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À la découverte des communautés les plus reculées de l'est du Bhoutan

Par : National Geographic — 28 mars 2024 à 10:59

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Aïd al-Fitr : comment le jeûne du Ramadan est rompu à travers le monde

Par : National Geographic — 27 mars 2024 à 11:05

Lorsque le soleil se couchera le 9 avril, les musulmans du monde entier regarderont vers le ciel pour apercevoir un croissant de Lune - la conclusion du mois sacré du Ramadan.

Commençant et se terminant avec la nouvelle lune, le ramadan est observé durant le neuvième mois du calendrier lunaire arabe. Ce serait à ce moment-là que les premiers versets du Coran auraient été révélés au prophète Mahomet, il y a plus d'un millénaire. Du lever au coucher du soleil, les musulmans s'abstiennent de manger, de boire et de commettre des vices comme le commérage et le mensonge. Il s'agit non seulement d'une période d'introspection, mais aussi d'un rappel à la charité envers les plus nécessiteux.

L'Aïd al-Fitr, qui signifie en arabe « fête de la rupture du jeûne », est célébré pendant trois jours à la fin du ramadan par des prières, des festins, des défilés, des cadeaux et des dons de charité. Voici un aperçu de la manière dont il est célébré dans le monde entier.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Les derniers peuples non contactés peuvent-ils survivre au surtourisme ?

Par : National Geographic — 21 mars 2024 à 18:23

Dans nos sociétés mondialisées et hyperconnectées, il paraît impossible de ne pas échanger avec ses voisins, ne serait ce que pour importer des biens de consommation. Et pourtant, en Amazonie et dans l’Océan Indien, quelques peuples se tiennent loin du reste du monde. On les appelle les peuples « non contactés », selon les termes de l’ONG Survival International, qui lutte pour les droits des peuples autochtones. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont jamais eu d’échange avec le monde extérieur, mais simplement qu’ils cherchent à éviter tout contact. 

Dans l’Océan Indien, les peuples non contactés sont tous situés dans les îles Andaman, un archipel du Golfe du Bengale. Il y a été recensé à ce jour cinq ethnies, divisées en deux groupes : les Grands Andamanais, qui ne sont aujourd’hui plus que cinquante-deux selon Survival International, et le groupe des Onges-Jarawa. Ce dernier groupe comprend les tribus des Sentinelles, des Jarawas, des Nicobarais et des Onges. 

 

LES RAVAGES DU TOURISME

Du fait de leur isolement et du peu d’informations dont nous disposons sur eux, ces peuples ont dans nos imaginaires des représentations erronées. Les médias utilisent parfois des termes caricaturaux les concernant, tels que « tribu de l’âge de pierre », qui ne permettent pas de préjuger de leur réel niveau de développement. Cela entretient l’image fantasmée que d'aucuns peuvent entretenir, qui peut beaucoup nuire à leurs conditions de vie. 

Les Jarawas par exemple, sont sans cesse victimes des comportements inappropriés de la part de touristes, qui sont près de 300 000 à traverser la Andaman Trunk Road chaque année. Cette route a été construite dans les années 1970 par le gouvernement indien et traverse leur réserve. À cette période, le gouvernement indien cherchait déjà à entrer en contact avec eux. « Ils ont eu des contacts mensuels à partir de 1974. Les autorités d'Adaman avaient l'habitude d'aller les rencontrer sur la plage à la pleine lune, tous les mois. Le plan du gouvernement était d'essayer de les sédentariser », explique Sophie Grig, responsable de la recherche et du plaidoyer pour Survival International.

Aujourd’hui, certains « safaris humains » sont organisés pour les touristes. Les Jarawas y sont filmés à leur insu, et subissent des demandes déplacées, telles que celle de danser devant la caméra en échange de nourriture. Certains touristes leur jettent même des bananes. Un comportement jugé « déshumanisant » et offensant » par Sophie Grig. « En vertu du droit international, ils ont des droits sur leurs terres et ce sont leurs territoires. […] Survival International a toujours fait campagne pour que la route qui traverse leur territoire soit fermée, ce qui a été ordonné par la Cour suprême en 2001. Mais cela n'a toujours pas été fait. »

La construction de la route a aussi favorisé le braconnage, notamment des cochons sauvages, qui sont le principal gibier de l’île. Cela pousse certains Jarawas à devoir mendier de la nourriture sur les bords de la route. Si une « zone de réserve », théoriquement infranchissable, a été fixée par le gouvernement indien, de nombreuses personnes n’en tiennent pas compte. Et certains gardes forestiers, censés protéger les habitants de l’île des ingérences extérieures, leur proposent parfois des cigarettes et de l’alcool

Le 21 janvier 2013, les juges GS Singhvi et HL Gokhale ont adopté une ordonnance provisoire interdisant aux touristes d'emprunter la route nationale traversant les régions de Jarawa. En réponse à cette ordonnance provisoire, une pétition a été déposée au nom des habitants locaux, affirmant que la route nationale d'Andaman est une route vitale qui relie plus de 350 villages. Le 5 mars 2013, la Cour suprême a donc annulé son ordonnance provisoire, autorisant la réouverture complète de la route, mais les véhicules ne pouvant circuler en grands convois que quatre fois par jour.

 

LES REFUS DU CONTACT

Le peuple des Sentinelles vit une situation presque opposée à celle des Jarawas. Ce peuple de chasseur-cueilleurs vit sur l’île des Sentinelles, une terre isolée dont la superficie équivaut à celle de l’île de Ré. On estime que leur population comptabilise cinquante à deux cents âmes. « On pense qu'ils sont les descendants de certaines des premières migrations en provenance d'Afrique », explique Sophie Grig. Ils rejettent aujourd’hui toute forme de contact avec le monde extérieur, attaquant avec leurs lances et arcs toute personne cherchant à pénétrer sur leur territoire

« Nous ne savons rien de leur langue, qui est très différente de celles des autres tribus des îles Andaman, et nous ne savons pas d'où ils viennent. Ce que nous savons, c’est qu’ils ont clairement fait savoir qu'ils ne voulaient pas d'autres personnes sur leur île », résume Sophie Grig.

En novembre 2018, l'Américain John Allen Chau a tenté d’évangéliser les Sentinelles. Le missionnaire, qui se définissait surtout comme un « aventurier », avait mûri son projet depuis plusieurs mois malgré les avertissements de ses proches, comme le prouvent les notes prises dans son journal. Malgré le fait que l’île soit strictement interdite d’accès par le gouvernement indien depuis 1996, il s’est approché de l’île en canoë. Il a été accueilli par un volet de flèches, et est mort sur le coup. La police indienne a ouvert une enquête, et les sept pêcheurs ayant aidé John Allen Chau à se rendre sur place ont été arrêtés. 

Un événement similaire s’était déjà produit en 2006, lorsque deux pêcheurs indiens, Sunder Raj et Pandit Tiwari, s’étaient échoués par erreur sur l’île après avoir braconné dans les eaux alentour. Ils ont été tués par les Sentinelles. 

Avant cela, plusieurs autres tentatives de contact avaient été établies, pour la plupart infructueuses. Au printemps 1974, une équipe de tournage de la National Geographic Society s’est rendue sur l’île pour y réaliser un documentaire ayant pour sujet les îles Andaman, Man in Search of Man. Lorsque leur bateau motorisé s’est approché de la plage, les Sentinelles sont sortis de la jungle, armés d’arcs et arrosant l’équipe de flèches.

En 1991, les anthropologues indiens Triloknath Pandit et Madhumala Chattopadhya avaient réussi à établir un contact avec la tribu, en leur apportant des noix de coco. Mais cela s’en est tenu à ce simple échange, car les Sentinelles étaient encore sur leurs gardes et ont fini par faire comprendre à l’équipe de chercheurs venus leur rendre visite qu’il était temps de partir. 

En 1996, le gouvernement indien a finalement décidé de mettre fin à toutes les tentatives de contact avec les habitants de ces îles. 

 

LES MALADIES

Si les Sentinelles redoutent autant les contacts avec l’extérieur, c’est en partie à cause des maladies exogènes que peuvent leur transmette les personnes extérieures. En janvier 1880, une expédition britannique, menée par l’officier Maurice Vidal Portman, avait pour but de capturer des habitants de l’île. Ce fut a priori le premier contact des Sentinelles avec le monde extérieur. Quatre jeunes enfants et deux personnes âgées de la tribu furent capturés, et emmenés à Port Blair, la capitale du territoire indien des îles Andaman-et-Nicobar. Les deux personnes âgées sont décédées, ce qui a poussé les Britanniques à ramener les enfants sur l’île, chargés d’offrandes. Il est « très probable » pour Sophie Grig, que cet événement traumatisant pour la tribu, soit « la raison pour laquelle ils sont si déterminés à défendre leur île et leur mode de vie. »

Les enfants ont certainement attrapé des maladies exogènes au contact de leurs ravisseurs, comme la grippe, la rougeole ou la varicelle. Or les membres de la tribu n’ont pas développé de défense immunitaire contre ce type de virus, ce qui a très probablement entraîné des décès.

« Il n'est pas impossible que les Sentinelles viennent d'être infectés par des agents pathogènes mortels contre lesquels ils n'ont aucune immunité, avec le potentiel d'anéantir toute la tribu », écrivait dans ce sens Survival International en novembre 2018, quelques jours après l’expédition ratée de John Chau. 

Les maladies exogènes représentent sans doute l’un des plus grands dangers pour ces peuples isolés. De façon générale, il est prouvé que les échanges avec l’extérieur provoque très souvent un effet très négatif sur les peuples non contactés. 

 

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

Il existe un autre danger qui plane sur les peuples non contactés : la destruction de leur habitat par des puissances étrangères au nom du développement économique. C’est par exemple ce qui risque de se produire pour les Shompens, un peuple de trois cents âmes qui vit dans les forêts de l'intérieur de l'île de la Grande Nicobar et refuse toute interaction avec l’extérieur.

Mais ils pourraient être menacés par un énorme projet de construction mené par le gouvernement indien, souhaitant faire de l’île « un Hong Kong de l’Inde ». Les autorités prévoient de créer un mégaport, une ville, un aéroport international, une centrale électrique, une base militaire, un parc industriel et des zones touristiques sur une superficie de plus de 244 km², dont 130 km² de forêt tropicale, explique Survival International, qui mène une campagne active contre ce projet. « On parle d'amener 650 000 personnes sur une île qui n'en compte actuellement que 8 000. Et nous savons, avec ce qui s'est passé avec les Jarawas, que l'une des choses qu'ils veulent faire, c'est développer le tourisme dans la région », déplore Sophie Grig. Le gouvernement indien indique qu’il compensera la perte des puits de carbone que sont les forêts actuelles en plantant de nouveaux arbres dans les broussailles au nord de l’Inde. Mais cela ne lève pas la menace qui plane sur les Shompens avec ce projet, qui équivaudrait à « une condamnation à mort pour les Shompens », dénoncent trente-neuf universitaires venus de treize pays dans une lettre ouverte à la présidente indienne Droupadi Murmu, elle-même aborigène.

« Les peuples non contactés sont entièrement autonomes. Ce sont des experts de leur environnement. Ils connaissent tout de leur forêt, ils pêchent dans les ruisseaux, ils chassent dans la forêt. Ce sont des experts absolus et ils n'ont pas besoin qu'on leur enseigne l'agriculture ou qu'on les colonise », conclut Sophie Grig.

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Sept photographes National Geographic dévoilent les coulisses de leurs meilleurs clichés

Par : National Geographic — 21 mars 2024 à 10:35

Qui irait jusqu’à chasser une tornade, plonger au milieu des requins ou se rendre dans une zone de conflit, tout cela pour prendre une photographie ? Lorsqu’il était enfant et feuilletait les numéros de National Geographic, Jimmy Chin, alpiniste, skieur, photographe et cinéaste, s’est beaucoup posé cette question. Lorsqu’il s’est mis à la photographie à l’âge adulte, son objectif était de travailler un jour pour le magazine.

Depuis qu’il a rejoint les rangs de la communauté de photographes de National Geographic en 2002, Chin a pu montrer jusqu’où il était prêt à aller (et à jusqu’à quelle hauteur il était prêt à monter) pour capturer une photographie mémorable. En 2017, lorsque son ami et collègue Alex Honnold a effectué l’ascension en solo intégral d’El Capitan, une formation rocheuse emblématique du parc national de Yosemite, le photographe était suspendu à plus de 600 mètres au-dessus du sol pour immortaliser cet exploit. La vertigineuse ascension de Honnold a également fait l’objet d’un documentaire intitulé Free Solo pour National Geographic, co-réalisé par Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi, qui a remporté l’Oscar du meilleur film documentaire en 2019.

