18 mars 2024 (16H35) – Ce jour du 17 mars, veille de ceux qui fêtent leur quatre-vingtième anniversaire, mélange tous les facteurs du grand événement métahistorique : le symbolisme à l’extrême, la violence, la cruauté, le volonté populaire triomphante, la bêtise sans fin ni horizon, l’aveuglement, l’hypocrisie et la corruption, l’individualisme qui tue l’individu, l’argent qui est tout et qui n’est plus que du papier qui pourrait aller aux toilettes, et finalement le terrible voile du satanisme comme dernier recours qui s’est étendu sur cette chose promise à la dérision de la destruction nommée “Occident”.
Et puis, si vous voulez, le simulacre bien sûr, pour les derniers croyants ;
et puis, même si vous ne voulez pas et pour tout le monde, l’incroyable rapidité des événements à cause de la communication, qui permettent aux forces d’au-dessus de nous de disposer de notre destin et d’en faire ce qu’elles ont décidé qu’il sera.
Ainsi observera-t-on, selon l’ancien chef du service du contre-terrorisme et officier de l’US Army servant au département d’État Scott Bennett :
« Le taux de participation record du peuple russe et la victoire record de Vladimir Poutine indiquent les points suivants. Premièrement, le peuple russe voit que le président Poutine est le meilleur espoir de faire progresser le peuple, la culture et le pays d'une manière prospère, saine et traditionnelle. Deuxièmement, le peuple russe se voit unifié d'une seule voix et s'oppose ensemble à la violente guerre économique, diplomatique et informationnelle menée contre lui et le président Poutine par l'Occident au cours des dix dernières années.
» Troisièmement, le peuple russe est prêt à relever n'importe quel défi et se rend compte que c'est la force de son unité qui lui permet de résister à l'agression dont il fait l'objet. »
Rarement le mariage d’un peuple et de son dirigeant aura été aussi complet que l’élection de Poutine, que les pauvres zombies occidentaux dits-“aux manettes” ont toussoté qu’il avait été truqué. Cause toujours, mon lapin. Je plains les “journalistes professionnels” (dont j’ai été pendant 45 ans) qui sont obligé de cracher leur débile pour voir remplir leurs sébiles (jeu de mots contestable j’en conviens, mais ils ne méritent pas mieux).
Nous allons découvrir ce qu’est une Russie soudain armée d’une unité sans pareille, nouvelle force de vivre, nouvelle certitude d’avoir un destin commun et une histoire. Nous allons la voir là où on la défie, là où de tous temps on l’a défié, dans la bataille sur ces immenses plaines. Il me serait bien improbable qu’elle ait le dessein de nous conquérir car que ferait-elle de déchets comme nous ; simplement, j’écrase un regret comme une larme, sur mon pays tombé si bas, car la France et la Russie ont toujours eu une grandeur similaire, une affinité culturelle et une spiritualité à mesure... Mais quoi, tant que les fiottes (il existe des fiottes hétérosexuelles, qu’on se rassure) y règnent, il faut continuer à en boire la lie absolument puante.
Là, le symbolisme est maître. La violence extraordinaire de la colère qui monte contre Netanyahou en Israël ressemblerait à un double étrange tant la violence est différence, à celle qu’exerce l’armée d’Israël contre les Palestiniens. Toujours ce même goût du suicide, même chez les plus cruels et les plus arrogants.
Peu m’importe que les USA soient en partie derrière ce ‘regime change’, – les maniaques ne peuvent pas se passer de leurs habitudes, – il reste ce point si inattendu : l’expédition entreprise contre le Hamas/les Palestiniens, supposés si fragiles devant la force massive de l’IDF américanisée jusqu’aux ongles a mis en évidence l’extraordinaire fragilité d’Israël du fait d’abord (il y a bien d’autres causes) de la présence, de la résilience, de l’entêtement, de l’aveuglement d’un homme. La haine anti-Netanyahou en Israël, si elle ne contredit nullement à première vue le volonté d’attaquer le Hamas et le reste, va effectivement finir par prendre le dessus sur cette entreprise et morpher en une sorte de guerre civile dont le destin sera terrible pour l’État d’Israël si personne ne vient en bousculer radicalement les données.
Mais Netanyahou est toujours, plus que jamais persuadé d’avoir raison. La foule a raison au départ de son raisonnement : cet homme veut sauver sa tête, c’est-à-dire échapper à la prison, mais la bataille contre le Hamas dont la création est au départ sa créature, a fini par prendre une telle importance qu’elle a remplacé dans le tréfonds de sa psychologie la simple touille du coupable qui veut éviter la justice. Netanyahou le corrompu est ainsi devenu, seul contre tous, “Netanyahou sauveur de l’antique Israël du Vieux Testament”. Dans de telles conditions, on imagine les conditions qui seraient celles d’une vraie guerre civile.
Il est tout à fait normal que l’Amérique, si exceptionnellement douée (exceptionnalisme) dans l’art raffiné du foutage de merde, soit présent sur le terrain, interviennent déjà dans tous les sens, pour accentuer , justement, le foutage de merde.
Et puis l’Ukraine, certes, qui a réussi à nous montrer que le président Macron, récemment décoré en maréchal McMacron, pouvait être encore plus nullard, encore plus vide, encore plus insignifiant, encore plus rien-de-rien, que tout ce qu’il nous avait montré jusqu’ici. Les premiers vœux de Poutine réélu ont été pour lui, – là, vraiment, il s’est fait un ami pour la vie.
Pendant ce temps, les troupes russes continuent à attaquer partout où bon leur semble, sans doute de crainte que le président français passe à l’acte. Le jour de l’élection en Russie, la Russie a tiré un missile sur une réunion des principaux chefs militaires et chefs du renseignement ukrainiens, cela mentionné pour meubler la communication quotidienne du ministère russe de la défense : « L’attaque a été mentionnée en passant dans le briefing quotidien doonné par le ministère de la défense à la presse ».
… Tant il est vrai que le morceau de choix du jour était réservé au principal chef de guerre de l’Ukraine, au président Zelenski, dont Trump n’a pas manqué de faire l’éloge en connaisseur ... Car Trump s’y connaît en fait de bateleur, de vendeur de courant d’air, de voyageur de commerces avariés....
D’où cette apologie qui dit qu’il n’est de meilleur vendeur sur cette terre capitaliste que le susdit Zelenski. Pour vendre sa salade, on ne trouve pas mieux, une sorte d’‘Elmer Gantry le charlatan’ des obus de 155mm et des résidences londoniennes. Écoutez Trump, le roi des businessmen :
« “Nous devrions leur prêter de l'argent, et non leur envoyer de l'argent, de sorte que s'ils y parviennent, – contre toute attente, – ils nous remboursent”, a déclaré Trump. ”Prêtez-leur de l'argent, laissez-les faire un peu comme s'ils devaient être un peu gentils... Prêtez-leur de l'argent, ne leur remettez pas simplement un chèque de 60 milliards de dollars”, s'est-il exclamé.
» “Je vous le dis, Zelenski est l’un des plus grands vendeurs de l’histoire. Chaque fois qu’il vient dans le pays, il repart avec 50 ou 60 milliards de dollars”, a déclaré Trump.
» “Je n'ai jamais été capable de faire ça. « C'est un bien meilleur vendeur que moi”, a-t-il ajouté. »
Dans cette galerie de personnages, oh certes, oh mon Dieu, combien en oublie-t-on ! Mais ils sont tous sortis du même moule qu’on prend bien garde de ne pas casser tant il est à la bonne mesure de la catastrophe attendue, tant il contient ce qu’on a vu chez McMacron : “encore plus nullard, encore plus vide, encore plus insignifiant, encore plus rien-de-rien” que tout ce qu’on pourrait imaginer si on confiait la tâche aux petites mains de Mark Zuckerberg.
La victoire de Poutine est venu concrétiser tout cela, elle a symbolisé une fantastique avancé de l’anti-monde sûr-de-lui, de l’anti-Occident, de l’anti-exceptionnalisme, de l’anti-tout ce qu’ils ont prétendu-être. Et cela, tout le monde, sauf nos “bobos”-caviar qui traînent du côté de Saint-Germain, en se prenant pour Boris Vian crachant sur nos tombes, et du côté de l’Académie Française pour n’y pas entrer en se prenant pour Jean-Paul Sartre, – tout le monde le constate, jusqu’à une brochette d’universitaires brésiliens épinglés par ‘Sputnik-Afrique’ :
« Les désaccords qui existent déjà entre les pays européens et les États-Unis sur le soutien à l'Ukraine vont s'approfondir, avance Rodrigo Ianhez, historien spécialiste de la période soviétique.
» “Bien qu'ils se présentent comme un bloc cohérent, les coûts de cette guerre sont plus importants et plus immédiats pour l'Europe que pour les Etats-Unis”, estime-t-il.
» “L'unité des alliés ukrainiens pourrait être ébranlée davantage à l'issue de la présidentielle américaine qui est capable d'influencer la poursuite ou non du conflit, ajoute M. Ianhez.
» Cet avis fait écho à celui de Larissa Silva, enseignante des relations internationales de l'Université d'État de Rio de Janeiro:
» “Certains s'attendaient à ce qu'avec les sanctions et la pression occidentale, l'opposition grandisse et que Poutine perde une partie de sa force. Il est clair que ce n'est pas ce qui se passe en Russie”, développe l'universitaire.
» “Poutine a réussi à restaurer le rôle et le prestige de la Russie en tant que pays important et respecté dans l'ordre international", souligne pour sa part l'historien et chercheur Eden Pereira Lopes da Silva. »
Poutine restera au pouvoir plus longtemps que Joseph Staline, et tous les tsar qui ont précédé tout ce beau monde depuis deux cents ans (depuis la Grande Catherine). C’est bien suspect tout ça, je veux dire : il nous faudra trouver une autre formule que le stalino-tsarisme.
• En présentant deux versions différentes d’une originale entourloupe USA-Allemagne-Russie, on mesure l’incroyable difficulté de cerner la vérité, sans parler de la comprendre. • Avec John Helmer et Pépé Escobar.
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Dans son programme d’hier, Mercouris a mentionné avec insistance une information venue de John Helmer, journaliste de première réputation à Moscou, selon laquelle l’enregistrement d’une conversation de généraux allemands sur les capacités et l’emploi du missile ‘Taurus’, aurait été intercepté par l’U.S. Air Force, ou bien, simplement réalisé (si un général de l’USAF US y assistait) et passé aux Russes. L’idée aurait été que les USA craignent la livraison de ce missile aux Ukrainiens et l’installation d’armes nucléaires russes qui seraient entreposées à Belgorod, et la saisie de certaines de ces armes aurait été le but des attaques de ces derniers jours contre Belgorod@, peut-être en vue d’en équiper des missiles (le ‘Taurus’). Et Mercouris de noter avec une belle ironie qui caractérise tant d’aspect de ce conflit :
« Ce serait donc les Américains qui espionneraient leurs alliés de l’OTAN allemands engagés dans la même guerre qu’eux contre la Russie, pour en informer la Russie... ! »
Bien entendu, on comprend qu’il existe une différence de perception du danger que constitue tout ce qui est nucléaire dans cette énorme crise. Pour autant, nous ne résolvons pas grand’chose des quelques minutes de causerie que nous offre Mercouris sur ce sujet, – sinon l’excellence reconnue de Helmer.
Donnons ici quelques extraits de John Helmer qui sont loin, très loin, d’en fournir toute sa substance. Cela nous donne simplement une idée générale de la démarche ainsi décrite.
« Un vent favorable a transporté un oiseau qui s’est signalé pour chanter que le dossier des généraux allemands discutant de leur projet d'attaquer des cibles russes avec le missile Taurus a été intercepté et divulgué aux Russes par les Américains.
» Un gros oiseau, en fait. La conférence téléphonique du général en chef de la Luftwaffe allemande, Ingo Gerhartz (image principale, à gauche), de l'un de ses généraux d'état-major et de deux lieutenants-colonels de la Luftwaffe, le 19 février, a été écoutée par les services de renseignement électromagnétiques américains après la première réunion que les Allemands ont eue avec un nouveau responsable régional. le commandant de l'US Air Force (USAF), le général Kevin Schneider ; Schneider a pris le commandement des forces aériennes du Pacifique de l'USAF (PACAF) le 9 février après deux ans et demi à un poste d'état-major supérieur au Pentagone sous la direction du général Charles Brown Jr. Brown a été promu chef de l'USAF à président des chefs d'état-major le 1er octobre 2023. Lorsque Schneider a quitté l'état-major de Brown, il a été promu de lieutenant général à général quatre étoiles.[…]
» L'allégation selon laquelle la téléconférence de Gerhartz aurait été interceptée par les Russes émanait des Allemands et des Britanniques et a été amplifiée dans les médias américains et de l'OTAN. Le premier rapport russe selon lequel ce sont les services de renseignement américains qui ont en réalité divulgué ces informations aux Russes est paru à Moscou le 4 mars. »
L’intérêt de ces diverses affirmations, déjà intéressantes en soi, est en fait, pour notre chef, qu’elles apparaissent en même temps qu’un long texte de Pépé Escobar, qui présente une version largement différente, avec notamment cette précision :
« Nous sommes donc apparemment en présence d’un cas flagrant où des officiers supérieurs allemands ont reçu des ordres directs concernant une attaque contre la Crimée – qui fait partie de la Fédération de Russie – directement de la part d’officiers américains des Pacific Air Forces. »
Il ne s’agit pas de trancher entre ces deux versions, – en fait, diverses versions si l’on va aux détails de ces divers textes, mais de constater combien les constats diffèrent sans qu’aucun soit réellement absurde, ou fantaisiste, ou quoi que ce soit de cette sorte. On notera également que les trois sources citées sont des journalistes de première valeur dans le monde de la presse alternative, la seule qui, aujourd’hui, nous donne des informations convenables. Autrement dit, il n’y a en vérité aucun moyen de fixer une réalité concrète et solide, mais il nous faut procéder par enquête pour débusquer des vérité-de-situation.
C’est là un point essentiel pour toute démarche sérieuse d’information et de communication concernant les événements que nous observons pourtant à ciel ouvert. Nous ne cachons pas que nous donnons ce cas à titre d’exemple, avec toutes les complications qui vont avec (Pépé n’en manque pas dans son texte) et cela nous semble plutôt un argument pour éviter tant de pièges, d’illusions et de constructions abracadabrantesques. Reste pour se tenir un peu à flot l’expérience et l’intuition qui sont des instruments extrêmement précieux, et au bout du compte le refuge sacré- de l’inconnaissance.
Le texte d’Escobar ci-dessous, qui vient de ‘Strategic-Culture.org’, est de ‘Réseau International’ dans sa traduction française.
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La saga des Quatre Stooges des officiers de la Bundeswehr qui ont comploté pour faire sauter le pont de Kertch en Crimée avec des missiles Taurus impunément est un cadeau fabuleux.
Le président Poutine n’a pas manqué de l’évoquer dans l’entretien complet qu’il a accordé à Dmitry Kiselev pour Russia 1/RIA Novosti :
«Ils fantasment, ils s’encouragent eux-mêmes, tout d’abord. Deuxièmement, ils essaient de nous intimider. Quant à la République fédérale d’Allemagne, elle connaît des problèmes constitutionnels. Ils disent à juste titre : si ces Taurus touchent cette partie du pont de Crimée, qui, bien sûr, même selon leurs concepts, est un territoire russe, c’est une violation de la constitution de la République fédérale d’Allemagne».
Pourtant, les choses deviennent de plus en plus curieuses.
Lorsque la transcription de la fuite sur les Taurus a été publiée par RT, tout le monde a pu entendre le général de brigade Frank Gräfe – chef des opérations de l’armée de l’air allemande – s’entretenir avec le lieutenant-colonel Fenske des opérations aériennes du commandement spatial allemand sur le plan de déploiement des systèmes Taurus en Ukraine.
Il est important de noter que ces deux personnes mentionnent que les plans ont déjà été discutés «il y a quatre mois» avec «Schneider», le successeur de «Wilsbach», au cours de l’élaboration du plan.
Il s’agit bien sûr de noms allemands. Il n’est donc venu à l’esprit de personne que (Kevin) Schneider et (Kenneth) Wilsbach puissent être… américains.
Pourtant, le journaliste d’investigation allemand Dirk Pohlmann – que j’ai eu le plaisir de rencontrer à Berlin il y a quelques années – et son collègue chercheur Tobias Augenbraun ont sourcillé.
Ils ont découvert que les noms à consonance allemande identifiaient bel et bien des Américains. Et non des moindres : l’ancien et l’actuel commandants des forces aériennes américaines du Pacifique.
Les Quatre (en fait six) Stooges prend de l’ampleur maintenant qu’il est établi que le chancelier Scholz et son ministre de la guerre totale Pistorius ont eu connaissance du plan Taurus pas moins de quatre mois plus tard.
Nous sommes donc apparemment en présence d’un cas flagrant où des officiers supérieurs allemands ont reçu des ordres directs concernant une attaque contre la Crimée – qui fait partie de la Fédération de Russie – directement de la part d’officiers américains des Pacific Air Forces.
En soi, cela ouvre le dossier à un large spectre allant de la trahison nationale (contre l’Allemagne) au casus belli (du point de vue de la Russie).
Bien entendu, rien de tout cela n’est discuté dans les grands médias allemands.
Après tout, la seule chose qui semble déranger le général de brigade Gräfe, c’est que les médias allemands commencent à s’intéresser sérieusement aux méthodes des Multiples Stooges de la Bundeswehr.
Les seuls à avoir mené une enquête sérieuse sont Pohlmann et Augenbaun.
Ce serait trop demander aux médias allemands du type «Bild» que d’analyser ce que serait la réponse russe aux manigances des Multiples Stooges contre la Crimée : des représailles dévastatrices contre les actifs de Berlin.
Il fait si froid en Alaska
Au cours de la joyeuse conversation de la Bundeswehr, un autre «plan» est mentionné :
«Nee, nee. Ich mein wegen der anderen Sache». («Non, non. Je veux parler de l’autre affaire».) Puis : «Ähm … meinst du Alaska jetzt ?» («Ahm, tu veux parler de l’Alaska maintenant ?»)
Tout devient plus juteux lorsqu’on sait que l’officier du centre d’opérations aériennes du commandement spatial allemand, Florstedt, rencontrera nul autre que Schneider mardi prochain, le 19 mars, en Alaska.
Et Gräfe devra lui aussi «retourner en Alaska» pour tout réexpliquer à Schneider, puisqu’il est «nouveau» dans le poste.
La question est donc : pourquoi l’Alaska ?
C’est là qu’entrent en scène les ombres américaines sur un grand nombre d’«activités» en Alaska – qui ne concernent nulle autre que la Chine.
Et ce n’est pas tout : au cours de la conversation, un autre «plan» («Auftrag», c’est-à-dire «mission») fait également surface, portant un nom de code peu compréhensible ressemblant à «Kumalatra».
Ce que tout cela nous apprend, c’est que l’administration du Mannequin de Crash Test à la Maison-Blanche, la CIA et le Pentagone semblent parier, en désespoir de cause, sur une guerre totale sur le sol noir de la Novorossia.
Et maintenant, ils le disent tout haut, sans jeu d’ombres, et directement de la part du chef de la CIA, William Burns, qui est manifestement nul en matière de secret.
Voici ce que Burns a déclaré aux membres de la commission du renseignement du Sénat américain en début de semaine :
«Je pense que sans aide supplémentaire en 2024, vous verrez plus d’Avdiivkas, et cela – il me semble – serait une erreur massive et historique pour les États-Unis».
Voilà qui montre à quel point le traumatisme d’Avdiivka est imprégné dans la psyché de l’appareil de renseignement américain.
Mais ce n’est pas tout : «Avec une aide supplémentaire, l’Ukraine peut se maintenir sur les lignes de front jusqu’en 2024 et au début de 2025. L’Ukraine peut continuer à imposer des coûts à la Russie, non seulement avec des frappes de pénétration en profondeur en Crimée, mais aussi contre la flotte russe de la mer Noire».
Nous y voilà : La Crimée à nouveau.
Burns pense en fait que l’énorme paquet d’«aide» de 60 milliards de dollars qui doit être approuvé par le Congrès américain permettra à Kiev de lancer une «offensive» d’ici à la fin de 2024.
La seule chose qu’il comprend est que s’il n’y a pas de nouveau paquet, il y aura «des pertes territoriales significatives pour l’Ukraine cette année».
Burns n’est peut-être pas l’homme le plus brillant de la salle des renseignements. Il y a longtemps, il était diplomate et agent de la CIA à Moscou, et il semble n’avoir rien appris.
Sauf qu’il a laissé échapper des chats et des chatons à profusion. Il ne s’agit pas seulement d’attaquer la Crimée. Celui-ci est lu avec un plaisir extrême à Pékin :
«Les États-Unis fournissent une assistance à l’Ukraine en partie parce que de telles activités contribuent à freiner la Chine».
Burns a sorti le grand jeu lorsqu’il a déclaré que «si l’on nous voit renoncer à notre soutien à l’Ukraine, non seulement cela alimentera les doutes de nos alliés et partenaires dans la région indo-pacifique, mais cela attisera également les ambitions des dirigeants chinois dans des domaines allant de Taïwan à la mer de Chine méridionale».
L’inestimable Andrei Martyanov a parfaitement résumé l’étonnante incompétence, parsemée d’exceptionnalisme éhonté, qui imprègne cette prestation de Burns.
Il y a des choses «qu’ils ne peuvent pas comprendre en raison de leur faible niveau d’éducation et de culture. Il s’agit d’un nouveau paradigme pour eux – ils sont tous «diplômés» de l’école des «études» stratégiques qui consistent à tirer les ficelles des nations sans défense, et compte tenu du niveau de la «science» économique en Occident, ils ne peuvent pas comprendre comment tout cela se déroule».
Il ne reste donc plus que la panique, telle qu’exprimée par Burns au Sénat, mêlée à l’impuissance à comprendre une «culture guerrière différente» telle que celle de la Russie : «Ils n’ont tout simplement pas de points de référence».
Et pourtant, ils choisissent la guerre, comme l’a magistralement analysé Rostislav Ishchenko.
Alors même que le festin d’acronymes de la CIA et de 17 autres agences de renseignement américaines a conclu, dans un rapport présenté au Congrès en début de semaine, que la Russie cherche «presque certainement» à éviter un conflit militaire direct avec l’OTAN et qu’elle étalonnera ses politiques pour éviter une guerre mondiale.
Après tout, l’Empire du Chaos ne connaît que des guerres sans fin. Et nous sommes tous au milieu d’un cas de «faire ou mourir». L’Empire ne peut tout simplement pas se permettre l’humiliation cosmique de l’OTAN en Novorossia.
Pourtant, chaque «plan» – genre Taurus sur la Crimée – est un bluff. La Russie sait qu’il est question de bluff après bluff. Les cartes occidentales sont désormais toutes sur la table. La seule question est de savoir quand, et avec quelle rapidité, la Russie suivra le bluff.
J’ai beaucoup écrit et publié sur la Fin de l’Histoire. La notion est aristocratique : Chateaubriand, Tocqueville et Poe qui abominait la démocratie (voyez ses Entretiens avec une momie). J’ai enfin trouvé la correspondance de Tocqueville et Gobineau, qui évoquent tous les deux ce point expliqué au même moment par le mathématicien et historien Cournot. Le Second Empire c’est la prostration de notre histoire : étatisme, malthusianisme, chauvinisme et consumérisme. Rappelons que pour Francis Fukuyama la Fin de l’Histoire c’est stricto sensu la fabrication du bourgeois.
Arthur de Gobineau a travaillé jeune sous les ordres de Tocqueville. Ce dernier abomine ses théories mais le rejoint dans une certaine dimension, comme on verra tout à l’heure. Il écrit le 11 octobre 1853 :
« Je ne vous ai jamais caché, du reste, que j’avais un grand préjugé contre ce qui me paraît votre idée mère, laquelle me semble, je l’avoue, appartenir à la famille des théories matérialistes et en être même un des plus dangereux membres, puisque c’est la fatalité de la constitution appliquée non plus à l’individu seulement, mais à ces collections d’individus qu’on nomme des races et qui vivent toujours. »
Sur le racisme il dénonce un risque matérialiste et note le 17 novembre 1853 :
« Ainsi, vous parlez sans cesse de races qui se régénèrent ou se détériorent, qui prennent ou quittent des capacités sociales qu’elles n’avaient pas par une infusion de sang différent, je crois que ce sont vos propres expressions. Cette prédestination-là me paraît, je vous l’avouerai, cousine du pur matérialisme… »
En bon visionnaire humaniste, il pressent une doctrine horrible et dangereuse :
« Encore, si votre doctrine, sans être mieux établie que la leur, était plus utile à l’humanité ! Mais c’est évidemment le contraire. Quel intérêt peut-il y avoir à persuader à des peuples lâches qui vivent dans la barbarie, dans la mollesse ou dans la servitude, qu’étant tels de par la nature de leur race il n’y a rien à faire pour améliorer leur condition, changer leurs mœurs ou modifier leur gouvernement ? Ne voyez-vous pas que de votre doctrine sortent naturellement tous les maux que l’inégalité permanente enfante, l’orgueil, la violence, le mépris du semblable, la tyrannie et l’abjection sous toutes ses formes ? »
Tocqueville, 14 janvier 1857, écrira encore sur ce racisme honni par le christianisme :
« Le christianisme a évidemment tendu à faire de tous les hommes des frères et des égaux. Votre doctrine en fait tout au plus des cousins dont le père commun n’est qu’au ciel ; ici-bas, il n’y a que des vainqueurs et des vaincus, des maîtres et des esclaves par droit de naissance, et cela est si vrai que vos doctrines sont approuvées, citées, commentées, par qui ? par les propriétaires de nègres et en faveur de la servitude éternelle qui se fonde sur la différence radicale de la race.
