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Aujourd’hui — 26 avril 2024Dedefensa.org

La peur, partout...

La peur, partout...

26 avril 2024 (17H10) – C’est un argument bien connu et pratiqué d’avance, pour ouvrir toute conversation complotiste et antiSystème, que les élitesSystème utilisent la peur (peur de la maladie, “peur de l’Autre”, peur de la guerre, “peur de Poutine” [cette dernière avec mention spéciale du jury pour récompenser les esprits anémié]) pour faire régner l’ordre dans les rangs des joyeuses masses démocratiques et libérales. Ce n’est donc pas sans une certaine jubilation discrète que je constate qu’on peut aussi bien constater, – constat pour constat, – que la peur règne également dans les rangs des susdites-élites, c’est-à-dire entre elles, – lorsqu’elles se trouvent confrontés à l’une ou l’autre délicate et pressante problématique, encombrée d’embarrassants cadavres, où il faudrait qu’elles prissent position sans trahir l’un pour tel cas, sans faire ses dévotions à l’autre pour tel autre...

C’est ce qui fait que je plaide pour dire que la véritable crise (une belle et bonne ‘subcrise’ de la GrandeCrise) et le véritable enchaînement crisique se trouvent chez ces élites qui vivent, respirent, se nourrissent, se complaisent et se barbotent dans une mer de mensonges regroupés en simulacres, qui est comme une Mer des Sargasses où les plus puissantes unités navales parviennent à se trouver encalminées.

La crise israélo-palestinienne est sans aucun doute la plus forte, le plus puissante, la plus collante et la plus charognarde de toutes les Mers des Sargasses des surfaces océaniques du globe. Qu’on en juge, mon Dieu ! N’y voit-on pas s’opposer la sacro-sainte jeunesse estudiantine et académique génitrice du wokenisme qui forme l’avenir du Système, et la super-sacro-sainte Vertu du genre humain qu’est Israël ? Et c’est vraiment du vol en rase-motte lorsque le gracieux  Netanyahou qualifie de “Nazis des années trente” les étudiants qui, aux USA, manifestent en faveur des Palestiniens, – si si, comme je vous le dis :

« Cela rappelle ce qui s'est passé dans les universités allemandes dans les années 1930. C'est inadmissible. Il faut y mettre un terme. Il faut le condamner et le condamner sans équivoque. »

Aussi, comme le constate le titre d’un texte que nous allons citer, sous la plume de PhG, cette mésentente conduit à des réactions extrêmement, – comment dire : “extrêmes” ? « Les élites ont peur d'évoquer la Palestine », comme le constate monsieur Vijay Prashad... Vous voulez un exemple qui illustre cet imbroglio épouvantable dans lequel se trouve encalminés à leur tour ceux que l’on nomma un jour « The Best and the Brightest » avant qu’ils ne nous conduisissent dans le merdier vietnamien, puis “les Maîtres du Monde” pour mieux comprendre la marche verrs le fond du merdier porésent ?

« Andrew Gilmour, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies pour les droits de l'homme, a déclaré à la BBC Newsnight que les Palestiniens subissent une“punition collective” et que ce que nous voyons à Gaza est “probablement le taux de mortalité le plus élevé commis par une armée depuis le génocide rwandais de 1994”.

» Pendant ce temps, en Cisjordanie, Human Rights Watch montre que l'armée israélienne a participé au déplacement de Palestiniens de 20 communautés et a déraciné au moins sept communautés depuis octobre 2023. Il s'agit là de faits avérés.

» Pourtant, selon un mémorandum qui a fait l'objet d'une fuite, ces faits ne peuvent être évoqués dans le “journal de référence” des États-Unis, le New York Times. Il a été demandé aux journalistes du journal d'éviter les  termes “génocide”, “nettoyage ethnique”  et “territoires occupés”. Au cours des six derniers mois, les journaux et émissions de télévision aux États-Unis ont généralement parlé de la violence génocidaire passivement, [en décomposant presque chimiquement, et donc innocemment la chose] : les bombes sont tombées, les gens sont morts. »

Bien, je pourrais poursuivre dans le mode sarcastique, parce que ces pauvres gens chargés d’aveugler les voies d’eau de la vieille barcasse pourries dans laquelle nous sommes encalminés sont si faciles à escagasser en quelques phrases et formules bien torchées. Nos élites sont extraordinaires, sans exemple, sans précédent, d’une sottise qui finit par vous donner une sorte de vertige, presque l’ivresse des profondeurs sans fond qui dissimule une connerie sans visage, qui n’a jamais vu la lumière du jour. Mais bon, pour ce point, je vais reprendre une bonne partie du texte qui nous rapporte un certain nombre d’exploits dialectiques montrant les élites contre les élites sr ce sujet terriblement sensible...

« À l'université de Californie du Sud (USC), Asna Tabassum, une Américaine d'origine sud-asiatique, devait prononcer un discours sur le campus devant 65 000 personnes en tant que major de la promotion 2024. Impliquée dans le débat autour de la guerre israélienne contre les Palestiniens, Tabassum a été prise pour cible par des activistes pro-israéliens qui prétendaient se sentir menacés.

» Se fondant sur ce sentiment de menace, dont l'université a refusé de divulguer la source, l'USC a décidé d'annuler son discours.

» Dans une réponse mûrement réfléchie, Mme Tabassum, qui s'est spécialisée dans l'ingénierie biomédicale et l'histoire (avec une spécialisation dans la résistance aux génocides), a appelé ses camarades de promotion à “sortir des sentiers battus, à œuvrer pour un monde où les appels à l'égalité et à la dignité humaine ne sont pas manipulés pour devenir des expressions de haine. Je nous mets au défi de répondre au malaise idéologique par le dialogue et la connaissance, et non par le sectarisme et la censure”.

» Asna Tabassum a 21 ans. Le recteur de l'USC qui a annulé son discours, Andrew Guzman, en a 56. Les raisons qu'il a invoquées pour la faire taire n’ont pas la maturité de l’appel au dialogue d’Asna.

» Partout aux États-Unis, des étudiants tentent désespérément de sensibiliser l'opinion publique sur ce qui se passe à Gaza, et cherchent à obtenir de leurs campus qu'ils se désengagent des entreprises qui investissent en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

» Les premières protestations ont été tolérées, mais les politiciens américains se sont ensuite impliqués en organisant des débats au Congrès et en émettant des commentaires hâtifs sur des prétendus financements de ces étudiants par les Chinois et les Russes. Les administrateurs des universités, craignant pour leurs donateurs et soumis à des pressions politiques, ont cédé et se sont mis à censurer les étudiants d'un bout du pays (Université de Columbia) à l'autre (Université de Pomona).

» Les présidents d'université ont fait venir la police locale sur leur campus, l'ont autorisée à arrêter les étudiants et ont exclu ces derniers de leur établissement. Mais le climat ambiant est incontournable. Les syndicats étudiants de tout le pays - de Rutgers à Davis - ont voté pour obliger leurs administrations à se désinvestir d'Israël.

» Des réactions “révoltantes”

» Le 12 avril, la police berlinoise a interdit la tenue d'une conférence sur la Palestine à laquelle participaient des Allemands venus de tout le pays pour écouter des orateurs venus d'autres pays d'Europe et de Palestine.

» À l'aéroport, la police a arrêté puis expulsé le médecin britannico-palestinien Ghassan Abu Sitta, qui s'était porté volontaire à Gaza et a assisté directement à la guerre génocidaire. L'ancien ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, devait prononcer un discours en ligne lors de la conférence.

» Non seulement il n'a pas pu le faire, mais il s'est vu infliger un “Betätigungsverbot”, c'est-à-dire une interdiction de toute activité politique en Allemagne (interdiction d'entrer sur le territoire allemand et interdiction de participer à un événement en ligne). Selon M. Varoufakis, il s'agit là essentiellement du “glas des perspectives de démocratie en République fédérale d'Allemagne”.

» Quelques jours avant la conférence de Berlin, le professeur Jodi Dean a publié un essai sur le blog Verso intitulé “Palestine Speaks for Everyone” (La Palestine s'exprime pour tous). Cet essai repose sur l'idée simple, et non répréhensible, que les peuples opprimés ont le droit de lutter pour leur émancipation.

» Censurer le débat

» Cest la base de la Déclaration internationale des droits de l'homme, également citée fréquemment par Varoufakis. Le lendemain de l’interdiction de la conférence sur la Palestine à Berlin, l'employeur de Jodi Dean, Mark Gearan, président de Hobart and William Smith Colleges aux États-Unis, a publié une déclaration annonçant que le professeur Dean n’assurerait plus ses cours ce trimestre.

» M. Gearan a écrit qu'il était non seulement en “désaccord total” avec Mme Dean, mais qu'il trouvait également ses commentaires “écoeurants”.

» Il est intéressant de noter que depuis octobre, M. Gearan ne s’est exprimé qu'une fois publiquement, pour condamner le Hamas, mais pas au sujet de l'horrible violence génocidaire contre les Palestiniens.

» Qu'est-ce que Mme Dean a bien pu écrire de si “écœurant” ? M. Gearan s'est concentrée sur le terme “exaltant” que Mme Dean a utilisé pour décrire sa réaction aux parapentes qui ont franchi la barrière d'occupation israélienne autour de Gaza.

» Elle n'a pas célébré les attaques du 7 octobre, mais a simplement utilisé les parapentes comme métaphore pour envisager la politique de l'espoir et de la libération d'un point de vue palestinien (citant le dernier poème de Refaat Alareer, tué par Israël le 6 décembre 2023, avec sa méditation sur les cerfs-volants pour souligner l'idée de s'élever au-dessus de l'oppression).

» M. Gearan ne voulait pas d'un débat sur l'occupation ou le génocide. Comme les rédacteurs et les éditeurs du New York Times, comme le gouvernement allemand et d'autres présidents d'universités américaines, M. Gearan a voulu censurer le débat.

» Le plaidoyer d’Asna Tabassum en faveur du “dialogue et de la connaissance” a été muselé. Trop effrayés à l'idée de parler de la Palestine, les gens comme M. Gearan privilégient “le sectarisme et la censure”. »

Ces divers et nombreux exemples sont aujourd’hui monnaie courante dans nos élites universitaires, politiques et culturelles. On ne s’attachera pas aux jugements moraux qui vont avec et vont de soi (pour moi, pour nous, pour vous, pour chacun et dans tous les sens la messe est dite, ce qui veut à peu près tout dire). Tout le monde  connaît ces jugements moraux devant les faits qui sont étalés sur l’étal du boucher, tout le monde les expliquent, les affirment, les déforment plus ou moins à son avantage comme c’est courant dans ce genre  de querelles. Ce n’est pas cela qui m’importe, pas du tout.

Je veux plutôt m’arrêter à cette situation particulièrement intéressante, si on la compare à la  précédente qui vit une unanimité (plus ou moins contrainte et forcée) des élites américanistes-occidentalistes contre les Russes. L’intérêt est bien dans cette brutale rupture de l’unanimité des élites américanistes-occidentalistes. Cette fois, ce sont deux saintes trinités de la même religion américaniste-occidentaliste qui doivent donc nécessairement s’accorder, mais non ! Qui s’opposent ! En gros, je veux dire en traits grossiers, l’antisémitisme contre l’antiracisme, – ou dit d’une manière plus poétique : BHL contre BHL, vous voyez ?

Il n’y a pas pire, donc il n’y a pas mieux. Leur entente eà ces élitesSystème, était fondée sur des “règles” (ou des “valeurs”, je dirais pour mon compte) comme disent les ‘yankees’, c’est-à-dire des principes de marbre qu’on a imité et refait en caoutchouc ou en chewing gum et qu’on tord et déforme à volonté selon les nécessités de nos hypocrisies diverses, de nos intérêts, de nos inconsciences, de nos bombes qu’on largue. Mais on restait sur l’illusion que le fondement était celui de principes, c’est-à-dire des choses immuables ; on s’y croyait, quoi... Et puis, tout d’un coup, tout cela vole en éclat ! Le caoutchouc et le chewing gum s’éparpille en règles-valeurs qui partent de l’un ou l’autre côté, en s’insultant, en se censurant, et ne vouant aux gémonies, avec des maîtres du jeu dotés de la grâce, de l’élégance et de la finesse d’un Netanyahou comparant les braves petits étudiants hier encore wokeniste, ennemis jurés de l’antisémitisme et de l’antiracisme, aux fameux ‘nervis’ nazis des années 1930. Netanyahou, c’est le Talleyrand du conflit du coin, là-bas, où il paraît que sont nées toutes les civilisations.

Encore, là-dessus, j’en remets une couche parce que tout cela  va avec : qu’est-ce qu’on fait du wokenisme, de ces joyeux mélanges d’antiracisme, de féminisme, de genrisme et d’inclusivme dans tous les sens, d’africanisme et d’africanité, d’anti-antisémitisme, de tous ces formidables idéologies moralinesques qui regroupaient sans trop le dire les partisans d’Israël-saint et de la Palestine-martyr ?

Suffit alors, mes amis, de répéter la conclusion d’un commentaire d’hier :

« D’ores et déjà, et pour clore en beauté ce commentaire, il nous faut mettre en évidence ce phénomène : la crise [autre ‘subcrise] du wokenisme qui bouleverse le monde universitaire et estudiantin depuis cinq ans aux USA se transmuant brusquement en une révolte à caractère politique qui agit directement, sous un autre angle, en une nouvelle ‘subcrise’ aux USA, sur la GrandeCrise. »

Quel rythme crisique, les amis ! A chaque jour suffit sa ‘subcrise’ comme la nomme PhG, pour alimenter cette foutue GrandeCrise d’un facteur de désordre de plus.

Hier — 25 avril 2024Dedefensa.org

L’art étrange de la “dystopie hystérique”

L’art étrange de la “dystopie hystérique”

25 avril 2024 (19H30) – En suivant un texte de la pétillante Caitline Johnstone, on est conduit à relever la réussite quasiment totale et complète de ce que notre consœur nomme “dystopie”, et que j’aurais plutôt tendance à renforcer de qualificatif : soit “dystopie hystérique”, soit “inversion dystopique”. Elle parle de la Palestine, de ce que nos yeux sont obligés  d’identifier comme un “génocide” en Palestine alors que les bonnes manières, la bonne éducation, l’élégance du jugement poussent et vous font savoir, même en vous tordant un peu le bras, qu’il n’est pas  concevable de poursuivre sur cette voie.

Par exemple, lorsqu’elle écrit :

« Toutes les vociférations frénétiques sur les manifestations pro-palestiniennes dans les universités ces derniers jours montrent clairement que notre civilisation est tellement perverse et détraquée qu'elle considère que s'opposer à un génocide est bien pire que d'en commettre un. Ce qui est à peu près aussi rétrograde que peut l'être une société.

» Sérieusement, essayez d'imaginer une civilisation plus tordue et plus déséquilibrée que celle qui s'indigne davantage de ceux qui protestent contre les atrocités génocidaires que de ceux qui les commettent. Une civilisation où les gens portent leur pantalon sur la tête et marchent à l'envers toute la journée ? Ce serait moins dangereux. [....] Ce serait moins délirant.

» Rien n’est plus délirant dans ce monde... »

Et ainsi de suite, et Johnstone poursuit en citant de moins en moins la Palestine car ce qu’elle décrit pour nous est un mal universel, touchant tous les aspects de notre vie, toutes les facettes de notre politique. En effet, la dystopie hystérique de la Palestine entre nécessairement dans un comportement qui est devenu aujourd’hui une obligation morale, – nous disons bien et je dis bien : “morale”. Ce constat n’est plus, ni une accusation, ni une découverte, ni une surprise ; c’est une évidence, une façon d’être, exactement comme l’on respire et comme l’on digère.

Du coup, Caitline, qui reconnaît tout cela, à mon avis, de la façon la  plus affirmée, s’interroge sur les causes du comportements des puissances qui imposent ces comportements dystopiques et ces inversions perverses. Quel est leur but ? Sa réponse n’est pas satisfaisante pour mon compte, – même si elle pourrait me répliquer : avez-vous  mieux à proposer ? Quoi qu’il en soit, – on verra plus loin, – elle répond, après avoir cité un exemple de plus d’emplacements invertis, d’enroulements immondes contre toute humanité  et toute logique de l’humanité :

« Quel genre de perversité, quelle genre de foutue dystopie est-ce là, pour que les gens s'informent et se fassent une opinion à partir de ces organes d'information ? Notre civilisation toute entière est saturée de propagande dénaturant la réalité comme celle-ci, et cela rend fou. Nos boussoles morales ont été retournées à 180 degrés de notre vrai nord, et nos capteurs internes sont branchés sur des fréquences totalement parasitées.

» Ils ont besoin que nous devenions dingues à ce point pour continuer à soutenir un empire planétaire qui ne peut littéralement pas exister sans violence et sans tyrannie permanentes. Ils ont besoin que nous pensions que le haut est en bas et que le noir est blanc. Il faut non seulement que nous soyons incapables de faire la différence entre le bien et le mal, mais aussi que nous croyions que le mal est le bien et que le bien est le mal. Ils pilonnent donc notre conscience collective jour après jour avec des opérations psychologiques extrêmement agressives sous forme de propagande dans les médias dominants, pour s'assurer que nos mécanismes internes sont suffisamment perturbés pour que nous consentions au degré de dépravation requis pour que nos dirigeants puissent continuer à nous dominer sur cette planète. »

... Mais le problème subsiste : arrivés là où ces pratiquent nous amènent par l’usage hystérique de la communication nous amènent, qu’ont-ils donc de plus ? Quelles satisfaction de caractère obtiennent-ils ? Même retranchés dans leurs bureaux luxueux, avec le défilé continuel de leur cour chargée de les rassurer par réflexe syndical, ils ne peuvent toujours pas mettre le mot  “Fin”... Je veux dire, ils n’ont pas assez de choses en plus, de pseudo-satisfaction de soi, de contentement et de renforcement du caractère pour, par exemple, s’installer sur une terrasse au grand air et penser sereinement :

« Nous y voilà, ma besogne faite, maintenant je peux, comme le loup de  Vigny, souffrir et mourir sans parler. »

Je veux dire qu’ils n’ont pas accompli leur révolution au sens d’Hanna Arendt, comme ce chemin que suit une élipse, en revenant à son point de départ après avoir réussi à hausser l’ensemble, lorsque, – disons pour faire net, – la centième année d’âge atteinte il se retrouve à la non-existence d’avant la naissance. Non non, ils sont là, baignant dans leur richesse  et leurs nourritures terrestres, sans autre perspective, sans la moindre idée de la voie que leur a ouvert leur longue lutte pour rendre les gens fous et invertir le monde. Bref, si l’on veut être leste, on dira qu’en suivant ses consignes ils se sont faits enculer par le diable et son sexe  d’or et en conservent quelques méchantes et lancinantes brûlures et plaies sans toujours n’avoir rien compris.

Notre drame actuel, c’est qu’il nous est impossible d’expliquer à ces gens qu’ils sont trop enfermés dans leur narcissique satisfaction d’eux-mêmes que leur impose leur individualisme pour comprendre ce qui ne peut leur être expliqué. Le rythme des machines et des technologies autour d’eux est trop rapide pour qu’ils aient la force d’arrêter cette pression, s’en libérer un instant, retrouver leurs esprits, se reconstruire le temps nécessaire pour s’interroger, avant de repartir.

Ce qui a fait la puissance pérenne de notre passé, de nos antiquités, de nos ancêtres à l’extrême sagesse, c’est la lenteur que nous imposions au Temps avec l’aide des dieux qui voyaient de leur avantage de nous voir fonctionner dans un sens utile à eux tous, à nous tous. Maintenant, à tourner comme des toupies, nous n’intéressons plus personne. Nous en sommes à nous gaver de génocides ! Aucune explication, aucune justification ne viendra de nos fusilleurs et de nos tourmenteurs (je gardent le mot “bourreau” dans la dimension spirituelle où le mettent Joseph de Maistre, Charles Baudelaire, Alexandre Dumas), – ceux-là qui vous jurent qu’ils ne sont ni fusilleurs ni tourmenteurs et qui, – pour certains, j’en suis sûr, – doivent faire pénitence en secret. Il n’y a rien à attendre d’eux que les déchets habituels des êtres humains situés entre la bouche et le rectum.

Il nous faut autre chose. Vous savez à quoi je pense, j’imagine ? Je pense à vous et à nous faire méditer ces phrase de Douguine :

« Aujourd'hui, plusieurs plans qui, jusqu'à récemment, étaient indépendants, se rejoignent :

» La religion, la théologie et surtout l'eschatologie, qui semblaient avoir été bannies à la périphérie depuis longtemps, mais qui pénètrent à nouveau tout, jusqu'à la vie de tous les jours. »

Vous comprenez bien que, dans de telles conditions, ils sont bien incapables de  répondre à la question que nous brûlons de leur poser : Pourquoi faites-vous ce que vous faites ?  A quoi cela sert-il d’accomplir ce que vous accomplissez, que vous ne comprenez même pas, qui sème la désolation en croyant sauver une civilisation ?

Bien sûr, je sais bien qu’un Taguieff nous dit ceci, qui aide à comprendre c’est sûr, et rend encore plus impératif de se passer de leurs explication filandreuses :

« On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l’histoire, comme le notait Raymond Aron. Mais la bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques, conformistes dans leurs rêves de “radicalité” et fascinées par la violence des supposés “damnés de la terre”, censés avoir “toujours raison”. »

Échos-2024 des années soixante

Échos-2024 des années soixante

• La contestation estudiantine aux USA face à ce qui est perçu comme un génocide des Palestiniens, prend l’allure d’une révolte. • Elle donne une nouvelle dimension à la GrandeCrise. • Avec un texte de Jessica Corbett.

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Les années de la décennie 1960, ce furent surtout des révoltes et, parmi elles, la révolte des étudiants, et parmi ceux-ci, des étudiants américains destinés à former des cadres américanistes. C’est dire le tonnerre qui résonna sur le monde libre, dans cette entité américaniste-occidentaliste qui, à cette époque, dominait le monde sans contestation possible. Voici que surgissent soudain des échos de ces années-là, que les universités américaines s’enflamment, à commencer par la prestigieuse Columbia University de New York. Ce n’est pas un cas isolé : le courant touche d’autres universités si bien que l’on peut parler d’une sorte de “révolte” estudiantine aux USA. La presseSystème, qui veille à notre extrême sensibilité et essaie d’éviter de trop nous inquiéter, en parle assez peu, fort peu, très peu, éventuellement pas du tout... Le texte ci-dessous nous donne diverses indications et précisions opérationnelles sur l’événement.

Tout cela rappelle sans nul doute les années 60 mais ce n’est pas du tout la même chose. Les causes, les conditions, les buts poursuivis, les enjeux sont complètement différents. Cela demande une interprétation précise.

• Durant les années 1960, les révoltes estudiantines prirent d’abord le sillon de la lutte des Noirs pour les droits civiques, y ajoutant la revendication d’une plus grande liberté pour la société en général, avec ses conformismes américanistes bien connus. Tout cela enfla et explosa lorsque le Vietnam, qui touchait directement les étudiants  avec la conscription et connaissait une aggravation coinstante de la guerre, devint un sujet central de contestation et de révolte. C’est alors que le mouvement américanistes prit une ampleur monduiale, – on pourrait dire aussi “globale”, – et, dans nombre de cas, revint sur tous les sujets de société, notamment sociétaux, pour culminer avec Mai 68. Pendant ce temps, la situation politique US traversait des conditions épouvantables, notamment avec les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, les troubles de la Convention Démocrate de Chicago à l’été 1968, et les révoltes dures des mouvements de contestation terroristes, – les ‘Weather Men’, la SDS, les ‘’Black Panthers’. Si beaucoup avaient des tentations révolutionnaires de renversement du système capitaliste avec le soutien des différents courants marxistes (qui rendaient suspectes ces tentations), les possibilités de réforme restaient possibles pour une majorité utopique des contestataires et l’on pouvait considérer que le système de l’américanisme n’était pas menacé dans son essence même.

• Quelle différence aujourd’hui ! Tout le monde est conscient de l’énorme crise où se débat le Système, dont le système de l’américanisme est la poutre maîtresse avec un Amérique « devenue folle » et qui semblerait réclamer les excitations d’un effondrement accéléré. Les étudiants ne sont absolument pas privés de liberté, au contraire ils se déchaînent dans le délire du wokenisme qui a le soutien d’une partie des grands groupes capitalistes, autant que les contestataires des années soixante en étaient les adversaires déclarés.  Par conséquent, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes chaotiques, invertis et hystériques, favorisé par l’administration Biden, complètement gangrenée par l’hyperlibéralisme globaliste complètement acoquinée à l’ultragauche wokeniste, sur fond complètement belliciste de la politiqueSystème... Il y a de quoi le devenir complètement !

• Puis vint le 7 octobre 2023, l’attaque du Hamas, la riposte israélienne prenant aussitôt des allures de liquidation frappant la population palestinienne assimilée au terrorisme anti-israélien. Le mot “génocide” fit alors son apparition, rythmé par les missions d’attaque aérienne, les tirs des chars ‘Merkava’ et l’aimable furie liquidatriuce de la troupe. L’ampleur de l’action israélienne en même temps que la réaction immédiate d’une politique ambiguë (c’est-à-dire 98% pro-israélienne au lieu de l’être à 100%) de l’administration Biden et du Congrès alimentèrent largement un mouvement de grave contestation aux USA. Nous y sommes et les choses ne s’arrangent pas. On y voit même des personnalités politiques comme Nancy Pelosi se ranger contre Israël et l’on commence à se demander si le Système lui-même n’est pas placé devant une épreuve existentielle, ce qui serait bien dans ses manières autodestructrices.

• C’est dans un tel contexte que la contestation étudiante, effective d ès le départ de la séquence, prend des allures de révolte, avec une répression extrêmement dure et une position extrêmement ferme des autorités universitaires qui avaient tout cédé sur le wokenisme mais retrouvent un conformisme de fer lorsqu’il s’agit d’Israël. Ainsi peut-on dire que cette contestation-devenant-révolte pourrait bien  être, non seulement la goutte d’eau qui fait déborder le base, mais l’allumette qui embrasse la paille sèche d’un Système d’ores et déjà aux abois.

Suivons donc avec une certaine fascination comment l’histoire repasse les plats, non pas sous la forme d’une  farce, mais sous la forme d’une tragédie-bouffe qui tendrait à se débarrasser de son côté bouffe (le wokenisme) pour en venir à la tragédie tout court. Tout se fait, aujourd’hui, sur le mode de l’inversion.

Le texte ci-dessous est de Jessica Corbett, de Common Dreams, repris en français par ‘Spoirit of Free Speech’. Il est présnté sous le titre est sous-titre suivants :

« L'université de Columbia dénonce la suspension & l'arrestation d'étudiants pour avoir manifesté contre la guerre à Gaza

» “Nous sommes horrifiés de voir des enfants pleurer leurs parents tués, des familles mourir de faim & des médecins opérer sans anesthésie. Notre université est complice, voilà pourquoi nous protestons”. »

D’ores et déjà, et pour clore en beauté ce commentaire, il nous faut mettre en évidence ce phénomène : la crise du wokenisme qui bouleverse le monde universitaire et estudiantin depuis cinq ans aux USA se transmuant brusquement en une révolte à caractère politique qui agit directement, sous un autre angle, en une nouvelle ‘subcrise’ aux USA, sur la GrandeCrise.

dde.org

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Une nouvelle ‘subcrise’ aux USA

Plus de 34 000 Palestiniens de Gaza ont été tués par les troupes israéliennes soutenues par les États-Unis, et des étudiants de l'université Columbia ont été suspendus et arrêtés par des agents de la police de New York ces derniers jours pour avoir protesté contre le massacre, entraînant un débrayage de la faculté de l'institution de la Ivy League lundi.

Le Guardian rapporte que 

“des centaines de membres de la faculté de Columbia ont débrayé en solidarité avec les étudiants qui ont été arrêtés” tandis que “les étudiants ont remonté des tentes au coeur du campus lundi après qu'elles aient été détruites la semaine dernière lorsque plus de 100 arrestations ont eu lieu.

Yonah Lieberman, cofondateur de IfNotNow, un groupe américain dirigé par des Juifs qui s'organise contre l'apartheid israélien, a déclaré : 

“Solidarité avec ces membres de la faculté. Honte aux politiciens de l'establishment et aux agitateurs qui salissent la manifestation anti-guerre à Columbia en la faisant passer pour autre chose que ce qu'elle est : une prise de position courageuse en faveur de la liberté et de la paix”.

Naureen Akhter, membre fondateur du groupe Muslims for Progress, basé à New York, a déclaré 

“Merci aux professeurs qui se sont montrés solidaires des étudiants manifestants, qui n'ont pas cédé aux instigateurs qui attisent la haine et la division. N'oubliez pas que les appels à la transparence, au désinvestissement et à l'amnistie pour les étudiants ont été lancés !”

La députée Ilhan Omar (D-Minn.) - qui critique la guerre d'Israël contre Gaza et dont la propre fille, Isra Hirsi, a été suspendue du Barnard College de Columbia la semaine dernière pour “s'être solidarisée avec les Palestiniens confrontés à un génocide”, comme l'a dit la jeune femme de 21 ans, – a également pris note du débrayage des enseignants et du “mouvement de solidarité avec Gaza à l'échelle nationale”.

“C'est plus que ce que les étudiants espéraient et je suis heureuse d’assister à cette démonstration de solidarité”, a déclaré Mme Omar. “Mais il s'agit du génocide à Gaza, et l'attention doit rester focalisée sur ce thème”.

Le débrayage à New York a fait suite à l'envoi par 54 professeurs de la faculté de droit de Columbia d'une lettre aux administrateurs dans laquelle ils déclarent : 

“Bien que notre faculté ne soit pas en accord avec les questions politiques pertinentes et n'exprime aucune opinion sur le bien-fondé de la manifestation, nous écrivons pour demander instamment le respect des valeurs fondamentales de l'État de droit qui devraient régir notre université.

“L'irrégularité de la procédure, le manque de transparence dans la prise de décision de l'université et l'implication extraordinaire de la police de New York menacent la légitimité de l'université au sein de sa propre communauté et au-delà de ses portes”, écrivent-ils. “Nous demandons instamment à l'université de se conformer à des procédures claires et bien établies en matière de discipline des étudiants, qui respectent l'État de droit”.

Dans une déclaration faite tôt lundi, quelques heures avant le débrayage, la présidente de l'université de Columbia, Minouche Shafik, qui a permis la semaine dernière l'arrestation par la police de New York d'étudiants sur le campus, a annoncé, dans sa première déclaration depuis l'opération de nettoyage, que tous les cours se feraient en ligne “afin de désamorcer la colère et de nous donner à tous la possibilité d'envisager les prochaines étapes”.

“Les professeurs et le personnel qui peuvent travailler à distance doivent le faire, et le personnel indispensable se présentera à son poste de travail conformément à la politique de l'université. Nous préférons que les étudiants qui ne vivent pas sur le campus ne s'y rendent pas”, a déclaré M. Shafik. “Au cours des prochains jours, un groupe de travail composé de doyens, d'administrateurs de l'université et de membres du corps enseignant tentera de trouver une solution à cette crise.”

Le groupe national Jewish Voice for Peace (JVP) a accusé lundi Columbia d'avoir instauré “un climat de répression et de préjudice pour les étudiants qui manifestent pacifiquement pour mettre fin au génocide israélien contre les Palestiniens de Gaza” au cours des six derniers mois.

“L'université de Columbia a activement instauré un climat hostile pour les étudiants palestiniens ou ceux qui soutiennent la liberté des Palestiniens. En outre, les actions de l'administration ont rendu le campus beaucoup moins sûr pour les étudiants juifs”, a déclaré le JVP.

Selon JVP, “au lieu d'écouter les appels des étudiants de Columbia et de Barnard à se désengager du génocide perpétré par le gouvernement israélien, l'université a fait appel à la police de New York pour arrêter des étudiants, les suspendre et même les expulser. À l'heure actuelle, 85 étudiants, dont 15 sont juifs, sont suspendus.”

“La déclaration d'hier de la Maison Blanche, tout comme les responsables de l'université de Columbia, présuppose dangereusement et à tort que tous les étudiants juifs soutiennent le génocide des Palestiniens perpétré par le gouvernement israélien. Ce postulat nuit activement aux étudiants palestiniens et juifs.

“L'administration n'a pas seulement harcelé des étudiants juifs et n'a pas veillé à leur sécurité et à leur bien-être, elle a également entravé leurs pratiques religieuses pendant le shabbat et les a empêchés d'accéder à leur communauté juive à la veille de la Pâque.”

Bien que la déclaration du président Joe Biden ait officiellement porté sur la Pâque - une fête juive qui commence au coucher du soleil le lundi - et non sur les manifestations à Columbia et dans d'autres campus du pays, elle a été largement perçue comme une réponse aux protestations.

M. Biden a notamment déclaré : 

“Nous devons nous élever contre la montée alarmante de l'antisémitisme dans nos universités, nos communautés et sur internet. Le silence est synonyme de complicité. Au cours des derniers jours, nous avons été témoins de harcèlement et d'appels à la violence à l'encontre des Juifs. Cet antisémitisme criant est répréhensible et dangereux, et il n'a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part ailleurs dans notre pays”.

Jonathan Ben-Menachem, doctorant à l'université, a déclaré à CNN que 

“les étudiants de Columbia qui s'organisent en solidarité avec la Palestine - y compris les étudiants juifs - ont été victimes de harcèlement, de diffamation et maintenant d'arrestations par la police de New York. Ce sont là les principales menaces qui pèsent sur la sécurité des étudiants juifs de Columbia.

“Les étudiants contestataires organisent des prières communes inter-confessionnelles depuis plusieurs jours, et le Seder de Pessah se tiendra demain au campement de solidarité avec Gaza”, a-t-il ajouté. “Dire que les étudiants protestataires sont une menace pour les étudiants juifs n’est qu’une dangereuse calomnie”.

Les étudiants de Columbia pour la justice en Palestine ont déclaré dans un long communiqué : 

“Nous sommes des étudiants militants de Columbia appelant au désengagement du génocide. Nous sommes exaspérés par les diversions médiatiques qui se concentrent sur des individus provocateurs qui ne nous représentent pas. Dans les universités de tout le pays, notre mouvement est uni dans la valorisation de chaque vie humaine.

“En tant que groupe hétérogène uni par l'amour et la justice, nous exigeons que nos voix soient entendues contre le massacre de masse des Palestiniens à Gaza”, poursuit la déclaration. “Nous sommes chaque jour horrifiés de voir des enfants pleurer leurs parents tués, des familles privées de nourriture et des médecins opérer sans anesthésie. Notre université est complice de cette violence et c'est pourquoi nous protestons”.

Le Columbia Spectator a rapporté lundi que le Columbia College avait adopté un référendum sur la question du désinvestissement qui 

“invitait l'université à se désinvestir financièrement d'Israël, à annuler le Tel Aviv Global Center et à mettre fin au programme de double diplôme de Columbia avec l'Université de Tel Aviv”

avec des votes respectifs de 76,55%, 68,36% et 65,62%. Toutefois, une déclaration d'un porte-parole de l'université a indiqué que le référendum n'entraînerait pas de modification des politiques du campus.

Au-delà de Columbia, des manifestations sont en cours dans des établissements tels que le Massachusetts Institute of Technology, l'université de New York, l'université du Michigan et l'université de Yale, une autre école de l'Ivy League, où au moins 47 étudiants manifestants pacifiques ont été arrêtés lundi.

Les personnes arrêtées ont été 

“inculpées de délits de catégorie A, soit la catégorie la plus élevée de délits dans le Connecticut - le même niveau de qualification s'applique à l'agression au troisième degré”selon le Yale Daily News. Citant un porte-parole de l'université, le journal étudiant ajoute qu'ils “feront l'objet d'une action disciplinaire à Yale, qui pourrait inclure un rappel au règlement, une mise à l'épreuve ou une suspension”.

Le journaliste Thomas Birmingham, qui se trouvait avec les manifestants de Yale pendant la nuit, a réagi aux déclarations de certains administrateurs en s'exprimant sur les réseaux sociaux : 

“Voici ce que j'ai vu... 1. Des appels répétés et forts à rester pacifiques. 2. Des étudiants qui se croisent les bras en chaînes solidaires, enseignent l'arabe et l'hébreu et distribuent des pizzas et de l'eau. 3. De nombreux chants.”

Jessica Corbett

À partir d’avant-hierDedefensa.org

Du rififi chez les Résistants

Du rififi chez les Résistants

• L’affaire du F-35 avec bombe nucléaire continue à se répandre en une grande polémique au sein de la Résistance antiSystème. • L’affirmation de sa destruction par Pépé Escobar s’est heurté à une levée de boucliers de critiques (Scott Ritter, Andrew Korybko) qui ne sont pourtant pas restées sans réponse. • La meilleure appréciation est celle de Larry Johnson, pourtant sceptique : l’histoire de l’attaque de l’Iran par les Israéliens est une telle montagne de mensonges que vraiment, tout, tout est possible. • L’époque est donc hyper-formidable.

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Le texte publié il y a trois jours, le 20 avril, est notre incroyablement modeste contribution à une polémique qui secoue le monde de la résistance antiSystème, rappelant effectivement le sort qui attend toute résistance une fois qu’elle s’est structurée, qu’elle a  acquis de l’influence, qu’elle compte comme force majeure dans la bataille (ici bataille de l’information et du système de la communication) contre l’ennemi commun. L’activisme antiSystème rencontre donc les mêmes aléas internes que rencontra la Résistance contre l’Occupation en France durant la guerre de 1939-1945. Cela nous amène au texte d’Andrew Korybko du 20 avril, empruntant en partie à Larry Johnson qui, lui-même, répercutait une information venue de Pépé Escobar.

« L'influenceur principal des médias ‘dissidents’ (‘Alt-Media’, en langage-résistance) Pépé Escobar, est devenu viral ce week-end pour avoir tweeté qu’“une source d'informations de très haut niveau” en provenance d'Asie lui avait dit que la Russie avait abattu un F-35 israélien doté de l'arme nucléaire au-dessus de la Jordanie qui prévoyait de mener une attaque EMP contre l'Iran. Après avoir subi des réactions négatives importantes, il a précisé “je ne suis que le messager”, ajoutant dans un autre tweet “j’ai maintenant DEUX confirmations distinctes provenant de DEUX sources d’informations de très haut niveau provenant de DEUX pays asiatiques distincts”.

» L'ancien inspecteur en désarmement de l'ONU, Scott Ritter, a appliqué son expertise de plusieurs décennies pour démystifier cette affirmation sensationnelle dans deux  tweets exposant les failles techniques de cette information scandaleuse. L'utilisateur tweetX “Korobochka” a également lancé un fil de discussion perspicace qui discréditait les affirmations de Pépé sous un angle complémentaire. Par contre, Sharmine Narwani de The Cradle a insisté dans l’un des fils de discussion de Ritter sur le fait que la Russie avait effectivement intercepté le F-35 israélien doté de l’arme nucléaire, et elle a également laissé entendre que Pépé avait partagé l’identité de la source avec elle. »

Ce texte sévère d’Andrew Korybko est l’une des multiples réactions, – mais sans doute la plus tranchante et la plus dure, –  aux affirmations audacieuses et sensationnelles et à partir d’elles, de Pépé Escobar, qui est l’une des stars de la Résistance. (Il y a eu d’autres interventions circonstanciées et surtout techniques, notamment de Scott Ritter, beaucoup plus catégoriques que celle de Larry Johnson qui est resté très modéré, – mais aucune n’a eu l’envergure géopolitique de celle de Korybko.)

Korybko ne s’arrête pas à l’affaire F-35/nucléaire, il passe en revue de nombreuses autres occurrences où il estime prendre Escobar en faute (des informations douteuses en faveur de son parti), le chargeant d’un dessein plus vaste qu’un simple ‘scoop’, mais au-delà d’une intention stratégique de modifier la politique des pays de la Résistance en cherchant à favoriser un bloc RIC (Russie-Iran-Chine) dirigé par la Russie, aux dépens d’une organisation plus vaste qui représenterait la véritable Résistance (formats BRICS-SCO).

« Il y a des raisons de soupçonner que la source asiatique de Pépé pourrait être iranienne ou sous influence iranienne, l'objectif de ses fausses nouvelles - à la fois son tweet viral et tous ceux qui l'ont précédé - étant de discréditer la faction équilibrée de la Russie afin d'aider la faction pro-BRI dans le but d'influencer la formulation de la politique étrangère de cette dernière. »

Comme l’on voit, il s’agit d’une querelle d’une grande dimension, avec des affrontements en tous sens et férocement contradictoires (certains reprochant à Korybko, non sans raisons loin de là, un certain nombre d’informations “douteuses en faveur de son parti”). Dans tous les cas, voici le portrait que Korybko fait d’Escobar, comme d’un résistant activiste tout entier acquis à la Russie aux dépens des autres pays de la Résistance.

« Néanmoins, précisément en raison de sa proximité avec des Russes influents et leurs institutions qui lui ont valu la réputation de “voix des initiés russes” et de “visage étranger de son soft power”, de nombreux membres de la communauté des médias alternatifs (AMC) ont l’impression qu’ils parlent à travers lui. Même lorsqu’il se trompe, beaucoup de ses partisans supposent que c’était “pour la bonne cause” dans le cadre d’un “plan directeur des échecs en 5D”. Cette perception a été renforcée lorsqu’il a admis dans son tweet précédent, “Je ne suis qu’un messager”.

» Même s’il a explicitement déclaré dans son tweet viral que la Russie n’était “PAS” la source, certains pourraient encore penser que c’était pour les raisons mentionnées ci-dessus. Quoi qu’il en soit, le fait est qu’il est désormais inextricablement lié aux experts russes et à l’élite politique après leur forte promotion au cours de l’année écoulée. Cela signifie qu’il fait de fausses déclarations sur ses actions concernant des questions extrêmement sensibles comme la destruction d’un F-35 israélien doté de l’arme nucléaire, et risque de discréditer ses prestigieux contacts par association. »

La querelle est loin d’être terminée et (pour suivre l’exposé des divers rounds du match) certains ne se sont pas privés de suggérer qu’il y avait chez Korybko, également, en plus d’une action de désinformation à l’intérieur de la Résistance, une certaine jalousie personnelle, une querelle d’égos si l’on veut. Disons qu’on voit cela notamment dans la façon qu’il a d’appuyer sur le statut de “Star” de la résistance de Pépé. Quelques exemples...

« Si certains n'ont pas instinctivement rejeté ses tweets, c'est en raison de sa proximité avec des Russes influents et leurs institutions publiques, ce qui donne du crédit à tout ce qu'il dit. Il a rencontré Lavrov à deux reprises au cours des deux dernières années, dans le cadre de ce qui est en passe de devenir une tradition annuelle. Pépé a également animé une session lors du forum sur la multipolarité organisée par le mouvement russophile international à la fin du mois de février. Il s'est ensuite rendu à Sotchi pour s'adresser au Forum mondial de la jeunesse.... [...]

» Aucun étranger en dehors de l'ex-Union soviétique n'a jamais bénéficié d'un tel accès privilégié de la part de la Russie. C'est pourquoi les observateurs ont eu l'impression que des Russes influents et des institutions publiques présentaient Pépé comme la “voix des initiés russes” et le “visage étranger de la puissance douce de la Russie”. »

On notera, bien que ce ne soit pas le fond de notre sujet, que nous avons une perception fort différente de Pépé au sein de la Résistance. Nous le voyons beaucoup plus comme un homme des pays qu’on nomma au siècle dernier le “Tiers-Monde”, bien que très amis des Russes bien sûr. Pour nous, sa proximité va vers les pays du Moyen-Orient (dont l’Iran), et ceux d’Afrique et d’Amérique Latine (dont le Brésil surtout, ce qui en passant explique une part de la vindicte de Korybko qui poursuit inlassablement de ses soupçons de trahison proaméricanistes le Brésilien Lula).

Quoi qu’il en soir, on voit que nous nous trouvons devant une situation antiSystème aujourd’hui fortement structurée, c’est-à-dire avec ses avantages et ses inconvénients. La Résistance est devenue un phénomène politique majeur.

... Avec « A little help from my friend »

Au reste, cette affaire de la “destruction” très fortement contestée d’un F-35 nucléaire, que nous avons présentée à l’abri des remarques de Larry Johnson et sans trop nous attarder à essayer d’y croire un peu, peut recevoir une aide inattendue de l’adversaire. Deux jours après la publication de la nouvelle-polémique, le New York ‘Times’ a publié un article sur le thème de l’empêchement d’une intervention forte d’Israël contre l’Iran, du fait de plusieurs pays de notre émouvante civilisation, – USA, UK, Allemagne, – tiens, rien sur la France.

Bien entendu, les actions supposées des Israéliens qui auraient été empêchées n’avaient rien à voir avec notre sympathique F-35 nucléaire, mais elles ont aussitôt nourri quelques comploteurs pro-Pépé, qui y ont vu une confirmation indirecte de cette action. L’un d’eux, que nous garderons comme source anonyme pour ne pas mettre en péril la fonction de “homme d’entretien” dans un bureau indirectement lié à la CIA d’un de ses beaux-frères, dans un village du Montana, alla jusqu’à imaginer cet invraisemblable montage qui coupe court à toutes les critiques techniques de la thèse de Pépé.

« En fait, mis au courant de ce projet, les gens du Pentagone, qui restent en contact avec les Russes, ont demandé à ces mêmes Russes de descendre le F-35 pour ne prendre eux-mêmes aucun risque d’une trahison avérée, et la chute de la bombe a été suivie au millimètre et récupérée par un hélicoptère, en balade, qui passait par là, un peu comme il récupérait certaines artefacts spatiaux largués par des fusées dans les années soixante... »

Que ne va-t-on chercher comme ‘FakeNews’ ! Il n’empêche, des lecteurs du compte-rendu du NYT donné par RT.com ne se sont pas  privé d’évoquer l’affaire F-35 nucléaire en commentaire de l’article qui, bien entendu, n’en dirait mot ! La complotite mériterait d’occuper la prochaine place de la cible impie du prochain Covid... On signale deux de ces réactions insensées :

« • BMS : « Israël a déjà mis en place un plan pour une nouvelle opération Opera 2 sur les sites nucléaires iraniens, en utilisant tous les F-35 offerts par les États-Unis et les munitions guidées de type “bunker buster” fournies par les États-Unis. Et si cela ne fonctionne pas, les Israéliens utiliseront leur option Sanson - en particulier en utilisant leurs sous-marins de classe Dolphin-2 donnés par l'Allemagne. »

» • Feisal khan : « La rumeur dit que les sionistes ont perdu un f-35 en route pour frapper l'Iran et qu'ils ont été obligés de recourir à quelques petits drones pour faire bonne mesure. Ce qui est important et qui les fait trembler, c'est que, pour la première fois, ils n'ont pas la supériorité aérienne. Il semble qu'ils soient dans un silence choqué. »

En-Cas Larry S. Johnson

Pendant que nous planchions laborieusement sur le rapport de cette grande aventure, Larry Johnson faisait une table ronde qu’il accompagnait d’un texte qui permet d’apprécier sa position très médiane, qui tend à renvoyer les uns et les autres plutôt dos à dos, – et qui introduit un élément nouveau : tout cela pourrait également être une manœuvre tendant à discréditer Pépé Escobar, un des plus efficaces guérilleros de la Résistance. Voici le court texte de Jonson :

« Ania K a accueilli Pépé Escobar et moi sur un podcast aujourd'hui. La majeure partie de notre discussion a porté sur la montée des pays BRICS et le déclin des États-Unis. dominait un ordre international fondé sur des règles. Mais nous avons également discuté du récent rapport de Pépé selon lequel un avion israélien transportant une bombe nucléaire destinée à l’Iran avait été abattu peu après avoir quitté l’espace aérien jordanien.

»  Voici les faits mis à jour – Pépé a confirmé l’histoire auprès de trois sources distinctes. Alors laissez-moi vous expliquer ce que cela signifie. Pépé Escobar n’est ni un menteur ni un faussaire. Ce n'est pas quelqu'un qui recherche la notoriété ni la publicité. Il est journaliste et diffuse l'histoire telle qu'elle lui a été racontée. J'ai Pépé en très haute estime. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois lors d'une conférence à Moscou en décembre 2023 et j'ai immédiatement su que j'avais un nouvel ami.

»  La vraie question est de savoir pourquoi les sources partagent cette histoire. Même si je suis d’accord avec Scott Ritter et Ray McGovern sur le fait qu’il existe des failles majeures dans le récit qui soulèvent des questions sur sa crédibilité, aucun d’entre nous n’a accès à des informations classifiées détaillant les mouvements des Israéliens, des Russes et des États-Unis le 18 avril 2024. Cela pourrait donc être vrai.

»  Alternativement, il s’agissait peut-être d’un plan de désinformation destiné à attaquer la crédibilité de Pépé. Ses reportages sur l’Ukraine et la guerre entre Israël et la Palestine sont une épine dans le pied de l’Occident. C'est donc une explication possible.

» Je suis certain d’une chose : les reportages sur l’attaque manquée d’Israël contre l’Iran jeudi dernier n’ont aucun sens. Nous n'avons pas un juste récit de ce qui s'est passé. Y a-t-il eu une frappe de missile que l’Iran a bloquée ? Ou s’agit-il d’un petit groupe de drones quadricoptères qui ont été abattus ? Ce n'est pas clair. Ce que nous savons, c’est que la Maison Blanche et le Pentagone ont fait grand spectacle en vantant l’attaque d’Israël – une attaque qu’Israël refuse désormais de reconnaître. Les rapports haletants qui ont retenu aux États-Unis les chaînes d'information par câble ont fonctionné pendant plusieurs heures, puis se sont taries. Cela ressemblait à une scène du film ‘Naked Gun’, où le détective Drebin tentait de persuader une foule de spectateurs que les explosions et la fumée qu'ils voyaient n'étaient rien. “Circulez, rien à voir ici !”. »

... Et l’essentiel dans ces interventions est bien la conclusion de Larry  Johnson, : tout cela (la narrative officielle de l’attaque israélienne sur l’Iran réduite à quelques drones-hélicoptères qu’on peut abattre avec un lance-pierre) est un tel amas d’ordures chargées de mensonges minables et de simulacres pour demeurés que, bien entendu, tout est possible... Alors, pourquoi pas, dans ce monde de fou, le F-35 nucléaire ? Ainsi arrive-t-on à cette situation fantastique où la réalité la plus pompeusement présentée par les autorités et les élites les plus prestigieuses est ce qu’il peut y avoir de plus éloigné de la vérité.

Le Destin de toute Résistance

C’est à ce point, après avoir longuement envisagé l’intervention de Pépé et de ses féroces alliés-adversaires que nous pouvons froidement vous déclarer : tout cela n’importe pas. Nous voulons dire qu’il n’importe pas de savoir qui a fait quoi, qui a trahi ou n’a pas trahi, qui a embelli ou s’est trop vite précipité pour parvenir à penser, croire, jurer et faire le serment d’atteindre à la voie menant à la vérité. Il faut conclure que la vérité affirmée de cette situation-là n’est pas, selon notre entendement, une vérité-de-situation. Peu nous importe ce qui est exactement survenu, et aussi le classement des grands “as” de la Résistance, comme on classait auparavant les as de l’aviation de chasse quand l’aviation existait encore.

Ce qui nous importe est la résistance prise comme un bloc. L’idée de Clémenceau sur la Révolution est ici convoquée pour convenir à ce qui est exactement, parfaitement son contraire idéologique tout en étant une sorte de contre-image structurelle de même assemblage et de même forme. La réalité ou la non-réalité du F-35 nucléaire n’est pour nous d’aucune importance, quelle que soit la vérité. La seule chose qui importe c’est l’impulsion de freinage, – s’il y en a une certes, – qui a été lancée contre la progression du monstrueux Système par le biais de la croyance que l’entreprise démente du F-35 nucléaire a été étouffée dans l’œuf, et par le fait des remous qui en sont résultés et dont le premier effet est bien de montrer qu’il existe une considérable diversité dans la Résistance de jugements de qualité, et donc que la Résistance est d’ores et déjà une force puissante capable de faire trembler le Système.

Est-ce vrai ou ne l’est-ce pas, le chaos F-35 nucléaire ? La seule assurance que nous apporte cette affaire s’inscrit dans nos esprits selon l’idée que l’affrontement final se fera à l’ombre terrible de la menace de l’anéantissement final. Le cas F35 nucléaire portait une graine de cette recette et, même s’il n’a pas existé, la graine, elle, a été semée et va proliférer. Cela signifie qu’il est impossible de prévoir de quoi demain sera fait, lorsque le Système se sera évidemment effondré sous le poids de sa pourriture et de sa puanteur (même l’odeur, chez lui, est assez puante pour peser)

Il est également assuré que les concurrences entre vedettes de la Résistance sont réelles et nombreuses, comme il y en eut, en nombre considérable, dans la Résistance française. La différence est bien entendu évidente. Alors que la Résistance française pouvait prétendre exister pour une part importante par l’action et l’esprit des hommes envisageant l’avenir et mesurant le futur, – ce qui permit également de nous couvrir de mensonges sans fin ni foi, –  celle d’aujourd’hui est placée devant l’absolu inconnu de cette étrange terra incognita qui nous attend. Alors que la Résistance française pouvait prétendre avoir des chefs qui pousseraient dans l’une ou l’autre direction, notre Résistance a beaucoup de “chefs” qui ne sont que des moyens auxquels il est demandé de tout faire pour faire avancer ce grande courant qui, lui seul, inspiré des choses d’en-haut, sait où nous allons. Il importe qu’ils fassent leur travail.

 

Mis en ligne le 24 avril 2024 à 19H50

Les Israéliens se comportent-ils intelligemment ?

Les Israéliens se comportent-ils intelligemment ?

Je n’avais pas l’intention d’écrire sur Israël, mais je me trouvais aujourd’hui au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et je suis tombé par hasard sur “La bataille entre les Israélites et les Amorites”, une peinture à l’huile sur toile datant de 1625 de l’artiste français Nicolas Poussin, et j’ai pensé : ces satanés Israélites recommencent, n’est-ce pas ? En effet, c’est le cas !

Nous sommes mardi, après le sabbat au cours duquel les Iraniens ont lancé leur grande attaque aérienne contre Israël, en réponse à la destruction indiciblement grossière par Israël de l’ambassade iranienne à Damas, en Syrie, et le monde attend toujours qu’Israël riposte à la contre-attaque – en retenant son souffle ou, comme c’est de plus en plus souvent le cas, sans riposter. Contre-attaquer l’Iran serait une chose à intelligemment éviter pour Israël et les Juifs ont la réputation d’être intelligents… pas tellement les Juifs israéliens – car à quel point est-il intelligent de vouloir vivre dans un endroit où tous les voisins vous haïssent et veulent vous tuer ? Mais tout de même…

La destruction d’une ambassade, soit dit en passant, est politiquement la pire chose qu’un pays puisse faire et entraîne généralement des répercussions très désagréables. Gengis Khan, qui n’a jamais exagéré l’intelligence de ses ennemis, l’a précisé dans son code juridique du Grand Yasa, qui contient un article libellé comme suit : “Quiconque maltraite mes émissaires verra sa ville rasée et ses habitants tués”. C’est ce qui est arrivé à Zhongxing en 1226 et à Kozelsk en 1238. Les dirigeants nationaux intelligents savent que s’ils détruisent l’ambassade d’un pays, ils s’exposent à des dégâts considérables. Netanyahou n’est pas un dirigeant national intelligent ; c’est un criminel de guerre qui doit être enfermé pour le reste de sa vie. C’est aux Israéliens de régler cela démocratiquement, mais s’ils n’y parviennent pas…

Les Américains ont clairement indiqué qu’ils considéraient que l’incident avait été résolu de manière satisfaisante (de nombreux drones et roquettes iraniens ont été abattus avec l’aide des États-Unis et de leurs alliés, il est donc temps de distribuer à nouveau des médailles et des promotions). Ils ne cherchent pas à renouveler l’expérience, car l’exercice leur a coûté les yeux de la tête, leurs stocks de missiles sont épuisés et ils manquent de fonds. Les États de la région, qui ont autorisé avec beaucoup d’hésitation l’utilisation de leur espace aérien pour contrer l’attaque iranienne, sont bien plus préoccupés par les pluies torrentielles qu’ils subissent actuellement.

Les Israéliens revendiquent un taux d’interception ridiculement élevé, impossible à atteindre avec n’importe quelle technologie imaginable. C’est suffisant pour les Israéliens, je suppose, mais certainement pas pour les planificateurs militaires israéliens dont le travail consiste à gérer la réalité, et non la propagande et la fiction militaire.

Les Iraniens affirment que ce qu’ils voulaient faire passer est passé – ce qui est probablement vrai – faisant de leur attaque un projet de démonstration valable. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : L’Iran peut lancer de telles attaques tous les jours qui se terminent par “i” plus le dimanche pendant plusieurs années sans aucune contrainte économique et sans demander l’aide de la Russie ou de la Chine.

Le 16 Avril 2024, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dimitri Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dimitri Orlov.

Les Tintins de la Fin des Temps

Les Tintins de la Fin des Temps

On était en 1976. J’avais quinze ans et plus trop d’illusions en politique (Chirac ? Cochin ? La liste Weil ! Le PS ! Les Européennes !). On avait beaucoup attendu l’album, après l’étrange et drolatique Vol 714 pour Sydney qui recyclait le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier : et l’on fut servi.
Les picaros furent insultés ou incompris. C’était un album ingrat et exigeant, l’équivalent du cinéma d’auteur…

On voyait bien qu’Hergé avait renoncé à sa mythologie jugée réac par l’Ennemi ; comme si l’on pouvait encore pratiquer le voyage absolu dans les années 70 marquées par le tourisme de masse, les vols charter, les tropiques à l’encan et l’abominable Guide du routard. Le vacancier occidental, bien reproduit depuis en Asie, fut le yéti, l’abominable homme des plages. Revoyez-les, ces Bronzés, ce qu’ils ont fait à l’Afrique et à la montagne. En revoyant l’Eternel retour avec Madeleine Sologne et Jean Marais, je la trouve sublime, cette montagne enneigée : elle ne l’est plus. Elle a été déniaisée et, comme dit Pagnol, l’honneur ça ne sert qu’une fois. Stations de ski… Et vous avez vu dans Rt.com à quoi ressemble l’Everest ? A un WC géant.  

C’est qu’avec la société de consommation (la mort, en vieux latin) la télé était passée par là avec le couillon tout-terrain Séraphin Lampion : bagnole, télé, Pastis, rigolade. Sans oublier la profanation du voyage que l’on nomme tourisme. 1.5 milliard de touristes maintenant… Pauvre Tintin, pauvre voyage initiatique. On pense à Céline (toujours) :

« Je voudrais voir un peu Louis XIV face à un "assuré social"... Il verrait si l'Etat c'est lui ! »

Le touriste a remplacé Ulysse comme l’assuré social vacciné son Roi-Soleil. C’est la vie.

Tintin et les picaros fonctionne comme une fiction aventurière à rebours. On voyage, mais c’est pour se faire enfermer (cf. la cabine spatiale...), se faire observer par un tyran et ses caméras. Tintin prend le relais de Patrick McGoohan dans Le Prisonnier. Il est dans une luxueuse villa où plus rien ne se passe, puisqu’il faut s’y terrer. On est dans la société de surveillance, de Foucault (bof…) ou autre. On est devant des miroirs (coucou la Bête…) puis on seconde un général pataud humilié par sa « grosse américaine » ; car courageusement Hergé a assumé sa misogynie jusqu’au bout, et il aura eu raison de le faire : voyez Ursula, Hillary, voyez Sandrine ou la folle écologiste teutonne. La guerre est femme. Relire Molière...

Pour ce qui est de la surveillance, Hergé nous avait prévenus dans On a marché sur la lune et la cauchemardesque affaire Tournesol. La belle aventure sous les Tropiques ou dans les déserts était terminée, on allait vers un Grand Enfermement, car on est devenus du « coke en stock ». Tout cela au cours des années soixante, quand Debord écrit sa Société du Spectacle. Ce même Debord (cité par mon ami Bourseiller) écrit alors qu’on assiste « à un processus de formation d’une société totalitaire cybernétisée à l’échelle planétaire ».

Quand on y pense bien c’est aussi le sujet de Vol 714 pour Sydney qui sonne même le glas d’une humanité hypnotisée et téléguidée par des extraterrestres. L’aventure tropicale mène à une caverne d’épouvante. La même entropie claustrophobe est à l’œuvre dans les Bijoux de la Castafiore (chaste fleur ou casse ta fiole ?) : Haddock est coincé, handicapé, blessé, paralysé, engueulé et sevré. La Castafiore qui le castre matin midi et soir en fait une « âme de grand enfant un peu naïf » victime de paparazzi et de l’air du temps. Il ne leur manque plus que les pédopsychiatres à nos deux héros qui ont défié le Tibet, les déserts et les glaces. Mais déjà Saint-Exupéry nous mettait en garde :

« Ces voyages, le plus souvent, étaient sans histoire. Nous descendions en paix, comme des plongeurs de métier, dans les profondeurs de notre domaine. Il est aujourd’hui bien exploré. Le pilote, le mécanicien et le radio ne tentent plus une aventure, mais s’enferment dans un laboratoire. Ils obéissent à des jeux d’aiguilles, et non plus au déroulement de paysages. Au-dehors, les montagnes sont immergées dans les ténèbres, mais ce ne sont plus des montagnes. Ce sont d’invisibles puissances dont il faut calculer l’approche. Le radio, sagement, sous la lampe, note des chiffres, le mécanicien pointe la carte, et le pilote corrige sa route si les montagnes ont dérivé, si les sommets qu’il désirait doubler à gauche se sont déployés en face de lui dans le silence et le secret de préparatifs militaires. »

C’est dans Terre des hommes. On relira avec profit ici  cette lettre à un général.  C’est vrai que Tintin c’est un petit prince qui aurait grandi – mais pas trop. Un ado héroïque, jeune héros d’une Europe encore éprise de sport et d’aventures, de voyages et d’initiation. Après la guerre Hergé, qui a été arrêté, insulté et persécuté (mais pas fusillé !) comprend quel camp (celui de Bohlwinkel, vous vous souvenez…) a gagné, et vers quoi on se dirige. Alors on s’adapte, comme dit Céline. La grande épopée arthurienne et hyperboréenne de l’Etoile mystérieuse, récit qui balaie les trouilles apocalyptiques venues de cette Bible-blob  (excellent petit film avec Steve McQueen)  qui n’en finit pas de nous aliéner, sont laissées derrière et les savants partent vers le Grand Nord à la découvertes des îles fortunées des mythologies grecques et celtes. Quel enchantement ces BD tout de même. Elles furent mon dernier trampoline.

Revenons-en à Tintin et à nos picaros puisque c’est le dernier.

Quand notre héros sans progéniture (prolétaire au sens strict il n’a jamais rien possédé) passe dans la jungle, la même impression d’irréalité le poursuit. Le général Alcazar bouffonne au milieu d’ivrognes, il est soumis à son ogresse américaine qui prend le relais de la Castafiore, et il rêve de cruauté dont il serait cette fois l’auteur et plus la victime. La même banalité des changements dictatoriaux reproduit celle des élections démocratiques, lesquelles laissent le consommateur électeur éternellement insatisfait (voir Obama, Sarkozy, Blair, Berlusconi et le reste). Debord toujours :

« Ainsi se recompose l’interminable série des affrontements dérisoires mobilisant un intérêt sous-ludique, du sport de compétition aux élections. »

La dernière bulle de l’album montre d’ailleurs que l’éternel pays du tiers-monde restera misérable avec le changement de pouvoir. Hergé ne se fait pas d’illusions sur nos sociétés, et il le donne à lire. Voilà pourquoi aussi Tintin ne joue plus au matamore : il joue soft, comme on dit, prend un tour politiquement correct, non-violent, et il prépare sa révolution…orange.

Car le grand intérêt pour moi de l’album réside dans l’apparition du commando de touristes. Tintin au pays des touristes? Mais oui, et cela montre l’entropie accélérée des décennies de la société de consommation, qui ont plus changé la planète que des milliers d’années d’histoire, et qui ont définitivement altéré l’humanité et son rapport au réel. Tintin, l’homme de l’Amazonie et de l’Himalaya, de l’Hyperborée et des tombeaux égyptiens, se retrouve dépassé, rattrapé, humilié par un quarteron de salariés en retraite venus faire la fête sous les tropiques, avec un masque de carnaval. John Huston a très bien tapé aussi sur les touristes dans la Nuit de l’iguane, film flamboyant avec un Richard Burton tordant comme jamais.

Et il va les utiliser, ses figurants, en faire des acteurs malgré eux de son jeu politique dérisoire (changer de président). Tintin crée, dis-je, une révolution orange, de celles qu’on avait vues dans les pays de l’ex-bloc soviétique, quand la CIA lançait des manifestations contre un pouvoir ilote et pas très roublard qui devait aussitôt se démettre sous les applaudissements de la presse et des médias de l’ouest. De ce point de vue, et encore génialement, Hergé se fait le prophète du monde sans Histoire où nous vivons ; et qui est fondamentalement un monde de jouisseurs lassés qui ne veut plus d’histoires – il ne veut même plus qu’on lui en raconte. C’est pourquoi il utilise son nouveau héros, depuis plusieurs épisodes, depuis L’affaire Tournesol ou depuis Coke en stock, qui inaugure la série des albums crépusculaires du grand maître, et qui est là pour se moquer de ses personnages, j’ai nommé Séraphin Lampion, qui exerce l’honorable profession d’assureur. C’est d’ailleurs quand elle lui claque la porte au nez que la Castafiore se fait dérober son émeraude par la pie voleuse. Revoyez aussi cet épisode où la télé du décidément nuisible Tournesol-Folamour rend ivres et tremblotants ces spectateurs...

Les Picaros liquident donc l’univers de Tintin. En Amérique du sud, le mot picaro désigne aussi l’escroc, l’agioteur, maître des sociétés modernes, c’est-à-dire baroques. La crise immobilière, le boom touristique, « les détritus urbains qui recouvrent tout (Lewis Mumford, plus grand esprit américain du dernier des siècles) », c’est la faute au picaro. Il n’y a plus d’histoire, il n’y a plus non plus de géographie, la technologie l’a décimée. Il n’y a plus d’exotisme, les carnavals, les festivals et les voyages en groupe l’ont décimé, ainsi que la culture. Il n’y a plus de spiritualité non plus, au sens de Malraux, non plus, ce qui signifie que ce siècle lamentable NE SERA PAS AU FINAL.

On comprend que l’album ait déchaîné l’ire de certains aficionados, notamment de droite (ils veulent toujours du rab, du grain à moudre ceux-là), pour reprendre un terme latino. Ici Hergé a repris une vieille ficelle du métier, comme lorsque Conan Doyle avait voulu mettre fin aux aventures de Sherlock Holmes, fatigué qu’il était d’être dépendant ad vitam de sa création. Mais il l’a fait en gardant son personnage en vie, en le normalisant, en le glissant dans un monde d’ombres médiocres. C’est plus dur à supporter, quand on s’est voulu l’héritier d’Homère ou de Virgile, de Rabelais (quart et cinquième livre) ou de Jules Verne. On découvrira notre texte sur le cosmonaute comme machine à conditionner (fr.sputniknews.africa).

On peut remercier Hergé d’avoir décrit l’enfer américano-tiers-mondiste où nous survivons patibulaires. Il était moins fatigué qu’il en avait l’air. Avant de mourir, alors que nous évoquions les dernières élections présidentielles, Jean Parvulesco (qui était un acteur né et figura dans A bout de souffle) me disait : « la race humaine est fatiguée ».

Il nous reste les bêtes et certains paysages.

 

Sources :

https://www.dedefensa.org/article/lettre-de-saint-ex-pour-notre-fin-des-temps

https://www.dedefensa.org/article/saint-exupery-contre-la-vie-ordinaire

https://fr.sputniknews.africa/20170317/nasa-farce-vraie-mission-cosmonautes-1030500652.html

Archétype du “mercenaire moral”

Archétype du “mercenaire moral”

• Le masculin pouvant aisément se décliner au féminin, on apprendra sans surprise que l’expression de “mercenaire moral” comme identité archétypique s’applique ici à une personne du genre féminin. • Il s’agit de l’avocate Amal Alamuddine, devenue madame Amal Clooney en épousant l’acteur hollywoodien que tout le monde sait. • On y voit décrire, sous la plume de Alan MacLeod, son rôle impeccable de combattante implacable du Système contre tous les méchants hollywoodiens. • D’origine palestinienne, depuis 7 mois elle ne dit jamais le mot  “Gaza”.

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... Certes, on devrait plutôt dire de “la mercenaire morale” mais il est possible que les féministes ne nous en voudront pas parce qu’il a des transgressions qui ne transgressent pas vraiment. Dans tous les cas, l’expression est magnifique, plein de feu, bondissante, – bien trouvée, pour caractériser un archétype qui a fait florès ces dernières décennies : la vente au Système de soi-même, image comprise et surtout bien achalandée, pour y conserver (dans le Système) une place de choix et écarter toute interrogation sur ses choix et ses activités d’activiste dans le domaine sans limite ni réelle identité de  la moraline postmoderne. C’est le polémiste Alan MacLeod qui a utilisé cette expression dans le long et minutieux portrait qu’il trace de Amal Clonney, femme du fameux acteur hollywoodien qui est du même parti des saltimbanques-moralistes, en homme qui sait être super-friqués sans vraiment avoir l’air supere-friqué.

Pourquoi madame Clooney est-elle ainsi mise en accusation par des plumes dont on ne peut dire que la gloire mondaine, bancaire et médiatique les éclaire d’une lumière crue en même temps qu’éclatante, – ce qui est un exploit assez rare ? La réponse se trouve dès le premier paragraphe, où l’on apprend son activisme peu commun pour les bonnes causes, sa nationalité libanaise comme première caution de diversité et son identité palestinienne comme première caution de déculpabilisation qui a même la grâce de nimber son multi-oscarisé de mari à qui l’on trouverait un petit air moyen-oriental. Tout est accompagné sans tambour ni trompette mais au contraire dans la plus vertueuse des discrétions de l’exploit de n’avoir pas prononcé depuis le 7 octobre 2023 une seule fois le mot “Gaza” dont on sait à la fois la cruauté qui va jusqu’à l’obscénité à l’heure du thé, dans les salons.

« Amal Clooney, avocate de renommée internationale, est une icône du libéralisme. Elle et son organisation, la Clooney Foundation for Justice (CFJ), n'hésitent jamais à faire connaître leur point de vue sur les questions relatives aux droits de l'homme. Pourtant, bien qu'elle soit elle-même libanaise et d'origine palestinienne, la femme de l'année 2022 du magazine Time a gardé un silence absolu sur les bombardements incessants d'Israël sur ces mêmes pays, – un crime que d'autres experts des droits de l'homme ont qualifié de génocide.