Cette fois, les deux explorateurs National Geographic ont décidé de tourner leur caméra vers les photographes eux-mêmes. Leur nouveau projet, une série documentaire en six épisodes intitulée Photographes, permettra aux téléspectateurs de suivre « certains des conteurs de récits visuels les plus extraordinaires du monde », comme les décrit Chin. « Nous avons toujours été fascinés par les histoires des personnes qui repoussent les limites de l’expérience humaine. » Qu’il s’agisse de réaliser un exploit qui n’a jamais été accompli ou de capturer un cliché que personne n’a jamais vu, tout cela relève du « même instinct », explique-t-il.

Les photographes mis en valeur dans la série sont liés par leur dévouement à leur art. De la vie de minuscules animaux au dernier vol d’une navette spatiale de la NASA, voici un aperçu des œuvres de sept artistes extraordinaires, et des histoires qui ont mené à leur création.

 

KRYSTLE WRIGHT

Imperial, dans le Nebraska

« C’est difficile d’assister à ça, car on peut ressentir une contradiction. D’un côté, on se dit que c’est incroyable de pouvoir être témoin d’un tel phénomène, mais en même temps, surtout lorsque ce dernier traverse une ville, on réalise qu’il est également en train de détruire des vies. »

Les éclairs d’un impressionnant orage supercellulaire menaçaient une exploitation agricole lorsque la photographe Krystle Wright et ses collègues chasseurs d’orages sont arrivés sur les lieux, en mai 2019 ; un timing parfait, mais « purement dû à la chance », se souvient Wright. Après avoir battu en retraite face à un orage de grêle qui s’abattait sur leur SUV dans le Colorado, l’équipe s’est rendue jusqu’au Nebraska où elle a rattrapé le système orageux représenté sur ce cliché, qui atteignait alors le sommet de sa puissance.

 

ANAND VARMA

Montréal, au Québec

Anand Varma, explorateur National Geographic, a capturé des milliers d’images d’une coccinelle en train de s’agripper au cocon d’une guêpe braconide pour la couverture d’un numéro du magazine, en 2014. La larve de la guêpe s’était développée à l’intérieur de l’abdomen de cette coccinelle maculée ; juste avant de sortir pour tisser son cocon, la guêpe a paralysé son hôte. Durant ce processus, la coccinelle s’est agitée comme un zombie. Après la publication, plusieurs lecteurs ont écrit à Varma pour lui confier que son cliché leur avait permis de commencer à apprécier les insectes, ou, comme le dit le photographe lui-même : « Avant, je trouvais les insectes dégoûtants, mais maintenant, je les trouve fascinants. »

 

MUHAMMED MUHEISEN 

Al Mafraq, en Jordanie

« Pour saisir la bonne émotion, pour capturer la bonne image, il est essentiel de respecter ses sujets et de gagner leur confiance. Ce n’est pas quelque chose que l’on achète ou que l’on vend. C’est quelque chose dans lequel nous devons investir. C’est un investissement à long terme. »

Zahra Mahmoud, photographiée ici à l’âge de 7 ans en 2018, vit dans une tente en Jordanie. Muhammed Muheisen, un explorateur National Geographic qui documente des crises de réfugiés, a rencontré Zahra et sa famille en 2015, qui venaient de fuir la guerre en Syrie, leur pays natal. Chaque année, Muheisen leur rend visite au campement et photographie Zahra, aujourd’hui adolescente, et déclare qu’il continuera à raconter l’histoire de cette famille jusqu’au jour où elle aura trouvé un logement plus permanent.

 

CAMPBELL ADDY

Londres, au Royaume-Uni

« Cette image représente une période de ma carrière et de ma vie durant laquelle je m’interrogeais sur mon but et ma voie… J’avais l’impression de m’être perdu dans mon travail. Alors, pour relancer ma créativité, je suis revenu au commencement. Je suis revenu à moi. »

Les photographies de mode et les portraits de Campbell Addy explorent l’identité au travers de représentations stylisées et audacieuses de visages et de corps, souvent noirs. Dans le cadre d’une exposition en 2023, Addy est passé de l’autre côté de l’appareil photo pour une série d’autoportraits, dont celui-ci, sur lequel son visage est noirci, un motif récurrent dans ses œuvres, et ses cheveux coiffés pour évoquer l’étrange lapin du film culte Donnie Darko. Au travers de ce projet, le photographe souhaitait se rappeler qu’il devait rester courageux sur le plan artistique.

 

CRISTINA MITTERMEIER

Îles Galápagos

« [La photographie est] un travail très exigeant. Il faut partir souvent, des mois durant, et se consacrer à un projet qui peut nous isoler du reste du monde. En tant que photographes, nous sommes des loups solitaires. Ainsi, lorsque Paul et moi nous sommes rencontrés et avons commencé à travailler ensemble, c’était un peu comme trouver une bouée de sauvetage au milieu de l’océan. »

En 2021, la photographe Cristina Mittermeier et son partenaire Paul Nicklen, tous deux explorateurs National Geographic, plongeaient ensemble dans les îles Galápagos afin de promouvoir l’expansion d’une réserve marine protégée. Lorsqu’un courant océanique a entraîné Mittermeier vers un récif, la photographe n’a pas focalisé son attention sur le grand requin qui patrouillait dans la zone, mais sur la scène qui avait lieu au-dessus d’elle : un banc d’apogons en train de s’écarter de la trajectoire d’une otarie des Galápagos.

 

PAUL NICKLEN

Territoire du Nunavut, au Canada

Avec la disparition de la banquise arctique et la faim qui en résulte, les ours polaires sont de plus en plus souvent contraints de chasser les phoques en pleine mer. En 2004, Paul Nicklen a photographié un mâle en train de nager sous un morceau de glace, et son reflet visible sur la surface de l’eau. Pour obtenir cet angle, Nicklen s’est penché sur le côté du petit bateau depuis lequel il observait la scène et a plongé son appareil photo dans l’eau.

 

DAN WINTERS

Centre spatial Kennedy, en Floride

« Mon travail consiste principalement à faire des portraits. Le reste, c’est vraiment ma passion. J’ai eu la chance de travailler avec la NASA à titre officiel, ce qui est assez incroyable. Je ne pense pas que j’aurais pu imaginer travailler un jour avec eux lorsque j’étais enfant. »

Le 16 mai 2011, après dix-neuf années d’activité, la navette spatiale Endeavour s’est envolée pour une dernière mission. La veille du lancement, qui était également le 25e de l’engin, Dan Winters a installé des appareils photo à déclenchement sonore autour de la rampe de lancement. Il a utilisé un autre appareil pour réaliser cette image manuellement, en diminuant l’exposition afin de créer une scène plus sombre et plus dramatique. Lorsque les propulseurs de la fusée se sont mis à gronder, les appareils photo se sont déclenchés.

Retrouvez les plus grands photographes National Geographic dans la série documentaire Photographes, tous les lundis à 22.50 sur National Geographic.

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Comment identifier une photo retouchée à l’heure de l’intelligence artificielle ?

Par : National Geographic — 13 mars 2024 à 18:34

Après des semaines de spéculations sur l’absence de Kate Middleton, temporairement libérée de ses obligations publiques pour des raisons de santé, une photo de famille modifiée numériquement et publiée par le palais de Kensington n’a fait qu’attiser l'imagination des internautes, les observateurs les plus perspicaces ayant remarqué des détails troublants comme une étrange manchette et une fermeture éclair dépareillée. 

Bien que la princesse de Galles ait par la suite admis avoir retouché la photo, les experts affirme qu’il est préférable de laisser les professionnels vérifier les images.

« On peut très facilement aller trop loin dans la retouche photo et tout rendre suspect », explique Hany Farid, professeur à l’université de Californie à Berkeley, spécialisé dans la criminalistique des médias. « À l’œil nu, vous ne pourrez pas déterminer avec la moindre certitude si ce que vous voyez est vrai. »

Heureusement, les experts disposent d’outils spéciaux, dont « des techniques de criminalistique numérique et des ressources telles que la géolocalisation, l’imagerie satellite et des données de capteurs, qui leur permettent (à eux comme au public) de pouvoir croire en ce qu’ils voient », explique Christopher Looft, coordinateur de production de l’unité de vérification visuelle d’ABC News. « L’intelligence artificielle générative progresse à un tel rythme que les indices que nous recherchions il y a un an sont probablement aujourd’hui dépassés. »

Cela dit, si vous craignez d’être induit en erreur par de fausses informations, voici quelques conseils d’experts que vous pouvez commencer à appliquer dès aujourd’hui.

 

RENSEIGNEZ-VOUS SUR LA SOURCE DE LA PHOTOGRAPHIE

Votre première ligne de défense sera de vous interroger sur l’origine de la photographie. Une photo publiée par un particulier, une entreprise ou une entité politique peut être retouchée afin d’en améliorer la qualité, de promouvoir un produit ou d’en tirer un avantage quelconque.

Mais qu’en est-il des organes de presse de confiance, qui, rappelons-le, sont eux-mêmes des entreprises ? À en croire Farid, vous pouvez toujours vous fier à ceux qui ont pour habitude de couvrir les événements de manière objective. « On les exhorte de bien faire les choses », explique-t-il. Lorsque les agences photographiques (Associated Press, Reuters et l'AFP, puis Getty Images) ont dû demander à leurs clients de cesser de distribuer la photo de Kensington, ça a été « mauvais pour les affaires », car l'affaire a nui à leur crédibilité, raconte-t-il.

« Quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf pour cent du temps, [les agences] font bien les choses », affirme Farid à propos des organes de presse de confiance. « Vous pouvez être en désaccord avec leur présumée orientation politique, mais ce sont des gens honnête qui font un travail sérieux. » Il ajoute que les normes auxquelles sont soumis ces organismes pour publier une photographie sont bien plus strictes que celles d’un particulier ou d’une entité commerciale (si tant est qu’ils aient des normes à respecter).

 

MÉFIEZ-VOUS DES SUJETS D'ACTUALITÉ SENSIBLES

Les hypertrucages ou « deepfakes » politiques sont également très répandus, en particulier lors des années électorales. Citons la satire qui est protégée en tant que commentaire politique, mais aussi les appels téléphoniques robotisés utilisant la voix d’un candidat à la présidence, qui peuvent s’avérer illégaux. La frontière est mince.

Autre sujet sensible : les conflits. « Dans le brouillard de la guerre, il est très difficile d’analyser la situation. Les émotions sont à fleur de peau. Ajoutez de la désinformation ou des images truquées, et tout devient confus », souligne Farid. « En l’espace de quelques jours, on tombe sur des images, des audios, et des vidéos truquées, puis le vrai passe pour le faux. »

 

ANALYSEZ L’ÉCLAIRAGE

L’une des façons de savoir que la photo de Kensington n’a pas été créée par une intelligence artificielle est que « l’éclairage des visages est cohérent », explique Farid. C’est un détail auquel Mark Thiessen, photographe National Geographic, prête constamment attention.

Grâce à ses dizaines d’années d’expérience en matière d’éclairage et de photographie, il a su déterminer quelle photo de guépard avait été générée par IA dans un précédent article paru sur notre site ; une énigme qui avait laissé perplexes de nombreux membres de notre équipe et de nos lecteurs.

Thiessen note que si les deux vraies photos présentaient un éclairage réaliste (l’une éclairée par le soleil tapant légèrement à droite du guépard, l’autre prise avec un flash frontal), le guépard réalisé par IA présentait dans l’un de ses yeux un intense reflet bleu artificiel. Le bleu n’est pas nécessairement une couleur étrange, surtout en extérieur lorsque le ciel se reflète dans les yeux, mais en l’absence de toute autre nuance de bleu dans l’image, il s’agit d’un indice révélateur, affirme-t-il.

« Le photographe qui m’a enseigné l’éclairage à l’université m’a dit d’observer chaque image en analysant son éclairage, peu importe qu’il s’agisse d’une scène de film, d’une photo de magazine ou d’une publicité », explique Thiessen. « On peut généralement comprendre comment les choses sont éclairées grâce aux yeux : réfléchissants et ronds, ils sont le reflet de l’agencement de la lumière. »

 

VÉRIFIEZ LES FAITS PAR VOUS-MÊME

Si une photographie vous laisse perplexe, Farid suggère de vérifier si des recherches ou des articles en rapport avec celle-ci ont été publiés, ou si d’autres organismes tels que Snopes ou AFP Fact Check ont enquêté sur le sujet. Si vous ne voyez l’image que sur des forums communautaires comme Reddit, 4chan et Twitter, « vous feriez sûrement mieux de l’ignorer ».

