champ de l’information et de la communication, en France et chez les amis, esclaves de leur propre infamie, prisonniers des simulacres qu’ils ne cessent de tisser. J’en rappelle quelques mots à un autre propos, en confirmant ce qu’on ressent, que j’apprécie chez ces Russes qui font le travail que nous ne faisons pas, plus encore leur travail écrit que leur travail parlé et télévisé d’ailleurs, parce que je crois que c’est dans l’écrit qu’est le vrai journalisme :

« RT est vraiment fort bien fait. Plus qu’aucun autre réseau au monde, RT a réussi, techniquement parlant, à intégrer complètement la nouvelle formule des grands médias : d’une part produire à la fois une TV d’information en continu (ce pourrait être aussi publier un grand journal-papier) ; d’autre part publier régulièrement en ligne un site formidablement bien informé, un véritable journal quotidien touchant à l’actualité autant qu’au sujet de fond, couvrant tous les domaines, disposant d’une armée de commentateurs dont les opinions varient notablement, et dont certains, comme Žižek, sont loin d’épouser toute la ligne éditoriale de RT... Et le tout, comme on ne manque jamais de vous le dire avec un sourire entendu et méprisant, étant financé par son gouvernement [horriblement russe, sachez-le !]. RT fait, dans cette formule nouvelle de l’information, infiniment mieux que les divers ‘France-Info’, la BBC, les divers réseaux et quotidiens US, tous financés par le fric-Système (les divers gouvernements pour les uns, les puissances financières du Système pour les autres). A tous ceux-là, il manque, – et je crois intuitivement, en vieux journaliste, que c’est une cause de leur médiocrité technique dans la réalisation de leur travail, – “la gloire du respect de la liberté”. »

C’est un jeu étrange et à quel jeu jouons-nous, dans un cloaque grouillant de mensonges comme autant de sargasses, autour d’une Gorgone aux mille serpents animant sa chevelure et persiflant leurs accusations furieuses. Observée objectivement et en ayant le souci rationnel de leur intérêt tactique (je parle de ces antirusses), rien de réellement probant ne justifie cette hargne extraordinaire exprimant une haine dont on cherche en vain la cause.

Il faut savoir qu’une telle conduite finit par dépasser ceux qui la suivent, pour les mettre dans le domaine de l’incompréhension de ceux qui les observent et les écoutent, faisant naître le doute de l’équilibre de la santé mentale. Leurs efforts sont formidables, les effets qu’ils en obtiennent finalement assez médiocres, et parfois même ridicules jusqu’à se tourner contre leur cause. Rien n’y fait, ils continuent, tels des robots aux yeux pleins d’un feu qui les aveugle plus qu’il ne les éclaire. J’avoue effectivement mon incompréhension, au-delà de la critique, de la dérision, de l’indignation. Ils sont comme leurs maîtres qui sont aussi des valets, à fulminer, accuser, bombarder, écraser depuis des décennies, semant la souffrance, la destruction et la mort ; et pour se retrouver encore plus bas qu’ils n’étaient auparavant, sombrant encore plus vite. Priez pour eux, ce sont de pauvres gens ; ensuite, poussez-les un peu pour qu’ils s’étalent complètement mais sans trop de casse, ils encombrent le passage.

Enfin, et pour justifier tous ces anathèmes, je joints un rapport court et précis sur la façon dont la toute-puissance du service public français, les grandes ondes de la radio-télévision publique, traitent les hordes russes qui les assaillent, via RT et Spoutnik... Un témoignage rapide, par Karine Bechet-Golovko, sur son site le 8 février 2022, sous le titre « Quand France Inter reproche à RT France l’objectivité qu’il n’a plus depuis longtemps : oui, je pense que la Russie n'attaquera pas l'Ukraine ». (Titre modifié par mes soins, pour des raisons techniques-esthétiques attenantes au site.)

PhG, – Semper Phi !

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La traque anti-RT de France Inter

L'arrivée de Macron en Russie s'est accompagnée d'une attaque médiatique en règle contre RT France, menée notamment par France Inter. Ayant été personnellement visée par notre média public, qui sous couvert d'appel au pluralisme et à l'objectivité veut imposer le discours dominant, je voulais rappeler ma position, qui n'est dictée par aucun intérêt financier - non, la Russie n'attaquera pas l'Ukraine. 

Une très étrange publication est sortie sur le site de France Inter, qui n'a rien à voir avec un article de presse. France Inter, se réfugiant derrière la signature de la "rédaction internationale", attaque directement RT France pour sa présentation de la situation autour du conflit ukrainien. Il fait partie d'un mouvement lancé volontairement, comme le souligne Xenia Fedorova :

« Une série d’attaque coordonnées contre RT France par les médias mainstream au cours des deux derniers jours illustre une tentative unanime de discréditer notre média concernant la couverture de l’Ukraine juste avant la visite d’Emmanuel Macron à Moscou »

Il est reproché à RT France d'avoir une position partiale sur le traitement de la crise ukrainienne et plusieurs "experts" y sont cités, dont je fais partie, puisque nous avons le toupet de ne pas penser que la Russie puisse avoir la volonté d'attaquer l'Ukraine - ce qui semble être pourtant une chose acquise pour la "rédaction internationale". Est-ce pour France Inter un signe d'objectivité que de reproduire sans nuance ni réflexion la ligne de l'Élysée, qui reproduit lui-même sans nuance ni réflexion la ligne atlantiste ?

En survolant rapidement la production du service public de l'information en France, j'aimerais beaucoup que France Inter me dise quels sont les invités, qui expriment des doutes ou au moins des réserves quant à une attaque de l'Ukraine par la Russie, quelle est la proportion du temps d'antenne dont ils disposent et quelles sont plages horaires ? Ensuite, nous pourrons parler d'objectivité et de pluralité.

Ces critiques sont d'autant plus amusantes, que France Inter n'a pas publié l'intégralité de la réponse qu'il a reçue de RT France (lire ici). Notamment :

« A titre d’exemples, pour Frédéric Encel, ce n’est pas Moscou qui peut choisir qui rentre ou pas dans l’OTAN. Alexandre del Valle a salué les initiatives françaises du Président Macron et souligné les désaccords qui existent en Europe. Dominique Trinquant a estimé que les demandes russes ne sont pas réalistes, doute de cette stratégie et ajoute que les manœuvres militaires russes auraient dû être déclarées. Un porte-parole de Valérie Pécresse a estimé que les Ukrainiens, s’ils sont agressés, vont se défendre, qu’il faut garantir l’intégrité de l’Ukraine et qu’il est hors de question de laisser la Russie l’envahir. D’autres critiquent la position américaine etc... M. Bernard-Henri Levy a récemment appelé à une intervention américaine sur Fox News et nous en avons parlé. »

Les critiques s'abattent sur RT France au moment où l'on voit arriver sur ses plateaux de plus en plus d'experts s'exprimant dans les médias main stream, important autant la langue de bois que le discours globaliste, et que les "débats" sont noyés par une quantité grandissante de personnes n'ayant plus le temps ni la possibilité de traiter le sujet réellement en profondeur, ce qui faisait pourtant l'intérêt de cette chaîne par rapport aux autres.

Sur le fond des critiques portées par France Inter, il est intéressant que l'argumentation de la position des experts ne reconnaissant pas la possibilité d'une attaque russe de l'Ukraine n'est pas traitée. Il est a priori reproché de ne pas reconnaître la possibilité d'une attaque de l'Ukraine par la Russie. C'est absurde, mais comme il s'agit du discours politique dominant en Occident, les médias alignés le reprennent et les autres doivent justement s'aligner - au nom de "l'objectivité". 

Une question : s'ils en arrivaient à parler d'une prochaine invasion extra-terrestre de l'Ukraine, serait-ce une faute professionnelle de ne pas propager ce discours ?

Une chose est réellement inquiétante dans ce gloubiboulga médiatique est l'insistance avec laquelle ces médias posent comme assurée l'attaque de l'Ukraine. Le pire scénario serait celui de la tentation de reproduire l'intervention azérie au Karabakh : dans ce cas, les médias savent qu'il y aura conflit et il faut préparer à force de matraquage l'espace de communication pour rendre la Russie responsable de défendre le Donbass. Si, sous couvert d'uniforme ukrainien, le Donbass est attaqué, la Russie ne pourra pas rester à regarder. Le discours est alors prêt pour montrer comment elle est censée "attaquer" l'Ukraine. Les menaces de sanctions sans précédent sont d'ailleurs là pour la dissuader de bouger le petit doigt dans l'opération qui se prépare.

Mais le Donbass et la Crimée ne sont pas le Karabakh et la Russie n'est pas l'Arménie. Comme l'a très clairement dit Poutine lors de la conférence de Presse avec Macron : vous voulez demander au Français s'ils veulent une guerre avec la Russie au nom de l'Ukraine ? 

Karine Bechet-Golovko

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De Kiev aux Champs-Élysées

Par : info@dedefensa.org — 12 février 2022 à 00:00

De Kiev aux Champs-Élysées

12 février 2022 (20H55) – Il est risqué aujourd’hui, par les temps-devenus-fous et par les temps qui courent follement, de suivre quelque prévision que ce soit. Il semble que le mouvement d’évacuation du “personnel non essentiel” des ambassades étrangères à Kiev, initié par les USA d’ailleurs et d’abord, soit vu par certains comme un signe sérieux... Mais qu’est-ce donc que le “sérieux” aujourd’hui ? Impossible de répondre, encore moins de trancher.

Il est vrai que les Russes eux-mêmes, qui avaient d’abord minimisé sinon raillé le départ de leurs “collègues” américanistes, s’y mettent également. Ils ont décidé à leur tour une évacuation partielle, comme l’explique la porte-parole Maria Zakharova, dans une intervention sur ‘Telegram’ :

« “Nous avons conclu que les services diplomatiques américains et britanniques [qui évacuent une partie de leur personnel des ambassades de Kiev] sont peut-être au courant de certaines actions violentes préparées en Ukraine qui peuvent sérieusement compromettre la sécurité”, écrit la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur les médias sociaux.

» “Craignant d'éventuelles provocations de Kiev ou de pays tiers, nous avons effectivement pris une décision concernant une certaine optimisation du personnel de nos missions en Ukraine”. »

Atmosphère similaire, donc sentiment convergent, chez le Saker-US, qui reste nécessairement très proche de sources russes dans le domaine de la sécurité nationale. Il nous avertit qu’il sera absent ce week-end mais se tient prêt à se remettre aussi vite que possible à son écran en cas de confirmation et d’accélération des événements.

« Tous les médias occidentaux sont en pleine hystérie à propos d'une attaque russe imminente.  Les ambassades et le personnel non critique sont en train d'être évacués par la plupart des ambassades des colonies américaines dans l'UE (et au-delà, les Japonais sont, apparemment, également en train d'évacuer).  Même si ces mêmes médias nous ont promis une invasion russe pendant des mois, voire des années, cette fois-ci, ils semblent être encore plus hystériques que d'habitude.

» En outre,

» Le ministre des affaires étrangères Lavrov a déclaré que les Anglo-Saxons préparent quelque chose.

» Le chef des services secrets russes, Sergei Naryshkin, a dit la même chose.

» L’armée russe est clairement en état d’alerte maximal. Et pas seulement dans l'est de l'Ukraine.

» Je dirais que les chances d'une provocation anglo-saxonne au cours des prochains jours, voire des prochaines semaines, sont très élevées. »

Il faut noter que ce paroxysme de l’alarme intervient à un moment où sonne une autre alarme qui est peut-être la même, sur le front intérieur, devant l’ampleur que prend le mouvement du ‘Freedom Convoy’, du Canada vers d’autres pays, dont d’autres pays anglo-saxons, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, et bien sûr les USA, – et la France bien sûr, avec un petit peu de retard. L’extraordinaire sensibilité, voire la vulnérabilité et l’impuissance de la direction canadienne, et parallèlement la préoccupation pressante du pouvoir du système de l’américanisme, sont fortement mises en évidence par diverses pressions venues de divers officiels US, jusqu’à Biden, pour conseiller fortement au gouvernement canadien d’exercer une répression sévère contre le ‘Freedom Convoy’.

C’est peut-être à cela (“leurs propres problèmes”) que pense la même Zakharova dans un autre message, qui précédait de peu celui qu’on a déjà cité :

« L’hystérie de la Maison Blanche est plus révélatrice que jamais. Les Anglo-Saxons ont besoin d'une guerre. A n'importe quel prix. Les provocations, la désinformation et les menaces sont les méthodes favorites pour résoudre leurs propres problèmes. Le rouleau compresseur de la machine militaro-politique américaine est prêt à écraser la vie des gens. Le monde entier observe comment le militarisme, les ambitions impériales se dénoncent elles-mêmes. Et une brigade volante de propagande médiatique menée par Bloomberg sert tout cela. »

Il y a donc un certain changement d’attitude des Russes face à la crise ukrainienne, les conduisant à prendre plus au sérieux les possibilités soudaines d’aggravation. La situation est évidemment rocambolesque en surface, dans l’interprétation pavlovienne de nos grands esprits, puisque tout ce beau monde évacue l’essentiel de leurs ambassades de crainte d’une “invasion russe”, – y compris les Russes désormais. La question est moins de savoir s’il va y avoir une invasion, que d’envisager une situation qui est train d’échapper à tout contrôle, de quelque façon et dans quelque sens qu’elle aille. La guerre de la communication peut difficilement tenir à un tel paroxysme, justement sans risquer de n’être plus contrôlable, conduisant ainsi à des décisions jusqu’alors écartées ; et cela, insistons sur cet aspect, sans désigner nécessairement de quel côté les choses se précipiteraient.

Mon sentiment intuitif est plutôt de porter l’attention sur l’hypothèse qu’une jonction directe est en train de s’opérer entre la crise ukrainienne et la crise ‘Freedom Convoy’ qui se généralise. La seconde a fait aujourd’hui, sur les Champs-Élysées, sa jonction avec les Gilets-Jaunes, réalisant un joli trou dans l’espace-temps. L’une et l’autre crise ou ‘subcrises’, – l’Ukraine et le ‘Freedom Convoy’, – tendent désormais à exercer une pression convergente sur les psychologies, des perceptions d’instabilité extrême, de possibilité de basculement comme cela est suggéré par le titre d’une analyse de Matt Taibbi : « Justin Trudeau's Ceauşescu Moment » – en référence à la chute du dictateur communiste roumain ; comme si ces deux subcrises, l’Ukraine et le ‘Freedom Convoy’ se réunissaient dans la structure crisique générale s’exerçant contre le Système. “Convergence des luttes”, “convergence des crises [des subcrises]”, etc., on connaît la musique...

Dans ce cas, il est inutile de chercher un vainqueur et un vaincu dans les conceptions et les ambitions nationales, un vainqueur et un vaincu dans les inégalités, dans la morale de circonstance, dans les effets électoraux... Dans ce cas, il importe de suivre la musique, faire monter son jugement au plus haut niveau de la Grande Crise d’Effondrement du Système car c’est bien dans cette perspective que se nouent les affrontements. On s’occupera bien assez l’esprit à tenter d’identifier les positions par rapport aux piètres références dont l’on dispose, au milieu des flots de simulacres, de narrative, jusqu’aux incroyables agitations de Biden dont des parlementaires républicains (ils sont trente) demandent d’urgence un examen médical pour vérifier qu’il ne développe pas les symptômes de la maladie d’Alzheimer.

Les temps-devenus-fous ? Pas seulement “les temps”.

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Au fond du puit des fous

Par : info@dedefensa.org — 13 février 2022 à 00:00

Au fond du puit des fous

• Quelques observations, anecdotes, interventions & autres perspectives sur l’ensemble crisique ‘Freedom Convoy’-Ukraine (selon le lien que nous avons fait, qui est pour nous essentiel : « De Kiev aux Champs-Élysées ». • Donc, pour cette séquence, partant de la description de la marche des routiers et des antivaxx qui nous ont secoués ce week-end, pour atteindre les divers échanges et avatars autour de la crise ukrainienne. • Bien entendu, c’est la seconde qui est plus fournie en considérations, jusqu’à celles de Tulsi Gabbard et de Jean-Luc Mélenchon.

Nous allons vous donner à visiter l’une ou l’autre scène de ces jours de folie qui clôturent une semaine de folie : une de plus, car la semaine qui commence demain sera également une semaine de folie, et les autres suivront, de paroxysme en paroxysme. Tous les spectres et les mystères rôdent désormais au-dessus et en-dessous du monde, projetant une ombre sinistre sur toutes ces folies, en même temps que le déchaînement d’une monstrueuse tragédie-bouffe tant certains aspects paraissent si complètement et si parfaitement bizarres.

Même ceux qui jouent aux sages et qui ont l’habitude d’émettre des prospective retenue et contrôlée en nous la jouant à la      parfaite maîtrise de soi, cèdent à la pression des temps-devenus-fous. Lisez ainsi le tweet du très-sage Jacques Attali, du 12 février 2022, à 14H12, pensant aussi bien à l’Ukraine qu’aux bruits épars des équipages variés du ‘Freedom Convoy’, en train d’enterrer furieusement les restes de “leur” Covid19 aux conséquences incalculables, conséquences d’irresponsabilité, d’impuissance, de calculs complotistes des petits-maîtres des directions-Système :

« Dans les années vingt du siècle précédent, une grande pandémie succéda à une très grande guerre. Dans les années vingt de ce siècle, une très grande guerre peut succéder à une grande pandémie... »

... Donc, différents sujets, différentes personnalités, certaines devant être sans doute perçues comme surprenantes dans ce cadre, – surprenantes, en un sens, – mais y a-t-il encore un sens, ou bien plusieurs, ou bien qu’importe ?! Quoi qu’il en soit la journée d’hier s’est terminée en grand apparat, avec le simulacre ukrainien sur le pied de guerre et les brigades du ‘Freedom Convoy’ partout en folie... Personne ne devait pouvoir entrer dans Paris, selon la grande stratégie du haut-fonctionnaire Lallemand, alias préfet de police, au sinistre visage... Bref et pourtant, ils y sont entrés.

Freedom Convoy’ est donc globalisée, à partir des héroïques Canadiens. Le régime Macron, plus démocratiquement policier que jamais, a largement assuré au travers de ses JT divers, qui ont à peine mentionné les divers avatars de ces nouveaux Gilets-Jaunes. Il faut donc aller chercher chez les autres, par exemple sur RT-France, pour qui ‘Freedom Convoy’ est bien “le “convoi de la liberté” et non « le convoi de la soi-disant liberté » comme dit la presseSystème, des nouvelles et des images animées des développements de ces événements jusqu’au Champs-Élysées, jusque tard dans la soirée. Maintenant, pour les mêmes, direction Bruxelles où l’on se croirait peu avant l’offensive de Guderian.

Bien entendu, il y a aussi la subcrise ukrainienne battant son plein, mais en complète convergence avec la subcrise ‘Freedom Convoy’, elle-même avatar de Covid19. Elle a pris largement sa part dans les derniers événements où la surprise et le bouffe ne manquent pas, à côté des roulements de tambour. On prendra comme illustration de cette étrange parade diplomatique au bord de l’abîme la rencontre, jeudi à Moscou, du ministre des affaires étrangères de la Russie et de sa collègue anglaise, Elizabeth Truss.

Ca swingue à Moscou

En effet, qui aurait pu croire, lundi dernier, que Emmanuel Macron serait jugé jeudi à Moscou, et pour nous-mêmes finalement et en dépit de tout, comme un modèle de diplomatie, de mesure et de respect de ses interlocuteurs. La ministre des affaires étrangères Elizabeth Truss du grand pays qu’est l’Angleterre a réussi cet exploit, et haut la main encore. En sortant de son entretien avec elle, le grand Lavrov, écrasant par sa taille, caractérisa en pouffant à plusieurs reprises leur conversation d’une façon imagée et somme toute assez drôle, du type “puisqu’ils sont fous, eh bien amusons-nous”, ou encore comme « un sourd parlant à un muet », avant de poursuivre avec netteté, sans aucun souci d’atténuer le choc diplomatique et plaisantant allègrement à propos de l’invasion russe que tout le monde, du balcon au poulailler, réclame sur l’air des :lampions...

« Pour être honnête je suis déçu qu’on ait eu une conversation qui soit un dialogue de sourd. On entend mais on ne s’écoute pas. Au moins, nos explications sont arrivés sur un terrain mal préparé. C’est à peu près la même chose que quand on dit que la Russie attend que le sol gèle et soit dur comme de la pierre pour que ses chars puissent entrer calmement sur le terrain ukrainien. Il me semble que c’était le même terrain chez nos collègues britanniques aujourd’hui. »

Même appréciation, mais bien plus dans la fureur que dans l’ironie,  de Maria Zakharova, la porte-parole du ministre des affaires étrangères, et ses remarques ont une portée intéressante par rapport aux rêves du suprémacisme anglo-saxon et aux traditions d’excellence de la diplomatie anglo-saxonne ; il est vrai que si vous dites Anthony Eden et qu’on vous réponde Elizabeth Truss, vous êtes un peu déconfit :

« “Mme Truss, votre méconnaissance de l’histoire n'est rien comparée à votre méconnaissance de la géographie”, a écrit Zakharova sur son canal Telegram. Elle a ajouté que le monde a besoin d'être sauvé de la “stupidité et de l'absence d'éducation des politiciens anglo-saxons”. »

Toutes cette ironie et cette fureur ont été suscitées notamment par une erreur un peu inquiétante de la ministre britannique, amenée par une question ironique de Lavrov à affirmer que son pays (l’Angleterre) ne reconnaitrait jamais la souveraineté de la Russie sur la partie de son territoire qui était évoquée avec un sourire rentré, presque britannique, par son interlocuteur (le territoire russe frontalier de l’Ukraine). Il est vrai (suite) que Truss ne pense qu’à une chose : grandir sa stature internationale pour renforcer son projet d’alpaguer la fonction de Premier ministre, à-la-Thatcher, à un Boris Johnson qui affronte le piteux scandale dit ‘Partygate’ (une réception sans masques dans le jardin de Downing Street) ; bref, il n’est pas sûr qu’en larguant des bourdes de cette dimension, elle y parvienne triomphalement

Les détails de l’affaire Truss-Lavrov, lors d’un tête-à-tête jeudi entre les deux, ont été révélés par ‘Kommersant’, relayé par RT :

« Selon ‘Kommersant’, la diplomate britannique a souligné que Moscou devait retirer ses forces armées de la frontière ukrainienne, ce à quoi M. Lavrov a répondu que l'armée russe était stationnée sur son propre territoire et avait le droit de mener des manœuvres à l'intérieur de ses frontières.

» Lavrov aurait alors demandé à Truss si Londres reconnaissait la souveraineté de Moscou sur les régions [oblasts russes] de Rostov et de Voronej, où d'importants mouvements de troupes auraient eu lieu ces derniers jours, à proximité de la frontière ukrainienne.

» Après un moment de réflexion, la diplomate britannique aurait répondu que le Royaume-Uni “ne reconnaîtra jamais la souveraineté de la Russie sur ces régions”. Cette affirmation aurait incité Deborah Bronnert, l’ambassadrice du Royaume-Uni à Moscou, à intervenir et à rappeler discrètement à sa collègue que ces deux régions sont en fait considérées comme des territoires russes, même par son propre gouvernement [britanbnique].

» Plus tard dans la journée, Truss a expliqué qu'elle avait d'abord pensé que Lavrov parlait d'une partie de l'Ukraine et qu'elle avait ensuite précisé que ces régions faisaient en fait partie de la Russie. »

Truss avait précédemment affirmé, quelques jours plus tôt et en terre amie, que le Royaume-Uni était en train d’opérer des concentrations navales pour renforcer la défense des pays baltes contre la “menace russe”. Elle faisait allusion à la présence de navires de la Royal Navy en Mer Noire, ce qui affaiblit notablement son argument, ou bien fait peu de cas de ses connaissances géographiques et stratégiques : la Mer Noire n’est pas la Baltique, et se trouve à plusieurs milliers de kilomètres au sud des pays baltes.

Les “crazy” certitudes de Joe

Il ne serait pas si inquiétant pour le suprémacisme anglo-saxon s’il n’y avait que l’Angleterre à partir en goguettes, touchée par la folie ukrainienne. Mais, sur l’autre rive de l’Atlantique, au cœur de la matrice de ce suprémacisme, les choses ne sont pas plus encourageante. Il suffira de rapporter cette sortie, le 10 février, du président Biden lors d’une interview de Lester Holt pour NBC News. Nick Arama, du site ‘RedState.comse charge du récit, en précisant que, selon l’équipe Biden, si le président est si bas, vraiment très bas dans les sondages, c’est parce qu’il ne sort pas plus souvent pour des interventions publiques.

Mais alors, lorsqu’il “sort”... Il dit follement et confusément des choses qui, bien qu’elles ne soient curieusement pas exemptes de bon sens sur le fond, sont dites si follement et confusément, à la mesure de la politique américaniste dans la crise ukrainienne certes, qu’elles désintègrent absolument ce bon sens en une bouillie folle et confuse... Illustration parfaite de la situation  crisique-hystérique actuelle, dont Biden est après tout le parfaiot reflet à la fois psychologique et pathologique

« Biden a dit [à Holt] qu’il n’enverrait pas de troupes en Ukraine pour sauver les Américains qui s’y trouvent si la Russie envahissait l'Ukraine, car cela pourrait déclencher une “guerre mondiale” et “les choses pourraient tourner folles rapidement”. Il a dit encore qu’il n’y avait absolument aucun scénario prévoyant qu’il enverrait des troupes pour sauver des Américains. “Il n’y en a aucun. Cela devient une guerre mondiale quand les Américains et la Russie commencent à se tirer dessus”.

» Oups. Encore une fois, même si vous ne voulez pas déclencher une guerre avec la Russie, et même si vous voulez que les Américains qui s’y trouvent quittent le pays au plus vite, vous ne dites pas qu'il n'y a aucune circonstance où vous tenteriez de sauver les Américains restant parce que vous ne voulez pas affronter les Russes. C’est montrer une faiblesse incroyable et terriblement inquiétante. De plus, vous signalez aux Russes, s’ils envahissent l’Ukraine alors que des Américains s’y trouvent encore, de ne pas craindre la possibilité d’affrontement avec les Etats-Unis parce que Joe Biden ne fera rien, – alors, vous pouvez y aller maintenant ! Je n'arrive pas à croire à quel point Biden est incroyablement ignorant et irresponsable.

» “Ce n'est pas comme si nous avions affaire à une organisation terroriste”, a déclaré Biden. “Nous avons affaire à l'une des plus puissantes armées du monde. C’est une situation très différente et les choses pourraient rapidement devenir complètement folles.”

» Biden a ajouté alors que si le président russe Vladimir Poutine est “assez fou pour y aller [en Ukraine], il est assez intelligent pour ne pas faire quoi que ce soit qui aurait un impact négatif sur les citoyens américains”.

» Hum, Biden a laissé des Américains aux mains d'une organisation terroriste en Afghanistan. Et là, Biden dit en gros que la sécurité des Américains en Ukraine dépendrait du seul Poutine, pas de lui ; lui, Joe Biden, il est en dehors de ça.

» Holt a demandé si lui, Biden, avait dit à Poutine que s'en prendre à des Américains en Ukraine serait une ligne à ne pas franchir.

» Biden a dit d’abord oui, qu’il le lui avait dit ; puis il a dit qu’il n’avait pas à le faire, donc qu’il ne le lui avait pas dit... »

De Jean-Luc Gabbard...

Finalement, y a-t-il, dans cette folie tourbillonnante propre au bloc-BAO, des voix publiques en posture d’éventuelles responsabilités politiques pour nous dire des choses censées ? Nous en avons retenu deux et, – surprise, surprise, – elles sont toutes deux placées nettement à gauche... Tant il est vrai que la plupart des droites, aux Etats-Unis et en France qui sont les deux pays concernés, se montrent, lorsqu’il s’agit des affaires de politique internationale et de la Russie, extraordinairement ignorantes ou timorées, ou bien franchement aveuglées par un antirussisme  encore plus primaire que ne fut leur antisoviétisme.

Aux USA, c’est Tulsi Gabbard qu’il faut entendre. Après un certain effacement depuis son départ du Congrès en décembre 2020, l’ancienne députée de Hawaii est aujourd’hui clairement de retour. Elle est une des interlocutrices favorites de Tucker Carlson sur FoxNews, et également la référence du réseau pour les grands problèmes politiques, et l’on parle désormais beaucoup d’elle pour 2024, éventuellement comme candidate indépendante pour la présidence.

Revenant à la surface, elle est à nouveau l’objet de nombreuses attaques, – signe qu’elle est bien vivante et qu’elle compte, – selon l’argument qu’elle est soit un sous-marin des globalistes, soit un sous-marin de l’extrême-droite, soit un sous-marin des Russes. Bref, on la fait naviguer, par tous les temps et sous toutes les eaux. Pour le reste, nous voulons dire pour faire savoir ce nous en penserions d’expérience et d’intuition, il suffit de consulter un article de Tom Luongo, du 19 janvier : Luongo est un vieux briscard, familier de Washington D.C. et de Wall Street, à qui on ne la fait pas et qui affiche un net et rugueux penchant libertarien et populiste, – et qui dit ceci de Gabbard, dans l’article signalé :

« Il était clair qu’elle était courtisée par le DNC [la direction du parti démocrate] et Davos [les globalistes] pour devenir un acteur majeur dès sa première élection au Congrès en 2012.

» Mais quelque chose s'est produit sur le chemin de l'ascension de Gabbard au sommet de la scène politique américaine, sa conscience a mis à jour le meilleur d’elle-même. J’ai suivi Gabbard pendant des années et je l’ai observée attentivement, connaissant parfaitement ses associations passées avec Davos... »

… Et Luongo en conclut que Gabbard a tout pour faire en 2024 une grande candidate populiste de gauche rassemblant la droite antiguerre, au point que d’ores et déjà les milieux dirigeants démocrates, globalistes et pro-guerre, disent mezzo voce : « Il faut avoir peu de Tulsi Gabbard » Par conséquent, son intervention sur l’Ukraine et le reste, lors de l’émission de Tucker Carlson (reprise en article par les amis russes de RT.com), constitue une des visions les plus audacieusement lucide sur les crises actuelles...

« Les États-Unis et leurs alliés pourraient prévenir un conflit armé en s'engageant à ce que l’Ukraine ne soit pas autorisée à rejoindre l'OTAN, a déclaré Gabbard. Il est “hautement, hautement improbable” que Kiev soit un jour accepté en tant que membre de l'OTAN, donc refuser de promettre ce qui est déjà une réalité montre que les dirigeants de l’alliance ne veulent pas la paix, a ajouté la démocrate d'Hawaï.

» En décembre dernier, la Russie a envoyé des propositions de sécurité à Washington, – parmi lesquelles le blocage de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, – mais le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que l'alliance maintiendrait sa politique de la porte ouverte.

» “Pourquoi sommes-nous dans cette position alors, si la réponse à cette question et à la prévention de cette guerre est aussi claire comme le jour ?" a demandé Gabbard. “Alors vraiment, il n’y a qu’une seule conclusion possible, qui est qu’ils veulent en fait que la Russie envahisse l'Ukraine".

» Une invasion de l'Ukraine donnerait à Biden “une excuse claire pour aller imposer des sanctions draconiennes, qui sont une forme moderne de siège, contre la Russie et le peuple russe”, a déclaré Gabbard. Le résultat serait “l’enfermement dans une nouvelle guerre froide”. [...]

» “Le complexe militaro-industriel constate qu’il gagne des tonnes d’argent de plus [avec la crise ukrainienne] qu’il n’a eu combattant Al-Qaïda ou en fabriquant des armes pour Al-Qaïda”, a déclaré Gabbard. “Et qui en paie le prix ? Le peuple américain en paie le prix, le peuple ukrainien en paie le prix, le peuple russe en paie le prix. Cela sape notre propre sécurité nationale, mais le complexe militaro-industriel qui contrôle tant de nos politiciens amasse des fortunes qu’il court déposer en banque”. [...]

» “J'ai du mal à voir comment le président Biden ou quiconque peut dire avec un visage honnête, ‘Nous défendons la démocratie’”, a déclaré Gabbard à Carlson. “Et la raison en est que notre propre gouvernement a publiquement soutenu ces actions autoritaires du président ukrainien pour faire taire leur propre opposition politique... Cela ressemble à certaines des choses que, malheureusement, nous voyons se dérouler ici même chez nous.” »

...à Tulsi Mélenchon

Si Gabbard est incontestablement “de gauche” dans ses positions politiques et sociables, elle l’est fort agréablement et intelligemment. On ne peut pas vraiment en dire autant de Mélenchon, avec ses folies indigénistes et créolisées ; par contre, le second nommé retrouve toute sa vigueur, sa justesse lumineuse et sa fermeté de raisonnement, à l’égal de la première, lorsqu’il parle de politique extérieure. Sur les questions de la Grande Crise avec sa subcrise ukrainienne et sa subcrise de la politique américaniste plongée dans la corruption et la pathologie de guerre, Mélenchon est l’une des voix les plus avisées, en France aujourd’hui. Il l’est d’ailleurs avec quelques voix de-ci de-là, de la droite dite “nationale”, ce qui ne manque pas de sel bien entendu.

Autant pour les “étiquettes”, et autant en emporte le vent de la folie des hommes.

« Partisan du retrait de la France de l’Otan, Jean-Luc Mélenchon a affirmé jeudi 10 février sur France 2 qu’il considérait que l’organisation était l’agresseur dans la crise ukrainienne face à la Russie. Selon lui, la France n’a aucun intérêt à favoriser l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan, soit la pomme de discorde de la récente montée des tensions avec Moscou.

» “Je ne suis pas là pour défendre la Russie”, assure-t-il, répétant qu’il plaide pour le non-alignement de la France, ni pour Washington, ni pour Moscou. Il affirme comprendre que la Russie se sente “humiliée, menacée” par les armes installées par l’Otan près de ses frontières, notamment en Pologne.

» “Si on veut être non aligné, on ne commence pas par venir aboyer avec le maître”, plaide-t-il, préférant écouter les revendications de toutes les parties. À ce propos, il se dit prêt à signer un document qui assurerait que l’Ukraine n’intègre jamais l’Otan.

» “L’intérêt de la France c’est de ne pas être alignée, et donc de ne pas répéter comme des perroquets la propagande des États-Unis d’Amérique”.

» Le candidat de La France insoumise à la présidentielle a également dénoncé “la propagande belliqueuse” du système médiatique. “Le Président élu de l’Ukraine dit qu’il faut arrêter de dramatiser, que la situation n’est pas celle que décrit l’Occident”, a-t-il également rappelé. »

 

Mis en ligne le 13 février 2022 à 17H40

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2014-2022, l’Ukraine et notre psychologie

Par : info@dedefensa.org — 14 février 2022 à 00:00

2014-2022, l’Ukraine et notre psychologie

• Dans cet immense désordre qu’est la subcrise de l’Ukraine qui prend un moment le devant de la scène tandis que le reste continue à gronder, un écho révélateur d’un autre temps, il y a à peine huit ans, alors que l’Ukraine venait d’imploser, lorsqu’un Jacques Attali pouvait faire l’éloge de Poutine et de sa Russie, et évoquer une sorte de “confédération européenne” rassemblant l’UE et la Russie. • Ce “retour sur discours” de temps définitivement enfuis permet de reprendre un peu de souffle pour pouvoir contempler l’immense tourbillon crisique de l’Ukraine. • Tout le monde sait ce qu’il faut faire (que la perspective de l’entrée de Ukraine dans l’OTAN soit définitivement abandonnée), et même l’ambassadeur de l’Ukraine à Londres le dit, mais rien n’y fait et il est aussitôt démenti. • ... En attendant d’autres péripéties du genre. • Nous sommes dans un état d’addiction ahurie à des narrative irrésistibles. • Le ‘Titanic’ coule, certes, mais il importe au-dessus de tout que le naufrage à pic se fasse en toute stabilité. • Nos psychologies doivent être entretenues dans leurs illusions.

14 février 2022 (18H15) – Nous partons d’un document que nous (principalement PhG) avons retrouvé par le hasard d’une revue habituelle de la documentation disponible sur l’affaire ukrainienne. Il s’agit d’une interview de Jacques Attali, le 4 juin 2014 sur Europe1. Bien entendu, nous avons notre parti pris à l’encontre (plus qu’à l ‘égard) d’Attali et nous ne comptions pas entendre quelque chose de bien différent de ce que nous entendons aujourd’hui concernant le rôle de la Russie. On mesurera donc, à partir de ce préjugé, la grandeur de notre surprise.

Le 4 juin 2014 à Paris, c’était la plus grande effervescence diplomatique possible, avant de somptueuses cérémonies pour le 70ème anniversaire du débarquement de Normandie. Quatre mois après le coup d’État du Maidan, trois mois après l’annexion de la Crimée par la Russie, de nombreux chefs d’État et de gouvernement, dont Hollande, Obama et Poutine, étaient rassemblés pour l’événement. On était alors en pleine entreprise de diabolisation et d’isolement de la Russie et l’invitation de Poutine en Normandie avait été chaudement discutée. Il y avait eu l’annulation du G8 de Sotchi et l’“exfiltration” de la Russie du G8 devenu G7 pour vilain comportement (annexion de la Crimée).

Alors, on comprend notre surprise à l’écoute d’Attali, que nous avons l’habitude de placer dans le courant de la bienpensance qui, aujourd’hui plus que jamais, recherche intensément l’isolement et la mise à l’index d’une Russie constamment diabolisée, – comme si c’était le cas depuis 2014 et l’Ukraine, et même avant avec les événements de Syrie. En effet, s’il y a bien une chose qu’Attali dénonce, c’est cette annulation, cet isolement et cette mise à l’écart, cet ostracisme à l’encontre de la Russie... Quelle n’est pas la surprise d’entendre Attali ! Il n’y a pas, selon notre point de vue qui est si rarement celui d’Attali, un seul mot à retirer ou à contester fortement dans son intervention d’Attali...

La vidéo commence par l’extrait d’une interview de Poutine par Elkabbach également sur Europe1, quelques heures avant qu’Attali ne soit lui-même interviewé. On entend Poutine lancer un appel à la recherche d’une sorte de “confédération européenne” regroupant notamment l’UE et la Russie, et d’autres pays, tel que le proposa Mitterrand au début des années 1990.  

Emmanuel Faux : « Jacques Attali, ce qu’on vient d’entendre là de Vladimir Poutine, c’est une façon de dire : “Voyez, autrefois, la France jouait totalement avec la Russie...” »

Jacques Attali : « ...C’est très important, ce qu’il dit là, il redit quelque chose de fondamental dans la politique russe, et qui à mots couverts est un appel au secours... Ce qui est fondamental dans la politique russe, c’est la liaison avec la France pour éviter d’être encerclée par des ennemis, dont l’Allemagne lorsqu’elle est considérée comme telle... L’alliance française est une défense contre l’Allemagne depuis toujours dans l’histoire russe. C’est aussi une façon de dire “Je suis un Européen, je vous demande de m’accepter dans la famille européenne”, et il l’a dit déjà plusieurs reprises, “moi je ne ferai pas l’erreur qu’ont fait les Turcs de demander l’adhésion à l’UE, pour me la faire refuser, parce que je suis une grande puissance et il n’est pas question que je risque un refus... Mais la proposition qui avait été faite il y a plus de vingt ans par François Mitterrand à Prague, qui est un ensemble, une confédération unissant l’UE à d’autres pays, et qui me rattache à l’Europe, est fondamentale, j’en ai besoin...  Je fais partie des puissances occidentales” – Je parle comme Poutine pourrait parler, – et il aurait ajouté d’ailleurs dans son for intérieur, “je suis une nation blanche, par opposition à tous les autres”, – je ne reprends pas à mon compte cette notion de nation blanche mais elle est dans son esprit, – “et je vous demande de me prendre dans la famille européenne”... Et je pense qu’on fait une immense erreur en ne saisissant pas cette main tendue. »

Emmanuel Faux : « Cela veut dire l’Europe plutôt que l’OTAN... »

Jacques Attali : « Non... Je, je ... »

Emmanuel Faux : « ... Pour aller vite, l’Europe plutôt que l’OTAN ? »

Jacques Attali : « Non non, je ne pense pas, parce que si on lui disait un jour “Entrez dans l’OTAN”, il dirait “pourquoi pas ?“. Ce qu’il ne peut pas accepter, c’est que les autres entrent dans l’OTAN sans lui, c’est que d’anciennes parties de l’Union Soviétique entrent dans l’OTAN... La France a fait l’immense erreur d’accepter en 2009 ou 2010 la proposition américaine d’inscrire dans le programme de l’OTAN l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN... C’est un chiffon rouge agité devant les Russes qui est inacceptable pour eux. On ne peut pas organiser l’isolement de la Russie, la pire chose qu’ils ne peuvent accepter, faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN c’est une faute... Faire entrer l’Ukraine dans l’UE, bien sûr, mais pas dans l’OTAN... [...]

» ...Nous sommes dans une situation surréaliste... On a annulé le G8 à Sotchi et on fait tout pour voir Poutine. Je pense que c’était une erreur de refuser le G8, puisque maintenant on fait tout le chemin inverse vers lui, dans une sorte de ballet à la Feydeau... »

Pas une seule fois le mot “Crimée” n’est prononcé dans cette interview, comme si la chose allait de soi, déjà derrière nous, déjà de l’histoire ancienne... Quelle différence avec nos temps-devenus-fous !

Nous ajouterions à l’extrait ci-dessous un autre extrait, où Attali parle précisément de l’attitude US vis-à-vis de la Russie, sur un point en général complètement ignoré, qui recoupe une autre occurrence qui est la cause profonde et complètement dérisoire de lancer l’élargissement de l’OTAN, – à savoir les liens d’Obama (et du parti démocrate pour l’élargissement) avec la région de Chicago, où l’on trouve la plus forte concentration d’Américains d’origine polonaise aux USA, avec les nécessités électorales que cela impose. On reviendra plus précisément sur cet aspect des choses prochainement, en reprenant cet extrait de l’interview d’Attali qui suit, qui pour l’instant nous permet de renforcer l’argument sur l’aspect justement dérisoire de cette affaire si considérable qu’elle nous fait sans arrêt songer à la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale jusque dans ses enfers nucléaires....

Jacques Attali : « ... Crise [ukrainienne] qui peut conduire à la Troisième Guerre Mondiale si on s’y prend mal ... Crise qui s’explique assez largement, sans faire de caricature excessive, par la politique intérieure américaine, et en particulier par le lien qui unit Obama à la ville de Chicago, première ou deuxième ville polonaise du monde, et qui explique l’obsession américain qui est l’obsession polonaise, dont on peut comprendre par ailleurs les raisons, et qui est “tout sauf les Russes”... Ce sont les Polonais qui veulent absolument qu’on écarte la présence russe en Ukraine, ce sont les Polonais qui veulent à tout prix que l’Ukraine entre dans l’OTAN comme ils le sont eux-mêmes... »

Emmanuel Faux : « Vous pensez que Barack Obama est sensible à ce point à ce lobbying russophobe qui agit autour de lui ?

Jacques Attali : « Bien sûr, absolument, il y est sensible parce que c’est un homme de Chicago et que tout ce qui se joue dans cette politique américaine lui est très présent... »

Emmanuel Faux : « Alors, je reviens au décorum... La Normandie pour parler de cette crise, c’est étrange, non ? »

Jacques Attali : « Bien sûr que c’est étrange, surtout qu’on avait un rendez-vous pour en parler à Sotchi et qu’on l’a refusé, qu’on avait un autre rendez-vous la veille à Bruxelles et qu’on l’a raté parce qu’on n’a pas voulu inviter Poutine... Donc, pour des raisons de politique américaine, Obama, qui est obligé de parler avec Poutine, semble le faire par hasard ou en étant forcé, pour dire aux Américains “Écoutez, je ne pouvais pas faire autrement que le voir”... Bon c’est un peu grotesque quoi... »

Pour mieux encore fixer l’atmosphère qui, à Paris soudain, entourait la Russie et son président, et surtout son président, nous donnons l’extrait d’un article que nous avions publié à l’époque, justement sur l’interview de Poutine par Elkabbach, dont on entend un extrait dans l’interview d’Attali. (L’interview d’Elkabbach, réalisé à Sotchi, avait été diffusé le 4 juin également, et commenté par nous le 5 juin 2014, d’où est tiré l’extrait ci-dessous.)

Nous avions, à l’époque, été effectivement impressionné par la façon dont Elkabbach parla de Poutine après l’interview. Le journaliste d’Europe1 avait donné ses impressions pour sa station, après la diffusion de son travail, et nous relevions des commentaires extrêmement élogieux, à mille lieux de la haine habituelle et conventionnelle en général déversées sur Poutine, et particulièrement de nos jours....

« ... Mais tout cela, pour Elkabbach, est balayé, effacé, – “il se fout du passé”, comme dit la chanson de cette chère et bien française Edith, – pour avoir vécu le 3 juin, à Sotchi, «un moment que je n'oublierai jamais !» Ainsi europe1.fr donne-t-il, le 4 juin 2014 un texte dit Making Off’, sur les coulisses de l’interview de Poutine. Sur la chaîne radio on avait pu entendre le même 4 juin 2014, peu avant l’interview, une mini-interview d’Elkabbach sur son exploit de Sotchi. Le texte du Making Off nous dit à peu près ceci :

»Un entretien tout à fait libre... Jean-Pierre Elkabbach a dévoilé les dessous de cet entretien tout à fait libre. Cela peut être surprenant, concède le journaliste d'Europe 1, mais l'interview avec le dirigeant controversé ‘s’est déroulée sans préalable, sans tabou. Ni Poutine, ni son entourage n'ont cherché à connaître les thèmes des questions posées par Jean-Pierre Elkabbach et Gilles Bouleau [de TF1]. Il les maîtrise, il vit avec, explique le journaliste. Il peut improviser. [...]

» Ce texte, finalement assez prudent dans l’atmosphère générale des salons parisiens, ne rend pas justice à l’enthousiasme difficilement contenu d’Elkabbach pour Poutine, que l’on constate à la vision et l’écoute de la vidéo donnée en référence. (Sa réplique complète sur la question concernant la liberté de l’entretien et les conditions qu’il a rencontrées à Sotchi : “Pas du tout, pas du tout, ç’a été un entretien tout à fait libre des deux côtés et je sais bien des dirigeants français qui pourraient en prendre de la graine.” Ainsi Poutine deviendrait-il un exemplaire ès-liberté des contacts avec la presse pour les salons parisiens...)

» Elkabbach est un vieux routier du monde de la communication et des salons parisiens, habile comme on l’a décrit, toujours prudent et ainsi de suite. Le vieux routier, habitué aux cahots, aux dépassements interdits et ainsi de suite, plutôt dans la catégorie “vieille canaille” (genre affectueux, type-Gainsbourg ou Eddy Mitchell) que vieille midinette s’il fallait l’apprécier, s’est pourtant laissé surprendre, c’est-à-dire séduire, et il est tombée sous le charme de Poutine... De quel charme s’agit-il ? A nous commentateurs de faire des hypothèses, et nous avons la nôtre. Il y a certes les qualités de l’homme (Poutine) mais il y aussi, – et surtout pour notre propos, et cela en ayant dans l’oreille et à l’esprit l’interview où Poutine fut excellent, – il y a surtout la fermeté et l’évidence du propos d’un homme qui s’appuie sur la force des principes. [...]

» On comprend la remarque d’Elkabbach (“... et je sais bien des dirigeants français qui pourraient en prendre de la graine”) : même pour le vieux routier retors et désabusé de la communication parisienne, le discours d’un homme qui applique une politique principielle pulvérise les slogans psalmodiés des dirigeants-Système du bloc BAO, qui ne peuvent s’appuyer que sur le vide de l’absence de substance... »

Ce que nous voulons mettre en évidence, c’est un décalage extraordinaire dans la progression de la diabolisation de Poutine, et par conséquent de l’impasse de la crise ukrainienne par simple présomption paralysante de deux facteurs. D’habitude, cette sorte d’entreprise de néantissement de la perception va en s’érodant avec le temps ; ici, au contraire, elle n’a fait que s’amplifier, se faire de plus en plus monstrueuse. Il s’agit de deux facteurs psychologiques exclusivement totalitaires et absolus, complètement négatifs sous une forme d’interdit psychologique : une “inéluctabilité” et une “impensabilité”.

Ces deux facteurs agissent dans le mode du réflexe pavlovien lié à l’image insupportable et innommable du genre “Poutine”, ils sont incontrôlables et exempts de toute considération critique ; ils bloquent toute analyse raisonnable de la situation et substituent une irrationalité pathologique présentée comme la seule rationalité moralement acceptable, et donc comme la condition sine qua non de toute progression vers un accord alors qu’ils constituent justement les deux verrous instituant comme impensable toute possibilité d’accord... Ces deux facteurs sont parallèlement,
1) l’inéluctabilité de l’“invasion russe”, et 
2) l’impensabilité du moindre arrangement sans une “restitution” de la Crimée à l’Ukraine.

C’est dire si une analyse comme celle d’Attali, qui n’est pourtant pas un “factieux d’extrême-droite” ou un agent du Kremlin, ne pourrait être aujourd’hui considérée publiquement dans les milieux où il (Attali) évolue. De même, dans l’autre exemple, nous serions étonné qu’un Elkabbach, toujours à Europe1 et aussi sur CNews, se permette, aujourd’hui, de réaliser, voire même de songer à réaliser une interview dans les conditions chaleureuses qu’on a décrites, avec cette promptitude et cette assurance dans le déni des clichés habituels : « Pas du tout, pas du tout, ç’a été un entretien tout à fait libre des deux côtés et je sais bien des dirigeants français qui pourraient en prendre de la graine. ».

Il ne s’agit pas d’un problème politique, ni géopolitique, ni stratégique, mais bien d’un problème psychologique, à la façon dont nous privilégiions en général l’approche des événements et des dynamiques en cours.

Maintenir la stabilité du naufrage

D’abord il faut s’interroger : qu’est-ce donc qui a changé depuis cette séquence de juin 2014, qui puisse expliquer, justifier, le passage d’un jugement hautement critique mais encore ouvert à l’amendement, à un non-jugement grimé en posture morale triomphante d’absolue condamnation qui caractérise nos années des temps-devenus-fous ? Il n’y a pas beaucoup ni longtemps à chercher, selon notre perception : Trump et le ‘Russiagate’...

...Et ceci, au moment où nous développons cette analyse : « L’ancien président Donald Trump publie une réponse cinglante samedi [12 février] après que l’avocat spécial John Durham ait révélé dans un document judiciaire que l’équipe de campagne d’Hillary Clinton avait comploté pour infiltrer la campagne Trump ainsi que les serveurs informatiques de la Maison Blanche afin de fabriquer des allégations de collusion russe contre ce même Trump. »

C’est effectivement le déchaînement de communication alliant des services officiels (CIA, FBI), la presseSystème, la bureaucratie d’un puissant parti (démocrate) sans beaucoup de résistance de l’autre (le parti républicain n’aimant guère Trump qu’il devait soutenir), ainsi que tous les moyens de corruption et d’influence aux USA et à l’étranger dans le bloc-BAO de l’“État profonds” qui a transformé la perception de la Russie, et essentiellement celle de Poutine. Nous sommes passés de l’image d’un dirigeant extrêmement ferme, résistant aux pressions occidentalistes, soupçonné d’autoritarisme et de corruption à une image d’icône démoniaque, provoquant de véritables hystéries et autres malaises physiologiques et psychologiques du genre dans la perception et le jugement.

Ce déferlement a trouvé une pente radicale et irrésistible, qui est celle de la décadence même, en accéléré, à la fois des perceptions psychologiques et des structures sociales, aux USA et en Europe occidentale. Cela intervient principalement dans la partie la plus “civilisée”, donc la plus décadente, du bloc-BAO. L’hyper-sophistication de la brutalité des mœurs et de la disparition des coutumes ouvre une voie royale aux effets de la communication. L’abondance des informations conduit à une censure grossière, violente et inefficace : comme si vous aveugliez une énorme voie d’eau (imaginaire) avec une force considérable, tandis que de nombreuses autres voies d’eau (secondaires) s’ouvraient tout autour de cette voie aveuglée, dans une sorte d’impunité irrésistible.

La diabolisation de Poutine est ce moyen brutal utilisée pour aveugler la voie d’eau principale imaginaire, tandis que l’habileté, l’endurance et l’opiniâtreté de Poutine comme acteur politique constituent les moyens d’ouvrir les autres voies d’eau en toute impunité ; puisque la principale voie d’eau selon la perception du Système est aveuglée, il est proclamé que tout va bien à bord, et c’est bien là l’impunité dont nous parlons.

Il est manifeste que le ‘Russiagate’, qui a déclenché une cascade d’accusations d’ingérence, d’actions illégitimes, de complots de la Russie, d’attaques contre les médias russes (RT et Spoutnik), etc., constitue une dynamique créatrice d’illusions permettant l’apparence de la survie des croyances de la modernité qui structurent notre “foi” de croyants zélés. Le ‘Russiagate’, malgré la montagne de preuves éclairant son inexistence, y compris par une enquête légale d’un procureur spécial nommé par le gouvernement des États-Unis et adoubé par le Congrès, est devenue une narrative absolument indispensable à l’illusion de stabilité du ‘Titanic’ ; c’est une drogue qui a plongé la plupart des acteurs de ce qui reste du Système et les y maintient dans une addiction irrésistible. En d’autres mots, il s’agit que le naufrage à pic du ‘Titanic’ soit d’une stabilité exemplaire, – qu’il ne fasse pas trop de vagues, si l’on veut une image opportune, dans nos pauvres psychologies dévastées. Cette focalisation sur un facteur central énorme et imaginaire (ce qui est perçu comme la principale voie d’eau) conduit à ignorer toutes les autres.

De très nombreux événements déstabilisants de toutes sortes et littéralement dans tous les sens ont été observés depuis : les attaques contre la présidence de Trump mettant en évidence l’illégalité de ces actions en voulant dénoncer l’illégalité des actes du président, l’équipée du Covid, les désordres aux USA et l’émergence du wokenisme, l’incroyable présidence Biden menée par un vieillard en état de démence sénile, la déroute de l’Afghanistan, l’espèce de marais poisseux qu’est devenue la subcrise de l’Ukraine qui clapote d’“invasion” en “invasion”, l’émergence globale des ‘Freedom Copnvoy’, etc... Ces événements constituent autant de voies d’eau secondaires contre lesquelles rien de sérieux n’est fait, ; notamment dans le domaine de leur compréhension, parce que l’existence même de ces voies d’eau en tant que telle est niée par l’avalanche de communication qui transmue littéralement la perception et continue à entretenir l’addiction signalée plus haut.

Les plus récents événements autour de l’Ukraine témoignent à la fois du désordre et de l’impuissance où se trouvent les pouvoirs en place. Il y a parfois des tentatives désespérées d’en revenir à la réalité. Si, dans les deux derniers jours, un diplomate ukrainien (l’ambassadeur d’Ukraine à Londres Vadim Pristalko sur la BBC), évidemment approuvé par Moscou, laisse entendre qu’enfin il faut que l’Ukraine se décide à affirmer que son pays abandonne la tentative d’adhésion à l’OTAN dont tout le monde sait que c’est la seule façon de résoudre la crise, il est aussitôt démenti par Kiev. On doit même penser que, si une telle idée était finalement envisagée par le gouvernement ukrainien lui-même, il se trouverait toujours une dynamique, y compris “en interne” et sans pressions extérieures, susceptible de la saboter. Nous sommes décidément dans une autre époque que celle où Jacques Attali pouvait songer à s’exprimer comme on l’a entendu plus haut, en évoquant l’évidence d’une sorte de “confédération européenne” où serait incluse la Russie.

Il n’y a nul complot sinon des tentatives éparses et de circonstance, il n’y a nul plan diabolique sinon la pente du naufrage à pic. Nous sommes prisonniers de l’addiction des psychologies à l’illusion établie (pour ce cas, diabolisation de Poutine, ‘Russiagate’), au-delà même de la cohérence d’un simulacre bien construit. Pendant ce temps, les événements filent à une vitesse extraordinaire et incontrôlable, assurant la venue de changements d’ampleur tectonique ; les fameuses « fameuses forces suprahumaines », qui connaissent la musique, s’en donnent à cœur joie.

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De Chicago à Kiev, la fécondité du dérisoire

Par : info@dedefensa.org — 15 février 2022 à 00:00

De Chicago à Kiev, la fécondité du dérisoire

15 février 2022 (12H30) – Comme signalé d’ores et déjà, dans le hasard de mes recherches courantes en connexion avec la subcrise ukrainienne, je me suis arrêté avant-hier à une interview de Jacques Attali, le 4 juin 2014 sur Europe1. Je décidai de l’écouter pour bien moqueusement rire un peu, ayant mes apriorismes et mes préjugés dont Joseph de Maistre dit tant de bien. Quelle ne fut pas ma surprise ?!

On a déjà parlé abondamment des circonstances et des considérations autour de la trouvaille, et en avertissant d’ailleurs, – c’était pour mon compte avec ce texte, – qu’on reviendrait sur un extrait spécifique de l’intervention d’Attali :

« On reviendra plus précisément sur cet aspect des choses prochainement, en reprenant cet extrait de l’interview d’Attali qui suit... »

Il s’agit donc de ceci, qui est plus précisément le passage évoquant les liens existant entre Obama et Chicago, cette grande ville abritant une part très importante des citoyens américains d’origine polonaise. Attali en fait la cause principale de la politique d’alors (juin 2014),  relativement intransigeante ou dans tous les cas sans aucune velléité constructive, des USA vis-à-vis de la subcrise ukrainienne :

Jacques Attali : « ... Crise [ukrainienne]qui peut conduire à la Troisième Guerre Mondiale si on s’y prend mal ... Crise qui s’explique assez largement, sans faire de caricature excessive, par la politique intérieure américaine, et en particulier par le lien qui unit Obama à la ville de Chicago, première ou deuxième ville polonaise du monde, et qui explique l’obsession américain qui est l’obsession polonaise, dont on peut comprendre par ailleurs les raisons, et qui est “tout sauf les Russes”... Ce sont les Polonais qui veulent absolument qu’on écarte la présence russe en Ukraine, ce sont les Polonais qui veulent à tout prix que l’Ukraine entre dans l’OTAN comme ils le sont eux-mêmes... »

Emmanuel Faux : « Vous pensez que Barack Obama est sensible à ce point à ce lobbying russophobe qui agit autour de lui ?

Jacques Attali : « Bien sûr, absolument, il y est sensible parce que c’est un homme de Chicago et que tout ce qui se joue dans cette politique américaine lui est très présent... »

Emmanuel Faux : « Alors, je reviens au décorum... La Normandie pour parler de cette crise, c’est étrange, non ? »

Jacques Attali : « Bien sûr que c’est étrange, surtout qu’on avait un rendez-vous pour en parler à Sotchi et qu’on l’a refusé, qu’on avait un autre rendez-vous la veille à Bruxelles et qu’on l’a raté parce qu’on n’a pas voulu inviter Poutine... Donc, pour des raisons de politique américaine, Obama, qui est obligé de parler avec Poutine, semble le faire par hasard ou en étant forcé, pour dire aux Américains “Écoutez, je ne pouvais pas faire autrement que le voir”... Bon c’est un peu grotesque quoi... » 

J’ai été particulièrement intéressé et satisfait de voir dans la bouche d’Attali cette référence, et catégoriquement dite, à l’influence de Chicago qui est une des grandes forteresses de puissance politique intérieure aux USA, sur la “Grande Politique” US. De toutes les façons et chose que l’on ignore beaucoup trop, cet empire aux prétentions mondiales et aux préoccupations centrales et centrées sur les corruptions provinciales, a toujours fonctionné de cette façon pour ses “Grandes Politiques”. De la corruption provincialiste à l’arrogance mondialiste et désormais (depuis 9/11) catastrophique. Le paradoxe ne cesse pas de nous ramener à la dérision dans cette affaire.

A la lumière de la conviction d’Attali, qui est à cet égard fort bien renseigné par ces multiples contacts internationaux, il m’importe grandement de rappeler un épisode important de cette “Grande Politique”, c’est-à-dire ce qui conduisit, à l’origine, à la trahison du serment fait à Gorbatchev par Bush-Baker en 1989-90, au moment de la réunification allemande qui impliquait de facto l’incorporation de l’Allemagne de l’Est [RDA] dans l’OTAN (« Il n’y aura pas un seul pouce d’extension de l’OTAN vers l’Est », au-delà de la frontière de l’Allemagne réunifiée [secrétaire d’État James Baker]). Pour ce rappel, on va reprendre des extraits importants d’un texte récent (11 novembre 2019), lequel reprenait lui-même des éléments d’autres textes précédents, – tant il s’agit, pour moi, d’un “détail” de la plus haute importance, répété à chaque occasion de la nécessité depuis vingt ans. Il s’agit de la présentation détaillée des circonstances qui ont abouti à la décision d’extension de l’OTAN, en violation du serment Bush-Baker...

(...Et franchement, cette promesse, qui a été recueillie sur des verbatimofficiels, aurait été mise par écrit, – on a souvent reproché à la “naïveté” de Gorbatchev de ne l’avoir pas fait, comme s’il avait eu le pouvoir de l’imposer, – que cela n’aurait rien changé. La violation des serments parlés et des textes les plus solennels est, je vous l’assure en toute sérénité, l’une des plus charmantes coutumes de la “Grande Politique” de la Grande République l’américanisme. On baptise la chose “pragmatisme” et passez muscade ! Et l’on en fait une des vertus de l’américanisme, contre espèces sonnantes-trébuchantes pour la psychologie de la soumission.)

Les extraits complets du texte référencé sont repris en fin de cette page du ‘Journal-dde.crisis’ pour que l’on dispose immédiatement de l’essentiel du contexte de la décision originelle de la politique d’expansion de l’OTAN, cause directe de la subcrise ukrainienne. Je reprends pourtant ici la partie de l’extrait expliquant directement le rôle de Chicago et des polono-américains dans cette décision, qui constitua à l ‘époque un tournant incompréhensible et dangereux de la politique US de l’OTAN (comme expliqué dans l’extrait complet). 

« Comment cette situation [cette politique initiale de non-extension de l’OTAN vers l’Est] change-t-elle ? Bien sûr, il y a la pression commençante des pays concernés, de l’ex-Europe communiste, qui envisagent l’entrée dans l’OTAN parallèlement, voire prioritairement à l’entrée dans l’UE. Mais cette position-là n’a strictement aucune importance ni le moindre poids au départ. Du côté américain, jusqu’en 1993-94, il n’est pas question d’un tel élargissement, dans tous les cas dans les cercles politiques et stratégiques. Ce qui va imposer le cas au premier plan de la réflexion, c’est une circonstance électorale. A la fin 1993, on prépare les élections  mid-term aux USA et les démocrates commencent à craindre de solides déboires. (Ceux-ci seront confirmés, par une formidable défaite en novembre 1994, qui plongera Clinton dans une dépression profonde pendant quelques mois.) Toutes les énergies, tous les arguments doivent être rassemblés. Dans la région de Chicago, où les démocrates ont un fort point d’appui électoral avec une minorité d’origine polonaise, un important élu démocrate, qui tient cette région, vient d’être inculpé pour corruption et disparaît du jeu. Il faut à tout prix reprendre l’électorat en main. Sollicitée par le parti, l’administration Clinton propose de lancer l’idée d’une adhésion de la Pologne à l’OTAN. Présenter cette idée comme une promesse de l’administration doit ramener les Polonais-Américains, qui réclament à grands cris cette mesure, du côté du parti démocrate. Cette idée implique évidemment le principe de l’élargissement de l’OTAN, qui devient ainsi, subrepticement, la politique de l’administration Clinton...

» Cela[était] en complète contradiction avec la politique suivie jusqu’alors. Dans notre numéro de notre Lettre d’Analyse ‘dd&e’ du 10 octobre 1994, nous écrivions :“ L’année dernière, à la même époque (le 21 octobre 1993 exactement, à la réunion des ministres de la défense de l’Organisation [l’OTAN]), les États-Unis présentaient l’idée du ‘Partnership for Peace’ (PfP, ou ‘Partenariat pour la Paix’). Le but  [opérationnel]  était clair et double : apaiser les pays d’Europe de l’Est qui réclamaient leur entrée dans l’OTAN, sans inquiéter ni isoler la Russie. L’interprétation politique du PfP était également claire : l’initiative renvoyait aux calendes grecques le problème de l’élargissement.” »

Pour paraphraser Pierre-André Taguieff citant Raymond Aron (« On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron »), je dirais qu’“on a trop négligé le rôle du dérisoire dans l’histoire, comme aurait pu le noter Raymond Aron”. Notre époque voit tout cela pour qui sait regarder, comment du fond incertain des cervelets enfantins de dérisoires dirigeants s’agitant pour des causes dérisoires, naissent des décisions qui bouleversent l’histoire ! Mais quoi, au bout du compte je ne m’en plaindrais pas car, ce faisant, ils saccagent un beau rangement de l’infamie du Système, pour exposer la chose (le Système) au spectre de l’effondrement et activer sa lugubre tendance à l’autodestruction.

Tout cela nous amène à nos moutons, qui sont miens depuis un temps assez long : je suis le berger des zombies moutonniers qui broutent n’importe comment la mâle pâture des verts pâturages que le Système cultivait avec ordre et méthode, et moi pour les y pousser, comptant sur leur sens moutonnier de la catastrophe. Ces moutons mettent en tête de la cohorte experts, stratèges et historiens, adversaires et partisans de cette politique des USA je ne fais pas de différences ; experts, stratèges et historiens vous expliquent donc gravement le Grand Dessein Géopolitique, le ‘Grand Jeu’, le ‘Great Design’ de la politique américaniste, machiavélique ou comploteuse c’est selon, qui conduit l’‘Empire’ depuis le début des années 1990. Ces gens ont le défaut de tout sacrifier à la déesse-Raison qui est le fondement de leur existence...

On sait ce que je pense de la “Raison”, surtout de la “raison-subvertie” telle qu’ils nous l’ont cochonnée pour répondre aux exigences de la métaphysique en toc de la prétention et de l’‘hybris’. Je le rappelle avec un extrait d’un texte récent, pour mesurer cette dénonciation indignée qui m’habite, et qui conduit, avec l’accélération et la surpuissance des communications, à une politique définie exclusivement par la catastrophe. (Au fait et par ailleurs, bis repetitat,tant mieux puisque cette catastrophe affecte la structure et l’infrastructure du monde mises en place par le Système).

« Je veux dire qu’il faut être prêt à tous les possibles, y compris ceux qui le sont le moins, c’est-à-dire les possibles les plus fous, les plus insaisissables, les plus impensables, les plus hors de portée de notre savoir et de notre divination (les ‘knowns/knowns-unknownw/unknowns-unknowns’ du philosophe  Rumsfeld, en privilégiant absolument le troisième de l’équation, “les choses que nous ne connaissons pas, et dont nous ne savons pas par conséquent que nous ne nous les connaissons pas”) ;
et l’on est d’autant plus prêt à cet affrontement avec l’inconnu que l’on donne, raisonnablement si l’on veut et sans craindre le paradoxe, le moins possible de sa confiance aveugle aux prétentions d’autonomie universelle et d’arrogante certitude de sa propre raison (tout en s’en servant sans hésiter ni barguigner sur l’ouvrage, comme on tord un torchon) ;
car notre raison est cet outil à manier rudement s’il vous plaît, servant d’abord à nous éclairer sur les impuissances de la raison à comprendre le destin du monde ;
car, à un autre propos, j’écrivais ceci alors que nous avions pénétré de plein fouet dans l’année du Covid :

» “Alors, bien entendu et aussitôt, j’ajouterais que je ne tiens en rien du tout la raison comme un instrument assurant la mesure et la sagesse, encore moins l’harmonie, l’équilibre et l’ordre. ‘Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante’, écrit Pascal, voilà plutôt ce qui me va diablement. Dans sa ‘Nuit de Gethsemani : Essai sur la philosophie de Pascal’ où il fait un parallèle saisissant entre Pascal et Nietzsche, qui eurent toute au long de leur vie, la maladie et la souffrance pour les hisser au-dessus de la raison [laquellle,  ‘par ses vérités propres, fait de notre monde le royaume enchanté du mensonge’], Leon Chestov observait ceci qui implique d’autres personnages :

» “Platon disait à Diogène qu’il n’avait pas l’‘organe’ nécessaire pour voir les ‘idées’, et Plotin savait que la vérité n’est pas ‘un jugement obligatoire pour tous’ : Pour voir la vérité, enseignait-il, il faut ‘survoler’  toutes les choses obligatoires, il faut s’élever ‘au-delà’ de la raison et de la conscience”... On comprend bien que je me range derrière cette noble cohorte  lorsque je parle, par exemple, – car je change de désignations pour personnaliser ces choses que je ne connais pas mais en l’influence et à l’inspiration desquelles je crois, – de ces “fameuses forces suprahumaines”. »

C’est cette raison frelatée et distordue qui donne toute sa place à la dérision des minuscules esprits infantiles des hommes du « Dernier Homme » de Nietzsche, le ricanant “Homme-Moderne”. Il introduit ce terrifiant, ce monstrueux rapport entre la dérision de la situation de départ et l’énormité catastrophique et sans issue de la situation des conséquences des conséquences.

Il s’agit du caractère central de l’époque, essentiellement activé par la puissance de la communication agissant sur les psychologies qui ne sont alors plus capables d’identifier et de se reporter à des références stables et fondamentales, notamment des principes fondamentaux. Effectivement, la dérision de la situation de départ ignore complètement la nécessité de références, ce qui se comprend avec de tels esprits infantiles, et lorsque les conséquences de cette situation de départ prennent le caractère énorme et monstrueux de la subcrise de l’Ukraine, cette absence de références précipite naturellement des décisions et des situations catastrophiques. La catastrophe de l’élargissement de l’OTAN et la catastrophe ukrainienne sont ainsi traitées avec le même état d’esprit qu’on met dans les calculs faits pour obtenir les voix de électeur d’origine polonaise de Chicago et de sa région.

Donc, ci-dessous un extrait du texte du 11 novembre 2019, pour une bonne mesure de notre “Grande Politique”. Que les Clinton en soient la cheville ouvrière complète le ‘casting’ infâme de cette tragédie-bouffed’une insondable bêtise.

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Origine et dérision du péché originel

A la recherche des origines

Pour explorer cette question vitale et essentielle dans la crise qui oppose la Russie au bloc-BAO, nous reprenons l’essentiel d’un texte que nous publiâmes le 5 septembre 2008, à l’occasion de la crise géorgienne où il était déjà question de cette affaire de l’expansion de l’OTAN. Nous en modifions la forme selon la formule des Notes d’Analyse, en ajoutant ici et là quelques précisions que nous jugeons utiles et qui ont un intérêt et une importance non négligeables. Pour le principal, l’essentiel de ce que donnait ce texte reste absolument valable aujourd’hui, sinon encore plus pertinent à la lumière des nouveaux documents déclassifiés mais aussi des événements survenus depuis.

Ce texte du 5 septembre 2008 reprenait lui-même des éléments d’un texte alors à paraître d’une rubrique de notre Lettre d’Analyse dde&e, comme nous le signalions alors sous cette forme : « Dans notre prochain numéro de la Lettre d’Analyse de defensa & eurostratégie, Volume 24 n°01 du 10 septembre 2008, nous consacrons la rubrique Analyse à cette question de l’élargissement de l’OTAN en examinant les conditions de son origine et de son lancement, sous le titre “Sur l’origine accessoire de la crise”. »

De la médiocrité des origines de la crise

Il devrait apparaître évident à tout esprit normalement critique et normalement informé que l’OTAN est aujourd'hui une “machine de guerre” américaniste antirusse, destinée à encercler la Russie et à exercer une pression grandissante sur ce pays. Elle l’est principalement au travers de la dynamique d’élargissement, que les Américains aimeraient voir poussée au moins jusqu’à la Géorgie et l’Ukraine.

(Cette remarque déjà valable en 2008 l’est toujours aujourd’hui, sauf qu’elle doit être nuancée par les capacités et la situation US, ainsi que par le désaccord grandissant entre les USA et l’UE. Cet affaiblissement radical, voire cet effondrement notamment de la puissance et de l’influence US, rendent de moins en moins possibles de tels projets, du point de vue “opérationnel”. Mais l’esprit de la chose, qui est l’encerclement agressif de la Russie, subsiste plus que jamais, la tromperie touchant aussi ceux qui la génèrent quant à leurs propres capacités.)

Sans doute, sans aucun doute l’OTAN est aujourd’hui cette “machine de guerre” antirusse, même si elle n’en a aucun moyen militaire acceptable pour cette tâche, – cela fait partie du déséquilibre psychologique complet des américanistes-occidentalistes, de leur présence dans un univers différent du vrai monde. Cette orientation agressive de l’OTAN admise, les esprits logiques, notamment et surtout chez les antiSystème trop influencés par le Système et sa puissance, en tirent la conclusion évidente, sinon rationnelle, qu’il en est ainsi depuis l’origine, que l’élargissement de l’OTAN fut une stratégie minutieusement élaborée pour ce but de l’encerclement de la Russie, qu’il y avait un plan mûrement conçu. Tout cela est logique.

Une décision incompréhensible

Tout cela est logique mais inexact. (Le “plan” existait certes chez les plus extrémistes qui ont toujours des “plans” d’agression mondiale, les neocons sans aucun doute, mais ils n’avaient alors qu’une très faible influence sur la politique extérieure US comme l’avait montré le rejet brutal par Bush-père du  “plan d’hégémonie”  mondiale de Wolfowitz au printemps 1992. Les  neocons  n’avaient pas encore leur appareil de relations publiques qui se développa dans les dernières années 1990 pour donner son plein effet à partir de 9/11 parce qu’à partir de là cette clique et sa pensée extraordinairement agressive convinrent parfaitement au déchaînement de la politiqueSystème. Les  neocons ne sont pas les concepteurs de la politiqueSystème mais leurs exécutants.)

Si le fait de l'élargissement de l'OTAN est devenu cette “machine de guerre”, c’est, disons, par enchaînement mécanique qui place le moyen de la chose chronologiquement avant la chose, un peu comme “la fonction crée l’organe”, – et ce serait alors : “la dynamique crée la stratégie”, ou, encore plus platement, “le mouvement crée l’objectif”. Au départ, l’élargissement de l’OTAN n’avait nullement l’objectif de la Russie. La chose est bien plus triviale, bien plus médiocre que cela.

Comme déjà signalé, nous consacrions la rubrique Analyse dans le numéro Volume 24 n°01 du 10 septembre 2008 de la Lettre d’Analyse de defensa & eurostratégie, à cette question de l’élargissement de l’OTAN en examinant les conditions de son origine et de son lancement, sous le titre « Sur l’origine accessoire de la crise ». Nous commencions l'analyse par la question de l’élargissement de l’UE vers les pays de l’Est, dont le processus fut lancé avant celui de l’OTAN et qui fut fortement soutenu par les USA, non pour “encercler” la Russie mais pour empêcher l’UE de se forger une politique trop indépendante des USA, et concurrente des USA. La pénétration de l’influence US dans les pays d’Europe de l’Est eut donc pour but d’abord, pour les USA, d’en faire des “agents des USA” au sein de l’UE, contre la logique éventuellement indépendante et concurrente des USA de l’UE.

Sur le point central de la “décision” de lancer cette politique d’élargissement de l’OTAN, nous apportions quelques précisions sur certaines de nos sources que nous gardions anonymes à l’époque mais qui peuvent aujourd’hui être mieux identifiées. L’une d’entre elles, dans les milieux de sécurité nationale (OTAN) de Bruxelles, avait tissé des liens avec l’un des adjoints du directeur du NSC de l’administration Clinton (le NSC, ou National Security Council, étant le “gouvernement de sécurité nationale” personnel du président). Début 1995, son interlocuteur du NSC disait à notre source ne rien comprendre au changement de politique en faveur de l’élargissement qui venait d’être ordonné, « mais puisqu’il faut l’appliquer, nous commençons à chercher des arguments valables, et surtout en nous gardant bien d’inquiéter la Russie ». Nous avons même souvenir d’un témoignage direct, venu d’un dîner en ville à Bruxelles, auquel participait le nouvel ambassadeur US à l’OTAN Alexander Vershbow (en 1998, peu après sa nomination), et celui-ci affirmant : « Eh oui, c’est la politique officielle de mon pays, l’élargissement. Nous ne savons pas pourquoi elle a été décidée mais nous nous appliquons désormais à la développer. »

[...]

A l'origine d'une “stratégie”

C’est impérativement dans le contexte de l’évolution de l’UE vis-à-vis de l’élargissement qu’il faut placer la question de l’adhésion à l’OTAN des pays d’Europe de l’Est. Cette question est, au départ, secondaire et annexe à la question de l’intégration dans l’Europe, et non le contraire. Au départ, justement, l’engagement occidental et particulièrement US était, comme cela vient d’être confirmé par les nouveaux documents déclassifiés, qu’il n’y aurait pas d’élargissement de l’OTAN vers l’Est.

Comment cette situation change-t-elle ? Bien sûr, il y a la pression commençante des pays concernés, de l’ex-Europe communiste, qui envisagent l’entrée dans l’OTAN parallèlement, voire prioritairement à l’entrée dans l’UE. Mais cette position-là n’a strictement aucune importance ni le moindre poids au départ. Du côté américain, jusqu’en 1993-94, il n’est pas question d’un tel élargissement, dans tous les cas dans les cercles politiques et stratégiques. Ce qui va imposer le cas au premier plan de la réflexion, c’est une circonstance électorale. A la fin 1993, on prépare les élections  mid-term aux USA et les démocrates commencent à craindre de solides déboires. (Ceux-ci seront confirmés, par une formidable défaite en novembre 1994, qui plongera Clinton dans une dépression profonde pendant quelques mois.) Toutes les énergies, tous les arguments doivent être rassemblés. Dans la région de Chicago, où les démocrates ont un fort point d’appui électoral avec une minorité d’origine polonaise, un important élu démocrate, qui tient cette région, vient d’être inculpé pour corruption et disparaît du jeu. Il faut à tout prix reprendre l’électorat en main. Sollicitée par le parti, l’administration Clinton propose de lancer l’idée d’une adhésion de la Pologne à l’OTAN. Présenter cette idée comme une promesse de l’administration doit ramener les Polonais-Américains, qui réclament à grands cris cette mesure, du côté du parti démocrate. Cette idée implique évidemment le principe de l’élargissement de l’OTAN, qui devient ainsi, subrepticement, la politique de l’administration Clinton...

Cela est en complète contradiction avec la politique suivie jusqu’alors. Dans notre numéro de notre Lettre d’Analyse dd&e du 10 octobre 1994, nous écrivions : « L’année dernière, à la même époque (le 21 octobre 1993 exactement, à la réunion des ministres de la défense de l’Organisation [l’OTAN]), les États-Unis présentaient l’idée du ‘Partnership for Peace’ (PfP, ou ‘Partenariat pour la Paix’). Le but  [opérationnel]  était clair et double : apaiser les pays d’Europe de l’Est qui réclamaient leur entrée dans l’OTAN, sans inquiéter ni isoler la Russie. L’interprétation politique du PfP était également claire : l’initiative renvoyait aux calendes grecques le problème de l’élargissement. »

Mais les événements fondamentaux (!) qu’on a vus concernant l’électorat polonais-américain dans la région de Chicago eurent lieu et la “politique” de l’administration Clinton changea du tout en tout. Lorsque le vice-président Al Gore glisse, dans son discours de Berlin du 9 septembre 1994 (pour la cérémonie de retrait des forces alliées d’occupation accompagnant le retrait russe de l’ex-RDA), « Nous allons commencer des discussions sur l’élargissement de l’OTAN d’ici la fin de l’année », il prend complètement de court et à contre-pied toute la communauté et la bureaucratie stratégiques de Washington. C’est une idée du domaine de la communication (et non stratégique, sinon de stratégie électorale) de la Maison-Blanche. Elle est adoptée et développée sans consultation d’aucun service et département de sécurité nationale, ni de personne d’autre, et c’est une idée directement en connexion avec la situation électorale. Les experts US resteront pendant longtemps sans comprendre la cause stratégique de ce revirement qui contredit la politique officielle établie avec le PfP.

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Pirouettes de Zelenski, sourire de Poutine

Par : info@dedefensa.org — 15 février 2022 à 00:00

Pirouettes de Zelenski, sourire de Poutine

• On attend toujours l’“invasion”, sans doute sous le nom de code de “En attendant Godotski/Godoutine”. • Le département d’État ne cesse de nous donner la date de l’“invasion”, de jour en jour, avec date et heure : “peut-être bien demain, sinon le jour d’après puis les jours suivants”. • La tragédie-bouffe semble complètement bloquée sur le programme bouffe-en-continu. • Zelenski, de son côté, montre des signes d’exaspération considérables du comportement de ses alliés. • Certains commencent à se demander si Zelenski ne va pas se tourner vers Moscou...

Le programme US pour la catastrophique subcrise ukrainienne ne cesse de montrer des signes considérables de folie compulsive : alerte-panique, conseils à Zelenski d’être prêt au combat, poudre d’escampette des soldats US présents ici ou là, puis rien ne se passe. Dans le vaste océan de la presseSystème ou associés passe parfois un éclair fugitif de lucidité. Ainsi de ce texte du blog ‘B2’ de Bruxelles du 13 février, qui suit avec constance et le plus grand sérieux, et y croyant, sans dévier de la ligne qui le sépare de l’antiSystème, la saga du bloc-BAO dans les institutions européennes saupoudrées d’un peu d’OTAN ; il s’agit d’une appréciation de la “Grande Politique” américaniste dans la région de l’Ukraine par un commentateur désolé puisqu’il juge bien propale la fameuse “invasion” :

« Le départ des Américains d’Ukraine. Imbécile et lâche

 » Les mesures prises par les États-Unis samedi sont étonnantes. Il y a quelques jours encore, la Maison Blanche proclamait urbi et orbi sa solidarité avec l’Ukraine et sa volonté de désescalade. Aujourd’hui, c’est “Courage, Fuyons !” Décision qui encourage plutôt les Russes d’intervenir qu’elle ne les en empêche. Incompréhensible. »

On pourrait ironiser encore et encore sur cette posture occidentale vis-à-vis de l’“invasion”, pendant que CRS, policiers et gendarmes interpellent dans les rues de Paris de redoutables envahisseurs, avec leur “invasion” à eux, terroristes porteurs d’un factieux et douteux drapeau français, ou bien de tablettes de chocolat. Il est vrai qu’à côté de l’“invasion” de l’Ukraine par la Russie, il y a la terrible tentative de subversion factieuse et intérieure des “Convois dits-de-la-Liberté”... Par conséquent, on ironise puisque la pseudo-dictature en escarpins-bobos parvient à être plus bête que la “démocratie” dont elle est le monstrueux moutard :

« 10 personnes verbalisés pour manifestation illégale et port du drapeau Français, tablette de chocolat ainsi que des fraises tagada. Ça part en sucette, on est d’accord ? Faut se balader avec un drapeau européen si j’ai bien compris désormais ?

» Si certains doutaient encore de la réalité de la dictature sanitaire, il suffira qu’ils regardent les ordres fous donnés aux forces de l’ordre pour tenter de briser l’élan populaire qui accompagne les Convois de la Liberté.

» Ici, le témoignage de Français verbalisés hier soir : un monsieur qui avait un petit drapeau français qui dépassait de son sac à dos et une dame qui donnait du chocolat à des amis ! »

La curiosité de ce champ de foire est que, pour être éventuellement sérieux, il faudrait aller du côté de l’ami Zelenski, le comique télévisé fait président de l’Ukraine par la grâce de l’un des mille-et-un complots des oligarques de cette belle nation. En effet, l’hypothèse commence à se répandre, devant l’indigence extraordinaire de l’activité balbutiante des puissances en ligne, que le président ukrainien devrait bien, pourrait bien, céderait bien à la tentation d’aller voir ailleurs, du côté de chez Poutine.

Par exemple, Patrick Armstrong, grand spécialiste dissident des affaires russes, passant cet entrefilet dans son ‘Situation Report’ sur la situation russe, sur le site ‘Turcopolier.com’ du colonel Lang, ce 14 février :

« UNE SURPRISE POTENTIELLE. Je ne pense pas que Zelenski soit stupide. Il doit se rendre compte que ses “amis” ne sont pas ses amis : “Je pense qu'il y a trop d'informations sur une guerre totale déclenchée par la Russie, et les gens donnent même des dates. Le meilleur ami de nos ennemis est la panique dans notre pays, et toutes ces informations ne font que créer la panique, elles ne nous aident pas”. Commence-t-il à comprendre qu'il n'y a qu'un seul acteur dont il peut croire la parole ? S'il le fait, tout bascule soudainement. »

Karine Bechet-Golovko développe encore plus nettement cette hypothèse le 15 février. Elle prend en compte divers éléments dont nombre sont connus, qui décrivent un jeu à la fois vicieux, craintif et accordé aux seuls simulacres et narrative, et en aucun cas aux réalités, de la part des Occidentaux ; et bien entendu, parmi eux, principalement des Anglo-Saxons (Canada, UK, USA), qui tiennent ainsi à démontrer qu’il faut plus que jamais considérer respectueusement leur suprémacisme... Moyennant quoi, effectivement, l’on se prend à constater que les Russes et les ukrainiens sont les seuls, dans ce brouhaha démentiel, à assurer qu’il n’y a pas en vue l’“invasion” tant attendue, et qu’au bout du compte ce constat commun les rapproche.

L’hypothèse, si elle paraît audacieuse parmi les courants de la bienpensance, a le mérite de la clarté, de la simplicité, voire de la logique dont toute cette subcrise est jusqu’ici complètement dépourvue. Cela donne, en introduction et en conclusion, les attendus nullement sollicités de cette hypothèse.

« Alors que le premier cercle atlantiste pousse au conflit armé en Ukraine, le Président ukrainien a l'instinct de survie qui se réveille et fait le premier pas que les Européens n’ont pas eu le courage de faire : il appelle Biden à la désescalade et à donner un signal positif. Le second pas, qui pourrait être salvateur pour l'Ukraine, Biden ayant refusé la main tendue, serait un rapprochement avec la Russie, aussi surprenant que cela puisse paraître au premier abord : la menace ne vient pas de l’Est, mais de l’Ouest, et elle est vitale pour l’Ukraine.

» A l’occasion du conflit ukrainien potentiel, et tant attendu par certains en Occident, l'on voit très clairement une ligne se dessiner entre trois clans : le premier cercle atlantiste (USA, Canada, Grande-Bretagne), qui font monter la pression, pour faire enclencher par d'autres mains un mécanisme entraînant l'Ukraine in fine dans un conflit ouvert et plus ou moins localisé contre la Russie ; les pays européens, peu entrains, mais ayant malheureusement démontré leur inconsistance diplomatique actuelle ; l'Ukraine et la Russie, niant toute velléité russe d'agression militaire imminente de l'Ukraine. La répartition des forces peut surprendre et c'est justement cela qui pourrait faire sa force. [...]

» L’Ukraine et la Russie se trouvent finalement,  par la force du fanatisme atlantiste, malgré tous les efforts pour les séparer, dans le même camp. Si l’Ukraine a suffisamment peur de la destruction pour pousser le courage à sa suite logique, il est urgent qu'elle entre en contact, hors caméras et mise en scène, avec son voisin - même s'il y a des désaccords, et il y en a toujours, l’ennemi est aujourd'hui le même. »

Pendant ce temps, le quadrille continue avec l’annonce de la fin de l’exercice militaire russe sur la frontière sud de l’Ukraine et l’annonce du retour des troupes dans leurs casernes. L’Ukraine est contente et l’OTAN également mais avec mesure, et des réserves également. Le porte-parole de Poutine annonce, lui, que Poutine a pris l’habitude de demander si l’on ne trouve pas, dans la presse occidentale, non seulement le jour mais l’heure de l’“invasion” qu’il doit lancer ; cela l’aiderait grandement à décider s’il peut ou non prendre quelques jours de vacances...

« Le président russe Vladimir Poutine plaisante parfois lorsqu’il entend les affirmations bizarres des médias étrangers sur la “date exacte” de l'attaque que Moscou aurait prévue contre l'Ukraine, a révélé son porte-parole Dmitri Pechkov.

» “Vous savez, il est difficile de comprendre [ces nouvelles], mais [Poutine] en plaisante même parfois : il demande à savoir si quelqu'un a publié l'heure exacte à laquelle la guerre va commencer", a déclaré M. Pechkov en réponse à une question sur la façon dont le président traite de tels articles. »

La gentille plaisanterie ne s’arrête pas là car le malheureux Pechkov n’avait pas pris garde qu’il parlait à des journalistes occidentaux, à qui l’honneur de la rigueur professionnalisme, de l’information vérifiée et recoupée, de la justesse des vérités rassemblées, imposait que l’on reprît le président Poutine au mot et au pied de la lettre. Ainsi, ‘Sputnik.News’ poursuit-il, en nous laissant le soin de décider jusqu’où la plaisanterie se poursuit et à partir de quand le simulacre sérieux reprend :

« Deux tabloïds britanniques, ‘The Sun’ et ‘The Mirror’, se sont empressés de rendre service et ont fourni au président russe l'information qu’il semblait tant attendre, – l’heure exacte à laquelle l'invasion commencerait.

» Peu après que Pechkov ait fait part de la plaisanterie de Poutine aux journalistes, les deux médias ont publié des articles affirmant que l'attaque débuterait à 3 heures du matin, heure locale (1 heure GMT), le 16 février. Dans le même temps, le ‘Mirror’ a fourni des prévisions contradictoires, affirmant dans la première partie de son article que l'invasion commencera “mercredi après-midi”.

» Les tabloïds ont cité des informations qu'ils auraient obtenues d'une source familière des services de renseignement américains.