» Six mois se sont écoulés depuis l'attaque du 7 octobre, la destruction massive de Gaza par Israël et ses attaques contre le Liban, mais Mme Clooney n'a fait aucune déclaration publique à ce sujet... »

La vérité oblige à dire que c’est un autre polémiste, Paul Seehan, qui a, le premier , utilisé l’expression parfaite de “moral mercenary”. Ce faisant, il identifiait une nouvelle forme de combattants dans la GrandeCrise qui nous déchire : le progressiste-sociétal au service des forces d’argent du capitalisme devenu néolibéralisme/libéralisme-Ultra, –– ou transformation d’une forme d’action économique en une idéologie radicale fondée sur l’économie.

Le fait est que cette nouvelle formule si séduisante avait besoin de renouveler son aile marchantes, moralisante, bienpensante, bonne-conscientisante, comme elle avait fait avec un immense succès pendant la Seconde Guerre mondiale (mais alors avec un personnel hollywoodien un peut trop voyant dans la dépravation, – mais bon...). Elle trouva donc cette “aile marchante”  et elle la trouva dans le personnel du show-business qui reprenait la formule en l’élargissant et dans la doctrine exploitée au maximum de la globalisation  de l’“hollywoodisme”, – extension du cinéma au monde de la “musique” rock avec ses  multiples branches, et aux diverses formes d’arts contemporains rétribuées par les hyper-riches et quelques États avides de reconnaissance culturelle).

Il s’agit donc bien de ne pas se tromper ! Il n’est pas question des ‘nababs’ des années 1920-40 qui dirigeaient les grands studios et s’envoyaient les starlettes des innombrables “promotions canapés” qui ont embaumé l’histoire du spectacle cinématographique américaniste-occidentaliste autour du goulag hollywoodien, – ceux-là commencent à faire  tache et à s’en aller en prison dans la foulée de Weinstein,... Mais non, il s’agissait des et il s’agit désormais impérativement des régiments de stars qui réussissent la fusion de l’indépendance financière à $20 millions le film, du glamour, du sexy, du romantisme aux vêtements suggestifs, de la montée athlétique et déhanchée des marches du palais du Festival de Cannes, de la bénédiction sacralisée du Pape-Oscar,  – avec, d’autre part, une pénétration maxi dans toutes les bonnes œuvres, les associations internationales, privées et publiques, ONU comprises et mise en avant dans ses multiples branches humanitaires et moralinisantes. Il s’agissait d’une nouvelle formule d’où naquit bien entendu le wokenisme et toutes les folies genristes que l’on connaît, de l’antiracisme hystérico-inclusif au transgenrisme qui représentent le débordement catastrophique des poussées radicales développées à une allure de 24 heures du Mans dans nos temps de communication-TGV. La formule marche à pleine vitesse, sous l’acclamation des foules dirigeantes, médiatiques, élitistes, et autres rassemblements de grands esprits caractérisant notre religion postmoderniste.

C’est dans ce complexe militaro-industriel devenu complexe ultralibéral-entertainment que la séduisante Amal, avocate londonienne depuis 1978, trouva sa place en séduisant et en épousant George Clooney, le grand séducteur de la doctrine ‘What elese ?’ chère aux buveurs d’excellents cafés. Même si on le trouve parfois “du bon côté de la Force”, – c’est-à-dire contre elle ici ou là, – Clooney n’en reste pas moins un membre fidèle du Council of Foreign Relations (CFR) et se retrouve bien à sa place dans les rangs pour toutes les causes qui importent. Comme tout ce nouveau personnel super-friqué et médiatiquement survitaminé, il bénéficie de quelques libertés pourvu qu’ils tiennent les consignes essentielles. Sa flemme Amal procède de même, sauf qu’elle reste une avocate qui trouve sa liberté dans quelques bonnes et justes causes à côté de tous les devoirs de sa charge qu’elle remplit conformément aux consignes.

C’est exactement ce mélange d’un bon petits tiers de liberté et de quatre gros tiers de conformisme (comme Marius et le dosage de l’anisette enseigné à son César) qui représente aujourd’hui la formule la plus efficace en faisant croire que la liberté existe en plus de la démocratie globaliste. Heureusement qu’il reste des hommes de grande sagesse, comme Joe Biden, pour rétablir la vérité-de-situation : dimanche en Pennsylvanie, exposant le programme de sa future présidence et du parti démocrate , actuel pilier du Système et de la politiqueSystème , il nous a confié ceci qui, nous l’espèrons avec la plus grande ferveusement, ne nécessite aucune traduction : « Are you ready to choose freedom over democracy? Because that’s America... »)

Voici donc l’histoire d’Amal Alamuddin, devenue Amal Clooney, racontée avec brio par Alan MacLeod, véritablement comme un torrent car la quantité amassé de postes et de fonctions humanitaires de l’avocate-femme-de-Clooney est véritablement suffocante. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est nullement une rubrique des derniers potins. Il s’agit absolument d’une des armures principales du Système aujourd’hui, à l’égal de l’industrie militaire et des ‘neocon’, avec la même responsabilité, l’hyper-hypocrisie en plus, de ces compagnons d’armes et de conquête du monde globalisé.

dedefensa.org

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Le pudique silence d'Amal Clooney

Amal Clooney, avocate de renommée internationale, est une icône du libéralisme, ou progressisme. Elle et son organisation, la Clooney Foundation for Justice (CFJ), n'hésitent jamais à faire connaître leur point de vue sur les questions relatives aux droits de l'homme. Pourtant, bien qu'elle soit elle-même libanaise et d'origine palestinienne, la femme de l'année 2022 du magazine Time a gardé un silence absolu sur les bombardements incessants d'Israël sur ces mêmes pays - un crime que d'autres experts des droits de l'homme ont qualifié de génocide.

Six mois se sont écoulés depuis l'attaque du 7 octobre, la destruction massive de Gaza par Israël et ses attaques contre le Liban, mais Mme Clooney n'a fait aucune déclaration publique à ce sujet, que ce soit en public ou sur les réseaux sociaux, malgré les appels de plus en plus nombreux qui lui ont été lancés les appels de plus en plus nombreux lancés en ce sens.

Condamner et ignorer, telle est sa devise

Originaire du Liban, née d'un père druze libanais et d'une mère musulmane sunnite d'origine palestinienne, Mme Clooney s'est réfugiée au Royaume-Uni après le déclenchement de la guerre civile libanaise. Après avoir pratiqué le droit pendant de nombreuses années au Royaume-Uni et aux États-Unis, elle a fondé en 2016 la CFJ aux côtés de son mari George, une star du cinéma. 

“Nous avons créé la Fondation Clooney au service de la justice pour que les auteurs d'atrocités de masse répondent de leurs crimes et aider les victimes dans leur combat pour la justice”expliquent les époux sur leur site internet.

Aujourd'hui, la CFJ travaille dans plus de 40 pays. Parmi eux figurent de nombreux pays que les États-Unis considèrent comme des nations ennemies ou des candidats au changement de régime. Mme Clooney et sa fondation ont pris des positions tranchées à l'encontre de bon nombre de ces pays. Elle a demandé que la Russie soit poursuivie pour crimes de guerre. “L'Ukraine est aujourd'hui un abattoir. En plein cœur de l'Europe”, a-t-elle déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies en 2022. L'année suivante, le CFJ a déposé trois plaintes en Allemagne. Ces affaires accusent la Russie de nombreux crimes de guerre, notamment d'avoir détruit un bâtiment civil lors d'une frappe de missile sur Odessa, tuant 40 personnes, d'avoir détenu illégalement, torturé et tué quatre Ukrainiens dans la région de Kharkiv, et d'avoir commis des violences sexuelles et des actes de pillage dans la région de Kiev. Le CFJ poursuit également le gouvernement vénézuélien pour des violations présumées des droits de l'homme.

En 2016, Mme Clooney a condamné l 'Iran et la Corée du Nord pour les graves violations des droits de l'homme commises par leurs citoyens. Elle l'a fait lors d'une conférence aux Émirats arabes unis, à laquelle assistait le dirigeant du pays, Sultan bin Muhammad Al-Qasimi. Loin de critiquer le triste bilan des Émirats arabes unis en matière de droits de l'homme, elle a fait l'éloge du gouvernement et s'est contentée de prodiguer des “conseils” amicaux à l'émirat sur les moyens de faire mieux.

Pourtant, la Fondation Clooney est restée totalement silencieuse sur la question des droits de l'homme, sans doute la plus grave de notre époque. Une recherche des mots IsraëlGaza et Palestine sur son site web et son compte Twitter ne donne aucun résultat pertinent.

Si l'on ne peut attendre des Clooney ou de leur organisation qu'ils travaillent simultanément sur tous les pays, de nombreux admirateurs de George Clooney ont été déçus de constater que ni l'un ni l'autre n'a fait la moindre déclaration sur le fait que le pays où elle est née et où elle a ses ancêtres sont ravagés par une puissance soutenue par l'Occident.

Lorsqu'il a été directement interrogé à ce sujet, George Clooney a semblé esquiver la question en déclarant:

“L'ensemble de la région [le Moyen-Orient] brûle, et c'est déchirant pour tout le monde. Tout ce que l'on peut faire, c'est prier pour que ce conflit connaisse bientôt une issue pacifique. Mais je ne pense pas que cela arrive dans un avenir très proche, et personne ne le pense non plus, je crois.”

Ce silence sur Gaza contraste avec celui d'autres grandes organisations occidentales de défense des droits de l'homme, qui ont condamné avec virulence l'État d'Israël. Amnesty International, par exemple, a écrit qu’“on constate des signes alarmants de génocide étant donné l'ampleur stupéfiante du nombre de morts et de destructions” et que “la punition collective de la population civile de Gaza par les autorités israéliennes est un crime de guerre - cruelle et inhumaine”. Ce sentiment est partagé par Human Rights Watch, qui note que “le gouvernement israélien utilise la famine des civils comme arme de guerre dans la bande de Gaza, constituant ainsi un crime de guerre”.

Des amis haut et hauts placés

Pourquoi Mme Clooney et sa fondation n'ont-elles montré que peu ou pas d'intérêt pour la Palestine (ou le Liban) ? Tout d'abord, le CFJ est principalement parrainé par de grandes institutions libérales, telles que la Fondation Ford et la Fondation Bill & Melinda Gates, et par des sources étrangères telles que les sociétés de jeux de tirage allemandes et suédoises, qui n'ont jamais manifesté d'intérêt pour l'activisme pro-palestinien.

En outre, Mme Clooney elle-même entretient des liens étroits avec de nombreux membres de l'establishment du Parti démocrate, dont certains des plus ardents disciples d'Israël de tous les temps. En 2016, elle et son mari ont organisé une collecte de fonds pour Hillary Clinton avec le milliardaire israélo-américain Haim Saban dans leur manoir. La soirée a coûté 34 000 dollars l'entrée.

Saban est l'un des donateurs politiques les plus influents d'Amérique, mais il se considère comme l'“homme d'une seule cause”“Et ma cause, c'est Israël”, a-t-il déclaré un jour. Il a également appelé à une “surveillance étroite” des musulmans américains, suggérant qu'ils constituaient une menace pour la sécurité du pays, et a qualifié d'“antisémites” des démocrates musulmans américains tels que Keith Ellison. Mme Clinton, qui se décrit comme une “inconditionnelle et indéfectible partisane” d'Israël, a écrit à M. Saban une lettre ouverte dans laquelle elle promet d'éradiquer la propagation du mouvement Boycott, Divestment, and Sanctions par tous les moyens nécessaires.

En outre, Mme Clooney a accédé à un certain nombre de fonctions au sein du gouvernement britannique, fonctions qui reviennent rarement à des outsiders radicaux, mais plutôt à des personnalités solidement implantées au sein de l'establishment. Elle a notamment été nommée à l'Attorney General's Office Public International Law Panel, ce qui signifie qu'elle a représenté le gouvernement britannique devant les tribunaux nationaux et internationaux. Le gouvernement l'a également nommée envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la liberté des médias et vice-présidente du groupe de spécialistes juridiques sur la liberté des médias.

Cependant, Mme Clooney a publiquement refusé de siéger à la commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza lors de l'opération “Protective Edge” (2014). Lorsqu'on lui a demandé d'expliquer sa décision, elle a simplement invoqué un conflit de calendrier (tout en refusant de condamner Israël), déclarant :

“Je suis horrifiée par la situation dans la bande de Gaza occupée, en particulier par les pertes civiles subies, et je suis fermement convaincue qu'il devrait y avoir une enquête indépendante et une obligation de rendre des comptes pour les crimes commis... Je suis honorée d'avoir reçu cette offre, mais compte tenu de mes engagements existants - y compris huit affaires en cours - je n'ai malheureusement pas pu accepter ce rôle. Je souhaite à mes collègues qui siégeront à la commission courage et force dans leurs démarches”.

Cette décision de ne pas enquêter sur les crimes de guerre israéliens revêt par ailleurs toute son importance lorsque l'on sait que Mme Clooney a fait carrière dans des fonctions controversées concernant le Proche-Orient. Elle a été conseillère sur la Syrie auprès du Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Elle représente actuellement des centaines de survivants yazidis des massacres perpétrés par l'État islamique et poursuit le cimentier Lafarge. L'entreprise française aurait apporté un soutien matériel au groupe terroriste, qui a réduit en esclavage de nombreuses femmes yazidies.

En 2014, elle a défendu Abdullah al Senussi, l'ancien chef des services de renseignement de Mouammar Kadhafi en Libye. La Cour pénale internationale a accusé Senussi de crimes contre l'humanité, car il aurait supervisé des actes de torture, des assassinats et des exécutions publiques.

Le plus surprenant, cependant, est peut-être sa nomination en tant que conseillère juridique du roi Hamad bin Isa Al Khalifa du Bahreïn pendant la Commission Bassiouni - une enquête royale sur les événements du printemps arabe. Les habitants de Bahreïn ont brièvement participé à leur soulèvement populaire contre le gouvernement avant que la monarchie ne fasse appel aux forces saoudiennes, émiraties et koweïtiennes pour écraser la révolte, tuant des centaines de personnes et en blessant ou torturant des milliers d'autres. Dans ce cas précis, Mme Clooney a agi non pas au nom des opprimés, mais au nom de la monarchie, tentant vraisemblablement de la décharger de toute responsabilité dans la répression des libertés civiles, ce qui a conduit un commentateur à la qualifier de“mercenaire morale”.

Silence sur le génocide

Il ne fait guère de doute qu'Israël se livre actuellement à certains des crimes contre l'humanité les plus graves jamais commis au XXIe siècle, qu'il s'agisse de génocide, d'attaques contre des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des églises, du ciblage délibéré de journalistes et de civils, de l'anéantissement de villes entières ou de la famine généralisée d'un peuple.

Et malgré cela, Amal Clooney, qui se présente comme la championne des valeurs progressistes et libérales et des droits de l'homme, n'a rien trouvé à dire à ce sujet. C'est d'autant plus remarquable qu'elle est née dans un pays où ses ancêtres ont grandi. En tant que leader éthique jouissant d'une audience considérable, toute déclaration de sa part sur la question aurait probablement un impact significatif.

Cependant, comme souvent, la Palestine est l'écueil sur lequel se brisent les fondements moraux et éthiques du libéralisme. Alors que les libéraux occidentaux ne cessent de se gargariser du respect des droits de l'homme, les brandissant comme une arme contre les États ennemis et justifiant même les interventions militaires les plus sanglantes, ils se taisent lorsque des nations alliées se livrent à des exactions barbares similaires.

Cette mentalité “progressiste sauf pour la Palestine” est omniprésente dans le monde occidental et illustre clairement les limites réelles du libéralisme moderne. Alors que des dirigeants étrangers comme Vladimir Poutine, Nicolás Maduro ou Xi Jinping (ou même des dirigeants nationaux comme Trump) sont considérés comme impardonnables pour leurs transgressions des droits de l'homme, des politiciens du “beltway” [Whashington] comme Hillary Clinton ou Barack Obama sont portés aux nues. Et ce, malgré leurs crimes, qui vont de l'instrumentalisation des djihadistes pour renverser le pays le plus prospère d'Afrique aux bombardements de sept pays en même temps.

Il ne faut donc pas s'étonner que Mme Clooney et sa fondation aient gardé un silence absolu sur le massacre en cours. Ceux qui sont choqués par leur inaction sous-estiment la faillite morale du libéralisme moderne.

Lors d'une table ronde avec Michelle Obama et Melinda Gates (deux autres icônes libérales), Clooney a souligné la “véritable force motrice” de son travail.

L'autre jour, mon fils a fait un dessin d'une prison et il s'est dit : “Poutine devrait être ici”, a-t-elle déclaré avant de poursuivre :

“Je pense que dans quelques années, quand mes enfants auront plus de cinq ans et qu'ils commenceront à s'intéresser à certaines des questions dont nous parlons et à ce qui se passe dans le monde, ils nous demanderont : “Qu'avez-vous fait à propos de ceci ? Qu'as-tu dit à propos de cela ? J'ai réfléchi à ma réponse, et j'espère qu'elle sera la bonne”.

Si le fils d'Amal Clooney lui demande un jour ce qu'elle faisait pendant qu'Israël commettait des crimes de guerre au Moyen-Orient, elle pourra lui répondre qu’elle n'a rien fait pour empêcher un génocide.

Alan MacLeod

RapSit-USA2024 : Funérailles pour un simulacre

RapSit-USA2024 : Funérailles pour un simulacre

Le vote de la Chambre des Représentants autorisant l’aide financière importante des USA à plusieurs pays, et essentiellement (61 $milliards) à l’Ukraine, a été interprété par nombre de commentateurs comme un échec de Trump et, au-delà pour certains, comme “la fin du trumpisme”. Témoin en est, pour l’excès dans ce sens, l’intervention sur tweeterX d’un très jeune candidat démocrate à la Chambre pour un district new-yorkais d’ores et déjà acquis au partir démocrate.

 « ‘Die MAGA die’ – selon un candidat démocrate au Congrès

» Le New-Yorkais Nate McMurray a célébré le vote de la loi sur l’aide à l’Ukraine en souhaitant la mort rapide du mouvement politique de Donald Trump »

Les choix vont trop vite aujourd’hui pour que les esprits puissent rassembler, l’après-midi, les éléments du puzzle du réveil du matin pourtant assez simple dans ses composants. Le résultat du vote sur la loi d’aide à l’Ukraine n’a jamais été un enjeu pour le trumpisme, sinon quelques avis parcimonieux et prudents de Trump qui ne réclame qu’une chose : que les dons soient transformés en prêts. Pour les populistes républicains, qui dépassent largement la composante trumpiste, ce n’est pas une défaite là où il était totalement impensable d’obtenir une victoire dans l’état de la composition actuelle du Congrès,  – c’est-à-dire, de sa décomposition par rapport au “pays réel”...

La réalité est en effet la suivante : il n’y avait aucune chance que la loi obtienne un tel nombre de voix contre elle lorsqu’elle fut mise en chantier, du temps (à l’automne 2023) de l’unanimité, par hystérie ou par défaut c’est selon, pour le soutien de l’Ukraine (du temps où le soutien à l’Ukraine ne constituait pas un problème à composante intérieure pouvant peser sur les présidentielles et la structure politique du pays). C’est effectivement ce que rappelle implicitement Mercouris lorsqu’il observe, bien au contraire des habituels commentaires, le 21 avril 2024 :

« Ce qui peut être un peu surprenant c’est que si une majorité de républicains a voté pour la loi, une minorité importante et significative ne l’a pas fait et il m’a semblé entendre qu’un petit groupe de démocrates a également voté contre la loi. Si tout cela se confirme cela signifie qu’un petit groupe de démocrates et un important groupe de républicains sont contre le ‘Projet Ukraine’ et cela est [tout à fait nouveau] et manifestement important pour l’avenir... »

On se rappelle tout de même, avec un petit effort de mémoire, l’extraordinaire désordre qui accompagna l’élection de Kevin McCarthy à la fonction de ‘Speaker’ en janvier 2023, puis sa démission et son remplacement par Mike Johnson en octobre 2023. A ce moment-là, Johnson avait fait et refait serment d’allégeance au groupe des populistes, c’est-à-dire rien de plus que la grosse vingtaine de députés du ‘Patriotic Caucus’ dirigés ou inspirés par Matt Getz et Maggy Taylor Green. Tout cela se fit dans la confusion la plus totale, correspondant à la perception que les députés avaient de l’évolution de l’opinion publique, c’est-à-dire de “la fatigue de l’Ukraine” et de l’évolution catastrophique de la situation sur la frontière Sud des USA, et nullement selon l’extension soudainement et extraordinairement rapide d’une “idéologie” (MAGA, trumpisme, populisme, ce qu’il vous plaira).

La situation parlementaire de cette “idéologie” qui n’est rien d’autre selon notre interprétation qu’une tentative de résistance, sinon une Résistance au Système, on pourra en juger, au Sénat et à la Chambre, après les élections du 5 novembre qui concernent une partie des parlementaires aussi bien que le président. Tout le reste ne fut que désordre, et d’ailleurs Trump s’affirma aussi bien partisan de l’élection de McCarthy que de son départ, que de son remplacement par Johnson. Ce vote du week-end n’est qu’une péripétie d’impression de papier-monnaie qui n’influera en rien sur la situation en Ukraine puisque l’argent ira aux fournisseurs US qui mettront quelques années à fabriquer les produits demandés, – lesquels et pour qui finalement, on ne sait pas et d’ailleurs on s’en fout. Les démocrates prient le Bon Dieu Wokeniste pour que le directeur de la CIA Burns ait raison :

« Il y a de fortes (mal) chances pour que l’Ukraine s’effondre avant la fin  de l’année. Si la loi est votée, on passera 2024... »

... Autrement dit, si la loi est voté, Biden n’aura pas à affronter l’électorat avec une Ukraine effondrée et sera réélu, – dans tous les cas, ainsi va la prospective de la CIA qui analyse l’alignement des astres selon ses services de cosmologie-alchimiste (une nouvellescience) et l’humeur des voyants qu’elle emploie comme consultants... Et vous voudriez tirer un enseignement politique net et important (“Trump est fini”) de cet impressionnant ‘bordel-mess’ (c’est-à-dire “bordel en désordre”, ce qui est un oxymore des quartiers chics, le commerce de la chair étant affaire sérieuse) ?

Au fait, pourquoi Johnson... ?

Plus intéressante est la question de savoir pourquoi Mike Johnson a soudainement viré de bord (180°) et trahi tous les serments qu’il avait fait auprès du  groupe d’activistes qui l’avaient poussé en avant. Vous n’aurez pas de réponse et, sans doute, Johnson disparaîtra assez rapidement dans les oubliettes à l’occasion d’un vote ou l’autre, ou du chaos que va connaître l’Amérique en octobre-décembre prochain.

Mais pour le reste... Pour le reste, c’’est-à-dire pour “tout” ce “tout” incompréhensible auquel se résume aujourd’hui la vie démocratique et libérale aux USA, alors que le président vient de nous affirmer, dans une envolée qu’on qualifierait de lyrique et où il a pris soin de se différencier de l’infâme Trump – nous nous répétons, mais nous traduisons cette fois, en soulignant l’important dans cette exclamation, – pour les non-lisants, en fait :

« Êtes-vous prêts à choisir l'unité plutôt que la division ? [Lui plutôt que Trump] La dignité plutôt que la destruction ? La vérité plutôt que le mensonge ? Êtes-vous prêts à choisir la liberté plutôt que la démocratie ? Parce que c'est cela l'Amérique. »

“Pour le reste” à expliciter, il y a part exemple notre ami Tucker Carlson qui exposait son point de vue sur le comportement de Johnson et l’élargissant à, sinon tous disons la plupart des parlementaires qui sont sous la menace des services de sécurité (renseignement et le reste), ce qui nous renvoie après tout à la guerre que la CIA mena contre Trump en 2016, avant et après son élection.... Alors, pourquoi ne pas suivre Carlson et se dire que ce qu’il dit représente une des mille nuances de la folie qui frappe la situation générale qu’organise la GrandeCrise...

Nous allons chercher cela chez les Russes à partir de sources US absolument transparentes, parce qu’ils (les Russes) sont tellement coupables de tout qu’il doit y avoir quelque part une folie des autres qu’ils nous montrent sans vraiment s’en rendre compte eux-mêmes... Et le thème développé par Carlson se nomme “chantage par le porno”, ou comment les hommes politiques US votent des lois qui organisent leur propre espionnage, sorte d’auto-espionnage par auto-dénonciation, y compris de tant de vilenies dont ils ne sont pas coupables, parce qu’ils sont terrorisés par les choses que les agents des services de sécurité pourraient coller à leurs basques s’ils refusaient de telles lois, ou s’ils voulaient organiser tel vote ou être élu à telle fonctions...

« Carlson est apparu vendredi sur le podcast de Joe Rogan, quelques heures avant que le Sénat américain ne vote le renouvellement de l’article 702 de la loi de 1978 sur la surveillance des renseignements étrangers (FISA). Apparemment créée pour permettre aux agences de renseignement telles que le FBI et la CIA d’enquêter sur les communications des étrangers, l’article 702 permet à ces agences d’accéder “indirectement” aux données collectées auprès de millions de citoyens américains sans mandat.

» Selon Carlson, un certain nombre d'enquêteurs se sont effectivement opposés à ce renouvellement, mais ne l'ont pas admis publiquement.

» “Les gens ne disent pas cela parce qu'ils craignent d'être punis”, a déclaré Carlson à Rogan. “Ils craignent que quelqu'un mette de la pornographie juvénile sur leur ordinateur. Les membres du Congrès sont terrifiés par les agences de renseignement. Je ne devine pas cela. Ils me l’ont dit, y compris les membres du comité [du renseignement], y compris les personnes qui dirigent le comité du renseignement.”

» “Cela se joue devant tout le monde, et personne ne s'en soucie et personne ne fait rien à ce sujet”, a poursuivi Carlson. “Je pense que la raison est qu’ils sont menacés. Et si vous regardez les présidents de comités qui ont permis que ces conneries se produisent année après année… je les connais. Et ils ont tout à cacher. Je le sais pertinemment.”

» Outre la menace supposée de pédopornographie implantée subrepticement, Carlson a affirmé qu’il est “très courant” du fait que les politiciens ont “un problème d’alcool ou une vie sexuelle étrange”, que les agences pourraient facilement dénoncer si ces politiciens refusent de faire ce qu’ils veulent. »

Et pourquoi pas Houellebecq ?

La seule conclusion que nous permet l’inconnaissance, c’est de proclamer que tout cela finirait par faire de M.H. l’un des rares sinon le seul citoyen français, valant bien dix millions de Macron avec ses étranges aventures de slalomeur spécial entre les genres, – faire de M.H. l’un des citoyens que Washington nous chiperait bien pour en faire un président imprévu !

M.H. pour Michel Houellebecq bien entendu, plongé dans les querelles juridiques autour d’un contrat pour un documentaire tourné avec son accord sur ses propres ébats pornographiques avec sa femme (‘Quelques mois dans ma vie, Octobre 2022-Mars 2023’, éditions Gallimard). La CIA avait déjà sorti cela de sa boule de cristal pleine d’intelligence artificielle, – et alors, que dirait-elle aujourd’hui ? Elle serait bien ennuyée si M.H. était candidat et s’il fallait le torpiller...

 

Mis en ligne le 22 avril 2024 à 18H00

Version rock’n’roll ? F-35 et bombe H au tapis

Version rock’n’roll ? F-35 et bombe H au tapis

• Pépé Escobar a lancé une bombe (on ne dit pas mieux) : un F-35 chargé d’une bombe nucléaire à larguer très haute altitude au-dessus de l’Iran abattu par les Russes. • Larry Johnson en doute très fortement, avec des arguments. • Il n’empêche, cela nous remet en mémoire des confidences de Mercouris sur les capacités hypersoniques (équivalentes au nucléaire qu’on les Israéliens) des Iraniens contre rien aux Israéliens. • Du coup, la partie devient très, très sérieuse et le simulacre qu’on nous sert a pour fonction de se calmer les uns les autres.

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On va présenter ici la présentation que Larry Johnson fait de la version présentée par Pépé Escobar sur les réseaux (TweeterX) des derniers événements dans des cieux proches de l’Iran. La confusion fut assez grande, extrême même, et les balbutiements américanistes et israéliens face aux discrétions iraniennes assez significatifs pour faire un peu de place à Pépé.

Quelques mots de Johnson pour présenter Escobar. Remarquez que Johnson n’a rencontré/connu Escobar que très récemment, que s’il avait des relations indirectes d’informations avec lui comme il se doit entre “résistants”, ils n’occupaient pas le même terrain ni ne traitaient précisément les mêmes sujets, eux-mêmes certainement pas des mêmes origines, donc sans liens privilégiés  particuliers ni sources communes. Remarquez aussi que la nouvelle sensationnelle que reprend Johnson et qui a diffusé dans tous les réseaux concerne essentiellement des matériels américanistes du plus haut standard, donc passant par le contrepôle de la CIA, et qu’en cette matière Johnson, ancien de la CIA, est en général bien informé. On peut supposer qu’il va s’activer de ce côté, d’autant qu’il montre beaucoup de scepticisme devant la nouvelle lancée par Escobar.

Voici ce que diffuse Johnson, de la nouvelle d’Escobar :

« LA VRAIE HISTOIRE DE LA CONTRE-RÉPONSE ISRAÉLIENNE

» Provenant d'une source d'informations de très haut niveau.

» En Asie.

» PAS la Russie-Chine.

» Bien entendu, le partenariat stratégique échange au plus haut niveau 24h/24 et 7j/7.

» Confirmé et reconfirmé.

» Ce sera formidable de savoir ce que Sy Hersh entend de ses sources du Beltway.

» On y va.

» Israël a d’abord choisi de réagir avec une force extrême.

» Un F-35 chargé d'une bombe nucléaire a été envoyé vers l'est, au-dessus de la Jordanie.

» La mission : provoquer une détonation à haute altitude au-dessus de l’Iran qui provoquerait une surtension des lignes électriques à haute capacité, paralysant le réseau électrique iranien et désactivant tous les appareils électroniques.

» Une attaque EMP.

» Cependant…

» … Alors que le F-35 israélien quittait l'espace aérien jordanien, il a été abattu par l'armée de l'air russe.

» La version rendue publique de la contre-réponse israélienne était donc une véritable parodie.

» En fin de compte, toutes les parties ont décidé de ne pas divulguer les vraies nouvelles, afin de désamorcer ce qui pourrait bien se transformer en Troisième Guerre mondiale. »

Donc, Larry Johnson est extrêmement sceptique. Il ne doute pas une seconde de la sincérité d’Escobar, mais de la crédibilité de la source (des sources ?). Son principal argument concernant son incrédibilité porte sur le fait que le F-35 aurait été abattu par l’armée de l’air russe “alors qu’il quittait l’espace aérien jordanien”, – le F-35 se trouvant alors dans une zone complètement sous contrôle américaniste.

Ses contre-arguments sont les suivants :

« Un F-35 quittant l’espace aérien jordanien traverserait la Syrie ou l’Irak. Ces zones sont sous le contrôle des États-Unis. Je crois comprendre qu’après l’intervention russe en Syrie en septembre 2015, les États-Unis Le commandant de l'AFCENT, basé sur la base aérienne d'Al Udeid au Qatar, a commencé à communiquer quotidiennement avec son homologue russe en Syrie afin de désamorcer le conflit avec les États-Unis. et les opérations aériennes russes. Tout cela se fait depuis le CAOC, alias Combined Air Operations Center.

» Je crois comprendre que cette relation se poursuit malgré les tensions en Ukraine. La Russie reste à l’ouest de l’Euphrate et des États-Unis. opère à l’est de l’Euphrate. Si la Russie avait fait ce que prétend la source de Pepe, elle aurait pénétré dans l’espace aérien contrôlé par les États-Unis. Je pense qu’il est hautement improbable que la Russie ait pu suivre le seul F-35 israélien, le lancer et l’intercepter sur le territoire sous contrôle américain. contrôle aérien

» Bien entendu, nous devons envisager la possibilité que les États-Unis et la Russie ont collaboré pour abattre l’avion israélien, mais je trouve cela peu probable.« 

Larry Johnson signale encore que divers lecteurs ont noté que si l’incident avait eu vraiment lieu, une arme nucléaire activée se trouverait à terre et qu’il y aurait une grande activité pour la retrouver, ce qui n’est pas le cas puisqu’on ne voit vraiment rien dans ce sens....

Une cascade bondissante de rumeurs

Rumeurs, tout cela ? Certainement, mais plutôt “rumeurs” que ‘FakeNews’  tant il s’agit d’un domaine extrêmement sensible qui concernent les deux pays antagonistes autant que leurs divers alliés et protecteurs, – et non les ragots dénoncés par les corbeaux dénonciateurs de nos beaux salons parisiens. Apprenant cette nouvelle de Pépé Escobar et pouvant aisément partager les réserves de Larry Johnson, on n’en est pas moins conduits à se souvenir d’une très longue digression d’Alexander Mercouris le 16 avril sur son programme, sur l’armement de l’Iran, à partir de sources propres dont il n’a rien voulu dire sinon qu’à certaines d’entre elles il leur accordait une confiance totale basée sur l’expérience d’une longue pratique. On connaît la prudence de Sioux very-british du Grec Mercouris et on lui fait confiance.

Mercouris nous explique certains développements de missiles, notamment russes, iraniens, nord-coréens, etc., et en arrive à constater que les Russes en arrivèrent eux-mêmes, les braves gens, à s’interdire le développement de certains types de missiles à cause des traités qui les liaient aux USA (le temps du traité FMI, dénoncé depuis), pour suivre d’autres voies aussi fructueuses. Cela ne les empêcha nullement, les braves alliés, d’aider les Iraniens à suivre le développement de ceux qui leur étaient interdits à eux-mêmes (les Russes), – tout cela tournant autour de l’exploitation des capacités hypersoniques...

Ainsi Mercouris expliqua-t-il le 16 avril :

« Si l’Iran possède des fusées balistiques [à portée moyenne, catégorie FMI] à combustible liquide avec des tête indépendantes de missiles planant [développés grâce à l’aide de divers pays dont la Russie et la Corée du Nord], alors il dispose d’une capacité d’attaque pouvant atteindre des vitesses hypersoniques, et il s’agit d’un saut technologique considérable, une véritable rupture impliquant des conséquences majeures au niveau géopolitique global dont les USA et Israël devraient à juste titre être très inquiets... »

... Et d’enchaîner sur ce qui nous ramène à l’aventure, ou la pseudo-aventure du F-35 chargé d’une arme nucléaire, avec ce “détail” qui peut très bien avoir été suscité par certaines précisions hypersoniques que les Israéliens qui ne savent toujours pas tout à temps, viennent peut-être d’apprendre :

« Cela explique d’autre part une conversation certainement très intéressante qui a eu lieu hier 15 avril entre Nicolas Patrouchev, conseiller de Poutine, et des officiels israéliens de haut rang lui posant des questions pressantes sur ces divers sujets ... »

La véritable signification de tous ces échanges nous ramène à notre désormais vénérable thèse selon laquelle l’hypersonique ajoute un palier de plus à la dissuasion en donnant à bien des inattendus la disposition d’une capacité explosive équivalente à celle d’une bombe nucléaire sans les inconvénients nombreux et variés de la bombe nucléaire. Résultat des courses (aux armements) : l’Iran n’a pas besoin d’une arme nucléaire pour figurer comme une puissance de type nucléaire et un tir d’une fusée équipée de missiles planant à vitesse hypersonique sur la base ‘Demona’, où se trouvent les armes nucléaires israéliennes, inarrêtables par tous les “Dômes de fer” du monde, équivaudrait à un tir nucléaire...

Pour cet ensemble de raison, nous ne repoussons pas la confidence des Pépé Escobar, vraie ou fausse, comme risible ou comme peu croyable, ou comme sans grande signification, – de toutes  les façons, rien d’une ‘FakeNews’ qui est de la cave du sous-sol du dessous, où l’on trouve les hallucinants ‘Factcheckers’. Il est vrai, dans tous les cas, qu’entre l’Iran et Israël se joue une partie très serrée où, peut-être, les Israéliens, – c’est-à-dire Netanyahou l’un-peu-fou en l’occurrence, – se sont engagés sans assez bien vérifier toutes les vis, les chevilles et les boulons.

 

Mis en ligne le 21 avril 2024 à 14H25

Le “front Houthis” de la GrandeCrise

Le “front Houthis” de la GrandeCrise

• Les Houthis qui ont établi un filtre impitoyable sur la Mer Rouge sans que personne ne puisse les arrêter, ont l’intention d’élargir et d’étendre leur action. • Leur objectif : rien de moins que l’Océan Indien. • Étrange et édifiante histoire que celle de ce groupe généralement considéré avec un certain mépris, qui se révèle comme un acteur stratégique de première dimension. • Peu importe pour l’instant leurs buts pour le futur,  seule compte leur action présente contre la machine de guerre du monstre. • Avec un texte d’Alexander Markovics.

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Il y a beaucoup à dire sur cette “guerre de la Mer Rouge” telle que la rapporte excellemment Alexander  Markovics (dans ‘Euro-Synergie-hautefort.com’, texte ci-dessous), c’est-à-dire qu’il y a beaucoup à dire sur “les Houthis” comme les nommons, pour une fois d’un nom utilisables dans toutes les langues globalisées. Leur résilience, leur activisme, leur prise en main de nos procédés les plus avancés au niveau technlogico-indusdtriel, avec drones, missiles, etc., (mais bien dissimulés et produits sur place,  et avec un sacré coup de main de l’Iran qui s’adepte remarquablement à nos méthodes pour mieux nous torpiller) l’extraordinaire effet stratégique de leur action touchant quelques activités essentielles de la globalisation avec des moyens ultra-modernes rendent ce groupent quasiment unique par rapport à leurs conceptions et leur base idéologique. Les Houthis sont complètement étrangers à l’islamisme ‘djihadiste-terroriste’ classiquement vendu pour dénonciation psalmodiée et récitée en chœur qui constitue une des références extrêmement conformiste de notre classification des troubles auxquels nous avons affaire.

Markovics  trouve parfaitement le qualificatif qui convient, qui les séparent du reste : ils ne sont pas des “djihadistes hollywoodiens” ; c’est-à-dire qu’ils ne sont pas des produits pré-fabriqués pur-plastic, – comme ISIS-Daesh, al-Qaïda et tout ce groupe produits quasiment sous licence de marque, – par la CIA et  toutes les bandes qui accompagnent la charge de la brigade lourde et  globalistes de subversion déconstructurants. On citera donc le groupe Houthis sans pour autant, – loin de là, les amis fidèles, ne craignez rien, – adopter tous les caractères et objectifs qui vont avec mais en situant le phénomène dans le seul contexte qui nous importe, qui est celui de la GrandeCrise et en aucun cas l’horizon du triomphe d’une religion musulmane pure et dure qui ne nous importe pas comme phénomène fondamental, – ce phénomène fondamental que cette religion musulmane n’est pas à cet égard, justement, contrairement aux éditoriaux de nos journaux parisiens et postmodernistes...

« En conséquence, les adeptes de Dieu - qui pratiquent un socialisme tribal islamique particulier, différent de l'islamisme hollywoodien de l'IS et de l'islam révolutionnaire de l'Iran - rejettent les offres de négociation de l'Occident après que l'administration Biden a repris la guerre contre Ansar-Allah, lancée par Donald Trump... »

Pour l’instant, nous voulons dire que selon le contexte que nous offrent les circonstances présentes, il importe de donner un peu de son admiration à ce groupe extrêmement actif, qui a su maîtriser nos capacités technologiques pour nous mettre dans l’embarras le plus grand, nous et notre grand commerce mondial, l’US Navy et ses porte-avions invincibles, la Royal Navy et ses “rules the waves”, et même la Marine Nationale, – notre “Royale”, Dieu quelle dérision !–  de l’excellent Emmanuel Micron qui n’a dans ce cas comme dans tant d’autres jamais représenté aussi hautement l’extrême stupidité de l’intelligence extrême de la modernité si satisfaite d’elle-même.

L’auteur examine la possibilité que les Houthis envisagent de faire passer leur action d’interdiction sélective de navigation de la simple Mer Rouge à l’ensemble Mer Rouge/Océan Indien, ce qui causerait de considérables désordres économiques. Il les décrit, les Houthis, comme animés d’une foi ardente, bien sûr, mais surtout d’une résolution sans faille qu’ils ont déjà montrée dans leurs six années de guerre dans l’ensemble Yemen-Arabie.

Le résultat est de parvenir à forcer à un bouleversement stratégique dans une époque où la technologie règle la stratégie et où les Houthis seraient  les derniers combattants dont on attendrait un usage efficace de la technologie. C’est une bonne leçon pour ceux qui cherchent une voie de sortir au monstrueux nœud gordien dans lequel notre époque se trouve nouée de fond en comble, – une “bonne leçon”, nous voulons signifier par là, si des choses comme “la foi”, – au sens bien plus large que le seul sens religieux auquel s’attarde nos dévots de tous horizons et de toutes les intrigues à-la-Molière, – et la “résolution” prenaient le contrepôle de la technologie. Mais n’est pas Houthis qui veut...

Pour le reste, que faut-il dire ? Eh bien l’évidence... Nous sommes loin, non pas de partager mais de vouloir seulement discuter des orientations politiques des Houthis dont on goûte la diversité expéditive et sans trop s’attarder (mais nos bombes ne sont pas plus lentes). Nous ne pensons pas que cette sorte de débat-là soit ce qui importe, d’ailleurs l’on y retrouve les mêmes invocations, les mêmes slogans, les mêmes anar hèmes, dans un sens ou dans l’autre, c’est-à-dire les rengaines sans fin qui encombrent nos pauvres esprits prisonniers depuis l’installation de la modernité et ainsi interdits de débats sur les véritables fondements de la GrandeCrise.

Ce qui nous intéresse, c’est qu’ils soient là, en ce moment précis, à faire ce qu’ils font, c’est-à-dire à cogner, à bastonner, à châtaigner, à dérouiller, à saboter, à cogner sur l’immonde machinerie mise en place par notre brillante civilisation serviteur(e ?) zélée du Système, pour dévorer le monde et faire piétaille tout juste bonne à griller des divers regroupements et rassemblements de Sapiens Sapiens. Les Houthis font donc partie de la Résistance, et jusqu’à nouvel ordre cela se respecte.

dedefensa.org

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Après la Mer Rouge, l’Océan Indien ?

Avec le canal de Suez, la mer Rouge est l'une des plaques tournantes économiques du commerce mondial. Plus de 15% du commerce mondial passe par ce goulet d'étranglement géographique. Le choc a été d'autant plus grand en Occident lorsque, à partir du 19 novembre 2023, les combattants du mouvement Ansar-Allah (partisans de Dieu), également connus en Occident sous le nom de Houthis, ont commencé à tirer sur les navires d'Israël et des pays occidentaux alliés.

La raison de cette action: la guerre d'extermination menée par Israël contre les Palestiniens et la menace que le régime sioniste fait peser sur la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Alors que d'autres pays musulmans n'agissent pas par peur de l'option Samson, les Yéménites regardent la mort en face. Les chiites, qui appartiennent au courant zaïdite au sein du chiisme, sont considérés comme de proches alliés de l'Iran. Auparavant, ils ont tenu tête avec succès à l'Arabie saoudite et à l'Occident dans une guerre d'extermination qui a duré de 2015 à 2022 et qui a entraîné l'une des pires famines au monde. Aujourd'hui, ils combattent pratiquement tout l'Occident à la fois - et avec succès.

Les grandes compagnies maritimes occidentales telles que la danoise Maersk, la française CMA CGM et la compagnie pétrolière BP ont commencé à éviter le canal de Suez et à faire passer leur trafic par le Cap de Bonne Espérance. Le coût des assurances pour les navires faisant escale dans le port israélien d'Eilat a augmenté de 250%.

La consommation mondiale de pétrole a également augmenté massivement à la suite des attaques, car les routes commerciales se sont massivement allongées en passant par le Cap de Bonne Espérance. Alors que pendant longtemps, le seul risque d'échouage dû aux attaques des Houthis a poussé l'Occident à éviter la route du canal de Suez, le 28 février 2024, l'inévitable s'est produit : Le pétrolier Rubymar a été coulé pour la première fois, 21.000 tonnes d'engrais ont coulé au fond de la mer Rouge.

Même une mission militaire dirigée par les États-Unis n'a pas pu venir à bout de cette menace - ce qui accroît considérablement l'influence de l'Iran dans la région, mais aussi celle d'Ansar-Allah, qui est désormais considéré comme l'un des groupes de résistance islamique les plus puissants. Leur cri de guerre est : "Que l'Amérique crève ! Qu'Israël meure ! Maudits soient les Juifs ! Victoire à l'Islam !". En conséquence, les adeptes de Dieu - qui pratiquent un socialisme tribal islamique particulier, différent de l'islamisme hollywoodien de l'IS et de l'islam révolutionnaire de l'Iran - rejettent les offres de négociation de l'Occident après que l'administration Biden a repris la guerre contre Ansar-Allah, lancée par Donald Trump, et a de nouveau imposé des sanctions aux Yéménites affamés du nord du pays. En janvier de cette année, Biden a déclaré le groupe "terroriste mondial spécialement désigné".

Mais alors qu'un groupe de porte-avions américain protège Israël des drones et des missiles de croisière en provenance du nord du Yémen, les flottes de l'OTAN sont régulièrement prises pour cible par les armes yéménites. C'est là aussi que le manque d'aptitude à la guerre du pacte de l'Atlantique Nord devient évident : une frégate danoise a subi un dysfonctionnement dans sa lutte contre les drones des Houthis, deux marines américains sont morts en tentant d'intercepter une livraison d'armes iraniennes aux partisans de Dieu. Ces succès sont notamment rendus possibles par la masse de drones et de missiles tirés.

Au-delà de la mer Rouge

Les révolutionnaires conservateurs menacent même d'étendre la guerre : en plus de la mer Rouge, ils veulent menacer à l'avenir l'océan Indien et même le Cap de Bonne Espérance, qui sert de destination de repli à de nombreuses compagnies maritimes occidentales après le blocage du canal de Suez. Mais comment une milice tribale musulmane peut-elle agir à l'échelle mondiale et frapper le capitalisme en plein cœur?

Derrière elle se trouve l'Iran, qui soutient la lutte contre le libéralisme et le sionisme non seulement en Irak, au Liban et en Palestine, mais aussi au Yémen. Les soldats politico-religieux des Gardiens de la révolution exportent la révolution en formant les membres de l'axe de la résistance à l'utilisation de la technologie de pointe des drones et des missiles. De nombreux drones - comme le modèle Wa'id, similaire au Shahed 136 iranien (portée de 2500 km) - et des missiles de croisière permettent à Ansar-Allah de tirer non seulement sur Israël, mais aussi sur la navigation dans la Corne de l'Afrique.

Ansar Allah, – du jour au lendemain

Les Houthis sont ainsi devenus, quasiment du jour au lendemain, l'un des groupes de résistance les plus célèbres de la civilisation islamique, ce qui leur permet également de gagner un capital supplémentaire dans la guerre civile yéménite : La lutte contre Israël étant extrêmement populaire dans l'espace musulman, ils ont vu affluer 16.000 nouvelles recrues depuis décembre 2023. Ils pourraient les utiliser pour conquérir la côte sud et l'est du pays, riche en matières premières, où se trouvent d'importants gisements de pétrole et de gaz encore contrôlés par un gouvernement pro-occidental.

Dans leur propagande, les guerriers yéménites parlent de conquérir les territoires zaïdites d'Arabie saoudite ou même de prendre les villes saintes de l'islam, La Mecque et Médine. S'il s'agit pour l'instant d'un vœu pieux, n'oublions pas que la prise de contrôle de l'État yéménite était également impossible pour le groupe il y a encore dix ans. Le phénomène Ansar-Allah continuera donc de nous préoccuper à l'avenir. En effet, alors que le Hezbollah, bien plus connu, tente d'exercer un pouvoir sur l'État libanais, Ansar-Allah tente de contrôler l'État yéménite.

Alexander Markovics

L’Amérique est devenue folle

L’Amérique est devenue folle

• Portrait endiablé des USA à la sauce Kunstler, jamais découragé de  remettre en lumière l'exponentielleottise sottise contemporaine américaniste. • ‘Kunstler.com’ et ‘Monde Nouveau’ en français (traduction Nicolas Bonnal).

 « Regardez ce que tous ces patriarches blancs ont construit. Sans salaire. Pendant leur temps libre. Dans l’anonymat. » (Jordan Peterson sur TweeterX).

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Avant que les saints n’entrent en scène, les archétypes humains se pavanent sur l’avenue dans leurs costumes révélateurs. Savez-vous pourquoi les archétypes des femmes folles à lier du parti démocrate adorent « Joe Biden » ? Je vais vous le dire : parce qu’il représente parfaitement et exactement le « patriarcat » qu’elles vilipendent dans sa sénescence nettement comique. « Joe Biden » est le patriarcat handicapé, faible, incapable, impuissant et réduit à l’inanité. Il serait pitoyable si le patriarcat lui-même n’était pas aussi méprisable. C’est exactement l’image que veulent donner les femmes complètement folles.

Vous demandez-vous pourquoi les femmes « progressistes » (c’est-à-dire les folles à lier) de la classe d’élite semblent si peu préoccupées par le nombre ostensible de viols commis par les « nouveaux arrivants », comme on dit aujourd’hui des frontaliers illégaux, qui sont, pour un pourcentage écrasant, des « hommes en âge de servir dans l’armée » ? Parce que, ayant transformé les rangs des hommes américains en eunuques, elles se réjouissent de l’arrivée d’un grand nombre d’hommes sauvages et lubriques sur la scène, tant que — après les exploits imaginaires de viol du corps — ils peuvent être dominés et domestiqués et transformés en autant de nettoyeurs de piscine et de serveurs à qui l’on peut donner des ordres.

Bien entendu, une grande partie de ce psychodrame archétypal ne se joue que dans l’esprit de femmes complètement folles ; par souci de bienséance, il n’est jamais mis en scène. Les fantasmes obscurs et honteux sont plutôt déplacés sur Donald Trump, l’archétype du « Big Daddy » qui a si insolemment échappé aux ciseaux de castration d’Hillary Clinton — avec l’aide de l’archirappeur russe « Poutine » — et qui continue, comme Jason Voorhees, le tueur psychique de la série d’horreur Vendredi 13 (Qu’est-ce que c’est [1], mesdames ?), à s’en prendre aux femmes folles à lier.

La preuve que M. Trump est un violeur a finalement été formellement déclarée dans le procès en diffamation d’E. Jean Carroll. Elle est certifiée, voyez-vous, même si le procès lui-même n’était qu’un simulacre de performance. Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un groupe de personnages, y compris le juge, Lewis Kaplan, qui soient suffisamment dérangés et dégénérés pour réaliser la performance.

Le procureur général de l’État de New York, Letitia James, a ensuite tenté de castrer financièrement M. Trump grâce à une affaire civile habilement concoctée qui a transformé, comme par magie, une transaction immobilière normale en une fraude sans victime (quoi ?), incitant le juge Arthur Engoron, semblable au Nain Tracassin, à déclarer une amende sans précédent de 354 millions de dollars, destinée à permettre la confiscation et la vente forcée des immeubles de M. Trump.

Cela n’a pas encore tout à fait fonctionné, et pourrait ne jamais fonctionner, étant donné la façon dont les cours d’appel jusqu’au SCOTUS pourraient considérer les poursuites malveillantes basées sur la promesse de campagne répétée de Mme James de… mettre quelque chose sur le dos de Trump. Les « progressistes » complètement fous ont réussi à ne pas remarquer à quel point cette affaire était incompatible avec les précédents juridiques américains — parce qu’ils détenaient tous les leviers du pouvoir dans l’État de New York : le gouvernorat, le corps législatif et le bureau du procureur général, et que leur pouvoir de faire ce qu’ils voulaient était tout ce qui comptait.

Pour l’instant, le juge Juan Merchan préside l’affaire bidon du procureur de Manhattan, Alvin Bragg, concernant 34 délits d’écriture (pour lesquels la prescription est dépassée), transformés en crimes commis dans l’intention d’enfreindre une loi électorale fédérale (non précisée). Aux dernières nouvelles, les tribunaux de comté ne sont pas compétents en matière de droit fédéral, et plus particulièrement de droit fédéral non spécifié, ce qui revient à dire qu’il n’y a pas de droit du tout. La question que personne n’a posée ou à laquelle personne n’a répondu est la suivante : quelle est la faille dans notre système de jurisprudence qui permet à une affaire aussi insensée et absurde de se dérouler de manière aussi préjudiciable ? Je ne peux que supposer que c’est ce qui arrive lorsque l’éthique et les codes moraux sont brutalement éliminés de la culture plus large dont le droit n’est qu’une partie.

L’Homo sapiens est ainsi fait que les codes moraux dérivent généralement de la supervision des pères dans l’éducation des jeunes humains et, plus tard, lorsque les enfants deviennent des adultes, ces codes sont archétypiquement reproduits et appliqués par les hommes dans la matrice sociale plus large. Pourquoi ? Parce que cela exige un sens aigu des limites. Les limites sont l’essence même du « patriarcat ». Si vous retirez les hommes de la scène, ou si vous les castrez politiquement, vous êtes sûr de vous retrouver avec un problème pour distinguer le bien du mal. Il semblerait que nous soyons aujourd’hui soumis à la domination de femmes ayant des problèmes de limites et qui, pour une raison ou une autre, se sont rebellées contre leur père et ne s’en sont jamais remises. C’est une ironie particulière — jusqu’à présent inexpliquée par les hiérophantes de la théorie sociale — que plus le père était riche et avait du succès, plus il était détesté pour cela par sa progéniture féminine.

Le résultat de tout cela est le parti démocrate de notre époque, dirigé par des femmes complètement folles, effrayées par le sexe et ses conséquences (les bébés), paradoxalement soumises à des impulsions biologiques et incapables de trouver des partenaires convenables parmi les hommes qu’elles ont transformés en eunuques d’une sorte ou d’une autre ; pleines de ressentiment à l’égard des emplois de gestion ennuyeux qui ont remplacé les « emplois » anathématisés de la maternité ; remplies de rage et de fantasmes de vengeance qui, en raison de leurs problèmes de limites, se sont maintenant étendus à la volonté de détruire notre pays. C’est une vision peu engageante de ce qui nous est arrivé, mais elle est là, comme autant de viande sur la table.

Howard Kunstler


(1) En français dans le texte

Dostoïevski contre la Babylone occidentale…

Dostoïevski contre la Babylone occidentale…

Un voyage méconnu du maître russe se nomme Notes d’hiver sur des impressions d’été. Il évoque l’apogée de la civilisation bourgeoise et industrielle (vers 1860 donc) dans ses deux capitales, Londres et Paris.

Ici il ne s’agit pas comme dans Crocodile d’un conte fantastique et comique (voyez mon livre, que les roumains m’ont fait l’honneur de traduire et publier), mais d’un ensemble de réflexions face à la grande modernité. Les cibles de ce voyage sont donc surtout Londres et Paris, les deux capitales les plus avancées alors de cet occident modèle qui fonctionne en mode turbo maintenant, contre le monde (toujours…) et contre sa population toujours plus hébétée et « hallucinée » (Guénon).

Ce qui est clair c’est que la civilisation (l’anticivilisation de Guénon) est là : marchande, technique, mondialiste, fascinante, effrayante, babylonienne, apocalyptique. Et elle veut déjà refaire son homme à zéro façon Schwab :

« Mais, en revanche, quelle assurance avons-nous dans notre Vocation civilisatrice, de quelle façon hautaine résolvons-nous les questions, et quelles questions : Le sol n’existe pas, le peuple non plus, la nationalité est un certain système de contributions, I’âme, – tabula rasa, c’est une cire que l’on peut modeler pour en faire I’homme véritable, l’homme universel en général, I’homonculus ; il suffit de se servir des produits de la civilisation européenne et de lire deux ou trois livres. »

Le ton est sarcastique mais résume ce que nous vivons depuis deux siècles : le refus de l’homme, des peuples et des nationalités qui survivent tant bien que mal. Rappelons cette observation de Debord :

« Non seulement on fait croire aux assujettis qu’ils sont encore, pour l’essentiel, dans un monde que l’on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés. Il leur arrive de penser à une part de ce qu’ils ont supprimé, comme si c’était demeuré une réalité, et qui devrait rester présente dans leurs calculs. Ce retard ne se prolongera pas beaucoup. Qui a pu en faire tant sans peine ira forcément plus loin… »

Donnons la note des éditeurs pour les moins érudits de nos lecteurs (s’il en reste) :

« 1. Tabula rasa, expression de Locke (Essai sur l’entendement humain) et des philosophes empiristes: elle compare l’esprit humain avant l’expérience à une « tablette rase », sur laquelle rien n’est écrit. Les choses viennent s’y imprimer de l’Extérieur et ne sont pas innées, comme chez Descartes. 2. L’homonculus : dans la tradition folklorique, homme de taille réduite auquel alchimistes et Sorciers prétendaient pouvoir donner vie… »

Sur Locke relire De Maistre et Fukuyama qui malgré les sarcasmes dont il fait inutilement l’objet en a très bien parlé. La philo anglaise de l’époque est un social engineering destiné à fabriquer du bourgeois, explique tel quel notre petit maître sous-estimé et très mal lu (la différence entre des bourgeois US, euro, russe ou chinois, Alexandre Kojève – voyez mes textes – annonce qu’elle sera ténue aussi…).

Comme son admirateur Nietzsche, Dostoïevski comprend que notre civilisation déteste le petit peuple :

« Non, à présent je veux dire seulement ceci : l’article ne blâmait pas et ne maudissait pas uniquement les voiles légers, ne disait pas seulement que c’était un vestige de mœurs barbares, mais il critiquait la barbarie du peuple, la barbarie élémentaire, nationale, en l’opposant à la civilisation européenne de notre société de la plus haute noblesse. »

Idem chez Guénon dans ses aperçus : le peuple est un support plastique et initiatique, il garde toujours quelque chose du passé traditionnel, la classe moyenne fabriquée par l’État moderne jamais. Raison de cette rage à détruire partout et toujours les paysans.

La guerre des préjugés commence, et la caste occidentale veut toujours et partout imposer les siens :

« L’article raillait, l’article avait l’air d’ignorer que les accusateurs étaient peut-être mille fois pires et plus vils, que nous n’avons fait qu’échanger nos préjugés et nos des vilenies pour préjugés et des vilenies plus grandes. L’article faisait mine de ne pas s’apercevoir de nos propres préjugés et vilenies. »

Dostoïevski tape très fort sur le bourgeois. C’est l’homme uniforme de Fukuyama, la classe moyenne de Guénon, le philistin de Nietzsche, l’être moderne de Taine (pour qui le bourgeois a fleuri plus en France qu’ailleurs, à cause de l’Etat – on insiste) :

« Pourquoi regarde-t-il ayant l’air de dire: « Voilà, je ferai un peu de commerce dans ma boutique, aujourd’hui. Et si le Seigneur le permet, demain aussi, peut-être aussi après-demain, si le Seigneur veut bien m’accorder cette grâce… Eh bien, alors, alors, que je puisse mettre de côté quelque petite chose, et après moi le déluge. »

Le bourgeois dissimule les malheureux pauvres, ajoute notre voyageur :

« Pourquoi a-t-il fourré tous les pauvres dans un endroit quelconque et pourquoi assure-t-il qu’il n’y en a pas du tout? »

Surtout, il adore la presse et il croit tout ce que dit la presse et les journaux, les radios et les télés et les réseaux sociaux. Ecoutez bien :

« Pourquoi la littérature gouvernementale lui suffit-elle? Pourquoi a-t-il une envie furieuse de se persuader que ses journaux sont incorruptibles? Pourquoi consent-il à dépenser tant d’argent pour payer des espions? »

Oublions les espions, une vieille habitude anglo-saxonne ! Sur cette manie de la presse et cette intoxication, les grands esprits ont tout dit : Fichte, Thoreau, Balzac bien sûr, Léon Bloy, Drumont, Bernanos, Nietzsche encore. Je citerai toujours le début d’Anna Karénine p. 15) :

« Le journal que recevait Stépane Arcadiévitch était libéral sans être trop avancé, et d’une tendance qui convenait à la majorité du public. Quoique Oblonsky ne s’intéressât guère ni à la science, ni aux arts, ni à la politique, il ne s’en tenait pas moins très fermement aux opinions de son journal sur toutes ces questions, et ne changeait de manière de voir que lorsque la majorité du public en changeait. Pour mieux dire, ses opinions le quittaient d’elles-mêmes après lui être venues sans qu’il prît la peine de les choisir ; il les adoptait comme les formes de ses chapeaux et de ses redingotes, parce que tout le monde les portait, et, vivant dans une société où une certaine activité intellectuelle devient obligatoire avec l’âge, les opinions lui étaient aussi nécessaires que les chapeaux. »

On ajoute une dernière note tordante sur le bourgeois froncé décrit par notre auteur :

« Pourquoi n’ose-t-il souffler mot sur l’expédition du Mexique ? »

Oui, les expéditions punitives (Palestine, Yémen, Russie, Chine, Vietnam, Corée, Mali, Soudan, Cuba, Japon…), le bourgeois euro-américain ne s’en lasse et ne s’en lassera JAMAIS.

Mais continuons de voyager au gré des notes du plus rebelle et « flippant » des maîtres (un des rares écrivains de génie condamné à mort tout de même) ; nous arrivons à la fameuse et babylonienne exposition universelle :

« A Londres la même chose arrive, mais quelles larges images vous oppressent! Cette ville immense comme la qui s’agite jour et nuit, le bruit et le hurlement des machines, ces chemins de fer qui passent par-dessus les maisons (bientôt aussi en dessous), cette hardiesse d’entreprise, qui n’est en réalité que le degré le plus élevé de l’ordre bourgeois, cette Tamise empoisonnée, cet air saturé de charbon de terre, ces splendides Squares et ces parcs, ces terribles coins de la ville, tels que Whitechapel, avec sa population sauvage, à demi nue et affamée ; la cité avec ses millions et son commerce universel, le palais de cristal, l’Exposition, Oui, l’Exposition est étonnante. »

On ne retrouvera cette cruauté des traits que chez Jack London (les bas-fonds de Londres) et bien sûr chez Wilde (Dorian Gray est une parabole sur le Londres méphitique de Victoria-Rothschild et de l’aristocratie gay d’alors, parabole qui lui coûtera très cher).

Triomphe du capital mondialisé pétaradant et paradant :

« Vous sentez une force terrible, qui a réuni cette foule innombrable, venue de tous les points du monde en un seul troupeau ; vous sentez qu’ici il y a la victoire, le triomphe… »

Un mystérieux troupeau apparaît, celui de l’homme sans qualités qu’on réduit à l’état de bétail (voyez cette foule alignée avec ses smartphones devant l’Arc-de-Triomphe le soir du réveillon) devant la Babylone moderne enfin réalisée dans l’Angleterre biblico-marchande et puritaine de Milton, Cromwell et Rothschild :

« Vous paraissez même commencer à craindre quelque chose. Oui, si indépendant que vous soyez, vous commencez à craindre. Ceci ne serait-il pas l’idéal atteint? pensez-vous; n’est-ce pas la fin? Ne serait-ce pas « I’unique troupeau »? Ne faudrait-il pas I’accepter en effet comme vérité parfaite et se taire définitivement? Tout cela est si triomphant, si victorieux et si fier, que vous commencez à respirer avec peine. Vous regardez ces centaines de mille, ces millions d’hommes, qui y viennent humblement de toute la surface terrestre – des hommes venus avec une seule pensée, qui se tiennent silencieux et avec un calme entêtement, dans ce palais colossal, et vous sentez, que quelque chose de définitif s’est accompli, accompli et terminé. C’est comme une image biblique, quelque chose de Babylone, une prophétie de I’Apocalypse, qui s’accomplit devant vos yeux. »

Le maître ajoute même :

« Vous sentez qu’il faudrait énormément de résistance pour ne pas adorer Baal… »

Tiens, un peu d’Isaïe pour nous aider à comprendre (Isaïe, 60) :

« 9 Car les îles s’attendront à moi, et les navires de Tarsis [viennent] les premiers, pour apporter tes fils de loin, leur argent et leur or avec eux, au nom de l’Éternel, ton Dieu, et au Saint d’Israël, car il t’a glorifiée. 10 Et les fils de l’étranger bâtiront tes murs, et leurs rois te serviront. Car dans ma colère je t’ai frappée, mais dans ma faveur j’ai eu compassion de toi. 11 Et tes portes seront continuellement ouvertes (elles ne seront fermées ni de jour ni de nuit), pour que te soient apportées les richesses des nations, et pour que leurs rois te soient amenés. 12 Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront, et ces nations seront entièrement désolées. »

Et comme on est français et qu’on a parlé de Louis XIV et de Taine, on ajoutera ces lignes de Dostoïevski sur notre moliéresque bourgeois qui accouche depuis quatre siècles, devant des Sganarelle contrits et confits, de femmes savantes, précieuses ridicules, Orgon, pédants, Trissotin, Tartufe, dévots blindés, avares, médecins malgré eux, George Dandin, cocus électeurs et éternels contents, malades imaginaires et bourgeois gentilshommes mondialisés et vitaminés :

« D’ailleurs, il ne sait que très peu de l’univers en dehors de Paris. De plus, il ne tient pas savoir. C’est un trait commun à toute la nation et très caractéristique. Mais la particularité la plus caractéristique, – c’est l’éloquence. L’amour de l’éloquence vit toujours et augmente de plus en plus. J’aurais bien voulu savoir à quelle époque a commencé cet amour de l’éloquence en France. Certainement, le début principal date de Louis XIV. Il est remarquable qu’en France tout date de Louis XIV. Comment a-t-il fait pour prévaloir ainsi – je ne saurais le comprendre! Car il n’est pas de beaucoup supérieur aux rois précédents. Peut-être, parce qu’il a été le premier à dire: l’Etat, c’est moi. Cela a énormément plu, cela a fait tout le tour de l’Europe. Je pense que c’est par ce mot seul qu’il s’est rendu célèbre. »

Louis XIV comme date-charnière de la Fin de l’Histoire ? Baudrillard, Taine et Debord non plus ne sont pas loin de le penser. Fukuyama s’accroche justement à Hobbes et Locke, fabricants de bourgeois…

 

Sources :

Leur “drôle de guerre”

Leur “drôle de guerre”

19 avril 2024 (13H30) – Bon : tout le monde sait qu’Israël a riposté à la riposte iranienne et, par rapport aux hennissements et barrissements de jouissance destructrice et bien sanglante qui agitent en  général les plumes américanistes-occidentalistes gorgées de satisfaction d’elles-mêmes, je dirais que je tire l’approximative conclusion que ni les buts ni les résultats sont époustouflants ; non sans ajouter qu’il est fort possible que ni les buts ni les résultats recherchés n’ont nécessairement voulu être époustouflants, par prudence et pour tenter d’éviter un conflit trop voyant pour la campagne électorale de Joe Biden. Bref, l’Iran n’a pas été rasé ni réduit à l’âge de pierre. C’est là le point principal auquel je voudrais m’attarder.

Introduction faite, qu’on me permette un retour en en arrière. Hier, d’ailleurs, on en a déjà parlé, par exemple lorsque j’ai cité le nommé Ledeen. Un simple rappel, qui doit notamment indiquer la brutalité du propos puisque, en essence, Ledeen faisait un parallèle entre la campagne irakienne qui venait d’avoir lieu au printemps 2003 et celle qu’il proposait de poursuivre en Iran, dans le même style :

 « Il y a un peu moins d’une quinzaine d’années (on délimite cette période sur 2006-2008), s’ouvrit au large de l’Iran une longue séquence d’affrontement. Elle faisait partie des conceptions ‘neocons’ pour lesquels Bagdad était une étape acceptable, mais pour lesquels finalement, – selon une phrase  fameuse de Michael Ledeen , ‘neocon’ fameux pour ses innombrables chemins détournés, affaires tordues, constructions complexes et visions pleines de champs de différentes orientations, – homme pour qui, Ledeen,

» — Les vrais hommes ont pour plus sérieux et plus important objectif de conquérir Teheran. »

Quelle que fût l’absurdité de la remarque, à mettre en parallèle de conquête deux pays aussi différents en puissance que l’Irak et l’Iran (mais après tout, ces deux pays s’étaient affrontés pendant dix ans, en 1980-1990, avec l’Iran encore dans le désordre de sa révolution), la brutalité du propos était bel et bien là : l’attaque de l’Iran serait de même facture que celle de l’Irak, une attaque selon la tactique dite “Shock & Awe” (dite aussi “politique de l’idéologie et de l’instinct” d’une façon plus satisfaisante que les ronds-de-jambe de Wiki, renvoyant à notre concept de politiqueSystème).

C’est ainsi, comme rappelé hier, que les USA (les ‘neocons’ à la Maison-Blanche) envisageaient eux-mêmes une campagne, au grand dam de l’US Navy qui faisait traîner ses “porte-avions volants” dans de nombreuses escales sur le chemin de l’Océan Indien. Finalement, l’affaire n’eut pas lieu, car il n’y a rien de plus têtu, croyez-moi, qu’un marin qui a décidé faire manœuvrer son navire sur babord alors qu’on lui demande (ordre supérieur du pouvoir politique, – mais donc, qui est “seul maître à bord après Dieu ?”) de virer tribord.

Quoiqu’il en soit, dans mon esprit comme dans celui de nos grands esprits (pour Sarko, en août 2007, l’Iran était la crise la plus dramatique du siècle), l’Iran serait une tempête encore plus terrible que celle de l’Irak si elle avait lieu, et le pays littérairement réduit en cendres. Tout cela ne pouvait résulter fort bruyamment qu’au cours et à la suite d’une d’une campagne de quelques 4-5 jours du type “Shock & Awe” et on n’en parlerait plus.  Bien entendu, les Israéliens seraient de la fête et montreraient toute la grandeur de leur galopade humanisto-massacreuse censée emporter toute la région pour la mettre sous sa coupe, sous les applaudissements des ‘neocons’.

Eh bien... Pas du tout, n’est-ce pas ? La guerre Israël-Iran a bel et bien lieu, au contraire de celle de Troie de monsieur Jean Giraudoux, en ce moment, sous nos yeux, mais ce n’est pas du tout celle que l’on attendait. Rengainez vos déceptions et votre rancune, le destin est maître de nos diverses destinées c’est bien connu.

La tortue iranienne nous laissé sur place

Car en effet, et alors, s’est produit l’imprévisible, l’impensable, l’indicible : l’Iran, ce peuple si complètement arriéré sur nous de quelques millénaires d’empire, s’est mis au travail pour développer une exceptionnelle panoplie de missiles de diverses fonctions, de systèmes électroniques, de divers projets aériens, navals, terrestres et autres, puis à les produire avec brio et discrétion, à les amasser, à atteindre une superbe productivité, pour finalement tenir ses harceleurs civilisés sous des essaims et des vols terribles de menaces que nul n’attendait. La tortue, la garce, avait profité des saut de cabri du lapin, pour faire avancer ses pions.