« De nombreux "fakes" ne sont pas nécessairement montés de toute pièce : le plus souvent il s’agit simplement de vieilles images présentées comme inédites », explique Looft. « On peut facilement savoir si une image existe déjà grâce à la recherche d’image inversée. Il y a plusieurs façons de le faire, mais des sites comme TinEye proposent une excellente recherche inversée, et d’autres outils pour ceux qui souhaiteraient approfondir leur recherche ».

 

DE L’IMPORTANCE DU PHOTOJOURNALISME

Il convient de bien faire la différence entre un « photojournaliste » et un « photographe », souligne Thiessen, car, pour les photojournalistes, le contenu d’une photo ne peut être modifié.

Là-encore, il existe une différence entre les pratiques d’édition standard, telles que l’ajustement des niveaux de contraste à partir d’un fichier brut, et la manipulation en tant que telle. Au lieu de photographier un objet suspendu par un fil de pêche et d’ensuite supprimer le fil, explique-t-il, « nous trouverons le moyen de photographier l’objet sans fil de pêche ».

Dans un contexte marketing ou d’utilisation commerciale, ces règles peuvent cependant être contournées pour permettre un montage en postproduction. Et comme la frontière entre le journalisme promotionnel et le journalisme éditorial en matière d’images tend plus que jamais à s’effacer, Thiessen soutient qu’il est crucial de définir le photojournalisme.

Comme nous ne pouvons nous fier à la générosité de la famille royale, d’une marque ou de quiconque défendant des intérêts personnels, il est particulièrement important d’avoir des photojournalistes sur lesquels nous pouvons compter pour ne pas manipuler les photos. Il est même préférable, selon lui, que plusieurs journalistes indépendants assistent à un même événement afin qu’ils puissent se contrôler mutuellement.

« Si nous ébranlons la confiance dans les institutions, les médias, les universitaires, les scientifiques et le gouvernement, nous aurons de gros problèmes de société », ajoute Farid. « Car, si tel est le cas, les mécanismes mêmes dont nous disposons pour parler d’une crise sanitaire mondiale, du changement climatique, d'élections ou même d’intégrité, perdront toute légitimité. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Comment sublimer les plus petits détails grâce à la macrophotographie

Par : National Geographic — 7 mars 2024 à 11:54

Je pense que mon amour pour la photographie des petites choses est né dans l'enfance, lorsque je partais explorer mon jardin. Courir dans la nature et ramasser des pierres dans le ruisseau qui coulait derrière ma maison d’enfance à Atlanta, en Géorgie, sont autant d’activités qui m’ont appris à aimer ce processus d’exploration et de découverte. Même si j’étais fasciné par les éléphants et les requins, ce sont les plus petits animaux, comme les punaises et les salamandres, qui composaient mon environnement à cette époque.

Vers la fin de mes études secondaires, j’ai emprunté l’appareil photo de mon père, qui était équipé d’un objectif macro. Je l’ai alors utilisé pour photographier un petit serpent, ce qui m’a permis de capturer ses écailles en détail. Plus encore que l’acte de la photographie en lui-même, je me souviens particulièrement de la réaction de l’un de mes amis lorsque je lui ai montré le résultat : il était manifestement fasciné par tous ces détails. C’était la première fois que je voyais un tel enthousiasme pour une de mes images.

La macrophotographie a le pouvoir de délivrer des résultats surprenants, car elle permet de dévoiler des détails que nous ne pourrions pas voir à l’œil nu.

Voici mes astuces pour prendre de belles photos macro :

 

PENSEZ AU POINT DE VUE ET À L’ÉCHELLE

Pensez toujours à surprendre votre public. Nous avons l’habitude de tout voir de notre propre point de vue, à la hauteur de nos yeux. En macrophotographie, j’aime faire les choses différemment et essayer de me mettre au niveau des yeux de mon sujet.

Essayez par exemple de prendre la photo en vous plaçant du point de vue d’une autre créature de la même taille, voire en vous mettant plus bas que votre sujet, ce qui vous permettra de le voir comme si vous étiez plus petit que lui. Si la créature a un visage, vous pouvez proposer un nouveau point de vue en vous plaçant en face d’elle, à la hauteur de ses yeux.

L’échelle est une variable miracle en macrophotographie. Accentuer ou, au contraire, tenter de dissimuler cette échelle peut être très efficace pour capter l’attention de votre public.

Vous pouvez capturer l’échelle intentionnellement en plaçant quelque chose de reconnaissable à côté de votre sujet, comme une pièce de monnaie ou votre ongle, afin que le public puisse comprendre l’échelle de la photographie. À l’inverse, vous pouvez également occulter cette échelle, en faisant en sorte que la photographie ne donne aucune indication concernant la taille de la créature… Ces deux expériences peuvent être amusantes.

 

SORTEZ LA NUIT AVEC VOTRE PROPRE LUMIÈRE

J’utilise toujours une source de lumière afin de faire ressortir le sujet que je photographie.

J’apporte ma propre lumière, que ce soit celle d’une lampe frontale, d’une lampe de poche ou d’une lampe de téléphone.

Souvent, il est plus facile de trouver des insectes et des grenouilles intéressants la nuit, car beaucoup sont nocturnes, mais aussi car nous ne sommes pas aussi distraits par tous les détails qui sont habituellement visibles à la lumière du jour.

 

REDÉCOUVREZ DES LIEUX QUE VOUS AIMEZ

En ce qui concerne le lieu de votre séance photo, choisissez un emplacement que vous aimeriez connaître plus intimement. J’aime me rendre dans des endroits que je connais bien, car la macrophotographie permet de dévoiler une face cachée des lieux que nous considérons comme familiers, et de trouver des détails surprenants dans des contextes qui pourraient autrement sembler banals et ennuyeux.

C’est dans les espaces naturels, comme un bois, un ruisseau ou les abords d’un parc, souvent moins entretenus, que vous aurez le plus de chances de trouver des sujets naturels intéressants. Même un trottoir envahi par les mauvaises herbes peut s’avérer parfait pour trouver de petites créatures intéressantes.

Si les insectes et les serpents ne sont pas votre tasse de thé, les fleurs, les feuilles et les plantes offrent elles aussi de nombreuses possibilités en macrophotographie. Par exemple, vous pourrez trouver des textures, des formes et des couleurs intéressantes dans une pépinière, ou encore dans un jardin botanique situé près de chez vous. La macrophotographie, c’est une manière d’apprendre à ralentir et à remarquer les détails qui tendent à nous échapper au premier coup d’œil.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Voici comment les doulas de fin de vie accompagnent leurs patients vers la mort

Par : National Geographic — 27 février 2024 à 11:09

En janvier 2017, à l’âge de soixante-quatre ans, Jerry Creehan a appris qu’il était atteint de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Sa femme Sue et lui savaient qu’ils s’apprêtaient à traverser des moments difficiles. Cela faisait plus d'un an que Jerry rencontrait des problèmes d'équilibre et tombait, incapable de se relever. La SLA, également connue sous le nom de maladie de Charcot, est une maladie neurologique progressive qui affecte les cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, chargées de réguler les mouvements musculaires volontaires, la respiration et d'autres fonctions corporelles. Elle conduit finalement à la paralysie et à la mort.

En 2020, l’état de Jerry a commencé à se dégrader et il a fini par être dépendant de la technologie de suivi oculaire pour déplacer son fauteuil roulant et d'un ventilateur non invasif pour respirer. Lors d’une réunion avec un groupe de soutien à la clinique spécialisée dans la SLA de l'université du Commonwealth de Virginie, Sue a fait la rencontre de Shelby Kirillin, une doula de fin de vie. Ancienne infirmière spécialisée en neurotraumatologie, Shelby Kirillin a travaillé pendant vingt ans dans des unités de soins intensifs, où elle a pu constater « à quel point nous sommes mal préparés à la fin de vie. Peu de personnes savent comment s'adresser à ceux qui sont en phase terminale. J'ai pensé qu’il était possible de remédier à cela. » En 2015, elle est donc devenue doula de fin de vie. 

« Nous savions que la SLA était en phase terminale, et même si Jerry n'avait pas peur de mourir, nous avions besoin de quelqu'un pour nous aider à en parler », se souvient Sue, infirmière à Richmond, en Virginie. « Il voulait que sa mort soit la plus douce possible, sans douleur et sans angoisse. »

De nombreuses personnes ont connaissance des doulas qui accompagnent l’accouchement, le post-partum et parfois l’avortement, où elles apportent un soutien à des personnes confrontées aux difficultés liées à l'interruption d'une grossesse. Les doulas de fin de vie travaillent avec les personnes sur le point de mourir et avec leur famille. Bien qu'il existe des doulas hommes, ce domaine est essentiellement féminin. Également appelées thanadoulas, ces professionnelles étaient peu nombreuses auparavant, mais cela a changé lors de la pandémie de COVID-19. En effet, si la pratique est encore relativement méconnue en France, depuis que le virus a commencé à faire des ravages, les institutions qui soutiennent et forment les doulas de la mort se sont multipliées aux États-Unis. En 2019, la National End-of-Life Doula Alliance (NEDA) comptait 260 membres aux États-Unis, nombre qui est passé à 1 545 doulas en janvier 2024. Les recherches ont montré que les pays dans lesquels les doulas de fin de vie sont plus présentes sont l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis.

« Plus que jamais, la pandémie nous a confrontés à la mortalité en raison des nombreux décès et deuils », explique Ashley Johnson, présidente de la NEDA, dont le siège est à Orlando.

 

UN ACCOMPAGNEMENT QUI PREND DIFFÉRENTES FORMES

Généralement, les doulas de fin de vie apportent un soutien et des conseils non médicaux ainsi qu’une certaine bienveillance aux personnes mourantes et à leurs familles. Cela implique de les réconforter, de leur tenir compagnie et de leur offrir un soutien social, émotionnel, spirituel et pratique, notamment en faisant le ménage ou les courses, en fonction des points forts de l'intervenant et des besoins du patient. Certaines doulas aident à planifier la succession, les soins de fin de vie ou l'héritage. D'autres aident les gens à créer l'ambiance qu'ils souhaitent pour leurs derniers jours, facilitent les conversations difficiles entre les clients et leurs proches et aident les survivants à faire leur deuil.

« La plupart de gens ne veulent pas parler de la mort, ils en ont tellement peur », explique Elizabeth « Like » Lokon, gérontologue sociale qui a récemment pris sa retraite du centre de gérontologie Scripps de l'université de Miami, dans l'Ohio, et qui suit actuellement une formation pour devenir doula de la mort. « En tant que gérontologue sociale, je veux éliminer le tabou de la mort et aider les gens à l'accepter. Dans certaines cultures, le déni de la mort et la séparation entre les mourants et les vivants ne sont pas aussi importants que dans certains pays occidentaux », ajoute Lokon, qui a grandi en Indonésie.

« Nous travaillons pour naître et nous travaillons pour mourir », déclare Kirillin. « La vie et la mort accompagnent chacun d’entre nous depuis notre naissance. »

 

UNE AUTRE APPROCHE DE LA MORT

Depuis sa création en 2015, l'International End-of-Life Doula Association (INELDA) a formé plus de 5 600 doulas partout dans le monde, mais les pratiques et la formation des doulas de fin de vie varient considérablement. Il n'existe pas de description universellement acceptée de ce type de soins, ni de réglementation pour devenir doula de fin de vie ou pour superviser leur travail. Une étude publiée dans la revue Health & Social Care in the Community a conclu que l'absence d’un modèle commercial pour les doulas de fin de vie crée des incohérences entre les services qu’offrent ces accompagnants et les attentes des patients et de leurs familles.

L'INELDA propose par exemple une formation de quarante heures aux fondements du travail des doulas et l'accompagnement des mourants. En revanche, la NEDA est une organisation de membres qui offre des micro-crédits après que les doulas ont démontré leurs connaissances et leur maîtrise des compétences demandées. D'autres programmes de formation proposent des cours en personne de quatre semaines, des cours en ligne de douze semaines, des programmes de six semaines, entre autres formats.

Il n'existe pas non plus de structure tarifaire normalisée pour les doulas de fin de vie. Leurs tarifs varient généralement entre 20 et 100 dollars de l'heure, soit entre 18 et 90 euros, en fonction de l'endroit et de la gamme de services offerts, selon Johnson. Certaines doulas de fin de vie proposent des tarifs dégressifs ou le font volontairement, à titre bénévole. Leurs services ne sont pas couverts par les assurances.

Quel que soit leur mode de formation ou de rémunération, de nombreuses doulas de la mort trouvent cette pratique enrichissante et gratifiante.