» Le site US ‘Politico’ avait précédemment affirmé que l'invasion commencerait le 16 février, sans en préciser l'heure. La plateforme médiatique a cité des responsables anonymes dans son rapport. Le colportage du récit de l’“invasion de l'Ukraine” a atteint son apogée au début du mois, lorsque Bloomberg a eu la gâchette facile et a accidentellement annoncé et décrit la guerre entre la Russie et l'Ukraine, maintenant ce texte sur son site Web pendant une demi-heure avant d’admettre son erreur. »

» Bien qu’il ait maintenu la rhétorique d'une invasion possible “d’un jour à l'autre”, le conseiller américain à la sécurité nationale Jack. Sullivan a admis publiquement le 13 février que Washington n'avait aucun moyen de savoir la date et l'heure exactes du début de la prétendue invasion, ni même si elle commencerait. Moscou n'a cessé de dénoncer cette “hystérie” et de qualifier ces allégations de fausses et de campagne d’“info-terrorisme” contre la Russie. »

Il est difficile d’aller au-delà dans le commentaire, dans la mesure où la subcrise ukrainienne est elle-même son propre commentaire et que, finalement, de simulacre en simulacre, on entre aisément dans le domaine du bouffe auquel certains dirigeants, – Poutine en premier, semble-t-il, qui trouve là un moyen de se détendre, – finirait bien par se prêter obligeamment. C’est-à-dire, pour employer une autre formulation, qu’il est très difficile d’envisager de nouvelles péripéties, sérieusement ou pour pouvoir en rire, sans douter une seconde et pour autant qu’il y en aura nécessairement.

On signalera donc en passant, comme tangentiellement, le bruit que font les bruits nombreux continuant à circuler sur une autre hypothèse d’une stratégie conjointe des deux dirigeants anglo-saxons UK-USA ; hypothèse du type-‘Wag the Dog’, d’une guerre faite pour faire oublier les différentes escapades intérieures des directions anglo-saxonnes, le ‘Partygate’ pour Johnson et le rapport du procureur Durham menant le ‘Russiagate’ à mamy Hillary, amie proche de Biden et de tous les gauchistes démocrates, plutôt qu’à Poutine-Trump. Pourquoi pas, cette hypothèse ?  

La seule chose qui pourrait paraître envisageable si l’on redevenait sérieux, c’est que les USA pourraient se trouver en position difficile entre cette folle hypothèse d’une convergence objective entre l’Ukraine et la Russie et les bruits de botte en retrait, avec des chars prévus pour l’“invasion” qui sont arrivés en fin d’exercice et sont en train d’être chargés sur des wagons transporteurs pour être ramenés à leurs cantonnements de temps d’apaisement, le tout couronné par des plaisanteries prises si sérieusement qu’on obtient à la minute près l’heure du rendez-vous. La plaisanterie, la moquerie, l’ironie, n’est-ce pas le meilleur moyen d’échapper aux insupportables pressions du mensonge hystérique et de laisser se faire les choses dont s’occupent les « fameuses forces suprahumaines » de PhG ?

“Oui”, répondrait Poutine avec un sourire complice ; lequel sourire serait aussitôt examiné à la sombre et lugubre lueur de la diabolisation et interprété dans le sens d’une dramaturgie wagnérienne, avec des touches de Shakespeare et de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. La conclusion serait évidemment laissée à Beckett : “En attendant Godotski” ou “En attendant Godoutine” ?.

 

Mis en ligne le 15 février 2022 à 21H00

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Le poids colossal du simulacre-‘Russiagate’

Par : info@dedefensa.org — 16 février 2022 à 00:00

Le poids colossal du simulacre-‘Russiagate

• Toujours en tournant autour de la subcrise de l’Ukraine, avatar incertain depuis 2014 brusquement complètement intégrée dans la subcrise du système de l’américanisme avec l’élection de Trump de 2016, accélérée par sa défaite en 2019 et son remplacement par Biden, nous nous arrêtons en détails aujourd’hui au principal moteur de cette dynamique crisique qu’est le ‘scandale’ du ‘Russiagate. • Un rapport intermédiaire du procureur spécial Durham atteint le cœur de la matrice, avec la mise en cause directe de gens directement impliqués dans le montage organisée par Hillary Clinton en 2016 pour désintégrer la candidature Trump sous l’accusation de trahison au service de la Russie. • Durham, la plus haute autorité indépendante possible pour une telle enquête ne laisser aucun doute : c’est un colossal montage aboutissant à un simulacre géant. • ‘Russiagate’ a infecté nos esprits d’antirussisme hystérique et abouti à l’accusation constante d’“invasion” de l’Ukraine par Poutine. • On voit les dernières nouvelles du cirque, puis on revisite en grand détail comment ‘Russiagate’ fut mis en place.

15 février 2022 (15H30)  – Le 12 février, le procureur spécial Durham rendit son nouveau rapport intermédiaire. N’ayez crainte pour Durham, sa réputation est dure comme de l’acier trempé, c’est un de ces rares hommes de loi représentant le gouvernement aux USA, pour une enquête interne, qu’il est impossible de faire varier d’un degré ni d’un paquet de dollars quand il a une mission à accomplir. Son visage fermé, sévère, c’est presque une caricature de l’officier supérieur de justice incorruptible, et assez brutal et extrême, —dirait-on un Robespierre de l’accusation, plus qu’un Fouquier-Tinville bouffi de mensonges cyniques ?

Écoutez ce que le très-respecté constitutionnaliste Jonathan Turley dit de lui, justement à propos de l’enquête que mène Durham dont il (Turley) mesurait alors et déjà (le 5 novembre 2021) toute l’importance:

« Durham est décrit comme étant soit douloureusement méthodique, soit positivement glacial en tant que procureur. Mais il est largement reconnu pour être un procureur acharné et absolument apolitique. L'arrestation de Danchenko est un développement sismique et confirme que Durham est loin d’avoir terminé son enquête. »

Maintenant, pour le contenu, les effets, le potentiel du rapport du 12 février. On laissera pour le coup parler Trump car, en l’occurrence, il est complètement fondé de parler, et ses exclamations, ses hyperboles, ses accusations sont absolument justifiées devant cet Himalaya de scandale, de forfaiture, de tromperie au plus haut niveau de l’État Bref, c’est tout  ce qu’alimente notre haine de la Russie et de Poutine emballée dans une moraline accouchée d’une raison-subvertie fardée comme une fille, avec l’hystérie du psychopathe en pleine crise, comme cerise sur le gâteau, – aux USA certes, chez les Système’s boys-girls, mais aussi drôlement en Europe, nous qui nous sommes complètement transmutés en blocs de haine moraline.

Trump enfin, pas fâché de pouvoir être vraiment très fâché :

« L’ancien président Donald Trump a publié une réponse cinglante samedi après que le conseiller spécial John Durham ait révélé dans un document judiciaire que l’équipe de campagne (2016) d’Hillary Clinton avait comploté pour infiltrer la campagne Trump ainsi que les serveurs informatiques de la Maison Blanche afin de fabriquer des allégations de collusion russe.

» “Le dernier argumentaire du conseiller spécial Robert Durham fournit des preuves indiscutables que ma campagne et ma présidence ont été espionnées par des agents payés par la campagne d'Hillary Clinton dans le but de fabriquer une connexion totalement faussaire avec la Russie”, peut-on lire dans la déclaration de Trump.

» “C'est un scandale bien plus grand dans sa portée et son ampleur que le Watergate et ceux qui ont été impliqués dans cette opération d’espionnage et qui étaient au courant de celle-ci devraient faire l'objet de poursuites pénales.

» “Dans une période plus forte de notre pays, ce crime aurait été passible de la peine de mort. En outre, des réparations devraient être versées à ceux qui, dans notre pays, ont été lésés par cela.”

» Comme [l’actuel conseiller du président et directeur du NSC]  Jake Sullivan, – qui mène actuellement les États-Unis sur le chemin de la guerre avec la Russie au sujet de l'Ukraine ? »

Ces informations sensationnelles venues d’un procureur spécial indépendant, qui est une nomination temporaire d’une valeur suprême pour le temps de sa mission, dans le cadre constitutionnel US, donc une nouvelle qui devrait constituer un devoir d’information détaillée de la part de la presse, presseSystème incluse et au premier chef, a rencontré un silence quasi-unanime absolument stupéfiant de la part de cette même presseSystème. Seul le New York ‘Times’, dans un acte d’une extrême hypocrisie et d’un profond mépris pour ses lecteurs, en a parlé pour n’en rien dire, selon l’argument que la chose était trop complexe pour ses lecteurs, – en gros et selon les termes que le NYT devrait ne pas hésiter à employer, “vous êtes trop cons pour comprendre”. L’argument est si ahurissant qu’il laisse sans voix, – mais pas sans commentaire écrit pour notre compte :

« Un journaliste du New York Times a expliqué pourquoi le journal s'est joint à la quasi-totalité [de la presseSystème] pour ignorer l'accusation majeure de l'avocat spécial selon laquelle la campagne d'Hillary Clinton a espionné les communications de la Trump Tower, de l’appartement de Donald Trump à New York et de la Maison Blanche, dans le but de faire passer Trump pour un agent de la Russie.

» “Les accusations déposées dans les motions de l'avocat spécial John Durham dans le cadre de son enquête sur [le ‘Russiagate’] dans l'administration Obama sont essentiellement trop complexes pour les lecteurs du Times, a écrit Charlie Savage, qui couvre les questions de sécurité nationale et de politique juridique”.

» Deux jours après la publication des documents Durham, Savage écrit que les affirmations de Durham “abordent des questions denses et obscures, de sorte que les disséquer exige de demander aux lecteurs de dépenser beaucoup d’énergie mentale et de temps, – ce qui soulève la question de savoir si les médias devraient même couvrir de telles affirmations”.

» Il a poursuivi en déplorant que “les alliés de Trump dépeignent les médias comme étant engagés dans une opération de dissimulation s'ils ne le font pas”.

» L’“analyse de l’actualité” de Savage publiée lundi s’intitule “Le dépôt d'une plainte a déclenché la fureur des médias d’extrême droite, mais leur récit n’est pas cohérent”. Le sous-titre est le suivant : “Les dernières affirmations alarmistes sur l’espionnage de Trump se sont révélées fausses, mais l’explication est byzantine, – soulignant le défi pour les journalistes de décider ce qui mérite d’être couvert”. »

De toutes les façons, écrit encore Savage, tout cela est « old news », c’est-à-dire “tout le monde est au courant”, – ce qui n’est pas si faux pour notre compte, vieille canaille ! FoxNews, le seul réseau à en avoir parlé avec abondance, et avec les invectives rafraîchissantes de Tucker Carlson, relève que les réseaux ABC, NBC, CBS et MSNBC n'ont accordé aucun temps d'antenne à l’affaire tandis que CNN, royale, y consacrait deux minutes et 30 secondes.

Parallèlement nous diront quelques mots de l’“invasion”-bouffe de l’Ukraine si complètement dépendante dans sa filiation de ‘Russiagate’, – alors que les Russes recommandent à l’Ukraine, pour que tout s’arrange, d’abandonner d’elle-même l’idée d’une adhésion à l’OTAN si l’OTAN ne change pas son attitude, et que le gouvernement ukrainien semble envisager de faire des ouvertures vers les sécessionnistes du Donbass. Tout cela ne fait pas du tout l’affaire de la partie américaniste, qui a d’abord utilisé son arme favorite pour tenter de remettre Zelenski dans le droit chemin : une aide d’un $milliards pour la gloire de la démocratie, ça irait ?

En attendant, l’administration Biden et le reste continuent leur étrange et sensationnelle série de montagnes russes dans leurs réactions vis-à-vis de ceci et de cela, et dernièrement des annonces de retrait des troupes russes. Biden, qui a par ailleurs ordonné la fuite couarde de tous les militaires américanistes (« Le ‘Moment-Kaboul’ s’est déjà produit en Ukraine », écrit le Saker-US) et expliqué d’une façon très-rock’n’roll le retrait de certaines forces russes (« C’est pour mieux exécuter l’encerclement de l’Ukraine », – vision stratégique de type ‘Art Contemporain’) a conclu en réponse au retrait partiel russe, – cette fois en ne donnant ni date ni heure pour l’“invasion”, ce qui témoigne d’un sens parfait de la dissimulation tactique (l’ennemi ne doit pas savoir que vous savez ce qu’il n’a pas encore décidé de faire) :

« Le président Joe Biden continue de mettre en garde contre une éventuelle invasion russe de l'Ukraine, malgré les informations selon lesquelles la Russie retirerait certaines de ses troupes de la frontière ukrainienne.

Peu de temps après que le président russe Vladimir Poutine a déclaré mardi qu'il était ouvert à des discussions sur la sécurité avec l'Occident et que certaines forces russes quittaient leurs positions près de l'Ukraine, Joe Biden a prononcé un discours dans lequel il a déclaré qu'une invasion russe était "toujours très probable".

On reste toujours songeur et même rêveur devant les errements poétiques du président, qui ne sont pas vraiment démentis par ceux de ses collaborateurs, notamment son conseiller Jack Sullivan en attendant son inculpation par le procureur Bertham. Le Saker-US va tout à fait dans notre sens lorsqu’il donne le 15 février 2022 son explication de la psychologie, non seulement de Biden mais de toute son administration et même au-delà, jusqu’au DeepState, – qui est une façon de dire des uns et des autres,  qu’ils se trouvent dans un élan d’affirmation d’allégeance et de dépendance, comme l’on dit d’une drogue, les uns par rapport aux autres et vice-versa, comme s’il n’était plus possible de faire aucune hiérarchie, aucune direction, aucune élaboration, aucune distinction...

(Juste pourrait-on diverger un petit peu lorsque Saker-US parle des “intérêts qui dirigent” au travers de la représentation des zombies de la directionSystème ; les intérêts suivent plutôt, parce que le mécanisme est celui du fric, mais il n’a plus aucune direction, aucune stratégie, aucune ambition structurée, – sinon le fric, le fric, le fric, etc., qu’il ramasse à la suite du peloton, comme la voiture-balai du Tour de France ; ou bien, et même surtout, qu’il fait imprimer sous forme de billets par les imprimeuses promesses hypersophistiquées de la Fed.)

« Voilà l'affaire, [conclut le Saker-US]. Ce n'est pas seulement Biden qui est en état de mort cérébrale.  C'est aussi le collectif-“Biden” : tout ce qu'ils font, c'est “du vent surchauffé”, comme Lavrov l’a si bien dit aujourd'hui.  Ce que nous avons entendu ce soir n'est pas seulement les divagations d'un sénile, d'un narcissique délirant.  Ce que nous avons entendu, c'est la voix de l'État profond américain : c'est ce qu'ils “pensent” tous et c'est ainsi qu’ils “pensent” tous.

Le pourquoi et le comment de l’arrivée au pouvoir d'individus tels que Clinton, Dubya [GW Bush], Obama, Trump ou Biden, ou de leurs promesses, n'a plus vraiment d'importance.  Ce qui compte, c'est que ce sont ces gens-là qui dirigent les États-Unis (pas eux personnellement, bien sûr, mais les intérêts qu'ils représentent).  Le même genre de non-entités dirige le Royaume-Uni, d'ailleurs, mais d'une manière encore plus pompeuse et ridicule. »

... Tout cela et bien assez, finalement, pour nous rappeler que ‘Russiagate’ est le père putatif, communicationnel et psychologique, opérationnel enfin, des événements actuels autour de l’Ukraine et de cette haine extraordinaire de la Russie et de Poutine, des divagations des interférences russes, de l’armée des délateurs et des dénonciateurs, des balances et des donneuses instituées dans divers pays européens, de cette corruption pathologique extraordinaire de la psychologie.

« C’est effectivement le déchaînement de communication alliant des services officiels (CIA, FBI), la presseSystème, la bureaucratie d’un puissant parti (démocrate) sans beaucoup de résistance de l’autre (le parti républicain n’aimant guère Trump qu’il devait soutenir), ainsi que tous les moyens de corruption et d’influence aux USA et à l’étranger dans le bloc-BAO de l’“État profonds” qui a transformé la perception de la Russie, et essentiellement celle de Poutine. Nous sommes passés de l’image d’un dirigeant extrêmement ferme, résistant aux pressions occidentalistes, soupçonné d’autoritarisme et de corruption à une image d’icône démoniaque, provoquant de véritables hystéries et autres malaises physiologiques et psychologiques du genre dans la perception et le jugement. [...]

» Il est manifeste que ‘Russiagate’, qui a déclenché une cascade d’accusations d’ingérence, d’actions illégitimes, de complots de la Russie, d’attaques contre les médias russes (RT et Spoutnik), etc., constitue une dynamique créatrice d’illusions... [...]

» Il n’y a nul complot sinon des tentatives éparses et de circonstance, il n’y a nul plan diabolique sinon la pente du naufrage à pic. Nous sommes prisonniers de l’addiction des psychologies à l’illusion établie (pour ce cas, diabolisation de Poutine, ‘Russiagate’), au-delà même de la cohérence d’un simulacre bien construit. » 

Pour cette ample et vaste raison, il nous paraît assez judicieux de reprendre ce texte déjà référencé plus haut que nous avions consacré au ‘Russiagate’, lorsque assez d’éléments avaient été réunis pour décrire et comprendre de quoi il s’agissait après bien plus an de cette polémique menée au grand jour, lorsque la structure du pouvoir et de la direction US, lorsque sa psychologie s’étaient totalement immergées dans ce simulacre monstrueux. Notre intuition est que ni l’une ni l’autre n’en sortiront jamais, sinon pour entériner la rupture et la désintégration du pays.

Voici une reprise du texte du 22 mai 2017, rafraîchi essentiellement par la traduction des extraits d’articles anglais en français.

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Russiagate, simulacre extrême

22 mai 2017 – L’affaire est désormais nommée Russiagate selon un rite désormais bien établi : tout scandale d’une certain “poids” en termes de volume et de puissance de la communication, c’est-à-dire considéré du point de vue de la communication, reçoit un surnom terminé par le gate du Watergate, surnom originel emprunté au nom de l’immeuble où eut lieu le cambriolage initial d’où naquit le scandale. Le Watergate est “le père de tous les scandales” dans l’époque commençante de la postmodernité. Vieux maintenant de dix mois, le Russiagate est désormais un membre très sérieux de la confrérie. C’est tout dire : on parle désormais de destitution du président. Mais cela ne s’arrête pas là, loin s’en faut et tant s’en faut : il s’agit d’un Watergate d’une facture infiniment étrange, un néo-Watergate absolument postmoderne.

(Certains imaginent la variante plus ouverte de Trumpgate, et l’on pourrait aussi bien dire Russiagate-Trumpgate. Mais la chose est trop large, même si elle nous ouvre des horions pleins de brio. Pour notre cas, c’est bien de Russiagate spécifiquement dont nous voulons parler.)

Pour nous, si Watergate est “le père de tous les scandales” dans l’époque commençante de la postmodernité, Russiagateest “l’archétype de tous les scandales” dans l’époque en pleine surpuissance de la postmodernité ; c’est-à-dire qu’il est simulacre achevé et le modèle achevé du simulacre du scandale, selon une expression dont on verra qu’elle est paradoxale parce qu’elle désigne un phénomène contradictoire, et qui est aussi bien suicidaire que meurtrier.

Pour bien structurer notre propos, nous rappelons en quelques mots son origine en restant au plus simple. (La chose devient horriblement complexe lorsqu’on veut aller aux détails comme le montre ce texte de Rolling Stone/ZeroHedge.com du 21 mai 2017 décrivant une chronologie détaillée du scandale.) Entré dans la dernière décade de juillet 2016, on prépare la convention démocrate qui doit sacrer Hillary Clinton, dans la foulée de la convention républicaine qui vient, – l’horreur est consommée, – de nommer comme son candidat officiel Donald J. Trump. C’est alors que commence une livraison massive et coordonnée de fuites-WikiLeaks portant sur le matériel de communication (essentiellement e-mails) de la campagne Clinton et du DNC (Democratic National Committe). Les premiers éléments mettent en évidence une opération générale du DNC pour saboter la candidature Sanders, au point où la présidente du DNC, Debbie Wasserman Schultz, doit immédiatement démissionner. La défense pour sauver la convention et la candidature Clinton est aussitôt organisée en catastrophe selon l’idée que, pour détourner l’attention il faut la dés-orienter, du contenu du message vers le “messager” qui devra être assez extraordinaire et scandaleux pour justifier largement un tel détournement, aux yeux de ceux qui n’attendent qu’un signal à cet égard, et même rendre ce détournement très juteux du point de vue de la communication. En conséquence, le “messager” est aussitôt identifié conformément à l’hystérie de l’antirussisme qui baigne Washington D.C. depuis trois ans : c’est la Russie-Poutine qui manipule... Il n’y a rien, aucun signe, aucune preuve, etc., sinon l’urgence de la manœuvre dans laquelle s’engouffre aussitôt la presseSystème, soulagée en un seul soupir d’avoir quelque chose de très-consistant à se mettre sous la plume.

La tactique accouchant de la stratégie comme c’est la coutume dans l’époque postmoderne de l’inversion, il apparaît très vite que la défense tactique qui marche bien peut parfaitement se muer en une attaque stratégique qui sera irrésistible. La narrative devient quasi-instantanément que la Russie a attaqué Hillary et la DNC non pour le fait lui-même mais beaucoup plus fondamentalement parce qu’elle (la Russie) veut faire faire gagner Trump, parce que Trump est “son” candidat, son “agent”, son sous-marin en immersion, le traître-en-soi, The Siberian Candidate comme le baptisera le Prix Nobel d’Economie Paul Krugman en pleine crise d’“hystérie rationnelle”, en référence au mythe hystérique de la Guerre Froide du Manchurian Candidate. C’est-à-dire que l’on est passé de la question des documents “fuités” concernant Hillary et le DNC, au comportement général du candidat Trump, puis du président Trump. C’est fait : Russiagate est né et l’on n’en démordra plus car il est né comme simulacre complètement postmoderne, en tranchant net tout ce qui liait la situation de Washington D.C. quelque vérité que ce soit.

Il y a un texte excellent dans The National Interest, le 19 mai 2017, de Jim Geraghty, un conservateur républicain qui fut constamment anti-Trump (le groupe NeverTrump) durant la campagne, texte que signalait The Daily Caller le même 19 mai 2017. Ce texte permet de comprendre le caractère à la fois extraordinaire et inédit de Russiagate, antipodes du Watergate pour cela : l’absence totale de preuves, d’indices, de signes, etc., pour étayer l’accusation, en fait l’absence de crime dans un montage réalisé pour dénoncer le crimeRussiagate dure depuis dix mois, et depuis dix mois l’opérationnalité du “scandale” se poursuit parallèlement (puisqu’il s’agit de l’accusation d’un candidat devenu président d’agir constamment pour les intérêts russes, sous l’influence des Russes, donc nécessairement en communication avec les Russes pour recevoir les consignes afférant à sa mission) ; pendant toute cette période, par conséquent, toute la puissance de l’IC (Intelligence Community), le FBI, la NSA, la CIA, etc., a été et est orientée vers la recherche de preuves, d’indices, de signes, etc. ; et rien, absolument rien depuis neuf mois.

« Jeudi soir, les responsables de la communication de la Maison Blanche se sont empressés de mettre en avant ces commentaires des législateurs, admettant ou confirmant, qu'ils n'avaient, jusqu'à présent, vu aucune preuve de collusion entre la campagne Trump et la Russie. 

» Sam Stein, Huffington Post : “Mais juste pour clarifier la chose, il n’y za pas eu de preuve concrète jusqu’ici ?” 

» Rep Maxine Waters (D-CA) : “Non, il n’y en a aucune”.

» Gardez à l'esprit qu'il s'agit de ‘Mad Maxine’ Waters, qui commence cette interview en proclamant : “Enfermez cette bande, enfermez-les tous ! Je pense que tout cela a été fomenté stratégiquement avec des gens du Kremlin, avec Poutine”. "

» D’accord, d’accord, il est impossible que la campagne Trump ait pu trouver cette stratégie toute seule. C’est certainement le travail des services secrets russes. Vous avez résolu l'affaire, Mme la députée !

» Ensuite, un sénateur républicain qui n’a pas été un allié constant de Trump fait la même analyse.

» Sen. Lindsey Graham of South Carolina : “Il n'y a aucune preuve de collusion entre la campagne Trump et les Russes à ce jour. Je ne crois pas que le président lui-même soit une cible ou un sujet d'une enquête criminelle à ce jour. Donc, c’est ce que je sais pour le moment, et où cela va je ne sais pas. Suivez les faits là où ils vous méneront”.

» La déclaration la plus significative vient peut-être de la sénatrice Dianne Feinstein de Californie [en tant que présidente de la commission du renseignement, elle est au courant à huis-clos de l’essentiel du renseignement secret] :

» Wolf Blitzer, CNN : “La dernière fois que nous avons parlé, sénateur, je vous ai demandé si vous aviez effectivement vu des preuves de collusion entre la campagne Trump et les Russes, et vous m'avez dit, – et je vous cite, – vous avez dit : “Pas pour le moment’. Est-ce que quelque chose a changé depuis notre dernière conversation ?”

Senator Dianne Feinstein (D-CA) : “Eh bien, eh bien non… Ca n’a pas changé...”  [...]

» Wolf Blitzer, CNN : “Mais je veux juste être précis, Sénatrice. Dans tous les... Vous avez eu accès au comité de renseignement, au comité judiciaire, tous les accès que vous avez eu à des informations très sensibles, jusqu'à présent vous n'avez vu aucune preuve de collusion, est-ce exact ?”

» Senator Dianne Feinstein (D-CA) : ... Des preuves qui établiraient qu'il y a collusion ? Il y a toutes sortes de rumeurs qui circulent. Il y a des articles de journaux, mais ce ne sont pas nécessairement une preuve”.

» Feinstein est la plus intéressante car pensez à la facilité avec laquelle elle aurait pu truquer sa réponse : “J'ai vu des choses qui me troublent, Wol”, ou bien “J'ai vu des choses qui soulèvent de sérieuses questions”, ou toute autre salade qui évite le mot “non”.

» Et puis il y a eu cet article de Reuters, rapportant que Michael Flynn et d'autres conseillers de la campagne de Donald Trump étaient en contact avec des responsables russes et d'autres personnes liées au Kremlin dans au moins 18 appels et courriels au cours des sept derniers mois de la course présidentielle de 2016,

» Les personnes qui ont décrit les contacts à Reuters ont dit qu'elles n'avaient vu aucune preuve d'acte répréhensible ou de collusion entre la campagne et la Russie dans les communications examinées jusqu'à présent. Mais la divulgation pourrait augmenter la pression sur Trump et ses assistants pour fournir au FBI et au Congrès un compte rendu complet des interactions avec les responsables russes et d'autres personnes ayant des liens avec le Kremlin pendant et immédiatement après l'élection de 2016.

»  (L’article de Reuters cite des “responsables américains actuels et anciens” comme sources. Chaque fois que nous voyons les mots “anciens responsables américains”, nous devrions garder à l'esprit qu'il y a une bonne chance que telle source soit plus précisément caractérisée comme un “ancien responsable de l'administration Obama”. Cela ne signifie pas que cet ancien fonctionnaire ment automatiquement, mais simplement qu'il a un objectif particulier pour divulguer cette information, et qu'il est effectivement caché aux lecteurs...)

» ... Ainsi s'impose de plus en plus le poids de cette situation de l'absence de preuve, d'indication, de signe, etc. l'impression est résumée par ces deux paragraphes dans le texte de Geraghty, présentés comme résumant le mieux l'aspect le plus déconcertant, le plus irritant, pas loin d'être insupportable de ce “scandale”. (Il faut garder à l'esprit que Jim Geraghty n'est pas du tout un ami de Trump : ce dont il s'irrite, c'est bien de l’espèce d’hystérie qui fait qu'on ne cesse de crier au scandale, de me dénoncer le scandale comme la plus formidable évidence du siècle, sans rien montrer de probant à cet égard, en promettant pour plus tard ; etc.

» “Des législateurs démocrates commencent-ils à craindre de ne pas trouver ces preuves ? La communauté du renseignement surveille vraisemblablement toujours le gouvernement russe d'aussi près qu’elle le peut. Les gars du contre-espionnage du FBI traquent vraisemblablement les agents russes sur notre sol autant que possible. Vous imaginez bien que la NSA peut suivre à peu près toutes les communications électroniques entre les Russes et les personnalités de la campagne Trump. S’il s’était passé quelque chose de sinistre et d'illégal entre la campagne Trump et le gouvernement russe, le gouvernement américain dans son ensemble aurait eu tout intérêt à le révéler le plus rapidement possible.

» “Ils ne l'ont pas exposé avant le jour de l'élection, ils ne l’ont pas exposé avant le vote du collège électoral, ils ne l’ont pas exposé avant le jour de l'inauguration... Pendant combien de mois les meilleurs enquêteurs des États-Unis ont-ils creusé cette affaire ?” »

Certains jugent que des preuves décisives pourraient être apportées, contre la thèse du Russiagate dans son entièreté, simplement en dévoilant la véritable origine des fuites concernant Hillary et le DNCPar exemple, Alexander Mercouris et Finian Cunningham se tournent vers Julian Assange qui se trouve actuellement dans une situation nouvelle quoique toujours incertaine, déchargé des poursuites de la part de la justice suédoise mais pas pour autant au bout de ses ennuis. Ils le pressent de donner le nom de la source qui a communiqué le matériel Hillary/DNC à WikiLeaks, en ne doutant pas un seul instant (sans grand risque selon nous, tant la ficelle tenant l’entonnoir est énorme) que ce ne sera pas les Russes, et en se doutant bien, avec assez d’éléments, qu’il devrait évidemment s’agir de Seth Rich, employé du DNC et partisan de Sanders, mystérieusement assassiné le 10 juillet 2016 à Washington alors qu'il avait quitté les bureaux du DNC pour rentrer chez lui, dans des conditions et selon une chronologie qui correspondent à merveille au montage du “scandale” ; on a récemment reparlé de Seth Rich, et d’une façon notablement révélatrice...

Cette orientation d'un Assange révélant des éléments décisifs conduirait-elle à l’explosion en plein vol de Russiagate ? La simple et bonne raison répond positivement, et nous sommes conduits, nous, à répondre négativement. Ce qui anime Russiagate, c’est l’outil de l’antirussisme installé au cœur d’un formidable simulacre. Il nous paraît évident que toute tentative d’incursion d’une vérité-de-situation est vouée à l’échec selon les normes en application : soit on ridiculisera les affirmations d’Assange, et particulièrement les preuves irréfutables qu’il pourrait donner, parce que Russiagate fonctionne non seulement sans nécessité de preuves mais en régime de totale abhorration de la notion de “preuves” ; soit on ignorera les affirmations d’Assange, pour ce qui est de la presseSystème et de la pensée-simulacre autorisée par le système pour ce cas... Bref, on aura un mixage des deux, car l’on ne peut détruire un simulacre en le forçant à admettre qu’il est simulacre ; il faut attendre, et presser dans ce sens, qu’il se détruise lui-même, par ses exigences insupportables au regard des vérités-de-situation. (Pour autant, une incursion d'Assange serait une excellente chose en ajoutant une dose de désordre au désordre d'ores et déjà régnant.)

... Ainsi serait-il tout indiqué de nous intéresser à cette fonction de simulacre.

Un “simulacre trop loin”

Sur la fin de son texte, Geraghty qui a pourtant figuré comme un conservateur anti-Trump (NeverTrump) observe les démocrates, et en général tous ceux qui se classent dans le camp des progressistes-sociétaux, d’une façon telle qu’il distingue chez eux des comportements, des perceptions et des jugements qui sortent du champ de la raison et de la politique pour entrer dans celui de la croyance hystérique. Il les observe comme s’il s’agissait, par exemple, d’une secte jugeant que les grandes règles du fonctionnement de l’univers seraient effectivement faussées pour leur plus grand déplaisir si l'on ne convient pas de l'évidente félonie de Trump, comme si eux-mêmes souffraient ainsi, dans l'état où l'unanimité n'est pas acquise, d’une trahison par rapport à ce qu’ils savent et disent de la vérité du monde :

«  ...Si vous parlez aux démocrates ces derniers temps, ils ne raisonnent pas comme si les électeurs avaient simplement fait une erreur, mais comme si l’événement historique lui-même s’était trompé. Ils disent que nous vivons dans une ligne temporelle alternative, que nous vivons des événements qui ne sont pas censés devoir se produire. À leurs yeux, Hillary Clinton était manifestement beaucoup plus attrayante que Trump. Elle était en tête dans les sondages ! Elle avait tellement plus de bureaux de campagne ! Elle a dépensé tellement plus d'argent ! Elle a diffusé tellement plus de publicités ! Le résultat [Trump élu] ne peut être que le produit d'une tricherie.

» Tant de démocrates associent Trump à des menaces apocalyptiques, – le réchauffement climatique, l'instauration soudaine d'une théocratie répressive à la ‘Handmaid's Tale’, la confrontation nucléaire, les guerres raciales, – qu’ils se voient tous comme le Kyle Reese de ‘Terminator’, en mission pour sauver l'avenir. Avec cette mentalité désespérée du tout ou rien, ils insisteront toujours sur le fait que les preuves pour faire tomber Trump attendent d'être trouvées, juste au prochain coin de rue... »

Cette perception qui nous apparaît évidente nous a fait classer intuitivement le Russiagate, non comme un scandale, non comme un montage, etc., mais bien comme un “simulacre” édifié d’une façon extrêmement puissante et énigmatique quant à l’identification de ses véritables concepteurs ; cela, ce classement, dans notre texte du 20 mai 2017, où nous mettions sur un même plan Russiagate et la diabolisation de Le Pen ; mais nous n’ajoutions pas ni ne précisions cette évidence importante pour notre propos que Russiagate est une situation opérationnelle active jusqu’à être structurelle et hors de tout contrôle à Washington D.C. tandis que la “diabolisation” de Le Pen reste un élément de convenance de nature conjoncturelle, qu’on active (donc qu’on contrôle en bonne partie) avec plus ou moins de succès selon les circonstances, et qu’on conserve “dormant” quand les circonstances se normalisent :

« Nous vivons, dans le champ déterminé par le Système, dans une situation générale de simulacre, où n’existe plus aucune ontologie selon le classement établi par Platon : le Russiagate est un simulacre, comme l’est la “menace-Le Pen” au deuxième tour. »

La définition et la situation du simulacre, terme extrêmement utilisé et propre aux déconstructeurs, et donc que l’on dirait paradoxalement fondateur de la modernité (paradoxalement puisqu’il s’agit d’un fondement qui est non-fondement par définition, puisque dépourvu de toute ontologie), sont ainsi données par Jean-François Mattei (L’homme dévoyé, p.149) à partir de la perspective de Platon que nous citions nous-mêmes avec Mattei à l’esprit. L’extrait ci-dessous suit une approche théorique où ce qui est nommé “réalité” se réfère aussi bien à l’ontologie qu’à la Vérité, et par conséquent échappe totalement à une situation, celle que nous constatons, où la “réalité” a été complètement fracassée :

« Si l’on entend par le terme “réalité” tout ce qui nous apparaît dans une expérience physique ou mentale, nous sommes conduits à distinguer plusieurs niveaux d’édification de la réalité. Le premier niveau, qui a été théorisé par Platon, est celui de la modélisation. Il consiste à construire un modèle théorique à partir d’une idée directrice... [...] Ce modèle est susceptible d’engendrer la réalisation d’un nombre considérable d’œuvres scientifiques, techniques, artistiques et littéraires dont la nature est architectonique puisqu’elles sont construites sur un fondement rationnel, arché. Ces œuvres obéissent à une opération de représentation qui reste fidèle au modèle original. La copie-icône rend présente l’idée-modèle absente dans la mesure où la reconnaissance de la copie dépend de la connaissance de l’idée. Au troisième niveau de réalité, on constate une rupture : la simulation se substitue à la modélisation et à la représentation. Le simulacre, en tant que résultat de cette opération, possède un pouvoir de déréalisation des précédents niveaux de réalité en raison de son procès de virtualisation. »

La spécificité du Russiagate est double, ce qui en fait un simulacre que nous qualifierions d’extrême, échappant à tout contrôle, à toute aide et incitation venues des capacités électroniques, informatiques de simulation, des jeux électroniques, des représentations de spectacle (par exemple, les films TronMinority Report, ou la série des Matrix, auxquels Mattei fait allusion). Le Russiagate est construit essentiellement sinon exclusivement sur des éléments humains de la psychologie, et il est si extrême justement que les moyens électroniques et informatiques n’y ont aucune part sinon par la situation étrange de leur échec à renforcer le simulacre (non-production de preuves, de communications Trump-Russie, etc.). Il n’y a que la conviction hystérique, la puissance paradoxale d’une psychologie trop affaiblie pour résister à des pressions extérieures que permet sa pathologie, – pressions qui viennent à notre sens de ce que nous nommons “des forces obscures“ dont nous jugeons catégoriquement qu’elles sont hors du champ des manigances et manipulations humaines.

Le résultat est un amas de contradictions auxquelles personnes dans la “secte” progressiste-sociétale ne veut donner ni foi ni crédit, puisque si on le fait le simulacre s’écroule. Le poids de ces contradictions constitue le caractère le plus extraordinaire, et le plus chargé de potentialités catastrophiques, conjoncturellement pour Trump mais, — et c’est évidemment de loin le plus important, – structurellement et essentiellement pour le pouvoir de l’américanisme et le Système par conséquent. Scott Adams, le créateur de Dilbert que nous avons déjà souvent cité, écrit le 18 mai 2017 ... :

« C’est un assassinat [psychologique du Président Trump]. Je pense également que nous sommes en train d’assister avec les fuites récentes à la première phase de la Destruction Mutuelle Assurée de notre gouvernement. Les fuites vont détruire Trump si elles continuent. Mais si cela survient, aucun démocrate et aucun républicain anti-Trump ne sera jamais capable de gouverner dans le futur... [...] Le prochain président sera “fuité” au point de l’impotence complète. Et c’est ainsi que meurt la République... »

• La première contradiction est la plus brutale, la plus primaire ; elle est dans ce fait que l’absence totale de preuve de collusion et l’affirmation catastrophique d’une collusion obligent à des raisonnements complètement insensés. Personne ne les relève dans la presseSystème, mais un tel étalage de bêtise hystérique constitue un poids terrible pour la psychologie. Ainsi de Maxine Walters, la députée surnommée bien entendu Mad Maxine, et qui nous a déjà averti qu’il fallait que Poutine retire ses troupes de Corée du Nord, et qui avance comme preuve de la collusion puisqu’il n’y a pas de preuve, suggérant implicitement cette absurdité que les stratèges de Trump et Trump lui-même n’ont pas pu élaborer seuls de tels mots d’ordre, – ceux qui ont marqué l’action de communication de la campagne-Trump durant USA-2016 :

« “Emprisonnez-là” [Hillary], “Emprisonnez-là”, tous [ces mots d’ordre] ont été stratégiquement développés depuis le Kremlin, sous la direction de Poutine [n’ont pu être stratégiquement développés que depuis le Kremlin, sous la direction de Poutine]... »

• D’une façon plus générale, le fait que rien n’a pu donner l’indication d’une collusion malgré la capacité d’écoute et de renseignement de l’IC, par rapport à la description de la puissance de cette collusion, investit les Russes mais également Trump d’une extraordinaire puissance, à mesure, dans le champ de la capacité à dissimuler la collusion.

• D’où la contradiction extrêmement lourde à porter... L’attaque contre Trump, pour demander la destitution, suit deux axes : 1) la collusion avec les Russes, et 2) son incompétence totale, si l’on veut sa stupidité (certains jugent qu’il a l’intelligence d’un enfant). Comment concilier cette extraordinaire stupidité avec cette extraordinaire capacité à dissimuler une collusion aussi colossale ? D’un côté, l’homme est un idiot congénital, de l’autre un génie (“génie du Mal” certes, selon le simulacre, mais que nous importe dans ce cas : le génie reste un génie).

Ces différentes fluctuations viennent du fait que Russiagate est effectivement un simulacre extrême, c’est-à-dire un simulacre qui s’est installé sans aménager ni maîtriser à son image les événements en cours et qu’il s’est pourtant installé au cœur de ces événements. Ce n’est pas un simulacre par ruse, par habileté, par “consentement mutuel“, par séduction, par faiblesse, par abandon, par lâcheté, etc. ; et surtout ce n’est pas un simulacre installé par les instruments technologiques (simulation) de la postmodernité alors qu’il utilise à fond la communication de la postmodernité, ainsi mettant en opposition les deux forces de la postmodernité, technologisme et communication... Non, c’est un simulacre de conquête qui dépend du seul hybrisdes psychologies malades, un simulacre qui veut détruire tout le reste, et notamment les diverses vérités-de-situation qu’on peut trouver ici et là, éparses mais puissamment vibrantes, si l’enquêteur a du flair.

... Or ce n’est pas de cette façon que doit procéder le simulacre pour s’imposer. Le simulacre procède d’actions souterraines, d’une déconstruction furtive sinon invisible (stealthy) des ontologies impliquant parallèlement une dissolution. Il doit fasciner, séduire, conforter et apaiser, il doit susciter le consensus dont on comprendra qu’il s’agit bien entendu d’un “consensus mou” ; il doit être construit sur une logique psychologique de l’apaisement, sinon de l’endormissement, comme un stupéfiant. On est, avec le Russiagate, dans un cas quasiment contraire, avec une ou des psychologies exacerbées, un consensus chaotique, violent ou disparate, qui s’exerce au milieu de criailleries et de contestations qui se font entendre de-ci de-là, y compris de l’intérieur du Système mais aussi bien sûr autour de lui avec les pressions de l’antiSystème ; et tout cela formant un “bruit de fond” qui interfère sur les croyances, qui fait douter ou hésiter, etc.

Face à ce simulacre qui s’est ainsi formé d’une façon si audacieuse et surtout extrêmement risquée, on ne doit pas attendre de l’antiSystème qu’il contre-attaque et l’emporte, mais qu’il joue son rôle de tourmenteur parce que sa fonction est finalement de faire pression sur le Système pour le pousser à exercer sa surpuissance jusqu’à la faute qui l’obligera à développer son penchant irrésistible pour l’autodestruction, comme les déconstructeurs sont déconstructeurs d’eux-mêmes. (Mattei nous parle d’une « “époque de l’être en déconstruction” » selon Derrida, « de telle sorte que l’on ne peut échapper à cette fatalité qui frappe même le terme de déconstruction qui doit, à son tour, être déconstruit... ») L’antiSystème sous toutes ses formes, y compris avec le rappel aisé des vérités-de-situation sans nombre qui gravitent autour du Russiagate et sont régulièrement repérées, contribue largement à empêcher toute forme d’apaisement de ce simulacre. Il contribue au contraire à nourrir l’hystérisation des psychologies et à mettre en évidence que le simulacre est bien un simulacre, même si ceux qui ont cette sensation n’ont pas immédiatement la capacité de démontrer pourquoi ce “simulacre est bien un simulacre”.

Chaque jour qui passe sous l’empire de Russiagate fait penser que le simulacre extrême qu’est ce scandale est une sorte de “un simulacre trop loin” (comme l’on disait “Un pont trop loin” selon le titre du livre de Cornelius Ryan à propos de la déroute d'Arnhem en septembre 1944, au terme de l’opération Market Garden lancée par Montgomery). Les “simulateurs” eux-mêmes, ceux qui ont construit et qui soutiennent ce simulacre, sont aisément identifiés comme étant plutôt ses prisonniers. Ils n’en peuvent pas sortir, emportés par le déterminisme-narrativiste qui ne cesse d’exiger et torture l’esprit, obligés de soutenir des postures et des affirmations qui heurtent grossièrement tant de vérités-de-situation, croyant à la réalité du simulacre mais infligeant chaque jour davantage à leurs psychologies le poids de cette posture faussaire.

Il reste à l’antiSystème à pousser et à pousser sans cesse, pour que Russiagate ne cesse de s’affirmer comme une maladie s’aggrave, pour empêcher le moindre recul et le moindre repli. A quoi bon ? interroge souvent quelque antiSystème fatigué, montrant par là qu’il n’a rien compris à sa propre fonction qui n’est certes pas d’attendre et d’espérer les récompenses et autres prix d’honneur du Système qu’on attribue aux “gagnants”. Si Scott Adams a raison (« Je pense également que nous sommes en train d’assister avec les fuites récentes à la première phase de la Destruction Mutuelle Assurée de notre gouvernement. »), – et nous pensons qu’il a raison puisque nous affirmons nous-mêmes depuis plusieurs mois que ce qui est en train de se faire autour et à propos de Trump, c’est la destruction du principe, ou simulacre de principe de la fonction et donc du pouvoir washingtonien, – s’il a raison alors l’antiSystème n’a pas besoin d’un dessin pour comprendre à quoi il sert. Et nous serons alors édifié sur l’extraordinaire capacité d’autodestruction de la thèse et du concept que soutient le simulacre, en se formant tel qu’il s’est fait, – extrême” et “un pont trop loin”, dans le cas du Russiagate. Par conséquent, continuez Russiagate, et valsez saucisses !

☐ ☆ ✇ Dedefensa.org

Les Russes sont si reconnaissants !

Par : info@dedefensa.org — 17 février 2022 à 00:00

Les Russes sont si reconnaissants !

Vous êtes peut-être conscient du fait que les choses ne vont pas très bien pour les États-Unis, mais vous ne savez peut-être pas que les choses vont plutôt bien pour la Fédération de Russie. Vous pouvez également penser que la Russie est une force maléfique qui doit être contenue, ou qu’elle est dirigée par un dictateur diabolique, ou tout autre chose du genre, alors que les États-Unis sont une démocratie prospère et une superpuissance (quoi que cela veuille dire), mais cela ne fait aucune différence. Si vous avez suivi les événements récents, vous savez peut-être que la Russie a récemment présenté aux États-Unis une sorte d’ultimatum, exigeant que les États-Unis lui fournissent certaines garanties de sécurité.

Mais vous serez probablement assez surpris d’apprendre que l’octroi de ces garanties de sécurité sera automatique à mesure que les États-Unis continueront à s’effondrer et à se retirer dans leur coquille vide et en faillite, leur déroute d’Afghanistan n’étant en aucun cas la dernière. Vous ne seriez pas non plus en mesure d’apprécier le fait que les exigences de sécurité sont conçues pour rendre la retraite de l’Amérique d’Eurasie extrêmement humiliante : non seulement elle se retirera, mais elle se retirera parce que les Russes lui ont ordonné de le faire.

Une fois que ce retrait aura eu lieu, la Russie sera sans aucun doute immensément et de manière effusive reconnaissante que l’Amérique ait finalement fait face à ses responsabilités et ait fait ce qu’il fallait en se retirant d’Eurasie, remuant joyeusement le couteau dans la plaie de l’Amérique. La Russie fera alors joyeusement de la Doctrine Monroe une véritable bouchée de pain, étendant son influence, main dans la main avec la Chine, sur tout le continent américain, de l’Argentine au Mexique, laissant les États-Unis (ce qu’il en reste) bouder dans leur coin en mangeant un pot de colle. Mais il y a beaucoup plus de gratitude à avoir pour ce qui s’est déjà passé. En fait, la Russie devrait remercier les États-Unis pour tout ce qu’ils ont fait pour faire de la Russie un gagnant et des États-Unis un perdant à chaque occasion. Permettez-moi d’énumérer quelques-uns des exemples les plus importants.

1. Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, ce processus a été fortement encouragé par les États-Unis. Sur le Potomac, on pensait à l’époque que ce processus pourrait se poursuivre indéfiniment : d’abord le bloc de l’Est, puis l’URSS et enfin la Russie elle-même seraient démantelés, achetés, pillés et laissés pour morts. Cependant, quelque chose a mal tourné. Aujourd’hui, la Russie est puissante et unifiée à l’intérieur de ses frontières comme elle ne l’a pas été depuis des siècles, et elle étend même quelque peu ces frontières pour corriger des erreurs mineures dans la carte politique. La Russie est très reconnaissante aux États-Unis d’avoir lancé ce processus de redimensionnement de l’Empire russe. Cela a permis à la Russie de se débarrasser d’un grand nombre de parasites non russes, cryptiquement hostiles et inutiles, et de rassembler ses ressources pour reconstruire son noyau russe. La Russie devrait être reconnaissante aux États-Unis de l’avoir aidée à exorciser le fantôme de l’URSS.

2. Avant que l’URSS ne s’effondre, les États-Unis ont fait un effort majeur pour neutraliser sa dissuasion nucléaire, qui les avait empêchés de la détruire, par un effort connu sous le nom de Guerre des étoiles, ou Initiative de défense stratégique. Les gérontes du Politburo, dirigés par l’idiot Gorbatchev, conducteur de tracteur, ont cru à ce battage médiatique et ont capitulé. Plus tard, l’IDS s’est avérée être un enfumage complet et total. Pendant ce temps, les scientifiques et ingénieurs russes ont tranquillement poursuivi leur travail et ont finalement réussi à faire de l’IDS une réalité pour la Russie. Il y a maintenant de bonnes chances qu’une confrontation nucléaire entre les États-Unis et la Russie se déroule comme suit : une première frappe nucléaire américaine serait interceptée et le reste de l’arsenal serait détruit dans une contre-attaque nucléaire limitée. La Russie devrait être très reconnaissante aux États-Unis d’avoir inspiré ses scientifiques et ses ingénieurs à faire tout leur possible pour créer des merveilles telles que le système de défense aérienne et spatiale S-400 (actuellement déployé en Biélorussie), des missiles de croisière hypersoniques pouvant être lancés à partir de conteneurs standard depuis n’importe quel endroit de la planète, des missiles intercontinentaux suborbitaux, des torpilles à propulsion nucléaire à portée infinie, des équipements de guerre électronique pouvant rendre des pays entiers électroniquement sourds et aveugles, des batteries laser mobiles pouvant percer des trous dans les satellites et d’autres jouets de ce type dont nous n’avons même pas connaissance. Jamais, au cours de son histoire millénaire, la patrie russe n’a été mieux défendue – dans ses onze fuseaux horaires – et c’est aux États-Unis, avec leur stupide guerre des étoiles, qu’il faut en être reconnaissant.

3. La Russie devrait être très reconnaissante aux États-Unis en général et à Victoria Nuland personnellement pour avoir instigué et soutenu le renversement violent et inconstitutionnel du gouvernement à Kiev, en Ukraine, en 2014. Avant cet événement, la Russie n’avait pas prévu de reprendre la Crimée, qui s’était retrouvée par erreur comme une région autonome russe au sein de l’Ukraine. Mais les événements de cette année-là ont forcé les habitants de Crimée à revendiquer leur droit à l’autodétermination et à voter massivement pour quitter l’Ukraine et rejoindre la Fédération de Russie. Non seulement la Russie a gagné une province très précieuse sans effusion de sang, mais le retour de la Crimée a provoqué un fantastique élan d’enthousiasme et de patriotisme, propulsant le gouvernement de Moscou vers de nouveaux sommets de popularité et d’approbation. Si les choses ne se sont pas déroulées aussi facilement dans les régions de Donetsk et de Lougansk, des régions russes qui se sont retrouvées en Ukraine sur un coup de tête de Lénine, la guerre qui s’y déroule a constitué un important creuset pour le patriotisme russe, où plusieurs milliers de fiers guerriers russes se sont rendus à Donetsk et à Lougansk pour s’enrôler dans les forces de défense civile et protéger cette patrie russe des hordes nazies armées et soutenues par l’Occident. Ce conflit a également donné lieu à un important processus de tri politique interne, au cours duquel ceux qui, en Russie, se sont rangés du côté de Kiev et de ses nouveaux maîtres occidentaux se sont marginalisés et ont été expulsés du corps politique russe, sans qu’il soit nécessaire de poursuivre lourdement les traîtres et les espions. Merci, l’Amérique ! Merci, Victoria Nuland !

4. Au déclin de l’URSS, la culture occidentale, et plus particulièrement américaine, était extrêmement populaire en Russie. Les jeunes générations étaient très friandes de bubble gum, de blue jeans, de Pepsi et de rock and roll. La culture occidentale est restée très populaire tout au long des années 1990, alors que la Russie d’après l’effondrement s’est transformée en un désert économique envahi par des oligarques criminels et des mafias ethniques, et que de nombreux jeunes ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour fuir vers l’Ouest et y refaire leur vie. Certains y sont restés, tandis que d’autres sont revenus, après avoir découvert que peu de choses en Occident fonctionnaient comme prévu, et ont raconté à leurs amis restés au pays ce qu’ils avaient découvert. L’image brillante de l’Occident a été ternie par des excès très médiatisés tels que le mouvement LGBT, le radicalisme écologiste, le politiquement correct, BLM et la ‘Cancel Culture’. Entretemps, la Russie a absorbé tous les éléments de la culture occidentale qu’elle trouvait intéressants ou utiles.

C’était facile à faire, car la quasi-totalité de la culture occidentale est une culture commerciale et est à vendre à quiconque en veut un morceau. En conséquence, la société russe s’est largement débarrassée de son sentiment d’infériorité culturelle vis-à-vis de l’Occident. La Russie a désormais créé pour elle-même une version nettoyée et améliorée de l’Occident, sans tous ses horribles excès. “Merci, l’Amérique, pour toutes les belles choses que nous avons dans les magasins maintenant”, devraient dire les Russes, “Dommage que les vôtres soient maintenant vides ou pillés ou assaillis par les voleurs”.

5. Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Russie s’est retrouvée avec un important complexe d’infériorité politique, car le nouveau système politique, mis en place à la hâte dans le cadre d’une passation de pouvoir probablement inconstitutionnelle et illégale entre Gorbatchev et Eltsine (tous deux considérés aujourd’hui comme des traîtres), n’a pas fonctionné. La situation a ensuite été aggravée par les conseillers américains qui ont supervisé une campagne de privatisation largement criminelle, distribuant les biens de l’État à des oligarques politiquement liés, dans l’espoir de créer un système politique russe semblable à celui des États-Unis – dirigé par des marionnettes politiques, mais en réalité géré par un État profond oligarchique. Mais quelque chose a terriblement mal tourné avec ce plan (d’un point de vue américain). Les oligarques ont été emprisonnés ou exilés, les politiciens corrompus ont été éliminés ou emprisonnés, et une nouvelle génération de politiciens et de fonctionnaires a pris le relais. Le système électoral est devenu bien organisé et transparent, les services gouvernementaux sont devenus numériques et, dans de nombreux cas, automatisés, et la bureaucratie russe n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était auparavant. Pendant ce temps, les Américains ont refusé d’élire à la présidence une horrible bique grinçante du nom d’Hillary et ont préféré élire un bouffon de type animateur de télé-réalité. Ils ont ensuite passé quatre ans à essayer de le chasser du pouvoir. Ils ont fini par l’évincer grâce à une fraude électorale massive et l’ont remplacé par une marionnette sénile qui lit les instructions de son téléprompteur (“Souriez et saluez. Merci !”) avant d’être prise par la main et escortée hors de la scène par sa femme. Son acolyte est une call-girl exotique qui n’est pas sénile mais manifestement très très stupide. Et ça ne s’arrête pas là. Il y a, par exemple, le porte-parole du département d’État, Ned Price, qui dit : “Toute question qui ne me plaît pas est de la propagande russe”. Et tous les écoliers connaissent la fabuleuse et inepte porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, qui est si stupide qu’elle est devenue une nullité populaire. Il y a généralement une dose quotidienne de cirque politique américain dans les informations russes du soir, et cela a été très efficace pour guérir les Russes de leur complexe d’infériorité politique. Merci, l’Amérique, de mettre en avant votre idiotie politique !

6. Jusqu’à récemment, la Russie portait le terrible fardeau d’un secteur de production agricole et alimentaire dysfonctionnel, à moitié détruit par la dékoulakisation et la collectivisation de l’ère soviétique. Au moment de l’effondrement de l’URSS, la Russie était dépourvue de toute sécurité alimentaire et dépendait abjectement des importations alimentaires. Les sanctions imposées à la Russie après 2014, suivies de contre-sanctions contre les importations de denrées alimentaires, ont conduit à une résurgence de l’agriculture russe qui a entraîné une vague de remplacement des importations et a connu un tel succès que la Russie est désormais non seulement largement autosuffisante en matière d’alimentation, mais aussi un exportateur majeur de denrées alimentaires. Ce sont les sanctions occidentales qui sont à l’origine de cette évolution, et la Russie devrait leur en être très reconnaissante.

7. Récemment, la poursuite aveugle des technologies vertes en Occident, associée à des jeux géopolitiques et à la diminution des réserves de combustibles fossiles, a fait grimper les prix de l’énergie en Occident. Cela a été une aubaine pour la Russie, car de nombreuses entreprises occidentales, confrontées aux prix élevés de l’énergie et à un réseau électrique de plus en plus imprévisible et peu fiable, ont été contraintes de délocaliser leur production en Russie. De nombreuses parties sont à blâmer pour cela, mais grâce à leurs efforts, la Russie redevient un centre manufacturier majeur et rivalisera peut-être un jour prochain avec la Chine dans sa production. Il faut remercier les écologistes, les fanatiques de la sécurité nationale et les politiciens occidentaux désireux de faire du foin en utilisant la russophobie, mais la Russie leur est très reconnaissante à tous pour l’aide qu’ils lui ont apportée afin qu’elle connaisse un tel succès en si peu de temps.

Je pourrais continuer à exprimer ma gratitude au nom de la Russie, mais je ne le ferai pas. C’est assez de gratitude pour une journée !

 

Le 10 février 2022, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone

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Le bras d’honneur fait à l’“Empire”

Par : info@dedefensa.org — 17 février 2022 à 00:00

Le bras d’honneur fait à l’“Empire”

• Anecdotique ? Plutôt symbolique d’une époque où les coutumes de respect soumis devant les injonctions impériales de Washington D.C. se perdent dans les souvenirs lointains. • Le message vient du président du Salvador Bukele, personnage éminemment postmoderne qui se désigne lui-même comme “PDG du Salvador”. • Le Salvador a décidé d’adopter le bitcoin, ce qui déplaît au Congrès et au FMI. • La réponse tweetée de Bukele à trois sénateurs :  « OK boomers », suivie du rappel que le Salvador n’est ni une colonie ni le paillasson de l’“Empire” en état de sénilité.

 

« OK boomers », tweete le président du Salvador Nayib Bukele à trois membres de l’honorable Sénat des États-Unis qui adressent une réprimande à ce pays sous forme de projet de lois qui aurait pour un peu, pour si peu, un ton menaçant. Dans le jargon fleuri de notre époque des temps-devenus-fous, l’expression « OK boomers » qu’on se doit de laisser dans sa langue originale signifie à peu près “vieux cons”, cela justifiant l’interprétation d’un bras d’honneur.

(Ce geste chronologiquement antérieur au “doigt d’honneur” même si de la même famille, signifie, en plus ambitieux quoique moins facile pour un automobiliste au volant, la même injonction d’“aller se faire foutre”.)

Toutes ces explications un peu lestes ne sont pas inutiles avec un Bukele, élu en 2019, s’auto-désignant d’abord comme « le dictateur le plus cool du monde », puis comme le « PDG [CEO] du Salvador » en même temps qu’il relativisait le dollar (choisi en 2001 comme “monnaie nationale” par des prédécesseurs bien sagement en rang et en ordre) en installant le bitcoin comme seconde “monnaie nationale” en juin 2021. La chose a été fort peu appréciée par le Système, comme un geste méritant un sévère avertissement.

Précisions factuelles, avec tweets à l’appui :

« “OK boomers”, a tweeté Bukele mercredi soir. “Nous ne sommes pas votre colonie, votre arrière-cour ou votre paillasson sur le devant. Ne vous mêlez pas de nos affaires internes. N'essayez pas de contrôler quelque chose que vous ne pouvez pas contrôler”. Il a ajouté que les États-Unis ont “zéro juridiction” au Salvador, une nation souveraine et indépendante. [...]

» Bukele a poursuivi en postant une vidéo de 10 secondes du président américain Joe Biden parlant de souveraineté et de liberté mardi, dans un discours sur l'Ukraine. “Cela inclut le Salvador ? N'est-ce pas ?”, a-t-il re-tweeté. »

Il est vrai qu’il est de bon ton de s’inquiéter depuis que le Salvador, à l’insu du plein gré du Système, et sans doute profitant des préoccupations covidiennes et des balbutiements de Joe Biden, a installé le bitcoin comme seconde “monnaie nationale” . Il est également précisé que le “PDG du Salvador” a fait progresser son projet depuis juin 2021, qui est « d’utiliser les volcans du Salvador comme source d’énergie pour extraire la crypto-monnaie numérique ».

Après un temps d’attente suivant la décision de juin 2021 et constatant que le garnement persistait, le FMI, en première ligne, avait fait le 24 janvier 2022 de bien gros yeux au président du Salvador, lequel répondit sur le même ton assez leste qu’il semble décidément affectionner (Trump l’avait rencontré en 2019 et avaiot copiné avec lui).

« ... Le FMI a affirmé que la décision du Salvador d'adopter le bitcoin comme monnaie légale l’année dernière “comporte des risques importants pour l’intégrité financière du marché, la stabilité financière et la protection des consommateurs.”

» Le FMI a appelé à une “réglementation et une surveillance strictes” du bitcoin dans le pays et a exhorté le gouvernement à “réduire la portée de la loi sur le bitcoin en supprimant son statut de monnaie légale”. “Certains administrateurs ont également exprimé leur inquiétude quant aux risques associés à l'émission d'obligations adossées à des bitcoins”, ajoute le FMI. [...]

» Bukele avait [répondu] par un tweet le 25 janvier en représentant l’organisation [par un dessin] du personnage bouffon emblématique des Simpsons, Homer Simpson, marchant sur les mains. “Je vous regarde, FMI. C’est très bien”... » 

Cette fois, ce n’est plus le FMI, mais le tout-puissant Sénat des États-Unis. On ne plaisante plus ! Quoique Bukele, lui, plaisante toujours, et c’est une excellente manière de faire...

Mais écoutons les dignes sénateurs, gens sérieux qui n’acceptent d’être corrompus qu’en dollars et qui conçoivent que la politique la plus vertueuse est celle des sanctions, qu’il ne convient pas d’affaiblir en affaiblissant le dollar ; et là-dessus, lorsqu’il s’agit de défendre l’instrument de la coercition illégale-globale, les sénateurs redeviennent bipartisans, et les républicains ne se préoccupent plus du danger gauchiste-wokeniste des démocrates. Il faut noter qu’ils ont le sens de l’exclusif monopolistique : ils critiquent l’emploi du bitcoin pour l’aide qu’il apporterait au blanchiment de leur argent par les cartels de la drogue, l’opération étant effet réservée exclusivement à la CIA qui fut l’une des grandes créatrices du trafic de la drogue sur une échelle industrielle et globale dans les années 1980.

« Le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Menendez (D-New Jersey), s'est joint aux républicains Jim Risch (Idaho) et Bill Cassidy (Louisiane) pour proposer la loi ACES (Accountability for Cryptocurrency in El Salvador), exigeant du département d'État américain qu'il produise un rapport et un plan pour faire face à l'adoption du bitcoin par le Bukele.

» L'adoption du bitcoin par le Salvador “soulève des préoccupations importantes quant à la stabilité économique et à l'intégrité financière” du pays d'Amérique centrale et “a le potentiel d'affaiblir la politique de sanctions des États-Unis, en donnant du pouvoir à des acteurs malveillants comme la Chine et les organisations criminelles organisées”, a soutenu le sénateur Risch.

» “Si les États-Unis souhaitent lutter contre le blanchiment d'argent et préserver le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, nous devons nous attaquer de front à ce problème“, a déclaré Cassidy, ajoutant que la politique de Bukele “ouvre la porte aux cartels de blanchiment d'argent et sape les intérêts américains”. »

« OK Milennials » ! Pas si vite et pas si bête, ni si anecdotique que cela. La nouvelle, tout comme le personnage, présentent bien des points intéressants ; pour une fois, le Wiki de Nayib Bukele n’est pas inintéressant. Jeune homme de son temps jouant aussi bien au musulman qu’au chrétien, “dictateur cool” et inclassable, applaudi au début par Washington parce qu’il a la curieuse idée de prendre le parti de Guaido au Venezuela, il se retrouve antiSystème parce que, si proche géographiquement des USA jusque dans leur arrière-cour, il établit de bonnes relations avec la Chine et choisit le vaccin chinois anti-Covid. Puis, l’affaire du bitcoin, qu’il est inutile de détailler en termes monétaires et économiques (nous en serions bien incapables) mais qui doit être d’abord considérée dans sa dimension politique et de communication, sinon dans sa dimension symbolique d’insulte faite au dollar avec risque d’infection gangrenée.

On prendra alors soin de ne pas faire un événement géostratégique de quelques tweets malpolis : le Salvador n’est pas l’Ukraine. Mais, comme l’on sait, et le cas ukrainien lui-même le montre à profusion, la géostratégie n’est plus un acteur dynamique central mais tout juste un cadre d’activité, où le système de la communication règle les événements. L’on trouve là, justement, avec cet épisode presque anecdotique, un bel événement de communication en quelques phrases, à la fois insolentes et de lèse-majesté. On voit mise en évidence une sorte de démarche un peu bouffe, mais pourtant associant des amitiés chinoises à une mise en cause du dollar, tout cela dans l’arrière-cour de l’“Empire“ délabré... Cela n’est pas grand’chose et pourtant l’on doit ressentir, par rapport à l’atmosphère ainsi en cours de transformation, quelque chose de considérable, ou plutôt quelque chose qui entre dans la dynamique de changements absolument considérables.

A la limite, pour les sénateurs de Washington D.C., le cas du Salvador est bien plus alarmant pour l’avenir proche que les cas des vénérables Cuba et Nicaragua, depuis longtemps enfermés dans leur vieille forteresse antiaméricanistes qui n’a plus guère de dynamisme prosélyte. Au contraire, Bukele introduit, au travers de la plaisanterie, de la raillerie irrespectueuse, une dimension nouvelle, très “milléniale” de ce qui devient de l’antiaméricanisme tout à fait dans la tendance et dans la mode du jeunisme, alors qu’il y a tant de traits chez Bukele qui devraient le rapprocher du simulacre américaniste, de ses dimensions-GAFAM et des réseaux sociaux de l’illusion de la liberté manipulée par la CIA. Mais non, et c’est bien ceci qui doit nous arrêter : il a bel et bien tendance à se retourner contre le pseudo-modèle.

Les dignes sénateurs, eux, qu’ils soient démocrates ou républicains, n’aiment pas qu’on vienne fouler aux pieds sur leur paillasson des choses aussi vertueuses que le dollar et le FMI, ni qu’on rameute l’ennemi chinois dans la basse-cour. Chacun reprend ainsi son vrai visage.

Quoi qu’il en soit des acrobaties monétaires et des théories économistes, il nous étonnerait que les mandarins du Système acceptassent sans autre forme de procès que cette sorte de cancer du bitcoin prospère aussi proche de la matrice fondamentale du dollar : sans même savoir de quoi il retourne et quelles sont les conséquences s’il y en a, on identifie ici, dans le champ des us et coutumes du Système, un fait singulier qui se révèle assez proche de l’inacceptable. Peut-être vont-ils commencer à gesticuler et à menacer d’une invasion, – une vraie, celle-là, – de la sorte qu’ils ne sont plus capables de faire

Peut-être anecdotique si l’on s’en tient à l’aspect quantitatif de la puissance et de la “brute force” (le Salvador est un petit pays), mais sans aucun doute significatif si l’on se tourne vers le point de vue qualitatif (la symbolique de l’“air du temps”).

 

Mis en ligne le 17 février 2022 à 10H35

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T.C.-103 : La Grande-Crovid

Par : info@dedefensa.org — 8 février 2022 à 00:00

T.C.-103 : La Grande-Crovid

8 février 2022 (19h20) – On observera que toutes les brutales péripéties que nous connaissons, autant de subcrises (cette latinisation de la chose me sied à merveille) de la Grande Crise, ont une parenté avec la subcrise majeure du Covid ; au point, cela, où nous faisons alternativement de cette subcrise majeure une “Grande-Crovid”, intégrant “crise” et “Covid”. Voilà pour la sémantique complotiste, appuyée sur un sentiment désormais universel :

« Covid19 est désormais complètement une affaire politique, un abcès de fixation d’un affrontement où les perceptions sont entre un pouvoir qui veut se saisir du plus de moyens de coercition qu’il peut, et de populations qui interprètent désormais ces actions Covid comme la mise en place systématique d’un cadre de surveillance confinant à la tyrannie. »

Le ‘Freedom Convoy’ est lié au Covid, mais il a aussi une ramification puissante vers la colère intérieure des États-Unis où s’organisent des ‘American Freedom Convoy’. La crise-bouffe de l’Ukraine où l’on attend l’invasion comme d’autres attendent Godot est évidemment l’indiscutable bâtarde de l’antirussisme complètement affectiviste du bloc-BAO ; elle est bâtarde activée comme grotesque bouée de sauvetage d’un président sénile aux abois, au cœur de la crise de l’américanisme elle-même activée par le Covid... Le serpent se mord la queue.

Tout cela, on en conviendra se trouve à un point de paroxysme, – un de plus, certes, – qui mérite une observation et une réflexion générale. On n’oserait dire qu’il s’agit d’un point d’inflexion décisif mais on conviendra qu’il s’agit d’une belle accélération dans le processus. Les accélérations se succèdent et ne rétrogradent jamais ; nous les conservons et la suivante s’ajoutera à l’élan ainsi acquis. Quand tout cela se dénouera-t-il ?

Question sans importance, le sort du nœud gordien dépend des forces supérieures qui nous mènent sans dénier nous en informer (nous gâcherions tout). Elles seules, ces forces supérieures qui nous emportent, disposent du secret qui permet de dénouer ce nœud sacré, car ces forces ont des habiletés sublimes qui les dispensent de la brutalité humaine : elles ne tranchent pas, elles dénoueront et alors paraîtra quelque chose d’entièrement nouveau, à notre complète surprise. J’espère que cela nous rendra humbles.

Restons à notre niveau et voyons de plus près de quoi il s’agit.

La magie du ‘Freedom Convoy

Dernier venu, premier servi. Le ‘Freedom Convoy’ semble avoir atteint le point de non-retour d’une sorte d’institutionnalisation. Il semble bien difficile que les autorités canadiennes puissent s’en défaire par la simple action de police, voir plus (l’armée ?), au risque de provoquer des violence qui pourraient transformer la crise en crise de régime.

On notera trois points qui nous paraissent importants, dans une action qui rappelle à certains celle des Gilets-Jaunes, mais avec la différence de la mobilité et du poids : lorsque vous êtes dans un camion de 35 tonnes, votre voix se fait plus et mieux entendre.

• Le premier point est le passage quasiment automatique d’une revendication étroite (“pas de vaccination obligatoire pour les routiers”) à une revendication plus large dans le même domaine (“plus de contraintes sanitaires”) à une revendication politique universelle (“plus d’atteinte aux libertés”). L’extension du mouvement, – dont on ne sait jusqu’où elle ira et ce qu’elle produira, – se fait par simple éveil d’une colère latente qui touche toutes les sociétés, marque de la Grande Crise de civilisation.

• Le deuxième point est l’extension géographique du mouvement, d’autant plus aisé qu’il existe dans ce cas précis des routiers, technologiquement et psychologiquement, un formidable potentiel de rébellion pour la même raison que ci-dessus (« L’extension du mouvement [...] par simple éveil d’une colère latente qui touche toutes les sociétés, marque de la Grande Crise de civilisation”). Les prévisions abondent :

« À l’instar des camionneurs canadiens à Ottawa, un nombre croissant de manifestations inspirées par les camionneurs semblent prendre de l'ampleur dans le monde entier, avec des groupes qui se forment aux Pays-Bas, en Autriche, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. [...]

» “Je pense que vous commencez à voir ce qui va devenir un grand mouvement mondial pour mettre fin à ces contraintes”, a déclaré Brian Brase, coorganisateur de la manifestation américaine, à Fox News le 6 février, en faisant référence aux exigences en matière de vaccins. “C'est une violation de vos droits de l'homme que d'être obligé de prendre ce vaccin. Si vous le voulez, allez le chercher, mais être mandaté pour le faire, nous nous élevons contre cela. Nous pensons que c'est mal”. »

• Pour ce troisième point, il n’en faut pas démordre : le ‘Freedom Convoy’ déploie sous nos yeux, pour ceux qui regardent et entendent, la fantastique puissance de la communication, la complexité incroyable, à la manière des rhizomes de Deleuze déployés contre les thèses et les influences de Deleuze, d’un enchevêtrement de réseaux, de vidéos, de texto, de transmissions, de groupes de discussion, de réunions filmées, de consignes. Nul ne sait qui en est la tête, et ainsi existe une décentralisation formelle qui rend extrêmement difficile d’intervenir efficacement. On ajoute à cela, du fait des spécificités des routiers, une formidable capacité de mobilité géographique et un “poids” mécanique considérable. Nous avons nommé cela, cette forme de guerre de la communication : une guerre hybride du type-G5G.

Nous passons à la subcrise de l’Ukraine, qui est une autre sorte de guerre hybride modernisée G5G, mais cette fois dans la spécialisation du simulacre et de son entraînement, par déterminisme-narrativiste.

Un ‘Freedom Convoy’ pour l’Ukraine ?

Il nous semblerait que, pour tenter d’obtenir de vrais résultats dans l’étrange subcrise de l’Ukraine, notre-président français & européen eût été plus avisé d’aller à Washington D.C., saluer poliment Joe Biden et se mettre à la recherche de quelques-unes des tentacules de DeepState. Encore n’aurait-il eu aucune certitude d’aucun résultat, tant la cause centrale de la dynamique de cette affaire ukrainienne, justement n’est ni centrale ni réunie en une seule dynamique mais à un ensemble de mobiles dans lequel il faut placer, – soyons justes, – Joe Biden lui-même.

Quoi qu’il en soit, réélection oblige, Macron est bien allé à Moscou. Il l’ignore sans doute, mais ce qu’il restera de cette rencontre, c’est ceci, en forme de plaquette du type “souvenir de Moscou”, cette éblouissante tirade de Poutine à l’intention de la presseSystème parisienne interloquée :

« Ce n’est pas nous qui avançons vers l’Otan mais l’Otan qui avance vers nous. C’est pour le moins faux d’un point de vue logique de dire que la Russie se comporte de manière agressive. C’est l’infrastructure de l’Otan qui se rapproche de nous. [...] Pourquoi l’adhésion de l’Ukraine est dangereuse ? Parce qu’il y a un problème. Les pays européens, y compris la France, estiment que la Crimée est une partie de l’Ukraine. Et nous croyons que c’est une partie de la Fédération de Russie. Et si l’on entreprend des tentatives pour changer cette situation par des moyens militaires, alors que dans les textes doctrinaux de l’Ukraine il est écrit que, d’abord, la Russie est une ennemie, et ensuite, que la reprise de la Crimée par des moyens militaires est possible ? Imaginez que l’Ukraine soit membre de l’Otan. L’Article 5 n’est pas supprimé ; au contraire Mr. Biden a dit récemment qu’il était absolument impératif et qu’il serait appliqué. Donc il y aura une guerre entre la Russie et l’Otan. J’ai déjà posé cette question la dernière fois : “Est-ce que la Russie doit entrer en guerre contre l’Otan ?” Mais il y a une autre question : “Et vous, voulez-vous entrer en guerre contre la Russie ?” Demandez à vos lecteurs, vos spectateurs et vos internautes : “Voulez-vous que la France entre en guerre contre la Russie ?” Ce sera le cas.” »

Le même jour où Macron était à Moscou et obtenait l’engagement de Poutine de ne pas vouloir un conflit en Ukraine, ce que le Russe répète depuis des années, la porte-parole du ministère des affaires étrangères Maria Zakharova donnait son analyse de la situation sur son compte ‘Instagram’ :

« Selon elle, les gouvernements américain et britannique ont inventé une “menace russe” et diffusé des informations pour faire une provocation sur une éventuelle invasion de l'Ukraine afin de lancer un “combat héroïque” puis de déclarer haut et fort leur “victoire”. C’est une occasion pour eux de détourner l'attention de leurs problèmes intérieurs et de redorer leur image après l’échec en Afghanistan, a affirmé lundi Maria Zakharova sur sa chaîne Telegram.

» Sur un ton sarcastique, elle a noté que “le temps passe et la Russie n'attaque pas l'Ukraine”, ajoutant que l'intention des États-Unis, commanditaires de cette “musique”, et celle de leurs alliés britanniques, est “évidente”. »

Zakharova aurait pu s’abstenir d’évoquer le Royaume-Uni, partie complètement négligeable dans cette affaire, et s’en tenir aux questions intérieures US. Le cas est singulier d’entendre le directeur du NSC et conseiller du président pour les affaires de sécurité nationale dire à la suite que les USA envoient des forces dans les pays de l’OTAN frontaliers de la Russie, que c’est uniquement défensif parce que les Russes pourraient aussi bien attaquer « demain que dans les semaines qui viennent », alors que les Ukrainiens continuent à répéter que ces prévisions (US) sont complètement erronées et déformées.

« Sullivan a toutefois insisté sur le fait que l'envoi de 1 700 soldats américains en Pologne, dans le cadre d'un déploiement de 3 000 hommes en Europe, n'avait pas pour but d'aggraver les tensions dans la région, ce que l'Ukraine elle-même a accusé l'Occident de faire ces dernières semaines.

» Les forces déployées, a déclaré M. Sullivan, “n'ont pas été envoyées pour combattre les forces russes en Ukraine”. Elles sont là pour “défendre nos alliés de l'OTAN” et pour envoyer un “message clair” à la Russie, à savoir qu’une “agression” contre ces alliés entraînera une “réponse ferme”, a-t-il déclaré.

» Sullivan a affirmé qu'il existe une possibilité “très nette” que la Russie envahisse l'Ukraine, peut-être même “dès demain”. »

Aujourd’hui, les gens les plus acharnés avec les Russes à démentir la possibilité très rapprochée d’une attaque russe se trouvent chez les Ukrainiens eux-mêmes, qui commencent à se douter de quelque chose. Il y a deux semaines, Zelenski avait commencé dans ce sens, lorsqu’il déclarait :

« “Il y a des signaux même de la part de dirigeants d’États respectés, ils vont jusqu’à dire qu’il y aura une guerre demain”, a-t-il déclaré aux journalistes à Kiev. “Ce n’est rien d’autre que de la panique, et imaginez combien cela coûte à notre État [en termes économiques] ?”. »

Ce qui revient à une équation assez simple : le “parti de la guerre” américaniste veut à tout prix une guerre avec la Russie et Biden ne veut à aucun prix qu’un soldat US y soit engagé. Les deux tendances s’entendent donc pour le moment à répandre une communication hystérique, extraordinairement retransmise par une presseSystème qui n’a plus aucun frein à sa totale soumission ; la condition expresse avancée pour l’instant, à l’insistance de Biden, est qu’un tel conflit attisé par les USA se fasse jusqu’au dernier Ukrainien. Zelenski apprécie moyennement et il est aujourd’hui conduit à le dire, ayant conclu que les USA ont autant besoin de lui qu’il n’a lui-même besoin des USA.

La manœuvre est claire et nous ramène à notre propos. Biden, sa direction & sa clique n’ont pas tant besoin de détourner l’attention du public des problèmes intérieurs, – le public n’a, pour une grande part, pas encore découvert que l’Ukraine existe, – il a besoin de maintenir un semblant d’hégémonie à l’extérieur pour tenter de maintenir en place l’autorité fédérale par rapport à ses États de l’Union. A cet égard les avatars des contraintes anti-Covid imposées par Biden et repoussées par nombre d’États de l’Union, – ou bien la déroute de la nouvelle politique migratoire, –  lui font bien plus de mal que la déroute en Afghanistan. C’est dire quel malheur ce serait si l’on rajoutait là-dessus la formation d’un puissant mouvement ‘Freedom Convoy’. En ce sens, le destin du gouvernement d’Ottawa est beaucoup plus important pour Biden que le destin du gouvernement de Kiev.

C’est ainsi que la Grande Crise, la Grande-Crovid, achève sa grande orbite d’une révolution dont le terme la ramène au début de cette aventure. A nouveau, le serpent se mord la queue.

C’est ce qu’on nomme, entre forces supérieures, une “synthèse orbitale”. Elle nous mène sans que nous en ayons la moindre conscience, vers le terme de cette aventure...

Sous le désordre, le sens.

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Du suprémacisme de la bêtise

Par : info@dedefensa.org — 18 février 2022 à 00:00

Du suprémacisme de la bêtise

18 février 2022 (06H40) – Il est vrai qu’on peut penser sans réellement chercher la petite bête, que la politique étrangère britannique, essentiellement ici pour la subcrise ukrainienne, brille par son étonnant illogisme, voire son nihilisme, – voire si je veux briller par mon vocabulaire, – son auto-néantisation. Mais pourtant... Je découvre un autre qualificatif de cette politique, pas de mon chef mais dans celui d’un excellent historien et commentateur, le professeur John Laughland : la bêtise, qu’il a la sagesse de placer au-dessus des conspirations sans nombre qui ne cessent de peser sur notre dialectique... Voici ce qu’il dit :

« Il y a une très grande médiocrité... Très souvent, la bêtise explique plus de choses que la conspiration en politique. Il y a une très grande médiocrité au sein des élites britanniques en général, et en particulier au sein du Foreign Office et je pense que c’est la seule explication que je puisse vous donner. C’est la bêtise et l’entêtement idéologique. »

Je me réfère ici à une émission de Rachel Marsden, formidable journaliste d’origine canadienne (anglophone), qui a travaillé aux USA dans nombre de grands organes d’information, qui a pris en charge son émission, la bien-nommée ‘Désordre du monde’ sur ‘Spoutnik-français’. (Marsden fait toutes ses émissions en français, et ses interlocuteurs, même lorsqu’ils sont anglophones, font de même.) Elle a un superbe carnet d’adresse, tout le monde l’appelle très chaleureusement “Rachel”, y compris John Laughland dont il est question ici (sur ‘Désordre du monde’, le 16 février, avec texte et vidéo).

Marsden introduit son émission sur une analyse de la politique étrangère du Royaume-Uni, traçant un tableau rapide des divers éléments ayant présidé à l’engagement extrêmement fort de ce pays, au côté des USA, voire à certains moments en avant des USA, dans l’actuel paroxysme ukrainien et antirusse.

« Se précipiter à l’extérieur en faisant semblant de s’occuper des soucis des autres est un bon moyen de ne pas faire face à ses propres problèmes intérieurs. C’est ce que semble se dire Boris Johnson, accusé d’avoir enfreint le confinement qu’il a imposé à ses concitoyens lors de la crise sanitaire. L’affaire qu’on appelle ‘Partygate’. Des révélations qui ont conduit à des appels à sa démission et à un vote de défiance. S’il semble tenir bon, c’est parce qu’il a l’air de s’investir au maximum sur la scène internationale.

» Dans le cadre de son escalade verbale contre la Russie à propos de l’Ukraine, Johnson prétend “craindre pour la sécurité de l’Europe”. Le 13 février, le Daily Mail révélait que l’hôte du 10 Downing Street souhaitait mener un “blitz diplomatique” en Europe afin d’“éviter la guerre en Ukraine”. »

En réponse à cette introduction, l’analyse de Laughland est encore plus radicale, lui-même montrant une sorte de désabusement profond à l’image de ce qu’il décrit. Justement, il écarte complètement les diverses considérations extérieures et va au fond ; il développe ainsi le constat d’une situation désormais devenue ontologique, qu’on retrouve tout au long de ses prises de position ; un constat qui revient, comme on l’a vu plus haut, à celui du nihilisme.

« L’approche belliqueuse de Londres n’est pas du tout la conséquence de quelques ennuis intérieurs [en référence au ‘Partygate’, NDLR]. La politique étrangère britannique est depuis longtemps d’une russophobie déconcertante... »

Plus loin, il précise à ce propos, toujours avec ce ton, qu’on sent décidément complètement désabusé tant il juge la politique extérieure britannique complètement informe, sans le moindre sens, molle comme un chewing-gum et liquide autant qu’insaisissable qu’une irritante goutte de mercure, – comme paralysée dans une sorte de sable mouvant qui serait une “boue mouvante” au centre d’un marigot qui les emprisonne absolument...

« ...La Grande-Bretagne suit les États-Unis dans une aventure idéologique dénuée de sens. Elle s’est investie de façon excessive dans l’alliance atlantique... »

Pour ce qui concerne l’épisode actuel, on cite les diverses “alertes” qui ont retenti au sein du bloc-BAO depuis quelques semaines (on pourrait d’ailleurs aussi bien dire “depuis quelques mois”, et même “depuis quelques mois”). Le gouvernement britannique s’est trouvé en première ligne pour annoncer sa mobilisation, qu’il se trouvait sur le pied de guerre, qu’il se tenait prêt, que c’était la civilisation qu’il entendait défendre devant tous les signes d’alarme dont bourdonnaient les services de renseignement occidentaux, particulièrement ceux des pays anglo-saxons, plus encore ceux les britanniques.

« Il n’y a aucun nouvel élément, bien au contraire. Londres est sur une vision je dirais extrêmement  idéologique de son conflit avec la Russie, là où les pays continentaux (Allemagne et France) ont une ligne plus nuancée, une ligne diplomatique en fait. Macron a même essayé de désamorcer la crise, le chancelier allemand aussi. Londres est ce qu’il y a de plus agressif et de plus belliqueux, je dirais même davantage que Washington... »

Est-ce à dire que le Royaume-Uni est prêt à la bagarre, que même et éventuellement il la souhaite ? Laughland admet que cette posture s’appuie sur « une puissance militaire [britannique] importante en Europe », et que les dirigeants britanniques peuvent juger que cet argument peut renforcer leur position générale en Europe, après l’érosion brutale d’influence qu’a suscité le Brexit.

Pourtant, non... Sur ce terrain d’une posture agressive et flamboyante contre la Russie, le Royaume-Uni s’en tient aux insultes habituelles qu’il tempère radicalement, aussitôt, par une promesse de non-engagement, selon une posture qu’on jugerait presque, d’ailleurs à l’image imitative du comportement américaniste, ’isolationniste” (“Splendid Isolation” ? ...A part qu’on cherche la splendeur qu’on lui voyait à la fin du XIXème siècle).

Ainsi pourrait-on penser que les deux compères anglo-saxons vont de pair, presque comme avec une sorte de mimétisme qui les fait agir et réagir de même façon : le simulacre, la fureur devant les autres forces qui existent, l’arme principal de l’anathème dialectique, encore une fois le suprémacisme anglo-saxon dans le débusquement des dangers. L’affirmation de ce suprémacisme (sans autre précision, BLM veille) est abruptement suivie d’une affirmation presque grandiloquente qu’il n’est pas question qu’un seul de leurs soldats se batte pour l’Ukraine qu’ils viennent d’exhorter à ne pas craindre de se dresser pour ne faire qu’une seule bouchée de cette “invasion” russe.

« Londres dit depuis au moins dix jours que jamais un seul soldat britannique ne sera envoyé en Ukraine. Les quelques militaires sur place sont rapatriés. C’est tout le côté absurde de cette posture puisqu’aucun pays de l’Otan ne se dit prêt à faire la guerre contre les Russes en Ukraine. »

D’où ces autres extraits des déclarations de Laughland durant cette interview, qui raisonnent avec une grande amertume, puisqu’après tout c’est le spectacle d’un citoyen britannique de grand talent et historien notoire, qui décrit le déclin, la décadence de son pays. (Et l’on n’oublie pas que, plus haut, Laughland nous confiait qu’“au moins, la France « conserve une ligne diplomatique », alors que les Français ne cesser de “pleurer, ô mon pays bien-aimé”, et pour les meilleures raisons du monde de mon point de vue : Laughland n’a pas tort pour :le Royaume-Uni mais il n’a pas raison pour la France.)

Suit par conséquent l’analyse désolée de Laughland sur le triomphe de la bêtise, ce qui est parfaitement frappant et désolant pour un grand pays tel que l’Angleterre.

« Londres a une politique étrangère totalement idéologique. Les élites britanniques n’ont plus le sentiment de leur pays comme un État. Elles ne raisonnent plus en termes d’État. Elles raisonnent uniquement en termes de valeurs universelles telles qu’elles les perçoivent... [...]

» Il y a une très grande médiocrité... Très souvent, la bêtise explique plus de choses que la conspiration en politique. Il y a une très grande médiocrité au sein des élites britanniques en général, et en particulier au sein du Foreign Office et je pense que c’est la seule explication que je puisse vous donner. C’est la bêtise et l’entêtement idéologique. »

Cette introduction dans le jugement de l’élémentaire bêtise n’est pas une chose isolée aujourd’hui. Moi-même en, fait grand usage, et l’on se rappellera, déjà rappelé il y a peu, ce que Pierre-André Tazieff disait à propos du wokenisme, en citant Raymond Aron :

« Le déni du racisme anti-Blancs peut en effet exprimer soit une adhésion idéologique au racisme anti-Blancs doublée d’une volonté de cacher cette adhésion, soit une forme de conformisme relevant du politiquement correct, soit une forme de bêtise consistant à nier les évidences... [...]  On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron. »

Il semble donc que nous nous trouvions dans une dérive collective, où nous retrouvons les mêmes tendances, les mêmes travers. Bien entendu, il s’agit du courant de la décadence accélérée qui touche toute la civilisation occidentale, qui impose une terrible désintégration des principes fondamentaux structurant une vie. Nous avons déjà rencontré cette  sorte d’analyse avec les services de renseignement britanniques notamment, comme signalé dans différents textes sur la décadence extraordinaire du travail réalisé par des services aussi fameux que les MI5 et MI6 britanniques, notamment dans leurs entreprises de réalisation de faux documents, de provocations, de fausses nouvelles et de simulations d’agression, et tout cela nullement dans un but de sécurité nationale mais dans un but servant une politique partisane et la dynamique idéologique dénoncée par Laughland, et cela sans la moindre appréciation critique de cette politique et de cette dynamique.