Les forces américanistes en eurent un avant-goût après la liquidation de Soleimani qu’ils effectuèrent en janvier 2020 dans le plus pur style d’Al Capone, et ils se le tinrent pour dit, évacuant en vitesse et en catimini des dizaines et des dizaines de blessés recueillis dans leurs bases irakiennes frappés par les Iraniens vers les hôpitaux de Ramstein... Puis nous avons eu l’échange – attaque israélienne de l’ambassade iranienne à Damas, riposte notablement plus impressionnante que nous le dit notre presseSystème des Iraniens, puis à nouveau attaque israélienne contre l’Iran qui n’a rien pour réduire l’Iran en cendres.

Autrement dit, nous en sommes à une “guerre d’attrition” aérienne bien plus qu’aux performances olympiques des ‘neocon’, mais une “guerre d’attrition” où il est bien possible que les Iraniens nous présentent des capacités nouvelles et inattendues. Bien qu’il doute un peu des affirmations du ‘Financial Times’ selon lequel l’Iran et ses alliés ‘proxy’ sont installés sur des « dizaines de milliers de missiles et de drones divers » qui étoufferont totalement les capacités de défense israélienne, notamment en réserves de missiles de défense aérienne (syndrome ukrainien), Alexander Mercouris remarquait après le premier raid iranien sur Israël :

« Certainement, si ce que disent les Iraniens à propos des résultats de leur attaque, est vrai et nous en avons vu des photographies qui le suggèrent, alors les Iraniens ont démontré des capacités qui ne concernent pas l’Iran par rapport au seul Israël mais qui posent des questions d’une nature géopolitique qui devraient inquiéter Washington et les pays de l’Ouest collectif. »

Autrement dit, les Iraniens ont montré qu’ils ont des capacités, quoique d’une autre forme, au moins égales sinon supérieures à celles d’Israël, qui rendent la domination d’Israël sur la région absolument aléatoire et mettent même en question la capacité de forces extérieures (US) d’aider efficacement Israël. Mercouris songeait, à cet égard, au développement de missiles iraniens hypersoniques dont on sait qu’ils ne sont pas les amis des grandes porte-avions US d’attaque ; mais il pouvait aussi songer aux capacités de frappe iraniennes contre des centres  nucléaires israéliens, qui dispensent de la charge de la bombe dont Israël a une certaine quantité

Brusquement alors, la guerre avec l’Iran que nous envisagions depuis vingt ans, depuis trente ans, depuis près de cinquante pour certains (depuis la chute du Shah), par ‘proxyx’ interposés qu’on liquide ensuite (c’est plus sûr et ça peut rapporter gros), ou directement par soi-même comme Israël s’imagine en train de le faire, cette guerre-là prend une toute autre allure.

Que se passe-t-il ? Simplement que l’Iran nous apparaît soudain, après quelques engagements rapprochés qui en suivi d’autres, aussi différente que la Russie nous apparaît après deux ans d’Ukraine : capable de s’imposer dans une féroce guerre d’attrition et d’envisager ainsi la liquidation de la domination israélienne de cette grande région stratégique sans pour autant déclencher une crise universelle en appelant aux mannes de ce que les Russes nomment pour leur compte la Grande Guerre Patriotique.

... Et, pendant ce temps-là, pour ceux qui encore un peu de temps à perdre, imaginez ce que deviendrait Israël, avec l’un ou l’autre Premier ministre poursuivi par la justice, ses bandes d’extrémistes bibliques en marche pour remonter le temps, cette atmosphère de discorde civile que les fondements mêmes de cet État ont posés en n’étant justement pas un État selon les normes du concept.

Cela fait maintenant près de vingt ans que Netanyahou et ses bandes courent derrière une guerre contre l’Iran, qu’ils espèrent d’anéantissement final pour que la région tombe sous la domination absolue d’Israël en attendant le Messie. Il semble y être parvenu, – à la guerre, je veux dire, – et cela n’est pas exactement ce qu’il l’attendait qui l’attend. Les voies du Seigneur, – le vachard !, – sont vraiment impénétrables.

Dissection indiscrète des “Intouchables”

Dissection indiscrète des “Intouchables”

• L’opération iranienne contre Israël disséquée au scalpel : préparation, coordination, intervention, but des Iraniens. • Le résultat est habituel à ces derniers-temps : le suprémacisme de l’Ouest traîne un peu la patte : il faudra consulter.

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Voici un texte extrêmement technique sur les conditions techniques et opérationnelles de l’attaque iranienne sur Israël. Une fois de plus, – une habitude désormais pour des pays rangés pendant des décennies comme technologiquement sous-développés, – on observe une extrême sophistication de programmation et de coordination des différents systèmes, moyens et procédures utilisés. L’attaque a été construite, structurée et s’est déroulée selon une dynamique extrêmement précise. Les résultats recherchés étaient à la fois symboliques, opérationnels et de renseignement.

Les jugements varient mais para rapport à la réputation éclatante des forces israéliennes et à la discrétion bien pensée des Iraniens, on penserait plutôt à un succès. Psychologiquement selon l’opérationnalité de la chose, l’Iran est désormais un gros problème pour Israël (et éventuellement les USA) alors qu’auparavant l’évaluation étant qu’“on y était comme dans du beurre”... De l’inconvénient du suprémacisme.

L’auteur est Shivan Mahendrarajah (sur ‘Spirit of Free Speech, le 17 avril 2024), dont on nous dit ceci :

« Shivan Mahendrarajah est membre de la Royal Historical Society (UK). Il a étudié à l'université de Columbia et a obtenu son doctorat en histoire du Moyen-Orient et de l'Islam à l'université de Cambridge. Shivan est l'auteur d'articles d'histoire évalués par des pairs sur l'islam, l'Iran et l'Afghanistan, sur la contre-insurrection, sur Al-Qaʿida et les mouvements talibans d'Afghanistan et du Pakistan. »

Le résultat général de l’opération est bien compréhensible : c’est toute l’organisation et la cartographie d’Israël qui ont dû intervenir et se découvrir par  prudence, en défense du territoire. Les techniques de démasquage de l’adversaire sont nettement inspirées des méthodes mises au point par les Russes en Ukraine (dont on emploie certaines des expressions forgées ces deux dernières années), dans la façon de conduire la guerre, d’animer la tactique et la stratégie selon des conceptions à long terme, en joueurs d’échec bien plus qu’en “cogneurs” de poker à Vegas.

Ce sont des méthodes inédites pour les américanistes-occidentalistes qui pensent en général avec leurs épaules qui roulent. Il faudra qu’ils s’y fassent, très-très vite et très-très efficacement s’ils ne veulent pas tout perdre, car dans ce cadre leur suprémacisme s’avère être de l’ordre du simulacre très fragile plus que des vers de Shakespeare.

dde.org

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Visite à la défense antiaérienne israélienne

Les récentes frappes militaires de l'Iran ont pointé les faiblesses des systèmes de défense aérienne “perfectionnés” d'Israël, renversant les hypothèses sur leur invulnérabilité tout en mettant en évidence le pivot stratégique de Téhéran, qui passe de la “patience” à la “dissuasion active”.

Dans le film Les Intouchables, une scène montre qu'un membre de l'équipe fédérale d'enquête dite des “intouchables” est tué dans un ascenseur. Les assassins laissent un message effrayant écrit avec du sang : “Touchable”.

Cette scène reflète essentiellement une déclaration faite par la force aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (IRGC/A) les 13 et 14 avril, démontrant que même les défenses aériennes bien protégées, comme celles d'Israël et les systèmes similaires utilisés par les États-Unis dans le golfe Persique, sont en fait vulnérables.

Jusqu'à présent, le concept de patience stratégique pratiqué par la République islamique était souvent considéré par ses adversaires comme une simple rhétorique. Toutefois, le passage récent de la dissuasion passive à la dissuasion active par l'Iran témoigne d'une évolution stratégique qu'il convient de replacer dans son contexte.

“Patience stratégique” et grande stratégie

La politique étrangère de Téhéran s'appuie aujourd'hui sur ce que l'on appelle la rationalité politique, s'éloignant ainsi des politiques idéologiques du passé. De cette rationalité émerge une grande stratégie globale qui fait appel à toutes les facettes du pouvoir de l'État - diplomatique, technologique, industriel, économique et militaire - pour atteindre les objectifs politiques supérieurs de l'Iran.

Cette grande stratégie à multiples facettes a été façonnée par plusieurs événements historiques marquants qui ont influencé de manière indélébile les stratégies de Téhéran. Tout d'abord, la traumatisante guerre Iran-Irak (1980-1988) - communément appelée en Iran la “guerre imposée” - qui a profondément marqué les esprits par l'ampleur de sa brutalité, notamment par l'utilisation d'armes chimiques par l'Irak et par la guerre urbaine et de tranchées qui a dévasté les deux peuples. Deuxièmement, la scène géopolitique post-2002 définie par le discours de l'ancien président américain George W. Bush sur “l'axe du mal” et les postures agressives adoptées par la suite par les responsables américains à l'égard de l'Iran, qui ont souvent présenté ce pays comme le principal acteur malveillant menaçant la sécurité mondiale.

Les Iraniens étaient motivés sur le plan existentiel pour “ne plus jamais” subir le degré de vulnérabilité vécu pendant la guerre Iran-Irak. Ils ont décidé d'y parvenir sur les fronts militaire et stratégique. La première étape a consisté à développer une industrie nationale de l'armement afin qu'à l'avenir, l'Iran puisse se battre seul. Il est impressionnant de constater qu'en l'espace de quelques décennies, les remarquables programmes de drones et de missiles du pays ont été pleinement opérationnels et approvisionnés.

Sur le plan stratégique, l'Iran a cherché à maintenir les conflits loin de ses frontières, en adoptant une stratégie de “zone interdite”, ou ce que certains appelleraient l'établissement d'une “profondeur stratégique”. Cette stratégie s'est fortement concentrée sur la diplomatie et le commerce, des outils de soft power permettant de nouer des relations positives avec les voisins directs et plus éloignés.

La notion de profondeur stratégique a également été mise en œuvre parallèlement aux objectifs de production militaire de l'Iran, en développant des capacités de neutralisation de menaces à distance, en interdisant effectivement tout accès à l'ennemi dans un rayon de 2 000 kilomètres autour du centre de l'Iran, grâce à une combinaison de missiles, de drones, de guerre électronique et de défense antiaérienne.

L'objectif est de frapper de manière préventive les menaces potentielles en mer Rouge et en Méditerranée orientale, en dissuadant les ennemis avant qu'ils ne puissent constituer une menace directe pour le sol iranien.

Passage à la “dissuasion active”

Le Corps des gardiens de la révolution iranienne a toutefois eu besoin de beaucoup de temps pour développer, tester et accumuler les stocks de drones, de missiles et de bombes souhaités dans ses “villes de missiles” souterraines réparties sur l'ensemble du territoire iranien. La période de “patience stratégique” de ces dernières décennies a donc été cruciale pour Téhéran, en particulier pendant les années Bush.

Mais le 1er avril 2024, les bénéfices de cette période de préparation sont clairement perceptibles après qu'Israël a effectivement déclaré la guerre à l'Iran en prenant pour cible son consulat à Damas.

Dans un récent message sur X, Mahdi Mohammadi, un éminent responsable de la défense iranienne, a déclaré

« Pour tout acteur rationnel vient le moment où les calculs coûts-bénéfices se transforment soudainement et où les stratégies sont réécrites à partir de zéro. Pour l'Iran, l'attaque de Damas a marqué cette étape. »

En effet, Téhéran a pu passer de la “patience stratégique” à la “dissuasion active”parce que le CGRI était enfin prêt.

Reconnaissance en force

Les rapports sur les différents types de drones et de missiles lancés par le CGRI sont contradictoires. Les affirmations selon lesquelles des centaines de drones et de missiles ont été lancés sont probablement exagérées. Compte tenu des objectifs militaires de l'Iran cette nuit-là, l'utilisation de “centaines” de projectiles était tout simplement superflue.

Ce qui est vrai, c'est que le légendaire drone “suicide” Shahed-136 a été utilisé, ainsi que sans doute quatre modèles de missiles balistiques à moyenne portée (MRBM), en plus du missile de croisière Paveh. Les cibles, par ordre d'importance, étaient les suivantes :

Tout d'abord, la base de renseignement du Mont Hermon, sur le plateau du Golan occupé (33°19’00.3” N 35°48’ 22.6” E), touchée par des missiles Paveh - mais compte tenu de son emplacement isolé, aucune image n'est disponible en ligne.

La deuxième base aérienne est celle de Ramon (30°46’ 06.6” N 34°40’ 24.0” E). La nuit ayant été claire, il existe des preuves photographiques et vidéo indépendantes, prises sous différents angles, de l'impact de plusieurs missiles du Corps des gardiens de la révolution et de l'armée israélienne sur le site.

Troisièmement, la base aérienne de Nevatim (31°11’ 37.3” N 35°01’18.7” E), dont l'armée israélienne admet qu’elle a subi des dégâts mineurs et dont elle a publié quelques images satellite.

Le raid du CGRI, bien qu'il ait touché trois cibles préétablies, était principalement une opération de reconnaissance en force (RIF), qui est essentiellement une tactique militaire employée par un adversaire pour acquérir des renseignements en utilisant une force considérable, mais non décisive.

Le raid aérien iranien a contraint les Israéliens à exposer leurs forces et leurs faiblesses, ce qui se produit lorsque les systèmes de défense aérienne (DA) “activent” leurs capteurs électroniques, déclenchent la guerre électronique (pour brouiller ou paralyser les missiles et les drones) et lancent des missiles d'interception pour abattre les cibles entrantes.

Il est courant que des engins aériens sans pilote (UAV ou drones) de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) suivent les drones d'attaque - tout en restant à distance - pour surveiller le champ de bataille et filmer, photographier et recueillir des renseignements électroniques. Si tel a été le cas, et si les drones ISR ont capturé des données malgré les efforts intensifs de brouillage déployés par les Israéliens, cela a permis au CGRI/A de dresser une carte détaillée des positions de la défense aérienne israélienne en vue de futures frappes.

Quoi qu'il en soit, le CGRI/A dispose manifestement d'informations fiables sur les capacités et le système de défense aérienne israélien. Bien qu’Israël et ses alliés (États-Unis, Royaume-Uni, France et Jordanie) aient déjà été en état d'alerte cette nuit-là, et que des renseignements aient été rapidement fournis par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les missiles iraniens ont réussi à frapper les cibles du Mont Hermon, de Ramon et de Nevatim.

Défenses d'Israël exposées

L'armée israélienne dispose d'un système de défense aérienne comprenant l’Iron Dome, Arrow, David's Sling, Patriot, etc. Ce système est alimenté par les données d'un système radar américain avancé situé à Har Qeren, dans le désert du Néguev.

Sa mission, comme l'a expliqué l'ancien inspecteur en désarmement de l'ONU Scott Ritter sur X

« est de détecter les lancements de missiles iraniens et de transmettre des données de ciblage aux batteries israéliennes Arrow et David's Sling et aux batteries américaines THAAD ABM déployées pour protéger les sites israéliens sensibles, notamment Dimona et les bases aériennes de Nevatim et de Ramon. »

Il est clair que le système israélien de pointe n'a pas réussi à protéger Nevatim et Ramon. Cette dernière est l'une des plus grandes bases aériennes d'Israël et abrite des avions de chasse F-35l Adir, des chasseurs furtifs, des transporteurs, des avions-citernes et des avions de reconnaissance, ainsi que l'Air Force One d'Israël, réservé aux deux principaux dirigeants politiques du pays.

Nevatim est donc défendu par le bouclier antimissile le plus perfectionné au monde, spécialement conçu pour se protéger contre la menace des missiles iraniens.

Le CGRI/A a utilisé un mélange stratégique de drones comme “appâts” et de missiles dotés de contre-mesures intégrées telles que des leurres et des pièges pour pénétrer la défense aérienne d'Israël.

Malgré l'utilisation d'anciens modèles de missiles MRBM tels que Ghadr, Emad et Dezful, aux côtés de l'un de ses missiles les plus récents et les plus sophistiqués, le Kheibar Shekan, et malgré le nombre limité de missiles tirés (environ 30 à 40 projectiles), la majorité des missiles iraniens ont atteint avec succès les cibles prévues.

Et ce, alors même qu'Israël et ses alliés lançaient des centaines d'intercepteurs - pour un coût estimé entre 1,1 et 1,3 milliard de dollars en l'espace de quelques heures. Mais le coût est le cadet des soucis de Tel-Aviv : la disponibilité d'intercepteurs supplémentaires est, et restera toujours, sa principale préoccupation.

Cette situation est comparable aux difficultés rencontrées par l'Ukraine, qui a épuisé ses intercepteurs de défense aérienne. Une campagne soutenue de raids du CGRI/A pourrait également épuiser les stocks d'intercepteurs israéliens, en particulier si les États-Unis doivent conserver leurs propres réserves.

Bases américaines en alerte

Le succès de l'opération “Truthful Promise” de l'Iran est en partie dû à l'alerte maximale déclenchée par Israël à la suite de l'avertissement judicieux lancé par l'Iran aux pays voisins 72 heures avant l'opération. Fait notable, les membres de l'axe de la résistance, comme Ansarallah au Yémen et le Hezbollah au Liban, n'ont pas participé à l'attaque, une initiative stratégique iranienne comme l'indiquent les déclarations du leader Ali Khamenei selon lesquelles Israël « sera sanctionné par nos hommes courageux. »

Les implications de l'après-13 avril pour la sécurité régionale sont considérables. Si d'autres forces alliées de l'Axe de la Résistance devaient se coordonner avec le CGRI/A dans le cadre d'une offensive prolongée, le système de défense aérienne d'Israël pourrait être mis à rude épreuve.

Si la défense aérienne d'Israël peut être comparée à un épais manteau pourtant pénétré par le CGRI/A, la défense aérienne des bases américaines en Syrie, en Irak et dans les États du golfe Persique n'est qu'un mince tissu fragile. Tout conflit direct entre les États-Unis et l'Iran pourrait exposer les bases américaines à de graves attaques, ces sites militaires risquant d'être submergés et les troupes américaines exposées à de graves dangers.

Le message : “touchable”

L'opération aérienne menée par l'Iran le week-end dernier a envoyé un message clair sur la pénétrabilité des systèmes de défense aérienne sophistiqués, suscitant l'inquiétude des professionnels israéliens et américains du renseignement et de l'armée.

Le CGRI a frappé avec une grande précision - et s'est même bien moqué des Forces de défense israéliennes - en larguant des ogives sur la piscine et le centre de loisirs des officiers à Nevatim. Le message était le suivant : si vous ne faites pas marche arrière, nous pouvons infliger de sérieux dégâts.

Il n'est pas certain que cela se traduise par une réévaluation stratégique et un réel effort de désescalade, malgré l'ingéniosité tactique dont a fait preuve le CGRI/A qu'un analyste américain a qualifiée de « chef-d'œuvre ».

Stratégies d’avenir

Stratégies d’avenir

17-04-2024 (20H25) – Il y a un peu moins d’une quinzaine d’années (on délimite cette période sur 2006-2008), s’ouvrit au large de l’Iran une longue séquence d’affrontement. Elle faisait partie des conceptions ‘neocons’ pour lesquels Bagdad était une étape acceptable, mais pour lesquels finalement, – selon une phrase  fameuse de Michael Ledeen , ‘neocon’ fameux pour ses innombrables chemins détournés, affaires tordues, constructions complexes et visions pleines de champs de différentes orientations, – homme pour qui, Ledeen,

« les vrais hommes ont pour plus sérieux et plus important objectif de conquérir Teheran ».

Ledeen n’était certainement pas le plus insupportable des ‘neocon’, parce qu’évitant de l’être de façon excessive dans certains nombres de cas, et parfois même avec des échappées originales (lorsqu’il travailla avec les Italiens dans des entreprises aveugles où l’aveuglement ‘neocon’ n’était pas requis) ; mais pour le cas qui nous occupe, c’est bien ce qui nous occupe...

A cette époque (citation ici d’avril 2007) les ‘neocon’, toujours si parfaits dans leur rôle d’idiots sans faille, faisaient pression pour que l’U.S. Navy attaque l’Iran, si nécessaire et même si possible  avec des armes nucléaires ; cela suscita des bruits sur l’éventuelles démissions de cinq amiraux (et généraux) puis d’une dizaine si cette idée était seulement examinée...  Les secrétaires à la défense (Rumsfeld jusqu’en novembre 2006, puis Robert Gates) soutenaient plus ou moins discrètement ces diverses rumeurs et leur amiraux.

« La question de la position, voire du “moral” des chefs militaires par rapport aux diverses entreprises bellicistes de l’administration GW est un sujet aujourd’hui classique. Il n’a jamais été aussi insistant et dramatique qu’avec la possibilité d’une attaque de l’Iran. On a déjà lu qu’un analyste et commentateur aussi réputé que William S. Lind recommande rien moins qu’une sorte de “putsch” des chefs d’état-major pour tenter d’empêcher une telle attaque.

» Le Sunday Times donne des échos du climat actuel chez les généraux et amiraux US. L’image est dramatique. Dans l'article qu'il publie aujourd'hui, le journal signale qu’au moins cinq généraux et amiraux sont prêts à démissionner en cas d’attaque. Cette idée même est, sans aucun doute dans ces circonstances et avec cette publicité, sans précédent dans l'histoire militaire des Etats-Unis. [...]

» Une autre précision intéressante du texte est l’interprétation de la position [du secrétaire à la défense] de Gates, qui ne cesse de répéter que les USA ne vont pas attaquer l’Iran. La précision ci-après, rapportée par l’article, fait de Gates un “complice” objectif des chefs militaires, et plus que jamais un “représentant” des modérés du groupe Baker-ISG (dont Gates a fait lui-même partie) “planté” au sein de l’administration :

» “Robert Gates, le secrétaire à la défenses, a répété à plusieurs reprises son opposition à une attaque contre l’Iran et il est présenté comme représentant le point de vue des chefs militaires.” »

Il y eut, pendant deux ans, un grand affrontement à Washington entre les partisans et les adversaires d’une attaque massive contre l’Iran. Les principaux adversaires d’une telle attaque furent le ministre Gates et l’US Navy, avec les amiraux Mullen (président du JCS) et Fallon (commandant les forces US de Central Command, dont fait partie l’Iran. Seymour Hersh donna (le 30 juin 2008) un récit impeccable de cet épisode 2006-2008. C’est à cet épisode que nous faisions allusion hier :

« Un point essentiel doit être mis en évidence : la démonstration de la faiblesse militaire des États-Unis. En temps normal, – par exemple, pour prendre le dernier exemple en date, en 2006-2008, – les USA menaient la danse. C’était leur puissance qui réglait l’évolution de la crise, et leur puissance qui était notamment représentée par la présence de trois groupes de porte-avions d’attaque directement face aux côtes iraniennes, en position d’attaque. »

Désert des généraux stratégiques

L’extrait ci-dessus, qui nous semble venir d’un autre monde, avait figuré dans notre texte d’hier pour illustrer l’effondrement de la puissance US. Mais ce qui est également remarquable, c’est l’absence complète de dirigeants, militaires (dans ce cas comme il y a absence complète de dirigeants civils d’envergure et d’influence), capables d’affirmer quelque autorité et quelque influence, sinon quelque finesse, dans ce domaine des guerres et des risques de guerre (voyez des généraux comme un Ben Hodges et ses compagnons de l’OTAN, absolument ignares et stupides, y compris sur les plateaux TV).

On notera aussitôt, – remarquable également, et ce n’est pas la moindre ironie, – l’absence complète de de ‘neocon’ ayant assez de poids (comme Perle, Wolfowitz, etc., Cheney bien entendu) pour espérer déclencher, comme ils firent en Irak et en Afghanistan, l’un ou l’autre de ces conflits dont ils rêvent ; à cet égard, la lignée Kagan qui voudrait bien jouer ce rôle semble être tombée dans la même voie de l’impuissance à force de la répétition des mêmes sottises-simulacres, jusqu’à une Nuland qui parvient à se faire balancer... Leur réussite apocalyptique en Ukraine et en Iran laisse énormément à désirer.

Ce désert extraordinaire de personnalités d’envergure est bien la marque des paroxysmes de crise que nous vivons quotidiennement, et notamment celui d’Israël-Iran-USA. Il n’y a aujourd’hui aucun officier général US de l’envergure d’un Mullen ou d’un Fallon, c’est-à-dire avec quelque chose à dire qui sorte des domaines de l’antiracisme, du transgenrisme, du féminisme et du transgenrisme en général, – ou bien du F-35 puisqu’on en parle depuis 1995 en le faisant voler le moins possible. On peut relire en mesurant l’engagement intellectuel de cet officier une interview d’un Fallon au ‘Financial Times’, fustigeant comme d’une extrême stupidité l’idée d’une attaque de l’Iran, contre le conformisme des “idées” autour de Cheney à la Maison-Blanche.

Note de PhG-Bis : « On ne va pas trop insister là-dessus tant c’est l’évidence mais il est bien entendu, comme la rappelle PhG, que nous parlons des “élites” américanistes-occidentalistes. La situation est complètement différente “de l’autre côté”, quoi qu’on ait des difficultés à la définir. Mais la façon dont ils interviennent (les Russes en Syrie et en Ukraine, les Iraniens et les Houthis dans leurs manœuvres si habiles, si on les compare aux exploits des Israéliens disons) montre que leurs généraux et leurs équivalents en chefs militaires savent faire leur métier sans trop s’attarder aux plateaux-TV et à l’inclusivité de leurs forces. Quant aux propagandistes, – ici encore, les Israéliens, – ils arrivent à se faire prendre la main dans le sac pour avoir affirmé que les Saoudiens les avaient aidé contre les Iraniens, et se voir démentis le lendemain par les susdits Saoudiens. »

Nullité stratégique totale

Cette nullité totale de nos élites militaires américanistes-occidentalistes hors du service (les bons s’en vont le plus vite possible pour monter leurs sites subversifs) correspond parfaitement à la nullité des élites civiles pour la direction politique (toujours américanistes-occidentalistes). Cette commune nullité constitue finalement des arguments pour au moins trois voies paradoxales.

• L’impossibilité totale de redresser la situation, y compris aux seuls niveaux de l’ingénieurerie et de l’organisation industrielle. Les chefs militaires ont découvert grâce à l’Ukraine que les canons devaient être présents en grand nombre sur le terrain en cas de guerre, qu’ils tiraient des obus et qu’il fallait fabriquer des obus. Cette exceptionnelle trouvaille devrait déclencher un processus bureaucratique qu’on nomme “industrie de guerre” qui devrait se mettre en place dans quelques dizaines d’années et permettre effectivement d’envisager des plans de déploiement de canons sur la ligne de front, en nombre suffisant d’ici 2060-2070.

• L’impuissance complète de trouver des tactiques nouvelles et originales s’adaptant aux nouveaux types de conflits. C’est un aspect important de la situation, commençant par des difficultés de traduction des échanges parlés entre adversaires, des recherches d’authentification de sectes de type-Houthis, et autres préparations à l’intervention. Ensuite, il faut faire étudier par les théoriciens des Écoles de Guerre en quoi ces tactiques hors-normes répondent aux exigences diverses concernant le sexe, le genre, le style d’habillement et les coloris divers (si possible arc-en-ciel) des uniformes de camouflages à faire développer pour des évolutions discrètes et efficaces dans les champs, les collines, les montagnes et les acsensions difficiles des sommets neigeux.

• Enfin, une même “impuissance totale” à se risquer vers des responsabilités qu’on leur a décrites comme énorme et totalement épouvantables pour aller vers des conflits du plus haut niveau. Et bien entendu, d’évoquer le nucléaire, dont nul ne doit parler ni ne jamais employer et dont tout le monde ne sait comment l’employer, à pourquoi la fin des fins ! (Ni même comment ne pas l’employer, d’ailleurs...) Eh bien, et pourtant c’est si simple : il faudra s’en remettre à l’intelligence artificielle.

« Des événements précédemment documentés, tels que le système Gemini AI de Google et Firefly d’Adobe affichant des préjugés discriminatoires à l’égard des Blancs, soulignent les préoccupations exprimées dans la déclaration commune. Plus tôt cette année, des simulations de guerre ont été réalisées avec des modèles de langage étendus (LLM) d’IA, tels que ChatGPT d’OpenAI, et ont révélé que les programmes avaient tendance à transformer les conflits en guerre nucléaire. »

C’est ainsi que naissent les nouvelles formes de guerre... Ainsi comprenez-vous ce qui s’est passé entre Israël et l’Iran ? Les Israéliens, eux-mêmes non encore calibrés IA, jugèrent les Iraniens bien trop stupides pour passer la main à l’IA.

Cinq récits pour les cancres

Cinq récits pour les cancres

 Je ne sais pas si je peux en faire plus ! Je publie des articles dans lesquels je m'efforce d'énoncer ce que je perçois comme des vérités évidentes, et le résultat est soit le silence, soit un faible écho d'un récit médiatique. Je donne des interviews dans lesquelles j'essaie d'exposer ce que je vois se passer dans le monde de la manière la plus simple et la plus succincte possible, et je me retrouve assailli par d'autres récits médiatiques. Me jeter sur un mur d'ignorance volontaire et d'auto-illusion ne semble pas fonctionner, alors laissez-moi essayer quelque chose d'autre. Voici mes cinq principaux récits médiatiques occidentaux. J'espère qu'elles vous plairont.

 Récit 1 : L'Ukraine lutte vaillamment contre l'invasion russe

La Russie n'a pas envahi le pays ; elle est intervenue pour mettre fin à un génocide perpétré par le régime ukrainien contre sa propre population dans l'est du pays.

L'armée ukrainienne a déjà perdu face à la Russie et l'Ukraine n'existe plus en tant que nation. Elle a perdu plus d'un million de soldats, un cinquième de son territoire et la moitié de sa population. Ses données démographiques sont si désastreuses qu'elles ne laissent pas de place à la discussion.

Le fait que les troupes russes n'aient pas occupé la totalité de l'ancien territoire ukrainien n'a rien à voir avec la question : pourquoi devraient-elles se précipiter (dans le cas des parties que la Russie voudra, comme Odessa et Kiev) ou se donner la peine (dans le cas des parties qu'elle ne voudra probablement jamais, comme Lvov) ?

Récit 2 : Il faut une paix négociée en Ukraine

Il n'y aura pas de négociations entre la Russie et l'ancienne Ukraine ou entre la Russie et quiconque concernant l'ancienne Ukraine. Cela a déjà été tenté : il y a eu les accords de Minsk, qui, de l'aveu même des responsables européens, n'étaient que des manœuvres dilatoires. Il y a eu l'accord d'Istanbul, annulé par Boris Johnson sur ordre de l'équipe de la Maison Blanche.

En outre, les négociations nécessitent un partenaire de négociation, et les responsables ukrainiens, après avoir passé plus d'une décennie à tuer et à mutiler des civils, à la fois dans l'est de leur propre territoire et plus tard en Russie, ne sont plus des partenaires de négociation convenables parce qu'ils sont des terroristes. Négocier avec des terroristes est généralement une mauvaise idée ; il est bien plus approprié de les tuer.

Les responsables ukrainiens peuvent soit mourir (comme cela s'est parfois produit au cours de l'histoire), soit s'enfuir (comme cela s'est produit plus souvent), soit se rendre et être pendus par le cou dans un lieu public (ce qui serait le plus traditionnel).

Le 9 avril 2024, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.

Un week-end de détente kafkaïenne

Un week-end de détente kafkaïenne

• Retour sur cette “étrange” affaire de la riposte iranienne à l’attaque israélienne contre l’ambassade iranienne de Damas..• Tant de choses y sont étranges ! • Les analyses les plus contradictoires s’y croisent et s’entrecroisent dans un affrontement qu’on annonçait  (certainement, dans les années 2006-2008)  comme le déclenchement de la Troisième dernière. • Au contraire, le désordre et l’incompréhension ont dominé, avec des arrière-plans mystérieux (voir le texte de Dimitri Balik). • Une seule certitude : l’impuissance  de la puissance US.

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Il est vraiment très difficile de déterminer lequel,  par exemple du porte-parole de la Maison-Blanche (section stratégie) l’amiral Kirby, ou du secrétaire au Foreign Office (UK) Lord Cameron, suscite le plus la nausée dans leurs réponses sur la dernière fiesta du Moyen-Orient. (Macron étant hors-concours, catégorie clown.) Cela, c’est le côté “détente” du week-end.

Côté opérationnel, on retiendra l’excellente expression employée par Dimitri Balik, de la Douma de la Fédération Russe pour décrire l’événement dans le texte qu’on retrouve plus bas : “Beautiful Theatrical Production” (“superbe production théâtrale”). Cela revient effectivement à saisir l’organisation de la mise en scène avec l’active coopération des trois principaux acteurs, – les Iraniens, les américanistes, les Israéliens, – avec une nomination spéciale des premiers qui ont joliment tiré leur épingle du jeu, les deux autres soufflant péniblement pour suivre le rythme puisqu’il s’agissait de faire croire au monde entier haletant que nous frôlions la Troisième dernière.

Enfin, si l’on veut être sérieux au milieu de cette pantalonnade grotesque qui nous était offerte, on pourrait écouter l’analyse judicieuse de l’ancien diplomate italien, conseiller des premiers ministres Brodi et Berlusconi, le Dr.Marco Cornelos, qui résumait son propos par cette phrase lapidaire dont la brièveté répond sans aucun doute à la justesse :

« Les États-Unis n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes »

Carnelos explique ainsi expliquent ainsi comment les États-Unis se trouvent dans une remarquable impasse stratégique qu’ils ont eux-mêmes mise en place.

« Les États-Unis se trouvent toujours dans des situations compliquées et la plupart du temps, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. L’administration Biden continuera de tenter un équilibre assez difficile entre la nécessité d’éviter une escalade et son “engagement sans faille” envers la sécurité d’Israël, ce qui dans certains cas est complètement contradictoire dans les termes.

»  Cela devient un cercle de plus en plus vicieux à résoudre, surtout dans une année électorale difficile et très polarisée. Les États-Unis ont besoin de gagner du temps jusqu’en novembre, [mais] sommes-nous si sûrs que tous les autres acteurs sont désireux de vendre du temps à Washington ? »

Carnelos pense qu’Israël, pour ne pas en rester là, pourrait faire intervenir des mandatures régionaux contre l’Iran puisque, de lui-même, il est tenu par ses engagements vis-à-vis des USA. Ces mandataires sont loin d’être aussi efficaces que ceux de l’Iran et, de la sorte, une « une telle mesure pourrait se retourner contre eux », car même une escalade où Israël affirmerait qu’il ne joue aucun rôle serait extrêmement désagréable pour les États-Unis et pourrait entraîner des tensions graves USA-Israël.

Où est-on, alors ? Carnelos juge que la situation favorise considérablement l’Iran...

« La balle est désormais dans le camp israélien en ce qui concerne la suite des événements. L’Iran n’a pas d’autres mesures à envisager, il peut attendre et voir, se contentant d’élaborer des plans d’urgence pour des situations de tension brutale. »

Surtout, il souligne ce point opérationnel d’une extrême importance pour un éventuel conflit : Israël s’est complètement découvert durant cette séquence, par volonté d’en imposer et d’affirmer la puissance qu’il a toujours brandie comme sans équivalent au Moyen-Orient :

« Les frappes du week-end ont donné à Téhéran une carte complète et très détaillée des capacités de défense israéliennes, de leur rythme d’action et de leur réserve d’action, de leurs capacités et de leur temps de réaction. C’est du renseignement opérationnel au plus haut niveau. »

Flottement dans la flotte

Les effets consécutifs à l’attaque du week-end sont un réel flottement, tant du côté américaniste que du côté israélien.  L’administration Biden se trouve plus que jamais confrontée à la nécessité de freiner la volonté des Israéliens d’avancer le plus possible, de frapper de plus en plus fort, tout en maintenant la fiction de la responsabilité iranienne dans la situation. Cela doit être réalisé en tenant compte de l’opinion publique US et surtout de la très grave fracture qui ne cesse de s’élargir et de s’approfondir au sein du parti démocrate.

Du côté israélien, les adversaires de Netanyahou au sein de son cabinet, – et il n’en manque pas, – estiment évidemment que cette aventure a profondément affaibli le premier ministre et que le moment est idéal pour tenter  de le remplacer. C’est dire que la politique israélienne, au :milieu de cette crise qui devrait au contraire susciter l’unité nationale, est aujourd’hui elle-même dans ce qui est sans doute la plus grave crise de désordre qu’elle ait connu, et sans alternative évidente, sans “homme providentiel”, etc.

Un point essentiel doit être mis en évidence : la démonstration de la faiblesse militaire des États-Unis. En temps normal, – par exemple, pour prendre le dernier exemple en date, en 2006-2008, – les USA menaient la danse. C’était leur puissance qui réglait l’évolution de la crise, et leur puissance qui était notamment représentée par la présence de trois groupes de porte-avions d’attaque directement face aux côtes iraniennes, en position d’attaque. Cette fois, il n’y en a qu’un, le USS ‘Eisenhower’, en Méditerranée, devant les côtes israéliennes, pour soutenir Israël en cas d’attaque iranienne. Trois groupes de porte-avions en position d’attaque en 2006-2008, un groupe de porte-avions en position de défense et de soutien en 2024. La dégringolade est prodigieuse.

A cela on ajoutera la myriade de bases US dans la région, réparties pour affirmer la puissance US, et qui sont aujourd’hui des cibles si exposées, devant les capacités iraniennes contre lesquelles la défense anti-aérienne US, quand elle n’est pas partie en Ukraine pour se faire hacher menue, est complètement inefficace. Les USA ont 38 bases autour de l’Iran et 40 000 soldats dans toute la région : chiffres impressionnants qui deviennent, dans les conditions qu’on connaît aujourd’hui, autant de cibles aisées à détruire avec les équipement actuels de l’Iran, pour réduire le potentiel des USA et surtout désintégrer l’influence qui leur reste.

... Et maintenant, pour clore cette description d’un événement assez étrange (mot employé deux fois dans notre description d’hier), – dont on craignant le pire dans la netteté catastrophique de l’affrontement et et dont on eut la confusion la plus totale dans le bourdonnement des possibles , – voici, comme exemple sans garantie aucune d’authenticité et de véracité, mais bien possible dabs ce chaos total, la version qu’en donne Dimitri Belik, reprise par Andrew Korybko...

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« ‘A Beautiful Theatrical Production

» Non seulement Dimitri Belik est un patriote russe avéré en raison du rôle qu’il a joué dans la réunification de Sébastopol avec la Russie, mais il est également membre de la commission des affaires internationales de la Douma, ce qui signifie que ses motivations pour partager cette théorie sont au-dessus de tout soupçon.

» Les représailles de l’Iran contre Israël font l’objet de vifs débats sur les réseaux sociaux entre ceux qui pensent que c’était un raté et ceux qui pensent que cela a laissé l’État juif autoproclamé abasourdi. Au milieu de ce débat, le membre de la Douma Dmitri Belik – dont la renommée a contribué à la réunification de Sébastopol avec la Russie lorsqu'il a brièvement occupé le poste de chef par intérim de la région au printemps 2014 – a qualifié l'événement du week-end dernier de “superbe production théâtrale”, selon les médias internationaux russes financés par l'État. RIA.

» Il a émis l’hypothèse qu’il existait “un simple ‘accord’, car les personnalités politiques de haut rang ne devraient pas ignorer certaines actions de pays hostiles et doivent donc réagir”. Belik a ensuite ajouté qu’“il n’y a aucune preuve photo ou vidéo sur Internet” pour étayer les affirmations selon lesquelles l’Iran aurait causé de graves dommages aux bases militaires israéliennes. Il a ensuite conclu que “tout ce que nous voyons maintenant… est un scénario planifié de ‘vengeance’”.

» L’introduction de cette interprétation dans l’écosystème mondial de l’information a coïncidé avec la révélation du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, que “nous [les autorités iraniennes] avons informé les pays voisins [du début de l’attaque contre Israël] 72 heures avant l’attaque”. Cette interprétation donne du crédit à la théorie de Belik selon laquelle les frappes de samedi soir seraient simplement une ”superbe production théâtrale” provoquée par un “accord” pour mettre en scène ce “scénario planifié de ‘vengeance’”.

» Il y a aussi une logique dans ses spéculations puisqu’elles auraient pu viser de manière responsable à gérer le dilemme sécuritaire irano-israélien. Selon cette théorie, l’Iran a indirectement fait part de ses intentions aux États-Unis, malgré les dénégations américaines, afin que Washington puisse s’assurer que Tel Aviv ne réagisse pas de manière excessive aux représailles provoquées par Israël en bombardant le consulat iranien à Damas. Cela expliquerait pourquoi Biden aurait dit à Bibi de ne pas répondre et aurait déclaré que les États-Unis ne soutiendraient pas les opérations offensives contre l’Iran.

» Non seulement Belik est un patriote russe avéré en raison du rôle qu’il a joué dans la réunification de Sébastopol avec la Russie, mais il est également membre de la commission des affaires internationales de la Douma, ce qui signifie que ses motivations pour partager cette théorie sont au-dessus de tout soupçon. De nombreux membres de la communauté des médias alternatifs ont tendance à attaquer quiconque remet en question les réalisations déclarées de l’Iran, comme les représailles du week-end dernier qui seraient un succès militaire majeur, comme des “sionistes” ou des “agents étrangers”, mais Belik ne l’est pas non plus.

Ceux qui pourraient être touchés par la théorie de Belik feraient bien d’y réfléchir plus profondément avant de réagir avec émotion, car elle présente en réalité l’Iran sous un jour très positif. S’il y a du vrai là-dedans, cela signifie que les décideurs politiques de la République islamique voulaient gérer de manière responsable le dilemme sécuritaire de leur pays avec Israël, et, chose intéressante, les États-Unis ont accepté cette solution pour les raisons expliquées ici. Fondamentalement, une guerre à grande échelle mettrait à mal la tentative de réélection de Biden, conduisant ainsi au retour de Trump.

Cependant, cette analyse hypertexte prévient également que Bibi est capable de faire chanter Biden en menaçant d’intensifier les tensions avec l’Iran à moins qu’Israël n’obtienne des concessions tangibles des États-Unis, ce qui pourrait inclure un retour militaire américain dans la région qui pourrait empêcher son “pivot (retour) vers Asie” pour contenir la Chine. Israël aurait préféré que l’Iran ne riposte pas à l’attentat à la bombe contre son consulat à Damas, c’est pourquoi Bibi est furieux contre Biden pour ne pas l’avoir contraint à se retirer après que cela s’est produit.

Comme les États-Unis n’y sont pas parvenus, les démocrates au pouvoir ne veulent pas d’une guerre à grande échelle pour des raisons électorales, et le Pentagone craint de ne pas disposer de suffisamment de missiles anti-aériens à donner à Israël tout en maintenant son minimum de missiles. besoins, la solution était de parvenir à un « accord » avec l’Iran. Israël a été assuré que les États-Unis et leurs alliés l’aideraient à abattre les projectiles iraniens qui, selon Téhéran, ne cibleraient que les bases militaires, mais il lui a été demandé de ne pas passer à l’offensive par la suite et de désamorcer la situation.

En d’autres termes, la théorie de Belik présuppose que la force iranienne s’est accrue tandis que la force américaine a décliné, à tel point que Téhéran a pu lancer des frappes directes sans précédent contre Israël sans que Washington ne l’en dissuade avec des menaces de représailles disproportionnées comme cela aurait été le cas il y a quelques années. il y a des années. Au lieu de cela, les États-Unis ont calculé qu’il valait mieux monter une « belle production théâtrale » avec l’Iran en contraignant Israël à se retirer immédiatement après, ce qui constitue un renversement dramatique des rôles.

Cela ne veut pas dire qu’Israël ne réagira pas dans le futur, d’autant plus que Bibi a des raisons à la fois personnelles et politiques de le faire, à moins qu’il ne puisse obtenir des concessions tangibles.

Dimitri Belik

 

Mis en ligne le 16v avril 2014 à 14H40)

De Gambetta à Zelenski 

De Gambetta à Zelenski 

L’actualité belliqueuse rendrait anarchiste, ou libertarien. Zelenski fait liquider les ukrainiens pour les raisons que l’on connaît et que je ne vais pas discuter ici – on ne les connaît tous que trop ; mais il me semble opportun de rappeler que nous avons eu un héros national qui fit la même chose, qui n’était pas français et qui a envoyé les Français se faire liquider pour rien par des soldats mieux préparés et armés après une défaite impériale bien méritée (une « correction », disait Marx dans son Dix-Huit Brumaire, outré par les méfaits de l’armée française au milieu du siècle – colonisation génocidaire, répression politique et sociale, participation au putsch bonapartiste et à la dictature, pillages en Chine, invasion du Mexique, etc.) : il s’agit de Gambetta. On va laisser parler Drumont, redécouvert surtout grâce à Bernanos, au sujet de Gambetta, dont le nom orne des millions de rues en France comme celui d’autres tueurs-équarisseurs (comme disait Boris Vian) de peuples coloriés et de classes populaires françaises (Thiers, Ferry, Clemenceau, Freycinet, Poincaré, etc.).

Drumont fait le point après Sedan. On pouvait s’arrêter là – comme Zelenski, pas vrai ? Mais non Zelenski entre deux achats de châteaux veut l’Otan, la guerre nucléaire, l’extermination messianique. Entouré de nazis encore plus humiliés par les russes que la première fois (l’histoire se répète toujours comiquement donc), notre aventurier-messie-milliardaire-non-réélu veut finir comme Hitler : dans un bunker après avoir tout fait cramé, Paris compris.

Sans jouer à Duby, Drumont rappelle une évidence : la fréquence des raclées sans conséquence dans notre histoire.

« La situation était très simple, la France a passé son existence de nation à gagner des victoires éclatantes et à subir d’affreuses défaites, elle a eu tour à tour Tolbiac, Bouvines, Marignan, Rocroy, Denain, Fontenoy, Austerlitz, Iéna, Solferino et Crécy, Azincourt, Poitiers, Pavie, Rosbach, Waterloo, elle n’avait qu’à faire ce qu’elle avait toujours fait dans des circonstances analogues, à signer la paix, à soigner ses blessures, à dire : « Je serai plus heureuse une autre fois. »

Drumont rappelle que Bismarck à qui on avait déclaré la guerre pour une peccadille (cette impératrice hispano-bigote plutôt revêche, ce général au bouton de guêtre mal attaché…) était plutôt cool dans cette histoire :

« C’est ainsi que Bismarck, qui raisonnait d’après les principes du sens commun, avait compris les choses. Ainsi qu’il l’a déclaré à maintes reprises, notamment à M. Werlé, maire de Reims, il comptait signer la paix à Reims, après quoi chacun serait rentré chez soi, les uns avec un pied de nez, les autres avec des lauriers, ainsi que cela se voit depuis le commencement du monde. »

L’acharnement de Gambetta radicalisa l’opinion française, créa une guerre d’occupation dure, des sanctions prussiennes plus fortes (voyez ici notre texte sur Maxime du Camp) et une haine héréditaire qui détruisit le continent. Ce n’est pas grave : son nom orne toutes nos rues, comme ceux de Clemenceau ou Poincaré.

Drumont donc :

« Et puis intervient Gambetta, pianiste à queue en quelque sorte, un gars au tempérament bohème qui va envoyer tout le monde se faire tuer (et créer les racines d’un conflit franco-allemand catastrophique pour la « civilisation occidentale ») :

« Il se produisit alors un des faits qui restera le plus singulier du XIXe siècle et, on peut le dire, de tous les siècles. Un monsieur, né de parents restés Italiens, à peine Français lui-même, puisqu’il n’avait opté pour la nationalité française qu’au dernier moment et avec la certitude qu’une infirmité le dispenserait de tout service, doublement étranger, puisqu’il était Juif (NDLR : on s’en fout du reste de savoir si Gambetta l’était), et qui, en tout cas, ne représentait que les douze mille électeurs qui l’avaient nommé, vint dire :

« Mon honneur est tellement chatouilleux, mon courage est d’une essence si rare, que je ne puis consentir à ce qu’on fasse la paix et que, de mon autorité privée, je veux continuer une guerre à outrance ».

Et comme avec l’ange exterminateur Zelenski on ne discute pas avec Gambetta, autre adoré des médias et des historiens fonctionnarisés aux ordres. C’est open bar pour l’extermination sans discussion de toute une génération, Z ou autre.

Démocratie ? Drumont rappelle :

« Dans les civilisations les plus rudimentaires, chez les Cafres et chez les Boschiman, il y a, dans les cas graves, un semblant de consultation du pays, on demande à la tribu réunie :

« Êtes-vous d’avis de prendre vos arcs, vos flèches ou vos tomahawks ? »

Les rois chevelus consultaient leurs leudes, Charlemagne consultait ses pairs, sous l’ancien régime, on réunissait les États généraux dans les circonstances critiques. A force de marcher dans la voie du progrès, comme on dit, on a rétrogradé au-delà des Cafres et, durant cinq mois, un aventurier génois envoya les gens se faire casser les bras et les jambes, pendant qu’il fumait des cigares exquis, et cela sans que nul ne s’avisât de protester. »

Et là non plus, 300 ou 600.000 morts ukrainiens, tous les Macron-Biden-papa-Scholz s’en foutent, attendant que la presse envoie ce qui nous reste de jeunesse française ou boche se faire massacrer par les armes russes – qui sont les plus perfectionnées et le plus abondantes du monde, le tout pour aucune raison sérieuse ; à moins que l’on préfère se faire raser de frais au nucléaire pour obéir aux divins anges exterminateurs Biden-Nuland-Kagan-Blinken-Zelensky dont a parlé Howard Kunstler (vous savez, son texte sur les dibbouks…).

Vive Gambetta et vive Zelenski donc. Vive Macron-Scholz-Biden, la guerre, etc.


Sources :

https://lesakerfrancophone.fr/appelez-les-exorcistes

https://fr.wikisource.org/wiki/La_France_juive/Texte_entier/Tome_premier

Autopsie de l’exception française

RapSit-USA2024 : Israël déstabilise le DeepState (suite)

RapSit-USA2024 : Israël déstabilise le DeepState (suite)

A côté des étranges “grandes manœuvres” USA-Israël-Iran dont nous venons de vivre une séquence non moins étrange, il faut noter combien la campagne anti-palestinienne d’Israël agit comme un bulldozer dans la déstabilisation de l’establishment US, ou 'DeepState' pour les amis, particulièrement le parti démocrate. La prise de position de Nancy Pelosi a été l’élément déclencheur de ce courant qui concerne effectivement et en majorité des personnalités et des organisations et think tanks proches des démocrates.

Un article de Philip Weiss, daté de ce 14 avril (15 avril pour nous), rapporte certains aspects extrêmement significatifs de cette évolution du jugement américaniste sur Israël :

Des voix de l'establishment s'élèvent, qualifiant Israël d'état voyou

Le mépris d'Israël pour le droit international déstabilise le Moyen-Orient, selon certaines voix de l'establishment. Le chef d'un think tank du Parti démocrate, affirme même qu'Israël n'est pas une démocratie.

On retient bien entendu cette expression d’“État-voyou”, particulièrement infamante dans la dialectique habituelle du système de la communication américaniste. Il faut remarquer que le dernier épisode de l’affrontement “étrange” mentionné plus haut a vu des prises de position ou des descriptions particulièrement défavorables à Israël dans les commentaires de l’establishment, – et donc, ô surprise, favorables à l’Iran.... Le début de l’article de Weiss le montre sans équivoque possible :

« La question [d’une riposte israélienne à la riposte iranienne] est posée non sans inquiétude. Israël a défié tous les appels occidentaux à modérer ses agissements au cours des six derniers mois à Gaza, tandis que l'attaque iranienne est considérée comme sobre et “performante”(d'après la couverture de la BBC et de CNN aujourd'hui). En effet, ce qui se profile derrière les actualités de la semaine, c'est qu'Israël se rapproche du statut d'État voyou, même dans le discours de l'establishment. »

Il s’agit d’une évolution intéressante mais qui ne va pas manquer de compliquer encore la situation aux USA pour les présidentielles. Le parti démocrate tendant à se diviser en deux, avec une tendance opposée à la politique Biden, tandis que les républicains populistes, évidemment anti-Biden, se retrouveraient, eux, plutôt du côté de Biden et d’Israël dans cette querelle spécifique ! Imagine-t-on un aliment plus nourrissant pour le désordre ? D’où cette réflexion d’un proche du camp des libertariens purs et durs, de la tendance Ron Paul, dont la logique conduit directement à cette chose fameuse et maudite depuis presque un siècle, nommée isolationnisme :

« On finira par ne plus pouvoir s’en sortir ! Il faut, une bonne fois pour toutes, rompre tous les liens avec toutes nos politiques extérieures aventuristes et bellicistes qui ne font que nourrir nos affrontements internes en nous saignant à blanc... »

Voici donc ci-dessous l’article de Weiss paru sur le site ‘SpiritofFreeSpeech

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« Israël devient-il un “État-voyou” ?

» Deux semaines après l’attaque d'Israël sur le consulat d'Iran à Damas, assassinant des commandants iraniens de haut rang, l'Iran a répondu par des frappes de drones la nuit dernière, et le monde entier se demande comment Israël va réagir.

» La question est posée non sans inquiétude. Israël a défié tous les appels occidentaux à modérer ses agissements au cours des six derniers mois à Gaza, tandis que l'attaque iranienne est considérée comme sobre et “performante”(d'après la couverture de la BBC et de CNN aujourd'hui). En effet, ce qui se profile derrière les actualités de la semaine, c'est qu'Israël se rapproche du statut d'État voyou, même dans le discours de l'establishment.

» Un éditorial du New York Times a appelé à “suspendre les livraisons d'armes” à Israël - enfin - parce qu'il déstabilise la région et que les États-Unis restent “redevables” à un dirigeant qui n'a visiblement pas de comptes à rendre, en la personne de Netanyahou.

» “L'érosion du soutien international à sa campagne militaire a renforcé la précarité d'Israël.... M. Netanyahou a tourné le dos à l'Amérique et à ses appels, créant une crise dans les relations américano-israéliennes alors que la sécurité d'Israël et la stabilité de toute la région sont en jeu.”

» Jeremy Ben Ami, de J Street, admet également que l'attaque d'Israël à Gaza est “un sérieux revers pour les intérêts et les valeurs des États-Unis”. Lobbyiste israélien de longue date, Ben-Ami affirme qu'Israël a incontestablement commis des 

» “violations manifestes du droit international”, sapant ainsi la “légitimité d'Israël aux yeux du reste du monde” et “créant indubitablement une nouvelle génération de militants palestiniens, mais aussi dans toute la région et dans le monde entier”.

»  (Il fut un temps où seule la gauche était accusée de délégitimer Israël...)

» H.A. Hellyer, de la Carnegie Endowment for International Peace [Fondation Carnegie pour la paix dans le monde], s'est fait l'écho de M. Ben-Ami dans une interview accordée à NPR. La destruction gratuite de Gaza par Israël a “incroyablement isolés” les États-Unis. Il a décrit Israël comme l'État voyou par excellence :

» “On assiste à une surenchère dans l'escalade. Et je pense que la communauté internationale, en particulier les États-Unis, mais aussi les autres alliés, doivent simplement reconnaître que c'est à cet Israël-là que nous avons affaire, et que c'est à cet Israël-là que nous continuerons probablement d'avoir affaire à l'avenir.”

» Hellyer a souligné qu'Israël “ne veut pas d'une solution à deux États”. Et la conséquence est que 

» “Je crains que le pays soit une force très déstabilisante dans la région proche.”

» Le mépris d'Israël pour les droits des Palestiniens est repris par le président du Center for American Progress, – le principal thinktank du parti démocrate, – qui a déclaré à Politico qu' Israël n'est pas une démocratie. Selon Patrick Gaspard, les Palestiniens doivent bénéficier des mêmes droits que les Israéliens et il faut cesser de parler d’une création à deux États.

» “Nous devons nous demander si la solution des deux États est toujours la seule voie vers la paix.

» “Les Palestiniens - si nous voulons résoudre ce problème - doivent pouvoir exister dans un Israël qui respecte l'intégralité de leurs droits.”

» Israël et ses partisans rejettent l'idée que Juifs et Palestiniens puissent coexister. “Je pense qu'éliminer la possibilité de coexistence est, en soi, vraiment cynique et tragique”, a déclaré M. Gaspard.

» Même Nancy Pelosi appelle les États-Unis à cesser de fournir des bombes à Israël. Quant à (la sénatrice démocrate) Elizabeth Warren, elle a enfin qualifié les actions israéliennes de “génocidaires”.

» Karen Sudkamp, analyste de la sécurité à la Rand Corporation, qui a passé dix ans dans les agences de renseignement américaines, affirme qu'Israël reproduit sans réfléchir les erreurs commises par l'Occident dans sa “guerre contre le terrorisme” en ignorant les préoccupations des Palestiniens. Il compromet ainsi la sécurité de tous.

» Le New Yorker s’est fait l’écho de  Sudkamp dans un  article affirmant qu’Israël est embarqué dans une “guerre éternelle”. Sa seule stratégie consiste à infliger des souffrances aux civils palestiniens. Et cela nuit aux États-Unis.

» Enfin, nous avons publié cette semaine une enquête importante. Tareq Hajjaj a rapporté le massacre de centaines de fonctionnaires palestiniens à l'hôpital al-Shifa, accusés d'être affiliés au Hamas et au Jihad islamique palestinien. Les sources de Hajjaj ont déclaré que ces victimes n'étaient pas des agents militaires.

» “L'armée a ensuite fait sortir un grand nombre d'hommes du groupe de membres et collaborateurs présumés du Hamas et du PIJ, et les a rassemblés au centre de la cour [de l'hôpital]. Elle a ensuite procédé à leur exécution, l'un après l'autre.”

» L'article a été largement repris par les médias qui soutiennent les droits fondamentaux des Palestiniens. Les médias mainstream américains ont jusqu'à présent ignoré le massacre, généralement parce que les Palestiniens ne comptent toujours pas pour la plupart des rédacteurs en chef. L'idée que les Palestiniens puissent revendiquer plus fermement le “droit à se défendre ne leur vient jamais à l'esprit”, comme l'a écrit notre commentateur Donald Johnson. »

 

Mis en ligne le 14 avril 2024 à 17H40

Les guerres à reculons

Les guerres à reculons

14 avril 2024 (16H10) – Il est plus que vrai qu’on croirait presque un complot, dans la façon dont les deux ‘sous-crise’ évoluent parallèlement, presque intimement comme l’on dirait d’une passion fusionnelle, y compris dans cette actuelle balade sur les cimes du paroxysme des cimes du paroxysme, des cimes du...

• Les Israéliens ne sont sûrs ni d’eux-mêmes, ni des Américanistes. Ils ont été attaqués mais ils ont “gagné l’attaque” en repoussant victorieusement ce qui ne prétendait pas à grand’chose (décidément les mollahs savent y faire). Les Iraniens ont annoncé qu’ils ont “puni Israël” comme il convenait, c’est-à-dire plus symboliquement qu’opérationnellement, mais qu’ils frapperaient bien plus fort si Israël ripostait à la riposte, ce qu’Israël ne fera pas puisqu’Israël a “gagné l’attaque”.

« À l’heure actuelle, les responsables militaires israéliens examinent les dégâts causés à leurs bases et comprennent ce qui suit : que l’Iran a délibérément choisi de ne pas infliger d’actions extrêmement meurtrières à Israël. Que l'Iran a frappé des bâtiments conçus pour envoyer un signal à Israël, et même aux États-Unis, qu'il pouvait faire ce qu'il a fait à Nevatim, à Ramona, n'importe où en Israël, n'importe où au Moyen-Orient, et que les États-Unis ou Israël ne pourrait rien empêcher. » (Scott Ritter sur tweeterX.)

• Les États-Unis considèrent que cela suffit comme ça. Biden a fait dire à Netanyahou quelque chose dans le genre de : “Bravo, vous avez gagné, ils n’ont pas tapé trop fort et on peut dire et faire dire qu’on les a quasiment tous descendus. Contentez-vous en, nous ne vous aiderons pas dans une riposte selon ce que m’ont soufflé mes conseillers.” En fait, le Pentagone avait attendu avec angoisse l’attaque iranienne, voyant son système d’attaque et les défenses de ses propres forces (40 000 hommes tout de même, répartis en un ensemble sablonneux de bases diverses) complètement désorganisé par les décisions inconvenantes sinon franchement impolies des pays musulmans les plus importants pour leur déploiement (Arabie, Qatar, UAE, Oman, et peut-être même la Turquie de l’OTAN) :

 « La Turquie, membre de l'OTAN, aurait également interdit aux États-Unis d'utiliser son espace aérien pour des frappes contre l'Iran, mais Spoutnik n'a pas été en mesure de vérifier cette information de manière indépendante.

» “C’est un désastre”, a déclaré un haut responsable américain, faisant référence au casse-tête auquel l'administration Biden est confrontée alors qu'elle se prépare à une éventuelle frappe de représailles iranienne contre son principal allié régional, Israël, à la suite de l'attaque de Tel Aviv le 1er avril contre l'ambassade iranienne à Damas, en Syrie.

» Le rapport de ‘Middle East Eye’ fait suite à un rapport d’‘Axios’ publié vendredi citant des responsables américains qui ont déclaré que l’Iran avait averti en privé les États-Unis qu’il ciblerait les forces américaines au Moyen-Orient si Washington s’impliquait dans une confrontation militaire entre l’Iran et Israël. »

• Pour dire un mot de ce qui se passe en Ukraine, on peut signaler que, pour se mettre à l’abri et retrouver le calme, les soldats ukrainiens se rendent aux forces russes en bon nombre et en bon ordre lorsqu’ils le peuvent. Ceux qui ne parviennent pas à s’échapper se sentent “trahis par la conscription” ou sont examinés pour troubles psychiatriques.

« “Les chefs nous laissent mourir comme des déchets, tandis qu'ils se tiennent à l'écart”, a déclaré le soldat Valery à ses interlocuteurs russes. “Lorsque nous avons été emmenés en captivité, nos propres forces ont commencé à nous bombarder, montrant ainsi qu'elles n'avaient plus besoin de nous. J'ai été capturé et c'est grâce à cela que je suis en vie et que je ne serai pas exécuté. La situation est pire dans l'armée ukrainienne que dans la captivité russe”, a-t-il déclaré. »

Ce sont quelques échos, évidemment fort douteux puisque venus de sources on ne peut plus suspectes, – mais un enquêteur aventureux se doit d’explorer les terres qui ne sont pas éclairées par les lumières rutilantes des vertus américanistes-occidentalistes, et françaises en particulier. Il y trouvera, sur ces terres plongées dans la pénombre de l’in-civilisation, de nombreuses indications qui rappellent que tout ce qui brille un peu trop, –  dans notre presseSystème, autour des plateaux luxueux des TV et sur les visages avenants de nous gouvernants, – relève très souvent du stratagème, du simulacre et de la mise en scène. (“Et alors ?” s’exclament les gens de Hollywood qui vous collent sous les yeux les derniers décomptes en $trillions des ‘block busters’ nucléaires.)

On connaît tout ça, – alors revenons aux choses sérieuses.

Comment être sans avoir été ?

.... C’est-à-dire, effectivement, cette éblouissante coordination montrant la déroute générale sur tous les fronts des forces américanistes-occidentalistes, en même temps, le même jour, dans la plus parfaite coordination. Parvenir à se contenter d’une attaque symbolique faite pour faire très peu de dégâts, pour proclamer que c’est une belle et bonne victoire de n’avoir que très peu de dégâts, il faut vraiment être Biden-Netanyahou pour parvenir à un tel exploit dialectique.

Pendant ce temps, Poutine signale qu’il ne resterait pas indifférent à ce qui pourrait (ce qui aurait pu) se passer en Iran, et il tient prêt à serrer les mâchoires d’acier qui tiennent les derniers points forts d’une Ukraine totalement à la dérive. Certains, au National Security Council de la Maison-Blanche ont compris qu’une riposte pour suivre en Iran ne vaut pas le risque de perdre de perdre Kharkov illico, et d’ailleurs aussitôt rassurés de voir que les Israéliens n’y songent pas puisqu’ils ont compris que les gros B-52 de l’USAF ne pourront plus prendre leurs aises dans les espaces aériens arabes. Pendant ce temps, faute de missiles, la frégate ‘Alsace’ rentre à Toulon pour éviter un Trafalgar moderniste contre les Houthis. Tout cela illustre une journée étonnante qui a mis à nu l’exceptionnelle dégradation des capacités militaires américanistes-occidentalistes(-israélistes), en confirmant certaines affirmations audacieuses...

« Dire ce qu'on ne peut pas dire : Israël a été vaincu, – une défaite totale

» Les objectifs de la guerre ne seront pas atteints, les otages ne seront pas rendus par la pression militaire, la sécurité ne sera pas rétablie et l'ostracisme international d'Israël ne prendra pas fin. » (‘Haaretz’, le 11 avril.)

C’est nous qui l’avons voulu, de A jusqu’à Z, y compris les points d’exclamation : c’est sur le terrain que se régleraient toutes les grandes affaires du monde, en agissant “comme des hommes” (refrain ‘neocon’ après la prise de Bagdad de 2003, affirmant que la virilité américaniste-occidentaliste, – c’était du temps d’avant la guerre des genres, – nous faisait un devoir d’aller jusqu’à Téhéran). Nous l’avons eue, notre démonstration, mais, selon l’habitude de nos temps satanistes, en mode complètement inverti : inutile d’essayer d’aller jusqu’à Téhéran (et jusqu’à Moscou par la même occasion)... Euh, on verra plus tard.

Alors, que nous reste-t-il ? Peut-être bien que l’Intelligence Artificielle fera l’affaire, dont on dit qu’elle est largement utilisée par l’IDF, ex-‘Tsahal’, dans ses opérations si parfaitement réussies  à Gaza. Cela me permet de glisser ce texte de ‘Louder News’ du 10 avril, avec quelques mots en caractère gras pour terminer fastueusement le festin qu’ils nous préparent :

« Dans une déclaration commune, Nippon Telegraph and Telephone (NTT) et Yomiuri Shimbun Group Holdings, deux des principales sociétés japonaises, ont émis un sévère avertissement concernant les dangers potentiels de l’intelligence artificielle (IA). La déclaration, décrite comme un manifeste de l’IA, met en lumière les inquiétudes selon lesquelles, à moins qu’une législation appropriée ne soit introduite rapidement à travers le monde, l’IA non contrôlée pourrait détruire la démocratie et provoquer des bouleversements sociétaux massifs et des guerres.

» Faisant référence à la technologie de l’IA développée par les grandes entreprises technologiques aux États-Unis, le manifeste prévient que “dans le pire des cas, la démocratie et l’ordre social pourraient s’effondrer, entraînant des guerres”. [...]

» Des événements précédemment documentés, tels que le système Gemini AI de Google et Firefly d’Adobe affichant des préjugés discriminatoires à l’égard des Blancs, soulignent les préoccupations exprimées dans la déclaration commune. Plus tôt cette année, des simulations de guerre ont été réalisées avec des modèles de langage étendus (LLM) d’IA, tels que ChatGPT d’OpenAI, et ont révélé que les programmes avaient tendance à transformer les conflits en guerre nucléaire. »

J’aime bien la douceur presque printanière de l’expression “avaient tendance” pour déboucher sur la Troisième Dernière toute habillée du dernier nuke à la mode... Comment disait-il/-elle, déjà, ce type, cette personne du genre masculin d’un autre temps ? Ah oui :

« Les ‘fucking connards’ ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »

Une crise au quadrille cadencé

Une crise au quadrille cadencé

• Notre propos est de faire un lien entre les deux ‘sous-crises’ de la GrandeCrise : celle de la guerre israélo-palestinienne et celle de l’Ukraine.. • Le 7 octobre 2023, nous pronostiquions que la première allait supplanter la seconde du point de vue essentiel du système de la communication. • Six mois plus tard, force est d’admettre que c’est faux, qu’il existe comme un quadrille où, à tour de rôle, la GrandeCrise change de partenaire sans jamais en abandonner aucune. • Cela donne un avantage inattendu au seul pays qui danse avec les deux : la Russie.

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Depuis le 7 octobre, vous devez admirer la façon dont les deux ‘sous-crises’ principales de la  GrandeCrise  dansent un pas de deux, tantôt l’une prenant la vedette des canards-de la presseSystème, tantôt l’autre, jalouse, la lui reprenant. Tout se passe comme un si un grand Ordonnateur nous jouait un universel Quadrille français réduit à deux (le Grand Ordonnateur, celui qui se fiche du Grand Ordinateur de Ray Bradbury), avec des figures inédites qui semblent nous donner un spectacle inédit mais qui en fait ne font que dissimuler sous une apparence une progression parallèle qui cache à peine une intégration totale de l’une dans l’autre, – et vice-versa.

On doit se rappeler que, le 7 octobre 2023, une opinion unanime nous laissait penser que le violence de la crise israélo-palestinienne allait complètement supplanter la crise ukrainienne dans le système de la communication, – là où réellement les choses se passent. Nous pouvions sans danger aucun, c’est-à-dire en toute certitude, affirmer ceci qui constituait une certaine “libération” des Russes du carcan de la communication qui tenait ‘Ukrisis’ entre ses poings :

« Pour ‘Ukrisis’, la crise ukrainienne, c’est la première fois depuis le 24 février 2022 que les Russes sont complètement libérés, – temporairement, en principe, – de la main de fer de la communication antirusse qui s’est déchaînée contre eux. Cela ne signifie pas que l’on ne parle plus de l’Ukraine mais que l’Ukraine n’est plus l’épicentre de la GrandeCrise. Pour la Russie, c’est une opportunité, voire une victoire stratégique inespérée et nous verrons ce qu’ils en font et en feront, – ce pourquoi l’on dit ce que l’on dit à propos de leur poussée sur le front. »

Ce constat pouvait tenir au début de la conjonction des deux crises mais il n’a pas tenu longtemps. Il y avait une erreur de notre part, celle de faire la part trop belle à la raison (même subvertie), alors que nous sommes pourtant rebelles et hostiles à l’empire de la raison. Nous n’avions pas assez mesuré la puissance de la folie affectiviste qui mène le monde, et donc l’influence sataniste qui nous écrase.

Les deux crises paroxystiques ainsi installés n’opérèrent pas comme deux vases communiquant, mais poursuivirent parallèlement leur parcours paroxystiques. Ainsi trouvons-nous de plus en plus des séquences où les deux ‘sous-crises’ se trouvent en même temps sur le point de faire éclater presque de concert, – mais sans concertation, certes, – une sorte de paroxysme du paroxysme.