« Certaines personnes trouvent [cette pratique] profondément émouvante et parlent même d'honneur ou de sacré », explique Douglas Simpson, doula de fin de vie et directeur général d'INELDA. « Les doulas de fin de vie aident les gens à avoir le contrôle sur leur mort... C'est très gratifiant et pas aussi déprimant qu’on pourrait le penser. »

Julia Whitty est écrivaine et vit dans le comté de Sonoma, en Californie et avait déjà travaillé bénévolement dans un hospice. Pendant la pandémie, elle a suivi une formation pour devenir doula de fin de vie parce que sa mère et une de ses amies étaient sur le point de mourir. Elle voulait être mieux préparée sur le plan personnel et aider d'autres personnes en phase terminale dans sa sphère sociale.

« Il s'agit d'une relation à double sens : vous apprenez quelque chose d'une personne qui arrive à la fin de sa vie, et vous l'aidez à mettre en place ce qu'elle souhaite pour ses derniers jours, sur le plan physique, émotionnel, social et spirituel », explique-t-elle.

Les doulas de fin de vie n’administrent pas leurs médicaments aux patients, ne surveillent pas les signes vitaux, ne prennent pas de décisions médicales ni ne conseillent leurs patients à ce sujet, n’imposent pas leurs valeurs ou leurs jugements et ne font pas le travail que feraient des thérapeutes.

« Nous tentons de répondre aux besoins des patients. Nous intervenons de manière holistique et les aidons à traverser les dernières étapes de la vie », explique Johnson. « Il s'agit d'aider les gens à affronter leur propre mort avec dignité. »

 

POUR UNE FIN DE VIE LA PLUS AGRÉABLE POSSIBLE

Onze mois avant son décès, Jerry Creehan a été placé en soins palliatifs et sa femme Sue a contacté Kirillin. Celle-ci a travaillé avec eux une ou deux fois par mois pendant une heure, puis plus souvent au fur et à mesure que son état se détériorait.

Au début, Kirillin les a aidés à parler de la mort et de la façon dont Jerry pouvait se l’« approprier ». Elle passait parfois du temps uniquement avec Jerry, d'autres fois uniquement avec Sue, et parfois avec les deux. Au fur et à mesure que Jerry s'affaiblissait, Kirillin l'a aidé à trouver des rituels à faire avec ses proches. Elle a parlé à Jerry de l’héritage qu’il allait laisser derrière lui et l'a aidé à écrire des lettres à ses proches. Grâce à ses conseils, ils ont élaboré un plan détaillé pour ses funérailles et il a désigné des effets personnels à remettre aux personnes qu'il aimait lors de sa dernière nuit. Kirillin leur a suggéré d'envoyer un courriel à leurs amis et aux membres de leur famille pour leur demander de partager des souvenirs et des photos des moments passés avec Jerry.

« Nous avons reçu des réponses formidables et avons créé un journal de l'héritage », se souvient Sue, qui a trois enfants avec Jerry, aujourd’hui adultes, et six petits-enfants. « Je le lui lisais et cela le consolait de savoir qu'il avait eu un impact sur la vie des gens. »

Lors de sa dernière soirée, le 2 mai 2022, Jerry respirait très difficilement. Dix-neuf personnes étaient présentes dans la chambre, et quelqu'un a ouvert une bouteille de pinot noir très prisée pour la communion avec toutes les personnes présentes. Jerry était professeur en vin certifié, passionné de gastronomie, golfeur avide, voyageur et chrétien fervent, selon son épouse depuis quarante-six ans.

« Il s'est tourné vers moi et m'a dit : "Chérie, je crois que c'est le moment" », se souvient-elle. Ils se sont embrassés et serrés l'un contre l’autre, des membres de la famille l'ont aidé à mettre ses bras autour d’elle, et Jerry a dit à Sue : « Je t'aime. Je t'ai toujours aimée et je t'aimerai toujours. Je te reverrai bientôt. » Puis il lui a fait un clin d'œil et a fermé les yeux, se souvient-elle. Son respirateur a été débranché et Jerry s'est éteint.

Kirillin et l'infirmière de l'hospice sont ensuite restées avec lui, l'ont lavé, habillé et ont préparé son corps pour le funérarium.

« Nous avons tout fait comme il le souhaitait, ce qui a été un immense cadeau pour ma famille », dit Sue.

L'expérience de cette famille n'est pas un cas isolé. Dans une étude publiée l'année dernière dans la revue Palliative Care and Social Practice, des chercheurs ont interrogé dix membres de familles endeuillées sur leur expérience avec une doula de fin de vie. L'avantage le plus important pour les familles était d’avoir obtenu une plus grande compréhension de la mort, la capacité à en parler ouvertement, ce qui les a aidées à se sentir capables de prendre soin de leurs proches à la fin de leur vie. Cela a également eu un effet domino positif lorsque les familles ont parlé à d’autres des avantages d'avoir recours à une doula de fin de vie.

« La plupart des personnes ne veulent pas attendre que la mort vienne les chercher, ils veulent profiter de ce qu'on leur a donné du mieux qu'ils peuvent », explique Kirillin. « Nous allons tous mourir. Je ne peux rien y changer, mais je peux aider quelqu'un à terminer le dernier chapitre de sa vie comme il l'entend et m’assoir à ses côtés pendant qu’il se l'approprie. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Le cœur vert de Bornéo : une oasis de biodiversité unique au monde

Par : National Geographic — 23 février 2024 à 11:48

Retrouvez cet article dans le numéro 293 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

Suspendue à une corde à une douzaine de mètres de hauteur, au milieu d’un labyrinthe de branchages feuillus, je regarde le sol en m’interrogeant : ai-je vraiment bien fait de demander aux deux hommes tout en bas de me hisser dans la canopée de cette forêt tropicale humide ? L’un d’eux, le photographe Tim Laman, a attaché une corde à une flèche et l’a lancée par-dessus une haute branche. Ensuite, avec son assistant, il a installé un système de poulies pour me soulever jusqu’à un endroit que peu d’êtres humains ont eu l’occasion de visiter. À chacune de leur traction, la corde crisse et la branche ploie dangereusement. 

But de la manœuvre : atteindre une fourche dans un Shorea de 45 m de haut, genre qui comprend certains des plus grands arbres de la planète et poste d’observation idéal sur l’une des dernières forêts tropicales humides de plaine encore intactes en Asie du Sud-Est. Situé juste sous l’équateur, le parc national de Gunung Palung est une aire protégée de 1080 km2 qui comprend les monts Palung et Panti, dans la partie indonésienne de Bornéo – l’île étant divisée entre l’Indonésie, la Malaisie et Brunei. Une première zone autour du mont Palung avait été classée réserve naturelle en 1937 ; au fil des années, ses limites ont été étendues et, en 1990, le gouvernement indonésien en a fait un parc national. 

Aujourd’hui, celui-ci comporte neuf types de forêts distincts qui s’étagent sur les versants abrupts des montagnes, depuis la mangrove et les forêts de tourbières jusqu’aux forêts de mousses de haute altitude. 

Maintenant que mes équipiers m’ont hissée aussi haut qu’ils le pouvaient, je dois me débrouiller toute seule pour le reste de l’ascension. Alors que je grimpe péniblement le long de la corde, je songe que mes efforts seront récompensés grâce à toutes les créatures qui m’attendent dans le monde vert au-dessus de ma tête. Toute la semaine, j’ai été bercée par les caquètements des semnopithèques rubiconds, les ululements des gibbons et les aboiements des macaques, ainsi que par les chœurs des oiseaux et des grenouilles – avec, en arrière-plan, les bourdonnements des insectes. J’espère en apercevoir certains depuis un perchoir à leur hauteur.

À dire vrai, je suis surtout impatiente de rencontrer les plus grandes stars de l’île: les orangs-outans. Ces primates au pelage orange flamboyant sont les seuls grands singes originaires d’Asie, et l’orang-outan de Bornéo, Pongo pygmaeus, représente depuis longtemps l’âme de Gunung Palung. Il joue aussi un rôle crucial dans la santé de ses forêts. Quelque 2 500 individus en parcourent les cimes – un nombre rassurant pour une espèce en danger critique.

À environ 30 m de hauteur, je suis bien au-dessous du sommet de la canopée, mais suffisamment haut pour distinguer la courbe d’une montagne nimbée de brouillard surplombant le parc et sa forêt dense. Au prix de quelques balancements, je réussis enfin à atteindre une fourche et m’y installe pour admirer la vue et, avec un peu de chance, apercevoir quelque créature à poils ou à plumes. Le temps passe, mais aucune ne se montre.

Gunung Palung se trouve dans le sud-ouest marécageux de Bornéo, dans la province indonésienne du Kalimantan occidental. Pour les scientifiques, l’éloignement du parc et les restrictions imposées au tourisme sont des atouts : Gunung Palung est une véritable capsule temporelle de ce que fut l’île durant des millénaires. En explorant directement ce monde primordial, j’espérais comprendre la façon dont la vie continue d’y prospérer. Certains des indices les plus importants se trouvaient juste devant moi, mais ils m’avaient échappé. 

La forêt tropicale de Bornéo évolue depuis des millions d’années, processus qui a donné naissance à une flore unique et abondante: il suffit de penser à ses orchidées, qui comptent plus d’un millier d’espèces, ou à ses dizaines de sarracénies carnivores, ou encore à ses 3000 espèces d’arbres, tel l’imposant méranti jaune dont certains spécimens peuvent s’élever aussi haut que la flèche de Notre-Dame de Paris.

Au cœur de cette forêt vivent des panthères nébuleuses, des éléphants pygmées de Bornéo, des renards volants, des grenouilles volantes, des lémurs volants, des serpents volants, près de 700 espèces d’oiseaux, une centaine d’espèces de chauves-souris et plus d’un millier de fourmis. Sans oublier les innombrables autres insectes, reptiles, amphibiens, araignées, champignons et micro-organismes. 

L’un des premiers botanistes à avoir éveillé l’imagination du monde occidental sur ces merveilles est un Italien, Odoardo Beccari, qui visita l’île en 1865. Tout juste sorti de l’université, il débarqua à Bornéo à l’âge de 21 ans. Le récit qu’il a laissé de ses voyages est rempli de descriptions d’une flore et d’organismes d’un autre monde. Il a pu admirer une rafflésie, imposante fleur au diamètre supérieur à 50 cm dont émane une odeur de cadavre en décomposition, ainsi qu’un champignon phosphorescent qui émettait suffisamment de lumière la nuit pour lui permettre de lire un journal. 

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Où et comment photographier des aurores boréales ?

Par : National Geographic — 1 février 2024 à 15:01

Cet article a été réalisé avec le soutien d'Expedia, qui a offert ce voyage.

TROMSØ, NORVÈGE - Il fait nuit noire. Depuis plusieurs heures déjà. Le soleil ne s’élève pas dans le ciel à cette période de l’année. Un ensoleillement partiel baigne le paysage enneigé d’une lumière douce, aux teintes roses et bleues, pendant deux à trois heures. Puis revient la nuit, qui enveloppe cette nature hostile de son grand manteau.

Nous sommes partis de Tromsø vers 21h et roulons à présent vers Aurora Alps. « Rien ne garantit de voir des aurores boréales ce soir. Si j’avais un bouton pour les faire apparaître, je serais sans doute l’homme le plus riche du monde », plaisante Alex, notre guide pour Norwegian Travel.

Les aurores sont le résultat de la collision entre le vent solaire, qui est un flux de gaz chaud et magnétisé connu sous le nom de « plasma », et la magnétosphère. Cette zone abrite le champ magnétique qui nous protège des projections ou objets cosmiques susceptibles de s’écraser sur Terre.

Toute l’année, des vents solaires, flux de plasma constitués essentiellement d'ions et d'électrons qui sont éjectés de la haute atmosphère du Soleil, viennent bousculer la magnétosphère. Ce phénomène excite les atomes encore présents dans l’atmosphère, plus précisément les atomes d’azote ou d’oxygène. « [À 65° ou 75° de latitude], l’atmosphère est très peu dense, mais il y a quand même toujours des molécules d’azote et d’oxygène qui vont être excitées par ces particules déviées par la magnétosphère » explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS. 

Au moment où elles entrent dans l’atmosphère, ces particules attirées par les pôles qui agissent comme de grands aimants, font jaillir de la lumière. « C’est pourquoi les aurores se situent toujours autour de pôles, dans ce que l’on appelle le cercle auroral. Cela correspond au cercle polaire arctique ou antarctique » ajoute Jean-Baptiste Renard.