Nous avions signalé une fiction qui décrivait excellemment le processus de désintégration interne de ces agences de sécurité dont le Grand initiateur est évidemment Tony Blair, ce faussaire qui fournit à GW Bush une bonne partie des documents où appuyer le simulacre conduisant à l’invasion de l’Irak en 2003. J’écrivais dans une des pages de ce ‘Journal-dde.crisis’, le 13 mars 2018 :

« Il y a une fiction TV qui reçut en son temps un juste accueil de reconnaissance d’excellence, qui décrit bien cette décadence vertigineuse. Il s’agit de Page Eight de 2011, avec comme héros désabusé mais opiniâtre et inflexible, un analyste du MI5, Johnny Worricker (Bill Nighy). C’est un de la vieille-école, qui se trouve plongé dans les méandres des manœuvres de corruption et de simulacre des hommes politiques (on reconnaît au passage un pseudo de Tony Blair) et de ses collègues de la nouvelle génération, ou bien de l’ancienne qui s’est adapté aux nouvelles mœurs. Le voilà face aux insinuations de divers collègues, lui conseillant de rentrer dans le rang et d’aller dans le sens du vent alors qu’il s’est lancé dans la poursuite de la révélation honnête (“pour le bien du pays”, dit-il) d’une manœuvre politicienne ; et chaque fois, son interlocuteur qui lui dit : « Réveille-toi, Johnny, nous sommes au XXIème siècle » ; et à un moment, agacé de cette répétition, Worricker qui grommelle « Mais qu’est-ce qu’ils ont tous, avec leur XXIème siècle ! » (Il finira par prendre le large, menacé de liquidation par le XXIème siècle et ses copains du MI5 rénové.) »

Le même processus a touché bien entendu les autres domaines de la sécurité nationale, comme le fameux Foreign Office si réputé pour son professionnalisme diplomatique, pour la valeur de ses analyses, pour le respect des principes de la forme diplomatique, et la culture qui va avec. Aujourd’hui, il y a Elizabeth Truss, un personnage dont on retrouve l’esquisse, en un peu plus cultivé, d’une des collègues de Worricker qui va accéder à la direction du MI5 en jetant à la mer toutes les embarrassantes contraintes des principes de son métier... 

« Il est vrai que si vous dites Anthony Eden et que l’on vous réponde Elizabeth Truss, vous êtes un peu déconfit... »

Ainsi bien sûr voit-on le même processus, effectivement lancé par Tony Blair & toute sa clique en véritables modernistes-tardifs et modernistes-catastrophiques, dont Peter Laughland décrit aujourd’hui les épouvantables effets. Il est vrai encore que tous ces gens à l’esprit réputé, à l’intelligence affirmée, se trouvent, dans le maelstrom de la décadence accélérant jusqu’à l’effondrement, se ranger avec une grâce moutonnière sous l’empire de la bêtise. En effet, la bêtise à ce point, à ce niveau, à cet effet, n’est pas donnée à n’importe quoi ; il s’agit d’une sorte d’art.

Ainsi finit la gloire du suprémacisme anglo-saxon, : le suprémacisme de la bêtise.

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T.C.-104 : ‘Big Bang’ canadien

Par : info@dedefensa.org — 18 février 2022 à 00:00

T.C.-104 : ‘Big Bang’ canadien

18 février 2022 (19H55) – Il s’agit de placer la subcrise canadienne dans une perspective globale, comme un événement qui, désormais, dépasse le seul champ national d’une part, dépasse le seul champ d’une contestation même antiSystème (les ‘Freedom Convoy’) d’autre part. Avec la mise en place d’une législation d’urgence et d’exception, autorisant diverses mesures répressives graves, le Premier Ministre Trudeau a effectivement fait franchir une crise national le seuil qui la hausse au rang de “subcrise” directement liée à la ce que nous nommons la Grande Crise (GCES). D’une façon paradoxale, c’est comme si, en la combattant durement sinon iniquement, il lui donnait toute sa grandeur.

J’entends préciser ici, dans cette description d’évolution de la substance de l’événement, qu’il s’agit d’un événement qui voit la transmutation extrêmement rapide, quasiment instantanée, d’un gouvernement à structure démocratique (malgré nombre d’avatars autoritaires) en un gouvernement autoritaire à tendance tyrannique. Certains diront qu’il (le gouvernement Trudeau) n’attendait que cela et s’y préparait ; d’autres vont jusqu’à dire que le ‘Freedom Convoy’ a été justement réalisé et manipulé par le gouvernement pour cela. C’est faire preuve d’une grande intelligence uniquement rationnelle, une sorte de compulsion irrationnelle pour n’envisager que la raison, et donc les actes des hommes, pour expliquer les choses. (Si certains voient là la définition du “complotisme”, pourquoi pas ? Peut-être que s’en tenir avec une certaine intuition aux faits, déjà si complexes, serait préférable.)

Du point de vue des faits, justement, ce qui s’est passe et ce qui se passe au Canada forment un emballement des psychologies et des perceptions, transmutant un événement assez aisément compréhensible (opposition à certaines mesures anti-Covid) et pouvant être aménagé par des négociations, en un déferlement dont personne ne sait où il mènera. Pour l’instant, il emporte quelques principes fondamentaux...

« Maintenant, quand vous mettez [tous ces arguments] ensemble, vous réduisez à néant la capacité de milliers, peut-être même de millions de personnes à s'exprimer par une forme de désobéissance civique. Ainsi, selon sa propre définition, le Premier Ministre Trudeau aurait pu mettre fin au Mouvement des Droits Civiques. Il aurait pu arrêter Martin Luther King. Il aurait pu arrêter n'importe laquelle parmi nombre de figures que nous célébrons aujourd'hui comme des visionnaires. » (Jonathan Turley le 16 février 2022.)

Depuis hier, donc, le Canada est en état d’urgence et de siège. Des dirigeants du ‘Freedom Convoy’ sont arrêtés, les assurances de leurs camions cancelled, leurs comptes bancaires bloqués. Les gens qui les ont soutenus par des dons sont identifiés, et l’objet d’accusations et de harassements. Il serait même prévu, sublime attention pour la défense des animaux et de l’environnement, que les chiens qui accompagnent les camionneurs, seront saisis et nourris pendant huit jours (la note de frais sera envoyée au propriétaire) ; au terme de ce délai humanitaire, ils seront euthanasiés. On ne faut pas plus élégant, plus moderne-écologique, plus bureaucratique, plus eugéniste animalier tendance “solution finale” ; bref, on ne fait pas plus puant.

Ainsi les routiers rebelles sont-ils entrés en dissidence, accompagnés désormais d’une partie importante du peuple soudain réveillé.

Madame Freeland, l’Ukraine et la svastika

Il est temps ici de proposer un aspect très étrange de cette subcrise canadienne, qui commence par un “élément de langage” de Trudeau, au tout début, quand il fallut trouver un argument qui mobilisât toute la bienpensance contre le ‘Freedom Convoy’. C’est alors qu’il fut  question de crois gammées, ou svastikas, le premier jour du rassemblement d’Ottawa, exactement de cette façon identifiée, dans ces termes et dans cette abondance, – le reste étant l’habituelle logorrhée sans nécessité de preuve de la presseSystème :

 « L’article en question [de JTA, ou ‘Jewish Telegraphic Agency’], du 30 janvier 2022, sur le ‘Freedom Convoy’, porte comme titre : « Des croix gammées montrées lors des manifestations du ‘convoi de la liberté’ canadien contre les obligations de vaccination ».

Lorsque nous entrons dans le détail, nous apprenons :
1) que « Parmi les symboles affichés lors des manifestations figuraient des croix gammées et, dans au moins un cas, le drapeau confédéré. » [...] 
3) Pour ce qui est des croix gammées dessinées en nombre sur un drapeau canadien, tous les détails nous sont donnés dans cet extrait... [...]

« ‘Un membre du parlement du parti conservateur, Michael Cooper, a assisté aux manifestations pour montrer son soutien. Alors qu'il était interviewé par la chaîne d'information canadienne CBC, un manifestant portant un drapeau canadien couvert de croix gammées a marché derrière lui.

» ‘Cooper a ensuite publié une déclaration disant qu’il ne savait pas que le symbole était derrière lui et que s’il l'avait su, il l’aurait condamné’. »

Certes, la pêche était maigre mais elle suffit à Trudeau pour s’enfuir d’Ottawa et proclamer sur le perron de sa résidence secondaire que les Nazis étaient en marche. Depuis, il n’a plus démordu de ce discours qui autorise toutes les outrances qu’exige la trouille. C’est ainsi qu’il justifia, hier, son décret de l’état d’urgence devant le Parlement, sous-entendant que ceux qui soutenaient le ‘Freedom Convoy’ soutenaient la svastika, eux-mêmes svastikas après tout. Le déchaînement fut complet dans l’opposition conservatrice, le député Dans Loyd demandant à deux reprises, et sans résultat, des excuses du Premier ministre, lequel passa outre dans un brouhaha considérable. Une députée conservatrice, juive et d’une famille victime de l’Holocauste, Letissa Lantsman, s’exprima également et demanda à son tour des excuses ; mais, comme à son habitude, Trudeau était parti... Lantsman fut interviewée sur FoxNews et jeta des paroles de guerre où le gentil Justin était largement accusé d’antisémitisme :

« Trudeau ne contrôle plus la situation... Depuis le début [de cette crise], il a cherché à diviser le pays... »

Ainsi, cette session du Parlement acta-t-elle l’état de belligérance qui existe désormais au sein du Canada, pays réputé pour sa tranquillité et qui semblait se transformer tranquillement, wokenisme oblige, en « ‘Wokeland’, comme modèle exemplaire d’un pays du futur »... Pourtant, cette affaire de svastika ne s’arrête pas là, en nous montrant toutes les ramifications cachées de l’événement.

Lorsque fut annoncé l’état d’urgence, la ministre de l’Économie et Vice-Première ministre Chrystia Freeland, qui joue un rôle considérable dans le durcissement du gouvernement Trudeau, expliqua sa propre implication avec notamment le blocage des comptes bancaires des dissidents. Un journaliste lui fit remarquer qu’on pourrait soupçonner le gouvernement de “totalitarisme”. La réponse de Freeland fut un rire que d’aucuns pourraient juger satisfait.

Or, cette Freeland-là, la bien-nommée, est une personnalité singulière. Elle est d’origine ukrainienne par sa famille maternelle, et symbolise ainsi l’énorme pression de l’importante communauté ukrainienne au Canada, en faveur de Kiev contre Moscou. Freeland hait la Russie où elle est interdite de séjour depuis 2015, elle est grande amie de Victoria Nuland et des « ‘Harpies’ d’Hillary », etc. Mais plus encore, son grand’père, Michael Chomiak, réfugié au Canada après la guerre et mort en 1984 (bien qu’elle affirmât qu’il avait été « une victime de la Seconde Guerre mondiale »), fut une des personnalités importantes de la collaboration ukrainienne, et très probablement un agent du Troisième Reich à partir de 1940. Cet aspect général nous ramène, dans un silence général de la bienpensance, à la constante présence des nazis ukrainiens (ou ‘Ukronazis’ selon les chroniqueurs russes), aujourd’hui encore dans le chef d’unités constituées comme le régiment ‘Azov.

Le détour est peut-être de l’ordre du symbole mais il n’en témoigne pas moins de l’ampleur globale de l’affaire canadienne, aussi bien que de la confusion des étiquettes puisqu’une neocon d’ascendance nazie-ukrainienne se dresse contre les dissidents, supposés d’ultra-droite [et d’antisémitisme par JTA !] et porteurs en masse d’innombrables svastikas taillées dans des simulacres.

Le désordre global de la Grande Crise se niche jusque dans la communication infâme et les anecdotes les plus ‘exotiques’ ; et l’on trouve trace d’elle (de la Grande Crise) dans le moindre détail remontant jusqu’à l’obsession nazie. Même Elon Musk est d’accord : on a pu lire pendant quelques instants un tweet où il faisait de Trudeau un Hitler de notre temps, et où l’on voyait une photo de l’homme à la petite moustache disant : « Stop comparing me to Justin Trudeau ».

Cadre général de la tempête

D’une façon plus générale, on élargira ce propos en observant que l’“expérience Trudeau” de ces dernières semaines, voire de ces derniers jours, est certes l’exposition exemplaire, symbolique et en pleine lumière de l’extraordinaire basculement “d’un gouvernement à structure démocratique (malgré nombre d’avatars autoritaires) en un gouvernement autoritaire à tendance tyrannique”. La mue a été si rapide que le simulacre en général mis en place dans un réflexe pavlovien s’est transformé en une caricature de “coup d’État” réalisé par un personnage réduit à l’état de perroquet couard devant les parlementaires déchaînés de l’opposition (voir à nouveau, avec à l’esprit ce point de vue, la vidéo sur le débat, avec, dans les derniers instants encore émaillés d’adresses à l’attention de Trudeau).

La brutalité de l’acte n’a d’égale que les faiblesse de ceux qui ont été contraints à le poser par des événements qui les dépassent. De ce point de vue, il s’agit d’un “modèle” que d’autres seront obligés de suivre, contraints par des événements de la même sorte. Il n’est pas simple à reconstituer, entre l’extraordinaire silence de cimetière de la presseSystème et la déambulation dans le labyrinthe des réseaux sociaux. Mais c’est dans cette déambulation labyrinthique, de préférence au silence des cimetières, que vous trouverez la vérité-de-situation.

Encore et pour autant nous ne sommes pas au bout de nos surprises. La “victoire” du jeune Trudeau est du type “à-la-Pyrrhus”, d’autant que ce PM-Woke est à des milliards d’années-lumière d’un César franchissant le Rubicon, ou d’un Bonaparte accouchant son 18-brumaiure. Au contraire, son coup d’éclat, essentiellement réalisé sous le coup d’une peur qui a parfois les couleurs de la panique, ne règle rien pour son camp, alors qu’il avise ses adversaires qu’il s’agit non plus d’une sorte de “dialogue démocratique” “pour les nuls” mais d’une lutte à mort.

 Nous sommes loin, très loin, aux antipodes de ceux, – même ceux qu’on croirait être de notre camp, – qui nous annoncent la venue d’une “dictature-douce”, s’étendant subrepticement dans notre endormissement généralisé, sous le masque anti-covidien, et masquée de bonnes intentions estampillées par les perroquets de la raisonSystème, experts, fonctionnaires, toubibs de haute volée institutionnelle, etc..., – face à quoi, trépassés d’avance, et abrutis comme l’on sait, nous ne pourrions rien.

Trudeau n’en a certainement pas fini, pendant qu’est en train de se préparer, selon une organisation qui nous stupéfie, des Freedom Convoy’ aux USA. Le Système a engagé sa bataille suprême, son Armageddon, dans des conditions qui lui déplaisent souverainement, à visage découvert, – sans masque, alors qu’on ne cesse de nous avertir nous-mêmes du danger de contamination.

Au contraire (suite), le “modèle Trudeau” est archétypique de la situation de risque, situation des extrêmes, du tout ou rien, montée mimétique aux extrêmes quand tout le monde a conscience de l’engagement où il se trouve emporté. Il manque un fond de lecture important au jeune-Trudeau. Avant de se jeter dans la mêlée, il faut avoir lu son Machiavel et le ‘Technique du coup d’État’ de Malaparte. Mais le temps de ces gens-là, c’est fini ; nous sommes dans le temps des hurlements du Système, et il est devenu impossible de ne pas les entendre. Le ‘Big Bang’ canadien acte la naissance d’une séquence nouvelle, comme nous dirions d’un monde nouveau, celui de l’ultime affrontement. L’imposition de la ‘soft-dictature’ en douce, “à bas-bruit” disons pour être dans le coup, c’est raté.

Nous avons donc notre avertissement en bonne et due forme. Il vient du Canada par moins 25°, comme fait un vent mauvais brusquement levé pour nous précipiter au cœur de la Grande Crise. Il est temps d’écouter, ‘my friend’, – ‘Blowin’ in the wind’.

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Ukraine : bombardements et réfugiés

Par : info@dedefensa.org — 19 février 2022 à 00:00

Ukraine : bombardements et réfugiés

• Mobilisation et évacuation des civils décrétés dans les deux républiques du Donbass, alors que les tirs de canon voire d’éventuels mouvements de blindés se développent. • Drôle de façon de commencer l’“invasion russe” de l’Ukraine, avec 25 000 civils russes du Donbass déjà évacués en Russie. • Bien entendu, le chœur des vierges folles du bloc-BAO dénonce les agissements russes. • Certains envisagent des solutions inédites devant ce piège sans fond qu’est l’Ukraine : par exemple, Orlov avec son idée d’évacuation massive du Donbass.

Les deux républiques auto-proclamées du Donbass, la DPR de la région de Dontesk et la RPL de la région de Lugansk ont décrété la mobilisation après deux-trois jours d’intense canonnades avec les troupes de Kiev placées sur la ligne de démarcation.

 « “J’exhorte mes compatriotes qui sont dans la réserve [de l’armée] à se rendre dans les bureaux d’enrôlement militaire”, a déclaré le chef de la RPD, Denis Pouchiline, dans une allocution vidéo. “J’appelle tous les hommes de la république capables de porter des armes à se lever pour défendre leurs familles, leurs enfants, leurs épouses, leurs mères”.

» Pouchiline a également affirmé que la RPD est capable de “résister à l'agression de Kiev” et a précisé que ses forces agissent en réponse aux bombardements de l’armée ukrainienne.

» Le leader de la RPL, Leonid Pacechnik, a émis un ordre de mobilisation similaire. »

Il y a eu des tirs ukrainiens sur des villes du Donbass, conduisant à l’évacuation de civils vers la Russie (RT.com décompte ce matin 25 000 personnes qui ont passé la frontière russe depuis deux-trois jours). Pour le gouvernement US qui nous saoule de vociférations depuis des semaines et des mois, il s’agit évidemment très précisément de ce qu’il (le gouvernement US) prévoit depuis si longtemps, – l’“invasion russe”, criblée de simulacres et de manœuvres diaboliques de la Russie :

« [...l’évacuation de civils] est un prétexte pour justifier “l’invasion imminente” russe de l'Ukraine. Pour Moscou, [cette déclaration US inaugure] un nouveau cycle de la campagne de désinformation américaine ».

Tout cela est effectué dans le brouhaha sans relâche des avertissements, prévisions catastrophistes, menaces diverses et accusations qui ne le sont pas moins venus du côté américanistes. Les dirigeants Biden & Cie suivent une ligne hystérique dont ils se sont convaincus qu’elle détournerait l’attention des citoyens US de la montagne de désordres et d’affrontements domestiques aux USA, – si tant est qu’ils admettent qu’il y a du désordre et des affrontements aux USA, ce qui n’est pas vendu d’avance. Le détournement d’attention n’est pas non plus vendu d’avance, alors que les enquêtes nous apprennent qu’autour de 40% du public aux USA est incapable de situer l’Ukraine sur une carte.

C’est la ligne ‘Wag the Dog’, pour “détourner l’attention”, – examinée avec désolation par le commentateur de gauche Andrew Bacevich (il envisage comme une catastrophe l’éventuel retour de Trump, – mais quoi d’autre ? Biden-2 ? Harris ? Hillary ?). Dans ‘The Nation’, Bacevich se lamente du fait que les USA, dans le chef de leur direction, se jugent toujours aussi et assez “exceptionnels” pour rameuter l’admiration du monde entier et la satisfaction de ses citoyens du fait de leurs brillantes manœuvres ukrainiennes, et auinsi rester fermement sur leur Olympe de maîtres du monde.

« Mais nous Américains, nous avons un problème. Ces derniers temps, les États-Unis ne semblent pas particulièrement exceptionnels. C'est plutôt l'inverse qui est vrai.

» Quelle personne saine d'esprit pourrait s’identifier à une nation qui, dans un passé pas si lointain, s'est engagée dans une guerre coûteuse et illégale dans un pays (l’Irak), tout en menant une guerre de 20 ans dans un autre (l’Afghanistan) qui s’est soldée par une défaite humiliante ? Dans quel sens une nation qui perd plus de 900 000 de ses citoyens à cause d’une pandémie, dont le gouvernement central dysfonctionnel dépense chaque année des milliers de milliards de dollars de plus qu’il n’en reçoit, et qui ne peut même pas contrôler ses propres frontières, peut-elle être qualifiée d'exceptionnelle ? Une nation dans laquelle les 1 % des plus riches contrôlent 16 fois plus de richesses que les 50 % les plus pauvres peut-elle être considérée comme exceptionnelle ? Ou une nation dans laquelle un parti politique majeur qualifie une insurrection violente de “discours politique légitime” ? Quant à une nation qui a élu Donald Trump président et pourrait le faire à nouveau, le terme “exceptionnel” ne semble guère approprié.

» “Insouciance”, “incompétence”, “aliénation”, “gaspillage extravagant” et “profonde confusion” décrivent plus précisément notre situation difficile. »

Assez curieusement dans ce tourbillon de folies diverses, dans tous les cas par rapport au reste de l’establishment londonien, un homme politique britannique, actuellement à Kiev, apporte une touche de bon sens en énonçant l’évidence de la conséquence d’éventuelles sanctions contre la Russie, au cas où la Russie serait représentée sur nos écrans comme interprétant effectivement “L’invasion russe de l’Ukraine”, avec sous-titres et sur grand écran.

« Si les États-Unis et leurs partenaires européens frappent Moscou avec des embargos paralysants, la Russie pourrait rechercher une plus grande coopération économique et politique avec Pékin et former un pacte avec la Chine contre l’Occident, a averti un législateur britannique de premier plan.

» S’exprimant sur Sky News depuis Kiev jeudi, le député conservateur Tobias Ellwood a exposé son point de vue sur l’impasse entre les deux nations d’Europe de l’Est et sur l’impact que pourraient avoir des mesures punitives en cas d’incursion russe.

» “Toute sanction imposée à la Russie entraînera des représailles et donnera au président Vladimir Poutine l’excuse pour détourner son pays de l’Occident et l’orienter vers une alliance avec la Chine”, a-t-il déclaré.

» Ellwood, qui a précédemment occupé le poste de ministre de la défense au sein du gouvernement britannique, a averti que le renforcement des relations entre Moscou et Pékin pourrait avoir “des répercussions considérables sur la géo-sécurité au cours des prochaines décennies”. »

Cette perspective qui implique une prise de distance structurelle de la Russie vis-à-vis du bloc-BAO, et une quasi-intégration en un seul bloc avec la Chine, conduit à une réflexion concernant les événements en cours dans l’Est de l’Ukraine. Elle est surtout le fait de Russes commentant la situation d’en-dehors de la Russie, mais restant profondément alignés sur la “ligne russe”. Sur le site du Saker-US, alors que les possibilités d’intervention de la Russie vis-à-vis du Donbass sont envisagé par le gestionnaire du site, “Andrei”, alias Saker, il y aussi un texte de notre ami Orlov qui ne fait que renvoyer à un de ses précédents textes, d’il y a un peu moins un an, et repris sur notre site.

« En cessant d’être gigantesque, la France devenait grande. »

Orlov reprend son idée, suggérée ses dernières heures par l’évacuation de civils du Donbass, qu’on pourrait presque désigner comme un “rapatriement”. C’est une idée qui va dans le sens d’une volonté d’isolationnisme de la Russie vis-à-vis de l’Ouest, avec un pas de plus mais décisif, de rapprochement de la Chine. Il rejoint en substance, même si dans des circonstances différentes, l’idée exprimée par le Britannique Ellwood. Orlov présente ainsi son texte :

« Denis Pouchiline, leader de Donetsk, vient d'ordonner une évacuation complète. Leonid Pacechnik, leader de Lugansk, a fait de même. En agissant ainsi, ils ont fait exactement ce que j'attendais, et ce que j'avais prédit. Pour tous ceux d'entre vous qui pensent que Poutine est un mystère enveloppé dans une énigme, peut-être devriez-vous éviter de réfléchir et vous contenter de lire mes articles !

» Il y a un peu moins d'un an, le 18 avril 2021, j'ai publié un article intitulé “Le judo ukrainien de Poutine” qui a été repris sur ‘ZeroHedge’ et ‘The Saker’. J’ai ensuite traduit cet article en russe et l'ai publié sur ‘Aftersock.info’, où il a été critiqué pour son caractère défaitiste. La raison pour laquelle j'en parle maintenant est que dans cet article, j'expliquais que l'évacuation était le seul mouvement gagnant pour le camp russe. »

Par conséquent, il nous semble tout à fait logique de reprendre ci-dessous le texte d’Orlov déjà publié sur ce site le 20 avril 2021, – ou plutôt la partie de conclusion, où Orlov explique les avantages d’une évacuation des civils du Donbass. A la lumière des événements actuels, qui ressemblent d’ailleurs à ceux d’avril 2021, il prend encore plus sa place dans les hypothèses à considérer puisqu’entretemps la rage antirussiste du bloc-BAO n’a fait que s’exacerber, et l’impasse ukrainienne se renforcer par conséquent du fait de l’action des pays du bloc-BAO, particulièrement les Anglo-Saxons, devenus de plus en plus fous. D’un point de vue russe, l’impossibilité de toute négociation, ajoutée au risque immense d’un conflit pouvant déboucher sur le nucléaire, rend de plus en plus cohérente l’idée d’une complète rupture et un repli de tous les Russes du Donbass tout en tenant cette portion sous le feu, comme ‘zone-tempon’ ; et même à plus long terme, un repli de tous les Russes expatriés estime Orlov, dans les frontières de la Russie, solidement adossée sur son Est chinois. La considération envisagée ici est que ces Russes, qui sont là où ils se trouvent à cause de la désintégration de l’URSS en plusieurs pays, constituent un moyen explicite ou implicite de pression et de chantage sur Moscou, et un risque multiple d’engagement dans des conflits complexes sinon ingagnables, en même temps qu’un aliment pour l’antirussisme occidental.

Une autre illustration-définition de l’idée d’évacuation, moins hostile aux autres acteurs et plus diplomatique, mais surtout beaucoup plus vertueuse du point de vue des relations extérieures, peut être avancée selon une vision analogique avec un autre événement. Les circonstances sont complètement différentes, les situations aussi, la dynamique également, mais nous parlons de l’esprit de la chose : prendre de la force en se repliant, sembler céder à l’autre mais en vérité prenant sa force pour mieux assurer son assise, éventuellement riposter (fait fondamental du “faire-aïkido”).

C’est surtout pour le plaisir de la formule superbe que nous faisons cette analogie, avec Talleyrand arrivant au Congrès de Vienne en octobre 1814, après les autres, notamment les quatre grandes puissances coalisées (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie), et faire en sorte, par une déclaration préliminaire superbe, de passer de la position d’accusé et  de vaincu, à celle d’arbitre et d’inspirateur de l’intrigue. A sa première réunion avec les “quatre Cours”, Talleyrand prend aussitôt la parole et annonce que la France abandonne volontairement toutes les conquêtes de la Révolution et de l’Empire, et revient aux frontières de 1789. En coupant court à toutes les exigences et les récriminations contre la France, il prend la main et laisse se développer les querelles entre les coalisés, dont il devient l’arbitre. Il résume cela par une phrase sublime, où les Russes, en mettant “Russie” à la place de “France”, pourrait grandement s’y retrouver et vider de son sens toute accusation de volonté supposée d’expansion et de conquête de la Russie puisque l’acte signifierait décisivement “l’Ukraine ne nous intéresse pas” : « En cessant d’être gigantesque, la France devenait grande. »

Voici donc le texte d’Orlov, que lui-même juge, avec ce transfert en Russie de réfugiés du Donbass, particulièrement adapté dans son analyse de conclusion, à la situation présente.

« Le judo ukrainien de Poutine

» ...L’armée ukrainienne a rassemblé des troupes et des blindés le long de la ligne de séparation, tandis que l’armée russe a replié ses forces de son côté de la frontière. Les tirs d’obus, les tirs de sniper et autres provocations du côté ukrainien s’intensifient, dans l’espoir de pousser les Russes à déplacer des forces sur le territoire ukrainien, ce qui permettrait au collectif occidental de crier “Haha ! agression russe !”. Ils pourraient alors mettre un terme au gazoduc Nord Stream II, marquant ainsi une victoire géopolitique majeure pour Washington, et enchaîner avec de nombreuses autres manœuvres belliqueuses destinées à nuire à la Russie sur le plan politique et économique.

» Pour les Russes, il n’y a pas de bon choix qui soit évident. Ne pas répondre aux provocations ukrainiennes et ne rien faire pendant que les forces ukrainiennes bombardent et envahissent les villes de Donetsk et de Lougansk, tuant les citoyens russes qui y vivent, ferait paraître la Russie faible, minerait la position du gouvernement russe sur le plan intérieur et lui coûterait beaucoup de capital géopolitique sur le plan international. Répondre aux provocations ukrainiennes par une force militaire écrasante et écraser l’armée ukrainienne, comme cela a été fait en Géorgie en 2008, serait populaire à l’intérieur du pays, mais pourrait conduire à une escalade majeure, voire à une guerre totale avec l’OTAN. Même si, sur le plan militaire, le conflit est contenu et que les forces de l’OTAN restent en retrait, comme elles l’ont fait en Géorgie, les ramifications politiques causeraient des dommages considérables à l’économie russe en raison du renforcement des sanctions et des perturbations du commerce international.

» Ces choix étant les mauvais, d’évidence, quels sont les bons, s’il y en a ? Ici, nous devons prêter une attention particulière aux déclarations officielles que Poutine a faites au fil des ans et les prendre pour argent comptant. Premièrement, il a déclaré que la Russie n’avait pas besoin d’un territoire supplémentaire ; elle dispose de toutes les terres qu’elle pourrait désirer. Deuxièmement, il a déclaré que la Russie suivrait la voie de la libéralisation maximale en accordant la citoyenneté à ses compatriotes et que, par conséquent, la sauvegarde des citoyens russes était une priorité absolue. Troisièmement, il a déclaré que la résolution du conflit dans l’est de l’Ukraine par des moyens militaires était inacceptable. Compte tenu de ces contraintes, quelles sont les possibilités d’action qui restent ouvertes ?

» La réponse, je crois, est évidente : l’évacuation. Il y a environ 3,2 millions de résidents en République populaire de Donetsk et 1,4 million en République populaire de Lougansk, soit un total de quelque 4,6 millions de résidents. Ce chiffre peut sembler énorme, mais il est modéré par rapport à l’ampleur des évacuations de la Seconde Guerre mondiale. N’oubliez pas que la Russie a déjà absorbé plus d’un million de migrants et de réfugiés ukrainiens sans trop de problèmes. En outre, la Russie connaît actuellement une importante pénurie de main-d’œuvre, et un afflux de Russes valides serait le bienvenu.

» Sur le plan national, l’évacuation serait probablement très populaire : La Russie fait du bien à son peuple en le mettant à l’abri des nuisances. La base patriotique serait dynamisée et le mouvement bénévole russe, déjà très actif, entrerait en action pour aider le ministère des Situations d’urgence à déplacer et à réinstaller les personnes évacuées. Les élections qui doivent avoir lieu plus tard dans l’année se transformeraient en une fête de bienvenue à l’échelle nationale pour plusieurs millions de nouveaux électeurs. L’évacuation du Donbass pourrait ouvrir la voie à d’autres vagues de rapatriement susceptibles de suivre. Quelque 20 millions de Russes sont dispersés dans le monde et, à mesure que le monde extérieur à la Russie s’enfonce dans la pénurie de ressources, ils voudront eux aussi rentrer chez eux. S’ils sont actuellement réticents à le faire, le fait de voir l’exemple positif de la façon dont les personnes évacuées du Donbass sont traitées pourrait les faire changer d’avis.

» L’aspect négatif de la cession d’un territoire peut être contré en ne cédant aucun territoire. En tant que garant des accords de Minsk, la Russie devrait refuser de céder le Donbass au gouvernement ukrainien tant qu’il n’aura pas respecté les termes des accords de Minsk, ce qu’il n’a montré aucune intention de faire depuis sept ans maintenant et qu’il a récemment répudié complètement. Il est important de noter que l’armée russe peut tirer à travers tout le Donbass sans poser le pied sur le sol ukrainien. Si les forces ukrainiennes tentent de pénétrer dans le Donbass, elles seront traitées comme indiqué dans cette vidéo. Notez que la portée maximale du système Tornado-G présenté dans la vidéo est de 120 km.

» Et si les Ukrainiens se soucient de répondre en attaquant le territoire russe, une autre déclaration de Poutine nous aide à comprendre ce qui se passerait ensuite : en cas d’attaque, la Russie répondra non seulement contre les attaquants mais aussi contre les centres de décision responsables de l’attaque. Le commandement ukrainien à Kiev gardera probablement cette déclaration à l’esprit lorsqu’il réfléchira aux étapes suivantes.

» L’évacuation du Donbass devrait trouver un écho plutôt favorable au niveau international. Il s’agirait d’un coup de judo typique de Poutine, qui déséquilibrerait l’OTAN et le département d’État américain. Comme il s’agit d’une vaste mission humanitaire, il serait ridicule de tenter de la dépeindre comme une “agression russe”. En revanche, la Russie serait tout à fait en droit de lancer des avertissements sévères selon lesquels toute tentative d’interférer avec l’évacuation ou de lancer des provocations pendant le processus d’évacuation serait traitée très durement, ce qui lui permettrait de se libérer les mains face aux berserkers des bataillons nazis d’Ukraine, dont certains n’aiment pas particulièrement suivre les ordres.

» L’Occident se retrouverait avec le statu quo suivant. Le Donbass est vide de ses habitants, mais interdit d’accès pour eux ou pour les Ukrainiens. L’évacuation ne changerait en rien le statut ou la position de négociation des personnes évacuées et de leurs représentants vis-à-vis des accords de Minsk, bloquant cette situation en place jusqu’à ce que Kiev entreprenne une réforme constitutionnelle, devienne une fédération et accorde une autonomie complète au Donbass. L’Ukraine ne pourrait pas rejoindre l’OTAN (une chimère dont elle a stupidement votée pour son intégration dans sa constitution) car cela violerait la charte de l’OTAN, étant donné qu’elle ne contrôle pas son propre territoire.

» De nouvelles sanctions contre la Russie deviendraient encore plus difficiles à justifier, car il serait intenable de l’accuser d’agression pour avoir entrepris une mission humanitaire visant à protéger ses propres citoyens ou pour avoir assumé ses responsabilités en tant que garant des accords de Minsk. Le Donbass resterait une zone de harcèlement parcourue par des robots de combat russes tirant sur les maraudeurs, avec quelques bus d’écoliers en excursion pour déposer des fleurs sur les tombes de leurs ancêtres. Ses bâtiments de l’ère soviétique en ruine, que trois décennies d’abus et de négligence de la part des Ukrainiens n’ont pas rendu plus neufs, témoigneront en silence de l’ignominie perpétuelle de l’État ukrainien défaillant.

» L’histoire est aussi souvent guidée par l’accident que par la logique, mais comme nous ne pouvons pas prévoir les accidents, la logique est le seul outil dont nous disposons pour essayer de deviner la forme de l’avenir. Pour reprendre les termes de Voltaire, c’est donc le mieux que l’on puisse espérer dans le meilleur des mondes possibles. »

☐ ☆ ✇ Dedefensa.org

L’Ukraine et la vérité du passé

Par : info@dedefensa.org — 20 février 2022 à 00:00

L’Ukraine et la vérité du passé

• Aujourd’hui, une “vérité du passé” est très souvent une “vérité-de-situation” du présent, tant toute notre vie mentale et affective est structurée par les mensonges, travestis en simulacres, du Système. • Cela vaut bien entendu et plus que jamais, pour la prémisse fondamentale de la ‘subcrise’ de l’Ukraine. • L’insupportable RT apporte de nouvelles preuves de la véracité complète de l’engagement occidental des premières années 1990 de ne pas élargir l’OTAN (les forces armées de l’OTAN) au-delà de la frontière Est de l’Allemagne (« au-delà de l’Elbe »).

Faisant parfaitement son travail, RT.com (insupportable) vient de publier, en deux jours de suite, deux intéressants documents (l’un indirect, l’autre direct) qui confirment évidemment l’engagement occidental de 1990-1991 de ne pas élargir l’OTAN d’« un pouce à l’Est de l’Elbe », initialement en échange de l’acceptation de Gorbatchev de la réunification des deux Allemagnes, puis au nom de la logique de l’équilibre et de la sécurité en Europe post-Guerre Froide. Ce point de l’histoire de l’immédiat après-Guerre Froide, quand les dirigeants occidentaux (Bush-père, Kohl, Mitterrand, Thatcher) avaient encore une certaine dimension historique quoi qu’on jugeât de leurs politiques, est complètement intéressant, sinon décisif ; et cela, malgré que le dossier considéré ici soit déjà très largement documenté à cet égard. Une source française indépendante, observant en se référant à ses souvenirs combien la France jouait alors un rôle important, fait cette observation du plus grand intérêt :

« Les deux papiers de RT ont véritablement de l’importance : ils montrent notamment que la promesse de la non-expansion n’était pas simplement une parole un peu vague, lancée en l’air au cours d’une rencointre, du secrétaire d’État Baker à Gorbatchev, mais bel et bien un élément fondamental de la bureaucratie occidentale et de l’OTAN dans les années 1990-1993, figurant un aspect absolument structurel de la politique qui était alors suivie. »

On comprend par ailleurs l’importance objective dudit dossier puisque cela concerne le péché originel de l’OTAN et du bloc-BAO de l’expansion vers l’Est amenant la dégradation accélérée de la situation de la sécurité européenne comme nous la voyons aujourd’hui, et menant précisément à l’actuelle subcrise ukrainienne, un des brandons enflammés de la Grande Crise dans nos temps-devenus-fous... Peut-être, à force de bêtise, parviendront-ils à avoir “leur” guerre, nos actuels dirigeants, – mais cela est un autre propos qui n’empêche absolument pas, bien au contraire qui encourage à commenter cette marche spirituelle pour retrouver la “vérité du passé”.

La déclaration récente du Secrétaire Général de l’OTAN Soltenberg, affirmant que n’existe pas un tel engagement (« même en coulisses », précise-t-il pour relever les allégations faites) du début des années 1990 de s’interdire l’expansion vers l’Est, est tout simplement un mensonge extrêmement pur, de la pureté du diamant, sans doute par mésinformation plus que par omission, et encore moins par intention de tromper puisqu’il s’agit de personnages dont la foi est avérée. Sans doute personne n’a-t-il expliqué la chose à Stoltenberg, sans doute ne s’est-il montré ni intéressé ni empressé à en savoir plus là-dessus. Avant de poursuivre, nous noterons qu’ainsi le Secrétaire Général de l’OTAN fait-il partie de cette catégorie dite des « colins froids » que dénonçait Jean-Edern Hallier, dont le type de visage comprend le regard morne, néanti (anéanti) plus que mort, la mine impassible, le parler monotone, l’absence de passion par ignorance et non par inconnaissance, le désintérêt pour l’ardeur, l’horreur mal dissimulée pour la vérité ; les « colins froids » semblent avoir proliféré depuis 1979, comme si l’Occident, devenue bloc-BAO, s’était transformé en une immense frayère :

• ‘Frayère’ : « Une frayère est un lieu aquatique où se reproduisent les poissons et les amphibiens et par extension les mollusques et les crustacés. »

• « À l'automne 1979, Jean-Edern Hallier publie un pamphlet anti-giscardien, ‘Lettre Ouverte au colin froid’ (Albin Michel), qu'il présente comme “un outrage au président de la République”, coupable à ses yeux, d'être un suppôt de “l'imposture du libéralisme”, cette “nouvelle barbarie abstraite”. » 

RT, qui « fait du bon boulot »

Les deux documents sont publiés par RT.com successivement les 18 et 19 février 2022, – cette succession comme preuve de l’indignité de RT.com ; la chaîne russe, effectivement de ce point de vue, comme actif suppôt des vérités russes dont on ne voit nullement l’intérêt qu’elles peuvent présenter au regard de la narrative du bloc-BAO ; la narrative du bloc-BAO, lisse, bien rangée, avec ‘gentil’ et ‘méchant’ parfaitement identifiés... Pendant ce temps, et nul n’est censé devoir distinguer précisément le rapport, – la situation des bombardements et des évacuations de réfugiés poursuit son aggravation mesurée dans le Donbass...

• Il s’agit d’abord d’un document de travail interne de l’OTAN, d’origine britannique, datant du printemps 1991, et affirmant d’une façon catégorique que la non-extension de l’OTAN vers l’Est était une nécessité stratégique absolument fondamentale.

« Un document récemment découvert, datant de mars 1991, montre des responsables américains, britanniques, français et allemands discutant d'une promesse faite à la Russie que l'OTAN ne s'étendra pas à la Pologne et au-delà. Sa publication par le magazine allemand Der Spiegel, vendredi, donne raison à Moscou et donne tort à l’OTAN sur cette question. »

• Il s’agit deuxièmement d’une interview de RT publiée le 19 février, de Willy Wimmer, homme politique allemand de la CDU ayant occupé diverses fonctions, notamment adjoint de la présidence en exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Wimmer confirme cet engagement de non-expansion à l’Ouest de l’OTAN, à partir de la position qu’il occupa et de  ses rapports avec le chancelier Kohl.

« Malgré leurs dénégations [actuelles], les dirigeants occidentaux avaient bien promis à l'URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l'Europe centrale et orientale lorsque Moscou accepta la réunification de l'Allemagne, a affirmé Willy Wimmer, ancien vice-président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dans une interview accordée à RT samedi. »

Le déni de cet engagement, devant le développement et le dévoilement de preuves concomitantes et corrélatives de son caractère totalement mensonger, devrait devenir, si le Système ne parvient pas à le contrecarrer par « colins froids » interposés, un handicap de plus en plus pesant pour la bonne diffusion et la crédibilité de la narrative du Système. Si un mensonge est très lourd, il doit être parfaitement adapté aux capacités mentales de la psychologie, exactement comme l’est, pour le corps, un costume de si bonne coupe sorti de l’atelier du ‘Tailleur de Panama’ (devenu film en 2000) de John Le Carré, ce Harry Pendel devenu à Panama correspondant manipulateur et affabulateur du MI6 ; sinon ce mensonge pèse affreusement lourd et constitue un terrible handicap pour tous les actes de celui qui est contraint de le supporter...

“Rien de nouveau”, mais “nouveauté complète”

Il s’agit donc de lutter contre ce “mensonge historique”, certes grossièrement affirmé par les « colins froids » occidentaux, lutter comme fait le ‘Constant Gardener’ (autre bouquin de Le Carré) arrosant chaque jour ses plantes préférées, c’est-à-dire chaque jour poursuivant sa quête de la vérité. Poutine, cet être diabolique et vil, l’a dit lors de son discours de Munich du 10 février 2007, la première fois où il affirma de façon solennelle que la Russie avait été « trompée » par l’Occident. Outre les mensonges, Poutine dénonçait ce que nous nommons depuis le printemps 2009 “politiqueSystème”...

« L'ancien vice-président de l'OSCE a également fait écho au ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, en décrivant l'état actuel des relations entre la Russie et l'Occident comme “une conversation entre un sourd et un muet”. Le plus haut diplomate russe a fait ces remarques il y a quelques jours, à l'issue d'entretiens avec la ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss.

» Les États-Unis et leurs partenaires européens sont “certainement sourds” depuis des décennies puisqu'ils n'ont “tiré aucune conclusion” du discours historique prononcé par le président russe Vladimir Poutine lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2007, lorsqu'il a montré très clairement “où se situent les problèmes sur le continent eurasiatique”, a déclaré Wimmer.

» À l'époque, le dirigeant russe avait prévenu que l'hégémonisme unilatéral des États-Unis et le recours “incontrôlé” à la force dans les relations internationales érodaient le système de sécurité mondial et affaiblissaient le droit international. C'était également l'une des premières fois qu'il mentionnait la promesse faite par l'OTAN à la Russie de ne pas s'étendre à l'est. »

En un sens, nous dirions qu’il n’y a “rien de nouveau” dans les “révélations” (guillemets nécessaires, donc) dont nous parlons ici, sinon la précision martelée plus haut que la promesse de la non-expansion était un fondement bureaucratique de la politique otanienne à cette époque. Toute personne raisonnablement informée, avec un peu d’expérience hors des sentiers battus et piétinés de a presseSystème, et personne avec un peu d’intuition d’où l’on trouve le vrai, ne peut trouver dans ces documents qu’une nième confirmation de la vérité historique. Mais il s’agit de renforcer cette “vérité historique”, de la dire et de la redire, sans cesse, absolument sans cesse ... Nous-mêmes, nous participons à l’entreprise, comme ceci, du 15 février 2022 :

« ...Présenter [en 1993, aux USA] cette idée comme une promesse de l’administration doit ramener les Polonais-Américains, qui réclament à grands cris cette mesure, du côté du parti démocrate. Cette idée implique évidemment le principe de l’élargissement de l’OTAN, qui devient ainsi, subrepticement, la politique de l’administration Clinton...

» Cela [était] en complète contradiction avec la politique suivie jusqu’alors. Dans notre numéro de notre Lettre d’Analyse ‘dd&e’ du 10 octobre 1994, nous écrivions :“ L’année dernière, à la même époque (le 21 octobre 1993 exactement, à la réunion des ministres de la défense de l’Organisation [l’OTAN]), les États-Unis présentaient l’idée du ‘Partnership for Peace’ (PfP, ou ‘Partenariat pour la Paix’). Le but  [opérationnel]  était clair et double : apaiser les pays d’Europe de l’Est qui réclamaient leur entrée dans l’OTAN, sans inquiéter ni isoler la Russie. L’interprétation politique du PfP était également claire : l’initiative renvoyait aux calendes grecques le problème de l’élargissement.” »

“Mais il s’agit de renforcer cette ‘vérité historique’, de la dire et de la redire, sans cesse, absolument sans cesse”, disons-nous... L’art de la répétition, sans nul doute ! Le but secret de ces répétitions est de miner comme font les termites la formidable forteresse de mensonges qu’ils ont édifiée pour consacrer le simulacre.

La répétition sans cesse d’un nouvel éclair de la même vérité, la vérité-une-et-indivisible, affaiblit la psychologie du menteur-simulateur, devenu ainsi par la force écrasante du Système, “force des choses” du Système, emprisonné par cette forêt de mensonge générant le déterminisme-narrativiste comme le plus terrible des geôliers que l’on puisse craindre. Il s’en déduit que tout élément supplémentaire éclairant la vérité, tout en étant “rien de nouveau”, se révèle comme une “nouveauté-complète”. C’est notamment une des raisons, mais pour nous la raison essentielle, selon lesquelles il faut voir dans la diffusion de ces nouvelles rien de moins qu’un événement de grande importance.

Le document OTAN

Le chronologiquement premier document présenté par RT, venu d’un article du ‘Spiegel’ publié le 18 février, est basé sur un compte-rendu interne à l’OTAN et d’origine britannique, dont RT publie une image. Il s’agit du procès-verbal d’une réunion de travail de l’OTAN datant de mars 1991, alors que le processus de réunification de l’Allemagne est en cours de réalisation, après la décision très rapide du chancelier Kohl de 1990. Les participants à cette réunion sont des “responsables politiques” des gouvernements allemand, français, UK et US. Les références aux pourparlers dits “2+4” sur la réunification allemande sont nombreuses, toutes avec l’affirmation de la non-extension de l’OTAN vers l’Est, au-delà de la frontière orientale de l’Allemagne réunifiée.

« Le document cite le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Europe et le Canada, Raymond Seitz : “Nous avons clairement fait savoir à l'Union soviétique, – dans les pourparlers 2+4, ainsi que dans d'autres négociations, – que nous n'avions pas l'intention de bénéficier du retrait des troupes soviétiques d'Europe de l'Est”. Seitz ajoute : “L'OTAN ne devrait pas s'étendre à l'Est, que ce soit officiellement ou officieusement”, ajoute Seitz.

» Un représentant britannique mentionne également l'existence d'un “accord général” selon lequel l'adhésion à l'OTAN des pays d'Europe de l'Est est “inacceptable”.

» “Nous avions clairement indiqué lors des négociations 2+4 que nous n'étendrions pas l'OTAN au-delà de l'Elbe”, a déclaré le diplomate ouest-allemand Juergen Hrobog. “Nous ne pouvions donc pas proposer à la Pologne et aux autres pays d'adhérer à l'OTAN”.

» Le procès-verbal précisait ensuite qu'il faisait référence à l'Oder, la frontière entre l'Allemagne de l'Est et la Pologne. M. Hrobog a ajouté que le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl et le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher avaient également approuvé cette position. »

Cette publication du ‘Spiegel’ reprise par RT.com vient par le plus classique des cheminements d’une recherche opiniâtre d’un universitaire de Boston, USA, dans les archives britanniques de la période. Le professeur Joshua Shifrinson, qui enseigne les sciences politiques à l’université de Boston, signale que le document était classé ‘Secret’ avant d’être récemment déclassifié.

« Joshua Shifrinson a tweeté vendredi qu'il était “honoré” de travailler avec ‘Der Spiegel’ sur ce document montrant que “les diplomates occidentaux croyaient avoir effectivement pris un engagement de non-élargissement de l'OTAN”.

» “Les hauts responsables politiques nient qu'un engagement de non-élargissement ait été proposé. Ce nouveau document montre le contraire”, a déclaré Shifrinson dans un tweet de suivi, notant que “au-delà” de l'Elbe ou de l'Oder selon toute appréciation géographique normale comprend les pays d'Europe de l'Est vers lesquels l'OTAN a commencé à s'étendre seulement huit ans plus tard. »

L’interview Wimmer

Il est manifeste que RT a fait suivre l’article du ‘Spiegel’ de ses propres recherches, qu’il a ainsi rencontré un ancien haut fonctionnaire national et international, l’Allemand Wimmer, qui a accepté de jouer le “lanceur d’alerte” comportant une “vérité historique” saccagée par le Système.

« Cet homme politique chevronné [Wimmer], qui a été secrétaire parlementaire du ministre allemand de la défense entre 1985 et 1992, a déclaré avoir été personnellement témoin de cette promesse de non-extension vers l’Est] lorsqu'il a “envoyé au chancelier Helmut Kohl la déclaration sur la Bundeswehr dans l'OTAN et sur l’OTAN en Europe, qui a été complètement intégrée dans les traités de réunification”.

» La décision de Berlin à l'époque ”de ne pas stationner de troupes de l'OTAN sur le territoire de l'ancienne Allemagne de l'Est et d'arrêter l'OTAN près de l'Oder” faisait partie de cette promesse, a ajouté. Wimmer. »

Ensuite, Wimmer replace ces péripéties initiales de la décision de non-extension dans une logique contraire, annoncée par « la tristement célèbre ‘doctrine Wolfowitz’ de 1992 ». On sait ce dont il s’agit si l’on consulte le texte resté pour nous fameux dans la validité de sa vision stratégique et politique, et dans la qualité littéraire de son exposition que montrait William Pfaff : « To Finish in a Burlesque of Empire », dans l’‘International Herald Tribune’ du 12 mars 1992, repris, sauvegardé sur ce site le 23 novembre 2003.

Wimmer explique fort justement que cette doctrine fut dénoncée par le Pentagone, dès que la fuite au New York ‘Times’ l’ait exposée. Il indique simplement que des éléments en furent repris plus tard, ce qui est l’évidence dès lors que les neocons (néo-conservateurs) qui furent à la base du document, avec Wolfowitz comme un de leurs leaders, revinrent en force avec l’administration GW Bush de début 2001, puis, évidemment avec l’attaque du 11-septembre et ce qui suit. Tout cela formate essentiellement ce que nous nommerions “politiqueSystème”. Mais, comme nous l’avons rappelé très récemment, la ‘doctrine Wolfowitz’ n’est pas la cause de l’expansion vers l’Est de l’OTAN, mais bien la ‘politique électoraliste’ de Clinton et des démocrates en 1993-1994. La ‘doctrine Wolfowitz’ monta ensuite avec délice et graqnde excitation dans le train en marche, et la dérision originelle s’équipa d’une charge mortelle de pseudo-“stratégie du chaos”. Partout règne en maître la bêtise, avec à ses côtés le mensonge et dans sa trousse de maquillage le simulacre de la poudre aux joues.

RT/Wimmer : « Cette [“doctrine Wolfowitz”] était en fait une directive de planification de la défense pour les années fiscales 1994-1999, qui a fait l'objet d'une fuite au New York Times à l'époque et a suscité une vague de critiques aux États-Unis même. Le document décrivait la politique d'unilatéralisme et d'actions militaires préventives destinée à supprimer les menaces potentielles et à empêcher tout État supposé autoritaire de devenir une superpuissance. Le texte officiel des directives a ensuite été modifié à la suite du tollé, mais de nombreux principes de la “doctrine” ont tout de même trouvé leur place dans la politique étrangère de l'ancien président américain George W. Bush.

» Depuis lors, les États-Unis et leurs alliés sont sur la “mauvaise voie”, car ils font pratiquement tout pour donner à Moscou l'impression, assez “justifiée”, que les nations occidentales cherchent à “chasser la Russie d'Europe, à construire un nouveau mur entre la Baltique et la mer Noire” et finalement à “détruire" la Russie au lieu de coopérer avec elle, a souligné Wimmer.

» La racine de tous les problèmes de sécurité actuels en Europe réside dans la politique américaine consistant à contrarier continuellement la Russie, selon Wimmer. “Toute la misère à laquelle nous sommes confrontés a commencé avec les États-Unis qui ont mené la politique visant à chasser la Russie de l'Europe au cours des 20 ou presque 30 dernières années”, a-t-il déclaré.

» Tant que les États-Unis continueront à “tout faire pour atteindre cet objectif”, que ce soit par le biais de l'OTAN ou d'accords bilatéraux, les problèmes de sécurité de l'Europe pourront difficilement être résolus, a averti Wimmer, ajoutant que c’est Washington qui devrait changer fondamentalement ses habitudes. »

Dans de telles conditions venues de si loin, et parfaitement connues des Russes, il n’y a nulle surprise, comme l’observe Wimmer, à ce que le dialogue entre Russes et “partenaires” occidentaux ressemble, selon le mot de Lavrov le 11 février après sa rencontre avec la secrétaire au Foreign Office Truss, à une conversation entre un sourd et un muet...

« Pour être honnête je suis déçu qu’on ait eu une conversation qui soit un dialogue de sourd. On entend mais on ne s’écoute pas. Au moins, nos explications sont arrivés sur un terrain mal préparé. C’est à peu près la même chose que quand on dit que la Russie attend que le sol gèle et soit dur comme de la pierre pour que ses chars puissent entrer calmement sur le terrain ukrainien. Il me semble que c’était le même terrain chez nos collègues britanniques aujourd’hui. »

 

Mis en ligne le 20 février 2022 à 14H35

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Au Canada, mon fascisme en ‘open bar’

Par : info@dedefensa.org — 21 février 2022 à 00:00

Au Canada, mon fascisme en ‘open bar

21 février 2022 (17H05) – Kiev a écrasé Ottawa dans l’hyper-actualité ; les commentateurs soi-disant dissidents, pressés et en général “jouisseurs du malheur” en vous annonçant que nos révoltes sont inutiles parce que le Système est le plus fort et que le révolté est un mouton manipulé, sont passés à autre chose qui est la description de l’inéluctabilité de la victoire du Système. Pourtant, le Canada n’est pas inintéressant.

Il y a en effet là-bas une fantastique et foudroyante transformation, – comme une terrible pandémie, vous voyez l’analogie ? – d’une “démocratie progressiste tranquille” en une “démocrature” brutale, comme une tyrannie brusquement tirée de sa cachette. La suppression du ‘Freedom Convoy’ tel qu’il était installé à Ottawa s’est faite avec une extraordinaire brutalité. La ‘cancellation‘ complète de la révolte a été ponctuée par une impressionnante journée de protestation à laquelle on ne s’est guère intéressée, comme si l’on concluait : “affaire classée”... Pour autant :

« Des manifestations massives ont éclaté samedi dans tout le Canada à la suite de la répression brutale d’Ottawa contre les manifestants du Convoi pour la liberté. Des milliers de Canadiens sont descendus dans la rue à Calgary, Toronto, Québec et dans des dizaines de petites municipalités immédiatement après la répression, et certaines manifestations se sont poursuivies jusqu'à dimanche. »

Contrairement à mon habitude d’opposer un silence méprisant aux habituels roucoulements démocratico-européanistes des députés européens, quasi-exclusivement destinés à la dénonciation d’un Poutine ou du fascisme de demain sur les ailes du populisme, j’irais même jusqu’à citer avec respect le discours au Parlement européen d’un député de nationalité roumaine. Cristian Theres eut l’excellente idée de tracer un parallèle entre Trudeau et Ceausescu :

« Ce qui a fait notre force - et je parle du monde occidental - ce sont les valeurs. Le respect des droits fondamentaux de base. La règle impérative  que le gouvernement est là pour vous servir en tant que personne, et non pour que vous serviez le gouvernement. Le premier ministre du Canada, la façon dont il se comporte en ce moment, – c’est le comportement d’un tyran, d’un dictateur. Il est comme Ceausescu en Roumanie. [...] Si vous émettez des doutes sur les vaccins, vous êtes mis au ban de la société. Quelle est la différence entre ce qu'il fait et ce qui se passait sous l'Inquisition ?

» D'un côté, ils disent que nous ne devrions pas croire en Dieu. Mais de l’autre, ils disent “croire en la science”. Nous ne sommes pas obligés d'y croire. La science n'est pas une question de croyance. La science, ce sont des mesures, des conclusions, des hypothèses et des arguments.

» J’espère que ce mouvement pour la liberté et pour les droits se répand dans le monde entier. Parce qu'au bout du compte, nous devons nous assurer que tous ces élus comprennent qu'ils ont été élus à ces postes pour travailler pour le peuple. Pas pour se comporter comme des maîtres avec leurs esclaves. »

Je me tourne alors vers l’écrivain, auteur, humoriste C.J. Hopkins. Il s’agit d’un commentateur de gauche qui dispose à son actif de quelques  d’honneur selon mon jugement. Pour nous rassurer complètement, je précise qu’il fit partie, en 2018 aux côtés notamment d’Israel Shamir et de Diane Johnstone, de la charrette des purgés de CounterPunch’. (J’ai écrit quelques mots, ou plutôt repris l’essentiel du passager que Johnstone consacre à cette affaire dans ses mémoires. Cette publication,‘Counterpunch’, qui fut vaillante depuis sa création en 1946, virant brusquement dans le sens de l’antirussisme du Système, et de tout ce qui va avec, et bien entendu bannissant tout texte qui paraîtrait trop antiSystème.) Aujourd’hui, il publie notamment dans ‘The Consent Factory’, l’ensemble faisant qu’on peut lui faire confiance...

Dans « Le visage nu du fascisme de la Nouvelle Normalité » publié le 20 février 2022 sur le site de ‘The Consent Factory’, C.J. Hopkins décrit donc les événements canadiens, toujours en cours, plus que jamais en cours malgré le baisser de rideau des commentateurs pseudo-dissidents et trop pressés d’avoir raison. Il faut aller voir le texte en entier, plein de détails, de vidéos, de références éclairantes, etc. Je reprends ici la fin du texte de Hopkins, lorsqu’il décrit la situation dans son ensemble, lorsqu’il insère les événements canadiens dans une immense dynamique antiSystème en cours.

« Je décris depuis deux ans la ‘Nouvelle Normalité’ comme une nouvelle forme de totalitarianisme (ou de fascisme, si vous préférez), et je l'ai documentée depuis le tout début (voir, par exemple, ces fils Twitter de mars 2020 and avril 2020, que les éditeurs d’‘OffGuardian’ ont préservés pour la postérité). Il était là depuis le début, en plein déploiement mais rendu invisible par la ‘narrative’ officielle du Covid.

» La ‘narrative’ officielle est en train de rapidement se dissoudre, rendant visible le fascisme de la Nouvelle Normalité. Cela se produit maintenant parce que ceux d'entre nous qui l'ont vu depuis le début, – et qui y ont résisté depuis le début, – ont tenu assez longtemps pour que le temps nous donne raison. GloboCap ne peut pas maintenir la cohésion de sa ‘narrative’,  alors il ne lui reste que la force fasciste brutale.

» Nous devons faire en sorte que GloboCap déploie cette force, et la mettre sous les feux de la rampe, comme viennent de le faire les camionneurs et les manifestants à Ottawa. Au cas où quelqu'un ne comprendrait pas bien la tactique, il s'agit d’une désobéissance civique non violente classique. Je l’ai décrite dans une récente chronique :

» “En d'autres termes, nous devons faire en sorte que GloboCap (et ses sbires) devienne ouvertement totalitaire... parce qu’il ne le peut pas. S’il le pouvait, il l’aurait déjà fait. Le capitalisme mondial ne peut pas fonctionner de cette façon. Devenir ouvertement totalitaire le fera imploser... non, pas le capitalisme mondial lui-même, mais sa version totalitaire. En fait, cela commence déjà à se produire. Il a besoin du simulacre de la ‘réalité’, de la ‘démocratie’ et de la ‘normalité’ pour garder les masses dociles. Nous devons donc attaquer ce simulacre. Nous devons le marteler jusqu'à ce qu’il se fissure, et que le monstre qui s'y cache apparaisse. C’est la faiblesse du système... Le totalitarisme de la nouvelle normalité ne fonctionnera pas si les masses le perçoivent comme un totalitarisme, comme un programme politique/idéologique, plutôt que comme une réponse à une pandémie mortelle.” »

Il y a nombre d’idées sur le fonctionnement du Système qui me sont chères, sur lesquelles je reviens autant qu’il est possible depuis longtemps, notamment celle que le Système a « besoin du simulacre de la “réalité”, de la “démocratie” et de la “normalité” »... « [P]our garder les masses dociles » ? Pas seulement, même si c’est un effet bien entendu attendu. Le Système a besoin de « la “réalité”, de la “démocratie” et de la “normalité” » qui constituent son simulacre, parce qu’il a besoin lui-même de son propre simulacre. S’il ne l’a pas, effectivement, il s’effondre psychologiquement. Nous le chargeons de trop de capacités complotistes, manœuvrières, manipulatrices, etc., alors qu’il n’est que surpuissance avec l’exigence que cette dynamique figure dans un décor absolument vertueux.

Je ne crois pas savoir ni ne crois tout court, d’ailleurs parce que je n’ai nul besoin de savoir et de croire dans ce champ-là, si l’affaire du Covid est dès l’origine un montage, une manœuvre, un complot, une conjuration, un coup monté-tordu. J’ignore si Hopkins croit le savoir et le crois. Je sais que mon premier réflexe élaboré fut ma stupéfaction de la “réponse” des systèmes du Système. De ces mots-là, d’il y a deux ans et six jours exactement, je ne retire pas une virgule et je vois déjà mon commentaire pour la suite tout tracé...

« Je suis stupéfié personnellement (“tactiquement”, dirais-je) par les effets de cet événement mais ne suis pas plus surpris que cela, objectivement (“stratégiquement” dirais-je), tant ils correspondent bien à cette époque stupéfiante. Nous sommes tous dans l’attente de choses formidables, de poussées sismiques incroyables, de symphonies métahistoriques grandioses, et nous voyons dans chaque événement qui nous est imposée, – même si nous en sommes les outils inconscients, – un signe de ce destin exceptionnel. »

En fait et pour ce qui est du personnel, je suis plutôt tenté par l’hypothèse de la folie qui s’accorde parfaitement avec ce que je sais et ressens de ce qu’est la folie ; et une folie d’ailleurs, qui touche le Système et que le Système voudrait imposer à nos populations, et folie aussitôt transformée en “fascisation” plus qu’en “fascisme” ; c’est-à-dire un processus vers le fascisme de tout ce qui ne l’est pas et qui pourtant l’est déjà un peu, notamment les usages capitalistes sous la houlette d’une dame (la ministre canadienne Freeland) qui n’a jamais renié, et même s’inspire absolument des convictions nazies de son grand’père ukrainien... Grandiose, ce dernier détail : Kiev retrouvant Ottawa !

Quoi qu’il en soit, tout cela n’importe plus guère en soi et c’est bien à l’enseignement général de Hopkins qu’il faut s’intéresser. J’imagine aisément qu’à un moment ou l’autre et plongé dans sa folie, le Système a jugé que l’occasion de la “fascisation” était trop belle et qu’il fallait s’y jeter, s’y vautrer. Dès lors, effectivement, le Système va vers sa mort, si ce n’est déjà l’agonie. Qu’on se le dise, par exemple dans les termes d’Hopkins...

« La ‘narrative’ officielle est morte, ou en train de mourir. La secte Covidienne est en train de s'effondrer. Personne, à l’exception des plus fanatiques des “néo-normaux”, ne croit qu’il existe une justification réelle pour imposer la “vaccination” obligatoire, les “camps de quarantaine”, la ségrégation des “non-vaccinés”, ou toute autre “restriction covidienne”. “Le virus n'est plus une excuse pour suivre aveuglément des ordres ridicules et persécuter ceux d’entre nous qui refusent d’exécuter ces ordres”.

» Le théâtre de la pandémie apocalyptique est terminé.

C'est un combat purement politique à partir de maintenant.

» Ottawa n'est pas la fin. Ce n'est que le début. Les protestations et autres formes de désobéissance civile se multiplient partout dans le monde... oui, même ici, dans l'Allemagne de la nouvelle normalité. Cela ne signifie pas qu'il est temps de se détendre. Au contraire, il est temps d'augmenter la pression. Il est temps de faire en sorte que le monstre se montre, dans toute sa laideur fasciste nue, et de forcer tout le monde à choisir son camp.

» Il n’y a que deux camps... le fascisme ou la liberté. »

Ce qui assez drôle, – comme on disait “drôle de guerre” ou “drôle de drame” au choix, – c’est qu’en même temps une dame de haute volée dit à ses 2% et quelques de sondés favorables à Anne Hidalgo que le grand danger qui nous menace c’est celui qui est à venir, c’est le fascisme-Zemmour. (“No Pasaran !”... Ouf.) Drôle également de voir avec quelle ardeur la police française a cogné, sur ordre du délégué du peuple le préfet Lallemant, sur les “convois de la liberté” entrant dans Paris comme “les loups” de Reggiani pour y être accueillis par des foules bonhommes agitant des drapeaux français ; tandis que, au même moment, la police de la République assistait d’un œil également bonhomme, également sur ordre du même délégué de la République, au déchaînement antifrançais, antiflic et évidemment antiracistes/fascistes de la nième manif organisée par la société à responsabilité extrêmement limitée Assa Traoré, la « Guardian of the Year » du magazine ‘Time’, lui-même pilier du ‘Corporate Media/Deep State Control Complex’ (disons presseSystème). Le tour de main est un tour de force.

...C’est donc qu’il y a, disponible en stock, fascisme et fascisme.

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La montagne qui rugissait...

Par : info@dedefensa.org — 22 février 2022 à 00:00

La montagne qui rugissait...

22 février 2022 (14H00) – La souris a accouché d’une montagne et il s’avère que cette montagne rugit comme “la souris qui rugissait”. Cela a l’air compliqué, comme ça, mais pensez-y encore en observant la mine impassiblement décidée de Poutine.

Ma réaction à la décision russe doit être placée dans le contexte des semaines de tension qui ont précédé. Même si vous n’y croyez pas vraiment tout en ne sachant pas s’il faut y croire, les annonces et affirmations folles, grotesques et répétées, ont créé un climat inconscient d’une grande tension psychologique, lequel a été étrangement renforcée par l’aspect bouffe de cette tragédie-bouffe...Nous ne savons rien et nous nous moquons du fait que nous ne savons rien, et pourtant rien ne montre que “n’en rien savoir” suffise pour écarter de son esprit, de sa psychologie, l’hypothèse que “cela” se fait, voire que cela est “en train de se faire”, et qu’on fond de nous-même nous le savons bien...

« Si Vladimir Poutine n’a pas ordonné l’invasion de l’Ukraine les 15 ou 16 février, comme l’avaient promis des médias US et les tabloïdes UK, il pourrait bien le faire le lendemain, insistent-ils. Ou le 20 février, comme l’affirme Politico. Ou la semaine suivante. Ou le mois d’après. Ou lors de la prochaine décennie... Qui sait, après tout, avec des soldats russes se déplaçant librement dans leur pays pour des manœuvres parfois proches de leurs frontières, on ne saurait être trop prudents... [...] Vous ignorez donc que la prochaine attaque militaire russe ne pourrait se produire que dans le cyberespace, et qu’elle serait donc en grande partie invisible... En fait, la guerre contre l’Ukraine a peut-être déjà commencé... avec une nouvelle tactique comprenant des centaines de fausses alertes à l’“invasion”... Après avoir crié “au loup” concernant une invasion russe qui ne s’est jamais matérialisée, on nous explique maintenant qu’elle pourrait être en cours... mais que nous ne l’avions tout simplement pas remarqué... » (Rachel Marsden, ‘Désordre Mondial’, Spoutnik-français, 19 février 2022).

Il est vrai que, pour ce qui me concerne, le choc a été de constater la très faible réaction de tous ceux qui hurlent depuis des mois à l’invasion russe : ils ont redoublé de hurlements, anathèmes et malédictions, sans esquisser le moindre geste de dégainer. Certes, on dira que ce n’est pas l’“invasion” annoncée, – pas encore, enfin. Tout de même, Poutine annonce froidement qu’il reconnaît les deux républiques autoproclamées, RPD et RPL, et qu’il applique aussitôt un traité commun en y déployant des forces “de maintien de la paix” : après tant d’alarmes et de menaces de rétorsion, de déclarations, de prévisions apocalyptiques, j’avoue qu’inconsciemment j’attendais une réaction brutale, à la hauteur de ce que j’avais perçu de fureur annonciatrice.

Bien entendu, toute cette agitation était objectivement bouffonne, c’était évidemment un simulacre, mais l’esprit, armé par cette perception et une psychologie aigu, et bien qu’il connût absolument la bouffonnerie de la chose, attendait inconsciemment la logique du simulacre accordée à ce qu’on pourrait nommer après tout “vérité-de-simulacre” (cette formule comme inversion négative et épouvantable de la vérité-de-situation). Or, rien de cela ; on condamne partout bien sûr, on invoque le viol des accords de Minsk (bouffonnerie de la bouffonnerie puisque l’Ukraine ne les a jamais respectés et que la Russie n’y est pas partie prenante), on annonce des sanctions que tout le monde connaît depuis des semaines et des mois, – paroles, paroles et paroles, – et retour de flamme des sanctions attendue pour la détresse considérable des Européens qui ont tout fait pourtant pour les justifier... Et quoi d’autre ? Pas d’alerte des forces, d’envoi de renforts, de déploiement de l’avant ? Pas de mobilisation, de rappel de la réserve ? Pas de mise en ‘DefCon 3’ (‘Defense Condition’) des armées de la puissante Amérique, comme en octobre 1973 pour la guerre du Kippour ?

Que s’est-il passé ? Le simulacre initial s’est précipitamment dégonflé, on s’active pour en gonfler un autre. Nous allons de simulacre en simulacre, le suivant absorbant les couleuvres du précédent... Ce qui est impressionnant selon mon sentiment, c’est le constat que l’extraordinaire volume de la communication attend, réclame, exige un événement extraordinaire pour justifier ce volume, dans une atmosphère où tout événement de la part des Russes devient “extraordinaire”. L’on attend par conséquent une riposte à mesure (“extraordinaire”) dès que la Russie suscite un événement. On a cet événement effectivement “extraordinaire” des Russes, et rien, vraiment rien d’“extraordinaire” ne se produit de la part de ceux qui avaient jeté le défi de la moraline à l’infâme président russe.

C’est un constat très intéressant et important pour comprendre le fonctionnement de notre époque. Le simulacre initial, alimenté par un formidable flot de communication, crée sa “vérité-de-simulacre” qui est une pseudo-situation de grande tension. La situation est pseudo, mais la “grande tension” est bien réelle. Elle conduit l’acteur passif et récalcitrant (celui qui refuse la “vérité-de-simulacre”, c’est-à-dire la Russie) à poser un acte qu’il n’aurait pas posé en temps “normal”. Les acteurs actifs et consentants se trouvent devant une nécessité inattendue, bien que logique : réagir aussitôt à mesure de l’insupportable événement “extraordinaire”. Eh bien non ! Tant pis pour la “nécessité”, ils bottent aussitôt en touche comme l’on dit au rugby, en réagissant selon les normes de l’impuissance qui est la leur (je conseille-de-sécurité, je condamne-moralinesquement, je, je, je, et puis plus rien). Poutine, lui, marque l’essai et l’on continue le match où il a drôlement consolidé son avantage.

Le seul parmi tous ces fous qui condamnent en paroles ce dont ils sont responsables originellement, le seul à avoir fait montre d’un instant de sagesse que d’autres nommeraient réalisme selon les moyens disponibles et les risques à maîtriser, – et ce serait alors paradoxalement la sagesse solitaire et momentanée des fous, – c’est paradoxalement (bis) Biden qui avait laissé échapper une vérité-de-situation à venir avant d’être forcé de se rétracter sous la torture de ses divers alliés et soutiens washingtoniens :

« ...[C]omme lorsqu’il [Biden] affirmait dans cette conférence de presse du 19 janvier, que “‘quelques incursions’ russes en Ukraine, côté Donbass, ne seraient pas considérées comme une ‘invasion’...” Depuis, il a rétropédalé et, alors que la tension de communication concernant l’“invasion” russe à venir tombait fortement, et d’ailleurs à l’insistance des Ukrainiens qui veulent calmer le jeu, Biden a brutalement dramatisé la situation... » 

Ainsi donc, rétrospectivement considérée, et mis à part Biden qui rencontre des éclairs de sagesse dans sa folie, toute la séquence rencontre la fameuse référence de Jacques-Bégnigne Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » (*)

Quelques parcelles de vérité-de-situation

J’ajouterai quelques observations et citations sur d’autres aspects de la situation qui ne me paraissent pas inintéressantes. Elles concernent les situations intérieures exotiques de deux pays auxquels j’ai l’habitude de m’intéresser, polus un clin d’œil en supplément

• Macron a fait un communiqué furieux, ou bien s’agit-il de considérations verbales, et alors je serais tenté de les considérer comme la vexation profonde et l’arrogance pliée (son “sommet” Biden-Macron-Poutine torpillé par Poutine) du Petit Télégraphiste devant la “rigidité” et la “paranoïa” qui lui sont opposées, – ces deux mots impliquant un jugement effectivement furieux du président russe qui a des principes et qui considère que l’encerclement de son pays par l’OTAN est une grave menace. (Macron devrait se méfier de cette sorte d’humeur qui compromet toute suite diplomatique sérieuse de la chose car Poutine oublie difficilement.) Cela implique une occasion tactique en or ratée pour le candidat Macron et sa volonté de paraître de haute stature internationale dans la grande compétition présidentielle qui doit bouleverser la civilisation.

« La présidence française a accusé le président russe de s'inscrire dans une “une sorte de dérive idéologique” et de tenir un discours mêlant des considérations “rigides et paranoïaques”. »

Face à Macron, sur ce sujet, une étrange ligne de bataille : Le Pen-Mélenchon-Zemmour. Peut-être se trouvera-t-il un grand esprit pour considérer que ces trois-là, qui représentent à peu près 40% des votants selon les chuchotements sondagiers, doivent subir les foudres d'une justice quasi-divine pour les punir d’être compréhensifs pour le Diable, en étant interdits des 500 signatures qui leur permettraient d’être candidats. Je pense que c’est bien la sorte d’état d’esprit qui conduit les raisons cannibalisées des esprits sacrifiant, en général en toute inconscience-innocence, au Culte de la Doxa, ou divinum lumen. Avec eux le Déluge, comme disait Noé.

• La deuxième remarque, avec une longue citation, concerne les États-Unis et la position intérieure de Biden face à un déchaînement républicain déjà en cours (voir le sénateur Cruz). Cette fois, ce sont les républicains va-t’en-guerre depuis les deux Bush, qui prennent l’offensive et s’installent en extrémistes. On ne discutera pas ici de la validité ou non de leur position, on connaît mon avis et la considération que j’ai pour les aventures guerrières, surtout celles, fort massacreuses et extatiques pour nos zélotes du Système, de Bush-Junior (précédées et continuées par Clinton-Obama, bien entendu). Il s’agit d’envisager la démarche intérieure, qui est d’avoir la peau de Biden et de chiper le Congrès aux démocrates en novembres.

Je prends ainsi une analyse considérablement critique de l’action de Biden, et tenant par ailleurs pour acquis que Poutine est le Diable incarné, – cela étant pour ce cas une considération absolument secondaire. L’intérêt ici est que le jugement de l’action russe, estimée à sa supposée valeur cynique et réaliste de forfaiture mais selon une démarche non dépourvue d’intérêt objectif, est mise en comparaison avec celle de Biden, pour aboutir à une condamnation stratégique complète de Biden. Quoi qu’en veuillent ces républicains, – car il n’est certainement pas dit qu’ils auraient fait mieux, ou qu’ils n’auraient pas fait différent si l’on considère l’aile traîtresse Trump-Carlson du parti, – l’analyse est objectivement intéressante parce qu’elle ne nous soule pas d’une overdose de moraline assénée par des zombies-dealers. L’analyse vient d’une plume nommée Streiff, ancien officier de l’U.S. Army, et l’un des éditorialistes du site ‘RedState.com’, et il parle comme s’il tenait pour acquis que les USA ont appliqué la monstrueuse “règle de Biden” (« quelques incursions” russes en Ukraine, côté Donbass, ne seraient pas considérées comme une ‘invasion’... »).

« Ce week-end, une conférence sur la sécurité s’est tenue à Munich sur la “crise” ukrainienne. Pour des raisons sur lesquelles nous ne pouvons que spéculer, Joe Biden a choisi de rester à la maison et d'envoyer la naïve grande gueule de Kamala Harris représenter les intérêts américains. Ce choix, à lui seul, devrait constituer un motif de mise en accusation et de destitution de Biden lorsque le GOP reprendra le Congrès. Comme le président n’a pas besoin d'être en fonction pour être mis en accusation et démis de ses fonctions, nous pouvons faire cela avec Biden... [...]

» La réponse de la junte de Biden [ à la décision de Poutine] a été singulièrement inefficace, alors qu'elle admet avoir anticipé le geste de Poutine.

» “Nous avons anticipé une telle action de la part de la Russie et nous sommes prêts à y répondre immédiatement. Le président Biden va bientôt publier un décret qui interdira tout nouvel investissement, commercial et financier par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions ukrainiennes dites RPD et RPL. Ce décret donnera également le pouvoir d’imposer des sanctions à toute personne dont il est établi qu’elle opère dans ces régions de l'Ukraine. Le Département d'Etat et le Département du Trésor fourniront des détails supplémentaires sous peu. Nous annoncerons également sous peu des mesures supplémentaires liées à la violation flagrante, aujourd'hui, des engagements internationaux de la Russie.

» “Soyons clairs : ces mesures sont distinctes et s'ajoutent aux mesures économiques rapides et sévères que nous avons préparées en coordination avec les Alliés et les partenaires au cas où la Russie continuerait d’envahir l’Ukraine.

» “Nous continuons à consulter étroitement les Alliés et les partenaires, y compris l'Ukraine, sur les prochaines étapes et sur l’escalade actuelle de la Russie le long de la frontière avec l'Ukraine.”

» Pourquoi l'ordre exécutif n’a-t-il pas été rédigé et prêt à être signé s’ils avaient anticipé le mouvement ? Au-delà de cela, il est inutile. Il n’y a probablement pas d'entreprises ou de personnes américaines ayant des activités commerciales, financières ou d'investissement directes à Donetsk et Luhansk. Les sanctions ne sont pas des sanctions secondaires, c’est-à-dire qu’elles ne visent que les entreprises qui traitent avec des entreprises ayant des intérêts en Ukraine orientale, de façon à ce que les banques américaines puissent continuer à travailler avec les banques russes fortement impliquées dans cette région. Ce seul fait montre que les sanctions ne sont tout simplement pas sérieuses. Dans le dernier paragraphe, les Russes ne perdront pas de vue que l'Ukraine est presque mentionnée comme une partie annexe du propos plutôt que comme la principale partie lésée.

» En l’état actuel des choses, Poutine a renversé la table. Il peut envoyer des troupes en RPD et en RPL, s’il le souhaite [il l’a annoncé depuis, NDLR], car il les a reconnues comme autonomes. Peu importe à quel point cela semble peu convaincant aux yeux de l’establishment de la politique étrangère, – ce sont ces personnes qui ont tout fait foirer ici en premier lieu, – cela sera plausible pour la plupart des pays du monde. Aucune sanction ne lui sera imposée. Et il a posé les bases d'un recul et d’un retrait de l’OTAN de la Géorgie (le pays et non l'État, pour le bénéfice des crétins de ‘Media Matters’) et des États baltes.

» Ce que nous venons de vivre est l'une des deux choses suivantes. Soit Poutine s’est joué de Joe Biden et a laissé le monde entier bouche bée devant la facilité et l'audace de son acte, soit il a travaillé main dans la main avec Biden et Anthony Blinken pour découper l’Ukraine sans qu'il lui en coûte quoi que ce soit, – ce qui rappelle un peu la façon dont la Pologne a été démembrée en 1939. Quoi qu'il en soit, la crédibilité des États-Unis a subi les mêmes dommages et Poutine a pu montrer que Joe Biden n’est tout simplement pas en capacité de relever ses défis. Ce qui se passera au cours des prochaines années ne sera pas beau à voir. »

• La troisième remarque est une forme de clin d’œil sur l’éblouissant et éclatant silence d’Israël dans cette affaire. Je trouve que c’est intéressant comme illustration des situations d’un trapéziste ratant son quatrième saut périlleux et tombant vers le filet où il croit apercevoir de trous, qu’il voudrait bien, avant l’impact, aveugler avec une corde disponible mais malheureusement balisée d’un certain nombre de nœuds gordiens. Je parle ainsi de contradictions, de dilemmes, de choix à faire ou de se taire, de discrétion nécessaire, du “je m’en lave les mains”, etc... Et tout cela rapporté par Spoutnik-français, – les Russes, toujours les Russes !

« En raison des contacts entre Tel-Aviv et Moscou au sujet d’un convoi humanitaire pour évacuer les ressortissants juifs en cas de guerre, un conseiller diplomatique ukrainien est allé encore plus loin en déclarant au quotidien israélien ‘Haaretz’ : “Vous nous traitez comme quoi? La bande de Gaza ou quoi ?” À ce propos, parmi les 200.000 Ukrainiens admissibles à immigrer en Israël en vertu de la loi du retour (alya) pour les Juifs et leurs proches, certains ont déjà pris la route de l’exil vers l’État hébreu. [...]

» Tel-Aviv serait ainsi obligé “de ménager la chèvre et le chou”, estime Gil Mihaely, historien spécialiste d’Israël.

» “Israël se serait bien passé de cette crise. Premièrement, il y a l’alliance avec les États-Unis et en second il y a la Russie. Il est donc hors de question de rentrer en collision avec la Russie, avec laquelle l’État hébreu entretient de bonnes relations dans son nouveau voisinage en Syrie, même s’il n’y a pas un alignement politique total”, souligne-t-il au micro de Sputnik. [...]

» Les relations israélo-russes ne devraient donc pas pâtir de la crise ukrainienne. D’ailleurs, Tel-Aviv avait rejeté la demande de l’Ukraine de lui fournir le système antimissile ‘Dôme de fer’, craignant sans doute de voir se dégrader ses liens avec Moscou. Cette demande ukrainienne date de l’année dernière mais elle avait été renouvelée après le regain de tensions avec le voisin russe. “Il n’y aura jamais de soutien militaire à l’un ou à l’autre, ce n’est clairement pas la priorité, Israël se fait tout petit”, martèle l’historien. »

 

Note

(*) Selon ce qui est dit ici, la phrase ne serait pas la bonne mais un condensé fort bien fait de cette citation du Tome IV de l’‘Histoire des variations des églises protestantes’, à partir de cet extrait où Jacques-Bégnigne montre tout son brio :

« Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit. »

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Solitudes ukrainiennes

Par : info@dedefensa.org — 22 janvier 2023 à 00:00

Solitudes ukrainiennes

Nous sommes les premiers à comprendre que, dans cette séquence crisique maximale, tout le monde, nous-mêmes y compris, se trouve pris dans un tourbillon de tension et de réflexion brutalement suscité par les événements. Pour autant, nous ne devons pas oublier notre sort économique, d’autant moins que les circonstances montrent et démontrent l’importance que nous jugeons ontologique de l’existence d’une communication dissidente

A l’heure où nous écrivons ce message, ce 22 janvier 2023, la barre de donation de dedefensa.org pour le mois de février atteint €165. Nous tenons à remercier très sincèrement et chaleureusement ceux de nos lecteurs qui sont intervenus dans cette donation. Nous tenons à signaler très sincèrement et tristement, pour cette séquence,notre extrême préoccupation, notre sentiment d’inquiétude extrême dans cette situation si importante.

Il faut pourtant poursuivre n’est-ce pas ? Sans votre aide ?

La somme jusqu’ici réunie est extrêmement éloignée du montant qui nous est nécessaire pour continuer à fonctionner normalement. (Phrases sempiternelle, rajeunies en fonction des nécessités...

« “… les montants de €2.000 et €3.000, [...] constituent pour nous les sommes permettant respectivement un fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site et un fonctionnement plus aisé de ces fonctions”. Nos lecteurs savent évidemment que, depuis 2011, les conditions économiques ont évolué et que les sommes proposées doivent être définies différemment. Le seuil du “fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site” dépasse aujourd’hui très largement les €2.000 et se trouve quasiment au niveau des €3.000 avec le reste à l’avenant... »)

Vous avez pu lire dans de nombreux messages, y compris dans ceux qui sont référencés dans le texte de présentation de la barre de comptage, les nombreux arguments que nous présentons pour justifier notre appel à votre solidarité, nous et vous qui sommes engagés dans un combat vertigineux et essentiel. 

Nous rappelons notre demande pressante faite à nos lecteurs d’intervenir et d’affirmer leur soutien à notre site. Nous avons besoin sans attendre de votre mobilisation.

 

Mis en ligne le 22 janvier 2023 19H10

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Une invasion russe à 2,7 $milliards 

Par : info@dedefensa.org — 23 février 2022 à 00:00

Une invasion russe à 2,7 $milliards 

Les États-Unis ont engagé plus de 2,7 milliards de dollars en aide militaire à l’Ukraine depuis 2014. Cela n’a pas aidé ; ou bien si ?

Alerte aux infox : les Américains font voler vers l’Ukraine des caisses remplies de drapeaux russes de fabrication chinoise – grands et petits. Les drapeaux de taille normale sont distribués parmi les forces armées ukrainiennes massées dans l’est du pays, à raison d’un par véhicule, tandis que des paquets de petits drapeaux sont prépositionnés dans les villes et le long des autoroutes qui mènent à l’ouest. Il n’y a aucune preuve que cette nouvelle ne soit pas entièrement fausse ; et pourtant…

Biden l’a admis : « Et il n’y a aucun moyen pour nous d’unir l’Ukraine… je veux dire excusez-moi l’Irak… Afghanistan… » a-t-il dit. La Libye, la Syrie, peu importe. Je suis heureux qu’il puisse citer les fiascos de la politique étrangère américaine sous pression. Cela montre que le vieil homme peut encore réfléchir sur ses pieds. Mais l’accès initial de véracité est la preuve qu’il est à la limite du “non compos mentis” : comment ose-t-il dire la vérité à un public de la télévision américaine ? C’est un motif de destitution, n’est-ce pas ?

En effet, qui aurait pu unir l’Ukraine ? Sa partie orientale pense qu’elle est russe – parce qu’elle l’est. Sa partie occidentale déteste tout ce qui est russe, a un penchant pervers pour les insignes nazis et est fière de sa complicité dans les atrocités de guerre et les génocides nazis. Et le reste ne ressent aucune loyauté envers ce grand ensemble et veut simplement obtenir sa part avant que tout ne s’écroule. Le problème est que l’Ukraine s’effondre plus ou moins continuellement depuis plus de 30 ans – depuis son indépendance de l’URSS – et qu’elle est aujourd’hui le pays le plus pauvre d’Europe, à égalité avec certains des pays les plus pauvres d’Afrique. Vous pourriez penser que c’est très bien – laissez-le devenir aussi pauvre qu’il le souhaite – mais c’est aussi le plus grand pays d’Europe après la Russie et cela en fait un problème assez important pour l’Europe. Il possède 15 réacteurs nucléaires assez vieux qui tournent à plein régime (parce qu’on manque de charbon et de gaz naturel). Il est également approvisionné en armes de toutes sortes et est très corrompu et assez violent.

Quel que soit le point de vue que vous adoptez, l’Ukraine sera un problème pour l’Europe et, étant donné qu’il s’agit d’un pays russophone dont une grande partie se trouve historiquement en Russie, l’aide russe sera nécessaire, d’une manière ou d’une autre. N’oubliez pas que la Russie reste le principal partenaire commercial de l’Ukraine. Une grande partie de sa population survit grâce aux fonds envoyés chez elle par des millions d’Ukrainiens qui travaillent et vivent en Russie. En 2019, l’Ukraine a importé pour 6,62 milliards de dollars de produits en provenance de Russie, produisant un déficit commercial de près de 2 milliards de dollars. Mais il y a très peu de chances que la Russie accepte un jour de la reprendre et de la remettre sur pied.

Les Russes sont très clairs à ce sujet : ils n’ont aucun besoin d’un territoire pillé et délabré, dont la population est au mieux déloyale et au pire ouvertement hostile, et qui croule sous le poids d’une énorme dette extérieure. La Russie est très attachée aux accords de Minsk, qui stipulent que l’Ukraine doit rester politiquement unie. Dans le même temps, ses provinces orientales sont très désireuses de rompre complètement avec l’Ukraine et de rejoindre la Russie, mais un certain nombre de Russes ne sont pas sûrs que ce soit une si bonne idée. L’absorption de la Crimée a représenté une dépense énorme, mais l’avantage stratégique et les revenus du tourisme en ont valu la peine, alors qu’avec les autres régions ukrainiennes, le retour sur investissement serait au mieux minime.