Nous ne voulons pas dire pour autant qu’il n’y a eu qu’une sorte de prolongement de la sorte de paralysie semblant avoir été instaurée par le système de la communication, simplement étendue à une deuxième ‘sous-crise’ où l’on retrouve les mêmes attitudes d’extrémismes et de simulacres. C’est là que se situe une certaine nouveauté, sinon une nouveauté certaine : les acteurs humains, essentiellement de “notre” côté de cette affection de paralysie cérébrale et de simulacre de perception, tiennent un rôle effectif encore plus ridicule et sans effet qu’au temps de la seule ‘Ukrisis’, tandis que les événements totalement hors de notre portée, de notre influence et de notre compréhension, avancent à pas de plus en plus marqués.

La samba des Houthis

Nous dirions même que cette paralysie affectiviste et pathologique qui “nous” affecte n’a fait qu’empirer et a fourni à ces événements “hors de ...” un élan supplémentaire. Cela signifie, en termes opérationnels, que les deux ‘sous-crises’ évoluent dramatiquement, – chacune en tenant compte l’une de l’autre pour en tirer avantage, – et aggravent d’une façon sans cesse leurs situations respectives. Nous faisons du sur-place comme des robots arrêtés par un obstacle non-programmé tandis que les ‘sous-crises’ filent comme le vent des tempêtes. L’on découvre alors des situations inédites, pleines d’un charme catastrophique qui rendent les cours de nos Grandes Écoles militaires aussi vaines qu’une production de Netflix.

Prenez cet exemple qui a largement dépassé l’hexagone (venu du ‘Figaro’) puisqu’un commentateur de la classe de Larry Johnson s’en est emparé ; il  s’agit d’une interview du commandant de la frégate multi-missions ‘Alsace’, un navire de combat très moderne de la Marine Nationale, la “Royale”. La situation qu’il nous décrit est exemplaire de la situation générale qui règne actuellement dans les zones de la Mer Rouge etc. adjacentes, là où les  marines occidentales sont censées évoluer.

‘Le Figaro’ : « Vous revenez de plusieurs semaines de mission en mer Rouge, à bord de la frégate Alsace . Vous qui étiez en première ligne, comment décrivez-vous la situation là-bas ? Quelle menace représentent réellement les Houthis? »

Commandant Jérôme Henry :  « Nous ne nous attendions pas forcément à ce niveau de menace. Il régnait une violence désinhibée assez surprenante et très importante. Les Houthis n’hésitent pas à utiliser des drones qui volent au ras de l’eau, pour les faire exploser sur les navires de commerce, et à tirer des missiles balistiques. Nous avons dû procéder à au moins une demi-douzaine d’assistances à la suite de frappes Houthis.

[...] » Il y a longtemps que nous n'avons eu affaire à un tel niveau d'armes et de violence... ».

Kharkov ne répond plus

Passons sur un autre point important de l’autre ‘sous-crise’, exposé au même moment, la situation de la ville de Kharkov. Cette fois, les témoins sont également des gens bien informés et qui, à de nombreuses reprises, nous ont parfaitement informés en ridiculisant toutes les sources officielles sur les mêmes sujets. Mercouris-Christoforou décrivent la situation de Kharkov actuellement après les frappes successives de missiles russes, puis de l’artillerie russe elle-même qui a pris position, contre les divers centres de production et de distribution d’énergie :

« A Kharkov, qui est la seconde ville du pays et à l’heure où nous diffusions ce programme, cette ville est à nouveau complètement privée d’électricité,  la ville est dans la plus complète obscurité, le métro ne fonctionne pas, les usines ne peuvent évidemment pas fonctionner  et Kharkov qui est une ville industrielle clef du pays connaît des conditions de vie complètement intolérables, et de plus en plus de gens quittent la ville et si les Russes ont un plan pour prendre Kharkov, c’est exactement lav situation idéale, avec absence d’électricité, plus d’internet, pratiquement plus de population civile, tout cela rend la défense de la ville extrêmement difficile sinon impossible  et il devient extrêmement facile pour les Russes, s’ils le décident, de bombarder et de pilonner les positions ukrainiennes dans la ville , et ainsi vous pouvez avancer qu’une offensive russe contre Kharkov sera lancée avec succès, ce qui constituera un événement considérable malgré toutes les tentatives faites pour le minimiser... »

Vous voyez, sur ces deux cas qui caractérisent les difficultés extrêmes des occidentaux dans les deux ‘sous-crises’, qu’il s’agit d’une illustration de deux situations générales qui évoluent parallèlement. Du côté de la ‘sous-crise’ du Sud plane l’option d’une riposte iranienne à l’attaque israélienne contre l’ambassade d’Iran à Damas, où nous partageons à nouveau (décidément !) le point de vue de Mercouris qui nous dit que l’Iran ne tombera pas dans le piège de la riposte lançant une guerre générale malgré l’attaque douloureuse de Damas, qu’elle se fera très prudente et frappera, si elle devait frapper, hors de cette orbite qui entraînerait une guerre générale .

Là aussi, nous nous nous trouvons à un paroxysme, comme à Kharkov. C’est ce dernier point qui doit conclure notre propos.

Ascension paroxystique de concert

En effet, nous constatons que les deux ‘sous-crises’, loin de voir l’une chasser l’autre (au niveau du système de la communication, là où les choses comptent), poursuivent en fait leur ascension paroxystique de ce qui est déjà un paroxysme. Il n’y a aucun lien direct entre ces deux dynamiques, ni d’ailleurs entre les deux crises, mais il y a un lien politique, géographique et surtout psychologique. Il se nomme Russie, et l’on comprend bien : bien sûr, la Russie en Ukraine, mais aussi la Russie proche de l’Iran comme elle ne l’a jamais été...

Nous pensons, nous, que si Poutine est considéré en général par certains (y compris de ses amis) comme non-machiavélique, il est au moins rusé comme un renard. Il ne peut pas ignorer que, si un conflit considérable éclatait entre Israël et l’Iran, avec implication de l’Amérique et soutien des pays de l’UE, la Russie pourrait juger le moment opportun de jouer son rôle, – outre d’alimenter l’Iran en armement, – d’enfoncer décisivement le front ukrainien et de faire un sort au régime Zelenski. Que se passerait-il alors ?

C’est là l’essentiel, la carte-maîtresse : l’homme qui tient dans sa main le joker, qui lui permet, sans avoir à déplacer ses porte-avions hypersoniques, d’avoir un atout-maître au Nord comme au Sud. Quant à nous, il faudra bien remballer notre thèse : aucune de ces deux ‘sous-crise’ ne liquide (du point de vue du système de la communication) l’autre.

 

Mis en ligne le 13 avril 2024 à 15H55

RapSit-USA2024 : La bataille suprême

RapSit-USA2024 : La bataille suprême

Voici un texte sur un aspect fondamental de la bureaucratie fédérale américaniste, et constituant finalement le clef de voute de ce qu’on nomme le ‘DeepState’. Il s’agit du processus d’inamovibilité d’une certaine catégorie de fonctionnaires (2 millions) détenant des postes-clef pouvant bloquer l’action du pouvoir exécutif, et rendant ainsi illusoire la possibilité d’un changement fondamental de la politique US.

L’auteur du texte paru dans ‘Epoch Times’ et reproduit in extenso par ‘ZeroHedge.com’ se nomme Jeffrey A. Tucker. Le Wiki du personnage est contrasté et ne manque pas de relever certaines accusations de comportements qui dévient nettement de la  politiqueSystème. Peu importe ces aspects, y compris certains avec lesquels nous pourrions être en désaccord. Il reste que Tucker est un libertarien, qu’il a longuement collaboré avec Ron Paul et le Mises Institute, ce qui constitue à nos yeux une vertu de résistant qui en fait une source de confiance.

Par ailleurs, son texte est extrêmement précis et ciblé, sans aucune argumentation polémique. Il décrit un système bureaucratique qui emprisonne le pouvoir politique aux USA, à partir de diverses directives publiquement connues. Il écrit logiquement que si ces conditions fonctionnent comme elles le font depuis au moins deux décennies, la réélection de Biden est assurée. Or, ils constatent que le ‘deepState’ craint réellement que les candidatures Trump et RFK Jr. mettent en danger cette réélection (on a gardé l’emploi du terme “les méchants” pour désigner les forces du ‘deepState’, pour faciliter la lecture tout en reconnaissant que l’expression n’est pas la plus heureuse possible, – mais il suffit de le savoir)...

« Eh bien, je suis ici pour vous apporter une bonne nouvelle. L’État profond a commencé à trembler. Je vais vous présenter la preuve que les méchants se préparent en réalité à un assaut de grande envergure contre l’hégémonie administrative de l’État. Ils s’efforcent de se protéger contre une victoire d’un autre que Joe Biden.

» Est-ce que ça marchera? Je ne sais pas mais ce qui est extrêmement important, c’est qu’ils se préparent. S’il n’était pas possible de gagner, ils ne s’en soucieraient pas. En d’autres termes, c’est une très bonne nouvelle! »

... Et il nous avertit que la bataille sera terrible, avant et après l’élection, et cela quelque que soit l’élu, – ce qui rencontre, pour le compte, notre propre conviction que c’est là que se joue notre sort à tous si la “Troisième dernière” n’est pas venue entretemps régler nos comptes à tous.

« Cela va être brutal avant et après les élections. Il y aura une ou plusieurs surprises en octobre. Si Donald Trump gagne, l’arrivée de l’hiver déclenchera une propagande comme vous n’en avez jamais vue. À l’approche de l’inauguration, l’hystérie absolue va surgir. Le racket du COVID ressemblera à un jeu d’enfant. Chaque jour et chaque heure seront des tentatives sauvages pour empêcher l’administration de fonctionner. Cette époque vaut d’être vécue. »

Le texte porte le titre de « DeepState Prepares for a Trump Victory », et les deux éditions (‘Epoch Times’ et ‘ZeroHedge.com’) dégagent leurs responsabilités. Il ne reste plus qu’à lire et à juger sur pièces, car cette thèse qui s’appuie sur des faits et donne une réponse simple à une question qu’on ne cesse de compliquer à plaisir vaut d’être considérée. Si vous ne le savez pas, apprenez que le diable ne déteste pas de se déguiser en fonctionnaire sans prétention mais redoutablement armé d’un but déterminé.

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 « L’État profond se prépare à une victoire de Trump

« Nous nous sommes tous demandé si le bon fonctionnement était déjà disponible. Compte tenu des irrégularités des dernières élections et de la manière dont l’ensemble l’establishment des États-Unis s’est rallié à un camp, peut-être qu’une victoire de Biden en novembre est une fatalité.

Je plaide coupable de croire ça. J'ai douté de toutes les prédictions selon lesquelles Donald Trump ou RFK, Jr. peut gagner. Ce n’est pas parce qu’ils n’obtiendront pas de votes. C’est parce que ces votes ne seraient peut-être pas tous pris en compte.

Le pouvoir des haineux est impressionnant et omniprésent. L’ensemble des médias traditionnels, du gouvernement, des entreprises technologiques, de l’industrie pharmaceutique, ainsi que de l’État administratif et de l’État profond, se consacrent à maintenir Tromp et JFK Jr., ainsi que leurs partisans, hors du pouvoir.

On ne sait même plus si les élections fonctionnent vraiment. Il est tout à fait possible, de ce point de vue, que des millions de personnes se rendent aux urnes en novembre et accomplissent leur devoir dans ce qui ne deviendra qu’un simulacre. Le régime contrôle les scrutins, c’est certain, et rien ne peut l’empêcher. De ce point de vue, un deuxième mandat de Biden, le président le plus impopulaire de l’histoire moderne, est inévitable. Le système est trop fracturé pour générer un autre résultat.

Admettez-le : vous aussi, vous avez été tenté par cette perspective.

Eh bien, je suis ici pour vous apporter une bonne nouvelle. L’État profond a commencé à trembler. Je vais vous présenter la preuve que les méchants se préparent en réalité à un assaut de grande envergure contre l’hégémonie administrative de l’État. Ils s’efforcent de se protéger contre une victoire d’un autre que Joe Biden.

Est-ce que ça marchera? Je ne sais pas mais ce qui est extrêmement important, c’est qu’ils se préparent. S’il n’était pas possible de gagner, ils ne s’en soucieraient pas. En d’autres termes, c’est une très bonne nouvelle !

La preuve provient d’un communiqué de presse largement passé inaperçu du Bureau de gestion du personnel. Les médias traditionnels n’en ont pas du tout parlé.

Il se lit comme suit :

“Les États Unis. L'Office of Personnel Management (OPM) a annoncé aujourd'hui une règle finale qui clarifie et renforce les protections de longue date et les principes du système de mérite pour les fonctionnaires de carrière ”, indique le communiqué de presse.

Il poursuit en expliquant que ce changement de règle rend beaucoup plus difficile, voire impossible, pour tout nouveau président, de reclasser les “fonctionnaires” comme étant sous le contrôle du président. Au lieu de cela, leurs emplois sont permanents et donc protégés contre toute tentative d'un futur président de reclasser toute personne travaillant pour le gouvernement fédéral. Aucun ne peut être renvoyé.

En particulier, explique le communiqué, cela vise à contrecarrer une nouvelle tentative de changement de statut d’emploi, comme cela s’est produit en novembre 2020.

“Au cours de la première semaine de l'administration Biden-Harris, le président Biden a révoqué un décret émis par l'administration précédente qui risquait de modifier le système de fonction publique de longue date de notre pays, basé sur le mérite, en créant un nouveau calendrier de service excepté, connu sous le nom de ‘Annexe F’ et ordonner aux agences de déplacer des pans potentiellement importants d'employés de carrière vers ce nouveau statut de service excepté. Cette tentative aurait privé les fonctionnaires de carrière de leurs protections de fonction publique, qui garantissent que les décisions d'embauche et de licenciement sont fondées sur le mérite et non sur des considérations politiques.”

L’“administration précédente” désigne bien sûr la Maison Blanche de Trump, qui a émis le plus grand décret depuis cent ans.

Après avoir été subvertie et contrecarrée pendant quatre ans par la bureaucratie de la fonction publique, la Maison Blanche a finalement compris le cœur du problème. Il y a plus de 2 millions de bureaucrates permanents, répartis dans 430 agences, qui s’imaginent vivre en dehors du système démocratique, des Etats-Unis et de la Constitution elle-même. Ils croient qu’ils sont l’État et que les dirigeants élus ne sont qu’une simple décoration.

Le décret de Trump exigeait que chaque agence procède à un audit interne et déniche tout employé ayant quelque chose à voir avec l’élaboration ou l’interprétation de la politique ; c'est-à-dire toute personne dont le travail a un impact sur la question de savoir si le président a réellement le contrôle du département exécutif. Tous ces employés seraient reclassés à l’Annexe F, ce qui signifie qu'ils pourraient être remplacés si nécessaire.

Voilà, c’est aussi simple que cela. Cela ne semble peut-être pas grand-chose, mais c’était vraiment génial. L’administration Trump est la première à découvrir le grand secret de la vie publique américaine, à savoir que l’État administratif a pris sa propre vie. Après des années d’efforts, la Maison Blanche de Trump avait finalement trouvé un levier clé pour reprendre le contrôle pour le peuple.

A Washington, D.C. la presse politique a paniqué. C’était comme si un président avait trouvé la salle des machines et le seul interrupteur qui contrôle tout. Cela n’aurait jamais dû arriver. Cela a provoqué le chaos au sein de la bureaucratie et a doublé, voire triplé, la conviction qu'il ne pourrait jamais remporter un second mandat, de peur que cet ordre ne soit exécuté.

C’est pourquoi l’une des toutes premières actions de l’administration Biden a été d’abroger ce décret. Cette action a montré très clairement que la loyauté de Biden allait avant tout à l’État profond. Il protégerait par-dessus tout leurs emplois et leur pouvoir. D’ailleurs, le communiqué de presse de l’OPM s’en vante.

Le problème ici est une phrase de l’ordre initial de Trump. Tout employé qui s'occupe de facteur “confidentiel, déterminant, élaborant ou défendant des politiques” serait reclassé. Notez ce mot confidentiel. Cela s’appliquerait peut-être à l’ensemble de la communauté du renseignement. Alors attendez, sommes-nous en train de dire que le président devrait être responsable de la CIA, du FBI, de la NSA, du NSC et de tout l’appareil de sécurité, au point même qu’il pourrait licencier n’importe qui ? Peut-être!

Une telle situation serait intolérable pour les méchants. De leur point de vue, cela bouleverserait fondamentalement le fonctionnement du gouvernement américain.

Avouons-le. Si l’OPM et l’ensemble de la bureaucratie pensaient qu’il n’y avait aucune menace de la part de Donald Trump ou de RFK Jr., un tel changement de règle ne serait pas nécessaire. Ils estiment que c'est nécessaire, ce qui implique que la fonction publique considère que la montée du mouvement populiste constitue une véritable menace qui pourrait réussir à reprendre le pays. Sinon, ils ne s’en soucieraient pas.

Qu'est-ce que l'OPM ? Elle a été fondée à la suite de la loi Pendleton de 1883, qui a lancé la bureaucratie permanente aux États-Unis. Avec elle est née la Commission de la fonction publique, premier nom de ce qui s'appellera plus tard l'OPM.

Jusque-là, et en vertu de la Constitution, les États-Unis Le président avait le contrôle total de la bureaucratie. Le nouveau président remplacerait généralement un grand nombre de bureaucrates par des loyalistes. Cela a été dénoncé comme un “système de butin”, mais on pourrait aussi parler de démocratie simple dans laquelle le peuple se gouverne lui-même par l'intermédiaire de ses représentants élus.

La classe permanente de règles s’est développée au fil des guerres et des crises pendant cent ans pour devenir un gouvernement qui ne se soucie pas du tout de qui est techniquement élu ou autrement nommé à la tête des agences. Par habitude, ils en sont venus à ignorer toutes les allées et venues des élus de la population. Les élections ne sont pour eux qu’une distraction.

Le point essentiel : Donald Trump et RFK, Jr. représentent une véritable menace pour le gang qui a renversé et presque détruit ce pays. Nous savons désormais que cette menace est réelle, sinon nous ne verrions pas ces efforts pour retrancher les méchants et les protéger contre toutes les menaces imaginables.

Comme cela le prouve encore une fois, la principale lutte vivante dans ce pays et partout dans le monde est celle entre le peuple et l'État profond constitué d'un vaste réseau d'élites au sein du gouvernement, des médias, du monde des affaires, de la banque et de la finance, des fondations privées, et des bureaucraties mondiales, qui travaillent toutes pour leurs propres intérêts aux dépens de tous les autres.

C’est une bataille pour le contrôle, et c’est la dynamique sous-jacente qui façonne nos vies actuellement.

Les méchants ont peur. Nous le savons maintenant avec certitude, sinon ils n’essaieraient pas de préparer le système à un changement fondamental. Les élites croient, sur la base d’une longue expérience, qu’elles peuvent toujours déjouer le reste de la population. Nous verrons.

Cela va être brutal avant et après les élections. Il y aura une ou plusieurs surprises en octobre. Si Donald Trump gagne, l’arrivée de l’hiver déclenchera une propagande comme vous n’en avez jamais vue. À l’approche de l’inauguration, l’hystérie absolue va surgir. Le racket du COVID ressemblera à un jeu d’enfant. Chaque jour et chaque heure seront des tentatives sauvages pour empêcher l’administration de fonctionner. Cette époque vaut d’être vécue. »

Jeffrey A. Tucker

Stefan Zweig contre l’américanisation du monde

Stefan Zweig contre l’américanisation du monde

L’antiaméricanisme français a disparu depuis longtemps, voué aux poubelles historiques. Mais le triomphe US dans les esprits (la démocratie s’attaque aux esprits, pas aux corps, répète Tocqueville) est universel. 1,5 milliard de dollars pour le navet LGBTQ Barbie, un milliard pour le Top Gun. La surpuissance de la machine américaine sur le monde est totale – et immatérielle. Rappelons que les productions Marvel dépassent dix milliards de dollars (monnaie en perdition comme on sait) de recettes. Sega c'est plus fort que toi, comme disait la pub. Pendant ce temps Kirghizistan et Kazakhstan renoncent aux cartes de paiement russe (Rt.com)...

La marche mondiale à l’homogénéisation-américanisation via la technologie et les médias est devenue un galop. Tout le monde y court, même les opposants, rappelait Baudrillard égrillard à Guillaume Faye. L’Amérique fascine ceux qui la détestent.

Relisons alors Stefan Zweig qui finit au Brésil avant de se suicider aux barbituriques à Petrópolis (bel endroit traditionnel, où je vécus un temps, hors du moule brésilien postmoderne). Il écrit vingt ans auparavant son extraordinaire opuscule sur l’uniformisation du monde, traduit aux éditions Allia.
Il note cette surpuissance US dont le monde antisystème se targue d’assister à la fin. Trois dures palabres la résument : colonisation, esclavage et mécanisation.

«D’où provient cette terrible vague qui menace d’emporter tout ce qui est particulier dans nos vies? Quiconque y est allé le sait: d’Amérique. Sur la page qui suit la Grande Guerre, les historiens du futur inscriront notre époque, qui marque le début de la conquête de l’Europe par l’Amérique. Ou pis encore, cette conquête bat déjà son plein, et on ne le remarque même pas. Chaque pays, avec tous ses journaux et ses hommes d’Etat, jubile lorsqu’il obtient un prêt en dollars américains. Nous nous berçons encore d’illusions quant aux objectifs philanthropiques et économiques de l’Amérique: en réalité, nous devenons les colonies de sa vie, de son mode de vie, les esclaves d’une idée qui nous est, à nous Européens, profondément étrangère: la mécanisation de l’existence. Mais cet asservissement économique me semble encore peu de chose en comparaison du danger qu’encourt l’esprit.»

Voici comment commence le texte, comme un diagnostic triste : on est dans les années vingt et triomphe déjà cette sous-culture mondiale qui désole Céline, Bernanos, Chesterton, Duhamel et  même Hermann Hesse (le Loup des steppes est un pamphlet antiaméricain) :

«Malgré tout le bonheur que m’a procuré, titre personnel, chaque voyage entre pris ces dernières années, une impression tenace s’est imprimée dans mon esprit: horreur silencieuse devant la monotonie du monde. Les modes de vie finissent par se ressembler, à tous se conformer à un schéma culturel homogène. Les coutumes propres à chaque peuple disparaissent, les costumes s’uniformisent, les mœurs  prennent un caractère de plus en plus international. Les pays semblent, pour ainsi dire, ne plus se distinguer les uns des autres, les hommes s’activent et vivent selon un modèle unique, tandis que les villes paraissent toutes identiques. Paris est aux trois quarts américanisée, Vienne est budapestisée : l’arôme délicat de ce que les cultures ont de singulier se volatilise de plus en plus, les couleurs s’estompent avec une rapidité sans précédent et, sous la couche de vernis craquelé, affleure le piston couleur acier de l’activité mécanique, la machine du monde moderne.»

Mais Zweig ajoute comme s’il avait lu Théophile Gautier qui en parle déjà très bien de cette unification mondiale dans son Journal de voyage en Espagne :

«Ce processus est en marche depuis fort longtemps déjà: avant la guerre, Rathenau avait annoncé de manière prophétique cette mécanisation de l’existence, la prépondérance de la technique, comme étant le phénomène le plus important de notre époque. Or, jamais cette déchéance dans l’uniformité des modes de vie n’a été aussi précipitée, aussi versatile, que ces dernières années.’

C’est comme une religion ce monde moderne (cf. le Covid) avec les mêmes rituels imposés partout en même temps :

« Ils commencent à la même heure: tels les muezzins dans les pays orientaux, appelant chaque jour, au coucher du soleil, des dizaines de milliers de fidèles à la prière, toujours identique, comme s’il n’existait là-bas que vingt mots, vingt mesures invitent désormais quotidiennement, à cinq heures de l’après-midi, tous les Occidentaux à poursuivre le même rituel. Jamais, sauf dans certaines formules et formes musicales pratiquées au sein de l’Eglise, deux cents millions de personnes n’ont connu une telle simultanéité et une telle uniformité d’expression comme la race blanche d’Amérique, d’Europe et de toutes les colonies dans la danse moderne. Un deuxième exemple: la mode. Il n’y a jamais eu dans tous les pays une similitude aussi flagrante qu’à notre époque. Jadis, on comptait en années le temps nécessaire pour qu’une mode parisienne gagne les autres grandes villes, et plusieurs années encore pour qu’elle se propage dans les campagnes. Mais les peuples respectaient certaines limites et leurs coutumes, Ce qui leur permettait de résister aux exigences tyranniques de la mode.»

Les caprices de la mode ? Zweig qui malgré son érudition a oublié Montesquieu écrit :

« Aujourd’hui, sa dictature devient universelle le temps d’un battement de cil. New York dicte les cheveux courts aux femmes: en un mois, 5O ou IOO millions de crinières féminines tombent, comme fauchées par une seule faux. Aucun empereur, aucun khan dans l’histoire du monde n’avait connu une telle puissance, aucune doctrine morale ne s’était répandue à une telle vitesse.»

Dans mon livre sur la comédie musicale j’ai noté l’importance de Potter la grande farandole (1941). Dans ce film Ginger Rogers impose sa coupe de cheveux à des millions de femmes en un claquement de doigts (Story of Vernon and Irène Castel en anglais).

Mgr Gaume redoutait l’ubiquité et la simultanéité, marque de la Bête selon lui. Zweig écrit :

«II a fallu des siècles et des décennies au christianisme et au socialisme pour convertir des adeptes et rendre leurs commandements efficaces Sur autant de personnes qu’un tailleur parisien ne les soumet à son influence en huit jours aujourd’hui. Le troisième exemple est le cinéma, où là encore sévit cette simultanéité sans commune mesure, dans tous les pays et toutes les langues, à travers lequel les mêmes représentations façonnent des centaines de millions de personnes et où les mêmes goûts (ou mauvais goûts) se forment. On célèbre l’abolition complète de toute touche personnelle, même si les producteurs vantent triomphalement leurs films comme étant nationaux: L’Italie acclame les Nibelungen tandis que les districts les plus allemands et populaires ovationnent Max Linder de Paris.»

Zweig voit cette culture de la masse qui va triompher avec le nazisme, le fascisme ou le communisme (mais pas seulement bien sûr, le libéralisme américain ayant balayé tout cela sans forcer) :

«Ici aussi, l’instinct de masse est plus fort et plus souverain que la libre pensée. La venue triomphale de Jackie Coogan a été une expérience plus forte pour notre époque que la mort de Tolstoï il y a vingt ans. Un quatrième exemple: la radio. Toutes ces inventions n’ont qu’un seul but: la simultanéité. Le Londonien, le Parisien et le Viennois entendent la même chose dans la même seconde, et cette simultanéité, cette uniformité enivre par son gigantisme. C’est une ivresse, un stimulant mais toutes ces merveilles techniques nouvelles entretiennent en même temps une énorme désillusion pour l’âme et flattent dangereusement la passivité de l’individu. Ici aussi, comme dans la danse, la mode et le cinéma, l’individu se soumet aux mêmes goûts moutonniers; il ne choisit plus à partir de son être intérieur, mais en se rangeant à l’opinion de tous.»

Tout cela est lié à la jouissance et à l’illusion individualiste (il est dommage que Zweig n’ait pas débattu avec Bernays – pour tout un tas de raisons du reste) qui liquide les individus par cela même qu’elle les invite à être « nature » ou « eux-mêmes » ; c’est l’époque du Flapper, de la Jeune Fille :

«On pourrait énumérer ces symptômes à l’infini, tant ils prolifèrent de jour en jour. Le sentiment de liberté individuelle dans la jouissance submerge l’époque. Citer les particularités des nations et des cultures est désormais plus difficile qu’égrener leurs similitudes. Conséquences: la disparition de toute individualité, jusque dans l’apparence extérieure. Le fait que les gens portent tous les mêmes vêtements, que les femmes revêtent toutes la même robe et le même maquillage n’est pas sans danger : la monotonie doit nécessairement pénétrer à l’intérieur. Les visages finissent par tous se ressembler, parce que soumis aux mêmes désirs, de même que les corps, qui s’exercent aux mêmes pratiques sportives, et les esprits, qui partagent les mêmes centres d’intérêt.»

On crée l’homme-masse dont a parlé Bernanos mais aussi un autre grand esprit juif (toujours cette Autriche-Hongrie dont le dépeçage fut la vraie fin de la civilisation européenne) de l’époque, Elias Canetti (voyez Masse et puissance, ou aussi Broch) :

«Inconsciemment, une âme unique se crée, une âme de masse, mue par le désir accru d’uniformité, qui célèbre la dégénérescence des nerfs en faveur des muscles et la mort de l’individu en faveur d’un type générique. La conversation, cet art de la parole, s’use dans la danse et s’y disperse, le théâtre se galvaude au profit du cinéma, les usages de la mode, marquée par la rapidité, le “succès saisonnier”, imprègnent la littérature. Déjà, comme en Angleterre, la littérature populaire disparait devant le phénomène qui va s’amplifiant du “livre de la saison”, de même que la forme éclair du succès se propage à la radio, diffusée simultanément sur toutes les stations européennes avant de s’évaporer dans la seconde qui suit. Et comme tout est orienté vers le court terme, la consommation augmente: ainsi, l’éducation, qui se pour suivait de manière patiente et rationnelle, et prédominait tout au long d’une vie, devient un phénomène très rare à notre époque, comme tout ce qui s’acquiert grâce à un effort personnel.»

Mais Zweig, qui aurait pu faire fortune à Hollywood comme l’élite culturelle juive exilée, préfère accuser l’Amérique :

«Source: d’où provient cette terrible vague qui menace d’emporter avec elle tout ce qui est coloré, tout ce qui est particulier dans nos vies? Quiconque y est allé le sait: d’Amérique. Sur la page qui suit la Grande Guerre, les historiens du futur inscriront notre époque, qui marque le début de la conquête de l’Europe par l’Amérique. Ou pis encore, cette conquête bat déjà son plein, et on ne le remarque même pas (tous les vaincus sont toujours trop lents d’esprit). Chaque pays, avec tous ses journaux et ses hommes d’Etat, jubile lorsqu’il obtient un prêt en dollars américains. Nous nous berçons encore d’illusions quant aux objectifs philanthropiques et économiques de l’Amérique: en réalité, nous devenons les colonies de sa vie, de son mode de vie, les esclaves d’une idée qui nous est, à nous Européens, profondément étrangère: la mécanisation de l’existence.»

La colonisation de l’esprit arrive – on pense à ces personnages friqués et ennuyés d’Agatha Christie, qui entre deux croisières, deux bridges ou deux saouleries, écoutent Hercule Poirot – ou poireautent avec Hercule :

«Mais cet asservissement économique me semble encore peu de chose en comparaison du danger qu’encourt l’esprit. Une colonisation de l’Europe ne serait pas le plus à craindre sur le plan politique; pour les âmes serviles, tout asservissement paraît doux, et l’homme libre sait préserver sa liberté en tous lieux. Le vrai danger pour l’Europe me semble résider dans le spirituel, dans la pénétration de l’ennui américain, cet ennui horrible, très spécifique, qui se dégage là-bas de chaque pierre et de chaque maison des rues numérotées, cet ennui qui n’est pas, comme jadis l’ennui européen, celui du repos, celui qui consiste à s’asseoir sur un banc de taverne, à jouer aux dominos et à fumer la pipe, soit une perte de temps paresseuse mais inoffensive: l’ennui américain, lui, est instable, nerveux et agressif, on s’y surmène dans une excitation fiévreuse et on cherche à s’étourdir dans le sport et les sensations.»

Ennui et fuite (on croirait lire la France contre les robots) :

« L’ennui n’a plus rien de ludique, mais court avec une obsession enragée, dans une fuite perpétuelle du temps: il invente des médiums artistiques toujours nouveaux, comme le cinéma et la radio, nourriture de masse dont il appâte les sens affamés et transforme ce faisant la communauté des amateurs de plaisirs en corporations gigantesques, à l’image de ses banques et de ses trusts. De l’Amérique vient cette terrible vague d’uniformité qui donne à tous les hommes la même chose, qui leur met le même costume sur le dos, le même livre entre les mains, le même stylo plume entre les doigts, la même conversation sur les lèvres et la même automobile en place des pieds. Fatalement, de l’autre côté de notre monde, en Russie, sévit la même volonté de monotonie, mais sous une forme différente: la volonté de morceler l’homme et d’uniformiser la vision du monde, elle-même terrible volonté de monotonie.»

L’Europe pouvait être un rempart mais elle est condamnée :

«L’Europe est encore le dernier rempart de l’individualisme, et peut-être que les soubresauts survoltés des peuples, ce nationalisme exacerbé, malgré toute sa violence, est une sorte de rébellion inconsciente et fiévreuse, une dernière tentative désespérée de résister à l’égalitarisme. Mais c’est de précisément cette forme défense convulsive qui trahit notre faiblesse. Déjà le génie de la sobriété est à l’œuvre pour effacer l’Europe des livres d’histoire, la dernière Grèce de l’histoire. Résistance: que faire désormais? Prenant d’assaut le Capitole, le peuple s’écrie: En haut des redoutes, les barbares sont là, ils détruisent notre monde ” Il profère encore une fois les paroles de César mais, dorénavant, dans un sens plus sérieux: Peuples d’Europe, préservez vos biens les plus sacrés !” Non, nous ne sommes plus aussi crédules et aveugles au point de croire qu’on puisse encore inventer des associations, des livres et des proclamations contre ce monstrueux mouvement mondial et mettre fin à cet appétit pour la monotonie. Tout ce que l’on écrivait restait un bout de papier, lancé contre un ouragan.»

Vers la fin du texte Zweig pousse à la résistance individuelle contre ce «monstrueux mouvement mondial». Echapper à la technologie, à la radio, au cinéma (Albert Speer a parlé à Nuremberg puis dans ses Mémoires de cette techno-propagande), au web et aux réseaux aujourd’hui, est chose bien compliquée. C’est Daniel Estulin qui évoquait dans son livre sur la culture (Tavistock Institute) ces chansons de Gaga, Beyonce, Rihanna qui rassemblent et envoûtent des MILLIARDS DE FANS…

 

Sources principales 

https://www.amazon.fr/CULTURE-COMME-ARME-DESTRUCTION-MASSIVE

https://www.amazon.fr/LUniformisation-du-monde-Stefan-Zweig

https://www.rt.com/business/595353-kyrgyzstan-russian-payment-cards-mir/

Baudrillard et Faye face à l’américanisation

RapSit-USA2024 : Pourquoi pas un 2ème 9/11 ‘biblique” ?

RapSit-USA2024 : Pourquoi pas un 2ème 9/11 ‘biblique” ?

11 avril 2024 (03H30) – L’enchaînement des événements en rapport avec la convergence de l’incroyable ouverture des frontières Sud des USA, du développement du trafic des drogues opioïdes et fentanyl du Sud vers les USA, du développement des filières d’enrôlement de “mercenaires” latino-américains sortis des prisons US  vers l’Ukraine est en train de constituer une énorme bombe à retardement, dans une époque où les choses explosent très, très vite.

Il y a quelques nouvelles dans ce sens, qui sollicitent notre attention vers cette crise américaniste spécifique, – une des nombreuses crises américanistes, mais sans doute l’une des plus graves. Il s’agit de “nouvelles”, donc essentiellement de la communication ; nullement de la communication qui décrit des faits, même au risque de polémiquer, mais qui crée les faits ; puisqu’en vérité, nous sommes dans cette époque où le système de la communication est une entité, un égrégore, un phénomène fondamental et quasiment autonome sinon indépendant de la constitution de la puissance elle-même, un phénomène extraordinaire qui a laissé ses créateurs dans la poussière de la cavalcade pour qu’ils n’y comprennent plus rien et qui s’élance vers on ne sait où, – en mal dévorant semeur de catastrophes comme nous l’avons vu plus d’une fois, mais aussi en un bien stupéfiant comme lui permet sa spécificité de Janus, et comme nous le voyons de plus en plus...

Donc, voyons ces “événements” qui ne sont que communications de faits qui n’existent pas, mais qui sont, à notre estime intuitive, communication qui va créer des faits, – et très-vite, cela !

Musk & Ramaswamy sont d’accord

L’idée centrale qui s’installe au centre de la crise américaniste de la frontière est celle de la possibilité d’une expansion dramatique du terrorisme aux USA, – jusqu’à l’hypothèse d’un second 9/11 (11-septembre 2001), – mais cette fois sous la poussée d’un complot biblique bien identifié, donc seconde attaque 9/11 qui serait ‘biblique’. Elle est principalement réanimée et représentée par le groupe de personnalités activistes qui se constitue autour de Trump ou selon  les orientations dont Trump est l’emblème (notamment le populisme néo-isolationniste). Il s’agit d’un groupe, non pas de ‘personnels’ acquis au service de Trump mais bien de personnalités indépendantes de lui, pesant de leur propre poids politique et de communication, mais partageant ses principales préoccupations de sécurité intérieure (en plus de son hostilité aux interventions extérieures, ceci allant avec cela), – aussi bien des dangers de violence pure que des dangers sociétaux et culturels. On parle donc de gens tels que Elon Musk, Vivek Ramaswamy, Tulsi Gabbard, Tucker Carlson.

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit d’une sorte d’échange de type ping-pong entre Musk et Rawaswamy sur tweeterX

« “Même si seulement 0,1 % des étrangers illégaux qui ont traversé notre frontière ont des intentions hostiles, cela représente des dizaines de milliers d'agresseurs potentiels”, a souligné Ramaswamy, suggérant qu'à moins qu'une attention particulière ne soit accordée à ce problème, “nous préparons la voie à une autre tragédie à l’échelle du 11 septembre.

» Musk a répondu, affirmant que ce n’était “qu’une question de temps” avant qu’un tel désastre ne se produise.

» Auparavant, Musk avait expliqué que la capacité des migrants illégaux à traverser la frontière américano-mexicaine et à demander l’asile sans montrer aucune pièce d’identité “a transformé l’Amérique en un refuge pour les pires criminels du monde”. Cette affirmation faisait suite à des informations selon lesquelles le taux d’homicides au Venezuela était tombé à son plus bas niveau en 22 ans – certains suggérant que cela était dû au déplacement de gangs vénézuéliens vers les Etats-Unis. »

L’aspect le plus étonnant de cette polémique est bien l’entêtement de la direction gouvernementale, et de Biden en particulier, – mais l’entêtement est identifiée chez lui comme une mesure sûre de l’accomplissement de la sénilité, –  à présenter comme un avantage exceptionnel la mesure promettant de donner aux immigrants illégaux des permis de résidence permanente. C’est alimenter aussi bien l’accusation d’un Grand Remplacement ‘Made In USA’ que celle de développer une base électorale captive pour le parti démocrate, – à un moment de grand désarroi du parti démocrate.

« Parallèlement, un rapport de Politico publié le mois dernier suggérait que le président américain Joe Biden envisageait d’offrir la résidence permanente à des millions d’immigrants illégaux. Musk a répondu à la nouvelle en accusant le parti démocrate américain d’ouvrir intentionnellement la frontière sud afin “d’importer des électeurs”.

» En février, Musk avait affirmé que le plan de Biden pour maintenir les démocrates au pouvoir était “très simple” et qu'il consistait à faire entrer “autant de clandestins que possible dans le pays”, puis à légaliser ces personnes “pour créer une majorité permanente“. »

Bien entendu, on comprend le “plan” des démocrates, qui voient loin, au moins à quelques décennies, et sûrs d’eux autant que de la solidité idéologique des illégaux, toutes choses qui nous paraissent bien risquées et suffisantes en cette période volatile. Il n’est pas assuré pour autant qu’ils soient gagnants à tous les coups, comme on le voit actuellement avec les pertes électorales considérables qui les affectent cruellement, du fait du soutien du gouvernement Biden apporté à la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens (sans compter les dégâts que cette situation fait chez des personnalités démocrates comme Nancy Pelosi).

On s’aperçoit de la chose avec la campagne des ‘uncommited’ (les “non-engagés” : la possibilité de voter démocrate sans voter pour le seul candidat restant en lice, soit Biden) lors des actuelles élections primaires ;

« La campagne uncommitedprend de l'ampleur, ayant recueilli le soutien de plus d'un demi-million d'électeurs démocrates.

» L’initiative organisée par des démocrates dissidents indignés par la gestion par le président Biden de la guerre entre Israël et Gaza a porté un rude coup à sa campagne présidentielle, alors que le mouvement n’est vieux que de deux mois. L’hebdomadaire ‘The Nation’ affirme que jusqu’à présent, au total, 530 502 personnes ont voté ‘uncommited’ lorsque cela est possible sur le bulletin de vote.

» Selon ‘AntiWar.com’, qui suit de près le mouvement :

» “La semaine dernière, 48 091 votes ont été enregistrés pour les  ‘uncommited’ lors de la primaire du Wisconsin. Ce chiffre a largement dépassé les craintes des organisateurs, dont l’objectif était d’obtenir 20 682 votes de supplément, soit la marge de victoire de Biden dans le Wisconsin pour les élections de 2020.

» “L’opposition à Biden a été la plus forte dans la région du Wisconsin où résident les étudiants de l’Université du Wisconsin-Madison, historiquement un bastion démocrate. Dans cette région, 30% des électeurs ont voté comme ‘uncommited’, ce que le député Pocan (Démocrate-WI) a qualifié d’“énorme piège à cons”. »

On comprend bien entendu combien ce soutien des démocrates US à la politique israélienne, perçue comme profondément suprémaciste et génocidaire par une partie importante des minorités qui alimentent l’immigration illégale, interfère dans les projets démocrates selon les accusations lancées par Musk et Rawaswamy. Il renforce la communication de l’aile populistes et républicaine, et donc la dialectique du candidat Trump.

Les ‘cartels’ contre Poutine ... Ou Biden?

Mais apparaît une autre “nouvelle” qui ouvre des perspectives... nouvelles justement, dans le sens d’une forme inattendue Il s’agit d’une information diffusée par le SVR russe (renseignement extérieur) qui est présentée et commentée par Andrew Korybko. Le SVR signale que les PMC (pour ‘Private Military Companies’, ou SMP, toujours à la recherche de nouveaux “mercenaires”) recherchent activement dans les prisons US des recrues latino-américaines appartenant aux cartels de la drogue, donc connus pour leur violence et leur expérience, pour leur proposer, avec approbation des autorités, un service en Ukraine contre une annulation de leurs peines.

Le premier paragraphe du texte de Korybko donne une idée de la complexité chaotique de la démarche, où l’on ne distingue plus aucune trace de légalité constitutionnelle, ni même du  simple souci de sécurité publique, contre un foisonnement de corruptions aussi bien des personnes que des institutions, touchant aussi bien des Mexicains que des Colombiens, autant que des citoyens américains dans les pénitenciers US..

« Le service russe de renseignement extérieur SVR a rapporté mardi que les SMP américaines recrutent des trafiquants de drogue mexicains et colombiens condamnés en prison, avec le soutien de la DEA et du FBI. Ils se voient offrir une amnistie complète s'ils survivent, mais les négociations ne se déroulent apparemment pas bien, car les membres des cartels ne veulent pas donner leur accord sans l'approbation de leurs chefs, qui, selon le SVR, marchandent avec les agences de sécurité américaines pour vendre leurs membres à ces SMP au prix le plus élevé possible. »

Korybko traite ce sujet essentiellement du point de vue de la guerre en Ukraine, de la survie de l’OTAN, etc. La dimension intérieure est considérée simplement du point de vue selon lequel le gouvernement US cherche à “désengorger ses prisons surchargées” et à se débarrasser des prisonniers les plus dangereux, si possible en les faisant se faire tuer en Ukraine, ou promis à infester le pays (l’Ukraine) et divers autres pays européens. C’est une bonne contribution à la politique autodestructrice du chaos sur soi-même que conduit la politiqueSystème si chère aux élites US.

Le dernier paragraphe de conclusion nous laisse donc un peu sur notre faim si nous n’ouvrons pas d’autres perspectives qui donneraient une meilleure idée des conséquences de cette “politique” parfaitement conforme à toutes les folies que les ‘neocons’ n’ont cessé de développer depuis les années 1990.

« En fin de compte, ce prétendu plan de recrutement ne devrait pas changer la dynamique militaro-stratégique du conflit ukrainien, comme l'a conclu le SVR dans son communiqué de presse. Son seul intérêt est de montrer à quel point l'Occident cherche désespérément à perpétuer sa guerre par procuration en aidant Kiev à reconstituer une partie de ses forces afin d'empêcher une éventuelle percée russe d'ici la fin de l'année. Cette percée pourrait toutefois être inévitable, ce qui rendrait ce projet inutile. »

Notre tendance est effectivement de transporter le problème sur le continent nord-américain. On peut avancer ainsi plusieurs hypothèses qui se complètent : la première est que cette démarche donne aux cartels de la drogue une dimension quasiment officielle d’interlocuteurs quasi-institutionnalisée des organes de sécurité US chargés de la lutte contre la déferlante de la drogue (donc contre les cartels !), réduisant un peu plus l’insécurité intérieure aux USA au profit du chaos et de la tension grandissante entre les États et les organismes fédéraux qui n’assurent plus aucune sécurité.

La seconde est d’estimer que les cartels, en même temps qu’ils négocient, pourraient bien être en train d’établir des réseaux permettant de détourner les prisonniers ignorant leur ‘mission’ ukrainienne  pour les récupérer dans leurs rangs et les réintroduire aux USA par des filières contre lesquelles ni le FBI, ni la DEA ne pourraient ni ne voudraient faire grand’chose.

American Dream’ pour les gredins et les malandrins

La troisième, enfin, est de loin la plus passionnante et la plus édifiante, en prenant une forme structurée. Elle permet de donner entièrement raison à Musk en transformant définitivement les USA, frontières ouvertes et mode d’emploi affiché, en « un refuge pour les pires criminels du monde ». Si l’ouverture des frontières à eu un effet d’aspirateur pour tous les migrants potentiels, avec bien sûr des gredins et autres gens très dangereux pour au moins 0,1% comme l’indique Rawaswamy, elle deviendrait de ce coup-là, par effet psychologique, un aspirateur privilégié pour les criminels et les personnes les plus dangereuses pouvant transiter vers les USA.

A ce moment, effectivement, l’étrange “politique” des “frontières ouvertes” de Biden devient un événement absolument cosmique, – on dirait presque “biblique” pour satisfaire les sionistes du cru, –  et l’on peut confirmer que le système de la communication, qui est la base de l’opération envisagée, aurait créé effectivement un événement proprement extraordinaire, propre à faire basculer la civilisation cul par-dessus tête comme il sied à un grand projet progressiste en cours de changement de genre. Il y aurait en effet une transformation radicale de l’‘American Dream’ pour tous les miséreux du monde, – fondement même de la légende de la communication américaniste, – rappelez-vous la Statue de la Liberté et le poème qu’Emma Lazarus composa spécialement pour l’y inscrire, ainsi cet appel ultime du Progrès et de la Liberté trônant à l’entrée du port de New York :...

« Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge, crie-t-elle/
Donne-moi tes pauvres, tes exténués,/
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,/
Le rebut de tes rivages surpeuplés,/
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte/
J'élève ma lumière et j'éclaire la porte d'or !
 »

... transformant donc cette pensée bien comme-il-faut de l’idéalisme bourgeois le plus niais en un ‘American Dream’ pour tous les gredins et les malandrins du monde, avec, pour faire la police, les cartels de la drogue, et pour abreuver la Liberté des tonnes de tequila et de vodka ukrainienne... Le rêve serait alors porté à sa conclusion incandescente de l’autodestruction diabolique colorée de la stupidité abyssale et néantisée qu’on lui connaît..

Les armées de la fin d’un monde

Les armées de la fin d’un monde

• Deux textes présentent deux formations différentes de “forces armées” (expression plus adéquate que le mot “armées”). • Elles partent en tous sens et massacrent nos convictions de l’avenir. • Visages du désordre.

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Nous avons réuni deux textes dans une même édition alors que leurs sujets n’ont entre eux aucun lien idéologique, géographique, militaire, psychologique. Pourtant, ces deux phénomènes illustrent à notre sens un seul phénomène en cours qui est une sorte de désintégration du concept d’“armée”, hors du contexte de la nation, hors du contexte du mercenariat, hors du contexte de l’alliance, etc., – bref, hors de tous les contextes qui d’habitude constituent des cadres dans lesquels se forme et évolue une armée. Nous voulons par là illustrer une tendance qui s’affirme nettement, opérationnellement, depuis deux ans, à partir d’une évolution des situations de chaos depuis une décennie à peu près (début des phases actuelles des événements d’Ukraine et du Moyen-Orient).

• D’une part, une appréciation de ce qui est perçu comme une “victoire” du Hamas contre l’armée israélienne (IDF, ex-‘Tsahal’) :

« Le Hamas entre dans l'histoire militaire

» Bien qu'il ait tué des dizaines de milliers de civils, Israël n'a pas été en mesure de vaincre le Hamas, ni d'atteindre ses objectifs à Gaza. »

La description qui est faite de l’action du Hamas se rapporte à un ensemble militaro-civil opérant selon des normes dissymétriques une bataille qu’on voudrait définir comme asymétrique, c’est-à-dire une bataille qu’on aurait attendue comme privée de symétrie, – utilisant des ensemble symétriques sans rapport entre eux, – mais qui a en fait utilisé une symétrie défectueuse, faisant croire à un affrontement dissymétrique qu’il n’était pas... L’IDF s’est cassé les dents sur cette irrégularité inattendue, où elle rencontra à la fois des événements conventionnels pour elle et d’autres qui ne l’étaient pas. Il est bien possible que le chef d’état-major général Halevi, et peut-être d’autres généraux, paient cette situation de leurs positions, ouvrant une grave crise dans l’armée.

« ‘Asymétrie’ : absence de symétrie (préfixe a-, sans). “L'architecte a voulu l'asymétrie de la façade”. ‘Dissymétrie’ : défaut dans la symétrie (préfixe dis-, séparé de). “La dissymétrie de son visage lui donne du charme sans la rendre laide”. »

• D’autre part, la description d’un curieux, ou effrayant mouvement qui, selon l’auteur, se répand dans les rangs des officiers des armées occidentales à partir de la fraction la plus radicale de la fraction elle-même extrême, et néo-nazie (ou ‘ukro-nazie’, selon la terminologie russe), de l’armée ukrainienne.

« Voici Centuria, l'armée néo-nazie ukrainienne entraînée par l'Occident

» Une souche exclusivement ukrainienne du néonazisme se répand dans toute l'Europe, qui prône ouvertement la violence contre les minorités tout en cherchant de nouvelles recrues.

» Avec l'effondrement de l'armée de Kiev et le récit de la trahison occidentale qui gagne du terrain, l'horreur infligée aux habitants du Donbass pendant une décennie pourrait très bientôt se produire dans une ville près de chez vous. »

Ici, on rencontre un cas bien différent de celui qu’on envisage plus haut. C’est l’affirmation de la diffusion d’une idéologie considérée jusqu’en 2014-2015 comme absolument maudite et sataniste... Mais cette référence de 2014-2015 est à la fois fondée et justifiée, et en même temps complètement mise à l’index comme une manipulation “pro-russe”, selon l’existence schizophrénique que nous impose la manipulation massive du système de la communication d’une part, et sa résistance à cette manipulation d’autre part. Cela a conduit à nier officiellement l’existence d’une composante ‘ukro-nazie’ en Ukraine et dans l’armée ukrainienne, et, par conséquent, au développement et à la bénédiction de la diffusion de cette tendance.

Il nous importe grandement, c’est là pour nous le seul impératif de cette publication, qu’il ne soit tenu aucun compte des enseignements qu’on serait naturellement conduits à tirer de ces deux textes, – l’une ou l’autre chose de la sorte :

• Le Hamas a-t-il créé un nouveau “mode opératif” de la “guerre”, qui pourrait être exploité et institutionnalisé ?

• L’Occident, ou disons ce qu’il en reste, est-elle menacée de voir ses armées transformées en grandes unités néo-SS à notre nez et à notre barbe ?

Note de PhG-Bis : « Il nous est arrivé de nous préoccuper sérieusement de cette dérive nazie, évidente dès les premier jour (voir le 30 juin 2014). Plus maintenant, plus du tout. Nous avons dépassé ce stade, nazis ou pas nazis : ils sont totalement perdus dans des hallucinations d’asservissement à ils ne savent quoi que ce soit de rien du tout, et ils sont capables de faire le salut hitlérien en criant que “le fascisme ne passera pas”, en tenant un cornet de crème glacé de l’autre main, en faisant attention de ne pas égarer leur entonnoir couvert d’insignes du Vème Reich qui leur sert de couvre-chef. Voilà où en sont nos experts et autres têtes couronnées d’entonnoirs sertis de billets de $500. Cet aspect-là n’a aucune importance, absolument aucune. »

... Donc, cette sorte de babillage est pour nous sans intérêt. Demain, on trouvera d’autres nouveautés à mettre sous les dents éclatantes et implantées des experts appointés richement des plateaux-TV. Ce qu’il nous importe de montrer, c’est la complète débâcle, la déconstructuration absolument radicale de l’ordre des choses, et ici, de l’ordre des choses militaires, sous la contrainte des folies extraordinaires nées des manipulation du système de la communication, ou aussi de la solide résistance que ce système leur oppose, nous empêchant de tomber dans une sorte de néo-‘1984’, ou un avant-gardiste ‘2084’ d’un néo-George Orwell. Ce formidable affrontement schizophrénique conduit effectivement à des situations réelles (c’est-à-dire vraies) complètement démentes elles-mêmes, ou bien inversement qui paraissent démentes aux déments qui nous dirigent prétendument alors qu’elles sont réelles (c’est-à-dire vraies). Cet état de chose est particulièrement marqué au niveau des forces armées, où plus aucune forme, plus aucune structure ne s’impose devant une description absolument déstructurée et folle de la situation du monde. (On peut ajouter aux deux exemples choisis le somptueux arrangements qui fait envisager que des ‘soldats’ des cartels  latinos-américains, assassins notoires et cruels, et gestionnaires des 'mules' transporteuses de drogue vers les USA, se voient proposer d'être sortis des prisons USA pour servir la “juste cause” de l'Ukraine c ontre leur libération pour reprendre leurs activités.)

... Bien entendu, nous parlons ici de l’asile d’aliénés qu’est l’Occident. Ce genre de situation n’existe guère de l’autre côté, du côté russe par exemple. Il leur a fallu un certain temps pour s’adapter au brouhaha de nos casseroles et de nos entonnoirs, mais il semble qu’ils comment à s’y faire. De tout cela, il sortira quel quelque chose d’extraordinaire, de miraculeux, de jamais-vu, qui plongera LCI dans le polus grand trouble, ou bien alors un immense éclat de rire cosmique nous indiquant que, Là-Haut sur son Olympe, Jupiter ne s’est jamais autant bidonné.

Les deux textes sont successivement :

• du 10 avril 2024, sur ‘Spirit of Free Speech’, « Le Hamas entre dans l'histoire militaire » ;

• du 10 avril 2024, sur ‘Spirit of Free Speech’, « Voici Centuria, l'armée néo-nazie ukrainienne entraînée par l'Occident ».

dde.org

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L’“art opératif” du Hamas

Après six mois de combats acharnés et le retrait de l'armée israélienne de la ville de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, de nombreux commentateurs israéliens et occidentaux ont affirmé que le Hamas était en train de gagner la guerre et d'entrer dans l'histoire militaire par la même occasion.

Sir Tom Phillips, ancien diplomate britannique et ambassadeur en Israël et au Royaume d'Arabie saoudite, a écrit le 9 avril dans Haaretz que le Hamas avait réussi à atteindre son objectif, à savoir 

“obtenir la libération du plus grand nombre possible de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, et s'affirmer à nouveau comme une force avec laquelle il faut compter”.

Il a ajouté que le Hamas avait survécu “à l'assaut des forces de défense israéliennes bien plus longtemps que dans toute autre guerre menée par Israël” et que, ce faisant, qu’il avait “considérablement écorné le statut dissuasif tant vanté d'IsraëlEn bref, et avec des conséquences potentielles à long terme redoutables pour Israël, Tsahal ne semble plus invincible”.

Le Hamas a bloqué un éventuel accord de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, qui semblait inévitable avant le début de la guerre le 7 octobre, et a replacé la question palestinienne “sur le devant de la scène internationale” après des années d'échec de l'Autorité palestinienne (AP).

Phillip note que la victoire finale du Hamas réside en la “vitesse fulgurante de la délégitimation d'Israël après le 7 octobre aux yeux de nombreuses personnes dans le monde”.

Le 8 avril, le journaliste israélien Amos Harel a également écrit dans Haaretz que les principaux objectifs d'Israël à Khan Yunis “n'ont pas été atteints”.

Après le retrait de la 98e division de la ville de Gaza, Harel a noté que 

les “deux objectifs de l'armée israélienne étaient la capture des hauts responsables du Hamas à Gaza, et la libération des captifs israéliens actuellement détenus par la Résistance palestinienne à Gaza”.

“Il faut dire la vérité au public : les massacres et les destructions massives que l'armée israélienne laisse derrière elle à Gaza, ainsi que les quelques pertes subies de notre côté, ne nous rapprochent pas vraiment des objectifs de notre offensive”, conclut-il.

Dans une analyse parue dans Yedioth Ahronoth, Nadav Eyal, spécialiste de la politique israélienne, explique qu'Israël souhaitait rétablir son pouvoir de dissuasion, éliminer le Hamas et libérer les prisonniers détenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Mais aucun de ces objectifs n'a été atteint.

“L'échec d'Israël n'est pas lié aux objectifs de la guerre, qui ont été pleinement soutenus par tous les pays occidentaux. L'échec réside exclusivement dans l'exécution", a écrit M. Eyal, ajoutant que "la guerre ne se gagne pas uniquement en tuant. Une stratégie politique complémentaire est indispensable”.

Le premier échec, selon l’article, vient “des souffrances des civils à Gaza”.

“Ceux qui veulent renverser le pouvoir du Hamas à Gaza ne doivent pas mener une offensive de vengeance à la romaine, ni ériger de mur de protection ou mener des actions de représailles comme si nous étions dans les années 1950”.

Le commentateur israélien a également reproché au Premier ministre israélien Netanyahou son attitude à l'égard de Washington. 

“La confrontation publique et malveillante de M. Netanyahu avec l'administration Biden n'a fait qu'accentuer la fragilité d'Israël”, a-t-il déclaré.

M. Eyal a également noté qu'Israël s'était isolé de la communauté internationale et que même ses alliés à Washington et à Bruxelles commençaient à lui tourner le dos.

“Non seulement (Israël) a perdu le soutien de la plupart des pays occidentaux et est très proche d'un embargo sur les armes de la part de l'Europe, y compris de la part de son grand allié, mais les plaques tectoniques sont en mouvement”.

Le 27 mars, des responsables des services de renseignement israéliens ont également noté le changement intervenu à Washington. Ils ont déclaré au Telegraph que l'objectif déclaré du gouvernement israélien d'“éradiquer le Hamas ”dans la bande de Gaza était devenu irréalisable depuis que les États-Unis avaient “tourné le dos” à Tel-Aviv en s'abstenant lors d'un vote du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en début de semaine.

“Si vous m'aviez posé la question il y a un mois, j'aurais certainement dit oui, [nous pouvons éliminer le Hamas] parce qu'à l'époque, les Américains soutenaient Israël”

a déclaré un responsable des services de renseignement israéliens au quotidien britannique, suggérant que cette évaluation “avait maintenant changé”.

“Les États-Unis sont hostiles à l'invasion de Rafah, contrairement à ce qu'ils pensaient auparavant. Par conséquent, la donne a changé, ce qui signifie qu'Israël doit prendre des mesures radicales pour changer la dynamique et le climat”, a ajouté la source, soulignant que “la pression monte sur Israël pour parvenir à un accord, ce qui signifierait que le Hamas survivra. Le Hamas et les Iraniens misent tous deux là-dessus”.

Selon ce fonctionnaire, la conviction au sein de l'appareil sécuritaire israélien est que le Hamas “cherche à résister jusqu'à l'été”, lorsque la campagne électorale américaine battra son plein.

S'exprimant sur la chaîne turque Haber Global, l'analyste militaire et colonel à la retraite Eray Gucuer a également suggéré que le Hamas était en train de gagner la guerre, tout en discutant du retrait israélien de Khan Yunis avant un assaut présumé sur Rafah.

“Si l'armée israélienne se trouve réellement dans la situation où elle ne peut attaquer Rafah qu'en retirant sa brigade de Khan Yunis, cela signifie qu'elle a effectivement perdu la guerre sur le terrain”.

“Israël, dans cette guerre, a presque entièrement détruit Gaza et tué des dizaines de milliers de civils. Pourtant, les Brigades Qassam existent toujours. Jusqu'à ce jour, elles ont la supériorité militaire sur le terrain... quiconque possède une expérience militaire ne peut cacher son admiration pour les tactiques étonnantes adoptées par les Brigades Al-Qassam... En effet, ils sont en train d'écrire l'histoire.”

“Rendez-vous compte, depuis le début de l'offensive à Gaza et jusqu'à aujourd'hui, nous entendons encore parler de Beit Hanoun et de Ben Lahia, du quartier Al-Nasr et du quartier Al-Zaytoun. Pourquoi ? Parce que les combattants de Qassam ont, pour la première fois depuis que je connais le sujet, inventé une tactique inédite dans l'histoire de la guérilla”, conclut-il.

The Cradle, 8 avril 2024

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Voici ‘Centuria

 Centuria, une faction néonazie ukrainienne ultra-violente, s'est implantée dans six villes d'Allemagne et cherche à étendre son influence partout dans le pays. Selon Junge Welt, un quotidien berlinois, la progression de l'organisation nazie s'est faite “sans être entravée par les services de sécurité locaux”.

Junge Welt fait remonter les origines de Centuria à un sommet néonazi organisé en août 2020 “à la lisière d'une forêt près de Kiev”. Là, un ultranationaliste nommé Igor “Tcherkas” Mikhailenko a demandé aux “centaines de combattants d'autodéfense présents, pour la plupart masqués”, membres de la milice nationale fasciste de Kiev, de “faire des sacrifices pour défendre l'idée de la ‘Grande Ukraine’”. En tant qu'ancien chef de la division de Kharkiv du Patriote néonazi d'Ukraine et commandant du bataillon Azov parrainé par l'État de 2014 à 2015, Mikhailenko a professé le désir de “détruire tout ce qui est anti-ukrainien”.

Junge Welt rapporte que depuis 2017, la Milice nationale “pratique une justice d'autodéfense brutale” dans toute l'Ukraine, y compris “en tyrannisant la scène LGBTQ.” Centuria a ensuite été blâmé pour une attaque terrifiante en novembre 2021 contre une boîte de nuit gay à Kiev, au cours de laquelle ses agents ont agressé les fêtards avec des matraques et du gaz poivré.

Aujourd'hui, la même secte néonazie “a des ramifications en Allemagne”, a révélé Junge Welt. Le 24 août 2023, jour du 32e anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine, Centuria a organisé un “rassemblement nationaliste” dans la ville centrale de Magdebourg, “sans être inquiété par Antifa et les médias critiques”.

Les participants ont fièrement posé avec le drapeau de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), fondée par Stepan Bandera, collaborateur nazi de la Seconde Guerre mondiale. Centuria s'est vanté à l'époque sur Telegram“bien que la jeunesse ukrainienne ne soit pas dans sa patrie, elle commence à s'unir”. Dans le même temps, ils menaçaient les “ennemis” de leur pays d'une “terreur d’enfer”, promettant que les “émigrants ukrainiens” n'oublieraient pas leur identité nationale pour quelques centaines d'euros.

Junge Welt rapporte que Centuria “collecte actuellement des fonds pour l'unité de combat de son organisation mère”, commandée par Andriy Biletsky - le fondateur du Bataillon Azov qui a tristement déclaré en 2014 que la mission de la nation ukrainienne était de “mener les races blanches du monde dans une croisade finale... contre les Untermenschen dirigés par les Sémites.” Chez eux, les membres de Centuria expriment des attitudes similaires à l'égard des musulmans, des Africains et des homosexuels, qu'ils qualifient respectivement de “califat allemand”, de “violeurs noirs” et de “pédophiles”.

Aujourd'hui, les membres du groupe s'efforcent de transmettre leur vision idéologique aux futurs racistes du continent. “Nous créons une nouvelle génération de héros !” se vante la chaîne Telegram de Centuria. Le groupe néonazi a ainsi organisé des randonnées dans les montagnes allemandes du Harz avec une association de scouts nationalistes ukrainiens appelée Plast. Cette association a ouvert des sections dans le monde occidental à partir des années 1950, en réponse à la chasse aux fascistes et aux nationalistes menée par l'Union soviétique. Outre l'endoctrinement idéologique, les jeunes membres de Plast peuvent améliorer leur condition physique et recevoir un entraînement militaire. Comme le déclare de manière inquiétante Centuria sur Telegram“les gens libres portent des armes”.

Alors que Washington se désengage progressivement de son soutien à la guerre de l'Ukraine contre la Russie, il commence à céder à Berlin la responsabilité de la gestion - et probablement de l'échec - de la campagne militaire. Si les livraisons d'armes américaines continuent de diminuer, l'Allemagne deviendra le principal fournisseur d'armes de Kiev. Et les Allemands pourraient se rendre compte que dire “non” à l'Ukraine pourrait leur réserver de mauvaises surprises.

Contrairement aux États-Unis, l'Allemagne ne bénéficie pas du tampon géographique d'un océan entre elle et les guerriers fascistes par procuration qu'elle soutient en Ukraine. Après l'effondrement de la contre-offensive ukrainienne tant vantée à la fin de l'année 2023, son président, Volodymyr Zelensky, a proféré une menace à peine voilée lors d'une interview accordée à The Economist : “Il n'y a aucun moyen de prédire comment les millions de réfugiés ukrainiens dans les pays européens réagiraient s’ils sentent qu’on lâche leur pays”.

Bien que les Ukrainiens se soient généralement “bien comportés” et qu'ils soient “très reconnaissants” envers ceux qui les ont hébergés, ce ne serait pas une “bonne idée” pour l'Europe de “pousser ces gens dans leurs retranchements”, a fait remarquer M. Zelensky à l'hebdomadaire.

Pour comprendre comment les éléments les plus radicaux d'une force mandataire usée pourraient retourner leurs armes contre les gouvernements occidentaux qui les ont armés, il suffit de se rappeler les événements du 11 septembre 2001.

Un réseau nazi secret soutenu par l'Occident

Si Centuria s'appuie fortement sur les migrants ukrainiens en tant que recrues, elle bénéficie également d'une structure bien établie de soutien de l'élite européenne.

En septembre 2021, l'Institut d'études européennes, russes et eurasiennes (IERES) de l'université George Washington a publié un rapport détaillé et profondément troublant qui montre comment Centuria a été alimenté par 

un “ordre d'officiers militaires ‘traditionalistes européens’ qui se décrit lui-même et dont les objectifs déclarés sont de remodeler l'armée du pays selon des lignes idéologiques de droite et de défendre ‘l'identité culturelle et ethnique’ des peuples européens contre les politiciens et bureaucrates 'bruxellois”.

L'IERES a rapporté que l'aile militaire de Centuria a commencé à s'entraîner en 2018 à l'Académie nationale de l'armée ukrainienne Hetman Petro Sahaidachny (NAA), la “première institution d'éducation militaire de Kiev, et une plaque tournante majeure de l'assistance militaire occidentale au pays”.

Le journal révèle que “pas plus tard qu'en avril 2021, [Centuria] a affirmé que depuis son lancement, ses membres ont participé à des exercices militaires conjoints avec la France, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis, l'Allemagne et la Pologne”.

En effet, de nombreux membres du groupe néonazi se sont entraînés sur la base de facto de l'OTAN à Yavoriv, à quelques kilomètres à l'est de la frontière polonaise.

De plus, “le groupe affirme que ses membres servent en tant qu'officiers dans plusieurs unités de l'armée ukrainienneDepuis au moins 2019, Centuria a [...] [appelé] les membres de l'AFU alignés sur l'idéologie à demander leur transfert dans des unités spécifiques où servent les membres du groupe. Pour attirer de nouveaux membres, le groupe - via son canal Telegram, qui compte plus de 1 200 adeptes et un bot de mobilisation dédié - continue de vanter son rôle présumé dans l'AFU et son accès à des programmes occidentaux de formation, militaires et d'échange.”

Tous les gouvernements occidentaux contactés par les chercheurs de l'IERES ont affirmé ne pas tolérer les néonazis dans leurs armées, insistant sur le fait qu'ils “font confiance au gouvernement ukrainien pour sélectionner et identifier les bons candidats” pour leurs programmes de formation. Mais l'Académie nationale de l'armée ukrainienne Hetman Petro Sahaidachny (NAA) a explicitement déclaré qu'elle ne procédait à aucune sélection de ce type, tout en niant que Centuria opérait au sein de son quartier général.

Après que l'auteur du rapport a contacté Centuria et l'Académie nationale de l'armée pour obtenir des commentaires sur la formation des néo-nazis, les agents du mouvement extrémiste ont commencé à faire disparaître leurs traces en ligne et ont dissimulé leurs activités dans le monde réel depuis.

Les médias occidentaux ont presque totalement ignoré le rapport de l'IERES, à l'exception d'un seul article dans le Jerusalem Post. Ce silence est d'autant plus inhabituel que l'auteur de l’article est un citoyen ukrainien basé à Washington DC, dont les travaux ont été publiés par Voice of America, un organisme gouvernemental américain, et par Bellingcat, une société d'investigation “open source” financée par les gouvernements américain et britannique.

Parmi les responsables occidentaux, seules les Forces armées canadiennes ont commenté les conclusions méticuleusement documentées du rapport, affirmant de manière grotesque que les photos postées sur Facebook par les membres de Centuria avaient été “trafiquées” pour promouvoir la “désinformation russe”.

Un tel manque de sincérité n'est pas surprenant compte tenu de l'histoire bien documentée de l'armée canadienne, qui a fourni une formation à des fascistes ukrainiens endurcis - et de son refus de désavouer les nazis ukrainiens.

Aujourd'hui encore, le chef de l'armée canadienne, le général Wayne Eyre, refuse de s'excuser d'avoir ovationné Yaroslav Hunka, un collaborateur nazi de la Seconde Guerre mondiale invité par le Parlement canadien.

Selon les chercheurs, les combattants de Centuria en Ukraine ont passé au moins les cinq dernières années à tenter d'endoctriner leurs membres dans le néo-nazisme. Le rapport de l'IERES note que la Centurie “a pu faire du prosélytisme auprès de la future élite militaire ukrainienne au sein de l'ANA”.

Portrait d'un néonazi formé en Grande-Bretagne

Soulignant l'ampleur de la présence néonazie dans les appareils militaires occidentaux, Kyrylo Dubrovskyi, élève de l'ANA, a suivi une formation d'officier de 11 mois à la très réputée académie militaire royale de Sandhurst, en Grande-Bretagne, en 2020. Le ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine a célébré sa remise de diplôme tandis que la NAA a publié un profil vidéo de 12 minutes sur le parcours du nouveau diplômé vers le leadership militaire. L'IERES a noté que M. Dubrovskyi “a témoigné un intérêt très vif pour les questions relatives à Centuria”pendant qu'il fréquentait l'académie

Dubrovskyi semble avoir évoqué une vidéo promotionnelle de Centuria diffusée sur Telegram en mai 2020, dans laquelle on voit les membres du groupe défiler à Lviv, assister à un événement de la NAA et tirer avec leurs armes. On entend Dubrovskyi entonner : 

“Nos officiers mettent sur pied la nouvelle armée de l'Ukraine... Nous sommes Centuria. Nous sommes partout... défendez vos territoires, vos traditions jusqu'à la dernière goutte de sang.”