En fonction de l’altitude de l’aurore dans l’ionosphère, qui s'étend depuis environ 80 km d'altitude jusqu'au-delà de 1000 km, les couleurs seront créées par les réactions chimiques entre les particules et éléments en présence. « De 80 kilomètres à 100 kilomètres, la réaction entre le flux de particules et le nitrogène donne du violet » explique Carlo Alberto Cacopardo, guide d'expédition qui étudie les aurores boréales dans le nord de la Norvège. « De 100 à 250 kilomètres d’altitude, le vert si caractéristique des aurores boréales est le produit de la réaction entre le vent solaire, le nitrogène et l’oxygène. Plus rare, au-delà de 250 kilomètres d’altitude, on aperçoit du rouge, réaction entre le flux solaire et l’oxygène seul. »

Leur forme peut également varier. Guidées par le champ magnétique de la Terre, elles peuvent former des arcs, forme la plus commune annonciatrice d’une activité de plus en plus importante, des rayons s’étirant vers le haut, des voiles éthérés couvrant une partie du ciel, et dans leur forme la plus rare des tourbillons aux couleurs multiples.

Mais « il est possible, si les aurores sont de faible intensité, qu’elles soient invisibles à l’œil nu » nous prévient Alex. « Et ce même si nous nous rendons sur un site préservé de toute pollution lumineuse par temps clair. » 

 

LES MEILLEURS SITES POUR PHOTOGRAPHIER DES AURORES BORÉALES

Dans le cercle auroral, vos chances de photographier des aurores polaires seront grandes. Pour les aurores boréales, les sites prisés par les chasseurs d’aurores se trouvent en Islande, dans la région au-dessus des volcans, dans le nord de la Norvège, l’est du Groenland, en terre Same en Finlande, dans le nord de la Russie et le nord-ouest du Canada.

Situé dans une zone solaire active au centre de l’ovale auroral, Tromsø se trouve à 69° de latitude, ce qui en fait une destination de choix pour les chasseurs d’aurores amateurs et professionnels. Cette ville de l’extrême nord de la Norvège figure parmi les lieux les plus recherchés pour des séjours dans le cercle polaire, ce qui souligne l’intérêt croissant pour les aurores polaires : un Français sur deux (49 %) aimerait admirer des aurores boréales au moins une fois dans sa vie. À Tromsø, la probabilité d’apercevoir des aurores boréales est parmi les plus élevées au monde. De septembre à mi-avril, vous aurez de fortes chances d’observer des aurores boréales durant votre séjour, avec un pic de janvier à mars.

Les experts prédisent que cette année, il sera possible d’observer des aurores boréales depuis des régions où elles n’apparaissent pas en temps normal, comme le sud de l’Espagne, car notre étoile devrait atteindre son « maximum solaire », un pic d’activité qui se produit tous les onze ans environ. Les plateformes de prévisions, comme le Space Weather Prediction Center de la NOAA ou les applications My Aurora Forecast et Northern Light Aurora Forecast, pourront vous aider à prévoir le moment le plus propice pour observer des aurores boréales, et suivre l’extension de l’ovale auroral vers le Sud. Toutefois, seules les couleurs visibles au-delà de 250 kilomètres d’altitude, c’est-à-dire un dégradé de rouge, éclaireront le ciel dans le sud de l’Europe, en raison de l’angle depuis lequel les aurores boréales pourront y être observées.

L’indice Kp (Kp index ou Planetary K-index) est souvent utilisé pour déterminer la probabilité de voir les aurores polaires. Cet indice mesure les perturbations du champ magnétique terrestre. Reporté notamment sur le site de l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), il permet de connaître l’activité du champ magnétique avec un délai de trois heures, et ainsi estimer la probabilité de voir apparaître des aurores boréales en haute et basse altitude. 

« Comme il n'est vérifié que toutes les trois heures, l'indice Kp peut manquer des changements soudains dans l'activité des aurores, en particulier pendant les périodes où l'activité solaire est faible » nuance Carlo Alberto Cacopardo. « En outre, les données utilisées pour déterminer l'indice Kp sont recueillies par différentes stations de surveillance situées à des endroits divers, ce qui peut rendre les prévisions incohérentes. »

Nous arrivons enfin au camp Aurora Alps. Le ciel est dégagé, le nombre d’étoiles infini. Mon application météo indique -27°C, ressenti -40°C. Avant d’enfiler mes deux paires de gants, il est temps de paramétrer mon appareil photo.

 

CONSEILS PHOTOGRAPHIQUES

Même s’il est possible de photographier des aurores boréales avec votre smartphone sur le mode nuit, les derniers modèles étant de plus en plus sensibles aux lumières basses, l’idéal est de vous munir d’un appareil photo qui peut être réglé en mode manuel. Certains smartphones disposent de réglages manuels ; si c’est le cas, réglez la vitesse d’obturation entre 2 et 30 secondes. Pour votre appareil photo, la vitesse d’obturation pourra varier entre 5 à 10 secondes si l’aurore est très lumineuse et active, et 20 à 25 secondes si l’aurore se déplace lentement.

Choisissez un objectif grand angle (entre 10 et 18mm), avec une ouverture entre F2.8 et F4. « Il faut ensuite jouer avec la sensibilité ISO » conseille Tor-Ivar Næss, photographe spécialisé dans la photographie d’aurores boréales qui nous accompagne ce soir-là. Ce qu’on appelle la sensibilité ISO est la quantité de lumière que votre appareil photo capture. « Une sensibilité élevée, entre 1600 et 6400, permet de capter plus de lumière » précise Tor-Ivar Næss.

Que vous optiez pour un appareil photo ou votre smartphone, pensez à emporter un trépied, indispensable pour que vos photographies soient nettes avec les réglages manuels. Enfin, pensez à prendre votre chargeur, voire une seconde batterie chargée au maximum pour votre appareil photo, car le froid décharge rapidement les batteries.

L’appareil installé sur le trépied, j’avance tant bien que mal dans la neige pour trouver un cadre qui me plaît, en attendant les aurores. « Essayez de raconter une histoire. C’est le plus important. Focalisez-vous sur un élément au premier plan, qui créera du contraste ou reflétera les aurores boréales » nous explique Tor-Ivar Næss. « Photographier l’émotion d’une personne qui voit une aurore pour la première fois est par exemple une belle histoire à raconter ».

J’ajuste le focus en prenant pour repère Vénus, qui brille dans le ciel nocturne. Le temps du réglage, qui nécessite que je retire un de mes gants, je sens mes doigts saisis par le froid. J’ai à peine le temps de les réchauffer, que tout le monde s’émerveille. Nous n’avons pas eu à attendre longtemps avant que le ciel s’éclaire. 

Comme l’avait prédit Alex, ces premières aurores sont presque imperceptibles à l’œil nu. Mais leurs couleurs sont révélées par nos appareils photo. Du vert surtout, qui semble envahir le cadre. Les montagnes immaculées donnent des repères visuels, dentellent le ciel sombre. Nous sommes seuls dans cette nature immense, conscients de notre chance d’observer un tel spectacle. 

J’appuie sur le déclencheur encore une fois. Une personne entre dans le cadre par la gauche, créant un effet de mouvement qui contraste avec le paysage immuable, la lumière de la Lune et cette aurore qui s’étend vers la droite. La photographie n’est pas spectaculaire, mais elle me plaît. Elle capture l’essence de ce spectacle que je rêvais d’observer.

POUR ALLER PLUS LOIN - Expedia® vient de publier son guide de voyage complet sur les aurores boréales, le Northern Lights Insider Guide. Informations de voyage, astuces pour faire des économies, conseils de photographie et itinéraires idéaux vous aideront à planifier un voyage unique : tout est réuni pour partir à la découverte des aurores boréales. 

COMMENT S’Y RENDRE - Pour avril 2024, Tromsø propose l’option de voyage la plus économique avec des tarifs hôteliers quotidiens s’établissant en moyenne à 136 €, soit 73 € de moins par nuitée qu’en janvier. Pour l’automne/hiver 2024, septembre s’impose comme le mois le plus abordable pour un séjour à Tromsø, avec un tarif moyen de 132 € par nuitée enregistré au cours des deux dernières années. 

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1001 vraies pattes : la vie extraordinaire d'insectes ordinaires

Par : National Geographic — 24 janvier 2024 à 15:27

Le printemps est arrivé dans le Grand Balkan, et au beau milieu d’une étendue luxuriante, le photographe bulgare Georgi Georgiev a braqué son objectif sur un minuscule sujet. Une araignée jaune se cache derrière une fleur jaune, attendant son repas. Si elles s’accordent parfaitement l’une à l’autre par leur couleur citron, ce n'est pas une coïncidence : l'araignée-crabe sait très bien se camoufler. Elle se fond dans son environnement pour attraper furtivement sa proie. Georgiev déclenche l'obturateur.

Les photographies de Georgiev capturent la vie riche de certains des plus petits habitants de la planète. Sur l’une d’entre elles, une fourmi escalade un monticule de terre raide. Sur une autre, une coccinelle, posée sur un long brin d'herbe, s’abreuve dans une goutte de rosée. « Plus ils sont petits, plus leur monde est caché et m’intéresse », explique Georgiev. Il remarque toujours de nouvelles informations. La plupart des insectes n’ont pas peur de son appareil photo, devant lequel ils s'accouplent ou se nourrissent. Par les matins humides, la rosée s'accroche aux ailes des papillons et les alourdit, ce qui permet à Georgiev de s'en approcher.

« Vous pouvez observer leur comportement, la façon dont ils se nourrissent, se reproduisent et survivent », explique-t-il. Il a vu des libellules s'accoupler en formant un cœur et des fourmis travailler en équipe pour démembrer leurs proies en quelques minutes. « Leur monde est aussi beau que dangereux... Pour ces petits animaux, chaque jour est une question de survie. »

Les insectes sont indispensables à l'équilibre de la planète et constituent un maillon essentiel de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Ils assurent la circulation des nutriments dans le sol, pollinisent les fleurs et les cultures fruitières du monde entier et s’occupent de la dissémination des graines. Malheureusement, le changement climatique, les pesticides et la perte d'habitats menacent ces créatures. Les populations d'insectes sont en forte diminution. Georgiev est écologiste de formation et connaît parfaitement les enjeux auxquels sont confrontés ses petits sujets. Pourtant, photographier la beauté des insectes qui prospèrent dans leurs habitats, dit-il, « me fait rêver. Cela me calme et m’apporte la sérénité »

1001 vraies pattes est disponible en streaming sur Disney+ à partir du 24 janvier.

La Walt Disney Company est l'actionnaire majoritaire de la National Geographic Partners.

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Exposition photo National Geographic : Québec, l'automne en majesté

Par : National Geographic — 23 janvier 2024 à 15:16

Retrouvez cet article dans le numéro 292 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

Au Québec, l’automne montre l’un de ses visages les plus grandioses. La baisse de la luminosité signe alors l’embrasement généralisé de la province canadienne. Ses immenses forêts se consument d’un bout à l’autre du territoire, dans une symphonie de couleurs chaudes. Un spectacle où les emblématiques essences d’érable tiennent le premier rôle, avec des feuillages aux mues éblouissantes, se déclinant du doré au rouge vif et au pourpre. 

La magie opère sur une courte durée, environ trois semaines, entre la fin du mois de septembre et le milieu du mois d’octobre. Mais les Québécois profitent avec ferveur de cette période enchanteresse. L’époque est d’abord à la contemplation, les habitants – et quantité de touristes étrangers avec eux – se pressant sur les sentiers de randonnée pour admirer les frondaisons. Elle marque aussi le retour annuel d’anciennes traditions, comme la chasse et la trappe, encore pratiquée par 300 000 personnes, ainsi que la cueillette dans les centaines de vergers de pommiers de la province. Mais la période est surtout un temps de réjouissances, rythmé par les « festivals des couleurs », qui célèbrent dans les différentes régions cette parenthèse incandescente, ultime baroud de la nature avant l’hiver.

Du 18 janvier au 15 avril 2024, les photos de ce reportage National Geographic France, réalisé avec le soutien de Bonjour Québec, sont à retrouver à Bercy Village, à Paris, lors d'une exposition gratuite et ouverte à tous

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Les photographies de Brian Skerry envahissent l'Atelier des Lumières

Par : National Geographic — 21 décembre 2023 à 12:11

« Waouh ! » souffle Nathan en entrant dans l’Atelier des Lumières. C’est la première fois que notre chargé de la coordination vidéo vient dans cette ancienne fonderie du Chemin-Vert qui servait à la fabrication de pièces en fonte pour la marine et les chemins de fer, qui a été réhabilitée pour devenir un centre d’art numérique. Nous sommes venus en équipe pour découvrir l’exposition « Océans, l’odyssée immersive », mettant en scène les photographies sous-marines de Brian Skerry.