Compte tenu de cette configuration, qu’est-ce qui pourrait inciter la Russie à envahir l’Ukraine ? Eh bien, rien, vraiment. Mais les Américains ne peuvent pas abandonner l’Ukraine comme ils ont abandonné l’Afghanistan. Joe Biden a une élection à venir cette année qu’il veut essayer de ne pas perdre de manière horrible et il ne peut pas se permettre une autre déroute de type afghane. D’autre part, il n’y a pas d’argent pour que les États-Unis restent impliqués en Ukraine. L’inflation des prix à la production aux États-Unis est de 27% par an et ne cesse de grimper, et personne ne sait comment la maîtriser parce que les manuels d’économie qu’ils ont lus à l’école ont été écrits par des fanatiques du marché libre et disent que « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire… ». (Milton Friedman était un idiot, soit dit en passant.) Ils n’ont donc aucune idée de ce qu’est l’inflation structurelle ni de ce qu’il faut faire pour la maîtriser.

Le retrait des États-Unis d’Ukraine doit donc être soigneusement mis en scène. Les Russes pourraient envahir à tout moment, mais surtout les mercredis, et surtout si le sol est gelé parce que les chars russes ne supportent pas la boue (une théorie probable, celle-là !). Il y a exactement 100 500 soldats russes rassemblés à la frontière ukrainienne, disent-ils, mais ils disent toujours cela et la répétition ne le rend pas plus vrai. Ce qui est vrai, c’est que les Russes s’approchent de la frontière ukrainienne avec leurs batteries de lance-roquettes mobiles (sans intention d’envahir). Ces batteries de roquettes peuvent viser toute la moitié orientale de l’Ukraine et sont prêtes à ouvrir un gigantesque bombardement en cas de provocation à grande échelle ou de violation du cessez-le-feu. En réponse, l’armée ukrainienne est devenue aussi silencieuse qu’une bande de souris, et on n’entend pas un seul grincement depuis la steppe gelée du Donbass occidental où elle bivouaque.

Mais les États-Unis sont catégoriques : la Russie doit envahir. L’ambassade des États-Unis a quitté Kiev pour s’installer à Lvov/Lviv/Lwów/Lemberg, la ville autrichienne-polonaise-ukrainienne située dans l’ouest du pays, qui fait l’objet d’un conflit sans fin. De nombreuses autres ambassades ont retiré leur personnel de Kiev. Les compagnies aériennes annulent leurs vols à destination et au départ de l’Ukraine parce que leurs assureurs estiment que cela devient trop risqué. Les oligarques ukrainiens (tous sauf le pauvre Benny Kolomoisky, qui a peur d’être arrêté par les Américains pour une quelconque fraude) ont sauté dans leurs jets privés et se sont envolés.

Et maintenant arrive cette merveilleuse infox qui, même si elle est complètement fausse, cimente l’ensemble du tableau de façon très belle : les Américains font voler à Kiev des caisses remplies de drapeaux russes de fabrication chinoise – grands et petits. Les drapeaux de grande taille sont distribués aux forces armées ukrainiennes, tandis que les petits sont prépositionnés dans les grandes villes et le long des principales autoroutes.

Le plan de bataille est le suivant. Les troupes ukrainiennes massées à la frontière orientale reçoivent l’ordre de marcher vers l’ouest sous les drapeaux russes. En voyant les colonnes de chars avec des drapeaux russes, les Ukrainiens, notoirement inconstants sur le plan politique, changent instantanément de loyauté et se proclament russes, oubliant instantanément leur patois ukrainien durement appris et laborieusement simulé. Ils bordent les routes en agitant de petits drapeaux russes et en encourageant les troupes.

CNN montre ensuite des images étonnantes de colonnes de chars sans fin (de chars soviétiques, bien sûr) affluant vers l’ouest sous des drapeaux russes, tandis que les foules en liesse le long des routes agitent également des petits drapeaux russes et crient “Hourra !” d’une manière typiquement russe. “Il n’y a jamais eu moyen d’unir l’Ukraine”, conviendraient instantanément tous les Américains bien-pensants, qui ne blâmeraient pas Joe Biden pour ce fiasco. Joe Biden agirait alors avec force en imposant des  « sanctions infernales” à la Russie (dont la Russie se moquerait et qu’elle ignorerait).

Le 15 février 2022 – Source Club Orlov, Traduction du Sakerfrancophone

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RapSit-USA2022 : “Ukranian disaster !”

Par : info@dedefensa.org — 23 février 2022 à 00:00

RapSit-USA2022 : “Ukranian disaster !

A chaque année son “disaster” dans l’Amérique-Woke de Joe Biden. 2021, ce fut l’“Afghan disaster” ; en 2022, c’est d’ores et déjà l’“Ukranian disaster”. Les péripéties de la ‘senile dementia’ de Joe Biden, lui donnant un comportement excentrique et imprévisible, commence par lasser même les plus chauds partisans du gauchisme-Woke du président, y compris MSNBC qui a critiqué sans détour la politique américaniste. Dans ce cas, MSNBC serait plutôt pour une politique beaucoup plus durement antirusse, – c’est-à-dire, comme on le comprend bien dans les salons, une politique absolument, complètement, irrémédiablement toute de haine viscérale contre Poutine, – un sujet si intéressant, qui devrait faire les choux gras de nos psychiatres et psychanalystes de guerre....

Si l’on veut rester sur les ondes de la guerre de la communication aux USA même, – ce qui est une bonne façon de voir les choses qui importent, – guerre de communication intra-US entre adversaires et partisans, non pas de Biden mais de l’intervention en Ukraine, avec en prime, avec en prime supersonique la “haine viscérale contre Poutine”, si l’on veut ce point de vue on trouve des éclatements et des débris épars volant dans tous les sens des partis et de leurs positions conventionnelles. Alors, on s’arrêtera au phénomène considérable qu’est la voix de Tucker Carlson, – qui a pris une position nettement isolationniste sur l’Ukraine (« Why should I care about Ukraine ? »), impliquant un complet désintérêt politique pour cette situation européenne, et surtout affirmant ce principe traditionnel de l’isolationniste libertarien qui est le refus de la guerre extérieure et de tout ce qui peut y conduire...

« Comme on le notait plus haut, il semble que Carlson s’implique désormais de plus en plus dans la politique extérieure, et il le fait en tenant une ligne plutôt proche des libertariens et des “paléoconservateurs” (isolationnistes). Cela se traduit dans ce cas par une posture antiguerre, dont il pourrait être la figure de proue, disposant d’une formidable tribune sans être tenu par aucune attache politique... Drôle de cure pour FoxNews. » (Le 21 janvier 2022.)

Il rajoute à ce thème général qui traduit un courant fondamental et ancien d’un américanisme antiglobaliste avant l’heure, avec des tendances de “démocratie localiste”, un refus total des questions de morale humanitariste ; comme celle-ci, objet de sa chronique d’hier, qui est à portée universelle, sinon universaliste (oups), qui vaudrait aussi bien pour la France, ô combien et ô comment, peut-être plus encore qu’aux USA après tout : “Pourquoi nos élites haïssent-elles Poutine ?”

« Il n'y a aucune raison réelle pour que les Américains détestent Poutine, même si les médias de gauche leur disent que “tout ce qui n'est pas la haine de Poutine est une trahison”, a déclaré Carlson, déclenchant un questionnaire d'autoréflexion rhétorique.

» "Pourquoi est-ce que je détesterais autant Poutine ? Poutine m’a-t-il déjà traité de raciste ? A-t-il menacé de me faire virer pour ne pas être d'accord avec lui ? A-t-il expédié tous les emplois de classe moyenne de ma ville en Russie ?” La réponse à chacune des questions qu'il a posées est “non“.

Le présentateur de FoxNews n’a peur de rien par rapport à la bienpensance globaliste et occidentaliste de plus en plus regroupé autour de ses obsessions (le bloc-BAO deviendrait-il BOGA par exemple, – ‘Bloc Occidentaliste-Globaliste-Américaniste’ ?). Carlson est littéralement dévastateur en plus d’être incroyablement populaire, avec ses plus ou moins 4 millions d’auditeurs chaque jour un prime time.

Du coup, dans la chaleur de la nuit ukrainienne, les bien-pensants des deux grands partis qui ont tout de même une élection en novembre commencent à envisager de prendre en compte l’“effet-Carlson”... Ce qui nous donne une drôle de tambouille, MSNBC en perte de vitesse invitant surtout des républicains pro-guerre pour tenter de contrer l’influence de Carlson, – avec tous nos vœux puisqu’il s’agit du séduisant Bolton...

« Carlson a l'émission de télévision câblée la plus populaire des États-Unis et ses opinions influencent le vote des Américains. Selon un article publié par le média Axios le mois dernier, le scepticisme exprimé par l’animateur de Fox à l’égard de la confrontation avec la Russie a fait réfléchir les candidats républicains qui participent à des primaires serrées. Leurs conseillers craignent “qu’ils ne s’aliènent la base s'ils font pression pour engager des ressources américaines en Ukraine ou déployer des troupes américaines en Europe de l'Est”.

» En début de semaine, la chaîne MSNBC, favorable au parti démocrate, a diffusé un segment dans lequel elle déplorait l’impact de Carlson sur la politique étrangère américaine en raison de sa capacité à susciter des sentiments isolationnistes dans la base électorale, – “la façon dont il peut changer le cours des choses pour des dirigeants autrement fascistes”, comme l’a dit l’animateur de MSNBC Alex Wagner, en faisant référence à Poutine et au Premier ministre hongrois Viktor Orban.

» MSNBC, qui connaît actuellement une baisse du nombre de téléspectateurs après que son animatrice vedette, Rachel Maddow, se trouve en pause prolongée, préfère inviter des personnes ‘sûres’ telles que l’archi-faucon républicain John Bolton à commenter l'Ukraine. »

Ainsi Carlson ne néglige-t-il aucun argument et prend une position en flèche contre le soutien à l’Ukraine, contre la politique interventionniste, contre les sanctions... Il n’hésite pas à expliquer la tendance de Biden, par ailleurs assez anti-interventionniste, à jouer au dur en surface avec l’Ukraine à cause des implications de la famille-Biden dans ce pays pourri (déjà-pourri à l’origine d’ante-2014, mais corruption prodigieusement accélérée par les coutumes américanistes).

Il est aussitôt mille fois et mille fois qualifié de “traître”, comme on l’a déjà vu, sinon d’“agent de Poutine”, concept qu’on a brillamment développé avec tant de joliesse, d’honnêteté, de patriotisme vigilant et entonnoir sur la tête, à l’occasion du ‘Russiagate avec le cas Trump. Ces dingueries jetées sur Carlson ne manquent pas de faire monter encore l’audience.

« Selon Carlson, la détermination de Biden à affronter la Russie au sujet de l'Ukraine est motivée par la corruption personnelle et familiale, plutôt que par des considérations fondées sur des valeurs ou géostratégiques. Le pays n'est pas une démocratie, malgré ce qu'affirment ceux de Washington, puisque son président a assigné à résidence le chef du plus grand parti d'opposition et a fermé les médias d'opposition.

» “En termes américains, vous appelleriez l'Ukraine une tyrannie”, a déclaré Carlson. “Mais Joe Biden aime l'Ukraine, donc ‘Poutine méchant, la guerre gentille’”.

» Le coût des sanctions contre la Russie, a souligné l’animateur, sera payé par les Américains, qui verront le prix de l’essence augmenter, comme Biden l’a reconnu lui-même. Et tout ce qu’ils pourraient obtenir en retour, c'est de se sentir bien d’avoir remporté une victoire morale sur “l‘infâme Vladimir Poutine”. “Pourquoi se sentir bien à ce propos ? Voilà un plaisir bien coûteux pour vous et pour les Etats-Unis”.

» Le segment a, comme on pouvait s’y attendre, provoqué une nouvelle série d'accusations contre Carlson de la part de ceux qui affirment qu’il fait l’apologie d’un dictateur brutal et qu’il est peut-être un agent payé par la Russie. »

Pendant ce temps, Trump, pourtant républicain mais républicain à la sauce Carlson (un ticket Trump-Carlson pour 2024, avec Gabbard en bandouillère ?), – Trump colle à l’approche de la vedette de FoxNews. Il est à fond contre le clan belliciste du parti républicain, ce qui lui permet de dire par contraste tout le mal qu’il pense de Biden du point de vue de l’intelligence (!) de sa politique et nullement de la mollesse de sa politique que dénoncent les républicains pro-guerre. Trump est un personnage que nous ne craignons certainement pas de très fortement critiquer s’il le faut et quand il le faut, quand il est objectivement serviteur du Système. Dans ce cas, à côté de l’opportunité, il y a une sincère admiration pour Poutine, – “bravo l’artiste !”, s’exclame Trump :

« “Je suis entré hier, et il y avait une TV en marche et je me suis exclamé : “C'est du génie !”, a déclaré Trump à l'animateur radio Buck Sexton dans une interview mardi. “Poutine déclare une partie de l'Ukraine... de l’Ukraine... Poutine la déclare indépendante !”. Il a ajouté, sardonique, “Oh, c'est merveilleux !”. »

Ainsi nos petits soldats de la bienpensance pourrait voir se profiler l’enfer infernal sur terre, avec la saga-Poutine et ses chars conquérants qu’ils imaginent défilant sur les Champs-Élysées (image réservée aux  bienpensants parisiens), et le retour de l’immonde homme-fasciste à la mèche-orange, tout cela salué par les vociférations de Carlson. On pince les lèvres et l’on serre les fesses dans les salons.

On voit même dans le camp des ‘méchants’ quelques personnalités pourtant au-dessus de tout soupçon, caparaçonnée par des réputations de fidèle et costaud serviteur de l’État, comme le colonel Pat Lang. Celui-là ne recule pas, lui, devant ce qu’on pourrait percevoir comme un panégyrique spirituel de Poutine faisant dans l’esprit et par le symbole, quelles que soient les entremêlements tactiques à des acquis de la modernité avec lesquels il faut bien vivre, une puissante référence à une interprétation du thème de la Tradition.

« La ‘Davos Crowd’ et les étudiants américano-globalistes de troisième cycle qui dirigent la politique étrangère américaine ne croient pas en l’histoire. Ils croient tout simplement au déterminisme économique. Pour eux, l'histoire et la culture sont des phénomènes de surface qui masquent les réalités économiques sous-jacentes. L'histoire est un amusement que l'on ressort pour les ‘déplorables’ lors des fêtes nationales.

» Mais Poutine a longtemps et profondément ruminé ce qu'il considère comme des injustices faites à la “Sainte Russie”. Les gens rancuniers et mesquins envers leurs adversaires affirment qu'il veut recréer l'URSS. Non ! Il veut recréer l'Empire russe. Ils ont omis des petits détails comme sa conversion secrète au christianisme orthodoxe russe alors qu'il servait dans le contre-espionnage du KGB. Son père était un ardent communiste. Pensez-vous que le fils de cet homme aurait été le bienvenu à la maison si le père l'avait appris ? Pensez-vous que les supérieurs de Vladimir au KGB auraient été satisfaits ?

» Poutine a pris la mesure de Biden, BoJo [Boris Johnson] et compagnie. Il voit et prend sa chance. S’arrêtera-t-il pour l'instant à la ligne de contact ? Cela dépend, selon mon opinion, de la volonté des Anglo-Américains de parler sérieusement de la sécurité nationale russe. Si ce n’est pas le cas, il pourrait bien décider d’aller jusqu’aux limites des implantations ethniques russes en Ukraine. »

Feue l’union sacrée

Pour ceux qui la suivent, l’histoire des USA a certaines coutumes impératives constantes depuis que le Système a décisivement assuré sa position dans la direction du système de l’américanisme. (Disons, depuis les grandes lois sur la ‘National Security State’ [NSS] de Truman en 1947 : création du ‘National Security Council’ [NSC], le “gouvernement personnel” du président sur les matières de sécurité nationale ; création de la CIA ; création du département de la défense [Pentagone] réunissant les ministères de la guerre et de la marine ; institution de l’USAF [en-USAAF] en service autonome.) L’une de ces coutumes est le rassemblement bipartisan (démocrates et républicain) en cas de conflit important, comme l’est la subcrise ukrainienne avec les décisions de Poutine. C’est une sorte d’“union sacrée” concernant les forces composites de la direction du Système en un but qui transcende les querelles courantes puisqu’il s’agit de la défense sacrée du Système. On comprend, à la lecture de ce qui précède, que non seulement il n’y a pas d’union sacrée, mais qu’au contraire les déchirements et les ruptures s’accentuent en apparaissant au sein même des partis.

Voilà donc, de notre point de vue, l'événement le plus important pour l'avenir.

• Dans le cas des républicains, la fraction populiste-libertarienne que représentent avec plus ou moins de bonheur Trump et Carlson s’affirme puissamment du fait de l’influence de ces deux personnalités : leur parti-pris affiché en faveur de Poutine, le président hyper-haï de l’haïssable Russie pour le Système, est un événement absolument formidable et colossal par rapport aux coutumes du NSS vues plus haut. Cette fraction déborde d’ailleurs le parti républicain vers les libertariens, voire vers des démocrates ou personnes de gauche qui partagent les vues anti-guerre (la démocrate Tulsi Gabbard, qu’on voit beaucoup en ce moment, est une invitée régulière du segment de Carlson sur FoxNews). Que l’on compare cette position avec celle de nombreux républicains, notamment le sénateur Ted Cruz, qui ne cesse de brandir des menaces à l’encontre de Poutine.

• Le parti démocrate est dans une situation encore plus chaotique. C’est “son” président qui conduit une politique de réaction assez peureuse face à la Russie, qui est caractérisée par les républicains de « pur chaos » ; il le fait effectivement d’une manière extraordinairement désordonnée, poussant à la surenchère belliqueuse pendant des semaines, pour minoriser constamment l’action russe une fois qu’elle est faite. La haine anti-Poutine est extrêmement forte chez les progressistes de l’establishment libéral (démocrate), mais elle est plutôt à consommation intérieure, pour justifier des folies du type ‘Russiagate’, c’est-à-dire objectivement des “armes” contre Trump et les républicains. Les démocrates sont complètement tournés vers leur “révolution” intérieure (le wokenisme) et obnubilé par l’échéance électorale de novembre et la catastrophique administration Biden-Harris. Chez eux, les ‘faucons’ (les neocons et les humanitaristes du R2P) ne sont pas contredits mais ils sont minoritaires et n’ont plus le vent en poupe. Cela se voit chez les parlementaires, lorsque les démocrates ont bloqué (deux semaines avant l’action de Poutine) une motion de Cruz concernant des sanctions antirusses.

• Finalement, cette division chaotique dans le Système est bien exprimée par un article de ‘RedState.com’ (républicain) qui fait une critique serrée de Biden, jugé faible et inexistant (sinon “corrompu” par Poutine !) face à Poutine d’une façon sans doute fondée, mais exprimant une attitude violemment hostile à la Russie. Ce dernier point renvoie, lui, aux divisions internes des républicains vues ci-dessus, ce qui donne à l’article une double signification :

« Mais soyons clairs, il s'agit d'une invasion, même si elle est présentée comme une manœuvre stratégique et diplomatique assez brillante (Poutine est beaucoup de choses, mais certainement pas stupide). Ce n'est pas parce que certains habitants des régions séparatistes parlent russe que leurs terres sont la propriété légitime de la Russie. L'ex-Union soviétique imposait sa langue à ses sujets, de sorte que la présence de russophones dans les régions frontalières (y compris en Pologne, en Lituanie, en Biélorussie, etc.) n'a rien de surprenant et ne constitue pas une excuse pour l'annexion.

» Quoi qu'il en soit, face à cette invasion, Biden n'a pas de réponse. Au lieu de mettre immédiatement en place les sanctions promises, lui et ses collaborateurs trouvent des excuses pour continuer à se retenir. Pourquoi ne pas faire ce geste ? Qu'est-ce que Poutine a concernant Biden ? En fait, si la Maison Blanche voulait vraiment désamorcer pacifiquement cette situation et stopper la Russie dans son élan, elle n'aurait qu'à mettre le paquet sur la production nationale d'énergie en accordant de nouvelles concessions et en donnant le feu vert à tous les pipelines qui ont été bloqués. Cela neutraliserait Poutine et lui enlèverait son seul moyen de pression financier.

» Mais cela n'arrivera pas, car Biden est un homme faible et incompétent qui se laisse dicter sa conduite. Ainsi, Poutine gagnera ce combat, tout comme il a gagné ses précédents combats avec les États-Unis. Taiwan devrait probablement se préparer à ce qui va arriver. »

C’est donc une situation très intéressante qui se crée aux États-Unis, déjà accablés par tant de crise, et en attendant que l’‘American Freedom Convoy’ atteigne Washington D.C. le 4 mars. Cela renvoie à une analyse lointaine concernant les enchaînements événementiels pouvant conduire à la “fin de l’Empire”, faite par un néo-sécessionniste du Vermont, Thomas Naylor, interviewé par Chris Hedges en avril 2010. Son idée était qu’une aventure extérieure transformée en échec (le cas d’une guerre en Iran, alors d’actualité, était citée) pouvait entraîner cette chute. Il disait notamment ceci :

« ...Ce que tous ces mouvements [de contestation interne] expriment, cependant, c'est que l'empire américain est terminé. Il ne peut être maintenu. Ces mouvements nous font comprendre comprennent que nous devons nous désengager pacifiquement, apprendre à parler avec une nouvelle humilité et à vivre avec une nouvelle simplicité, ou assister à un effondrement économique qui pourrait déclencher un fascisme chrétien perverti, un État policier impitoyable et des violences intestines.

» “Il y a trois ou quatre scénarios possibles qui feront tomber l'empire”, remarque Naylor. “Une possibilité est une guerre avec l'Iran. Une autre verra les Chinois débrancher les bons du Trésor. Même si ceux-ci ne se produisent pas, l'infrastructure du pays se décompose. C’est un processus plus lent. Et ils n’ont pas réparé l'économie. C'est de la poudre aux yeux. C’est pourquoi le prix de l'or est si élevé. L’économie et l’incapacité d'arrêter les guerres suffiront à elles seules à nous faire tomber. Il n'y a pas d'échappatoire maintenant à notre surenchère impériale.” »

Naylor exprimait l’idée de la fragilité désormais très grande de l’‘Empire’ lors d’aventures ‘impériales’, en raison des répercussions intérieures, là aussi dans une situation infrastructurelles très fragile. Nous sommes, avec l’Ukraine, dans un cas de cette sorte, puisque c’est l’extraordinaire faiblesse, l’épuisement du système de gouvernement du système de l’américanisme qui est exposée, justement avec l’abandon de cette notion fondamentales de bipartisme, d’“union sacrée” face à une crise extérieure majeure pour ce système de l’américanisme... Dans le cas de l’Ukraine, manifestement et peu ou prou, tout le monde s’en fout, ne songeant qu’à poursuivre la vindicte interne de leur “guerre civile de communication” en attendant les élections.

Peut-être, sans doute, certainement, Poutine comprend déjà ou comprendra cela, et qu’il lui apparaîtra s’il ne lui apparaît déjà que la seule voie à suivre est celle de lancer des actions poussant à faire s’effondrer tout seul cette énorme construction aujourd’hui occupée à s’autodétruire elle-même en même temps que le reste du monde. Comme Poutine fait partie du reste du monde, il lui reviendra ou lui revient déjà de comprendre qu’il faut agir dans ce sens. Dans ce cas, l’affaire de la subcrise ukrainienne devient un coup de boutoir porté à la structure de l’‘Empire’ pour encore plus le fragiliser, toujours plus le fragiliser, jusqu’à la désintégration interne. Au fond, c’est la “mission sacrée” que distingue Lang dans la démarche de Poutine, portée nécessairement, dans cette époque de désordre inouïe et insensée, à la mesure de toute cette époque, contre la matrice de cette époque que sont les USA emprisonnés dans le Système.

 

Mis en ligne le 23 février 2022 à 18H15

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Notes sur la charge du choix

Par : info@dedefensa.org — 24 février 2022 à 00:00

Notes sur la charge du choix

• Hier, M.K. Bhadrakumar, ancien ambassadeur de l’Inde à Moscou écrivait: « La reconnaissance par la Russie des “républiques populaires” de Louhansk et de Donetsk dans la région orientale ukrainienne du Donbass, lundi, est un événement décisif. D'une certaine manière, par cette décision, le président Vladimir Poutine a franchi le Rubicon. Mais une période tumultueuse s’annonce... » • Le tumulte commence par l’“opération spéciale” lancée par la Russie sur l’ordre du président Poutine, qui s’est avérée d’une très grande ampleur, portant sur divers points de l’Ukraine, comprenant des unités terrestres en plus de l’action aérienne et des missiles d’attaque. • Effectivement, la période qui s’ouvre est d’une extraordinaire incertitude alors que partout gronde les rejetions de la Grande Crise, comme formidable dynamique sismique. • Ce qui nous importe ici est d’observer la grande, l’effrayante question qui surplombe l’événement en cours, qui est celle du risque de la montée au nucléaire. • Il s’agit de ce que nous nommons “la charge du choix”, ou le partage des responsabilités face au risque nucléaire comme il y eut durant la Guerre Froide.

24 février 2022 (20H45) – D’une certaine façon, on pourrait avancer que tout ce qui a été écrit précédemment, ces dernières semaines, concerne une autre époque. Depuis que Poutine a annoncé hier le commencement d’une « opération spéciale » en Ukraine, les choses ont brutalement changé. Jamais le mot du commentateur Streiff, dans ‘RedState.com’ il y a trois jours, est aussi complètement rencontré : « En l’état actuel des choses, Poutine a renversé la table. »

« En l’état actuel des choses, Poutine a renversé la table. Il peut envoyer des troupes en RPD et en RPL, s’il le souhaite [il l’a largement fait depuis ! NDLR], car il les a reconnues comme autonomes. Peu importe à quel point cela semble peu convaincant aux yeux de l’establishment de la politique étrangère, – ce sont ces personnes qui ont tout fait foirer ici en premier lieu, – cela sera plausible pour la plupart des pays du monde. »

Mais cela va plus loin : non seulement Poutine a renversé la table, il a aussi renversé “la charge du choix”, ce qui implique au moins un partage de responsabilité (non pas la responsabilité de la culpabilité mais la responsabilité du choix de ce qui va suivre), voire un transfert de responsabilité si l’on considère la situation présente (comme l’on dit : “J’ai joué mon coup puisque j’accomplis ma ‘mission spéciale’ de destruction des infrastructures militaires ukrainiennes, la balle est dans votre camp, à vous de jouer. Que faites-vous, que décidez-vous ?”)

Il apparaît désormais évident que la situation prend des dimensions inédites, d’une grande ampleur, avec le risque suprême. La Russie a simplement “renversé” (là aussi) le poids énorme du choix, par la force, cette fois avec une ferme décision prise. Jusqu’ici, la Russie s’estimait, – à tort ou à raison, selon ce qu’on en pense, – dépositaire du choix concernant le risque suprême. En plus de la charge de sa sécurité, elle estimait devoir veiller à contenir les événements pour ne pas prendre le risque irréversible et catastrophique d’une confrontation : le risque nucléaire. Elle se jugeait de facto, non par vertu mais par nécessité, comptable de deux sécurités :
• la sécurité de la Russie d’une part, sur ses frontières, par rapport aux pressions US et à celles de ses ‘proxies’, par rapport à ses intérêts, etc. ;
• la sécurité collective fondamentale, d’autre part, pour écarter tout risque de guerre nucléaire à laquelle pourrait mener ce qui ressemblait de plus en plus à la possibilité d’une confrontation directe avec les USA. Brusquement, brutalement, elle renverse par la force la responsabilité du choix.

Le cas n’est pas ici de discuter sur la justesse, y compris la justesse “morale” si importante pour nos stratèges de l’affectivisme, de cette position russe. Le fait est que les Russes évoluaient ces dernières années durant les crises à répétition qui marquent notre époque  “comme si tout se passait comme cela”, – avec la double charge citée plus haut, parce qu’il fallait prendre en charge le risque suprême dans la mesure où la partie adverse, les “partenaires” US, n’était plus perçue ni jugée assez froide & assez prudente, assez rationnelle & assez calculatrice, en deux mots enfin : assez mesurée & assez sage pour montrer le réalisme stratégique nécessaire au partage de la charge, – comme Kennedy et Krouchtchev l’avaient été pour la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. Les Russes avaient-ils raison pour ce qui est du comportement de Washington D.C. jusqu’à aujourd’hui (jusqu’il y a quelques jours, etc., jusqu’au basculement dont nous goûtons les fruits terrifiants) ? Aucune réponse assurée n’est possible mais l’on comprendra que l’on trouve beaucoup d’arguments pour fixer combien le comportement des USA est, depuis 2001 sans doute, sans aucun doute depuis 2015-2016 avec Trump et le ‘Russiagate’, à la fois erratique et chaotique, et follement dangereux, réverbérant dans les conditions maximales de danger des relations internationales la profonde crise qui secoue le système de l’américanisme.

Cette situation où pourrait se réaliser ce “choc” de la réalisation du danger de guerre nucléaire est synthétisé par ces mots de Poutine après qu’il ait annoncé le lancement d’une « opération spéciale »  visant à « démilitariser et dénazifier l’Ukraine ». Ces mots fixent effectivement la hauteur de l’enjeu qui ne peut être plus haut et installe les conditions de ce qui pourrait être la plus grave situation de crise depuis la crise des missiles de Cuba de 1962 (... Et même pire puisqu’en 1962, répétons-le, il y avait des deux côtés des acteurs rationnels, conscients d’un commun danger catastrophique, finalement prêts à se parler comme ils le firent effectivement)... Effectivement (bis) la dureté des mots de Poutine implique évidemment que l’affrontement potentiel pourrait aller jusqu’à l’emploi du nucléaire :

« Quelques mots pour ceux qui seraient tentés d’intervenir [contre cette « opération spéciale »]. La Russie répondra immédiatement et vous aurez des conséquences que vous n’avez jamais eues auparavant dans votre histoire. »

Cela rappelle effectivement les questions terribles que Poutine avait posées aux journalistes français lors d’une conférence de presse clôturant la visite de Macron en Russie le 9 février, lorsqu’il interrogea froidement, d’une manière énigmatiquement (alors) dramatique : « Voulez-vous entrer en guerre contre la Russie ? », – comme s’il avait voulu dire : “Est-ce que vous vous rendez compte de ce que cela signifie ?”. Cette passe d’armes constitue aussi, selon cette interprétation, l’un des éléments, l’un des marqueurs de ce que nous nommons “le transfert de la charge du poids”. L’on voit bien, selon cette interprétation, que Poutine s’adresse à des représentants français de la communication (journalistes dans ce cas) pour leur demander s’ils manifestent la volonté, avec la réalisation précise de la responsabilité qui va avec, de choisir “la guerre contre la Russie” : cela s’appelle transférer et partager “la charge du choix” :

« “J’ai déjà posé cette question la dernière fois : ‘Est-ce que la Russie doit entrer en guerre contre l’Otan ?’ Mais il y a une autre question : ‘Et vous, voulez-vous entrer en guerre contre la Russie ?” Demandez à vos lecteurs, vos spectateurs et vos internautes : ‘Voulez-vous que la France entre en guerre contre la Russie ?’ Ce sera le cas“, a indiqué le Président en répondant à la question d’un journaliste française. »

On notera combien cette interprétation a des côtés disons étranges. Face aux membres actifs du bloc-BAO qui ne veulent rien à voir ni à faire (frisson de dégoût) avec Poutine, qu’on hait absolument, et avec la Russie presqu’idem, Poutine leur dit qu’il faut absolument partager quelque chose, qui est la responsabilité de la charge du choix. (Après tout, Kennedy et Krouchtchev le firent bien, il y a soixante ans : et l’on voit bien qu’il s’agit d’un choix d’une stratégie métaphysique, et si Kennedy et Krouchtchev n’avaient pas disparu successivement, à un an d’intervalle, – opportunément, songeront certains, – les fondements de l’équilibre du monde auraient pu être changés.)

De 2014 à 2022

Il se trouve que nous nous posions dans d’autres circonstances, il y a huit ans, cette question de la possibilité d’une guerre nucléaire, qui est une autre façon de synthétiser dans la dimension tragique les diverses circonstances et questions que nous venons d’évoquer. Cela aussi, c’est la “charge du choix”, quand on en vient à mesurer la terrifiante perspective qu’implique un choix dans les circonstances qui nous importent. On ne s’étonnera pas en précisant aussitôt que cette circonstance, qui remonte exactement à la même époque en 2014, concerne le terrible affrontement de l’Ukraine à la suite du coup d’État du Maidan du 21 février 2014. Nous nous interrogions sur ce point précisément de la possibilité d’une guerre nucléaire, en parlant du “choc psychologique” que constituerait la perception de cette possibilité, le 3 mars 2014 :

Finalement, ce “choc psychologique” n’eut pas lien en 2014, et la question que nous posions eut une réponse négative, sans doute au contraire de nos prévisions (« Cette prise de conscience paradoxalement inconsciente du danger suprême est-elle en train de se faire dans le bloc BAO ? Notre sentiment est que cette hypothèse doit être prise en compte : ce pourrait bien être le cas... ») La crise ukrainienne fut laissée à elle-même, à des accords de Minsk passés dans un bel élan et jamais appliqués ; là-dessus, laissée à une sorte de tension permanente et une “guerre du Donbass” larvée ou de bas-niveau dans tous les sens du terme. Aujourd’hui, ce “choc psychologique” qui n’eut pas lieu vraiment en 2014 apparaît devoir l’être du fait de ce transfert par partage de « la charge du choix » pour que cette charge soit assumée par les deux partis :

« Cette prise de conscience paradoxalement inconsciente du danger suprême est-elle en train de se faire dans le bloc BAO ? Notre sentiment est que cette hypothèse doit être prise en compte : ce pourrait bien être le cas, et si c’est le cas cela devrait être nécessairement très rapide, comme vont les choses aujourd’hui. La prise de conscience n’est alors plus, pour le bloc BAO, une évolution psychologique mais un formidable choc psychologique. On devrait voir cette proposition du “choc psychologique”, si c’est effectivement le cas, dans le très court terme, à mesure de la détérioration de la situation ukrainienne. S’ouvrirait alors la perspective d’une nouvelle et terrible inconnue dans l’équation de ces temps fondamentaux, car l’issue apocalyptique, c’est-à-dire le risque du conflit nucléaire, n’est pas une assurance événementielle (qu’on pardonne l’étrange assemblage de mots si étrangers). Cette “nouvelle et terrible inconnue”, c’est d’abord d’observer ce que ce “formidable choc psychologique” produirait comme effets sur le bloc BAO. Aucune prospective n’est à faire, car il serait déraisonnable de spéculer sur l’inconnu, sur cette terra incognita que serait cette réalisation de la possibilité de l’apocalypse nucléaire ; il serait déraisonnable de spéculer sur l’effet d’un “choc psychologique” qui, s’il a lieu, bouleverserait tout dans notre perception, dans notre jugement, dans notre attitude. Personne ne serait épargné, y compris les Russes d’ailleurs, car s’ils ont, eux, ce risque terrible à l’esprit, il va de soi qu’ils n’en veulent à aucun prix, – mais ils ont ceci de plus que les autres, dans le sens du tragique, qu’ils y sont préparés. »

Nous pensons que cette fois, même si l’“opération spéciale” des Russes se termine vite, et sans préjuger des arrière-pensées qui la soutiennent, le “choc psychologique” va avoir lieu. Les deux côtés, – Russie et USA, – se sont trop longuement et furieusement trouvés face-à-face dans cette ‘subcrise’, avec l’effacement complet des Européens sur des strapontins de fortune et et la discrétion volontaire (voir plus loin) des Chinois, pour que le facteur nucléaire, d’ailleurs évoqué ici et là, n’ait pas été fortement et “opérationnellement” présent dans les esprits. Pour les Russes, ce n’est pas une nouveauté, pour les USA (hormis les chefs militaires) cela devrait se réaliser. (Pour les Européens, c’est possible : si cette phase crisique démente devait leur procurer ce “choc psychologique”, ce serait un gain important, – puisqu’ils sont complètement inexistants pour le reste... Il est bon de commencer à entrevoir ce que l’on risque.)

Pour l’instant et du côté du bloc-BAO, très peu de commentateurs, l’essentiel étant dévolu à la dénonciation morale, ne sont encore préoccupés par la dimension suprême du risque nucléaire. Nous avons trouvé une voix intéressante, avec un commentaire qui ne l’est pas moins si l’on a l’esprit que Tulsi Gabbard est major dans la Garde Nationale (U.S. Army), et donc dispose d’un certain accès aux préoccupations des militaires US... Son commentaire, sur un tweet du 21 février, pourrait alors conduire à l’hypothèse, de façon indirecte, que les chefs militaires US, qui seraient parmi les seuls milieux à se préoccuper de cette perspective catastrophique, s’activeraient avec les Russes sur cette question (on a déjà eu ce sentiment lors de la révélation des coups de téléphone secrets que le président du comité des chefs d’état-major US passa à son homonyme chinois en octobre 2020 et en janvier 2021, en pleine crise de changement de présidence aux USA) :

 « Un conflit Russie-USA/Ukraine deviendrait rapidement cybernétique avec des attaques mutuelles sur les moyens de communication-information, ce qui rendrait les deux parties aveugles aux plans, actions & intentions de l'autre, augmentant la probabilité d'un mauvais calcul & d'un malentendu, augmentant ainsi drastiquement la probabilité que le conflit devienne nucléaire (accidentellement ou intentionnellement). Et pour quoi faire ? Pour soi-disant protéger une “démocratie” qui n'en est pas vraiment une ; pour détourner l'attention des échecs domestiques/ montrer à quel point Biden est un dur. Biden peut empêcher la guerre, mais je crains qu’il n’ait pas le courage de le faire... »

Quelques autres faits notables

En marge de cette observation générale sur le risque d’une guerre nucléaire et sur la “charge du choix” de l’emploi de telles armes, on mentionnera quelques faits qui nous semblent intéressants. Rien d’exhaustif dans cette sélection bien entendu.

• A nouveau, le président Biden se trouve sous le feu des critiques pour son attitude lors de l’épisode du déclenchement de l’“opération spéciale”. Action générale des républicains pour dénoncer la lenteur et la maladresse du président. Plus que jamais se poursuit la “guerre civile américaniste”, avec les mêmes critiques, essentiellement venues du parti républicain qui mène plus que jamais le courant belliciste et pro-guerre... Du Washington ‘Times’ du 24 février, sur un ton résolument guerrier par rapport à l’action des Russes qualifiée d’“invasion”, mais aussi dans un cadre résolument intérieur par rapport aux soubresauts de la crise du pouvoir de l’américanisme : 

« Le président Biden se retrouve dans une situation familière après l'invasion de l'Ukraine par le président russe Vladimir Poutine : il doit rattraper son retard.

» Le commandant en chef a commencé après le début de l’invasion à ordonner des sanctions contre la Russie en raison de l’affrontement militaire en cours. Il s’agit du dernier exemple en date où les réponses tardives de M. Biden lui compliquent la tâche pour relever les défis à l'intérieur du pays et à l'étranger.

» Selon ses détracteurs, Biden, 79 ans, a pris du retard sur les grands dossiers de sa présidence : le retrait de l’Afghanistan, la lutte contre l’inflation record, l’abrogation de la politique des masques COVID-19, la lutte contre la flambée de la criminalité, le déblocage des goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et, maintenant, les sanctions contre la Russie.

» “À chaque tournant, il semble que l’administration Biden soit prise en défaut”, a déclaré le sénateur Lindsey Graham, républicain de Caroline du Sud, dans un message sur Twitter. “Cela doit changer”. Le spécialiste des sondages républicain David Winston a déclaré que Biden “a toujours réagi aux situations parce qu’il n’a pas compris ce qui se passait de manière efficace pour pouvoir y faire face plus tôt”. »

• Quelle est la position de la Chine, qui est restée assez (très) discrète depuis l’annonce de la reconnaissance des DPR et LPR ? Il y a des déclarations de la porte-parole du ministère des affaires étrangères Hua Chunying ; elle dit notamment que la situation en Ukraine reflète « une situation historique complexe » ; que la presse occidentale prend soin d’employer le mot “invasion” pour qualifier l’opération russe, ce qu’elle ne fit jamais lorsque les USA lancèrent « des actions militaires en Afghanistan et en Irak » ; que les USA ont largement contribué à l’aggravation de la situation jusqu’au paroxysme actuel. On retiendra finalement un commentaire intéressant du texte référencé, un lecteur obligeant qui se présente comme Chinois et nous traduit la séquence :

« En tant que Chinois, je peux vous dire que ce que dit le porte-parole ou la porte-parole en Chine est toujours très subtil et que les étrangers ne peuvent parfois pas comprendre. Ce qu'elle a dit signifie “La Russie n'a pas besoin d’aide car elle est très forte ; la Russie a fait cela pour une raison quelconque et la Chine est d’accord avec cela. La Chine ne soutiendra pas la Russie publiquement mais, bon...”. Et aujourd'hui, en répondant à une autre question, elle a également déclaré que la Chine n’oubliera jamais ce que l'OTAN a fait à la Chine en Serbie en 1999 [bombardement “par erreur” de l’ambassade de Chine à Belgrade]. »

• Notre ami, le remarquable Jonathan Turley, écrit le 24 février 2022 un article où il juge en un paragraphe l’action de la Russie. Il est extrêmement sévère, jusqu’à l’invective, notamment et particulièrement pour Poutine institué “mégalomane” et le reste. Turley est un formidable constitutionnaliste, qui nous aide tous beaucoup à comprendre l’entrelacs de la crise du système de l’américaniste. Il est tout aussi formidable pour les questions de droit. Pour ce qui est des questions concernant l’Ukraine, un apport historique ne serait pas inutile, et on se doit de le lui conseiller, sous une forme agréable et dynamique, cette vidéo sans prétention, à placer humblement à côté du discours de l’ambassadeur Kimani...

« La Russie lance actuellement un assaut militaire massif contre l'Ukraine et, ce faisant, brise toutes les normes internationales. Poutine lui-même a choqué le monde par ses actions et sa rhétorique autoritaires. Nous assistons à la rage aveugle de la mégalomanie sur la scène mondiale. La seule voix qui semble résonner dans cette folie est celle de Poutine lui-même. Il y a cependant eu une voix qui a semblé incarner le meilleur de nos valeurs internationales et juridiques. Il s’agit de la voix de l’ambassadeur kenyan aux Nations unies, Martin Kimani. Alors que beaucoup d'entre vous ont probablement entendu des parties de son incroyable discours, j’ai pensé que ce serait un moment important pour entendre ses remarques, qui incluent une critique de toutes les puissances mondiales. »

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Le jour où la patience russe a pris fin

Par : info@dedefensa.org — 25 février 2022 à 00:00

Le jour où la patience russe a pris fin

La date d’aujourd’hui, communément écrite 22.02.2022, sera facile à retenir pour les futurs écoliers. Diverses personnes s’en souviendront de diverses manières. Les habitants de Donetsk et de Lougansk, les deux villes anciennement ukrainiennes, aujourd’hui redevenues russes, qui ont été soumises à des conditions proches du génocide depuis le renversement du gouvernement par les États-Unis en 2014, se souviendront d’avoir dansé dans les rues avec jubilation, tiré de nombreux feux d’artifice, brandi des drapeaux russes et hurlé l’hymne national russe. Pour eux, c’est le jour où est arrivé un nouvel espoir que leur cauchemar qui dure depuis huit ans sera bientôt terminé et que la vie reviendra enfin à la normale.

Le nouveau chancelier allemand, mal informé, a involontairement contribué à cette situation en déclarant que l’idée d’un génocide causé par les Ukrainiens dans le Donbass est ridicule. Compte tenu de l’histoire de la région, le spectacle public d’un dirigeant allemand utilisant les mots “génocide” et “ridicule” dans la même phrase a rendu ce moment riche en possibilités. Voici l’information qui manquait à ce chancelier, apparemment assez faible d’esprit. Il y a eu 9 282 morts du côté du Donbass (dont 70% de civils) et 114 enfants. Les morts du côté ukrainien (les troupes ukrainiennes et divers mercenaires assortis qui attaquaient et assiégeaient le Donbass depuis 2014) étaient au nombre de 20 186. Et ce, avant la reprise des bombardements ukrainiens de ces derniers jours. On comptait également plus de deux millions de réfugiés du Donbass en Russie, plus d’un million en Ukraine et environ 50 000 en Biélorussie.

La plupart des Russes se souviendront également de ce jour avec soulagement, car c’est le jour où leur gouvernement a enfin – enfin ! après huit années littéralement sanglantes – décidé qu’un règlement négocié en Ukraine n’aurait tout simplement jamais lieu et qu’il était inutile d’attendre davantage pour aller de l’avant et faire le ménage. C’était cathartique pour eux d’entendre leur président déverser un torrent de vérité sur l’Ukraine, la qualifiant de concoction bolcheviste de terres historiquement russes pour la plupart, qui n’a tout simplement jamais été destinée à devenir un État indépendant, soulignant qu’elle n’a jamais payé sa part de la dette extérieure de l’ère soviétique (la Russie l’a payée pour elle), qu’elle a refusé de remettre les actifs russes avec lesquels elle s’est incidemment retrouvée, et a plutôt absorbé plusieurs centaines de milliards de dollars de subventions russes, qu’elle a extorqué de l’argent pour l’utilisation de son gazoduc de construction soviétique qu’elle a obtenu gratuitement, et qu’elle a dilapidé et volé le reste de son vaste patrimoine soviétique. Il a également mentionné les ambitions déclarées de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN et d’envahir la Crimée, ce qui déclencherait automatiquement une guerre mondiale. Il a mentionné l’ambition déclarée de l’Ukraine d’utiliser le plutonium provenant de ses stocks de combustible nucléaire usé et de ses fusées datant de l’époque soviétique pour concocter des armes de destruction massive – une situation à laquelle il fallait tout simplement faire face. Enfin, il a clairement indiqué que tous les crimes de guerre ukrainiens des huit dernières années ont été soigneusement documentés et que tous ces criminels de guerre seront traduits en justice.

Ce discours est intervenu peu de temps après une session télévisée du Conseil de sécurité russe au cours de laquelle tous les principaux ministres ont pris la parole et se sont tous prononcés en faveur de la reconnaissance des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Le Premier ministre Mishustin a déclaré qu’ils se préparaient depuis un certain temps aux inévitables retombées et qu’ils y étaient prêts, alors faisons-le. Le ministre des affaires étrangères, Sergei Lavrov, interrogé sur l’opportunité de poursuivre les négociations avec l’Occident au sujet de l’Ukraine, a répondu que c’était « une question de goût », mais que rien n’en sortirait jamais. Et le ministre de la défense Shoigu a simplement dit, très calmement : « Allons-y. Faisons-le ». La réponse à la question de savoir pourquoi la Russie a attendu si longtemps pour prendre cette mesure est qu’elle n’était pas prête : l’économie russe n’avait pas encore été blindée contre toutes les sanctions possibles ; toutes les méthodes diplomatiques pour résoudre le problème n’avaient pas été essayées ; et l’armée n’était pas tout à fait prête à gérer la situation rapidement et efficacement.

Puis vint la cérémonie de signature, au cours de laquelle Vladimir Poutine, Denis Pushilin de la République populaire de Donetsk et Leonid Pasechnik de la République populaire de Lougansk ont signé les documents leur accordant la reconnaissance. Dans ces ordres d’une page figurait un ordre de Poutine à l’armée russe de pourvoir à l’établissement de la paix. Une question très intéressante se pose quant aux frontières dans lesquelles cette paix sera établie. Voyez-vous, après le renversement anticonstitutionnel du gouvernement démocratiquement élu à Kiev en 2014, Donetsk et Lougansk ont fait sécession en tant que régions intactes. Plus tard, au cours de l’“opération anti-terroriste” de Kiev (le préfixe “anti-”étant ici plutôt superflu), ces régions en sont venues à être partiellement occupées par les forces ukrainiennes. Il semble absurde d’imaginer que la Russie, en reconnaissant l’indépendance et la souveraineté de Donetsk et de Lougansk, ait également reconnu l’occupation partielle de ces régions par l’Ukraine. Il est beaucoup plus probable que les forces russes demandent maintenant poliment aux forces ukrainiennes de quitter les lieux avant une certaine date limite ou, à défaut, d’être tuées ou capturées.

Enfin, les dirigeants occidentaux ne s’en rendront peut-être pas compte tout de suite (ils semblent être dans un état mental plutôt désastreux), mais il est probable qu’ils finiront par réaliser que le 22.02.2022 a été le jour où leurs conneries ont définitivement cessé de fonctionner. L’idée qu’ils répandent la liberté et la démocratie plutôt que la mort et la misère (comme le prouve l’Ukraine, en plus d’une longue liste d’autres pays qu’ils ont “libérés” et “démocratisés”) est plus qu’absurde. L’idée que les États-Unis sont un hégémon mondial et qu’ils peuvent dicter leurs conditions à tout le monde a fondu comme neige au soleil. L’unité de l’OTAN n’est qu’un couple de mots sans signification sur un morceau de papier. Dire des bêtises, comme exiger que la Russie respecte les termes des accords de Minsk (selon lesquels elle n’a aucune obligation) n’a aucun effet. Il leur faudra peut-être un peu plus de temps pour se rendre compte qu’imposer des sanctions supplémentaires à la Russie est un excellent moyen pour eux de payer le pétrole 200 dollars le baril tout en se gelant dans le noir. À un moment donné, ils se rendront également compte qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’accorder les garanties de sécurité exigées par la Russie, car ils l’ont déjà fait, en paroles et en actes, et qu’il n’est pas possible de se soustraire à leurs engagements en matière de sécurité. La courbe d’apprentissage sera assez abrupte pour eux et on peut se demander s’ils sont capables d’apprendre. La seule capacité qu’ils ont démontrée est celle de répéter la même litanie de mensonges, encore et encore. Ayant été élevés à dessein pour servir les intérêts des banques et des entreprises, ils ne sont peut-être pas capables du niveau requis de pensée rationnelle. Et cela soulève une autre question : Qu’est-ce que les peuples occidentaux vont faire à leur sujet ?

Le 22 février 2022, Club Orlov–  traduction du Sakerfrancophone

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La vertu de Zelenski

Par : info@dedefensa.org — 25 février 2022 à 00:00

La vertu de Zelenski

• L’extrême complexité de la guerre de l’Ukraine (l’appelle-t-on ainsi ?) épicée du dégoût universel de la bienpensance moralisante oublieuse de ses aventures irakienne et libyenne pour qui-l’on-sait rendent difficile de projeter une perspective nette. • Alors, on s’arrête à une possibilité, une hypothèse, qui passerait par un ‘deal’ entre Poutine et Zelenski. • C’est notamment le distingué M. K. Bhadrakumar, souvent cité en ce moment, qui l’expose diplomatiquement. • Si l’on suit l’hypothèse jusqu’au bout du bout, et malgré le dégoût de nos éminences, c’est du lourd.

L’événement de la guerre de l’Ukraine, si l’on peut le nommer de cette façon, est d’une telle importance à de si multiples niveaux et dans tant de multiples domaines qu’il est quasiment impossible de l’embrasser dans toute cette complexité. Puisque nous parlions hier de « La charge du choix » (pour ne pas dire “le poids du choix”, jeu de mots qui complexifie la complexité), il nous faut assumer la nôtre (de charge). La tâche n’est pas simple à cause de la difficulté posée par l’abondance extrême de l’information, avec autant de déformations, de distorsions, de gauchissements, de mensonges, de travestissements qu’il y a de nuances, de perceptions, de parties et de partis-pris, absolument dans tous les sens. C’est une jungle où il faut avancer à coups de machettes, un véritable tourbillon de simulacres, et pourtant, quelque part dans cette tempête doivent se loger quelques vérités-de-situation. Il faut avancer dans ce ‘fog of the war’, cette tempête paradoxalement pleine de brouillard, avec son expérience, sa mesure et l’espoir de retrouver quelque chose qui ressemble à de l’intuition.

Nous allons émettre quelques hypothèses et réflexions évidemment en faisant appel à des références sûres, pour proposer un raisonnement qu’expriment certains commentateur, et particulièrement l’Indien M.K. Bhadrakumar qui nous sert de guide pour ce cas. Étant un diplomates-né (il fut ambassadeur de l’Inde à Moscou et à Ankara), Bhadrakumar implique dans ses raisonnements que, dans tout dirigeant politique il y a un diplomate, même s’il est plongé dans une guerre brutale par définition, et qu’il a déclenchée dans des conditions fort condamnables.

Il y a d’abord le cas de l’“opération spéciale“ des Russes. Une condition essentielle de cette sorte d’“opération spéciale” très ambitieuse mais politiquement très délicate, qui semble avoir pour but de décapiter toute l’infrastructure de sécurité (armée et renseignement), qui s’apparente effectivement à une tactique de “décapitation”, c’est, outre la précision et l’efficacité, essentiellement la rapidité. On table sur un “effet de choc” qui met ‘groggy’ l’adversaire, dans la lignée de la doctrine tactique US dite ‘Schock & Awe’, mais en plus subtil puisqu’en principe non destinée à une occupation terrestre et devant se concentrer sur les seuls objectifs militaires. Il y a aussi, dans ce cas russe selon l’hypothèse de Bhadrakumar, une obligation psychologique de la recherche d’un “effet” massif plus que de la destruction systématique qui a toujours été la conclusion implicite de cette doctrine proposée par Harlan K. Ullman mais très vite déformée dans ce sens de la destruction par la rage aveugle des neocons et imposée par leur système de la communication. (On retrouve tout cela dans la “politiqueSystème”.)

Les Russes devraient être évidemment très conscients de la nécessité de la rapidité qui touche très fortement la psychologie, ce que pourrait montrer la rapidité de l’enchaînement des phases (communication politique-action militaire, plusieurs fois répétées), avec des indications sur l’ampleur et la rapidité extrême de l’opération (2 jours pour atteindre la proximité de Kiev et sans doute, selon les Russes en tout cas, prendre l’aéroport de la capitale). 

Comme conséquences de tout cela et selon la nécessité de la rapidité, on a pu voir dès le 24 février des hypothèses politiques et montages divers (sur RT.com notamment) pour une possibilité ou une pression pour des négociations, du côté russeet du côté ukrainien, dans le sens d’une formule évidemment influencée par l’orientation exigée par Poutine. La chose a été confirmée (toujours RT.com) par une intervention ce matin de Zelenski, qui donne tous les éléments de la position du président ukrainien, son refus de quitter Kiev comme l’y auraient engagé les USA pour l’enfermer dans le rôle de l’opposant extérieur complètement manipulée par une CIA quelconque, son orientation de plus en plus éloignée et rancunière vis-à-vis des pays de l’OTAN, etc... D’autre part, le texte ajoute l’une ou l’autre précision, notamment la précision intéressante sur l’intervention du président chinois Xi : 

« S’exprimant vendredi, le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelenski, a tendu un rameau d’olivier au président russe Vladimir Poutine, proposant des négociations, alors que les combats se poursuivent dans tout le pays et que les affrontements se rapprochent de la capitale du pays, Kiev.

» “Je veux m'adresser à nouveau au président de la Fédération de Russie. Les combats se poursuivent dans toute l'Ukraine. Asseyons-nous à la table des négociations pour mettre fin aux pertes humaines”, a déclaré Zelenski, à la suite d'une déclaration de son conseiller, Mikhaïl Podolyak, qui a affirmé que Kiev “a toujours laissé et laisse encore un espace pour les négociations” malgré une “invasion à grande échelle” par les troupes russes.

» Plus tôt dans la journée de vendredi, Podolyak avait déclaré que “si des négociations sont possibles, elles doivent avoir lieu”, indiquant clairement que M. Zelenski et son gouvernement étaient prêts à discuter du “statut de neutralité” de la nation, si Moscou l'exigeait.

» Parallèlement à l'offre de pourparlers avec la Russie, Zelenski s'en prend aux autres pays européens, qui, selon lui, ne se sont pas montrés prêts à combattre avec sa nation ou à “accueillir l’Ukraine dans l’OTAN”.

» Après l’offre de Zelenski, la télévision centrale chinoise a rapporté que, lors d’un appel téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, Poutine avait déclaré que son gouvernement était prêt à négocier à un haut niveau avec l’Ukraine. Aucun détail n’a été immédiatement communiqué quant aux concessions ou assurances que le dirigeant russe pourrait chercher à obtenir de son homologue ukrainien. »

Il faut développer ce thème Zelanski-Poutine, qui apparaît pour l’instant comme une porte de sortie concevable dans la mesure où les deux présidents y trouvent chacun leur avantage. On va voir l’explication de ce constat par l’ancien diplomate indien et excellent commentateur, et bon connaisseur des Russes (ambassadeur à Moscou), M.K. Bhadrakumar.

On lira son texte en ayant à l’esprit, pour ce qui est du rôle de médiateur ou d’intermédiaire, qu’il n’y a peut-être pas que Macron. On a vu plus haut, à peine signalé, qu’un acteur de poids est entré en scène, – ce qu’ignorait Bhadrakumar lorsqu’il a écrit son article. L’intervention de Xi auprès de Poutine, justement à propos de négociations éventuelles avec Zelenski, donne éventuellement à la Chine une place nouvelle dans la crise, une dimension géopolitique et symbolique importante, – certains y verraient un soutien affirmé fermement de facto à Poutine, ou bien encore des pressions chinoises, – la Chine a énormément d’intérêt en Ukraine, – pour parvenir rapidement à un rétablissement de la paix. Il est aisément concevable que Poutine sera plus attentif à cette intervention de Xi qu’à celle de Biden-via-Macron, tant le rôle des USA dans la crise apparaît de plus en plus secondaire, de même, par conséquent, que leur poids et leur place dans la dynamique qui s’est levée pour une éventuelle transformation de l’“architecture de sécurité” en Europe. Cette refonte architecte devrait sans le moindre doute devenir le but fondamental de Poutine, une fois verrouillée la question de la sécurité de la Russie par le bouleversement en cours en Ukraine, et si bien entendu ce bouleversement débouche sur une situation acceptable pour la Russie, – ce qui semblerait possible avec un Zelenski transformé dans le sens décrit par Bhadrakumar.

Quel Zelenski transformé ? Explicationde Bhadrakumar, le 25 février sur son site ‘Indian Punchline’, rappelant une offre de négociation de Poutine, explicitée par son porte-parole Pechkov (« Le président a formulé sa vision de ce que nous attendons de l'Ukraine pour que les problèmes dits de la ‘ligne rouge’ soient résolus. Il s’agit d’un statut de neutralité et d’un refus de déployer des armes offensives. ») :

« L’offre du Kremlin n'est pas tombée du ciel. Un groupe de députés ukrainiens a également lancé hier un appel demandant à Zelenski, dans une lettre ouverte, d’entamer des négociations avec Moscou. Il est intéressant de noter que ce groupe est dirigé par Vadim Novinsky, – oligarque-milliardaire ukrainien et l’un des codirecteurs du Bloc d'opposition, une association regroupant plus d’une douzaine de partis politiques. Le groupe a également proposé des consultations directes entre les parlements des deux pays. 

» Mais ce qui rend ce point de vue intéressant, c'est que Zelenski a également demandé au président Macron de transmettre directement un message à Poutine. Macron a depuis révélé qu’il avait eu “une conversation rapide, directe et franche sur une demande du président Zelenski”. {...]

» Zelenski lui-même a déclaré (après la conversation Macron-Poutine) dans un discours vidéo émouvant adressé à la nation jeudi après minuit : “Nous avons été laissés seuls pour défendre notre État. Qui est prêt à se battre à nos côtés ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’Ukraine une garantie d'adhésion à l'OTAN ? Tout le monde a peur”. Il a poursuivi en révélant qu’il avait entendu qu’à Moscou, “ils veulent parler du statut de neutralité de l'Ukraine”. 

» De toute évidence, Zelenski a compris que la cavalerie ne viendra pas de Washington ou de Bruxelles pour sauver son gouvernement. En fait, la demande de Zelenski à Macron fait suite aux affirmations catégoriques répétées du président américain Biden selon lesquelles il n’est pas question d’une intervention américaine en Ukraine. [...]

» Le plan de jeu russe consiste à forcer Zelenski à lire ce qui est écrit dans le ciel. La capitulation de l’Ukraine n’est qu’une question de jours. Cette guerre hybride comporterait les éléments suivants : 

» • La Russie va sans doute systématiquement vaincre les éléments néo-nazis en Ukraine (notamment au sein de l’armée, comme la Brigade Azov) qui ont du sang russe sur les mains. Jusqu'à présent, ces éléments ont agi en toute impunité en raison du soutien occidental secret à leurs dispositions antirusses.

» • La Russie estime, à juste titre, que toute répression des éléments néonazis ne fera que renforcer la position de Zelenski. Dépourvu d'une base de pouvoir propre, il a été l’otage des extrémistes. 

» • Les puissances occidentales se sont retirées de Kiev dans la panique, et Zelenski aigri est laissé à lui-même. Paradoxalement, cela fait aussi de Zelenski un interlocuteur raisonnable, libéré de l’étau américain.

» • Zelenski a agi sous une immense pression extérieure et dans la crainte des nationalistes extrêmes qui jouissent du “pouvoir de la rue” (le coup d'État de février 2014, qui a sabordé une transition constitutionnelle ordonnée du président Viktor Ianoukovich, a été organisé par les ultra-nationalistes avec le soutien manifeste des États-Unis). 

» • Le mandat massif de Zelenski (plus de 73 % des voix) lors de l'élection de 2019 était en grande partie dû au soutien inconditionnel des électeurs russes qui ont été attirés par sa plateforme de dialogue avec la Russie et la promesse d'un règlement négocié dans le Donbass avec l’aide de Moscou. Mais il est devenu captif des nationalistes extrêmes et victime de la manipulation occidentale. 

» • Néanmoins, Zelenski a sporadiquement fait part à Moscou de son désir de trouver une porte de sortie, jugeant être sur une voie sans issue. Dernièrement, il a exprimé son mécontentement face à l’hystérie de guerre à Washington. Selon CNN, ils ont eu un échange houleux au moins lors d’une conversation téléphonique avec Biden. 

» L'offre provisoire de la Russie semble être : l’Ukraine opterait pour un statut de neutralité sur le modèle de la Finlande, tout en s'imposant une interdiction d’adhésion à l'OTAN. Zelenski devrait être ouvert à cette idée, selon les observations suivantes. 

» Tout d’abord, la Russie annulera stopperait temporairement ou pas ses opérations. Cela renforcerait la position de Zelenski. Deuxièmement, l'implication directe de la Russie est la clef de l’apaisement du Donbass. Troisièmement, Zelenski pourrait renouer ses liens avec l'électorat pro-russe en Ukraine, son principal soutien lors des élections de 2019, ainsi favorisant un second mandat en 2023. 

» Quatrièmement, la Russie bénéficie d’un vaste réseau au sein de l'Ukraine, dont l’environnement politique chaotique est alimenté par la corruption et la vénalité, les oligarques et la mafia, etc. La Russie exerce toujours une influence sur les courtiers du pouvoir qui, à un moment ou à un autre, ont bénéficié du patronage de Moscou. Zelenski verrait alors l’aide russe venir au secours de la situation économique fragmentée de l'Ukraine.

» A l’avantage de la Russie, bien entendu, Poutine pourrait réussir à atteindre l’essentiel de ses objectifs de sécurité si l'Ukraine tournait le dos à l'adhésion à l’OTAN et mettait fin aux déploiements militaires occidentaux sur son sol. 

» Compte tenu des liens civilisationnels profonds entre la Russie et l'Ukraine, des relations interpersonnelles durables et des liens familiaux, il existe en Ukraine un réservoir d’opinions favorables à l'amélioration des relations avec la Russie. L'économie ukrainienne est également étroitement liée à la Russie, – aujourd'hui encore, la Russie est le premier marché d'exportation de l'Ukraine. La Russie a également été un généreux donateur. Les frais de transit pour le transport du gazoduc vers l'Europe dépassent à eux seuls 1 milliard de dollars par an ! 

» Le principal gain de la Russie sera qu'en termes géopolitiques, l'Ukraine retrouve sa souveraineté et cesse d'être une colonie américaine de facto. La Russie calcule qu'une Ukraine neutre ramènera de facto la matrice Ukraine à son histoire a priori avant le coup d'État de 2014. 

» Ce qui est d'une importance cruciale, c'est que Zelenski soit en quelque sorte capable de naviguer sur la voie du dialogue avec Poutine. Le bon côté des choses est que les opérations militaires russes jetteront les nationalistes radicaux dans le désarroi et, deuxièmement, qu’il est improbable que Biden soit impatient de reprendre les manigances en Ukraine. La politique américaine est de plus en plus rivée sur les élections de mi-mandat en novembre et l'opinion publique n'apprécie pas que Washington prenne parti entre l'Ukraine et la Russie. 

» Les États-Unis accepteront-ils les processus naissants ? Il y a un espoir que Macron puisse servir de médiateur. On peut imaginer qu'il est en contact avec Biden. »

Sur ce dernier point (la position de Biden), nous serions donc enclins, on l’a deviné, à proposer une version plus modérée. Il s’agit en fait de s’interroger dans cet ordre, selon une mesure croissante d’intérêt et de l’ampleur du sujet abordé, et bien entendu comme dans un ‘effet domino’ où les effets s’enchaînent les uns aux autres :

Cela importe-t-il encore que Biden accepte ou non ces “processus naissants”, tels que les décrit Bhadrakumar dans son hypothèse générale ?
Les USA ont-ils encore réellement un mot à dire dans cette crise après s’en être lavé les mains et s’être repliés sur l’intéressante perspective des élections mid-term de novembre ?
Au reste, les Américains sont-ils intéressés par cette affaire ? 25% seulement des citoyens US approuvent la possibilité d’un engagement US en Ukraine, et 36% seulement d’entre eux soutiennent la façon dont Biden a traité la crise, et ce jugement portant sur toute la phase où Biden n’a cessé de dramatiser la situation, de jeter de l’huile de sa façon sur le feu ;
... Alors, n’assiste-t-on pas à une étape de plus, et les étapes de plus en plus décisives à mesure que l’on approche inéluctablement du terme, de l’effondrement des USA et de leur influence ?... – « A chaque année son “disaster” dans l’Amérique-Woke de Joe Biden. 2021, ce fut l’“Afghan disaster” ; en 2022, c’est d’ores et déjà l’“Ukranian disaster” » –

Dans ce schéma pour l’instant tout à fait hypothétique, la manœuvre stratégique de Poutine, – sans savoir s’il l’aurait formulée de façon aussi nette, ni même éventuellement conçue telle quelle à l’origine, –  aurait été de démontrer à Zelenski qu’il ne peut absolument pas compter sur ses “protecteurs”, qui se fichent comme d’une guigne de son sort et de celui de l’Ukraine. Dans cette même optique, et comme un coup double, il montrerait aux Européens que la protection américaniste sur l’Europe, via l’OTAN, est complètement illusoire, un simple simulacre et rien d’autre. Ce serait alors un cas où une guerre scandaleuse, violatrice de toutes “nos valeurs”, transgressive de tous les totems de la bienpensance internationale, se révèlerait par un étrange retournement vertueuse jusqu’au point d’ébranler plus de deux-tiers de siècle de soumission empressée (on veut dire : celles des pays européens soumis à la puissance tutélaire des USA).

 

Mis en ligne le 25 février 2022 à 18H30

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Solidarité & urgence de guerre

Par : info@dedefensa.org — 27 mai 2022 à 00:00

Solidarité & urgence de guerre

A l’heure où nous écrivons ce message, ce 27 mai 2022, la barre de donation de dedefensa.org pour le mois de mai atteint €637. Nous tenons à remercier très sincèrement et chaleureusement ceux de nos lecteurs qui, répondant à notre appel mensuel régulier, sont intervenus dans cette donation.

Nous faisons ces constats dans le grondement formidable d’une crise qui est devenue une guerre chaotique et hors de contrôle, dans une situation générale d’effondrement où le bloc-BAO s’est brillamment placée en “pole position” pour la catastrophe du torrent furieux de la Grande Crise. Il nous faut rompre le lien entre ceci (notre situation difficile à ce point) et cela (le “torrent furieux” pour longtemps). Pour rendre compte du “torrent furieux”, nous avons besoin de vous pour rendre moins difficile notre situation.

La somme jusqu’ici réunie est très nettement éloignée du montant qui nous est nécessaire pour continuer à fonctionner normalement. (Phrases sempiternelle, rajeunies en fonction des nécessités...

« “… les montants de €2.000 et €3.000,[...] constituent pour nous les sommes permettant respectivement un fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site et un fonctionnement plus aisé de ces fonctions”. Nos lecteurs savent évidemment que, depuis 2011, les conditions économiques ont évolué et que les sommes proposées doivent être définies différemment. Le seuil du “fonctionnement minimum des fonctions essentielles du site” dépasse aujourd’hui très largement les €2.000 et se trouve quasiment au niveau des €3.000 avec le reste à l’avenant... »)

Vous avez pu lire dans de nombreux messages les nombreux arguments que nous présentons pour justifier notre appel à votre solidarité. Nous sommes tous engagés, plus que jamais, dans un combat vertigineux et essentiel. 

Nous rappelons notre demande pressante faite à nos lecteurs d’intervenir et d’affirmer leur soutien à notre site. La fin du  mois de mai est proche, nous avons terriblement besoin de votre mobilisation.

 

Mis en ligne le 27 mai 2022 à 22H45

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Une lecture ‘Schock & Awe’

Par : info@dedefensa.org — 26 février 2022 à 00:00

Une lecture ‘Schock & Awe

• Mais qu’est-ce que Poutine est donc allé faire en Ukraine ? • Avec la certitude de la vertu, on le savait infâme, corrompu, cruel, méchant, tout cela certifié par ‘La Voix de son Maître’ (marque de disque en vogue au milieu du XXème siècle), – mais fou, Poutine, pas du tout ! Diabolique mais pas dingue ! • Alors, qu’est-il allé faire en Ukraine ?! • Il faut lire Korybko, qui cite... Poutine sur une bonne moitié de son texte. • Alors, il est bon de connaître l’argument du ‘maître du Kremlin’ comme ils disent. • ‘Choc & effroi’... • Contributions, dedefensa.org et Andrew Korybko.

A propos de la guerre en cours en Ukraine, on emploie assez aisément le surnom ‘Schock & Awe’ de la fameuse, ou ‘infamous’ c’est selon, doctrine d’attaque, dite également par la grâce de la traduction ‘choc & effroi’. Passons aux aveux : nous l’avons fait nous-mêmes, et nous nous en sommes expliqués :

« On table sur un “effet de choc” qui met ‘groggy’ l’adversaire, dans la lignée de la doctrine tactique US dite ‘Schock & Awe’, mais en plus subtil... [ ...]  recherche d’un “effet” massif plus que de la destruction systématique qui a toujours été la conclusion implicite de cette doctrine proposée par Harlan K. Ullman mais très vite déformée dans ce sens de la destruction par la rage aveugle des neocons et imposée par leur système de la communication. (On retrouve tout cela dans la “politiqueSystème”.) »

Dans ce cas, si l’on conserve l’expression puisqu’elle est employée par notre auteur dont le texte est cité ci-dessous, nous l’employons également pour définir l’effet que doit produire ce texte sur toute raison mesurée et débarrassée de la subversion moderniste et des simulacres de la communication. Il n’est pas question ici de plaider pour Poutine (ou contre d’ailleurs), en aucun cas parce que cette sorte de posture intellectuelle (“pour” ou “contre” tel ou tel dirigeant, telle ou telle puissance) n’a pas sa place dans cette analyse. Nous parlons, ici et bien ici, d’événements souvent mal ou pas contrôlés, et des situations qui en résultent.

Qu’on nous pardonne, – c’est là notre fameuse thèse selon laquelle nous sommes dans une époque où les événements se font d’eux-mêmes, où ils sont les principaux acteurs de la dynamique historique (que nous désignons comme “métahistorique” justement à cause de ce fait de l’autonomie des événements, dépendant de forces supra-humaines) ; une époque où les acteurs humains, souvent réduits au rôle de figurants, “découvrent” les situation bien plus qu’ils ne les créent, – et, pour les plus initiés d’entre eux, où ils peuvent parfois identifier une “vérité-de-situation” au milieu du flot de simulacres que les acteurs-devenus-figurants ont eux-mêmes créés pour s’en faire accroire et satisfaire leur hybris.

Dans le cas ukrainien, il y a bien entendu des perceptions et des postures complètement différentes. On laissera de côté, – on en parle souvent par ailleurs, – les causes et les effets de ces disparités. Nous importe ici ce que nous dit l’article de Andrew Korybko, qui est un auteur atypique selon les normes de la communication habituelle, ou si l’on veut selon les normes de la presseSystème, où il est absolument inconnu. Pour notre compte, cet auteur de nationalité américaine vivant à Moscou, Korybko, est un expert remarquable et sérieux, qui travaille sur des faits et des documents qu’ils jugent établis et crédibles, et parvient à nous donner une vision originale et puissante des actuelles conditions conflictuelles du monde. Il a fait notamment un formidable travail sur “la Guerre Hybride”, dont le ‘Sakerfrancophone’ nous a donné la version française, – et qu’il définit ainsi, où l’on, retrouvera certainement certains aspects de l’affaire ukrainienne, certes...

 « Loi de la Guerre Hybride : Le grand objectif derrière chaque guerre hybride est de perturber les projets multipolaires transnationaux conjoints, par des conflits d’identité provoqués extérieurement (ethniques, religieux, régionaux, politiques, etc.) au sein d’un État de transit ciblé. »

Dans le cas qui nous occupe dans cet article, Korybko établit un lien serré et révélateur entre l’“opération spéciale” des Russes en Ukraine et ce qu’il nomme “la crise des missiles” avec le déploiement de batteries de missiles US, antimissiles mais qui se révèlent également offensifs sol-sol selon les modèles, en Pologne, en Roumanie, et peut-être prévue pour l’Ukraine. Cette “crise des missiles”, très lointainement enfantée par la “crise des ‘euromissiles’” de 1977-1987, a trouvé une renaissance chaotique dans l’ère post-9/11, avec divers et innombrables épisodes, paroxysmes, fureurs, apaisements, oublis avant redémarrage. (Pour le souvenir et peut-être quelque édification ou l’autre, quelques références parmi les très nombreuses accolées dans notre site au terme de ‘Euromissiles’, et l’on voit combien la période couverte est large, impliquant une dynamique crisique très spécifique et durable : 15 juillet 2004, 20 avril 2007, 5 juillet 2007, 12 décembre 2014, 23 octobre 2018, etc.)

Mais aujourd’hui, nous montre Korybko, nous sommes au cœur de la “mère de toutes les crises des ‘Euromissiles’” ! (Bien qu’il s’agisse de bien plus que l’Europe.)

L’originalité par adoxale de l’article de Korybko est qu’il appuie son propos sur des déclarations tout à fait publiques, récentes et très récentes de Poutine, les 21 décembre 2021 et 24 février 2022 précisément, dont il donne de très longs extraits. On découvre ainsi qu’à lire attentivement ces discours on a toute l’explication, du point de vue de Poutine et du point de vue russe, de l’“opération spéciale” lancée jeudi matin. On peut même envisager, à lire la précision et la technicité de l’argument, que cette “opération spéciale” est depuis longtemps dans l’esprit de Poutine, et qu’elle ne concerne pas que l’Ukraine. La perception des Russes, – qu’elle soit ou non fondée n’est pas ici le débat, non plus de savoir s’il y a effectivement un diable contre des anges de vertu, – est que le sort de la Russie est dans la balance, sans aucune restriction...

• « Au cours des années récentes, des contingents militaires de pays de l’OTAN ont été presque constamment présents sur le territoire ukrainien, sous prétexte d’exercices. Le système de contrôle des armées ukrainiennes a été intégré à l’OTAN. Cela signifie que le quartier général de l’OTAN peut envoyer des ordres directs aux forces armées ukrainiennes, jusqu’à leurs unités et escadrons individuels. [...]

• « Par conséquent, l’Alliance et ses infrastructures militaires ont atteint les frontières de la Russie. Il s’agit de l’une des clés de la crise de sécurité européenne... »

• « Les informations dont nous disposons nous donnent de bonnes raisons de penser que l’accession de l’Ukraine à l’OTAN, et le déploiement qui s’ensuivra d’infrastructures de l’OTAN, ont déjà été décidés et ne constituent plus qu’une affaire de temps... »

• « Je [préciserais également] que les documents étasuniens de planification stratégique confirment la possibilité de ce qu’ils appellent une frappe anticipée sur les systèmes de missiles ennemis. Nous savons également qui est l’adversaire principal aux yeux des États-Unis et de l’OTAN. Il s’agit de la Russie. L’OTAN documente officiellement notre pays comme principale menace à la sécurité Euroatlantique. L’Ukraine servira de tête de pont avancée à une telle frappe… »

Nous pensons que ces quatre citations, extraites des discours de Poutine, donnent une bonne idée de cette perception des Russes et de Poutine, et par conséquent de l’extrême gravité de la crise, effectivement “la mère de toutes les crises des ‘Euromissiles’”, et même, sans aucun doute, au-delà de toutes les crises spécifiques, de toutes les ‘subcrises’ qui forment la Grande Crise.

« Il s’agit, écrit Korybko, de la vérité objective et facilement vérifiable de ce qui constitue la crise de sécurité stratégique la pire de l’histoire, au vu du fait que celle-ci est désormais transformée en “guerre chaude”, alors que la précédente avait pu rester au stade de la guerre froide. »

Le texte de Korybko a été repris et traduit (24 février et 25 février 2022) par le ‘Sakerfrancophone’, qui l’accueille régulièrement dans ses colonnes. Le titre original est « La campagne russe ‘stupeur & effroi’ en Ukraine vise à résoudre la crise des missiles européens ». Nous l’avions modifié pour des raisons technico-esthétiques, qu’on nous pardonne.

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L’Ukraine et la crise des missiles

La crise non-déclarée des missiles, provoquée en Europe par les États-Unis, est en pratique une version contemporaine de la crise des missiles de Cuba, [en pire et] avec une inversion des rôles. Il s’agit d’une vérité concrète et facilement vérifiable : cette crise de sécurité stratégique est la pire qui ait existé selon le fait qu’elle vient de se transformer en guerre chaude, alors que la précédente était restée une guerre froide… On peut espérer que l’Occident, États-Unis en tête, ne vont pas faire monter cette crise à un niveau nucléaire ou menacer d’attaquer l’armée russe déployée en Ukraine, faute de quoi l’“horloge de la fin du monde” (“Doomsday Clock”)  pourrait finalement amener ses aiguilles sur l’heure terrible de “minuit”.

Le président russe Vladimir Poutine a autorisé ce qu’il a dénommé une “opération spéciale” en Ukraine au cours des premières heures du 24 février (heure de Moscou) dans une allocution spéciale à la nation. Les objectifs qu’il a énoncés sont de démilitariser et dénazifier l’Ukraine, avec la remarque : «Nous n’avons aucun projet d’occupation du territoire ukrainien ». Il a cité l’Article 51 de la charte des Nations Unies, qui a trait à l’auto-défense, pour justifier ses actions. Beaucoup d’éléments restent flous à ce stade, au vu du brouillard de guerre environnant ces actions, mais il semble que cette opération spéciale ait pour objectif de protéger de manière durable les lignes rouges de sécurité nationale que le président Poutine a déjà consacré beaucoup de temps à définir.

Entre autres exemples les plus parlants, il y a sa « Réunion étendue du Conseil du Ministère de la Défense » du 21 décembre 2021. C’est là que le dirigeant russe a réellement expliqué la nature existentielle de la menace posée à la Russie par la coopération militaro-stratégique adoptée par les autorités de l’Ukraine voisine, établies à l’issue du coup d’État fomenté par les États-Unis et l’OTAN. Les minutes de cette réunion méritent d’être parcourues dans leur intégralité pour bien comprendre les intérêts de sécurité nationale qui sont ceux de la Russie. Le présent article va en citer les extraits principaux, révélant les préoccupations de Moscou concernant les activités des USA pour roder de manière graduelle les capacités de seconde frappe nucléaire de la Russie :

« Il est extrêmement alarmant que des éléments du système de défense global étasunien soient en cours de déploiement près de la Russie. Les lanceurs Mk 41, positionnés en Roumanie et sur le point de l’être en Pologne, sont adaptés au lancement de missiles de frappe Tomahawk. Si cette infrastructure continue d’avancer, et si les systèmes de missiles étasuniens et otaniens sont déployés en Ukraine, leur temps de parcours jusque Moscou ne sera que de 7 à 10 minutes, voire cinq minutes pour des systèmes hypersoniques. Il s’agit d’un défi colossal pour notre sécurité. [...]

» Il y a parmi nous des experts, je reste en contact permanent avec eux. Les États-Unis ne sont pas encore en possession d’armes hypersoniques, mais nous savons qu’ils vont en disposer. C’est une chose que l’on ne peut pas dissimuler. Des informations sont disponibles sur les essais de ces systèmes, avec des résultats positifs ou négatifs. Nous pouvons estimer à quel moment ils en disposeront. Ils livreront des armes hypersoniques à l’Ukraine, et les utiliseront d’une façon dissimulée, – cela ne signifie pas qu’ils vont commencer à les utiliser demain, car nous disposons déjà du ‘Zircon’ et eux pas, – pour armer des extrémistes d’un État voisin, et les inciter à s’en prendre à certaines régions de la Fédération russe comme la Crimée, lorsqu’ils jugeront que les circonstances sont favorables.

» Pensent-ils véritablement que nous ne voyons pas ces menaces ? Ou pensent-ils que nous allons simplement rester les bras ballants, en regardant ces menaces contre la Russie émerger ? Le problème est que nous n’avons plus d’espace pour reculer. C’est là la question. »

Pour dire les choses simplement, l’objectif de la grande stratégie étasunienne est de neutraliser les capacités russes de seconde frappe par le déploiement régional de “systèmes anti-missiles” et d’armes de frappe offensive, – dont un jour des missiles hypersoniques et cela peut-être en fin de compte jusqu’en Ukraine — afin de placer la Grande Puissance eurasiatique en position de subir un chantage nucléaire. L’auteur de cet article a écrit le 24 janvier 2022, dans un autre article La grande stratégie de l’État profond étasunien vis-à-vis de la Russie et de la Chine »), que :

« L’objectif à long terme que la faction de l’“État profond” antirusse entretiendrait est de placer leur Grande Puissance ciblée en position de subir un chantage nucléaire. Ils y parviendraient en remportant la course aux armements en cours, qui se déroule en Europe, ayant trait au déploiement en masse des diverses armes de frappe étasuniennes – y compris des armes hypersoniques – et en y ajoutant des armes défensives comme des “systèmes anti-missiles” aussi près que possible des frontières de la Russie.

» L’objectif est de reprendre le contrôle de l’économie russe, pour la forcer à accepter des concessions unilatérales sans fin, afin de priver la Chine de ces ressources. Il s’agit évidemment à ce jour d’un fantasme politique, et il n’existe aucune raison crédible de s’attendre à voir un tel plan fonctionner d’une quelconque manière, même dans un avenir lointain, mais ce dessein vise néanmoins à expliquer les calculs de l’État profond’ antirusse d’une manière aussi ‘rationnelle’ que possible.

» Si la Russie peut en fin de compte être transformée en État client de l’Occident, États-Unis en tête, on pourrait lui ordonner d’adopter des mesures de ‘confinement’ contre la Chine. On pourrait ainsi voir la Russie ‘étrangler’ la République populaire, chose qui, dans les desseins de l’‘État profond’ étasunien, permettrait de lancer le même processus contre cette seconde Grande Puissance, après avoir réussi à dompter la première. L’objectif final, comme précédemment, serait de positionner leur cible en position de subir un chantage nucléaire et économique. »

Pour le lecteur qui n’en serait pas familier, l’auteur utilise le terme “État profond” pour désigner les administrations permanentes militaires, de renseignements et diplomatiques, qui existent bel et bien dans tout pays, qui sont pétries de factions décidant des politiques suivies par ces pays, et qui ne constituent en rien une “théorie du complot” comme certains l’affirment de manière ridicule. Deux jours avant, l’auteur avait publié un article Démystifier la FakeNews qui prétend que la Russie veut ‘envahir’, ‘occuper’ et ‘annexer’ l’Ukraine »), où il prédisait ce qui suit, qui s’est bel et bien produit au vu des développements dramatiques de ce jeudi matin :

« Dans le scénario du pire, mettant en jeu un conflit conventionnel russo-ukrainien, –  déclenché soit par la Russie en défense de ses intérêts de sécurité nationale après que Kiev aura provoqué une troisième salve d’hostilités de Guerre Civile et/ou aura même attaqué les forces russes directement en franchissant la frontière, – la Russie s’emploierait à “entrer, faire le travail, sortir” et non pas à “envahir”, “occuper” et par la suite “annexer” l’Ukraine, en tout ou partie, pour les raisons expliquées précédemment. Tout ce que Moscou viserait à faire serait de neutraliser la menace militaire posée à ses lignes rouges, même si cela doit être mené selon la stratégie dite Schock & Awe, selon le scénario. »

Les événements suggèrent bel et bien que la Russie applique en ce moment sa stratégie ‘Schock & Awe’ pour neutraliser les menaces imminentes et non dissimulées envers ses lignes rouges de sécurité nationale, en provenance d’Ukraine. Ces menaces ont été révélées en détail au cours de deux événements qui se sont produits lundi, la tenue télévisée du Conseil de Sécurité de la Russie, et l’allocution du président Poutine à la nation, dans la soirée, au cours de laquelle il a reconnu les Républiques du Donbass comme États indépendants.

Le premier événement a confirmé que les États-Unis et l’OTAN n’ont pas répondu de manière satisfaisante aux demandes de garanties de sécurité formulées par la Russie, qui leur demandait de s’engager légalement :
à mettre fin à l’expansion de l’OTAN vers l’Est ;
à ne pas déployer d’armes de frappe aux abords des frontières russes ;
à revenir au statu quo militaire continental de l’Acte Fondateur russo-OTAN de 1997, désormais failli.

Le second événement a vu le dirigeant russe révéler des informations détaillées au sujet des menaces en provenance d’Ukraine, constituées par les armées étasuniennes et de l’OTAN :

« Au cours des années récentes, des contingents militaires de pays de l’OTAN ont été presque constamment présents sur le territoire ukrainien, sous prétexte d’exercices. Le système de contrôle des armées ukrainiennes a été intégré à l’OTAN. Cela signifie que le quartier général de l’OTAN peut envoyer des ordres directs aux forces armées ukrainiennes, jusqu’à leurs unités et escadrons individuels.

» Les États-Unis et l’OTAN ont entamé un développement impudent, utilisant le territoire ukrainien comme théâtre de potentielles opérations militaires. Leurs exercices conjoints réguliers sont évidemment antirusses. Au cours de la seule année passée, plus de 23 000 soldats et plus d’un millier d’unités de matériels militaires ont été impliquées.

» Une loi a déjà été adoptée, permettant aux soldats étrangers d’entrer en Ukraine en 2022, pour prendre part à des exercices multinationaux. Naturellement, il s’agit principalement de soldats de l’OTAN. Cette année, ce sont au moins dix exercices conjoints qui sont programmés.

» De toute évidence, ces agissements sont conçus comme couverture pour des préparatifs permettant une accumulation rapide d’un groupement militaire de l’OTAN sur le territoire ukrainien. Cela est d’autant plus vrai que le réseau d’aéroports, amélioré avec l’aide étasunienne à Borispol, Ivano-Frankovsk, Chuguyev et Odessa, pour en citer quelques-uns, est capable de transférer des unités de l’armée en un temps très réduit. L’espace aérien ukrainien est ouvert aux vols stratégiques étasuniens, ainsi qu’aux aéronefs et drones de reconnaissance opérant des missions de surveillance du territoire russe.

» J’ajouterai que le Centre d’Opérations Maritimes, construit par les États-Unis à Ochakov rend possible le soutien d’activités de navires de guerre de l’OTAN, y compris l’utilisation d’armes de précision, contre la Flotte russe de la Mer Noire et contre nos infrastructures sur l’ensemble des côtes de la Mer Noire. [...]

» L’Ukraine est le foyer de missions d’entraînements de l’OTAN qui sont, dans la réalité, des bases militaires étrangères. Ils les ont appelées “missions” et le tour est joué.

» Kiev a proclamé de longue date sa stratégie de ralliement à l’OTAN. De fait, tout pays a droit de choisir son propre système de sécurité et ses alliances militaires. Cela ne constituerait pas du tout un problème, s’il n’y avait un ‘mais’. Les documents internationaux stipulent expressément le principe de la sécurité égale et indivisible, qui comprend des obligations de ne pas renforcer sa propre sécurité aux dépens de celle d’autres États. Ce point est énoncé dans la Charte de 1999 de l’OSCE pour la Sécurité Européenne, adoptée à Istanbul et dans la déclaration de l’OSCE d’Astana de 2010.

En d’autres termes, le choix des trajectoires assurant la sécurité ne devrait pas constituer une menace envers d’autres États ; que l’Ukraine rejoigne l’OTAN constitue une menace directe pour la sécurité de la Russie. [...]

» Qui plus est, nous sommes conscients de la position et des mots des dirigeants étasuniens, selon qui les hostilités actives dans l’Est de l’Ukraine ne portent pas ombrage à la possibilité que ce pays rejoigne l’OTAN s’il répond aux critères de l’OTAN et résout ses problèmes de corruption.

» Et pendant tout ce temps, ils s’emploient de manière répétée à nous convaincre que l’OTAN est une alliance éprise de paix et purement défensive, qui ne constitue aucune menace envers la Russie. …

» Par conséquent, l’Alliance et ses infrastructures militaires ont atteint les frontières de la Russie. Il s’agit de l’une des clés de la crise de sécurité européenne ; cela a eu l’impact le plus négatif sur l’ensemble du système de relations internationales, et a amené à la perte de la confiance mutuelle.

» La situation continue de se dégrader, y compris en matière stratégique. Ainsi, des zones de positionnement pour des missiles d’interception sont en cours d’installation en Roumanie et en Pologne dans le cadre du projet étasunien visant à créer un système de défense global à base de missiles. Nul n’ignore que les lanceurs déployés là-bas peuvent être utilisés pour déclencher des missiles de croisière Tomahawk — des systèmes de frappe offensive.