Je sais que, à l’heure qu’il est, il y a dans les Etats-Unis du Sud des prêtres chrétiens et peut-être de bons prêtres (propriétaires d’esclaves pourtant) qui prêchent en chaire des doctrines qui, sans doute, sont analogues aux vôtres. »
Et, comme s’il annonçait Vatican II : « le gros des chrétiens ne peut pas éprouver la moindre sympathie pour vos doctrines. »
Mais il y a des accointances entre les deux esprits : la fatigue du monde. Tocqueville donc reprend son approche pessimiste et triste (le troupeau, la puissance tutélaire et douce) ; et cela donne un certain 20 décembre 1853 :
« Le siècle dernier avait une confiance exagérée et un peu puérile dans la puissance que l’homme exerçait sur lui-même et dans celle des peuples sur leur destinée. C’était l’erreur du temps ; noble erreur après tout, qui, si elle a fait commettre bien des sottises, a fait faire de bien grandes choses, à côté desquelles la postérité nous trouvera très petits. La fatigue des révolutions, l’ennui des émotions, l’avortement de tant d’idées généreuses et de tant de vastes espérances nous ont précipités maintenant dans l’excès opposé. »
Le monde est déjà fatigué ; idée essentielle chez Gobineau qui recherche une explication raciale (on la retrouve chez Gunther). Mais Ibn Khaldun avait déjà tout dit, et cent fois mieux, sur le sujet : voyez mes trois textes sur le maître de Tunis et celui sur Glubb. Tocqueville et la fatigue des enfants du siècle :
« …Nous croyons aujourd’hui ne pouvoir rien et nous aimons à croire que la lutte et l’effort sont désormais inutiles et que notre sang, nos muscles et nos nerfs seront toujours plus forts que notre volonté et notre vertu. C’est proprement la grande maladie du temps, maladie tout opposée à celle de nos parents. »
15 octobre 1854 : la parole est à Gobineau, qui évoque comme Musset cette lassitude du monde (qu’on retrouve chez Maurice Joly…) :
« Ensuite, je suis si convaincu que l’hébétement actuel des esprits est, d’une part, universel, dans tous les pays, de l’autre sans remède, sans ressource et en croissance indéfinie, qu’il n’y a, pour moi, que deux partis à prendre, ou me jeter à l’eau, ou suivre mon chemin sans m’occuper nullement de ce qu’on appelle l’opinion publique. Je me suis arrêté au second point et ne prends souci que de quelques centaines d’esprits qui se tiennent encore vivants au-dessus de l’atonie générale. »
Le moins qu’on puisse est que cet oublié a fait du bruit ensuite, et que les décadents occidentaux se sont bien ranimés dans la première moitié du siècle suivant…
Tocqueville taquine son subordonné alors :
« Vous voilà au cœur du monde asiatique et musulman ; je serais bien curieux de savoir à quoi vous attribuez la rapide et en apparence inarrêtable décadence de toutes les races que vous venez de traverser, décadence qui a déjà livré une partie et les livrera toutes à la domination de notre petite Europe qu’elles ont fait tant trembler autrefois. Où est le ver qui ronge ce grand corps ? Les Turcs sont des soudards… (13 novembre 1855). »
Gobineau adore Téhéran (où il est en poste) et ces Persans (derniers aryens pêchus avec nos afghans ?) qui donnent depuis Montesquieu tant de fil à retordre à nos thalassocraties occidentales. Et le 20 Mars 1856 Gobineau prend sa revanche :
« Allez tourmenter les Chinois chez eux, achevez la Turquie, entraînez la Perse dans votre mouvement, tout cela est possible, bien plus, inévitable. Je n’y contredis pas, mais, au bout de compte, les causes de votre énervement s’accumulent et s’accumuleront par toutes ces actions mêmes et il n’y a plus personne au monde pour vous remplacer quand votre dégénération sera complète. »
Dans une longue et belle missive (30 juillet 1856) Tocqueville retourne à sa mélancolie : c’est la fin des forces de l’Esprit…
« Vous vous plaignez avec raison du silence qu’on garde en France sur votre livre. Mais vous auriez tort de vous en affecter, car la raison principale naît de causes très générales que je vous ai déjà indiquées, et qui ne sont pas de nature à vous diminuer personnellement en rien. Il n’y a place aujourd’hui en France à aucune attention durable et vive pour une œuvre quelconque de l’esprit. Notre tempérament, qui a été si littéraire, pendant deux siècles surtout, achève de subir une transformation complète qui tient à la lassitude, au désenchantement, au dégoût des idées, à l’amour du fait et enfin aux institutions politiques qui pèsent comme un puissant soporifique sur les intelligences. »
On est déjà sous la Ve république :
« La classe qui en réalité gouverne, ne lit point et ne sait pas même le nom des auteurs ; la littérature a donc entièrement cessé de jouer un rôle dans la politique, et cela l’a dégradée aux yeux de la foule. »
Mais Tocqueville (quel voyant tout de même) voit quel peuple va lire et aimer Gobineau :
« Les Allemands, qui ont seuls en Europe la particularité de se passionner pour ce qu’ils regardent comme la vérité abstraite, sans s’occuper de ses conséquences pratiques, les Allemands peuvent vous fournir un auditoire véritablement favorable, et dont les opinions auront tôt ou tard du retentissement eu France, parce que de nos jours tout le monde civilisé ne forme qu’un pays. Chez les Anglais et les Américains, si on s’occupe de vous, ce sera dans des vues éphémères de parti. »
En Amérique Gobineau aura ses partisans ; parce que, lui explique le Maître :
« C’est ainsi que les Américains dont vous me parlez et qui vous ont traduit me sont très connus comme des chefs très ardents du parti antiabolitionniste. »
Enfin une lettre géniale de Gobineau, qui annonce Guénon et son Autorité spirituelle et pouvoir temporel. Gobineau écrit :
« Vous avez admirablement montré que la révolution française n’avait rien inventé et que ses amis comme ses ennemis ont également tort de lui attribuer le retour à la loi romaine, la centralisation, le gouvernement des comités, l’absorption des droits privés dans le droit unique de l’État, que sais-je encore ? L’omnipotence du pouvoir individuel ou multiple, et ce qui est pire, la conviction générale que tout cela est bien et qu’il n’y a rien de mieux. Vous avez très bien dit que la notion de l’utilité publique qui peut du jour au lendemain mettre chacun hors de sa maison, parce que l’ingénieur le veut, tout le monde trouvant cela très naturel, et considérant, républicain ou monarchique, cette monstruosité comme de droit social, vous avez très bien dit qu’elle était de beaucoup antérieure à 89 et, de plus, vous l’avez si solidement prouvé, qu’il est impossible aujourd’hui, après vous, de refaire les histoires de la révolution comme on les a faites jusqu’à présent. Bref, on finira par convenir que le père des révolutionnaires et des destructeurs fut Philippe le Bel. »
Qui dit mieux ? La montée de l’Etat, du bourgeois de Taine et de cette classe moyenne honnie par Guénon tancées en une seule phrase !
Gobineau lit le livre de Tocqueville sur l’Ancien régime et la révolution (ô France sinistre, voyez mon coq hérétique) ; voici ses commentaires cruels :
« Il y a d’ailleurs, je l’avoue, quelque chose d’assez vil dans cette assemblée qui avait applaudi aux premières violences, à cette sotte comédie de la prise de la Bastille, à ces premiers massacres, à ces incendies de châteaux, pensant que tout cela ne l’atteindrait pas, et simplement parce qu’elle n’avait pas prévu que l’on couperait aussi la tête à ses membres. Vous pensez qu’on peut qualifier le mal qu’elle a fait du nom d’erreurs généreuses ? Pourquoi généreuses ? Je hais certainement plus les Montagnards que les Constituants, mais je ne sais s’ils méritent davantage le mépris, et quant aux Girondins, j’en suis sûr. »
Et il résume, assez génialement je dois dire, le présent perpétuel des Français (Lettre de Téhéran, le 29 novembre 1856) :
« Un peuple qui, avec la République, le gouvernement représentatif ou l’Empire, conservera toujours pieusement un amour immodéré pour l’intervention de l’Etat en toutes ses affaires, pour la gendarmerie, pour l’obéissance passive au collecteur, au (illisible), à l’ingénieur, qui ne comprend plus l’administration municipale, et pour qui la centralisation absolue et sans réplique est le dernier mot du bien, ce peuple-là, non seulement n’aura jamais d’institutions libres, mais ne comprendra même jamais ce que c’est. Au fond, il aura toujours le même gouvernement sous différents noms…
Tocqueville résume alors la France moderne (16 septembre 1858) :
« Voilà ce qui m’attriste et ce qui m’inquiète, parce que le fait est nouveau et que, par conséquent, il est impossible encore de prévoir quelle sera sa durée. Il tient, je crois, en partie à l’extrême fatigue des âmes et aux nuages qui remplissent et alanguissent tous les esprits. Il faut de fortes haines, d’ardents amours, de grandes espérances et de puissantes convictions pour mettre l’intelligence humaine en mouvement et, pour le quart d’heure, on ne croit rien fortement, on n’aime rien, on ne hait rien et on n’espère rien que de gagner à la Bourse. »
Cela tombe bien, le CAC40 remonte et la presse est contente du prince-président.
Soyons ironiques pour terminer. Voici ce que Tocqueville écrit du métis dans ses Quinze jours dans le désert (un des textes les plus beaux qui soient ; on y reviendra) :
« Enfant des deux races, élevé dans l’usage de deux langues, nourri dans des croyances diverses et bercé dans des préjugés contraires, le métis forme un composé aussi inexplicable aux autres qu’à lui-même. Les images du monde, lorsqu’elles viennent se réfléchir sur son cerveau grossier, ne lui apparaissent que comme un chaos inextricable, dont son esprit ne saurait sortir. Fier de son origine européenne, il méprise le désert, et pourtant il aime la liberté sauvage qui y règne; il admire la civilisation, et ne peut complètement se soumettre à son empire. Ses goûts sont en contradiction avec ses idées, ses opinions avec ses mœurs. Ne sachant comment se guider au jour incertain qui l’éclaire, son âme se débat péniblement dans les langes d’un doute universel : il adopte des usages opposés, il prie à deux autels, il croit au rédempteur du monde et aux amulettes du jongleur, et il arrive au bout de sa carrière sans avoir pu débrouiller le problème obscur de son existence. »
Ce métis, c’est notre petit français postmoderne, non ?
https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_entre_Alexis_de_Tocqueville_et_Arthur_de_Gobineau/02
https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_entre_Alexis_de_Tocqueville_et_Arthur_de_Gobineau/01
http://www.dedefensa.org/article/ibn-khaldun-et-le-modele-arabe-de-la-liberte-1
https://www.dedefensa.org/article/sir-john-glubb-et-la-decadence-imperiale
https://www.dedefensa.org/article/maurice-joly-et-le-gouvernement-par-le-chaos-vers-1864
• Désignons-le comme “le clown de guerre” avec son Nez-Rouge, ou bien encore McMacron, l’homme de la “stratégie de l’écrevisse”. • Il y a trois jours, Macron allait dévorer tout cru la puissante Russie grâce à une habile manœuvre d’un corps expéditionnaire de 15 000 hommes. • Il y a deux jours, il se réfugie dans des imprécations venues de l’Olympe et l’on verra plus tard. • Entretremps, il voit Scholz et tout va bien. • Le clown au Nez-Rouge a tant de maître qu’il ne sait plus qui flatter. • Même des yankees-black s’intéressent au sexe de Brigitte.
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Jeudi devait être une grande journée, couronnée dans la soirée par un “discours de Guerre” du type 18-juin certifié du président Macron (nom de code/de guerre : McMacron), et adressé au peuple français certifié “aux armes, citoyens”. Alexander Mercouris, – nous allons lui laisser une place importante dans ce texte, – l’attendait avec impatience et, dans la matinée de ce jeudi, avait tenté de l’anticiper dans son programme, en même temps qu’il parlait d’une intervention de Poutine qui est bien entendu passée totalement inaperçue dans nos étranges cintrées.
Hier matin, il put donc développer à loisir son jugement et ses critiques que certains, tel le citoyen Malhuret, jugent en général exagérées... Le plus étrange dans cette intervention est bien que, dans les premières minutes, Mercouris rappela, en beaucoup plus appuyé une partie de ce qu’il disait le jour précédent, semblant ainsi nous dire que le plus important se trouvait là, hier et pas aujourd’hui, et pas chez Macron mais chez Poutine !
« Hier en début d’après-midi, j’attendais que le président Macron annoncerait [dans son discours du soir] le déploiement de forces françaises et, dans cet intervalle, je discutais du très puissant et même terrifiant interview que le président Poutine avait donné au journaliste Sergei Kiselov, où Poutine disait de la façon absolument la plus claire que si des troupes françaises, européennes ou de l’OTAN entraient en Ukraine, pour ce qui concernerait les Russes elles seraient considérées comme des ennemis combattants, et même des envahisseurs, et traitées comme tels.. Poutine retourna même la formule de Macron contre ce dernier ; Macron disant qu’il était temps pour l’Ouest de ne plus considérer la moindre “ligne rouge” contre la Russie, la Russie de son côté considérerait qu’il n’existait plus aucune “ligne rouge” contre l’Ouest....
» C’est-à-dire que le discours de Poutine fut extraordinairement dur, là où il ne manqua pas de rappeler que la Russie était une puissance nucléaire, et la plus puissante et la plus moderne du monde, et qu’elle n’hésiterait pas à en user si elle estimait que la bataille était existentielle pour elle. A un autre moment, Poutine dit que la différence fondamentale entre la France et les autres puissances européennes et la Russie était que le but des Occidentaux était stratégiques, pour obtenir une meilleure position géostratégique, tandis que pour les Russes c’était une question de vie ou de mort... »
Et tout cela, un peu avant de passer au discours de Macron que nous attendions, où Macron devait annoncer exactement les choses à propos desquelles Poutine avaient lancé un avertissement si terrifiant. Mercouris nous avisa enfin que cette solennelle allocution qui ne vint jamais dans la forme nécessaire et attendue avait été transformée, après un certain délai, en l’annonce d’une conférence de presse qui dura en tout et pour tout trente minutes. Et Mercouris de commenter
« Franchement, pour ce qui me concerne, ce fut un exercice de la confusion la plus complète qu’on puisse imaginer. »
Ce fut donc du Macron standard : le discours annoncé se transformant en une conférence de presse de 30 minutes au cours de laquelle le minibus français roula quelques mécaniques, déroula ses exigences dans le style de Zelenski et nous donna enfin l’impression de cette immense confusion dont parle Mercouris, celle qui est du type “Mais qu’on me retienne, à la fin ! Sinon, je fais une colère de dingue et Poutine peut faire ses bagages”. Il reste donc surtout ceci : le programme d’invasion-éclair de l’Ukraine chapardée par les vandales-Russes reste pour l’instant en suspens et en paroles, bien rangée dans la commode Louis-XV dont on a perdu les clefs
Entretemps, Sa Majesté s ‘était précipitée à Berlin pour voir l’Empereur Scholz et son valet de pied, le Polonais Tusk (celui-ci avait laissé de côté le ministre Sikorski qui fait un peu désordre avec sa mine de neocon et sa gueule de Jack La Motta après 15 rounds). Tout cela permit de confirmer que l’heure de l’attaque n’était pas encore fixée et qu’il n’était pas question de faire la guerre à la Russie, – quel soulagement pour elle, ça c’est sûr.
Il est difficile d’en dire plus sur cet épisode, pour ce qui concerne Macron sinon que, face au terrifiant sérieux de Poutine et au poids qu’il pèse réellement (un chef d’État, un vrai, ça impressionne, même un clown au Nez-Rouge), Mercouris ne sait plus exactement s’il faut rire ou pleurer. Bien entendu, un silence glacial ou apeuré, c’est selon, a accueilli les propos d’une dureté incroyable de Poutine dans la presseSystème française. On sent bien que les Russes ne plaisantent pas alors que les culbutes du “clown de guerre” sont tout de même beaucoup plus amusantes à décrire, tant que l’on a de la difficulté à penser que cela concerne sérieusement des spectacles où l’on tire des vrais coups de feu avec partout des explosions qui blessent et qui tuent.
Puisqu’il faut chercher un commentaire sérieux hors des frontières médiatiques françaises gardées par les barreaux impitoyables de l’exquise bonne-bienpensance, après Mercouris on consultera ‘Spoutnik’ qui a trouvé un colonel bel et bien français, quoique à la retraite vu ses jugements, pour nous donner son avis sur le président-clown durant cet épisode si semblable à tous les autres : “en même temps”, un pas en avant, deux pas en arrière, – la stratégie ambiguë de l’écrevisse.
« Le Président français va de revers en revers après ses propos sur l'envoi de troupes européennes en Ukraine et ne sait plus sur quel pied danser, a déclaré à Sputnik Afrique Alain Corvez, ancien colonel de l'armée française.
» Emmanuel Macron se sert du conflit en Ukraine pour masquer les problèmes intérieurs, il “sait bien que de nombreux Français ne sont pas d'accord avec sa politique”...
» “Son projet c'est de devenir le premier Président d'une Europe supranationale qui aurait détruit les nations et qui aurait une structure fédérale. Et donc toute sa démarche est de se présenter comme le meilleur européen susceptible de remplir cette mission”, a indiqué M.Corvez. Mais devant les hésitations de ses partenaires européens, il n'hésite pas à changer son discours sur l'envoi de troupes, comme le prouve sa dernière allocution.
» “Le Président, dans son entretien, n'est pas revenu sur ces déclarations de l'envoi de troupes en Ukraine, qui avaient soulevé un tollé dans l'ensemble de l'Europe et de l'Otan […]. Donc il n'a pas repris la même rhétorique, mais néanmoins, vous avez vu la façon elliptique qu'il a eu de parler”, souligne le haut gradé.
» L'état de l'armée française rend irréaliste un conflit avec la Russie. “Nous ne sommes pas préparés à un conflit avec la Russie, qui est une grande puissance nucléaire. Nous, nous n'avons plus qu'un corps de bataille réduit et qui n'est pas en mesure de mener une guerre de plus d'un ou deux jours", souligne-t-il.
» Les propos de Macron sur l'envoi de troupes en Ukraine vont aussi à l'encontre de la doctrine française en vigueur depuis le général de Gaulle, explique encore Alain Corvez. Celle-ci est fondée sur la dissuasion, notamment nucléaire, et non sur l'agression.
» “La doctrine française depuis le général de Gaulle est que nous ne voulons attaquer personne et que nous souhaitons que personne ne nous attaque. Le concept de base, c'est la dissuasion. Or, les propos du Président Macron sortent complètement de cette doctrine. Il s'égare complètement”, affirme l'ex-colonel. »
Que nous reste-t-il alors pour mettre un peu d’animation originale autour du clown de guerre ? Eh bien, il nous reste Candace Owens et le mythe grandiose du trans évoluant et papillonnant autour de son clown bien-aimé. C’est dans ‘La Matinale’ de Florence Houdiakova du 14 mars que l’on eut l’écho le plus fort d’une grande nouvelle venue d’outre-Atlantique.
Candace Owens, noire, trumpiste conservatrice acharnée et très populaire comme représentante célèbre de la fraction de la communauté africaine-américaine qui se range de plus en plus nombreuse du côté de Trump (22% contre 7% en 2016, selon les sondages), a sorti sur son podcast deux épisodes consacrés au statut sexuel de la femme du président, dont on sait, ou dont on dit, ou dont on chuchote enfin, qu’il est fort trouble et incertain. Les Français peuvent donc être satisfaits : les petites affaires de l’en-dessous du lit du président, de ce point de vue de ce personnage fort original, très Woke et hyper-postmoderne, un vrai transhumain humaniste – ont enfin atteint la notoriété de la toile chez nos parrains et protecteurs américains.
Il faut dire qu’Owens n’a peut-être pas fait ça par hasard, sinon par le biais du dossier que Trump affirme avoir sur le président Macron. Cela signifierait que Macron risque d’avoir de solides problèmes si Trump (re)vient au pouvoir, car le monde politique aux USA ne fait pas de cadeaux dans ces domaines de la rumeur publique répandue par le courant de l’internet, des podcast et des réseaux sociaux. Le candidat républicain, par contraste avec 2016, a une troupe sérieuse d’influenceurs, et surtout d’influenceuses particulièrement pétroleuses, agissant sur l’internet et extrêmement rompues à la polémique, régulièrement alimentées en informations qu’il peut être utile de dispenser.
Dans tous les cas le ‘Candace Owens podcast’ a sorti, à deux jours d’intervalle (11 et 13 mars), deux sujets sur les tribulations de Brigitte Macron (« MEDIA MELTDOWN! France’s First Lady EXPOSED ») :
• Le 11 mars, avec 1, 2 millions de vues.
• Le 13 mars, avec 627 000 vues.
Ce n’est rien qu’un peu d’“écume des jours” et des cabrioles du clown de guerre tournant comme une toupie sur son Nez-Rouge. Mais le labyrinthe sexuel de Brigitte Macron est-il vraiment moins important que le plan d’Emmanuel pour mettre KO la Russie ? Dans l’époque étrange que nous vivons, nul ne pourrait le jurer, nous sommes plusieurs à le jurer..
Comme l’on voit, il est bien vrai comme Poutine l’affirme, et nous avec lui, que les problèmes sociétaux de type LTBGQ sont absolument proches de la guerre en Ukraine. Tout ça, c’est le même bazar, avec un clown de guerre au milieu de la piste, le Monsieur Loyal au sexe en format Nez-Rouge.
Mis en ligne le 16 mars 2024 à 17H35
15 mars 2024 (15H20) — Il serait assez remarquable que les Houthis disposassent dans leur arsenal étonnamment fourni, d’armes hypersoniques dont nous jugeons depuis un certain temps qu’elles constituent un apport révolutionnaire à la grande stratégie mondiale et à la dissuasion stratégique, – qui n’a même plus besoin d’être nécessairement nucléaire, qui va apprendre avec ce type d’engins à devenir d’usage commun mais très profond, – sauf en Occident où l’on continue à pédaler dans une abondante semoule pour en fabriquer.
Cela constituerait une assez belle leçon de choses pour les cohortes rutilantes d’experts occidentaux qui, depuis 1945, font de ces domaines de haute stratégie réservé aux plus hautes intelligences et aux plus fortes responsabilités, la réserve ultime de ce qui est en vérité (je me répète un peu) un super-domaine super-réservé à eux-mêmes exclusivement. L’intelligence occidentale, celle qui éclaire le monde au néon des annonces publicitaires, serait laissé à ses jeux de fesses pédophiles et jeux de genre d’entrejambes, et à ses représentations sataniques bien entendu, mais plus du tout à la très-grande stratégie qui fait trembler le monde.
Ce serait drôle, à la fois comme une drôle de guerre et comme une drôle de gueule, – et pourquoi pas, comme un drôle de ‘Requiem-pour-un-con’ ? Mais pour qui, grands dieux, se prennent donc ses Houthis-là ? Jamais entendu parler, moi, de ‘Houthis Lives Matter’ bien dans la ligne du Parti pourtant, et je me demande si le très-vif et très actif Soros que l’on voit encore skier sur les pentes de Davos est au courant.
Bien, la nouvelle est claire : les Houthis sont sur le point d’avoir, s’ils n’ont déjà des missiles hypersoniques. Ils l’ont annoncé et l’on sait, depuis quelques temps pour les esprits vifs, que les terroristes et les groupes autonomes et guerriers ne mentent guère, le mensonge-simulacre étant désormais réservé aux autorités légales, gouvernants, philosophes et généraux de plateaux, fonctionnaires internationaux de l’Occident-bobardif.
« La source de Spoutnik a indiqué que le nouveau missile Houthi peut accélérer jusqu’à Mach 8 (près de 10 000 km/h) et qu’il est propulsé par un moteur à combustible solide – ce qui réduit généralement rapidement le temps de préparation du lancement et facilite le transport.
» “Le Yémen a l'intention de commencer à le fabriquer pour l'utiliser lors d'attaques dans les mers Rouge et d'Oman et dans le golfe d'Aden, ainsi que contre des cibles en Israël”, a déclaré la source, qui n'était pas autorisée à s'exprimer publiquement en raison de la nature sensible de l'affaire. informations. »
D’une source l’autre, l’on passe à une déclaration officielle qui permet ainsi de légitimer l’affirmation et de donner à l’avertissement ainsi lancé aux puissantes armadas américanistes-occidentalistes un signal qu’aucun de leur très-sophistiqués radars ne manquera pas d’identifier et de méditer.
« “Nos ennemis, nos amis et notre peuple connaîtront un niveau de réussite d'importance stratégique qui placera notre pays et ses capacités au rang de rares pays dans ce monde”, a déclaré le leader houthi Abdul-Malik al-Houthi dans un discours prononcé en dernier lieu. Jeudi, ajoutant qu’Ansar Allah réserve des “surprises” aux États-Unis et à Israël. »
Les Houthis sont en général très fiers de leurs capacités à développer des armes sophistiquées très avancées. Ils affirment les produire eux-mêmes et réfutent les analystes futées et toujours bien informées des hyper-experts occidentaux qui affirment qu’ils reçoivent une aide considérable des Iraniens. C’est ce que dirent ces mêmes experts lorsque les Iraniens commencèrent à produire leurs propres armes sophistiquées il y a une quinzaine d’années, affirmant que les susdits ne faisaient que profiter de l’aide technologique des Russes ; en même temps, ces experts moquaient le niveau extrêmement bas de la technologie russe et ne s’étonnent aujourd’hui nullement de s’entendre eux-mêmes affirmer que les Russes achètent des drones aux Iraniens parce qu’ils sont les meilleurs du monde. Que ceux qui ne voient pas la contradiction nous écrivent, je leur répondrais fort aimablement.
Note de PhG-Bis : « On se fera un délice de leur rappeler l’ébahissement silencieux et pourtant partout entendu des biffins US et de leurs généraux lorsqu’ils reçurent une dégelé de missiles iraniens incroyablement bien ciblés sur leurs diverses base irakiennes après l’assassinat de général Soleimani en janvier 2020. Personne n’aurait imaginé les Iraniens capables de développer de tels engins, y compris leurs amis russes qui leur adressèrent moult félicitations officieuses tandis que l’US Army rapatriaient dans les hôpitaux de Ramstein et dans le plus grand secret à la fois, des dizaines de soldats complètement sonnés par les tirs et que l’on remarquaient que les ‘Patriot’, par ailleurs au repos, avaient aimablement laissé passer les pruneaux postaux iraniens. »
Les gens de ‘Spoutnik’ ont fait un bon papier sur ces attaques et ont développé une évaluation des capacités que les missiles hypersoniques vont donner aux Houthis par rapport à la flotte américano-anglo-bruxellois qui parade dans les parages en tirant allègrement et sans aucun effet des missiles à plusieurs $millions chacun. Ils font appel à quelques spécialistes russes pour un avis circonstancié et il se trouve que, depuis quelques années, depuis deux ans surtout, on a tendance à écouter les commentateurs russes.