Un mois auparavant, Centuria avait publié une interview d'un “cadet des forces armées de Sa Majesté”, une description qui ne pouvait correspondre qu'à un seul individu : Dubrovskyi. Il a clairement indiqué qu'il préférait suivre une formation en Ukraine, car la formation britannique pour les officiers militaires “met moins l'accent sur la théorie”. Pendant cette période, “Dubrovskyi a reçu des cadets étrangers en visite à l'académie” et “à plusieurs reprises, a escorté des délégations étrangères en visite à l'académie”, notamment des cadets de l'US Air Force et de l'armée française.

On ne sait pas exactement quelle quantité de “théorie” Dubrovskyi a injectée dans la routine des soldats occidentaux croisés à Sandhurst. L'IERES a conclu que “Dubrovskyi et Centuria ont tiré parti de son statut de cadet de Sandhurst” pour promouvoir le groupe et son idéologie. Dans la section “à propos" de sa chaîne personnelle YouTube, M. Dubrovskyi se décrit comme “un cadet de l'Académie royale de Grande-Bretagne”. Il y a posté plusieurs vidéos sur ses expériences à l'académie, et au moins un message exprimant son désir de rejoindre le régiment néonazi Azov.

Sur Telegram en décembre 2020, Centuria a clairement indiqué que l'infiltration des plus hauts échelons de l'armée ukrainienne n'était que la première étape d'un blitzkrieg idéologique bien plus vaste : 

“Centuria est en train de former une élite militaire unique en son genre dont l'objectif est d'atteindre les plus hauts rangs des forces armées afin de devenir un noyau d'autorité capable d'exercer une influence significative.”

Après avoir consolidé son emprise sur l'armée, le groupe prévoit de pénétrer les rangs de “l'élite politique ukrainienne” afin de “procéder à des changements sociétaux”.

Kit Klarenberg

Rencontre avec ISIS-U

Rencontre avec ISIS-U

L’enquête sur l’attentat terroriste du Crocus City Hall progresse et se rapproche de plus en plus de la preuve, au-delà de tout doute raisonnable, que l’événement a été entièrement organisé par les États-Unis et que Victoria Nuland, du Département d’État américain, en a été l’inspiratrice.

Rappelons, si vous le voulez bien, que la Maison Blanche a été la première à savoir qui était (soi-disant) derrière l’attaque : c’était (soi-disant) ISIS-K. Le K est l’abréviation de Khorasan, une région historique comprenant un vaste territoire situé aujourd’hui au nord-est de l’Iran, au sud du Turkménistan et au nord de l’Afghanistan. En ce qui concerne ISIS, il s’agit d’une appellation erronée inventée dans le but de détourner l’attention. ISIS a été organisé avec l’aide des États-Unis sur les territoires de l’Irak et de la Syrie et a été déployé dans le cadre d’une tentative ratée de renversement du gouvernement syrien. L’opération se déroulait bien, mais la Russie est intervenue et a pratiquement éliminé ISIS du patrimoine génétique. Quelques restes d’ISIS ont ensuite été transplantés dans le nord de l’Afghanistan – toujours avec l’aide des États-Unis – dans l’espoir de les utiliser pour semer la zizanie en Russie en déstabilisant les États d’Asie centrale. Mais les États-Unis ont ensuite abandonné leur mission de culture de pavot produisant de l’héroïne en Afghanistan parce que le fentanyl fabriqué au Mexique (à l’aide de précurseurs chinois) était beaucoup moins cher et que les cartels de la drogue mexicains payaient grassement les fonctionnaires américains pour qu’ils gardent la frontière sud ouverte pour leurs mules.

Qu’est-il donc arrivé à ISIS-K ? Il n’y a aucune raison de penser qu’il se trouvait en Iran ou dans le sud du Turkménistan et les représentants des Talibans ont déclaré qu’il n’y avait aucune trace d’ISIS-K en Afghanistan non plus – ils sont partis avec les Américains. Où sont-ils allés ? En Ukraine, apparemment ! C’est pourquoi l’idée de la Maison Blanche d’accuser ISIS-K de l’attentat du Crocus afin de détourner la responsabilité du régime de Kiev, reprise par les fonctionnaires et les médias de l’UE, est particulièrement stupide : lorsque l’on pointe du doigt, il est très important de s’assurer que l’on ne se désigne pas soi-même. C’est à noter : ISIS-K est donc devenu ISIS-U, et ses dirigeants se sont réfugiés à Kiev. L’un d’entre eux aurait même participé à une attaque transfrontalière ratée dans la région russe de Belgorod.

Le 1er avril 2024, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.

RapSit-USA2024 : Le DeepState se désintègre softly...

RapSit-USA2024 : Le DeepState se désintègre softly...

... Et lorsqu’on emploie ce mot de ‘softly’ plutôt dans le sens d’absence de brutalité et de fracas pour qualifier la désintégration, c’est pour la différencier de celle des rues, comme l’on eut en 2020, mais c’est bien plus grave : la désintégration par le désordre au sein de l’establishment et des partis ; c’est-à-dire le désordre de ce qui devrait être immuablement monolithique : le désordre au cœur du DeepState. On en a déjà eu quelques aperçus et échos ces dernières semaines, mais la nouvelle que l’on vient d’apprendre est autrement importante : elle fracture gravement le partir démocrate, le fer de lance qui mène le globalisme aux USA, et toutes les réformes  révolutionnaires  pour déstructurer le pays.

L’essentiel de l’épisode est bien sûr du point de vue de la communication, avec l’affirmation d’un personnage central du parti, la “mère nourricière” du parti démocrate, toujours très influente, rompant les rangs sur la question-clef déchirant le parti. Nancy Pelosi, qui fut Speaker de la Chambre pendant huit ans, rompt avec la politique du président sur la crise israélo-palestinienne.

Voilà qui mérite quelques détails...

« Le clivage entre les démocrates sur l'arrêt de l'aide à la défense d'Israël s'accentue, provoquant une crise et un casse-tête pour les stratèges de Joe Biden à l'approche de l'élection présidentielle. Ce clivage s'est intensifié à la suite de l'attaque menée la semaine dernière par les Forces de défense israéliennes (FDI) contre le convoi de la World Central Kitchen à Gaza, qui a fait sept morts parmi les travailleurs internationaux, dont un Américain.

» Cette fragmentation croissante de la base de M. Biden s'est également manifestée ce week-end par le fait que l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, toujours très influente parmi les démocrates, s'est publiquement prononcée contre la politique de M. Biden visant à continuer à armer Israël. Cette question pénètre le cœur de l'establishment démocrate et menace son unité.

» Axios rapporte qu'elle "a signé un appel lancé par des membres progressistes du Congrès pour que les États-Unis cessent de transférer des armes à Israël suite à une frappe qui a tué sept travailleurs humanitaires à Gaza".

» La lettre qu'elle a signée et qui était dirigée par Reps. Mark Pocan (D-Wisc.), Jim McGovern (D-Mass.) et Jan Schakowsky (D-Ill.), incluaient les signatures d'une quarantaine de démocrates.

» “À la lumière de la récente grève contre les travailleurs humanitaires et de la crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver, nous pensons qu'il est injustifiable d'approuver ces transferts d'armes", a déclaré le gouvernement dans la lettre adressée au président Biden et au secrétaire d'État Antony Blinken. »

Comme on le voit, la démarche a pris une allure officielle qui dépasse largement la demande de changement de Premier ministre israélien lancée par le chef de la majorité démocrate du Sénat (et caricaturée par nombre de critiques indépendants comme étant de pure propagande électorale, – pour les électeurs musulmans du parti démocrate). Cette demande est purement formelle et les USA, et le parti démocrate n’ont aucun moyen de l’appuyer de mesures concrètes, sinon indirectement en pesant sur la politiquer des USA, là aussi d’une façon indirecte (livraisons d’armes, etc.).

Dans le cas de Pelosi et de ses soutiens, c’est différent : la demande s’adresse au gouvernement et demande une modification fondamentale d’une politique qui ne l’est pas moins de ce même gouvernement. Tout cela se fait au sein du parti démocrate qui est, d’autre part, attaqué avec une extrême efficacité par l’ancienne ‘star’ du parti, Tulsi Gabbard nommée à 23 ans vice-présidente du DNC (direction du parti) et démissionnaire en 2016 pour protester contre les conditions dans lesquelles Bernie Sanders avait été écarté de la compétition pour la nomination du candidat démocrate.

Il s’agit d’une situation étonnante de fragmentation, à la fois à partir de l’intérieur du parti (Pelosi), à la fois à partir de ses franges les plus contestatrices ; et d’une fragmentation qui concerne deux aspects du parti démocrate :
• Pelosi attaque sa politique israélienne, c’est-à-dire, qu’on le veuille ou pas, une politique qui est la projection ‘neocon’ de la politiqueSystème (politique extérieure) qui est très largement inspirée des conceptions suprémacistes israéliennes ;
• Gabbard, qui a une position de soutien de la politique d’Israël (on n’a pas fini d’explorer à la fois les causes et l’avenir de cette contradiction), attaque essentiellement la corruption interne du parti et ses productions d’extrême-gauche, sociétales et globalistes.

• Ces attaques contre le parti démocrate ont un effet important sur la partie la plus conformiste du parti républicain, les restes regroupées sous le nom de RINO (‘Republicans In Name Only’) qui soutiennent tous les aspects du parti démocrate mis en cause comme on l’a montré plus haut. Au contraire, cette dynamique renforce à l’inverse la faction républicaine la plus activiste, faite de contestataire populiste du DeepState et du Système, avec notamment comme leader la jeune député Marjorie Taylor Green, qui menace déjà la position de ‘Speaker’ Mike Johnson pour avoir fait des concessions à la politique pro-ukrainienne de Joe Biden.

• Cerise sur le gâteau montrant combien le DeepStater perd le contrôle de ses principaux bras armés, – ici son bras juridique qui a été essentiellement armé par les $milliards de Georges Soros pour l’élection des juges et des Procureurs Généraux : la débâcle extraordinaire des ridicules amendes et cautions qui furent imposées à Trump à New York (près de $500 millions),pour des accusations dérisoires, qui ont été révisées autour de $125 millions en appel selon un certain sens du ridicule mais qui ont surtout provoqué un formidable rebondissement dans ses activités diverses, ses soutiens politiques, la marche de son empire financier, et ont augmenté ses avoirs de $4,5 milliards, le faisant entrer dans la catégorie des 500 personnes les plus riches du monde ! De l’homme aux cheveux oranges devenus presque blancs (l’avez-vous remarqué ?), Mercouris tire en gloussant la leçon de sagesse d’un capitalisme totalement gangrené par la corruption, et l’abysse de ridicule dans lequel est tombé l’establishment juridique (hyper-gauchiste/hyper-wokeniste/hyper-Soros) de la ville de new York :

« Ceux que vous voulez rendre plus pauvre jusqu’à la banqueroute mais pour lesquels vous ratez votre coup, vous les rendez bien plus riches. »

L’important dans notre  propos n’est pas tant cette succession d’avatars, – même si tous sont évidemment importants en eux-mêmes, – que de voir combien tous ces avatars sont intérieurs, dans le fonctionnement même de la machinerie qui produit toutes les activités du DeepState, dont la politiqueSystème. On peut se demander s’il n’y a pas des dysfonctionnements irréparables dans le monstre que plus personne ne contrôle et, selon cette logique, que plus personne ne serait capable de réparer dans ceux de ces dysfonctionnements qui deviennent intolérables. On pourrait ainsi se poser naïvement cette question évidente et brûlante à la fois, – mais interdite aux complotistes auxquels on ne peut faire aucune confiance : le DeepState est-il encore capable d’organiser une fraude massive comme il le fit en 2020 pour bloquer Trump ?

 

Mis en ligne le 9 avril 2024 à 16H40

La chape de plomb-en-toc

La chape de plomb-en-toc

9 avril 2024 (15H00) – Je regardai dernièrement une très récente interview de Thierry Meyssan, pour ‘Le Courrier des Stratèges’ et Eric Verhaeghe, qui fait partie d’une série bimensuelle Meyssan-Verhaeghe. Il s’agit de l’interview du 8 février, sur ‘Le Courrier”, et repris sur ‘Réseau International’.

Note de PhG-Bis : « Je connais un peu Meyssan pour avoir participé à des tables rondes qu’il organisa en 2005-2006 et il est exactement tel qu’il apparaît dans la vidéo : mesuré, pondéré, jamais tranchant, ne dissimulant pas ses doutes, s’exprimant avec une très grande douceur, etc. La dénomination d’extrême-droite qu’on lui colle est d’une bêtise vraiment très, très profonde, bien à l’image des porte-flingues qui s’en chargent ; il vient de la gauche, il a défendu (et défend toujours, je suppose) les droits des homosexuels, dont il est ; il reste droit comme un “i” pour les affaires du 11-septembre, notamment selon je crois cette idée de base : “une seule chose est certaine, c’est que la version officielle est fausse” , qui est complètement la mienne.

» Ainsi en est-il lorsque nous écrivions : “La position de ‘dedefensa.org’ sur le fait même de l’attentat est bien résumée par une déclaration que Philippe Grasset fit au ‘Soir’. (‘Le Soir’ de Bruxelles avait eu la curieuse idée d’une interview de PhG, et d’une interview expresse par téléphone, le 10 septembre 2008 en fin d’après-midi. Le résultat fut assez mitigé quant à l’exactitude du rapport des propos de PhG, et parut dans un entrefilet dans les éditions du 11, dans un ensemble consacré à l’anniversaire.) Nous citons cette phrase précisément dite (de PhG), qui inspira le titre de l’entrefilet et dont l’esprit se retrouve dans tous les textes de ‘dedefensa.org’ : ‘La seule chose dont je sois sûr [concernant 9/11], c’est que la version officielle est fausse…’”. »

Bien : dossier clos et hommage rendu à Meyssan, passons à l’interview... Finalement, l’interviewé nous fait un récit de sa vie depuis la parution de son livre ‘L’effroyable imposture’, et notamment de ses divers déplacements et engagements entre son départ de France, en 2006-2007 sous la pression de certains événements, jusqu’à son retour vers 2018-2019. Depuis, il vit donc en France, dans un milieu plus apaisé  pour lui.

Ce qui m’intéresse, c’est ce court extrait du dialogue (1h 11’ 10“ sur la vidéo)::

Eric Verhaeghe : « La France que tu retrouves, est-ce la même que celle que tu avais quittée ?»

Thierry Meyssan : « Pas du tout ! C’est un autre pays... Alors, ça peut paraître bizarre mais euh, la première chose qui me frappe, c’est que, quand j’avais quitté la France, quand on entrait dans un café, tout le monde parlait de politique... Et quand je suis rentré en France, personne ne parle de politique dans un café... Or ça, cette chose-là, je ne l’avais vécu qu’en Union Soviétique... »

Il est rare d’introduire dans les propos de Meyssan un  point d’exclamation pour exprimer le ton. Cette remarque sent le vrai... Il m’arrive d’indiquer quelquefois à des commerçants de mes habitudes un schéma des activités que j’exerce et à l’un d’entre eux j’avais donné les coordonnées de mon site. Six mois passent, relations toujours aussi cordiales. Il y a quelques jours, petit échange, tout et rien, puis soudain son intervention et ma réponse, deux phrases-bateaux auxquelles je suis habitué, qui permettent soit de poursuivre, soit de rompre selon l’humeur de l’interlocuteur..

« Ben dites donc, en ce moment vous ne devez pas chômer ! »

«  Vous l’avez dit, j’ai soixante ans de journalisme et de travail dans ce domaine, jamais je n’aurais imaginé ce qui se passe... »

Là-dessus, mon interlocuteur me glisse, sur un semi-ton de demi-complotiste qui montre qu’il a au moins réalisé ce dont on parle et la façon dont j’en parle ; et ce qu’il dit ne s’adresse pas à moi, comme une mise en garde, mais elle parle plutôt pour lui et justifie ce qui a pu être pris pour une réserve :

« Mais vous savez, il faut faire attention avant d’en parler, en ce moment on ne peut pas raconter des choses pareilles à n’importe qui... »

Voilà donc Meyssan confirmé par la plus banale des sources, et moi-même intuitivement renforcé dans ma conviction que nous vivons effectivement dans ce monde-là, – c’est-à-dire dans deux mondes parallèles, l’un où l’on ne peut dire que ce qu’il est autorisé de dire, et celui où il est possible de dire ce que l’on pense en vérité. Mais l’interview se poursuit et devant la proposition selon laquelle nous nous trouvons quasiment privés de liberté de parole, Meyssan se récrie en énonçant : “Mais non, la preuve c’est que nous sommes en train de dire ce que nous disons”.

Il explique que nous sommes dans une phase intermédiaire, où l’on peut encore se parler “entre amis”, c’est-à-dire des pas-« n’importe qui », et que la bataille, la “résistance” peut pour l’instant se concevoir comme cette seule prise de parole. Mais bientôt, poursuit-il, nous en arriverons à l’extrême et alors, même entre amis, il ne sera plus possible de “parler” (de “résister”), et alors il faudra songer à la référence de la résistance sous l’occupation, « entrer dans la clandestinité ».

Malgré mon âge conséquent, l’idée de la résistance en clandestinité du type 1940-1945 ne me déplaît pas, et pourtant je ne crois pas du tout que les choses tourneront de cette façon. Ce n’est pas que nous capitulerons tous, c’est plutôt qu’ils ne parviendront pas à imposer leur régime complet de “terreur de l’esprit et de la parole” sans la terreur pure et simple, la vraie de vraie, de la Gestapo au NKVD. Malgré qu’ils soient extrêmement doués, malgré tous leurs efforts et leur bonne volonté, malgré leur goût presqu’enchanteur pour la corruption et la trahison barbouillées de milliards de milliards de neurones artificiels, même la CIA et le FBI ne parviennent pas à la cheville du NKVD ni à celle de la Gestapo.

Ce n’est pas que je tienne NKVD et Gestapo pour autant d’instruments diaboliques mais c’est parce qu’ils ont réussi, à cause de circonstances transformant des coups d’État, des guerres civiles, des batailles bureaucratiques, des complexes de camps de travail, des chambres de torture, des famines minutieusement organisées en autant d’outils absolument légaux d’un parti devenu la représentation incontestable et incontesté de la légalité. Ce qui compte le plus dans les dictatures nazie et bolchévique, c’est justement qu’elles transmuent la réalité, avec des partis devenant des États, donc fondements et justifications de toutes choses attribuées à une partie irrésistible du tout qu’est la Nation, ou l’Idée, ou le Cosmos-Reich. Cela ne peut se faire, l’irrésistible, que via une balle dans la tête du suspect tirée par l’officier du NKVD ou suspendu par la gorge au croc de boucher de la Gestapo. Il faut du sang, du gros qui tâche, des morts dont on est fier, et tout cela étalés partout, et que tout cela se sache, et que l’on défile devant les charniers, et que l’on en soit sous le charme. La terreur a quelque chose de la magie (noire ou pas, qu’importe). Même les pseudos ex-néo-nazis ukrainiens n’arrivent pas à la cheville, eux non plus, de leurs grands-papas bandéristes.

Nous (nos dirigeants, nos globalistes) ne sont pas assez costauds pour ça. Je dirais assez lestement qu’ils n’ont pas les couilles pour “faire le job” que leur demande le diable et que leurs folies bien réelles sont des petites folies de bourgeois, qui se manifestent par du pince-fesse de gamines, des gamineries autour de la braguette, quelques liasses de billets et un déguisement en loup-garou démoniaque. En fait, ils pensent qu’un article dans le New York ‘Times’ et un édito du ‘Financial Times’ suffisent à “faire le job”. Ils n’ont pas encore réalisé que le diable lui-même finit, découragé, par les mépriser, eux qui ont tous les leviers de la puissance depuis quasiment un siècle et qui sont en train de prendre une volée de première et de bois vert en Ukraine. Ils n’ont même pas vu, en 1989, en République Démocratique Allemande, qu’il fallait se saisir de ce commandant Poutine du KGB, et le mettre très vite au fond d’une boite, au fond du Dniepr, avec un chargeur de Kalachnikov tiré sur l’ensemble pour permettre au mort de respirer jusqu’à ce que mort s’ensuive, et qu’il dégoûte à jamais le Russe du désir de se relever. Non, ils manquent de flair.

Je vous le dis : leur chape de plomb est faite de plomb en toc, fabriqué au rabais, sans les terres rares que les Chinois gardent pour eux, privée des éléments fondamentaux qui font d’une dictature une entité sérieuse. Ce sont des dictateurs-bananiers, des Tapiocas, des Alcazars, des Plekszy-Gladzs en guindaille à Las Vegas ; il leur faudra toujours une belle cape aux couleurs démocratiques, un gentil chapeau avec une plume consacrée aux droits de l’homme, – toujours, toujours cette hypocrisie de marchand de soupe qui les rend impuissants à assumer ce rôle de “maîtres de l’histoire du monde” qu’ils voudraient porter, incapables de comprendre que tout se passe à l’étage du dessus, dans la métaphysique de l’histoire où se trouvent les maîtres du Temps et de l’Espace, et qu’ils ne feraient alors qu’y patauger dans le ridicule qu’ils y auraient amené.

Et pour clore le récit...

Pour terminer par une absence de transition qui mesure l’universalité du sujet, nous allons vous donner un autre exemple, complètement différent, de bien plus haute volée, mais qui met lui aussi ces  personnages qui prétendent nous dompter à leur juste place. Cela se passe hier soir entre mes deux larrons en foire, qui deviennent “en folie” quand ils parlent de Macron, – Christoforou et Mercouris. Ils parlent tous deux d’une nouvelle Grande Alliance France-UK pour mettre la Russie KO, – vous voyez d’ici la scène !  Guillaume le Conquérant rules the waves...

Christoforou se débattant en pouffant de rire avec le nom du ministre français qu’il ne retrouve pas (moi non plus, et croyez-moi je n’en dors pas moins), total inconnu recruté dans les couloirs du métro par l’ami-Macron et spectacle réjouissant de notre commentateur gréco-chypriote... Alors, Mercouris intervient avec son tact habituel et son humour si british même pour l’ascendance grecque... Je traduits volontairement “inconsequential” qu’il emploie à deux reprises, qui signifie aussi “insignifiant”, par l’expression “sans conséquence”, – des “êtres sans conséquence” comme l’on dit ‘Un roi sans divertissement’, comme l’on dit d’une absence de toute trace, – des êtres au-delà du non-être car pour ne pas être un être il faut admettre la référence de ce qu’est un être. Rien de semblable dans le marigot où barbote la Macronie.

« Notez à ce propos... En d’autres temps, le ministre français des affaires étrangères était connu du monde entier, et voyez combien ces personnes sont aujourd’hui complètement ‘sans conséquence’... Tout le monde savait qui était le ministre français des affaires étrangères. La France a donné quelques-uns des plus grands diplomates qui aient jamais existé... Talleyrand ! il vous suffit de citer ce nom. La France a inventé le concept même de diplomatie. Aujourd’hui, ce sont des personnages ‘sans conséquence’... »

Et vous croyez qu’on va faire des dictateurs à faire trembler le monde de ces falots pissenlits qu’un peu de vent emporte tandis que leur nom s’emploie à justifier son origine du moyen-âgeux “pisser-en-lit” ?

Note de PhG-Bis : « Grande avait été ma satisfaction d’entendre le Britannique Mercouris citer en exemple au monde éberlué un modèle qui n’a plus cours, qui est parti dans un autre monde, qui nous regarde avec sa hautaine ironie ricanante, le Prince de Bénévent et “diable boiteux”, plus apprécié des Anglais que des Français qui ne connaissent plus rien du bonheur de leur histoire... »

La destruction de la France au cinéma 

La destruction de la France au cinéma 

Mon livre commente la destruction – ou la disparition de la France – de 1945 aux années 70. Je considère que si la France est devenue ce que l’on sait depuis, elle était déjà foutue alors – dans les années 70. Je l’ai perçue ainsi enfant déjà quand j’y venais, sorti de ma tranquille Tunisie. Je suis arrivé à Brest en famille en 1972, ville entièrement détruite et reconstruite, artificielle au possible. Cela ne parlait que football et télé à l’école et j’avais déjà le caractère des trois vieux emmerdeurs des Vieux de la Vieille. Mon seul réconfort visuel : les classiques US à la télé encore bien doublés et Chapeau melon et bottes de cuir – Emma Peel et Tara King. Le reste c’était les ZUP et les supermarchés. Et la foule « non encore remplacée » s’y engouffrait gaiment, comme si elle n’avait jamais connu – et aimé – que cela. Le litre d’essence à un franc dix-sept…

Ce qui restait de la France c’était des bribes : le petit village, la petite campagne vite captée le tourisme industriel avant de servir d’investissement immobilier au bourgeois enraciné. Le reste était promis à plus d’industrialisation, plus de destruction, plus de remplacement. On avait une émission affolante qui s’appelait : la France défigurée (Péricard et Bériot) le samedi je crois, après manger (IE vite triturer ce qu’il y a dans le frigo).

Le remplacement aussi m’est apparu dès cette époque : on se foutait de l’histoire, de la littérature ; on aimait la baise, le tourisme, la gesticulation motorisée ; on aimait la destination exotique, la bouffe nouvelle, et la spéculation. Et on est passé de mille balles du mètre à dix mille euros en cinquante ans, et à peu près partout. On s’adapte, comme dit Céline.

Le cinéma a bien filmé tout cela : il est la vérité vingt-quatre fois par seconde quand la télé est le mensonge vingt-quatre fois par seconde – conditionnement pour accepter tout ça et pour la fermer. J’ai vu par le cinéma la France remplacée dans Play Time de Tati, j’ai vu la France cybernétique et totalitaire dans Alphaville, et j’ai vu les Valseuses. J’ai vu la fin des ânes dans le Balthazar de Bresson (tué par le trafic et le vélomoteur).

J’ai vu disparaitre ce qui restait d’Ancien Régime : le marquis libertin de la Femme du boulanger, les paysans traditionnels de Farrebique, les chevaliers servants de l’Empire dans Alerte au Sud (l’admirable film de Devaivre). J’ai vu disparaitre les curés aussi : c’est l’athée Jean Renoir qui filme un chant du cygne antimoderne dans le Déjeuner sur l’herbe. Son curé y est prodigieux et y annonce comme ceux de Pagnol la grande catastrophe. Mais les idiots avancent toujours, les somnambules, dit Hermann Broch.

A la place est apparue une société froide et structurée autour de nouveaux axiomes : le capitalisme, l’Etat-providence, le court terme, le sexe, la violence fantasmée, la sottise télé. Tout cela a suscité au début des résistances (merci à Guy Debord qui m’aura éclairé pour tout) et puis on s’est habitué. Va critiquer la télé maintenant, va… Va remettre en cause l’usage hypnotique de la technologie, va… C’est Fahrenheit 451 partout (marrant tout de même ce film de Truffaut tourné en anglais et pas en français).

Un écrivain américain (Thomas Frank) a parlé de conquête du cool et il dit qu’une cinq ans on change un peuple. Patrick McGoohan (le Prisonnier, seule série à connaître) dit qu’on ne peut échapper ni au pentagone ni à Madison ni à la télé. Le peuple ‘froncé’ fut créé sous le gaullisme en quelques années. On peut dire que le phénomène était partout le même, mais je tape quand même sur le gaullisme, sur son culte indécent, sur sa constitution, sur ses trente glorieuses, sur ses grandes transformations, sur sa société de consommation. Comme disait André Bercoff dans sa Reconquête ces technocrates gaullistes et arrogants auraient dû lire les situationnistes pour voir dans quel hexagone ils nous mettaient.

Certes la France est coutumière du fait : c’est un pays implacable quand il s’agit d’idées neuves, a dit le professeur Paul Hazard. On aime s’y refaire à neuf. Le bonheur est une idée neuve, etc. On aime les nouvelles vagues, etc. On aime se moderniser, se créoliser, se remplacer, se renouveler, etc. C’est la Lumière du monde (dixit de Gaulle) donc on peut tout se permettre. Mais franchement c’est ici que la technocratie aura fait le plus de dégâts ; ensuite les écologistes ont pris le relais et ont couvert leur hexagone d’éoliennes.

J’en suis resté à Nerval et à Adrienne moi, et à la danse de la Chapelle dans Drôle de frimousse, filmé par un petit juif nommé Stanley Donen, qui avait déjà réalisé dix chefs-d’œuvre et qui lui aussi allait affronter l’ère du cool américaine et ne plus s’en remettre – voyez mon livre sur la comédie musicale américaine. Stanley bis (l’autre génie juif c’est Kubrick) a filmé la chute de Paris dans Charade : on est en 1963 seulement.  Chute brutale : la ville perd son charisme ; c’est une « commodité ». Après c’est Open bar, après c’est les drugstores, les aéroports, les autorités, les banlieues dégueulasses pour parler comme Belmondo (Nanterre forever) les bagnoles moches, les camps de vacances (vive les bronzés !), après c’est aussi une bonne inconscience de plus abruti par la consommation et par la télé, abrutissement que filment Godard ou Pierre Etaix au début des années soixante. Etaix aussi ne s’en remettra pas et Godard disparaît pour une décennie et sans doute pour toujours – un peu comme Rimbaud parti pour l’Abyssinie et revenu pour se faire amputer – ici par la commission d’avances sur recettes. C’est Nina Simone qui déclare à un Ardisson interloqué qu’elle n’aime plus venir à Paris, ville dénaturée explique-t-elle. 

Dans les années cinquante quand Tati filme mon Oncle, le public français réagit encore (peut encore réagir) et le monde entier aime son film ; et en URSS explique le grand et génial Jacques, le film rencontre un immense succès car la bourgeoisie en prend plein la gueule. Dix ans plus tard le modèle américain a gagné, la bourgeoisie américanisée et motorisée a gagné et elle a imposé son modèle. Play Time est un film aussitôt oublié et nié : on a mieux à faire dans les journaux bourgeois, on adore le gauchisme, le cul, la violence, la rébellion, notions toutes recyclées par nos bourgeois. La société postmoderne vit de la haine qu’elle s’inspire comme tel champ vit de la merde de ses paysans.

Mais comme c’est au sens figuré c’est plus grave.

Le système crée alors d’autres modèles : ses vieux râleurs (Gabin…), ses nostalgiques (Audiard…) qu’on aime bien et qu’on évoquera ici. Il crée des loubards, des queutards, des râleuses, des bobos, des renégats, des richards, des paumés, des consommateurs. On est dans la société de services, les sévices se multiplient.

Trois citations pour terminer. On espère qu’elles exaspèreront les imbéciles et rafraichiront l’imagination des bons chrétiens  comme dit Léon Bloy. Mes fidèles lecteurs les connaissant déjà :

Debord sur la mafia et l’avilissement universel :

« C’était une forme de crime organisé qui ne pouvait prospérer que sur la « protection » de minorités attardées, en dehors du monde des villes, là où ne pouvait pas pénétrer le contrôle d’une police rationnelle et des lois de la bourgeoisie. La tactique défensive de la Mafia ne pouvait jamais être que la suppression des témoignages, pour neutraliser la police et la justice, et faire régner dans sa sphère d’activité le secret qui lui est nécessaire. Elle a par la suite trouvé un champ nouveau dans le nouvel obscurantisme de la société du spectaculaire diffus, puis intégré : avec la victoire totale du secret, la démission générale des citoyens, la perte complète de la logique, et les progrès de la vénalité et de la lâcheté universelles, toutes les conditions favorables furent réunies pour qu’elle devînt une puissance moderne, et offensive. »

Bonald sur la disparition du sol et du peuple :

« Le sol n’est pas la patrie de l’homme civilisé ; il n’est pas même celle du sauvage, qui se croit toujours dans sa patrie lorsqu’il emporte avec lui les ossements de ses pères. Le sol n’est la patrie que de l’animal; et, pour les renards et les ours, la patrie est leur tanière. Pour l’homme en société publique, le sol qu’il cultive n’est pas plus la patrie, que pour l’homme domestique la maison qu’il habite n’est la famille. L’homme civilisé ne voit la patrie que dans les lois qui régissent la société, dans l’ordre qui y règne, dans les pouvoirs qui la gouvernent, dans la religion qu’on y professe, et pour lui son pays peut n’être pas toujours sa patrie… Dès lors, l’émigration fut une nécessité pour les uns, un devoir pour les autres, un droit pour tous. »

Drumont enfin sur le Français et Paris remplacés :

« L’être qui est là est un moderne, un nihiliste, il ne tient à rien. Il n’est guère plus patriote que les trois cent mille étrangers, que l’aveuglement de nos gouvernants a laissé s’entasser dans ce Paris dont ils seront les maîtres quand ils voudront ; il ne se révoltera pas comme les aïeux sous l’empire de quelque excitation passagère, sous une influence atmosphérique en quelque sorte qui échauffe les têtes et fait surgir des barricades instantanément. » 

Cela me parait important pour dire que l’immigration et le racisme qui va avec n’ont rien à faire ici et que le Grand Remplacement était joué dans les seventies sous Pompidou-Giscard. Après on a créé un être festif et nul (le bobo) nourri au bio et au cinoche de festival – et aussi et surtout comme partout ailleurs un maniaque du cinéma américain – non pas de Walsh, Hawks et Wilder, mais des blockbusters et des films-culte. C’est un autre sujet.

J’ai choisi une centaines de films ici et comme dit notre correcteur Franz cela fait notice. C’est l’effet recherché. On a oublié de parler de Melville qui dans plusieurs films a fait mouche : dans l’Orchestre rouge, il montre la société froide et glacée et technocratique qui sort du gaullisme (une société structuraliste) ; dans l’Armée des ombres il montre le martyrologue de la Résistance (la France antichrétienne et assez peu résistante adore se créer des religions de substitution) ; et dans Deux hommes dans Manhattan il dévoile les dessous sexuels des élites françaises à New York, la laideur de New York by night sans technicolor et la pourriture de cette ONU qui n’a pas fini de nous en faire baver. Le tout sans prétentions, sans y toucher, presque techniquement. Pas étonnant qu’on l’ait oublié : de toute manière il n’y a plus de nostalgie. Tout est mort et très enterré – y compris les nostalgiques. Je peux en parler moi qui ai pleuré à la mort de Tati (un russe), de Buñuel (un aragonais) ou de Simone Signoret (autre immigrée) qui  l’a bien dit : la nostalgie n’est plus et ne sera plus ce qu’elle était. Le Grand Reset a déjà eu lieu dans tous les cerveaux  et le froncé pouvait se faire remplacer physiquement. Il ne sait plus s’il est vivant le froncé entre sa télé et sa pharmacopée. Ce n’est même pas vrai d’ailleurs : il est plus vieux, engraissé par la dette, et servi par le tiers-monde après avoir bien vécu après mai 68 ; mais de quoi se plaint-il ?

Un grand regret, que les films français de cette époque damnée ne soient pas meilleurs – mais c’est que la France est depuis longtemps un pays surfait et brillant qui vit de sa légende et de sa propagande ; Paris aussi est surestimé un peu comme Washington, car c’est une ville qui a été conçue par les bonapartistes et les républicains pour impressionner, et épater le touriste bourgeois. Le Grand Meaulnes est un film d’italien tourné avec un acteur… ukrainien ; on n’a rien fait sur Nerval et son Adrienne essence de la France druidique et médiévale enfouie ; du coup on a rajouté quelques comédies musicales à notre convenance qui toutes tournées dans les années cinquante ont montré au béotien hexagonal ce que c’était Paris avant son impeccable destruction moderniste et industrielle des années soixante. Comme dit mon ami Paucard dans ses Criminels du béton on n’a plus écrit de chanson à la gloire de Paris depuis cette époque, alors…

J’ai donc cité peu de films des années 80 et d’après. Je considère en effet que le mal était fait. On n’avait plus que du crétinisme subventionné à pourfendre et notre religion était faite avec JJ Annaud : il valait mieux s’exporter que s’abonner aux Nuits fauves des huns et des autres. Notre film préféré à Tetyana et moi ce sont les Visiteurs parce que le serf d’adapte tout de suite (normal on est dans une société de services) à l’affreux monde (banquiers, bowlings et château recyclé sans oublier la rocade qui traumatise notre génial dentiste surexcité) et parce que le noble Hubert qui trouve que tout pue décide de retourner dans son moyen âge, laissant nos contemporains à leur kolkhoze fleuri, comme dit Audiard (on a fait pire que le kolkhoze ici comme à l’ouest du Pecos, Michel, allez…).

Notre plan préféré ? Gabin, de retour à Sarcelles ne reconnaît pas sa ville.

 

Sources

https://www.amazon.fr/DESTRUCTION-FRANCE-AU-CINEMA/dp/B0C9S8NWXX/ref=sr_1_7?dib=eyJ2IjoiMSJ9.VyJG2u84Y0plh3EzUCAOn3ehipeT0N8WH3rOBZoJPys_Ovmn2U2JPKXHeacTehu2_3qF1P49v9QIPJjw2PF4stPkB9Kg4jYXG1m6r7b1n2xM3a2cvXeCqL5tEpJF8_1r-4sNIbezL-C26FxRO-Mjgn75hiXqc6twA5YgyyIpX5MzhfXTJdwJED7jfvNGtjMNZO3A8SfVqtTdDqvOZWOHtYKhxwlaJqUWvuYPkwycTu0.3y9vfG-SWiOB9WjHTmKblikcqsV1l5LfsntBCbJ8M_4&dib_tag=se&qid=1712396731&refinements=p_27%3ANicolas+Bonnal&s=books&sr=1-7

RapSit-USA2024 : On s’arrache Gabbard

RapSit-USA2024 : On s’arrache Gabbard

Tulsi Gabbard a d’ores et déjà établi une sorte de record, sans aucun doute pour une femme (et d’“une minorité”, en plus). Seul Eisenhower l’a précédé dans l’exploit de se voir pressenti pour occuper une place dans le “ticket” présidentiel de deux candidatures, par les démocrates et les républicains (il finit président au nom des républicains). Gabbard vient de révéler que Robert Kennedy lui avait demandé en janvier d’être sa colistière et elle est sur la ‘short-list’ des candidats vice-présidents avec Trump.

Gabbard a révélé qu’elle avait refusé l’offre de Kennedy en janvier, tout en précisant qu’elle avait établi de fort liens d’amitié avec lui lors de leurs rencontres. NBC News fait le commentaire suivant :

« Mais les opportunités de Gabbard pour 2024 ne sont pas entièrement sous son contrôle, et elles ne sont pas non plus également équivalentes. Comme l’a dit une source, Gabbard aurait été susceptible d’envisager sérieusement de se présenter comme candidate à la vice-présidence de Kennedy si elle n’avait pas été séduite par la possibilité de servir avec Trump. Cette personne a déclaré que Gabbard était “tentée” par la possibilité de figurer sur le ticket de Kennedy, mais qu’elle se concentre désormais sur la possibilité que Trump la sélectionne.

» “Je crois comprendre que Tulsi est convaincue que Trump va la choisir”, a déclaré cette personne. “Si cela n'avait pas été le cas, elle aurait probablement suivi Kennedy”.

» Un conseiller de l’équipe Trump a précisé de son côté : “Je pense que la plupart des membres de l'équipe Trump la considèrent comme quelqu'un qui ne sera finalement pas choisi comme vice-président, mais qui pourrait se retrouver avec un rôle différent en fin de compte”. »

Les positions envisagées dans ce cas (non-choix de VP) sont dans l’équipe de sécurité nationale : secrétaire à la défense surtout, mais également conseiller à la sécurité nationale du président et directrice du NSC, ou encore Secrétaire d’État. Rien pour étonner dans tout cela, pour une femme qui est lieutenant-colonel dans la Garde Nationale d’Hawaï, qui a effectué quatre tours opérationnels en Irak et qui a de grandes connaissances et de fortes convictions de sécurité nationale, en même temps qu’une détestation affichée pour les aventures guerrières des ‘neocon’ qui ravit l’équipe Trump, les Carlson et les Musk, etc. Si elle devait être dans l’équipe Trump, les Européens dr l’OTAN, qui n’ont évidemment pas encore entendu parler d’elle car ils sont bien informés, apprendront à la détester encore plus que Trump.

Les commentaires autour de cette déclaration de Gabbard, qui en, même temps la mettent en vedette pour une place importante dans les ‘tickets’ présidentiels, déroulent tous les mêmes spéculations avec les arguments pour et les arguments contre. Ce qu’il faut retenir à son avantage, qui en fait une personnalité particulièrement importante dans cette phase politique (en plus d’être une femme d’“une minorité”) ce sont deux choses principalement :

• Des qualités personnelles exceptionnelles, outre ce qui a déjà été dit sur sa carrière : un abattage exceptionnel autant que son physique, des qualités d’oratrice de première classe, une très grande habitude des médias (grande amie de Carlson),– un ensemble de qualités qui la classent au-dessus de la plupart des femmes (et des hommes) politiques aux USA. En plus de cela, elle n’est pas particulièrement arrêtée par certains interdits sociétaux et autres, ce qui donne à ses interventions un air de liberté très inédit.

 • Une connaissance exceptionnelle des dossiers de sécurité nationale, sans doute sans équivalent chez une femme politique US et chez la plupart des hommes politiques, avec l’avantage quasiment unique d’un service militaire régulier dans la Garde Nationale à un grade élevé. Là aussi, il s’agit d’un avantage exceptionnel par rapport au troupeau habituel du domaine, renforcé par de nombreuses visites dans des pays en pleine effervescent et et contre les consignes du DeepState comme sa visite à Assad en 2017. (Nous savons très largement suivi les diverses péripéties de l’activisme de Gabbard, en tant que populiste de gauche antiguerre.)

... On dirait presque qu’elle a presque trop de qualités pour être choisi par un dirigeant politique. Il en est même, dans l’équipe Trump, – où elle a des adversaires à cause de la place qu’elle prendrait si elle y entrait, – qui affirment que Trump ne la choisira pas parce qu’il craint de favoriser une future candidate qui l’empêcherait de briguer un deuxième mandat s’il était élu, – puisqu’on songe déjà à ces échéances, alors que Trump sera en route vers ses 85 ans ! (Gabbard, elle, a une autoroute devant elle, avec ses 42 ans.)

Contre le DeepState, une lutte de titans

En fait, ces trois personnages, – Trump, Kennedy et Gabbard, – sont unis par un but commun : bloquer à tout prix Biden et les démocrates, qui représentent pour eux la fin des USA en tant que le reste de démocratie que ce pays constitue aujourd’hui. Récemment, Kennedy a frappé par la vigueur de sa condamnation de Biden, donnant par simple logique un statut respectable et vertueux à Trump qu’il a exprimé sans retenue. Cet aspect des choses, si l’on tient comporte des rapports entre Gabbard et Kennedy d’une part, et Gabbard et Trump d’autre part, fait si$onger à la possibilité d’un bloc Trump-Kennedy contre les démocrates, à former sous un aspect ou l’autre, à l’occasion ou après l’élection, au-delà des choix faits par les électeurs.

Bien sûr, il y a des obstacles, ou des difficultés : la position pro-israéliéenne de Gabbard, renvoyant à ses origines hindoues et ses positions antimusulmanes ; Trump lui-même, est proche des Israéliens mais s’en est éloigné ces derniers temps. Il y a la VP choisie par Kennedy, la riche héritière Shenaan qui fut une donatrice généreuse de groupes d’ultragauche.

... Mais tout cela ne constitue pas à notre sens un argument convaincant si ces personnalités prennent comme but commun une véritable attaque contre le DeepState , ce qui a l’air d’être le cas, – ce qui est le seul cas possible. Cette orientation constitue une bataille de titans, qui éclipse tout le reste, dont l’enjeu est l’unité des États-Unis ou la guerre civile ; les trois représentent de facto, avec les Musk et les Carlson, sont des populistes anti-globalistes qu’il est déraisonnable sinon tout simplement stupide  de tenter d’étiqueter “de gauche” ou “de droite”, comme le feront ‘Le Monde’ et ‘Libération’ lorsqu’ils découvriront l’importance de ces personnages. Et tous trois sont certainement convaincus qu’il s’agit bien de cela, un ébranlement absolument colossal dont dépend absolument l’avenir des USA.

Dans tous les cas, le constat est fait désormais que Gabbard est installée comme une femme politique de toute première dimension, sans encore occuper une fonction officielle qui entérine cette position. Cela aussi constitue un autre aspect exceptionnel dans sa situation générale, et contribue encore plus à renforcer le jugement que cette élection de 2024 sera aux USA celles des grands reclassements, sinon une élection absolument révolutionnaire.

 

Mis en ligne le 8 avril 2024 à 13H00

L’humeur tragique de Pépé

L’humeur tragique de Pépé

• Pépé Escobar donne une vision générale de la GrandeCrise qui secoue le monde. • Vision tragique, désespérée par certains aspects.• Nous ne pouvons échapper à ces terribles avatars de l’humeur qui rhytment la lutte.

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Nous avons choisi de publier ce texte de Pépé Escobar, qui est une des plumes les plus assidues et les plus suivies de la dissidence depuis si longtemps, – bien plus d’une décennie, peut-être de deux décennies et au-delà ? Nous l’avons naturellement suivi au travers de ces divers canaux de publication et l’avons rarement, sous doute jamais perçu, sous sa plume, aussi tragique, aussi désespéré par instant.

Cela nous paraît inévitable dans la mesure, non  pas où la “Résistance” ne cesse de reculer jusqu’à la défaite finale, mais simplement (façon de parler) parce que la GrandeCrise ne cesse d’aggraver le paroxysme de son développement. Le chaos, l’angoisse, le désespoir en sont chaque jour aggravés, eux aussi, et des deux côtés. Cet état des choses existe partout, chez nos adversaires comme chez nous, comme chez les autres, la masse des ignoramus et des adeptes ‘réalistes’ ou imbéciles des “Trois petits singes”, baptisés de façon beaucoup plus rassurantes ‘Singes de la sagesse’, qui nie voient, n’entendent ni ne disent rien mais n’en en pas moins l’âme totalement investie.

Note de PhG-Bis : « Il faut absolument comprendre que la publication de cet texte n’a rien à voir avec les position développés par Escobar. Que je les partage ou pas importe peu, en aucune façon, – et c’est un point qu’on ne discute pas. Ce que je veux, c’est montrer  une humanité en profonde détresse, comme c’est le cas pour tant d’entre nous ; une humeur, un sens presque insupportable de la tragédie, un désespoir affreux par instant, tout cela qui écrase l’âme d’un homme qui ne cesse de se battre depuis de si nombreuses années. C’est de cela dont il est question. »

Il est impossible d’échapper à cette chape de plomb universelle qui nous écrase, dont nous ne savons rien sinon l’apparence de nihilisme complet si l’on mesure les intentions incompréhensibles et pathologiques considérées à l’échelle de notre monde. Il nous faut les subir et, pour continuer notre impossible quête, il nous faut les combattre. Se demander pour quel but, dans quelle intention, avec quels moyens les plus affirmés, voilà qui est inutile. Il faut se battre, se battre et encore se battre ; ce que fait Escobar dans son texte, quelque désespoir et quelque tragédie qu’il ne puisse dissimuler.

Pour notre compte, nous ne savons rien de plus sinon que si notre sort était réglé, il y a longtemps que l’on aurait fait les comptes. Nous n’avons jamais prétendu savoir (inconnaissance, quand tu nous tiens), mais bien avec  la conscience d’être des instruments de ce que nous nommons avec une lucidité arrangeante “Résistance”, “antiSystème”, et toutes ces sortes de choses, tout en invoquant ces forces supérieures à nous dont l’existence est une infranchissable barrière contre la folie, que nous ne cessons d’invoquer avec mesure et confiance. Notre dignité et notre raison d’être se trouvent dans cette “longue et lourde tâche”, sans demander à nos dieux les buts, les causes de leurs méandres tactiques, les espérances pour atteindre au port. Ainsi nous dit le loup dont Alfred de Vigny assiste à la mort sous les coups infâmes des chasseurs, et que PhG avait choisi pour saluer sa chienne ‘Margot

»Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

»Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,

»Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.»

Le texte d’Escobar, dans ‘Spirit of Free Speech’,  du 5 avril 2024, « Le mécanisme - ou comment l'“ordre” fondé sur des règles fictives sombre dans la barbarie »

dde.org

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Mécanisme et barbarie

“L'ombre terrible d'une puissance invisible
flotte cachée parmi nous, - visitant
ce monde divers d’une aile aussi inconstante
que les vents d'été glissant de fleur en fleur, -
comme des rayons de lune qui, derrière quelque montagne escarpée,
parcourent d’un regard inconstant
les cœur et visage humains
Comme les teintes et les harmonies du soir, --
Comme la nuée dans la lumière des étoiles, --
Comme le souvenir d'une musique enfuie, --
Comme tout ce qui par sa grâce peut être
cher, et plus cher encore par son mystère.” 

— Percy Bysshe Shelley, “Hymne à la beauté intellectuelle”

lors que l'Organisation de facto de la terreur de l'Atlantique Nord célèbre son 75e anniversaire, portant la devise de Lord Ismay vers des sommets inégalés (“garder les Américains en son sein, les Russes en dehors et les Allemands au plus bas”), l’austère bûche norvégienne qui fait office de Secrétaire général a présenté une “initiative” réjouissante visant à créer un fonds de 100 milliards d'euros pour armer l'Ukraine au cours des cinq années à venir.

En clair, dans le cadre de l'affrontement financier décisif entre l'OTAN et la Russie : sortie progressive de l'Hégémon, déjà obsédé par la prochaine guerre éternelle contre la Chine & entrée en scène d'un groupe hétéroclite de chihuahuas européens désindustrialisés loqueteux, tous très endettés et, pour la plupart, englués dans la récession.

Au siège de l'OTAN à Haren, à Bruxelles, quelques personnes au QI supérieur à la température ambiante moyenne ont eu l'audace de se demander comment réunir pareille fortune, puisque l'OTAN n'a aucun moyen de pression pour lever des fonds auprès de ses États membres.

Après tout, les Européens ne seront jamais de taille à reproduire la machine à blanchir l'argent de l'Hégémon, qui a fait ses preuves. Par exemple, en supposant que l'enveloppe de 60 milliards de dollars proposée par la Maison Blanche à l'Ukraine soit approuvée par le Congrès américain - ce qui n'est pas le cas - 64 % du montant total n'atteindra jamais Kiev : il sera blanchi par le complexe militaro-industriel.

La situation est encore plus inquiétante : lee Norvégien, l’oeil robotisé, les bras ballants, croit réellement que son projet n'impliquera pas de présence militaire directe de l'OTAN en Ukraine - ou dans le pays 404 -, ce qui est déjà le cas sur le terrain, et depuis un certain temps, indépendamment du tapage belliciste du Petit Roi à Paris (selon Peskov, porte-parole du Kremlin : “Les relations entre la Russie et l'OTAN sont devenues une confrontation directe”).

Associez maintenant le spectacle de ces Looney Tunes [série de dessins animés diffusée depuis le 29 mai 1929 par la Warner Bros] sur le front de l'OTAN avec les performances des porte-avions de l'Hegemon en Asie occidentale, portant constamment son projet de génocide à Gaza à l'échelle industrielle vers des sommets indescriptibles - l'holocauste méticuleusement documenté que les “dirigeants” du Nord global observent dans un silence pervers.

Le rapporteur spécial des Nations unies, Francesca Albanese, a bien résumé la situation : l'entité psychopathologique biblique 

“a intentionnellement tué les travailleurs de WCK pour que les donateurs se retirent et pouvoir continuer à affamer tranquillement les civils de Gaza. Israël sait que les pays occidentaux et la plupart des pays arabes ne bougeront pas le petit doigt pour les Palestiniens”.

La “logique” qui sous-tend l'attaque délibérée en trois temps du convoi humanitaire dûment identifié, composé de travailleurs qui soulagent la famine dans la bande de Gaza, vise à faire disparaître des médias un épisode encore plus horrible : le génocide au sein d'un génocide à l'hôpital Al-Shifa, offrant au moins 30 % de tous les services de santé dans la bande de Gaza. Al-Shifa a été bombardé, incendié et plus de 400 civils ont été tués de sang-froid, dans plusieurs cas littéralement écrasés par des bulldozers, y compris des médecins, des patients et des dizaines d'enfants.

Presque simultanément, le gang de la psychopathologie biblique a totalement éviscéré la convention de Vienne - ce que même les nazis historiques n'ont jamais fait - en frappant la mission consulaire/résidence de l'ambassadeur de l'Iran à Damas.

Il s'agissait d'une attaque au missile contre une mission diplomatique bénéficiant de l'immunité, sur le territoire d'un pays tiers, contre lequel le gang n'est pas en guerre. Et pour couronner le tout, le général Mohammad Reza Zahedi, commandant de la Force Quds du CGRI en Syrie et au Liban, son adjoint Mohammad Hadi Hajizadeh, cinq autres officiers et dix personnes au total ont été tués.

En clair, un acte de terreur contre deux États souverains, la Syrie et l'Iran. L'équivalent de la récente attaque terroriste contre le Crocus City Hall à Moscou.

Et la question incontournable résonne aux quatre coins des terres de la Majorité Mondiale : comment ces terroristes avérés peuvent-ils s'en tirer à si bon compte, encore et toujours ?

Le nerf du totalitarisme libéral

Il y a quatre ans, au début de ce que j'ai appelé plus tard les “années de fureur”, nous avons assisté à la consolidation d'une série de concepts interdépendants définissant un nouveau paradigme. Nous nous familiarisions avec des notions telles que le disjoncteur, la boucle de rétroaction négative, l'état d'exception, la nécropolitique et le néofascisme hybride.

Alors que la décennie s'achève, une double lueur d'espoir est venue atténuer nos craintes : le mouvement vers la multipolarité, mené par le partenariat stratégique Russie-Chine, avec l'Iran jouant un rôle clé, le tout couplé à l'effondrement total, en direct, de l'“ordre international fondé sur des règles”.

Pourtant, affirmer que la route sera longue et sinueuse est la Mère de tous les euphémismes.

Alors, pour citer Bowie, l'ultime et regretté esthète : “Where are we now ?” [Où en sommes-nous ?] Prenons cette analyse très pointue de Fabio Vighi, de l'université de Cardiff, et affinons-la un peu.

Quiconque exerce son esprit critique sur le monde qui nous entoure peut percevoir l'effondrement du système. Il s'agit bien d'un système fermé, que l'on peut facilement définir comme du totalitarisme libéral. Cui bono ? Les 0,0001 %.

Rien d'idéologique là-dedans. Suivez l'argent. La boucle de rétroaction négative déterminante est en fait la boucle de la dette. Un mécanisme criminellement antisocial maintenu en place par - quoi d'autre - une psychopathologie, aussi aiguë que celle dont témoignent les génocides bibliques en Asie occidentale.

Le mécanisme repose sur une triade.

  1. l'élite financière transnationale, les superstars des 0,0001 %.
  2. juste derrière, la couche politico-institutionnelle, du Congrès américain à la Commission européenne (CE) à Bruxelles, ainsi que les “leaders” de l'élite complaisante du Nord et du Sud.
  3.  

C'est cette hyper-médiatisation institutionnalisée de la réalité qui constitue (c'est moi qui souligne), en fait, le Mécanisme.

C'est ce mécanisme qui a contrôlé le fusionnement des “pandémies” préfabriquées - avec l'ingénierie sociale pure et dure vendue sous le nom de “confinements sanitaires” - avec, une fois de plus, des guerres éternelles, le projet de génocide à Gaza, l'obsession de la russophobie et la culture de l'annulation intégrée dans le projet de guerre par procuration en Ukraine.

Telle est l'essence de la normalité totalitaire : le projet d'humanité des “élites” de la Grande Réinitialisation de l'Occident collectif, épouvantablement médiocres et autoproclamées.

Tuer en douceur avec l'IA

L'interconnexion directe et vicieuse entre l'euphorie techno-militaire et le secteur financier hyperinflationniste, désormais sous l'emprise de l'IA, est un vecteur clé de l'ensemble du mécanisme.

C'est ainsi que des modèles de l'IA tels que “Lavender”, testés sur le terrain dans le laboratoire du champ de bataille de Gaza, ont vu le jour. Littéralement : l'intelligence artificielle programme l'extermination des humains. Et c'est ce qui se passe, en temps réel. Il s'agit du projet “Génocide par l'IA”.

Un autre vecteur, déjà bien expérimenté, est inscrit dans l'affirmation indirecte de la Méduse européenne toxique Ursula von der Lugen : en substance, la nécessité de produire des armes comme des vaccins covid.

C'est au cœur d'un plan visant à utiliser le financement de l'UE par les contribuables européens pour “augmenter le financement” de “contrats communs en matière d'armement”. Cette initiative est le fruit des pressions exercées par Mme von der Lügen [die Lüge (-n), en allemand : le mensonge] pour déployer les vaccins Covid, une gigantesque escroquerie liée à Pfizer pour laquelle edlle est sur le point  de faire l'objet d'une enquête et d’être dénoncée par kle ministère public de l'Union européenne. Selon ses propres termes, à propos de l'escroquerie aux armes proposée : “Nous l'avons déjà fait pour les vaccins et le gaz”.

Appelons cela l'armement de l'ingénierie sociale 2.0.

Au beau milieu de toute cette agitation dans le vaste marécage de la corruption, l'ordre du jour de l'hégémon est toujours aussi net : maintenir son hégémonie militaire, principalement thalassocratique [domination des mers], en perte de vitesse quoiqu'on en dise, comme base de son hégémonie financière, préserver le dollar américain, et garantir ces dettes incommensurables et irremboursables en dollars américains.

Tel est le modèle économique sordide du turbo-capitalisme, vanté par les médias de l'Occident collectif : la boucle de la dette, l'argent virtuel, emprunté sans cesse pour faire face à l'“autocrate” Poutine et à l'“agression russe”. Il s'agit d'un sous-produit clé de l'analyse brûlante de Michael Hudson sur le syndrome FIRE(Finance-Insurance-Real Estate).

L'Ouroboro, le serpent qui se mord la queue, entre en scène. La folie inhérente au mécanisme conduit inévitablement le capitalisme “casino” à recourir à la barbarie. Une barbarie pure et simple, du type Crocus City Hall et Projet Gaza Génocide.

Et c'est ainsi que le Mécanisme engendre des institutions - de Washington à Bruxelles, en passant par les centres du Nord Global et la génocidaire Tel Aviv - réduites à l'état de tueurs psychotiques, à la merci de la Grande Finance/FIRE (oh, quelles fabuleuses opportunités immobilières en bord de mer disponibles dans la “vacuité” de Gaza...).

Comment échapper à une telle folie ? Aurons-nous la volonté et assez de rigueur pour suivre la vision de Shelley et, dans “cette sombre et vaste vallée de larmes”, invoquer l'esprit transcendant de la beauté - et de l'harmonie, de l'équanimité et de la justice ? 

Pépé Escobar

Comment devenir la première armée du monde

Comment devenir la première armée du monde

• Quelques notes et remarques diverses sur le fonctionnement et l’organisation de la machine de guerre russe permettent de comprendre comment cette armée, dont on annonçait l’inéluctable effondrement, s’est retrouvée propulsée sans contestation possible au rang de première armée du monde. • On trouvera des causes paradoxales. • La lourdeur et la pseudo-inefficacité soviétique ont fourni une base solide. • Le terrible traitement du “capitalisme sauvage” des années 1990 a permis de faire une tabula rasa sur laquelle naquit cette puissance nouvelle.

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D’une certaine façon, nous allons reprendre la suite d’un texte de ‘SputnikNews’ cité précédemment dans ce texte concernant « La grande colère des malpensants » ; reprendre la suite d’une entrée sur les déclarations catastrophées de l’adjoint au Secrétaire d’État concernant la situation catastrophique des USA face aux conflits terribles qu’ils suscitent. Il y a un long développement sur la façon dont l’armée russe et sa base industrielle se sont affirmées et nous ont montré un extraordinaire progrès quantitatif et surtout qualificatif. La puissance militaire russe est aujourd’hui la première du monde, même des “experts” occidentaux fort bien déterminés le reconnaissant, la mort dans l’âme, avec une tristesse qui doit nous émouvoir.

Le texte s’appuie sur des remarques, notamment, du journaliste et observateur militaire russe Alexeï Borzenko, à partir d’une perspective assez longue puisqu’elle plonge dans la dernière phase de l’Union Soviétique. Borzenko estime que la “surprise” de l’adjoint au Secrétaire d’État Campbell est fondée justement sur l’absence de perspective et au fait qu’il limite son constat à l’évolution des capacités russes à l’intérieur de la seule guerre d’Ukraine. Exposé de la thèse générale de Borzenko :

« Nous avions une armée très puissante pendant la période soviétique. Un grand nombre de développements ont été créés à cette époque, qui n’avaient pas été développés dans les années 1990, lorsque nous pensions que nous n’aurions à combattre personne, lorsque nous pensions que l’Occident était notre ami et que les armes occidentales ne seraient pas utilisées contre nous. »

Il s’agit d’un point très particulier et intéressant, d’autant que Borzenko s’intéresse à la question des blindés (des chars) et qu’il fait intervenir le principal instigateur de ce qu’il décrit en la personne de Leonid Brejnev, leader soviétique de facto de 1969-70 jusqu’à sa mort en 1983, selon le fait qu’il participa à la ‘Grande Guerre Patriotique’ dans les rangs des forces blindées et jugeait celles-ci essentielles. Il est vrai qu’en 1960-1970, une masse absolument impressionnante de chars (essentiellement des T-62, des T-64 et des T-72, mais aussi des T-80 et des T-90 plus modernes) fut produit, dont l’essentiel ne fut pas déployé.

On parle d’une masse de l’ordre de 15 000-20 000 chars, dont 4 000-5 000 furent opérationnellement déployés, le reste étant mis en réserve “encoconnée” (protégé des intempéries et autres). Brejnev mettait simplement en pratique son expérience sur l’importance de pouvoir remplacer aussitôt que possible des pertes en chars qui pouvaient atteindre des chiffres très élevés pour ne pas paralyser des divisions entières.

A l’Ouest, la chose fut interprétée d’une façon très défavorable par rapport aux pratiques soviétiques :
1) l’armée rouge comptait trop sur la masse et sur la machine, selon quasiment des nécessités doctrinales ;
2) elle ne maîtrisait pas sa production et se trouvait au service des producteurs de matériels (Gorbatchev a rapporté, directement ou indirectement dans certaines interviews dans quelle mesure la direction soviétique était parfois encore plus prisonnière de l’industrie d’armement que la direction américaniste) ;
3) elle disposait d’une masse grotesque de matériels sans les équipages et l’organisation pour les rendre efficaces.

On observera que les deux explications peuvent être véridiques chacune à l’époque, et qu’elles peuvent l’être même parallèlement, en partie véridiques ensemble. Mais cela importe peu pour notre propos : il reste cette masse énorme de chars, relativement protégée et donc en état de fonctionnement de base. Il n’y fut pas touché pendant les années 1990 (aucune mise à niveau, aucune intervention d’aucune sorte) pour la raison bien simple qu’on a lue plus haut : «  Nous pensions que nous n’aurions à combattre personne, lorsque nous pensions que l’Occident était notre ami » (sans ajouter les conditions catastrophiques imposées à l’ex-URSS par le “capitalisme sauvage” qui faisaient passer en centième position de priorité la question de l’application des recherches militaires).

Et lorsque l’OMS fut déclenchée, il s’ensuivit ceci :

« Au cours de l'opération militaire spéciale, ces modèles de chars d'époque des années 70 ont été réactivés et restaurés, améliorés avec les derniers blindages, équipements de communication et armes disponibles, et envoyés au front.

» Et lorsqu'il s'agit de produire de nouveaux chars, nous disposions également de certaines réserves de chars modernes ainsi que la fusion de la pensée scientifique des années 70 et 80. Nos ingénieurs ont combiné pour les en doter une électronique moderne et des modifications adaptées aux conditions de guerre actuelles. »

Ils ont bien ri, les stratèges des salons de notre victorieux et arrogant système de la communication, surtout en France où régnaient de concert la gauche et la droite « les plus bêtes du monde », lorsqu’on suggéra que quelque part, d’un côté ou l’autre, apparaissaient des T-62 des années soixante tandis que l’on annonçait la splendeur des ‘Leopard II’ et des ‘Abrams’. C’était bien ce qu’on vous disait : l’effondrement russe.

...Puis l’on apprit que les Ukrainiens préfèraient plus qu’à leur tour  utiliser des vieux T-62 de préférence au ‘Leopard II’ surnommé “l’allumette à chenilles” (non confirmé par nos sources mais approuvé par applaudissements). Enfin, nous eûmes un bon résumé de la situation lorsqu’une vidéo nous montra un T-72B3 allumant (encore l’allumette) un ‘Abrams’ d’un seul obus.

Il faut bien voir qu’il y a là comme une ironie, un hasard des temps (« Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito » [Einstein]). Il est vrai que la constitution d’une masse énorme d’armements sans emploi par l’URSS semblait la preuve irréfutable de la lourde impuissance du système soviétique. Peut-être s’agissait-il d’ailleurs bien de cela, malgré l’expérience de guerre de Brejnev. Mais tout cela s’est retourné comme une crêpe avec l’élan nouveau donné à la recherche avancée des technologies de pointe, certaines même inédites pour l’Ouest-somnambulif, par la Russie à partir de 2000... Ce qui permet à Bozenko de nous faire une longue tirade :

« “Des systèmes de protection des chars sont créés, des systèmes de guerre électronique sont créés, des systèmes de suivi par satellite sont créés. Vous pouvez voir que de nombreux satellites militaires ont été lancés récemment”, a déclaré Borzenko.

» Il en va de même pour l'arsenal russe de bombes lourdes larguées par voie aérienne des séries FAB, KAB et ODAB, qui ont été équipées d'un nouveau “module universel de planification et de correction”, transformant les munitions ‘stupides’, vintage des années 70 et 80, dotées d’ailes et de gouvernails modernes, transformées en bombes intelligentes guidées par laser et par satellite et assistées par glissement.

» “Nous avons appliqué de nouvelles technologies qui ont en fait fusionné avec d'anciennes technologies”, a expliqué Borzenko, notant que les kits de guidage et d'ailes ont donné à l'arme “une précision d'impact de plus/moins 10 mètres, – ce qui n'est rien pour une munition avec une telle portée” et lui donne un impact destructeur colossal.

» Dans le domaine des missiles et de la défense antimissile et aérienne également, le conflit a donné aux développeurs russes l'occasion d’utiliser à la fois la technologie des missiles existante et les conceptions d'armes hypersoniques – dont le développement a commencé dans les années 1970 et 1980 et qui ont été déployées à la fin des années 2010 grâce aux progrès de l’électronique, contre les meilleures capacités de défense antimissile occidentales, y compris le Patriot, complètement impmuiissantes. Sur le plan défensif, Borzenko a cité le missile Pantsir et le système d’artillerie anti-aérienne, ainsi que les S-300 et S-400, comme exemples de technologies pour lesquelles les puissances occidentales n’ont pas de véritable équivalent, ou plus encore les antimissile S-500 et leur capacité d’interception des capacités déployées dans l’espace. »

L’hypersonique, ou un Pearl-Harbor cosmique !

Le hasard des temps a étrangement accordé à l’industrie et à la recherche russe un répit forcé et en apparence catastrophique, – les années 1990, ravagées par le “capitalisme sauvage”, – comme pour faire table rase des erreurs et des lourdeurs passées et prendre un nouvel élan qui utiliserait ce qui aurait résisté à la tempête, ayant ainsi prouvé sa qualité.

L’argument de l’adjoint au secrétaire à la défense Campbell selon lequel l’armée russe s’est “rétablie” en Ukraine n’est pas jugé exact. L’avancée militaire russe est beaucoup plus large, beaucoup plus vaste et creuse des obstacles technologiques quasiment infranchissables pour ses adversaires.

« Nous sommes loin de tout leur avoir montré en montrer en Ukraine, toutes nos capacités... »

.... Et là, Borzenko emploie l’argument suprême, celui que tous les amateurs de science et d’art militaires dissidents agitent comme un symbole donné par les dieux de l’Olympe en évoquant ce Pearl-Harbor cosmique, le sort des porte-avions de l’US Navy derrière lesquels l’hypersonique a fermé la porte à toutes les capacités technologiques de défense et d’échappatoire.... Imaginez cela, toute la flotte des porte-avions d’une seule volée !

 « Les missiles hypersoniques ont effectivement fermé la porte aux technologies derrière les porte-avions américains. En d’autres termes, à un moment donné, il est possible de tous les détruire, si nécessaire, avec ces missiles. Autrement dit, l'orientation scientifique du développement des groupes de porte-avions est devenue une impasse avec l'avènement des missiles hypersoniques dont nous sommes les seuls à disposer aujourd’hui en plusieurs modèles en service. »

La “promenade dans le bois” du maréchal Ogarkov

Le texte explique également la façon dont les Russes ont reçu le choc des sanctions de février 2022, – ou plutôt les ont exploitées pour en faire un paradoxal outil d’expansion de leur base industrielle et de leur industrie de guerre. Un “expert militaire chevronné basé à Moscou”, Alexeï Léonkov, se charge de l’explication d’où il apparaît d’abord que les Russes avaient non seulement compris mais anticipé le but de ces sanctions, – l’épuisement très rapide du “complexe industriel de défense” par le biais de l’effondrement du budget suite aux sanctions. Mais les Russes se préparaient depuis longtemps à une telle attaque avec l'introduction de nouvelles lignes automatiques de production et d'assemblage capables d’exploiter très rapidement en une production rapide de nouveaux types d’équipement déterminés par des expériences militaires récentes, particulièrement l’intervention de septembre 2015 en Syrie.

«C'est pourquoi, lorsque l'Occident a fait pression sur nous de toutes ses forces économiques et a commencé à interférer dans notre coopération militaro-technique, pensant que cela affecterait très durement notre complexe militaro-industriel, il a mal calculé. Nous avons non seulement résisté à cette politique de sanctions, mais nous avons également pu mobiliser et augmenter la production, le complexe industriel de défense étant mis sur le pied de guerre à l'été 2022. »

Ces mesures industrielles concrètes ont été complétées par des mesures intersectorielles concrètes ayant pour but d’écarter toutes les lourdeurs bureaucratiques et de faire parvenir le plus rapidement aux bureaux d’études les enseignements recueillis sur le terrain dans l’emploi des nouveaux armements. Dans certains cas, des ingénieurs eux-mêmes vont sur le front pour évaluer les effets concrets des modifications apportées à des systèmes d’armes selon les indications de soldats en action. Les formalités administratives sont réduites au minimum, tout étant sacrifié à la rapidité de développement et d’adaptation des améliorations, et leur intégration immédiate dans le champ opérationnel. Un exemple est donné avec la production de drones depuis le début de la guerre, domaine où les Russes étaient notablement en retard.