Brian Skerry a passé plus de 10 000 heures sous les mers avec son appareil photo. Photographe et explorateur National Geographic depuis vingt-cinq ans, Brian Skerry est mondialement connu pour ses instantanés des environnements marins et de ses habitants. Des images qui donnent à voir des créatures plus complexes et empathiques qu’on ne l'imagine. 

Voir évoluer de magnifiques cétacés et autres siréniens dans une structure si singulière au cœur de Paris donne l’étrange sensation d’être dans un aquarium, ou plutôt dans une de ces cages dans lesquelles les photographes descendent pour approcher des bancs de requins. Des enfants s’amusent à tenter d’attraper les petites tortues lumineuses évoluant sur le sol, avant de suivre du regard les raies mantas glissant gracieusement le long des murs au rythme de Glory Box de Portishead. 

« C’est impressionnant d’être emmenée ainsi dans les eaux profondes » commente Anna, notre traductrice. « C’est un moment hors du temps » abonde Nathan. Autour de nous, les enfants sont les spectateurs que l’on sent le plus émerveillés par tous ces animaux photographiés ou filmés dans leur habitat naturel. 

 

UNE INVITATION À L’ACTION

Il y a deux ans, lorsque je l’ai rencontré, Brian Skerry m’avait raconté à quel point plonger comme il le faisait depuis quarante ans revenait à évoluer dans un monde extraterrestre. « C'est un monde qui nous paraît étranger, mais c'est notre monde », m’avait-il dit. « Vous savez, nous vivons sur une planète d'eau et même si nous sommes des créatures terrestres et que nous avons tendance à voir le monde depuis ce point de vue terrestre, notre planète est bleue. »

Aujourd'hui encore, le relief des fonds marins est moins bien connu que le sol lunaire. « Nous en connaissons la surface, on peut aisément la cartographier depuis le ciel ou même depuis l'espace... » souligne Sylvia Earle, pionnière de la recherche sur les écosystèmes marins. « Mais on estime que seulement 15 % du plancher océanique ont été cartographiés. La grande inconnue reste à ce jour l'océan lui-même, c'est-à-dire l'espace se trouvant entre la surface et le fond : c'est ce qu'on appelle l'océan et il reste à explorer. » Ce que l'on sait en revanche, c'est que chacune de nos inspirations est rendue possible grâce aux océans et aux complexes écosystèmes qu'ils abritent. L'oxygène que vous respirez en ce moment même est produit à plus de 50 % par les océans.

La passion de Brian Skerry pour cet « autre monde » est sans limite et contagieuse. Et elle emplit l’Atelier des Lumières d’une manière spectaculaire. Les géants des mers qu’il apprécie tant remplissent l’espace, se croisent, nous saisissent. Après avoir déambulé dans l’espace, tout le monde s’immobilise, s’assoit, tournant simplement la tête pour assister à ce spectacle unique.

Lorsque l’on passe d’un climat à l’autre, des tropiques aux eaux tempérées puis à l’Arctique, des citations de Brian Skerry apparaissent sur fond noir. Elles invitent le spectateur à poser un autre regard sur ces animaux et à saisir l’urgence de les préserver. « Je pense que nous vivons une période charnière de l'Histoire : pour la première fois nous comprenons les problèmes qui sont les nôtres et avons des solutions » me confiait-il en 2021. « La question est : qu'allons-nous faire ? Allons-nous choisir, comme le disait Cousteau, de protéger ce que nous aimons, ou allons-nous être des témoins inactifs de la destruction à l'œuvre ? J'aime à penser que nous choisirons la première option, que nous protégerons ce que nous aimons mais cela demandera beaucoup d'empathie, de volonté et de comprendre ce que cela implique pour nous et nos enfants. »

« Océans, l’odyssée immersive » est un spectacle co-produit par Culturespaces Digital® et Brian Skerry, visible jusqu’au 7 janvier 2024 à l’Atelier des Lumières.

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Pourquoi cette tribu isolée s'est emparée des réseaux sociaux

Par : National Geographic — 11 décembre 2023 à 15:47

Le rio Javari, qui s’enfonce dans la forêt amazonienne, constitue une frontière entre le Brésil et le Pérou. Le long du cour d’eau, on trouve comme seuls signes de vie humaine les bateaux et les quais occasionnels du côté péruvien. Sur la rive brésilienne, le gouvernement a installé des panneaux indiquant qu’il s’agit des territoires indigènes de la vallée de Javari, une réserve qui abrite la plus forte concentration de peuples indigènes isolés au monde. Ceux qui ne font pas partie de la communauté n'ont pas le droit d'y pénétrer, mais beaucoup ne résistent pas à l'attrait de l'abondance des minéraux, du bois et de la faune. 

Environ 6 000 personnes vivent dans la réserve, zone de forêt presque vierge dont la superficie est à peu près équivalente à celle du Portugal. Ce chiffre ne tient cependant compte que des membres des sept tribus en contact avec le monde extérieur. Je suis allé voir comment ces personnes, qui vivent sur une frontière assiégée, s'en sortent alors que l'exploitation forestière, la pêche et l'exploitation minière illégales grignotent leur terre ancestrale.

Le village de São Luís se trouve à environ 300 kilomètres de la ville d'Atalaia do Norte, en amont de la rivière Javari. Il abrite environ 200 Kanamari, qui m'ont accordé, ainsi qu'à une équipe de tournage, l'autorisation de le visiter. Pendant huit jours, nous vivons dans leur campement ordonné de maisons sur pilotis en bois. Nous nous levons lorsque le chef Mauro Kanamari, dont le nom de famille est issu du nom de la tribu, souffle dans une corne et nous accompagnons les femmes dans la récolte du manioc et les hommes à la chasse et à la pêche.

Nous sommes chaque jour témoins de personnes qui, inquiètes des incursions violentes dans leur forêt, trouvent de plus en plus de nouveaux moyens de défendre leur terre et leur mode de vie.

« Avant, peu d’envahisseurs illégaux, de pêcheurs et de bûcherons prenaient du bois sur nos terres, » raconte le chef Mauro. « Ils sont désormais de plus en plus chaque jour. »

Pour les Kanamari, la forêt est comme un parent qui leur fournit tout. L'exploitation forestière et l'extraction d'autres ressources naturelles menacent la santé de ce parent et leurs propres moyens de subsistance. S’opposer à ces activités est néanmoins risqué. En 2022, Bruno Pereira, défenseur brésilien des indigènes, et Dom Phillips, journaliste britannique, ont été sauvagement assassinés sur une autre rivière de la région, apparemment sur ordre du chef d'un réseau de pêche criminel. « J'ai personnellement reçu de nombreuses menaces, » déclare le chef Mauro.

Pourtant, les Kanamari refusent de se laisser envahir. Ils ont uni leurs forces à celles de la FUNAI, la Fondation nationale des (peuples) indigènes, et de l'UNIVAJA, une union des peuples indigènes de la vallée du Javari, pour organiser des patrouilles de surveillance et repousser les bûcherons qui enfreignent la loi. La FUNAI fournit des radios et du carburant pour un bateau motorisé, mais les armes des Kanamari, arcs, flèches et fusils de petit calibre, ne font pas le poids face aux intrus. Par défaut, leur philosophie est de ne pas entrer en conflit mais de rapporter ce qu'ils trouvent.

« Avant, on leur reprenait ce bois, mais depuis qu’ils sont plus nombreux, on a pris peur, » explique le chef Mauro. « Se rendre en ville, c’est se faire repérer et parfois être assassiné. »

João Kanamari, neveu de vingt ans du chef Mauro, emmène son téléphone en patrouille pour récolter des informations qu’il partage sur les réseaux sociaux. À la fin de son adolescence, il a été envoyé à Atalaia do Norte pour apprendre le portugais et servir d'interlocuteur entre son peuple et le reste du monde.

« Nous voulons que le monde nous voie et nous vienne en aide, » dit João. « Si on patrouille ici, sur ces eaux dangereuses, ce n’est pas seulement pour nous mais aussi pour vous. L’Amazonie est notre gouvernement, notre père et notre mère. On ne peut pas survivre dans elle et, d’après ce que nous avons tous compris, vous non plus. »

« Je ne couvre pas les conflits simplement pour les couvrir. Je le fais parce que l'histoire de ce conflit doit être racontée », explique la photographe Lynsey Addario. Lauréate du prix Pulitzer, elle a raconté ces histoires à travers son appareil photo, de l'Afghanistan à l'Irak. Autrice du best-seller Tel est mon métier, Addario est devenue exploratrice National Geographic en 2020 et a reçu le prix Eliza Scidmore de la National Geographic Society pour ses reportages exceptionnels en 2022.

National Geographic Society, société à but non lucratif qui œuvre à la conservation des ressources naturelles, a contribué au financement de cet article.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Après cinquante jours sur une île déserte, il a reçu un message dans une bouteille

Par : National Geographic — 9 décembre 2023 à 11:09

L’île de Rottumeroog aux Pays-Bas est une région sauvage inhabitée hautement protégée par des lois européennes relatives à la nature. En 2012 et 2013, je m’y suis rendu à plusieurs reprises pour une mission et j’y ai passé un total de cinquante jours et nuits, une opportunité incroyable étant donné que l'endroit est généralement interdit aux visiteurs. J’ai passé le plus clair de mon temps là-bas seul. Mon travail était de prendre des photos pour permettre à d’autres de découvrir l'île. Aux deux-tiers du voyage, une leçon m'est parvenue sous la forme d’un message dans une bouteille, rejetée par la mer. 

J’ai grandi près de la côte néerlandaise et l’étendue plate et ouverte de Rottumeroog m’était familière. J’ai fait en sorte de ne pas imposer mon histoire sur l’île, qui repose sur du sable et dérive progressivement vers le sud-est, guidée par le courant. Tous les jours, je faisais donc le tour de son périmètre, m’entraînant à écouter et à observer les moindres changements dans un paysage si simple qu’on le dessinerait en seulement quelques coups de crayon. 

L’un des endroits que je préférais explorer était l’ancien emplacement d’un vieux bâtiment, au bord du rivage. Il n’en restait que quelques briques à moitié enterrées sur lesquelles s’amassaient coquillages et débris océaniques. Un jour, j’ai repéré parmi les décombres une bouteille, différentes de celles que j’avais pu trouver auparavant car son bouchon était vissé. Je l’ai ouverte et y ai découvert une note manuscrite en anglais. Elle disait : « Je m’appelle Meike et j’ai onze ans. J’ai de bons amis, et toi ? »

Dans ma réponse, car Meike avait indiqué l’adresse de son école aux Pays-Bas sur la lettre, j’ai tenté de décrire la leçon d’humilité que j’étais en train de vivre, isolé alors même que j’étais dans l’une des régions d’Europe du Nord les plus densément peuplées, sur une île où l’on ne voit que terre, eau et sable et où l’on n’entend que le vent siffler dans ses oreilles. Meike a fini par recevoir ma lettre et aujourd’hui, des années plus tard, je suis encore en contact avec sa famille. On pense souvent qu’être seul n’est pas une bonne chose. Personnellement, c’était comme si la liberté coulait dans mes veines. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Photographie : nos conseils pour réaliser de beaux portraits

Par : National Geographic — 2 décembre 2023 à 18:02

Prendre des personnes en photo peut être l'occasion de capturer et de mettre en valeur leur personnalité, de faire passer un message et de raconter une histoire. Je suis photographe à New York et j'ai photographié des musiciens, des athlètes, des politiciens, des acteurs et d'autres personnes pour des campagnes publicitaires, des magazines et des affiches de cinéma.

Voici quelques conseils à avoir en tête lorsque vous prenez vos portraits.

PRENEZ LES DEVANTS TOUT EN LAISSANT PLACE AU TRAVAIL D'ÉQUIPE

Se faire photographier peut être stressant. Pour apaiser l'anxiété de votre sujet, montrez-vous confiant, calme et décidé. Dirigez la séance en expliquant le processus, notamment le nombre de clichés prévus, et en lui montrant les différents choix de lieux et de style. 

Si vous en avez le temps, demandez-lui son avis en lui montrant certaines photos. Pendant la séance, vérifiez si des modifications lui permettraient de se sentir plus à l'aise. Si vous êtes pressé.e par le temps, prenez des décisions et mettez votre travail en priorité.