Je remarque tout de même, ingénument, qu’il semble bien que dans une telle situation hypothétique, tous nos vaillants matafs ne savent pas vraiment comment faire. Ils des demandent comment ils vont faire pour arrêter des missiles qu’on ne peut pas arrêter. Il y a certains esprits habiles et agiles qui se disent qu’on pourrait bien lancer une bombe nucléaire tactique, comme ça, pour marquer le coup. Ce serait intelligent, n’est-ce pas, comme une sorte de triomphe-suite de la civilisation américaniste-occidentaliste... Encore ce Gainsbourg avec son obsédant ‘Requiem-pour-un-con’ qui pourrait s’appliquer à une civilisation transgenrée en personnage prétendument masculin de la tragédie-bouffe.
Quoi qu’il en soit, voici les commentaires des Russes, ces détestables personnages évoluant dans la honte de l’histoire contemporaine.
« “Si les Houthis ont réellement réussi à accélérer un missile jusqu'à Mach 8, cela signifiera que les systèmes de défense aérienne embarqués du groupe naval américain seront impuissants", explique l'observateur militaire russe chevronné Alexeï Leonkov.
» “Les défenses aériennes du groupe aéronaval actuellement stationné au large des côtes de la péninsule arabique et tirant sporadiquement sur les Houthis ne seront pas en mesure d'intercepter ces missiles s'ils s'approchent à Mach 8. Et si les Houthis ont réussi à leur donner ne serait-ce qu'un peu de maniabilité pour varier leur course, alors ça y est, ils ne pourront pas être interceptés. Si les Houthis apprennent à frapper avec précision les navires de guerre avec ces missiles, nous assisterons à la défaite de l’Amérique”, a déclaré Leonkov à Sputnik. [...]
» “S’ils commencent à utiliser de tels missiles pour attaquer des navires, des navires de guerre, le résultat sera dévastateur. La manière dont les États-Unis réagiront est bien entendu une question ouverte”, a déclaré Leonkov, avertissant qu’il ne pouvait rien exclure – même un recours désespéré aux armes nucléaires tactiques. Il est inquiétant de constater que la dernière révision de la posture nucléaire des États-Unis, en 2022, n’a pas interdit au président de lancer une première frappe nucléaire, même contre des adversaires non dotés de l’arme nucléaire.
» “Pour que les Américains commencent à réfléchir à l’utilisation d’une arme de dernier recours contre les Houthis, il faudrait qu’ils coulent un porte-avions américain”, a déclaré l’observateur. “Les Houthis font les choses progressivement. Ils ont commencé avec les navires commerciaux et n’ont presque pas touché aux navires de guerre. Puis les navires de guerre ont commencé à intercepter les roquettes lancées sur eux. Si les Houthis se dotent d'un missile antinavire hypersonique, d'une fusée volant à des vitesses hypersoniques, le résultat pourrait être très différent”, a résumé Leonkov. »
En acceptant les hypothèses qu’effectivement les Houthis vont produire ou produisent déjà des armes hypersoniques, comme les Iraniens l’ont déjà fait, alors qu’aucun pays américaniste-occidentaliste n’a encore été capable de faire, on justifie absolument la qualification de “révolutionnaire”. Cette “révolution” existait déjà avec les Iraniens mais elle prend tout son sens avec les Houthis, beaucoup moins puissants que les Iraniens, beaucoup plus une communauté qu’un pays et en plein affrontement avec l’Occident-poussif, dans un afffrointemebnt où de telles armes ont sacrément leur rôle à jouer.
Une réaction nucléaire des USA, comme l’envisage Leonkov, serait quasiment une folie sans le moindre avantage. Son efficacité opérationnelle serait douteuse, à moins d’utiliser un fort mégatonnage qui toucherait les pays environnants et lancerait une guerre dont nul ne saurait jusqu’où elle pourrait s’étendre. Elle ferait des USA les premiers utilisateurs (une fois de plus) du nucléaire dans un conflit, attirant sur eux une réprobation générale, et amènerait sans aucun doute l’intervention de puissances extérieures, dont certaines nucléaires. Les USA seraient coincés et acculés peu ou prou à une alternative entre la défaite et le quasi-suicide d’une guerre sans aucun contrôle.
Toutes ces possibilités catastrophiques, venant au plus haut échelon de la puissance qui était jusqu’ici le domaine quasi exclusif des deux superpuissances, USA et URSS venus de la Guerre froide, déclenchées par cette sorte de “moustique global” que sont, en termes de puissance brute, les Houtis ! Et l’on n’emploierait pas le terme de révolution ? Jamais, au grand jamais, il ne fut plus approprié.
Il s’agirait d’un véritable hold-up lancé sur la dissuasion nucléaire , hold-up réussie, dont les USA seraient les otages à moins de décider purement et simplement de rentrer chez eux. Il est rarissime, sinon totalement inédit, de se trouver devant une situation crisique si complètement incompatible avec le peu de stabilité qui demeure au plus haut niveau de la dissuasion globale, et cela à partir d’un affrontement bancal, né d’une autre situation crisique (Israël-Palestine) si complètement caractérisée par l’illégalité, l’inconséquence, la brutalité totale pour des objectifs absurdes et absurdement justifiés. Offrir une telle “révolution” affectant la dissuasion dans de telles conditions permet de mesurer à quel niveau d’incontrôlabilité chaotique sont tombées les relations internationales.
La responsabilité de tels développements repose entièrement sur le bloc-BAO, qui ne cesse d’accumuler les erreurs, les errements, les actions contre-productives, les actes d’illégalité internationales qui lui interdisent d’affirmer une quelconque autorité. Ce sont des pirates dans tous le sens du terme, et ouvrant ainsi la voie à une action constructive d’une force qui aurait dû être normalement mis dans position subalterne.
Les Houthis sont ainsi amenés à mettre en place les fondements d’une révolution de la dissuasion générale sans l’avoir voulu précisément. C’est ainsi que se forment et se font les véritables révolution, sans nécessité d’idéologie ni de meneurs révolutionnaires. Simplement, la révolution se met en place d’elle-même et il en naît une situation complètement nouvelle dont nous mesurerons plus tard l’importance. Certains montreront de l’étonnement, certains n’y comprendront rien et changeront de métier.
Après quelques mois d’un plus grand intérêt, on n’a plus guère de Robert Fitzgerald Kennedy Junior (RFK Jr.), fils de Robert Kennedy assassiné en juin 1968 (avec peut-être une renouveau ces jours-ci ?). On n’a pas raison pour autant, car il pourrait jouer un rôle important qui ne se mesurerait pas en hypothèses de qui sera élu et qui ne le sera pas, mais plutôt dans ce que serait son rôle si l’élection aboutissait à une impasse au niveau des Grands Électeurs. (On sait qu’un président n’est pas élu par votes populaires mais par le vote des Grands Électeurs de ce qui est nommé le Collège Électoral désignés par les votes populaires, – et il faut en avoir au moins 270+1 pour l’emporter).
Un texte récent, du 11 février de Pippa Malmgren sur le site ‘Unherd’ (via Bruno Bertez en français, repris par ‘Réseau International’) nous explique comment cette situation inédite pourrait faire resurgir RFK, même sans résultat électoral notable, dans un rôle essentiel. Malmgren nous explique divers aspects de cette situation qu’on retrouve dans son texte en entier. Pour ce qui nous concerne dans l’immédiat qui est le complet bouleversement des techniques de vote qui ne dépendent plus des habituelles méthodes de promotion et de présence médiatiques classiques, elle explique ceci qui expose les révolutions successives qui se sont succédées à une vitesse extrêmement rapide dans la technique du vote :
« ... [N]ous analysons toujours 2024 à travers les cadres de 2020 et 2016. Nous aimons prédire l’avenir en regardant dans le rétroviseur. Mais il existe une meilleure façon de comprendre ce qui se passe. La technologie joue un rôle énorme dans la définition de la présidence. La façon dont nous observons la course détermine qui va gagner. Bill Clinton et George W. Bush ont été les derniers présidents à avoir gagné à la télévision. Obama a gagné sur YouTube à une époque où peu de gens comprenaient ce que le site Web pouvait faire. Trump a mobilisé une campagne sur Twitter alors que la plateforme était encore une nouveauté pour la plupart des Américains. Aujourd’hui, le champ de bataille médiatique a encore changé, la plupart des jeunes électeurs ne regardant plus les médias grand public et s’appuyant plutôt sur des plateformes alternatives telles que Joe Rogan. Son interview en podcast avec Kennedy a été vue en direct par 30 millions de personnes, éclipsant ainsi le grand public. En comparaison, moins de 10 millions de personnes ont regardé le deuxième débat républicain à la télévision. Nous assistons à la première présidence du podcast, avec Instagram dans un rôle de soutien. Ce sont les meilleures façons de suivre cette course. “Nous assistons à la première présidence podcast”. »
Donc, par ailleurs, Malmgren nous a indiqué les diverses situations possibles, dont celle d’une impasse par absence de victoire décisive à cause du climat de haine régnant partout autour de Biden et de Trump, qui fait que des Grands Électeurs du parti de l’un ou de l’autre pourraient, comme ils en ont le droit, représenter effectivement leur parti mais refuser de voter pour le candidat désigné. (Ce sont des votes dits ‘uncommited’, et l’on peut juger de façon raisonnable qu’il y aura un certain nombre, qui serait un nombre inhabituellement élevé. Biden a eu un avant-goût de cela avec les votes démocrates dans un des États du ‘Super Tuesday’ ou autour de 100 000 votants démocrates s’étaient déclarés ‘uncommited’ : leurs votes allaient au candidat démocrate [Biden] mais sans le vouloir ni le désigner explicitement.)
S’il y a effectivement blocage du Collège Électoral s’ouvre alors une séquence extrêmement complexe, dite “contingent election” essentiellement devant le Congrès, avec diverses tractations habituelles au monde politique américaniste. Là aussi, on trouve dans le texte de Malmgren diverses explications et élaborations de ce que l’auteure désigne comme une “itération” du système initial, une sorte de “destruction créatrice” pour trouver une autre combinaison des diverses forces en présence et aboutir effectivement à une élection. Le cas n’est pas une exceptionnelle novation puisqu’il y eut un grand nombre de telles occurrences, au XIXème et au XXème siècle. Il s’agit d’un grand chambardement de l’arrangement politique initial, mais il aurait cette fois des effets politiques très importants du fait de l’atmosphère radicale et antagoniste qui règne et des menaces de rupture extrêmement fortes pesant sur un système qui s’est enfermé dans la forteresse du “patri unique”.
Nous allons laisser là cet aspect structurel et constitutionnel de la situation auquel Malmgren s’attache dans une grande partie de son texte, avec un luxe de détails tout à fait intéressants. On aura l’occasion d’y revenir lorsque et si se présentent effectivement de tels avatars en novembre prochain et après. Pour l’essentiel, notre intérêt se porte sur le sort d’un candidat indépendant qui nous intéressés dès le premier jour oû il s’est déclaré, RFK, du rôle qu’il peut jouer dans cet imbroglio, et de la façon dont il peut être amené à faire alliance avec un des grands candidats, en l’occurrence Donald Trump.
Nous avons déjà évoqué la réelle possibilité d’une proximité entre Trump et Kennedy, du point de vue politique fondamental d’une puissante action contre le système actuel, – ou le Système tout simplement, – ce qu’on nomme également le DeepState. Ainsi écrivions-nous le 23 juin 2023 :
« En fait et quelles que soient leurs arrière-pensées, leur habileté, leurs perceptions, les deux hommes sont unis par un défi qu’ils ont été conduits à lancer : s’attaquer de toutes leurs forces à ce qu’on nomme le DeepState, – dans tous les domaines, sociétaux, économiques, sécurité nationale, impérialisme, etc. C’est cela qui porte leur popularité, leur effet sur le public, avec une caisse de résonnance d’une puissance presque magique comme l’est Carlson. Tous les éléments se rassemblent, comme pour compléter un gigantesque puzzle qui se nomme GrandeCrise, pour faire des présidentielles de 2024 un fantastique accélérateur de la crise d’effondrement du Système et de notre civilisation. »
Malmgren va exactement dans le même sens, étant entendu qu’il est pour Kennedy hors de question de se tourner vers le parti démocrate, – Biden ou pas Biden, – qu’il a quitté avec fracas en ayant constaté la façon dont ce parti s’employait à l’éliminer de toute possibilité de participer à la course à la présidence. Par ailleurs, Kennedy a déjà mesuré l’effroyable situation idéologique et de corruption où est tombé ce parti dont son oncle et son père furent les figures de proue avant d’être assassinés dans les conditions qu’on sait.
Malmgren développe donc cette même possibilité d’une collaboration Kennedy-Trump, avec les deux possibilités que l’un ou l’autre devienne président au terme du labyrinthe de cette très auguste “contingent election”...
« Trump et Kennedy sont remarquablement proches en matière politique. Tous deux sont hostiles à Washington ; tous deux veulent arrêter les guerres éternelles. Tous deux soutiennent les entrepreneurs et souhaitent mettre un terme à la mainmise des entreprises sur le processus réglementaire. Tous deux souhaitent transférer le pouvoir de Washington vers les États sur toutes les questions, y compris la plus grande question sociale de cette élection, à savoir le droit à l’avortement. Ils ont quelques différences : Kennedy est un écologiste engagé tandis que Trump dirige le mouvement “Drill, Baby, Drill”. Mais Kennedy affirme déjà que Trump lui a demandé de se présenter à ses côtés. Si Trump gagne, il est possible qu’il fasse entrer Kennedy dans son administration, peut-être pour lancer l’attaque contre le processus réglementaire, un sujet si détaillé que Trump ne s’y intéresse guère. De même, si Kennedy remportait une élection conditionnelle, il sait que les partisans de Trump contesteraient la légitimité de son mandat présidentiel. Une solution simple serait d’inviter Trump au sein du gouvernement, en faisant siennes ses vantardises selon lesquelles il pourrait “résoudre la guerre en Ukraine en un jour” et de le laisser gérer cette horrible question de politique étrangère. »
Sur ce point des attributions de l’un et de l’autre selon leurs positions respectives, et puisqu’ils est posé qu’ils sont faits pour s’entendre, nous diffèrerions avec l’auteure sur le point de ce qui pourrait être confié à un Kennedy par un Trump victorieux, nous diffèrerions sur la prévision de Malmgren (confier à Kennedy « l’attaque contre le processus réglementaire, un sujet si détaillé que Trump ne s’y intéresse guère »). Nous avons du mal à distinguer ce que recouvre exactement l’expression de “regulatory process” qui est proposée. Par contre il y a un domaine où les deux hommes ont une bataille commune à livrer, et certainement la plus rude : l’attaque contre le système de sécurité nationale, qui eut raison de John et de Robert Kennedy et qui s’opposa avec la plus extrême violence à Trump en 2016... Mais peut-être cela est-il compris dans l’expression « Tous deux sont hostiles à Washington », bien plus que dans « processus réglementaire ».
Nous avons très fortement pris en compte l’élément du DeepState, de l’appareil de sécurité nationale lorsqu’il fut question de Robert Kennedy Junior sous notre plume. C’est que nous pensions et pensons toujours que, outre les arguments rationnels qui poussent RFK vers la politique, il existe un puissant motif moral et personnel qui est le souvenir de l’assassinats de John et de Robert, et le désir de vengeance et de justice qui l’anime. Ainsi écrivions-nous longuement, le 7 avril 2023, lorsqu’il annonça son intention de se présenter à la présidence :
« ... Car j’avoue finalement qu’un seul détail m’a tout entier attaché à l’événement de la candidature de Kennedy, quelle qu’en soient le destin, la dimension politique-politicienne, l’apport de désordre qu’elle pourrait développer dans la situation général, ou bien l’abysse de silence et de censure où elle pourrait sombrer dans les manœuvres de la corruption de la direction du parti démocrate, – et ce détail qui m’a arrêté est de l’ordre de la métahistoire. Il concerne, – naturellement dirais-je, car sa candidature nous ramène à la tragédie, – ce que RFK Jr. croit à propos des deux assassinats de son oncle et de son père. Pour ce cas et ces quelques lignes, Wiki est une source acceptable :
» “Concernant l'assassinat de John F. Kennedy, il a déclaré que son père était “nettement convaincu” que Lee Harvey Oswald n'avait pas agi seul et qu'il pensait en privé que le rapport de la commission Warren était un “travail de piètre qualité”. Selon Robert F. Kennedy Jr en janvier 2013 : “À ce stade, je pense que les preuves sont très, très convaincantes et qu’il ne s’agit pas d’un tireur isolé”. Le livre ‘JFK et l’Indicible’ a été reconnu comme très pertinent par Kennedy, qui a déclaré qu’il l’avait poussé à visiter Dealey Plaza, le site de l'assassinat de son oncle, pour la première fois.
» “Kennedy ne croit pas que Sirhan Sirhan soit responsable de l'assassinat de son père, Robert F. Kennedy, et il s’est rendu à la Richard J. Donovan Correctional Facility, à San Diego, en décembre 2017 pour rencontrer Sirhan. Après cette rencontre, il s’est dit convaincu qu’il y avait eu un deuxième tireur et il a donné son soutien à une nouvelle enquête sur l'assassinat. »
» Ce qui m’arrête, outre les convictions de RFK Jr. sur les assassinats, c’est la référence qu’il fait au livre ‘JFK et l’Indicible’ de James W. Douglass (éditions Demi-Lune, septembre 2013, pour la version française, voir le Wiki, acceptable, pour la version US). Ce livre est également considéré comme le meilleur sur l’assassinat de Dallas par le metteur en scène Oliver Stone, qui a notamment tourné le film ‘JFK’.
» L’accès à ce livre m’avait beaucoup apporté et il y a eu plusieurs articles sur ce site où il y est fait référence, et essentiellement lors de sa parution. Douglass, qui est un théologien, s’appuie pour sa réflexion métahistorique sur les travaux d’un moine trappiste qui commenta ces affaires dans les années 1960 et écrivit à ce propos malgré les entraves du Vatican et les difficultés rencontrées dans le monde de l’édition. Je notai ceci dans l’article sur le livre, du 22 novembre 2013 :
» ...[“U]n moine trappiste de l’abbaye de Gethsemani dans le Kentucky, Thomas Merton, qu’il désigne comme “le plus grand écrivain religieux de sa génération”. (Douglass compare en importance ‘La Nuit privée d’étoiles’, l’autobiographie de Merton, aux ‘Confessions’ de Saint Augustin.) Malgré les réticences très affirmées de sa hiérarchie, Merton suivit très précisément les événements de la fin des années 1950 et des années 1960, surtout dès le moment de l’arrivée de Kennedy, et en informa divers correspondants au travers de publications personnelles ronéotypées puisqu’il était interdit de publication, comme une sorte de samizdat...” »
Malmgren termine sur une sorte d’hymne à la vertu, curieusement en opposant « deux anciens politiciens » arrogants (Trump, “ancien politicien ” ?) aux politiciens indépendants dont elle attend « toute l’énergie politique créatrice » qui va révolutionner l’Amérique. C’est faire montre d’une audace bien conformiste, tant il est vrai que cette ”énergie créatrice” ne peut venir, dans le schéma envisagé, que de l’union d’un de ces “anciens politiciens” avec un “politicien indépendant” animé surtout d’un esprit de fureur contre la machinerie qui ne cherche qu’à abattre cet “ancien politicien” comme elle a assassiné son père et son oncle.
Par conséquent, un conseil au futur président Trump élu de justesse (hypothèse) après un formidable imbroglio parlementaro-constitutionnel : nommer JFK pour occuper la fonction créée pour lui de super-DNI (super-Directeur du renseignement national), avec mission de liquidation générale, – opération “Écuries d’Augias”, – et le poste de directeur de la CIA pour meubler ses week-ends et faire revivre ses soiuven,irs. C’est dire que ce n’est pas gagné d’avance ; c’est dire qu’au moins, cela déclenchera la guerre civile suivie de la désintégration que tout le monde attend avec impatience comme clou du spectacle.
Mis en ligne le 14 maes 2024 à 15H15
• Le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg, homme transparent et sans relief particulier, cette fois s’est distingué. • Il a averti la France qu’elle ne pouvait songer, seule ou avec quelques acolytes de fortune, à agir contre la Russie : elle fait partie complètement de l’OTAN donc elle en dépend complètement, et il n’est pas question, comme pense le Pentagone, d’agir de cette façon en cette circonstance. • Ainsi vogue, vogue, vogue la jolie souveraineté. • Ainsi notre complète servilité nous éviterait-elle au moins une sottise remarquable.
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Cette fois, – une fois de plus, d'ailleurs, – Macron nous l'a faite grandiose. Sa campagne d’Ukraine, déclenchée comme une ‘blitzkrieg’ destinée, avec l’aide des alliés puissants que forme la coalition des trois États baltes, à ne faire qu’une bouchée – quoiqu’assez consistante, on vous l’accorde, – de l’armée russe, s’est transformé en un séisme de considérable magnitude qui secoue tout l’Occident-contemplatif.
Ce fut donc un spectacle inédit quoique virtuel, mais bien réel dans la communication, que de voir le président de la Grande Nation si fière de son indépendance retrouvée depuis qu’elle est une puissance nucléaire, se faire remonter les bretelles par ce piètre navet norvégien mal cuit qu’est le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg, éminent homme politique du continent européen puisqu’il comprend parfaitement, malgré la friture transatlantique, les conseils bienveillants qui lui sont adressées depuis le Pentagone. Non seulement il n’est pas question que l’OTAN prête quelque intérêt à l’initiative française, mais en plus elle la lui interdit, parce que l’OTAN n’en veut pas, et que la France est liée, ligotée, pieds et poings attachées par son engagement dans l’OTAN depuis la réintégration totale réalisée par le couple Chirac-Sarkozy en deux septennats successifs. Ce n’est plus une “souveraineté limitée”, c’est une “souveraineté retournée”, ou l’histoire de l’enculeur enculée. Macron est bien le Maître de l’“Impair & Manque”
Car lorsque Stoltenberg dit à Reuters que si un ou des pays de l’OTAN envisagent, en tant que tels, d’envoyer des troupes en Ukraine de leur propre chef, « cela affecte l'alliance dans son ensemble, car ses membres sont liés par un pacte de défense collectif », – cela signifie que la France ne peut agir avec ses forces armées sans l’accord des autres pays de l’OTAN et de l’OTAN elle-même. Et boum, badaboum...
Même si cela évite le ridicule sanglant d’être obligé de tenir sa promesse en envoyant à la tuerie quelques milliers de biffins bleus-blancs-beurs, cela donne une mesure de ce que Pompidou nommait “tenir son rang” dans le cas de la France-Startupnation.com... Tant il est vrai par ailleurs que la souveraineté cela se mérite, et que ces gens-là, manifestement, ne la méritent pas une seule seconde.
« “L'OTAN n'a pas l'intention d'envoyer des troupes en Ukraine et elle n'est pas partie au conflit, pas plus que ses alliés”, a déclaré Stoltenberg à Reuters dans une interview. Stoltenberg a déclaré que même si certains pays de l'OTAN envoyaient des troupes en Ukraine, cela affecterait l'alliance dans son ensemble, car ses membres sont liés par un pacte de défense collective.
Lorsqu'on lui a demandé si Macron avait commis une erreur en parlant d'une “ambiguïté stratégique” sur l'éventuel déploiement de troupes occidentales en Ukraine, Stoltenberg a répondu : “Je pense qu'il est important que nous nous consultions pour avoir une approche commune sur ces sujets importants car ils sont importants. pour nous tous.” »
Dans le même temps, et pour compléter l’assaisonnement, RT.com nous fait la gâterie de reprendre un écho de ‘Marianne’ [en date du 7 mars] sur l’éclat de rire général qui a, chez les hauts gradés français tout de même équipé d’un certain sens commun à tir automatique, accueilli le projet Mc-Macroniste de déployer une redoutable force de frappe terrestre pour couper en deux l’armée russe qui ne se doute de rien. C’est effectivement une sorte de minuscule point positif que d’entendre, dans cet immense bordel de mensonges, d’incompétences et de nullité, des généraux en fonction nous dire in peto qu’il y a des fous incompétents et sinistrement crétins au royaume de la Coke Enchantée régnant à l’Élysée
On remarquera également que ces mêmes généraux, lorsqu’ils sont hors-plateaux et hors-LCI, ont tout de même une vision un peu plus équilibrée et structurée de la véritable capacité de l’armée russe. Comme leurs collègues américanistes, ils ne doutent plus d’avoir en face d’eux (éventuellement, hein, pas nécessairement...) la plus puissante armée du monde.
« Quelle mouche a piqué le président au moment d'envisager l'envoi de troupes en Ukraine ? Plusieurs rapports confidentiels défense expliquent “l’affolement” de l’Élysée, où les chefs de partis sont invités ce jeudi 7 mars à évoquer la question. Sur le front, les Russes sont en position de force. Fallait-il pour autant, face à Poutine, brandir une menace intenable ?
» En n’excluant pas d’envoyer des troupes en Ukraine, Emmanuel Macron a provoqué un tollé en Europe et écopé d’un désaveu américain. Plusieurs militaires français, interrogés par ‘Marianne’, disent, eux, être “tombés de l’armoire”. “Il ne faut pas se leurrer, face aux Russes, on est une armée de majorettes !”, raille un haut gradé, persuadé que “l’envoi de troupes” françaises sur le front ukrainien ne serait tout simplement “pas raisonnable”. À l’Élysée, on assume la position : “Le président voulait lancer un signal fort”, glisse un conseiller, reprenant la formule “de propos millimétrés et calibrés”... »
Bien entendu, on ne va pas s’attarder à la démarche de Stoltenberg, pour l'analyser, la peser, l'apprécier. En grossissant comme un obèse arrogant, l’OTAN a perdu tout ce qu’elle pouvait prétendre avoir de substance. Nous voulons dire que, par exemple, du temps de monsieur Joseph Luns comme secrétaire général, dans les années 1970-1980, l’OTAN avait une voix et un poids propres, en plus de l’humour de Luns et malgré la puissante tutelle des USA. Aujourd’hui, les pantins arctiques, multicolores de couleurs passives et incolores qui se succèdent ne sont plus que les porte-paroles directs de Washington, et plus encore dirions-nous dans cette période si agitée, plus que jamais même, du Pentagone. Par conséquent, Stoltenberg parle directement avec l’oreillette que lui a confiée le Pentagone.