« Avant l’opération militaire spéciale, nous avions à peu près 1 000 drones en service. Aujourd’hui, 1 000 unités représentent à peu près la production standard par mois, et cela ne prend en compte que les gros drones, pas les petits quadricoptères.

« Les entreprises du complexe militaro-industriel ont commencé à travailler en trois équipes, tout comme les bureaux d'études, traitant des questions liées à la modernisation des équipements et à l'introduction de nouveaux modèles sur le champ de bataille. Et c’est un travail qui a fini par briser la machine militaire des pays de l’OTAN, qui pensaient pouvoir nous affamer et, d’une manière générale, saper l’ensemble de notre secteur militaro-économique et militaro-industriel grâce aux sanctions. Nous avons gagné ces batailles inédites, et c'est désormais l'Occident qui a des problèmes avec la production d'équipements et d'armes militaires. »

Les domaines les plus positivement affectés par les progrès réalisés pendant la guerre sont la défense aérienne, la guerre électronique, les systèmes de contre-batterie, de nouveaux systèmes de fusées à lancement multiple et des équipements tactiques tels que les drones FPV, qui, avec les drones de flânerie et de reconnaissance de qualité militaire, sont partis pratiquement de zéro. Par contre, les Russes estiment avoir encore beaucoup de travail à faire dans les domaines de la lutte contre les bateaux sans pilote et le problème du blocage complet de la pénétration des drones de type avion à longue portée volant sur leur territoire à des fins de bombardements terroristes.

Quoi qu’il en soit, il apparaît très nettement que les productions russes ne cessent de faire des progrès opérationnels considérables. La très récente offensive contre le système de distribution d’énergie d’il y a quelque jours a montré de « considérables progrès de sophistication, autant dans la précision que dans les effets des frappes, par rapport à la campagne menée en 2022 », selon Alexander Mercouris.

Note de PhG-Bis : « J’ai moi-même vécu pendant des années (largement la deuxième partie de la Guerre Froide) sous le mythe de la médiocrité et du caractère primaire des armements russes, sans parler des technologies elles-mêmes. L’opinion unanimement admise était que les Russes compensaient leurs capacités qualitatives très médiocres par une capacité quantitative de masse. Il faut d’ailleurs comprendre que cette perception était également fondée sur une doctrine marxiste qui, elle-même, s’attachait continuellement à la masse et répudiait l’aspect qualitatif considéré comme le maquillage d’un privilège bourgeois.

» Par conséquent, notre perception n’était en rien absurde, et certainement, à une certaine époque (disons, à partir des années 1965-1970) a correspondu à une certaine réalité. Il ne faut pas oublier que la pénétration de l’électronique dans la société civile soviétique, notamment à l’occasion des Jeux Olympiques, a été un des déclencheurs de la ‘glasnost’ de Gorbatchev, ou libération de la parole.

» En 1983, lors des négociations USA-URSS sur la réduction puis la disparition des missiles de théâtre à longue portée  (LRTNF),  il y eut la fameuse “promenade dans le bois” du journaliste Leslie Gelb et du maréchal Ogarkov (Gelb en fit un article retentissant) où le second lui avoua la faiblesse dramatique de la technologie chez le citoyen (et le soldat) soviétique, – essentiellement pour des raisons idéologiques, ce qui impliquait la nécessité d’une révolution “politique” qui allait être la ‘glasnost’ de Gorbatchev (voir le début du texte du 11 août 2005)... ».

Ainsi peut-on mieux constater le paradoxe de la catastrophe des années 1990 : elle a saigné à blanc l’URSS redevenue Russie mais l’a aussi forcée à se débarrasser de l’essentiel de ses énormes faiblesses de sa bureaucratie idéologisée, de la lourdeur de ses conceptions égalitaires, de ses absurdes restrictions de la liberté de paroles (tous ces travers vers lesquels se précipitent les USA aujourd’hui). Le résultat fut une Russie soignée jusqu’à l’os de certaines de ses tares, cette tabula rasa effectuée dans le domaine militaire et l’ouverture vers des possibilités jusqu’alors inconnues de créativité, de coordination et de souplesse.

 

Mis en ligne le 6 avril 2024 à 15H55

Le regard de l’aigle

Le regard de l’aigle

• Alexandre Douguine regarde l’avenir et s’abstient de philosopher pour accepter l’entrée dans l’inconnu, tout simplement. • Le regard de l’aigle sert à voir que tout de l'avenir échappe au regard de l'aigle.

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Encore et toujours Alexandre Douguine. Nous nous trouvons tellement en accord avec lui sur certains sujets fondamentaux où les spécificités terrestres comptent peu que tout se passe comme s’il n’était pas Russe et que nous étions à peine Français... En effet, que dire d’un Russe si russe et pourtant aussi peu arrogant, aussi peu chauvin, aussi peu “cocardier”, – puisqu’allant jusqu’à écrire, exactement, pour faire de la Russie un humble instrument d’une « main invisible » et rien d’autre, – bien sûr contre la modernité folle, contre les aveugles conduits par Satan :

« La Russie s'est soudain trouvée en guerre contre tout cela. Sans le vouloir, sans le comprendre, sans s'y préparer, sans le calculer. Une main invisible a mis la Russie dans la position où elle se trouve aujourd'hui. Et maintenant, contre toute attente, nous allons devoir, – institutionnellement ! – répondre à tous les défis de la civilisation de l'Antéchrist... »

Si nous n’avions pas eu notre dégénérescence, partant de la Révolution pour aboutir à Sarko-Hollande-Macron, – et Macron-II couronné cerise sur le gâteau, – nous-mêmes aurions pu dire cela de la France qui aurait rencontré une circonstance lui permettant, la forçant à “tenir son rang”. Cette “circonstance”, c’eût été une manifestation de ce constat que fait Douguine, qui devrait pénétrer tous les esprits “éveillés” (les vrais ‘Woke’, pas le ‘Woke’ en toc-factice que le simulacre-fou voudrait nous vendre à la lumière artificielle du ‘cauchemar climatisé’).

« La religion, la théologie et surtout l'eschatologie, qui semblaient avoir été bannies à la périphérie depuis longtemps, mais qui pénètrent à nouveau tout, jusqu'à la vie de tous les jours. »

En un texte nerveux, tranchant, inhabituellement court pour un philosophe mais désormais courant pour le philosophe transformé en combattant antimoderne et résistant, Douguine trace les grandes lignes de la catastrophe qui, depuis la Renaissance s’est développée, dissimulée et discrète d’abord, puis de plus en plus déchaînée jusqu’à l’incendie grondant d’aujourd’hui, qui a transformé  cette civilisation qui se jugeait grandiose en instrument sanglant de notre tuerie commune.

Il faut retenir ce passage, qui nous touche particulièrement, de cette manière symbolique qui va au cœur de la métahistoire, et sur lequel on reviendra avec un extrait d’un des nombreux ‘Grâce de l’Histoire’ de PhG. On y trouve justement cet argument qui nous semble symboliquement soutenir toute l’histoire de notre civilisation, et bien entendu, portes ouvertes sur sa chute après avoir franchi “les Colonnes d’Hercule”, – le Russe a particulièrement bien compris “notre” histoire :

« Quand les choses ont-elles mal tourné ? L'ère des explorations. En dépassant la frontière interdite des colonnes d'Hercule, l'Europe occidentale a commis un acte de transgression irréversible. C'était fatal. La place de l'Atlantide est au fond.

» La seule explication généralisable qui couvrirait d'un seul coup tout le territoire des problèmes insolubles est la conclusion qu'il y a cinq cents ans, l'Europe occidentale a commencé à devenir systématiquement folle. Elle est devenue folle, elle a commencé à devenir folle, elle deviendra complètement folle à un moment ou à un autre. »

Que nous annonce Douguine, lui si disert en général sur les théories, sur les constructions géopolitiques et métaphysiques ? Justement, il fait montre d’une sagesse exemplaire que nous classerions aisément dans l’inconnaissance, elle justement (bis) qui prit son essor à la Renaissance, lorsque la connaissance scientifique moderniste, née de la raison-invertie qui venait d’envahir nos esprits, commença à nous investir, et donc à justifier ce caractère décisivement sacré de l’inconnaissance. Par conséquent, Alexander Douguine ne nous dit rien de ce qui nous attend sinon la nécessité où nous nous trouvons de “nous attendre à...”

« Surtout, l'homme cache ses péchés. C'est ce qui intéresse Big Brother. Il les enregistre et les laisse entrer quand c'est nécessaire. La techno-dépendance est l'outil le plus parfait du diable et de sa civilisation. Et nous nous réjouissons de la numérisation - nous aidons le diable à se gouverner lui-même. Mais que sont les océans de péché sinon un champ de folie ?

» Le cycle est presque achevé. Seul notre ‘Opération Militaire Spéciale’, désespérée, s'y oppose. Comment voulez-vous l'interpréter ? »

La simplicité même, qui nous ouvre les portes sur un avenir impossible à distinguer ni même à deviner. Mais une simplicité sans prétention, d’une netteté à couper le souffle, qui nous fait mesurer l’extraordinaire puissance de l’instant métahistorique que nous vivons.

(Le texte de Douguine est sur ‘geopolitika.ru’, et en traduction française sur ‘Euro-synergies.hautefort.com’.)

dde.org

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Construire l'ère nouvelle

Aujourd'hui, plusieurs plans qui, jusqu'à récemment, étaient indépendants, se rejoignent :

• La religion, la théologie et surtout l'eschatologie, qui semblaient avoir été bannies à la périphérie depuis longtemps, mais qui pénètrent à nouveau tout, jusqu'à la vie de tous les jours.

• La géopolitique, où se jouent des types d'ordre mondial fondamentalement incomparables.

• Les idéologies politiques qui se ré-agencent et donnent naissance à des hybrides interdits (le nazisme-libéralisme, par exemple).

• Les processus philosophiques, où le déclin extrême contraste avec la finalisation d'intuitions absolues.

• Le déglaçage des cultures qui se figent dans une extrême vélocité et se fondent dans l'immuabilité.

Toutes les strates se croisent de manière exotique et excentrique, formant des nœuds sémantiques dont le nombre de dimensions est difficile à définir. Tout cela s'effondre dans la guerre et la bacchanale de la technologie, bien que la guerre elle-même soit une métaphysique profonde qui exige une nouvelle pensée, et que la technologie soit un phénomène non moins métaphysique. Tout cela est extrêmement intense et en aucun cas superficiel, non linéaire et à la limite du chaos et de la complexité. Les méthodes conventionnelles ne suffisent pas à démêler un tel enchevêtrement sémantique.

De plus, le conventionnel est aujourd'hui miné par une suspicion systématique. Toute tentative de construction d'un modèle bute sur des sous-entendus accumulés ou de simples erreurs du passé. Dès lors que l'on remet en cause une théorie naïve (voire carrément fausse) du progrès, on perd confiance dans ce qui est venu après par rapport à ce qui est venu avant. Si une erreur s'est glissée au début, un monstre naîtra à la fin.

Quand les choses ont-elles mal tourné ? L'ère des explorations. En dépassant la frontière interdite des colonnes d'Hercule, l'Europe occidentale a commis un acte de transgression irréversible. C'était fatal. La place de l'Atlantide est au fond.

La seule explication généralisable qui couvrirait d'un seul coup tout le territoire des problèmes insolubles est la conclusion qu'il y a cinq cents ans, l'Europe occidentale a commencé à devenir systématiquement folle. Elle est devenue folle, elle a commencé à devenir folle, elle deviendra complètement folle à un moment ou à un autre. Cinq anomalies ont convergé de cette manière.

• L'athéisme et le matérialisme de l'image scientifique du monde, basés sur le nominalisme et l'idéologie protestante pathologique. Déjà à l'époque, on pouvait conclure que l'Occident entrait dans le régime de l'Antéchrist et que tout ce qui était occidental et moderne en était irrémédiablement marqué.

• Le faux empire britannique est le début d'un atlantisme hypertrophié. Les Anglo-Saxons incarnent le Léviathan biblique. Dès le 20ème siècle, le relais a été pris par les États-Unis, mais la domination de la civilisation de la mer est d'origine et d'essence anglaises.

• Le Moyen Âge et son idéologie indo-européenne trifonctionnelle, le catholicisme et l'Empire ont été rejetés et ridiculisés, au profit d'un capitalisme complètement pathologique à tous égards. Sur le plan idéologique, il s'est ensuite transformé en libéralisme (la principale forme de dégénérescence mentale), en nationalisme et en une version renversée qui reconnaît les attitudes de base - le socialisme. Tout mouvement idéologique dans le système du capitalisme est voué au mimétisme et à l'effondrement. Le capitalisme est absolument totalitaire. Comme l'a montré Deleuze, le capitalisme culmine dans la schizophrénie.

• La philosophie du New Age s'est divisée (sans crier gare) en une continuation excentrique de la tradition classique et en perversions destructrices solidaires du matérialisme et de l'externalisme de la science. Il en est résulté une confusion systématique, un glissement sémantique des interprétations. La pensée se débattait comme une biche, passant parfois à travers les mailles du filet. Mais personne ne savait vraiment où était la percée et où était l'agonie, et souvent tout semblait strictement à l'envers.

• La culture a commencé à passer à la civilisation (selon Spengler), se refroidissant, mais non sans excès - de temps en temps, un génie imprévisible voyait l'essence de l'obscurité épaissie et la pénétrait avec une aiguille brillante. Dans l'ensemble, la culture glissait délibérément vers l'enfer.

La Russie s'est soudain trouvée en guerre contre tout cela. Sans le vouloir, sans le comprendre, sans s'y préparer, sans le calculer. Une main invisible a mis la Russie dans la position où elle se trouve aujourd'hui. Et maintenant, contre toute attente, nous allons devoir - institutionnellement ! - répondre à tous les défis de la civilisation de l'Antéchrist.

Y compris le défi de la technologie. Tous les appareils électroniques dont l'Occident a équipé l'humanité se sont révélés être un piège : grâce à eux, un inconnu recueille des informations sur tout le monde afin de régner sans discernement.

Surtout, l'homme cache ses péchés. C'est ce qui intéresse Big Brother. Il les enregistre et les laisse entrer quand c'est nécessaire. La techno-dépendance est l'outil le plus parfait du diable et de sa civilisation. Et nous nous réjouissons de la numérisation - nous aidons le diable à se gouverner lui-même. Mais que sont les océans de péché sinon un champ de folie ?

Le cycle est presque achevé. Seul notre "Opération militaire spéciale", désespérée, s'y oppose. Comment voulez-vous l'interpréter ?

Alexandre Douguine

La grande colère des malpensants

La grande colère des malpensants

5 avril 2024 (11H15) – Pour qui s’entête à suivre les émissions, conversations, tables rondes, etc., des commentateurs dissidents, – les ‘malpensants’ en question, – il apparaît clairement qu’une sorte de colère collective monte. Il fallait écouter Jeffrey Sachs avant-hier, reçu par le duo de ‘TheDuran’, Mercouris-Christoforou, un Sachs inarrêtable, furieux, déchaîné, exaspéré. Cet homme courtois, diplomate dans l’âme, économiste pointilleux, était emporté dans un tonnerre d’imprécations adressée aux directions américanistes-occidentalistes, et Mercouris-Christoforou avait bien du mal à contenir les flots de l’ouragan... Lui-même s’excusant d’accaparer tout ce temps, mais pour mieux proclamer son indignation, jusqu’à l’aide d’anecdotes dont on aurait bien aimé en savoir un peu plus...

«  Ils ne savent plus ce qu’ils disent... Prenez Macron, un jour je le rencontre, il me reçoit, il m’affirme avec force une position sur un  problème important et la semaine suivante, il dit publiquement, exactement le contraire ! »

Prenez un docteur Anthony Montero, professeur des études africaines-américaines, mis à pied en mars de l’université de Temple, Philadelphie, imprécateur et grande gueule, activiste wokeniste black et anti-blanc, communiste, etc. – si vous voulez,  un peu “complètement le contraire” de Sachs, du point de vue de l’idéologie, de la psychologie, du caractère ; mais même colère, même emportement, ici enregistrée par ‘SputnikNews dans son émission ‘The Final Hour’ :

« — La politique étrangère américaine est devenue une pratique d’incompétence et de folie... Tout cela n'est qu'une manifestation d'un empire en déclin, du ‘démantèlement du principal pourvoyeur de violence dans le monde’ comme l’avait déclaré Martin Luther King Jr. dans son célèbre discours... Les États-Unis ne savent que créer de nouvelles crises pour entretenir leur hégémonie !

— Les derniers coups de sabot d’un mulet agonisant ? (Wilmer Leon, présentateur)

— Exactement ! Nous avons affaire à une classe dirigeante qui a perdu la raison, une classe dirigeante qui est devenue si pathologique qu’elle représente non seulement un danger pour le reste de l’humanité, mais aussi un danger pour elle-même et pour cette nation.... Un groupe de personnes tellement coupées de l'humanité qu'elles ont perdu la tête. Ce sont des personnes qui doivent, à terme, être écartées de tout instrument de pouvoir social, politique et économique dans le pays. Ils représentent un danger pour l’humanité. »

De tels exemples sont renouvelables en très grands nombre tandis que ces dissidents furieux se trouvent de plus en plus invités sur les plateaux de réseaux jusqu’alors plutôt hésitants, ou en-dehors du jeu du grand commentaire géopolitique. Ces réseaux se rallient eux-mêmes, de facto, à cette grande colère causée par l’extraordinaire irresponsabilité des dirigeants américanistes-occidentalistes.

Plus encore, – ou pire si l’on veut, – les sources officielles elles-mêmes alimentent involontairement cette colère en diffusant des analyses de plus en plus nombreuses et de plus en plus sombres sur la réelle puissance des Russes. Ainsi de la surprise du Pentagone, exposée, par procuration, par l’adjoint au secrétaire d'Etat Kurt Campbell, lors d’une conférence au Center for a New American Century, un groupe de réflexion néoconservateur de Washington D.C., c’est-à-dire les forces intellectuelles coupables directement de cet incroyable gâchis, – mais qui restent très contentes d’elles-mêmes et absolument prêtes à continuer....

 « Nous avons constaté au cours des deux derniers mois que la Russie s'est presque complètement reconstituée militairement, et après les premiers revers sur le champ de bataille que lui a infligés un groupe courageux et robuste en Ukraine… La Russie s'est rééquipée et constitue désormais une menace pour les Ukrainiens alors que nous tentons désespérément de leur envoyer de l’aide, – et une menace pas seulement pour l’Ukraine... ».

Campbell a fait l’habituelle mise en accusation des “alliés de la Russie qui aident la Russie”, mais s’est surtout attardé à poursuivre son auto-flagellation en dénonçant les “coupes budgétaires” (pourtant si minimes !) des années 1990, et surtout les énormes concentrations industrielles de cette même époque, qui ont cassé les reins de la base industrielle US.

« Je pense que ce que nous constatons, c’est que les exigences urgentes en matière de sécurité en Europe et dans la région Indo-Pacifique nécessitent une capacité beaucoup plus rapide à mettre en œuvre à la fois des réglementations et d’autres capacités. Nous rencontrons des défis liés à la livraison même des équipements les plus élémentaires nécessaires pour faire face à la situation en Ukraine, mais aussi simplement pour garantir que les stocks de défense américains restent intacts. »

A toutes ces sources très diverses et parfois inattendues de colère devant cette situation catastrophique, s’ajoute un facteur psychologique que nous signalent des sources qui ont déjà fait leur preuve. Il s’agit d’un fossé de méfiance qui est en train de se creuse entre les décideurs politiques et leurs bureaucraties de sécurité nationale, parce que les infirmations que les premiers reçoivent des secondes ne correspondent pas à leur attente, ni tout simplement à ce qu’ils croient puisqu’ils répètent la mème chose depuis des mois, – au nom de Dieu ! En d’autres mots, certains services jusqu’ici bien dans les rangs commencent à fournir, devant l’évidence de la catastrophe, des informations qui rompent les rangs du simulacre.

«Là aussi, la mauvaise humeur est générale et tout se passe comme si, expliquent nos sources, la fureur constatée chez les commentateurs antiSystème commençait à gagner les rangs des hauts fonctionnaires, de certains conseillers, etc. »

Comme une révolte psychologique

Là-dessus, je dois dire d’abord ma surprise. Cette fureur des commentateurs antiSystème, avec les effets de diffusion qu’on constate, existait dès l’origine de cette guerre et je pensais, malgré mon pessimisme optimiste, qu’elle finirait par être étouffée par la puissance colossale de l’appareil de simulacre du Système. Or, c’est le contraire qui se produit, et si l’on me dit évidemment que les événements y sont pour beaucoup, notamment ma maîtrise et la puissance des Russes, je n’en avoue pas moins ma surprise évidemment ravie.

C’est qu’alors le ‘Règne de la quantité’, tout écrasant qu’il soit, n’a pu vaincre la qualité ; et c’est d’ailleurs peut-être bien cet écrasement, cette énormité du simulacre, son poids insupportable, cette façon qu’il a de provoquer au bout du compte une nausée irréversible, qui ont fini par entamer les nombreux et braves “soldats Ryan” qui s’activaient à alimenter la machine grondante du simulacre de nouvelles les plus incroyables les unes que les autres. Tout se passerait, le plus bêtement du monde, comme si leur psychologie était en train de se révolter sous le poids de cette torture que le Satan selon Douguine leur impose : le mensonge, vous savez, est dur à porter, – il est aussi dur à porter que « les escaliers de la Butte sont durs aux miséreux »...

S’impose alors un constat fondamental : ce courant que je vous rapporte, qui n’est certes pas de l’analyse rationnelle mais bien pour l’essentiel du travail d’intuition, ne peut qu’enfler, se diffuser, se démultiplier. Et la question de s’imposer, énorme, énigmatique et mystérieuse : que se passera-t-il quand ce courant commencera à se rapprocher de l’irrésistibilité et qu’un événement malheureux pour les égos de nos valeureux dirigeants se produira, plus marquant qu’un autre, plus humiliant qu’aucun autre, plus énorme et tonitruant qu’aucun autre et alors impossible à cacher, ou à repeindre, ou à remodeler ? Que se passera-t-il lorsque le simulacre se désintégrera en autant de milliers de morceaux inutiles et pathétiques ? Que se passera-t-il lorsqu’une lumière nouvelle inondera de sa clarté irrésistible le champ de ruines que nous avons laissé s’amonceler ? Je ne peux vous cacher qu’il existe sans aucun doute un côté sombre à cette perspective catastrophique que j’évoque, c’est-à-dire une catastrophe pour nous tous, même ceux qui ont tant lutté pour prévenir la venue de la dite-catastrophe. Je ne peux ni ne veux rien vous cacher : le chemin de Damas, lui aussi, “est dur aux miséreux”.

Et c’est ainsi que nous passâmes dans une nouvelle immense contrée de la terra incognita qui est désormais notre pain quotidien, et celle-là, bien entendu, encore plus incognita que précédemment...

Quand Zinoviev prévoyait la fin de notre démocratie…

Quand Zinoviev prévoyait la fin de notre démocratie…

La démocratie a mué en occident depuis la fin de la bonne vieille guerre froide : tyrannie anglo-américaine, autoritaire construction européenne sur fond de surpuissance boursière et de grande invasion informatique, l’outil tyrannique par excellence comme a dit Harari. Avec sa féroce tradition jacobine, son messianisme humanitaire et sa conversion au mondialisme étasunien, la France est aux avant-postes de ce virage.

Alexandre Zinoviev devint un dissident de la société mondiale et mondialiste après avoir été un dissident soviétique. À l’époque il y avait des dissidents, maintenant, comme dit Paul Virilio, il n’y a que des dissuadés dirigés par des enthousiastes.

En 1998 le maître répond à une interview et explique que tout allait bien à l’ouest quand nous étions sous la menace soviétique (le capital faisait gaffe) :

« Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le communisme, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, un extraordinaire progrès social, d’énormes découverts scientifiques et techniques, tout y était »

La fin du communisme fut le crépuscule de nos droits sociaux et politiques (Joseph Stieglitz serait d’accord...) :

« Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie, notre époque aujourd’hui n’est pas que post communiste, elle est aussi post démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique, ou si vous préférez à l’instauration de la démocratie totalitaire. »

Zinoviev décrit très bien le redoutable mondialisme qui naît du défunt et redouté communisme :

« Aujourd’hui nous vivons dans un monde dominé par une idéologie unique, un fait unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a commencé à  l’époque de la guerre froide, quand des structures transnationales se sont mises en œuvre sous les formes les plus diverses : médias, sociétés bancaires, sociétés commerciales… Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. »

Cette démarche est suicidaire, qui va à terme nous priver de nos libertés, de nos économies et aussi (pourquoi pas ?) de nos vies de « mangeurs inutiles » :

 « Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés car perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la «supra société». Elle est constituée d’entreprises commerciales et non commerciales dont la zone d’influence dépasse les nations. Les pays occidentaux sont soumis comme les autres au contrôle de ces structures non nationales… Or la souveraineté des nations est elle aussi une part considérable et constituante du pluralisme, donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. »

Zinoviev comprend l’horreur de l’intégration européenne :

« L’intégration Européenne qui se déroule sous nos yeux, provoque elle la disparition du pluralisme au sein de ce conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational. »

Il comprend que nous ne connaîtrons plus de démocratie politique ou économique comme à l’époque de la guerre froide :

« Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini.

Parce que le capitalisme démocratique est prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’ouest a commencé avec la chute du communisme à l’ouest. »

A la fin des années 90 les socialistes sont déjà des agents US-mondialistes (voyez les excellents pamphlets de Guy Hocquenghem et de mon éditeur Thierry Pfister, qui datent des années 80) :

« Aujourd’hui les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de plus socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus en occident de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour d’avantage. »

C’est ce totalitarisme financier et médiatique-diplomatique qui se manifeste notamment contre la Serbie.

« La démocratie tend aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale.

Cette super structure non démocratique donne des ordres, sanctionne, bombarde, affame. Même Clinton s’y conforme. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié, ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison de ce totalitarisme-là. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures, aucune révolte n’est possible contre une banque. »

L’andouille qui interroge Zinoviev l’accuse de théorie de la conspiration alors que Zinoviev ne pratique que la théorie de la constatation. Zinoviev rappelle que nous sommes bien abrutis :

« Nous sommes dans une époque post idéologique mais en réalité la supra idéologie du monde occidental diffusée au cours des 20 dernières années est bien plus forte que l’idéologie communiste ou nationale-socialiste. Le citoyen occidental est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance de diffusion des médias occidentaux est énorme. (…) Il suffit que la décision soit prise de stigmatiser un Karadzic ou un Milosevic et ça y est, une machine de propagande planétaire se met en branle. Et alors qu’il faudrait juger les dirigeants occidentaux pour viol de toutes les règles de droit existants… La majorité des citoyens occidentaux sont persuadés que la guerre contre la Serbie était juste. »

Puis Zinoviev fait une remarque intéressante sur un sujet que j’avais évoqué dans la presse russe (pravda.ru) :

« L’Occident se méfiait moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez son ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science russe dépend aujourd’hui des financements Américains. Et est dans un état pitoyable, car ses derniers n’ont aucun intérêt à faire travailler leurs concurrents. Ils préfèrent faire travailler les avants Russes aux Etats-Unis. Le cinéma soviétique a lui aussi été détruit et remplacé par le cinéma Américain. »

Le destin de l’Amérique est d’abrutir et de « fabriquer de la merde » comme disait un jour  à Deauville l’énigmatique et courageux cinéaste Richard Brooks :

« En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent depuis des décennies à faire baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent baisser au leur pour pouvoir exercer ce diktat. »

J’ai évoqué ces réalités dans mes textes sur la culture comme arme de destruction massive. Regardez ce qu’ils ont fait de l’Inde ou de l’Asie… Tous abonnés à Netflix ou Marvel. Même Scorsese ou Ridley Scott s’en sont plaint…

Tout cela est irrésistible car c’est malheureusement un vieux processus. C’est l’uniformisation entamée depuis la Renaissance. Ici Zinoviev rejoint Spengler et René Guénon :

« Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale. Evolution commencée à la Renaissance. »

 

Sources

–Extrait du livre d’Alexandre Zinoviev: «La grande rupture» Disponible à l’Age d’homme. L’entretien a été réalisé à Munich en juin 1999 quelques jours avant le retour définitif de Zinoviev en Russie.

https://alexandrelatsa.ru/2008/01/la-grande-rupture-analyse-de-la-supra-societe-globale/

https://www.pravdareport.com/opinion/122042-western_culture/

https://strategika.fr/2020/08/07/la-culture-moderne-comme-arme-de-destruction-massive/

Autopsie de l’exception française. Grandeur et Misère,– Nicolas Bonnal

Hillary ! Il fallait attaquer Moscou en 2010 !

Hillary ! Il fallait attaquer Moscou en 2010 !

3 avril 2024 (16H15) –Les “Archives” ont du bon, – même celles de ‘dedefensa .org’, – surtout celles de ‘dedefensa .org’... Parce qu’il y règne un désordre incohérent qui, parfois, vous entraîne sur un chemin de traverse où vous tombez sur cette chose dont on fait grand usage aujourd’hui pour désigner une rareté, – où vous tombez sur “une pépite”. Nous en tenons une et nous tenons à vous la montrer.

Voyez-vous, l’on pourrait chanter, en empruntant la musique d’une bondissante et débile comptine-yéyé du tout-début des années 1960 : “Qui un jour a eu cette idée folle un jour d'evahir les Russes ?” ;

et l’on vous répondrait, illico presto et haussant les épaules (je mets cela en italique/retrait car cela vaut citation, – je veux dire : sûrement, un jour de brume entêtée, un imbécile l’a dit) :

« Personne, bien entendu, regardez donc vos livres d’histoire et trouvez-moi une seule, vous entendez, une seule occurrence d’un plan d’invasion de la Russie ! »

Le bec cloué à cet égard, quelle ne fut ma surprise, il y a deux ou trois jours de cela, de tomber sur un document conservé quelque part dans des archives chaotiques, et ainsi intitulé, donné ici en original pour le titre et le sous-titre :

« WikiLeaks reveals NATO attack plan against Russia

» One of the telegrams are signed by the head of the State Department, Hillary Clinton. “The plan is secret,” emphasized Clinton, to the astute U.S. diplomats at NATO. »

WikiLeaks, cette monstrueuse entreprise de subversion montée pour discréditer le Camp of the Good, avec un film-montage sans conséquence, juste quelques morts, d’hélicos US tirant sur la foule irakienne venue se ravitailler en Kalachnikov  au marché du démanche. Mais certains, plus sentimentaux, et songeant au malheureux Assange,  vous diront que WikiLeaks, c’est bien plus que cela, c’est une montagne de documents secrets, peu connus, édifiants, et ainsi de suite, qui justifient largement, – à leurs yeux d’aveugles devenus fous, – le traitement hautement inhumain que l’on fait subir à Julian Assange.

Donc, voilà, c’est bien vrai : tandis qu’elle signait avec Lavrov, à Moscou, entre rires et sourires, un document sur le ‘Reset’, le premier du nom, le redémarrage de bonnes relations avec la Russie, poutre-maîtresse de la politique d’Obama-Saint, l’élu sanctifié par la dévotion de ses fidèles, – elle, la Clinton, elle signait de sa troisième main un document présentant les grandes lignes d’une invasion de la Russie à communiquer à tous les collègues de l’OTAN en leur précisant de la fermer dans les cocktails.

Bon Dieu ! Cela se passait en 2009-2010, vous voyez bien qu’il y a de quoi, de notre côté du Camp of The Good, à être scandalisé par l’expansionnisme effréné, les menaces contre les pays pacifiques de l’OTAN, contre les démocraties studieuses et vertueuses, les attaques enfin comme si elle était menacée, “of this fucking Russia.

Bien sûr, tout cela vient en droite ligne de ‘Pravda.ru’, du 23 décembre 2010, date des trahisons c'est bien connu, et le ‘Guardian’ y est cité, du temps où sa rédaction était peuplée de traîtres en tous genres. Le document en question est d’un auteur de langue portugaise (Luis Britto Garcia, on aura tout vu puisqu’il écrit ce texte à Caracas du temps de Chavez), et traduit du portugais, vous imaginez ?! Et, de plus, traduit en anglais par Lisa Karpova, on croit rêver...  Et traduit en français par une machine certainement pervertie.... Je vous donne l’URL, ô surprise ça marche :

http://english.pravda.ru/russia/politics/23-12-2010/116336-wikileaks_reveals_nato_attack_plan_against_russia-0/#

Nous sommes tout de même des gens de grande parole, n’est-il pas ? Qu’il en soit ainsi

PhG – Semper Phi

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WikiLeaks : le plan d’attaque-2010 de la Russie

Le journal britannique The Guardian a publié un télégramme reproduit par le site WikiLeaks, représentant cette fois un plan de l'OTAN visant une attaque massive contre la Russie. Le plan de guerre à grande échelle contre les Russes prévoit le déplacement de neuf divisions militaires des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Pologne.

Selon le Guardian, l'attaque devrait inclure les ports d'Allemagne et de Pologne qui seront utilisés pour recevoir l'assaut naval des États-Unis. et de la Grande-Bretagne.

Des membres du gouvernement russe ont protesté contre ce projet, car c'est la même chose qui a été révélée par la publication de télégrammes entre les ambassades des Etats-Unis et le gouvernement par WikiLeaks.

“Nous devons recevoir la garantie que de tels projets seront annulés et que l'OTAN ne considère pas la Russie comme un pays ennemi”, a affirmé l'envoyé russe auprès de l'OTAN lors de la dernière réunion [OTAN-Russie] tenue à Lisbonne.

L'un des télégrammes est signé par la chef même du Département d'État, Hillary Clinton, en date du 26 janvier [2010], adressé aux diplomates américains auprès de l'OTAN. Elle souligne que le projet doit rester strictement secret. “Les Etats-Unis sont convaincus que ce plan ne devrait pas être discuté en public. Ils sont classés "au niveau ‘top secret’ de l'OTAN”, indique le télégramme.

“Un débat public sur les plans d'urgence nuirait à leur valeur militaire”, ajoute-t-elle, “en leur permettant de dénoncer les plans de l'OTAN. Cela affaiblirait tous nos alliés”.

Elle ordonne également aux diplomates américains de mentir à la presse, en cas de fuites. Elle a suggéré des réponses évasives telles que : “L'OTAN ne discute pas de plans spécifiques”. Les agents ont pour instruction de dire que “les plans de l'OTAN ne sont dirigés contre aucun pays”.

Le représentant russe, Dmitri Rogozine, a spécifiquement remis en question ce dernier passage du télégramme d'Hillary. “Vers qui d'autre ce plan militaire serait-il dirigé ? Contre la Suède, la Finlande, le Groenland, l’Islande, contre les ours polaires ou contre l'ours russe ?" Il avait choisi l’ironie. Un membre du ministère russe des Affaires étrangères, qui a requis l'anonymat auprès du Guardian, a été plus direct en disant : “Ce document et d'autres ont stupéfié et ont suscité de nombreuses autres questions”.

Par ailleurs, le Guardian s'étonne que les télégrammes des diplomates yankees traitent le sujet avec une totale légèreté car “il n'y a aucune mention ou inquiétude quant aux implications potentiellement catastrophiques d'un tel affrontement armé entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde”.

Le prétexte de ce plan d'attaque est de défendre les nouveaux membres baltes de l'OTAN qui entourent la Russie, à savoir la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie. Les télégrammes suggèrent “d’élargir le plan déjà existant vers la défense de la Pologne”. Il se trouve que les Russes n’ont pas développé de sites de missiles spécifiquement ciblés contre des objectifs terrestres et aériens en Pologne et dans  d’autres pays, mais ont construit leur propre défense, contrairement à ce qu’ont fait les États-Unis avec leur “bouclier antimissile” prévu par l'administration Bush.

Dans un télégramme daté d'octobre 2009, l'ambassadeur US auprès de l'OTAN, Ivo Daalder, a déclaré qu'Hillary Clinton et le président Obama ont tous deux exprimé leur soutien au développement d'un plan militaire contre la Russie.

Daalder suggère de ne pas préciser que la Russie est une cible potentielle, en adoptant un “plan générique” de déplacement de troupes vers les pays baltes, tout en ne mentionnant pas contre qui ces troupes seraient dirigées – en cas de fuite vers la presse – pour ne pas susciter ou provoquer des polémiques avec Moscou. C'est ce qu’a deviné le représentant russe Rogozine : “Si nous allons chasser des lapins, pourquoi avez-vous des armes pour tuer des ours ?”.

L’armée russe, ‘maîtresse des horloges’ ?

L’armée russe, ‘maîtresse des horloges’ ?

• Il ne faut surtout pas séparer l’attaque israélienne contre l’ambassade d’Iran à Damas des combats qui se déroulent dans les plaines d’Ukraine. • Ces deux événements catastrophiques font partie de la même GrandeCrise, bien entendu. • Simplement, on peut se demander si, en agissant comme il l’a fait contre un allié direct (SCO, BRICS) de la Russie, Netanyahou n’a pas lâché la proie pour l’ombre. • Actuellement en bien mauvais terme avec l’administration Biden électoralement aux abois, il se met les Russes à dos au moment de leur triomphe ukrainien.

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Ah, combien l’on affectionna cette expression, qui semblait venir de la gloire de l’Ancien Régime et des secrets des alchimistes suisses pour être plaquée sur la vélocité du “jeune homme bien sous tous les rapports” qui allait être élu président. Pensez-y, rappelez-vous : “Jupiter, maître des horloges”... Mais la Suisse n’est plus neutre et Lip n’existe plus. Quant au “jeune hommme”...

Cette expression, pourtant, le général Delawarde l’utilise à nouveau, àpropos, non pas de la Russie ni de Poutine, mais de l’armée russe (qui est tout de même une création de la Russie et de Poutine réunis). Il l’emploie dans un passage d’une interview qu’il donne à ‘Rivarol’ à propos de ce qu’il juge être les buts militaires des Russes en Ukraine et leur stratégie somme toute étrange pour certains cœurs bouillonnants de cette sorte de lenteur d’action de bulldozer au ralenti  alors qu’ils disposent d’une écrasante et incroyable supériorité. Cette idée a déjà été rencontrée (“Les Russes  ne se pressent pas” ou, plus osé, “Les Russes font durer le plaisir”) chez divers commentateurs, notamment chez Régis de Castelnau, – et peut-être bien chez nous , après tout?

...Mais Delawarde s’attarde là-dessus, s’explique, éclaircit l’expression (on la laisse en gras pour la lumière) et en précise d’une façon intéressante le sens évident :

« ...Moscou atteindra ses objectifs militaires lorsqu’il le voudra. Mais il n’a pas intérêt à en terminer trop vite. C’est sur l’opportunité qu’offre cette guerre d’Ukraine que s’accélère la construction de la multipolarité. C’est sur cette guerre d’Ukraine que se construit l’affaiblissement économique en cours de l’Union européenne qui devrait être durable et qui va rebattre les cartes de la hiérarchie des puissances en Europe. C’est sur cette guerre d’Ukraine et sur les sanctions occidentales illégales et boomerangs que se justifie la stratégie de dédollarisation qui devrait venir à bout de l’hégémonie US. C’est sur cette guerre d’Ukraine que se fonde, par obligation, le réveil d’une économie russe plus autarcique, plus autonome et plus souveraine.

» Arrêter trop tôt, alors que le temps joue en faveur de la Russie, avec une UE et des USA qui s’autodétruisent chaque jour un peu plus ne serait pas une bonne opération pour la Russie, si l’on veut bien prendre du recul et réfléchir …. L’armée russe n’est pas le moins du monde en difficulté. Elle est maîtresse des horloges. Elle pourra accélérer lorsqu’elle le décidera, attaquer à partir de, et dans de nouvelles directions, créer de nouveaux fronts en Ukraine, alors même qu’elle se renforce chaque jour et que son adversaire otano-kiévien s’affaiblit. Elle choisira le moment favorable pour tirer le meilleur parti géopolitique de sa victoire. »

En d’autres mots et pour faire un mot, l’Ukraine n’est pas le champ d’une bataille, c’est le champ de toutes les batailles ; par conséquent, elle est la matrice opérationnelle de la GrandeCrise (alors que les USA en sont la matrice psychologique et métahistorique). C’est, selon nous et selon le constat subjectif que nous faisons, la raison pour laquelle la crise ukrainienne, un moment éclipsée par la crise israélo-palestinienne du 7 octobre  2023, notamment dans le système de la communication et la “guerre de l'information”, a rapidement repris le dessus....

C’est parce que la crise de Gaza s'est inscrite dans la GrandeCrise qu’elle a naturellement fait partie du grand chambardement dont la “matrice opérationnelle” est en Ukraine. Ce que nous écrivions le 11 octobre 2024 à propos de Gaza esquissait cette appréciation, bien entendu sans aller jusqu’au terme puisque nous ne sommes décidément pas des devins mais de simples passeurs de l’immense fleuve grondant qu’est cette crise qui nous secoue jusqu’aux fondements :

« • Le drame du week-end en Israël doit désormais se poursuivre avec l’action de riposte que préparent les Israéliens, et qui peut être terrible. • En soi, la crise entre Israël et les Palestiniens répond toujours aux mêmes paramètres et blocages, et en cela l’attaque de dimanche ne change rien. • Ce qui peut amener un changement politique de nature, non pas de la crise elle-même, mais de l’importance de la crise, c’est justement la nature et, au-delà, la puissance de la riposte israélienne. • Dans ce cas, cette très vieille crise s’inscrirait dans la GrandeCrise. »

Netanyahou, une bombe de trop ?

Nous entendons ainsi expliquer ce que nous percevons comme étant une sorte d’intérêt moindre de la communication pour l’attaque des Israéliens contre l’ambassade d’Iran à Damas, avec les assassinats consécutifs des personnalités qui s’y trouvaient, protégée par l’immunité diplomatique, la souveraineté syrienne, et autres bla-bla-bla dont se fichent du tiers comme du quart les Israéliens. Nous entendons ainsi montrer que ce désintérêt relatif de la communication, contraste très fortement avec celui qu’accompagna l’assassinat du général Soleimani en janvier 2020. Jamais nous ne parlerions, aujourd’hui, d’un « assassinat métahistorique » : les événements nous ont très largement et si rapidement dépassés !

On peut observer aujourd’hui que l’attaque israélienne de Damas est loin d’avoir provoqué le même fracas que l’assassinat de Soleimani. Certes, on objectera : mais où iriez-vous trouver plus de fracas qu’il n’y a aujourd’hui, alors que, entre bien d’autres motifs d’explosion, les quatre cinquième des pays européens préparent une guerre de marionnettes, sans le montreur de marionnettes, contre le Grand Méchant Ours ? C’est exactement cela : l’attaque de Damas entre dans le schéma général de la GrandeCrise et ne vaut pas loin d’être comparable à l’attaque terroriste de Moscou, en tant que signification métahistorique, et en faisant sans guère de doute bien moins de vagues et de remous. Mais tout se retrouve, pour la grande explication, pour l’analyse, pour l’évaluation, autour du champ des batailles d’Ukraine où l’armée russe fait avancer les horloges à sa guise.

On notera essentiellement, pour cette attaque de Damas, que l’habile Netanyahou ne vaut finalement pas mieux que le gâteux Biden. En lançant cette attaque, il a fortement aggravé les risques d’une situation incontrôlable dans la région :

« Toutefois, Israël ne contrôle plus l'échelle de l'escalade, puisque son attaque audacieuse pousse l'Iran à répondre, au moins de manière symétrique, par sa propre attaque contre un consulat israélien quelque part. En fonction de cette réaction et de la gravité de l'attaque, Israël pourrait alors se sentir poussé à l'escalade en réponse, catalysant ainsi un cycle incontrôlable qui pourrait déboucher sur le scénario le plus pessimiste. » (Korybko)

Cette perspective n’arrangera certainement pas les USA, qui ne cherchent aujourd’hui qu’un apaisement pour tenter de sauver la Maison-Blanche de Joe Biden tout en ne montrant pas trop leur faiblesse dans leur capacité de renforcer leurs alliés. Mais surtout, cela achèvera un grand événement passé inaperçu : la dégradation accélérée des relations entre la Russie et Israël, – du fait de cet incontrôlable désordre causé par Israël et du traitement pratiqué par les Israéliens, – au profit de l’Iran, compagnon des BRICS désormais, avec le renforcement militaire venu de Russie qui s’ensuivra, largement supérieur à tout ce que les USA peuvent donner à Israël.

C’est que les deux superpuissances voient leurs arsenaux liés à la guerre en Ukraine, – les USA, pour voir dépérir catastrophiquement le sien, la Russie pour voir se renforcer démesurément le sien. Les Russes ne veulent rien tant que le calme au Moyen-Orient mais dès lors qu’Israël agit comme il le fait, alors la Russie appliquera la doctrine Poutine et aidera à fond l’Iran :

« Quand j’étais jeune, dans les rues de Saint-Petersbourg, dès qu’il devenait évident qu’il y aurait bagarre entre deux bandes, il fallait frapper le premier... »

Alors, peut-être que l’armée russe va se mettre à l’heure d’été en Ukraine en plus d’envoyer ses cargaisons à l’Iran, de façon à faire s’embraser des incendies similaires puisqu’il serait devenu évident que plus rien ne les empêcherait.

 

Mis en ligne le 3 avril 2024 à 12H20

Crocus-Hocus-Pocus

Crocus-Hocus-Pocus

Merci à tous ceux qui ont exprimé leurs condoléances à la suite des événements survenus au Crocus City Hall. Pour ceux qui ne prêtent pas attention aux nouvelles (et qui peut vous en blâmer ?), il s’agit d’une attaque terroriste contre un centre commercial et une salle de concert près de Moscou qui a coûté la vie à plus d’une centaine de personnes, y compris des enfants. L’attentat a été perpétré par quatre migrants originaires du Tadjikistan à qui l’on avait promis 500₽ (5 426,82 $) pour aller tirer sur des gens (et qui n’ont reçu que la moitié de l’argent). Ils ont utilisé des armes automatiques qui, au vu des éclairs massifs, avaient connu des jours meilleurs, pour tirer sur des personnes au hasard, puis ont mis le feu au bâtiment en utilisant un lance-flammes sur les sièges d’un auditorium.

Ils ont ensuite pris la fuite dans la même voiture que celle qu’ils avaient utilisée pour se rendre sur place, écrasant un jeune garçon au passage. Ils se sont dirigés vers la frontière ukrainienne, où des agents ukrainiens s’étaient arrangés pour les faire passer. Lorsqu’ils ont été arrêtés, ils ont refusé de s’arrêter. Lorsque la sécurité russe a tiré sur les pneus de leur voiture et qu’elle s’est retournée, trois des quatre se sont enfuis à pied à travers les bois marécageux, mais ils ont été rassemblés et arrêtés. Ils ont tous avoué leurs crimes. Au total, 11 personnes ont été arrêtées et l’enquête se poursuit. C’est tout ce qu’il y a à dire pour l’instant ; tout le reste n’est qu’insinuation, ouï-dire ou confabulation.

Mais voici maintenant la partie intéressante : un nouveau mensonge vient s’ajouter à la pile déjà impressionnante de mensonges perpétués par l’État profond, le gouvernement et la presse occidentaux. Il est physiquement possible d’abattre trois gratte-ciel (WTC #1, #2 et #7) à l’aide de deux avions de ligne. Que Pfizer et Moderna ont produit de véritables vaccins Covid-19 et non des armes biologiques relativement inefficaces visant à réduire la population. Que Joe Biden est le président des États-Unis et non une doublure semi-robotique droguée de l’homme derrière le rideau (quel qu’il soit). Que le dioxyde de carbone atmosphérique est un gaz à effet de serre important qui provoque le réchauffement de la planète et qu’il n’est pas simplement un aliment pour les plantes et qu’il est plutôt rare. Si vous êtes comme la plupart des Occidentaux, vous vous contentez d’avaler ces mensonges avec votre porridge au petit-déjeuner sans même y penser. Mais peut-être devriez-vous y penser.

Le nouveau mensonge est que l’attentat contre le Crocus City Hall a été organisé par ISIS-K. ISIS, alias le Califat ou État islamique, est un sous-produit de l’invasion américaine de l’Irak que les barbouzes américains ont facilement embrassé et soutenu parce qu’ils pensaient que ces salauds les aideraient à renverser le gouvernement de la Syrie. Mais la Russie est intervenue et ISIS n’existe plus. ISIS-K est une transplantation d’un reste d’ISIS à Khorasan, en Afghanistan – du moins avant que les États-Unis ne se retirent précipitamment de cette région. Leur sort est incertain ; peut-être ont-ils tous été tranquillement tués par les talibans à l’heure qu’il est. Les talibans détestent ces larbins organisés par les Américains.

Les suspects ont raconté à peu près la même histoire : ils ont été recrutés via l’application Telegram alors qu’ils vivaient dans un foyer de migrants à Moscou et ont accepté de faire le travail parce qu’ils étaient vraiment, vraiment pathétiques, une bande de perdants qui n’avaient rien de bon pour eux. L’un d’entre eux ne comprend même pas un mot de russe. Comment les États-Unis pourraient-ils savoir quoi que ce soit à ce sujet ? Oh, attendez, ISIS-K est une création de la CIA, voilà comment ! Et pourquoi n’ont-ils pas partagé cette information avec les services antiterroristes russes au préalable ? Bonne question !

Le 24 Mars 2024, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone

 

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.

L’énigme du pont de Baltimore

L’énigme du pont de Baltimore

2 avril 2024 (13H25) – Nous faisons là une exception par rapport à nos publications courantes. Il s’agit d’un texte d’analyse de l’effondrement du pont de Baltimore, repris de tweeterX du 26 mars 2024 (“Lara Logan”), qui nous a été communiqué par un ami sans commentaire. Nous n’avons, je n’ai strictement aucune certitude, ni objective, ni subjective, ni préjugé ni soupçon, ni bienveillance ni complaisance  quant à ce qui concerne la validité de son contenu général. (J’irais même jusqu’à dire que ce n’est pas le sujet de ce texte, pas du tout...)

L’intérêt subjectif de cette publication est bien entendu qu’elle porte, selon ses propres dires, sur « une brillante attaque  [cybernétique] en terme de planification, de timing et d’exécution. » Nulle part n’est indiqué qui est/qui sont les auteurs de l’attaque. Chacun, j’en suis sûr, tirera sa propre conclusion s’il croit qu’il y a une conclusion à tirer.

Il n’est donc question ni d’affirmation, ni d’information, ni de responsabilité d’informer, même si certains peuvent trouver dans ce texte du grain à moudre. Il n’est donc question ni de ‘FakeNews’, comme disent les imbéciles, ni de propagande, puisqu’aucune référence de validité ou d’invalidité de la nouvelle n’est fournie. C’est de la pure aventure, où l’on se trace un chemin à grands coups de machettes, dans la jungle de la “guerre de la communication” (bien plus que “guerre de l’information” car il existe une construction structurée comprenant des “informations” diverses, justes ou fausses, ou bien tous justes ou tous fausses, ou bien... etc....).

Ce qui nous importe avant tout, c’est de donner un exemple très concret, très précieux, très détaillé, de ce qui peut être diffusé sur “les réseaux sociaux”, non pas en fait de simple information mais  en fait d’une sorte de structure de communication (même si celle-ci ne peut être assurée comme étant acceptable, ni dénoncée comme inacceptable). Bien entendu, le fait que cette recherche soit faite autour d’un événement d’actualité, et d’un événement important et spectaculaire, joue évidemment un rôle important, – mais plus, dans ce cas, pour retenir votre attention sur la technique dialectique que pour expliquer un événement.

On notera que la dite-technique est remarquable et respecte les canons du domaine. Il y a des précisions qui correspondent à des réalités vérifiables par les chiffres connus, ou des jugements incontestables, notamment concernant l’aspect stratégique du port deston Baltimore. Bref, l’une des règles maîtresses de la “guerre de la communication” est bien, comme dans toute affirmation douteuse, ou manipulée, ou difficile à faire accepter même si elle est vraie, etc ., qu’il faut y avoir, dans ce qu’on communique, des éléments de vérité objective facile à reconnaître, – jusqu’à l’hypothèse finale que “tout est vrai parce que tous les éléments sont vrais et parfaitement structurés”, ou que “tout est faux parce que tous les éléments, même tous vrais, sont parfaitement déstructurés”. (Ce qui peut amener à déduire que, pour nous, la vérité se trouve dans le degré de structuration des éléments considérés ? Pourquoi pas ?)

Le reste ? A vous de voir, et croyez en l’intuition car c’est bien là que vous trouverez le secret de la matière et du monde... Faites-vous alchimiste de la communication.

Je donne deux textes : l’anglais et sa version française donnée à partir de tweeterX, mais avec quelques retouches.

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Badaboum ! (I)

From multiple intel sources: Baltimore bridge collapse was an “absolutely brilliant strategic attack” on US critical infrastructure - most likely cyber - & our intel agencies know it. In information warfare terms, they just divided the US along the Mason Dixon line exactly like the Civil War.

Second busiest strategic roadway in the nation for hazardous material now down for 4-5 years - which is how long they say it will take to recover. Bridge was built specifically to move hazardous material - fuel, diesel, propane gas, nitrogen, highly flammable materials, chemicals and oversized cargo that cannot fit in the tunnels - that supply chain now crippled.

Make no mistake: this was an extraordinary attack in terms of planning, timing & execution.

The two critical components on that bridge are the two load-bearing pylons on each end, closest to the shore. They are bigger, thicker and deeper than anything else. These are the anchor points and they knew that hitting either one one of them would be a fatal wound to the integrity of the bridge.

Half a mile of bridge went in the river - likely you will have to build a new one. Also caused so much damage to the structural integrity of the bottom concrete part that you cannot see & won’t know until they take the wreckage apart. Structural destruction likely absolute.

Attack perfectly targeted.

“They have figured out how to bring us down. As long as you stay away from the teeth of the US military, you can pick the US apart. We are arrogant and ignorant - lethal combination. Obama said they would fundamentally change America and they did. We are in a free-fall ride on a roller coaster right now - no brakes - just picking up speed.”

The footage shows the cargo ship never got in the approach lane in the channel. You have to be in the channel before you get into that turn. Location was precise/deliberate: chose a bend in the river where you have to slow down and commit yourself - once you are committed in that area there is not enough room to maneuver.

Should have had a harbor pilot to pilot the boat. You are not supposed to traverse any obstacles without the harbor pilot.

They chose a full moon so they would have maximum tidal shift - rise and fall. Brisk flow in that river on a normal day & have had a lot of rain recently so water was already moving along at a good pace.

Hit it with enough kinetic energy to knock the load-bearing pylon out from under the highway - which fatally weakens the span and then 50 percent of the bridge fell into the water.

All these factors when you look at it - this is how you teach people how to do this type of attack and there are so few people left in the system who know this. We have a Junior varsity team on the field.

Tremendous navigational obstruction. Huge logistical nightmare to clean this up. Number of dead is tragic but not the whole measure of the attack.

That kind-of bridge constantly under repair - always at night because there is so much traffic and they cannot obstruct that during the day. So concern is for repair guys who were on foot (out of their vehicles) working who may now be in the water - 48 degrees at most at this time of year.

When you choke off Baltimore you have cut the main north-south hazardous corridor (I95) in half. Now has to go around the city - or go somewhere else.

To move some of that cargo through the tunnel you may be able to get a permit but those are slow to get and require an escort system that is expensive and has to be done at night.

For every $100 dollars that goes into the city, $12 comes from shipping. Believe this will cripple the city of Baltimore at a time when they do not have the resources to recover.

 

Badaboum (II)

Sources de renseignements multiples : l’effondrement du pont de Baltimore était une « attaque stratégique absolument brillante » contre les infrastructures critiques américaines – très probablement cyber – et nos agences de renseignement le savent. En termes de guerre de l’information, ils ont simplement divisé les États-Unis selon la ligne Mason Dixon, exactement comme lors de la guerre civile.

La deuxième route stratégique la plus fréquentée du pays pour les matières dangereuses est désormais en panne  pour 4 à 5 ans - soit le temps qu'il faudra, selon eux, pour se rétablir. Le pont a été construit spécifiquement pour déplacer des matières dangereuses - carburant, diesel, gaz propane, azote, matériaux hautement inflammables, produits chimiques et marchandises surdimensionnées qui ne peuvent pas entrer dans les tunnels - que la chaîne d'approvisionnement est désormais paralysée.

Ne vous y trompez pas : il s’agissait d’une attaque extraordinaire en termes de planification, de timing et d’exécution.

Les deux éléments essentiels de ce pont sont les deux pylônes porteurs à chaque extrémité, les plus proches du rivage. Ils sont plus gros, plus épais et plus profonds que toute autre chose. Ce sont les points d’ancrage et ils savaient que frapper l’un ou l’autre serait une blessure mortelle pour l’intégrité du pont.

Un demi-mile de pont s'est enfoncé dans la rivière - vous devrez probablement en construire un nouveau. Cela a également causé tellement de dommages à l'intégrité structurelle de la partie inférieure en béton que vous ne pouvez pas voir et ne le saurez pas tant qu'ils n'auront pas démonté l'épave. Destruction structurelle probablement absolue.

Attaque parfaitement ciblée.

« Ils ont trouvé comment nous mettre KO. Tant que vous restez à l'écart des griffes de l'armée américaine, vous pouvez épargner les États-Unis. Nous sommes arrogants et ignorants – une combinaison mortelle. Obama a déclaré qu’ils changeraient fondamentalement l’Amérique et ils l’ont fait. Nous sommes actuellement en chute libre sur des montagnes russes – pas de freins – juste en prenant de la vitesse.

Les images montrent que le cargo n’a jamais emprunté la voie d’approche du chenal. Vous devez être dans le canal avant d'entrer dans ce tour. L'emplacement était précis/délibéré : choisissez un coude de la rivière où vous devez ralentir et vous engager - une fois que vous êtes engagé dans cette zone, il n'y a pas assez de marge de manœuvre.

Il y aurait dû y avoir un pilote du port pour piloter le bateau. Vous n'êtes pas censé franchir des obstacles sans le pilote du port.

Ils ont choisi la pleine lune pour avoir un changement de marée maximal – montée et descente. Débit rapide dans cette rivière lors d'une journée normale et il y a eu beaucoup de pluie récemment, donc l'eau avançait déjà à un bon rythme.

Frappez-le avec suffisamment d'énergie cinétique pour faire tomber le pylône porteur sous l'autoroute - ce qui affaiblit fatalement la travée et 50 pour cent du pont tombe alors dans l'eau.

Tous ces facteurs, quand on y regarde, c'est ainsi que l'on enseigne aux gens comment mener ce type d'attaque et il reste si peu de personnes dans le système qui le savent. Nous avons une équipe universitaire médiocre sur le terrain.

Énorme obstruction à la navigation. Un énorme cauchemar logistique pour nettoyer tout ça. Le nombre de morts est tragique mais ne mesure pas l'ampleur de l'attaque.

Ce genre de pont est constamment en réparation - toujours la nuit car il y a tellement de trafic et ils ne peuvent pas l'obstruer pendant la journée. L'inquiétude concerne donc les réparateurs qui travaillaient à pied (hors de leur véhicule) et qui pourraient maintenant être dans l'eau - 48 degrés au maximum à cette période de l'année.

Lorsque vous évitez Baltimore, vous coupez de moitié le principal corridor dangereux nord-sud (I95). Il faut maintenant faire le tour de la ville – ou aller ailleurs.

Pour déplacer une partie de cette cargaison à travers le tunnel, vous pourrez peut-être obtenir un permis, mais ceux-ci sont longs à obtenir et nécessitent un système d'escorte coûteux et qui doit être effectué de nuit.

Pour chaque tranche de 100 dollars investis dans la ville, 12 dollars proviennent du transport maritime. Je pense que cela paralysera la ville de Baltimore à un moment où elle n’a pas les ressources nécessaires pour se rétablir.

 

Réveillez-vous, ô dormeurs

Réveillez-vous, ô dormeurs

• Une appréciation générale et multidimensionnelle de la situation de l’hégémon américaniste face à son inéluctable crise finale. • Un texte de Patrick Lawrence nous décrit cette descente aux enfers.

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1er avril 2024 (17H35) – “Réveillez-vous, ô dormeurs”, car les choses terribles ne font que commencer. La route est ouverte pour la mise en pièce du système hégémonique américaniste établi sur le monde. A cet égard, l’Ukraine n’est qu’un début, un avant-goût. Le reste, bien entendu, va suivre dans un bruit de tonnerre et dans une opluie de sang.

Le commentateur Patrick Lawrence décrit les divers fronts s’ouvrant un peu partout dans cette fantastique toile d’araignée d’interventions illégales, de pressions inacceptables, de situations de corruption. On retrouve diverses crises, divers affrontements.

On peut avancer au moins deux choses : la première est que le désordre et la fureur des vingt premières années du XXIème siècle sont peu de choses à côté de ce qui nous attend.

« Les cliques politiques de Washington, si stupidement incapables d’accepter les réalités du XXIe siècle, sont susceptibles d’agir avec un désespoir accru au fur et à mesure que la primauté des États-Unis cède enfin la place à un ordre mondial digne de ce nom. Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir. »

La seconde est aussi banale et tragique que la précédente, mais elle poursuit sa logique inéluctable qui concerne la nécessité où l’on se trouve de devoir accepter les épreuves terribles à venir sans savoir quelle forme elles auront.

«  Il est difficile de prédire ce que va faire Washington ... “Les nations qui s’engagent en faveur de la multipolarité”, conclut l’article, “doivent se préparer à ce qui risque de leur être infligé”. Le réconfort que l’on peut trouver ici, aussi sombre soit-il, c’est que les pays non occidentaux savent parfaitement comment s’armer contre l’imperium et les anciennes puissances coloniales. Et les Russes leur ont montré ces dernières années que c’était possible. »

Patrick Lawrence est un grand reporteur US qui a collaboré à de nombreuses publications à partir de ses débuts à l’International Heradk Tribune.  Son nouveau livre ‘Journalists and Their Shadows, vient d'être publié par Clarity Press. Ce texte est repris de ‘Spirit of Free Speech’ du 29 mars 2024, à partir de ‘ScheerPost’.

dde.org

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Chronique d’une mort annoncée

Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir.

Je viens de lire un article remarquable dans le Seattle Times, remarquable par sa franchise nihiliste. Le titre de l’article de Ron Judd publié en août 2021 dans le Pacific NW Magazine du Times donne un bon aperçu du point de vue de l’auteur : «Le déclin de la civilisation américaine». Et le sous-titre : «La mauvaise télévision n’a jamais été aussi présente, et elle nous rend gros, paresseux, égoïstes et stupides».

Les nouvelles semblent parfois voyager lentement dans ces contrées, mais qu’à cela ne tienne. Si les observations de Judd étaient percutantes il y a trois ans, elles ont aujourd’hui la force gravitationnelle de Jupiter. La thèse de Judd est la suivante :

«Au vu de l’état actuel de dysfonctionnement national, de guerre culturelle et de psychose publique – plus d’informations à ce sujet après quelques messages publicitaires vous incitant à demander à votre médecin de vous prescrire un nouveau médicament miracle, le Byxfliptaz – il est indéniable que l’Américain lambda est doté aujourd’hui de toutes les facultés mentales d’une salade Jell-O laissée trop longtemps au soleil lors d’un pique-nique au mois d’août dans le parc Marymoor».

L’heure ne semble pas être à la mauvaise télévision ou aux cerveaux en déliquescence. En raison d’une succession rapide d’événements, dont aucun en apparence n’est lié à un autre, l’effondrement des sept décennies d’hégémonie de l’Amérique s’accélère de façon spectaculaire. Certains observateurs avisés pensent aujourd’hui que «l’ordre international fondé sur des règles», comme les cliques politiques appellent au rayonnement de la puissance américaine, est d’ores et déjà révolu. Je suppose qu’il faut choisir entre accepter cette réalité et regarder de la mauvaise télévision, et, d’accord, ce dernier choix s’avère tentant pour un nombre surprenant de personnes.

Réveillez-vous, ô dormeurs, et revenez d’entre les morts !

Sur le flanc oriental du monde atlantique, les dirigeants de l’empire ont perdu une guerre qu’ils étaient persuadés de gagner lorsqu’ils l’ont déclenchée avec le coup d’État organisé à Kiev il y a dix ans. La folle erreur de calcul de l’Occident en Ukraine fait de la Russie la gagnante, et il est bien difficile de surestimer les conséquences de ce coup porté à la puissance et au prestige des États-Unis.

En outre, les efforts déployés depuis des années par les cliques politiques pour isoler la Russie, paralyser son économie et détruire la valeur de sa monnaie ont manifestement échoué. Si l’on en juge par le taux de croissance du produit intérieur brut, l’économie russe surpasse largement celles de l’Amérique et de l’Europe. Les échanges commerciaux réalisés en roubles augmentent à un rythme effréné et la monnaie est stable. Moscou est aujourd’hui une force de premier plan alors que les pays non occidentaux, c’est-à-dire les pays du Sud, se rallient à un ordre multipolaire fondé sur des principes de souveraineté juridiquement contraignants, sur la charte des Nations unies, et d’autres textes et déclarations multilatéraux.

Certains lecteurs ne l’auront peut-être pas remarqué, mais les nouveaux dirigeants du Niger, qui ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État contre le président pro-occidental du pays en juillet dernier, viennent d’envoyer un message à l’armée américaine, qui maintient depuis longtemps un avant-poste de 250 millions de dollars dans le nord-est du Niger, que le Pentagone considère comme essentiel aux activités de Washington destinées à projeter sa puissance à travers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Voilà pour la «domination à spectre complet» dont rêvaient les néoconservateurs au tournant du siècle.

Gardant le pire pour la fin, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies vient de recevoir un rapport de 25 pages et un résumé vidéo de 12 minutes de son rapporteur spécial, Francesca Albanese, intitulé «Anatomie d’un génocide». Vous pouvez consulter toutes les excuses embrouillées du New York Times au sujet de la crise de Gaza. Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de la majorité mondiale, les États-Unis soutiennent un régime de despotes enragés qui extermine tout un peuple. Le prix que l’impérium devra payer pour cela dans les années à venir sera très élevé.

Éteignez vos téléviseurs et réfléchissez à ces développements. Si nous les prenons dans leur ensemble, comme il se doit, ils nous indiquent deux choses. Premièrement, un nouvel ordre mondial composé de multiples pôles de pouvoir, même si Washington s’efforce de le saper, est en train d’émerger un peu partout et prend de l’ampleur à l’heure où nous parlons. Deuxièmement, les cliques politiques de Washington, si stupidement incapables d’accepter les réalités du XXIe siècle, sont susceptibles d’agir avec un désespoir accru au fur et à mesure que la primauté des États-Unis cède enfin la place à un ordre mondial digne de ce nom. Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir.

Le pire est à venir

Tant que le régime Biden continuera à dire que la guerre en Ukraine est «dans une impasse», et même si les médias corporatistes rabâchent fidèlement ces absurdités tels des pantins ventriloques, si le régime de Kiev perd chaque jour du terrain et qu’il n’y a pas le moindre espoir réaliste de le reconquérir, le mot que nous cherchons est «perdu». La question qu’il est temps de se poser est la suivante : que vont faire les États-Unis et leurs vassaux européens lorsque les faux-semblants n’en seront plus, et que la défaite, même si elle n’est jamais admise sur le papier, sera trop évidente pour être niée ?

Rien de bon. Étant donné qu’une paix négociée dans des conditions acceptables pour Moscou est hors de question et que l’objectif est de renverser la «Russie de Poutine», les États-Unis sont sans doute enclins à intensifier les opérations secrètes et les «guerres hybrides» au menu de Washington depuis des lustres. La situation risque de devenir vite très dangereuse. Avons-nous eu un avant-goût des problèmes à venir avec l’attaque choquante de la salle de concert et de la galerie marchande près de Moscou le 22 mars ? Voici ce que j’en pense.

La «communauté du renseignement» américaine s’est empressée de rendre publique une «évaluation»- un terme flou qui n’engage personne – selon laquelle l’attentat est l’œuvre d’un groupe d’islamistes militants, et que rien ne prouve que l’Ukraine a quelque chose à voir avec cet événement. Très vite, une ramification de l’État islamique, EI-Khorasan, a revendiqué l’attentat. Le président Poutine, qui s’était montré prudent dès le départ quant aux accusations, a fini par déclarer que les terroristes islamiques étaient effectivement coupables de la mort de 137 Russes innocents et de l’incendie de «Crocus City Hall».

Identifier l’EI-K comme étant le responsable est une affaire compliquée, gardons cela à l’esprit. Après l’effondrement du régime client de Washington à Kaboul il y a trois ans, de nombreux éléments des forces de défense et de sécurité nationales afghanes, se retrouvant soudainement à la rue, ont rejoint l’EI-K pour se mettre à l’abri du désastre. Il s’agissait d’agents de renseignement et de contre-insurrection formés par la CIA, et ils auraient été très nombreux à rejoindre l’organisation. Des rapports ultérieurs, jamais authentifiés, ont suggéré que la CIA utilisait des hélicoptères banalisés pour approvisionner l’EI-K en armes et en matériel. Il y a un an, Foreign Policy le décrivait comme «le groupe terroriste sans doute le plus brutal d’Afghanistan».

Moscou, parfaitement au courant de ces connexions, conclut aujourd’hui que la CIA, ainsi que le MI6 britannique, étaient derrière l’attaque du Crocus City Hall, avec l’agence de renseignement de Kiev, le SBU, jouant un rôle de soutien sur le terrain. La semaine dernière, le chef des services de renseignement russes a déballé tout cela en exposant les conclusions de Moscou.

«Nous estimons que l’attentat a été préparé par les islamistes radicaux, mais, bien entendu, les services spéciaux occidentaux leur ont prêté main-forte», a déclaré Alexandre Bortnikov, le chef du FSB. «Et les services spéciaux ukrainiens y sont directement impliqués».

Trop de preuves circonstancielles viennent étayer cette thèse pour pouvoir la rejeter. Le «bilan» de la CIA attribuant la responsabilité à I’EI peut être considéré comme tout à fait juste, mais il ne représente que la moitié de l’histoire. Le jour même où Bortnikov a évoqué la situation, la Russie a expédié un missile hypersonique – le genre qui échappe aux systèmes de Défense aérienne standard – pour détruire le bâtiment abritant le siège du SBU à Kiev. C’est ce que j’entends par «les choses deviennent très dangereuses, et très vite».

Il est difficile de prédire...

Il est difficile de prédire ce que va faire Washington maintenant que le Niger a déclaré que les 1000 soldats américains qui y sont stationnés sont «illégaux» et ordonné qu’ils quittent le pays. Il est plus facile de dire ce que les États-Unis ne feront pas, malheureusement. Ils n’ont rien montré de leur intention de retirer leurs troupes et de fermer leur base.