» En outre, les États-Unis développent leur ‘Standard Missile-6’ à usages multiples, qui peut assurer une défense aérienne et anti-missile, ainsi que frapper des cibles terrestres et en surface. En d’autres termes, le système de soi-disant défense étasunien se développe et acquiert de nouvelles capacités offensives.

» Les informations dont nous disposons nous donnent de bonnes raisons de penser que l’accession de l’Ukraine à l’OTAN, et le déploiement qui s’ensuivra d’infrastructures de l’OTAN, ont déjà été décidés et ne constituent plus qu’une affaire de temps. Nous comprenons clairement qu’au vu de ce scénario, le niveau de menaces militaires posées à la Russie va croître de manière très importante, et se multiplier de plusieurs ordres. Et j’aimerais souligner le point que le risque d’une frappe soudaine contre notre pays va se multiplier.

» Au cours des années récentes, des contingents militaires de pays de l’OTAN ont été presque constamment présents sur le territoire ukrainien, sous prétexte d’exercices. Le système de contrôle des armées ukrainiennes a été intégré à l’OTAN. Cela signifie que le quartier général de l’OTAN peut envoyer des ordres directs aux forces armées ukrainiennes, jusqu’à leurs unités et escadrons individuels

» Je [préciserais également] que les documents étasuniens de planification stratégique confirment la possibilité de ce qu’ils appellent une frappe anticipée sur les systèmes de missiles ennemis. Nous savons également qui est l’adversaire principal aux yeux des États-Unis et de l’OTAN. Il s’agit de la Russie. L’OTAN documente officiellement notre pays comme principale menace à la sécurité EuroAtlantique. L’Ukraine servira de tête de pont avancée à une telle frappe. [...]

» De nombreux aérodromes ukrainiens se trouvent aux abords de nos frontières. L’aviation tactique de l’OTAN déployée sur ces sites, comprenant des porteurs d’armes de précision, sera en mesure de frapper notre territoire aussi profondément que la ligne Volgograd-Kazan-Samara-Astrakhan. Le déploiement de radars de reconnaissance sur le territoire ukrainien permettra à l’OTAN de contrôler étroitement l’espace aérien russe jusqu’à l’Oural. [...]

» En fin de compte, après que les États-Unis ont détruit le traité FNI, le Pentagone s’est ouvertement mis à développer de nombreuses armes d’attaque à base terrestre, y compris des missiles balistiques en mesure de frapper des cibles à une distance se trouvant jusqu’à 5500 kilomètres. S’ils sont déployés en Ukraine, de tels systèmes seront en mesure de frapper des cibles en Russie sur l’ensemble de la zone européenne du territoire. Le temps de vol des missiles de croisière Tomahawk jusque Moscou sera inférieur à 35 minutes ; des missiles balistiques décollant depuis Kharkov auront un temps de vol compris entre sept et huit minutes ; et des armes d’attaque hypersoniques, quatre à cinq minutes. C’est comme un couteau sous la gorge. Je ne doute pas qu’ils espèrent mener à bien ces projets, comme ils l’ont fait à de multiples reprises par le passé, en étendant l’OTAN vers l’Est, en déplaçant leur infrastructure militaire vers les frontières russes et en ignorant totalement nos préoccupations, nos protestations et nos avertissements. »

Les extraits qui précèdent peuvent se révéler très surprenants pour les lecteurs qui n’ont jusqu’ici pas eu accès à ces informations très importantes, du fait des manipulations de leurs médias, qui les laissent délibérément dans le noir au sujet des préoccupations légitimes de sécurité exprimées par la Russie vis-à-vis de l’Occident, États-Unis en tête, afin de bâtir des fausses représentations de la Grande Puissance eurasiatique, qui est la victime de ces opérations, comme un agresseur, en dépit du rôle objectivement tenu par leurs propres gouvernements. Les tentatives menées par Washington de mettre Moscou en position de chantage nucléaire sont directement responsables de cette crise de sécurité sans précédent. Les « fabricants de perception » de Washington auront œuvré à présenter la situation pour que chacun pense que la Russie est fautive, alors qu’elle ne l’est pas.

La reconnaissance par la Russie des Républiques du Donbass a constitué la tentative finale menée par Moscou d’amener l’Occident, États-Unis en tête, à prendre au sérieux ses demandes de garanties de sécurité. Cette démarche a échoué, les homologues occidentaux des Russes n’ayant jamais entretenu de désir sincère de négocier avec la Russie sur ces sujets, comme l’établit leur réponse diplomatique indifférente depuis que la Russie a dévoilé ses propositions à la fin du mois de décembre 2021. Avec littéralement « aucun espacer pour reculer », comme le président Poutine l’a exprimé lui-même de manière inoubliable durant la réunion précitée du 21 décembre, ce n’était par conséquent plus qu’affaire de temps avant de voir la Russie réagir, de la seule manière possible pouvant lui permettre de ne pas voir franchies ses lignes rouges de sécurité nationale en Ukraine.

Le scepticisme manifesté auparavant par l’auteur au sujet du déroulement d’un tel scénario avait fait suite aux informations publiques précédant ce qui a été révélé le 21 février 2022, durant la réunion télévisée du Conseil de Sécurité russe, et de l’allocution du président Poutine à la nation. Jusqu’à ce stade, il restait ambigu de savoir si les États-Unis et l’OTAN constituaient une menace imminente envers les lignes rouges de sécurité nationale précédemment tracées par la Russie. S’appuyant sur des sources publiques — parmi lesquelles les déclarations officielles — la détermination était que la menace n’était pas encore pleinement matérialisée au point de déclencher une réponse russe décisive, mais cette conclusion s’est avérée incorrecte, comme l’ont révélé les informations dévoilées par la suite lors de ces deux événements du 21 février.

Le président Poutine n’aurait pas autorisé l’opération spéciale menée par la Russie en Ukraine si ses renseignements n’avaient pas été absolument certains du fait que ces menaces précédemment évoquées n’étaient pas réellement imminentes, ou peut-être même sur le point de se concrétiser. L’Occident, États-Unis en tête, a refusé de prendre en compte sérieusement les propositions russes de garanties de sécurités, pensées pour revoir l’architecture de sécurité européenne d’une manière qui aurait fini par déboucher sur une sécurité indivisible pour tous, conformément aux principes énoncés par l’OSCE. Cet objectif désiré aurait empêché qu’un pays mène des actions sous prétexte d’assurer sa sécurité, aux dépens d’un autre pays, comme les États-Unis ont procédé à l’encontre de la Russie au cours des trois décennies passées.

Rétrospectivement, cela a constitué la dernière chance de paix, mais l’Occident, États-Unis en tête, l’a ignorée avec arrogance, en s’imaginant peut-être à tort que la Russie “bluffait” et n’agirait pas exactement comme toute autre Grande Puissance disposant d’un respect de soi, en n’ayant littéralement « aucun espace pour reculer », après avoir apaisé la même alliance militaire dont la raison d’être est le confinement de son pays. Cela a constitué la plus grande erreur de calcul stratégique jamais observée : elle a amené la Russie à défendre ses lignes rouges de sécurité nationale alors qu’elles risquent d’être franchies en Ukraine. La crise demissiles provoquée par les USA en Europe constitue pratiquement une version contemporaine de la crise des missiles de Cuba, avec rôles inversés.

Il s’agit de la vérité objective et facilement vérifiable de ce qui constitue la crise de sécurité stratégique la pire de l’histoire, au vu du fait que celle-ci est désormais transformée en “guerre chaude”, alors que la précédente avait pu rester au stade de la guerre froide. Tout ceci aurait pu être évité si l’Occident, États-Unis en tête, avait simplement respecté les demandes légitimes russes de garanties de sécurité. L’Occident a refusé de manière inexplicable et a ainsi amené la Russie à assurer de manière décisive l’intégrité de ses lignes rouges, en lançant la campagne ‘Schock & Awe’ en Ukraine, qui vise à résoudre la crise des missiles en Europe provoquée de manière irresponsable par les États-Unis eux-mêmes. À cette fin, Moscou pourrait également tenter d’encourager des changements politiques à Kiev.

L’auteur avait émis l’avertissement, en début de semaine, que « La fin du mini-Empire de Lénine en Ukraine est proche », suite à la reconnaissance par la Russie des Républiques du Donbass, qui pourrait à son tour inspirer d’autres minorités persécutées dans ce pays — y compris d’autres membres de la population russe sur place — à se lever en résistance aux autorités (fascistes-)nationalistes” mises en places par le coup d’État soutenu par les États-Unis. Un tel scénario pourrait déboucher sur une décentralisation profonde de l’Ukraine, vers un statut de fédération de régions dont le gouvernement central accepterait de lever l’objectif enchâssé dans la Constitution de rejoindre l’OTAN et de finir par reconnaître la réunification démocratique de la Crimée à la Russie en 2014. Un tel débouché pourrait rapidement améliorer les liens avec la Russie.

Au fil de la campagne ‘Schock & Awe’, le monde ferait bien de se souvenir des raisons légitimes d’auto-défense avancées par Moscou pour mener cette guerre, en accord avec l’article 51 de la Charte de l’ONU. On va trouver de nombreux “fabricants de perception” essayant par tous moyens de présenter les événements de manière à dépeindre faussement la Russie comme l’agresseur, mais ces gens ne feront que répéter en boucle le récit de guerre de l’information ourdi par le gouvernement étasunien, qui ne tient pas la route lorsque l’on prend la peine de prendre connaissance des discours de Poutine cités ci-avant. On peut espérer que l’Occident, États-Unis en tête, ne va pas susciter l’escalader du conflit vers le domaine nucléaire, ou menacer d’attaquer l’armée russe en Ukraine, faute de quoi les aiguilles de la 'Doomsday Clock’ pourraient finir par atteindre l’heure catastrophique de minuit.

Andrew Korybko

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Si vous voulez que nous poursuivions...

Par : info@dedefensa.org — 27 février 2022 à 00:00

Si vous voulez que nous continuions...

Nous vous avons déjà parlé, hier seulement, de ce « grondement formidable d’une crise qui est une guerre, qui se place dans le torrent furieux de la Grande Crise. » Nous subissons l'énorme pression psychologique constante de cet événement parce que notre travail et notre mission nous placent dans cette position.

Nous avons besoin de toute l'aide possible, économique certes, mais surtout psychologique. Vos donations, jusqu'aux plus faible, jusqu'à l'euro symbolique, sont pour nous d'une extrême nécessité ; le nombre de soutiens est aujourd'hui l'arc-boutant de notre position.

Vous connaissez nos conditions économiques, nos besoins, etc., indiqués dans tous les messages que nous éditons et à demeure pour la période dans la bannière en tête de page. Nous n'y revenons pas. 

Le temps presse pour la séquence, avec la fin du mois demain à minuit. Nous ne doutons pas une seconde que vous entendrez notre appel, court mais si pressant.

 

Mis en ligne le 27 février 2022 à 09H45

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Notes d’un regard métahistorique

Par : info@dedefensa.org — 27 février 2022 à 00:00

Notes d’un regard métahistorique

• A ce point du conflit qui mobilise toute notre attention, nous éprouvons le besoin de faire un tour d’horizon extrêmement large, nous concentrant sur les points qui nous paraissent importants. • Nous seulement, il s’agit de juger de la situation d’un point de vue métahistorique, – rien que cela ! – mais aussi du point de vue du missionnaire de la communication, producteur encore plus d’analyse et d’intuition que d’informations. • C’est dire si, au travers de considérations opérationnelles et événementielles, nous ferons en sorte de suggérer, d’induire, les éléments de notre méthode de travail : même pour un missionnaire, il y a une façon de travailler qui répond à l’ordre, à la sélection, à l’harmonie de la perception, et qui nécessite par contre, dans le flot déchaîné de la communication, l’usage intensif de l’inconnaissance. • • Avec un peu d'intuition, nous devrions avoir conscience de vivre une sorte d’événement gigantesque, quasiment suprahumain, peut-être bien d’une importance comparable à celle de la naissance de Jésus-Christ ou de la chute de Rome, – rien que cela ! (bis).

27 février 2022 (18H35) – D’abord, nous devons nous pénétrer toujours plus de l’exceptionnalité de cette période, ce qui fait à la fois son désordre, son hypersophistication dans la manufacture des simulacres, son caractère de postvérité qui rend si difficile de distinguer une vérité-de-situation (car nous pensons intuitivement que la référence de la postvérité nous trompe en affirmant in fine que la vérité n’existe “plus”, et qu’elle nous pousse ainsi à envisager cette vérité qui est que la Vérité existe toujours) ; c’est-à-dire, tout cela de la période enfanté par la fantastique, la cosmique puissance du système de la communication. PhG avait fixé cela à l’entame de son essai ‘Des tours de Manhattan au jardin de l’Élysée’, dans ‘Les Chroniques de l’ébranlement’, citation déjà maintes fois faites, une fois de plus et cette fois absolument pertinente devant “l’événement en train de s’accomplir” qui prend tellement son temps :

« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d'une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s'accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L'histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. On sait également que ceux qui ont décidé et réalisé cette attaque l'ont fait parce qu'ils savaient qu'existe cet énorme phénomène d'observation des choses en train de se faire, et de nous-mêmes en train d'observer. Le monde est comme une addition de poupées russes, une duplication de la réalité en plusieurs réalités emboîtées les unes sur les autres. » (‘Chroniques de l’ébranlement’, PhG, éditions Mols, 2003)

Définition de l’événement

Pour nous, deux citations donnent parfaitement les deux arcs-boutants de la subcrise devenant crise totale, les deux limites au-delà desquelles règne l’inconnu certainement fait d’un bouleversement complet des choses. L’une est de Poutine, l’autre de Biden. Elles sont toutes les deux d’une vérité qui pèse un poids formidable (« La charge du choix », certes). Celle de Poutine est certes d’une vérité qui renvoient au rayon des geignements de salon nos diverses lamentations et indignations sur le viol (effectif) du droit international à propos de l’affaire ukrainienne, d’une voix chargée du sang de Panama City-1989, de Bagdad-1991, de Belgrade-1999, de Kaboul-2001, de Bagdad-2003, de Tripoli-2010, de Damas-2011, de Kiev-2014, de Sanaa-2014, et l’on en passe, – tout cela, saupoudré de tous les respects possibles du droit international qui y sont ardemment associés.

• Le mot de Poutine, définissant la position de la Russie au moment du lancement de l’“opération spéciale” contre l’Ukraine : « Le problème est que nous n’avons plus d’espace pour reculer. » Cette remarque expliquant dans l’esprit des Russes l’inexistence d’une alternative acceptable à leur décision d’attaquer, après des années d’une tragique futilité quant aux “négociations” et au respect des divers “accords”, et devant la perspective d’un armement stratégique décisif des USA sur la frontière de la Russie...

« Pensent-ils véritablement que nous ne voyons pas ces menaces ? Ou pensent-ils que nous allons simplement rester les bras ballants, en regardant ces menaces contre la Russie émerger ? Le problème est que nous n’avons plus d’espace pour reculer. C’est là la question. »

• |a deuxième est donc de Biden, répondant à ceux qui l’interrogent, parfois agressivement, sur la passivité selon eux des USA, et particulièrement sur leur propension à s’en remettre aux sanctions et à des livraisons d’armes. Même si Biden varie  parfois devant les questions, plus qu’il n’est de coutume pour un président des USA dans un tel cas, la réponse indiquant la crainte d’une Troisième Guerre mondiale revient régulièrement, – que la Troisième Guerre mondiale, si elle paraît l’être, en vérité n’est pas une option :

« Écoutez, vous avez deux options : soit déclencher la Troisième Guerre mondiale, – entrer en guerre avec la Russie, physiquement, ou bien : faire en sorte qu'un pays qui agit de manière aussi contraire au droit international paie le prix pour l’avoir fait. »

Estimation de la situation de la guerre

Il est extrêmement difficile de donner une évaluation précise de la situation militaire en Ukraine. Pour évaluer d’une façon analogique et, peut-être, symbolique, l’avancée russe en Ukraine (avec, en plus, l’observation que cette avancée a été arrêtée pendant un jour sur ordre de Poutine, qui espérait des négociations avec Zelenski), Larry Johnson, ancien officier de la CIA et le principal contributeur du site ‘Turcopolier.com’ du colonel Lang, qui reste remarquablement objectif vis-à-vis des Russes, prend une référence historique fameuse : l’offensive ‘Barbarossa’ de l’armée allemande en juin 1941. Il écrit hier :

« Il fallut six semaines au groupe d'armées Sud pour atteindre Kiev (7 août) et sept semaines supplémentaires pour obtenir sa reddition (26 septembre 1941). Aucune retenue n’était appliquée. Les villes et les bastions civils furent bombardés sans pitié.

» Je pense qu'il s'agit là d'un point de référence intéressant pour comparer les progrès réalisés par Poutine pour désarmer l'armée ukrainienne. Contrairement aux nazis de 1941, les forces de Poutine s'attachent à frapper des cibles militaires. Oui, elles ont tué et blessé des civils. Mais Poutine n'a pas autorisé une attaque massive contre les civils. Il convient de rappeler que Churchill et Roosevelt ont autorisé des missions de bombardement dévastatrices sur les centres de population civile en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

» Alors qu'il a fallu près de deux mois aux nazis pour encercler Kiev, les troupes de Poutine semblent l'avoir fait en quatre jours. Reste à voir s'il s’agira d’une guerre d'usure et de souffrance prolongée ou si une solution politique sera envisageable une fois que Kiev sera bouclé. »

L’exemple de Kiev est sans aucun doute significatif, et symbolique lui aussi. S’il marque effectivement la capacité d’avancement des forces russes, il en marque peut-être aussi la limite, voire pire encore. Pour envisager cela, on peut se reporter au Saker-US, éminemment favorable à Poutine sans aucun doute, mais aussi bien informé, et qui, dans ce cas, nous décrit une situation très difficile à Kiev, voire proche d’être hors de contrôle alors que les Russes n’y sont pas encore entrés. Il n’est même plus question de la perspective d’une guérilla antirusse, mais de bien pire : ce que l’auteur nommer une ‘Mad Max zone’ :

« Je conclurai par quelque chose d'assez typique : vous vous souvenez comment, hier, des tonnes d'armes ont été distribuées à Kiev ? Eh bien, pendant la nuit, divers gangs se sont livrés à des échanges de tirs, non pas contre les Russes (qui ne sont toujours pas entrés dans la ville), mais les uns contre les autres.  Certains des ‘wannabe Ukie Volkssturm’ ont même fait prisonniers un groupe d'officiers du SBU.  Certaines rumeurs font état d'une soixantaine de morts pour la seule nuit.

» Espérons que cette folie s'arrêtera et que certains commandants ukrainiens rétabliront la loi et l'ordre avant que leur pays tout entier ne se transforme en une “zone Mad Max”.  Si de tels commandants sont trouvés, je suis sûr que les Russes non seulement ne les engageront pas, mais leur offriront même un certain degré de collaboration. »

Essai de prospective (I)

... On peut en effet espérer mais il ne nous apparaît nullement acquis que les Russes puissent trouver des structures ukrainiennes qui, acceptant une coopération à cause du désordre, puissent maîtriser ce désordre dans un pays qui est effectivement entraîné sur cette pente qu’il connaît déjà bien à cause du désordre de la guerre. Les années vécues depuis 2014 en Ukraine ont vu une situation générale d’une instabilité grandissante, le développement d’une corruption déjà très fortement implantée, dans une structure politique extrêmement fragile avec un pouvoir faible et lui-même dépendant de forces extérieures elles-mêmes productrices de désordre. Elles ont vu le développement proéminent de divers groupes armés et/ou autonomes (les ‘Ukronazis’, principaux porte-flingue de la vertueuse civilisation occidentale). Il apparaît ainsi très difficile de freiner le développement de cette tendance-‘Mad Max’, dans tous les cas dans la partie non-russophone du pays (DPR et LPR).

Dans ces conditions, la Russie devrait se replier, politiquement, militairement et géographiquement, sur ses impératifs fondamentaux et se tourner vers l’essentiel de sa posture de bataille qui se fait selon des références métahistoriques. L’annonce que Poutine a demandé au ministre de la défense Shoigou de mettre les forces stratégiques (nucléaires) russes en position d’“alerte spéciale” pourrait être une indication dans ce sens.

On retrouve alors une situation de très haute importance et d’urgence fondamentale, qui n’a certes jamais cessé même si elle a pu paraître passer au second plan avec la “mission spéciale” en Ukraine. On considérera alors deux appréciations.

D’abord celle de l’Indien M.K. Bhadrakumar, qui réalise ce sens de l’urgence après avoir espéré qu’une négociation avec Zelenski puisse aboutir (alors que, pourtant, – mais est-ce le cas ?! – on annonce de nouveau une rencontre pour des négociations à Gomel, en Biélorussie, mais après un premier rendez-vous manqué il y a deux jours, – perspectives pas loin du type ‘Mad Max’, non ?) :

 « La défaite de la Russie ne peut que conduire à son démembrement comme la Yougoslavie, et à l’hégémonie américaine qui s’ensuit. Par conséquent, la Russie mettra tout en œuvre dans cette lutte. Elle n’hésitera même pas à utiliser sa capacité thermonucléaire pour se défendre, si le besoin s'en fait sentir. »

Ce même sens tragique d’un combat suprême existait déjà en 2014, après le coup d’État de Kiev de février 2014 organisée par la CIA et le département d’État. Nous notions le 3 mars 2014, – et ainsi, il y a huit ans les termes du défi existaient-ils déjà :

« Aujourd'hui encore, la Russie est le principal obstacle sur le chemin de la domination mondiale par l'élite mondiale. Leonid Chebarchine, ancien chef du service de renseignement extérieur soviétique, a noté un jour [après la chute de l’URSS] que “l’Occident ne veut qu'une chose de la Russie : que la Russie n'existe plus”. L’Occident veut que la Russie cesse de faire partie de la géopolitique, il ne peut accepter son existence psychologiquement et historiquement... »

Essai de prospective (II)

…En fait de prospective, qui est un art où nous n’excellons pas, nous devrions parler plutôt d’une sorte d’esquisse métahistorique voulue par les événements eux-mêmes, en proposant sa traduction opérationnelle pour les jours et semaines à venir. Nous ne disons pas que les acteurs divers veulent cela ou agissent sciemment dans ce sens, mais plutôt qu’il s’agit de la tendance métahistorique qui devrait prédominer et ordonner les événements. Tout se ferait sous l’ombrelle (!!) de la menace nucléaire, arme catastrophique et métahistorique sortie du progrès (?) scientifique humain, puisque désormais la plupart des acteurs qui comptent ont commencé à réaliser que c’est à ce niveau que se situe l’enjeu.

Il y aurait plusieurs phases dans cette esquisse, qui étendraient la crise opérationnelle à la dimension européenne, prenant acte du côté russe de la complète rupture avec le monde du bloc-BAO qui est en train de s’opérer du fait de la pluie de sanctions, d’expulsions, d’interdictions, d’anathèmes de la Russie dans tous les domaines, entérinant quelque chose comme la rupture d’un monde. De fait, la Russie est en train d’entrer dans la zone dite du “de toutes les façons, on ne peut pas me faire pire”.

• En premier lieu, et sous la pression du phénomène ‘Mad Max’, les forces russes devraient se regrouper sur la ligne des deux républiques autoproclamées mais désormais reconnues (DPR-LPR), avec l’acquis des zones côtières qui lui sont traditionnellement accolées. Elles y établiraient une zone de non-contact, ‘buffer zone’ ou ‘No MadMaxland’, battue par une artillerie importante décourageant toute incursion. Ils laisseraient le reste de l’Ukraine à ses soubresauts, ce qui est d’une importance relative pour la stabilité générale du fait qu’il ne s’agit ici que d’une étape dans un processus dynamique très rapide.

• En effet, selon cette prospective, l’opération générale de sécurisation des forces stratégiques ne s’arrêterait pas là...

• La stabilisation opérationnelle étant temporairement acquise sur une ligne DPR-LPR, les Russes devraient poursuivre leur tâche proclamée d’ôter toute menace unilatérale directe du type ‘first strike’ (envisagée contre la Russie depuis longtemps) contre leurs forces nucléaires en détruisant les deux bases US, sur le frontière polonaise et sur la frontière roumaine. Il s’agit, comme on l’a vu, de lanceurs Mk41 pouvant tirer aussi bien des missiles offensifs sol-sol à tête nucléaire que des missiles antimissiles. Ces attaques ‘chirurgicales’, du type qu’affectionnent les Israéliens, devraient être précédées d’un avertissement dans un délai de l’ordre d’une heure pour permettre au personnel US de quitter les bases (comme les Iraniens avaient fait contre des bases US en Irak début 2020, en représailles de l’assassinat du général Soleimani).

• Ces diverses démarches seraient accompagnées d’un renforcement très important de l’enclave de Kaliningrad qui deviendrait ainsi une avancée “ennemie” dans le dispositif de l’OTAN.

Encore une fois, cette sorte de spéculation prend en compte ce qui est en train de devenir une réalité, qui est la rupture complète du bloc-BAO avec la Russie. Il reste d’ailleurs à mettre au point des mesures de riposte de la Russie contre le bloc, au niveau de possibles ruptures de l’exportation des énergies, de la possible interdiction de l’espace aérien aux compagnies du bloc-BAO (qui impliquerait d’énormes dépenses supplémentaires pour ces compagnies, au niveau des escales, de la consommation de kérosène, du temps de vol, etc., avec la mise en danger financière de certaines de ces compagnies), – et d’autres...

Bien entendu, une telle prospective soulèverait le problème de la riposte des pays du bloc-BAO, qui n’aurait plus que le champ guerrier pour cela puisque toutes les sanctions, interdictions, expulsions et anathèmes ont été épuisées. C’est alors que se poserait la question de la guerre, et d’une guerre avec probabilité de montée au nucléaire. C’est alors que nous aurions, transcrit dans la réalité opérationnelle, la question du “transfert de la charge du choix” que nous avons déjà évoquée, comme un point absolument central de la situation stratégique, psychologique et métahistorique.

Essai de prospective (IIbis)

(... A moins que d’ici là, – autre spéculation suggérée par la mise en “alerte spéciale” aujourd’hui des forces stratégiques nucléaires russes, – les Russes mettent en pratique la ‘Madman Theory’ concoctée par Richard Nixon dans les années 1969-1973 et que Sergei Lavrov glisse à l’oreille commune de ses “collègues” Blinken et Le Drian qu’à trop insulter et humilier la Russie on risque de faire sortir le flegmatique Poutine de ses gonds jusqu’à sembler le faire songer à l’emploi de l’arme suprême...)

Essai de Prospective (III)

... C’est alors enfin, au terme de ces spéculations diverses qui ne sont que ce qu’elles sont, que nous en viendrions, sous la force du “choc psychologique” ainsi enregistré, à aborder la question du Système, de son existence, de sa poursuite, de son effondrement, – car c’est bien lui, n’est-ce pas, qui nous a lancés dans cette folle aventure ! Cela est d’autant plus envisageable que l’économie et le système financier devraient commencer à subir sévèrement le contrecoup de ces événements (notamment par le biais de la probable expulsion de la Russie du système SWIFT). C’est alors que les subcrises auraient subi leurs mues diverses et se trouveraient rassemblées dans l’épisode ultime de la Grande Crise.

C’est alors que nous pourrions croire que ce présent étrange, mystérieux, catastrophique dans des sens inédits, nous serait fait, et que cette idée énoncée en tête trouverait son accomplissement :

« Nous avons conscience de vivre une sorte d’événement gigantesque, quasiment suprahumain, peut-être bien d’une importance comparable à celle de la naissance de Jésus-Christ ou de la chute de Rome, – rien que cela ! »

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Ukraine & ‘Destruction Constructrice’

Par : info@dedefensa.org — 28 février 2022 à 00:00

Ukraine & ‘Destruction Constructrice’

• Articles du 28 février 2022. • Une appréciation générale et globale sur autour de l’affrontement en Ukraine & ‘Destruction Constructrice’, avec la notion russe de “Destruction constructive”. • Contributions : dde.org et Alastair Crooke.

Alastair Crooke envisage le paroxysme de la guerre déclenchée e n Ukraine par la Russie depuis jeudi dernier dans un contexte général et global. Il place l’événement sous le concept/la doctrine de la ‘Destruction Constructrice’ qu’expliquait le 23 février dans RT.com le professeur Karaganov. On appréciera la proximité de l’expression avec celle de ‘Destruction créatrice’ qu’emploie pour lui-même le capitalisme néo-libéral. Or c’est le second que la ‘Destruction Constructrice’ se propose de détruire.

Dans ce contexte, Alastair Crooke place directement l’actuel conflit en Ukraine, qui en serait la première phase. Crooke explique comment on en est arrivé à ce conflit et les premières observations qu’on en peut faire. Nous tenons l’analyse , une nouvelle fois avec Crooke, comme brillante, structurée et clairement argumentée. Simplement, nous dirons notre divergence avec le dernier paragraphe, que nous jugeons trop optimiste, – simple et amicale, bien qu’importante certes, divergence d’appréciation sur la perspective des années à venir, dont nous jugeons qu’elles seront bouleversées par d’autres facteurs crisiques fondamentaux...

« En fin de compte, – après une lutte douloureuse – l’Europe cherchera la réconciliation. L’Amérique sera plus lente : les faucons tenteront de redoubler d’efforts. Et c'est la situation de l’économie et du marché occidentaux qui déterminera finalement le “quand”. »

Tout cela (cette divergence) est à débattre, certes. L’essentiel du propos est bien que Crooke nous donne à voir les événements d’Ukraine sous une dimension extrêmement importante et différente, quoique complètement complémentaire et remarquablement ajustée, de la seule appréciation stratégique. En ce sens, il faut se rapporter à la dernière rencontre Poutine-XI, passée relativement inaperçue, et placer Chine et Russie décidément sur la même voie.

L’article d’Alastair Crooke est publié dans sa version originale dans ‘Strategic-Culture.org’, le 27 février 2022.

dde.org

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Le modèle russe de la ‘Destruction constructive’

Poutine pense ce qu'il dit : La Russie est dos au mur, et il n'y a aucun endroit où elle peut se retirer - pour eux, c'est une question existentielle.

L'Occident dans son ensemble était déjà en colère. Il est désormais apoplectique après que le président Poutine ait choqué les dirigeants occidentaux en ordonnant une opération militaire spéciale en Ukraine, qui est largement décrite (et perçue en Occident) comme une déclaration de guerre : "un assaut ‘Schock & Awe’ touchant des villes dans toute l'Ukraine". En fait, l'Occident est tellement en colère que l'espace d'information s'est littéralement scindé en deux : tout est noir ou blanc, sans nuances de gris. Pour l'Occident, Poutine a complètement défié Biden ; il a unilatéralement et illégalement “changé les frontières” de l'Europe et agi comme une ”puissance révisionniste”, tentant de changer non seulement les frontières de l'Ukraine, mais aussi l'ordre mondial actuel. « Trente ans après la fin de la guerre froide, nous sommes confrontés à un effort déterminé pour redéfinir l'ordre multilatéral », a averti le haut représentant de l'UE, Josep Borell. « C'est un acte de défiance. C'est un manifeste révisionniste, le manifeste de la révision de l'ordre mondial ».

Poutine est décrit comme un nouvel Hitler et ses actes sont qualifiés d’“illégaux”. On prétend que c'est lui qui a déchiré l'accord de Minsk-II (pourtant, les Républiques ont déclaré leur indépendance en 2014, ont signé Minsk en 2015, et tandis que la Russie n'a jamais signé l'accord, – et ne peut donc pas le violer). En effet, ce sont les États-Unis qui ont effectivement mis leur veto au processus de Minsk depuis 2014, et la publication par la Russie de la correspondance diplomatique en novembre 2021 a révélé que la France et l'Allemagne n'avaient pas eu non plus l'intention de faire pression sur Kiev pour une mise en œuvre significative. Et donc, ayant conclu qu'un règlement négocié, – comme stipulé dans les accords de Minsk – ne se produirait tout simplement pas, Poutine a déterminé qu'il était inutile d'attendre plus longtemps avant de mettre en œuvre la ligne rouge de la Russie.

Le regretté Stephen Cohen a écrit sur les dangers d'un tel manichéisme sans nuance, – comment le spectre d’un Poutine maléfique avait tellement envahi et rendu toxique l’image que les États-Unis avaient de lui que Washington était incapable de penser rationnellement, – non seulement à propos de Poutine, mais aussi de la Russie en tant que telle.  Le point de vue de Cohen est que cette diabolisation totale nuit à la diplomatie. Comment faire la part des choses avec le mal ? Cohen demande comment cela a pu se produire. Il suggère qu'en 2004, le chroniqueur du NY Times, Nicholas Kristof, a expliqué par inadvertance, du moins partiellement, la diabolisation de Poutine. Kristof se plaignait amèrement d'avoir été « dupé par M. Poutine. Il n'est pas une version sobre de Boris Eltsine ».

La plupart des Russes, cependant, soutiennent Poutine pour la reconnaissance des républiques du Donbas, qu'il a ensuite poursuivie en obtenant l'autorisation de la Chambre Haute du Parlement russe pour l'utilisation de forces armées en dehors de la Russie (comme l'exige la Constitution). La résolution du Conseil de la Fédération a été soutenue à l'unanimité par les 153 sénateurs réunis en session extraordinaire mardi.

Dans son discours national, Poutine s'est exprimé avec une amertume qui reflète celle de nombreux Russes. Il considère que l'évolution politique de l'Ukraine après 2014 a été conçue pour créer un régime antirusse à Kiev, alimenté par l'Occident, avec des intentions hostiles envers la Russie.  Poutine a illustré ce point en expliquant que « le système de contrôle des troupes ukrainiennes a déjà été intégré à l'OTAN. Cela signifie que le quartier général de l'OTAN peut donner des ordres directs aux forces armées ukrainiennes, même à leurs unités et escadrons séparés ». Poutine a également noté que la Constitution russe stipule que les frontières des régions de Donetsk et de Lougansk doivent être telles qu'elles étaient « à l'époque où elles faisaient partie de l'Ukraine ». Il s'agit d'une formulation prudente,–  les frontières des deux républiques ont subi d'importants changements à la suite du coup d'État de Maidan. (La revendication historique de Donetsk sur la côte de Mariupol est en cause).

La déclaration de reconnaissance de Poutine s’est accompagnée d'un ultimatum adressé aux forces de Kiev pour qu'elles cessent leurs bombardements d'artillerie sur la ligne de contrôle, sous peine de subir des conséquences militaires. Cependant, tout au long de la soirée de mercredi, la situation sur la ligne de contact s'est réchauffée, avec des tirs d'artillerie lourde ; tôt jeudi matin, pour la première fois, des tirs de roquettes multiples ont été utilisés par les forces de Kiev de l'autre côté de la ligne de contrôle. (Quelqu'un du côté de Kiev souhaitait manifestement une escalade, –  peut-être pour faire pression sur Washington). Poutine a immédiatement ordonné ce qui était manifestement une opération spéciale préparée à l'avance « pour démilitariser et dénazifier l'Ukraine ». L'armée russe a annoncé quelques heures après l'offensive que tous les systèmes de défense aérienne de l'Ukraine avaient été neutralisés. Une présence aérienne russe massive, comprenant des avions de chasse et des hélicoptères, a été confirmée au-dessus d'une grande partie du pays.

Il est possible que cette opération (qui, selon Poutine, ne vise pas à occuper l'Ukraine), suive le modèle de la Géorgie en 2018, où les forces russes se sont retirées après quelques jours. C'était également le cas au Kazakhstan. Nous ne savons tout simplement pas si ce sera le cas en Ukraine, – très probablement pas. Lorsque Poutine a parlé de “dénazification”, il faisait référence à la cooptation par les États-Unis d'une formation néo-nazie dans les forces armées ukrainiennes pour aider à préparer le coup d’État de Maidan en 2014.  La soi-disant brigade Azov de néonazis s'était avérée être la force de combat la plus efficace pour repousser la milice DPR-LPR dans la région du Donbass. (L'Ukraine est la seule nation au monde à avoir une formation néo-nazie dans ses forces armées et il y aura des comptes à régler).

Néanmoins, l'ordre spécial de Poutine a, comme il l'avait sans doute prévu, profondément choqué l'Occident par sa réaction militaire décisive. Il a mis le monde, – et ses marchés financiers et énergétiques – en émoi.

C'est d'ailleurs ce dernier aspect qui pourrait devenir le plus marquant. En 1979, les bouleversements au Moyen-Orient ont fait grimper en flèche les prix de l'énergie (comme c'est le cas aujourd'hui), et les économies occidentales se sont effondrées. Quoi qu'il advienne dans les prochains jours, il doit être clair que la brève conférence de presse de Poutine du 22 février agit comme prévu, comme un puissant accélérateur. La “destruction constructive” de l'ancien ordre mondial va se dérouler plus rapidement que beaucoup d'entre nous l'avaient imaginé. Elle marque la fin des illusions, – la fin de l'idée que l'ordre imposé par les États-Unis et fondé sur des règles reste une option.

Comment alors interpréter l'extrême colère de l'Occident ?  Simplement ceci : En fin de compte, il y a la réalité. Et cette réalité, – c'est-à-dire ce que l’Occident peut en faire, – est tout ce qui compte, – c'est-à-dire ... peu de choses.

La première prise de conscience brutale qui sous-tend la colère est que l'Occident n'a pas l'intention, – et surtout pas la capacité – de contrer militairement les mouvements de la Russie. Biden a répété le mantra “pas de soldats sur le terrain” à la suite des opérations militaires russes. Et pour l'Europe, l’imposition d'un régime de sanctions à la Russie ne pouvait pas tomber à un pire moment. L'Europe est confrontée à la récession et à une crise énergétique préexistante (qui sera considérablement aggravée par le fait que l'Allemagne offre Nordstream 2 en sacrifice aux dieux affamés de la vengeance). Et la montée en flèche de l'inflation (aggravée par le prix du pétrole à 100 dollars) provoque une crise des taux d'intérêt et des obligations souveraines. Maintenant, la pression sera sur l'Europe pour trouver des sanctions supplémentaires.

Des sanctions, il y en aura, – et elles toucheront directement les Européens dans leur poche. Certains États européens mènent un combat d'arrière-garde pour limiter les sanctions qui pourraient aggraver la récession européenne à venir. Quoi qu’il en soit, dans les faits l'Europe s'auto-sanctionne (c'est elle qui souffrira le plus de ses propres sanctions) et Moscou a promis de riposter à toute sanction d'une manière qui nuira aux États-Unis et à l'Europe. Nous sommes dans une nouvelle ère. Cette perspective et l'impuissance face à elle doivent expliquer une grande partie de la frustration et de la colère des Européens.

Washington affirme disposer d’une “arme absolue” contre Moscou : interdire l’exportation des puces semi-conductrices. « Ce serait l'équivalent moderne d'un embargo pétrolier du XXe siècle, puisque les puces sont le carburant essentiel de l'économie électronique », affirme Ambrose Evans Pritchard dans le ‘Telegraph’ ; « Mais cela aussi est un jeu dangereux. Poutine a les moyens de couper les minerais et les gaz critiques nécessaires pour soutenir la chaîne d'approvisionnement de l'Occident en puces à semi-conducteurs ».  En bref, le contrôle exercé par Moscou sur les minéraux stratégiques clés pourrait lui donner un effet de levier, comparable à la mainmise de l’Opep sur l'énergie en 1973.

C'est là que se trouve le deuxième volet de la frustration de l'Europe : la reconnaissance tacite du fait que la politique ukrainienne de Biden, l'échec de la diplomatie de l'Occident (tous les processus et aucun traitement de fond des problèmes sous-jacents), ainsi que la gestion désinvolte de la question du Nordstream 2 par l'Allemagne, ont condamné l'UE à des années de déclin économique et de souffrance.

Le troisième volet est plus complexe et se reflète dans le cri indigné de Josep Borell selon lequel la Russie et la Chine sont deux puissances “révisionnistes” qui tentent de modifier l'ordre mondial actuel.  La “crainte” européenne est fondée non seulement sur le contenu de la déclaration commune de Pékin, mais aussi probablement sur le fait que, de toute sa vie, le président Poutine n'a jamais prononcé un discours comme celui de lundi devant le peuple russe. Il n'a jamais non plus désigné les Américains comme l’ennemi national de la Russie en des termes russes aussi clairs : promesses américaines, sans valeur ; intentions américaines, mortelles ; discours américains, mensonges ; actions américaines, intimidation, extorsion et chantage.

Le discours de Poutine laisse présager une grande fracture. Il semble que les Européens (comme M. Borrell) commencent tout juste à comprendre à quel point le discours de Poutine représente un point d'inflexion. Il a été articulé autour de l'Ukraine, mais cette dernière question, – bien qu'importante, – est secondaire par rapport à la décision de la Russie et de la Chine de modifier à jamais l'équilibre géopolitique et l'architecture de sécurité du monde.

La reconnaissance des républiques du Donbass est la manifestation de cette décision géostratégique antérieure. C'est la première concrétisation de cette rupture avec l’Occident (jamais absolue, bien sûr), et le dévoilement de la compilation de mesures “technico-militaires” de la Russie destinées à forcer une séparation du globe en deux sphères distinctes.  La première mesure était la reconnaissance des républiques ; la deuxième mesure militaro-technique était le discours de Poutine ; et la troisième, son ordre ultérieur d’“opération spéciale”.

L’axe Russie-Chine veut la séparation. Cela doit se faire soit par le dialogue (ce qui est peu probable, puisque le principe fondamental de la géopolitique actuelle est défini par la non-compréhension délibérée de l’“altérité”), soit par une escalade de la douleur (définie en termes de lignes rouges) jusqu'à ce qu’une partie ou l'autre cède. Bien sûr, Washington ne croit pas que les présidents Xi et Poutine puissent penser ce qu'ils disent, – et ils croient que, de toute façon, l'Occident a une domination de l’escalade dans le domaine de l'imposition de la douleur.

De manière moins diplomatique, la Russie et la Chine ont conclu qu'il n'était plus possible de partager une société mondiale avec une Amérique déterminée à imposer un ordre mondial hégémonique conçu pour « ressembler à l'Arizona ». Poutine pense ce qu'il dit : La Russie est dos au mur, et il n'y a plus aucun endroit où elle peut reculer encore,– pour elle, c'est existentiel.

Le refus de l'Occident d'admettre que Poutine est “sincère” (cela impliquant qu’on croit à l’échec de la diplomatie) suggère que cette crise nous accompagnera au moins pendant les deux prochaines années. C'est le début d’une phase prolongée et à fort enjeu d'un effort mené par la Russie pour modifier l’architecture de sécurité européenne dans une nouvelle forme, que l'Occident rejette actuellement. L'objectif de la Russie sera de maintenir les pressions, – et même l'éventualité d'une guerre – afin de harceler les dirigeants occidentaux peu enclins à la guerre pour qu'ils procèdent au changement nécessaire.

En fin de compte, – après une lutte douloureuse – l’Europe cherchera la réconciliation. L’Amérique sera plus lente : les faucons tenteront de redoubler d’efforts. Et c'est la situation de l’économie et du marché occidentaux qui déterminera finalement le “quand”.

Alastair Crooke

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Alerte nucléaire de communication

Par : info@dedefensa.org — 1 mars 2022 à 00:00

Alerte nucléaire de communication

1er mars 2022 (10H00) – En d’autres mots à propos de l’emploi de la communication durant cette guerre, ce torrent de communication certainement sans précédent, sur le volume, sur la durée, sur la passion haineuse et la fureur démentielle, les mensonges invraisemblables et les insultes sans compromis qu’on y trouve exprimées, voilà quelque chose de formidable et de sublime, de terrifiant et de catastrophique.

La perception de la guerre est devenue aujourd’hui, à disons 97,5% ou à 103%, du domaine du système de la communication, de ses vociférations, ses manipulations et montages, ses simulacres et narrative, son instantanéité, sa puissance immédiatement disponible, les effets que cette puissance inflige à nos psychologie du fait de la façon dont elle fait de la vérité une matière “taillable et corvéable à merci”.(« L’empire du mensonge » dit Poutine, – choisissez à qui se destine elle-même cette expression.) C’est une affirmation que l’on pose, une conviction que j’affirme de la fantastique puissance que nous donnons, que nous accordons au système de la communication comme si nous étions ses sujets, ses choses et ses esclaves... Il s’ensuit des événements extraordinaires que nous avons de la peine à observer et à identifier tant ils le sont, et tant ils nous submergent par conséquent.

A cet égard, je crois que l’on doit mesurer peu à peu l’événement extraordinaire, pris ici comme exemple de l’opérationnalité du phénomène dont je parle, émanant de lui, exsudant de lui comme une charge terrible vous écrase. L’événement s’est produit sous nos yeux (sous les miens également), et il me semble assurément que l’on n’a pas réalisé sur l’instant cette importance. Il s’agit de la décision de Poutine de placer les forces stratégiques nucléaires en état d’alerte. Il y avait eu d’abord, de notre part, ici sur ce site, une spéculation plus classique quoique tout de même documentée, peut-être en forme de semi-plaisanterie ou de plaisanterie à prendre éventuellement au sérieux, – je ne sais plus très bien :

« ... A moins que d’ici là, – autre spéculation suggérée par la mise en “alerte spéciale” aujourd’hui des forces stratégiques nucléaires russes, – les Russes mettent en pratique la ‘Madman Theory’ concoctée par Richard Nixon dans les années 1969-1973 et que Sergei Lavrov glisse à l’oreille commune de ses “collègues” Blinken et Le Drian qu’à trop insulter et humilier la Russie on risque de faire sortir le flegmatique Poutine de ses gonds jusqu’à sembler le faire songer à l’emploi de l’arme suprême... »

... En effet, je réalise peu à peu, lisant et réalisant ces quelques mots documentant la manière (toujours très cérémonieuse, avec les Russes) dont Poutine a donné l’ordre à son ministre de la défense de prendre cette mesure, que la raison avancée par Poutine pour justifier l’ordre de mettre les forces nucléaires stratégiques russes en alerte est effectivement extraordinaire. C’est du jamais-vu, jamais-entendu, ; jamais-imaginé :

« “Les hauts responsables des principaux pays de l'OTAN se complaisent à faire des déclarations agressives sur notre pays. C'est pourquoi j’ordonne au ministre de la Défense et au chef d'état-major général de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en mode de service spécial de combat”, a déclaré Poutine lors d'un point de presse avec le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef d'état-major général, Valéry Gerasimov, à Moscou. »

Il s’agit bien de la même chose dont nous parlons, les “déclarations agressives” venues de quelques figurants accessoires, peut-être bien le très-séduisant Soltenberg de l’OTAN, sur le fond incroyablement bruyant des vociférations de tous ordres, antipoutiennes et antirusses, venues du Camp du Bien. Il me semble aussi que la Britannique Truss (Foreign Office) sans doute, le gris Le Drian (Quai d’Orsay) peut-être bien, tous deux ont dit cette chose étrange (surtout Le Drian, je crois), certes d’un ton sous-entendant la menace en riposte préemptive à la décision de Poutine, qu’il ne faut pas oublier que « l’OTAN est une puissance nucléaire ». (Tiens tiens, l’ami : l’OTAN, une “puissance nucléaire” ? Folie pure ou idiotie complète ? C’est selon, au choix du client. L’OTAN n’ayant aucune souveraineté, aucune autorité suprême, aucune légitimité, – alors qu’est-ce donc que ce charabia d’inculture grotesque ! Bien de notre temps, ça !)...

Effectivement, notre site exotique ‘WhatDoesItMeans’ (WDIM) que nous consultons régulièrement ou à l’occasion je ne sais plus, WDMI plus complotiste-masqué que jamais et plus Poutine-compatible qu’on ne pourrait croire, s’attache à cette affaire de cette façon qu’il lui donne une pleine et complète importance dans sa nature même. Il n’évoque ni le symbole, ni l’allégorie, non il tient les paroles prononcées comme finalement je l’ai admis, comme parfaitement réalistes. Cela donne ceci :

« Le caractère épique de la propagande de guerre risque de déclencher une annihilation nucléaire globale...

» Un nouveau rapport fouillé du Conseil de sécurité (CS) circulant au Kremlin aujourd’hui note d’abord “l’échelle épique de la propagande de guerre occidentale” contre la Russie, rappelant l’énorme machine de propagande du Parti national-socialiste allemand (alias parti nazi) qui a exploité les Allemands ordinaires en les encourageant à être les coproducteurs d'une fausse réalité, et a propulsé Adolph Hitler au pouvoir. Ce rapport dit qu’en réponse à cette menace génocidaire, le président Poutine a ordonné à l'armée de mettre les forces de dissuasion nucléaire du pays en état d'alerte maximale, et a déclaré directement au ministre de la défense Sergei Shoigou et au chef d'état-major général Valery Gerasimov : “Les hauts responsables des principaux pays de l'OTAN se permettent de faire des déclarations agressives à l'égard de notre pays... Par conséquent, j'ordonne au ministre de la défense et au chef d'état-major général de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en mode de service spécial de combat”. »

Ne craignez rien, je ne fais pas Poutine victime d’un “génocide de communication” ni ne suggère une seconde qu’il soit autre que ce monstre indescriptible qu’on ne cesse pourtant de nous décrire sous toutes les coutures. Non, ce qui m’importe, c’est bien que cet étrange site WDIM reprend effectivement, par l’intermédiaire de son habituel  “rapport”-machin « circulant au Kremlin », le lien direct de cause à effet d’une indubitable manière : “paroles agressives” (communication) comme cause directe et indubitable de la mise en alerte.

Certes, on écartera tout cela d’un revers de la main chassant quelque poussière agaçante (c’est notre façon de discuter aujourd’hui), en proclamant Poutine comme le plus grand comédien du simulacre qui existe, infâme gredin, crapule notoire, diabolique voyou, – mais diantre, ce n’est pas ce qui m’importe ! Il m’importe, à moi, qu’on ait effectivement présenté la séquence comme on l’a fait, qu’elle a été répercutée dans le monde telle quelle, somme toute sans mettre en cause ce rapport de cause à effet entre deux choses qui, tout de même, sont de natures absolument différentes.

... Et finalement, le fait qu’on n’ait pas relevé immédiatement cette singularité, – sauf Biden mais selon une autre approche, et qui, bon robot bureaucratisé, a répété que Poutine “se fabriquait des menaces inexistantes” avant d’être plus précis sur la commune menace nucléaire, – ce fait-là, qui vaut pour moi dans l’instant, révèle que nous avons acquiescé à la toute-puissance de la communication. Nous en sommes les hallucinés ou bien alors nous disposons, dans ce deuxième cas pour qui admet lucidement cette toute-puissance sans y voir une divinité dissimulée, d’une arme d’une puissance de mystification massive.

Notez bien, j’insiste là-dessus, que je ne parle pas du contenu, ni de la technique de la manipulation, ce qui fait qu’on peut manipuler des peuples, usant de la communication comme outil de propagande. Non, je parle de la puissance intrinsèque, on dirait presque ontologique. Personne ne trompe personne ici, on sait de quoi il s’agit, même si les uns et les autres ont des arrière-pensées. Il y a simplement ce fait, cette démarche de cause à effet : Poutine juge certaines paroles agressives et profondément inamicales, alors il met en alerte ses forces nucléaires stratégiques.

Bien entendu, après le fait même de l’annonce de la mise en alerte, lorsqu’on reparle de cette décision, on présente en passant, parce que cela semblerait aller de soi finalement, une cause extrêmement concrète et opérationnelle :

« Pendant que les discussions se poursuivaient, M. Zelenski a envoyé à Bruxelles une demande officielle d'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Dans le même temps, la Russie a placé ses forces de dissuasion nucléaire en état d’alerte maximale, l'OTAN ayant décidé d'envoyer des armes à Kiev. »

Ou encore, explicité de façon plus précise, mais à nouveau avec l’importance de la communication (madame Truss) :

« Le président russe Vladimir Poutine a placé dimanche les forces de dissuasion de son pays - y compris les armes nucléaires, – en état d'alerte maximale. Moscou a déclaré que cette mesure avait été prise, du moins en partie, en réponse aux commentaires de la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, qui a déclaré à Sky News que si Poutine n’était pas arrêté en Ukraine, d’autres pays d'Europe de l'Est seraient menacés, ce qui entraînerait un conflit avec l'OTAN.

“Des déclarations ont été faites par différents représentants à différents niveaux sur de possibles altercations, voire des collisions et des affrontements, entre l'OTAN et la Russie”, a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. “Nous pensons que de telles déclarations sont absolument inacceptables”. »

Ce n’est pas vraiment quoiqu’un peu la façon officielle et formelle dont fut présentée la décision lorsqu’elle fut prise et il s’agit bien d’une explicitation et d’une tentative de rationalisation opérationnelle après-coup. Il reste cette chose énorme dont j’ai dit quelques mots... Pragmatiques, les Russes, qui identifient une formidable guerre de la communication [de l’information] contre eux, se réfèrent désormais au fait même de cette “guerre”, à l’acte de la “guerre de la communication” pour justifier les décisions les plus graves.

En 1962, il fallait un déploiement de fusées nucléaires à 250 kilomètres de leurs côtes pour pousser les USA à mettre leurs forces nucléaires en alerte ; en 1973, il y avait l’identification par les satellites US du fait opérationnel que l’URSS commençait ses préparatifs pour déployer une division parachutiste en Égypte, comme elle évoquait la possibilité de faire, pour empêcher le général Sharon d’encercler la Vème Armée égyptienne en violation du cessez-le-feu. Aujourd’hui, il suffit d’une ânerie d’une ministre et d’un bêlement d’un secrétaire général au milieu du concert de coassements et de croassements de l’infinie myriade des figurants de la “guerre de la communication”, avec notamment en arrière-plan et pour interpréter cette symphonie cacophonique mais bien dressée, le déchaînement de la presseSystème la plus ardente du monde, interprétant librement les consignes du parti.

Il est possible que les dieux commentent, de leur camp de vacances de l’Olympe, qu’“on n’arrête pas le progrès” en matière de sottise et que je riposte humblement que notre soumission au dieu de la Bêtise est comme une pierre qui roule irrésistiblement sur la pente, – “Like a Rolling Stone”... Possible, possible... Cela ne sera pas sans laisser des traces profondes, témoignant de la souffrance inévitable que nous causent l’effondrement et la dislocation du Système. C’est bien de cela dont il est question.

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La colère de la sagesse

Par : info@dedefensa.org — 1 mars 2022 à 00:00

La colère de la sagesse

• Articles du 1er mars 2022. • Comment un commentateur respecté et mesuré, diplomate indien devenu observateur indépendant et unanimement apprécié, porte un jugement terrible sur l’Occident. • Contributions : dde.org et M.K. Bhadrakumar.

Cet article de l’ancien ambassadeur indien M.K. Bhadrakumar doit être lu et médité par tout “Européen” qui n’a rien à faire du totalitarisme bureaucratique de madame Ursula, cheffe de la Commission Européenne, et de la cabale de nos piètres dirigeants, et tout à consacrer au statut qu’il devrait vouloir renforcer sinon acquérir d’“honnête homme” au sens du grand XVIIème siècle classique.

Bhadrakumar, on le sent  derrière son langage clair et très policé, est envahi d’une saine colère, celle qu’éprouve la Sagesse lorsqu’elle croise la Bêtise. Le comportement occidental, le soutien presque illuminée, presque religieux-hystériques apporté à un pouvoir dont la composante nazie est très largement documentée, tout cela commence à susciter des remous considérables, surtout dans des régions qui ont eu à subir de la part du bloc-BAO, à de multiples reprises, cette sorte d’attaques illégales que le susdit-bloc dénonce hystériquement chez les Russes après avoir tant fait pour que cela se produise..

Voici donc comment Bhadrakumar ressent la chose :

« ... [P]our [lesquels] une politique de porte ouverte à l’égard des réfugiés d’Ukraine... est justifiée...

 » Les journalistes occidentaux ont soutenu avec passion que ces réfugiés ne sont pas comme ces sous-hommes des pays musulmans qui frappent aux portes de l'Europe pour demander l'asile, mais que ces réfugiés ukrainiens sont des chrétiens, – et cela aussi, avec des cheveux blonds et des yeux clairs ! [...]

» Pas un seul pays musulman n’a exprimé son soutien à Washington dans sa confrontation avec la Russie. Bien qu'ils soient parties prenantes d'une troisième guerre mondiale, ils préfèrent ne pas y penser. Le fond du problème est qu’ils pensent qu’il s’agit d’une nouvelle croisade des pays chrétiens, – sous couvert de valeurs et d'un “ordre fondé sur des règles” – de la sorte qu’ils connaissent bien. Ils voient que les pays occidentaux sont de retour avec leurs guerres bestiales endémiques de l’histoire européenne à travers les siècles. »

Il y a également, autre sujet, l’attitude d’Israël, qui se sent une solidarité historique avec la Russie également pour le passé d’une souffrance commune des deux du fait des activités nazies, et qui n’ignore pas, bien informé par les Russes, « ce qui se passe en Ukraine, – où le cœur du pouvoir est entre les mains de groupes néonazis agissant avec le soutien des pays occidentaux ». Les Israéliens ont plusieurs fois montré indirectement cette attitude, dernièrement lorsque le Premier ministre Bennett a offert à Moscou la médiation d’Israël entre la Russie et l’Ukraine. Par ailleurs, Bhadrakumar nous apporte quelques précisions très concrètes sur l’attitude d’Israël :

« Toutefois, c’est Israël qui a fait l’ouverture la plus mémorable à la Russie, une ouverture historique empreinte d'une grande sensibilité. Israël a empêché les États-Unis de transférer à l'Ukraine son système de défense antimissile Dome, qui aurait changé la donne dans le conflit actuel, au motif qu’il ne voulait pas agir contre la Russie !

» Washington et Tel Aviv ont étouffé l'affaire jusqu’à ce qu'elle soit révélée récemment par les médias. Puis vint la demande de l'administration Biden, qui souhaitait obtenir le soutien d'Israël pour co-parrainer sa résolution au Conseil de sécurité concernant l’Ukraine. Israël a refusé ! Les États-Unis ont fait connaître leur mécontentement. »

Tout cela nous plonge dans une grande confusion puisque nombre de positions politiques et surtout idéologiques, si souvent passionnées dans une orgie d’affectivisme, se retrouvent en porte-à-faux avec leur orientation générale, en contradiction les unes par rapport aux autres, et cela dans tous les sens, de toutes les façons. Nous ne nous en plaindrons pas nécessairement, car c’est bien là un reflet autant qu’un effet de la suite interminable de positions manichéennes intimées par nos autorités-Système, avec le “Camp du Bien” changeant de camping régulièrement, portant anathème dans tous les sens, sans souci de la logique, des cultures, des nuances, du passé-vrai et non recomposé en simulacre hollywoodien ; développant sans cesse ni mesure une politique extrême de l’affectivisme narcissique, jusques et y compris dans nos tragédies-bouffes de la repentance, qui finit par susciter une exaspération tout aussi extrême.

Bref, – la colère de l’Indien Bhadrakumar nous signale que, très vite, nous autres “Européens”, allons être confrontés à de bien pesantes contradictions. Nombre de canots de sauvetage seront nécessaires pour sauvegarder les divers lambeaux de la vertu bienpensante et démocratique d’Occident, menacée de naufrage du fait de son ‘Titanic’.

Dans le titre initial, Bhadrakumar emploie la savoureuse expression anglo-saxonne de “strange bedfellows” (“étranges compagnons de lit”), qui n’a pas son équivalent aussi évocateur en français. L’article a été publié le 28 février 2022 sur le site ‘Punchline.com’ de Bhadrakumar.

dde.org

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L’Ukraine favorise d’étranges rencontres

La communauté internationale est consternée par les tensions aiguës entre les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, d’une part, et la Russie, d’autre part, qui se trouvent au bord d’une confrontation militaire comme le monde n’en a pas connu depuis la fin de la guerre froide.

Ce qui est choquant, c’est qu’il s’agit d’une lutte sans merci, menée becs et ongles, car les préjugés raciaux et religieux cachés dans les profondeurs sont remontés à la surface dans le monde occidental.

Le spectacle amusant des chaînes de télévision occidentales discutant ouvertement des raisons pour lesquelles une politique de porte ouverte à l’égard des réfugiés d’Ukraine est justifiée dans les pays européens met à jour les courants culturels transversaux souterrains sous le mince vernis de la modernité.

Les journalistes occidentaux ont soutenu avec passion que ces réfugiés ne sont pas comme ces sous-hommes des pays musulmans qui frappent aux portes de l'Europe pour demander l'asile, mais que ces réfugiés ukrainiens sont des chrétiens, – et cela aussi, avec des cheveux blonds et des yeux clairs !

C'est lorsque des périodes traumatisantes surviennent que le vernis de culture et de modernité des Européens s'écaille et que la véritable nature humaine fait surface dans toute sa crudité. Ce n'est pas une question d'éducation ou de richesse.

Nous avons vu que même António Manuel de Oliveira Guterres est un homme différent aujourd'hui. Il se comporte davantage comme un occidental portugais et un catholique romain que comme le secrétaire général des Nations unies. Après Dag Hammarskjöld, Guterres est le premier secrétaire général de l'ONU qui s'est heurté à un membre permanent du Conseil de sécurité, – ou, plus précisément, qui s'est totalement identifié à un des membres du CSNU contre un autre.

Le conflit entre Hammarskjöld et les États-Unis n'était pas personnel, mais fondé sur des principes et une idéologie. En revanche, les motivations de Guterres sont douteuses. (Est-ce une coïncidence que ses représentants spéciaux dans les points chauds du monde où les intérêts occidentaux sont en jeu, – que ce soit au Myanmar, en Somalie, au Soudan, en Afghanistan ou au Venezuela, – se trouvent être des candidats issus des pays occidentaux) ?

Bien sûr, Guterres ne connaîtra pas le sort tragique d'Hammarskjöld (que la CIA a éliminé) car la Russie ne fait pas de choses aussi horribles. Mais Guterres rabaisse sa propre organisation où la grande majorité des pays sont issus du monde non-occidental.

Pas un seul pays musulman n'a exprimé son soutien à Washington dans sa confrontation avec la Russie. Bien qu'ils soient parties prenantes d'une troisième guerre mondiale, ils préfèrent ne pas y penser. Le fond du problème est qu’ils pensent qu'il s'agit d’une nouvelle croisade des pays chrétiens, – sous couvert de valeurs et d'un “ordre fondé sur des règles” – de la sorte qu’ils connaissent bien. Ils voient que les pays occidentaux sont de retour avec leurs guerres bestiales endémiques de l’histoire européenne à travers les siècles.

Si l'on en croit les rapports, l'Arabie saoudite a refusé catégoriquement d'écouter les supplications de l'administration Biden de rompre son alliance énergétique avec la Russie, connue sous le nom d’‘OPEP+’, qui règle avec précision la position de l’offre sur le marché mondial du pétrole. L’Iran, rival de l’Arabie saoudite, et la Syrie ont ouvertement soutenu la Russie. La Turquie a proposé une médiation entre la Russie et l'Ukraine et a même participé à l'organisation des pourparlers au Belarus.

Toutefois, c’est Israël qui a fait l’ouverture la plus mémorable à la Russie, une ouverture historique empreinte d'une grande sensibilité. Israël a empêché les États-Unis de transférer à l'Ukraine son système de défense antimissile Dome, qui aurait changé la donne dans le conflit actuel, au motif qu’il ne voulait pas agir contre la Russie !

Washington et Tel Aviv ont étouffé l'affaire jusqu’à ce qu'elle soit révélée récemment par les médias. Puis vint la demande de l'administration Biden, qui souhaitait obtenir le soutien d'Israël pour co-parrainer sa résolution au Conseil de sécurité concernant l’Ukraine. Israël a refusé ! Les États-Unis ont fait connaître leur mécontentement.

Ensuite, lors d’une conversation au ministère russe des affaires étrangères à Moscou, l'ambassadeur israélien s'est apparemment vu demander par la partie russe si son pays n'était pas au courant de ce qui se passe en Ukraine, – où le cœur du pouvoir est entre les mains de groupes néonazis agissant avec le soutien des pays occidentaux.

Il est certain qu'Israël doit être bien conscient de la situation. Pour Israël, l'Ukraine n'est pas un pays comme les autres. C'est le pays où ont eu lieu les horribles massacres de la fin septembre 1941, lorsque l'armée nazie, les SS, les unités de police allemandes et leurs auxiliaires ont perpétré l'un des plus grands massacres de la Seconde Guerre mondiale.

Il a eu lieu dans un ravin appelé Babyn Yar (Babi Yar), juste à l'extérieur de la capitale ukrainienne, Kiev. Selon l'Encyclopédie de l'Holocauste, « les Allemands ont continué à perpétrer des meurtres de masse sur ce site jusqu'à peu avant que les Soviétiques ne reprennent le contrôle de Kiev en 1943. Pendant cette période, les Allemands ont abattu des Juifs, ainsi que des Roms, des civils ukrainiens et des prisonniers de guerre soviétiques. Dans les décennies qui ont suivi la guerre, Babyn Yar a symbolisé la lutte pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste en Union soviétique ».

Nous ne connaîtrons jamais la réaction de l'ambassadeur israélien à la démarche russe, mais Moscou a eu une agréable surprise lorsque le Premier ministre israélien Naftali Bennett a appelé le président russe Vladimir Poutine dimanche pour proposer une médiation sur l'Ukraine. Le compte-rendu russe de l’entretien dit brièvement : « À son tour, Naftali Bennett a offert les services de médiation d'Israël afin d'arrêter les actions militaires. » Poutine a bien sûr informé Bennett sur l'opération militaire spéciale pour défendre le Donbass et a expliqué que Moscou « est prêt à discuter avec les représentants de Kiev, qui ont fait preuve d'une approche incohérente jusqu'à présent et n'ont pas encore utilisé cette opportunité ».

Israël se trouve dans une situation délicate. Les États-Unis sont le proche allié d'Israël et Bennett a fait preuve de prudence en évitant que les divergences avec l'administration Biden ne se transforment en différends, – contrairement à son prédécesseur Benjamin Netanyahu, abrasif et acerbe.

D'autre part, Israël a une relation très spéciale avec la Russie qui a également beaucoup souffert des envahisseurs nazis. Après tout, plus de 20 millions de citoyens soviétiques ont péri pendant la Seconde Guerre mondiale.

De même, Israël est parfaitement conscient que la Russie est profondément engagée dans la campagne contre le fascisme à un moment où le monde occidental lui tourne le dos, décidant non seulement d’aller de l'avant mais aussi acceptant la recrudescence de l'idéologie nazie dans les sociétés européennes ces derniers temps.

L'implication de l'Allemagne dans les activités des néo-nazis en Ukraine doit certainement être connue des services de renseignement israéliens. Mais que peut faire Israël de son côté ? C’est une réalité profondément douloureuse, tant pour Israël que pour la Russie, que dans l'écosystème politique occidental, l'idéologie nazie ne soit plus répréhensible. 

N’est-il pas étonnant que deux des trois religions abrahamiques soient dans l’embarras face aux cris de guerre du monde chrétien ? La crise ukrainienne fait en effet d’étranges compagnons de lit. Les Émirats arabes unis, un allié fidèle des États-Unis dans la région de l’Asie occidentale, se sont abstenus à deux reprises ces derniers jours de voter les résolutions parrainées par les États-Unis condamnant la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies.

Antonio Guterres s'est personnellement chargé de mobiliser le soutien pour les États-Unis lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies consacrée à l’Ukraine. Les diplomates américains ne ménagent pas leurs efforts. Si une grande partie des membres de l'ONU choisissent encore de s’abstenir, ce sera un coup dur pour Guterres personnellement. Démissionnera-t-il si cela se produit ? Bien sûr, c'est trop demander. Les Américains ne le laisseront tout simplement pas faire, puisqu'ils l'ont maintenu en poste pour un second mandat.

M.K. Bhadrakumar

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Le Mexique est-il l’Ukraine des USA ?

Par : info@dedefensa.org — 2 mars 2022 à 00:00

Le Mexique est-il l’Ukraine des USA ?

• Une intervention remarquée du président mexicain Lopez Obrador, qui se veut d’une neutralité active dans le conflit russo-ukrainien, qui refuse de prendre des sanctions antirusses, de condamner la Russie, etc. •  Ce faisant, Lopez Obrador accentue une position d’indépendance très critique des USA, en même temps qu’il peut s’imposer comme une référence de regroupement des pays de l’Amérique Latine autour de cette position. • Lopez Obrador confirme l’extraordinaire capacité qu’il a de ne pas se laisser emprisonner par son idéologie.

Lors d’une conférence de presse, une question opportune sur les liens qui sont en train d’être explorés du Mexique avec des sociétés russes a permis au président mexicain AMLO (Andres [Manuel] Lopez Obrador) d’exprimer une très forte position hostile à la campagne antirusse qui est à plein régime dans la communauté du bloc-BAO. Jusqu’ici, on n’avait peu fait mention du Mexique lorsqu’on cherchait à décompter les pays refusant la politique américaniste-occidentaliste. Par la force des pressions exercées par le bloc-BAO instituant une relativité des positions, la position de stricte neutralité du Mexique est interprétée comme une position implicitement pro-russe.

Voici l’intervention selon RT-France, qui fonctionne toujours (également sur sa chaîne TV accessible sur le site), dans tous les cas en Belgique :

« “Nous n'allons prendre aucune représailles de type économique, parce que nous devons maintenir de bonnes relations avec tous les gouvernements du monde. Et nous voulons être en mesure de pouvoir parler avec les parties en conflit”, a déclaré sans ambages le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, lors de sa traditionnelle conférence de presse quotidienne le 1er mars.

» “Je ne suis pas d’accord avec le fait que l'on censure des médias de Russie, ni d'aucun pays. Nous devons faire valoir la liberté de l’information”, a-t-il ajouté, alors que l'Union européenne a promis d’“interdire” les médias financés par la Russie RT et Spoutnik, et que de nombreux réseaux sociaux ont déjà bloqué les comptes de ces médias sur le territoire européen.

» La veille, le 28 février, le chef d'Etat mexicain avait écarté toute fermeture de l'espace aérien de son pays aux compagnies aériennes russes. La compagnie russe Aeroflot propose depuis novembre un vol direct entre Moscou et Cancun, principale destination touristique mexicaine. Membre de l’OCDE, le Mexique prend à contre-pied la position de son voisin étasunien et des pays de l'Union européenne qui soutiennent les sanctions diplomatiques, financières et sportives envers la Russie, engagée dans une opération militaire en Ukraine depuis plusieurs jours. »

La question portant sur les liens à établir ou établis entre sociétés mexicaines et sociétés russes, Reuters a donné quelques détails sur des négociations en cours ou terminées à ce niveau de la coopération économique :

« Les commentaires de Lopez Obrador sont intervenus en réponse à une question sur l'intérêt pour le Mexique du deuxième producteur de pétrole russe Lukoil (LKOH.MM) et de la compagnie aérienne russe Aeroflot (AFLT.MM).

» Lukoil a déclaré vendredi qu'il avait achevé l'acquisition d'une participation de 50 % dans un projet pétrolier offshore au Mexique, dans le cadre de sa volonté d'étendre sa portée mondiale. »

Il y a deux volets à considérer dans l’intervention de grand poids de Lopez Obrador, du fait de l’importance de son pays. Le premier est le volet Nord, le second le Volet Sud...

Une sorte de ‘Donbass mexicain’

La prise de position d’AMLO est d’abord et prioritairement à considérer par rapport aux relations du Mexique avec les USA. Il faut  noter que ce n’est pas la première fois que le président mexicain prend une position d’importance symbolique, hostile aux grands axes du Système aux USA, et sans considérations idéologiques. L’épisode précédent fut celui de l’interdiction du compte-Trump sur Tweeter à la fin 2020. Lopez Obrador condamna sans la moindre retenue l’action de censure, indirectement approuvée par le DeepState de Washington D.C. tout entier mobilisé contre Trump. On remarque aussitôt qu’AMLO s’affranchit totalement des pesanteurs idéologiques : très nettement marqué à gauche (mais de tendance populiste), il condamne une mesure contre un président très nettement marqué à droite (mais de tendance populiste). 

Cela fait l’originalité de Lopez Obrador, qui a aussi soutenu le combat des camionneurs canadiens. Plus qu’aucun autre président mexicain dans le passé récent, Lopez Obrador est sensible au poids que le voisin américaniste fait peser sur son voisin du Sud. Mais il sait beaucoup mieux que ses prédécesseurs montrer une très grande agilité tactique pour renforcer une méfiance affichée vis-à-vis des USA, notamment en refusant toute entrave idéologique dans ses alliances diverses.

D’autre part, AMLO sait qu’il peut lui aussi faire peser un poids important sur les USA à cause de l’importance grandissante de la minorité Latinos, qui est de moins en moins minoritaire et qui reste très attachée à ses racines mexicaines (tout Mexicain émigrant aux USA garde sa nationalité d’origine, même s’il acquiert la nationalité US). Il faut voir dans quelle mesure la prise de position d’AMLO dans le conflit russo-ukrainien ne va pas influencer la position de cette communauté Latinos sur un problème de politique extérieure qui dépend directement politiqueSystème des USA (politique militariste et impérialiste), alors que le cas ukrainien est loin de faire l’unanimité dans l’establishment US, alors que 75% des citoyens US sont opposés à toute intervention des USA en Ukraine.

A cette pression des Latinos en tant que communauté, on ajoutera la puissances des gangs-narcos mexicains, qui jouent un rôle non négligeable dans les relations Mexique-USA. Lopez Obrador a appris à jouer avec ces gangs, en établissant d’étranges relations, qui peuvent être utilisées pour accentuer une certaine pression souterraine sur les USA, dans tous les cas dans certains États.

Enfin, il ne faut peut-être pas sous-estimer une similitude du conflit entre la Russie et l’Ukraine et les relations Mexique-USA. Après tout, certains pourraient voir dans la bande frontalière Sud des USA, voire dans la Californie elle-même, où des zones importantes sont à majorité Latinos et où la langue véhiculaire est l’espagnol, une sorte de ‘Donbass mexicain’. (Le Donbass, avec sa population à très forte majorité russe.) La similitude peut réveiller des tendances mexicaines qui restent sous-jacentes (la Reconquista, mouvement réclamant le retour au Mexique des territoires annexés de force par les USA au terme de la guerre avec le Mexique de 1848, de la Californie au Nouveau-Mexique). Cette tendance centrifuge peut jouer un rôle dans l’actuelle crise américaniste, s’exprimant notamment par une grande hostilité à l’encontre du centre fédéral... En d’autres mots, on voit combien la guerre de l’Ukraine constitue une référence universelle et a donc une dimension crisique absolument exceptionnelle.

Un Sud rebelle ?

Le deuxième point, le “volet Sud”, est ceci que l’intervention de Lopez Obrador renforce notablement le camp hostile à la politique antirusse-BAO en Amérique Latine, déjà manifestée clairement par le Brésil (Bolsanaro, après une visite à Moscou), et implicite pour l’Argentine à l’occasion de son choix du vaccin russe Spoutnik V de lutte contre le Covid. Il y aussi le soutien sans surprise du Vénézuélien Maduro, qui prend soin de rappeler les positions de l’immensément populaire Hugo Chavez (mort en 2013) sur cette sorte de conflits :

« “J'ai eu une conversation téléphonique avec le président, Vladimir Poutine, j'ai ratifié la condamnation par le Venezuela des actions déstabilisatrices de l'Otan. J'ai réitéré la ferme disposition en faveur de l'entente et du dialogue, comme moyen de préserver la paix”, a écrit Nicolas Maduro sur Twitter, dans l'après-midi. L'opération militaire russe a été condamnée comme une guerre d'invasion notamment par les Occidentaux, qui ont multiplié les sanctions à l'encontre de Moscou.

» Après le lancement de cette offensive, le président vénézuélien avait déjà exprimé son soutien à la Russie : “Le Venezuela est avec Poutine, il est avec la Russie. Il est avec les causes courageuses et justes dans le monde.” Nicolas Maduro a rappelé que son prédécesseur et mentor Hugo Chavez (1999-2013) avait soutenu la Russie lorsque celle-ci était intervenue en Géorgie, volant au secours de la république autoproclamée d'Ossétie du Sud. »

Lopez Obrador occupe déjà une position de forte influence, au niveau idéologique (gauche populiste), mais aussi au niveau géographique dans le sens culturel d’une opposition aux USA et à leur ‘doctrine Monroe’, ou “arrière-cour des USA”. Sur ce deuxième point, l’idéologie ne compte plus guère, et même des régimes de droite, en apparence peu compatibles avec le Mexique d’AMLO, le deviennent tout à fait. (D’où cette possibilité de mettre ensemble un Lopez Obrador nettement à gauche, un Bolsanaro d’une droite capitalistique dure et un Maduro qui s’affirme héritier du populisme chaviste, en plus par exemple de l’Argentine néo-péroniste, voire un Salvador exotique mais néanmoins anti-US, et cela sans compter le Nicaragua et Cuba bien sûr.) En fait, la crise ukrainienne est l’occasion inespérée de refaire d’une façon offensive une unité de l’Amérique Latine qui soit moins idéologique que culturelle, identitaire et souverainiste, basée sur plusieurs points :

• l’hostilité à l’hégémonie US, dans sa version classique WASP (suprémacisme anglo-saxon) aussi bien que dans sa version wokeniste (LGTBQ) en ceci que le wokenisme est une courroie de transmission pseudo-révolutionnaire du DeepState et du globalisme-BAO ;

• l’hostilité aux USA sur le plan intérieur, en tant qu’entité instituée comme une puissance autobloquante de toute émancipation des deux Amériques, avec une pression favorisant l’extension et l’approfondissement de la crise ontologique en cours aux USA ; et, dans ce cas également, la proximité de la Russie est une évidence stratégique ;

• la participation mieux organisée de l’Amérique Latin à une sorte de néo-tiers Monde alliant des organisations comme le BRICS (ce qu’il en reste), l’OCS, etc., beaucoup plus développé que l’ancien, sinon à égalité de capacités pour certains pays avec le bloc-BAO. Il s’agirait alors plutôt d’une imbrication dans le mouvement de contestation générale de l’ordre du BAO, menée par la Russie et par la Chine, et par conséquent à ce qu’on perçoit de formidablement important dans l’aspect rupturiel et civilisationnel de la crise/la guerre ukrainiennes.

 

%os en ligne le 2 mars 2022 à 11H55

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Face à Poutine, la prudence du Pentagone

Par : info@dedefensa.org — 3 mars 2022 à 00:00

Face à Poutine, la prudence du Pentagone

• Plutôt inquiet des bruits de mise en alerte nucléaire des forces russes, le Pentagone reporte un tir d’essai d’un de ses ICBM pour éviter toute confusion. • C’est une indication de l’état d’esprit du Pentagone, contrastant avec l’état d’esprit général qui tend à ne pas prendre trop “au sérieux” la décision de Poutine de mise en alerte. • Le contraste est frappant avec la crise des missiles de Cuba, en 1962, avec les mêmes circonstances inversées. • Mesure de la décomposition de la réalité en narrative, et de la décadence des élites occidentales.

Sur Sputnik.News, s’il est encore accessible pour nous, on a un rapide compte-rendu de la décision du Pentagone de ne pas exécuter un tir d’essai d’un missile intercontinental stratégique LGM-30C ‘Minuteman III’, prévu pour le week-end prochain. L’essai est reporté sine die, et cette décision est explicitement liée à la mise en alerte des forces nucléaires russes.

« “Le week-end dernier, Poutine a ordonné une alerte spéciale des forces nucléaires russes. Nous avons considéré cela comme dangereux et irresponsable. Une telle rhétorique provocatrice est inacceptable. Les États-Unis n’ont pas pris de mesures similaires. Afin de démontrer que nous n’avons pas l’intention de nous engager dans des actions qui pourraient être mal interprétées, notre lancement d'essai du Minuteman III sera reporté à partir de ce week-end”, a déclaré hier John Kirby, porte-parole du Pentagone.

» Le lancement était prévu pour le week-end prochain, mais ne sera pas effectué en raison des fortes tensions avec la Fédération de Russie, où les forces nucléaires ont été placées en état d'alerte.

» Kirby a déclaré que la décision de reporter le lancement n'affectait pas la posture nucléaire ou la dissuasion des États-Unis. Il a ajouté qu'elle n'était “pas liée à une action ou une inaction spécifique” du président russe Vladimir Poutine, mais a déclaré que les États-Unis aimeraient que Moscou leur rende la pareille en matière de posture nucléaire. »

Ce lancement reporté est l’occasion de signaler l’état actuel de la composante terrestre de la ‘triade’ nucléaire (ICBM, SLBM lancés de sous-marins, missiles ou bombes lancés d’avions), et au-delà des capacités nucléaires stratégiques générales des USA. On en une idée avec ces quelques lignes consacrées au ‘Minuteman III’ :

« Le ‘Minuteman III’ est en service depuis 1970 et est actuellement le seul missile balistique américain basé à terre. Un nouveau système de dissuasion stratégique basé au sol [ICBM] devrait commencer à le remplacer d'ici 2030, mais de récents plans d’économie ont repoussé cette échéance et proposé de maintenir le Minuteman en service jusqu'en 2050. Toutefois, l’amiral Charles Richard, chef du commandement stratégique américain, a déclaré l'année dernière qu'un tel objectif était pratiquement irréalisable, les missiles étant déjà trop vieux. »

Le site ‘Axios.com’ complète la nouvelle d’une appréciation d’ensemble très rapide résumant la situation générale de cette question des forces nucléaires en fonction  de la décision de Poutine de mettre en alerte ses propres forces nucléaires. On remarquera surtout cette extraordinaire précision que très peu de “responsables occidentaux” ont pris “au sérieux” la décision de Poutine...

« Une vue d'ensemble : le 3 janvier, la Russie s'est jointe aux États-Unis, à la Chine, à la France et au Royaume-Uni pour affirmer dans une déclaration commune “qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne devrait jamais être menée”.

» Les responsables occidentaux ont condamné la décision “irresponsable” de Poutine, qui est intervenue après une avalanche de nouvelles sanctions et l’annonce d’une aide militaire à l'Ukraine, mais peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux.

» Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré mardi : “Nous ferons toujours ce qui est nécessaire pour protéger et défendre nos alliés, mais nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire maintenant de modifier les niveaux d’alerte des forces nucléaires de l'OTAN.” »

Tous ces faits et déclarations d’aspect assez anodins méritent une interprétation substantielle. (... D’autant que, paraissant anodins, ils ne sont pas soumis à ce que nous nommerions la “contre-censure” de la narrative ; c’est-à-dire, la “censure” non par suppression d’une l’information-lambda, mais par substitution d’une narrative à cette information.)

On développera plusieurs thèmes concernant cet aspect des forces nucléaires, de l’alerte nucléaire de Poutine et de la perception de la possibilité d’une guerre nucléaire.

• Le premier thème se révèle à propos du ‘Minuteman III’ et de son état actuel, avec notamment le retard considérable pris dans la modernisation des forces nucléaires US, alors que les Russes ont modernisé leurs propres forces (en piteux état alors) depuis les années 2005-2010, les complétant par une nouvelle catégorie de vecteurs d’armes nucléaires, les missiles hypersoniques. Dans ce dernier domaine également, comme on le sait, les USA sont très fortement en retard, ou les Russes très en avance, et les chefs militaires (US) le savent. Les USA se trouvent donc en position vulnérable dans ce domaine, dans tous les cas psychologiquement et par conséquent au niveau des décisions,. Ce retard est la conséquence de la priorité donnée aux instruments, techniques et tactiques de la ‘Guerre contre la Terreur’. (Ce n’est qu’en 2016 qu’Obama a lancé un grand programme de modernisation des forces nucléaires, alors que dans la programmation de la Guerre Froide, – si celle-ci avait duré, – cette modernisation devait commencer dans le milieu des années 1990.)

• Le second thème concerne le fait lui-même du report de l’essai du missile ICBM, pour ne pas interférer ou envoyer un “mauvais message” par rapport à la situation en Ukraine et la décision des Russes. Ce qui est assez singulier et remarquable est qu’un cas similaire, mais complètement inversé, s’est présenté en octobre 1962, il y a soixante ans, durant la crise des missiles de Cuba, le 27 octobre exactement. Nous laissons à une reprise d’un texte du 21 avril 2015, sur ce site, le soin de vous conter l’aventure, en y ajoutant quelques précisions sur la situation du nucléaire US à cette époque, – tout en se disant que rien n’a été fondamentalement amélioré depuis...

« ...Déjà, pendant la Guerre froide où le contrôle civil sur les militaires était en théorie impeccable, on s’est aperçu, une fois les archives explorées, qu’il y avait eu nombre d’occasions où ce principe fut mis à mal. On connaît le comportement du général LeMay à cet égard, ses initiatives innombrables dans les années 1950, et jusqu’à ce tir de provocation incroyable qu’il ordonna de sa seule autorité le 27 octobre 1962 alors que Kennedy et Krouchtchev tentaient de boucler la crise des missiles de Cuba : un soi-disant essai de tir réel d’un ICBM (tout de même, sans tête nucléaire) de Californie que les Russes pouvaient parfaitement prendre pour le début d’une attaque nucléaire, – et cela, évidemment sans la moindre consultation du président. De même a-t-on appris à un symposium à Cuba en 1991, auquel participaient les protagonistes US, cubains et russes de la crise, que des forces russes de combat équipées de nucléaire tactique étaient déployées à Cuba, et que leurs chefs avaient autorité pour décider de l’emploi du nucléaire en cas d’invasion de l’île par les forces US, – un des scénarios favorisés par tous les chefs militaires à Washington. Présent au symposium, le secrétaire à la défense US du temps de la crise, McNamara, avoua en avoir eu des sueurs [froides ?] rétrospectives... 

» Aujourd’hui, la situation est bien plus volatile à cet égard. Le contrôle du nucléaire par la direction civile, essentiellement US, est extrêmement dégradé par rapport à la Guerre froide, et les forces stratégiques US, comme on a pu le voir, sont elles-mêmes actuellement (voir le 12 novembre 2014) dans un état de discipline extrêmement dégradé qui autorise l’hypothèse catastrophique de tirs plus ou moins accidentels en cas de crise au plus haut niveau. Quant aux Russes, leur intention ne fait pas de doute : s’il y a un conflit conventionnel majeur avec les USA, sinon avec l’OTAN, ils n’hésiteront pas à employer du nucléaire tactique si cela est nécessaire : il s’agit de la défense de la mère-patrie ... »

Dans tous les cas, on peut déduire de ce rappel que le général LeMay est mort et qu’il n’a pas de successeur. Au contraire, les chefs militaires US paraissent extrêmement prudents dans ce domaine et prennent les avertissements russes très au sérieux, alors que LeMay, il y a soixante ans, ne songeait qu’à réaliser une provocation amenant les Russes à des actes justifiant la riposte massive de ses ICBM ‘Atlas’ et ‘Titan’, et de ses centaines de B-47 et B-52 se relayant dans les airs, chargés de bombes nucléaires, dans une ronde mortelle autour de l’URSS (voyez ‘Dr. Strangelove’, où le chef d’état-major de l’USAF, le Général ‘Buck’ Turgidson [George C. Scott] est largement inspiré de LeMay).

On peut tout de même noter que cette annulation du tir de l’ICBM, qui est sans aucun doute une décision autonome du Pentagone, si elle confirme une réelle autonomie des forces armées par rapport à un pouvoir civil devenu inexistant, si elle confirme l’état déplorable des forces nucléaires, montre par contre (par contraste complet avec LeMay, – lequel disposait d’une très forte supériorité sur l’URSS), une très réelle préoccupation des chefs militaires devant la situation actuelle ; eux, sans aucun doute, prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires.

... Ils “prennent au sérieux la décision de Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires”, souvent au contraire des dirigeants civils. Une appréciation remarquable qu’on a souligné plus haut dans les extraits cités est l’idée que parmi les responsables occidentaux (civils) qui condamnent la décision (“irresponsable”) de Poutine de l’alerte nucléaire, « peu d’entre eux ont affirmé penser qu’il était sérieux ». Cela fait partie d’une “ambiance” générale très spécifique au bloc-BAO dans les milieux de la communication politique (“les milieux de la politique” tout court, cela n’existe plus), où les menaces suscitées par cette guerre semblent être affreusement mal mesurées, ou bien radicalement déformées, plongées dans des narrative diverses où Poutine est catégorisé comme un bandit fasciste, ou bien un fou irresponsable, un malade, ou bien un maladroit sans envergure. Alors, tantôt la perspective d’une guerre nucléaire est ridiculisée parce qu’elle vient de Poutine, tantôt elle apparaît comme quelque chose de mythique, de si terrifiant qu’elle ne pourrait être réalisée opérationnellement ; aucun des deux cas ne rejoint la perspective d’une opérationnalité de la guerre nucléaire que nous ne pouvons pourtant plus désormais écarter. On retrouve des aspects de cette “ambiance” dans le texte de 2015 dont nous avons déjà donné un extrait, et qui est comme un avant-goût des événements présents... Donc, extrait d’un texte du 21 avril 2015, où seule l’observation que les militaires partagent cette “inconscience nucléaire” est désormais complètement dépassée, comme on l’a vu ci-dessus...

« Ces dispositions de désordre se placent dans un climat proche de l’irrationnel hystérique de défiance, dans deux mondes complètement séparées (le phénomène des ‘narrative’), qui n’ont aucun rapport direct et indirect du point de vue de la perception de la situation. Le contraire absolu des champs de confrontation soigneusement gérés de la Guerre froide... Dans un climat où l’un des côtés (celui du bloc BAO) a complètement perdu, au niveau de la communication et même chez les militaires, la conscience de ce qu’est un conflit nucléaire, – ‘narrative‘ oblige, – un climat où le nucléaire est perçu essentiellement comme un instrument parmi d’autres de la panoplie des armes de destruction massive dont on a appris à mesurer combien leurs effets étaient très largement exagérés pour les besoins de la communication, la dimension nucléaire s’est très largement et fortement banalisée. Pourtant, la réalité expérimentale, militaire, opérationnelle sinon philosophique, est bien que la dimension nucléaires représente un autre univers qui n’est rien de moins que l’univers suprême, quasi-métaphysique, de la destruction du monde. »

Cela nous conduit à proposer un autre extrait de ce texte d’avril 2015, qui a l’avantage de montrer plusieurs choses qui sont aujourd’hui niées, pour pouvoir mieux s’étonner de cette “soudaine” brutalité de Poutine alors que tout aurait semblé se poursuivre assez bien, cahin-caha, avec l’Ukraine, depuis Maidan. Au contraire, au printemps 2015 on craignait déjà un affrontement au plus haut niveau, avec des provocations américanistes, des hypothèses sur les intentions guerrières d’un Poutine ne pouvant accepter les possibilités d’évolution de l’Ukraine vers une situation d’arsenal antirusse, etc. Même l’analyse de la position interne de Poutine, qui dirige le clan des pragmatiques mais a sur sa droite le clan des “têtes brulées” qui le poussent à, la guerre totale, a de fortes chances d’être aussi pertinente.