Or, que pense le Pentagone, que dit, clame haut et fort le Pentagone ? Non pas son secrétaire à la défense, malheureusement occupé à passer d’un hôpital à l’autre, mais ceux qui sont chargés de la lourde fonction de l’animation d’un si grand corps d’armement. Écoutez les auditions des grands chefs militaires au Congrès il y a de cela tout juste une décade, car c’est bien là qu’on entend le fond réel de leurs jugements. On en a entendu deux, notamment et pour notre compte, la semaine dernière :
• Le chef de l’U.S. Army, le 29 février, le général Randy George, est venu vanter l’organisation structurelle de l’armée russe et son efficacité, et l’efficacité non moins grande de l’industrie russe de l’armement, – d’ailleurs documentée entretemps par la grande chaîne pro-russe CNN. Depuis, les moujiks se sont payés quatre ‘Abrams’ nouveaux-venus en Ukraine et vous expliquent, – ils ont vite appris, – comment démolir le super-char US sans trop se fatiguer ni faire des dépenses inutiles. Et l’on voudrait qu’éventuellement le général George, qui travaille pour tenter d’imiter le “modèle russe”, acceptât de préparer ses brigades équipées pour lutter contre les “terroristes” afghans, irakiens, syriens, et éventuellement les insurgés du 6 janvier 2021 sur les marches du Congrès, pour venir soutenir la coalition France-pays baltes à l’assaut de Rostov-sur-le Dniepr, ou bien s’agit-il de Rostov-sur-le-Don ? Ces gens ont-ils lu et vu le ‘Docteur Jivago’ pour prendre conscience des distances à parcourir sur ces terres parcourues dans ses plus profonds abysses des hurlements de souffrance que font entendre les ossements des soldats de la Grande Armée ?
• Le chef de STRATCOM, le lendemain 1er mars, est venu nous dire un peu la même chose, qui est celle de la crainte terrible de la toute-nouvelle superpuissance russe, dans le domaine de la puissance nucléaire ; vous savez, celle qui vitrifie et transforme le pays ennemi en désert inhabitable... Rappelez-vous, c’est tout proche.
« • Les chefs des forces stratégiques américanistes ont vraiment très-peur des armes hypersoniques stratégiques des Russes et ils le clament dans ces temps des irresponsables dirigeants politiques qui jouent au jeu de la guerre nucléaire comme on joue aux billes dans la cour de récréation de l’“École Primaire Emmanuel Macron”. • Car, au bout du bout du compte et quoique ses vassaux européens fassent, c’est bien l’Amérique qui est concernée au premier chef par les conséquences et les perspectives qui pourraient découler d’une victoire russe quasi-complète en Ukraine. • Mais rien ne se fait vraiment dans une Amérique paralysée dans une sorte d’absurde jeu de haines antagonistes. • Voyez combien les alarmes à propos des armes hypersoniques russes du général Cotton, chef de STRATCOM (Strategic Command) en mars 2024, ressemblent à celle du général Hyten, chef de STRATCOM en mars 2018 : rien n’a été fait. • Plus que jamais, l’idée d’armes stratégiques hypersoniques à charges conventionnelles apparaît comme un moyen de lancer victorieusement une Troisième Mondiale sans goûter vraiment au nucléaire. »
Notre grand chef, le maréchal McMacron, aurait dû s’informer de cet état d’esprit des chefs militaires de notre parrain tutélaire car ce sont eux qui mènent le jeu lorsqu’il s’agit de faire fonctionner l’ascenseur de l’OTAN qui portent les plateaux chamarrés où sont empilées les instructions pour les semaines à venir.
Certes, le maréchal-président a voulu « lancer un signal fort » (aux Russes ou à l’OTAN ?). C’est fait, et le résultats est des plus intéressants. On sait que nos généraux conservent le sens de l’humour et que le président, lui, sait affirmer la souveraineté de la France même quand elle n’existe plus du tout, – ni la France, ni la souveraineté ; et tout cela se fait alors que la France se trouve fermement au sein de l’OTAN, qu’elle en respectera les règles de solidarité et se rangera à l’opinion de la majorité, comme le président fait lui-même vis-à-vis de son Assemblée Nationale de la province française de l’OTANstan...
On regrettera simplement que l’intervention de Stoltenberg soit venue un peu trop tôt par rapport au calendrier électoral, – les européennes et la van der Lahyène, n’est-ce pas, – dont on espérait bien qu’il porterait les traces de l’héroïque manœuvre de cette annonce de l’envoi de troupes pour mater le Russe. Le maréchal McMacron n’en réitère pas moins son avertissement : “En aucun cas, la Russie n’est autorisée à gagner cette guerre en Ukraine” ; c’est une règle rouge à ne pas franchir, un peu comme le non-respect de la priorité pour le Code de la Route.
Mis en ligne le 13 mars 2024 à 15H40
• Un texte de Alastair Crook, publié sur UNZ.com le 11 mars 2024. • Un point général sur la tension extrême entre Netanyahou et l’administration Biden sur ce constat général: « Oui, les choses pourraient empirer, et c’est peu dire, pour Israël. » • Traduction de ‘Entre la plume et l’enclume’ le 13 mars 2014.
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L’inattention à la réalité n’est pas un problème électoral « accessoire » et ennuyeux qui nécessiterait simplement une meilleure gestion des relations publiques par l’équipe de campagne.
Alon Pinkas, un ancien diplomate israélien de haut rang, bien connecté à Washington, nous dit qu’une Maison Blanche frustrée en a finalement « assez ». La rupture avec Netanyahu est complète : le Premier ministre ne se comporte pas comme le devrait un « allié des États-Unis » ; il critique sévèrement la politique de Biden au Moyen-Orient, et les États-Unis ont désormais compris ce fait.
Biden ne peut pas se permettre que d’autres influences sur Israël mettent en péril sa campagne électorale, et ainsi – comme son discours sur l’état de l’Union l’indique clairement – il redoublera d’efforts pour maintenir ses cadrages politiques mal interprétés pour Israël et l’Ukraine.
Alors, que compte faire Biden face à l’acte de défi de Netanyahu à l’encontre du « Saint Graal » des recommandations politiques américaines ? Eh bien, il a invité Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, à Washington, et lui a présenté un programme « réservé à un Premier ministre, ou à quelqu’un qui, selon eux, sera, ou devrait être, Premier ministre ». Les responsables ont apparemment pensé qu’en initiant une visite en dehors des protocoles diplomatiques habituels, ils auraient pu « déclencher une dynamique qui pourrait conduire à des élections en Israël », note Pinkas, ce qui donnerait lieu à un leadership plus réceptif aux idées américaines.
Il s’agissait clairement d’une première étape vers un changement de régime par « soft power ».
Et la principale raison de la déclaration de guerre à , c’est Gaza. Biden n’a apparemment pas apprécié le camouflet reçu lors de la primaire du Michigan lorsque le vote de protestation pour ce qui se passe à Gaza a dépassé les 100 000 « votes non engagés ». Les sondages – en particulier parmi les jeunes – lancent des signaux d’alerte rouge pour novembre (en grande partie à cause de Gaza). Les dirigeants nationaux démocrates commencent à s’inquiéter.
Nahum Barnea, commentateur israélien de premier plan, prévient qu’Israël est en train de « perdre l’Amérique » :
« Nous sommes habitués à considérer l’Amérique en termes familiaux… Nous recevons des armes et un soutien international et les Juifs nous donnent leurs voix dans les États clés et de l’argent pour les campagnes. Cette fois, la situation est différente… Puisque les votes aux élections [présidentielles] sont comptés au niveau régional, seuls quelques États… décident réellement… Comme la Floride, [un] État clé, où les votes des Juifs peuvent décider qui sera le prochain locataire à la Maison Blanche, tout comme les votes des musulmans du Michigan peuvent peser… [Les militants] ont appelé les électeurs des primaires à voter « sans engagement » pour protester contre le soutien de Biden à Israël… Leur campagne a réussi au-delà de toutes les attentes : 130 000 électeurs démocrates l’ont soutenue. La gifle adressée à Biden s’est répercutée dans tout l’establishment politique. Cela témoigne non seulement de la montée d’un nouveau lobby politique efficace et toxique, [mais] aussi de la répulsion que ressentent de nombreux Américains lorsqu’ils voient les images de Gaza ».
« Biden aime Israël et en a vraiment peur », conclut Barnea « mais il n’a pas l’intention de perdre les élections à cause de cela. C’est une menace existentielle.
Le problème cependant est à l’inverse : la politique américaine est profondément imparfaite et totalement incongrue, par rapport à l’opinion publique majoritaire en Israël. De nombreux Israéliens ont le sentiment de mener une lutte existentielle et ne doivent pas devenir « simplement une matière première » (ce qu’ils le voient venir) dans une stratégie électorale démocrate américaine.
La réalité, c’est qu’Israël est en train de rompre avec l’équipe Biden – et non l’inverse.
Le plan clé de Biden, qui repose sur un appareil de sécurité palestinien revitalisé, est décrit – même dans le Washington Post – comme « improbable ». Les États-Unis ont tenté une initiative de « revitalisation » de la sécurité de l’Autorité palestinienne sous la direction du général américain Zinni en 2002 et de Dayton en 2010 . Cela n’a pas fonctionné – et pour cause : les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne sont simplement considérées par la plupart des Palestiniens comme des larbins détestés qui maintiennent l’occupation israélienne. Ils travaillent pour les intérêts de sécurité israéliens, et non pour les intérêts de sécurité palestiniens.
L’autre composante principale de la politique américaine est une « solution à deux États », encore plus improbable, « déradicalisée » et anémique, enfouie dans un concert régional d’États arabes conservateurs agissant en tant que superviseurs de la sécurité. Cette approche politique reflète une Maison Blanche en décalage avec l’Israël d’aujourd’hui, plus eschatologique, et qui ne parvient pas à s’écarter des perspectives et des politiques issues des décennies passées qui, même à l’époque, étaient des échecs.
La Maison Blanche a donc eu recours à une vieille astuce : rejeter tous ses propres échecs politiques sur un dirigeant étranger qui ne fait pas fonctionner ce qui est « irréalisable », et essayer de remplacer ce dirigeant par quelqu’un de plus docile. Pinkas écrit :
« Une fois que les États-Unis se sont convaincus que Netanyahu n’était pas coopératif, qu’il n’était pas un allié attentionné et qu’il se comportait comme un ingrat grossier… concentré uniquement sur sa survie politique après la débâcle du 7 octobre, le moment était venu d’essayer une nouvelle voie politique ».
Cependant, la politique de Netanyahu – pour le meilleur ou pour le pire – reflète ce que pense la majorité des Israéliens. Netanyahu a ses défauts de personnalité bien connus et est très impopulaire en Israël, mais cela ne signifie pas qu’une majorité soit en désaccord avec son programme et celui de son gouvernement.
Alors « on fait rentrer Gantz en scène», il est reçu par l’équipe Biden en tant que futur Premier ministre en attente dans le pool diplomatique de Washington et de Londres.
Sauf que le stratagème n’a pas fonctionné comme prévu. Comme l’écrit Ariel Kahana (en hébreu, dans Israel Hayom le 6 mars) :
« Gantz a rencontré tous les hauts responsables de l’administration, à l’exception du président Biden, et a présenté des positions identiques à celles que Netanyahu avait présentées lors de ses entretiens avec eux au cours des dernières semaines ».
« Ne pas détruire le Hamas à Rafah signifie envoyer un camion de pompiers pour éteindre 80 % de l’incendie », a déclaré Gantz à Sullivan. Harris et d’autres responsables ont rétorqué qu’il serait impossible d’évacuer 1,2 million de Gazaouis de la région de Rafah – une évacuation qu’ils considèrent comme une condition préalable essentielle à toute opération militaire dans cette ville du sud de la bande de Gaza. « Gantz n’était absolument pas d’accord ».
« Des divergences encore plus importantes sont apparues dans les discussions sur l’aide humanitaire. Alors que de nombreux Israéliens sont furieux de la décision d’autoriser la livraison de fournitures à l’ennemi – [ce qu’ils considèrent] comme un acte qui a aidé le Hamas, prolongeant la guerre et retardant un accord sur les otages – les Américains estiment qu’Israël n’en fait pas assez. Les collaborateurs de Biden ont même accusé les responsables israéliens de mentir sur la quantité d’aide fournie et sur le rythme de son acheminement. »
Bien entendu, l’aide est devenue (à juste titre) la question névralgique qui pèse sur les perspectives électorales du Parti démocrate, mais Gantz ne l’a pas compris. Comme le note Kahana :
« Malheureusement, les plus hauts responsables américains sont également déconnectés de la réalité en ce qui concerne d’autres aspects de la guerre. Ils croient toujours que l’Autorité palestinienne devrait gouverner Gaza, que la paix peut être obtenue à l’avenir grâce à la « solution à deux États » et qu’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite est à portée de main. Gantz a été contraint de revenir sur cette lecture erronée de la situation ».
Ainsi, les responsables de l’administration américaine ont entendu de Gantz le même programme politique que Netanyahu leur a répété ces derniers mois : Gantz a également averti qu’essayer de le « monter » contre Netanyahu était inutile : il pourrait très bien souhaiter remplacer Netanyahu en tant que Premier ministre à un moment donné, mais sa politique ne sera pas fondamentalement différente de celle du gouvernement actuel, a-t-il expliqué.
Maintenant que la visite est terminée et que Gantz a dit ce qu’il a dit, la Maison Blanche fait face à une nouvelle expérience : les limites de la puissance américaine et de la conformité automatique des autres États – même des alliés les plus proches.
Les États-Unis ne peuvent ni imposer leur volonté à Israël, ni contraindre un « groupe de contact arabe » à voir le jour, ni contraindre un groupe de contact arabe putatif à soutenir et à financer les « solutions » « fantasmagoriques » de Biden pour Gaza. C’est un moment salutaire pour la puissance américaine.
Netanyahu est un « vieux bras de Washington » expérimenté. Il est fier de sa capacité à bien déchiffrer la politique américaine. Il estime sans aucun doute que même si Biden peut élever le ton d’un ton ou deux, ce dernier est tenu en laisse stricte quant à l’ampleur du fossé qu’il peut creuser entre lui et les méga-donateurs juifs au cours d’une année électorale.
Netanyahu, donc, semble avoir conclu qu’il pouvait ignorer Washington en toute sécurité – au moins pour les dix prochains mois.
Biden a désespérément besoin d’un cessez-le-feu ; mais même sur ce point – sur la question des otages, sur laquelle repose ou échoue la politique américaine – les États-Unis ont l’oreille fine ». Une demande de dernière minute a été adressée au Hamas pour qu’il dise lesquels des otages capturés le 7 octobre sont vivants.
La demande peut sembler raisonnable aux yeux des étrangers, mais les États-Unis doivent savoir que ni le Hezbollah, ni le Hamas, ne donnent gratuitement une « preuve de vie » des otages : il y a un coût en termes de rapport d’échange entre les cadavres et les otages vivants. (Il existe une longue histoire d’échecs dans les demandes israéliennes de « preuve de vie »).
Des rapports indiquent qu’Israël refuse d’accepter un retrait de Gaza ; il refuse de permettre aux Palestiniens du nord de Gaza de rentrer chez eux et il refuse d’accepter un cessez-le-feu global.
Ce sont toutes des revendications formulées depuis le début, pour le Hamas – elles ne sont pas nouvelles. Pourquoi cela devrait-il surprendre ou offenser Biden alors que cela se répète à nouveau. Il ne s’agit pas d’une escalade des exigences de Sinwar (comme le prétendent les médias occidentaux et israéliens). Cela reflète plutôt que c’est une stratégie de négociation irréaliste qui a été adoptée par Washington.
Selon le journal Al-Quds , le Hamas a présenté au Caire « un document final qui n’est pas sujet à négociation ». Cela comprend, entre autres, une exigence de cesser les combats à Gaza pendant une semaine entière avant de conclure un accord de libération des otages, et une déclaration israélienne claire sur le retrait total de la bande de Gaza – accompagné de garanties internationales.
Le Hamas exige également que tous les habitants de Gaza aient le droit inconditionnel de rentrer chez eux, ainsi que l’entrée de fournitures dans l’ensemble de la bande de Gaza sans barrière de sécurité, à compter du premier jour de l’accord. Selon le document du Hamas, la libération des otages commencerait une semaine après le début du cessez-le-feu. Le Hamas rejette la demande d’Israël selon laquelle l’un de ses membres ou dirigeants soit exilé et envoyé à l’étranger. (Cela s’était produit lors de la libération des otages du siège de l’église de la Nativité en 2002, où un certain nombre de Palestiniens avaient été exilés vers des États de l’UE – un acte qui avait été fortement critiqué à l’époque.)
Dans une clause distincte, le Hamas a déclaré que ni lui, ni aucun autre groupe palestinien, ne fournirait une liste d’otages jusqu’à 48 heures avant la mise en œuvre de l’accord. La liste des prisonniers dont le Hamas exige la libération est longue et comprend la libération de 57 personnes qui ont été libérées dans le cadre de l’accord pour la libération de Gilad Shalit de 2011 et qui ont ensuite été de nouveau arrêtées ; toutes les détenues de sexe féminin et mineures ; tous les prisonniers de sécurité malades et toute personne âgée de plus de 60 ans. Selon le rapport, ce n’est qu’une fois la première étape terminée que les négociations sur la prochaine étape d’un accord commenceront.
Ces revendications ne devraient surprendre personne. Il n’est que trop fréquent que des personnes peu expérimentées croient que des accords d’otages peuvent être conclus assez facilement et rapidement, grâce à la rhétorique, aux médias et à la pression diplomatique. L’histoire dit autre chose. Le délai moyen pour convenir d’une libération d’otages est de plus d’un an.
L’équipe Biden doit de toute urgence réévaluer son approche, en partant du principe que c’est Israël qui est en train de rompre avec le consensus américain obsolète et malavisé. La plupart des Israéliens sont d’accord avec Netanyahu, qui a répété hier que « la guerre est existentielle et doit être gagnée ».
Comment se fait-il qu’Israël puisse envisager de se séparer des États-Unis ? Peut-être parce que Netanyahu comprend que la « structure du pouvoir » aux États-Unis – comme en Europe – qui contrôle une grande partie, sinon la majeure partie de l’argent qui façonne la politique américaine, et en particulier la position du Congrès, dépend fortement de la « cause » israélienne existante. Pour continuer à exister, il n’est donc pas vrai qu’Israël dépende entièrement des structures de pouvoir américaines et de sa « bonne volonté » (comme le présuppose Biden).
La « cause d’Israël » donne à la fois aux structures intérieures américaines leur signification politique, leur agenda et leur légitimité. Un résultat « Non à Israël » leur retirerait le tapis sous les pieds et laisserait les Juifs américains dans une insécurité existentielle. Netanyahu le sait – et comprend également que l’existence d’Israël, en soi, offre à Tel Aviv un certain degré de contrôle sur la politique américaine.
À en juger par le discours sur l’état de l’Union d’hier, l’administration américaine est incapable de sortir de l’impasse actuelle avec Israël et redouble plutôt d’efforts sur ses notions éculées et autres platitudes. Utiliser le discours sur l’état de l’Union comme une tribune pour intimider une pensée ancienne n’est pas une stratégie. La construction d’une jetée à Gaza a aussi une histoire. Cela ne résout rien – à part consolider davantage le contrôle israélien sur les frontières de Gaza et toute perspective possible de Gaza après l’occupation – Chypre à la place de Rafah pour les contrôles de sécurité israéliens. (Gaza possédait autrefois à la fois un port et un aéroport international – tous depuis ongtemps réduits en ruines, bien sûr, par les précédentes séries de bombardements israéliens).
L’inattention à la réalité n’est pas un problème électoral « accessoire » et ennuyeux qui nécessiterait seulement une meilleure gestion des relations publiques par l’équipe de campagne :
Les responsables israéliens et américains mettent en garde depuis un certain temps contre un possible pic de tension qui coïnciderait avec le début du Ramadan, le 10 mars. La Douzième chaîne israélienne (en hébreu) rapporte que le chef de la Division des renseignements militaires, « Aman, a averti le gouvernement israélien dans un document confidentiel de la possibilité qu’une guerre de religion éclate au cours du mois de Ramadan, commençant par une escalade de la violence dans les territoires palestiniens ; s’étendant sur plusieurs fronts, puis se transformant en guerre régionale.
Cet avertissement – selon la Douzième chaîne – était la principale raison derrière la décision de Netanyahu de ne pas imposer de restrictions plus sévères que d’habitude aux Palestiniens entrant à Al-Aqsa pour les prières du Ramadan.
Oui, les choses pourraient empirer, et c’est peu dire, pour Israël.
C’est un sujet que nous avons abordé de-ci de-là, selon les occasions, sans en avoir fait le sujet central d’un article. Cette fois, c’est le cas, sans nous attarder aux grotesques et épuisantes catégorisations de Trump (‘fasciste’, ‘dictateur’) datant d’à peu près un siècle et auxquelles s’accrochent désespérément les globalistes et tous les groupes qui suivent cette voie par incapacité de la moindre pensée originale et organisée, par impuissance à accepter les tensions de notre temps pour ce qu’ils sont. Ces jugements, venus du constat d’une situation politique désespérée par des revers incessants, – de l’Ukraine au populisme, aux révoltes anti-UE, agricoles et autres, etc., – et par une incompréhensibilité radicale du sens et de la puissance de la GrandeCrise sont désormais très majoritairement sinon exclusivement marquées par un aspect pathologique d’une vision simulacre de la situation.
Le territoire de la question “y a-t-il un nouveau Donald Trump ?”, – Ttump-2024 par rapport à Trump-2016, – est donc entièrement ouvert à une exploration complètement nouvelle, en tenant pour acquis que l’échec de Trump de 2020 a été paradoxalement pour lui une excellente chose parce qu’il lui a imposé une rupture radicale et l’obligation impérative de complètement renouveler son expérience en s’armant d’un bagage politique et psychologique essentiel. En même tempos, l’aggravation exponentielle de la crise américaniste a imposé la nécessité d’appliquer cette expérience politique et psychologique dans une orientation radicale sinon rupturielle.
Nous allons développer cette analyse en nous appuyant sur le texte du 11 mars de Larry Johnson qui aborde effectivement cette question. Nous commençons par une citation complète du premier paragraphe du texte de Johnson qui introduit un élément que nous ne connaissions pas, qui est très important, qui concerne la prise en main de la structure de direction du parti républicain par Trump. (On a déjà vu quelques éléments hier concernant la situation au Congrès.)
« Deux noms – Michael Whately et Lara Trump [une fille de Trump] – signalent que nous voyons un nouveau Donald Trump. Oui, Whately et Lara Trump sont les nouveaux coprésidents du Parti républicain. La coqueluche de l'establishment, Ronna McDaniel, qui a été un véritable désastre depuis qu'elle dirige le RNC [Republican National Commission], a disparu. Pourquoi est-ce important ? Pendant les campagnes de 2016 et 2020, Trump a ignoré la nécessité de prendre le contrôle du Parti républicain. Il était trop confiant, trop naïf. En remplaçant McDaniel, Trump envoie un message clair : il prend le contrôle de l'appareil du parti. C'est ce que je veux dire quand je pose la question : “Sommes-nous en train de voir un nouveau Trump ?” »
Replaçant la question dans son conteste initial, Johnson accompagne son texte d’une vidéo où il passe plus précisément en revue le Trump-2016. En quelques mots, il rappelle le désastre, qui doit parler immédiatement aux oreilles d’un connaisseur moyen de la politique américaniste, à laquelle des noms tels que Bolton, Mattis, Pompeo s’accordent tellement bien avec le concept de politiqueSystème. Cette fameuse politiqueSystème est l’expression même, en termes furieux de politique d’agression, du marigot washingtonien que Trump-2016 prétendait drainer...
« Le premier mandat de Donald Trump fut un véritable désastre en termes de sélection de personnel de son équipe de direction de la sécurité nationale, sélectionnant John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, avec des choix catastrophiques pour le département de la Justice, le FBI [et aussi bien pour Mattis au Pentagone, Pompeo au département d’État],... »
Ensuite, Johnson aborde la question de la vice-présidence (le VP) : qui Trump choisira-t-il ? Outre les divers aspects électoraux sur la popularité, la représentativité, la capacité de communication de la personne choisie pour la campagne, et en mettant à part la question du rôle que jouerait le VP (sans aucun effet politique, comme Pence pour Trump, ou un place prépondérante comme Cheney pour GW Bush ?), se pose la question de l’âge. Trump aura largement dépassé les 80 ans en 2028 et il est très envisageable qu’il décide de ne pas solliciter un nouveau mandat, – tout en laissant ouverte la question de savoir s’il le peut, la Constitution interdisant depuis Franklin Roosevelt plus de deux mandats, mais sans préciser s’il s’agit de plus de deux mandats de suite, ou s’il s’agit de plus de deux mandats en tout [avec interruption entre l’un et les 2 autres, ou entre les trois]. Quoi qu’il en soit, il y a assez d’éléments pour s’interroger de savoir si Trump n’envisagerait pas un VP avec notamment l’âge de la maturité qui lui laisserait beaucoup de temps (possibilité de deux mandats) pour poursuivre sa propre politique.
Johnson prend largement en compte cet aspect et c’est ainsi qu’il nous donne sa préférence, sans indiquer, – par un intentionnellement vague « Les deux candidats dont on parle le plus », – s’il dispose de sources proches de Trump pour qu’on y voit autre chose qu’une simple spéculation. Quoi qu’il en soit, le nom de Gabbard émerge, et c’est là un fait important par rapport au jugement d’un commentateur du calibre de Johnson.
« Nous aurons un autre indice lorsque Trump désignera son candidat à la vice-présidence. Voici ma prédiction. Trump ne choisira pas un membre actif du Sénat ou de la Chambre des représentants. Pourquoi ? S'il faisait ce choix, par exemple le sénateur Tim Scott ou le député Bryon Donalds, il mettrait à rude épreuve la capacité des républicains à prendre le contrôle du Sénat et/ou de la Chambre.
» Soit dit en passant, les perspectives républicaines de prendre le contrôle du Sénat sont excellentes. Deux membres actuels du groupe démocrate, – le sénateur Joe Manchin de Virginie-Occidentale et la sénatrice Krysten Sinema de l'Arizona, – démissionnent et les républicains sont largement favoris pour prendre ces deux sièges.
» Alors, qui Trump choisira-t-il ? Les deux candidats dont on parle le plus sont le Dr Ben Carson et l'ancienne députée démocrate Tulsi Gabbard. Je pense que Carson est trop vieux. Certes, il est plus jeune que Trump, mais le fait d'avoir un autre homme de plus de 70 ans sur le ticket alimentera le mythe des personnes âgées. Je vous laisse donc le soin, à vous les commentateurs, de me dire, ainsi qu'au reste des lecteurs, qui, selon vous, Trump choisira. »
On comprend de qui il s’agit, et rien ne pourrait plus nous satisfaire. D’autre part, les deux personnes que cite Johnson sont actives, sinon activistes dans le même sens que Trump, à la différence pitoyable de Mike Pence. Il y a donc une évaluation politique très précise chez Trump dans ses approches, évaluation qu’il n’avait en aucun cas en 2016 où il s’en remit dans le désordre à des conseils de personnages dont il ne savait rien en profondeur.