Un porte-parole du nouveau gouvernement de Niamey, détaillant la déclaration officielle du 17 mars, a affirmé que la présence américaine «viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques, qui exigent que le peuple souverain – notamment par l’intermédiaire de ses représentants élus – soit consulté sur toute installation d’une armée étrangère sur son territoire».

Cela peut paraître banal, mais il est extrêmement important que Niamey formule son ordre d’expulsion en ces termes. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a balayé du revers de la main la déclaration nigérienne, comme de vulgaires pellicules sur son revers de veste. Voyons comment le maître de l’ordre international fondé sur des règles va maintenant nous démontrer – comme il l’a fait dans le cas de l’Irak il y a quelques années – que les règles et l’ordre n’ont rien à voir avec le respect de la souveraineté d’autres nations ou avec les principes démocratiques que les États-Unis défendent haut et fort.

Il est peu probable que Niamey soit en mesure de forcer les États-Unis à partir, tout comme Bagdad n’a pas pu le faire lorsqu’il a ordonné le départ de toutes les troupes américaines restantes il y a quelques années. Croyez-vous que le reste du monde ne regarde que de la mauvaise télévision, et qu’il ne prêtera aucune attention au fait que les soldats américains se maintiennent dans le désert nigérien ? Si les États-Unis parviennent à défier les injonctions d’un autre pays hôte, ils perdront une nouvelle fois leur crédibilité, leur prestige et le respect auquel ils prétendent.

On entend ces jours-ci quelques commentateurs qui considèrent ces divers développements – la guerre perdue en Ukraine, l’échec de l’Occident à isoler la Russie, les hostilités croissantes contre les États-Unis en Afrique de l’Ouest, la montée inéluctable d’un nouvel ordre mondial – comme autant de signes révélateurs du déclin accéléré de l’impérium.

L’American Conservative a publié la semaine dernière un article intitulé «L’ordre fondé sur les règles est d’ores et déjà révolu». Dominick Sansone force son propos, qui se concentre sur la confrontation de l’Occident avec la Russie, mais pas tant que ça.

«Moscou s’est soustraite à l’ostracisme de l’Occident, modifiant ainsi l’équilibre des pouvoirs non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier», écrit-il. «L’ordre économique et politique fondé sur des règles a été irrémédiablement modifié».

Dans un autre article paru la semaine dernière, Moon of Alabama, un site web allemand à forte audience, affirme que la défaite en Ukraine annonce la fin de la «supériorité de la puissance militaire» en tant qu’«instrument de dissuasion» le plus efficace de l’Occident. L’Occident doit maintenant trouver «un nouvel outil qui lui permette de faire valoir ses intérêts face à d’autres puissances».

Et puis, en ce qui concerne la crise de Gaza, cette conclusion troublante :

«Il a choisi de faire preuve de la plus grande sauvagerie».

La guerre contre Gaza, soutenue par l’Occident, est la preuve que l’Occident est prêt à transgresser toutes les limites. Que le monde occidental est prêt à rompre avec toute forme d’humanité. Qu’il est prêt à commettre un génocide. Qu’il fera tout pour empêcher les instances internationales d’intervenir à ce sujet.

Qu’il est prêt à éliminer tout ce qui lui résiste.

Pour moi, l’article de Moon of Alabama fait froid dans le dos, précisément dans la mesure où tout ce qu’il écrit est plausible. On nous invite maintenant à nous demander si l’Occident soutient les barbaries commises par les Israéliens à Gaza parce que la barbarie fait désormais partie de la politique. Comment rejeter un tel argument ?

«Les nations qui s’engagent en faveur de la multipolarité», conclut l’article, «doivent se préparer à ce qui risque de leur être infligé». Le réconfort que l’on peut trouver ici, aussi sombre soit-il, c’est que les pays non occidentaux savent parfaitement comment s’armer contre l’imperium et les anciennes puissances coloniales. Et les Russes leur ont montré ces dernières années que c’était possible.

Patrick Lawrence

Chronique d’une mort annoncée

Réveillez-vous, ô dormeurs

• Une appréciation générale et multidimensionnelle de la situation de l’hégémon américaniste face à son inéluctable crise finale. • Un texte de Patrick Lawrence nous décrit cette descente aux enfers.

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1er avril 2024 (17H35) – “Réveillez-vous, ô dormeurs”, car les choses terribles ne font que commencer. La route est ouverte pour la mise en pièce du système hégémonique américaniste établi sur le monde. A cet égard, l’Ukraine n’est qu’un début, un avant-goût. Le reste, bien entendu, va suivre dans un bruit de tonnerre et dans une opluie de sang.

Le commentateur Patrick Lawrence décrit les divers fronts s’ouvrant un peu partout dans cette fantastique toile d’araignée d’interventions illégales, de pressions inacceptables, de situations de corruption. On retrouve diverses crises, divers affrontements.

On peut avancer au moins deux choses : la première est que le désordre et la fureur des vingt premières années du XXIème siècle sont peu de choses à côté de ce qui nous attend.

« Les cliques politiques de Washington, si stupidement incapables d’accepter les réalités du XXIe siècle, sont susceptibles d’agir avec un désespoir accru au fur et à mesure que la primauté des États-Unis cède enfin la place à un ordre mondial digne de ce nom. Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir. »

La seconde est aussi banale et tragique que la précédente, mais elle poursuit sa logique inéluctable qui concerne la nécessité où l’on se trouve de devoir accepter les épreuves terribles à venir sans savoir quelle forme elles auront.

«  Il est difficile de prédire ce que va faire Washington ... “Les nations qui s’engagent en faveur de la multipolarité”, conclut l’article, “doivent se préparer à ce qui risque de leur être infligé”. Le réconfort que l’on peut trouver ici, aussi sombre soit-il, c’est que les pays non occidentaux savent parfaitement comment s’armer contre l’imperium et les anciennes puissances coloniales. Et les Russes leur ont montré ces dernières années que c’était possible. »

Patrick Lawrence est un grand reporteur US qui a collaboré à de nombreuses publications à partir de ses débuts à l’International Heradk Tribune.  Son nouveau livre ‘Journalists and Their Shadows, vient d'être publié par Clarity Press. Ce texte est repris de ‘Spirit of Free Speech’ du 29 mars 2024, à partir de ‘ScheerPost’.

dde.org

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Chronique d’une mort annoncée

Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir.

Je viens de lire un article remarquable dans le Seattle Times, remarquable par sa franchise nihiliste. Le titre de l’article de Ron Judd publié en août 2021 dans le Pacific NW Magazine du Times donne un bon aperçu du point de vue de l’auteur : «Le déclin de la civilisation américaine». Et le sous-titre : «La mauvaise télévision n’a jamais été aussi présente, et elle nous rend gros, paresseux, égoïstes et stupides».

Les nouvelles semblent parfois voyager lentement dans ces contrées, mais qu’à cela ne tienne. Si les observations de Judd étaient percutantes il y a trois ans, elles ont aujourd’hui la force gravitationnelle de Jupiter. La thèse de Judd est la suivante :

«Au vu de l’état actuel de dysfonctionnement national, de guerre culturelle et de psychose publique – plus d’informations à ce sujet après quelques messages publicitaires vous incitant à demander à votre médecin de vous prescrire un nouveau médicament miracle, le Byxfliptaz – il est indéniable que l’Américain lambda est doté aujourd’hui de toutes les facultés mentales d’une salade Jell-O laissée trop longtemps au soleil lors d’un pique-nique au mois d’août dans le parc Marymoor».

L’heure ne semble pas être à la mauvaise télévision ou aux cerveaux en déliquescence. En raison d’une succession rapide d’événements, dont aucun en apparence n’est lié à un autre, l’effondrement des sept décennies d’hégémonie de l’Amérique s’accélère de façon spectaculaire. Certains observateurs avisés pensent aujourd’hui que «l’ordre international fondé sur des règles», comme les cliques politiques appellent au rayonnement de la puissance américaine, est d’ores et déjà révolu. Je suppose qu’il faut choisir entre accepter cette réalité et regarder de la mauvaise télévision, et, d’accord, ce dernier choix s’avère tentant pour un nombre surprenant de personnes.

Réveillez-vous, ô dormeurs, et revenez d’entre les morts !

Sur le flanc oriental du monde atlantique, les dirigeants de l’empire ont perdu une guerre qu’ils étaient persuadés de gagner lorsqu’ils l’ont déclenchée avec le coup d’État organisé à Kiev il y a dix ans. La folle erreur de calcul de l’Occident en Ukraine fait de la Russie la gagnante, et il est bien difficile de surestimer les conséquences de ce coup porté à la puissance et au prestige des États-Unis.

En outre, les efforts déployés depuis des années par les cliques politiques pour isoler la Russie, paralyser son économie et détruire la valeur de sa monnaie ont manifestement échoué. Si l’on en juge par le taux de croissance du produit intérieur brut, l’économie russe surpasse largement celles de l’Amérique et de l’Europe. Les échanges commerciaux réalisés en roubles augmentent à un rythme effréné et la monnaie est stable. Moscou est aujourd’hui une force de premier plan alors que les pays non occidentaux, c’est-à-dire les pays du Sud, se rallient à un ordre multipolaire fondé sur des principes de souveraineté juridiquement contraignants, sur la charte des Nations unies, et d’autres textes et déclarations multilatéraux.

Certains lecteurs ne l’auront peut-être pas remarqué, mais les nouveaux dirigeants du Niger, qui ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État contre le président pro-occidental du pays en juillet dernier, viennent d’envoyer un message à l’armée américaine, qui maintient depuis longtemps un avant-poste de 250 millions de dollars dans le nord-est du Niger, que le Pentagone considère comme essentiel aux activités de Washington destinées à projeter sa puissance à travers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Voilà pour la «domination à spectre complet» dont rêvaient les néoconservateurs au tournant du siècle.

Gardant le pire pour la fin, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies vient de recevoir un rapport de 25 pages et un résumé vidéo de 12 minutes de son rapporteur spécial, Francesca Albanese, intitulé «Anatomie d’un génocide». Vous pouvez consulter toutes les excuses embrouillées du New York Times au sujet de la crise de Gaza. Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de la majorité mondiale, les États-Unis soutiennent un régime de despotes enragés qui extermine tout un peuple. Le prix que l’impérium devra payer pour cela dans les années à venir sera très élevé.

Éteignez vos téléviseurs et réfléchissez à ces développements. Si nous les prenons dans leur ensemble, comme il se doit, ils nous indiquent deux choses. Premièrement, un nouvel ordre mondial composé de multiples pôles de pouvoir, même si Washington s’efforce de le saper, est en train d’émerger un peu partout et prend de l’ampleur à l’heure où nous parlons. Deuxièmement, les cliques politiques de Washington, si stupidement incapables d’accepter les réalités du XXIe siècle, sont susceptibles d’agir avec un désespoir accru au fur et à mesure que la primauté des États-Unis cède enfin la place à un ordre mondial digne de ce nom. Si vous pensiez que les deux dernières décennies ont été violentes, chaotiques et destructrices, accrochez-vous : le pire est presque certainement à venir.

Le pire est à venir

Tant que le régime Biden continuera à dire que la guerre en Ukraine est «dans une impasse», et même si les médias corporatistes rabâchent fidèlement ces absurdités tels des pantins ventriloques, si le régime de Kiev perd chaque jour du terrain et qu’il n’y a pas le moindre espoir réaliste de le reconquérir, le mot que nous cherchons est «perdu». La question qu’il est temps de se poser est la suivante : que vont faire les États-Unis et leurs vassaux européens lorsque les faux-semblants n’en seront plus, et que la défaite, même si elle n’est jamais admise sur le papier, sera trop évidente pour être niée ?

Rien de bon. Étant donné qu’une paix négociée dans des conditions acceptables pour Moscou est hors de question et que l’objectif est de renverser la «Russie de Poutine», les États-Unis sont sans doute enclins à intensifier les opérations secrètes et les «guerres hybrides» au menu de Washington depuis des lustres. La situation risque de devenir vite très dangereuse. Avons-nous eu un avant-goût des problèmes à venir avec l’attaque choquante de la salle de concert et de la galerie marchande près de Moscou le 22 mars ? Voici ce que j’en pense.

La «communauté du renseignement» américaine s’est empressée de rendre publique une «évaluation»- un terme flou qui n’engage personne – selon laquelle l’attentat est l’œuvre d’un groupe d’islamistes militants, et que rien ne prouve que l’Ukraine a quelque chose à voir avec cet événement. Très vite, une ramification de l’État islamique, EI-Khorasan, a revendiqué l’attentat. Le président Poutine, qui s’était montré prudent dès le départ quant aux accusations, a fini par déclarer que les terroristes islamiques étaient effectivement coupables de la mort de 137 Russes innocents et de l’incendie de «Crocus City Hall».

Identifier l’EI-K comme étant le responsable est une affaire compliquée, gardons cela à l’esprit. Après l’effondrement du régime client de Washington à Kaboul il y a trois ans, de nombreux éléments des forces de défense et de sécurité nationales afghanes, se retrouvant soudainement à la rue, ont rejoint l’EI-K pour se mettre à l’abri du désastre. Il s’agissait d’agents de renseignement et de contre-insurrection formés par la CIA, et ils auraient été très nombreux à rejoindre l’organisation. Des rapports ultérieurs, jamais authentifiés, ont suggéré que la CIA utilisait des hélicoptères banalisés pour approvisionner l’EI-K en armes et en matériel. Il y a un an, Foreign Policy le décrivait comme «le groupe terroriste sans doute le plus brutal d’Afghanistan».

Moscou, parfaitement au courant de ces connexions, conclut aujourd’hui que la CIA, ainsi que le MI6 britannique, étaient derrière l’attaque du Crocus City Hall, avec l’agence de renseignement de Kiev, le SBU, jouant un rôle de soutien sur le terrain. La semaine dernière, le chef des services de renseignement russes a déballé tout cela en exposant les conclusions de Moscou.

«Nous estimons que l’attentat a été préparé par les islamistes radicaux, mais, bien entendu, les services spéciaux occidentaux leur ont prêté main-forte», a déclaré Alexandre Bortnikov, le chef du FSB. «Et les services spéciaux ukrainiens y sont directement impliqués».

Trop de preuves circonstancielles viennent étayer cette thèse pour pouvoir la rejeter. Le «bilan» de la CIA attribuant la responsabilité à I’EI peut être considéré comme tout à fait juste, mais il ne représente que la moitié de l’histoire. Le jour même où Bortnikov a évoqué la situation, la Russie a expédié un missile hypersonique – le genre qui échappe aux systèmes de Défense aérienne standard – pour détruire le bâtiment abritant le siège du SBU à Kiev. C’est ce que j’entends par «les choses deviennent très dangereuses, et très vite».

Il est difficile de prédire...

Il est difficile de prédire ce que va faire Washington maintenant que le Niger a déclaré que les 1000 soldats américains qui y sont stationnés sont «illégaux» et ordonné qu’ils quittent le pays. Il est plus facile de dire ce que les États-Unis ne feront pas, malheureusement. Ils n’ont rien montré de leur intention de retirer leurs troupes et de fermer leur base.

Un porte-parole du nouveau gouvernement de Niamey, détaillant la déclaration officielle du 17 mars, a affirmé que la présence américaine «viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques, qui exigent que le peuple souverain – notamment par l’intermédiaire de ses représentants élus – soit consulté sur toute installation d’une armée étrangère sur son territoire».

Cela peut paraître banal, mais il est extrêmement important que Niamey formule son ordre d’expulsion en ces termes. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a balayé du revers de la main la déclaration nigérienne, comme de vulgaires pellicules sur son revers de veste. Voyons comment le maître de l’ordre international fondé sur des règles va maintenant nous démontrer – comme il l’a fait dans le cas de l’Irak il y a quelques années – que les règles et l’ordre n’ont rien à voir avec le respect de la souveraineté d’autres nations ou avec les principes démocratiques que les États-Unis défendent haut et fort.

Il est peu probable que Niamey soit en mesure de forcer les États-Unis à partir, tout comme Bagdad n’a pas pu le faire lorsqu’il a ordonné le départ de toutes les troupes américaines restantes il y a quelques années. Croyez-vous que le reste du monde ne regarde que de la mauvaise télévision, et qu’il ne prêtera aucune attention au fait que les soldats américains se maintiennent dans le désert nigérien ? Si les États-Unis parviennent à défier les injonctions d’un autre pays hôte, ils perdront une nouvelle fois leur crédibilité, leur prestige et le respect auquel ils prétendent.

On entend ces jours-ci quelques commentateurs qui considèrent ces divers développements – la guerre perdue en Ukraine, l’échec de l’Occident à isoler la Russie, les hostilités croissantes contre les États-Unis en Afrique de l’Ouest, la montée inéluctable d’un nouvel ordre mondial – comme autant de signes révélateurs du déclin accéléré de l’impérium.

L’American Conservative a publié la semaine dernière un article intitulé «L’ordre fondé sur les règles est d’ores et déjà révolu». Dominick Sansone force son propos, qui se concentre sur la confrontation de l’Occident avec la Russie, mais pas tant que ça.

«Moscou s’est soustraite à l’ostracisme de l’Occident, modifiant ainsi l’équilibre des pouvoirs non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier», écrit-il. «L’ordre économique et politique fondé sur des règles a été irrémédiablement modifié».

Dans un autre article paru la semaine dernière, Moon of Alabama, un site web allemand à forte audience, affirme que la défaite en Ukraine annonce la fin de la «supériorité de la puissance militaire» en tant qu’«instrument de dissuasion» le plus efficace de l’Occident. L’Occident doit maintenant trouver «un nouvel outil qui lui permette de faire valoir ses intérêts face à d’autres puissances».

Et puis, en ce qui concerne la crise de Gaza, cette conclusion troublante :

«Il a choisi de faire preuve de la plus grande sauvagerie».

La guerre contre Gaza, soutenue par l’Occident, est la preuve que l’Occident est prêt à transgresser toutes les limites. Que le monde occidental est prêt à rompre avec toute forme d’humanité. Qu’il est prêt à commettre un génocide. Qu’il fera tout pour empêcher les instances internationales d’intervenir à ce sujet.

Qu’il est prêt à éliminer tout ce qui lui résiste.

Pour moi, l’article de Moon of Alabama fait froid dans le dos, précisément dans la mesure où tout ce qu’il écrit est plausible. On nous invite maintenant à nous demander si l’Occident soutient les barbaries commises par les Israéliens à Gaza parce que la barbarie fait désormais partie de la politique. Comment rejeter un tel argument ?

«Les nations qui s’engagent en faveur de la multipolarité», conclut l’article, «doivent se préparer à ce qui risque de leur être infligé». Le réconfort que l’on peut trouver ici, aussi sombre soit-il, c’est que les pays non occidentaux savent parfaitement comment s’armer contre l’imperium et les anciennes puissances coloniales. Et les Russes leur ont montré ces dernières années que c’était possible.

Patrick Lawrence

Drieu La Rochelle et la démission de la France

Drieu La Rochelle et la démission de la France

«Tous s’en remettent sur les étrangers pour les décharger de leurs devoirs et de la fatigue de penser, d’imaginer, de vouloir (Journal, Gallimard).»

La désolation de notre vie politique et la disparition de toute volonté nationale tourmente en France une petite minorité de nostalgiques et de souverainistes. Mais cette catastrophe est ancienne : on va le voir avec un vieux maître lui-même maudit.

Le journal de Drieu publié par Gallimard avait fait scandale il y a trente ans, lors de sa parution. C’est Jean Parvulesco qui me l’avait alors recommandé. Il m’avait enchanté. Je l’ai relu récemment avec un intense intérêt tant les préoccupations de Drieu recoupent les nôtres : sensation de décadence terminale, désespoir historique, incapacité de trouver des sauveurs, enfin sinistre impression causée par cette permanente torpeur française – la même que ressent alors Bernanos, un des rares écrivains qu’estime alors Drieu.

En pleine guerre, Drieu observe cette torpeur (si vous voulez de la ferveur, revoyez le Casablanca de Curtiz et ce groupe de figurants chanter la Marseillaise – la fille publique incluse) :

« Cette torpeur qui règne à Paris, qui s’est manifestée à l’occasion du bombardement n° 1. J’avais raison de dire il y a quelques années que les Français étaient devenus un peuple triste, qui n’aimait plus la vie. Ils aiment la pêche à la ligne, l’auto en famille, la cuisine, ce n’est pas la vie. Ils ne sont pas lâches, mais pires; ils sont ternes, mornes, indifférents. Ils souhaitent obscurément d’en finir, mais ne feront rien pour que ça aille plus vite. Cette 9e armée qui s’en va les mains dans les poches, sans fusils, sans officiers. »

Une génération avant Debord, Drieu observe :

«Où aimerais-je aller? Nulle part! Le monde entier est en décadence. Le « Moderne» est une catastrophe planétaire.»

Debord dira lui : «dans un monde unifié on ne peut s’exiler».

Il tape comme Céline sur la peu glorieuse patrie des années trente, celles des joueurs de boule et du front popu, de Mistinguett et des conspirateurs de la cagoule (voyez le docu d’Audiard Vive la France…).

« La France meurt d’avarice, des sentiments et des pensées. Pays de petite ironie, de petit dénigrement, de petite critique, de petit ricanement, pays de petitesse… Tout y a été abaissé : les institutions et même leurs pauvres contraires. Si on a abattu la monarchie on n’a pas élevé le peuple avili l’aristocratie on n’a pas décanté la bourgeoisie, si on a ravalé le clergé on n’a pas défendu les professeurs contre l’insipide vanité et on les a loués dans leur inénarrable vacuité ! »

Il observe sur cette fameuse devise républicaine :

« La fraternité n’a pas remplacé la charité, l’égalité n’a profité qu’à l’argent, quant à la liberté ce ne fut que la basse licence de dire tout de façon que rien ne tirât plus à conséquence. »

Se reconnaissant néanmoins catastrophiste, Drieu ajoute :

«N’importe comment, je sais que ma vie est perdue. La littérature française est finie, de même que toute littérature en général dans le monde, tout art, toute création. L’humanité est vieille et la hâte d’organiser son sommeil dans un système de fourmilière ou de ruche. D’autre part, ma vie individuelle est finie. Finis les femmes, les plaisirs sensuels. »

Le fascisme auquel on le rattache souvent ne trouve pas grâce à ses yeux. Il l’expédie mieux que Julius Evola, Savitri Devi ou Hans Gunther qui en dénoncera le caractère « ochlocratique » quand la bise sera venue…

« J’ai écrit dans Socialisme Fasciste que le fascisme était l’expression de la décadence européenne. Ce n’est pas une restauration. Il n’y a pas de restauration. Consolidation, replâtrage des débris. »

En réalité Drieu voit comme dans son livre sur la France préfacé par Halévy après la Grande Guerre (guerre qu’il n’admire pas plus) que le Français ne veut plus être français. François Furet fera la même observation dans son Passé d’une illusion : le froncé adore « internationaliser » sa vie politique pour compenser son vide. Voyez aujourd’hui avec la Russie, l’Europe, l’Amérique ou Israël.

A l’époque, on a déjà le bloc bourgeois : c’est le camp anglais (De Gaulle parle dans ses Mémoires du vertige qui nous saisit quand l’Angleterre ne décide pas à notre place depuis 1815) ; on a aussi un camp fasciste (Allemagne-Italie) et bien sûr un camp russe.

Sous sa plume peu enjouée cela donne :

« Cet abandon de tout le peuple à la superstition russe est le signe le plus certain de notre abâtardissement à tous. Quand un peuple n’a plus de maîtres, il en demande à l’étranger.
Cependant que d’autres Français s’abandonnent à l’attente clandestine de l’Allemand. Quant à la masse, elle est vouée aux Anglais.
Il n’est plus de Français pour ainsi dire qui pense et qui veuille français. La velléité française est entièrement partagée entre le parti du centre ou anglais, le parti allemand d’extrême droite et le parti russe d’extrême gauche. »

Aujourd’hui on pense et vit américain ou bruxellois…

Enfin il a déjà ceux qui se foutent de tout comme aujourd’hui (Gaza, vaccin, reset, guerres, identité numérique…) :

« Il y a aussi tous ceux qui veulent qu’on leur foute la paix, c’est à dire qu’on les en recouvre comme d’une déjection. »

Drieu insiste sur la grande déception mussolinienne (Benito aurait dû prendre sa retraite bien avant, avant l’Ethiopie peut-être ?) :

« Je croyais aussi que Mussolini avait vendu son âme à Hitler, qu’il était résigné à jouer le brillant second. Mais en tous cas on peut voir qu’à la longue l’Italie use Mussolini (NDLR : AJP Taylor l’exécuta bien…). »

Et de conclure en rêvant à des orgies de sang romaines :

« Comme tout cela est terne et crépusculaire. C’est bien la décadence de l’Europe. Les grandes tueries du temps de Galba et Othon! Les fils d’ouvriers Mussolini, Hitler, Staline ne sont pas bien éblouissants.»

Je reprends sa juste marotte : il n’y a plus de parti français (idem aujourd’hui : on est européen donc, ou russe, ou palestinien ou israélien, ou américain), et ceux qui se réclament du souverainisme font 1% des voix (le RN alias reniement national s’est prudemment rangé des voitures) :

« Il y a toujours un parti russe et un parti allemand et un parti anglais, voire un parti italien.
Le parti anglais est si nombreux et maître des choses depuis si longtemps qu’il ne se voit pas et qu’on ne le voit guère. On a abandonné à Londres notre politique étrangère, toutes nos initiatives et toutes nos volontés et tous nos espoirs.
Le parti russe est fait de bourgeois qui joignent la chimère de Moscou à la branlante réalité de Londres, et d’ouvriers qui, incapables de faire la révolution, s’en remettent à Staline pour la leur offrir ou imposer. Le parti allemand masque d’anticommunisme sa lâcheté. »

Belle observation :

« Tous s’en remettent sur les étrangers pour les décharger de leurs devoirs et de la fatigue de penser, d’imaginer, de vouloir. »

Et la conclusion logique de tout cela :

« Ce parti que nous avons pris de ne pas nous battre au début est la conséquence de ces diverses démissions… De Gaulle parti (n’en faites pas un héros référentiel non plus, Giscard et Pompidou étaient ses ministres) nous avons fait qu’aller de démission en démission. »

D’ailleurs, tout le monde s’en réclamant, du Général, du gauchiste au souverainiste et du mondialiste au communiste, et ce depuis cinquante bonnes années maintenant (je n’ai toujours connu que des gaullistes), on pourra apprécier ce trait ultime de Drieu :

« Le Général de Gaulle est le point final au ridicule national »

Mais n’enfonçons pas de Gaulle et rappelons ce que nous disions ici-même il y a quelques semaines dans notre Debré et le Kali-Yuga français – enfin rappelons plutôt ce que disait le Général à son confident :

« Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin. »

Et cette perle ici-bas chue d’un désastre obscur : 

«Le Général redit son analyse. Ce qui paraît le frapper le plus c’est le fait que les sociétés elles-mêmes se contestent et qu’elles n’acceptent plus de règles, qu’il s’agisse de l’Eglise, de l’Université, et qu’il subsiste uniquement le monde des affaires, dans la mesure où le monde des affaires permet de gagner de l’argent et d’avoir des revenus. Mais sinon il n’y a plus rien.»

NO COMMENT.

Elon Musk, ou l’intempestif

Elon Musk, ou l’intempestif

• Ne nous embarrassons pas trop de nos ombrageuses critiques, si courant chez nos Résistants-jusqu’au-boutistes qui vous dégotent un péché ou l’autre chez ceux qu’on espère mettre de son côté. • Elon Musck, en lançant une grande campagne de réconciliation entre Ukrainiens et Russes, annonce aux premiers qu’ils devront faire amende honorable s’ils ne veulent pas perdre Odessa et l’accès à la Mer Noire. • Musk est un sacré cas à suivre : le plus élevé des ‘Maîtres du monde’, ils pourrait s’avèrer être le traître des ‘Maîtres du Monde’.

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On ne dira pas que c’est l’apparition d’un personnage nouveau important sur le front de la communication de la guerre en Ukraine. Cela fait longtemps, quasiment depuis le début de la guerre, que Elon Musk prend des positions publiques sur le conflit. Il a beaucoup  évolué dans sa position, par ailleurs, souvent d’une façon chaotique, inattendue et comme sur une route en lacets, qui correspond bien au personnage... Petit rappel de RT.com qui fait aujourd’hui, comme beaucoup d’autres média à cause de sa dernière prise de position, un texte sur Musk :

« Elon Musk a changé de position sur l'Ukraine à plusieurs reprises depuis le début du conflit début 2022. Il a initialement fourni à Kiev des bornes Internet Starlink gratuites et un accès au réseau par satellite, mais a refusé d'activer le service près de la Crimée, de peur que l'Ukraine n'utilise pour guider les attaques de drones contre la flotte russe de la mer Noire. Si cela s’était produit, a-t-il expliqué l’année dernière, SpaceX aurait été “complice d’un acte de guerre majeur et d’une escalade du conflit”.

» Musk a également utilisé son compte X pour parler longuement de la trajectoire du conflit. Il y a plus d’un an, il a proposé que Kiev abandonne ses revendications sur la Crimée, déclare sa neutralité et autorise les quatre nouvelles régions russes (Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporozhye) à organiser de nouveaux référendums sur leur adhésion à la Fédération de Russie. Cette proposition est similaire aux conditions proposées par la Russie à Kiev et aux puissances occidentales avant le début du conflit, sauf que Moscou n’appelait initialement qu’à l’autonomie de Donetsk et de Lougansk. »

Voici donc maintenant le grand sujet qui motive le chambardement fait autour du long message de Musk sur son compte tweeterX. L’important, comme on le voit, est la précision, non pas de son jugement, mais de ses propositions concrètes faites aux deux belligérants (avec les autres d’alentour qui pullulent discrètement et conseillent comme s’ils s’y connaissaient) ; avec, à côté de cela, – on mentionne la chose pour le climatet le réchauffement climatique, – que Zelenski commence à parler de la possibilité de négociations avec la Russie non conditionnées à son exigence abracadabrantesque d’une capitulation sans condition de la Russie. Il a été accueillie par une réponse qu’on a cru distinguer comme  légèrement ironique de la part du porte-parole de Poutine, Pechkov, sans position de ce derniersqur le fond.

L’important également, de notre point de vue qui justifie que nous traitions ce sujet comme nous allons le faire, c’est qu’à la différence de ses précédentes interventions, celle-ci soulève un intérêt considérable, comme si un Macron ou un Bident, – certes, ces exemples sont extraordinairement misérables et d’une faiblesse extrême, mais enfin il s’agit de “présidents”, – l’avait faite. Dans ce cas, d’ailleurs, nous ferions bien l’hypothèse que Poutine y prêterait plus d’attention qu’à celle d’un Macron ou d’un Biden, ce qui se justifie évidemment.

« Elon Musk, PDG d'Esla et SpaceX, a réitéré sa conviction que la position de l'Ukraine s'affaiblit à chaque jour d'hostilités, avertissant que la « vraie question » est de savoir quelle superficie de territoire Kiev perdra et combien de vies elle perdra. gaspiller avant de s'asseoir pour des négociations avec Moscou.

» L'entrepreneur a affirmé samedi dans un message sur sa plateforme X que “n'importe quel imbécile aurait pu prédire” que la contre-offensive tant vantée de l'Ukraine l'année dernière échouerait, ajoutant que même si Kiev avait suivi sa recommandation de “retrancher et d'appliquer toutes les ressources à la défense”, Il serait « difficile de détenir des terres qui ne sont pas dotées de barrières naturelles solides ».

» C'était une perte tragique de vies pour l'Ukraine que d'attaquer une armée plus nombreuse, dotée d'une défense en profondeur, de champs de mines et d'une artillerie plus puissante, alors que l'Ukraine manquait de blindage ou de supériorité aérienne !", a écrit Musk.

» Le milliardaire a poursuivi en affirmant que “plus la guerre se prolonge, plus la Russie gagnera de territoire jusqu’à ce qu’elle atteigne le Dniepr, ce qui est difficile à surmonter”.

» Cependant, si la guerre dure suffisamment longtemps, Odessa tombera également… La véritable question qui reste, à mon avis, est de savoir si l’Ukraine perdra ou non tout accès à la mer Noire. Je recommande un règlement négocié avant que cela ne se produise. »

Ici, on ne discutera pas du fond de ses propositions sur un plan politique/géopolitique, et d’un point de vue opérationnel. Ce n’est pas notre sujet, même s’il ne manque évidemment pas d’intérêt. Ce qui nous intéresse plutôt, c’est la démarche elle-même, venait de cet homme, en tenant compte de ce qu’il est bien entendu.

Telsa d’après-Davos

“Bien entendu” pour “bien entendu”, il l’est que Musk est l’un des hommes les plus riches du monde, par moment le plus riche du monde, et pour certains promis à devenir dix fois plus riche de sa position actuelle d’ici un ou deux ans. Il travaille dans certaines de ces matières qui donnent accès à ces fortunes inimaginables un accès aisé mais qui sont également sont capables de s’évaporer en un coup de bourse. Mais Musk possède également du solide, ce qui en fait un homme de fortune considérable un peu plus solide que les autres. Quoi qu’il en soit, il fait partie de ceux-là qu’on appelle “les Maîtres du Monde” et il est l’un des plus solides d’entre eux

Quelles sont les caractéristiques des “Maîtres du Monde” qui, paraît-il, semblent les qualifier particulièrement pour ce titre, – à part les tunes par $milliards, bien entendu ? Deux choses :
1) un certain anonymat, sinon un anonymat certain, qui englobe d’ailleurs le fait de leur fortune, connue certes mais discrètement ert “en gros”, surtout pour fairee belle immersion. Ils sont partout dans les lieux privilégiés invités et fêtés, mais pour autant rarement identifiés comme tels, colle ‘Maîtres du Monde’, et encore moins interrogés ou invités à parler, selon leur propre volonté qui est de passer inaperçu des échos de l’agaçante vox populi ;
2) ils expriment rarement leurs opinions politiques, lesquelles sont d’ailleurs assez simplettes et sans encourager la critique. En fait, et pour faire court, elles découlent de ces quelques dogmes : dominer partout et toujours, influencer avec une fermeté sans réplique et un gant de velours d’une fermeté à toute épreuve les marionnettes de service, structurer le globalisme qui doit caractériser le monde civilisé dans son accomplissement tel qu’ils l’ont conçu.

Eh bien, il est vite évident que Elon Musc ne répond à aucun de ces critères, exposant dans chaque cas son contraire :
1) Qui ne connaît Elon Musk ? Partout on parle de lui, et partout il parle, et nul n’ignore l’immensité de sa fortune qu’il balade avec lui comme un montagnard son sac à dos.
2) ... Et, de plus en plus, l’on connaît Musk autant sinon plus pour ses engagements politiques que pour sa fortune, engagement politique qu’il énonce lui-même, précisément, à forte et haute voix, assurant son opposition déterminé à tous les projets de mélange des nations et de globalisme, jusqu’à le faire ranger plutôt dans le camp populiste.

Encore une fois, on le répète, l’intérêt pour notre sujet n’est pas dans l’analyse des engagements politiques du personnage, – ce ‘Maître du Monde’-là, –selon le comportement qu’il a mais dans la forme qu’il donne à ce comportement et dans la façon qu’il exprime ses engagements politiques. En ce sens, on a l’impression que cet homme déteste le secrets que ses coreligionnaires adorent, et même qu’il a une certaine affection pour la vox populi que ces mêmes coreligionnaires entendent comme des geignements déplaisants de ‘Deplorable’.

Note de PhG-Bis : « Bien entendu, si ce comportement d’un Musk l’amène au populisme, à l’anti-globalisme, à copiner avec les Carlson & autres Trump, ce n’est  pas moi qui m’en plaindrai vraiment. On  n’en parle pas parce que ce n’est pas le sujet, mas tout de même, hein... Ainsi soit-il. »

Nous croyons pouvoir nous demander si ce phénomène n’oriente pas les structures totalitaires que veulent nous imposer “en douce” sinon “en douceur” les ‘Maîtres du Monde’ vers des cahots bien désagréables, qui rendront très difficiles l’imposition de conditions de contraintes totales comme en rêvent ces intéressants personnages. Elon Musk peut jouer, malgré les casseroles qu’ils traînent comme à peu près tout le monde, le rôle du  “grain de sable divin” qui fait déraper sur un verglas traîtreux la Telsa de super-luxe que Musk aurait réussi à leur fourguer, – une série spéciale pour les conduire jusqu’à l’aéroport où les attendent les avions de l’ex-flotte Epstein, pout leur retour d’après-Davos.

 

Mis en ligne le 30 mars 2024 à 18H05

Le ‘Rendez-vous de juillet’

Le ‘Rendez-vous de juillet

29 mars 2024 (18H15) – Nous (nous, en Occident dont ce site fait malheureusement partie, Dieu nous pardonne après nous avoir tant compromis), nous restons, quant à l’attaque terroriste de Moscou dont on se demande pourquoi ces Russes ignares et primaires vont s’exposer à leurs coups (ils font exprès, non ? Pour nous embêter, oui ?), fermement campés sur deux attitudes, selon l’entêtement de la bête privé de la grandeur de son milieu de nature et plongée dans l’enfer de ses réalisations du Progrès :

• La naïveté comme mère de l’‘intelligence’ : “Je m’en tiens aux faits, que j’ai vérifiés avec mes sources sur place, les terroristes venaient du Tadjikistan où l’on s’agite beaucoup dans le mode antirusse, par conséquent ce sont eux sans autre lien suspect, compris avec l’Ukraine, qui ont fait le coup, et point barre”.

• L’intelligence visionnaire : “Les Russes étant ce qu’ils sont, Poutine étant ce qu’il est, il s’agit donc d’un événement infâme-russe du type ‘falseflag’, comme disent nos grands amis américanistes, et tout est dit dans la continuité sans fin de l’infamie russe, – le ‘général-Hiver’-Dostoïevski-Slalingrad-Navalny-‘Nordstream’-etc.”

A côté de cela, et même si notre civilisation s’en fout, s’accumulent les signes, les indications, les témoignages, voire les preuves, que les Ukrainiens se situent quelque part, peut-être bien à l’origine après tout, de cette chaîne de l’infamie, – et cela, désormais, de la plus officielle des sources parmi celles qui doivent être dénoncées avec horreurs comme étant le reflet de l’imposture russe, de cette Russie qu’il importe de rayer de la carte  et de la mémoire du monde comme l’on fait de charognes puantes et qui puent en vérité :

« Les suspects de l'attentat terroriste perpétré à Moscou la semaine dernière étaient liés à des nationalistes ukrainiens, a déclaré jeudi le comité d'enquête russe, citant des conclusions préliminaires. Les auteurs de l'attentat ont reçu “d'importantes sommes d'argent” de l'Ukraine, a déclaré le service chargé de l'application de la loi.

» Les enquêteurs ont obtenu des “preuves substantielles” que les assaillants présumés ont reçu des fonds de l'Ukraine sous forme de crypto-monnaie, qui ont ensuite été utilisés pour préparer l'attaque terroriste, peut-on lire dans la déclaration. »

Notre Occident-toussif, -malformatif, -vomitif, totalement indifférent à ces bruits de fond venus d’un autre univers que nous méprisons de notre indifférence ignorante, se fiche absolument de ces billevesées que les Russes développent selon les procédures légales. Nos règles, à nous, sont celles qui nous permettent de ne rêver que d’en découdre afin, enfin, de glisser dans la serrure la « clef de l ‘histoire universelle », et de tourner, tourner, jusqu’à ce que la Russie craque comme une noix. Il est vrai que nous nous sentons, dans nos performances économiques, militaires, morales et blingbling-claquettes, comme une sorte de Fred Astaire du simulacre, – pardon,  plutôt comme un super-Popeye après qu’il ait pris sa boite de super-‘spinach’, en super-forme pour asséner à l’ours mal léché une rouste dont la bête immonde gardera fort et long souvenir.

Nous réalisons ainsi une merveilleuse omelette bien relevée avec comme composants essentiels l’arrogance et l’ignorance saupoudrées de larges brassées de cette stupidité et de notre superbe bêtise métahistorique dont nous avons constitué des stocks considérables, bien plus importants que tous les hydrocarbures russes du monde, et beaucoup plus efficaces, beaucoup plus inflammables. Regardez ce qui nous attend, selon l’Italien Claudo Risé, avec son pronostic plein de belles descentes de ski poursuivie par l’aquaplane dans les eaux cristallines de l’abîme, – car, selon lui, « L'arrogance nous conduit à l'abîme » :

« Ce conflit présente donc des caractéristiques précises qui surprennent, non seulement parce que nous en sommes là mais que nous avons pris cette direction. Aujourd'hui, l'Europe et les États-Unis parlent à nouveau ouvertement de campagnes militaires contre la Russie, alors que les deux siècles précédents ont déjà vu deux campagnes militaires européennes colossales pour la conquérir, qui se sont soldées par des milliers de morts et des défaites sanglantes. Il est compréhensible que Poutine, qui est peut-être un criminel mais pas un imbécile, conseille ironiquement aux envahisseurs potentiels de se familiariser avec le déroulement de ces deux guerres, qui n'ont pas été menées par des novices: la première par nul autre que Napoléon Bonaparte, qui dirigeait personnellement l'armée, et la seconde par Adolf Hitler, qui est resté à l'arrière de l'armée allemande, mais ne s'en est pas mieux sorti.

» Le fait est que les dirigeants/guerriers sont presque toujours malades de protagonisme et  souffrent de fantasmes mortels d'omnipotence. Ils “négligent les leçons du passé”, comme le souligne Peter Burke, l'un des historiens européens les plus réputés, dans son récent ouvrage ‘Ignorance. A Global History’. Il existe certaines constantes objectives qui ont rendu la Russie imprenable et que seuls des fous ont tenté de conquérir. “L'une d'entre elles, explique Burke, est l'immensité du pays dans lequel les envahisseurs se sont retrouvés, puis se sont dispersés comme s'ils avaient été aspirés. Après tout, von Clausewitz l'avait déjà dit: un pays de cette taille ne pouvait être conquis. La deuxième constante est météorologique: le ‘général Hiver’, comme l'appellent les Russes, chasse régulièrement les envahisseurs, et il arrive sans regarder personne en face, parce qu'il ne dépend d'aucun ministère; ses armes sont différentes”.

» Il ne s'agit cependant pas d'une ignorance “pure”, note Burke: Napoléon et Hitler savaient très bien que l'hiver russe est froid et rude. Le problème est autre : “L'incapacité à mettre la connaissance au service de la décision” a un autre nom : “l'arrogance”. Elle concerne tous ceux qui osent encore parler de la guerre et la présenter comme une nécessité et non comme un acte de folie douloureuse. La même arrogance étonnante avec laquelle le “doux” Premier ministre ukrainien Zelenski se permet de présenter à son homologue italien des listes d'Italiens, soupçonnés d'être des amis de la Russie. La guerre naît du côté de l'arrogance (certes déjà bien éloignée de toute démocratie véritable), elle est l'enfant de la maladie.

Elle devient perversion typiquement humaine : “même les animaux féroces” ne s'attaquent pas entre eux au sein d'une même espèce, observait en 1500 Érasme de Rotterdam, l'un des fondateurs de la pensée européenne, dans son ouvrage: la complainte de la paix. L'arrogance belliqueuse du pouvoir humain est pire que l'animal féroce. C'est ainsi que les guerres éclatent et que le monde peut finir. »

Les F-16 de juillet

Là-dessus, on nous promet que le maître de la diplomatie ukrainienne, le Talleyrand-de-Kiev, s’attend à recevoir ses (5-6 ?) premiers F-16 en juillet. Des officiers (danois dit-on, la puissance qui monte) auraient suggéré que l’on utilisât ces F-16 qui sont d’un modèle ancien, avec des boulons manquants, comme des avions-kamikaze capables de faire exploser la ligne Sourovikine. Les pilotes ukrainiens pourront s’informer auprès des vétérans restant encore en vie de ces attaques qui affolèrent la toute puissante IIIème Flotte US au large d’Okinawa en 1945.

Cela dit, et l’air de rien, mais alors qu’on se rapproche des dates fatidiques, ne voilà-t-il pas que Poutine, visitant une unité de formation de pilotes d’hélicos d’attaque Ka-52 ‘Alligator’, leur promet plusieurs choses concernant ces F-16. Ce n’est pas nouveau mais comme l’on quitte peu à peu le domaine théorique pour se rapprocher de l’opérationnel, cela peut devenir, disons, – ‘drôle’, dans le genre de “drôle de guerre” et ‘drôle de drame’ (‘phoney’ disent les Yankees, et non ‘funny’)..

« La Russie détruira les avions de combat F-16 de fabrication américaine qui finiront par arriver en Ukraine, tout comme elle possède d'autres équipements occidentaux, a déclaré mercredi le président Vladimir Poutine.

» “S'ils livrent les F-16, je pense que vous savez mieux que d'autres que cela ne changera pas la situation sur le champ de bataille”, a déclaré le président. “Et nous détruirons ces avions tout comme nous avons détruit des chars, des véhicules blindés et d’autres équipements, y compris des systèmes de lancement de fusées multiples”.

» ”Car”, a ajouté Poutine, les F-16 pilotés par des pilotes ukrainiens mais basés dans des pays tiers resteront néanmoins des cibles légitimes pour la Russie.

» “Bien sûr, s'ils sont utilisés depuis des aérodromes de pays tiers, ces aérodromes deviennent une cible légitime pour nous, où qu’ils se trouvent”, a-t-il déclaré. »

Ainsi rejoint-il, Poutine, par des voies à peine détournées, les souhaits proférés par l’éminent Dimitri Trenine concernant quelques coups de semonce assez profonds dans l’un ou l’autre pays de l’OTAN. En effet, comme nous le confie Alexander Mercouris dans deux programmes, où il nous dit quelques mots des F-16 d’ailleurs, et pas très encourageants, les attaques russes se multiplient de plus en plus souvent avec des hypersoniques ‘Kinzhal’ dont la production est actuellement développée à une cadence démentielle. On peut alors faire l’hypothèse que l’une ou l’autre base otanienne aura l’honneur du baptême du feu de la part de ces agaçantes machines qui percent des trous comme dans un gruyère.

Tout cela pour nous faire comprendre que rien n’est jamais fini avec l’Occident-compulsif et qu’il faut garder ferme l’espoir que la production régionale de la guerre en Ukraine devienne bientôt une super-production internationale et parvienne jusqu’à distraire nos vacanciers de notre ‘Rendez-vous de juillet’.

Note de PhG-Bis : « Juillet... Juillet ... Vous savez combien ces gens sont plausibles et probables, n’est-ce pas ? Regardez le doux et attendrissant visage de Zelenski, l’engouement plein de franchise et de loyauté du sourire Joe Biden, la joie débordante et printanière de confiance enthousiaste de Stoltenberg... Alors, humm, le ‘Rendez-vous de juillet’ des F-16 ? Allez plutôt voir le film de Jacques Becker de 1949 ; sur la façon dont fonctionne la machinerie des entrelacs de la psychologie humaine et les engouements des espérances de la jeunesse dont dépendent tous nos avenirs, il vous en dira beaucoup plus que toutes les monstrueuses stupidités de ces temps-devenus fous. »

La tempête se lève

La tempête se lève

• Des déclarations remarquables des chefs du FSB et du SVR. • Les vrais coupables du massacre de Moscou ? Cela est dit clairement : le triangle US-UK-Uk à tous les coups. • Avec un texte de l'xcellent dissident Gilbert Doctorow.

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29 mars 2024 (14H15) – Les Russes progressent au niveau de la communication comme ils font la guerre en Ukraine : par attaques successives, bien préparées et assurées de marquer une avancée sans risques inutiles, avec l’utilisation d’une artillerie massive. C’est un peu à quoi ressemble la conférence qu’ont donné à divers journalistes les chefs des deux services principaux de sécurité : Alexander Bertino, qui dirige le FSB de sécurité intérieure (équivalent de la DGSI française et du FBI américaniste) et Sergei Narichkine, chef du SVR de renseignement extérieur (équivalent de la DGSE et de la CIA). Parmi les journalistes, on trouvait Gibert Doctorow, un fameux commentateur dissident, connu pour son sérieux et ses excellentes sources. Dans le texte ci-dessous, Doctorow brosse un portait des deux hommes et les place justement dans le cercle rapproché des dirigeants proches de Poutine.

Les deux hommes, notamment Bortnikov, ont évidemment répondu à la principale question du jour sur les responsables de la tuerie de Moscou, sans la moindre hésitation et avec une conviction remarquable :

« Les propos de Bortnikov sont extraordinaires et ont une incidence directe sur la question de savoir si vous et moi devrions maintenant chercher des abris antiatomiques.

» ...Les journalistes ont tous cherché à savoir qui était à l’origine de l’attaque terroriste. Bortnikov leur a répondu… ainsi qu’à nous-mêmes : les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Ukraine sont derrière l’acte terroriste commis par des extrémistes islamistes. »

Parmi les révélations, celle selon laquelle l’attaque devait avoir lieu le 8 mars, jour de la Journée Internationale de la Femme, événement considérable en Russie. Cela aurait constitué un énorme événement aux conséquences imprévisibles pour l’élection de Poutine. Mais ce ne fut pas le cas : le FSB suivait déjà diverses pistes et savait que les USA avaient lancé un groupe manipulé dans ce sens pour une telle opération et pris des précautions colossales, – ce qui nous permet en plus de supputer sur les raisons du départ précipité de Nuland, trois jours avant le 8, qui ressemble bel et bien désormais à un limogeage en  catastrophe.

« Cependant, selon ‘Sixty Minutes’ [qui a eu aussi des informations du FSB], il a été déterminé que la sécurité de l’État russe le 8 mars était trop stricte pour que la mission terroriste réussisse et les États-Unis ont décidé de mettre un terme à cette opération. Il est à noter que c’est à peu près à ce moment-là que Victoria Nuland a présenté sa démission au département d’État (5 mars). Le lien de causalité possible ici mérite certainement l’attention de mes pairs de la communauté “dissidente” américaine. »

Le texte de Doctorow fourmille d’autres révélations qui montrent combien les services de sécurité russe travaillent d’arrache-pied contre les diverses tentatives de subversion où l’on retrouve à peu près toujours le même trio : US-UK-Uk(raine).

Ce constat nous permet de tirer deux conclusions :

• Comme dans nos actuelles et excellentes démocrates  totalitaires (tout le monde est présumé coupable à moins que l’on prouve son innocence, – et encore, on peut l’emprisonner préventivement puisqu’il ne manquera pas d’être coupable un jour...), il faut accepter le thème suivant pour toute violence terroriste et subversive en Russie, d’où qu’elle vienne et quels que soient les coupables si on les coince : USA-UK-Uk sont les instigateurs à plus ou moins longue distance, à moins que  le contraire puisse impeccablement être prouvé... D’où notre attitude réservée vis-à-vis de ceux qui, selon les méthodes des faits avérés, justes en temps normaaux , ne veulent s’en tenir qu’aux faits avérés... Lesquels sont constamment l’objet de déformations et de simulacres qui font de leur authenticité un gros tapis au poker menteur.

• Nous nous rapprochons de plus en plus d’interventions extérieures à l’Ukraine de la part de la Russie. Les chefs de FSB et du SVR sont de très-proches de Poutine et ils ne lancent pas ces arguments indirects mais pressants pour de telles interventions à la légère, le lendemain du jour où Poutine a déclaré que la Russie attaquera les bases OTAN qui abritent des F-16 intervenant en Ukraine. Doctorow détecte un ton bien différent dans les émissions populaires de la TV russes, – qui sont un bon thermomètre du sentiment populaire, – où jusqu’ici l’Ukraine restait considéré comme un pays-frère où il fallait faire le moins de dégâts possibles, et où l’on parle désormais de raser Kharkov et de détruire le palais présidentiel de Kiev.

On répète le propos de Doctorow :

« Les propos de Bortnikov sont extraordinaires et ont une incidence directe sur la question de savoir si vous et moi devrions maintenant chercher des abris antiatomiques. »

Le texte ci-dessus est dans l’original chez Gilbert Doctorow, en en français traduit sur ‘Réseau International

dde.org

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Quelques déclarations remarquables

Pour les non-initiés, j’explique d’abord que le FSB est l’organisation qui a succédé au célèbre et très redouté KGB de l’Union soviétique. Toutefois, le FSB d’aujourd’hui pourrait être mieux comparé au FBI aux États-Unis. Il s’occupe de la criminalité intérieure de toutes sortes et des menaces qui pèsent sur les civils russes, comme le terrorisme. L’agence et son chef font rarement la une des journaux.

À cet égard, le FSB est plus visible, tant en Russie qu’à l’étranger, que le service de renseignement extérieur (le SVR) dirigé par Sergueï Narychkine, une personnalité de l’État qui a passé cinq ans au cours de ce millénaire en tant que président de la Douma d’État, la chambre basse du Parlement russe, et trois ans en tant que chef de l’administration présidentielle. Dans ces deux fonctions, Narychkine a été très souvent vu à la télévision dans l’exercice de ses fonctions.

En revanche, Bortnikov a passé les 15 dernières années dans ses bureaux du FSB, à l’abri des regards. Hier, il a rencontré le journaliste de la télévision d’État russe Pavel Zarubin pour une interview, puis s’est laissé interroger par un groupe d’autres journalistes. Cette séance spontanée de questions-réponses a ensuite été diffusée au journal télévisé. Les propos de Bortnikov sont extraordinaires et ont une incidence directe sur la question de savoir si vous et moi devrions maintenant chercher des abris antiatomiques. Malheureusement, vous ne trouverez rien de tout cela dans les articles de fond des grands médias d’aujourd’hui. Le Financial Times, par exemple, relate la rencontre de Xi avec des PDG d’entreprises américaines pour renouer les liens : intéressant, mais pas très pertinent si nous sommes à l’aube de la troisième guerre mondiale.

Bortnikov est par définition un membre du cercle restreint des conseillers de Vladimir Poutine. Lui, Poutine et Narychkine ont à peu près le même âge. À 72 ans, Bortnikov n’a que quelques années de plus.

J’ai été particulièrement frappée par son assurance et le choix prudent et soigneusement pesé de ses mots, alors qu’il exposait l’orientation de l’enquête avec transparence et une attitude non affectée.

Les journalistes ont tous cherché à savoir qui était à l’origine de l’attaque terroriste. Bortnikov leur a répondu… ainsi qu’à nous-mêmes : les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Ukraine sont derrière l’acte terroriste commis par des extrémistes islamistes.

Bortnikov a déclaré que les premières constatations indiquent que les quatre auteurs du massacre se sont rendus en voiture à la frontière avec l’Ukraine où ils étaient attendus de l’autre côté. Il a expliqué très calmement que l’implication de puissances étrangères était en cours de clarification et qu’il ne dirait rien sous le coup de l’émotion, mais qu’il attendrait que les faits soient solidement rassemblés avant de les présenter.

Néanmoins, le fait qu’il ait désigné les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Ukraine comme les marionnettistes probables de l’acte terroriste était tout à fait digne d’intérêt. Rappelons qu’à la suite du bombardement des oléoducs Nord Stream, l’attaque la plus importante des 50 dernières années contre des infrastructures civiles essentielles au niveau mondial, les responsables russes n’ont pointé du doigt aucun pays. Il y a eu des insinuations, mais pas d’accusations directes comme celles que nous avons entendues de la bouche de Bortnikov.

Entre-temps, outre la discussion de Bortnikov avec les journalistes, de nombreux éléments nouveaux concernant l’attentat terroriste perpétré au Crocus City Hall ont été diffusés hier par le programme d’information et d’analyse de la télévision d’État russe, «Sixty Minutes». Nous avons notamment appris qu’au cours des derniers jours de février et des deux premiers jours de mars, deux des quatre assaillants se trouvaient à Istanbul. Le départ et l’arrivée de l’un d’entre eux à l’aéroport de Moscou ont été filmés. On nous a dit dans quels hôtels ils ont séjourné, et les selfies et autres photos prises par l’un d’eux à Istanbul ont été affichés à l’écran. On ne sait toujours pas qui ils ont rencontré en Turquie. Toutefois, la date elle-même est très importante, car il a été souligné qu’ils étaient retournés à Moscou pour perpétrer un attentat terroriste le 8 mars, Journée internationale de la femme, une date sacrée dans le calendrier russe. S’ils l’avaient fait ce jour-là, l’effet aurait été catastrophique pour les élections présidentielles en Russie une semaine plus tard.

Cependant, selon «Sixty Minutes», il a été déterminé que la sécurité de l’État russe le 8 mars était trop stricte pour que la mission terroriste réussisse et les États-Unis ont décidé de mettre un terme à cette opération. Il est à noter que c’est à peu près à ce moment-là que Victoria Nuland a présenté sa démission au département d’État (5 mars). Le lien de causalité possible ici mérite certainement l’attention de mes pairs de la communauté «dissidente» américaine.

Quoi qu’il en soit, le scénario qui a été exploré plus tard dans la journée lors de l’émission «Evening with Vladimir Solovyov» est que les Ukrainiens ont décidé de procéder à l’attaque terroriste une semaine après les élections présidentielles russes, alors qu’elle perdait la majeure partie de sa justification. Ils l’ont fait malgré les objections de Washington.

De temps à autre, des lecteurs me demandent pourquoi je prête attention à des émissions comme celle de Vladimir Solovyov. Ces sceptiques ont tendance à ignorer que Solovyov invite non seulement les habituels universitaires et journalistes irresponsables qui peuvent amuser le public, mais aussi des hommes d’État très sérieux qui sont proches du centre du pouvoir en Russie et exercent une influence sur la conduite de la politique étrangère et intérieure, notamment les présidents de commission et d’autres personnalités clés de la Douma d’État.

C’est ainsi qu’hier soir, nous avons entendu un membre de la commission des relations avec la Communauté des États indépendants (ex-Union soviétique). Faisant référence aux attaques terroristes incessantes contre les civils de la région frontalière russe de Belgorod en provenance de la ville voisine de Kharkiv (Ukraine), il a déclaré qu’il était temps de raser Kharkiv, de lancer un avertissement à la population pour qu’elle prenne sa voiture et se dirige vers l’ouest, puis de tout faire exploser. Kharkiv est d’ailleurs la deuxième ville la plus peuplée d’Ukraine après Kiev.

D’une manière générale, l’humeur des panélistes et de l’animateur Solovyov lui-même est en train de changer de manière radicale : L’Ukraine est considérée comme un État ennemi et plus vite elle sera éliminée, mieux ce sera. Hier soir, il a été question de la nécessité de procéder à des frappes de missiles pour détruire le palais présidentiel de Kiev ainsi que tous les centres militaires et autres centres de décision du gouvernement dans la capitale.

Comme nous l’avons observé à maintes reprises au cours des deux dernières années, le président Poutine a été la voix de la modération et de la retenue, s’opposant aux actions susceptibles de précipiter la Troisième Guerre mondiale. Cela touche clairement à sa fin lorsque son propre directeur du FSB désigne les États-Unis et le Royaume-Uni comme étant les planificateurs de la plus grande attaque terroriste en Russie depuis 20 ans.

Gilbert Doctorow

le “déchaînement de la Matière” (II)

le “déchaînement de la Matière”

• Ce texte, par ailleurs présenté sur notre site comme une mise à jour du ‘Glossaire.dde’ sur ce sujet du “déchaînement de la Matière” du 5 novembre 2012, sans rapport de consultation entre les deux, en toute indépendance, etc. , – n’est pas écrit à l’origine pour la rubrique du site mais est extrait du livre en préparation se prétendant comme la suite de la série de ‘La Grâce de l’Histoire, – oh, cette partie entamée depuis combien d’années, avec tant de fois un laisser-aller jusqu’à l’abandon temporaire. • Quoi qu’il en soit, nous nous sommes remis au travail, sérieusement cette fois nous assure PhG, car le temps presse. • Le concept du “déchaînement de la Matière” est donc analysé d’abord d’un point de vue métaphysique, mais avec des références constantes avec les événements que nous vivons, que nous jugeons comme devenus métahistoriques depuis 2015-2016. • C’est dire que le concept s’insère nettement et directement dans une tentative d’analyse et de description de la GrandeCrise que nous vivons aujourd’hui. • Il est complètement actuel en même temps qu’il est d’une essence métaphysique d’au-delà de l’actuel, établissant ainsi un lien entre les deux.

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19 février 2024 (12H50) [29 mars 2024 (08H30)] – En guise de très-rapide introduction, quelques mots de l’auteur pour situer ce passage, que l’on trouve au début de ce qui est en principe la deuxième partie du Troisième Tome de ‘La Grâce de l’Hisoire’. (La première partie est actuellement inatteignable pour la vente sur ‘Amazon’. Il s’agit d’un problème que nous avions laissé de côté et sur lequel nous allons revenir.)

Le sujet de cette partie est de développer une appréciation métaphysique du concept du “déchaînement de la Matière”, en corrélation avec les évènements présents considérés comme les manifestations de ce que nous nommons la GrandeCrise. Nous commençons donc ce travail par une redéfinition du concept correspondant à cette approche.

Nous avons emprunté un passage qui va jusqu’à l’approche de notre définition de ce qu’est la “matière” (majusculée “Matière” dans le nom que nous lui avons donné, pour une raisons qui est explicitée). Il y a certaines reprises (assez rares et courtes) de textes précédents, – de la première partie ou du ‘Glossaire’, – en italique et sans précision d’origine.

Il est préférable que nous n’en disions pas plus pour ne pas embrouiller les esprits des égarements de notre inorganisation totale qui est à la base de notre piètre performance, pour ne pas dire notre échec complet, dans la tentative de oublier des livres. Tant plis ! Dans une époque de survie, seuls comptent les textes, et malheureusement avec peu d’attention et de moyens pour la façon dont l’organisation matérielle et commerciale en organisent la diffusion.

Cela car nous vivons une époque du survie.

Et en guise de hors d’œuvre ou de mise en bouche, un autre extrait introduisant la cause de l’intérêt manifesté dans ce récit pour le “déchaînement de la Matière”...

A ce point et singeant l’auteur qui prétendrait reprendre le cours du récit, par conséquent développé après avoir comme je l’ai fait l’affection extrême et la proximité ontologique que j’ai de la nostalgie qui fut le thème de la Partie précédente, je vais orienter ce sentiment transformé en concept ouvrant la voie à l’éternité vers une confrontation avec un autre concept pour lequel je n’ai ni affection ni proximité personnellement, qui est même d’une certaine façon et en partie (à déterminer) mon ennemi à tout jamais, mais qui tient une place fondamentale dans la pensée érigée en jugement de mon esprit. Les lecteurs de ‘La Grâce’ ont déjà rencontré ce concept, notamment dans le premier tome (dit ‘Troisième Cercle’), sous sa forme opérationnelle dans la métahistoire ; je veux donc parler du “déchaînement de la Matière”, en tant que concept qui ouvre toute grandes dans ma conception les portes de cette période du temps métahistorique pour lequel j’accepterais bien volontiers l’expression déjà employée et si évocatrice dans son cas de “modernité-tardive” ; et la bataille finale dont la “modernité-tardive” va être à la fois l’enjeu et le champ au-delà duquel s’ouvrent d’infinis horizons, – comme le serait une sorte de Verdun métahistorique mis dans l’Éternité.

PhG – Semper Phi

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Le “déchaînement de la Matière” 

Comme on l’a déjà bien deviné et entendu, sinon lu au mot à mot, je ne suis pas indifférent aux connections entre notre monde de l’espèce terrestre et les dynamiques harmonieuses et équilibrées qui tiennent les espaces infinies et abolissent le Temps pour que l’Éternité puisse être tenue déployée comme elle se doit à elle-même d’être. Cette position répond à la logique même qui procède de cet ouvrage et des impulsions intuitives qui l’ont suscité. J’irais même jusqu’à avancer l’interprétation que les forces de subversion et d’inversion sont venues jusque sur nos rivages et jusque dans nos forêts défier l’état de nature qui était le nôtre, dans le but de nous infecter du venin de l’hybris ; et par conséquent, suivant cette voie devenue celle de notre survie, nous obligeant à hausser notre méditation jusqu’aux grandes hypothèses de la transcendance. Le phénomène que je nomme “déchaînement de la Matière” n’est pas autre chose que cette incursion dans notre univers et dans notre histoire des “forces de la subversion et de l’inversion”, avec obligation pour nous de réagir, de riposter, sous peine du pire des destins. Elles suscitent chez nous la nécessité d’une initiation.

… C’est dire, enfin, qu’à en venir à ce sujet je nous force, vous mes lecteurs et moi, à nous abaisser. (Mais ce terme est à prendre sous sa forme de geste tactique et de ruse de guerre, pour se mettre au niveau de l’adversaire et se poster pour utiliser contre lui-même sa propre force, selon l’enseignement des maîtres des sagesses extrême-orientales.) C’est là une des premières et sans doute la plus importante des surprises de cette Deuxième Partie qui prend tant d’ampleur et d’autonomie, que ma plume me réserve selon sa propre décision : après avoir commencé par de si hautes cimes que sont les formes infinies de l’Éternité, voilà que nous nous devons de nous laisser entraîner, rouler, bouleverser, dans un événement tellurique de notre monde terrestre, jusqu’à être souterrain dans ses grondements, ses attendus et ses effets, ses origines et son dessein, exactement comme l’est le Mordor de l’univers de Tolkien… Le “déchaînement de la Matière” !

D’abord, quelques mots pour affuter les mémoires et savoir précisément de quoi l’on parle : le “déchaînement de la Matière” comme événement fondamental de la charnière des XVIIIème et XIXème siècle ; comme événement général intégrateur, selon le programme de la subversion et de l’inversion à la fois, de trois événements historiques, trois “révolutions” qui bouleversent la marche des Temps.

Les “trois Révolutions” pourraient, si l’on veut une image très opérationnelle et symbolique à la fois, représenter les acteurs du jeu si ancien, dit “Pierre-feuille-ciseaux”, mais sans aucune rivalité ni logique d’affrontement entre eux, au contraire dans un esprit de complète complémentarité, temporairement ou substantiellement c’est selon, pour le but ultime de la conquête (de l’époque, de la Civilisation, du Temps, du Monde, du Cosmos) vers le dessein de la néantisation et de l’entropisation qui est la Grande Stratégie du “déchaînement de la Matière” :

• La “révolution américaniste” de 1776, par son activation des outils sophistiqués du “déchaînement de la Matière” et l’activité de la communication pour subvertir et invertir, est représentée par la feuille qui entoure, étouffe, étrangle, trompe et convainc ;
• La “Révolution Française” (de 1789 certes) représente les ciseaux qui tranchent comme le fait si nettement la brillante invention de la guillotine, et ainsi effectue-t-elle la percée du choc en installant le métal tranchant et la dynamique révolutionnaire sur le théâtre du monde ;
• La “révolution du choix de la thermodynamique”, pour mon compte et telle que je la désigne très précisément (par opposition à ce qui aurait pu être la “révolution du choix de l’hydrodynamique” [voir ‘Le choix du feu’, d’Alain Gras, de 2007])… Symboliquement datée de 1784 par référence à la première machine à vapeur, mais “révolution” qui prend pour moi tous ses effets en 1825 avec cette exclamation d’un certain H. Gouhier, qui terrifie Stendhal « Les Lumières, c’est désormais l’industrie ! » ; “révolution” qui est représentée par la pierre, qui symbolise les matériaux fondamentaux de l’univers, lequel est ainsi offert à leurs perversions qui sont née de son propre côté pervers, lequel ouvre ainsi son sein au drame forgeant sur l’enclume du Temps l’immense projet de l’industrie du monde.

… De ces trois événements l’on retiendra successivement qu’il s’agit de la ruse faussaire qui trompe son monde stupéfait et fasciné (communication de l’américanisme investissant la psychologie) ; de la force du choc du couteau affuté qui tranche son monde, inconscient et vertueux comme on n’imagine pas (violence du révolutionnarisme qui fait carnage du passé) ; de la lourdeur inaltérable qui nous charge des flammes et des vapeurs industrielles des entrailles du monde, et qui écrase son monde (l’embrasement de l’industrialisme-technologisme, industrialisme qui ne se comprend spécifiquement que conduit par l’idéologie du technologisme née du “choix du feu”) ; l’ensemble offrant son ‘monde nouveau’ de la modernité dans la forme d’un simulacre aguicheur, et masqué par lui pour dissimuler son ultime dessein.

Les trois éléments forment un tripode qui semble détenir la formule parfaite de la maîtrise du monde par l’envoutement des âmes qui perdent ainsi leur immense vertu de portes ouvrant sur l’esprit, sur la nostalgie du passé, sur le sens de l’acte de la vie… Tout cela, du fait du “déchaînement” dont nous parlons au travers des trois “révolutions”, étant subverti et inverti successivement. Il y a une graduation effectivement parfaite, d’une perfection qu’on se permettra de juger d’une origine douteuse ou bien incroyable mais de toutes les façons sublime, entre la vertu moderniste et enveloppante qui ébranle l’âme dans ses tréfonds (la communication américaniste), la saisine tranchante de l’âme après l’enveloppement du serpent-qui-persifle et tranche le sens (la guillotine révolutionnaire), l’exposition de l’âme ainsi réalisée à un environnement de fer et de feu que cette âme ne peut faire autrement qu’accepter (« Les Lumières, c’est […] l’industrie »). Cela conduit ladite âme à accueillir d’emblée comme presqu’avec reconnaissance l’ensemble de la narrative du “déchaînement de la Matière”, sans plus s’en formaliser ; et même, certes, en lui trouvant toutes sortes de vertus, comme autant de lampions de la fête (les Lumières du XVIIIème devenues les ampoules zélées du “parti de l’électricité”, Paris devenant ‘Ville-Lumière’ qui deviendra plus celle de l’électricité que de l’esprit, et ainsi de suite).