 « Notes sur le désordre et la guerre

» 21 avril 2015 ... – ...Un texte intéressant vient du point de vue US, sous la plume de Patrick J. Buchanan, qui est tout le contraire d’un interventionniste, – sous le titre éloquent pour ce qui est de l’opinion de l’auteur, de “l’Ukraine peut entraîner le monde dans la folie” (le 17 avril 2015 sur le blog de Buchanan et le 18 avril 2015 sur Russia Insider)

» Buchanan part effectivement du très récent déploiement des 300 parachutistes de la 173ème brigade, dont il voit bien qu’il introduit un risque réel de confrontation avec la Russie. Cette brigade va entraîner les forces ukrainiennes, dans le but évident de reprendre les combats contre les séparatistes de Novorussia, dont Poutine a fait de leur sauvegarde une des lignes rouges à ne pas franchir ; et se pose alors la question d’un engagement US, notamment de ces forces US actuellement en Ukraine, si un nouveau conflit avec Novorussia a lieu... Buchanan se réfère à un article récent de The National Interest [TNI], revue influente et article qui a eu un retentissement certain à Washington.

» “Une réponse américaine à l'action de la Russie en Ukraine pourrait-elle provoquer une confrontation qui déboucherait sur une guerre américano-russe ?”. Cette question choquante est posée par Graham Allison et Dimitri Simes dans l'article de couverture de The National Interest. La réponse que les auteurs donnent, dans ‘Countdown to War : The Coming U.S. Russia Conflict’, est que la possibilité de voir une collision militaire entre les plus grandes puissances nucléaires du monde grandit. [...]

» “Quelles sont les forces qui nous font ‘trébucher vers la guerre’ ? De notre côté, il y a le président Obama qui ‘aime chercher à humilier Poutine’ et ‘inclut désormais la Russie dans sa liste des fléaux actuels aux côtés de l’État islamique et d’Ebola’. Et puis il y a ce que Jacob Heilbrunn, rédacteur en chef du TNI, appelle la ‘disposition truculente’ qui est devenue le ‘principal moteur de la politique étrangère républicaine’. Un ‘camp triomphaliste’, qui rappelle les partisans de la ‘guerre facile’ de Bush II, a le vent en poupe et nous pousse à la confrontation.

» “Cet état d'esprit américain a son reflet à Moscou. ‘Poutine n'est pas le plus dur des partisans de la ligne dure en Russie’, écrivent les auteurs. ‘L'establishment russe se divise en ... un camp pragmatique, qui est actuellement dominant grâce principalement au soutien de Poutine, et un camp de la ligne dure’ qu'un conseiller de Poutine appelle ‘les têtes brûlées’. Les têtes brûlées pensent que la façon de répondre aux empiètements des États-Unis est d'invoquer la doctrine de Youri Andropov, ‘défier l'ennemi principal’, et de brandir des armes nucléaires pour terrifier l'Europe et diviser l'OTAN. L'opinion publique russe se dirigerait vers les têtes brûlées. [...]

» “En Ukraine, Poutine a tracé deux lignes rouges. Il ne permettra pas à l'Ukraine de rejoindre l'OTAN. Il ne permettra pas que les indépendantistes du Donbass soient écrasés.

» “Les partisans de la ligne dure de la Russie sont convaincus qu'en cas de guerre en Ukraine, la Russie aurait ce que les stratèges de la guerre froide appelaient la ‘domination de l'escalade’. C'est ce que JFK avait lors de la crise des missiles de Cuba, – une supériorité conventionnelle et nucléaire sur mer et sur terre, et dans les airs autour de Cuba. L'Ukraine étant facilement accessible aux forces russes par route, rail, mer et air, et l'armée russe se trouvant juste de l’autre côté de la frontière, alors que la puissance militaire américaine se trouve à un continent de distance, les partisans de la ligne dure pensent que la Russie l'emporterait dans une guerre et que l'Amérique serait confrontée à un choix : accepter la défaite en Ukraine ou passer aux armes atomiques tactiques. Les Russes parlent de recourir en premier à de telles armes.

» “La date décisive pour que Poutine détermine la direction que prendra la Russie semble être cet été. Les auteurs écrivent : ‘Poutine tentera d'exploiter l'expiration des sanctions de l'UE, qui doivent expirer en juillet. Mais si cela échoue et que l'Union européenne se joint aux États-Unis pour imposer des sanctions économiques supplémentaires, comme l'exclusion de Moscou du système de compensation financière SWIFT, Poutine sera tenté de réagir, non pas en battant en retraite, mais en mettant fin à toute coopération avec l’Occident et en mobilisant son peuple contre une nouvelle menace ‘apocalyptique’ pour la ‘Mère Russie’. Comme nous l'a dit un politicien russe de premier plan, ‘nous avons fait face tout seuls à Napoléon et à Hitler’”. »

 

Mis en ligne le 3 mars 2022 à 16H00

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Suis-je l’Ukraine de mon désordre ?

Par : info@dedefensa.org — 3 mars 2022 à 00:00

Suis-je l’Ukraine de mon désordre ?

03 mars 2022 (06H00) – Comme l’on dit bêtement aujourd’hui : “je rebondis”, – alors qu’on pourrais dire : “je réagis” ; quoi qu’il en soit, une remarque d’un lecteur me conduit à une autocritique, puis à une exploration de l’inconscient, – en général pour mon compte terre d’accueil de l’intuition, – qui suggère une appréciation générale de la situation.

Il s’agit de monsieur Stefano Borselli qui, en commentaire du texte « Le Mexique est-il l’Ukraine des USA ? », fait cette remarque :

« Si j’ai bien compris, le titre aurait dû être “Les États-Unis sont l’Ukraine du Mexique” et non l’inverse. »

... Ce en quoi il a tout à fait raison ; peut-être même m’en suis-je aperçu dans une semi-inconscience lorsque j’ai écrit ce texte, et persistant pourtant. Je suis poussé à penser qu’il y a là matière à exploration et réflexion, pas vraiment sur mon inconscient qui ne mérite pas tant d’attention puisqu’il n’est qu’un outil, que sur la façon dont se fabriquent, inconsciemment pour le coup, des phrases comme des images paradoxales qui veulent exposer le sentiment confus de la perception intuitive d’une chose importante. Après vient la signification de ce que vous avez écrit à l’insu de votre pleine connaissance, en toute inconnaissance dirais-je.

Ce que j’ai voulu inconsciemment exprimer, – j’en viens à cette conclusion, – c’est que l’Ukraine précisément dans ce titre représente “le Désordre”, comme si “le Désordre” (avec majuscule, j’insiste) représentait un événement spécifique et évidemment supérieur aux humains ; on pourrait alors parler du “dieu-Désordre”, qui choisirait ses représentants pour diffuser ses influences, et que l’Ukraine en fût un. De même, dans cette occurrence, le Mexique représente dans sa zone, selo,n les circonstances qui lui sont propres, “le Désordre” par rapport aux USA et à l’ordre américaniste que les USA imposent aux deux Amériques.

Bien entendu il faut absolument préciser cette idée, notamment parce qu’on voit bien qu’à première vue l’Ukraine et le Mexique sont, indirectement, dans des “camps” opposés. Pourtant, je maintiens qu’ils sont tous deux les jouets de ce dieu que je nomme “Désordre”, qui est une de ces forces (ou de ces formes,  comme le suggère le lecteur “J.C.” [*]) gouvernant le destin du monde sans que nous n’y puissions rien, dans cette période si particulière où l’Histoire nous a échappé des mains pour se faire MétaHistoire.

Creusons un peu... Ce que je veux dire, c’est que l’Ukraine, nécessairement depuis 2014 et le coup d’État du Maidan en février, est devenue un facteur de désordre pour les structures temporaires établies après la Guerre Froide. Cela vaut d’ailleurs aussi bien pour la Russie, qui se serait bien contentée de l’Ukraine d’avant (de Ianoukovitch), fort proche d’entrer dans l’UE (son échec fut une des causes de la révolte du Maidan), malgré le déploiement de sites de lancement de missiles US en Roumanie et en Pologne au sein de l’OTAN.

Le Maidan de 2014, manipulé par des américanistes dont on sait depuis longtemps la folie-hybris, leur avidité folle de conquête du monde, n’a pas seulement établi les changements politiques que l’on sait ; de façon bien plus décisive, il a établi un point fusionnel de désordre au centre du continent eurasiatique. Ce point ne s’est pas dissipé, confirmant l’approbation de ce choix par le dieu-Désordre. Ce point a aujourd’hui pris toute sa puissance, passant de l’implosion continu à l’explosion brutale, et installant son complet désordre au nom du dieu-Désordre. Nul ne sait ce qu’il en sortira, et ceux qui vous disent qu’ainsi l’OTAN s’est trouvée rassemblée et que l’Europe a fait son unité sous prétexte d’“union sacrée” alors qu’il ne s’agit que d’hystérie du “jugement” et de l’aveuglement d’une sorte de morgue angoissée, ceux-là sont de ceux qui, dans quelques temps, constatant les conséquences funestes pour ces élans exaltés, tomberont sous le jugement acéré comme un couperet de la formule fameuse attribuée à Jacques Bégnigne Bossuet, – soit :

« Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils chérissent les causes », – cela résumant sa vraie formule qui est celle-ci :

« Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance.” »

Le vrai est que nous sommes tous sous l’empire de cette formule du grand prédicateur du XVIIème siècle fustigeant l’irresponsabilité humaine, et qui définit si parfaitement les conditions de la modernité et de sa crise finale. Les conditions terribles de la Grande Crise se manifestent de plus en plus par une successions de crises ‘locales’ ou géographiques et de crises ‘spécifiques’ ou sui generis (nous, sur ce site, employons aussi le terme de ‘subcrises’) ; ces sortes de crises dont aucune ne s’apaise, qui toutes contribuent à ‘construire’ le cadre décisif, chaque soubresaut étant gros d’une possibilité d’extension crisique, ou de ‘contagion’ pour user d’un terme covidien et établir un lien de “conséquence” en “conséquence”. Il est entendu, on le comprend, que l’Ukraine est un de ces points, comme il est entendu que ce point est ouvert à des extensions crisiques absolument considérables, confirmant que nous sommes dans une ère métahistorique (très courte, quelques années, les choses allant si vite), – de basculement du monde.

Je serais donc tenté de donner le même rôle dynamique que l’Ukraine au Mexique, même si les deux interprétations semblent avoir un sens politique exactement opposé (selon la référence des USA, l’Ukraine pro-US, le Mexique anti-US). Je tente de parler ici selon une logique crisique, prenant “la crise” (la Grande Crise) comme un fait absolument ontologique de notre époque, dépassant tout et transformant tout (la politique en métapolitique, l’Histoire en métahistoire et ainsi de suite).

Cette fois, et contrairement à l’Ukraine, je m’appuie intuitivement (par intuition, dois-je préciser en me répétant) sur un homme et non sur une entité géographique, même si cette géographie joue un rôle extrêmement important. Je parle de Lopez Obrador, l’homme-AMLO, pour qui j’ai une estime également intuitive, avec l’impression de le reconnaître même si je ne le connais guère, comme un esprit très libre, de cette liberté qui donne aujourd’hui le courage. Je le juge capable, lui à son tour, de créer un grand désordre de la sorte qu’est le désordre vertueux attaché à déstructurer le Système, selon les impulsions irrésistibles du dieu-Désordre ; cela, notamment et essentiellement dans ses relations avec les USA, simplement en suivant sur les sujets crisiques qui nous importent, avec une fermeté et une pertinacité extrêmes, une politique divergente de son grand voisin  du Nord ; car alors, et très vite je pense dans cette époque où les choses vont si vite,  le système américaniste ne pourrait supporter cela et l’affirmation de l’opprobre qui s’ensuivrait installerait le désordre, entre Mexique et USA, mais surtout aux USA même où règne déjà le chaudron bouillonnant que l’on sait et où la sensibilité à tout ce qui ressemblerait à une contestation de lui-même est celle d’un écorché vif.

Selon cette approche inconsciemment orientée, clairement laissée à une éventuelle intuition et nullement à la stricte raison qui nous fait si souvent prendre des vessies pour des lanternes, j’ai fait du Mexique “l’Ukraine de l’Amérique” du point de vue de la dynamique crisique alors que c’est effectivement le contraire qu’il faut dire si l’on s’en tient aux seules observations politiques objectives que je présentai. En cela, je rends grâce à monsieur Stefano Borselli qui a vu juste en un sens et qui m’a donné l’occasion de développer ma conception dans un autre sens qui est celui que je suivais.

Ce penchant de mon inconscient, de mon intuition, signifie également que je ne peux croire une seule seconde que l’on en restera au seul théâtre européen, et que les autres, je parle des Mexicains comme je parle de ceux que mentionne l’estimable Bhadrakumar dans son récent article, resteront en marge de l’affrontement dans l’axe horizontal (longitude en Est-Ouest si l’on veut). Les fluctuations dans l’axe vertical (latitude Nord-Sud) devraient rapidement enchaîner et je crois que le cas Mexique-USA en sera, sinon la première (quoique...), dans tous les cas la plus importante.

Qu’on souffre alors, en me pardonnant, que je laisse en place le titre initial. Et qu’on me pardonne, en n’en souffrant pas trop j’espère, cette digression dans des domaines exempt des passions mauvaises, qui aura j’espère la vertu, pour quelque moment apaisant, de désénerver les esprits.

Note

[*] “J.C.”, le 12 février 2022, dans le ‘Forum’ du texte du 9 février 2022 : « J’aurais plutôt attendu un ‘m’ et non un ‘c’ à l'avant-dernier mot de cette citation : formes et non forces. »

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Ukrisis-1 : Face à la folie et au Système

Par : info@dedefensa.org — 4 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-1 : Face à la folie et au Système

4 février 2022 (21H30) – Il importe désormais de s’adapter, et je parle ici, de nous et de moi, à ‘dde.org’, comme doit le faire tout organe de communication. Avec la guerre de l’Ukraine, la communication est désormais la “communication-devenue-folle”, ce qui correspond à notre expression de ces “temps-devenus-fous” pour désigner l’actuelle séquence temporelle. La ‘subcrise’ ukrainienne devenue quasiment la Grande Crise tout court a déclenché ce nouveau degré, extraordinaire d’abondance et de puissance, dans la folie de la communication, bien au-delà de la (des) propagande(s). Tous les domaines sont touchés, avec des moyens et des démarches diverses :

• l’Ukraine et tout ce qu’il y a autour, et dans les autres subcrises et crises, cette folie courant comme un incendie dans tous les sens, avec un écrasant volume d’‘information’ de toutes sortes ;

• ‘FakeNews’, désintox et désinfox, désinformation et mésinformation, narrative et simulacres... tourbillonnant en une abondance vertigineuse ;

• ... Avec parfois, quelque part, solitaire et précieuse, une chose qui correspond à la réalité, où l’on peut trouver les éléments d’une vérité-de-situation.

On peut philosopher là-dessus pour mesurer une telle (r)évolution radicale du monde, et nous l’avons déjà fait souvent au long des étapes passées dans ce sens ; mais là n’est vraiment pas le propos pour le cas de cette page. Il est question, pour le commentateur solitaire que je suis, de s’organiser face à la marée déferlante, pour tenir et tenir en servant le mieux possible à quelque chose d’aussi bien que possible. On reviendra souvent là-dessus, sur cet univers communicationnel fou, et moi-même bien entendu, mais pour l’instant il s’agit de définir un dispositif structurel dans la façon de “traiter”, de “filtrer”, de “sélectionner”, d’élaguer les innombrables branches toxiques de la communication et d’encourager celles qui fleurissent.

Ci-dessous, alors, quelques principes, exemples et structures d’organisations face au déluge de la communication. C’est comme un dispositif de guerre, mais une guerre moins faite selon des lignes et des engagements bien identifiées que selon un fantastique désordre en une marée furieuse, où il faut identifier ce qui importe selon notre et mon jugement : contre le ‘Règne de la quantité’, opposer une défense qualitative et sélective.

Pour autant je signale d’abord deux exemples de cette marée furieuse, pour donner une mesure de ce je prétends affronter d’un point de vue méthodologique, et qui nous concerne tous, – deux exemples entre cent, entre mille, entre 10 000 et 100 000...

« Les faits n'ont plus d'importance »

 Je prends un premier exemple de ce fantastique désordre ; à dessein un exemple sans aucun rapport avec le tourbillon crisique ukrainien ; cela  montrant par conséquent que ce tourbillon crisique soi-disant “ukrainien”-only, s’il concerne l’Ukraine certes, concerne absolument tous les domaines de quelque intérêt polémique, c’est-à-dire tous les domaines puisque tout devient polémique ! Tout, emporté par une communication-devenue-folle de ces temps-devenus-fous : nous sommes bien dans la transmutation vers le déploiement de la Grande Crise dans toute sa puissance.

Notre exemple, – il s’agit du docteur Robert Malone, inventeur (ou demi-inventeur, ou Fake-inventeur, qui peut le dire ?) de la technologie de l’ARN messager dont profite Pfizer & Cie, ce docteur dont on a beaucoup parlé il y a deux mois. Mesurez son affolement au constat de la façon dont son nom est utilisé, dénoncé, manipulé, martyrisé, etc. (Affolement sincère, calculé, feint, désespéré ? Allez savoir, même si j’ai envie de le croire...)  Malone écrit donc ceci, hier 3 mars, sur son compte ‘Gab.com’ (vrai compte et vrai Malone, peut-on espérer...) :

« Avis : Je n'utilise pas Telegram. Les comptes avec mon nom, – ne sont pas mes comptes.  Vous noterez qu'il s'agit de comptes non vérifiés. Telegram, je viens de le vérifier, vérifie les comptes à noter mais ne supprime pas les comptes basés sur le nom.  Sur Telegram, n'importe qui peut utiliser mon nom.  Il existe un certain nombre de faux comptes qui utilisent mon nom de toutes sortes de façons (‘rwmalonemd’, Robert Malone, Robert W Malone, etc.).  Ils réaffichent des articles de mes comptes GAB, GETTr ou Substack, ou inventent n’importe quoi et vendent ce qu'ils souhaitent vendre. Certains de ces faux comptes ne sont que des comptes de fans. Certains de ces comptes de fans ne font que réafficher des choses que j'ai écrites.  Je ne sais pas, – je n’utilise pas Telegram.  Je n’utilise pas Telegram. Je ne soutiens aucun d'entre eux. Ce sont de faux comptes.

» Un journaliste est sur le point d'écrire un autre article à charge sur moi, – parce que je vante des produits sur Telegram ! Sauf que ce n'est pas mon compte et que je n'ai aucune idée de qui en est le propriétaire. Je ne peux pas contrôler ces comptes... Les faits n'ont plus d'importance. Sérieusement, vous ne pouvez pas faire ce genre de choses. »

« Les faits n’ont plus d’importance », écrit le pauvre docteur Malone. Sur ce point-là, je ne discuterais pas, on s’en doute. Cela dit, qu’on me pardonne d’avoir dévié de l’affaire ukrainienne qui passionne tout le monde, et dans tous les sens. Qui peut arriver à sortir une image qui soit irréfutablement vraie ?

Deuxième exemple, donc... Celui d’un article de ‘SouthFront.com’ montrant l’image d’un char plus ou moins endommagé, sur un reste d’un pont coupé par des attaques, au milieu de divers débris. L’image surmonte un article du 3 mars 2022 : « Premières victoires significatives de l’armée ukrainienne. »

• ‘Saker-US’ met en cause, dans un article du 3 mars 2022 certains aspects de la narrative antirusse, notamment de ‘CounterPunch’ [Patrick Cockburn], du Wall Street ‘Journal’, etc., – et au milieu de tout cela qui n’a rien pour étonner, le cas, très étonnant au contraire, de ‘SouthFront’ à propos de cet article ; avec ce commentaire :

« Alors que je n’ai jamais eu d'illusions sur ‘CounterPunch’ ou Cockburn, les articles de SouthFront sur la guerre me laissent sans voix.  Je ne sais pas s’ils adhèrent vraiment à la ‘narrative’ ou s’ils ont été mis sous pression par quelqu'un. Peut-être sont-ils sincèrement des civils désemparés qui ne comprennent pas les cartes, je ne sais pas. »

• ‘turcopolier.com’, du colonel Lang, reprend intégralement l’information de ‘SpouthFront.com’, avec cette observation de Patrick Lang, à la fois intriguée et éventuellement soupçonneuse (le reste des informations du site, notamment celle qui suit de Larry Johnson, n’est nullement influencée par cet épisode) :

« Commentaire : SouthFront est uniformément pro-russe, cet article est donc inhabituel. Pl »

• On trouve une discussion sur cette nouvelle, entre diverses autres questions qui s’entrecroisent, dans l’excellent colonne des ‘commentaires’ (« Ukraine Open Thread 2022-20, – Only news & views related to the Ukraine conflict ») de ‘TheMoonofAlabama’ [MoA] du 3 mars 2022. Toutes les appréciations, les examens du char photographiés, donc toutes les hypothèses sont passées en revue entre divers autres sujets traités, – en attendant d’autres développements, et nous-mêmes complètement dans l’incertitude et la confusion.

• ... Pour autant, ‘SouthFront.com’ continue à diffuser également des informations peu agréables aux oreilles de la narrative officielle, comme celle de ce 4 mars, qui annonce la destruction du quartier-général du bataillon ‘Azov’ à Marioupol, du fait d’un tir de missile par les forces armées ukrainiennes (bien lire : “ukrainiennes”).

« L'attaque est le résultat des contradictions entre le commandement des Forces Armées Ukrainiennes et les commandants du bataillon Azov.

» Les membres du bataillon nationaliste Azov, qui sont actuellement bloqués dans la ville de Marioupol, refuseraient d'obéir et de coordonner leurs actions avec le commandement de l'armée ukrainienne.

» Les bataillons nationalistes représentent une grande menace non seulement pour les soldats russes, mais aussi pour les civils locaux, qui ont été retenus en otage dans la ville, ainsi que pour le régime actuel de Kiev et le président Zelenski. »

Comme l’on voit dans ce cas, même des sources éprouvées à propos d’une autre qui ne l’est (ne l’était ?) pas moins, ne permettent en rien de trancher. Le ‘fog of the war’ n’est rien, vraiment rien du tout, à côté du ‘fog of the communication’.

Alors, il reste à établir un dispositif face à ces conditions extraordinaires.

Nos tranchées face au pilonnage

Exactement comme en ’14 : le bombardement de l’artillerie de la communication est tel qu’il faut creuser des tranchées. Notez bien que je ne dis pas qu’il faille seulement appréhender telle ou telle artillerie de telle ou telle tendance. Le bombardement vient de tous les côtés : je dois être à la fois engagé (sur mes principes) et tactiquement très souples (sur la façon dont j’identifie cette canonnade). Cela n’empêche que je n’ignore pas d’où vient l’essentiel de la tromperie et du simulacre, – du Système, bien sûr, qui reste l’adversaire ultime.

Il y a essentiellement dans ce dispositif, la tranchée principale qu’est cette rubrique ‘Ukrisis’ suivi d’un numéro marquant la succession des textes ; ‘Ukrisis’ étant la contraction bien compréhensible des termes “Ukraine” et le ‘krisis’ grec (crise, jugement), le ‘k’ des deux mots correspondant parfaitement.

Je voudrais en faire une sorte de sous-rubrique, une pseudo-rubrique sans attache, disons transversale et “volante” :
• elle pourrait être “logée” selon la forme des textes dans l’une ou l’autre rubrique, essentiellement celle du ‘Journal-dde.crisis’, du ‘Bloc-Notes’ ou d’‘Ouverture libre’ ;
• elle se signalerait essentiellement par le ‘Ukrisis’ de son titre mais adopterait le rangement et la structure des rubriques qui l’accueilleraient (par exemple, l’emploi du “je” dans le ‘Journal-dde.crisis’, la présence d’un texte extérieur dans ‘Ouverture libre’, la disponibilité neutre de ‘Brèves de crise’, etc.) ;
• elle n’empêcherait nullement, bien entendu, les publications habituelles dans ces diverses rubriques, y compris sur l’Ukraine notamment lorsqu’une réflexion ou un commentaire significatif s’imposerait ;
• ... ce qui implique effectivement que les textes de cette rubrique seraient assez courts, surtout factuels, etc. ;
• en fait, cette pseudo-rubrique servirait à présenter certains faits et interventions divers qui nous semblent notables, intéressants en eux-mêmes, qui ne suscitent pourtant pas un commentaire évoluant hors du cadre de ces “faits et interventions” divers.

La pseudo-rubrique ‘Ukrisis’ est faite pour durer ou pas. Seul l’usage montrera son utilité et sa pertinence, et les événements sa nécessité. Il s’agit d’une sorte de “mesure de survie” du commentateur face à la communication : filtrer et choisir l’information qui lui semble apte à être présentée, signalée, sans nécessité de s’y attarder pour autant. Les autres sont laissées à elles-mêmes, et mises pour notre compte dans le trou noir de ma chère inconnaissance. Nous attendrons le jour de la Révélation en nous gardant d’être emprisonnés dans des contradictions involontaires ne faisant qu’ajouter à la confusion et à la connaissance trompeuse par leur publication.

Notre cri de guerre est : Delenda Est Systema ; nos ennemis à la gueule de Gorgone-Méduse clonée pour chacun sont la censure érigée en “valeur” démocratique, le simulacre fascinatoire, le mensonge à l’haleine fétide et la mécanisation hébétée des esprits.

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La situation en Ukraine : Prédictions et réalité

Par : info@dedefensa.org — 4 mars 2022 à 00:00

La situation en Ukraine : Prédictions et réalité

Jeudi dernier, j’ai reposté mon article « top dix des signes que la Russie a envahi l’Ukraine » d’il y a 8 ans, lorsque le changement de régime et la guerre civile en Ukraine ont commencé et que l’Occident n’a cessé d’affirmer que la Russie avait envahi le pays. Eh bien, jeudi dernier, la Russie a effectivement envahi le pays.

La Russie avait le droit légal d’envahir l’Ukraine de plusieurs points de vue : pour défendre ses alliés à Donetsk et à Lougansk ; pour se défendre contre les armes de destruction massive ukrainiennes, que le président ukrainien a menacé de commencer à produire à la conférence de Munich sur la sécurité ; et pour empêcher l’OTAN de poursuivre son avancée vers les frontières russes, en violation de son engagement antérieur de « pas un pouce à l’est ». La Russie a exercé son droit de légitime défense en vertu de l’article 51 de la partie 7 de la Charte des Nations unies. L’Ukraine a renoncé à son droit à l’intégrité territoriale en vertu de la déclaration des Nations unies de 1970 en refusant d’honorer les droits de sa population russophone. Elle a également refusé de renouveler son traité d’amitié avec la Russie et n’avait donc plus de frontière définie avec la Russie que celle-ci était tenue de respecter.

D’un point de vue strictement juridique, affirmer que « la Russie a violé l’intégrité territoriale de l’Ukraine » ou qu’il s’agit d’un « acte d’agression russe » n’est que pure foutaise. D’un point de vue moral, le fait que l’ensemble de la communauté internationale soit restée les bras croisés et ait discuté inefficacement de politique pendant huit ans, alors que la population civile de Donetsk et de Lougansk était continuellement bombardée par l’« opération antiterroriste » ukrainienne, est tout à fait honteux.

Les personnes qui s’élèvent aujourd’hui contre l’action militaire de la Russie en Ukraine doivent répondre à une question simple : Où étiez-vous ces huit dernières années pendant que le carnage se déroulait à Donetsk et à Lougansk, que des gens étaient brûlés vifs à Odessa, que le gouvernement ukrainien organisait des opérations terroristes sur le territoire [pro-russe] et que l’ensemble de la population ukrainienne était contrainte de faire des courbettes aux Américains et de parler ukrainien, le plus souvent contre son gré ? Si votre réponse est « Je ne savais pas », vous avez perdu le droit d’avoir une opinion éclairée sur ce qui se passe là-bas aujourd’hui. Gardez cela à l’esprit et agissez en conséquence.

Je vais maintenant passer en revue les dix prédictions que j’ai faites il y a huit ans et voir si elles se sont avérées justes à la lumière des événements qui se sont déroulés ces trois derniers jours. On peut raisonnablement s’attendre à ce que je me sois complètement trompé ; sinon, il s’agira d’un petit miracle. Veuillez garder cela à l’esprit.

1. L’artillerie ukrainienne est silencieuse. Elle ne bombarde plus les quartiers résidentiels de Donetsk et de Lougansk. C’est parce qu’elle a été localisée avec une grande précision avant l’opération et que, avant jeudi après-midi, elle a été complètement anéantie par des attaques aériennes et des tirs de roquette au sol ; c’était le premier point du programme. Les habitants se réjouissent de voir leur terrible épreuve prendre fin.

Ce n’est pas tout à fait vrai. Donetsk et Lougansk continuent d’être bombardés sporadiquement, bien que la plupart des tirs aient été réprimés et que de plus en plus de territoires soient libérés des forces ukrainiennes par la milice du Donbass (avec les forces russes jouant un rôle de soutien). Dans le même temps, de nouvelles possibilités de carnage de civils résultent du fait que les bataillons nazis d’Ukraine, sous la direction de leurs mentors des États-Unis et de l’OTAN, cachent des armes lourdes dans les quartiers résidentiels et utilisent les civils comme boucliers humains.

2. L’activité militaire sur le terrain, à Donetsk et à Lougansk a complètement changé de nature. À la place des petits groupes de résistants, il y a maintenant des bataillons russes de 400 hommes et des dizaines de blindés suivis des convois de véhicules de soutien (camions citerne, communications, cuisines de campagne, hôpitaux de campagne, etc.) Le flux des véhicules entrant et sortant est incessant, et on peut facilement le voir sur les photos des systèmes de reconnaissance ou des satellites. À cela s’ajoute le flot continu des échanges radios en russe que tout le monde peut intercepter sans problème ; l’opération est devenue impossible à cacher.

C’est manifestement le cas. Aucune personne saine d’esprit n’affirmerait aujourd’hui qu’il n’y a pas de forces russes en Ukraine. Elles ont rendu leur présence aussi évidente que possible et la vue de colonnes interminables de véhicules militaires russes roulant sans entrave dans la campagne ukrainienne semble provoquer un changement radical dans la mentalité de la population ukrainienne. Tout au long de l’histoire, elle a toujours été prompte à changer d’allégeance au gré des circonstances et des lignes de bataille, et cette fois-ci ne fera probablement pas exception.

3. L’armée ukrainienne a vite disparu. Les soldats et les officiers ont enlevé leurs uniformes, abandonné leurs armes et font de leur mieux pour se fondre dans la population locale. Personne ne pense que l’armée ukrainienne a la moindre chance contre l’armée russe. La seule et unique fois où l’Ukraine a remporté une victoire militaire contre la Russie, c’était à la bataille de Konotop en 1659, mais à l’époque, l’Ukraine avait comme allié le puissant Khanat de Crimée et, vous l’avez peut-être remarqué, cette fois-ci la Crimée n’est pas dans le camp de l’Ukraine.

Là encore, ce n’est pas tout à fait vrai. Il s’avère qu’un nazi endurci est intégré à chaque détachement des forces ukrainiennes et que son travail consiste à tirer sur ceux qui tentent de se rendre. Néanmoins, un nombre inconnu de soldats ukrainiens se sont rendus, ont signé la promesse de ne plus combattre l’armée russe, ont reçu de la nourriture et ont été renvoyés chez eux. Au total, l’armée ukrainienne ne se révèle pas différente des autres forces organisées et entraînées par l’OTAN, que ce soit en Afghanistan, en Géorgie, en Irak ou ailleurs. Toutes se révèlent immédiatement complètement inutiles dès qu’une véritable force militaire arrive sur place, que ce soit les Russes, les Talibans ou le Califat islamique. Il convient également de noter que les grandes quantités d’armes récemment fournies à l’Ukraine par les États-Unis se sont révélées totalement inutiles. Les missiles antichars Javelin, qui ont contribué à remplir les poches de certains hauts responsables du Pentagone, se sont révélés encore plus inutiles : le temps qu’ils soient prêts à tirer, il n’y a généralement plus personne en vie pour le faire, et les soldats ne s’en servent même pas.

4. Il y a des checkpoints russes partout. On laisse passer les civils locaux mais tous ceux qui sont associés à un gouvernement, étranger ou local, sont retenus pour être questionnés. Un système de filtration a été mis en place pour renvoyer les conscrits ukrainiens démobilisés chez eux, mais les volontaires et les officiers sont enfermés dans des centres de détention préventive pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis sur leur ordre.

Ce n’est pas vrai du tout. Les troupes russes ne s’engagent en aucune façon avec les civils, évitant scrupuleusement les quartiers résidentiels et faisant de leur mieux pour que la fourniture d’électricité, d’eau et d’autres produits essentiels ne soit pas perturbée. En ce qui concerne la dénazification, je ne suis toujours pas sûr du plan, mais mon intuition pour le moment est que cela sera laissé aux Ukrainiens eux-mêmes. Il est fort probable qu’une fois qu’ils auront réalisé ce que les nazis et leurs maîtres occidentaux ont fait à leur pays, ils feront de leur mieux pour rassembler les nazis et les pendre aux lampadaires. Les nazis le verront venir (certains le font déjà) et s’enfuiront vers la Pologne ou la Slovénie ou vers des points plus à l’ouest.

5. La plupart des postes frontières sont maintenant sous contrôle russe. Certains sont soutenus par l’aviation, l’artillerie et des bataillons de chars pour dissuader l’OTAN d’essayer d’envahir l’Ukraine. On laisse passer les marchandises civiles et humanitaires. Les hommes d’affaires aussi, à condition qu’ils remplissent les formulaires adéquats (qui sont en russe).

Les gardes-frontières ukrainiens le long de la frontière russe ont abandonné leurs postes. Certains d’entre eux ont marché jusqu’au côté russe et se sont rendus. Les frontières russe et bélarussienne sont contrôlées par les côtés russe et bélarussien. Les postes-frontières occidentaux sont bondés par toutes les personnes qui essaient de fuir.

6. La Russie a instauré une zone d’exclusion aérienne sur toute l’Ukraine. Tous les vols civils ont été annulés. Il y a une foule d’employés du Département d’État étasunien, d’agents de la CIA et du Mossad et d’employés d’ONG occidentales qui se retrouvent coincés à l’aéroport de Borispol à Kiev. Certains appellent nerveusement tous ceux qu’ils connaissent sur leur portable. Les politiciens occidentaux exigent d’être immédiatement évacués, mais les autorités russes veulent les garder sur le territoire pour établir leur éventuelle complicité dans des crimes de guerre.

Les sites de radars en ligne montrent qu’il n’y a aucun vol au-dessus de l’Ukraine. En fait, le trafic aérien a été perturbé sur une grande partie de l’Europe, avec de nombreux espaces aériens fermés et beaucoup de nouvelles restrictions sur le trafic. De nombreux vacanciers, notamment ceux d’Ukraine, sont bloqués où qu’ils se trouvent. Ceux qui se trouvent en Égypte ont de la chance : le gouvernement égyptien paie leur séjour à l’hôtel pendant qu’ils sont bloqués là-bas. Les Occidentaux, en revanche, ayant tiré la leçon du fiasco en Afghanistan, ont fui l’Ukraine à l’avance. Comme il existe une longue liste d’endroits d’où ils doivent se barrer avant que leur chance ne s’épuise, il est bon qu’ils s’y fassent.

7. Les dirigeants ukrainiens, jamais avares de paroles jusqu’ici, comme le président Porochenko, le député Iatseniouk et d’autres, ne donnent plus d’interview aux médias occidentaux. Personne ne sait au juste où ils sont. Le bruit court qu’ils ont déjà quitté le pays. La foule a envahi les résidences qu’ils ont abandonnées et elle est sidérée d’y trouver des toilettes en or pur. Les oligarques ukrainiens sont eux aussi introuvables, excepté le seigneur de guerre Igor Kolomoisky, qui, abandonné par ses hommes de main, a été retrouvé mort d’une crise cardiaque dans sa résidence (selon The Saker).

La tête parlante ukrainienne numéro un, le président-comédien Zelensky, se cache dans un bunker à Lvov, tel un Führer, entouré de ses sbires nazis. Ses missives confuses aux fidèles semblent avoir été préenregistrées. Dans le même temps, la guerre de l’information se poursuit à un rythme soutenu, avec l’arrivée quotidienne de nombreuses fausses nouvelles, trop nombreuses pour être comptabilisées. Les choses sérieuses commenceront lorsque les chaînes de télévision de Kiev seront dénazifiées et que les Ukrainiens sortiront de leur torpeur de huit ans, comprendront certaines choses par eux-mêmes et deviendront extrêmement furieux contre ceux qui leur ont menti pendant huit longues années.

8. Les 800 000 Ukrainiens réfugiés en Russie commencent à rentrer chez eux en masse. Ils vivaient dans des village de tentes, la plupart dans la région voisine de Rostov, mais avec l’hiver qui arrive, ils ont hâte de rentrer à la maison maintenant que les bombardements ont cessé. En même temps qu’eux, des équipes de reconstruction, des camions de ciment et des wagons plats chargés de tuyaux, de câbles et d’armatures en acier arrivent en quantité pour réparer les dégâts causés par les bombardements.

Ce n’est pas encore le cas. Ce sera un processus lent, étant donné que le nombre de réfugiés, huit ans plus tard, se compte en millions et est dispersé dans de nombreuses régions russes.

9. L’activité diplomatique et militaire internationale est intense, surtout en Europe et aux États-Unis. Les armées sont en alerte maximale, les diplomates courent d’une conférence à l’autre autour du globe. Le président Obama vient juste de tenir une conférence de presse pour annoncer que “Nous n’avons pas encore de stratégie en Ukraine”. Ses conseillers militaires lui disent que sa stratégie habituelle de “bombarder un peu pour voir” ne servira à rien dans le cas présent.

C’est bien le cas. L’objectif des dirigeants occidentaux est désormais de paraître déterminés et forts tout en ne faisant rien de conséquent. Ils parlent sans cesse de couper la Russie du système de messagerie bancaire SWIFT, mais reculent d’horreur lorsqu’ils réalisent ce que cela signifiera pour le prix de leur énergie (qui sont déjà dangereusement élevés). La position de la Russie vis-à-vis des sanctions occidentales semble être “Envoyez, nous sommes prêts !”. Apparemment, huit années ont suffi à la Russie pour se préparer minutieusement à cet événement.

10. Kiev s’est rendu. Il y a des tanks russes sur la place Maïdan. L’infanterie russe éponge ce qui reste de la Garde Nationale ukrainienne. Un couvre-feu est instauré. La conquête de Kiev ressemble à l’opération “Shock and Awe” de Bagdad : quelques boums suivis d’un soupir.

Il est peu probable que les chars russes pénètrent dans le centre-ville ; ils sont concentrés sur la destruction des installations militaires, la démobilisation des militaires ukrainiens et la destruction des bataillons nazis. Un couvre-feu est en effet en vigueur à Kiev.

Un autre développement significatif mérite d’être mentionné : Les forces russes prennent en charge les installations nucléaires de l’Ukraine, y compris celle de Tchernobyl, qui est désormais sous contrôle conjoint russe/ukrainien. Cela réduira le risque que les nazis ukrainiens tentent de faire exploser l’une d’entre elles sur leur chemin vers l’enfer. L’Ukraine possède 15 réacteurs nucléaires, et comme elle n’a pratiquement plus d’autres sources d’énergie, elle les fait tous tourner à plein régime. Deux d’entre eux ont été arrêtés récemment en raison de problèmes techniques. La Russie travaille très dur pour rendre un Tchernobyl 2.0 moins probable.

Je ne suis pas sûr de la note que je dois m’attribuer pour mes prédictions. Les planificateurs politiques et militaires russes se sont révélés bien plus intelligents que moi, mais ce n’est pas du tout une surprise. Après tout, ils disposent de toutes les ressources intellectuelles d’un pays immense et puissant, alors que je ne suis qu’un type avec une chaise de bureau et un ordinateur portable.

Voulez-vous que je fasse d’autres prédictions sur l’Ukraine ? Bien sûr, pourquoi pas !

1. Les régions de Donetsk et de Lougansk vont poursuivre leur chemin vers une intégration de plus en plus étroite dans la Fédération de Russie. Elles font déjà partie de l’espace monétaire russe, leurs systèmes éducatifs sont intégrés à ceux de la Russie (mêmes normes et procédures), leurs systèmes de défense sont totalement intégrés et, sur le plan diplomatique, elles agissent comme une unité bien synchronisée.

2. Une zone plus à l’ouest, englobant probablement tout le bassin du Dniepr et le littoral de la mer Noire, de la frontière biélorusse à la frontière roumaine, fera partie d’une zone russe. Les régions de cette zone bénéficieront d’une autonomie politique dans un cadre général de sécurité et d’économie lié à la Russie ; [...]  elles sont  russophones et font naturellement partie de la zone russe. Les deux seules exceptions seront une enclave carpatho-russe qui devra être administrée séparément et une enclave hongroise qui pourrait tout aussi bien être absorbée par la Hongrie.

3. Plus à l’ouest, il y aura une zone qui sera emballée dans du papier fantaisie avec des rubans et des nœuds et présentée comme un cadeau extra-spécial à l’UE pour qu’elle l’aime, la chérisse et en souffre de migraines et d’anévrismes. En gros, Cette zone est de langue ukrainienne et constitue un buffet à volonté (mais ne vous étouffez pas) pour l’Occident. Elle possède un sol relativement pauvre et une incidence élevée de carence en iode et d’imbécillité dans la population générale. C’est également de là que vient le nationalisme ukrainien et que provient l’actuel fléau nazi ukrainien. La position russe devrait être (si je peux me permettre de recommander ce que le gouvernement russe devrait faire) du type “Si vous aimez vos nazis ukrainiens, vous pouvez garder vos nazis ukrainiens”.

27 février 2022, Club Orlov, – traduction du Sakerfrancophone

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La parabole du village vietnamien

Par : info@dedefensa.org — 4 mars 2022 à 00:00

La parabole du village vietnamien

• Articles du 4 mars 2022. • A côté des opérations militaires en Ukraine, il y a la puissante opération financière et sanctionneuse, qu’un ministre a malencontreusement qualifiée de « guerre économique totale ». • Il lui sera beaucoup pardonné d’avoir ainsi laissé échapper une vérité, d’autant que les effets de cette guerre pourraient être bien contrastés. • A la barre du char d’assaut de l’UE, l’Allemande directrice de la Commission Ursula von der Leyen. • Elle a tout d’une cheffe de guerre. • Collaborations : dedefensa.org et Alastair Crooke.

La parole est fameuse, pour qualifier l’action de tel officier de l’U.S. Army pour “protéger”, voire “sauver” un village du Sud-Vietnam menacé par le Vietcong, ordonnant un formidable barrage d’artillerie pour ce faire ; mettant quelques coups pas du tout ajustés sur le village, les autres à moitié-presque sur le village, quelques-uns fort bien ; aboutissant à des pertes vietcongs certes, mais aussi à raser complètement le village menacé, que les Vietcongs ne prendront pas, d’autant qu’il est devenu un tas de ruines. Dans la caricature habituelle de la propension US à “écraser un problème” plutôt qu’à le résoudre, cela s’appelle : “détruire un village pour le sauver”. C’est à peu près ce que Alastair Crooke décrit dans sa dernière livraison du 4 mars, à propos de la réaction hyperpuissante sinon hyper-écrasante du Système (du système néo-libéral) contre la Russie après l’attaque de l’Ukraine d’il y a une semaine.

Crooke décrit l’action d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne, qui a mené l’assaut à la façon d’une ‘Blitzkrieg’ ultralourde, ce qui sollicite les références allemandes de la dernière Guerre Mondiale et les références US de toutes les guerres depuis 1945 (83% des guerres depuis 1945 sont le fait des seuls USA, rappellent aimablement les Chinois).

Ces références guerrières, surtout du côté allemand, ne sont pas gratuites si l’on considère l’actuel enthousiasme de l’Allemagne-SPD pour se réarmer et armer les Ukrainiens. Ce n’est l’est pas moins pour von der Leyen, que Crooke qualifie de la sorte :

« L’intervention de Mme von der Leyen était peut-être de l'opportunisme, motivée par une résurgence de l'ambition allemande du SPD (et peut-être par sa propre animosité envers la Russie, découlant de son lien familial avec la prise de Kiev par les SS allemands), mais ses conséquences sont probablement profondes.

» Pour être clair, en un samedi, von der Leyen a actionné l'interrupteur pour désactiver les principaux éléments du fonctionnement financier mondial... »

... Par conséquent, il est intéressant de savoir de quel “lien familial” il est question, qui lie van der Leyen avec Kiev et avec l’action de la Wehrmacht et des SS en Ukraine durant la guerre de 1941-1945, – « sans réécrire l’Holocauste », comme note gracieusement, et sans y connaître des masses, Macron à l’égard, ou à l’encontre de Poutine, avec clin d’œil à la bienpensance des salons parisiens. Voici ce que nous dit la référence donnée par Crooke, venu d’un Bhadrakumar qui est sur le sentier de la guerre du racisme européiste et suprémaciste de l’UE et de l’Allemagne (dans ‘Strategic-Culture.org’ du 1er mars 2022) :

« Aujourd'hui, le SPD n’est que théoriquement “de gauche” et est en fait un promoteur enthousiaste du réarmement de l’Allemagne, tout autant que la CDU. Quant au complexe de culpabilité, il a disparu de l’écosystème politique allemand. Curieusement, l’ancienne ministre de la défense allemande de la CDU, Ursula von der Leyen, avait une ascendance nazie à revendiquer, tant du côté de son mari que du sien. Mais cela n’avait guère d’importance lorsqu’Angela Merkel lui a confié la tâche de diriger la Bundeswehr pendant sept ans.

» À propos, le grand-père de Mme von der Leyen était un nazi qui s'est porté volontaire pour combattre en 1940, est devenu sergent-chef dans la Wehrmacht et a dirigé une unité dite "antipartisane" sur le front soviétique oriental, chassant les groupes de résistance, participant à la prise de Kiev, la capitale de l'Ukraine, et prenant part au massacre barbare de Babi Yar en septembre 1941, au cours duquel plus de 33 000 habitants juifs de Kiev ont été abattus de sang-froid. On dit que “jusqu'à sa mort, il fulminait contre les Juifs, les Français et la perfide Albion. Il ne quittait plus jamais le pays et frôlait la panique à l'approche d'une frontière”.

» Pourtant, von der Leyen cohabita confortablement dans la grande coalition CDU-SPD sous Merkel avec le ministre des affaires étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier, qui était du SPD, – le parti de Willy Brandt, connu pour être réformiste et modéré ! En fait, Steinmeier lui-même entretenait, – et entretient toujours en tant que président de l'Allemagne, – de bonnes relations personnelles avec les dirigeants de Svoboda, la faction néo-nazie d'Ukraine. »

Il est remarquable d’observer combien ces circonstances finalement “anodines”, rencontrent en réalité une grande tendance parcourant l’UE sous domination allemande, et l’Allemagne elle-même désormais. Elle vient amener de l’eau au moulin de ces auteurs qu’on préfère situer “à la marge” ou sous une étiquettes ou l’autre (“comploteur”, ça irait ?), qui distinguent dans le projet européen aboutissant à l’UE un fumet préparatoire prenant ses sources dans les grandioses projets nazis ; comme John Laughland, par exemple, dans ‘The Tainted Source : The Undemocratic Origins of the European Idea’ :

« Les structures postnationales, – entreprises multinationales, “États-régions” et organisations supranationales telles que l'Union européenne - sont corrosives pour les valeurs libérales, à tel point que John Laughland montre de manière dévastatrice que l'idéologie postnationale constituait un noyau crucial de la pensée économique et politique nazie. Comme l'idéologie européenne d'aujourd'hui, elle prévoyait la dissolution de l'État-nation et de l'ordre libéral. »

Nous sommes donc sur la bonne fréquence et sur la même longueur d’onde pour en venir et en revenir à l’Ukraine, décidément chargée d’un sceau allemand très lourd et très voyant ; et, par conséquent, lorsque nous parcourons indiscrètement leurs exploits et leurs effectifs, en venir et en revenir aux unités néo-nazies et Ukronazie en Ukraine, celles qui qui-n’existent-pas selon le futur président-réélu de France. Celui-là serait ainsi chargé, selon la caricature qu’il importe de ne pas écouter, de l’honneur suprême de prolonger 1940 au travers de l’UE et à la lumière bling-bling des reportages sexy de ‘Elle’ sur les jeunettes mannequin(ne)s-Valkyries du régiment ‘Azov’.

Cela nous ramène fort logiquement, presque vertueusement, à l’entreprise remarquable de madame von der Lyden qui, depuis le 26 février, apparaît comme une cheffe maniant l’outil de la destruction avec la maestria d’un Guderian en 1940. Il s’agit donc bien de quelque chose qui ressemble curieusement à une “guerre économique totale” (non-dixit Bruno Lemaire), qui porte à la destruction, estime Cooke, de structures globalistes fondamentales ; ce qu’il exprime par le titre de son article du 4 mars, où il ne s’agit plus de “brûler le village” pour le sauver, mais bel et bien la structure globaliste : « Burning Globalist Structures to Save the Globalist ‘Liberal Order’ ».

D’où que l’on prenne le problème apparaît, comme constante du mouvement en cours, la dynamique de la destruction propre à l’ordre capitalistique extrême depuis son origine, qui n’a fait qu’enfler, jusqu’à des doctrines prônant la chose comme la vertu même ; tout se rejoint alors, cet aspect destructeur, l’aspect déconstructeur du wokenisme et de leurs inspirateurs philosophiques, le traitement déstructurant des nations et des souverainetés, tout n’est que brutalité, et madame von der Leyen au bout du compte, selon une tradition familiale... Poutine est brutal ? Eh bien, il va voir la brutalité qu’on lui réserve ! Cela n’étonne certainement pas Tom Luongo, ce vieux briscard de libertarien passé par Wall Street, écrivant le 2 mars :

« Je le crois toujours. Ce n'est pas une guerre pour l'Ukraine, c'est une guerre pour l'avenir du monde entier. L’Ukraine représente la colline sur laquelle Davos et la Russie ont choisi de vivre ou de mourir. »

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Brûler les structures globalistes pour les sauver

Dans sa triple frappe de sanctions contre la Russie, l'UE ne cherchait pas initialement à faire s'effondrer le système financier russe. Loin de là : Son premier instinct était de trouver les moyens de continuer à acheter ses besoins énergétiques (rendus d'autant plus vitaux par l'état des réserves européennes de gaz proches de zéro). Les achats d'énergie, de métaux spéciaux, de terres rares (tous nécessaires à la fabrication de produits de haute technologie) et de produits agricoles devaient être exemptés. En bref, à première vue, les nerfs du système financier mondial devaient rester intacts.

L'objectif principal était plutôt de bloquer le cœur de la capacité du système financier russe à lever des capitaux, – complété par des sanctions spécifiques à l'encontre d'Alrosa, un acteur majeur du marché du diamant, et de Sovcomflot, un opérateur de flotte de pétroliers.

Puis, samedi matin dernier (26 février), tout a changé. C'est devenu une guerre éclair : « Nous menons une guerre économique et financière totale contre la Russie. Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe », a déclaré le ministre français des finances, M. Le Maire (des mots qu'il a regrettés par la suite).

Ce samedi-là, l'UE, les États-Unis et certains alliés ont pris des mesures pour geler les réserves de change de la Banque centrale russe détenues à l'étranger. Et certaines banques russes (sept au final) devaient être exclues du service de messagerie financière SWIFT. L'intention a été ouvertement admise dans un briefing américain non attribuable :  il s'agissait de déclencher un “bear raid” (c'est-à-dire une vente massive orchestrée) du rouble le lundi suivant, qui ferait s'effondrer la valeur de la monnaie.

L'objectif du gel des réserves de la Banque centrale était double : Premièrement, empêcher la Banque de soutenir le rouble. Et deuxièmement, créer une pénurie de liquidités dans les banques commerciales en Russie afin d'alimenter une campagne concertée au cours du week-end pour faire peur aux Russes en leur faisant croire que certaines banques nationales pourraient faire faillite, – ce qui provoquerait une ruée vers les distributeurs automatiques de billets et le début d'une ruée vers les banques, en d'autres termes.

Il y a plus de deux décennies, en août 1998, la Russie a fait défaut sur sa dette et a dévalué le rouble, déclenchant une crise politique qui a abouti au remplacement de Boris Eltsine par Vladimir Poutine. En 2014, les États-Unis ont tenté de faire chuter le rouble par des sanctions et en provoquant (avec l'aide de l'Arabie saoudite) une chute de 41 % des prix du pétrole en janvier 2015.

Il est clair que samedi matin dernier, lorsque Ursula von der Leyen a annoncé que des banques russes “sélectionnées” seraient exclues de SWIFT et du système international de messagerie financière, et qu'elle a annoncé le gel presque sans précédent des réserves de la Banque centrale russe, nous avons assisté à une répétition de 1998.  L'effondrement de l'économie (comme l'a dit Le Maire), une ruée sur les banques nationales et la perspective d'une inflation galopante.  On s'attendait à ce que cette combinaison se transforme en une crise politique, – bien qu'elle soit destinée, cette fois, à voir Poutine remplacé par Eltsine, – un changement de régime en Russie, comme l'a proposé cette semaine un important groupe de réflexion américain.

En fin de compte, le rouble a chuté, mais il ne s'est pas effondré. La monnaie russe a plutôt, après une chute initiale, récupéré environ la moitié de sa chute initiale.  Les Russes ont fait la queue devant leurs distributeurs automatiques de billets le lundi, mais une ruée sur les banques de détail ne s'est pas produite. Elle a été “gérée” par Moscou.

Ce qui s'est passé ce samedi-là et qui a incité l'UE à passer de sanctions modérées à une participation pleine et entière à une guerre financière à outrance contre la Russie n’est pas clair : cela a pu résulter d'une intense pression américaine ou venir de l'intérieur, l’Allemagne ayant saisi un alibi opportun pour se remettre sur la voie de la militarisation pour la troisième fois au cours des dernières décennies : Pour reconfigurer l'Allemagne comme une grande puissance militaire, un participant puissant à la politique mondiale.

Et cela, – très simplement, – n'aurait pas été possible sans l'encouragement tacite des États-Unis.

L'ambassadeur Bhadrakumar note que les changements sous-jacents rendus manifestes par von der Leyen le samedi « annoncent un profond changement dans la politique européenne. Il est tentant, mais finalement futile, de situer ce changement dans le contexte d'une réaction à la décision russe de lancer des opérations militaires en Ukraine. Le prétexte ne fournit qu'un alibi, alors que le changement est ancré dans le jeu de pouvoir et possède une dynamique propre ». Il poursuit ,

« Sans aucun doute, les trois développements, – la décision de l'Allemagne d'intensifier sa militarisation [en dépensant 100 milliards d'euros supplémentaires], la décision de l'UE de financer les livraisons d'armes à l'Ukraine et la décision historique de l'Allemagne d'inverser sa politique de ne pas fournir d'armes aux zones de conflit, – marquent un changement radical dans la politique européenne depuis la Seconde Guerre mondiale. L’idée d'un renforcement des capacités militaires, la nécessité pour l'Allemagne d'être un participant “énergique” à la politique mondiale, l'abandon de son complexe de culpabilité et la nécessité d'être “prêt au combat”, tout cela est de loin antérieur à la situation actuelle en Ukraine. »

L'intervention de Mme von der Leyen était peut-être de l'opportunisme, motivée par une résurgence de l'ambition allemande du SPD (et peut-être par sa propre animosité envers la Russie, découlant de son lien familial avec la prise de Kiev par les SS allemands), mais ses conséquences sont probablement profondes.

Pour être clair, en un samedi, von der Leyen a actionné l'interrupteur pour désactiver les principaux éléments du fonctionnement financier mondial : blocage de la messagerie interbancaire, confiscation des réserves de change et coupure du nerf du commerce. Apparemment, cette “mise à feu” des structures libérales mondiales est effectuée (comme l'incendie des villages au Vietnam) pour “sauver” l'ordre libéral mondial.

Cependant, il faut considérer cette décision en parallèle avec la décision de l'Allemagne et de l'UE de fournir des armes (pas à n'importe quelle “zone de conflit») mais spécifiquement aux forces qui combattent les troupes russes en Ukraine. Les “Kick Ass ” des forces ukrainiennes qui “résistent” à la Russie sont des forces néo-nazies qui ont une longue histoire d'atrocités commises contre les peuples ukrainiens russophones. L'Allemagne se joindra aux États-Unis pour former ces éléments nazis en Pologne.  La CIA fait cela depuis 2015. (Ainsi, alors que la Russie tente de dé-nazifier l'Ukraine, l'Allemagne et l'UE encouragent les volontaires européens à se joindre à un effort dirigé par les États-Unis pour utiliser des éléments nazis pour résister à la Russie, tout comme de la manière dont les djihadistes ont été formés pour résister à la Russie en Syrie).

Quel paradoxe ! En fait, Mme von der Leyen supervise la construction d'un “mur de Berlin” européen, – bien que son objectif soit désormais inversé, – pour séparer l'UE de la Russie. Et pour compléter le parallèle, elle a même annoncé que les émissions de Russia Today et de Sputnik seraient interdites dans toute l'UE.  Les Européens ne pourront entendre que les messages autorisés de l'UE... (Toutefois, une semaine après le début de l'invasion russe, des fissures apparaissent dans ce récit occidental étroitement contrôlé,– « Poutine n'est PAS fou et l’invasion russe n'est PAS en train d’échouer », avertit un éminent analyste militaire américain dans le Daily Mail. « Se contenter d’estimer que l’attaque russe se passe mal peut nous faire sentir mieux mais est en contradiction avec les faits », écrit Roggio. « Nous ne pouvons pas aider l'Ukraine si nous ne pouvons pas être honnêtes sur sa situation difficile. »)

Ainsi, Biden a enfin obtenu son “succès” en politique étrangère : L'Europe s'est isolée de la Russie, de la Chine et du marché asiatique intégré émergent. Elle s'est libérée de sa “dépendance” à l'égard du gaz naturel russe (sans perspective d'alternative immédiate) et s'est ralliée au projet de Biden. Prochainement, l'UE va-t-elle sanctionner la Chine ?

Cela va-t-il durer ?  Cela semble improbable. L'industrie allemande a une longue histoire de mise en scène de ses propres intérêts mercantiles avant des ambitions géopolitiques plus larges, – avant, même, les intérêts de l'UE. Et en Allemagne, la classe économique est en fait la classe politique et a besoin d'une énergie à prix compétitif.

Alors que le reste du monde montre peu ou pas d'enthousiasme à se joindre aux sanctions contre la Russie (la Chine a exclu de prendre des sanctions contre la Russie), l’Europe est en pleine hystérie. Celle-ci ne va pas s'estomper rapidement. Le nouveau “rideau de fer” érigé à Bruxelles pourrait durer des années.

Mais qu'en est-il des conséquences involontaires de la “Blitzkrieg” des sanctions de samedi dernier : les “unknown unknowns” du célèbre mantra de Rumsfeld ? La mise hors circuit sans précédent d'un élément clé du système mondialiste ne s'est pas téléchargée dans un contexte neutre et inerte : elle s'est transformée en une atmosphère de russophobie à forte charge émotionnelle.

Alors que les États de l’UE espéraient épargner les expéditions d'énergie russes, ils n’ont pas tenu compte de la frénésie soulevée contre la Russie. Le marché pétrolier s’est mis en grève, agissant comme si l'énergie était déjà dans le viseur des sanctions occidentales : les pétroliers avaient déjà commencé à éviter les ports russes par crainte des sanctions, et les tarifs des pétroliers empruntant les routes du brut russe ont été multipliés par neuf au cours des derniers jours. Mais aujourd'hui, face à la crainte croissante de se heurter à des restrictions complexes dans différentes juridictions, les raffineurs et les banques hésitent à acheter du pétrole russe, selon des traders et d'autres acteurs du marché. Les acteurs du marché craignent également que des mesures visant directement les exportations de pétrole soient imposées si les combats en Ukraine s'intensifient.

Les marchés des produits de base sont en ébullition depuis le début de l'opération militaire spéciale. Le gaz naturel européen a bondi de 60 % mercredi, car les acheteurs, les négociants et les expéditeurs évitent le gaz russe. La combinaison des sanctions et des décisions commerciales prises par les expéditeurs et les assureurs pour se tenir à l'écart a fortement réduit cette contribution à l’approvisionnement mondial au cours de la semaine dernière. Une cascade de faillites des entreprises occidentales est parfaitement possible. Et la perturbation des lignes d'approvisionnement est inévitable.

Nombreux sont ceux qui seront touchés par la tourmente des matières premières, mais la Russie assurant 25% de l'approvisionnement mondial en blé, la hausse de 21% du prix du blé et de 16% du prix du maïs depuis le 1er janvier représentera une catastrophe pour de nombreux États du Moyen-Orient, entre autres.

Toutes ces perturbations des marchés interviennent avant même que Moscou ne réponde par ses propres contre-mesures. Ils sont restés silencieux jusqu'à présent, – mais que se passera-t-il si Moscou exige que les futurs paiements pour l'énergie soient effectués en yuan ?

En résumé, les changements proposés par Mme von der Leyen et l'UE, ainsi que la flambée des prix du pétrole brut, pourraient faire basculer les marchés mondiaux dans la crise et déclencher une spirale inflationniste. L'inflation créée par la hausse des coûts de l'énergie et les perturbations alimentaires n'est pas aussi facilement accessible aux remèdes monétaires.  Si le drame quotidien de la guerre en Ukraine commence à s'estomper et que l'inflation persiste, le coût politique du drame du samedi de Mme von der Leyen risque d'être une récession à l'échelle européenne.

« Depuis bien avant l'invasion russe en Ukraine, les Européens se débattent sous le poids de factures énergétiques galopantes », note OilPrice.com. En Allemagne, pour certains, un mois d'énergie coûte le même prix qu’une année entière ; au Royaume-Uni, le gouvernement a augmenté le plafond des prix des factures d'énergie de 54 %, et en Italie, une récente augmentation de 40 % du coût de l'énergie domestique pourrait maintenant presque doubler.

Le New York Times décrit l'impact sur les entreprises et les industries locales comme rien moins qu’“effrayant”, car toutes sortes de petites entreprises à travers l’Europe (avant les événements de la semaine dernière) ont été contraintes de cesser leurs activités parce que les coûts énergétiques dépassaient les bénéfices. Les grandes entreprises n'ont pas non plus été épargnées par le choc des prix. « Près des deux tiers des 28 000 entreprises interrogées ce mois-ci par l'Association des chambres de commerce et d'industrie allemandes considèrent les prix de l'énergie comme l'un de leurs principaux risques commerciaux... Pour les entreprises du secteur industriel, ce chiffre atteint 85%. »

On se souvient de cette vieille prédiction du Moyen-Orient, selon laquelle les valeurs occidentales se retourneraient contre l'Occident lui-même, pour finalement le dévorer.

Alastair Crooke

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Ukrisis-2 : Écœurement du commentateur

Par : info@dedefensa.org — 5 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-2 : Écoeurement du commentateur

C’est un sentiment que nous partageons tous, notamment “nous les commentateurs” cherchant à manifester notre indépendance dans notre travail, dans cette mascarade du déferlement de censure et de soumission du gros des troupiers de la communication de la civilisation occidentale, avec leurs lecteurs et auditeurs si innombrables et si obligeants. Il s’agit d’un chapitre mémorable de la « Servitude volontaire », écrit par ceux qui préfèrent lire la “Lettre aux Français” du candidat Macron plutôt que du La Boétie.

Ainsi ‘b’, de ‘The Moon of Alabama’ exprime-t-il un tel sentiment d’effarement, – indignation et frayeur mêlées, – devant l’extraordinaire bassesse de nos élites entraînant à leurs basques les populaces démocratiques effarées et comme envoûtées par le tintamarre du simulacre cousu de censures diverses. Effectivement, il ne nous reste plus qu’à nous citer les uns les autres, les commentateurs indépendants, pour exprimer indignation et frayeur.

« Je me sens trop indigné et effrayé par ce qui se passe actuellement dans nos sociétés pour écrire à ce sujet. Je continue donc à citer longuement d'autres commentateurs.

» Patrick Armstrong reste le meilleur analyste du renseignement militaire sur la Russie... »

Le même Patrick Armstrong, sur son siteet en traduction française sur le ‘Sakerfrancophone’, qui nous détaille certes la situation en Ukraine, mais aussi le même écœurement devant le déferlement :

« L’impuissance de l’UE et de l’OTAN est claire pour tout le monde (Bon, d’accord, pas pour tout le monde sur CNN, ou au Congrès américain ou dans les salles de pouvoir occidentales. Mais ils ne représentent pas le monde entier)...[...]

» Les 97 avions de combat annoncés avec enthousiasme ne viendront manifestement pas. La zone d’exclusion aérienne ne peut pas être “déclarée”. Les Tchétchènes ont récupéré beaucoup de MANPADs fournis par l’OTAN. Tout ce que vous obtiendrez avec le soutien de l’OTAN, c’est la destruction lorsque vous livrerez la guerre dans laquelle elle vous a entraîné et une carte de Noël spéciale lorsque vous serez vaincus et ruinés.

» Nous assistons à l’effondrement du triomphalisme de l’après-guerre froide, de la “fin de l’histoire”, de l’“unilatéralisme” et de tout le reste. La réalité mord, et elle mord durement. Il suffit de regarder le défilé des bavards et des “experts” de CNN spéculant sur la folie de Poutine : ils ne le comprennent pas, alors c’est qu’il doit être fou. Pour l’Occident, tel qu’on l’a connu, c’est fini. A part la confusion, les conneries, la vantardise, l’hystérie, les sanctions : l’Occident n’a plus rien dans sa besace. Il n’y reste que vider de la vodka russe dans les toilettes, virer un chanteur et un réalisateur, changer le nom d’une boisson ou d’une salade, interdire les chats ou les arbres, sanctionner un ploutocrate russe et voler son yacht, porter un t-shirt bleu et jaune. C’est pathétique. Et ne surtout pas laissez un média russe tenter les moutons avec de la “désinformation”. Tout comme l’URSS à l’époque, mais en plus stupide. Qui aurait cru qu’il était possible d’être plus stupide ? »

Brouillard & tempête de la communication

Cette “communication-devenue-folle” déjà décrite conduit effectivement ceux qui sont sensibles, à la fois à la communication elle-même et à la folie de la communication, à conclure presqu’avec une ironie amère : “Voici l’accumulation des débris de la communication-devenue-folle, faite-vous vous-mêmes votre opinion”. 

Ici, le cas de ‘Southfront.org’ qui rapporte et décrit les diverses rumeurs, nouvelles, confidences et chuchotements concernant le sort du président Zelenski, où se trouve-t-il, que fait-il, etc., – effectivement modèle de stabilité et de fermeté dans l’incarnation sacrée de la Résistance en Ukraine. Il s’agit de Zelenski et de l’Ukraine “Between Facts & Fakes”...

« Le monde est désormais fracturé dans son évaluation de l'intervention russe en Ukraine. Alors que le récent conflit du Haut-Karabakh s'est transformé en une “guerre des drones”, le cas ukrainien est un exemple frappant de l'utilisation d’une autre arme, une guerre informationnelle agressive entre les deux parties au milieu de l'impasse militaire sur le terrain. Alors que le champ de bataille en ligne joue un rôle si important dans le conflit, que les parties belligérantes tentent de gagner le cœur et l'esprit des civils des deux camps, ainsi que de convaincre les autres États, il n’est pas facile de découvrir les faits réels.

» Alors,  c’est à vous de voir si M. Zelenski a été drogué ou s’il était simplement “fatigué” lors de sa récente interview avec les médias étrangers... »

... Suit une étonnante vidéo de 30 secondes montrant un Zelenski mal rasé, en tee-shirt kaki, parlant d’une voix qu’on dirait atone et désincarnée, ou bien à bout de souffle, – « c’est à vous de voir ».

Résilience trotskiste

Interrogé par la redoutable Elizabeth Martichou, procureuse au nom des bonnes causes à LCI, la candidate à la présidence de Lutte Ouvrière, la trotskiste Nathalie Arthaud, s’est montrée d’une exceptionnelle pugnacité, bien dans la tradition de l’inflexible Léon. Le titre que LCI a donné à cette vidéo du3 mars 2022 est « “L’Otan a fait de l'Ukraine sa marionnette”, estime Nathalie Arthaud. »

Martichou est partie et repartie plusieurs fois à l’assaut, dès l’entame d’une rencontre qu’elle voulait rythmée par son entrée en matière à elle, selon sa référence favorite, si goûtée dans les quartiers de la liberté d’expression. Chaque fois, Arthaud l’a repoussée en clamant haut et fort sa conviction, également dès l’entame pour son compte :

Martichou :« “La Russie n’est pas l’agressée, elle est l’agresseur[e?]”...Est-ce que vous êtes d’accord avec le président ?

Arthaud : « Poutine a fait le premier pas de cette guerre fratricide, de cette guerre monstrueuse... Mais je tiens aussi à dire que les puissances occidentales, l’OTAN, les Etats-Unis ont une responsabilité écrasante dans ce conflit, voilà... »

On ne se privera pas de dire que, d’où qu’elle vienne et du moment qu’on s’en saisisse, la vérité-de-situation est bonne à entendre.

 

Mis en ligne le 5 mars 2022 à 18H00

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Ukrisis-3 : le colonel (US Army) et la “marionnette”

Par : info@dedefensa.org — 6 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-3 : le colonel (US Army) et la “marionnette”

• Textes du 6 mars 2022. • Interviewé par FoxNews, un prestigieux colonel de l'US Army conduit en 2004 à la retraite par la bureaucratie du Pentagone, expose une vision complètement antiSystème et anti-censure de la situation en Ukraine.

On reprend ici un texte présentant une interview du colonel de l’US Army à la retraite Douglas MacGregor. Cet officier a servi notamment durant la première Guerre du Golfe où, à la tête d’une unité composite légère (19 chars et 26 véhicules blindés ‘Bradley’), il réussit une percée décisive parmi les unités de la Garde Républicaine puis au travers d’un champ de mines, lui-même se trouvant à la tête de son unité. Écarté de toute promotion décisive en raison de son audace et de ses conceptions originales, – en raison de ses qualités, si l’on veut, – il servit comme planificateur du SACEUR de l’OTAN, le général Wesley Clark, lors de la guerre du Kosovo ; il fut choisi en 2002 par Rumsfeld pour tenir le rôle d’observateur critique des plans de l’offensive en Irak (2003) conduite par le général ‘Tommy’ Franks. Enfin découragé par les bureaucrates qui nous gouvernent, il prit sa retraite en 2004, fit une carrière civile et écrivit plusieurs livres. L’un d’entre eux, ‘Transformation under Fire’, fut choisi en 2019 par le chef d’état-major des forces armées israéliennes comme lecture imposée à tous les officiers de son armée. En 2020, il fut invité par ce même chef d’état-major pour une série de conversations avec les principaux chefs israéliens concernant les transformation des forces pour le XXIè siècle. Il occupa brièvement des postes de haut-fonctionnaire de la sécurité nationale à la fin de la présidence Trump.

Un extrait de son ‘Wikipédia’, pour cette fois moins orienté-Système, pour mieux saisir la personnalité de MacGregor et l’usage qu’on en fit :

« De nombreux collègues de MacGregor pensaient que sa pensée non conventionnelle avait pu nuire à ses chances de promotion. Alors qu'un responsable du National Training Center (NTC) de l’US Army le qualifiait de “meilleur combattant de l'Armée de terre”, les collègues de MacGregor s’inquiétaient du fait que “l’US Army montre qu'elle préfère les généraux doués pour les jeux bureaucratiques à ceux qui peuvent penser de manière innovante sur le champ de bataille”. “Malgré les excellentes performances de MacGregor au sein du NTC après la guerre du Golfe, sa carrière dans l'armée de terre a été mise gelée. L’été 1997 a marqué le troisième refus de l'armée de terre de lui confier le commandement d'une brigade de combat, “un arrêt de mort virtuel pour sa carrière dans l'armée de terre, le reléguant à des postes d’état-major en tant que colonel pour le reste de son service”. »

La vidéo de Fox.News de vendredi en fin d’après-midi est reprise dans le texte d’‘Infowars’ (de très mauvaise réputation), qui ne fait que reprendre les déclarations de MacGregor. L’intervention de MacGregor est un modèle de pensée indépendante et antiSystème sur la guerre de l’Ukraine. Certes et sans surprise aucune, on n’entend guère de telles interventions, sinon pas du tout, dans les circuits qui font tout de même partie de la presseSystème. A noter que le présentateur Stuart Varney est d’une tendance opposée à celle de MacGregor, et tente sans aucun succès de lui apporter la contradiction.

dde.org

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Un colonel au verbe dévastateur

Le président ukrainien Volodymyr Zelenski est une “marionnette” qui fait courir à son peuple des “risques inutiles” en faisant traîner le conflit avec la Russie, selon le colonel à la retraite Douglas MacGregor.

Interrogé sur Fox Business sur les raisons pour lesquelles le président russe Vladimir Poutine avait pris pour cible la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, le colonel à la retraite MacGregor a expliqué que les Russes n'essayaient pas de détruire la centrale, mais qu’ils visaient les forces ukrainiennes qui se sont retranchées dans les infrastructures civiles pour éviter d'être anéanties.

“Ce que vous voyez, c'est que les Russes ont maintenant chassé ce qui reste des forces ukrainiennes, qui se réfugient dans les centres de population, – les villes – parce qu’elles n’ont aucune mobilité, aucune défense aérienne, aucune couverture aérienne, aucune infrastructure logistique”, a déclaré MacGregor vendredi.

“Ils se mêlent maintenant à la population, un peu comme nous l'avons vu au Moyen-Orient lorsque nous avons chassé les islamistes, ils ont couru dans les villes, utilisé les gens comme boucliers, – la population civile, –- et essayé d’éviter d’être anéantis.”

“Et je pense que c'est essentiellement ce qui se passe aujourd'hui avec la population utilisée par les forces ukrainiennes pour éviter la destruction”, a-t-il ajouté.

Stuart Varney, animateur de Fox Business, a ensuite suggéré que Poutine essayait d’“écraser” l’Ukraine pour en faire des décombres.

“Non. Absolument pas. En fait, il a travaillé dur pour en capturer la majeure partie intacte, étonnamment peu de dégâts franchement, Stuart”, a souligné MacGregor. “Beaucoup moins de dégâts que ceux que nous avons infligés à l’Irak quand nous y sommes allés en 1991 et à nouveau en 2003. Non, je pense qu'ils encerclent les forces ukrainiennes et qu’ils les anéantissent”.

MacGregor poursuit en affirmant que le président ukrainien Zelenski essaie simplement de repousser une défaite “inévitable” dans l'espoir que l'Amérique vienne le “sauver”.

“Nous ne viendrons pas. Le président Biden l’a dit très clairement”, a-t-il déclaré.

“La question est de savoir ce que Zelenski va faire. Les Russes ont fait savoir très clairement que ce qu’ils veulent, c’est une Ukraine neutre. Cela se serait terminé en quelques jours s’il avait accepté, et ensuite l’on aurait pu ajuster les frontières“, a-t-il dit, ajoutant que l'objectif de la Russie n’est pas d’occuper l'Ukraine, mais de “détruire les forces ukrainiennes”.

MacGregor a également suggéré que Zelenski n'est qu'une “marionnette” de l'Occident qui “fait courir des risques inutiles à un nombre énorme de sa propre population” en essayant de faire traîner le conflit avec la Russie en utilisant la propagande.

“Et très franchement, la plupart de ce qui sort d'Ukraine est démenti comme mensonge dans les 24 à 48 heures”, a déclaré MacGregor. “Les notions de prise et de reprise d'aérodromes, tout cela est absurde. Cela ne s'est pas produit”.

Varney a ensuite pris la défense de Zelenski, demandant si MacGregor pense que Zelenski pouvait être considéré comme un “héros” pour son peuple.

“Non, je ne le pense pas”, a gloussé MacGregor. “Je ne vois rien d'héroïque chez cet homme. Et je pense que la chose la plus héroïque qu'il puisse faire en ce moment est d'accepter la réalité. Neutraliser l'Ukraine. Ce n'est pas une mauvaise chose. Une Ukraine neutre serait bonne pour nous comme pour la Russie. Cela créerait le tampon que franchement, les deux parties veulent”.

“Mais on lui dit de s’accrocher et d'essayer de faire traîner les choses, ce qui est tragique pour les gens qui doivent vivre cela”, a-t-il ajouté.

Varney s'est à nouveau défendu, disant qu'il était “enclin à ne pas être d'accord” avec MacGregor, – sans offrir de preuves pour réfuter les déclarations du colonel – avant de mettre fin à la séquence.

Les sobres prédictions et analyses de MacGregor au cours de la semaine dernière se sont jusqu'à présent révélées largement exactes, malgré la propagande à outrance qui prétend que les forces ukrainiennes gagnent facilement le conflit contre la Russie.

Notamment, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé vendredi que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’était plus “sur la table”, une garantie que Poutine avait exigée pendant des années avant d'envahir finalement l’Ukraine fin février, et probablement une concession qui n’aurait pas été faite si la Russie perdait vraiment le conflit.

Jamie White

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Lavrov veut la signature de Bilken

Par : info@dedefensa.org — 6 mars 2022 à 00:00

Lavrov veut la signature de Bilken

• La crise de la guerre de l’Ukraine, ce que nous nommons ‘Ukrisis’ a désormais très largement débordé de la seule Ukraine. • Un des accélérateurs sinon l’accélérateur principal de cet élargissement et de cette diffusion, c’est la puissance du système de la communication. • Ici, c’est l’intervention de cette ‘Ukrisis’ dans les négociations pour une nouvelle version du traité JCPOA (traité nucléaire avec l’Iran). • C’est M.K. Bhadrakumar, un des commentateurs essentiels du moment, qui décrit l’utilisation de ‘Ukrisis’ par les Russes contre les USA.

Deux constats à faire dans le déluge qu’a provoqué la guerre de l’Ukraine, dans tous les domaines :
• Toutes les formes du système de la communication sont affectées, y compris les plus symboliques, qui sembleraient à première vue n’avoir pas d’effets politiques essentiels ;
• des événements politiques sans rapport avec la guerre de l’Ukraine sont affectés, dès lors qu’un des acteurs majeurs (direct ou indirect) de ce conflit est impliqué ;
• il s’agit donc d’une “guerre de communication totale”, qui étend ce caractère de totalité aux autres formes guerrières (par exemple la « guerre économique totale » du ministre français Lemaire qui parle bien vite pour son âge), qui constitue selon l’affirmation déjà avancée plusieurs fois et de plus en plus évidente la véritable “Troisième Guerre mondiale”, la “Troisième Guerre mondiale” ouverte et effective dont les deux protagonistes antagonistes, si l’on veut la considérer de la plus grande hauteur et au plus haut niveau, sont le Système (les globalistes) et l’antiSystème (disons les anti-globalistes), avec des variations de position des acteurs selon les circonstances.

Un exemple est donné par le commentateur et ancien diplomate indien M.K. Bhadrakumar, qui est une référence et un point de ralliement des antiSystème qui passent donc, avec le naufrage absolu de toute la presseSystème et grâce à cette trouvaille libératrice qu’est la censure, de la position marginale de “dissidents” à celle d’antagonistes directs. Nous avons déjà commencé à identifier cette position de Bhadrakumar, ce passage de l’humeur de commentateur avisé mais se voulant très modéré, à celle d’un “spectateur [très] engagé” à l’heure où cet engagement, parce qu’il se manifeste dans le système de la communication, est le plus puissant qu’on puisse concevoir :

« Bhadrakumar, on le sent  derrière son langage clair et très policé, est envahi d’une saine colère, celle qu’éprouve la Sagesse lorsqu’elle croise la Bêtise. Le comportement occidental, le soutien presque illuminée, presque religieux-hystériques apporté à un pouvoir dont la composante nazie est très largement documentée, tout cela commence à susciter des remous considérables, surtout dans des régions qui ont eu à subir de la part du bloc-BAO, à de multiples reprises, cette sorte d’attaques illégales que le susdit-bloc dénonce hystériquement chez les Russes après avoir tant fait pour que cela se produise. »

Dans le texte de M.K. auquel nous nous référons ici, qui porte sur la négociation finale du JCPOA (le traité avec l’Iran portant sur le nucléaire notamment, en cours d’actualisation post-Trump), on trouve un traitement complètement tourné sur un “détail“ qui met aux prises Lavrov et les USA dans la personne de Blinken. Il s’agit, alors que l’on approche du bouclage du texte du nouveau traité, où les Iraniens estiment avoir satisfaction, d’une nouvelle exigence russe concernant l’officialisation solennelle et bilatérale (avec les USA) concernant le commerce, les investissements et la coopération militaire avec l’Iran qui doivent être à nouveau autorisés (pour la Russie, comme pour les autres parties)... Cela (l’exigence russe), parce qu’entretemps sont apparues les énormes sanctions imposées à la Russie dans le cadre de la guerre de l’Ukraine.

« [...L]a Russie a mis en avant une nouvelle exigence à Vienne, à savoir que son commerce, ses investissements et sa coopération militaire avec l'Iran ne seront pas entravés par les sanctions américaines. La Russie demande des garanties écrites à cet égard au plus haut niveau de l'administration Biden. Apparemment, la Russie a formulé cette demande il y a quelques jours.

» Il y a quelques heures dans la soirée, le ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov a confirmé cette évolution. Lors d'une conférence de presse à Moscou, Lavrov a expliqué que, dans le contexte des dernières sanctions occidentales, la Russie souhaite obtenir une "réponse très claire" des États-Unis dans le cadre des relations bilatérales entre Moscou et Téhéran et de l’accord sur le nucléaire iranien.

» Selon Lavrov, “nous avons besoin de garanties que ces sanctions n'affecteront en aucun cas les relations commerciales, économiques et d'investissement contenues dans le plan d'action global conjoint pour le programme nucléaire iranien. Nous avons demandé à nos homologues américains, qui font la loi ici, de nous donner des garanties, au moins au niveau du secrétaire d'État, [que] le processus actuel lancé par les États-Unis n’affectera en aucun cas notre droit à une coopération libre et totale avec l'Iran dans les domaines du commerce, de l’économie, des investissements, de la défense et de la technique.” (C’est nous [l’auteur] qui soulignons). »

Lavrov a développé, en explicitant plus encore le cas, une logique ironique qui souligne l’aspect pathétique de la démarche des gens du bloc-BAO emportés dans un extrémisme frisant la démence. On observera combien le côté censé être dirigé par un “fou” (une des analyses psycho-stratégiques les plus prisées par les experts-sachants occidentaux) dissimule avec un bonheur certain, notamment l’usage de l’ironie (« [les US] qui font la loi ici »), l’agitation et l’incohérence qui caractérisent cet état pathologique. Du côté complètement “à l’Ouest” où vogue le bloc-BAO, il y a de quoi “devenir dingue”, selon le citation fameuse d’un des “premiers parmi tous les Français” : l’arme absolue et diabolique des Russes serait-elle de parvenir à complètement dissimuler leur folie jusqu’à penser et agir comme s’ils n’étaient nullement fous mais au contraire pleins de contrôle d’eux-mêmes ? On s’interroge...

« Lavrov a calmement souligné que les sanctions contre la Russie créent un “problème” du point de vue de Moscou. Il a noté avec sarcasme : “Tout aurait été parfait, mais l'avalanche de sanctions agressives qui a déferlé de l'Ouest, – et qui, d'après ce que j'ai compris, n'a pas encore cessé  – exige une compréhension supplémentaire de la part des hommes de loi, avant tout”.

» Lavrov a encore insisté : “Nous voulons une réponse, –  une réponse très claire, – nous avons besoin d'une garantie que ces sanctions [américaines] ne toucheront en aucune façon le régime des relations commerciales, économiques et d’investissement qui est prévu dans le Plan d'action global conjoint”. »

Or, dans cette atmosphère enfiévrée sauf pour les Russes qui ironisent, une personne surtout insiste fiévreusement pour une signature du JCPOA et une rapide mise en application. Il s’agit de rien de moins que le président Biden qui, toute honte bue, achèterait bien une bonne grosse pinte de bon pétrole iranien.

« Mais aujourd'hui, la personne la plus impatiente de conclure l'accord à Vienne n’est autre que le président Joe Biden lui-même. Après avoir fait dérailler la relation énergétique entre la Russie et l'Europe, Biden constate que les prix du gaz s'envolent en Europe et que Washington n'a pas de solution à la grave situation qui se développe. Le prix du gaz sur le marché au comptant a atteint huit fois le prix auquel la Russie fournissait l'Allemagne. (La Russie a annoncé qu'à partir de jeudi, elle a fermé le gazoduc Yamal-Europe, qui est la route principale transportant le gaz vers le marché allemand). »

Comme nous l’explique Bhadrakumar, la situation énergétique est partout catastrophique (sauf en Russie, et par conséquent en Chine). Elle l’est pour les grandes compagnies pétrolières occidentales obligées de quitter la Russie en quatrième vitesse, et y laissant leurs culottes variées, investissements et déploiement technologiques en divers millions/milliards, en euro, en dollars et le reste, – Shell, BP, Exxon-Mobil, Total, etc. Pendant ce temps, le prix du baril monte, monte, monte comme une marée furieuse, vers les premiers embruns de la récession globale... Le reste s’enchaîne dans cette description détaillée de Bhadrakumar, s’attardant aux déboires extraordinaires des sanctionneurs en train de découvrir que la monnaie de leur pièce tend à largement dépasser le montant de la pièce...

« Outre les pertes que subiront ces entreprises [occidentales], qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, leur retrait mettra à mal la capacité de la Russie à maintenir des niveaux de production aussi élevés et à continuer de respecter ses engagements dans le cadre de l'accord OPEP+. Or, le marché mondial du brut, déjà tendu, – le Brent a dépassé les 115 dollars le baril jeudi en début de séance, – ne peut se permettre de subir les conséquences des sanctions contre la Russie. De toute évidence, les prix du brut ne peuvent qu'augmenter à partir de maintenant. Si le prix du pétrole atteint 125 dollars le baril, l’économie américaine entrera en récession.

» Pour résoudre le problème des prix élevés en Europe, Biden a récemment ravalé sa fierté et a mentionné l'achat de pétrole iranien bon marché comme réponse. Les analystes occidentaux estiment que Biden est d'humeur à apaiser les “faucons iraniens” à Vienne. En d'autres termes, les États-Unis ont désespérément besoin d’un accord énergétique lucratif et de la coopération iranienne à Vienne. Les observateurs israéliens craignent que l’administration Biden n’aille de l'avant en assouplissant ou en levant les restrictions sur les exportations de pétrole iranien sans même signer les accords de Vienne !

» L'une des principales raisons de cette panique est que l'administration Biden est profondément préoccupée par la forte augmentation des prix des carburants aux États-Unis ces derniers temps. Mais d’un autre côté, tout apaisement américain visible envers l'Iran à ce stade critique sera un signe de faiblesse, et Biden fera certainement l'objet de critiques acerbes dans l'opinion publique.

» En effet, Lavrov a pris en compte tous ces développements tout en exigeant qu'Antony Blinken donne “au moins” une garantie écrite. Moscou se venge de la grossièreté de Blinken. Bien sûr, Biden perdra la face s'il cède publiquement. Bien sûr, le plus terrible sera que non seulement cela créera un précédent, mais que cela tournera en dérision la militarisation du dollar par les États-Unis !

» Les Européens doivent eux aussi se demander ce qui se passe. Ils ont sacrifié passivement leurs intérêts personnels vis-à-vis de la Russie sur la base des exigences de Biden ! Nord Stream 2 est abandonné !

» Il s’agit d'une situation sans issue. En effet, le feu vert de la Russie est un impératif pour que l'accord JCPOA soit approuvé dans le cadre de la commission conjointe de l'Iran et du quintette international (Russie, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et France). »

Les sanctions modèle ‘blowback

Bhadrakumar termine son article en mettant en évidence combien les Occidentaux se trouvent d’ores et déjà dans les eaux saumâtres du contrecoup (‘blowback’) des énormes sanctions imposées à la Russie ; par simples logique, on avancera l’hypothèse que ce contrecoup risque d’être “énorme”, et même plus encore... (On attend donc « l’effondrement de l’économie russe » comme on attend Godot.).

On en arrive même à l’hypothèse, d’ores et déjà chuchotée sur un mode assourdissant, que les USA, conduit par un Biden plus américaniste que jamais, pourrait bien être de sonder Moscou pour quelque possibilité d’arrangement ici ou là. Bref, il est temps que les Russes envisagent d’accomplir leur devoir sacré de sortir les États-Unis du marigot catastrophique où ils risquent de sombrer dans cette aventure.

Quant aux Européens ? Dans l’éventualité de l’un ou l’autre néo-modus vivendi de cette sorte, il ne leur reste qu’à regarder le train passer, comme d’habitude sans s’arrêter à la gare où ils l’attendent.

« Il est certain que le contrecoup des sanctions américaines a commencé. Ce n’est bien sûr que le début. Faites confiance à la Russie pour monter de plus en plus haut dans l'échelle de l'escalade. La Russie n'aurait aucune raison concevable de coopérer avec les États-Unis à partir de maintenant. (Voir mon texte du 1er mars 2022)

» Toutefois, si l’on se fie à la chronique des relations russo-américaines, il faut se fier à Biden pour commencer à solliciter Moscou par des voies détournées.