Par conséquent, l’on peut sans le moindre doute avancer que, d’une façon générale, Larry Johnson répond affirmativement à la question “Trump-2024 a-t-il changé par rapport ànTrump-2016 ?”. Cela n’a pas la simple signification d’un élément nouveau et éventuellement stabilisant selon les normes dans le combat pour la présidence, par rapport à 2016 où tout survint par surprise, sans préparation. Nous voulons dire que cela n’a pas la signification de l’ordre succédant au désordre pour rétablir une compétition comme on a l’habitude, – quel que soit le gagnant. Nous dirions exactement le contraire.
Au contraire de 2016, la bataille aura lieu dans la plus grande férocité et ce sera le désordre de la guerre (ou “the fog of the war” ”, si vous préférez), l’impitoyable affrontement. S’il est un élément nouveau par rapport à 2016, c’est donc l’intensité extraordinaire de la bataille à venir parce que cette fois les enjeux seront parfaitement déterminés, les positions idéologiques assez bien définis, les objectifs et conceptions des uns et des autres très justement connues, et reconnues comme absolument irréconciliables sinon par la fureur de la bataille pour enfin vider cette haine réciproque qui marque la politique américaniste. L’impitoyable affrontement ne laissera donc aucune place, ni à la pitié, ni au compromis, ni à l’arrangement. Chacun saura pour quoi il se bat et aura choisi ses troupes en fonction de ces choses bien précises.
Bien entendu, c’est la raison essentielle qui nous fait penser que, quel que soit l’élu, le vainqueur, etc., la bataille ne sera pas terminée, au contraire elle atteindra alors son point paroxystique de rupture en devenant guerre ouverte sous quelque forme que ce soit, sécessions, guerre hybride, coups de force, etc...
James Howard Kunstler nomme cela “an American Thermidor”, selon cette analogie du moment où, n’en pouvant plus, la France se défit avec la violence guillotinatoire qu’on imagine du corset de terreur que les Montagnards avaient refermé sur elle ; comme l’on dirait en français, comme une incantation : “Vienne Thermidor !” :
« Cet événement est connu sous le nom de réaction thermidorienne. Le programme jacobin insensé de terreur et de désordre social est rapidement aboli. Rien de tel ne s’est reproduit jusqu’à l’arrivée des bolcheviks, des maoïstes et des Khmers rouges au XXe siècle, et maintenant, à notre époque, le Parti du Chaos dirigé par “Joe Biden” (ou qui que ce soit derrière lui), avec ses frontières ouvertes, sa soif d’une nouvelle guerre mondiale, sa volonté de censure, ses lois sadiques, ses courses à l’échalote et au sexe, ses mensonges compulsifs et sa destruction maladive de toute norme et de toute limite dans la vie quotidienne.
» L’Amérique se dirige vers sa propre réaction thermidorienne. Elle finira par s’appeler autrement, bien sûr, parce qu’il s’agit d’une époque, d’un lieu et d’un ensemble de circonstances différents. Mais cela semble proche, n’est-ce pas ? Toutes les personnes que je connais ou avec lesquelles je corresponds mentionnent ce sentiment que quelque chose va exploser dans notre pays, et très bientôt. L’air en est imprégné, tout comme l’air est imprégné des signes avant-coureurs du printemps... »
... Ces quelques mots que l’on devrait terminer pour notre compte, et que l’auteur termine évidemment par cette objurgation chuchotée en une interrogation pressante : “L’entendez-vous venir ?”
Mis en ligne le 12 mars 2024 à 14H40
« Il détestait presque toutes les femmes, surtout celles qui étaient jeunes et jolies. C’étaient toujours les femmes, et spécialement les jeunes, qui étaient les bigotes du Parti : avaleuses de slogans, espionnes amateurs, dépisteuses d’hérésies. »
Ursula (ou Cruella) Van der Leyen devrait être maintenue dans son rôle de mère-poule eurocrate et dictatrice : on aura la guerre éternelle contre les machos russes, l’euro numérique avec la Lagarde qui contrôlera puis bloquera nos dépenses, la surveillance policière numérique, le chauffage au vent, les insectes au menu et la censure des réseaux pourtant anesthésiants.
Certains pourront voir une petite prescience de cela dans Harry Potter : quand Dolores Umbridge envoyée du ministère (la méphitique JK Rowling depuis pourchassée par les dementors du wokistan a dû être une prof de lettres de sensibilité libérale-conservatrice) veut mettre de l’ordre nouveau à Hogwarts. C’est dans le plus intéressant épisode de la série, celui sur l’ordre du phénix.
Mais on ne va pas rappeler la capacité surprenante du féminisme occidental dans l’épisode que nous vivons ; Todd en avait bien parlé dans Après l’Empire. Chesterton avait parlé de la NURSERY DU FUTUR lors de son voyage en Amérique : le citoyen n’aurait pas plus de droits qu’un enfant dans une crèche. J’ai souligné dans un texte sur Gustave de Beaumont, compagnon de route de Tocqueville, le caractère ombrageux, intellectuel, triste et platonique de l’épouse américaine qui selon Beaumont ne peut réussir à s’entendre avec son mari. Par contre elle déclenchera toutes les guerres humanitaires qu’on voudra, surtout contre ses compatriotes du Sud (relisez dans cette perspective les Filles du Docteur M.).
Nous vivons des temps apocalyptiques où le séculaire totalitarisme progressiste occidental jusque-là plus ou moins maintenu explose à la surface du monde et veut exterminer tout ce qui bouge. On relira l’étude exceptionnelle de Rothbard sur le fanatisme judéo-protestant qui s’exprime aujourd’hui dans les pays anglo-saxons, protestants, scandinaves, germaniques et judéo-chrétiens comme on dit. La fin prévisible du catholicisme romain avec Bergoglio permet à cette folie millénariste et progressiste de s’exprimer comme elle le fit en Allemagne et ailleurs au seizième siècle. Le texte de Rothbard sur les anabaptistes de Munster est essentiel (Mises.org).
J’en reviens à Orwell : comme tout bon lecteur lambda j’en étais resté au sex crime. Mais cela va beaucoup plus loin, et Orwell réglait des comptes avec la féministe modernité, et Orwell est considéré aujourd’hui comme un suprémaciste à interdire des bibliothèques. Car rien n’a pu les arrêter.
On va voir pourquoi ; dès le début du livre, ce maître martyr et étrange écrit :
« C’était une fille d’aspect hardi, d’environ vingt-sept ans, aux épais cheveux noirs, au visage couvert de taches de rousseur (NDLR : 1984 abonde en rouquines) à l’allure vive et sportive. Une étroite ceinture rouge, emblème de la Ligue Anti-Sexe des Juniors, plusieurs fois enroulée à sa taille, par-dessus sa combinaison, était juste assez serrée pour faire ressortir la forme agile et dure de ses hanches. Winston l’avait détestée dès le premier coup d’œil. Il savait pourquoi. »
C’est ce mot de détester qui me frappe. On n’en a pas fini :
« C’était à cause de l’atmosphère de terrain de hockey, de bains froids, de randonnées en commun, de rigoureuse propreté morale qu’elle s’arrangeait pour transporter avec elle. Il détestait presque toutes les femmes, surtout celles qui étaient jeunes et jolies. C’étaient toujours les femmes, et spécialement les jeunes, qui étaient les bigotes du Parti : avaleuses de slogans, espionnes amateurs, dépisteuses d’hérésies. »
On retrouve cette idée dans plusieurs épisodes du Prisonnier (la série télé, voyez mes textes) : on a une fille jeune et Angelina-jolie, crétine et fanatique, bornée et maléfique, cruelle quand il faut. Le modèle écolo-progressiste d’aujourd’hui qui veut zigouiller la planète après y avoir mis bon ordre (elle a du mal avec la Russie, mais on verra…) en vient. Tout montre que le Prisonnier est la seule série télé à garder chez soi ; le reste est divertissement.
La fille est un agent de la police de la pensée :
« Mais cette fille en particulier lui donnait l’impression qu’elle était plus dangereuse que les autres. Une fois, alors qu’ils se croisaient dans le corridor, elle lui avait lancé un rapide regard de côté qui semblait le transpercer et l’avait rempli un moment d’une atroce terreur. L’idée lui avait même traversé l’esprit qu’elle était peut-être un agent de la Police de la Pensée. C’était à vrai dire très improbable. Néanmoins, il continuait à ressentir un malaise particulier, fait de frayeur autant que d’hostilité, chaque fois qu’elle se trouvait près de lui quelque part. »
Dans ce monde de fonctionnaires froides et sans enfants (futures commissaires de Bruxelles) il ne faut pas bouger le petit doigt :
« Deux doigts de sa main droite étaient tachés d’encre. C’était exactement le genre de détail qui pouvait vous trahir. Au ministère, quelque zélateur au flair subtil (une femme, probablement, la petite femme rousse ou la fille brune du Commissariat aux Romans) pourrait se demander pourquoi il avait écrit à l’heure du déjeuner, pourquoi il s’était servi d’une plume démodée, et surtout ce qu’il avait écrit, puis glisser une insinuation au service compétent. »
La chasse au sexe « hétérosexuel » est devenue une activité mainstream en occident. Dans le monde d’Orwell on en est déjà là comme on sait :
« Le but du Parti n’était pas simplement d’empêcher les hommes et les femmes de se vouer une fidélité qu’il pourrait être difficile de contrôler. Son but inavoué, mais réel, était d’enlever tout plaisir à l’acte sexuel. Ce n’était pas tellement l’amour, mais l’érotisme qui était l’ennemi, que ce fût dans le mariage ou hors du mariage. »
Les naissances sont raréfiées et contrôlées :
« Tous les mariages entre membres du Parti devaient être approuvés par un comité appointé et, bien que le principe n’en eût jamais été clairement établi, la permission était toujours refusée quand les membres du couple en question donnaient l’impression d’être physiquement attirés l’un vers l’autre. La seule fin du mariage qui fût admise était de faire naître des enfants pour le service du Parti. »
Cible importante, l’érotisme supérieur :
« La seule fin du mariage qui fût admise était de faire naître des enfants pour le service du Parti. Le commerce sexuel devait être considéré comme une opération sans importance, légèrement dégoûtante, comme de prendre un lavement. Cela non plus n’avait jamais été exprimé franchement mais, d’une manière indirecte, on le rabâchait dès l’enfance à tous les membres du Parti. »
L’on se rapproche d’une séparation totale (Philippe Muray nous parlait en 2002 d’un projet de couvre-feu pour les hommes en Suède, c’est dommage, ils ne sont pas encore allés jusque-là). On évoque une insémination artificielle :
« Il y avait même des organisations, comme celle de la ligue Anti-Sexe des Juniors, qui plaidaient en faveur du célibat pour les deux sexes. Tous les enfants devraient être procréés par insémination artificielle (artsem, en novlangue) et élevés dans des institutions publiques.
Winston savait que ce n’était pas avancé tout à fait sérieusement, mais ce genre de concept s’accordait avec l’idéologie générale du Parti. »
Ensuite on se rapproche de ce qui nous est arrivé. Le porno, la pseudo-libération, le web et l’abjection ont tué le sexe chez nous comme elles doivent le tuer dans le monde d’Orwell :
« Le Parti essayait de tuer l’instinct sexuel ou, s’il ne pouvait le tuer, de le dénaturer et de le salir. Winston ne savait pas pourquoi il en était ainsi, mais il semblait naturel qu’il en fût ainsi et, en ce qui concernait les femmes, les efforts du Parti étaient largement couronnés de succès. »
Le prix Nobel péruvien Vargas Llosa de passage dans une librairie universitaire US avait noté la disparition du sexe (il cherchait en amateur éclairé de la littérature érotique) et de toute culture d’ailleurs. La cancel culture a effacé presque tout (même l’orthographe) et elle effacera tout.
Le système orwellien tire ainsi parti des femmes :
« Winston apprit avec étonnement que, sauf le directeur du Commissariat, tous les travailleurs du Pornosec étaient des femmes. On prétendait que l’instinct sexuel des hommes étant moins facile à maîtriser que celui des femmes, ils risquaient beaucoup plus d’être corrompus par les obscénités qu’ils maniaient.
— Ils n’aiment pas avoir là des femmes mariées, ajoute-t-elle. On suppose toujours que les filles sont tellement pures ! En tout cas, il y a en a une ici qui ne l’est pas.
Elle avait eu son premier commerce amoureux à seize ans avec un membre du Parti âgé de soixante ans, qui se suicida plus tard pour éviter d’être arrêté. »
Aujourd’hui il passerait à la télé.
Revenons-en au projet :
« Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout. »
Cela c’est la France actuelle.
Mais continuons : on va briser le sexe, la famille, la culture, et même la science.
« Nous écrasons déjà les habitudes de pensée qui ont survécu à la Révolution. Nous avons coupé les liens entre l’enfant et les parents, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la femme. Personne n’ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n’y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs œufs aux poules. L’instinct sexuel sera extirpé. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d’alimentation. Nous abolirons l’orgasme. Nos neurologistes y travaillent actuellement. Il n’y aura plus de loyauté qu’envers le Parti, il n’y aura plus d’amour que l’amour éprouvé pour Big Brother. Il n’y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d’un ennemi. Il n’y aura ni art, ni littérature, ni science. »
En effet :
« Quand nous serons tout-puissants, nous n’aurons plus besoin de science. Il n’y aura aucune distinction entre la beauté et la laideur. Il n’y aura ni curiosité, ni joie de vivre. Tous les plaisirs de l’émulation seront détruits. Mais il y aura toujours, n’oubliez pas cela, Winston, il y aura l’ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s’affinera de plus en plus. Il y aura toujours, à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant. Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement. »
Le monde du vaccin, du Grand Reset, du dressage moral perpétuel et pointilleux, des bonnes vieilles guerres humanitaires et surtout permanentes de l’Océanie est ainsi exposé :
« Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ? C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendait être fondée sur l’amour et la justice. La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout. »
Et comme on nous disait que Paris se couvre de rats et de punaises sous le règne minable mais populaire d’Hidalgo :
— Le rat, dit O’Brien en s’adressant toujours à son invisible auditoire, est un carnivore, bien qu’il soit un rongeur. Vous avez dû entendre parler de ce qui se passe dans les quartiers pauvres de la ville. Dans certaines rues, les femmes n’osent, même pour cinq minutes, laisser seul leur bébé dans la maison. Les rats l’attaqueraient certainement. En très peu de temps, ils l’éplucheraient jusqu’aux os. Ils attaquent aussi les malades et les mourants. Ils savent reconnaître, avec une étonnante intelligence, si un homme est impotent.
• Un document, une longue lettre publiée il y a un demi-siècle, qui nous rappelle que notre crise a des racines si profondes, qu'elle est d'hier et d'aujourd'hui. • C’est une lettre d’Antoine de Saint-Exupéry, écrivain et aviateur, à un incertain “général ‘X’”
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L’ami Nicolas B., délaissant ses ‘Carnets’ pour cette fois, nous a procurés cette lettre d’Antoine de Saint-Exupéry “au général ‘X’”, écrite en juillet 1943 (et publiée en 1948-1956) alors que Saint-Ex venait d’être rétabli dans l’Armée de l’Air de la France Libre et se trouvait stationné sur une base américaine en Tunisie. Commandant dans l’Armée de l’Air, âgé de plus des fatidiques 40 ans (limite d’âge pour les missions de combat), avec un cœur très fragile, une multitude de séquelles de diverses blessures résultant d’accident d’avions de sa longue carrière de pilote-explorateur, où il fut notamment de l’aventure de l’Aéropostale, – avec son ami Henri Guillaumet et son héros qu’il tenait pour un demi-dieu, Jean Mermoz.
Saint-Ex, c’est la grande littérature française et une grandiose attitude d’antimoderne parfaitement accordée aux souffrances de son temps et du nôtre, mais c’est aussi et d’abord l’aviation et ses frères d’armes et d’aventure. En 1943, lui qui n’avait vécu que pour l’aviation, découvrait que les avions étaient devenus des machines puissantes et terribles qui allaient dévorer le monde et qu’il n’aimait plus. Ses amis avuent vécu, – Mermoz disparu dans l’Atlantique Sud en 1936, Guillaumet abattu en Méditerranée en 1940. Il lui restait à survivre pour mourir dignement.
Il dut batailler pendant des mois avec la bureaucratie de l’US Army Air Force pour pouvoir être intégré dans une unité française de reconnaissance en Sardaigne puis en Corse, qui volait sur des bimoteurs et bipoutre de chasse et de reconnaissance Lockheed P-38 ‘Lightning’. (Il parle dans sa lettre de ses premiers vols sur P-38.) Ces énormes machines, d’une puissance peu commune, volait à très haute altitude et, pour cette raison, le P-38 fut le premier chasseur avec un cockpit pressurisé. C’est à cause de son âge et surtout de sa santé (le cœur) que l’USAAF ne voulait pas l’autoriser à voler sur P-38, jugeant le risque trop élevé pour lui. Sa notoriété immense aux USA et son entêtement forcèrent le destin.
L’installation du commandant Saint-Ex dans le cockpit de son P-38 pour chaque mission demandait l’aide d’au moins deux mécanos tant sa souplesse était réduite et le faisait souffrir atrocement des séquelles de ses vieilles blessures. Il disparut le 31 juillet 1944, à 44 ans, lors d’une mission de reconnaissance sur la vallée du Rhône et la Provence. On retrouva et identifia formellement l’épave de l’avion en 2003, dans les eaux au large de Marseille... Peut-être fut-il abattu par un Messerschmitt 109 en maraude (un Allemand, ancien pilote de la guerre, signala des années plus tard, après l’identification de l’épave, qu’il avait abattu un ‘Lightning’ dans cette zone, le jour où Saint-Ex ne rentra pas à sa base.)
Il était désespéré, accablé d’une immense tristesse tenant à la catastrophe de notre Fin des Temps et sans doute la mort qui ressemblait au suicide d’un combattant épuisé lui fut-elle une délivrance. Sa blessure la plus affreuse, la plus terrible, la plus impitoyable, sa blessure mortelle enfin, c’étaient son époque et la modernité dévorante qui saisissaient dans leurs griffes mortelles le monde et les hommes devenus robots.
« De la tragédie grecque, l’humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu’au théâtre de M. Louis Verneuil (on ne peut guère aller plus loin). Siècle de la publicité, du système Bedeau, des régimes totalitaires et des armées sans clairons ni drapeaux ni messe pour les morts. Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif. »
La lettre ci-dessous fut écrite à La Marsa, près de Tunis, en juillet 1943. Parue dans Le Figaro littéraire, no 103, 10 avril 1948. Recueillie dans Un sens à la vie, Gallimard, 1956.
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Je viens de faire quelques vols sur P-38. C’est une belle machine. J’aurais été heureux de disposer de ce cadeau-là pour mes vingt ans. Je constate avec mélancolie qu’aujourd’hui, à quarante-trois ans, après quelque six mille cinq cents heures de vol sous tous les ciels du monde, je ne puis plus trouver grand plaisir à ce jeu-là. Ce n’est plus qu’un instrument de déplacement – ici, de guerre. Si je me soumets à la vitesse et à l’altitude à un âge patriarcal pour ce métier, c’est bien plus pour ne rien refuser des emmerdements de ma génération que dans l’espoir de retrouver les satisfactions d’autrefois.
Ceci est peut-être mélancolique, mais peut-être bien ne l’est pas. C’est sans doute quand j’avais vingt ans que je me trompais. En octobre 1940, de retour d’Afrique du Nord où le groupe 2-33 avait émigré, ma voiture étant remisée, exsangue, dans quelque garage poussiéreux, j’ai découvert la carriole et le cheval. Par elle, l’herbe des chemins. Les moutons et les oliviers. Ces oliviers avaient un autre rôle que celui de battre la mesure derrière les vitres à cent trente kilomètres à l’heure. Ils se montraient dans leur rythme vrai qui est de lentement fabriquer des olives. Les moutons n’avaient pas pour fin exclusive de faire tomber la moyenne. Ils redevenaient vivants. Ils faisaient de vraies crottes et fabriquaient de la vraie laine. Et l’herbe aussi avait un sens puisqu’ils la broutaient.
Et je me suis senti revivre dans ce seul coin du monde où la poussière soit parfumée (je suis injuste, elle l’est en Grèce aussi comme en Provence). Et il m’a semblé que, durant toute ma vie, j’avais été un imbécile...
Tout cela pour vous expliquer que cette existence grégaire au cœur d’une base américaine, ces repas expédiés debout en dix minutes, ce va-et-vient entre les monoplaces de 2 600 CV dans une sorte de bâtisse abstraite où nous sommes entassés à trois par chambre, ce terrible désert humain, en un mot, n’a rien qui me caresse le cœur. Ça aussi, comme les missions sans profit ou espoir de retour de juin 1940, c’est une maladie à passer. Je suis « malade » pour un temps inconnu. Mais je ne me reconnais pas le droit de ne pas subir cette maladie. Voilà tout. Aujourd’hui, je suis profondément triste – et en profondeur. Je suis triste pour ma génération qui est vide de toute substance humaine. Qui, n’ayant connu que le bar, les mathématiques et les Bugatti comme forme de vie spirituelle, se trouve aujourd’hui dans une action strictement grégaire qui n’a plus aucune couleur. On ne sait pas le remarquer. Prenez le phénomène militaire d’il y a cent ans. Considérez combien il intégrait d’efforts pour qu’il fût répondu à la vie spirituelle, poétique ou simplement humaine de l’homme. Aujourd’hui que nous sommes plus desséchés que des briques, nous sourions de ces niaiseries. Les costumes, les drapeaux, les chants, la musique, les victoires (il n’est pas de victoire aujourd’hui, rien qui ait la densité poétique d’un Austerlitz. Il n’est que des phénomènes de digestion lente ou rapide), tout lyrisme sonne ridicule et les hommes refusent d’être réveillés à une vie spirituelle quelconque. Ils font honnêtement une sorte de travail à la chaîne. Comme dit la jeunesse américaine : « Nous acceptons honnêtement ce job ingrat » et la propagande, dans le monde entier, se bat les flancs avec désespoir. Sa maladie n’est point d’absence de talents particuliers, mais de l’interdiction qui lui est faite de s’appuyer, sans paraître pompière, sur les grands mythes rafraîchissants. De la tragédie grecque, l’humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu’au théâtre de M. Louis Verneuil (on ne peut guère aller plus loin). Siècle de la publicité, du système Bedeau, des régimes totalitaires et des armées sans clairons ni drapeaux ni messe pour les morts. Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif.
Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. Si j’avais la foi, il est bien certain que, passé cette époque de « job nécessaire et ingrat », je ne supporterais plus que Solesmes. On ne peut plus vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous ! On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d’hommes n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots. Tous les craquements des trente dernières années n’ont que deux sources : les impasses du système économique du XIXe siècle, le désespoir spirituel. Pourquoi Mermoz a-t-il suivi son grand dadais de colonel sinon par soif ? Pourquoi la Russie ? Pourquoi l’Espagne ? Les hommes ont fait l’essai des valeurs cartésiennes : hors les sciences de la nature, ça ne leur a guère réussi. Il n’y a qu’un problème, un seul : redécouvrir qu’il est une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence, la seule qui satisfasse l’homme. Ça déborde le problème de la vie religieuse qui n’en est qu’une forme (bien que peut-être la vie de l’esprit conduise à l’autre nécessairement). Et la vie de l’esprit commence là où un être « un » est conçu au-dessus des matériaux qui le composent. L’amour de la maison – cet amour inconnaissable aux États-Unis – est déjà de la vie de l’esprit.
Et la fête villageoise et le culte des morts (je cite ça, car il s’est tué depuis mon arrivée ici deux ou trois parachutistes, mais on les a escamotés : ils avaient fini de servir). Cela c’est de l’époque, non de l’Amérique : l’homme n’a plus de sens.
Il faut absolument parler aux hommes.
À quoi servira de gagner la guerre si nous en avons pour cent ans de crise d’épilepsie révolutionnaire ? Quand la question allemande sera enfin réglée, tous les problèmes véritables commenceront à se poser. Il est peu probable que la spéculation sur les stocks américains suffise, au sortir de cette guerre, à distraire, comme en 1919, l’humanité de ses soucis véritables. Faute d’un courant spirituel fort, il poussera, comme champignons, trente-six sectes qui se diviseront les unes les autres. Le marxisme lui-même, trop vieillot, se décomposera en une multitude de néo-marxismes contradictoires. On l’a bien observé en Espagne. À moins qu’un César français ne nous installe dans un camp de concentration néo-socialiste pour l’éternité.
Ah ! quel étrange soir ce soir, quel étrange climat. Je vois de ma chambre s’allumer les fenêtres de ces bâtisses sans visage. J’entends les postes de radio divers débiter leur musique de mirliton à cette foule désœuvrée venue d’au-delà des mers et qui ne connaît même pas la nostalgie.
On peut confondre cette acceptation résignée avec l’esprit de sacrifice ou la grandeur morale. Ce serait là une belle erreur. Les liens d’amour qui nouent l’homme d’aujourd’hui aux êtres comme aux choses sont si peu tendus, si peu denses que l’homme ne sent plus l’absence comme autrefois. C’est le mot terrible de cette histoire juive : « Tu vas donc là-bas ? Comme tu seras loin ! – Loin d’où ? » Le « où » qu’ils ont quitté n’était plus guère qu’un vaste faisceau d’habitudes. En cette époque de divorce, on divorce avec la même facilité d’avec les choses. Les frigidaires sont interchangeables. Et la maison aussi si elle n’est qu’un assemblage. Et la femme. Et la religion. Et le parti. On ne peut même pas être infidèle : à quoi serait-on infidèle ? Loin d’où et infidèle à quoi ? Désert de l’homme.