 

PRIORISEZ LES BESOINS ET LES ENVIES

Demandez-vous qui sont les parties prenantes de ce projet. À mes yeux, les priorités sont les besoins de mon client, qui diffèrent souvent de ceux du sujet, puis mes propres besoins et désirs pour mon portfolio et, enfin, les demandes du sujet. Dans un monde idéal, on pourrait satisfaire toutes ces parties mais la réalité est pleine de contraintes, alors suivez votre propre ordre de priorités.

FAITES DES ESSAIS DE LUMIÈRE

Quel que soit l’éclairage en place, faites des essais lumière en demandant à votre sujet (ou à quelqu'un d'autre) de tourner sur lui-même afin de voir comment la lumière change sur son visage. Vous pouvez aviser sur le moment. Par exemple, vous souhaitiez peut-être un éclairage latéral, mais vous trouvez qu’un éclairage arrière met mieux la personne photographiée en valeur. 

Si vous photographiez en lumière naturelle, l’« open shade », où votre sujet est à l'ombre avec le soleil au-dessus de lui, est un choix prudent. Si vous voulez tenter quelque chose d'un peu plus audacieux, essayez de photographier avec une lumière latérale ou frontale. Je pense qu'il est aussi important d'être conscient de l'environnement au sens large. En effet, l’un des principaux faux pas consiste à photographier dans l'ombre sans se rendre compte qu'il y a du soleil plus loin, ce qui peut avoir pour effet d'assombrir l'image.

Il est important d'avoir une idée claire de ce que vous voulez faire de la séance et d’être préparé.e à ce que vos premiers choix ne fonctionnent pas. Imaginons que j’aie une idée de prise de vue à laquelle je tiens beaucoup et que le sujet vienne me dire qu’il a déjà été photographié à cet endroit la semaine passée et qu’il veut changer. Ou bien que vos essais soient parfaits dans une certaine lumière et sous un certain angle, mais que le sujet ne soit pas d'accord. Vous devez être capable de changer d’idée en un clin d'œil. Tellement de choses peuvent se produire et il faut être prêt.e à modifier complètement vos plans.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Comment prendre de (belles) photos sous l'eau ?

Par : National Geographic — 28 novembre 2023 à 14:51

La science m’a conduite à prendre des photos et à raconter des histoires. Au cours de mes recherches universitaires sur les requins et les esturgeons, j’ai constaté le pouvoir des images dans le monde universitaire, parmi les décideurs et le grand public. Les photos et les vidéos sont bien plus convaincantes que les camemberts et les statistiques car elles permettent aux gens de se familiariser avec des espèces et des écosystèmes qu’ils ne voient jamais.

Mon objectif est simple : utiliser les images pour que tout le monde voie avec quelles créatures nous partageons notre planète et comprenne que protéger la Terre est notre devoir. Voici mes conseils pour réussir vos photos et vidéos sous l'eau.

 

UTILISEZ TOUT CE QUE VOUS AVEZ SOUS LA MAIN

Qu'il s'agisse d'un smartphone, d'une GoPro, d'un reflex numérique, d'un drone ou même d'un stylo et de papier – oui, j’ai déjà publié des illustrations dessinées, ne sous-estimez jamais la puissance de vos outils. Pensez à vous servir du son, on ne s’attend pas toujours à des enregistrements audios et ils peuvent être impressionnants.

Si votre appareil photo dernier cri n'a plus de batterie, trouvez des alternatives pour capturer le moment plutôt que de le laisser passer. Les données et les images que vous obtenez, quelle que soit leur qualité, peuvent vous aider à raconter votre histoire.

 

DÉPLACEZ-VOUS ET EXPLOREZ

Je voudrais mettre en garde les nouveaux photographes contre une erreur que je commets trop souvent : s'installer à un endroit et prendre un animal en photo sous un seul angle. En vous déplaçant, vous découvrirez peut-être un meilleur angle ou une interaction qui n'apparaissait pas dans votre objectif, comme un prédateur, non loin, qui traque votre sujet. Utiliser un grand angle permet par ailleurs de capturer le sujet dans le contexte de son environnement.

Il est également important d'approcher les animaux les yeux dans les yeux. Les objectifs macro sont utiles pour ces prises de vue intimes, car ils permettent de faire ressortir la personnalité des animaux.

 

L'UTILISATION D'UNE GO-PRO ET D'AUTRES CAMÉRAS D'ACTION

La GoPro a cela de pratique qu'il n'est pas nécessaire d'être sur place pour l'utiliser. Souvent, lorsque je pars faire de la plongée, j'en emporte plusieurs et je les installe à des endroits stratégiques, là où je pense qu'il pourrait y avoir de l'action. Ensuite, je les règle pour qu'elles filment ou prennent des photos à intervalles réguliers.

L'utilisation d'un appareil photo dans un boîtier sous-marin m'oblige à nager chargée d’un équipement conséquent doté de stroboscopes qui clignotent, entourée d'un nuage bruyant de bulles et ce ne sont pas les meilleures conditions pour capturer un comportement naturel. Les petits appareils photo placés à distance se fondent dans le décor et ne sont pas aussi menaçants, ce qui permet au sujet d'être ce qu'il est et de faire ce qu'il fait en temps normal.

 

L'UTILISATION D'UN SMARTPHONE

Lors de mes missions, j’emporte deux iPhones avec moi. L'un est un téléphone de travail, l'autre me sert d’appareil photo de travail. J'utilise les deux séparément, ce qui me permet de prendre des photos avec l’un sans risquer de perdre l'appareil dont j'ai besoin pour envoyer des SMS, téléphoner, faire des recherches, etc. Dans un monde avide de vidéos verticales, votre iPhone est un atout inestimable. Je prends des photos sur ces appareils au format RAW et je filme des vidéos en résolution 4K.

J'emporte un trépied de smartphone pour les times laps. Il m’est utile pour la capture de mouvements lents. 

Vous pouvez acheter un boîtier pour votre smartphone qui vous permettra de travailler sous l'eau jusqu'à une profondeur limitée, mais préparez-vous à ce qu’il finisse par se casser. Tout finit par être inondé car l'eau trouve toujours un moyen de s'infiltrer.

Enfin, sauvegardez vos données dès que possible. À vos appareils !

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Nos conseils pour réussir vos photographies de nuit

Par : National Geographic — 16 novembre 2023 à 19:17

Regarder les étoiles est aussi hypnotisant que de contempler un feu de camp. L’occasion de laisser libre cours à son imagination, de mesurer sa petitesse dans ce vaste univers et de laisser l'émerveillement et la curiosité prendre le dessus. La photographie de nuit permet de se servir de la scénographie que nous offre l’infini du ciel pour exprimer une idée d’immensité de l’espace comme du temps. 

Je suis photographe professionnel depuis vingt ans et certains des clichés qui me sont les plus chers ont été pris la nuit. Voici mes conseils pour prendre de belles photos nocturnes. 

 

FAITES DU REPÉRAGE DE JOUR

Le jour, faites vos prévisions sur le lieu où vous comptez prendre vos photos. La création de votre œuvre commence là. Un sujet entouré d’espace négatif, comme un arbre sans feuilles ou une falaise irrégulière, peuvent servir de cadre magnifique au ciel nocturne. Une application comme PhotoPills vous aidera à repérer la course de la Lune et des étoiles la nuit quand vous comptez prendre vos photos. 

APPORTEZ LE MATÉRIEL ADÉQUAT

Que vous vous serviez d’un smartphone ou d’un appareil photo Reflex haut de gamme, prévoyez un trépied stable, une source de lumière comme une lampe frontale et des vêtements plus chauds qu’en journée, en particulier dans le désert. Un câble de déclenchement vous sera également utile pour lancer l’obturateur sans avoir à porter votre appareil, surtout pour les longues expositions. Enfin, n’oubliez pas votre cache-objectif pour éviter la buée. 

PENSEZ À LA LUNE

La possibilité de créer toute une scène à partir d’une toile blanche est l’un des meilleurs aspects de la photographie de nuit. Il fait sombre et vous pouvez donc ajuster la luminosité à votre guise. C’est la raison pour laquelle je préfère prendre des photos lors de la nouvelle Lune ou à des périodes où elle n’est qu’un fin croissant dans le ciel. La Lune est source de lumière ambiante, comme un soleil à faible puissance. Prenez donc en compte les phases lunaires pour vos créations. 

ÉVITEZ LES RETOUCHES EXCESSIVES

Après une séance, les meilleurs photographes modifient la balance des blancs, rééquilibrent les zones d’ombre, baissent les hautes lumières, etc. Mais attention à ne pas en faire trop. En fin de compte, créer une image que vous aimez doit être votre priorité. Si vous sentez que la postproduction la modifie complètement, c’est l’occasion de retourner sur le terrain pour prendre une photo qui se rapproche davantage de vos attentes. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Découvrez nos meilleures photographies d’animaux sauvages de l’année 2023

Par : National Geographic — 16 novembre 2023 à 09:51

Alors qu’il cherche des crabes ou des escargots au large de la baie de Monterey, en Californie, un bébé loutre de mer curieux émerge d’une colonne de varech. Ces mammifères marins à fourrure peuvent déguster environ 7 kilogrammes de chair de crustacés chaque jour.

Cette belle scène de vie aurait été extrêmement rare au début du 20e siècle, ces prédateurs aquatiques ayant frôlé l’extinction en raison du commerce de leur fourrure. Heureusement, l’espèce a depuis eu l’occasion de se reconstituer grâce à d'importants efforts de conservation, comme la réintroduction d’individus dans la nature. Malgré cette amélioration, cette dernière n’est toutefois pas encore sortie d’affaire : la loutre de mer de Californie est en effet menacée dans sa région, qui n’abrite aujourd’hui plus que 3 000 individus.

La photographie de Ralph Pace, qui nous permet d’observer de plus près ces animaux sauvages dans leur habitat naturel, compte parmi les dix-huit clichés désignés comme les meilleures photographies d’animaux sauvages de l’année par les rédacteurs et rédactrices de National Geographic.

« Les images sélectionnées cette année reflètent la grande variété des histoires que nous avons racontées en termes d’espèces, d’écosystèmes, de géographies et de styles photographiques, qui entreprennent de transmettre l’émerveillement, la surprise, l’humour et la vulnérabilité des créatures avec lesquelles nous partageons notre planète », explique Alexa Keefe, responsable visuelle pour l’Histoire naturelle et les récits de conservation.

Alexa Keefe espère que ces images pourront inspirer de l’amour pour le monde naturel. Certains des animaux qui y sont présentés sont des exemples de réussite, comme les lycaons, des chiens sauvages menacés d’extinction dont les populations ont pu se stabiliser dans la réserve spéciale du Niassa, au Mozambique, grâce à l’implication de la population locale. D’autres espèces sont en danger, comme les lièvres variables des Highlands écossais qui, dotés d’un manteau hivernal blanc leur permettant de se camoufler dans la neige, pourraient avoir un avenir incertain dans un monde en réchauffement où la neige se fait de plus en plus rare. D’autres encore, comme les araignées, dont le charme envoûtant est bien trop souvent oublié, ou les orques, dont les techniques de chasse sont parfois révolutionnaires, nous poussent quant à elles à apprécier toute la splendeur et la diversité des espèces qui peuplent notre magnifique planète.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Nos conseils pour immortaliser la vie sauvage

Par : National Geographic — 15 novembre 2023 à 11:38

Mon amour pour la faune et la flore me vient de mes parents, qui m'ont appris à aimer et à respecter le monde naturel. Adolescent timide, je me sentais à ma place dans la nature. Cela fait maintenant trente-neuf ans que je prends des photos. Documenter la nature m'est apparu comme une évidence : nous en faisons tous partie. Il n'est pas nécessaire de demander la permission pour être là : il suffit de se comporter comme un invité pour être accepté. Certains de mes projets animaliers préférés mettent en scène des sujets quotidiens que l'on pourrait croire acquis.

Voici mes conseils pour réussir vos photos d'animaux sauvages.

 

COMMENCEZ PRÈS DE CHEZ VOUS

Que votre objectif soit de devenir un photographe professionnel, de photographier un animal rare ou simplement d'améliorer votre technique, explorez d'abord dans votre jardin, ou les parcs de votre ville. Les pigeons, les écureuils et les cerfs font partie de la faune sauvage et, la plupart du temps, une image surprenante et unique d'un animal « ordinaire » vaut mieux qu'une image médiocre d'un animal plus rare. Vous devez trouver l'habitat d'un animal que vous pourrez visiter à plusieurs reprises. Plus vous vous donnerez d'occasions, plus vous aurez de chances d'obtenir une photo dont vous serez satisfait.e.