Alors, l’on constate ceci qui est essentiel, que l’addition des trois éléments composant le “déchaînement de la Matière” aboutit à bien plus que la somme, d’ailleurs disparate dans ce cas, de ces trois éléments, – de la même façon opérationnelle que le processus holistique, mais ici dans la situation de l’inversion. Il apparaît sans véritable surprise que le “déchaînement de la Matière” c’est bien plus qu’une somme, c’est quelque chose d’entièrement nouveau dans sa nature même, qui semblerait n’avoir plus rien de commun avec ce qui a précédé, y compris les composants. L’intégration même des trois éléments qui composent le tout, qui est le “déchaînement de la Matière”, est déjà rupture avant d’être déchaînement, et rupture de chacun avec ce qui le précéda ; et le tout va devenir déchaînement, bien entendu, parce qu’il est déjà rupture…

• Une fois faite par sa Déclaration d’elle-même, – dire que ces courants étrange de bêtise-moraline, du wokenisme, voudraient échanger 1776 [Independence Day] contre 1619 [Slavery Day] ! – l’Amérique entre aussitôt, en même temps qu’elle naît, dans le monde de la narrative et n’a plus rien à voir avec elle-même, comme si elle n’avait jamais été elle-même, ce qui rejoint le cas du constat de l’évidence, – naître et être autre en même temps, destin de l’Amérique comme l’on s’abîme directement par la naissance elle-même faite du corps de la femme (‘La création du monde’) dans un “trou noir” se découvrant comme “destin du monde” ;

• Une fois portée aux nues, la Révolution française s’efface et disparaît tout aussi rapidement, comme Robespierre et sa « band of brothers » eux-mêmes, siphonnés par la guillotine, et l’on peut alors entreprendre de tenter de vous convaincre qu’après tout la Terreur n’est pas si mauvaise fille que cela, selon une narrative qui a gardé toute sa dynamique et un constat évident que fait le juge le plus terrible de cet événement

(Joseph de Maistre, bien entendu : « On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »)

• Une fois fait le choix terrible de la thermodynamique qui est aussi dur que la pierre comme on l’a vu et enveloppe tous nos peuplades dans une gangue de déterminisme comme dans une prison de marbre, – faux-marbre bien entendu, aussi dur mais fabriqué, comme la fission nucléaire usinée par Sapiens, parce que pierre et marbre de feu, contre leur nature qui est froide, et ainsi inversion accomplie, – “Une fois fait le choix terrible…”, qui s’intéresse vraiment à cette terreur née de l’amalgame, notamment dans ses conséquences de la destruction du monde par néantisation ? Qui s’y intéresse puisqu’il s’agit désormais, ou sous peu et si peu, de la “fée-Électricité” qui devrait nous éclairer, enfantée par le “parti de l’Industrie” pour éclairer notre avenir radieux, qui éclaire par conséquent cette marche à la néantisation ?

(Qui, sinon les visionnaires maudits et excommuniés ? Qui, sinon les auteurs qui n’osent plus construire leurs œuvres tant elles se font écrasantes sous les pressions de la folie du monde ?)

Ainsi les trois éléments sont-ils devenus, chacun, le “rien d’eux-mêmes”, pour pouvoir mieux se fondre dans la dynamique du “déchaînement de la Matière”, en une manœuvre parfaite d’intégration fusionnelle, les trois devenus un, le triangle se faisant simulacre en une unité de façade prétendant être l’Unité. Ainsi le “déchaînement de la Matière” est-il, malgré sa puissance, son rythme, son souffle de forge de l’immense usine du monde que bâtissent les Modernes, ainsi est-il lui-même, par sa négativité évidente, sa bassesse qui ne l’est pas moins, un immense “rien”, – quelque chose, – retenons bien l’image, – quelque chose qui n’est pas vrai et qui ne peut donc vouloir que le néantissement du Rien et l’entropisation du Vide. Cela nous conduit à un traitement plein de force et de verve, un traitement qui fera nécessairement appel à la métaphysique symbolique et poétique, tracée dans l’intuition haute, notamment en nous appuyant précisément sur la définition que nous offre le comte Joseph qui vient de nous parler des révolutionnaires, dont on sait la piètre popularité chez les esprits bien de leurs temps, de nos temps-devenus-fous (il faut préciser que les caractères en gras sont de lui, donc qu’il y tient essentiellement) :

« Le mal n’a rien de commun avec l’existence ; il ne peut créer puisque sa force est purement négative : Le mal est le schisme de l’être : il n’est pas vrai. »

Le Mal dans son simulacre de puissance comme infinie « n’est pas vrai » ; il est la représentation terrestre du Rien.

C’est de cela et contre cela qu’il nous faut, nous, nous déchaîner…
 

Bien entendu, tout n’est pas né...

... du “déchaînement”, à la jointure des XVIIIème et XIXème siècles, comme il a été argumenté d’une façon à la fois plus précise et moins affirmative dans le deuxième Tome de notre récit. En vérité, le “déchaînement” est une sorte d’“assaut final”, une sorte de regroupement de toutes les forces déstructurantes en action pour lancer l’attaque décisive. C’est un peu, si vous voulez, comme les Allemands regroupant leurs forces avec l’addition d’une quarantaine de divisions libérées d’un Front Est qui n’existait plus avec la capitulation des bolchéviques aboutissant à la paix de Brest-Litovsk de mars 1918, et lançant contre les alliés occidentaux (France-UK-USA) leur grande offensive du printemps 1918 qui aurait dû en bonne logique du rapport des forces leur apporter la victoire sur un plateau d’or et d’argent, serti de diamants et marqué de la Croix de Fer des héros germains.

Tout le “matériel” historique, – les “Trois-Révolutions” de 1776-1825, – était prêt pour se rassembler et fusionner en cette terrible et furieuse poussée ; c’est dire si des yeux avertis de l’avenir, observant les agitations terrestres courantes, eussent pu distinguer les signes de l’organisation de l’immense et catastrophique tempête dont l’observateur était informé de la venue sans en connaître la chronologie. Tout est là, épars mais comme déjà rassemblé par un fil invisible, prêt à se réunir, s’intégrer, se fondre en une dynamique irrésistible, universelle, inarrêtable telle qu’on la voit naître, cette dynamique que nous caractérisons de “surpuissante” pour ce qui est de l’énergie qu’elle rassemble avant d’en faire usage ; cela, parce qu’il est décidément dans nos habitudes dialectiques de faire s’équivaloir, au bout du compte, l’une alimentant tragiquement la seconde, cette notion de “surpuissance” et cette autre notion d’“autodestruction”, la première engendrant la seconde comme une Gorgone enfante son monstre de rejeton ; et celle-ci, la Gorgone, ricanant et lui disant : “Au plus tu deviens fort, au plus tu te détruis car ta force, par sa démesure, par l’hybris qui la caractérise, écarte l’harmonie, l’ordre et l’équilibre, pour faire se retourner et sombrer le titan des mers.”

Ainsi peut-on déjà résumer le destin de la chose, parce qu’il apparaît complètement évident que rien d’autre que cette dynamique autodestructrice, dans cette équivalence “surpuissance-autodestruction”, ne peut apparaître, naître, grandir et se développer, et enfin accomplir son destin. Nous sommes ici, dans ces pages et entre ces lignes, pour conter une aventure dont le terme est connu des dieux depuis l’origine d’au-delà de l’origine, dans cet au-delà du cosmos où il n’y a pas d’origine comme il sied à l’Éternité, une aventure terrestre qui a été conçue justement pour parvenir à ce terme.

Notre tâche est donc de reconstituer le récit épique d’une tentative monstrueuse et vouée par avance à l’échec, mais dont nous fûmes et sommes encore le champ de la bataille indescriptible dans un ouragan de souffrances et de perception du tragique que l’on nomme “la vie”, cette tentative dont le terme scellera le destin. Cette proximité implique que nous avons, d’une certaine façon carte blanche pour cette tâche, avec certaines indications qui sont comme des sous-entendus et des “cela-va-de-soi”, mais sans que nous sachions rien de la façon dont se manifestera l’inévitable issue de l’effondrement (nommément, dans notre code dialectique : la Grande Crise de l’Effondrement du Système [GCES], ou dit également ‘GrandeCrise’). L’expression même qui est choisie pour l’origine de la séquence métahistorique, du “déchaînement de la Matière”, signale qu’il est question de la matière en général (ici non-majusculée au contraire de l’emploi qui en est fait dans l’expression, donc d’un emploi contraire du majestatif respectueux et apaisé, parce qu’étant au contraire d’un majestatif horrifié et tragique). A ce point, notre travail va porter sur la question de la matière par rapport à ce que nous avons évoqué précédemment, – la “question de la matière” par rapport à l’Éternité et sa messagère sublime qu’est la Nostalgie… On comprendra enfin et assez vite, à mesure qu’on avancera dans ces pages et ces lignes, que, par “matière”, et avant d’en venir à d’autres échéances, on signifiera que c’est la matière même de notre histoire, de l’histoire de notre effondrement, observée d’une position de métahistorien que les événements si puissants et si immédiatement métaphysiques nous permettent de tenir. Notre faiblesse extraordinaire, nos angoisses et nos lâchetés, dans ces instants de transcendance métahistorique, ne paraissent plus qu’anodines anecdotes, alors que l’humain parvient à se détacher de lui-même, à se sortir de lui-même pour se forcer lui-même à mériter cette transcendance.

(Voyez combien se mélangent des traits antagonistes dans la hauteur des valeurs, certains si bas, si misérables, d’autre brusquement vous imposant une ascension sublime et irrésistible. Nous sommes des jouets de forces insoupçonnables et indicibles, mais soudain le jouet se transformant en un cœur brûlant d’une matière transcendée [le rôle dévolu à la matière !], en porteur de missions sacrées voulues par les dieux, emportés, grandis par l’exaltation du devoir à accomplir ! Soudain devenant nous-mêmes, c’est-à-dire bien plus que nous-mêmes puisque libérés de nous-mêmes !)

L’on comprendra également que l’expression de “déchaînement de la Matière” trouve l’essentiel sinon l’exclusivité de son sens dans l’élément dynamique qu’implique le “déchaînement”. C’est dire si la “matière” majusculée en “Matière” n’est nullement, ni condamnable, ni même coupable d’une culpabilité qui aurait échappé à la sagacité des juges sis sur les marches de l’Olympe… Elle est victime, trompée et pervertie par des manigances qu’on ne peut qualifier que de diaboliques. Elle ne peut être, elle, jugée sur ce qu’elle n’a pas commis, là où elle n’a été qu’instrument, et cela sous l’action des manipulateurs que sont les différents thuriféraires de la modernité, ouvrant ainsi des fissures mortelles dans leur Grand’Oeuvre qu’ils jugeaient irrésistibles, laissant subversion et inversion du Diable s’installer et préparer cette dynamique qui fera de la matière un “déchaînement” terrifiant. 
 

 Nous commençons donc par nous attarder,...

...en y revenant puisque la chose fut déjà évoquée, sur l’aspect de cette expression du “déchaînement de la Matière” dans le cadre de la question générale de la matière à partir d’un simple code orthographique ; c’est-à-dire, cette interrogation : pourquoi ici “Matière” avec une majuscule, et là sans majuscule ? Nous avons levé un coin de l’approche choisie, je dirais même de l’approche qu’il m’a été imposée de choisir, dans deux passages précédents de ce Tome-III/1, que je rappelle en les mettant en évidence par l’emploi de l’italique :

• « Ici, aussitôt une précision concernant “mon”-orthographe dans cet ouvrage, une question de majuscule qui nous évitera des reprises d’explications bien longues… C’est pour cette opération de la matière “au niveau le plus bas” “devenant Esprit” que “matière” ne devient pas “Matière” majusculée comme l’on serait tenté de faire : cette majusculation est réservée à autre chose, à son exact contraire comme on verra plus loin [la majuscule du “déchaînement de la Matière” qui est chose diabolique, comme l’on sait, et qui mérite une majuscule satanique pour donner à mesurer la puissance de l’ennemi] ; “matière” devenant “Esprit”, tout au contraire de la substance à l’essence, la matière à partir de quoi se fait la transmutation est et reste informe, et je dirais presque modeste, humble, et son élévation la fait Esprit en la sortant décisivement de sa situation de matière, et la transmutation est aussi une séparation décisive ; ce n’est pas de la matière se prétendant Esprit en se majusculant Matière, faux-Esprit qui reste matière et vraie-Matière, qui est ruse du diable et rien d’autre... »

• « Où l’on voit, comme suggéré plus haut et ici avec nécessité de redite pour que l’insistance donne forme à la démarche, que rien n’est dit sur la matière ; où l’on voit, en d’autres mots plus décisifs, que la Matière-majusculée que nous-mêmes avons proposée comme instituée dans notre terrible époque est le Mal  jusqu’à être le Tout de cette terrible époque ; où l’on voit alors, et cela est absolument et tout simplement décisif, que la Matière-majusculée, si elle est le Tout de cette terrible époque, n’est pas toute la matière. Encore et encore, avec toute la force qui me reste, que me laisse le fond de mon âge finissant, je proclame cette fondamentale distinction comme étant l’un des phénomènes les plus importants de la conception générale que je me fais du monde. Il me faudra bien revenir [c’est le cas ici, en juillet 2022] sur cette problématique, sur le fond, – je l’espère, plus loin dans ce Tome III de ‘La Grâce’ si le Temps me laisse un peu de sa grâce ; il faudra bien se plonger dans l’épreuve incroyable et inestimable de la définition de la matière dans toutes ces nuances essentielles que je ne fais [ici que survoler, que frôler]. Au bout du compte, le Tout de cette ambition [qui est de distinguer et de séparer le “Tout de cette terrible époque” du Tout de la matière]  dépendra du temps qui m’est encore laissé… »

D’où il ressort, pour mon compte, qu’à l’origine, si ce terme de “matière” est utilisable dans ce cas avec cette orthographe ‘démajusculée’, la matière est pour moi chose inerte et neutre, une sorte d’outil inemployé, sans forme mais nullement informe puisqu’ayant en lui toutes les possibilités de toutes les formes, préposé éventuellement pour un vaste dessein, que l’on peut utiliser dans le but de la création de quelque chose, et même de toute chose. A partir de là, tout commence…

En quelque sorte, on serait conduit à dire que la matière est “à prendre”, un peu comme les terres d’un continent inconnu où nulle vie ne se manifeste s’offrent aux explorateurs nouveaux-venus, intrigants, rapaces, curieux, missionnaires, méditatifs, ouverts à la spiritualité du monde ; qu’elle est “à prendre” comme le pouvoir dans les époques où la décadence se fait dégénérescence, où le vice se fait perversion ; la matière est neutre, “à prendre” et, de plus, elle est “vierge”, c’est-à-dire à la fois pure et neuve, mais aussi forme du foyer et du feu sacré comme la déesse Vesta. Je considère la matière comme une chose aux multiples possibilités, une informité aux multiples possibilités de formes ; elle n’est pas vraiment un commencement, elle est plutôt un Rien venu d’où la raison et la mémoire humaines ne savent rien, venu d’un espace où nul lieu n’existe, – “où se trouve le où” ne peut être déterminé ni identifié, où le “Rien” n’est pas rien mais dans l’en-deça du “Rien”. Quoi qu’il en soit la matière est grosse, comme l’on dit d’être fécondée malgré qu’on la dise vierge, d’une infinité de possibilités, et c’est bien ce contraste qui constitue, “à l’origine” de la conception que j’en ai, sa marque la plus extraordinaire.

En d’autres termes, “à l’origine”, la matière n’est ni Bien, ni Mal, – vierge de ceci et de cela, informe et insaisissable – mais elle a en elle la potentialité de l’éternité, – une infinité de possibilités.

De même se pose la question : la matière a-t-elle une essence à l’origine ? C’est un de ces mystères, sinon le Mystère de la matière dont je dis ou laisse entendre par ailleurs, immédiatement plus haut, qu’elle n’est pas un commencement, que l’expression “à l’origine” n’est pas pour elle mais seulement pour “la conception que j’en ai”.

La matière est l’outil du monde, ce par quoi l’Unité originelle qui engendre l’univers sans commencement ni fin entend que l’on agisse pour accomplir la tâche dont on a la charge. Vous noterez combien il n’est, jusqu’ici, guère question d’esprit au sens humain du terme dans le sens que nous, les humains, nous lui donnons ; combien, à cet égard et de ce point de vue de l’exploration des choses selon la méthode qui me guide, la matière précède l’Esprit qui peut alors, dans cet arrangement, être majusculé en Majesté.

(Bien entendu encore, cette formule n’a strictement aucun rapport avec “l’existence précède l’essence” de l’existentialisme ; la matière originelle dont je parle, qui précède l’Esprit, n’a aucune forme, aucune existence, aucune pseudo-ontologie qui accoucherait par une opération d’un pseudo-Saint-Esprit de l’Esprit lui-même, pseudo accouchant du Vrai, simulacre vomissant la Vérité, – combien de paradoxes et de contradictions insupportables ! Le cas exposé dans ces lignes n’a aucune affinité, aucune proximité, aucune complicité avec l’appréciation existentialiste pris comme contre-exemple ; le cas est celui d’une vision poétique, l’existentialisme est une explication philosophique.)

(Bien entendu encore et toujours, on me comprend : je parle pour mon compte, selon ce que je nomme un peu audacieusement ma “méthode”. Cette exploration à laquelle j’invite mon lecteur n’est en rien le fruit direct de l’enseignement divin ; même si cet enseignement existe évidemment, assurément et absolument ; même si cet enseignement existe quelque part et partout à la fois, – la façon de le dispenser après qu’il m’ait été transmis hors de mon vouloir et de ma conscience mais conformément à la grâce de l’intuition, cette façon me concerne. Je suis, comme tout être est ou devrait être, le tacticien d’une stratégie divine, à l’égard de laquelle souvent il m’arrive de montrer de l’inconnaissance dans le sens le plus haut du terme.)

Cela, “la matière précédant l’Esprit”, ne signifie nullement qu’il n’y ait pas de l’esprit dans cet arrangement, voire de “l’esprit épars”, mais que l’esprit n’a nullement ni sa forme, ni sa vertu, ni sa puissance qui en fait l’Esprit pour ce qui nous concerne, nous autres créatures terrestres. Le fait indiscutable et d’un poids considérable dans cette “vision poétique” est que nous devons abandonner ce domaine de l’esprit où nous allâmes d’abord nous reconnaître pour nous retrouver en-dessous et décrire cette immense bataille en train d’être livrée, dans laquelle l’esprit en tant que représentation humaine de l’Esprit est menacé jusque dans son essence. Il y a quelque chose de la bataille suprême ! Je parle là aussi bien en théorie et en conviction, qu’en commentaire des événements terrestres en train de se dérouler, littéralement lecteur, “sous nos yeux”, comme je dirais “sous mes yeux”. Il s’agit bien d’une réflexion qui concerne une origine qui n’a aucun rapport avec la chronologie des Temps à l’origine, rien de temporel sur l’échelle métahistorique ; et qui a d’autre part un rapport direct, presque vertigineux dans sa sollicitation dans une existence, avec les Temps Présents parce que leur marque est celle de la GrandeCrise de l’effondrement d’une civilisation sans égale dans sa prétention à être universelle et absolument finale comme en éternité.

D’un autre point de vue, qui est finalement et profondément celui de cet ouvrage où l’on mêle les origines non chronologique de toute chose et le fracas des Temps Présents, cette orientation de notre intuition poétique fait écho à celle que nous avons décrite dans les parties précédentes de ce Tome-III où notre ascension vers une éternité qui nous mettrait proche de l’Éternité elle-même constituait un lien entre la Terre et le Ciel. Ce lien est le nœud central de l’intrigue de ce récit et celui par lequel j’entreprends cette expédition à la découverte de ce que recouvre en vérité, je veux dire dans toute sa vérité, ce concept de “déchaînement de la Matière” dont j’ai fait tant l’usage et qui m’a semblé être comme une sorte de “sésame, ouvre-toi” des différents mystères du monde auxquels il m’a semblé que j’étais confronté. Dans ce cas, le “déchaînement de la Matière” qui singe le Mal-Absolu se découvre vertueux en éclairant par son contre-exemple des perspectives uniques.

Cette fois, je le sens bien, il s’agit du Mystère du Monde, et le “déchaînement de la Matière” mérite bien son nom, et toute la tension, toute la dynamique explosive qu’on lui devine. Le “déchaînement de la Matière” ou l’ultime et décisive tentative de l’antiMonde pour détruire l’Éternité… C’est bien ce que nous sommes en train de vivre et dont il m’importe de m’en faire le commentateur empressé et méthodique, presque comme l’on dit d’un très-vulgaire “commentateur de la presse quotidienne”, et pourtant ce commentateur élevé jusqu’à ce que j’ai nommé “âme poétique”.
 

J’imagine sans grand effort de l’esprit...

...comment une phalange d’entités destructrices réunies comme autant d’Orques-généraux chargés d’unités diverses presque au sens militaire du mot, et rassemblés dans le Poste de Commandement Général du Mordor, – connu sous le surnom symbolique et puissant, et logique par ailleurs, de “l’Entité”, –  comment cette assemblée, dans un mouvement d’unanimité retrouvée lorsqu’il s’agit d’en finir avec ce défi de l’Éternité qui interdit tout espoir de réussite de leur entreprise, décidait enfin de lancer le concept, d’appliquer le plan diabolique du “déchaînement de la Matière”.

L’un d’eux dit, se levant brusquement comme le diable jaillit de sa boite, emporté, possédé avec des éclairs dans les yeux, brandissant sa main fermé en un poing comme s’il s’agissait d’une épée maniée comme une masse d’arme :

— Puisque la matière est à prendre, prenons-là ! Et ornons-là d’une majuscule irrésistible !

Et tous, conquis, emportés, subjugués comme devant une sorte de totem, de simulacre peint sur la paroi de la profonde caverne platonicienne, de s’écrier :

— Matière ! Matière ! Toi seule peut accomplir notre dessein secret… 

On dit même que certains, sans soucis du ridicule qu’ils offraient ainsi en spectacle car ils étaient fort laids, difformes et monstrueux, le mouvement brutal et la posture sans grâce, se levèrent et dansèrent, scandant selon ce rythme satanique qui leur convient si bien :

— Dessein sacré ! Dessein sacré !

(Ici apparaît le quiproquo fondamental qui va marquer cette séquence de l’aventure : s’il s’agit certes et bien entendu d’un “dessein secret”, je crains bien que nombre d’oreilles inattentives et d’yeux trop vite assurés d’eux-mêmes aient entendu et lu : “dessein sacré”. La différence est de taille entre ce qui est directement du domaine de la sacralité de  l’esprit, et donc directement producteur de la spiritualité jusqu’à en baigner notre âme poétique, et ce qui dépend de la seule lourdeur de l’humain devenu bureaucrate du Système-Pentagone, qui fait l’important en proclamant inaccessible au commun [“secret”] des artefacts de sa production, lesquels pourtant ne témoignent que de la vanité de son destin ; déjà, l’on distingue les limites de la vivacité de l’esprit du Démon, car le quiproquo est bien peut-être, également et même d’abord, le pot-au-rose… Parole fameuse [pour mon compte] de Guénon :

« On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »

C’est cette sottise-là, – “sacré” pour “secret”, – qui va nous guider.)

Le fait indéniable est que les participants à cette réunion de “L’Entité”, les Orques-généraux rassemblés autour de lui, décidèrent aussitôt de toutes les dispositions comme l’on prépare une opération de guerre. On voit que le récit prend ici un tour plus réaliste, quoique certains y verraient du genre de la fantasy comme Hollywood nomme les enfants difformes et américanisés nés de l’œuvre de Tolkien préalablement passée au scanner de la modélisation ‘esthétique’ (quel mot étrange dans ce contexte) qui est de règle dans ce même Hollywood. Il ne m’étonnerait pas non plus que les protagonistes que je décris, les Orques-généraux, soient effectivement de cet état d’esprit et de ce niveau de l’esprit, comme créatures d’horreur et d’erreur hollywoodiennes.

Quoi qu’il soit de ces considérations annexes, il reste qu’il me paraît essentiel de proposer une justification à un tel changement d’atmosphère, de rythme et de structure du récit, – même s’il ne s’agit que du temporaire. L’essentiel est que cette justification permet d’aborder certains sujets nécessaires à la compréhension de l’ensemble.

Il me paraît extrêmement utile, de ce point de vue, d’ainsi identifier et d’incarner le regroupement des créatures terrestres, ou pseudo-terrestres si l’on veut rester prudent, qui constituèrent la force motrice initiale du “déchaînement de la Matière”. Il est extrêmement important, pour notre compréhension des événements en cours, de se convaincre par toutes les sortes possibles d’arguments, de paraboles et de convictions, qu’il y a nécessairement dans cette immense Crise Générale, ou GrandeCrise, dont nous voyons le paroxysme une intimité des actions et de leurs effets entre l’humaine espèce et les créatures d’en-dehors de notre monde, des espaces divins et maléfiques, avec toutes les nuances, les échappées, les enfers et les rédemptions, les politiques et les soumissions qui caractérisent cet extraordinaire instant de rassemblement et de connexion de ces deux étages du cosmos.

Il doit même être concevable qu’il existe une sorte d’“éternité” (identifiable par l’usage de la minuscule en tête du mot) constituant un sas d’accès à l’Éternité elle-même, comme on a pu le deviner dans les parties précédentes, et que la Nostalgie est la principale, voire la seule porte d’accès à cette “éternité humaine”, ou “pré-divine”. On observera qu’un auteur comme Mircea Marghescu, dans son Homunculus, qui est présenté comme une « critique dostoïevskienne de l’anthropologie », évoque une “immortalité” du monde paysan incarnée par les gestes mille et mille fois répétés, les observations du monde, de l’évolution des éléments de la vie, du climat, dont la connaissance est héritée de la continuité de la Tradition, qui le rapproche évidemment de la notion d’éternité ; encore Marghescu y met-il des formes très humaines qui nous conviennent parfaitement, en relativisant cette notion, justement en la faisant “plus humaine” et donc nous rapprochant de notre propos :

« La pérennité du monde paysan pourrait faire croire à son immortalité comme ses rythmes lents font croire à sa paix : mais cette pérennité n’est due qu’à l’effort permanent et conséquent du paysan pour la maintenir aux gestes accomplis rituellement de génération en génération le long des siècles. L’immortalité du paysan n’est pas donnée, mais, à tout moment, conquise. »

… Mais où l’on voit par conséquent cette précision essentielle qui semble “relativiser” l’“éternité” sous la forme de l’“immortalité”, – puisqu’elle « n’est pas donnée, mais, à tout moment, conquise » ! C’est une entreprise importante, une audace considérable de suggérer qu’une chose “relative” à l’activité humaine puisse être qualifiée d’“immortalité”, qui est au moins un premier pas, ou bien dirions-nous le “dernier pas” de l’“éternité” comme “sas d’accès à l’Éternité elle-même”, le pas qui ne finit jamais, et alors la voie étant ouverte vers une rencontre avec l’Éternité. Enfin, l’on comprendrait peut-être alors vers quel chemin ma plume et les mots qu’elle trace vont orienter ma pensée. Effectivement : cette idée de l’“immortalité” que donne le respect de la Tradition, et qui ouvre la voie à cette “éternité” mi-figue mi-raisin, un pied ici-bas et l’autre dans l’au-delà, signifie pour nos comploteurs du Mordor décidés à utiliser l’arme de l’inversion que quelque chose dans l’humaine nature peut être confisquée par des bandes habitées par des ambitions machiavéliques et diaboliques comme sont les leurs justement, pour servir à trafiquer la matière à son avantage, et en faire la Matière ; et la faire “se déchaîner”, pardi !

Je viens d’écrire un mot révélateur : “nos comploteurs”, parlant des Orques-généraux réunis en congrès. Certes, ils complotent ! L’on comprend aussitôt que nous évoquons un domaine fondamental qui, selon la dynamique de la pensée commune de ces derrières décennies et bien que la tendance eût existé depuis les origines, a pris un essor prodigieux dans le commentaire et l’enquête continuelle auxquels nous soumettons la Grande Crise générale que nous vivons (dite plus précisément GCES pour Grande Crise d’Effondrement du Système, ou bien ‘GrandeCrise’ pour faire bref). Il s’agit du domaine fondamental de ce que l’on qualifie de “complotisme”, développé, étiré, sucé de toute sa supposée substantifique moelle à mesure que s’effondrait dans la doxa officielle la notion de Vérité et que la réalité du monde était pulvérisée par les narrative façonnées comme de la terre glaise et représentées comme le marbre du spectacle du monde, et cela rendu possibles par les moyens de la communication, par l’épouvantable déchaînement du technologisme comme avancée suprême et arme secrète de la Matière, justement moteur de son déchaînement. Ce terrible phénomène s’effectuait dans le cadre de simulacres que nos esprits enfiévrés et comme sous l’empire d’opioïdes nécessaires à la consolidation de la perception et à l’exaltation de la modernité-tardive, n’ont cessé de créer et de structurer en des mondes parallèles, péremptoires et illusoires, organisant la subversion d’esprits affaiblis jusqu’à ce que le langage de l’époque proposât et généralisât le terme de ‘zombification’ pour qualifier toute cette opération… ‘Opération-Zombification’, comme il disait, croyant poser les fondations du Nouveau-Monde, “Operation-Overlord”.

Donc, la réunion que l’on décrit de nos Orques-généraux est moins d’être un congrès de causeurs qui s’écoutent, mais bien, comme nous l’avons suggéré, un Conseil de Guerre préparant une campagne comme des généraux préparent une offensive décisive. Leur programme de guerre est résumé et symbolisé à la fois par le nom de l’opération qu’eux-mêmes donnent à l’entreprise ; qui pourrait apparaître comme un slogan, comme une accroche publicitaire si vous voulez, comme un étendard de l’américanisme et de la modernité-tardive puisque George W. Bush lui-même en fit, dans son inégalable crétinerie, son étendard glorieux : To Conquer Hearts & Minds.

On verra plus tard dans l’histoire courante, après la Grande Attaque du 11-septembre, que les équivalents des Orques-généraux de l’américanisme conçurent effectivement qu’il pourrait lancer leur “Très-Longue Guerre” selon l’idée de “la Conquête des Cœurs et des Esprits”, c’est-à-dire les organes des peuplades étranges et étrangères, non-US, auxquelles ils iraient porter la démocratie comme on implante d’autorité un organe catégorique bardés de puces contrôleuses et censureuses ; la pratique de la chose prévoyant que l’on ferait pénétrer la démocratie par les fissures des Cœurs et des Esprits, jusqu’à leur complète invasion et leur conversion inévitable qui se ferait sous la forme d’une inversion totale, voire totalitaire. Ainsi y a-t-il un lien indubitable entre nos Orques-généraux qui préparent le “déchaînement de la Matière” et nos soldats de l’américanisme qui jurent avoir identifié le Graal de leur Grand Jeu des conquêtes extérieures, ce qui fournit les pièces principales du dossier à charge des États-Unis d’Amérique, du massacre de leurs Indiens par un protestantisme puritain et sauvage au déchaînement de la bêtise absolument complète du wokenisme, autre aspect du protestantisme puritain et sauvage.

Qu’il en soit ainsi ! En effet, le plan des Orques-généraux est bien que ce déchaînement sèmera une extrême confusion qui, dans ce cas également, permettra à la Matière de tracer son chemin jusqu’à conquête et conversion/inversion complètes des Cœurs et des Esprits des habitants et des citoyens des terres investies. Ces plans sont dressés effectivement au Temps du Déchaînement, c’est-à-dire au même instant antihistorique où est fondée la République Américaniste, qui est une composante de cet événement précisément.

Comment peut-on alors hésiter une seconde à établir un lien serré entre tous ces événements, ces occurrences, ces digressions et ces occasions ? La tâche des Orques-généraux est ainsi de préparer le Temps de l’Inversion (ceux que je désigne comme “nos temps-devenus-fous”) après conquête et conversion des Cœurs et des Esprits. Les habitants et citoyens visés, qui sont des sapiens-sapiens spécifiquement de la modernité-tardive car c’est à cette époque que l’offensive atteindra son plein rendement, à l’orée du XXIème siècle en principe mais peut-être au-delà, sont d’une fragilité reconnue du point de vue de l’étanchéité de leurs Cœurs et de leurs Esprits, de leur défense spirituelle, de leur structuration émotionnelle et affectiviste. Ils céderont, estiment les Orques-généraux, sans opposer de grandes résistances ; ils seront même trompés et séduits, pour certains, tant est grand leur goût du simulacre et tant les Orques-généraux s’y entendent dans ce domaine.
 

  Si j’imagine, ou même devine aussi nettement...

...la forme et l’organisation de leur entreprise qui a si forte partie liée au “déchaînement de la Matière” puisqu’elle en forme les hordes et les bataillons, c’est qu’en se constituant ainsi en ces phalanges guerrières au service du Démon, ces Orques-généraux et leurs troupes sont complètement et absolument mes ennemis. Je les reconnais sans l’ombre d’une hésitation car ma vue est à cet égard aussi perçante que celle de l’aigle. Je les reconnais bien et les tiens pour coupables d’un très grand crime ; ils sont intervenus directement dans l’ordre et l’agencement de la métahistoire, d’une façon telle qu’on peut aisément concevoir qu’ils ont fortement contribué, directement ou indirectement, à provoquer la tragédie qui a privé mon destin d’une référence terrestre stable dans le temps passé. Je les tiens en effet pour responsable, du fait du séisme qu’ils ont déclenché, du malheur qui a frappé ma terre natale et qui l’a effacée de l’Histoire, suivant en cela un puissant courant déstructurant nommé, – quoi d’autre ? – “déchaînement de la Matière”. Ils sont mes ennemis personnels autant que les entités néfastes qui poursuivent le but de détruire par déstructuration et déconstruction la métahistoire jusqu’à l’entropie du monde, c’est-à-dire détruire le monde certes. Ainsi établis-je un lien entre la miséreuse souffrance de mon existence terrestre et le Grand Destin du cosmos emporté dans sa course vers l’Éternité....

[...]

Détruire la Russie, clef de l’Histoire universelle

Détruire la Russie, clef de l’Histoire universelle

C’est le sujet du jour : comment anéantir la Russie et exterminer les russes pour la troisième fois en deux siècles.

L’expression (“la destruction de la Russie comme clé de l’histoire…”) est de Georges Nivat, traducteur de Soljenitsyne, et date de 2016. Elle résume notre histoire : Charles X de Suède puis Napoléon puis Hitler puis les autres (le complexe Biden-BHL-Leyen) tentent d’abattre le croquemitaine. Elle résume l’atmosphère du jour : la Russie seule contre tout le monde ou soi-disant, avec l’empire américain et ses colonies, l’Europe motivée et le reste du monde plus ou moins entraîné dans cette croisade antirusse, qui succède à la croisade antiallemande des anglo-saxonnes guerres mondiales.

Car pour l’occident Poutine est moins Staline qu’Hitler. Simplement c’est un Hitler qui n’a pas à se coltiner l’Armée rouge, qui dispose d’une terre riche et immense, d’une économie autarcique, d’inépuisables gisements de gaz et de pétrole et d’une armée aguerrie. Snyder a rappelé que seuls 14% des soldats américains (oublions le F35, les Stinger de M. Cadbury et tout le reste) s’estiment opérationnels (et encore ? Contre les russes ou contre les irakiens ?).

Evidemment c’est l’occident (démocratique et humanitaire) qui comme Hitler veut anéantir la Russie et lui sauter à la gorge.

La lutte contre l’empire russe sourd à travers toute notre histoire depuis le dix-neuvième siècle : voyez le livre de Lesur qui en 1812 dénonce la montée de la puissance russe au moment où les troupes napoléoniennes dévastent la Russie. La Russie y est diabolisée à toutes les époques, empire du mal qui n’a pas fini d’exciter les haines de toutes les puissances occidentales : Henri Troyat remarque que la Grande Catherine se plaint déjà de cette préférence donnée à la Turquie. On pense à la haine du tsarisme, à la Guerre de Crimée du démentiel Badinguet aux ordres de Palmerston, au Grand Jeu britannique (voyez le Kim de Kipling qui lui ajoute une aura ésotérique soulignée par Guénon) ; puis on passe à l’homme au couteau entre les dents, au stalinisme et à la situation actuelle.

Il est vrai qu’en face ça résiste...

«… Il y a en Russie des hommes très bizarres, constitués comme les autres hommes et pourtant ne ressemblant à personne. Ils tiennent à la fois de l’Européen et du Barbare. On sait que notre peuple est assez ingénieux, mais qu’il manque de génie propre ; qu’il est très beau ; qu’il vit dans des cabanes de bois nommées isbas, mais que son développement intellectuel est retardé par les paralysantes gelées hivernales.»

Dostoïevski parodie l’éprouvant pamphlet de Custine (les russes sont des automates) avec humour :

«On n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à cent piques au-dessous du troupier français.»

Enfin les russes avaient trop de barbe :

« Mais l’effet du rasoir fut merveilleux : une fois glabres, les Russes devinrent très vite quelque chose comme des Européens.»

C’est d’ailleurs leur point commun avec les islamistes, aux russes : ils ont trop de barbe !

Mais la barbe revêt une dimension religieuse et culturelle. Et là on rentre dans le domaine de la guerre de civilisation, celle qui oppose les anglo-saxons aux russes depuis un siècle et demi (l’ours et la baleine…)

Je cite les Possédés :

«Hélas ! nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis ; la Russie est un jeu de la nature et non de l’esprit.»

Les occidentaux sont tombés sur un os. Brzezinski avait parlé du scandaleux refus du monde LGBTQ par Moscou. Et Poutine avait dit dans son discours à la nation :

« Mais non – un état d’euphorie né de leur supériorité absolue, une sorte d’absolutisme moderne, qui plus est, sur fond de faible niveau de culture générale et d’arrogance de ceux qui ont préparé, adopté et fait passer les décisions qui n’étaient profitables que pour eux-mêmes. La situation a commencé à évoluer d’une manière différente.»

A l’occident il ne reste plus que la communication, ce simulacre de puissance, qui aura du reste poussé la Russie à progresser et à se surarmer. Les «Hercule aux jactances» (Céline) que sont les Français sont sûrs avec leurs rodomontades de se retrouver aux premières loges quand la bise de la guerre chaude sera venue. L’état du nucléaire français fait rire les experts russes : mais bon, ce n’est pas grave, on a le précédent de 1870 (voir mes textes sur Flaubert et Maxime du Camp).

Et il ajoute notre Dostoïevski sur notre présent toujours permanent :

« En fait, jusqu’à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas [ici], cela n’a jamais marché pour personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant. »

Là on est au cœur du problème : avec Poutine la Russie (qui était plus tolérée du temps du couteau entre les dents) est devenue la bête noire de l’ordre libéral mondialiste qui semble préférer anéantir le monde plutôt que perdre son duel. Revoyez d’ailleurs mon texte publié sur fr.sputniknews.com à ce sujet : Dostoïevski (visionnaire comme Flaubert ou Baudelaire à la même époque – tous nés en 1821) et la prophétie du nouvel ordre mondial auquel nous arrivons aujourd’hui, incarcérés, sous la coupe du totalitarisme cyber-libéral anglo-américain.

Poutine a compris qu’il faut frapper (sans faire trop mal, mais ça dépend qui) parce que l’occident veut l’anéantir purement, lui et sa terre. Hitler disait dans son Testament qu’il ne saurait jamais faire la paix à la Russie, qu’il faudrait toujours qu’il lui saute à la gorge. Blinken, Biden et leur clique n’ont pas évolué. Ils en sont au stade suprême du nihilisme impérial : détruire leur peuple, la culture, les sexes, la religion, la nature (comme dit justement Poutine), tout ce qui Est.

Il leur reste comme je l’ai dit à affronter la meilleure (la meilleure ou la dernière ?) armée du monde, ses armements et à éviter des conséquences ruineuses. Pour parler comme mon ami Jean Parvulesco, auteur d’un beau livre traduit en russe par Alexandre Douguine, on ne pouvait rêver de meilleur Endkampf.

 

Sources principales :

https://fr.wikisource.org/wiki/Journal_d%E2%80%99un_%C3%A9crivain/Texte_entier

https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Dostoievski-possedes-1.pdf

https://www.profession-gendarme.com/ce-matin-a-6h00-heure-de-moscou-vladimir-poutine-sest-adresse-a-son-peuple-pour-expliquer-ce-quil-allait-faire-et-pourquoi-il-allait-le-faire

https://fr.sputniknews.com/20170129/dostoevski-prophetie-ordre-mondial-1029827127.html

https://books.google.com.bn/books?id=3tkCAAAAYAAJ

https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-4-page-165.htm

Dans la gueule de la bête de l’apocalypse du grand vaccin au nouvel ordre mondial, Nicolas Bonnal

Dostoïevski et la modernité occidentale, Nicolas Bonnal

‘Vladimir Poutine et l’Eurasue’, Jean Parvulesco

De Péguy à Douguine

De Péguy à Douguine

28 mars 2024 (13H55) – Certains (dont je suis) estiment que les plus grands philosophes sont aussi des poètes et que certains poètes sont aussi de grands philosophes ; Dans tous les cas, la poésie permet d’exprimer, mieux que toute autre forme d’art de l’écriture, par les images, par les symboles, les allégories, les incarnations, les visions intuitives, des pensées philosophiques et métaphysiques d’une grande puissance. Bien sûr, qui ne songerait à Nietzsche et à son ‘Zarathoustra’ ? Il se trouve, à mon estime, qu’il existe aujourd’hui un philosophe qui est aussi un poète, et qui exprime par un langage de poète quelques-unes des grandes idées qui soutiennent sa pensée.

Je pense que le Russe Alexandre Douguine est aujourd’hui le seul philosophe (à ma connaissance si limitée) qui marie une haute pensée philosophique d’une grande originalité à une écriture lyrique qui fait de lui également un poète.  Comme dans tous ces cas de philosophe & poète, dont chacun est spécifique, le lyrisme poétique n’est pas nécessairement employée dans tous les textes. Certains textes philosophiques de Douguine sont plus précis et bien plus complexes que lyriques, et le lyrisme n’y a effectivement pas sa place. Par contre, je crois qu’on trouve dans chacun de ses textes qui déploient un lyrisme poétique des traces indubitables de sa pensée philosophique.

Certainement, dans le grand chambardement de catastrophes de ces temps-devenus-fous, dans nos pauvres pays soumis à une servilité presque ontologique au Système, où la stupidité, l’idiotie et la crétinerie font toutes assaut d’affirmations de prépondérance, on ne trouve parmi nos plumes consacrées le moindre équivalent d’un Douguine. Nous, face à ces fariboles, nous opposons la sécheresse arrogante d’une raison-subvertie, saupoudrée de vertus démocratiques et satisfaites, produisant des horizons arides et inféconds au rythme de simulacres hallucinés.

Le texte que je reprends ci-dessous est de la veine lyrique de Douguine, exaltant la Russie, et la Russie en lutte. On retrouve bien entendu des accents de certains textes écrits par des poètes russes pendant ce que les Russes nomment « La Grande Guerre Patriotique » de 1941-1945. Il s’agit d’un poème de guerre, dans une bataille dont on comprend parfaitement, à le lire, qu’elle est absolument existentielle et ontologique. Douguine est certainement, parmi les penseurs russes, celui qui a le mieux compris l’enjeu métaphysique, – et de “géopolitique métaphysique” selon une de ses expressions favorites, – que la GrandeCrise a mis sur le champ de cette immense bataille. Bien entendu, la Russie est au centre de sa ferveur, comme l’est une mère qui salue et qui prie pour ses fils partis au combat.

Cela fait, pour mon compte et selon mes conceptions du monde, qu'aux vers de Charles Péguy, qui sont comme l’emblème de nos « Âmes de Verdun » :

« Mère, voici tes fils qui se sont tant battus

Qu’ils ne soient point jugés sur leur seule misère

Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre

Qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée »,

Répond cette exhortation d’Alexandre Douguine :

« Quand on vit en Russie, on ne peut pas ne pas être russe. Surtout quand la Russie est en guerre. La Russie est un pays pour ceux qui la considèrent comme leur mère.

Et aujourd'hui, notre mère souffre. »

Peut-on comparer ces langues, ces envolées, à nos pauvres discours d’esprits parfaitement dégénérés, dont on a peine à croire qu’ils sont de la même lignée du Péguy prophétisant Verdun ? Qui est, aujourd’hui, dans notre pauvre et triste civilisation en décomposition, assez audacieux, sinon talentueux, pour écrire de tels mots sur son pauvre et triste pays ? Comment vaincre notre honte et faire contrition sans succomber à la vision de l’horreur qui nous a conduit jusqu’à ici et maintenant ?

Le texte « Moscou en première ligne ! » salue les victimes du massacre du centre Crocus de Moscou (texte original sur ‘geopolitika.ru’, traduction sur ‘euro-synergies.hautetfort.com’).

PhG – Semper Phi

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Moscou en première ligne !

Moscou est désormais, elle aussi, une ville de front, tout comme Donetsk, Sébastopol et Belgorod. Un pays en guerre ne peut pas avoir de villes pacifiques. Il vaut mieux s'en rendre compte maintenant et profondément. Et bien sûr, des mesures spéciales de comportement, des règles spéciales doivent être introduites dans un pays en guerre.

Le territoire du front intérieur n'est pas le territoire de la paix. C'est là que se forge la victoire. Les victimes du centre Crocus sont tombées sur le champ de bataille. Car la Russie d'aujourd'hui est un champ de bataille.

L'Ukraine est aussi la Russie, c'est la même Russie, en continuité territoriale, de Lvov à Vladivostok, et elle est en guerre.

La conscience publique doit devenir la conscience d'une nation en guerre. Et quiconque s'en écarte doit être considéré comme une anomalie.

Il doit y avoir un nouveau code de conduite. Les citoyens d'une nation en guerre peuvent ne pas revenir lorsqu'ils quittent leur pays. Tout le monde doit s'y préparer. Après tout, sur la ligne de front, à Donetsk et à Belgorod, c'est exactement le cas. L'UE est susceptible de fournir des missiles à longue portée au régime de Kiev, qui a perdu la guerre et qui, à nos yeux, perdra définitivement sa légitimité dans moins de deux mois. Nous le reconnaîtrons enfin comme une entité terroriste criminelle, et non comme un pays. Et ce régime ouvertement terroriste, lorsqu'il tombera, est également susceptible de frapper aussi loin qu'il le peut.  Il est difficile de spéculer sur ce qu'il fera d'autre, – il vaut mieux ne rien supposer. Il ne s'agit pas d'un motif de panique, mais d'un appel à la responsabilité.

Nous sommes en train de devenir un véritable peuple, nous commençons à nous rendre compte que nous sommes un peuple.

Et ce peuple vient d'acquérir une douleur commune. Un sang commun, – le sang donné par d'immenses files de Moscovites indifférents aux victimes du monstrueux attentat terroriste. Une douleur commune. Les gens ont un tarif commun lorsque des personnes emmènent gratuitement les victimes de l'hôtel de ville de Crocus à l'hôpital ou à leur domicile. C'est comme au front, – le leur. Quel argent ! Il ne peut y avoir de capitalisme dans un pays en guerre, seulement de la solidarité. Tout ce qui est collecté pour le front, pour la Victoire, est imprégné d'âme.

Et l'État n'est plus un mécanisme, mais un organisme. L'État ressent lui aussi la douleur, prie à l'église, organise des cérémonies commémoratives, dépose des cierges. L'État devient vivant, populaire, russe. Parce que l'État est réveillé par la guerre.

Et les migrants d'aujourd'hui sont appelés à devenir une partie organique de la nation en guerre contre l'ennemi. À devenir leur propre peuple, – ceux qui donnent leur sang, qui conduisent gratuitement quand c'est nécessaire, qui font la queue au bureau d'enrôlement militaire pour être les premiers à partir au front, qui tissent des filets de camouflage, qui partent en troisième équipe. S'ils font partie de la société, ils peuvent eux aussi, un jour ou l'autre, devenir la cible de l'ennemi. Sortez et ne revenez pas. L'un des garçons qui a sauvé des gens à Crocus Hall s'appelle Islam. Mais il s'agit du véritable islam, le russe. Il existe certes un autre islam.

Quand on vit en Russie, on ne peut pas ne pas être russe. Surtout quand la Russie est en guerre. La Russie est un pays pour ceux qui la considèrent comme leur mère.

Et aujourd'hui, notre mère souffre.

Alexandre Douguine

Délices budgétaires d’une “Guerre Mondiale

Délices budgétaires d’une “Guerre Mondiale

• Les minutieux gens de ‘WSWSW.org’ se sont attachés à décortiquer le budget annuel de l’administration Biden. • L’argent accordé à l’armement ne peut avoir qu’une seule signification : la “guerre mondiale”.

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On lira ce texte de ‘WSWS.org’ du 27 mars 2024 selon nos vieilles habitudes : écarter le saupoudrage inévitable du catéchisme trotskiste et lire le texte comme un document sérieux, avec d’autant plus d’intérêt qu’il dissèque l’actuel financement de la machine de guerre américaniste (budget pour l’année fiscale 2025). Le CMI est autant notre adversaire qu’il est celui des trotskistes, nous nous servons donc du sérieux et du zèle bien-connus, des militants de cette tendance, ainsi que de leur minutie et de leur honnêteté comptables.

Le résultat ainsi détaillé est absolument impressionnant. Simplement,– mais ce n’est pas rien, – ils omettent de mettre en évidence les aspects de faiblesse abyssale de cette puissance colossale :

1). Le fait que ce budget “de guerre mondiale” a été précédé l’abonnée d’avant d’un précédent “budget de guerre mondiale”, et aussi l’année d’avant, et ainsi de suite. En fait, on peut dire que, depuis 2001, à partir d’une base déjà impressionnante, ce fut chaque année un “budget de guerre mondiale” avec des budgets adaptés à  l’évolution/augmentation exponentielle des coûts...

2). Résultat : un recul constant dans toutes les entreprises militaires, un retard extraordinaire dans le domaine suprême du stratégique nucléaire infligé par un pays qui dépense 125 fois moins que les USA pour l’armement, des systèmes formidablement puissants et formidablement inadaptés (dites-nous ce qu’on fera dans les années qui viennent des 9-10 porte-avions de 90 000-100 tonnes face aux clins d’yeux hypersoniques ?).

3). L’inadaptation complète de certains matériels courants aux terrains de guerre, notamment tout le parc des engins blindés (des ‘Bradley’ aux ‘Abrams’), auxquels les Ukrainiens préfèrent souvent des vieux blindés de l’ère soviétique, y compris des T-62 retapés (une douzaine coûte le prix d’un ‘Abrams’), pour leur meilleure adaptation, leur solidité de fonctionnement, etc.

3) L’absence de prise en compte de l’affaiblissement vertigineux des équilibres des hiérarchie et des spécialisations, la compétence mesurée à la couleur de la peau et à la variabilité du sexe du fait de l’introduction massive du wokenisme dans les armées et des contre-mesures que préparent les républicains. La catastrophe est largement détaillée dans ‘Foreign Affairs’ du 20 mars 2024.

5). Le refus de considérer des changements de politique, des affrontements entre agences et services, bref une sorte de “guerre civile interne” du CMI si, en cas d’élection de Trump, la nouvelle administration veut effectuer une réforme de fond.

Etc., etc.

Veuillez considérer cette situation stupéfiante : sur le point de lancer une “Guerre Mondiale”, et le plus vite possible, s’il vous plaît :

« Du point de vue de Wall Street et Washington, ils doivent provoquer la confrontation avec la Chine dès que possible, car les tendances fondamentales sont contre eux. Ils n’ont pas de temps à perdre. »

... les USA se trouvent avec un budget d’une année qui à lui tout seul commence à dépasser le budget (en dollars constants) des quatre années de guerre de 1941-1945, alors que les effectifs de soldats combattants sont inférieurs à ceux de 1941 et que toutes les autres forces, même la marine vis-à-vis de celle du Japon, étaient en 1941 inférieures en quantité à celles de leurs adversaires. Quant à la base industrielle, ou la capacité de produire à partir du moment où l’ordre de produire est donné, si vous voulez une comparaison prenez des différences de l’ordre de 95%-97% en faveur de 1941.

La situation est remarquablement décrite, donc, mais son aspect radicalement perverti et inverti est totalement passé sous silence. Ayez tout cela à l’esprit en lisant cet intéressant document : il n’est nullement assuré qu’il ne s’agisse pas d’un “budget de Guerre Mondiale”, mais d’une “Guerre Mondiale” US suffisante à elle seule pour faire s’autodétruire l’Amérique avant d’inquiéter vraiment l’adversaire.

dde.org

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Le budget Biden pour la guerre mondiale

Le budget signé samedi par le président Joe Biden prévoit le montant le plus élevé de l’histoire pour les dépenses militaires américaines. Sur les 1.200 milliards de dollars alloués à six ministères fédéraux, le Pentagone en réclame plus des deux tiers, soit environ 825 milliards de dollars. Le budget distinct signé par Joe Biden le 8 mars pour les six autres ministères fédéraux comprend 23,8 milliards de dollars pour les programmes d’armement nucléaire américains gérés par le ministère de l’Énergie.

Au total, si l’on additionne toutes les autres sommes affectées aux opérations de renseignement militaire par d’autres départements et agents, le total cumulé devrait dépasser mille milliards de dollars, bien que le chiffre réel reste secret, car une grande partie des dépenses militaires liées à la surveillance, aux lancements de satellites militaires et à d’autres opérations sont classées secrètes.

Le total des dépenses militaires américaines, même sur la base des chiffres publiquement disponibles, éclipse celui de n’importe quelle combinaison possible de pays. Les États-Unis représentent à eux seuls 39 pour cent du total des dépenses militaires mondiales, soit l’équivalent de celles des 11 pays suivants réunis. Par rapport au total américain de 877 milliards de dollars pour 2022, dernière année pour laquelle des chiffres globaux sont disponibles, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a estimé que la Chine avait dépensé 292 milliards de dollars et la Russie, 86,4 milliards de dollars. 

Les dépenses militaires russes ne représentent qu’une fraction des dépenses combinées des alliés américains de l’OTAN, soit plus de 300 milliards de dollars, des alliés asiatiques des États-Unis dans ce que l’on appelle la quadrilatérale (Inde, Japon et Australie, 160 milliards de dollars combinés), et des États clients des États-Unis au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Israël, Qatar et Émirats arabes unis, 130 milliards de dollars combinés). Les dépenses militaires combinées des États-Unis et de leurs principaux alliés s’élèvent à plus de 1.500 milliards de dollars, soit les deux tiers du total mondial et quatre fois celles de la Russie et de la Chine.

Au vu de ces chiffres, il est impossible d’évaluer la posture militaire américaine autrement que comme un programme de guerre mondiale. 

L’impérialisme américain a subi un déclin historique prolongé de sa position économique. De près de 50 pour cent du PIB mondial à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la part des États-Unis est tombée à 40 pour cent en 1960 et à 27 pour cent en 1971, lorsque le président Richard Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or en raison de l’augmentation du déficit de la balance des paiements. La part des États-Unis est tombée à 15 pour cent à peine du PIB mondial l’année dernière, et l’on s’attend à ce qu’elle diminue encore dans les années à venir.

Mais dans la production de matériel de guerre, d’armes qui peuvent détruire par millions des vies humaines avec une grande précision, les États-Unis n’ont pas d’égal.

Cette contradiction, entre le déclin de la base économique et le développement massif de l’armée, explique la férocité de la politique étrangère américaine. Elle s’exprime dans l’unanimité des deux principaux partis capitalistes, démocrates et républicains, sur la nécessité d’écraser la menace croissante de la Chine – dont l’économie est en passe de dépasser celle des États-Unis – et de soumettre les alliés potentiels de la Chine que sont la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Du point de vue de Wall Street et Washington, ils doivent provoquer la confrontation avec la Chine dès que possible, car les tendances fondamentales sont contre eux. Ils n’ont pas de temps à perdre.

Les affirmations incessantes du gouvernement Biden et de ses apologistes dans les grands médias selon lesquelles le gouvernement américain est opposé à l’utilisation de la force militaire, ou cherche à empêcher l’expansion du conflit en Ukraine ou à limiter le génocide israélien à Gaza, ne résistent pas à l’examen le plus approximatif. 

La véritable sauvagerie de l’impérialisme américain est démontrée dans une disposition clé du budget du Pentagone qui vient d'être adopté. Les démocrates et les républicains du Congrès se sont mis d’accord pour interdire l’octroi d’un seul centime d’aide américaine à l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), qui nourrit quotidiennement des millions de réfugiés palestiniens, dont la majeure partie des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza. Quelles que soient les querelles électorales entre Joe Biden et Donald Trump, les démocrates et les républicains sont unis dans leur soutien à la famine de masse en tant qu’arme de guerre.

Le candidat à la présidence du Parti de l'égalité socialiste, Joseph Kishore, a déclaré lundi sur Twitter/X : «Le vote du Congrès montre la réalité : le génocide à Gaza est conçu à Washington. Il est armé et financé par les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN. Il est soutenu à la fois par les démocrates et les républicains. L'administration Biden et le Parti démocrate ne pourront jamais laver le sang de leurs mains ni dissimuler leur culpabilité dans ce massacre.»

Kishore a conclu : «La lutte contre le génocide doit être menée comme une lutte contre les partis démocrate et républicain, comme une lutte contre l'expansion de la guerre impérialiste, y compris la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie, et comme une lutte contre la classe dirigeante et le système capitaliste.»

Comme le rapportait lundi le WSWS, le budget prévoit des dizaines de milliards pour les géants de l'armement, notamment Lockheed Martin, General Dynamics, Boeing, Raytheon et d'autres profiteurs de guerre, qui fabriquent des avions de guerre, des sous-marins nucléaires et des missiles de toutes sortes.

Le projet de loi comprend également 300 millions de dollars pour l'Initiative d'assistance à la sécurité de l'Ukraine, qui maintient le flux des contrats du Pentagone pour les livraisons d'armes à Kiev, en attendant l'adoption attendue d'un crédit supplémentaire qui ajouterait 60 milliards de dollars en soutien militaire et financier à l'Ukraine, et 14 milliards de dollars de plus pour Israël. Le projet de loi a été bloqué par les républicains du Congrès à la demande de Trump, mais le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a promis de soumettre le projet de loi à un vote après Pâques, dans l'espoir d'une approbation bipartisane rapide.

L'adoption bipartisane du budget militaire record est une réponse incontestable à tous ceux qui prétendent qu'il est possible d'empêcher la troisième guerre mondiale en faisant pression sur le Parti démocrate ou en faisant appel à des agences internationales de l'impérialisme telles que les Nations unies. La seule force sociale qui a à la fois la force et l'impératif social de s'opposer à la guerre impérialiste est la classe ouvrière mondiale.

Le WSWS et les partis de l'égalité socialiste, les sections du Comité international de la Quatrième Internationale, luttent pour le développement d'un mouvement de masse mondial de la classe ouvrière contre la guerre impérialiste et contre le système capitaliste qui en est la cause, sur la base d'un programme socialiste international.

(Article paru en anglais le 25 mars 2024)

Dérisoires incertitudes ukraino-tadjikistanes

Dérisoires incertitudes ukraino-tadjikistanes

• On débat ferme après la tuerie du Crocus City à Moscou, sur les circonstances, sur les buts, toutes ces choses, mais d’abord et surtout, et uniquement : l’Ukraine a-t-elle trempé son petit doigt de pied dans cette affaire ? • “ISIS ! ISIS ! ISIS !”, rythme l’Occident-absurdif qui ne veut pas qu’on touche à la vertu ukrainienne. • C’est un débat sans fin, comme celui qui entoure le destin de ‘NordStream’. • Mais non, ce qui compte plus que tout, c’est que cet affreux massacre est une partie intégrante de la guerre que la Russie livre désormais (en Ukraine notamment).

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Les suites de l’attentat du Crocus City à Moscou n’en finissent pas de se succéder, de s’enrouer, de se nouer, de se constituer en un nœud gordien bien de nitre temps-devenu-fou. Les Russes ne sont pas contents du tout que certains, y compris parmi leurs amis chez des commentateurs, mettent en doute la conviction de Poutine que l’Ukraine est impliqué dans cette affaire. La superbe Maria Zakharova, – qui tient souvent le rôle de son ministre lorsqu’il y a de la bagarre médiatique, ce qui permet à Lavrov de se reposer, – est montée en première  ligne, ce qui est sa place habituelle, avec la rudesse des mots qui la caractérise.

Note de PhG-Bis : « Jamais sans aucun doute pour le compte de PhG, une porte-parole d’un ministre essentiel d’une grande puissance n’a tenu un tel rôle politique que la superbe [bis] Zakharova. Ce qu’elle dit est politique fondamentalement, et non pas une réplique de consignes précises. Elle pèse beaucoup plus lourd, par exemple, que Nuland lorsqu’elle était porte-parole de la secrétaire d’État Clinton, jusqu’au début 2013. On l’entendra donc avec une extrême attention. »

Ainsi une simple intervention de Zakharova sur ‘Telegram’ faiut un gros titre de RT.com et doit être considérée comme une proiise de position officieuse-officielle de la Russie, et de Poutine personnellement, sur la question des liens supposés entre les auteurs de l’attentat et l’Ukraine. C’est de cette façon qu’on lira ce qui suit (et le reste de l’article), – y compris la faute involontaire et révélatrice (même les machines sont influencées et impressionnées) du traducteur qui a traduit ‘spokeswoman’ par ‘ministre’...

« Un article récent de Bloomberg affirmant que certaines personnes dans l’entourage de Poutine ne croient pas que l’Ukraine soit impliquée dans l’attaque terroriste contre la salle de concert de Crocus City est la “mère de toutes les FakeNews”, a déclaré la ministre des Affaires étrangères Maria Zakharova.

» L’agence de presse a écrit mardi qu’“il n’y a aucune preuve d’une implication de l’Ukraine, selon quatre personnes ayant des liens étroits avec le Kremlin”.

» Il a affirmé que Poutine était présent aux discussions “au cours desquelles les responsables ont convenu” qu’il n’y avait aucun lien avec Kiev, mais “reste déterminé à utiliser la tragédie pour tenter de rallier les Russes derrière la guerre en Ukraine”. Bloomberg a cité comme source “une personne connaissant la situation, demandant à ne pas être identifiée”.

» Zakharova a fustigé le reportage, écrivant mardi sur Telegram : “Un chef-d’œuvre des news. Juste la mère de tous les FakeNews”. »

Même les meilleurs se perdent...

Il ya donc bien entendu polémique, arguments et contre-arguments, accusations, etcv., avec un seul enjeu : l’Ukraine a-t-elle trempé, – même le bout du petit doigt de pied, –  dans cette affaire... Car si oui, c’est un argument évident pour envisager des actions extrêmement sévère, – comme Trenine le dit et le redit.

Une plaidoirie somme toute très étonnante à cet égard, contredisant complètement la thèse russe, est venu d’un commentateur que les chasseurs de sorcière classent systématiquement et férocement dabns le camp pro-russe Eric Denécé, du Cf2R, allumé d’une façon abracadesquement incroyable par les sabots cloutés des flics de Wikipédia-section française (la plus zélées de toutes les collabos du régime-Wiki). Denécé était interrogé par Régis de Castelnau, sur son programme ‘Le monde qui change’.

Denécé a désigné d’une façon très appuyé le Tadjikistan comme source et inspirateur de l’attaque, en reléguant très loin l’hypothèse d’une connexion quelconque avec l’Ukraine :

« Tout indique que les terroristes se sont préparés en Asie Centrale et à Moscou... Peut-être sont-ils passés  par un autre pays, pourquoi pas l’Ukraine, mais on n’a aucun élément à ce sujet... »

Ensuite, il s’est largement explicité en mettant en cause ce qui est pour lui une faute intellectuelle majeure de Poutine, qui est pourtant comme on le lit un personnage pour lequel il a une très grande considération. L’argumentation est assez curieusement bancale, en partant du présupposé implacable que son analyse est la bonne :

« Le discours de Poutine comparant ces atrocités à celles des nazis et accusant l’Ukraine me paraît à la fois infondé, très rapide et totalement contre-productif... Parce que ça va relancer la propagande occidentale qui ne cesse de dire depuis  le début que Poutine ne cesse de dire des bêtises, or le discours de Poutine depuis deux ans, et même on peut remonter à 2007, et même aux années précédentes est un discours très sensé... Il prévient, il dit ce qu’il va faire, il demande à négocier en permanence, il avait tendu la main à l’Europe, à l’OTABN, et voilà ... Malheureusement, en se comportant comme ça, sauf élément contraire, il me semble qu’il commet une erreur .. »

L’argumentation est étonnante, au milieu de tant d’hommages distribués à Poutine pour aboutir à cette chute soudaine dans l’incompétence la plus complète. Relevons simplement ceci :

• C’est vrai, tout le monde, dans nos resplendissantes démocraties, traine Poutine dabs la boue dans ses mensonges depuis, – oh, au moins 2007, et même avant n’est-ce pas ?

• Et voilà, juge Denécé, qu’il « commet une erreur » qui va « relancer la propagande occidentale »...

• Mais quoi, mais quoi... Pourquoi dire “(re)lancer” puisque cette propagande se poursuit sans arrêt depuis 2007 et même avant, qu’elle ne s’est jamais arrêtée, et qu’elle ne s’arrêterait pas même si Poutine s’écriait “L’Ukraine n’y est pour rien, l’Ukraine n’y est pour rien !” ? C’est presque de la naïveté à laquelle nous conduit le fait de ne pas avoir assez recours à cette arme absolue dans ce monde des menteurs qui vous contraignent, – à l’inconnaissance. Même les meilleurs se perdent.

Castelnau n’avait pas l’air particulièrement, ni satisfait, ni à son aise ; il tenta bien d’apporter une contradiction évidente, puis l’on passa à autre chose... Nous, nous avions vu à l’œuvre, une fois de plus, non pas un propagandiste anti-Poutine, mais un brillant spécialiste constamment attaqué pour son brio qui rend en général à Poutine l’hommage du à Poutine et qui, cette fois, se disait qu’il pouvait choquer un peu le foc pour ne pas trop faire giter (ni avancer trop vite) le beau voilier qui fait son travail.

... Car effectivement, comme le bruit en court partout, la France, ce prototype du pays inventeur de la liberté, est le plus soumis à une constante pression du Système pour éructer le simulacre conforme dans une sorte d’orgie de servilité, d’ivresse de soumission... Enfin, une péripétie parmi d’autres, car le sentiment général, chez les dissidents en France (il y en a tout de même, vous savez) et partout dans le reste de l’Occident-compulsif, et qu’il y a, quelque part dans cette affaire, une petite touche ukrainienne, ici ou là, mais enfin quelque chose qui y mène droit comme un peuplier. Ce n’était qu’une péripétie que nous interprétons à notre façon, en toute responsabilité de notre irresponsabilité et de notre absence de sources absolument sûres, et elle ne changera rien sur la marche des choses, mais elle fixe bien le climat qu’appelle notre intuition. C’est bien cela qui nous importe.

« Russia is at war », compris ?!

En effet, les réactions ont été partout unanimes : du côté des anti-Poutine, le simulacre d’ISIS remonté des sables vers les pays-Stan pour attaquer la Russie, sans le moindre contact avec l’Ukraine ; ou plus simplement, plus évidemment, plus éclatant qu’une lumière de mille soleils, les Russes faisant eux-mêmes leur  “falseglag” et exécutant cet attentat contre eux-mêmes, exactement comme, il y a trois ans, ils faisaient eux-mêmes sauter ‘NordStram’.

(Bon, c’est vrai qu’on vient d’achever une sorte d’enquête où l’on vous dit que l’instigateur est le général Zaloujni, récemment limogé par l’élégant Zelenski, mais il ne faut pas s’arrêter à cette sorte de choses car les services de renseignement, les frères CIA-MI6, viennent de mettre à jour un manuscrit oublié de la Mer Morte avec cette inscription : “les chiens aboient, la caravane passe”.)

De l’autre côté, du côté des dissidents, c’est comme d’habitude la ruée plus ou moins mesurée selon les tempéraments vers des analyses qui reposent toutes, plus ou moins confortablement sur l’hypothèse ukrainienne plus ou moins bien aménagée (Pépé Escobar, Larry S. Johnson, Alexander Mercouris, Jacques Baud, Xavier Moreau, le cinéaste Regis Tremblay qui dit des choses intéressantes, etc.) et passant en général par la mise en cause des pistes ISIS-djihadistes considérées en tant que telles et à l’exclusion de tout autre chose.

Mais tout cela, finalement, n’a qu’une importance assez mineure. L’événement a commencé avant l’attentat de Moscou, et curieusement par le biais de porte-paroles que l’on connaît bien maintenant. Quelle que soit l’origine de l’attentat, quels qu’en soient les auteurs, notre appréciation est qu’il faut nécessairement faire entrer l’attaque dans le cadre ukrainien, qui est passé du stade de l’‘Opération Militaire Spéciale’ à celui de guerre tout court.

« Les mots et les phrases du prudentissime Dimitri Pechkov, porte-parole de Poutine souvent accusé de mollesse pro-occidentaliste, sont en elles-mêmes, hors même de leur contenu, une indication, du “climat”. Lorsque Pechkov dit « Nous sommes en guerre », alors qu’il n’était question jusqu’ici que d’une OMS, il se passe quelque chose de grave qui vient de la bouche de Poutine et de sa direction. Ce que Pechkov fit hier matin, notamment sous le titre martial de RT.com “Russia is at war” :

» “Pechkov a souligné que la Russie ne pouvait pas permettre l'existence à ses frontières d'un État qui affirme publiquement qu'il s'emparera de la péninsule de Crimée ainsi que des nouveaux territoires russes, à savoir les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et les régions de Zaporozhye et de Kherson.

» “Nous sommes en guerre“, a déclaré Pechkov, expliquant que si le conflit a commencé comme une opération militaire spéciale, dès que “l'Occident collectif y a participé aux côtés de l'Ukraine, pour nous, c'est devenu une guerre”. »

C’est dans ce contexte, renforcé par les déclarations de l’autre porte-parole, Maria Zakharova, pour laquelle ce sont surtout les USA qui ont trempé dans cette affaire (Larry S. Johnson pense de même, avec un luxe de détails et d’appréciations d’anciens officier de la CIA impliqué dans le contre-terrorisme), que  nous nous déplaçons. Ainsi évolue le sentiment général, et c’est bien ce qui importe plus que tout. La recherche d’une vérité “scientifique” dans un tel climat n’a guère d’intérêt ; ce qui importe, c’est le rôle que cette attaque joue dans la situation générale, qui est une situation se guerre, – et ce mot si terrible dit pare cet homme si prudent qu’est Dimitri Pechkov.

Aussi, le jugement d’un commentateur relativement peu connu, très peu impliqué dans les habituelles polémiques, les parades des commentateurs, les roucoulades des experts, – a finalement plus de force, plus de simplicité brutale, plus de vérité irrésistible que tous nos débats sans fin, sans conclusion, sans rien du tout... Nous pensons à ce Régis Tremblay, documentariste de nationalité américaine vendu s’installer, que ‘SputnikNews’ a interrogé, qui répond :

« Je pense que la plupart des Russes ont été choqués... Il y a un sentiment de colère chez beaucoup de Russes, et à juste titre. Il s’agit d’une attaque horrible qui survient à un moment où les Russes commencent à réaliser qu’il s’agit d’une guerre contre la Russie et contre son avenir...

» Les Russes ont de plus en plus le sentiment, je pense, qu’il ne s’agit pas d’une guerre contre l’Ukraine... La vaste population commence à réaliser qu’il s’agit d’une guerre des États-Unis et de leurs vassaux en Europe contre la Russie, déterminés à détruire la Fédération de Russie. »

Nous aussi, nous avons parlé en même temps de l’attaque de Moscou et de l’Ukraine, plutôt que d’y mêler ISIS et le Tadjikistan. Factuellement, c’est peut-être, sans doute, oui pourquoi pas ? – hautement contestable. Mais nous parlons, nous, de vérité-de-situation.

 

Mis en ligne le 27 mars 2024 à18H25

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