Qu’ils sont donc sages et paisibles, ces hommes en groupe. Moi, je songe aux marins bretons d’autrefois, qui débarquaient à Magellan, à la Légion étrangère, lâchés sur une ville, à ces nœuds complexes d’appétits violents et de nostalgie intolérable qu’ont toujours constitués les mâles un peu trop sévèrement parqués. Il fallait toujours, pour les tenir, des gendarmes forts ou des principes forts ou des fois fortes. Mais aucun de ceux-là ne manquerait de respect à une gardeuse d’oies. L’homme d’aujourd’hui, on le fait tenir tranquille, selon le milieu, avec la belote ou avec le bridge. Nous sommes étonnamment bien châtrés. Ainsi sommes-nous enfin libres. On nous a coupé les bras et les jambes, puis on nous a laissés libres de marcher. Mais je hais cette époque où l’homme devient, sous un totalitarisme universel, bétail doux, poli et tranquille. On nous fait prendre ça pour un progrès moral ! Ce que je hais dans le marxisme, c’est le totalitarisme à quoi il conduit. L’homme y est défini comme producteur et consommateur, le problème essentiel est celui de distribution. Ainsi dans les fermes modèles. Ce que je hais dans le nazisme, c’est le totalitarisme à quoi il prétend par son essence même. On fait défiler les ouvriers de la Ruhr devant un Van Gogh, un Cézanne et un chromo. Ils votent naturellement pour le chromo. Voilà la vérité du peuple! On boucle solidement dans un camp de concentration les candidats Cézanne, les candidats Van Gogh, tous les grands non-conformistes, et l’on alimente en chromos un bétail soumis. Mais où vont les États-Unis et où allons-nous, nous aussi, à cette époque de fonctionnariat universel? L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne : système Bedeau, à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela, l’homme d’aujourd’hui.
Et moi, je pense que, il n’y a pas trois cents ans, on pouvait écrire La Princesse de Clèves ou s’enfermer dans un couvent pour la vie à cause d’un amour perdu, tant était brûlant l’amour. Aujourd’hui, bien sûr, des gens se suicident. Mais la souffrance de ceux-là est de l’ordre d’une rage de dents. Intolérable. Ça n’a point à faire avec l’amour.
Certes, il est une première étape. Je ne puis supporter l’idée de verser des générations d’enfants français dans le ventre du Moloch allemand. La substance même est menacée. Mais, quand elle sera sauvée, alors se posera le problème fondamental qui est celui de notre temps. Qui est celui du sens de l’homme, et il n’est point proposé de réponse et j’ai l’impression de marcher vers les temps les plus noirs du monde.
Ça m’est bien égal d’être tué en guerre. De ce que j’ai aimé, que restera-t- il ? Autant que des êtres, je parle des coutumes, des intonations irremplaçables, d’une certaine lumière spirituelle. Du déjeuner dans la ferme provençale sous les oliviers, mais aussi de Haendel. Les choses, je m’en fous, qui subsisteront. Ce qui vaut, c’est certain arrangement des choses. La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement. Nous aurons de parfaits instruments à musique distribués en grande série, mais où sera le musicien ? Si je suis tué en guerre, je m’en moque bien. Ou si je subis une crise de rage de ces sortes de torpilles volantes qui n’ont plus rien à voir avec le vol et font du pilote parmi ses boutons et ses cadrans une sorte de chef comptable (le vol aussi, c’est un certain ordre de liens). Mais, si je rentre vivant de ce « job nécessaire et ingrat », il ne se posera pour moi qu’un problème : que peut-on, que faut-il dire aux hommes ?
Je sais de moins en moins pourquoi je vous raconte tout ceci. Sans doute pour le dire à quelqu’un, car ce n’est point ce que j’ai le droit de raconter. Il faut favoriser la paix des autres et ne pas embrouiller les problèmes. Pour l’instant, il est bien que nous nous fassions chefs comptables à bord de nos avions de guerre.
Depuis le temps que j’écris, deux camarades se sont endormis devant moi dans ma chambre. Il va me falloir me coucher aussi, car je suppose que ma lumière les gêne (ça me manque bien, un coin à moi !). Ces deux camarades, dans leur genre, sont merveilleux. C’est droit, c’est noble, c’est propre, c’est fidèle. Et je ne sais pourquoi j’éprouve, à les regarder dormir ainsi, une sorte de pitié impuissante. Car, s’ils ignorent leur propre inquiétude, je la sens bien. Droits, nobles, propres, fidèles, oui, mais aussi terriblement pauvres. Ils auraient tant besoin d’un dieu. Pardonnez-moi si cette mauvaise lampe électrique que je vais éteindre vous a aussi empêché de dormir et croyez en mon amitié.
11 mars 2024 (16H50) – Nous évoquions ici notamment l’hypothèse que le monde politique américaniste, en plus de ses spasmes spectaculaires sans nombre, bouge comme sous l’effet d’un gigantesque séisme souterrain, non pas brutal et spectaculaire, mais pour le cas que nous évoquons, puissant et d’une ampleur du déplacement de plaques tectoniques grandes comme des continents. Cela n’est qu’une hypothèse et qui, bien entendu, relie ce phénomène souterrain et encore caché à la bruyante ‘écume des jours’ qui bouillonne sur la carapace extérieure, faite plastiquer vulgaire aux couleurs criardes de type ‘fluo’ du même monde politique.
Nous allons énumérer plusieurs faits et domaines qui nous font pousser notre analyse dans ce sens, et nos lecteurs notent que ce texte n’est pas placé dans la seule rubrique RapSit (Rapport de Situation)-USA2024 qui concerne les seuls USA géographiques et politiques, mais sur une page du ‘Journal-dde.krisis’, d’un tempérament assez éparpillé, et dans ce cas adapté à la question traitée dans la mesure où les événements hypothétiques évoqués concernent le reste du monde occidental-compulsif directement et affublé d’une folie également directe, et le reste du monde indirectement avec la Russie comme pont entre les deux.
...La Russie qui est, aujourd’hui, le pays-clef de l’évolution du monde, celui à partir duquel tout le monde se décide et auquel tout le monde se réfère, – que cela plaise ou que cela déplaise ô combien... Les Occidentaux sophistiqués et civilisés n’aiment pas la Russie parce que c’est la mode de ne l’aimer pas mais, désolé, ils en croquent désormais parce qu’il faut en passer par là.
Nous allons développer un certain nombre de faits qui entretiennent cette hypothèse que nous envisageons, qui garde les USA en ligne de mire comme facteur de fracturation du monde fabriqué et mis en place par... les USA. En raison de leur immensité et de leur formalisme absolument contraignant, – la liberté “qui éclaire le monde” a ainsi d’étranges effets contradictoires dans les eaux glauques où le Potomac rencontre l’Océan Atlantique, – ont, plus que tous les autres pays, deux niveaux d’activités : celui qu’on entend et qu’on voit, visible assourdissant, plein de lumières au néon et de machineries informatiques, ce que nous avons décidé de nommer “l’écume des jours” comme disait Boris Vian ; et celui qui évolue souterrainement en fonction des véritables forces, terribles et paraît-il maîtresses du Monde... Et l’hypothèse que nous évoquons, fait extraordinaire et sans doute sans précédent, fait coïncider ces deux courants pour courir dans le même sens qui se précipite vers la fracturation du monde.
Il est vrai qu’on a fait, hier, grand cas des rumeurs concernant le sort de l’OTAN si Trump était élu président. On l’a fait notamment en fonction des nouvelles que donnait le quotidien londonien ‘Daily Telegraph’ qui, en plus d’être un disséminateur zélé du simulacre ukrainien, est également un fidèle “petit télégraphiste” des nouvelles transatlantiques que les USA voudraient voir diffuser d’une façon discrète. D’où l’intérêt que nous portons à une remarque d’Alexandre Mercouris, fin connaisseur des pratiques de la presse londonienne, s’arrêtant à un “détail” de l’article cité du quotidien britannique.
« ... Et nous avons aussi dans un article du ‘Daily Telegraph’ l’information selon laquelle des “officiels américains” sont désormais en train d’avertir les pays européens que les Etats-Unis pourraient bientôt se retirer de l’OTAN et que les Européens seront laissés à eux-mêmes pour leur propre défense.
» Pour ma part, je me demande qui exactement, aux USA, parmi les “officiels américains”, sont en train d’effectuer une telle mission. Je présume que cette information est vraie, qu’elle n’est pas inventée, et alors cela serait un fait évidemment remarquable que des “officiels US” soient envoyés pour avertir les Européens de cette façon. J’ai déjà beaucoup parlé de l’atmosphère de panique qui prévaut en ce moment à l’OTAN ... Et du coup, cette information expliquerait cette atmosphère de panique qui règne à l’OTAN... »
Les clips de synthèse rapide de ‘Hindustan Times’, qui sont tenus pour les moyens électroniques les plus suivis pour connaître en quelques images très rapides des divers échos et remarques concernant les problèmes politiques les plus brûlants du jour ne ménagent pas les séquences sur les remous que provoquent ces rumeurs sur un éloignement des USA de l’OTAN, comme part exemple on le voit ici. Effectivement, la reprise sur ces séries de clips de la seule information enfouie dans un article du ‘Daily Telegraph’ montre bien que Mercouris voit sans doute juste et qu’on se chuchote dans les milieux dirigeants qu’il s’agit d’un réel avertissement...
Mais s’agit-il d’un avertissement de l’actuelle administration fait pour imposer une pression sur les Européens dans les actuels débats, ou d’un “avertissement” bel et bien sérieux sur la progression d’une décision de plus en plus méticuleusement étudiée à mesure qu’on s’approche de l’élection de novembre. Cela signifie que des fractions grandissantes de l’appareil de sécurité nationale commencent à travailler avec dans l’esprit l’idée qu’en novembre prochain, Trump deviendra leur nouveau, patron comme le suggère un témoignage publié par ‘ThePostMillenium.com’ :
« Douglas London, un ancien responsable de la CIA, a déclaré au média que si l'administration Biden refuse de partager des informations avec Trump [avant son éventuelle élection], cela pourrait se retourner contre la communauté du renseignement. Il a ajouté que cette décision pourrait les entacher aux yeux de quelqu'un qui pourrait très bien redevenir leur patron dans quelques mois”. »
Notre hypothèse conclusive est simple : l’information du ‘Telegraph‘ et les “officiels” en question pourraient bien être des fonctionnaires qui prennent leur précaution en ralliant au moins en partie le camp de Trump et en exécutant ses consignes. Si c’est le cas, il est aussi temps de noter avec une grande insistance que l’opposition à Trump de la communauté de sécurité nationale est cette année nettement, infiniment moins forte qu’en 2016.
On peut alors avancer l’idée que le départ de Nuland est bien le fait d’une pression pour réduire la vigueur du camp pro-guerre qui n’est pas vla tasse de thé de Trump ; et là aussi un signe qu’une fraction plutôt de tendance trumpiste, favorable à un arrangement avec la Russie, se révèle plus forte et plus efficace que prévu.
On mettra “au crédit” de Macron et de ses déclarations incendiaires et provocatrices la vertu étrange d’avoir mis le feu aux poudres et d’avoir semé au sein de l’UE un désordre tout à fait inattendu qui a magnifiquement renforcé la panique de l’hypothèse d’un possible prochain départ des USA, soit simplement de l’engagement ukrainien, soit de l’OTAN elle-même.
Comme on l’a lu, Fiodor Loukianov avait déterminé qu’une tension maximale, une russophobie sans désemparer était prévisible dans la mesure où il jugeait que c’était le seul moyen de maintenir l’unité européenne. C’était tout à fait juste dans la mesure où les pays de l’UE/de l’OTAN se contentaient simplement de poursuivre leur engagement tel qu’ils l’avaient déterminé. Ainsi Loukianov observait-il :
« La première est qu’il semble que les désaccords au sein de la communauté d’Europe occidentale, aggravés par l’augmentation générale de l’incertitude, soient résolus par une augmentation des tensions, au lieu de les réduire. Le simple fait de réduire l’intensité de l’hystérie de la “menace russe” mettra immédiatement au jour de nombreuses contradictions qui sont actuellement étouffées. Ainsi, l’establishment préfère une escalade vers la Russie à la détente.
» Deuxièmement, l'idée, qui gagne en popularité dans notre pays, selon laquelle pour sortir du cercle vicieux, il faudrait que les élites occidentales soient effrayées par l’Armageddon nucléaire et qu'elles retrouvent ensuite leur volonté de négocier, pourrait avoir le résultat exactement opposé. L’élite dirigeante d’aujourd’hui est en effet qualitativement différente des générations précédentes. Tout d’abord, elle croit en une sorte de dogme sur l’infaillibilité de l’Occident, c’est-à-dire la certitude que toute déviation du canon idéologique et politique établi après la guerre froide sera une véritable catastrophe pour le monde. Et puisque tout compromis avec la Russie constituerait un tel recul, il faut l’empêcher à tout prix. »
Ce qui s’est passé, essentiellement du fait de Macron, est que les Européens ont été invité d’aller au-devant de la “menace russe”, de provoquer la Russie pour susciter un affrontement, d’en rajouter en augmentant la mise par la perspective ubuesque et surréaliste d’une entrée offensive des troupes européennes de l’OTAN contre la Russie. Andrew Korybko rapporte même que des plans sont en cours d’élaboration pour une attaque selon deux corridors, un au Nord et un au Sud., avec le génial maréchal McMacron comme aspirateur comme il se doit. Cette initiative change tout : l’affrontement avec la Russie n’est plus du tout un unificateur du conformisme UE-OTAN, cela devient un risque majeur pour tous les pays et pour chaque pays, avec l’éparpillement des intérêts nationaux et des folies respectives des dirigeants nationaux, soit un dés-unificateur du conformisme UE-OTAN dont plus personne ne sait exactement quelle direction il indique.
Aussitôt, le désordre des intentions diverses et souvent contradictoires remplace l’unité jusqu’alors observé, et justement, par Loukianov. Les Polonais soi-disant bellicistes et les Anglais très modérés sont en grave désaccord (alors que dans les plans Korybko, les Anglais sont catégorisés attaquants). Les Italiens dénoncent les Français et les Polonais qui parlent de partir en guerre, de prétendre parler au nom de l’UE. Et lorsqu’on parle des Polonais qui veulent la guerre, de qui parle-t-on ? Du ministre des affairées étrangères Sikorski, agent bien connu des neocon et pas nécessairement du Premier ministre Tusk, proche de l’Allemagne qui ne veut rien entendre de la folie belliciste de Macron.
... Et Mercouris de s’écrier, alors que nous précisons que la France a déjà une coalition formée avec les trois pays baltes et le Sikorski de Pologne, – bigre, impressionnante cohorte du type Chevaliers Teutoniques.. :
« En Allemagne, et de plus en plus aux Etats-Unis, on est de plus en plus furieux devant les initiatives de Macron... On se demande quels sont les buts de Macron mais, quoi qu’il en soit, ce qu’il fait est naturellement dangereux pour la France et pour l’armée française, et s’il s’avère qu’il veut entraîner les pays baltiques dans cette aventure, il méritera absolument toutes les condamnations possibles à son encontre.
» Quoi qu’il en soit des conséquences de l’action du Français et des raisons précises pour lesquelles il agit d’une façon si bizarre... »
Mais nous n’arrêterons pas là sans retourner faire un tour du côté de Washington où se prépare peut-être, – nous vous l’avions promis – un événement extraordinaire. On sait que la Sénat, alors que la Chambre est plus turbulente, est tenu depuis des décennies par le “parti unique” (démocrates classiques gaucho-corrompus et les RINOS, ou ‘Republicans In Name Only’). Mais le chef de la minorité républicaine qui pourrait devenir majoritaire en novembre, le RINO McConnell, s’en va à la fin de son mandat, touché par la fardeau mélancolique de l’âge et de son abrutissement. Qui le remplacera, prenant ainsi la direction républicaine éventuelle du Sénat ? Deux noms de RINOs avaient été avancés, mais voilà qu’un outsider de poids entre sur les rangs, et avec un fort soutien : Rand Paul, fils de Ron, le plus populiste-trumpiste des sénateurs républicains avec J.D. Vance. Rand Paul déclenche aussitôt une dynamique en sa faveur, conduite par Elon Musk :
Une perspective unique s’ouvre alors dans l’histoire politique moderne des USA, alors que Trump déclenche des liesses incroyables et que Biden récolte des doigts d’honneur : que le parti républicain régénéré en trumpiste-populiste puisse tenir à la fois la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre.
Hypothèse, là aussi, hypothèse, comme l’aventure macronienne est l’hypothèse d’ « un idiot racontant sa propre histoire “qui ne signifie rien” ». Il paraît tout de même qu’il y a de la stratéguie-tactique dans tout ça, – chez Macron, veux-je dire : il lance sa colonne de 15 000 gus, avec une cinquantaine d’Estoniens, et il renverse la tendance des sondages pour les élections européennes en France avant d’affronter la 58ème Armée de la Garde avec ses drones, ses ‘Kinzhal’ hypersoniques et ses T-90. C’est Austerlitz-sur-Moscova, en algorithmes et en agitations un peu lascives de notre Premier ministre.
Voulez-vous, – pour vous récompenser de cette belle patience qui se contente d’une narrative enrobée d’un simulacre au sein d’une histoire “qui ne signifie rien”, – une conclusion justement, une belle conclusion ? Elle est de notre bon, de notre excellent Mercouris, au sortir de son récit accablé des dernières péripéties du maillot-jaune Macron :
« Je l’avoue une fois de plus, je trouve tout cela si bizarre que cela me laisse sans voix... »
• Cris et gémissements divers encombrent aujourd’hui les dépêches et communiqués officiels de nombre de personnalité européennes sur l’avenir de l’OTAN et de l’atlantisme si Trump est élu. • On s’intéresse donc plus précisément à la situation que révèlent ces plaintes sans fin d’un troupeau de moutons politiques placés aux commandes de la carriole de l’UE, qui ne cesse d’affirmer son allégeance à l’Amérique globaliste et se désole de la voir devenir de plus en plus trumpiste. • Cette espèce d’immense et morne plainte se fixe très précisément sur le sort de l’OTAN que les moutons, très moutonniers, voient menacée d’un sacrifice épouvantable du fait de l’horrible personnalité et du dessein catastrophique de Donald J. Trump. • Certains pourraient juger que c’est une tempête dans un verre d’eau à peine trempé de whisky et que tout se poursuivra selon la politiqueSystème. • D’autres pas, et croient qu’un déluge menace. • Notre jugement irait plutôt du côté du déluge.
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10 mars 2024 (16H45) – Il faut dire quelque mot de l’énorme pantalonnade, – ou mieux si vous voulez du cultivé, “escobarderie” venu lointainement de l’Espagnol Escobar, ou bien casuistique, – un canard, bref ! nous annonçant que l’élection de Trump pourrait bien signifier le retrait américaniste de l’OTAN. Nous disons cela parce que le sujet, déjà plusieurs fois abordé de façon insistante, l’est encore, cette fois par un article du ‘Daily Telegraph’, fidèle porte-parole des milieux hyper-atlantistes-globalistes. Bref ? Il faut voir là une signification à plusieurs tiroirs dont certains sont de notre cru :
• Un aliment de plus pour une panique européenne en cas d’élection de Trump.
• Un “contrefeu préventif” : allumer un feu d’arrêt d’un incendie avant que l’incendie n’éclate, pour l’empêcher d’éclater, s’il était seulement envisageable qu’il éclatât.
• Euh... donc, “Il vaut mieux prévenir que guérir” ? Mais s’il s’agit de vaccin type Covid, le contrefeu avant que l’incendie ait éclaté risque de provoquer cet incendie par avance, même s’il n’était pas prévu.
• Euh euh ... “Nous sommes les Maîtres du Monde et nous savons tout, même les simulacres des pires catastrophes que nos sottises dont sont farcis nos simulacres déclenchent”.
Ces dernières citations sont classées ‘top secret’ et leurs sources doivent impérativement rester anonymes.
Tout cela étant dit, il apparaît évident que rien, absolument rien ne peut être dit dans un sens ou l’autre. Le “maître des horloges”, comme l’on disait in illo tempore en entendant les cloches sonner, ne prend en compte et en compote ni le décalage horaire ni la décadence qualitative de l’horlogerie globale.
En attendant, nous revenons au journal britannique si précis, si loyal, si indépendant des pouvoirs d’argent, si véridique dans ses informations. Ce qu’il nous dit est vraiment tout à fait nouveau, une sorte de version postmoderne et otanienne du “Chœur des esclaves” de ‘Nabuco’..
« L'OTAN pourrait être confrontée à un risque sérieux de voir les États-Unis quitter l'alliance si Donald Trump est réélu en novembre, a déclaré samedi le Telegraph, citant plusieurs diplomates des États membres du bloc. Les pays européens de l’OTAN devraient élaborer une stratégie pour faire face aux conséquences d’une telle éventualité et reconsidérer les capacités de défense du bloc, préviennent-ils.
» La possibilité d’un retrait américain est une “préoccupation”, a déclaré au journal un diplomate européen. “Personne ne sait ce qu’il va faire ensuite”, a-t-il déclaré, faisant référence à Trump. [...]
» Un diplomate européen a déclaré que le reste du bloc devrait “planifier” un scénario dans lequel Trump donnerait suite à de tels plans ou affaiblirait simplement l’engagement américain envers l’OTAN. “Des préparatifs doivent être en place”, a ajouté la source du journal.
» Un autre responsable a décrit l’OTAN comme étant “tellement dépendante des Etats-Unis”. Une “discussion” sur la couverture contre les risques de retrait américain était “nécessaire”, a ajouté cette personne. Une troisième source citée par le journal a déclaré que les nations européennes devraient vérifier l’adéquation de leur propre “planification de défense” face à de tels risques.
» Au Royaume-Uni, [...] Lord Kim Darroch, ancien ambassadeur britannique aux États-Unis et conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre : “Si j'étais responsable d'un bureau de Premier ministre en Europe, je demanderais aux experts du gouvernement de commencer à réfléchir de manière imprévue à ce à quoi ressemblerait et fonctionnerait une OTAN sans les États-Unis - juste au cas où”. »
Tout cela n’est-il qu’un peu de vent pour disperser le sable de ragots inconséquents ? Nullement, – en aucun cas !
Fin 2023, un ancien secrétaire à la défense de Trump, Marc Esper, ancien lobbyiste de Washington et l’un des collaborateurs du président qui l’a certainement le plus trahi durant les derniers mois de sa présidence, en 2019-2020, – mais comment Trump choisissait-il ses collaborateurs ?! – donnait quelques détails sur cette question du départ de l’OTAN. Il faut l’écouter en décembre 2023, car il donne les détails les plus révélateurs, et certainement de ces précisions qui furent passés par lui-même aux adversaires de Trump et précipitèrent le regroupement de toutes leurs forces (CIA, FBI, etc.), voire quelques actions de sauvegarde auprès de certains centres de tri des voies de novembre 2020 (“J’dis ça, j’ai rien dit”, dit Jeremy le cricket) :
« Dans une interview le 6 décembre à MSNBC, Esper a été interrogé sur ce que signifieraient les perspectives d’une seconde présidence Trump pour l’avenir de l’OTAN.
» Je pense que l’une des premières choses qui arriverait serait qu’il retire son soutien à l’Ukraine », a répondu Esper. « Et bien sûr, si cela devait se produire, tous les efforts visant à soutenir l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie finiraient par s’effondrer. Les États-Unis sont comme le gros bloc de la tour Jenga ; vous nous retirez et tout s’effondre.
» “Sa prochaine démarche serait de commencer à nous retirer de l'OTAN, et certainement à retirer les troupes des pays de l'OTAN”, a déclaré Esper à MSNBC. “Et à terme, cela pourrait provoquer l'effondrement de l'alliance... et ensuite commencerait-il à chercher, comme il en discutait avec moi et d'autres à l'époque – à retirer ses troupes de Corée, du Japon, des autres pays alliés avec nous...” »
On ajoutera qu’un autre “ami” de Trump, incroyable choix de ce président comme conseiller de sécurité nationale, John Bolton qui est certainement la personnalité la plus marquée avec Victoria Nuland de la politiqueSystème à laquelle Trump prétendait s’opposer à l’époque (et aujourd’hui), affirmait en février dernier que Trump envisageait un retrait de l’OTAN dès 2018, et que par conséquent il le fera plus que jamais s’il est élu.
Il est assuré aujourd’hui que toutes ces confidences faites par d’anciens collaborateurs auxquels il accordait aveuglément et d’une façon extraordinairement naïve sa confiance, ont été rapportées au Trump d’aujourd’hui, celui qui vient de remporter le ‘Super Tuesday’. En a-t-il tiré la leçon ? Bonne question...
Certains jugent surtout que c’est une question inutile, parce que la réponse n’est pas là ; elle est là-bas et là-haut, ‘Blowing in the Wind’ au 666ème étage (l’étage de la Bête) d’un gratte-ciel où se tient une réunion des Maîtres du Monde. C’est un peu la thèse de Markku Siira, qu’on a déjà cité à quelques occasions sur ce site, et qui expédie en quelques lignesla candidature de Trump.2.0 comme la nième arnaque du siècle des simulacres :
« Le “super mardi” des primaires présidentielles américaines a révélé que le pouvoir en place est clairement déterminé à donner une seconde chance à Trump en tant que figure de proue de l’“Occident global”. Il reste encore des mois de théâtre électoral, mais le résultat semble déjà assez clair, avec le déclin du soutien populaire à Biden.
» Je me demande simplement pourquoi les euro-atlantistes sont si terrifiés par le retour de Trump. Pensent-ils vraiment que Trump est le signe avant-coureur d'un changement radical ? Qu'est-il advenu de l'expression trumpienne appelant à “drainer le marigot” la dernière fois ?
» Trump s'est plaint à plusieurs reprises que les autres pays membres de l'OTAN ne finançaient pas suffisamment l'alliance défensive atlantique. Il ne faut pas y voir la rhétorique d'un lobbyiste américain de l'industrie de l'armement visant à inciter les pays européens membres de l'OTAN à augmenter leurs dépenses de défense. Je ne pense pas que Trump brisera l'alliance militaire, il n'en a pas l'autorité.
» Les capitalistes américains laisseront Trump revenir à la Maison Blanche, parce qu'il soutiendra Israël avec encore plus d'enthousiasme que Biden. Trump a déjà dit qu'Israël devait “s’occuper de ses problèmes” à Gaza, il n'est donc pas l'homme qu'il faut pour empêcher le génocide palestinien et démanteler l'ethnocratie sioniste. Je ne serais pas surpris si cette fois Trump est prêt à la guerre contre l'Iran (et la Chine). »
A franchement parler, cette analyse, tout comme les divers scénarios dans ce sens, qui s’appuient sur l’idée d’une organisation assez puissante pour de telles manipulations, ne rencontre guère notre adhésion. On peut certes avancer que la nouvelle popularité de Trump et ses irrésistibles avancées actuelles dans une position extrêmement renforcée suscitent des changements de position de certains groupes à son égard, mais alors Trump tient le rôle de la cause et non celui de la conséquence.