 

SOYEZ PATIENT.E

Avant de commencer à photographier, préparez-vous. Commencez par vous renseigner sur les espèces communes dans la région. Il peut être utile de faire des repérages dans un parc naturel régional ou même dans votre quartier. Pendant vos repérages, utilisez des applications telles que iNaturalist (en anglais) et Seek (en français) pour identifier les espèces locales et vous familiariser avec elles.

Les animaux sont comme nous, ce sont des créatures d'habitudes : vous constaterez qu'ils fréquentent les mêmes endroits à certaines heures de la journée ou en fonction de la météo. Soyez attentif à ces habitudes lors de vos repérages et faites plusieurs voyages de repérage pour les voir à l'œuvre. Avec le temps, vous pourrez même remarquer les traces que ces animaux laissent derrière eux, qu'il s'agisse d'excréments ou d'empreintes.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Lorsque l'on utilise un smartphone, on a tendance à oublier un détail surprenant : le nettoyage de l'objectif. Emportez avec vous des lingettes pour objectif ou utilisez un tissu en coton.

Oubliez le zoom numérique et rapprochez-vous physiquement de votre sujet. Mettez-vous au sol ou en hauteur pour être à leur niveau, ce qui créera une image plus intime. Ce n'est pas en gardant vos vêtements propres que vous obtiendrez une image exceptionnelle : vous devrez peut-être ramper dans la boue pour prendre la photo - le problème de la lessive se posera plus tard.

Essayez également d'expérimenter le noir et blanc, qui permet de concentrer l'attention sur la composition, l'action et la scène. Sur la plupart des smartphones modernes, vous pouvez revenir à la couleur si vous changez d'avis.

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La beauté des régions polaires capturée par nos photographes

Par : National Geographic — 10 novembre 2023 à 10:44

Magnifiques et accidentées, les régions arctique et antarctique ont un charme extraordinaire. Mais avec le réchauffement climatique, ces écosystèmes polaires comptent parmi les plus vulnérables de la planète.

L'Arctique se réchaufferait jusqu'à quatre fois plus vite que le reste du globe, en partie parce que la région n'a pas de masse continentale solide. Au lieu de cela, elle est constituée de glace solide perpétuellement gelée flottant au-dessus de l'océan Arctique. Or, à mesure que cette glace rétrécit, l'océan absorbe davantage de lumière solaire chaude, ce qui accélère le changement climatique mondial.

Contrairement à l'Arctique, l'Antarctique est une terre ferme recouverte de neige et d'énormes nappes d'eau douce gelée. Si la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental fondait, elle contiendrait suffisamment d'eau pour faire monter les mers de plus de 10 mètres avant la fin du siècle.

Ce qui se joue dans ces régions polaires, c'est la survie des espèces sauvages et des cultures endémiques. Plus de quatre millions de personnes et de nombreuses communautés indigènes vivent à l'intérieur du cercle polaire. Le Grand Nord abrite également des animaux sauvages tels que des ours polaires, des loups arctiques et des baleines en migration. Dans le sud, de grandes colonies de pingouins parcourent les terres froides, et les eaux entourant l'Antarctique regorgent de phytoplancton et d'algues, de minuscules créatures marines qui attirent de grands groupes de baleines affamées.  

Ces images montrent la beauté naturelle de la vie aux pôles, et les rares populations qui y ont élu domicile.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Apatrides : 4,4 millions de personnes dans l'ombre de la citoyenneté

Par : National Geographic — 9 novembre 2023 à 18:03

Retrouvez cet article dans le numéro 290 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

Ce sont des ombres. Des cohortes fantomatiques d’hommes, de femmes et d’enfants sans existence légale, prisonniers de limbes administratifs qui les vouent aux marges des sociétés. Il y aurait 10 millions de personnes apatrides ou à risque d’apatridie à travers le monde, selon l’estimation basse de la fondation Rosa-Luxemburg, en Allemagne, dans l’atlas qu’elle a consacré à ces populations. 

Le droit international définit ces citoyens de nulle part comme des personnes « qu’aucun État ne considère comme [ses] ressortissant[s] par application de sa législation ». Ils seraient selon les Nations Unies plus de 4,4 millions.

On naît apatride ou on le devient. Les réfugiés qui ont fui leur pays d’origine, poussés à l’exil par les guerres ou les persécutions, et qui ont perdu leur nationalité ou toute preuve de celle-ci, ou ceux dont le pays a purement et simplement cessé d’exister, constituent les cas de figure les plus connus. 

Aujourd’hui, les réfugiés palestiniens, les Rohingyas chassés du Myanmar ou encore certaines communautés kurdes de Syrie et du Liban sont les incarnations les plus emblématiques de l’apatridie moderne. Mais pas son visage le plus courant. Assez paradoxalement, elle menace avant tout des individus qui sont nés et ont toujours vécu dans le pays même qui ne leur reconnaît aucune existence légale. Dans leurs rangs se mêlent descendants de migrants installés depuis des générations dans un État, mais aussi populations dont les ancêtres sont originaires des territoires concernés. 

La Côte d’Ivoire constitue à cet égard un cas d’école. Le pays abriterait, selon une estimation officielle, 1,6 million de personnes à risque d’apatridie, soit environ 6 % de ses habitants, un des records mondiaux. Majoritairement d’origine ivoirienne, ces populations pauvres et peu éduquées, concentrées dans des régions rurales reculées où la tenue de l’état civil est aléatoire, n’ont jamais mené de démarches pour obtenir des papiers d’identité. 

Une minorité est constituée de populations originaires de l’actuel Burkina Faso et installées en Côte d’Ivoire depuis la période coloniale, ivoiriennes par droit du sol, mais qui n’ont pas plus formalisé leur situation. 

De fait, l’absence d’existence légale frappe d’abord des populations au bas de l’échelle sociale, peu au fait de leurs droits et, parmi elles, affecte de façon disproportionnée des communautés traditionnellement discriminées, en butte aux persécutions routinières et au racisme ordinaire. Ainsi des populations autochtones, tels certains groupes indigènes de Malaisie orientale, ou des nomades comme les « bidounes » du Koweït. 

C’est encore le cas, au Népal, d’une partie des intouchables, les plus basses castes, « impures » dans l’hindouisme et dont la marginalisation est enracinée dans des temps immémoriaux : misère, stigmatisation et barrières administratives élèvent autant d’obstacles à la reconnaissance de leur citoyenneté. 

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Michel Sarran, le goût de la photo

Par : National Geographic — 7 novembre 2023 à 12:53

Retrouvez cet article dans le numéro 290 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

Le chef étoilé a remporté en août le concours de La Photo parfaite, diffusé sur M6 et qui comptait parmi les jurés Emanuela Ascoli, notre cheffe de la photo. À la clé : la publication exclusive de son reportage dans l'édition française du magazine National Geographic.

 

D’où vient votre intérêt pour la photographie ? 

J’y ai toujours été sensible. Pour ma communion solennelle, j’avais reçu un petit appareil photo argentique. Il m’a permis de fixer des réunions de famille ou des instants de voyage, c’était magique. Des photographes m’ont aussi marqué, comme Helmut Newton et son jeu sur les lumières et les contrastes. Plus tard, en tant que chef, j’ai travaillé avec des photographes professionnels, notamment Anne-Emmanuelle Thion, dont j’apprécie beaucoup l’œuvre. En fait, j’aime la photo, car j’aime ce qui est artistique. 

 

Vous avez dû vous essayer à divers genres photographiques durant l’émission. Lequel vous a le plus marqué ?  

Le portrait, qui valorise l’humain. Et l’humain,  c’est ce qui crée de l’émotion. La beauté d’un visage, d’une expression, d’un trait… Le potentiel du portrait est sans limite. J’ai adoré photographier [l’acteur] Antoine Duléry ; une belle complicité est née entre nous. J’ai aussi été très ému par ma rencontre avec Reinette, cette agricultrice de la baie de Somme. Elle m’a rappelé ma mère, Pierrette, qui travaillait aussi la terre avec ses mains et m’a initié à la cuisine. Le portrait, c’est l’aboutissement d’une rencontre.

La photo « parfaite » existe-t-elle ?

Ce n’est pas une question facile… La photo parfaite pour qui ? Pour celui qui la prend ou pour celui qui la regarde ? Il y a bien sûr des photos qui répondent mieux que d’autres à certains critères techniques, mais ça n’en fait pas forcément de belles photos. La technique m’ennuie, elle n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est la créativité. Comme le plat parfait, je crois que la photo parfaite n’existe pas. Elle est toujours l’expression d’un moment et d’une sensibilité.   

 

Voyez-vous d’autres points communs entre la cuisine et la photographie ?

Toutes deux ont le même objectif : raconter une histoire et créer de l’émotion. La seule différence, c’est l’outil. J’ai l’habitude d’utiliser des couteaux et des casseroles, mais là, je devais manier des boîtiers hypertechniques ! Autre point commun : je suis seul à décider des plats que je vais créer, comme je suis seul à choisir les d’abord une aventure solitaire, même si on a besoin de collaborateurs pour la mise en œuvre.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant l’émission ?

Pour l’amateur que je suis, il y avait des difficultés tous les jours ! Notamment la technique : gérer la lumière, l’éclairage, le mouvement… Il fallait apprendre cela dans des délais très courts et faire le bon choix parmi tous les clichés pris. Des photos animalières aux photos de cascades en passant par les nus, chaque épreuve a été un défi. Or, comme en cuisine, le temps est l’ennemi de la créativité. Je pense que les meilleures photos sont réfléchies et qu’elles nécessitent un travail de préparation. Là, il a fallu faire sans.

 

Quels enseignements retirez-vous de cette aventure ? Allez-vous poursuivre la photographie ?

L’émission a été un déclic. Grâce aux conseils de membres du jury, Renaud [Corlouër] et Alice [Deschamps], je me suis amélioré. Bien sûr, je dois encore dompter les vitesses et mieux jouer avec les objectifs. J’ai envie de refaire de la photo, mais pas forcément en lien avec la cuisine. J’aime compartimenter les choses. La photo, ce sera pour mes voyages, mes moments d’évasion, pour sortir de mon quotidien. 

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Les plus belles photos du monde microscopique de l'année 2023

Par : National Geographic — 19 octobre 2023 à 10:32

La photographie microscopique a le pouvoir de révéler un monde invisible à l’œil nu. Depuis 49 ans, le concours de photomicrographie Small World Photo Microscopy Competition de Nikon présente les plus belles photos de notre monde miniature.

Cette année, le premier prix a été attribué à une photo prise par le chercheur Hassanain Qambari avec l’aide de Jayden Dickinson du Lion’s Eye Institute, un centre de recherche sur la vision situé à Perth, en Australie. Elle représente la rétine d’un rongeur centrée sur le nerf optique, chargé de transmettre les informations entre l’œil et le cerveau. 

« La photo donne une idée des structures en jeu et de la quantité d’énergie utilisée dès que nous ouvrons les yeux », explique Qambari. 

Ces traînées de rouge, de jaune et de vert, qui dévoilent le fonctionnement moléculaire interne de ce nerf essentiel, constituent une représentation inédite qui pourrait aider les chercheurs à comprendre comment traiter une maladie appelée rétinopathie diabétique. Chez l’Homme, cette maladie entraîne une perte partielle voire totale de l’acuité visuelle. Une détection précoce de la maladie pourrait permettre de l’enrayer, et plus les médecins pourront observer l’intérieur de l’œil, mieux ils pourront comprendre son fonctionnement complexe, et ainsi empêcher les cas de cécité. 

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres du type d'avancées que l'on peut faire en observant notre monde de près. Vous trouverez ci-dessous une sélection de nos photos préférées, choisies pour leurs qualités à la fois artistiques et scientifiques.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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Et les plus belles photographies animalières de l'année sont...

Par : National Geographic — 12 octobre 2023 à 17:54

Un moment paisible entre une mère et son petit, un combat entre des prédateurs et leur proie dans des eaux glaciales, une forêt illuminée par de magnifiques lucioles… Les travaux de certains des meilleurs photographes du monde ont été mis en avant dans le cadre du concours Wildlife Photographer of the Year, organisé chaque année par le Muséum d’Histoire naturelle de Londres.

Que ce soit en immortalisant des animaux sauvages qui ont désespérément besoin de notre aide ou en révélant l’immense impact du développement humain, les photographies présentées dans le cadre de cette compétition visent à promouvoir le respect de la planète, à faire progresser la recherche scientifique et à sensibiliser le public à la destruction de l’environnement.

Cette année, plusieurs photographes National Geographic ont été récompensés pour leur travail illustrant la situation précaire des animaux dans un monde transformé par l’activité humaine. Admirez ci-dessous nos photographies préférées du concours de cette année, et découvrez la liste complète des lauréats ici.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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