» En fait, en réponse à une question posée lors d'un point de presse à Moscou aujourd’hui soir [5 mars] sur l’état actuel des relations russo-américaines au vu de l'évolution de la situation en Ukraine et de la pression des sanctions, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Pechkov, a fait remarquer de manière énigmatique que “nous maintenons certains canaux de dialogue avec les Etats-Unis”. Il n'a pas donné de détails. »

Catastrophe globale

On voit combien le cadre s’élargit, à partir des soubresauts ukrainiens, pendant que les populations européennes, sous la conduite éclairée de leurs dirigeants construisant l’avenir selon la perspective radieuse de la peur à tous les étages et à toutes les étapes, évoluent dans l’aveuglement à la fois imposé et volontaire, le plus complet. On va du traité JCPOA avec l’Iran aux soubresauts de l’américanisme avec l’instabilité extrême de l’attitude de Joe Biden, détestant les effets que peuvent susciter à l’intérieur de son territoire les explosions extérieures, donc victime de ce qui promet d’être selon une paraphrase ironiquement grinçante “les effets dévastateurs des causes qu’ils ont tant chéries”... Encore n’évoque-t-on pas ce que pourraient être les réactions d’Israël, dont le Premier ministre vient de passer à Moscou pour saluer Poutine, si les USA pressaient le pas, éventuellement en lâchant encore un peu de lest en échange de pétrole iranien “bon marché”.

Soubresauts pour soubresauts, nous restons bien dans l’‘Ukrisis’ ukrainienne mais nous nous trouvons d’ores et déjà dans ses conséquences extérieures. C’est un développement sans surprise dans notre jugement et notre prospective automatique, mais néanmoins considérable dans son opérationnalité

Le rythme de l’enchaînement lui-même est donc stupéfiant dans ce qu’il nous dit de la puissance des événements, il est comme ordonné par une main de maître, animé là-haut du côté de l’Olympe ; et en supplément, enchaînement auquel les ‘Master of the Universe’ ne comprennent rien sinon qu’il est impénétrable, et cela les conduisant à songer à l’embrasser pour ne pas être étouffés ; et cela, pire encore, les conduisant à avancer à chaque soubresaut de nouvelles narrative.

L’enchaînement considéré dans toute son ampleur, c’est bien ceci : nous allons sans interruption des catastrophes américanistes de Trump à Biden en passant par la pandémie du wokenisme s’étendant à tout le bloc-BAO, à la crise covidienne gérée de main de masque par des prédateurs fous, avec quelques catastrophiques à-côté comme le fascisme à-la-Trudeau face au ‘Convoy of Freedom’ ; pour nous retrouver avec la guerre de l’Ukraine aux innombrables conséquences déjà en marche ou à venir. Qui ne voit que tout cela est relié par un fil aussi rouge qu’un éruption volcanique ?

En moins allégorique, disons ceci : qui ne voit surtout la croissante internationalisation-globalisation de ces crises qui s’enchaînent ? Leur principal caractère, expliquant cet aspect, c’est leur extrême rapidité de développement et donc de diffusion, à cause de la puissance de la communication qui s’affirme à chaque crise davantage, qui affirme son omnipotence dans la définition de la puissance. Nous tenons là le moteur phénoménal de l’événement caractérisant cette séquence absolument extraordinaire, qui nous fait évidemment penser que nous sommes entrés dans le cœur grondant de la Grande Crise de l’Effondrement du Système. L’on devrait même songer à considérer le système de la communication dans sa puissance et son accélération à la fois comme une sorte de geste divin destiné effectivement à nous faire parvenir à ouvrir la porte vers tous les possibles, jusqu’aux fameux ‘unknown unknowns’ de Rumsfeld.

 

Mis en ligne le 6 mars 2022 à 19H20

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MbS à Biden : « Je m’en fous »

Par : info@dedefensa.org — 7 mars 2022 à 00:00

MbS à Biden : « Je m’en fous »

• Interviewé par ‘The Atlantic’, le Prince saoudien MbS a répondu à une question concernant la détérioration des relations américano-saoudiennes, et de savoir si Biden le « comprenait » : « Simplement dit, je n’en ai rien à foutre ». • Il y a donc un changement de ton, d’humeur, de considération, de la part de l’Arabique Saoudite à l’égard de cette puissance plus que tutélaire pendant bien plus qu’un demi-siècle. • C’est un exemple du vertigineux effondrement, comme une chute sans fin, de l’influence des USA, – de Biden à Kiev, en passant par Kaboul.

Il y a un puissant souffle de fronde qui parcourt tous les recoins du globe, pour ce qui est de l’influence hégémonique des États-Unis, et au-delà, pour ce qui est de la prétention tutélaire de la civilisation occidentale dans sa version suprémaciste anglo-saxonne sur le reste du monde. On sent la force de ce souffle dans cette interview, prise comme symbole et comme métaphore, du prince saoudien Mohammed Bin Salman, alias-MbS, dont l’interview donnée à ‘The Atlantic’ est répercutée ce 7 mars par ‘ZeroHedge.com’ :

« Et ce qui est peut-être encore plus intéressant, c'est sa réponse lorsqu’il a été interrogé sur la détérioration des relations avec la Maison Blanche de Biden, et s’il pense que Biden “le comprend”. “Simplement dit, je m’en fous” [ou : “Je n’en ai rien à foutre”], a déclaré le prince héritier ; il a expliqué que Biden pouvait s’en tenir “penser aux intérêts de l'Amérique”.

“Nous n'avons pas le droit de vous faire la leçon, à vous Américains”, a-t-il ajouté. “Il en va de même dans l'autre sens”.

» Le dirigeant de facto du premier exportateur mondial de pétrole, connu sous le nom de MbS, a également averti les États-Unis de ne pas s'ingérer dans les affaires internes de la monarchie absolue. »

Tout cela, cette rancœur de MbS, vient notamment de l’affaire de l’assassinat après torture du journaliste saoudien et collaborateur du Washington ‘Post’ Khashoggi, au consulat saoudien d’Istanboul. MbS avait été placé par l’‘establishment’ globalisé sous l’influence appuyée des États-Unis, sous mandat d’ostracisme général. Biden avait utilisé le mot de “paria”.  

« En particulier, le meurtre et le démembrement du journaliste saoudien et chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi ont placé MbS sous une “surveillance” internationale constante, même si, dans l'ensemble, les élites mondiales ont recommencé à se rapprocher de Riyad un an à peine après ce meurtre horrible d’octobre 2018 au consulat d'Istanbul. Biden lui-même avait déjà déclaré qu’il ferait du prince héritier “un paria” dans l'opinion mondiale... »

Pour bien mesurer l’évolution de cette affaire, on doit laisser de côté les considérations morales dont on sur son aspect sordide et affreux dont on a fait très grand usage selon notre habitude, et relever plutôt que la sentence de “paria“ prononcée par Biden l’est par le président d’un pays qui aurait, lui, mérité mille fois d’être traité en “paria”. Il ne l’a pas été, mais peut-être doit-on dire : “pas encore”, tant le poids d’influence des USA décroît actuellement avec une prodigieuse rapidité.

Pour ce qui concerne l’Arabie, on en veut pour preuve l’évolution de ces dernières semaines, du fait de l’Arabie vis-à-vis des USA.

« Mais maintenant que la guerre Russie-Ukraine fait rage, Biden a besoin [d’aide]. Le mois dernier, les États-Unis ont commencé à exhorter l'Arabie saoudite à augmenter sa production de pétrole dans un contexte de hausse des prix de l'énergie et de tentatives de trouver des approvisionnements supplémentaires pour l'Europe. Cela faisait partie de ce que Biden décrivait à l'époque comme “des mesures actives pour alléger la pression sur nos propres marchés énergétiques”.

» Cette demande a été rapidement rejetée par les Saoudiens, comme la revue ‘Middle East Eye’ l’a relaté à l'époque : Lors d’un forum sur l'énergie à Riyad mercredi, le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a rejeté les appels à pomper davantage de pétrole et a déclaré que la renégociation des quotas entre les membres de l'Opep risquait d'attiser la volatilité sur les marchés pétroliers...” »

Ce premier choc s’est largement prolongé par une prise de position de l’Arabie (ainsi que deux autres pays du Golfe, dont les EAU de plus en plus en position de confrontation avec les USA) contre une condamnation de l’action de la Russie en Ukraine, par le biais de la signature d’un document dans ce sens (pas de condamnation de la Russie) adopté par la Ligue Arabe.

« La semaine dernière, les experts en géopolitique ont été frappés par le fait que trois courtiers en puissance du Moyen-Orient, dont l'un des plus proches alliés des États-Unis dans la région du Golfe, l'Arabie saoudite, ont signé une déclaration de la Ligue arabe qui ne condamnait pas la Russie et appelait plutôt à la diplomatie, à éviter l'escalade et à prendre en compte la situation humanitaire. Nous savons maintenant pourquoi. »

La dernière phrase, assez vague, est ouverte à diverses interprétations (celle de ‘ZeroHedge.com’ renvoyant aux déclarations de MbS à ‘The Atlantic’). Il est vrai que la réponse assez leste de MbS est un argument largement suffisant, – MbS reprenant à peu près la phrase de Gable-Butler dans ‘Autant en emporte le vent’ : « Frankly, my dear, I don’t give a damn » (lestement traduit pour notre compte : “Franchement, ma chère, je n’en ai rien à foutre”). On pourrait dire aussitôt, pour ne pas trop charger MbS qui l’est déjà assez, que ce n’est qu’un accident de langage ; mais, dans une telle interview il y a l’intention d’une certaine brutalité, voire d’une vulgarité voulue, et alors la vulgarité devient messagère d’une vérité-de-situation qu’on veut faire savoir.

Alors, « Nous savons maintenant pourquoi »... C’est en effet, dans les circonstances que l’on sait, que l’épouvantable MbS devient une sorte d’acteur symbolique parlant au nom de tant de pays d’Amérique du Sud, d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, qui, à l’ONU. Il s’agit des pays qui, en refusant lors de l’Assemblée Générale de l’ONU réunie sur la guerre en Ukraine le vote extrême (condamnation de la Russie + sanctions), ont exprimé dans les diverses nuances des trois autres choix (condamnation sans sanctions, abstention, refus de condamnation) leur lassitude extrême approchant désormais la révolte ouverte de cette pesante mainmise des USA sur le reste du monde, au nom d’une légitimité abusive que leur dispenserait encore leur grossière et brutale hégémonie à l’agonie (le Pentagone, Wall Street, le dollar, Hollywood).

Le problème est en effet, pour cette majorité qui n’ose encore s’exprimer à voix trop haute, que les États-Unis cessent enfin de se regarder avec une immense satisfaction dans leur propre miroir évidemment truqué à l’image d’un masque covidien, – pour réaliser, enfin là aussi, l’état de leur chute sans fin. La guerre en Ukraine, – notre ‘Ukrisis’ où ce texte pourrait trouver sa place, – est à cet égard une occasion inratable, alors que la chose se dit à voix haute à New York et à Washington :

« A chaque année son “disaster” dans l’Amérique-Woke de Joe Biden. 2021, ce fut l’“Afghan disaster” ; en 2022, c’est d’ores et déjà l’“Ukranian disaster”. Les péripéties de la ‘senile dementia’ de Joe Biden, lui donnant un comportement excentrique et imprévisible, commence par lasser même les plus chauds partisans du gauchisme-Woke du président, y compris MSNBC qui a critiqué sans détour la politique américaniste. »

Bref, l’on s’arrête à un mot, une phrase courte, une apostrophe brusquement coupante et brutale, et volontairement vulgaire. Cette vulgarité voulue signifie, pour les oreilles assourdies du ‘Ol’white Joe’, qu’il est temps de lever le camp et de débarrasser la table. Il en faudra plus pour se faire comprendre par ce président ‘senile dementia’ des Etats-Unis, décidément personnage absolument parfait pour achever l’effondrement de cette puissance sans prendre la moindre précaution, par autisme et par aveuglement, pour tenter de négocier cette chute, de la rendre un peu moins rude... Et au-delà, la chose vient bien à point, ‘Autant en emporte le vent’.

La différence avec cette référence fameuse, – bienheureusement à-demi cancelled aujourd’hui pour racisme à tous vents, – est qu’à ce moment de l’aventure, les Sudistes savaient qu’ils avaient perdu. (C’est bien ce que Scarlett reproche à Butler : aller s’engager dans l’armée de la Confédération alors que la guerre est perdue !) Aujourd’hui, les USA ne le savent pas, tout simplement parce qu’il n’est pas concevable dans leur psychologie originelle qu’ils puissent perdre, tout comme ils ne peuvent concevoir qu’ils puissent être coupables de quoi que ce soit (“indéfectibilité” & “inculpabilité”). Par conséquent, ils ne pourront pas le savoir, ce qui peut nous conduire assez loin... Comme dit monsieur de Castelnau :

« Nous allons probablement vers des temps difficiles. »

 

Mis en ligne le 7 mars 2022 à 16H40

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Ukrisis-4 : des origines à Thucydide 

Par : info@dedefensa.org — 7 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-4 : des origines à Thucydide 

• Articles du 7 mars 2022. • Une appréciation générale de la subcrise devenue guerre en Ukraine, avec un arrière-plan historique particulièrement détaillée. • Contributions : dedefensa.org et Régis de Castelnau.

Il est évidemment constamment nécessaire d’avoir à l’esprit la longue origine historique des événements essentiels (historiques sinon métahistoriques) que nous vivons. Le cas ukrainien est un cas d’école : cette ‘subcrise’ dont nous jugeons qu’elle devient l’expression opérationnelle de la Grande Crise, rassemble en un paroxysme la plupart des facteurs crisiques en cours.

Régis de Castelnau, avocat et commentateur fortement apprécié, notamlment depuis le début du quinquennat Macron (voir ses interventions lors de l’affaire Benalla) suit cette approche, avec notamment un « Petit retour en arrière de 500 ans », avant d’en venir aux origines directes puis à la crise dans son contexte général. Rappel nécessaire, indispensable, qu’il faut systématiquement signaler.

De même, Castelnau passant dans son récit par les débuts de la Guerre Froide de l’immédiat après-guerre, là où tous les conflits actuels prennent leur source, nous avons pensé qu’il serait bienvenu d’introduire à la suite un extrait d’un de nos ‘Glossaire.dde’. Il s’agit d’un des travaux historiques les plus importants et les plus éclairants que nous ayons fait, sur les débuts de la Guerre Froide, – « Le ‘Trou Noir’ du XXème siècle », mis en ligne le 24 janvier 2016. Nous avons fait suivre plusieurs textes sur différents thèmes du sujet général, d’où il ressort que le début de la Guerre Froide, du côté US, n’eut pas grand’chose à voir avec l’agressivité soviétique et beaucoup, énormément avec la sauvegarde l’industrie d’armement, particulièrement de l’aéronautique. C’est le texte sur ce dernier point, à partir d’une recension de 1995 (dans ‘dd&e’-papier) d’un livre de 1993, que nous reprenons ; comment la sauvegarde de l’industrie aéronautique déclencha un re-militarisation des USA, le “coup de Prague” servant aimablement de porte-manteau de l’argument. C’est-à-dire qu’il s’agit du volet industriel du Complexe Militaro-Industriel [CMI] remis en selle après l’effondrement des commandes de guerre en 1945 ; le même CMI qui ne cesse depuis huit ans et plus encore, à pousser à la “vente” d’armes à l’Ukraine, à sa militarisation via l’OTAN et ainsi de suite... Intéressant de voir d’où vient le CMI, après son effondrement de 1945.

Ainsi, on lit successivement l’analyse ample et fortement argumentée de Castelnau, à partir de son site ‘VuduDroit’, du 5 mars 2022 ; et notre reprisesur la ‘War Scare of 1948’, du professeur Frank Kofsky, livre mis vite-fait sous le tapis comme on fait des cendres de cigarette, pour déviation inacceptable de la narrative qui nous sert d’intelligence.(Titre complet d’un livre introuvable depuis longtemps : ‘Harry S. Truman and the War Scare of 1948, A Successful Campaign to Deceive the Nation’.)

dde.org

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Le spectacle de la fin du monde ancien

Le fait que nous soyons à ce point surpris, y compris l’auteur de ces lignes, par l’invasion russe de l’Ukraine, témoigne de la perte d’une capacité d’analyse obscurcie par l’arrogance inconsciente de ce que l’on appelle “l’occidentalisme”. Et également par un rapport au temps, envahi par ce que l’on appelle le “présentisme”, c’est-à-dire limitation de notre mémoire à ce qui s’est passé la semaine dernière. Et nous avons pris l’habitude de plaquer sur le réel une morale unilatérale et utilitaire qui nous fait oublier le caractère tragique de l’Histoire.

Petit retour 500 ans en arrière

À la fin du XVe siècle, l’Europe s’est lancée à la conquête du monde dans le cadre de ce que l’on a appelé la « deuxième mondialisation » après celle de l’antiquité romaine. Pendant que la civilisation chinoise qui disposait pourtant de bases matérielles plus importantes, et dont les flottes parcouraient les mers, décidait de se refermer et de se contenter d’être l’Empire du Milieu. Juste un petit détail qui en dit long, lorsqu’au milieu du XVe siècle, la dynastie Ming mis fin aux expéditions maritimes, en fermant ses ports et ses frontières aux bateaux et aux voyageurs étrangers, construire une jonque était puni de mort. Pendant trois siècles, les Européens sillonnèrent les mers du globe et s’implantèrent massivement dans le Nouveau Monde débarrassé de ses habitants par la conquête, le génocide et les germes. Au XIXe siècle ce fut l’avènement du fameux triptyque décrit par Éric Hobsbwam. Avec la révolution industrielle (l’ère du Capital) et son accouchement faisant subir aux populations de l’Europe et du Nouveau Monde une énorme violence sociale. Puis la colonisation occidentale sur l’ensemble de la planète avec son cortège de violences et ses contradictions (l’ère des empires). Et enfin la mise en place des structures politiques en Occident dont nous continuons aujourd’hui à faire usage (l’ère des révolutions). Ce fut la troisième mondialisation qui vit des migrations considérables, l’Europe déversant sur le monde ses populations excédentaires.

Le « court XXe siècle» [Hobsbwam], commencé le 1er août 1914 pour se terminer le 8 novembre 1989 fut le théâtre de deux guerres mondiales mettant la planète à feu et à sang et d’une guerre froide qui nous fit frôler plusieurs fois la catastrophe nucléaire. Depuis la fin du XIXe, une fois réglé son problème interne avec la guerre de Sécession, les États-Unis d’Amérique ont mis en œuvre une stratégie claire, celle de la conquête de l’hégémonie sur l’ensemble occidental, devant déboucher sur la conduite des affaires du monde. Ce n’est pas exonérer Joseph Staline de ses crimes et de la mise en coupe réglée des pays conquis lors de la guerre contre l’Allemagne nazie, que de rappeler que la guerre froide fut d’abord voulue et déclenchée par les États-Unis. Le choix de Truman comme vice-président d’un Roosevelt malade dont on savait qu’il ne finirait pas son quatrième mandat en fut le premier acte. Par une manipulation de la convention démocrate 1944, Henry Wallace considéré comme soviétophile et partisan de la pérennité de la “Grande alliance” fut écarté au profit d’Harry Truman. Plus tard, l’effondrement et le démantèlement de l’URSS furent considérés par les États-Unis comme la victoire qui leur était due et signifiait la fin de l’Histoire avec la consécration définitive de la domination occidentale sur le monde, sous conduite américaine. Cette conviction explique les actes de piraterie internationale que les USA ont multipliés depuis 30 ans sans qu’aucune de ces violations du droit ne subisse ou n’encoure la moindre sanction. Tout comme la façon dont la Russie fut piétinée dans les années 90, et pourquoi l’arrivée à sa tête d’un colonel du KGB décidé à restaurer un État, fut perçue comme illégitime et une atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Amérique.

Le piège de Thucydide

Le piège de Thucydide est un concept de relations internationales tiré de son livre ‘La Guerre du Péloponnèse’ qui décrit l’affrontement entre Sparte puissance dominante, et Athènes puissance émergente, la première étant poussée à la guerre par la peur suscitée par l’ascension de son rival. C’est ce qui arrive aujourd’hui aux États-Unis avec l’émergence de la Chine.

On attribue à Lénine la citation selon laquelle : « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons ». Si elle ne s’est pas appliquée à l’Union soviétique, le moins que l’on puisse dire est qu’elle colle parfaitement à la façon dont l’Occident a facilité le décollage de la Chine et le retour de l’Empire du Milieu dans l’Histoire. Par souci du profit immédiat, à coups de délocalisations et d’investissements, il a transformé ce pays en atelier du monde. Favorisant son décollage et lui permettant en un temps très court de rattraper ses retards. Occident incapable, probablement aussi par racisme inconscient, de comprendre que la Chine avait une revanche à prendre sur ce que nous lui avions fait au XIXe siècle pendant “le siècle de la honte” (la puissance occidentale s’exprimant notamment à l’époque dans les Guerres de l’Opium, imposant à la Chine les règles libre-échangistes de son commerce par la force), et que le souci de cette civilisation bimillénaire était de reprendre la place qu’elle considère lui être due.

Le réveil des adeptes occidentaux du court-termisme a été brutal et douloureux. Et c’est ainsi que la question russe est devenue primordiale. Tous les étudiants de ce pays qui envisagent des études historiques, politiques ou diplomatiques sont tenus de lire intégralement le livre de Zbigniew Brzeziński ‘Le grand échiquier’ où le conseiller écouté des présidents américains expose avec franchise, voir cynisme, la théorie selon laquelle l’amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l’hégémonie des États-Unis. Tout pays devenant concurrent est dès lors considéré comme une menace pour la stabilité mondiale. Et pour lui, la Russie doit être neutralisée, voire démantelée. Pour la bonne raison qu’il faut la détacher d’une Europe qui ainsi ne peut pas redevenir une puissance, restant ainsi soumise à l’hégémonie américaine. Les États-Unis pouvant ainsi se tourner vers le Pacifique et la Chine où ils savent qu’aura lieu l’affrontement prévu par Thucydide.

Pour les Russes, tout ce qu’ils considèrent avoir subi depuis la chute de l’Union soviétique se rattache à ce choix stratégique, et nourrit un sentiment d’insécurité traditionnellement très fort. Sentiment aggravé, il ne faut jamais l’oublier, par l’épouvantable catastrophe que fut pour eux la Deuxième Guerre mondiale. Le coup d’État organisé en 2014 par les États-Unis en Ukraine, l’installation dans ce pays d’un gouvernement antirusse corrompu et à leur botte, la volonté de le faire rejoindre l’OTAN pour y installer des armes offensives dirigées contre eux, tout ceci a convaincu les Russes que l’affrontement devenait inévitable. La façon dont ils s’y sont préparés sur les plans militaires économiques et financiers aurait dû attirer notre attention à tous. Le refus des pays occidentaux qui en étaient pourtant les garants d’appliquer les accords de Minsk ont probablement fini de les convaincre que la solution militaire était inéluctable.

L’espoir que le pire ne soit pas toujours sûr nous a aveuglés sur ce qui nous attendait. La force du sentiment de supériorité occidentale si présent dans nos têtes nous a empêchés de comprendre le sens de l’offensive diplomatique de l’automne dernier. Les demandes écrites de la Russie exigeant des réponses également écrites dont manifestement leurs dirigeants savaient qu’elles étaient vouées à l’échec, tout cela constituait une maskirovka, c’est-à-dire une opération d’intoxication destinée à masquer les préparatifs militaires. Une opération du type de celle qui vient de se déclencher nécessitait plusieurs mois de préparation et la décision de principe avait probablement été prise depuis longtemps.

La fin de l’ère occidentale ?

Il est difficile de savoir à ce stade quelle est la stratégie militaire mise en œuvre par la Russie en Ukraine, mais l’objectif apparaît désormais clairement. Mettre fin à l’existence d’une Ukraine antirusse, laquelle ne perdrait pas nécessairement son statut d’État, mais serait transformée, réorganisée, neutralisée et redeviendrait partie intégrante du monde russe. Les Russes sont gens d’action, et il vaut mieux les écouter quand ils parlent. Il aurait fallu le faire lors du discours de Vladimir Poutine à Munich en 2007. Et dès ce moment-là, comprendre que parier sur la poursuite de l’effondrement de la Russie était une erreur. Nous avons dit dans ces colonnes que nous étions rentrés dans une nouvelle guerre froide. Il est possible que cela soit beaucoup plus que ça. Et qu’une phase de plus de 500 ans, celle de la domination de l’Occident sur la planète, soit en voie d’achèvement et ce qui vient de se passer en Ukraine est une singulière expression du processus en cours.

Comme le démontre le vote de la condamnation de l’invasion russe par l’assemblée générale de l’ONU. Il faut regarder en détail qui a condamné, qui sanctionne, qui a refusé de condamner, mais surtout qui s’est abstenu. Reflet d’un monde multipolaire où l’on constate que seul l’Occident s’oppose réellement à la Russie. Parce que pour les autres, ce n’est pas autre chose qu’un conflit entre celle-ci et l’Occident. La Chine, l’Inde, l’Amérique latine, l’Afrique, le monde islamique et l’Asie du Sud-Est, plus personne ne reconnaît réellement le pouvoir que s’auto-attribue l’Occident à régenter l’ordre mondial. Et n’acceptera plus qu’il en fixe longtemps encore les règles du jeu.

Une fois de plus, il faut rappeler qu’il ne s’agit plus de morale, de celle dont les occidentaux savent faire peu de cas quand ça les arrange. Et surtout quand les cours de morale sont donnés par ceux-là mêmes qui jugent, généralement avec cynisme en être dispensés. Il s’agit d’intérêts nationaux.

La Russie a donc défié l’Occident, et que dire du spectacle de la réaction de celui-ci à base de délires guerriers impuissants, de sanctions improductives, voire mortifères, pour ceux qui les prennent, et d’affichage d’une médiocrité tragique lorsque l’on voit qui sont les dirigeants de ces puissances ? Un vieillard sénile flanqué d’une nullité politique pour diriger celle qui se veut le gendarme du monde. Des élites américaines et européennes incompétentes basculant au coup de sifflet dans une hystérie inepte, à base de propagande grossière, de glapissements et d’incantations. Des États européens multipliant à grands sons de trompe des sanctions qui sont autant d’obus de mortier qu’ils se tirent dans les pieds, et qui n’auront aucun effet sur la détermination russe. Tout cela constitue autant de symptômes permettant de penser que l’ère de la domination occidentale mondiale est en train de s’achever. Fruit du piège de Thucydide, ce processus ne se passera pas simplement, sera dangereux et chaotique, et il constitue pour notre pays, puisque nous sommes un pion dans le système occidental, un défi particulier.

L’invasion de l’Ukraine est une claire violation du droit international, mais c’est d’abord un événement qui acte le déclin de la civilisation occidentale sous hégémonie américaine. Nous allons probablement vers des temps difficiles.

Régis de Castelnau

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La ‘War Scare of 1948’, de Frank Kofsky

On l'a déjà écrit, la vision historique américaine de la Guerre Froide est [depuis la fin de la Guerre froide] dans une phase de révision fondamentale [cela,  durant les années1990, puis révision prestement abandonnée...]. [...] Pour notre part, nous ajoutons ce qui nous paraît un jalon important dans ce mouvement général, avec le livre ‘Harry S. Truman and the War Scare of 1948, A Successful Campaign to Deceive the Nation’, de Frank Kofsky, un professeur d'histoire de l'université de Californie. (*) [...]

La situation des États-Unis et du monde en 1945-48

Que s'est-il passé réellement en février-avril 1948 à Washington? interroge Kofsky.

« Dans un espace remarquablement court de deux mois, écrit-il, l'administration réussit à augmenter les dépenses programmées pour les commandes d'avions militaires de 57%, alors que le total alloué au Pentagone augmentait de 30%. Aucun président depuis — y compris Ronald Reagan à son époque de plus grande influence — n'a approché un tel bond spectaculaire dans les dépenses militaires en temps de paix. »

Avant de lire ce qu'en dit Kofsky, on se référera à la chronique du temps. Fin février 1948 se déroula cet événement connu sous le nom de “coup de Prague” (prise du pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie). L'événement était, dans notre compréhension du temps, tout à fait considérable. Il marqua, peut-être plus sûrement que le blocus de Berlin (juin 1948) et le pont aérien qui suivit, la racine de cet état d'esprit qui engendra et accompagna le réarmement occidental dans la période désormais nommée Guerre Froide. Pour l'estimation historique généralement acceptée, le “coup de Prague” illustre de façon dramatique la politique expansionniste et subversive de l'Union Soviétique et du communisme, dans toute sa brutalité, dans cet immédiat après-guerre où Staline vieilli et malade régnait encore.

En Europe, sans aucun doute le “coup de Prague” fut le point d'orgue de la montée d'une crainte se transformant en panique (‘Scare’ en anglais) de la politique soviétique. La position de la France conditionnait l'évolution de la situation en Europe occidentale. La France était déjà un pays essentiel à cette époque, à cause de sa position stratégique centrale certes, mais aussi des hésitations qui avaient marqué sa politique étrangère depuis 1945 entre une position médiane entre URSS et USA (doctrine inspiré par les années de pouvoir de De Gaulle entre 1944 et 1946) et l'alignement sur les USA qui suivit. L’historien [US] Irwing Wall remarque à propos de cette période (**) :

« Cet événement,[le “coup de Prague”] plus que tout autre, provoqua à Paris une véritable panique. Le message envoyé par Bidault (ministre français des affaires étrangères) au secrétaire d État américain le 4 mars [1948] exprime éloquemment les inquiétudes françaises et marque une date importante de la guerre froide... »

C'est encore moins un hasard à cette lumière, si le traité de Bruxelles, fondateur de l'Union de l'Europe Occidentale et réduit alors à la France, au Royaume-Uni et aux pays du Benelux, fut signé le 18 mars 1948, moins d'un mois après le “coup de Prague”.

Aux États-Unis, que se passait-il? L'administration Truman avait lancé ce qu'on nommera plus tard la ‘doctrine Truman’, mais les retombées sur sa politique étrangère restaient encore mineures. La réorganisation de l'appareil de sécurité nationale par le National Security Act de 1947 était d'abord un acte de portée intérieure, – et ce qu'écrit Kofsky doit grandement nous le confirmer. II s'agissait de réorganiser, du côté du gouvernement, une structure militaro-industrielle qui avait été tournée vers la guerre totale [et désintégrée par la “démobilisation-désintégration” de l’armée]. Le 24 mars 1948, donc près d'un mois après le “coup de Prague”, Truman répondait à son secrétaire à la défense Forrestal et aux chefs d'état-major venus lui présenter des recommandations d'augmentation draconienne du budget du Pentagone: « I want a peace program, not a war program. » La préoccupation américaine était donc tout à fait intérieure encore à cette époque : que fallait-il faire à l'égard des structures industrielles héritées de la guerre, et toute entière orientées vers la guerre?

Ce débat plutôt de type industriel allait conditionner les événements décrits par Kofsky, et nullement les questions extérieures. A l'époque, les Américains envisageaient à peine la création de l'OTAN, et encore dans une forme très atténuée. Selon Wall :

« La paternité de l'OTAN revient sans doute à Ernest Bevin[Premier ministre britannique]. Après l'échec de la Conférence des ministres des Affaires étrangères d'Europe occidentale réunie à Londres en décembre 1947, c'est lui qui, avec l'accord de Bidault, proposa à Georges Marshall la création d'une alliance militaire entre les États-Unis et l'Europe occidentale pour résister à une agression soviétique. En un premier temps, le secrétaire d’État se montra réticent... »

Avec le coup de tonnerre du ‘coup de Prague’, on comprend qu'on en vienne aussitôt à la signature du traité de Bruxelles [UEO] n'incluant que les Européens, le 18 mars. A cette époque, les États-Unis étaient bien plus absents de l'Europe que ce que l'on a admis depuis, et cette période apparaît justement comme un pivot dans le débat réorientant les USA du néo-isolationnisme où ils étaient retournés vers un internationalisme anticommuniste. C'est toute la thèse de Kofsky, qui plaide implicitement toujours cette même idée que les raisons de cette évolution furent beaucoup plus intérieures qu'extérieures.

La crainte du retour de la Dépression

Il y a d'abord un aspect général, que Kofsky note sans le développer mais qu'on retrouve d'une manière récurrente dans l'analyse du comportement historique des États-Unis: la crainte que le pays ne retombe, après l'hyper-expansion industrielle de la guerre, dans la Grande Dépression.

« La dépression des années 30 ? s'exclamait Norman Mailer en 1967. Nous ne l'avons pas réglée. Nous sommes entrés en guerre et c'est la guerre qui a fourni la solution. »

Kofsky estime que le mouvement puissant qui naquit à la fin de 1947 pour sauver une industrie aéronautique au bord de l'effondrement avait notamment pour cause la crainte qu'un tel événement catastrophique puisse à nouveau précipiter une dépression :

« Avec le souvenir de la pire dépression encore vivace dans l'esprit du public, il existait une crainte constante et très forte qu'un effondrement économique puisse à nouveau intervenir. »

Cette même crainte se trouvait, sous-jacente, de façon plus générale derrière toute entreprise économique considérée à cette époque. Ainsi, le ‘plan Marshall’ (ou ERP pour ‘European Recovey Program’) était-il destiné à rétablir un marché occidental (transatlantique) vital pour l'économie américaine, tout autant et même davantage que d'ériger une barrière contre l'expansion du communisme (il est bien évident que les deux objectifs se [sont ensuite confondus]: ce que nous tentons de déterminer est leur chronologie, donc lequel est la ‘cause première’). Dans les faits, les choses ne se présentaient pas aussi simplement. L'administration, particulièrement le secrétaire d'État Marshall, se heurtait au Congrès sur toutes ces questions. A la fin de l'hiver [1947], Marshall n'était en rien assuré que l'ERP serait approuvé et recevrait les fonds nécessaires, et même on pourrait admettre qu'il avait la conviction du contraire. Kofsky montre aisément qu'à côté de cette préoccupation, le ‘coup de Prague’ fut à cette époque perçu comme une péripétie par le Secrétaire d'État. II cite des analyses américaines suggérant que cette action modifiait peu l'équilibre des forces en Tchécoslovaquie, déjà favorable aux communistes et à Staline.

Puis, Marshall changea brusquement d'avis sur la tactique à suivre. Certains indices l'y conduisirent (dont le [trop peu] fameux ‘télégramme de Clay’ [du 5 mars 1948], du nom du général Clay qui commandait la zone d'occupation en Allemagne, et qui livra une analyse [biaisée dans un sens] particulièrement alarmiste sur les possibilités d'attaque-surprise des communistes dans les semaines à venir). Entretemps et sous l'impulsion de son secrétaire à la défense James Forrestal, le département de la défense avait entrepris de présenter au public et au Congrès l'image d'une situation brusquement dégradée, menaçant de mener les uns et les autres au bord du gouffre. Marshall s'était convaincu que cette rhétorique serait un argument déterminant pour convaincre les élus de voter l'ERP (qui refuserait cette aide aux pays qui risquaient de devenir l'avant-garde du [nouveau] front de l'Amérique?).

» Comme on voit, cette évolution d'une Amérique soudain sur le pied de guerre face à une menace supposée de guerre-surprise ressemble à un ‘montage’ intérieur où le ministre de la défense a une place principale. Tout le monde n'en était pas averti (ce qui renforce l'hypothèse du montage). Le 25 mars 1948, alors que Forrestal exhortait la Commission sénatoriale des Forces Armées à voter des crédits supplémentaires pour le Pentagone face à “l’agression” et à la menace d'attaque-surprise de l'URSS, le président Truman décrivait ce même pays, dans une conférence de presse, comme « une nation amicale ». Il s'agissait de justifier des ventes de matériels divers à l'URSS, — dont quarante-six moteurs neufs de bombardiers B-24 de la guerre! — et en général de justifier le commerce avec l'URSS. Tout cela donnait, selon les explications de Truman, un excellent moyen de lutte contre la stagnation économique. Là aussi, on note la perception prioritaire du point de vue intérieur (comme dans les cas de Marshall et de Forrestal).

Gloire et effondrement de l'aéronautique

La situation était grave, mais il ne s'agissait pas de la Tchécoslovaquie. Ce qui avait amené Forrestal à se faire l'avocat ardent d'une relance des commandes d'armement, et par conséquent et au deuxième degré, de peindre les rapports avec l'URSS sous la couleur d’une brutale tension qui devait convaincre le Congrès de le suivre sur cette voie, c'était la situation de l'industrie de l'aéronautique.

Dans ce cas, Kofsky apporte des éléments inédits, et à notre sens, décisifs pour bien des appréciations : les délibérations du Air Coordination Committee (ACC), dont les archives n'ont pas été faciles à consulter :

« Finalement, il m'a fallu deux voyages à Washington D.C. pour convaincre les National Archives de déclassifier et mettre à ma disposition les documents de l’ACC que je voulais consulter. »

La tâche de l'ACC, mise en place au début de 1947 et dissoute au début des années cinquante, était de coordonner les politiques des différents ministères et agences en matière aéronautique, et de présenter des recommandations pour une politique générale... [Ainsi en vient-on naturellement à la question de savoir dans] quel état se trouvait l'industrie aéronautique lorsque l'ACC se pencha sur son sort.

• D'abord ceci: plus qu'aucun autre industrie, elle avait tiré d'extraordinaires profits et le moyen d'une formidable expansion de la production de guerre. Les six plus importantes firmes (Boeing, Curtiss, Douglas, Lockheed, Martin, United Aircraft) virent leurs ventes combinées augmenter de plus de 60 fois entre 1939 et 1944, de 250 millions USD à 16,7 milliards USD, et leurs profits combinés augmenter de 244% pendant cette période. Prenant le cas de Boeing, Kofsky calcule qu'entre 1941 et 1945, ses investissements totalisèrent 15,9 millions USD et ses profits dépassèrent 60 millions USD. Les investissements furent essentiellement assurés par [le gouvernement], à hauteur de 92% pour toute l'industrie (3,428 milliards USD sur 3,721).

• L'effondrement des commandes et de l'activité fut radical en 1945. Sous la pression du public en août-septembre 1945, le Congrès ordonna une démobilisation accélérée (« Ce n'est pas une démobilisation, c'est une désintégration », commenta en octobre 1945 George Marshall, alors chef d'état-major de l’US Army). L'industrie aéronautique, qui attendait effectivement un ralentissement [important mais progressif] de la production, [selon l’idée que la guerre contre le Japon devait durer jusqu’en novembre 1946, avec production à mesure], ne le prévoyait pas si extrême [ni surtout si proche dans le temps]. De plus, elle attendait une expansion maximale du transport civil et se tenait prête à y répondre (Douglas avait le DC-4 et le DC-6, Martin le 02 et le 03, Boeing le ‘Stratocruiser’, Lockheed le ‘Constellation’, etc.). Les prévisions s'avérèrent erronées. Par exemple, le trafic aérien pour 1947 fut en général à peine supérieur (de 4 à 5%) à celui de 1946, et pour certaines compagnies, inférieur, alors qu'on prévoyait en 1946 une augmentation de 25 à 35%.

• L'industrie aéronautique avait investi puissamment dans le secteur civil et se retrouvait rapidement dans une situation proche de la banqueroute. En 1947 (année terminée le 30 novembre), Douglas enregistra une perte de 14,78 millions USD. C'était une situation typique de l'époque, après une année difficile (1945) et une première année de pertes (1946).

« Le cas de Douglas a confirmé un point de vue déjà répandu. [...] Sans l’intervention du gouvernement pour régler la facture, la plupart des compagnies commerciales sont incapables d'opérer d'une manière rentable avec le seul secteur civil ». (Selon ‘Aviation Week’, décembre 1947).

L'évolution générale de cette industrie marque donc cette situation explosive: en 1939, le secteur aéronautique à ses débuts était le 43e de l'industrie américaine; en 1943, il atteignait la première place, dans une industrie au sommet de sa production; au début de 1948, il était retombée à la 44e place ... Dès juillet 1946, on retrouve dans les notes personnelles de Robert Gross, patron de Lockheed, l'idée que les 14 plus grosses compagnies aéronautiques US devraient être réduites à 3 ou 4 en fonction du travail disponible.

L'industrie sauvée par une intervention publique massive — Ainsi, dès 1947-48, s'était imposée aux industriels de l'aéronautique autant qu'aux officiels de l'administration Truman concernés par leur problème si considérable, cette réalité qui a finalement moins évolué qu'on pourrait croire: l'industrie aéronautique américaine, dans la forme structurelle qu'elle avait, n'était viable qu'au travers d'une intervention massive des pouvoirs publics. En Europe, une telle situation eût naturellement mené à une nationalisation technique (ce fut d'ailleurs souvent le cas). Aux États-Unis, il n'en était pas question. Pour Forrestal, banquier de Wall Street venu à la fonction publique comme ministre de la Marine au début de la guerre, la nationalisation c'était le socialisme, voire le communisme. En 1943, il allait jusqu'à exprimer l'idée que

« [C]’est à l'industrie privée, [par son existence et son activité] de nous éviter un coup d'état marxiste. »

D'autre part, il fallait sauver l’industrie aéronautique. On l'a vu, il y avait la cause fondamentale de la crainte que l'effondrement de cette industrie amenât une réaction de panique en chaîne semblable à celle de 1929, et précipitât à nouveau l'Amérique dans la Dépression. Là encore, on retrouve, au travers de cette préoccupation purement intérieure, le signe que la [Grande] Dépression constitue, bien plus que la Deuxième Guerre mondiale qui en fut principalement la cure comme le dit Mailer, l'événement fondamental pour l'Amérique au XXe siècle. Dans ce cas de l'aéronautique, il joua effectivement un rôle essentiel, alors que des concepts tels que la nécessité de maintenir la base industrielle aéronautique des États-Unis n'eurent qu'une place réduite.

Un autre point, plus particulier et encore plus délicat, concerne le rôle de la Chase Manhattan Bank de la famille Rockefeller, alors la première institution financière du monde. La Chase Manhattan avait investi massivement dans l'industrie aéronautique: en 1944, les avances et prêts qu'elle lui consentait atteignaient 276 millions USD en prêts industriels, 320,4 millions USD en prêts à court terme, 852 millions USD en prêts partiellement garantis par l'état, etc. Bien entendu, la Chase Manhattan ressentit l'effondrement de la fin de la guerre d'août 1945 à août 1947, les dépôts des compagnies aéronautiques à la banque passèrent de 85,4 millions USD à 16 millions. Avec la perspective de l'effondrement de l'industrie aéronautique, l'équilibre même de la banque était en question, [avec les perspectives de déstabilisation financière du pays en cas d’effondrement].

La Chase Bank joua un rôle fondamental dans la relance de l'industrie aéronautique par le biais des commandes de l'état. Elle le put par l'influence énorme qu'elle avait sur le monde politique (tous les candidats républicains à la présidence avaient leurs campagnes payées par la Chase Manhattan, et les démocrates recevaient également des fonds). Forrestal, ancien banquier, était un ami intime de Winthrop Aldrich, beau-frère de John D. Rockefeller et directeur général de la Chase Manhattan. Au début 1948, une lettre du secrétaire à l'Air Force Stuart Symington à Aldrich indiquait que l'opération était lancée :

« Le problème est de savoir comment faire avec l'argent pour obtenir ce que nous voulons. »

La réponse vint en mars-avril 1948: la ‘War Scare’ du printemps 1948 amena le Congrès et Truman à accepter une augmentation de 57% des commandes militaires aéronautiques. Et ce n'était qu'un début. L'industrie aéronautique américaine était sauvée. Jusqu'à aujourd'hui, elle a vécu sur ce régime qui dispense tous les avantages de la nationalisation sans imposer aucune de ses obligations.

« Le pays a toujours été conduit par des crises »

 Un ami du ministre Forrestal, Ferdinand Eberstadt, disait en 1947 à un de ses assistants :

« Le pays a toujours été conduit par des crises,[et] s’il n’y en a pas une évidente à un moment donné, on doit en susciter pour pouvoir avancer. »

Cette remarque anodine pourrait bien constituer la clé d'un des phénomènes essentiels du second demi-siècle: l'installation au cœur de la puissance américaine de ce qu'on nomma plus tard le ‘Complexe militaro-industriel’ (CMI). Celui-ci pesa d'un poids tout particulier sur la détermination de la politique américaine et sur l'évolution de la Guerre Froide, par l'état de crise qu'il perpétua. II contribua à peser sur l'économie américaine par les pressions continuelles exercée sur les finances publiques. II fut un des instruments favoris de diverses déstabilisations dont nous mesurons aujourd'hui les conséquences: le poids des militaires dans la bureaucratie de Washington, l'influence militaire américaine sur des régions entières du globe, etc.

Le livre de Kofsky [est d’un puissant intérêt] et l'on peut attribuer à quelque attitude d'inquiétude ou de pusillanimité le silence qui a accueilli sa diffusion. Son travail est en effet étayé par tant de documents, dont un grand nombre sont exploités publiquement pour la première fois, qu'il est bien difficile de réduire sa thèse à quelque chose de négligeable. Reste alors le silence, pour éviter de faire connaître une appréciation qui doit conduire, en même temps que d'autres, à des démarches révisionnistes fondamentales sur la Guerre Froide, sur le rôle de l'Amérique dans celle-ci, sur la mécanique du pouvoir américain, etc., et quelques autres domaines de cet acabit. Enfin, ce livre constitue certainement un outil précieux pour ceux qui, aujourd'hui, ont à analyser la situation et les perspectives de l'industrie aéronautique américaine.

dedefensa.org

Notes

(*) Paru chez St-Martin Press, à New York. Nous précisions en 1995, lors de la publication de la première version de cette analyse du texte de Kofsky :

« ...‘The War Scare of 1948’ a été publié en 1993 et nous n'en parlons qu'en 1995. Deux ans, à notre époque de communications intensives, c'est beaucoup. [...] [C]ertes, deux ans c'est beaucoup si nous pensons que ce livre apporte une contribution essentielle à la mise à nue d'une époque si importante. Pourtant, il n'a guère eu d'écho aux États-Unis également, où nous n'avons relevé aucune publication (critique, recension, etc.) à son propos. Pourquoi? Une première hypothèse est qu'il transgresse une règle très importante de notre époque : il décloisonne les spécialités. Le sujet concerne l'industrie aéronautique américaine, le Pentagone, le complexe militaro-industriel. En même temps, il concerne la politique occidentale, la sécurité européenne, notre analyse de la Guerre Froide, les fondements étranges de nos liens avec les États-Unis, et ainsi de suite. Une seconde hypothèse est que les thèses de Kofsky sont trop radicales pour n'avoir pas suscité un barrage de l'establishment. Dans ce cas, la meilleure arme est le silence. Sans doute les deux causes s'additionnent-elles.... »

(**) ‘L’influence américaine sur la politique française, 1945-1954’, lrwin M. Wall, Balland, Paris 1989.

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Ukrisis-5 : WSWS.org à la manœuvre

Par : info@dedefensa.org — 8 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-5 : WSWS.org à la manoeuvre

• De nombreux textes de la presse dissidente décrivent l’état catastrophique, totalitaire, orwellien, déterministe-narrativiste où se trouve plongé le bloc-BAO, dans une ‘Ukrisis’ universelle comme dans une sphère de paroxysme. • Le site trotskiste ‘WSWS.org’, sorti d’une période de simulacre-idéologisée dont il a le secret, s’envole dans des textes extraordinairement critique de l’état de l’esprit du bloc-BAO. • La rigueur et la hargne de WSWS.org font merveille et pénètrent aisément la structure molle et peu cohérente  de la ‘demencia selenis’ du Système.

Nous avons toujours eu des hauts et des bas avec le site trotskiste ‘WSWS.org’ qui se veut la voix officielle de la IVème Internationale, dont le travail et la documentation pour les sujets choisis, mis à part les couplets sempiternels et soûlants sur l’endoctrinement et la lutte des classes populaires, sont d’un sérieux et d’une rigueur exemplaires. D’autre part, certaines périodes où domine une narrative de fascisme et de putsch fasciste sont particulièrement sévères et épuisantes à suivre quand on s’y met par erreur, et donc, très-très vite abandonnées. Cela fait que durant toute la période des deux dernières années Trump, puis des remous autour de la grandiloquente et grotesquement absurde “insurrection” du 6 janvier 2021, nous avons laissé le site trotskiste ‘WSWS.org’ à ses fantasmes. Les derniers mois l’ont vu se plonger dans une sorte de ‘micro management’ de la Grande Crise, allant de grève en grève souvent parcellaires aux USA comme l’on retourne aux sources. Pendant toutes ces périodes, ‘WSWS.org’ fut particulièrement assommant et abrutissant pour qui entend avoir une vision d’ensemble de la situation, disons une vérité-de-situation.

Puis tout bascule avec l’“opération militaire spéciale” en Ukraine. Du jour au lendemain, ‘WSWS.org’ se déchaîne et multiplie les textes sur la crise, dénonçant essentiellement l’extraordinaire censure conformiste ou conformisme autocensuré qui s’abat comme une chape d’un plomb liquide (particularité de notre totalitarisme-soft et donc d’autant plus impudent), plomb collant et étouffant, qui façonne les esprits, – s’abattant sur le bloc-BAO, particulièrement sur les USA pour ‘WSWS.org’. Du coup, les qualités techniques rendant insupportables certains sujets, deviennent ici incisifs, redoutablement efficaces, avec toujours une stricte documentation et une rigidité de logique implacable, et aussi une absence de la moindre crainte de dire tout ce qui doit être dit. (Un peu à l’image de la trotskiste française Nathalie Arthaud.)

On s’attarde à ce cas de ‘WSWS.org’ parce qu’il s’agit d’un exemple, d’un aspect assez remarquable de la valse folle des positions des uns par rapport aux autres, de la relativité extrême des “lignes”, de l’extrême vacuité des étiquettes volant dans tous les sens, de l’ami temporaire devenait ennemi pour la période, au rythme crisique fou de la communication ; la seule possibilité de stabilité du jugement étant de disposer d’une référence supérieure, fixe, ultime et hors des manigances de la folie humaine (pour nous, on s’en doute, Système et antiSystème, avec charge d’identifier les positions variant follement des acteurs.)

Du coup (suite), ‘WSWS.org’ devient une source privilégiée et très sûre, et une source amie, – ce qui ne doit pas l’enchanter s’il le savait ! Mais peu nous chaut puisqu’il (‘WSWS.org’) devient alors un instrument de notre bataille antiSystème comme nous savons faire d’un allié de circonstance temporaire à l’autre, sans le moindre souci de perdre notre âme car nous savons parfaitement montrer la souplesse qu’il faut au service d’un but intransigeant qui nous structure bien plus que tous les trotskiste du monde et autres alliés de circonstance... Jamais plus libre que lorsque nous utilisons à notre avantage cette sorte d’alliance de circonstance sans la moindre vulnérabilité au sabir idéologique, avec une tenue d’acier inexpugnable. Si les trotskiste ont une idéologie de fer, ce n’est que du fer-blanc comparée à notre référence qui est de la matière la plus forte et la plus admirable ; comme celle de Rodin vu par Daniel-Rops, si l’on veut :

« Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice... », notre “volonté créatrice” passe tout le reste, haut la plume.

L’Ukraine et sa ‘Ukrisis’ donc, avec son ‘Ukhubris’... Voici deux texte de ‘WSWS.org’ qui tracent un véridique portait catastrophique de l’Amérique, esprit et hystérie fusionnés, bellicisme monstrueux et affichée sinon revendiquée pour le coup, crûment décrit comme brutalement renversée dans la narrative du totalitarisme-soft devenu d’une brutalité terrifiante, avec ses monstrueux débordements.

Pour ce qui est du sens, cela contraste totalement, absolument avec la situation dans nombre de pays hors-BAO, rassemblant la zone Sud du bloc atlantiste qui se rassemble de plus en plus dans un extrémisme contraire. L’exemple du président pakistanais ayant reçu une lettre collective signée de la représentation de douze pays du bloc-BAO au Pakistan le pressant sous la menace de s’aligner sur les USA, répondant avec colère et mépris :

« Que croyez-vous que nous sommes ? Que nous sommes vos esclaves ?... Croyez-vous que tout ce que vous nous enjoignez de faire, nous le ferons ? » (Le Pakistan a évidemment, comme bien d’autres, refusé de condamner-sanctionner la Russie à l’ONU.)

Il ne fait aucun doute que la fantastique guerre de la communication menée par le bloc a installé dans les pays atlantistes une perception, sinon une narrative absolument extrême projetant toute la responsabilité, jusqu’aux origines, de la situation sur la Russie, alimentée par un courant de haine hystérique sans précédent. Ce problème est immense, parce qu’il fait s’interroger sur la possibilité du rétablissement d’une certaine perception commune entre les deux antagonismes, au niveau des directions et des opinions publiques, nécessaire à une orientation vers une sorte d’arrangement mettant fin à l’extrême tension actuelle. C’est l’enjeu de loin le plus grave aujourd’hui, parce qu’il conditionne la possibilité d’une extension du conflit aux affrontements les plus catastrophiques, à moins que, selon un “d’ici là” hypothétique, des prolongements catastrophiques des structures économiques et financières du bloc-BAO provoquent des effets inattendus.

Les deux textes de ‘WSWS.org’ donnent justement une observation très réaliste, et extrêmement vigoureuse, à-la-trotskiste, de cette situation intérieure de perception et de communication aux USA.
• Le premier, publié sous le texte initial de « La campagne antirusse hystérique et la volonté des États-Unis et de l'OTAN de faire la guerre à la Russie », du 5 mars 2022.
• Le second, publié sous le titre de « Les demandes pour une guerre entre les États-Unis et la Russie se multiplient à Washington », du 7 mars 2022, est essentiellement une revue des déclarations publiques de responsables à Washington D.C.

(Nous avons modifié les titres, en gardant complètement leur sens, pour les habituelles raisons dites technico-esthétiques.)

dedefensa.org

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L’hystérie antirusse et la volonté de guerre

Les campagnes de propagande idéologique menées pour justifier les guerres impérialistes du passé reposaient invariablement sur des déformations, des fabrications et des mensonges purs et simples. Comme l'a observé l'écrivain Stefan Zweig dans ses souvenirs du déclenchement de la Première Guerre mondiale,

« Toutes les nations belligérantes étaient déjà dans un état de surexcitation et la pire rumeur était immédiatement transformée en vérité, la calomnie la plus absurde était crue. »

C'est ainsi que pendant la semaine qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par Poutine, la campagne antirusse hystérique menée par les médias [de la presseSystème] et des sections de la classe moyenne dans le but de légitimer la volonté de guerre des États-Unis et de l'OTAN a pris des proportions horrifiantes. Des chanteurs, des artistes, des chefs d'orchestre, des produits et même des chats sont exclus ou bannis uniquement en raison de leur nationalité ou de leur origine russe.

Mardi, le maire de Munich, Dieter Reiter, a annoncé le licenciement immédiat du chef d'orchestre russe Valery Gergiev de son poste de chef d'orchestre principal du Philharmonique de Munich. Reiter, un social-démocrate, a lancé un ultimatum à Gergiev peu après l'invasion de l'Ukraine par Poutine : soit il critiquait publiquement le gouvernement russe, soit il était licencié. Gergiev n'ayant pas répondu, Reiter a annulé tous les contrats avec le chef d'orchestre mondialement connu, avec effet immédiat.

La soprano vedette Anna Netrebko a subi un sort similaire au Metropolitan Opera de New York. Après une campagne soutenue du New York Times sur les « liens avec Poutine » de Netrebko, c'est-à-dire sa nationalité russe, Netrebko a renoncé à ses prochains engagements au Met et au Staatsoper de Berlin. Dans une déclaration affirmant son opposition à la guerre, Netrebko a déclaré :

« Il n'est pas juste de forcer les artistes, ou toute autre personnalité, à exprimer leurs opinions politiques en public et à dénoncer leur patrie. »

Un traitement tout aussi brutal a été réservé aux cinéastes russes, qui ont effectivement été interdits de festivals internationaux de cinéma, et aux athlètes, qui se sont vus interdire de participer aux Jeux paralympiques, à la Coupe du monde de football et à d'autres compétitions sportives. Les détaillants d'Amérique du Nord et d'Europe ont retiré les produits russes de leurs rayons. Une université italienne est allée jusqu'à tenter d'interdire un cours de littérature basé sur les romans de Fiodor Dostoïevski, romancier russe mort en 1881 après avoir écrit des œuvres emblématiques de la littérature mondiale comme ‘Crime et châtiment’ et ‘Les Frères Karamazov’. L'université de Milano Bicocca n'a cédé qu'après un tollé général.

Cette campagne chauvine est menée par une partie de la classe moyenne supérieure infectée par la fièvre de la guerre. Des médias, des universitaires et des scientifiques qui devraient être mieux informés ont avalé la propagande pro-guerre de l’impérialisme américain et des puissances de l'OTAN, selon laquelle le monde était un paradis pacifique jusqu'à ce que le génie du mal Vladimir Poutine envoie des troupes russes en Ukraine le 24 février 2022. Ils ont applaudi les sanctions imposées à la Russie, qui équivalent à une guerre économique et dévasteront la population, et applaudi le renforcement militaire massif des puissances de l'OTAN dans toute l'Europe de l'Est.

Il ne semble être venu à l'esprit d'aucun d'entre eux qu'il existe une base de principe, de gauche, pour s’opposer à l’invasion réactionnaire de l'Ukraine par Poutine, qu’il a justifiée en invoquant le chauvinisme russe de droite.

Cette opposition, enracinée dans la lutte pour unifier les travailleurs en Ukraine, en Russie et au niveau international dans un mouvement anti-guerre mondial, n'exige pas que l’on s’adapte aux intérêts prédateurs des puissances impérialistes ou que l'on dissimule le rôle du fascisme en Ukraine. Cela ne nous oblige pas à garder un silence honteux sur le fait que parmi les alliés des puissances de l'OTAN dans leur bataille pour une “Ukraine démocratique et indépendante” se trouvent des nationalistes d'extrême droite et des fascistes dont les ancêtres politiques ont collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Parmi ces couches complaisantes de la classe moyenne, aucun examen critique de ces questions historiques et politiques soulevées par la guerre Ukraine-Russie n'est autorisé. Comme le notait hier le ‘World Socialist Web Site’,

« ... [D]ans les reportages sur le conflit, la distinction entre journalisme et propagande a été effacée. Tout est présenté en noir et blanc, et les médias ne laissent aucun espace au cerveau pour travailler. Selon le récit universel, la Russie a envahi l'Ukraine parce qu'il y a un monstre appelé Poutine, tout comme il y avait des monstres nommés Saddam Hussein, Oussama Ben Laden et Slobodan Milosevic.

» Les universitaires érudits, – même ceux qui se sont attaqués pendant des décennies au problème complexe de la causalité historique, – sont dans un état d'effondrement intellectuel et se contentent de laisser CNN, MSNBC et, bien sûr, le New York Times, penser pour eux. »

En écoutant les conférences des directeurs de compagnies d’opéra, des responsables sportifs et des universitaires qui tentent de justifier le bannissement de tout ce qui est russe, on ne réaliserait jamais que l'impérialisme américain et ses alliés de l'OTAN ont mené une guerre ininterrompue au cours des trois dernières décennies. Aucune de ces personnes ou institutions n'a demandé aux musiciens ou artistes américains de répondre des horribles crimes de guerre des administrations Clinton, Bush ou Obama, notamment le bombardement sauvage de la Serbie, l’invasion de l’Irak, les programmes de torture dans les ‘black sites’, les assassinats du “mardi de la terreur” et le massacre de civils en Afghanistan, en Libye, en Syrie et ailleurs.

Aucun artiste qui a accepté un prix du gouvernement américain, qui s'est produit à la Maison Blanche ou qui a servi de conseiller universitaire ou scientifique au gouvernement n'a été menacé d'exclusion et de la fin effective de sa carrière professionnelle en raison des guerres de pillage de l'impérialisme américain, qui, selon des estimations prudentes, ont entraîné la mort de quelque quatre millions de personnes.

Bon nombre des mêmes personnes qui s'emploient à attiser l'hystérie antirusse n'ont pas été moins véhémentes dans leurs dénonciations des interdictions imposées aux universitaires israéliens pour protester contre l’oppression brutale des Palestiniens par le régime sioniste. Dans la bande de Gaza, la population appauvrie est confrontée à la violence aveugle de l'armée israélienne dans des conditions que les organisations humanitaires ont comparées à une prison à ciel ouvert. Pourtant, lorsque les partisans de la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) demandent la suspension des liens avec les universitaires israéliens et l'interdiction des produits israéliens, ils sont régulièrement vilipendés comme “antisémites”. En 2019, 27 États américains avaient adopté des lois interdisant aux agences gouvernementales et aux employés de faire des affaires avec toute personne soutenant le boycott d'Israël.

Les couches pro-guerre de la classe moyenne supérieure ne voient rien de mal dans ces deux poids deux mesures grossiers, car elles ont depuis longtemps fait leur paix avec l'impérialisme américain et européen. Pendant la guerre aérienne de l'OTAN contre la Serbie en 1999, au cours de laquelle l'armée de l'air allemande a participé pour la première fois à une guerre depuis la Seconde Guerre mondiale, il ne manquait pas d'intellectuels et d'anciens politiciens radicaux prêts à justifier le massacre d’hommes, de femmes et d’enfants serbes par un blabla hypocrite sur la protection des “droits de l'homme” par les avions de guerre de l'OTAN.

Expliquant les racines matérielles de ce phénomène, le président du comité de rédaction de WSWS International, David North, écrivait en 1999 :

« La structure sociale et les relations de classe de tous les grands pays capitalistes ont été profondément affectées par le boom boursier qui a débuté au début des années 1980. La hausse constante de la valeur des actions, et en particulier l'explosion des valorisations boursières depuis 1995, a permis à une partie importante de la classe moyenne, – en particulier parmi l’élite professionnelle – d’accéder à un degré de richesse qu’elle n'aurait pu imaginer au début de sa carrière. Ceux qui se sont effectivement enrichis représentent un pourcentage relativement faible de la population. Mais en termes de fortune, les “nouveaux riches” représentent une strate sociale importante et politiquement puissante. » [‘After the Slaughter : Leçons politiques de la guerre des Balkans’, inclus dans ‘A Quarter Century of War : The US Drive for Global Hegemony, 1990-2016’].

Cette couche sociale est maintenant déterminée à fournir la justification idéologique d’une guerre catastrophique entre l’alliance de l’OTAN dirigée par l'impérialisme américain et la Russie, – un conflit qui serait mené avec des armes nucléaires. En effet, la sauvagerie de la campagne anti-Russie qu'ils mènent ne peut être comparée qu'à la diabolisation des nations ennemies en état de guerre.

Même le quotidien canadien de droite National Post, qui soutient fermement la campagne de guerre de l’OTAN contre la Russie, a écrit quelque peu nerveusement vendredi :

« Tout cela ressemble un peu aux premiers mois de la Première Guerre mondiale, lorsque le Canada et l’Empire britannique au sens large ont fébrilement renommé tout ce qui avait ne serait-ce qu'un soupçon d’association avec l'Allemagne. Berlin, en Ontario, a été rebaptisée Kitchener. Les communautés albertaines de Bingen, Carlstadt et Dusseldorf ont toutes reçu des noms plus patriotiques. Et la famille royale a même changé son nom, passant de la Maison de Saxe-Cobourg et Gotha à la très britannique Maison de Windsor. »

Mais si la fièvre de la guerre a une emprise ferme sur les couches privilégiées de la classe moyenne, la crise actuelle est perçue très différemment par la grande masse de la population, – la classe ouvrière. Après trente ans de guerre sans fin et une baisse constante de leur niveau de vie, les travailleurs n'ont aucune envie d'être entraînés dans une conflagration mondiale désastreuse. Et après plus de deux ans d'une pandémie dans laquelle les travailleurs ont été forcés par les gouvernements du monde entier à sacrifier leur santé et leur vie pour protéger les profits des entreprises, ils traitent avec scepticisme ou carrément avec mépris les prétentions de l'élite politique et de ses acolytes de la classe moyenne supérieure à se battre pour la “démocratie” et au nom du “monde libre”.

La tâche critique consiste maintenant à transformer cette opposition latente à la guerre au sein de la classe ouvrière internationale en une lutte politique consciente pour le socialisme.

Jordan Shilton

_________________________

 

 

Éruption belliciste à Washington D.C.

Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine entre dans son 10e jour, le conflit s’intensifie rapidement. Alors que l’armée russe poursuit son avancée vers la capitale ukrainienne, Kiev, les demandes d’intervention militaire directe des États-Unis pour viser les forces russes en Ukraine se multiplient.

Jeudi, le sénateur américain Lindsay Graham, un influent sénateur républicain, a appelé à l’assassinat du président russe Vladimir Poutine.

« Y a-t-il un Brutus en Russie ? », a demandé Graham, faisant référence à l’assassinat de l’empereur romain Jules César par Marcus Brutus et prônant ainsi ce qui est, selon le droit international, un crime de guerre.

« La seule façon de mettre fin à cela est que quelqu’un en Russie élimine ce type. Vous rendriez un grand service à votre pays et au monde entier. »

Les commentaires de Graham n’étaient que l’exemple le plus extrême d’une clameur qui croît au sein de l’establishment politique américain en faveur d’une plus grande escalade militaire. Nombre d’entre eux ont appelé à la destruction de tous les avions russes qui opèrent au-dessus de l’Ukraine, ce qu’ils appellent imposer une « zone d’exclusion aérienne » (‘no-fly zone’). « Le débat sur la zone d’exclusion aérienne en Ukraine s’intensifie », écrit ‘The Hill’.

« C’est le bon moment pour renouveler mon appel à une zone d’exclusion aérienne, à l’invitation du gouvernement ukrainien. Je crains que si cela continue, nous devions intervenir de manière plus importante », a tweeté Adam Kinzinger (républicain d’Illinois), un pilote de la Garde nationale aérienne, quelques heures après l’appel de Graham.

Le sénateur Roger Wicker (républicain du Mississippi), qui siège à la commission des forces armées du Sénat, a déclaré au ‘Huffington Post’ qu’une zone d’exclusion aérienne devrait être « sérieusement envisagée ».

Dans un message préenregistré, le président ukrainien Zelenski a qualifié l’OTAN de « faible », parce qu’elle n’a pas imposé la zone d’exclusion aérienne, affirmant :

« L’OTAN a sciemment approuvé la décision de ne pas fermer le ciel de l’Ukraine. Nous pensons que les pays de l’OTAN eux-mêmes ont créé un récit selon lequel la prétendue fermeture du ciel au-dessus de l’Ukraine provoquera une agression directe de la Russie contre l’OTAN.

» Toutes les personnes qui mourront à partir de ce jour mourront aussi à cause de vous, à cause de votre faiblesse, à cause de votre manque d’unité. »

Pour l’instant, la Maison-Blanche et l’OTAN ont déclaré qu’ils n’envisageaient pas d’imposer une zone d’exclusion aérienne et d’entrer ainsi dans un conflit militaire direct avec la Russie, une grande puissance dotée de l’arme nucléaire.

« Cela signifierait essentiellement que l’armée américaine abattrait des avions, – des avions russes. C’est définitivement une escalade. Cela nous mettrait potentiellement dans une situation de conflit militaire avec la Russie. Ce n’est pas quelque chose que le président veut faire, Nous n’allons pas avoir une guerre avec la Russie avec des troupes américaines. » (Jen Psaki, porte-parole de la Maison-Blanche, sur MSNBC lundi.)

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a fait écho à ces déclarations, en disant : « L’OTAN est une alliance de défense… L’OTAN ne cherche pas à entrer en guerre avec la Russie. »

Si les premiers appels à un affrontement direct émanaient des républicains, ils ont été repris par des membres du Parti démocrate.

Le lieutenant-colonel Alexander Vindman, un démocrate et une figure clé de la première destitution du président américain Donald Trump, a approuvé les déclarations de Kinzinger, bien qu’il soit venu à côté d’une légende de CNN qui avertit que la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pourrait conduire à une «guerre à part entière».

« Il met certainement en évidence un point intéressant », a déclaré Vindman à propos de Kinzinger. « Il n’existe pas d’option sans risque, à ce stade. Il n’y a que des options calibrées et informées des risques

L’ancien secrétaire à la Défense Léon Panetta, également démocrate, a déclaré à ‘The Hill’ que

« l’option d’une zone d’exclusion aérienne ne devrait pas être retirée de la table.

» Je pense simplement que c’est important de protéger en quelque sorte toutes vos options. Et même si elles se sont exprimées publiquement, je soupçonne que certaines personnes réfléchissent encore à une approche plus limitée si elle est nécessaire. »

Le général de brigade à la retraite Kevin Ryan a déclaré à ‘The Hill’ qu’il avait « suggéré » que

« les États-Unis et l’OTAN pourraient établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la partie occidentale du pays où les troupes russes ne sont pas arrivées ».

Au cours du week-end, le général quatre étoiles de l’armée de l’air américaine, Philip Breedlove, qui a dirigé les forces américaines en Europe et a occupé le poste de commandant suprême des alliés de l’OTAN de 2013 à 2016, a exigé que les États-Unis et l’OTAN établissent une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. Il a admis que cela constituerait « un acte de guerre » contre la Russie.

Foreign Policy : « Pourtant, malgré tout cela, vous avez dit que vous soutiendriez réellement l’idée d’une zone d’exclusion aérienne »?

Breedlove : « Allons-nous rester assis et regarder une puissance mondiale envahir, détruire et subjuguer une nation souveraine ? Allons-nous simplement regarder ? »

Breedlove a poursuivi en expliquant exactement ce que cela signifierait:

« On met une zone d’exclusion aérienne dans l’est de l’Ukraine et nous allons faire voler des avions de la coalition ou de l’OTAN dans cette zone d’exclusion aérienne. Nous devons alors éliminer toutes les armes qui peuvent tirer dans notre zone d’exclusion aérienne et causer des dommages à nos avions. Cela signifie donc bombarder les radars et les systèmes de missiles ennemis de l’autre côté de la frontière. Et vous savez ce que cela signifie, non ? C’est l’équivalent d’une guerre. Donc, si nous déclarons une zone d’exclusion aérienne, nous devons supprimer la capacité de l’ennemi à tirer dans notre zone d’exclusion aérienne et à la perturber. »

D’autres appels à l’escalade militaire sont venus du Washington ‘Post’ sous la forme d’un éditorial.

 « Hélas, les Russes gagnent du terrain dans le sud du pays, le long de la côte de la mer Noire, menaçant de couper les forces ukrainiennes. Raison de plus pour que les États-Unis et les alliés européens accélèrent […] l’armement de son armée, sinon Poutine va réellement l’emporter. »

Ces déclarations extrêmement belliqueuses interviennent dans un contexte de renouveau des avertissements sur la dangerosité de la situation.

« L’alerte nucléaire de la Russie signifie que l’OTAN doit faire preuve de prudence », note une colonne du ‘Financial Times. [...]  « dans le « scénario actuel, les dirigeants russes sont les plus susceptibles d’utiliser une arme nucléaire tactique pour empêcher ou mettre fin à l’intervention de l’OTAN.

» Les dirigeants russes, par exemple, pourraient considérer les volontaires des pays de l’OTAN qui s’infiltrent en Ukraine comme des avant-gardes secrètes en vue d’une intervention à grande échelle. Ils pourraient considérer les convois d’armes en provenance des pays de l’OTAN vers l’Ukraine comme l’équivalent fonctionnel d’une intervention. »

L’article concluait : « Si les dirigeants occidentaux n’ont vraiment pas l’intention d’intervenir, ils devraient s’assurer que leurs forces agissent de manière à en convaincre les dirigeants russes. Le monde pourrait en dépendre. »

En réalité, Washington prend des mesures extraordinairement provocatrices, cherchant non pas un règlement négocié pour mettre fin au conflit, mais à l’intensifier et à l’enflammer.

Vendredi, ‘Voice of America’, une radio publique des États-Unis a publié un article intitulé « Des vétérans américains se portent volontaires pour combattre en Ukraine », qui rapporte:

« Un représentant de l’ambassade d’Ukraine à Washington a déclaré à VOA que 3.000 volontaires américains ont répondu à l’appel de la nation pour servir dans un bataillon international qui aidera à résister aux forces d’invasion de la Russie. »

L’article a ensuite été supprimé sans explication.

André Damon

☐ ☆ ✇ Dedefensa.org

Lavrov veut la signature de Blinken

Par : info@dedefensa.org — 6 mars 2022 à 00:00

Lavrov veut la signature de Blinken

• La crise de la guerre de l’Ukraine, ce que nous nommons ‘Ukrisis’ a désormais très largement débordé de la seule Ukraine. • Un des accélérateurs sinon l’accélérateur principal de cet élargissement et de cette diffusion, c’est la puissance du système de la communication. • Ici, c’est l’intervention de cette ‘Ukrisis’ dans les négociations pour une nouvelle version du traité JCPOA (traité nucléaire avec l’Iran). • C’est M.K. Bhadrakumar, un des commentateurs essentiels du moment, qui décrit l’utilisation de ‘Ukrisis’ par les Russes contre les USA.

Deux constats à faire dans le déluge qu’a provoqué la guerre de l’Ukraine, dans tous les domaines :
• Toutes les formes du système de la communication sont affectées, y compris les plus symboliques, qui sembleraient à première vue n’avoir pas d’effets politiques essentiels ;
• des événements politiques sans rapport avec la guerre de l’Ukraine sont affectés, dès lors qu’un des acteurs majeurs (direct ou indirect) de ce conflit est impliqué ;
• il s’agit donc d’une “guerre de communication totale”, qui étend ce caractère de totalité aux autres formes guerrières (par exemple la « guerre économique totale » du ministre français Lemaire qui parle bien vite pour son âge), qui constitue selon l’affirmation déjà avancée plusieurs fois et de plus en plus évidente la véritable “Troisième Guerre mondiale”, la “Troisième Guerre mondiale” ouverte et effective dont les deux protagonistes antagonistes, si l’on veut la considérer de la plus grande hauteur et au plus haut niveau, sont le Système (les globalistes) et l’antiSystème (disons les anti-globalistes), avec des variations de position des acteurs selon les circonstances.

Un exemple est donné par le commentateur et ancien diplomate indien M.K. Bhadrakumar, qui est une référence et un point de ralliement des antiSystème qui passent donc, avec le naufrage absolu de toute la presseSystème et grâce à cette trouvaille libératrice qu’est la censure, de la position marginale de “dissidents” à celle d’antagonistes directs. Nous avons déjà commencé à identifier cette position de Bhadrakumar, ce passage de l’humeur de commentateur avisé mais se voulant très modéré, à celle d’un “spectateur [très] engagé” à l’heure où cet engagement, parce qu’il se manifeste dans le système de la communication, est le plus puissant qu’on puisse concevoir :

« Bhadrakumar, on le sent  derrière son langage clair et très policé, est envahi d’une saine colère, celle qu’éprouve la Sagesse lorsqu’elle croise la Bêtise. Le comportement occidental, le soutien presque illuminée, presque religieux-hystériques apporté à un pouvoir dont la composante nazie est très largement documentée, tout cela commence à susciter des remous considérables, surtout dans des régions qui ont eu à subir de la part du bloc-BAO, à de multiples reprises, cette sorte d’attaques illégales que le susdit-bloc dénonce hystériquement chez les Russes après avoir tant fait pour que cela se produise. »

Dans le texte de M.K. auquel nous nous référons ici, qui porte sur la négociation finale du JCPOA (le traité avec l’Iran portant sur le nucléaire notamment, en cours d’actualisation post-Trump), on trouve un traitement complètement tourné sur un “détail“ qui met aux prises Lavrov et les USA dans la personne de Blinken. Il s’agit, alors que l’on approche du bouclage du texte du nouveau traité, où les Iraniens estiment avoir satisfaction, d’une nouvelle exigence russe concernant l’officialisation solennelle et bilatérale (avec les USA) concernant le commerce, les investissements et la coopération militaire avec l’Iran qui doivent être à nouveau autorisés (pour la Russie, comme pour les autres parties)... Cela (l’exigence russe), parce qu’entretemps sont apparues les énormes sanctions imposées à la Russie dans le cadre de la guerre de l’Ukraine.

« [...L]a Russie a mis en avant une nouvelle exigence à Vienne, à savoir que son commerce, ses investissements et sa coopération militaire avec l'Iran ne seront pas entravés par les sanctions américaines. La Russie demande des garanties écrites à cet égard au plus haut niveau de l'administration Biden. Apparemment, la Russie a formulé cette demande il y a quelques jours.

» Il y a quelques heures dans la soirée, le ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov a confirmé cette évolution. Lors d'une conférence de presse à Moscou, Lavrov a expliqué que, dans le contexte des dernières sanctions occidentales, la Russie souhaite obtenir une "réponse très claire" des États-Unis dans le cadre des relations bilatérales entre Moscou et Téhéran et de l’accord sur le nucléaire iranien.

» Selon Lavrov, “nous avons besoin de garanties que ces sanctions n'affecteront en aucun cas les relations commerciales, économiques et d'investissement contenues dans le plan d'action global conjoint pour le programme nucléaire iranien. Nous avons demandé à nos homologues américains, qui font la loi ici, de nous donner des garanties, au moins au niveau du secrétaire d'État, [que] le processus actuel lancé par les États-Unis n’affectera en aucun cas notre droit à une coopération libre et totale avec l'Iran dans les domaines du commerce, de l’économie, des investissements, de la défense et de la technique.” (C’est nous [l’auteur] qui soulignons). »

Lavrov a développé, en explicitant plus encore le cas, une logique ironique qui souligne l’aspect pathétique de la démarche des gens du bloc-BAO emportés dans un extrémisme frisant la démence. On observera combien le côté censé être dirigé par un “fou” (une des analyses psycho-stratégiques les plus prisées par les experts-sachants occidentaux) dissimule avec un bonheur certain, notamment l’usage de l’ironie (« [les US] qui font la loi ici »), l’agitation et l’incohérence qui caractérisent cet état pathologique. Du côté complètement “à l’Ouest” où vogue le bloc-BAO, il y a de quoi “devenir dingue”, selon le citation fameuse d’un des “premiers parmi tous les Français” : l’arme absolue et diabolique des Russes serait-elle de parvenir à complètement dissimuler leur folie jusqu’à penser et agir comme s’ils n’étaient nullement fous mais au contraire pleins de contrôle d’eux-mêmes ? On s’interroge...

« Lavrov a calmement souligné que les sanctions contre la Russie créent un “problème” du point de vue de Moscou. Il a noté avec sarcasme : “Tout aurait été parfait, mais l'avalanche de sanctions agressives qui a déferlé de l'Ouest, – et qui, d'après ce que j'ai compris, n'a pas encore cessé  – exige une compréhension supplémentaire de la part des hommes de loi, avant tout”.

» Lavrov a encore insisté : “Nous voulons une réponse, –  une réponse très claire, – nous avons besoin d'une garantie que ces sanctions [américaines] ne toucheront en aucune façon le régime des relations commerciales, économiques et d’investissement qui est prévu dans le Plan d'action global conjoint”. »

Or, dans cette atmosphère enfiévrée sauf pour les Russes qui ironisent, une personne surtout insiste fiévreusement pour une signature du JCPOA et une rapide mise en application. Il s’agit de rien de moins que le président Biden qui, toute honte bue, achèterait bien une bonne grosse pinte de bon pétrole iranien.

« Mais aujourd'hui, la personne la plus impatiente de conclure l'accord à Vienne n’est autre que le président Joe Biden lui-même. Après avoir fait dérailler la relation énergétique entre la Russie et l'Europe, Biden constate que les prix du gaz s'envolent en Europe et que Washington n'a pas de solution à la grave situation qui se développe. Le prix du gaz sur le marché au comptant a atteint huit fois le prix auquel la Russie fournissait l'Allemagne. (La Russie a annoncé qu'à partir de jeudi, elle a fermé le gazoduc Yamal-Europe, qui est la route principale transportant le gaz vers le marché allemand). »

Comme nous l’explique Bhadrakumar, la situation énergétique est partout catastrophique (sauf en Russie, et par conséquent en Chine). Elle l’est pour les grandes compagnies pétrolières occidentales obligées de quitter la Russie en quatrième vitesse, et y laissant leurs culottes variées, investissements et déploiement technologiques en divers millions/milliards, en euro, en dollars et le reste, – Shell, BP, Exxon-Mobil, Total, etc. Pendant ce temps, le prix du baril monte, monte, monte comme une marée furieuse, vers les premiers embruns de la récession globale... Le reste s’enchaîne dans cette description détaillée de Bhadrakumar, s’attardant aux déboires extraordinaires des sanctionneurs en train de découvrir que la monnaie de leur pièce tend à largement dépasser le montant de la pièce...

« Outre les pertes que subiront ces entreprises [occidentales], qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, leur retrait mettra à mal la capacité de la Russie à maintenir des niveaux de production aussi élevés et à continuer de respecter ses engagements dans le cadre de l'accord OPEP+. Or, le marché mondial du brut, déjà tendu, – le Brent a dépassé les 115 dollars le baril jeudi en début de séance, – ne peut se permettre de subir les conséquences des sanctions contre la Russie. De toute évidence, les prix du brut ne peuvent qu'augmenter à partir de maintenant. Si le prix du pétrole atteint 125 dollars le baril, l’économie américaine entrera en récession.

» Pour résoudre le problème des prix élevés en Europe, Biden a récemment ravalé sa fierté et a mentionné l'achat de pétrole iranien bon marché comme réponse. Les analystes occidentaux estiment que Biden est d'humeur à apaiser les “faucons iraniens” à Vienne. En d'autres termes, les États-Unis ont désespérément besoin d’un accord énergétique lucratif et de la coopération iranienne à Vienne. Les observateurs israéliens craignent que l’administration Biden n’aille de l'avant en assouplissant ou en levant les restrictions sur les exportations de pétrole iranien sans même signer les accords de Vienne !

» L'une des principales raisons de cette panique est que l'administration Biden est profondément préoccupée par la forte augmentation des prix des carburants aux États-Unis ces derniers temps. Mais d’un autre côté, tout apaisement américain visible envers l'Iran à ce stade critique sera un signe de faiblesse, et Biden fera certainement l'objet de critiques acerbes dans l'opinion publique.

» En effet, Lavrov a pris en compte tous ces développements tout en exigeant qu'Antony Blinken donne “au moins” une garantie écrite. Moscou se venge de la grossièreté de Blinken. Bien sûr, Biden perdra la face s'il cède publiquement. Bien sûr, le plus terrible sera que non seulement cela créera un précédent, mais que cela tournera en dérision la militarisation du dollar par les États-Unis !

» Les Européens doivent eux aussi se demander ce qui se passe. Ils ont sacrifié passivement leurs intérêts personnels vis-à-vis de la Russie sur la base des exigences de Biden ! Nord Stream 2 est abandonné !

» Il s’agit d'une situation sans issue. En effet, le feu vert de la Russie est un impératif pour que l'accord JCPOA soit approuvé dans le cadre de la commission conjointe de l'Iran et du quintette international (Russie, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et France). »

Les sanctions modèle ‘blowback

Bhadrakumar termine son article en mettant en évidence combien les Occidentaux se trouvent d’ores et déjà dans les eaux saumâtres du contrecoup (‘blowback’) des énormes sanctions imposées à la Russie ; par simples logique, on avancera l’hypothèse que ce contrecoup risque d’être “énorme”, et même plus encore... (On attend donc « l’effondrement de l’économie russe » comme on attend Godot.).

On en arrive même à l’hypothèse, d’ores et déjà chuchotée sur un mode assourdissant, que les USA, conduit par un Biden plus américaniste que jamais, pourrait bien être de sonder Moscou pour quelque possibilité d’arrangement ici ou là. Bref, il est temps que les Russes envisagent d’accomplir leur devoir sacré de sortir les États-Unis du marigot catastrophique où ils risquent de sombrer dans cette aventure.

Quant aux Européens ? Dans l’éventualité de l’un ou l’autre néo-modus vivendi de cette sorte, il ne leur reste qu’à regarder le train passer, comme d’habitude sans s’arrêter à la gare où ils l’attendent.

« Il est certain que le contrecoup des sanctions américaines a commencé. Ce n’est bien sûr que le début. Faites confiance à la Russie pour monter de plus en plus haut dans l'échelle de l'escalade. La Russie n'aurait aucune raison concevable de coopérer avec les États-Unis à partir de maintenant. (Voir mon texte du 1er mars 2022)

» Toutefois, si l’on se fie à la chronique des relations russo-américaines, il faut se fier à Biden pour commencer à solliciter Moscou par des voies détournées.

» En fait, en réponse à une question posée lors d'un point de presse à Moscou aujourd’hui soir [5 mars] sur l’état actuel des relations russo-américaines au vu de l'évolution de la situation en Ukraine et de la pression des sanctions, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Pechkov, a fait remarquer de manière énigmatique que “nous maintenons certains canaux de dialogue avec les Etats-Unis”. Il n'a pas donné de détails. »

Catastrophe globale

On voit combien le cadre s’élargit, à partir des soubresauts ukrainiens, pendant que les populations européennes, sous la conduite éclairée de leurs dirigeants construisant l’avenir selon la perspective radieuse de la peur à tous les étages et à toutes les étapes, évoluent dans l’aveuglement à la fois imposé et volontaire, le plus complet. On va du traité JCPOA avec l’Iran aux soubresauts de l’américanisme avec l’instabilité extrême de l’attitude de Joe Biden, détestant les effets que peuvent susciter à l’intérieur de son territoire les explosions extérieures, donc victime de ce qui promet d’être selon une paraphrase ironiquement grinçante “les effets dévastateurs des causes qu’ils ont tant chéries”... Encore n’évoque-t-on pas ce que pourraient être les réactions d’Israël, dont le Premier ministre vient de passer à Moscou pour saluer Poutine, si les USA pressaient le pas, éventuellement en lâchant encore un peu de lest en échange de pétrole iranien “bon marché”.

Soubresauts pour soubresauts, nous restons bien dans l’‘Ukrisis’ ukrainienne mais nous nous trouvons d’ores et déjà dans ses conséquences extérieures. C’est un développement sans surprise dans notre jugement et notre prospective automatique, mais néanmoins considérable dans son opérationnalité

Le rythme de l’enchaînement lui-même est donc stupéfiant dans ce qu’il nous dit de la puissance des événements, il est comme ordonné par une main de maître, animé là-haut du côté de l’Olympe ; et en supplément, enchaînement auquel les ‘Master of the Universe’ ne comprennent rien sinon qu’il est impénétrable, et cela les conduisant à songer à l’embrasser pour ne pas être étouffés ; et cela, pire encore, les conduisant à avancer à chaque soubresaut de nouvelles narrative.

L’enchaînement considéré dans toute son ampleur, c’est bien ceci : nous allons sans interruption des catastrophes américanistes de Trump à Biden en passant par la pandémie du wokenisme s’étendant à tout le bloc-BAO, à la crise covidienne gérée de main de masque par des prédateurs fous, avec quelques catastrophiques à-côté comme le fascisme à-la-Trudeau face au ‘Convoy of Freedom’ ; pour nous retrouver avec la guerre de l’Ukraine aux innombrables conséquences déjà en marche ou à venir. Qui ne voit que tout cela est relié par un fil aussi rouge qu’un éruption volcanique ?

En moins allégorique, disons ceci : qui ne voit surtout la croissante internationalisation-globalisation de ces crises qui s’enchaînent ? Leur principal caractère, expliquant cet aspect, c’est leur extrême rapidité de développement et donc de diffusion, à cause de la puissance de la communication qui s’affirme à chaque crise davantage, qui affirme son omnipotence dans la définition de la puissance. Nous tenons là le moteur phénoménal de l’événement caractérisant cette séquence absolument extraordinaire, qui nous fait évidemment penser que nous sommes entrés dans le cœur grondant de la Grande Crise de l’Effondrement du Système. L’on devrait même songer à considérer le système de la communication dans sa puissance et son accélération à la fois comme une sorte de geste divin destiné effectivement à nous faire parvenir à ouvrir la porte vers tous les possibles, jusqu’aux fameux ‘unknown unknowns’ de Rumsfeld.

 

Mis en ligne le 6 mars 2022 à 19H20

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Ukrisis-6 : “Un avis équilibré”

Par : info@dedefensa.org — 9 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-6 : “Un avis équilibré”

La campagne de désinformation des médias de l’anglosphère actuellement menée à propos de l'intervention russe en Ukraine est d'un niveau qui dépasse la distorsion maximale. Elle semble être magnifiquement bien coordonnée par une autorité de commandement centrale.

Il y a des clips d'un jeu vidéo qui revendiquent 22 millions de vues, censés représenter un avion russe abattu, une explosion de gaz à Tianjin, en Chine, qui passe pour une frappe aérienne russe sur des infrastructures civiles. Un clip télévisé d'une manifestation autrichienne d'art de rue contre le changement climatique est présenté comme étant celui de civils morts dans des sacs mortuaires, tués par l'artillerie russe effrénée et aveugle. Des images d'une femme en bandages sur les couvertures de magazines européens, qui s'avèrent être truquées car la femme n'est ni blessée ni une civile mais un membre des services de sécurité ukrainiens, payé pour se déguiser en acteur de crise. Sur Twitter, nous voyons le visage d'un homme dont CNN a montré qu'il était déjà mort en Syrie et maintenant de nouveau à Kiev.

Avant que RT ne soit retiré du système de la communication au Royaume-Uni et dans les pays de l'Union européenne, vous pouviez regarder ses émissions et penser que la Fédération de Russie était en train de gagner cette intervention. Passez deux chaînes plus loin à CNN et vous pensiez que la Fédération elle-même était détruite et que les forces armées ukrainiennes étaient à quelques kilomètres des portes de Moscou, avec le président Poutine en fuite.

Comment est-il possible que, lorsque les deux médias rapportent et analysent le même événement, le résultat présenté soit si diamétralement opposé ?