L’argument concernant la Palestine avancée dans le texte existe bien entendu mais il n’est pas l’essentiel dans la dynamique de la communication après avoir effectivement pris la première place pendant deux-trois mois. Désormais, l’Ukraine (et donc la position de Trump vis-à-vis de l’OTAN) est revenue au premier plans des subcrise de la GrandeCriseet, dans ce cas, la position de Trump ne peut guère satisfaire les “manipulateurs” selon Markku Siira.
Nous préférons faire confiance au désordre comme régulateur paradoxal de la situation US, avec l’habituelle combat de la Grande Haine contre Trump et les fureurs ricanantes de ce dernier ebn réponse. Dans ce cas, nous accorderions plutôt notre jugement à l’action de Trump, qui est un maître de cette sorte de désordre par sa maîtrise de la dynamique de la communication.
Dès lors, que pourrions-nous envisager comme attente de la position de Trump vis-à-vis de l’OTAN ? Le témoignage d’Esper est certainement le plus intéressant, par sa position d’alors, les détails qu’il donne, etc., qui font penser que Trump a envisagé très sérieusement un retrait des forces US d’Europe (de l’OTAN). Comme dans le cas de la Syrie, où il avait ordonné le retrait des forces US, il n’a pas été obéi, précisément et effectivement parce qu’il s’était entouré d’un certain nombre de “traîtres” remarquablement choisis.
Tout cela nous ramène à la question centrale de notre débat : les Européens ont-ils raison de craindre des décisions radicales de Trump vis-à-vis de l’OTAN ? Une première remarque qui n’est pas une réponse, ou une hypothèse sur une réponse, concerne l’atmosphère créée par les Européens et leurs craintes exprimées de plus en plus vivement. Il est très probable que cette crainte assortie assez curieusement (drôle de diplomatie) de critiques haineuses et méprisantes de Trump, soit vécue comme un défi par Trump, qui pourrait y trouver argument, pour affirmer encore plus sa légitimité et son autorité dans une Amérique où la crise du pouvoir est sans équivalent ni précédent ; c’est-à-dire, justement repousser les appels des Européens au nom des seuls intérêts et de la souveraineté nationale de l’Amérique.
Le point important, c’est que le Trump de 2024 n’est vraiment pas le Trump de 2016. Il a acquis une énorme expérience politique et montré une formidable résilience face aux attaques de ses adversaires politiques. Ce faisant, bien entendu, il a parfaitement identifié ces adversaires-là, il a compris leurs buts et connaît désormais leur façon d’évoluer, leurs méthodes. Il a réuni autour de lui un nombre considérable d’alliés de très grands poids : outre les républicains bien sûr, qui lui sont aujourd’hui beaucoup plus acquis qu’en 2016 avec des personnalités d’une très bonne qualité politique (surtout chez les jeunes populistes et chez les femmes politiques), la proximité très active de gens comme Elon Musk et Tucker Carlson, voire d’une Tulsi Gabbard si on la considère comme “non encore” républicaine mais indépendante et populiste de gauche, représente des atouts majeurs, et des sommes à la fois d’expérience et d’influence qui pèsent un poids considérable.
C’est tout cela qui compte chez Trump, beaucoup plus que des idées et une stratégie quelconque qui ne sont chez lui que des slogans. Pour l’essentiel, ses idées et sa stratégie sont ceux d’un businessman qui défend des intérêts, ceux d’une Amérique conservatrice contre ce qu’il juge être une agression globaliste. On comprend aisément que l’hostilité à l’OTAN, outre l’aspect financier, peut prendre aisément une place importante dans les objectifs à détruire absolument. Elle la prendra d’autant plus, répétons-le, que ses adversaires et ceux dont ils jugent qu’ils ne défendent pas les intérêts US vont exercer une pression considérable sur lui, et toujours en l’insultant avec ce sens inné de la diplomatie postmoderniste. Là aussi, sa résilience doit jouer un rôle important, et par conséquent l’acceptation des situations extrêmes où lui-même évoluerait avec un certain plaisir, sinon une grande jubilation.
Pour ces diverses raisons, on doit admettre que la question de l’OTAN est un “vrai sujet” pour Trump s’il est élu et s’il est installé à la Maison-Blanche. Il y sera comme dans une forteresse d’où l’on mène une bataille, et Bruxelles-Evere ne seront pas de ses amis. Il est d’ailleurs tout à fait possible, – et le terme “probable” serait presque acceptable, – que cela devra passer par une sorte de “guerre civile” entre les différentes forces en place, des organisations telles que la CIA, le ministère de la justice et le FBI, etc. Dans cette observation logique, on comprend que si l’élection de Trump a lieu, si même elle est triomphale, ce ne sera pas la fin d’une bataille mais le début de la guerre ultime pour l’unité et la pérennité de l’Amérique, – qui peut évidemment quoique paradoxalement aboutir à sa désunion... On comprend que, dans ce cas, le sort de l’OTAN et de nos gémissements divers devient très secondaire.
Ce qui est d’ailleurs paradoxal mais logique, c’est que le résultat inverse, qui sera aussitôt soumis au soupçon radical de fraude existentielle par les bataillons trumpistes déchaînés, déclenchera une bataille similaire.
9 mars 2024 (19H00) – Chaque jour défilent des images nouvelles de la folie qui est devenue le foin quotidien de l’étable immense comme un paquebot de riches vacanciers, où sont sagement rangés les bovidés faisant le gros du troupeau de nos dirigeants extrêmes-occidentaux. Bien qu’immobiles et bien rangés, avec les mêmes idées qu’ils maquillent et mastiquent comme l’herbe des près du ‘Soleil vert’, ils sont lancés dans une bacchanale guerrière tout à fait originale, une ‘Fantasy’ au rythme d’une sorte de ces danses de la tarentelle dont le but était d’ôter la folie des esprits et des corps piqués par des tarentules, et ce but devenu dans cette époque invertie l’exact contraire : instiller dans ces esprits et ces corps la folie que nos ancêtres avaient réussi à écarter.
Nous eûmes donc, d’abord, à écouter le discours furieux, pétulant de colères accusatrices, d’un président américaniste qui avait ainsi retrouvé toute sa santé pour pouvoir mieux exprimer toute sa démence. Je crois que Mercouris remarqua ceci, ou bien je le fais parler comme ceci, – approximativement transcrit, sans garantie d’authenticité mais l’esprit l’emporte et c’est ce qui importe, – dans son commentaire stupéfait de ce “discours sur l’État de l’Union” :
« J’ai eu une grand’mère qui fut affectée de cette démence sénile. Elle ne pouvait parler à ma mère ou à moi que sur ce ton furieux d’une colère sans fin, comme si le seul moyen pour son cerveau épuisé de parvenir à une certaine concentration nécessaire à une sorte de conversation était cette colère sans fin, furieuse, emportée... Le problème à ainsi se servir de la colère pour rassembler les quelques restes de quelques-unes de ses idées égarées est que les idées ainsi rassemblées sont celles de la colère, de l’excès, de la démence, et ainsi ajouter plus de démence à la démence par la colère... »
Pendant ce temps ou bien à quelques heures de là, à quelques milliers de kilomètres de là, le président Macron parlait devant les principaux dirigeants de l’Assemblée Nationale, chefs de partis et quelques élus, aussi les anciens présidents, il leur parlait de sa nouvelle idée qui n’est rien moins que de lancer une guerre contre la Russie, par un moyen ou l’autre et par tous les moyens sans aucune limite, – et nul n’aurait l’outrecuidance d’écarter l’arme nucléaire, – et ainsi de s’imposer comme chef de guerre à l’image du Napoléon vainqueur de César au siège d’Alésia, près d’Austerlitz.
Florian Philippot, qui n’avait pas été invité, avait prémonitoirement déclaré au Salon de l’agriculture, dix jours avant et s’adressant à quelques bovidés rassemblés pour l’occasion, – de vrais bovidés, vaches d’un autre temps, vaches centenaires et fort honorables mâchant le foin lavé de toute folie, – ces quelques mots qui peuvent toujours servir :
« Ce type est fou, voilà, c'est fou. À un moment, il faut appeler les choses par leur nom. Macron est fou, donc il est fou, fou furieux. Soit on l'arrête, soit on va tous aller en guerre. Mais c'est pas lui qui est en guerre, il va pas envoyer Brigitte faire la guerre, il va pas y aller lui-même. C'est nos enfants et c'est nous-mêmes qui irons en guerre... »
Et alors, songeai-je mélancoliquement, quelle dommage que cette chère ‘Toria’ Nuland s’en aille alors que notre président se révèle à lui-même. Quel beau couple, – en tout bien tout honneur, certes c’est une image, une allégorie, un symbole, rien qui ne dérange la paix des ménages respectifs que les deux entretiennent chacun de leur côté, – quel beau couple ces deux-là eussent pu former, sur fond d’idylle franco-américaniste ! Ils eussent pu marcher au pas cadencé, « Glory, Glory Alleluïa ! », tandis que ‘Toria’ exposait à Manu ses plans mirifique consistant à diviser la Russie en 687 (ou 666, suggèreront les partisans du Chiffre de la Bête), après avoir obligé le rat d’égout Poutine à regagner son habitat naturel.
– Je serai ta Grande Catherine », disait l’une ;
– Je serai ton Vladimir Illitch Oulianov », disait l’autre...
Et ainsi de suite... Allons, puisqu’il est temps arrêtons cette parodie ridicule, rangeons ces petits soldats de plomb avant que le grotesque ne nous touche nous-mêmes, comme pique une tarentule, et voyons ce qu’il demeure.... « Ils passent, je demeure », nous dit le temps, Maître du Monde, nous invitant à observer d’un regard qui ne faiblit pas ces restes de la pantomime.
Il me plaît, dans ce désordre immonde et cette exposition sans pudeur des vices les plus affreux de l’esprit, de voir poindre et d’entendre le galop puissant et grandiose de LEURS Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, ceux qui leur sont destinés, ceux qui ont pour tâche de réduire en poussières et caillasses le monde qu’ils prétendaient bâtir et parer de toutes les vertus. Il est bien difficile, bien douloureux, de devoir en passer par ces péripéties folles et pleines de souffrance pour pouvoir espérer voir poindre quelques lueurs dont on pourrait attendre qu’elles éclaireraient le premier de ‘Tous les matins du monde’, premier regard d’un nouveau-né venu d’autres entreprises, libéré de toutes ces prétentieuses novations, sourd aux promesses obscènes de nos bovidés installés dans leurs étables-palais dorés parcourus de courtisans empressés de leur plaire.
J’espèce que ce nouveau-né venu d’on ne sait où saura, lui, reconnaître un bovidé du premier coup d’œil. Il aimera ce noble animal qui ne prétend à rien d’autre que brouter l’herbe grasse des grands prés jamais foulés par les escarpins de nos diverses éminences menant ce monde à bride abattue, montés sur des charrettes affublées de statoréacteurs crachotant et de sirènes démentes, portés par des chassis de vingt ou trente roues en forme de Pentagones, – des roues à cinq côtés, quoi ! Pour fabriquer des missiles !
Ce sera le signe que la folie lancée partout pour qu’elle anéantisse cette lèpre qui depuis des siècles dévore nos esprits et pourrit nos âmes est arrivée au terme de son voyage et offre aux dieux, en ultime sacrifice, le Vide de ces espaces infinis enfin débarrassés du Rien qui menaçait de nous dévorer tous. Ce sera la fin du voyage et les bovidés extrêmes-occidentaux, ne disposant plus du foin qui rend fou, regagneront leurs terres laissés en jachère où ils s’éteindront comme telle vieille bougie consumée, d’un seul et ultime souffle haletant, n’ayant jamais rien éclairé et ne nous privant la vue de rien du tout, ni d’essentiel ni d’accessoire, en disparaissant.
Le grand chapitre de Du pouvoir est celui sur la démocratie totalitaire. Comment se fait-il qu’en termes de tyrannie, règles, lois, guerres et conquêtes (coloniales ou autres), la démocratie puisse tout se permettre ?
Réponse : le droit de vote. Bitru supporte tout depuis qu’on lui a donné le droit de vote – à commencer par la conscription et la guerre ad mortem contre les « tyrans ». Jouvenel cite Taine (voyez mes textes sur cet auteur extraordinaire) :
« Sous les menaces et les souffrances de l’invasion, observe Taine, le peuple a consenti à la conscription: Il la croyait accidentelle et temporaire. Après la victoire et la paix, son gouvernement continue à la réclamer: elle devient permanente et définitive; après les traités de Lunéville et d’Amiens, Napoléon la maintient en France; après les traités de Paris et de Vienne, le gouvernement prussien la maintient en Prusse. »
La gangrène française a gagné le monde :
« De guerre en guerre, l’institution s’est aggravée: comme une contagion elle s’est propagée d’État en État; à présent elle a gagné toute l’Europe continentale, et elle y règne avec le compagnon naturel qui toujours la précède ou la suit, avec son frère jumeau, avec le suffrage universel, chacun des deux plus ou moins produit au jour et tirant après soi l’autre, plus ou moins incomplet ou déguisé, tous les deux conducteurs ou régulateurs aveugles et formidables de l’histoire future, l’un mettant dans les mains de chaque adulte un bulletin de vote, l’autre mettant sur le dos de chaque adulte un sac de soldat… »
Taine entrevoit les charniers de Quatorze et de quarante :
« ...avec quelles promesses de massacre et de banqueroute pour le XXème siècle, avec quelle exaspération des rancunes et des défiances internationales, avec quelle déperdition du travail humain, par quelle perversion des découvertes productives, par quel recul vers les formes inférieures et malsaines des vieilles sociétés militantes, par quel pas rétrograde vers les instincts égoïstes et brutaux, vers les sentiments, les mœurs et la morale de la cité antique et de la tribu barbare, nous le savons… »
Ensuite il y a un problème : en démocratie ce n’est jamais le peuple qui décide ou qui gouverne ; Jouvenel cite aussi Montesquieu
« Comme dans les démocraties le peuple paraît faire à peu près ce qu’il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements, et on a confondu le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple.»
Il en tire vite une conclusion essentielle ; la souveraineté du peuple est une fiction.
« Cette confusion est le principe du despotisme moderne. On peut, par des institutions sagement combinées, assurer la garantie effective de chaque personne contre le Pouvoir. Mais il n’y a point d’institutions qui permettent de faire concourir chaque personne à l’exercice du Pouvoir, car le Pouvoir est commandement et tous ne peuvent commander. La souveraineté du peuple n’est donc qu’une fiction et c’est une fiction qui ne peut être à la longue que destructive des libertés individuelles. »
Jouvenel est un nostalgique subtil de la royauté traditionnelle :
« La volonté royale était connue pour celle du personnage couronné, de son favori, de son ministre: elle était par-là humaine et particulière, de plain-pied avec les autres volontés. La volonté du Pouvoir démocratique se dit générale. Elle accable chaque individu sous le poids de la totalité des individus qu’elle représente, et opprime chaque intérêt particulier au nom d’un intérêt général qui s’incarne en elle. »
En démocratie ce qui dirige, c’est l’abstraction, c’est le tout :
« La fiction démocratique prête aux régents l’autorité du Tout. C’est le Tout qui veut, c’est le Tout qui agit. »
La royauté protégeait les pouvoirs locaux. Cet heureux temps n’est plus, comme dirait Racine – qui n’avait pas vu Bruxelles ou Washington.
A ce sujet Jouvenel cite aussi Tocqueville :
« Les vieux pouvoirs locaux disparaissent sans se rajeunir ou être remplacés par rien, et partout à leur place le gouvernement central prend la direction des affaires. Toute l’Allemagne donnerait plus ou moins le même spectacle, je puis dire tout le continent. Partout on sort de la liberté du Moyen Age, non pour entrer dans la liberté moderne mais pour retourner au despotisme antique, car la centralisation, ce n’est autre chose que l’administration de l’empire romain modernisée (Lettre à H. de Tocqueville dans Œuvres, t. VII, p. 322-323).»
Dès le début de la Révolution on va tout balayer. Jouvenel cite Sieyès :
« La France ne doit point être un assemblage de petites nations qui se gouverneraient séparément en démocraties, elle n’est point une collection d’États; elle est un tout unique, composé de parties intégrantes; ces parties ne doivent point avoir séparément une existence complète parce qu’elles ne sont point des touts simplement unis, mais des parties formant un seul tout. Cette différence est grande, elle nous intéresse essentiellement. Tout est perdu si nous nous permettons de considérer les Municipalités qui s’établissent, ou les Districts ou les Provinces, comme autant de républiques unies seulement sous les rapports de force et de protection commune. »
La chasse aux centrifuges (la Vendée…) commence et la démocratie génocidaire sait s’illustrer :
« Tout pouvoir fait nécessairement la guerre aux tendances centrifuges. Mais la conduite du Pouvoir démocratique offre des particularités remarquables. Il se présente comme venant libérer l’homme des contraintes que faisait peser sur lui l’ancien Pouvoir, issu plus ou moins directement de la conquête. Pourtant la Convention guillotine les fédéralistes, le Parlement d’Angleterre écrase, sous des répressions qui sont parmi les plus sanglantes de l’Histoire, le séparatisme national irlandais, le Gouvernement de Washington déchaîne une guerre telle que l’Europe n’en avait pas encore vu pour étouffer les tentatives des États du Sud de s’organiser en corps séparé. Faut-il citer encore l’action de la République espagnole en 1934 contre la volonté d’indépendance catalane? »
Voilà pour la cruauté démocratique. Ensuite, il y a le fait que le peuple n’a pas le pouvoir - et que certains n’auraient pas dû attendre la réélection de Macron pour le savoir :
« Loin que le peuple soit seul auteur des lois, il ne lui est même pas permis de se prononcer sur les plus générales, qui affectent le plus profondément son existence. Quoiqu’il existe un mode de consultation populaire, le référendum, qui a fait ses preuves en Suisse, le Pouvoir démocratique n’a garde d’y recourir. »
On fait la chasse au local :
« Le vocable même d’intérêt particulier est alors devenu et demeuré une manière d’injure, évolution du langage qui reflète, pour peu qu’on y réfléchisse, la perpétuelle mobilisation de l’opinion sociale contre les fractions constituantes de la communauté. »
Comme chez Platon (voyez nos textes sur Bloom et Platon), l’avilissement démocratique débouche sur la tyrannie :
« L’Autorité n’est plus alors qu’un enjeu, elle perd toute stabilité, toute considération. Le caractère de ceux qui l’exercent va sans cesse s’abaissant jusqu’à ce qu’enfin le Palais du Commandement ait un occupant qui décide de ne point s’en laisser chasser: c’est le tyran. »
Et puis il y a un problème : la démocratie a une élite de gens très occupés par les fonctions et les commissions et cette élite méprise le peuple « pas assez éclairé » depuis toujours ; cette fois Jouvenel cite Kant :
« Le philosophe rangeait parmi les passifs « tous ceux qui pour la conservation de leur existence, leur nourriture ou leur protection, dépendent d’un autre particulier », c’est-à-dire qu’il aurait refusé le droit de vote à tout le personnel salarié d’une usine. Ce n’est pas, chez d’autres penseurs, l’indépendance mais le loisir qui est le critère des droits civiques. Et ici l’on sent l’influence d’Aristote: c’est le loisir de réfléchir aux affaires publiques qui fait le citoyen, point de loisir point de citoyen. On trouve chez Sieyès et même chez Rousseau comme un regret honteux des facilités que l’esclavage antique donnait à l’homme libre pour former une opinion éclairée. »
Les parlements dégénèrent vite (cf. l’actuel, drivé par Mélenchon et Le Pen, qui est presque comique dans sa volonté – on pense au deus otiosus d’Eliade – de ne rien foutre) :
« L’avilissement de l’électeur et l’abaissement de l’élu ne sont encore qu’accidentels. Ils vont progressivement devenir systématiques. Des syndicats d’intérêts et d’ambitions se formeront qui, regardant l’assemblée comme une simple attributrice du Pouvoir et le peuple comme un simple remplisseur de l’assemblée, s’ingénieront à capter les suffrages pour investir des députés dociles qui rapporteront à leurs maîtres l’enjeu de toute l’opération; le commandement de la Société. »
Jouvenel découvre comme Cochin Ostrogorski qui a très bien décrit la « machine » administrative et politique. Et cela donne quelque chose de déplorable la machine :
«C’étaient de grands esprits, les Rousseau, les Jefferson. Les techniciens de la machine n’ont pas de si hautes prétentions; mais ils connaissent l’homme réel, qui veut de la chaleur, de la camaraderie, de l’esprit d’équipe, et qui est capable pour son clan de nobles sacrifices. Fondée sur une psychologie empirique, la machine réduit au néant et au ridicule les prétentions de la philosophie politique. »
Toujours aussi implacable Jouvenel ajoute :
« Loin d’éveiller la capacité citoyenne chez ceux qui ne la possèdent pas encore, on l’éteint chez ceux qui l’ont acquise. »
Les partis établissent leur tyrannie (voyez nos textes sur Roberto Michels) et Jouvenel établit un parallèle entre démocratie et discipline militaire en citant cette fois Baudelaire :
« Pour étouffer la curiosité que peut inspirer un orateur éminent du bord adverse, pour combattre l’envie de s’instruire par la connaissance d’arguments différents, pour anéantir cette gentillesse naturelle qui prédispose l’homme en faveur de son prochain, on fait vibrer la corde du loyalisme. C’est trahison de lire le journal de l’ennemi, de se rendre à ses réunions sinon pour couvrir sa voix et ensuite le réfuter d’après un canevas passe-partout. Car la bataille politique est une véritable guerre. Baudelaire s’étonnait déjà d’y trouver un langage militaire: « L’avant-garde de la démocratie “, « à la pointe du combat républicain “, et autres. Le poète avait raison. On a transformé les électeurs en soldats, en « militants “. C’est que leurs meneurs sont des conquérants du Pouvoir. »
La politique n’attire donc que les nuls et les soumis – ou les roués (cf. Cochin sur Choderlos de Laclos) :
« La machine a commencé d’écarter les intelligences et les caractères. Maintenant ils s’écartent d’eux-mêmes. Le ton et l’allure de l’assemblée vont s’abaissant. Elle perd toute considération. La puissance effective quitte d’ailleurs l’assemblée à mesure que les partis gagnent en consistance et en discipline. Si l’un d’eux dispose d’assez de sièges pour dominer l’assemblée, elle n’est plus qu’une chambre d’enregistrement de ses décisions. Dans ces conditions aucun gouvernement n’est possible que celui voulu par le parti, que celui du parti. »
Le résultat c’est (par exemple) la tyrannie de Macron et de son parti :
« Ainsi la pratique des partis a fait passer la Souveraineté du Parlement à la Machine victorieuse et les élections ne sont plus qu’un plébiscite par lequel tout un peuple se remet entre les mains d’une équipe. »
Magnifique conclusion : « Les citoyens acceptent cette tyrannie et ne la haïssent que trop tard. »
On se consolera si l’on peut avec cette dernière observation :
« Mais on remarque que là même où la poussée du Pouvoir ne les dépossède point, les citoyens se déchargent eux-mêmes. »
Jouvenel – Du pouvoir (éditions Pluriel)
Bonnal – Chroniques sur la fin de l’Histoire ; petits écrits libertariens (Amazon.fr)
Taine – Les origines de la France contemporaine (Archive.org)
8 mars 2024 (13H55) – Le départ de ‘Toria’ Nuland reste « un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme... », comme disait fameusement Churchill. Cette fois, il ne s’agit pas de le direction russe mais bien de la situation au sein du gouvernement Biden et de l’orientation de sa stratégie, – si stratégie il y a. Le départ de ‘Toria’ est un de ses actes pour lequel on dispose de multiples hypothèses sans décider de trancher décisivement
Même le subtil Bhadrakumar donne, – avec la plus grande prudence, – une (des) explication(s) qui est (sont) marquée(s) par le développement, quasiment à la suite, de deux thèses absolument contradictoires (tout cela est envisagé sans faire intervenir les Russes par rapport à ces diverses fluctuations).
D’une part, il présente Nuland comme partisane d’une approche négociée de la crise ukrainienne par le biais d’une relance des accords de Minsk dont on connaît la vertueuse loyauté juridique, proposition faite lorsqu’elle était écartée du pouvoir durant le mandat Trump :
« Quoi qu’il en soit, à l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2019 (remportée par Biden), Nuland a déclaré publiquement qu’il serait nécessaire de reprendre les travaux sur les accords de Minsk. “Je pense que nous devrions entamer des négociations sérieuses sur la mise en œuvre des accords de Minsk… J’espère que nous serons invités à devenir partie à ce processus si et quand les États-Unis recommenceront à considérer l’Ukraine comme un gage important pour l’avenir de la démocratie. J’espère que cela se produira après nos élections en novembre (2019)”.
» Nuland a également indiqué qu’elle ne connaissait pas d’autre moyen d’amener la Russie à se retirer de l’Ukraine que le document de Minsk, qu’après tout, le président Poutine a lui-même signé. Cependant, la politique russe de Joe Biden a pris une trajectoire totalement différente.
» La seule explication plausible serait qu’en tant que fervent partisan du transatlantisme tout au long de sa carrière, Biden a donné la priorité au renversement de la négligence bienveillante de Trump à l’égard du système d’alliance de l’OTAN (qui était également crucial pour sa stratégie d’endiguement de la Chine) et qu’il était tactiquement avantageux de donner de la Russie l’image d’un ennemi pour redonner du poids au leadership transatlantique des États-Unis, qui s’était affaibli sous Trump. »
Puis il enchaîne en donnant à Nuland, revenue au pouvoir avec Biden, le premier rôle dans l’organisation de l’engagement américaniste en Ukraine qui ne cesse de se radicaliser, et bien souvent sous sa houlette, avec comme objectif non déguisé la Russie elle-même sous l’étendard d’une russophobie sans la moindre retenue et supposant un démantèlement et une cancellation de la Russie. Elle va même jusqu’à peut-être (c’est aussi du domaine de l’hypothèse) suggérer ce qui pourrait être un soutien tacite à l’envoi de troupes de pays européens en Ukraine.
« Il est évident que Nuland a joué un rôle important dans la vie de l’Ukraine et que nous ne pouvons qu’en deviner l’ampleur. En effet, elle a publiquement célébré le sabotage du gazoduc Nord Stream, qui a rompu le cordon ombilical liant l’Allemagne à une alliance géopolitique avec la Russie. Le mois dernier, après une visite soudaine à Kiev, Mme Nuland a promis que de mauvaises surprises attendaient le Kremlin dans la guerre en Ukraine.