Ici, dans la République indienne, nous sommes loin de ce chaos et de cette destruction, et, puisque ni RT ni CNN ne sont interdits, nous pouvons regarder les deux présentations pour essayer de nous faire une opinion sur ce qui se passe là-bas.

Nous aimons nous considérer comme neutres et nous placer au-dessus de tout cela, en regardant la chose comme une sorte de divertissement, en attendant de savoir de quel côté penchera la balance avant d'engager notre précieux dialogue intellectuel pour émettre une opinion en faveur du camp gagnant. Nous voyons cela comme un jeu. Un jeu sur lequel nous nous prononçons en essayant de montrer notre grande compréhension intellectuelle et notre empathie pour celui qui “gagne” ou “perd” ; parce que, comme je l'ai dit : pour nous, ce n'est qu’un film de cinéma, un “passe-temps”.

Mais est-ce vraiment le cas ? N’est-ce pas vraiment plus proche de vous que vous ne le pensez ? Nous voyons maintenant des vidéos d'innombrables étudiants indiens, pour la plupart des enfants, qui sont coincés dans un isolement total dans une zone de guerre et privés de toute information crédible et de conseils de la part des autorités ukrainiennes sur ce qu'il faut faire ensuite, car personne n'aurait jamais pu imaginer être dans cette situation en Ukraine. Nous les voyons se faire battre et frapper à coups de pied par les gardes-frontières ukrainiens alors qu'ils tentent de quitter ce territoire. Nous voyons la porte du train de la gare de Kiev se fermer devant eux au moment du départ des trains d’évacuation, puis on leur dit de marcher et, lorsqu'on leur demande pourquoi, la réponse est : « Allez demander à votre ambassade pourquoi », alors que la République indienne s'est abstenue au Conseil de sécurité ainsi qu'au vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur les motions qui tentaient d'accuser uniquement et carrément la Fédération de Russie de cette crise.

Nous voyons les images de 21 étudiants indiens et algériens tués dans les bombardements, dans des circonstances qui ne sont pas claires et qui semblent indiquer qu'ils étaient retenus en otage et ont été assassinés par les bandes armées et les milices, qui dominent maintenant en tant que seigneurs de la guerre sans foi ni loi dans tout l'Est de l'Ukraine, alors qu'ils essayaient tous deux d'exercer leurs droits de non-combattants neutres pour tenter de quitter la ville dans laquelle ils étaient piégés.

L'ambassadeur d'Ukraine à New Delhi, interrogé par la presse indienne sur ce que son gouvernement faisait pour assurer la sécurité des étudiants indiens dans son pays et sur les tentatives faites pour leur permettre de s'évacuer, a répondu très directement que la réponse était : “Rien”. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, il a fait allusion de manière très menaçante au fait que, puisque la République indienne ne prenait pas son parti dans cette affaire, l'Ukraine n'avait aucune obligation d'aider ou de protéger les citoyens indiens dans son pays. Maintenant, vous devez vous demander quel genre de chose il faut dire, surtout en tant que haut représentant diplomatique.

L'Inde, se rendant compte qu'elle avait affaire à des membres d'un gouvernement national qui n’étaient pas totalement rationnels ni normaux, a proposé d’envoyer d’énormes quantités de fournitures médicales en échange de quoi les autorités ukrainiennes feraient tout leur possible pour aider les citoyens indiens à atteindre les frontières de ses pays voisins, d’où les transporteurs de l'Indian Air Force pourraient les ramener chez eux.

Ne trouvez-vous pas tout cela étrange ? Les plates-formes de médias sociaux des hégémons américains, Facebook, Twitter, ainsi que les médias en ligne et la presse écrite du Royaume-Uni, sont inondées de déclarations qui frôlent la folie clinique et étouffent toute demande qui met en doute la véracité, c'est-à-dire la qualité de l'exactitude ou la vérité des informations qui vous sont présentées. Où est cette “opinion équilibrée” que l'on nous a appris à toujours rechercher comme une marque des “valeurs occidentales” ? Comment sommes-nous censés atteindre ce juste milieu, si nous ne sommes même pas autorisés à former une opinion qui s'écarte des thèmes distribués par le ‘Corporate Power’, en tant que “valeurs partagées”.

Je croyais qu'il n'y avait que la “Liberté d'expression”, les smileys et le Rock’n’Roll, et le « Monsieur Gorbatchev, démolissez ce mur ». Je pensais que c'était tout ça. Lorsque vous dites quoi que ce soit en faveur de la Fédération de Russie, on me dit : « Si vous aimez tant le communisme et la Russie, pourquoi n'allez-vous pas vivre là-bas ? ». Il y a peut-être une logique tordue dans ce sentiment, mais ne s'agit-il pas plutôt d’une déclaration qu'un idiot dément aux tendances fascistes et racistes prononcerait lorsqu'il aurait atteint la limite du discours, surtout alors que le communisme et la Russie sont deux concepts qui ne vont plus de pair. Deuxièmement, pourquoi dois-je  m’expatrier dans un pays donné pour exprimer mon opinion à partir de ma compréhension de la cause de ce bouleversement ? N’est-ce pas une chose fondamentalement raciste et dangereusement fasciste à dire, ce fait que vous peignez entièrement en noir un des côtés de cette affaire ?

Tout cela nous indique que les MSM (‘Main Stream Media’ [presseSystème], entièrement détenu par le ‘Corporate Power’) ne sont rien d'autre qu'un outil pour promouvoir une vision d'une société créée à leur propre image, – avec des esclaves et leurs maîtres. C'est ce qui s'est passé au cours des deux dernières années et demie, avec un déluge de paranoïa covidienne, qui a d'ailleurs totalement et miraculeusement disparu de nos flux d'informations et dont le nombre de variations faisait de nous des étudiants presque capables d'apprendre l'alphabet grec, voire des experts en microbiologie.

Les événements qui se déroulent en Ukraine vont changer le cours de l'histoire, car la Fédération de Russie est désormais déterminée à sauver l'humanité du Nouvel Ordre Mondial. Ils modifieront les alliances au sein du continent eurasien et entraîneront l'intégration de la Nouvelle Route de la Soie. Cela conduira à une adoption et un développement plus poussés des crypto-monnaies comme moyen d'échange et de commerce transnational et accélérera résolument l'abandon du pétrodollar. Cela libérera du joug qui les emprisonne des millions de personnes luttant pour se libérer des chaînes d'un système financier extractif, qui est lui-même au bord de l'effondrement dans des conditions de dette gravissime, d'hyperinflation imminente, de chômage mondial maniaque, de crise alimentaire entrante, de pénuries de produits céréaliers.

Donc, je reviens au point de départ de tout ceci, une opinion équilibrée. Il ne peut y avoir une vérité pour vous et une autre pour moi. Il n'y a qu'une seule vérité. Une opinion équilibrée est pour les imbéciles et les idiots qui déforment les faits pour prouver leurs dires ou qui sont trop bêtes pour lire. Il n'y a pas d'opinion équilibrée.

Ce que fait la Fédération de Russie est correct. C'est un plan d'action nécessaire. Vous pouvez être d'accord ou non, ou même accepter de ne pas être d'accord, mais le fait est que, s'ils ne faisaient pas ce qu'ils font, le monde sombrerait dans la ruine, au bord d'un conflit mondial. La vérité est de leur côté. La propagande et la stupidité sont peut-être du vôtre, mais elles ne seront pas d'une grande utilité lorsque cette intervention prendra fin. Une intervention qui est trempée dans le sang slave, loin de la sécurité de nos salons de Londres et de Kolkata.

Slava Rossiye”, – la traduction la plus proche étant, “Gloire et Longue Vie à la Russie”.

Supratim Barman

Site de l'auteur : https://skbarman.home.blog

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Notes sur les mondes autour de l’Ukraine

Par : info@dedefensa.org — 10 mars 2022 à 00:00

Notes sur les mondes autour de l’Ukraine

• La guerre de l’Ukraine est le premier champ de bataille où, malgré l’importance extraordinaires de la bataille, le principal facteur de cette bataille est, comme jamais auparavant, le “bataille de la Communication”. • C’est aussi la démonstration que cette “bataille”, spécialement pour ceux qui l’ont entrepris d’une façon écrasante et semblent par conséquent la dominer, est loin, très loin, de donner la victoire à ceux-là qui justement le domine. • C’est le facteur-Janus : jamais, encore une fois jamais, la communication n’a montré autant qu’elle est ontologiquement un acteur-Janus qui peut faire s’effondrer ceux-là qui l’ont déclenchée et semblent la dominer. • C’est là le point essentiel de cette “guerre de l’Ukraine”, parce qu’il intervient, non seulement en Ukraine, mais autour de l’Ukraine, dans le formidable affrontement entre ce qui se résume avec une brutalité et une clarté sans égales, à un antagonisme entre deux forces globales, dans lesquelles nous devons identifier le Système et l’antiSystème agissant en réaction. • Ce pourquoi nous pouvons dire qu’il s’agit absolument de notre Grande Crise.

10 mars 2022 (09H45) – Il nous est apparu assez rapidement qu’il y avait effectivement une “bataille de la communication” à côté de ce que l’événement impliquait d’antagonisme opérationnel... “Assez rapidement”, peut-être même dans la minute où les premiers chars russes se sont ébranlés, “peut-être même dans la minute” où Poutine commença son discours du 22 février, puis au terme, après nombre de “peut-être même dans la minute”, pour arriver à ce “peut-être même dans la minute” où commença l’attaque du 11-septembre, en notre début de siècle.

Aussitôt, nous sommes tentés de reproduire cette citation maintes fois signalée, du début de l’essai final dans le livre ‘Chroniques de l’ébranlement’ (PhG, éditions Mols, 2003), mais en la réduisant au strict aspect de la communication :

« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d'une ampleur extrêmes [l’attaque du 11-septembre], nous observions [à la télévision et en temps réel] cet événement en train de s'accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L'histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire... »

C’est bien ce que nous voulons dire : “peut-être même dans la minute” où le premier avion frappa la tour de Manhattan, il nous est apparu, consciemment ou (plutôt) inconsciemment, que cet événement, dont la puissance nous était communiquée instantanément par la puissance de la communication, que nous nous trouvions confrontés à deux perceptions dont la seconde devait être le fruit de l’effet-Janus de la communication.

 Ce phénomène des deux perceptions contraires, très vite concrétisés par la complexité et le désordre d’une multitude de faits opérationnels avec leur lot d’évidences, d’affirmations, de tromperies, de manipulations, n’a jamais été aussi instantané, lumineux et catégorique que dans cette “guerre de l’Ukraine”. Aussitôt, deux fronts s’établirent : celui de la guerre, celui de l’interprétation de la guerre. La bataille entre deux adversaires fut aussitôt doublée de la bataille entre deux “vérités”, notre tâche étant d’en faire sortir une “vérité-de-situation”.

Il doit être dit ici que nous sommes nous-mêmes engagés dans cette bataille pour la vérité-de-situation, et même nous la percevons clairement surtout parce que nous sommes arcboutés sur notre référence fondamentale, – Système contre antiSystème et ‘Delenda Est Systema’, – qui est bien au-delà, et au-dessus, du champ de la bataille. Nos lecteurs ont certainement deviné où cette vérité-de-situation pour nous se trouve. Mais nous ne voulons en aucun cas en faire état ici : notre sujet n’est pas de déterminer ce qui l’est déjà pour nous, mais bien d’observer comment cette bataille (grossièrement “entre deux ‘vérités’”) peut être réglée ; car cette bataille ne concerne pas une victoire et une défaite, mais bien une réconciliation, si cela est seulement possible, de deux perceptions sur la seule vérité-de-situation.

Le désordre : simulacre et vérité-de-situation

Aujourd’hui, nous en arrivons à une somme astronomique de perceptions d’événements, infiniment plus nombreuses que les événements observables puisqu’allant jusqu’à ce que nombre d’entre eux (l’écrasante majorité) sont fabriqués, imaginés, devinés, malaxés, distordus, etc., et sur lesquels s’affrontent en gros deux perceptions antagonistes. Il ne s’agit donc nullement de la seule propagande, mais aussi et surtout, en plus et bien au-delà de la propagande (d’une autre nature, d’une substance et d’essence différentes), il s’agit de simulacres, de narrative, engageant non pas une tromperie et une interprétation sur des faits donnés sur l’existence desquels s’accordent les deux perceptions, mais bien l’affirmation de deux mondes opérationnels différents parsemés d’événements différents.

Un exemple de l’amoncellement de ce phénomène nous est donnée par cet extrait d’un texte (d’hier 9 mars) d’un observateur indien, monsieur Subratim Barman, dont on ne doit pas cacher qu’il a sa vérité-de-situation, mais qui énumère ici un certain nombre de constituant de ce phénomène. Cette énumération est dans son chef une accusation tout à fait fondée, mais n’en retenez que l’accumulation, la complexité, le désordre en un mot :

« Il y a des clips d'un jeu vidéo qui revendique 22 millions de vues, censés représenter un avion russe abattu, une explosion de gaz à Tianjin, en Chine, qui passe pour une frappe aérienne russe sur des infrastructures civiles. Un clip télévisé d'une manifestation autrichienne d'art de rue contre le changement climatique est présenté comme étant celui de civils morts dans des sacs mortuaires, tués par l'artillerie russe effrénée et aveugle. Des images d'une femme en bandages sur les couvertures de magazines européens, qui s'avèrent être truquées car la femme n'est ni blessée ni une civile mais un membre des services de sécurité ukrainiens, payé pour se déguiser en acteur de crise. Sur Twitter, nous voyons le visage d'un homme dont CNN a montré qu'il était déjà mort en Syrie et maintenant de nouveau à Kiev... »

Et notre observateur de poursuivre, – disons, pour résumer ce qui fait que la perception publique de cette ‘Ukrisis’ est, dans nombre de pays de notre connaissance (voyez, nous ne donnons pas de précision pour n’être pas accusés de la distorsion tragique de partialité dont notre vie intellectuelle est si parfaitement exempte), – que cette situation est une catastrophe sans précédent de la perception :

« Avant que RT ne soit retiré du système de la communication au Royaume-Uni et dans les pays de l'Union européenne, vous pouviez regarder ses émissions et penser que la Fédération de Russie était en train de gagner cette intervention. Passez deux chaînes plus loin à CNN et vous penserez que la Fédération elle-même est détruite et que les forces armées ukrainiennes sont à quelques kilomètres des portes de Moscou, avec le président Poutine en fuite... »

Quelques grands thèmes du jour

On s’arrête à quelques grands thèmes, autant d’exemples par ailleurs évidents pour tous les gens sérieux, sur ces distorsion, cette dyslexie dans la lecture des nouvelle, cette schizophrénie jusqu’alors dissimulée sous les masques covidiens, ce désordre sans nom de la perception

• D’un côté, les tambours de la Résistance, voire de la contre-attaque victorieuse continuent à rouler. On engage des mercenaires qui se prennent pour les Brigades Internationales de Malraux à Hemingway, quoique parfois avec un salaire conséquent venus de leurs employeurs anglo-saxons du type SMP/ESSD, tel ‘Akademi’ qui soulève bien moins de critique morale dans nos chaumières que le Groupe Wagner russe. On ne compte plus les vidéos ad hoc à la gloire de l’Ukraine, tournées live ou en studio, peut-être bien à Hollywood mais certes pas à Bollywood où la popularité de la cause ukrainienne n’est pas évidente. Les pertes russes sont nombreuses, – chasseurs de combat abattus dans des dogfights ou brillent les pilotes ukrainiens, généraux capturés ou tués, soldats russes dont le moral tressaille ; Zelenski est salué dans les plus improbables publications par rapport à l’argument développé, comme un véritable Cyrano de Bergerac de la Résistance à cause du panache (aux dernières nouvelles, on tenterait péniblement de se rattraper), etc... Tout cela, question de perception, certes.

A côté de cela, et tout au contraire, sonnent les rumeurs de négociations, voire d’un accord possible qui passerait par les concessions imperturbablement réclamées par les Russes. Il y a beaucoup de sources à cet égard et l’on s’attachera à l’une précisément, qui nous est habituelle, qui est encore celle d’un citoyen indien, M.K. Bhadrakumar. (Dans un texte plus récent, Bhadrakumar confirme le revirement de Zelenski.)

« Contrairement aux prédictions des médias occidentaux, l'opération spéciale de la Russie en Ukraine entre dans une phase finale réussie sur le plan politique et diplomatique beaucoup plus tôt qu'on ne l'aurait pensé.

» Une lecture attentive des résultats du troisième cycle de pourparlers de paix en Biélorussie la nuit dernière montre que les négociateurs ukrainiens ont demandé un peu plus de temps pour apporter une réponse complète aux conditions russes de cessez-le-feu.

» L'Ukraine a fait part de sa volonté d'être un pays neutre, excluant toute adhésion à l'OTAN. Les principaux points d'achoppement se résument à : a) la reconnaissance de la Crimée comme faisant partie de la Russie ; et b) la souveraineté de Lougansk et de Donetsk.

» Ce sont des exigences non négociables. Mais elles constituent une pilule amère à avaler pour les dirigeants ukrainiens. La position de l'Ukraine est que ces demandes sont “pratiquement” impossibles.

» Mais, comme l'a déclaré à RT Vladimir Medinsky, chef de l'équipe russe, “à mon avis, il y a une grande différence entre impossible et ‘pratiquement impossible’... J'espère que nous finirons par trouver une solution.”

» La partie russe se sent encouragée, bien que les discussions d'hier n'aient donné aucun résultat tangible. Ils ne sont pas pressés de se lancer dans des offensives militaires majeures. »

• Un autre grand thème est l’isolement de la Russie face à la “quasi”- unanimité du reste du monde. La chose fut claironnée avec la « condamnation massive » de la Russie, par la majorité de l’Assemblée Générale de l’ONU. On oublia en général que les votes de condamnation étaient offerts en deux options : condamnation simple et condamnation + sanctions, le décompte réduisant alors considérablement la massivité de la chose en offrant le choix entre le symbole (de communication, nullement religieux) et l’action.

Depuis, des actes très concrets sont venus tempérer ce jugement global pour en autoriser un autre, – d’une perception l’autre, – notamment pour ce qui est de la position diplomatique des USA. C’est ce que montre un texte de ‘ZeroHedge.com’ qui, il faut le préciser, observe depuis le début de la crise une position pas tout à fait tranchée, mais en général critique des actions russes en Ukraine, – au travers de ses propres textes comme de ceux de l’extérieur qu’il reprend. Dans le texte cité, ‘ZeroHedge.com’ montre involontairement ce qu’il faut penser de certains votes de condamnation (symbolique, sans sanctions), puisque le Brésil a voté la condamnation sans sanctions à l’ONU :

« D’abord, le président brésilien Jair Bolsonaro a refusé de condamner l'invasion russe en Ukraine. Puis, l'Inde a fait de même, – le gouvernement Modi tentant de trouver un équilibre entre ses liens historiques avec Moscou et son partenariat stratégique avec Washington.

» Aujourd'hui, les dirigeants saoudiens et émiratis refusent de répondre aux appels de M. Biden, alors que le président américain tente de contenir la flambée des prix du pétrole, selon le Wall Street Journal, qui ajoute que les monarchies du Golfe Persique ont fait savoir “qu'elles ne contribueront pas à atténuer la flambée des prix du pétrole si Washington ne les soutient pas au Yémen et ailleurs”.

» “On s'attendait à un appel téléphonique, mais il n'a pas eu lieu”, a déclaré un responsable américain au sujet d'une discussion prévue entre Biden et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. “Cela faisait partie de l'ouverture du robinet [du pétrole saoudien]”.

» Selon des responsables du Moyen-Orient et des États-Unis, le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan des Émirats arabes unis a également refusé de parler à Biden ces dernières semaines.

» Pourtant, le prince Mohammed et le cheikh Mohammed ont tous deux pris des appels téléphoniques du président russe Vladimir Poutine après avoir refusé de parler à Biden, selon le WSJ. Ils ont également parlé avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski. »

Qui veut des MiG-29 polonais ? On solde !

Là-dessus, nous mentionnerions un autre chapitre de cette étrange aventure, où toutes les perceptions se heurtent et s’entrechoquent. Il y a d’abord l’immense mais très-résistible appel à venir au secours des Ukrainiens, par tous les moyens, mais en général surtout par celui du transfert de diverses quincailleries militaires, cela permettant à l’industrie de l’armement de “faire le job” (fournir des bénéfices aux actionnaires). Depuis plusieurs jours, lorsqu’on sent qu’il faut passer encore plus à la vitesse supérieure, on parle d’avions de combat à transférer aux Ukrainiens, sans trop s’inquiéter de savoir sur quelles bases (les Russes les ayant toutes neutralisées), dans quelles conditions (les Russes dominant totalement l’espace aérien), etc. Finalement, on finit par se dire, – “on” ? Pour nous, essentiellement les Polonais poussés par la fraction américaniste qui leur est acquise, – qu’il serait bien de transférer des MiG-29 que les pilotes ukrainiens connaissent bien.

Le secrétaire d’État Blinken leur donne “le feu vert” et les Polonais commencent alors à sérieusement réfléchir à ce que serait, selon la Russie, un “acte de guerre” (de la Pologne seule ? De l’OTAN ?). Ils se tournent vers l’OTAN et tombent sur un Stoltenberg aussi muet qu’une carpe et aussi plat qu’une limande : l’OTAN ne prend aucun risque. Ils proposent alors, les Polonais, sous l’argument qu’ils n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour cette sorte d’aventure, de transférer (“tout frais payés”, disent-ils !) les MiG-29 aux USA, exactement sur la base de Ramstein, en Allemagne, d’où pourraient être lancés les vols.

La riposte du Pentagone est foudroyante et dévastatrice, ce qui implique, d’abord qu’il y a une absence forte d’autorité centrale dans l’administration Biden où chacun fait à peu près ce qu’il veut ; surtout qu’il y a une aussi forte différence de perception entre le département d’État et le Pentagone... Bref, voici ce que dit le Pentagone, et cela est certes sévère pour les Polonais, mais surtout pour le département d’État qui a laissé passer cela...

« Quelques mots vifs et un rejet rapide de la part du Pentagone mardi soir : La perspective de voir des avions de combat “à la disposition du gouvernement des États-Unis d'Amérique” quitter une base des États-Unis et de l'OTAN en Allemagne pour pénétrer dans un espace aérien contesté par la Russie au sujet de l'Ukraine “suscite de graves inquiétudes pour l'ensemble de l'alliance de l'OTAN”, a déclaré John Kirby, porte-parole du Pentagone, au sujet de l'annonce polonaise qui a pris l'administration Biden par surprise.

» Kirby a décrit comme suit le point de vue du Pentagone sur la déclaration faite par la Pologne, plus tôt dans la journée, selon laquelle elle enverrait tous ses jets MiG-29 de fabrication russe à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, afin que les États-Unis puissent les transférer plus loin en Ukraine :

» “Il n'est tout simplement pas clair pour nous qu'il y ait une justification substantielle pour cela”, a-t-il ajouté, soulignant que la proposition “montre juste certaines des complexités que cette question présente”.

» “Nous continuerons à consulter la Pologne et nos autres alliés de l'OTAN sur cette question et les difficiles défis logistiques qu'elle présente, mais nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit défendable”. »

... Ce même département d’État aussitôt mis en mode hyper-‘damage control’ avec une Victoria Nuland qui était prévue en audition au Congrès, et qui vient soi-disant en ayant appris la nouvelle sur le parcours vers le Congrès ; et la voilà aussitôt au charbon pour dédouaner son ministère sur ordre de Blinker, en affirmant sa complète “surprise”, – ce dont nous nous permettrons de douter, dans tous les cas pour son compte personnel...

Enchaînement : autorisation aux Polonais du département d’État sur pression du clan Nuland, manœuvre de défausse des Polonais (transmission de la “patate chaude”), réaction furieuse du Pentagone, rétropédalage en catastrophe de Nuland :

« Ce niveau d'énorme contradiction entre alliés sur un développement aussi important est juste un peu gênant et même embarrassant. L'administration Biden affirme avoir été complètement "surprise" par la déclaration de la Pologne, il y a quelques heures, selon laquelle elle enverrait tous ses jets MiG-29 de fabrication russe à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, afin que les États-Unis puissent les transférer à l'Ukraine.

» Bien que ce plan éventuel ait été envisagé pendant plusieurs jours, il ne semble pas que la Maison Blanche ait été informée de la décision finale de Varsovie avant que l'annonce ne soit déclarée comme une "affaire conclue" sur le site Internet du ministère polonais des affaires étrangères. Apparemment, pour Washington, il n'y avait pas d'accord conclu du tout.

»  La décision de la Pologne de mettre tous ses jets MIG-29 à la disposition des États-Unis n'a pas fait l'objet d'une consultation préalable avec Washington", a déclaré mardi Victoria Nuland, sous-secrétaire du département d'État, à la suite de la déclaration de la Pologne. Et encore :

» “À ma connaissance, nous n'avons pas été préalablement consultés sur le fait qu'ils prévoyaient de nous donner ces avions", a-t-elle déclaré lors d'une audition de la commission des affaires étrangères du Sénat. "J'ai hâte, une fois cette audition terminée, de retourner à mon bureau et de voir comment nous allons répondre à cette proposition de leur part de nous donner ces avions", a-t-elle ajouté.

» Voici comment l'échange a commencé :

» “J'étais dans une réunion où j'aurais dû entendre parler de cela juste avant de venir [à une audition au Sénat], donc je pense que c'était en fait un geste surprise de la part des Polonais", a déclaré la sous-secrétaire d'État aux affaires politiques Victoria Nuland aux législateurs américains.

» Interrogée par un sénateur sur la question de savoir si les responsables américains s'étaient coordonnés à l'avance avec la Pologne avant que Varsovie ne fasse son annonce, Nuland a répondu : “Pas à ma connaissance”. »

Une sorte d’“alternative du diable” 

Poursuivons le cas des MiG-29 polonais qui est exemplaire d’irresponsabilité et d’imbrications destructrices dans le système de gouvernement et d’“hégémonie” de l’américanisme, mais sur le plan de la perception :

• Qu’est-ce qui a poussé Blinken à donner son “feu vert” à une telle initiative d’un État “normalement vassal”, pouvant déclencher un conflit avec la Russie impliquant nécessairement l’OTAN ?

• Il s’agit d’une décision irresponsable (même si l’influence d’une Nuland y a poussé) dont on ne voit la cause que dans une perception erronée : d’une part des réactions d’une Russie supposée blessée, sur la défensive et effrayée ; d’autre part de la valeur du totem ukrainien  de la Résistance et de la conviction que toutes les consignes de Washington seront exécutées au doigt et à l’œil par Zelenski supposé en position d’une grande autorité (churchillienne, rien que ça).

• Qu’est-ce qui a poussé la Pologne à l’habile manœuvre de transférer les MiG-29 aux USA, sinon une perception complètement différente de celle de Blinken de la réalité de la situation tactique ?

• Qu’est-ce qui a poussé le Pentagone à réagir aussi furieusement, jusqu’à exposer en public la catastrophique gestion crisique de l’administration Bident (du département d’État, et des relations avec les pays vassaux), sinon une perception complètement différente de celle de Blinken de la réalité de la situation stratégique ?

Le cas est encore très réduit et appuyée sur de nombreuses interférences bureaucratiques propres à Washington, qui ne relèvent pas toutes nécessairement de différences de perceptions. L’exemple de l’ONU est plus significatif pour ce que nous voulons montrer. Le résultat du vote a été un simple exercice cosmétique de maquillage avec cette bizarre division, mise en place pour attirer le vote de condamnation comme on attire le chaland, entre les votes de condamnation avec l’acte des sanctions et la symbolique de condamnation sans  sanctions (une sorte de “minimum syndical” d’un monde où les pressions US sont toujours importantes, avec un vote pour être quitte de cette pressions plutôt qu’exprimer un sentiment concernant Poutine et l’Ukraine).

Les accrochages avec Washington qui ont suivi (Arabie Saoudite) et vont se poursuivre montrent alors une formidable différence de perception entre un cas et l’autre, notamment sur la situation de puissance triomphante et bienfaisante (pour les ukrainiens) que se sont attribués comme d’habitude les USA, et que ne perçoivent absolument plus (différence de perception) des deux tiers aux trois-quarts de l’humanité. Le camp du bloc-BAO, qui clame que la Russie est complètement isolée, est perçue par les “dissidents” du vote, y compris les adeptes du vote symbolique pour la condamnation seulement, comme lui-même complètement isolé.

Or, les perceptions produisant les convictions, essentiellement du côté du bloc-BAO, ont été et sont essentiellement entretenues dans leur paroxysme actuel par la formidable offensive de la communication, – si même ils n’ont été créées par elle à partir d’une diabolisation de Poutine et de la Russie devenue depuis des années une sorte de ‘business as usual’ de la communication, sorte de pavlovisation de la pensée.

Le paradoxe est là et bien là : ceux qui sont le plus touchés, et de très loin, par l’offensive sont ceux qui l’ont déclenchée et la poursuivent pour que le monde entier, y compris la Russie elle-même, se soumettent à cette perception. Ils sont entretenus, renforcés, emprisonnés dans cette croyance. Il n’y a plus de place dans leurs intellects, ni pour une âme ni pour un esprit critique, tant la communication est forte, bruyante, torrentueuse, – et certes non, en ne parlant évidemment pas des inexistantes nuances nécessaires du contenu mais de la brutalité de la force & de la forme, du déferlement quantitatif...

La question essentielle est alors de savoir comment l’on pourrait revenir à une sorte de “normalité”, à une situation commune aux acteurs, même si cette communauté est là pour permettre l’affrontement des idées et des convictions, – mais au moins qu’on se retrouve sur le même terrain. Nous répétons ce jugement vu plus haut, dans ce cas en italique, comme une citation, pour le mieux mettre en évidence : il ne s’agit pas de propagande qui est la manipulation d’une chose commune à tous, qu’on peut libérer de l’illusion ainsi créée en cessant la manipulation, en “manipulant la manipulation” dans un sens vertueux. Il s’agit de tout autre chose, il s’agit d’une véritable dystopie :

« Il ne s’agit donc nullement de la seule propagande, mais aussi et surtout, en plus et bien au-delà de la propagande (d’une autre nature, d’une substance et d’essence différentes), il s’agit de simulacres, de narrative, engageant non pas une tromperie et une interprétation sur des faits donnés sur l’existence desquels s’accordent les deux perceptions, mais bien l’affirmation de deux mondes opérationnels différents parsemés d’événements différents. »

On trouve, épars et pourtant déjà significatifs, des interventions qui vont dans ce sens, qui posent non pas un problème moral comme ceux que l’on goûte avec délice dans les salons, mais un problème d’équilibre psychologique selon la question de la perception, – c’est-à-dire une question avec la menace sous-jacente de la folie. Voici par exemple une observation d’un lecteur (‘Cesare’, le 9 mars 2022, dans les commentaires du texte du jour de ‘TheMoonofAlabama’ mentionnant l’évolution de Zelenski qu’on a vue plus haut) :

« Que diable fera l'Occident lorsque la guerre sera terminée et qu’il se sera déjà engagé dans une longue guerre économique ? Comment se calmer après avoir comparé la Russie à l'Allemagne nazie en 1939 ? Comment faire pour ne pas reconnaître la Crimée russe alors que l'Ukraine le [ferait] elle-même ? »

En effet, la position que nous avons épousée, – nous parlons de la foule des ‘antipoutiniens’, dont l’immense majorité de nos dirigeants et de nos élites font chaleureusement partie, comme la Lune, – est ancrée dans une conviction quasiment religieuse, zélée, presque tremblante d’émotions. Ce ne sont pas des moutons (y compris élites et dirigeants) qui ont été endormis comme nombre d’observateurs soi-disant antiSystème et armés d’une pensée non pas complotiste mais qui complot contre soi-même pour le plaisir de la dialectique d’une juste raison-subvertie, ce sont des croisés dont la vie intellectuelle a été mise au service de cette conviction de fer.

On craindrait presque d’aller jusqu’à dire, comme possibilité clinique, qu’il s’agit d’une sorte d’“alternative du diable” : c’est poursuivre dans cette voie envers et contre tout, ou c’est devenir fou.

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Ukrisis-7 : Pour quelques labos de plus...

Par : info@dedefensa.org — 11 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-7 : Pour quelques labos de plus...

• L’affaire des 30 laboratoires secrets de recherche biologique en Ukraine, subventionnés par les USA, et plus précisément encore par le Pentagone, fait des vagues, de très grandes vagues de fond. • Signe de son importance : la presseSystème n’en dit quasi-rien (puisque l’affaire est d’importance. • Son importance est d’une part une internationalisation, notamment avec la Chine, extrêmement irritée. • D’autre part, une nouveauté dans la guerre de communication : cette fois, les USA sont sur la défensive.

Au départ, c’est non seulement une ‘non-story’, mais encore bien plus dans l’atmosphère furieuse des manipulations russes en plus de l’ignominie quasiment hitlérienne de l’invasion illégale, inhumaine, etc. Le commentateurs le plus avisé, le plus dévastateur sur les coups fourrés de la bande ukréno-américaniste, et le plus populaire des USA, en convenait comme à peu près toutes les sources sérieuses, y compris antiSystème. Tucker Carlson commença donc son monologue du 9 mars (audience moyenne autour de 4 millions de téléspectateurs en général) par ce constat de son sentiment d’avant la “bombe-Nuland” :

« Si vous nous aviez dit il y a quatre jours que l'administration Biden finançait des laboratoires biologiques secrets en Ukraine, nous ne vous aurions pas cru. Ouais, j’aurais décidé qu’on ne pouvait pas passer ça à la télé. Non merci. 

» Ensuite, si vous nous aviez dit que non seulement l'administration avait financé ces laboratoires biologiques secrets en Ukraine, mais qu'elle n'avait pas réussi à sécuriser le contenu mortel de ces laboratoires avant l'invasion russe, – une invasion qu'elle savait imminente, qu’elle encourageait sans vergogne, – si vous nous aviez dit cela il y a quatre jours, nous vous aurions traité de fou. C'était tout simplement absurde. Nous ne voulions rien avoir à faire avec une telle histoire. Il n'y avait aucune chance que ce soit vrai. C'était trop tiré par les cheveux. Nous savions déjà avec certitude que cette histoire était fausse. Comment le savions-nous ? Parce que nous lisons USA Today, le journal de l'Amérique.

» Dans les heures qui ont suivi l'invasion russe, USA Today avait publié une réfutation de tous ces fous qui jacassaient sur les laboratoires biologiques ukrainiens secrets. Voici le titre : “Vérification des faits : Les fausses allégations de laboratoires biologiques américains en Ukraine sont liées à la campagne de désinformation russe”... »

Et puis il y eut cette séquence au Sénat des Etats-Unis, cette audition de Victoria (Carlson l’appelle “Toria”) Nuland, devant la commission des relations internationales du Sénat en sa qualité de sous-secrétaire d’État pour les affaires ukrainiennes (européennes). Noland travaille sur l’Ukraine depuis 2007, avec le point d’orgue du “coup” de février 2014 où elle se mit bellement en valeur.  Le sénateur Rubio, un républicain de Floride et super-faucon malgré sa petite taille, prend la parole. Échange sympa, puis coup de tonnerre :

Sénateur Marco Rubio: « L’Ukraine possède-t-elle des armes chimiques ou biologiques ? »

Victoria Nuland: « L’Ukraine possède des installations de recherche biologique sur le sort desquelles, en fait, nous sommes maintenant assez inquiets que les troupes russes, les forces russes puissent chercher à prendre le contrôle, donc nous travaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont nous pouvons empêcher que ces matériaux de recherche ne tombent entre les mains des forces russes si elles s'approchent. »

Sénateur Marco Rubio: « Je suis sûr que vous êtes consciente que les groupes de propagande russes diffusent déjà toutes sortes d'informations sur la façon dont ils ont découvert un complot des Ukrainiens pour libérer des armes biologiques dans le pays, et avec la coordination de l'OTAN.

» S'il y a un incident ou une attaque à l'arme biologique ou chimique à l'intérieur de l'Ukraine, y a-t-il le moindre doute dans votre esprit que ce sont les Russes qui sont derrière tout cela ? »

Victoria Nuland: « Il n'y a aucun doute dans mon esprit, sénateur. Et en fait, c'est une technique russe classique de blâmer l'autre pour ce qu'ils prévoient de faire eux-mêmes. »

... Là-dessus, écoutez la suitede l’explosion de Tucker Carlson, pour ses quatre millions de téléspectateurs, le texte sur FoxNews reprend l’essentiel de son intervention. Carlson tente alors d’obtenir des informations auprès d’autres sources que l’audition menée par le sénateur Rubio, et qu’il n’a pas poursuivi en posant d’autres questions, plus inclusives, à Nuland. Ce qu’il veut savoir, c’est si le Pentagone a financé et finance effectivement ces laboratoires, comme l’affirment les Russes (le porte-parole du ministère de la défense russe :

« Au cours de l'opération militaire spéciale, des faits ont été découverts sur le régime clé, éliminant les traces du programme biologique militaire en cours de développement en Ukraine, financé par le ministère de la Défense des États-Unis. »  

Allant sur le site adéquat du Pentagone, Carlson lit et constater... Quoi ?  Simplement, que le Pentagone finance effectivement des laboratoires en Ukraine :

« Donc ça ressemble à une preuve. Ce n'est pas de la désinformation russe. C’est totalement réel. Désolé USA Today, le journal américain, c'est réel. Vous pouvez le vérifier sur internet si vous voulez. Face à cette preuve, le Pentagone continue de mentir et en fait, il répète les mêmes mensonges incroyablement stupides et maintenant complètement discrédités que les vérificateurs de faits ont dit depuis des semaines maintenant...»

Alors, que dit le Pentagone à ce moment où nous savons par les documents mis en ligne sur le web qu’il finance effectivement ces laboratoires en Ukraine ? Réponses (?!), hier du porte-parole John Kirby :

John Kirby : « Les accusations russes sont absurdes. Elles sont risibles et, vous savez, pour reprendre les mots de mon grand-père catholique irlandais, un ramassis d'âneries. Il n’y a rien à en tirer. C'est de la propagande russe classique et, si j’étais vous, je n'y consacrerais pas une goutte d’encre dans ce qui ne vaut pas une seconde la peine d'y prêter attention. »  

Reporter: « Oui, mais pouvez-vous nous expliquer ce que... y a-t-il eu une quelconque relation entre les... ? »  

John Kirby : « Nous ne sommes pas, pas, en train de développer des armes biologiques ou chimiques à l'intérieur de l'Ukraine. Ce n'est pas le cas. »  

Donc, pas une goutte d’encre pour les vilenies russes (et chinoises, probablement). Commentaire de Carlson :

« ...Vous remarquerez qu'à la fin, Kirby refuse de répondre à la question. Y a-t-il eu une relation entre le Pentagone américain et une installation d'armes biologiques en Ukraine et si oui, quelle est cette relation ? C'est de la désinformation russe ! Quelle est la réponse ? Nous ne développons pas d’ADM en Ukraine en ce moment ! OK, j'ai compris, mais pourquoi finançons-nous cela et que finançons-nous exactement ? »  

Pas de réponse. Pas de réponse non plus du département d’État, sinon un gribouillis de banalités générales qui évite soigneusement toute précision concernant la question centrale du financement, et pourquoi, et dans quel but, etc. « Donc ça ne veut rien dire. »

« Alors, quand vous arrêterez de mentir et de nous dire ce qui se passe ici, pourquoi ne pas nous dire plus précisément pourquoi vous n'avez pas sécurisé ces matériaux ? Donc, oui, nous finançons des laboratoires biologiques secrets en Ukraine, mais “ce sont des laboratoires de diagnostic et de biodéfense qui luttent contre les menaces biologiques”.  

» OK, si ce sont des laboratoires purement défensifs, pourquoi Toria Nuland était-elle si inquiète que les Russes mettent la main sur les matériaux de ces installations ? D'autres puissances mondiales sont arrivées à la conclusion évidente. Encore une fois, nous détestons faire ça, mais dans ces circonstances, nous avons demandé à nos propres porte-parole, ils ont menti. Nous nous adressons au ministère des Affaires étrangères de la Chine, un pays que nous méprisons. Voici ce qu’ils ont dit aujourd'hui. Ils demandent aux inspecteurs en désarmement de jeter un coup d’œil à ces installations en Ukraine immédiatement. 

» Zhao Lijian: “Au cours des deux dernières décennies, les États-Unis ont bloqué l'établissement d’un régime de vérification de la Convention sur les armes biologiques et ont refusé d'accepter l'inspection des installations biologiques à l’intérieur et à l’extérieur de leurs frontières. Cette attitude a encore aggravé l’inquiétude de la communauté internationale. Nous exhortons une nouvelle fois les États-Unis à fournir des éclaircissements complets sur leurs activités de militarisation biologique à l'intérieur et à l'extérieur de leurs frontières et à accepter une vérification multilatérale”. »  

Dernier commentaire de Carlson, qui ne cache nullement son hostilité vis-à-vis de la Chine (et sa méfiance des Russes) pour écarter les accusations qui sont souvent lancées contre lui ; Carlson qui affirme avec ardeur qu’il n’est pas un globaliste, qui croit en son pays mais qui arrive à la conclusion que les autorités de son pays lui mentent, et pas les autres.

« Mais venons-en à la substance de ce que le gouvernement chinois vient de dire. Nous ne sommes jamais d'accord avec le gouvernement chinois sur quoi que ce soit, mais dans ce cas, ils ont raison. Nous savons maintenant que les agents biologiques [développés en Ukraine]sont dangereux, que vous les appeliez armes ou non n’a aucune importance, car ils peuvent être utilisés comme des armes. 

» Des agents biologiques dangereux restent, grâce à l’administration Biden, non sécurisés dans une zone de guerre chaotique. À un moment donné, nous devons savoir comment cela s’est produit, qui a pris ces décisions. Nous avons le droit de savoir et espérons que quelqu’un au Congrès, probablement pas Marco Rubio, mais quelqu’un d’autre, ira au fond des choses, mais en attendant, nous prions pour que quelque part, au sein du gouvernement des États-Unis, il y ait un adulte qui se soucie suffisamment de cette situation pour la maîtriser immédiatement. »

Un silence assourdissant

Pour élargir le propos, on reprend des éléments d’un article de ‘WSWS.org’ qui examine les retombées de ces événements du point de vue de la communication. Dans tous les cas, le site trotskiste appuie sur l’importance et le danger gravissime de cette affaire, – dont il disait hierqu’elle constitue « un avertissement pour la classe ouvrière internationale quant à ce que l'impérialisme américain prépare militairement contre la Russie »... Certes, pour “la classe ouvrière internationale”, mais pour nous tous en général, tous les citoyens de tous les pays du monde, hors de toute étiquette s’il vous plaît, – sinon celle d’être un citoyen “averti” et non pas un zombie terrorisé enregistrant automatiquement les consignes de la presseSystème.

Au reste, quand la question l’ennuie à cause des labyrinthes de mensonges retransmis par elle-même, et où elle ne se retrouve plus, la presseSystème se tait tout simplement. C’est le cas de la presseSystème US, comme le détaille un article d’aujourd’hui de ‘WSWS.org’. (Lequel ‘WSWS.org’ n’est pas exempté de ces profondes sottises idéologiques qu’il dénonce chez les autres. En effet, réduire le segment de 16 minutes de Carlson que nous venons de citer, – la plus longue intervention sur ce sujet de toute la presseSystème, sans aucun doute, et qui ne mâche pas ses attaques contre le Système, – à « des raisons liées à la promotion par la chaîne de la théorie du complot du laboratoire de Wuhan sur les origines de la pandémie de coronavirus », voilà qui est à la fois particulièrement injuste, stupide et réducteur à ne pas croire... Tant pis pour eux, ils préfèrent leurs souvenirs d’il y a un siècle, lorsque Carlson était dans la SS.)

Extraits de l’article de ‘WSWS.org’ de ce jour :

« Alors que de nombreux médias internationaux ont commencé à rapporter les commentaires de Mme Nuland comme une confirmation de l'existence en Ukraine de laboratoires d'armes biologiques soutenus par les États-Unis, comme l'affirment les Russes, le département d'État a été contraint de publier un démenti mercredi dans une déclaration officielle de son porte-parole, Ned Price. [...]

» Jeudi soir, aucun quotidien national américain, – y compris le New York Times, le Washington Post, le Wall Street Journal et USA Today, – n'avait fait état des déclarations de Nuland devant la commission des affaires étrangères du Sénat mardi. CNN a enterré les commentaires de Nuland dans un article publié jeudi qui accusait la Chine de promouvoir la “désinformation russe”.

» Dans son résumé des événements du treizième jour de l'invasion russe de l’Ukraine, le Times a mentionné le témoignage de Victoria Nuland au Sénat, mais uniquement concernant la proposition de la Pologne de déployer des avions MiG-29 de l'ère soviétique sur la base aérienne américaine en Allemagne.

» Mercredi soir, Fox News a diffusé un segment de 16 minutes réalisé par Tucker Carlson, qui comprenait un extrait du témoignage de Nuland et accusait l'administration Biden et le Pentagone de mentir sur les laboratoires biologiques ukrainiens pour des raisons liées à la promotion par la chaîne de la théorie du complot du laboratoire de Wuhan sur les origines de la pandémie de coronavirus.

» Le département d’État a répondu à une enquête de Fox News en déclarant : “Le département de la défense des États-Unis ne possède ni n'exploite de laboratoires d'armes biologiques en Ukraine. Lors de son témoignage, la sous-secrétaire d'État Nuland faisait référence aux laboratoires ukrainiens de diagnostic et de biodéfense qui ne sont pas des installations d'armes biologiques. Ces institutions luttent contre les menaces biologiques dans tout le pays”.

» Mercredi dernier, Newsweek a publié un rapport indiquant qu'un fonctionnaire anonyme du département d'État avait “clarifié” la nature des “installations de recherche biologique” mentionnées par Nuland qui étaient “au centre des accusations en duel entre les responsables américains et russes”.

» Il est très clair que l'exposition des opérations de guerre biologique parrainées par les États-Unis en Ukraine fait exploser l'ensemble du récit concocté par l'administration Biden et fidèlement propagé par les médias [de la presseSystème], selon lequel la Russie est seule responsable de la crise de guerre actuelle.

» La source anonyme du département d'État a admis ce fait pour Newsweek, déclarant que les États-Unis ont toujours soutenu que “la Russie continue d'inventer de faux prétextes pour justifier ses actions horribles en Ukraine. Ni les États-Unis ni l’OTAN n’ont le désir ou l'intention d’entrer en conflit avec la Russie”.

» Reconnaissant des expressions de culpabilité dans les démentis hystériques émanant des responsables américains, britanniques et ukrainiens, le chef de la délégation russe aux négociations de Vienne sur la sécurité militaire et la maîtrise des armements, Konstantin Gavrilov, a qualifié d’“étonnantes” les réactions aux allégations concernant les laboratoires biologiques. Dans une interview accordée au média russe Rossiya-24, Gavrilov a ajouté qu'il n'avait rien vu de tel en 30 ans de carrière diplomatique. »

Sur la défensive

Cette affaire des laboratoires subventionnés par le Pentagone est un événement important, qui nous extrait in finedu seul cadre ukrainien. Les 30 laboratoires ukrainiens financés par les USA se placent dans le cadre d’un programme, comme d’habitude avec le Pentagone puisqu’il semble être question de lui, caractérisé par les principaux caractères du gigantisme et de l’exterritorialité le plus souvent en violation des souverainetés (336 laboratoires financés par les USA dans 30 pays, voilà qui fleure bon le Pentagone). Certaines caractéristiques révélées par les Russes selon des références diverses suggèrent des tendances d’élimination ethniques se rapprochant de pratiques cohabitant fâcheusement avec la présence néo-nazie en Ukraine. Selon ‘DonbassObserver’ :

« ...De plus, sous prétexte de tester des moyens de traitement et de prévention du COVID-19, plusieurs milliers d’échantillons de sérum de patients, principalement d’origine ethnique slave, ont été prélevés en Ukraine pour être envoyés à l’Institut de recherche Walter Reed de l’armée américaine.

» Or, en 2017, un scandale avait éclaté en Russie lorsqu’il avait été découvert qu’une société travaillant pour l’armée américaine, collectait des échantillons biologiques et de l’ARN de Russes, faisant craindre leur utilisation pour développer des armes biologiques ciblant une ethnie particulière. Les Ukrainiens étant très proches des Russes sur le plan génétique, il y a de sérieuses questions à se poser sur le but réel de tous ces prélèvements.

» Pour Kirillov [le chef des troupes de protection NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) russes], la hâte avec laquelle l’Ukraine a lancé la destruction de toutes les souches de pathogènes dans ces laboratoires biologiques américains, pourrait indiquer qu’ils y travaillaient sur le renforcement des propriétés pathogènes des microbes, ce qui est une violation de la convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines. C’est d’ailleurs aussi ce qui expliquerait pourquoi les États-Unis ont installé ces laboratoires en Ukraine, au lieu de mener de telles recherches sur leur propre territoire : pour éviter de devoir répondre de ce qui s’y passe ! »

• Cette sorte d’information, qui s’inscrit dans un dossier extrêmement fourni des forces russes, est évidemment propre à internationaliser le problème, ou plutôt la crise ‘Ukrisis’, avec ce chiffre de 336 laboratoires dans 30 pays.  On retrouve certains aspects polémiques de la pandémie Covid.

• Particulièrement, l’affaire nourrit une résurgence de ce que les partisans du ‘Camp du Bien’ nomment avec dégoût le “complotisme”, avec d’autant plus de dégoût qu’eux-mêmes en font un vaste usage, ne serait-ce qu’en voyant partout du complotisme contre eux. Mais ici, point de quartier ! L’affaire ressuscite toutes les préoccupations sérieuses autant que les lubies autour d’une manipulation de virus, et cette fois du fait des USA. Nous n’en saurons rien puisque nous sommes sous traitement du sérum de vérité d’une presseSystème impeccablement alignée, mais ce n’est pas le cas du reste du monde, beaucoup plus vaste que notre petit-Paradis.

• ... Et l’on voit bien que les Chinois sont les premiers concernés, on comprend pourquoi en souvenir des accusations de manipulation du Covid lancées contre  eux il y a deux ans. La Chine se trouve doncde facto un peu impliquée dans le conflit et elle va donc s’engager beaucoup plus fermement et nettement au côté de la Russie, ou plutôt contre les USA, dans l’‘Ukrisis’.

Tout cela nous amène au point central de notre réflexion, qui est de voir, pour la première fois de façon aussi nette et documentée, les USA mis en mode défensif dans l’événement ‘Ukrisis’, dans une communication qu’ils manipulaient jusqu’alors massivement et d’une façon dominatrice. L’une des grandes et belles difficultés pour construire une narrative acceptable autour des 30/336 labos en Ukraine/dans le monde, c’est l’extrême complexité d’en faire des établissements consacrés au développement de la médecine, tandis que l’hypothèse de développement d’armes biologiques (Armes de Destruction Massive) a de beaux jours devant elle.

La chose est simple : les labos sont subventionnés par le Pentagone si l’on en croit des précisions qu’il apporte sur certaines de ses mises en lignes, et non par les services du docteur Fauci ou de tout autre organisme de santé US, selon les précisions apportées par Nuland elle-même. Même si les USA prétendent tenir en Ukraine le rôle de secouristes humanitaires, il est finalement difficile de déguiser le Pentagone en infirmière préoccupée du sort de tous les malades du monde.

 

Mis en ligne le 11 mars 2022 à 14H35

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RapSit-USA2022 : Le chaos ‘Ukrisis’

Par : info@dedefensa.org — 12 mars 2022 à 00:00

RapSit-USA2022 : Le chaos ‘Ukrisis

Le champ politique est, aux USA, complètement bouleversé par la guerre de l’Ukraine et l’événement ‘Ukrisis’. La valse des étiquettes est complète par rapport aux positions traditionnelles, sauf peut-être dans le camp trumpiste-populiste allant jusqu’aux libertariens. Il s’agit d’une situation absolument exceptionnelle par rapport aux habitudes américanistes : en général dans cette époque de communication, une guerre impliquant les USA dans une atmosphère de déchaînement de moraline suscite un réflexe conditionné d’“union sacrée” brandissant les grands principes standards, sur lequel s’alignent toutes les forces politiques ayant une capacité d’expression autorisée et d’influence. Ce n’est pas le cas avec l’Ukraine. On distingue des déséquilibres remarquables, qui ne font après tout qu’acter la crise du pouvoir.

• La direction de l’administration est à l’image de Joe Biden : incertaine et chaotique, emportée dans des élans d’hyper-bellicisme et de marche-arrière appuyés sur les notions contradictoires de l’exceptionnalisme américaniste qui prétend tout gérer et dominer, et une sorte d’anti-interventionnisme discret mais tenace, qui caractérise la position fondamentale du président un tantinet isolationniste.

• Le déchaînement belliciste habituel du Congrès, mais désordonnée, parce qu’incapable d’écarter l’antagonisme fondamental entre les deux partis depuis 2015-2016.

• Une errance inhabituelle de certaines factions extrêmes influentes, qui ont perdu leurs orientations classiques à cause du désordre qu’a installé l’épisode Trump, – épisode qui n’est d’ailleurs pas fini et qui continue à semer le désordre.

On peut symboliser ce désordre profond, ce chaos de la classe politiques  par exemple sur cette remarque très symbolique et qui va donner l’orientation de notre propos vers les extrêmes, dans un article de ‘Revolver.News’, site à tendance trumpiste lancé vers la fin du mandat de Trump, retranscrite ici sur ‘Gab.com, un réseau chrétien-populiste lancé à la même époque :

 « Vous devez admettre que les choses ont complètement basculé, cul par-dessus tête, quand MSNBC imprime la vérité [sur l’Ukraine] et que Fox News et 99% des élus républicains se contentent de dire “Le Russe est méchant”... »

En fait, cette remarque ne fait qu’embrasser une partie du problème que posent ces divisions inattendues au sein des élites politiques comme au sein du public lui-même. On va énoncer ici plusieurs faits qui doivent être pris à la fois comme significatifs et exemplaires, et éventuellement symboliques. Ils sont considérés d’un point de vue qualitatif, nullement quantitatif, parce que le qualitatif rend compte des évolutions fondamentales de la perception et de sa symbolique tandis que le quantitatif ne fait que suivre à plus ou moins longue échéance ce que le qualitatif a établi.

Ces faits sont considérés sans véritable souci de classement qui implique le domaine quantitatif, mais selon une logique de “surprise” par rapport à ce que notre expérience nous dit de la situation de la perception US. La présentation va des démocrates aux républicains, de la gauche à la droite si ces étiquetages ont encore un sens ; et bien entendu en choisissant certains signes, certaines affirmations qui sont significativement transgressives dans une société caractérisée par la soumission à l’influence.

Certes... Il faut dire que notre ‘Ukrisis’ est une occasion exceptionnelle à cet égard, entre le désordre de la situation et l’extraordinaire puissance de la communication.

Demi-tour gauche

Deux cas qualitativement significatifs à gauche, du côté de l’aile gauche du parti démocrate.

• L’article dont parle ‘Revolver.News’ est celui de Zeeshan Aleem, éditorialiste du réseau MSNBC et éditeur des publications quotidiennes sur le site du même réseau MSNBC (la plus progressiste des TV US, parlant pour la gauche du parti démocrate). Il s’agit donc d’un membre actif et intégré de MSNBC, et non d’un collaborateur extérieur et occasionnel. (En plus, avec  des passages intégrés à ‘Vox’, ‘Huffington Post’ et ‘Politico’, des collaborations au ‘New York Times’, à ‘The Atlantic’, à ‘The Nation’...) Son article du 5 mars est particulièrement étonnant et transgressif pour ce qu’on juge être la ligne de MSNBC, qui fut à la tête de l’attaque antiTrump passant par une mise en cause directe et quasi-hystérique de Poutine et de la Russie (‘Russiagate’), – titre et sous-titre comme ceci :

« L’invasion de l'Ukraine par la Russie aurait pu être évitée – Les États-Unis ont refusé de reconsidérer le statut éventuel de l'Ukraine au sein de l'OTAN alors que Poutine menaçait de faire la guerre. Les experts disent que ce fut une énorme erreur. »

On donne ici quelques extraits d’une explication très longue qui reprend l’essentiel des thèses s’opposant à l’actuelle ‘politiqueSystème’ du bloc-BAO, de l’OTAN et des Etats-Unis, et reconnaissant nombre de thèses favorables à la Russie. On trouve cités, dans cet article, des noms tels que Stephen Cohen, Anatol Lieven ou John Mearsheimer, experts en général honnis et ostracisés dans le circuit “officiel” de la narrative-Système pour leur absence de critique hystérique de Poutine...

Il est remarquable par ailleurs que Aleem développe toute cette argumentation jugée apostatique jusqu’au début de la “mission militaire spéciale” des Russes, en utilisant pourtant des éléments largement mis en cause depuis la rédaction de son article comme d’éventuels montages et FakeNews (bombardements russes de civils, canonnades russes contre des installations nucléaires).

« Dans un compte rendu typique de cette approche, Politico a décrit Poutine comme “l’homme fort au regard d'acier” qui s'est montré insensible aux “outils traditionnels de la diplomatie et de la dissuasion” et s’est “joué de Biden depuis le début”. Ce discours laisse entendre que les États-Unis ont épuisé leur arsenal diplomatique et que l'invasion horrifiante et illégale de l'Ukraine par la Russie, qui a pris pour cible des zones civiles et bombardé des centrales nucléaires, n'aurait jamais pu être empêchée.

» Mais selon une série d’études largement négligées, des avertissements oubliés d’hommes d’État occidentaux et des entretiens avec plusieurs experts, – dont d’anciens responsables gouvernementaux de haut niveau qui ont supervisé la stratégie russe pendant des décennies, – cette ‘narrative’ est erronée.

» Nombre de ces analystes affirment que les États-Unis ont commis une erreur dans leurs efforts pour empêcher l’éclatement de la guerre en refusant d’offrir de retirer leur soutien à l’Ukraine pour qu’elle rejoigne un jour l’OTAN ou de reconsidérer substantiellement ses conditions d'entrée. Et ils affirment que la volonté de la Russie d’entrer en guerre pour le statut de l’Ukraine au sein de l'OTAN, qu’elle a perçu comme une menace existentielle pour sa sécurité nationale et qu’elle a cité comme un élément fondamental de sa justification de l’invasion, était si claire depuis si longtemps que l’abandon du soutien à son éventuelle entrée aurait pu éviter l’invasion. [...]

» Mais pour que l’Occident propose un compromis sur la future entrée de l'Ukraine dans l’OTAN, il lui aurait fallu admettre les limites de sa puissance.

» “Les gouvernements occidentaux souhaitaient ne pas perdre la face en faisant un compromis avec la Russie”, explique Anatol Lieven, chercheur principal sur la Russie et l'Europe au Quincy Institute for Responsible Statecraft et auteur de ‘Ukraine and Russia : A Fraternal Rivalry’. Il ajoute dans notre entretien : “Mais ce fut aussi la lâcheté morale de tant de commentateurs occidentaux et de fonctionnaires et ex-fonctionnaires qui ne voulaient pas admettre publiquement que [l’idée de l’Ukraine dans l’OTAN] n’était plus un projet viable.”  [...]

» Il est impératif que l’Amérique comprenne mieux ses adversaires et se comporte de manière plus judicieuse dans un monde de plus en plus multipolaire. Il n’est pas difficile d’imaginer les États-Unis faire une erreur de calcul sur ce que la Chine serait prête à faire pour assurer sa domination de la mer de Chine méridionale. Les États-Unis peuvent toujours prétendre être la seule grande puissance du monde, libre d’étendre son hégémonie en toute impunité, mais ils ne le sont pas. Refuser de voir cela est dangereux pour nous tous. »

• ... Un article ne fait pas un tournant ni le printemps, mais les conditions que nous avons décrites, de la part d’un auteur nettement engagé dans la partie progressiste de la presseSystème et disposant d’une certaine autorité à MSNBC, dans les circonstances guerrières que nous connaissons, constituent un signal extrêmement significatif d’une importante incertitude, et surtout de la possibilité bien réelle que l’on ne sent plus lié par la ‘narrative’ de la politiqueSystème.

On peut en juger ainsi alors qu’une frange non négligeable de la gauche progressiste, comprenant notamment Bernie Sanders et Alexandra Ocasio-Cortez (AOC), regroupée dans l’organisation DSA (‘Democratic Socialists of America’), comptant 96 000 membres (ils étaient 5 000 en 2000), réaffirme à cet instant crucial une position quasiment hérétique pour le Système. Le 26 février, le DSA a publié un communiqué condamnant bien sûr catégoriquement l’attaque russe, puis proposant ceci :

« Il n’y a pas de solution par la guerre ou une nouvelle intervention [des USA]. Cette crise nécessite une réponse anti-guerre internationale immédiate exigeant une désescalade, une coopération internationale et une opposition aux mesures coercitives unilatérales, à la militarisation et à d’autres formes de politique de la corde raide économique et militaire qui ne feront qu'exacerber le bilan humain de ce conflit.

» L’ASD réaffirme son appel aux États-Unis à se retirer de l’OTAN et à mettre fin à l'expansionnisme impérialiste qui a préparé le terrain pour ce conflit. Nous appelons les militants anti-guerre aux États-Unis et dans le monde entier à s’opposer aux escalades violentes, à exiger une solution diplomatique durable et à souligner le besoin crucial d'accepter tous les réfugiés résultant de cette crise. Une grande partie des dix prochaines années se dessine à travers cette attaque. Alors que les échecs de l’ordre néolibéral sont clairs pour tous, la classe dirigeante tente de construire un nouveau monde, à travers une transition dystopique fondée sur le militarisme, l'impérialisme et la guerre. Les socialistes ont le devoir de construire une alternative. »

L’appel à “quitter l’OTAN” n’est pas une nouveauté pour ce groupe mais, dans les circonstances qu’on sait, il est singulièrement provoquant et significatif d’autant qu’il est présenté sans référence à la guerre de l’Ukraine (et à la responsabilité russe). Il a provoqué des réactions très vives dans les milieux parlementaires (surtout démocrates parce que cette apostasie sort de ses rangs), particulièrement affectés à la protection du Système et de la politiqueSystème. RT.com, sur le point d’être démocratiquement liquidé dans le bloc-BAO, en rapporta quelques échos donnant à l’appel du groupe une dimension médiatique nationale. Selon les circonstances, on jugera cette action marginale dans un ensemble vaste (quantitativement), pourtant significative (qualitativement), d’une tentative de structuration de la gauche du parti démocrate vers un éventuel regroupement antiguerre :

« Le directeur du groupe ‘Fast Center’ de la communication de la Maison Blanche, Mike Gwin, a rapidement répondu par une déclaration d’un mot, qualifiant les remarques de la DSA de “honteuses”, appelant le groupe à réévaluer la qualification de “coup d'État” donnée [au Maidan], à “la mort de dizaines d'Ukrainiens en quête de démocratie et de libertés fondamentales en 2014”.

» Max Rose, vétéran militaire et actuel candidat au Congrès, a déclaré qu’il était “profondément préoccupé” par la déclaration de l’ASD, ajoutant qu'il est “temps de renforcer nos alliances” et de “punir la Russie avec des sanctions paralysantes et sans précédent”.

» En réponse aux remarques de Rose, Tom Suozzi, candidat démocrate au poste de gouverneur de New York, a déclaré : “Je m'oppose catégoriquement à la déclaration de l'AVD qui appelle les États-Unis à quitter l'OTAN”. »

Demi-tour droite

A droite, il y a encore plus d’agitation, et tout à fait significative, et relevant bien entendu des séquelles désordonnées de l’aventure Trump toujours en cours. Là aussi, il s’agit d’événements semblant de peu d’importance, mais ayant selon nous une signification réelle  bien que dissimulée. Nous prendrons deux cas...

• Le premier concerne un fait qui pourrait paraître anecdotique ou parcellaire, ou dans tous les cas qui n’a aucune onction officielle ou institutionnelle, – mais dans une époque où tout ce qui est officiel et institutionnel est absolument sujet aux déformations, censures, simulacres, etc. Il s’agit d’un sondage effectué sur le site ‘Infowars.com’ d’Alex Jones, que nous n’avions plus consulté depuis longtemps et que nous avons retrouvé (le 28 février pour ce cas) beaucoup moins “complotiste” sauf sur des points précis très classiques où la vérité dépasse parfois le complotisme (Covid, globalistes).

Nous avons repéré sur le site un sondage destiné au lecteur. Ce sondage a dû se faire de la fin février au début mars, tournant autour de cinq jours de fin février à (?) début mars. (Dates d’estimation en fonction de notre intervention le 28 février, pour constater son remplacement par un autre vote le 4 mars, date de notre consultation suivante du site.).

Lors de notre consultation (en votant, nous ne vous dirons pour qui, ni quoi !), on en était à 76 465 votes. La question était, suivie des pourcentages des quatre choix présentés :

« Qui est responsable de la guerre en Ukraine ? » :

• 38% Joe Biden

• 30% l’OTAN

• 16%  Poutine

Le reste “ne sait pas”.

Ce résultat est complètement surprenant dans la mesure où le lectorat d’Alex Jones est certes “complotiste”, éventuellement de la droite dure sinon extrême (‘suprémacisme blanc”), également de groupe chrétiens extrémistes, etc., – mais également à très forte tendance antirusse et anticommuniste (ceci équivalant à cela dans des esprits très moyennement informés, et souvent restés sensibles aux situations der la Guerre Froide). Si les 38% de Biden s’expliquent par les affrontements internes, les 30% de l’OTAN sont extrêmement significatifs d’un changement d’opinion très important ; quant aux 16% de Poutine...

• Le second concerne un homme, un commentateur-vedette disposant de son émission quotidienne de politique, Tucker Carlson, de FoxNews. Son audience est immense, sans doute sans équivalent dans l’histoire de la communication politique pour un journaliste, avec un nombre de téléspectateurs tournant autour des 4 millions chaque soirée, en ‘prime time’. Le segment est ensuite relayé sur ‘Youtube’, et son audience se poursuit... Nous voudrions prendre comme exemple l’émission du 8 mars 2022 reprise sur ‘Youtube, qui est sans doute la plus exceptionnelle mais qui reste dans l’ordre de grandeur de ces reprise :

« Tucker Carlson dit que “Nous sommes en guerre contre la Russie” », titre du segment :

• 3 814 571 vues à 7H00 le 10 mars ;

• 4 053 476 le 10 mars à 19H00 ;

• 4 361 023 le 11 mars à 06H00 ;

• 4 756 364 le 12 mars à 13H00 ;

• 35 141 commentaires  à 07H00 le 10 mars, 37 655 le 12 mars...

Au cœur d’un réseau (FoxNews) qui a pris une position anti-Poutine assez marquée, Carlson a pris une position très appuyée “contre la narrative-Système”, caractéristique de la droite libertarienne antiwar. Nous proposons le mot “anti-” pour désigner, selon l’habitude radicale du Système, une personne ou un pays auparavant “diabolisée” ; et le mot “contre” pour désigner le refus d’épouser un tel procédé, une telle tendance d’une façon générale. (Cela rejoint une posture antiSystème où, cette fois, on peut utiliser “anti” puisque la cible est parfaitement identifiée.)  Nos excellents commentateurs européens (dans ce cas RTL.com) analysent évidemment la posture de Carlson comme “polémique” en en faisant un “Zemmour américain”. Tout cela sent son parisianisme provincial et un peu court, auquel il n’est pas utile de s’attarder.

Il reste que l’on constate Carlson, en prenant cette position contre la ligne-standard de l’américanisme, se trouve conforté sinon amplifié dans son phénoménal succès, avec une attitude qui, dans ce cas, se retrouve selon  normes de tel ou tel(le) trotskiste sur le sujet, ou même celles des gauchistes de DSA, ennemi-juré de Carlson... Convergence des luttes, camarades !

(On ajoutera, dans le cas de Carlson, que, dans ces temps troublés, Tulsi Gabbard, favorite de Carlson et antiSystème notoire quoique démocrate de gauche, est plus que jamais chez elle à FoxNews, y compris dans d’autres émissions que celle de Carlson [chez Laura Ingraham, le 9 mars 2022, avec 837 263 le 11 mai 2022 à 14H00 sur ‘Youtube’].)

Feue l’union sacrée (suite)

Dès le 23 février, nous choisissions comme intertitre au texte de ce jour ce « Feue l’union sacrée » que nous donnons à nouveau ici. Il y a effectivement, comme nous le détaillons selon des exemples qualitativement très significatifs, une absence d’une “union sacrée” bipartisane habituelle, très bien organisée, sans accroc ni fausses notes ; également des prises de position de personnalités politiques mettant en cause en pleine crise le fondement de l’américanisme dans le chef d’un bellicisme sans mesure. La “dérive” vers une sorte d’isolationnisme postmoderne, se construisant essentiellement sur une opposition au globalisme tel que l’envisagent les élites et les bureaucraties transnationales, est selon nous tout à fait envisageable, sinon dans la logique des événements.

La perception de notre ‘Ukrisis’ aux USA est extrêmement diversifiée, à part l’‘union sacrée’ de la corruption (‘Big Business’ et presseSystème) et de la politicaillerie institutionnelle (les deux partis se retrouvant, sur cette question, en une caricature de ‘Parti Unique’ au Congrès). A notre sens, cette diversification va s’amplifier au plus la guerre dure, dans une Amérique qui a désormais un certain goût pour le désordre. Il s’agirait alors d’une situation complètement nouvelle, la guerre en Ukraine servant brusquement  d’arguments pour des conflits internes, y compris celui du wokenisme ou approchant, comme le montre l’intervention de Joy Reid sur MSNBC, – qui, après tout, n’est pas si déplacé :

« Dans une émission diffusée lundi [le 7 mars sur MSNBC], Reid a déclaré que les gens s'intéressent davantage à ce qui se passe en Ukraine qu'aux crises dans d'autres pays étrangers parce que les gens y sont blancs et chrétiens.

» Reid a cité le Yémen, où l'Arabie saoudite, avec le soutien des États-Unis, mène essentiellement une guerre contre l'Iran, ce qui entraîne des conséquences humanitaires horribles pour la population locale.

» Reid a suggéré que les gens ne se soucient pas autant de ce problème parce que ces personnes sont brunes.

» La commentatrice a déclaré : “Nous devrions également nous soucier autant des réfugiés et de ceux qui sont confrontés à l'occupation et à la guerre au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique”, ajoutant : “La couverture de l'Ukraine a montré une disparité assez radicale entre l’apparence et le sentiment des Ukrainiens humains aux yeux des médias occidentaux et ceux de leurs homologues plus bruns et plus noirs. ” »

 

Mis en ligne le 12 mars 2022 à 18H10

☐ ☆ ✇ Dedefensa.org

Ukrisis-8 : Nos ruines en contreplongée

Par : info@dedefensa.org — 13 mars 2022 à 00:00

Ukrisis-8 : Nos ruines en contreplongée

13 mars 2022 (14H00) – « [L]'évangile [libéral] est toujours radieusement vrai… »... Il est vrai que cette citation de David Brooks, qu’Alastair Crooke présente en tête de son texte, possède, au second degré à peine, avec une charge de folle ironie devant la folie du simulacre, le zèle religieux de type psychiatrique, la volonté complètement schizophrénique accompagnant l’épisode maniaque de nous assurer de la véracité indiscutable de l’illusion, enfin une sorte le déferlement de l’hallucination exaltée et extatique... Tout cela ! Tout cela pour nous confondre dans une stupéfaction sans fin : ces gens tiennent droite leur plume et signent dans le distingué New York ‘Times’ qui est le canard de référence, et tout le monde danse, le NYT en premier,  et la civilisation ad hoc de suivre le rythme de quelque chose qui rappelle vaguement la carmagnole, mais au rythme du « credo du libéralisme », sur le pont un peu incliné du ‘Titanic’, mais qu’importe nous tenons le cap ! En avant toute vers les profondeurs !

Je veux dire, –  « [Le] crédo du libéralisme toujours radieusement vrai… », un crédo comme celui de l’Évangile n’est-ce pas, qui connaît une nouvelle heure de gloire grâce à la “démocratie ukrainienne” comme on dirait “démocratie athénienne” (ça sonne pareil) ; laquelle renaîtrait de ce qu’on croirait être ses cendres provoquées par d’incroyables “méchants” chenillés et cliquetant comme d’affreux blindés envahisseurs et violeurs de toutes nos libertés sacrées ; laquelle “démocratie ukrainienne” tient à bout de bras notre liberté, car l’Ukraine lutte en vérité pour l’avenir du monde et notre paradis des “lendemains qui vocalisent, qui modulent, qui contre-utent à décorner les bœufs”...

Aurait-on imaginé, à Hollywood, aux temps lointains des scénaristes à la petite-semaine comme notre civilisation sait fort bon usage, des Scott Fitzgerald et des William Faulkner en manque de $dollars$, de composer scénario plus abracadabrantesque ? Un film qui se serait appelé ‘Kiev’ au lieu de ‘Casablanca’, annonçant que sonne l’heure de la libération, l’heure de la démocratie, avec une Victoria Nuland saluant, larmes-Bergman aux yeux, dans le brouillard des grandes steppes, un Zelenski-Bogart qui va monter à bord d’un MiG-29 polonais loué par l’ l’US Air Force ?

Voici la chose, – “cette citation de David Brooks”, – citation du petit gribouilleur de service, suivie d’une courte question de Crooke, étonnée, d’une ironie fatiguée à force d’avoir à supporter ces sornettes, à peine acerbe, tout juste acidulé, tout juste amarescent disons, du latin ‘amarescere’ qui est dit de “devenir amer”... Car comment peut-on, monsieur David Brooks, comment peut-on arriver à débusquer le génie d’une telle tirade ? Allons, monsieur David Brooks, dites-nous votre secret d’alchimiste de la démocratie...

« David Brooks, dans le New York Times, élève ce sentiment de culpabilité à des niveaux supérieurs :

» “Le credo du libéralisme connaît un second souffle [et] nous rappelle non seulement ce que c'est que de croire à la démocratie, à l'ordre libéral et à l'honneur national, mais aussi d'agir courageusement au nom de ces choses. Ils nous rappellent comment les revers [ont pu] nous faire douter et rester passifs face à l'évangile de la démocratie. Mais en dépit de tous nos échecs, l'évangile est toujours radieusement vrai…” »

» L'Ukraine peut être beaucoup de choses... mais un «“évangile de la démocratie” ? »

Le reste est en effet un superbe travail d’Alastair Crooke, surtout attaché ici à observer, à tenter de prévoir, de mesurer ce que seront les dégâts que nous nous faisons et allons nous faire à nous-mêmes... Nos prodigieuses performances en matière de “guerre de la communication”, notre prodigieuse capacité, presque bénédiction divine, de fabuler, d’affabuler, de singer dans l’arrière-cuisine de l’arrière-caverne de la caverne de Platon ; notre prodigieuse disposition à fabriquer encore et encore des décors de théâtre en carton mâché et dégusté, à égrener de sublimes et stupidissmes narrative que gobent et impriment les journalistes les plus libres du monde, si libre que la soumission leur paraît le havre même protégeant la pureté de cette liberté. Et puis ces horribles bombes ! Et ces émouvantes plaintes entonnées pour toutes les victimes ! Il faut dire que mes compatriotes ont des tonnes et des tonnes de larmes à rattraper, celles qu’ils n’ont jamais versées pour les Serbes, pour les Irakiens, pour les Libyens, pour les Syriens, pour les Houthis...

... Tiens, c’est moi qui ait écrit tout cela ? Ne devrais-je pas consulter du côté du « Cuckoo’s Nest » ? En attendant, laisser la plume à Alastair Crooke, pour qu’il nous donne sa leçon de lucide intelligence.

PhG – Semper Phi

_________________________

 

 

« Voilà ce qu’est la ‘fièvre de la guerre’ libérale » (*)

Nous savons tous que la couverture médiatique de l'Ukraine par les médias occidentaux a été très chargée, jouant sur les sentiments de sympathie de l'Occident pour (certaines) “victimes” défavorisées, et orientant les sentiments vers une indignation morale qui insiste, – voire exige – une rétribution et une punition pour les auteurs présumés.

David Brooks, dans le New York Times, élève ce sentiment de culpabilité à des niveaux supérieurs :

« Le credo du libéralisme connaît un second souffle [et] nous rappelle non seulement ce que c'est que de croire à la démocratie, à l'ordre libéral et à l'honneur national, mais aussi d'agir courageusement au nom de ces choses. Ils nous rappellent comment les revers [ont pu] nous faire douter et rester passifs face à l'évangile de la démocratie. Mais en dépit de tous nos échecs, l'évangile est toujours radieusement vrai… »

L'Ukraine peut être beaucoup de choses... mais un « évangile de la démocratie » ?

Toute crise grave, bien sûr, est aussi une occasion de mythopoésie, – surtout en période d'anomie, lorsqu'une moitié de la société, découragée, croit que son pays ne s'investit plus en elle et « que les systèmes économiques et politiques (et les gens qui les dirigent), sont empilés contre [elle], – quoi que vous fassiez ».

L'establishment anglo-américain s'est montré habile à comprendre qu'en raison de cette anomie et de l’érosion de notre “canopée sacrée”, un “noble mensonge” peut être utilisé pour donner un dernier souffle à un ordre fondé sur des règles. Son pouvoir inhérent peut être exploité pour générer l'indignation comme casus belli pour le libéralisme mondial. Après tout, quelle meilleure force unificatrice que le “grand projet américain” de la guerre pour stimuler le désir d'une signification nationale réappropriée.

L'Occident a porté la domination de l’“espace d'information” à de nouveaux sommets : il a consolidé les médias, resserré son emprise sur l'information, marginalisé les quelques journalistes d’investigation qui subsistent et réduit le scepticisme à néant en le qualifiant d'apaisement ou de “poutinisme”.  La liberté de pensée en ligne n'est pas autorisée ; les perspectives de diffusion sélectives sont supprimées ou autorisées (par exemple, les sympathies pro-néonazies et la violence à caractère politique contre les Russes et la Russie) ; un monopole de la vérité est ainsi établi. Lorsqu'elle est prise en flagrant délit de fausseté par rapport au dogme, toute intrusion errante est tout simplement “néantisée” du point de vue algorithmique.

Il ne fait aucun doute que l'Occident a raffiné ce mode de combat au plus haut point, mais son succès même diffuse également ses propres agents pathogènes dans les capillaires occidentaux. Une fois mis en branle, ce mode de combat possède tout le pouvoir d’accoutumance des jeux en ligne.  Écrivez le script d'un nouveau scénario, dirigez sa production, puis mettez-le en scène sur vidéo.  Beaucoup ne croiront peut-être pas le résultat, mais ils ne pourront rien faire d'autre que de le regarder en silence, frustrés. La partie est terminée. Vous avez “gagné”.

Sauf que ce n'est pas le cas. Ce jeu génère sa propre dynamique. Il y en a toujours un autre, à portée de main, pour remplacer la raillerie du dernier joueur à l'égard de Poutine ; pour saluer le nouvel acte de bravoure désintéressé de la victime ; pour spéculer sur d'autres actes criminels prévus contre elle.  Et ainsi, la demande de châtiment et de punition est investie d'un élan imparable. La logique de sa structure fait qu'il est presque impossible pour tout dirigeant politique de s'opposer à la marée montante.

C'est là où nous en sommes. Trois réalités tellement séparées les unes des autres qu'elles ne se touchent en aucun point. Il y a la réalité des opérations psychologiques qui n'a presque aucune ressemblance avec la réalité de la situation militaire sur le terrain. En fait, elles se manifestent comme des inversions polaires l’une de l’autre : une résistance héroïque contre une armée russe défaillante, démoralisée et handicapée. Alors que la réalité est que « Poutine n'est PAS fou et l'invasion russe n'est PAS un échec ».

Ensuite, il y a les réalités contradictoires d'une Europe et des USA unis dans « une entreprise économique et morale de puissance sociale et de moral de combat » (bien qu'au prix d'une certaine abnégation/autoflagellation pour eux-mêmes) pour punir la Russie. L'autre réalité est qu’un “monde en guerre”, – que cette guerre soit cinétique ou financière, – sera un désastre pour l'Europe (et l’Amérique).

La guerre est inflationniste.  La guerre est contractionniste (et inflationniste aussi). Tout, – le pétrole, le gaz, les métaux, etc., – augmente vertigineusement, et toute la chaîne de production alimentaire est soumise à des pressions de toutes parts. Mais cette situation est clairement moins désastreuse pour un super fournisseur de produits alimentaires et de matières premières comme la Russie.

La troisième série de réalités contradictoires est, d'une part, la focalisation exclusive et sans contexte sur les événements en Ukraine, qui efface ce moment d’inflexion politique et économique mondiale, et, d’autre part, l’énorme phénomène qu’est le mégaprojet Russie-Chine pour forcer un retrait et une protection de l’ensemble de l’ordre hégémonique “fondé sur des règles”.

Il y a d'autres réalités contradictoires  (comme celle de la Russie isolée et évincée par opposition à la réalité qu'une grande partie de la planète ne soutient pas les sanctions punitives américaines et européennes), – mais peu importe.

La question n'est pas seulement de savoir ce qui se passe lorsque ces réalités se heurtent, mais ce qui se passe lorsque l'une ou l'autre “réalité”, qui a déjà une charge hyperémotive et moralisatrice, est forcée de prendre pleinement conscience qu'elle a eu TORT ?

C'est le pathogène inhérent au fait de pousser à l’extrême le champ de bataille de la domination de l'information. Il faut se poser la question suivante : dans quel sens les émotions se transformeront-elles si tout le battage médiatique tombe à plat et que le “méchant” gagne la partie ? Les gens se retourneront-ils contre leurs dirigeants actuels ou choisiront-ils de redoubler d'efforts et de réclamer davantage de “guerre” alors que leurs instincts se rebellent contre le constat d'échec infligé à leurs convictions quasi-religieuses ? L’issue de ce dilemme psychique peut déterminer si nous nous dirigeons vers une escalade et une guerre étendue, ou non.

Des responsables du renseignement américain ont affirmé mardi que Poutine est “désespéré” de mettre fin au conflit en Ukraine, certains suggérant en privé qu’il pourrait même faire exploser une arme nucléaire tactique dans une ville ukrainienne pour y parvenir. Alimenté par ses déceptions, Poutine pourrait avoir recours à une petite arme nucléaire : « Vous savez, la doctrine russe veut que l'on escalade pour dés-escalader, et je pense donc que le risque augmenterait, conformément à la doctrine », a déclaré Burns, directeur de la CIA et ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou.

Nous y voilà... la prochaine étape de l'escalade. Elle est maintenant attribuée à Poutine, mais le fait est qu'elle a été rendue publique par la CIA. Est-ce une préparation du terrain ? Il est peu probable qu'une escalade à ce niveau soit envisagée, tant que l’option d’enfoncer la Russie dans un bourbier ukrainien reste fermement envisagée. Si la narrative de la guerre psychologique, – dont dépendent tant de choses, – ne résiste pas à la réalité du terrain, l'opinion publique exigera des réponses. Pourquoi ont-ils été conduits sur “The Primpose Path” ? Le revers de la “canopée sacrée” serait immense.

Des laboratoires biologiques ont été découverts en Ukraine qui auraient un lien avec les Etats-Unis : Interrogée à leur sujet, Victoria Nuland a étonnamment admis leur existence, mais a déclaré « qu'elle craint que la Russie ne les obtienne et qu'elle est sûre à 100%  que, s'il y a une attaque biologique, elle viendra de la Russie. ».  Jeudi, les médias britanniques titraient en première page : « Poutine prépare une attaque aux armes chimiques en Ukraine ».  Il est clair que le facteur peur est renforcé pour soutenir une stratégie d’insurrection à long terme contre la Russie en Ukraine occidentale.  Il s'agit, comme l'a laissé entendre David Brooks, du dernier souffle pour la défense de l'ordre mondial libéral.

Tout ce battage médiatique, – armes nucléaires tactiques, armes biologiques et chimiques, – peut-il vraiment nous conduire à la guerre ?  James Carden, dans son article, affirme que c'est possible, – et que ça l’a été. Il cite un exemple :

« Dans une lettre privée écrite en 1918, le chancelier allemand récemment déchu a admis qu’à l'approche de la Grande Guerre, “il y avait des circonstances particulières qui militaient en faveur de la guerre, notamment celles où l’Allemagne, en 1870-71, est entrée dans le cercle des grandes puissances” et est devenue “l’objet d'une envie vengeresse de la part des autres grandes puissances, en grande partie, mais pas entièrement, par sa propre faute”.

» Pourtant, Bethmann voyait un autre facteur crucial à l'œuvre : celui de l'opinion publique. “Comment expliquer autrement, demande-t-il, le zèle insensé et passionné qui a permis à des pays comme l'Italie, la Roumanie et même l’Amérique, qui n’étaient pas impliqués dans la guerre à l'origine, de n'avoir aucun répit avant de s'être eux aussi plongés dans le bain de sang ? Il s'agit certainement de l'expression immédiate et tangible d'une disposition générale à la guerre dans le monde”. »

Face à la perspective que Poutine puisse parvenir à ses fins, sans guerre générale, comment l'Europe et l'Amérique pourraient-elles réagir ?  Elles pourraient réagir très différemment.

Tout d'abord, nous devons nous rappeler que l'un des objectifs de cette “fièvre de guerre” a toujours été de lier l'Europe aux États-Unis et à l'OTAN, et d’empêcher la Russie et la Chine de coopter l'Europe dans le projet d'intégration économique du grand Hartland asiatique, – laissant ainsi les États-Unis comme une “île” maritime isolée, stratégiquement parlant.

Les néo-conservateurs purs et durs ont obtenu des résultats positifs : Nordstream 2 est annulé, – laissant l'Europe sans une source d'énergie sûre et bon marché. Dès le départ, le projet européen a été conçu comme un mariage entre les ressources russes et la capacité de production européenne. Cette option est désormais révolue.  L’UE s'est entièrement liée à la “fièvre” et à la sphère américaine. Et elle a érigé un “rideau de fer” contre la Russie (et par extension la Chine).  Elle s'est “sanctionnée” dans un paradigme d'énergie et de produits de base à coût élevé et s'est transformée en un marché captif pour les grandes entreprises énergétiques américaines et la technologie américaine.

L'UE a toujours aimé s'imaginer comme un imperium libéral. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Son ‘Re-Set’ de Davos, conçu pour prendre de vitesse l'Amérique, n'existe plus. Les quatre “transitions” clés sur lesquelles Bruxelles comptait pour faire passer son influence du niveau national et au niveau mondial supranational sont caduques : les réglementations sanitaires mondiales du “passeport vert”, le climat, l'automatisation et les cadres réglementaires monétaires, – pour une raison ou une autre, – ont échoué et ne sont plus à l’ordre du jour.

L'UE comptait sur ces transitions pour imprimer une énorme quantité d'argent. Elle en a besoin pour liquider un système surendetté. En l'absence de ce point d'ancrage, elle envisage de créer une caisse noire (hautement inflationniste) (apparemment pour la défense et le remplacement de l'énergie russe), financée par des euro-obligations. (Il sera intéressant de voir si les “quatre pays économes” de l'UE adhèrent à ce stratagème de mutualisation de la dette).

Pourtant, l'inflation, – déjà élevée et qui accélère, – est à l'origine de la crise à laquelle Bruxelles est confrontée. Il n'y a pas grand-chose à faire à ce sujet, compte tenu des sanctions que l'UE a prises à l'encontre de la Russie, – tous les prix augmentent vertigineusement. Quant à l'autre lacune, l’Europe n'a aucune chance de trouver 200 milliards de mètres cubes de gaz ailleurs pour remplacer la Russie, que ce soit en Algérie, au Qatar ou au Turkménistan, – sans parler du fait que l'UE ne dispose pas des terminaux GNL nécessaires.

Les Européens sont confrontés à un avenir sombre fait de flambée des prix et de contraction économique. Pour l'instant, ils ne peuvent offrir que peu de dissidence politique aux élites qui les contrôlent. Les cadres d'une véritable opposition (par opposition à une opposition symbolique) en Europe ont été en grande partie démantelés dans le zèle de Bruxelles à réprimer le “populisme”.  Les citoyens européens supporteront cette perspective dans une colère maussade (jusqu'à ce que la douleur devienne insupportable).

Aux États-Unis, cependant, le “populisme” n'est pas mort. Quelque 30 membres du Congrès du GOP ont choisi de se retirer lors des prochaines élections de mi-mandat. Nous pourrions bien assister à une recrudescence du sentiment populiste américain en novembre. Le fait est que le populisme américain est traditionnellement conservateur sur le plan fiscal. Et il semble que Wall Street évolue également dans cette direction : c'est-à-dire qu’il pourrait se préparer à abandonner Biden et à soutenir une plus grande rigueur fiscale.

C'est potentiellement énorme. Cette semaine, le directeur de la Réserve fédérale a déclaré que si une partie de l'inflation américaine record peut être attribuée à la Fed, le Congrès est également responsable.  Cela se traduit en gros par “Arrêtez les grosses dépenses, Biden !”. La Fed a besoin de l'espace nécessaire pour augmenter les taux d'intérêt.  Le directeur de la Citi Bank s'est exprimé dans le même sens.

Wall Street va-t-il changer de camp (il a soutenu Biden lors des dernières élections), et ainsi agrandir la marge de la probable majorité républicaine au Congrès ?  Si tel est le cas, avec une majorité suffisante, tout peut devenir (politiquement) possible.  Le conservatisme républicain traditionnel (c'est-à-dire avant le flirt avec les faucons néoconservateurs) est très prudent vis-à-vis de l'aventurisme étranger.

« Qu’il s'agisse des ‘Black Live Matters’, du coronavirus ou maintenant de l'Ukraine, chaque question est abordée en termes apocalyptiques et avec une peur gargantuesque. Mais, pour ce qui est de toutes ces frayeurs :

» Les ‘déplorables’ ont déjà donné ».  (... En paraphrasant)

Alastair Crooke

 

Note

(*) En adaptant cette phrase de « This is what liberal war fever looks like » (James Carden, dans ‘The Spectator’)

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