» Faisait-elle référence à l’idée d’un déploiement de combat en Ukraine par les pays de l’OTAN ? Il n’y a pas de réponse facile. La Maison Blanche est intervenue à deux reprises, du moins tardivement, pour affirmer que l’envoi de troupes américaines sur le terrain en Ukraine n’était pas envisageable.
» Le fait est qu’il est tout à fait concevable que le départ de Mme Nuland soit le reflet de l’effondrement de l’ensemble de l’architecture de la stratégie américaine en Ukraine, qu’elle avait conçue. »
Voilà donc la phrase essentielle : « Il n’y a pas de réponse facile ». Étudiant le cas Nuland, Mercouris est revenu à deux reprises là-dessus, et la deuxième fois en reconnaissant qu’il s’était trompé dans sa première interprétation. Là non plus, ce n’est pas simple. On retiendra ce qu’il en dit dans sa seconde intervention, nourrie de beaucoup plus de sources dont certaines qui lui sont propres.
Mercouris a un nombre prodigieux d’expériences ; outre celle d’hommes de loi et de diplomate, il a celle de bureaucrates et c’est ce qu’il retient pour le cas Nuland au premier chef (il a des explications complémentaires, certes, et non négligeables). Mercouris rappelle, pour ceux qui l’ignorent, que Nuland est une personnalités dévastatrice, insupportable, dont l’ambition se mesure aux rayures laïussées sur le parquet par sa dentition, autoritaire, s’attribuant souvent des prérogatives qu’elle n’a pas. Avec l’Ukraine, depuis deux ans, le rythme doit être devenu effrayant, et une coalition bureaucratique dans l’appareil de sécurité nationale s’est formée qui a pesé de plus en plus sur le secrétaire d’État.
Plus encore, cette coalition bureaucratique, estime Mercouris, est de sensibilité antichinoise et estime que Nuland mobilisait beaucoup trop l’essentiel des ressources au profit de l’Ukraine. La bataille bureaucratique devient alors politique et stratégique et pèse encore plus lourd sur Blinken.
Mercouris : « Il y a de nombreux faucons antichinois au département d’État, mais aussi au Pentagone, notamment avec le président du comité des chefs d’état-major, le général Brown, qui est de l’USAF et s’intéresse au Pacifique alors que Milley, son prédécesseur, était de l’US Army et s’intéressait à l’Ukraine. Cela forme une bureaucratie antichinoise cohérente.
» Le soutien que Nuland pouvait attendre de Biden, obsédé par l’Ukraine, a commencé à diminuer nettement en importance dans la mesure où l’on entre dans la campagne électorale, que l’opposition à l’engagement en Ukraine ne fait que se développer, et que le candidat doit mettre une sourdine. »
Cela ne signifierait nullement que la stratégie change et que l’Ukraine sont abandonnées car il faut toujours pousser les catastrophes jusqu’à leur terme lorsqu’elles ont commencé à se révéler catastrophiques. Le départ de ‘Toria’ signifie purement et simplement que le symbole et le porte-drapeau de l’Ukraine à Washington est liquidée (pour aller occuper un siège grassement rémunérée dans un quelconque Institute of Study of War).
Pour le reste, la bureaucratie poursuivra son travail avec son “toujours plus de ...” dans tous les sens et dans toutes les directions, mais sans fournir un effort excessif pour l’Ukraine comme il pouvait sembler que Nuland demandait. Tout de même, il faut aussitôt noter pour rassurer nos âmes inquiètes que, dès hier, Zelenski a inauguré une “rue Victoria Nuland” à Odessa, sous les tirs de missiles russes ; on a la reconnaissance du ventre, c’est-à-dire du portefeuille..
Il faut dire que le départ de ‘Toria’ n’a pas vraiment rassuré les Européens, qui veillent aux frontières et préparent la grande offensive ‘Barbarossa.Europa-Kaput’. Macron est allé voir ce qui est désormais son grand allié, le général-président Tchèque, tout frais émoulu de l’OTAN, et qui s’est promis de mobiliser la Grande Europe pour écraser les hordes.
« Parti sur cette voie, dit Mercouris, ce sera bientôt tout le gouvernement US qui deviendra antichinois, nous laissant seuls avec l’Ukraine... »
Avec l’OTAN dont tous les observateurs nous disent qu’elle est de plus en décidée à attaquer la Russie, le départ de ‘Toria’ ressemble un peu à un avant-goût de Trump qui disait, – il plaisante ! Il plaisante ! – qu’il laisserait bien les Russes attaquer l’OTAN sans que cela ne dérange outre-mesure l’ordre de bataille de l’U.S. Army dont on sait qu’il est absolument en désordre et pas du tout pas dans l’ordre de bataille qui importe puisque n’ayant pas encore recopié le modèle russe tenu désormais pour la grande mode de toutes les armées qui se postmodernisent. Pour compenser, nous eûmes donc un vaillant président qui parla de la lâcheté des autres et s’affirma prêt à remettre de l’ordre dans les rangs. Les Murat, les Ney, les Soult, les Davout, les Augereau, pour tout dire, en restèrent et en restent coi comme deux ronds de flanc et se disant qu’il leur aurait fallu un McMacron avec MacDonald à Waterloo.
On arrête ici sur ce thème parce qu’une telle montée en puissance, si irrésistible, fait trembler les plus sceptiques qu’une force pareille, éclatant d’une vitalité si terrible, ne décide d’elle-même de déferler de Brest jusqu’à Vladivostok. Nous aurons cerné les Chinois avant même que les porte-avions hypersoniques aient quitté leur port d’attache de San Diego et de Norfolk.
L’on terminera sur un tout autre sujet parce que tout n’est que sans queue ni tête, qui est pourtant (cet autre sujet) du même domaine de la GrandeCrise. Regardez-le, il implique ce phénomène extraordinaire d’un fou sénile et méchant comme une teigne à la tête de l’’une des deux grandes puissances nucléaires du monde, et qui est si attaché à cette entreprise de liberté souveraine qu’est le parti de l’Ukraine et la protection des actions de son fils Hunter (avec partage des bénéfices avec papa). Chaque jour nous apporte des nouvelles cataclysmiques faisant évoluer des personnages fantomatiques, ombres des ombres d’un zombie, doté de pouvoirs immenses.
C’était, cette nuit pour nous, le “Discours sur l’état de l’Union” du 46ème POTUS. Lisez, c’est court, une suite qui suinte de slogans d’un esprit dévorée par la sénilité, une extraordinaire démonstration du niveau d’absurdité mentale et de destruction totale de l’esprit, – sans doute la plus complète, dont on comprend qu’elle fasse l’admiration des foules des élites-zombies européennes...
‘ZeroHedge.com’, par exemple, au bord de la nausée, écrit ceci, en phrases hachées, ultra-rapides, comme dites par un robot devenu fou... Jamais, certainement jamais, une décadence prit autant l’allure à la fois de la décomposition, de la pourriture et de la néantisation morale :
« Discours de Biden ce soir ...
» • Financer l'Ukraine.
» • Trump est une menace pour la démocratie et l'Amérique elle-même.
» • L'avortement est une bonne chose.
» • L'économie américaine est plus forte que jamais.
» • L'inflation n'est pas la faute de Biden.
» • Les clandestins sont aussi des Américains.
» • Les républicains sont responsables de la crise frontalière.
» • Trump est mauvais.
» • Biden est aux côtés des enfants transgenres.
» • Le 6 janvier [2021] a été la pire insurrection depuis la guerre civile.
» La réponse de Tucker Carlson résume parfaitement la situation :
» “C'était probablement le discours le plus sombre et le plus anti-américain prononcé par un président américain. Ce n'était pas un discours, c'était une diatribe...”
» Carlson a poursuivi : “La véritable mesure de la grandeur d'une nation réside dans sa capacité à contrôler les frontières, et pourtant Biden refuse de le faire”.
» “Dans une élection juste, Joe Biden ne peut pas gagner”.
» Et de conclure :
» “Pendant toute le discours, il n’y a pas eu un mot significatif sur les choses qui comptent réellement pour les gens qui vivent ici.”
» Victor Davis Hanson a ajouté d’excellentes saillies et ceci était probablement la meilleure phrase sur Biden :
» “Il s’en fout... il vit dans une réalité alternative”. »
Et lorsqu’on écoutait Thierry Breton , hier, faire ses petites compotes de €milliards pour Zelenski, on avait l’impression qu’ils étaient somme toute tous satisfait de tout cela, de ce monde-là, de cette façon d’être, de faire, de dire, de répéter, de barboter, de ragoter, de ravauder.... Breton avait une superbe coiffure permanenté, un beau gris profond qui doit plaire aux jeunes stagiaires de l’EU dont on s’est assuré au préalable qu’elles ont bien une assurance anti-viol (en vente dans toutes les bonnes pharmacies). Ses lunettes rondes lui donnant un faux-air de naïf aux quarante enfants complétait le tout. C’est le représentant de la Grande Nation, – la France, traduit-le-traducteur, – si honorablement à sa place au sein de l’UE, – le nommé Breton, dit Anastasie-les-ciseaux puisqu’également chargé de la censure en plus de récupérer les dettes.
Mais nous parlions de Nuland, me semble-t-il... Bah, c’est la même pointure.
• Pour suivre la voie tracée par le texte sur le “déchaînement de la Matière” que l’on peut trouver dans cette même rubrique, voici un nouvel extrait du livre en préparation se prétendant comme la suite de la série de ‘La Grâce de l’Histoire’, et certainement toujours avec les mêmes réserves concernant les capacités du vénérable capitaine PhG à tenir ses engagements. • Cet extrait n’enchaîne nullement sur le précédent mais il nous semble que l’on peut dire qu’il forme un tout lisible qui permet de le lire détaché du reste. • Le “concept” présenté ici est finalement celui de ce que nous nommons la GrandeCrise, et la mécanique métaphysique qui agglomère les différentes sous-crises (ou “subcrises”) qui la composent : Trump et la crise aux USA depuis 2015-2016, le mouvement Woke et le wokenisme qui est peut-être la représentation la plus marquante par son effet de déconstructuration, le Covid, la crise ukrainienne ou ‘Ukrisis’ depuis 2022 et même depuis 2014, et au loin depuis 1991, la crise palestinienne... • Le passage considéré traite essentiellement de l’intégration d’‘Ukrisis’ dans la GrandeCrise.
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L’indiscutable caractère exceptionnel du wokenisme se rencontre là encore dans le lien qu’il établit entre la crise américaniste [depuis 2015-2016] dans le sein de laquelle il a fleuri et l’événement ‘Ukrisis’ que nous retrouvons ainsi. C’est en effet notre intention de considérer cette crise majeure de la guerre en Ukraine comme un chaînon de plus dans cette sorte de “chaîne crisique”, un tour de fou supplémentaire du “tourbillon crisique”, – mêmes causes, mêmes effets, mêmes remous et mêmes conséquences. L’attaque du Système contre l’Ukraine pour déstructurer la Russie est effectivement un effort majeur de déconstructuration, une sorte de verrou d’une puissance inouïe qui saute, que nous abordons essentiellement comme une “représentation”, un simulacre de la même eau que la crise covidienne, sans nous attacher aux aspects géopolitiques qui constituent une référence dépassée pour tenir un rôle important, et encore moins bien entendu le premier rôle.
Nous posons évidemment comme une évidence de notre propos que nous sommes entrés dans une autre dimension en fait de qualité et même d’essence de la crise, – qu’on devrait plutôt nommer “essence crisique”, – en fait d’aspect formel de cette dynamique, et par conséquent quelque chose d’autre pour ce qui est de la puissance et de l’orientation de sa dimension métahistorique. Pour autant, et c’est bien entendu le point qui importe le plus, le point décisif, le schéma du développement de cette crise, ou “fraction de crise”, reste complètement celui de la déconstructuration dont l’universalité de la présence est une évidence. En ce sens, l’on comprend aisément que le facteur de la communication tient une place absolument centrale ; c’est lui qui permet toutes les manœuvres de représentation, qui règle la perception, qui fausse les sens, mais aussi qui récompense la lucidité et la maîtrise de soi, qui facilite pour celui qui sait s’en saisir l’accès à l’intuition ; la communication, ou Janus en action, dans son avers ou dans son envers.
N’importe quel témoin de l’événement, je m’en souviens fort bien pour mon compte, éprouva à un moment ou l’autre du lancement de l’opération russe, cette fameuse “Opération Militaire Spéciale” (OMS), le 24 février 2022, l’une ou l’autre surprise. On aurait pu dire que la Russie avait comme but, – involontaire ou pas qu’importe, et plutôt involontairement si je suis ma pensée, – de déconstructurer la notion même de “guerre”, tant la manœuvre semblait ne correspondre à rien de ce que l’on pouvait envisager en fonction des effectifs engagés. Il est extrêmement probable selon mon jugement que, dans cette surprise et cette perception chaotique entraient un certain nombre d’erreurs d’ailleurs fort compréhensibles des Russes, qui ne s’attendaient certainement pas :
1) D’une part, à rencontrer une armée ukrainienne aussi forte et aussi bien organisée ;
2) D’autre part, à voir en face d’eux une présence de soutien, sinon plus, de forces de l’OTAN, si bien qu’on aurait pu dès lors nommer cette guerre “guerre de la Russie contre l’OTAN” (avec tous les énormes moyens notamment de communication [identification, localisation, etc.] que cela suppose, et non “guerre de la Russie contre l’Ukraine”.
Il s’ensuivit, dès ces premiers heurts, une importance fondamentale de la communication justement, bien entendu en tant que perception, ou bien en écho de la “réalité”, ou plus encore, en tant que fabrication de narrative, de simulacres. Cette importance s’imposa irrésistiblement ; on peut même dire que ce fut, dès l’abord, l’élément essentiel de cette guerre et celui qui allait complètement la caractériser. Mais puisque nous sommes dans ce domaine du constat de l’immédiat en fait de communication, on doit aussitôt répéter qu’il manquait évidemment, pour une caractérisation dans sa dimension adéquate, la remarque, là aussi avec toutes les variations de justesse et de déformations possibles, que l’on a faite plus haut : c’était au moins une “guerre de la Russie contre l’OTAN” et nullement une “guerre de la Russie contre l’Ukraine”… Quoi qu’il en soit, il doit être admis absolument que nous allons examiner cette guerre selon son caractère d’‘Ukrisis’, essentiellement sinon uniquement du point de de vue de la communication, et non pas des points de vue habituels d’une guerre (géopolitique, militaire, etc.) qui ne sont dans ce cas que les outils de l’événement de communication.
à la fois de réalisme et d’interprétation métahistorique la plus haute, à recevoir du philosophe de l’histoire, le Russe Alexandre Douguine ; en effet, qui d’autre qu’un Russe pour cette tâche essentielle de donner à ‘Ukrisis’ la place essentielle d’évènement à la fois courant mais devenu très original, et passé d’une “opération de police” à un événement fondamentalement transcendant ? Douguine est celui qui a saisi le plus rapidement et le plus précisément, je veux dire sans reculer devant la force des mots, ce caractère transcendant. A ce moment, dans ces conditions d’interprétation que le philosophe russe nous offre, on peut faire d’‘Ukrisis’ le continuateur logique des incidents décadentiels précédents, sinon leur extension paroxystique avec une dimension de rupture.
Il fallut un certain temps, peut-être bien une année et plus alors qu’on attendait en général un conflit localisé de quelques mois, pour que se dessinassent les contours assurés de la dimension eschatologique de cette guerre. Il était bien entendu évident que personne n’aurait pu prévoir raisonnablement la marche précipitée des évènements jusqu’à février 2022 et la crise ‘Ukrisis’, même en se plaçant du point de vue des évènements depuis février 2014 et le “coup de Kiev”. Il est bien autant évident, et cela est encore plus remarquable, que nul n’aurait pu prévoir raisonnablement cette “marche précipitée” suivant une accélération supplémentaire, du point de vue de ces mêmes évènements depuis février 2022.
Il y a là un constat délicat à faire, qui concerne la substance de ces évènements, leur importance fondamentale, les forces qui les régissent et d’une manière générale ce que nous jugions être leur nécessaire eschatologisation. Bientôt s’imposa donc la question de la cause fondamentale, le passage de l’interprétation d’un “simple” affrontement pour la souveraineté à un ébranlement civilisationnel d’une immense grandeur, peut-être d’une grandeur inédite et inconnue dans la civilisation courante qui est nôtre, peut-être aussi colossal et important que la chute de l’Empire romain... Et encore, – bien plus encore ! Avec la différence extraordinairement aggravante d’un événement qui nous apparut extrêmement rapide, que nous réalisâmes et observâmes quasiment en temps réel, identifié directement pour ce qu’il était ; et ce facteur essentiel de la rapidité semblant lui donner un “supplément d’âme”, c’est-à-dire une métaphysique encore plus impérative et “opérative” à la fois, dépassant celle de la chute de l’Empire de Rome.
Ainsi parvenons-nous à déterminer une approche pour atteindre un point de vue d’où cette crise ‘Ukrisis’ devenue guerre du même nom acquiert un sens qui lui donne complètement sa place dans la filiation des crises que nous avons vues défiler depuis 2015-2016. Il est temps ici de reconnaître, d’identifier l’âme et la plume qui nous ont guidé dans cette quête : le philosophe-géopoliticien (selon le caractère qu’il se plaît à arborer) Alexander Douguine, le Russe Douguine.
Il nous semble, que l’on soit ou non en accord avec lui, qu’il apporte la vision la plus ample et la plus haute, le regard du “philosophe de la spiritualité”, – qui nous intéresse plus que la géopolitique, – c’est-à-dire le philosophe qui cherche l’explication centrale dans les matières les plus extrêmes dans l’ordre de l’ontologie et au-delà des interdits du rationnel. Douguine, lui aussi, chose extrêmement rare pour un observateur de cette trempe, décrit “en temps réel” des évènements qui se révèlent eschatologiques, qu’il interprète dans l’instant pour ce qu’ils sont, – eschatologiques, justement. Par conséquent, on prendra avec la plus grande gravité ce qu’il dit à propos de ce conflit d’Ukraine, de son évolution, de sa transformation – non, de sa transmutation, à partir de ce constat radical et terrible qui structure toute sa réflexion, – ce constat que l’Occident est “monstrueux” et qu’il rompt avec une violence horrible « avec l’espèce humaine » :
« Ayant découvert que l'Occident est monstrueux et se sépare sous nos yeux de l'espèce humaine, la Russie s'en est éloignée. Un problème local, le conflit avec l'Ukraine, nous a soudain conduits à des conclusions fondamentales : l'Occident fait fausse route, il entraîne l'humanité dans l'abîme et nous devons l'affronter. C'est la nouvelle la plus importante, quelque chose d'absolument incroyable, car auparavant nous nous étions modestement limités à la lutte pour la souveraineté. »
Ainsi Douguine entame-t-il son analyse de la crise que nous connaissons en la situant aussitôt, d’ailleurs selon le thème de la conversation qui nous est proposée dans le titre de son intervention du 11 septembre 2023 (« A l’ombre de Satan »), à propos et selon la présence, l’influence et les pressions de Satan, – un Satan en référence à la théologie religieuse, et non plus une simple imagerie passepartout. Pour Douguine, Satan est une entité essentielle du drame cosmique que nous vivons.
On le comprend donc clairement : cette démarche de Douguine n’est pas simplement symbolique, ni une parabole, ni une analogie, ni une illustration de convenance ou un excès compréhensible de langage, elle exprime clairement et directement ce qu’elle entend décrire. C’est dire combien il est nécessaire d’avoir l’esprit ouvert et le jugement large, car son exposé sur un “concept” (?) si profondément irrationnel, nous renvoyant à la fois dans les anciens temps de la Tradition, dans les mystères de l’Unité originelle et dans des célébrations considérées comme primitives par rapport aux festivités du wokenisme, – car cet exposé-là est chez Douguine tout à fait rationnel.
Bien entendu, dans le style, les images, les perspectives, il y a le feu et la fièvre du slave et dans le regard de son âme l’immensité des horizons russes. Mais la pensée n’est pas déformée par une expression si souvent mise à l’index, qui permet dans ce cas d’autant mieux et au contraire de mesurer la puissance de la vision. On le comprend aisément lorsqu’on voit que Douguine travaille pour une part non négligeable sous le magistère de l’un des métaphysiciens les plus rigoureux, les plis férus d’une logique de fer : le Français René Guénon, qui nous a déjà averti de la présence du satanisme et du simulacre auquel il conduit.
« René Guénon, philosophe, partisan d'une société spirituelle traditionnelle, l'a appelée la Grande Parodie. C'est à cela que conduit la civilisation satanique. Si, au premier stade du matérialisme, il s'agissait de nier toute spiritualité, [...] progressivement, au fur et à mesure que cette Grande Parodie prend forme, un nouveau projet émerge : non seulement le rejet de l'Église, mais la construction d'une anti-Église, non seulement l'oubli de l'esprit, mais la création d'une nouvelle spiritualité, inversée... »
Ainsi sommes-nous convié à cette pensée qui tient Satan comme un facteur essentiel et d’une réelle et puissante existence de la terrible réalité de notre malheur, voire, opérationnellement comme son facteur exclusif, – Satan, maître du Mal et de “notre malheur” . Ne pas accepter cette hypothèse, c’est justement tomber dans le piège diabolique de cette entité qui sait si bien faire usage de son arme principale, cette “Grande-Parodie”, qui est également le montage du simulacre, l’opérationnalité de cette méthode infâme avec ses narrative, toutes ces tromperies qui nous accablent, nous serrent à la gorge, qui font la circonstance essentielle, proche de la folie, de notre bataille.
La GrandeCrise est si bien devenue elle-même, si ‘Grande’ dans le sens d’universel et collectif, si semeuse de malheur et de chaos, que nous avions et avons le besoin vital d’une explication universelle et collective. Il n’y en a aujourd’hui plus aucune qui soit disponible. Plus encore, les derniers évènements ont rendu caducs, inopérants, dépassés, les divers projets universels et collectifs, réduisant à néant toute perspective sérieuse d’une organisation humaine acceptable, les remplaçant par l’actuel chaos qui est pourtant lui-même l’enfant de formidables efforts d’organisations humaines ambitieuses. La même chose peut être dit, bien entendu, sur les nombreux aspects insupportables du monde actuel qui orientent le jugement vers le constat de l’existence du Mal sans en donner la moindre explication, justification, description, logique, etc.
Même l’Ukraine a joué un rôle très concret à cet égard, en relativisant complètement la symbolique jusqu’alors triomphante du ‘Mal’ [Hitler et le nazisme], tant utilisée et brandie avec une sorte de soulagement puisque cantonnée à une idéologie contraire au catéchisme progressiste. On n’a pas encore mesuré la catastrophe symbolique et communicationnelle qu’a constitué ce sacrilège du Camp du Bien vis-à-vis du Camp du Bien ; ce sacrilège, celui de retrouver dans les quartiers de Mister Z, personnage extraordinairement vulgaire et médiocre devenu iconique de Camp du Bien, nombre d’orientations et d’échappées vers le nazisme qui perdurent officiellement, à ciel ouvert, sans aucune difficulté, sous les applaudissements des multitudes antirusses de nos élites.
Tout cela, qui traduit une inconscience et un désordre extraordinaire de cette raison-subvertie qui prétend régenter le monde en le régulant, explique que des conceptions jusqu’alors mises à l’index par le mépris et le sarcasme retrouvent la possibilité d’une exposition richement documentée. Ainsi en est-il du travail, d’une haute tenue intellectuelle, de ce philosophe singulier dans sa fièvre apprivoisée qu’est Alexander Douguine. Avec lui, le diable n’est plus seulement “dans les détails” ; il est bel et bien Satan, au centre d’un monde perverti, d’une civilisation aux abois et sombrant sous le poids de son infamie. Cela est remarquablement exposé par un esprit vigoureux et fiévreux, armé d’une culture dévastatrice pour le troupeau des nains qui prétendent nous mener, avec le pouvoir magique et presque poétique de transformer l’histoire courante en ce qu’elle est aujourd’hui, – et aujourd’hui seulement : immédiatement métaphysique historique, nous passons de l’évènement à la métahistoire sans escale intermédiaire nécessaire... Nous sommes “à l’ombre de Satan” et de la GrandeCrise.
(Notez que l’intervention de Douguine qui nous fournit l’essentiel de l’argument sur la perception transformatrice de la guerre date du mois d’août 2023, soit 18 mois après le début de la guerre, ce qui nous donne un laps de temps acceptable pour accepter l’intégration de cet évènement dans notre propos.)
de Douguine aux trois premières questions qui lui sont posées Par Peter Vlasov, concernant la caractère satanique de l’adversaire auquel se confrontent les forces traditionnelles sur lesquelles il s’appuie. Le mot d’ordre du philosophe, pour fixer l’intensité du combat spirituel ainsi en cours, est celui-ci : « Il faut laisser la guerre entrer en nous ». Cela veut dire qu’il importe d’ouvrir notre âme à tous les domaines transcendants jusque-là interdits d’accès par le gardien vigilant et impitoyable que constitue la raison-subvertie qui fait feu sans l’aumône de la moindre sommation.
Peter Vlasov : « Alexandre Douguine, nous entendons de plus en plus souvent les dirigeants du pays définir la civilisation occidentale moderne par le mot “satanisme”. Qu'entendez-vous par là, quel est votre avis ? »
Alexander Douguine : « Le président a déclaré que l'Occident était une "civilisation satanique" dans le discours qu'il a prononcé lors de l'admission de nouveaux sujets au sein de la Fédération de Russie. Nous devrions prendre cela au sérieux et essayer de comprendre ce qui se cache derrière cette formulation, d'autant plus qu'elle a été répétée par la suite par de nombreuses personnalités politiques et publiques de haut rang. Il me semble qu'il s'agit d'une déclaration très sérieuse et profonde.
Après le début de l'Opération militaire spéciale, nous avons commencé à nous rendre compte de plus en plus clairement que quelque chose ne tournait pas rond en Occident. La civilisation occidentale moderne s'est soit égarée, soit détournée de la voie qu'elle suivait lorsque nous l'avons acceptée, accueillie, imitée, soit, ce qui est encore plus probable, quelque chose ne va pas depuis longtemps. Une civilisation que nous admirons, à laquelle nous cherchons à nous intégrer, dont nous partageons les valeurs et les règles et que nous embrassons de toute notre âme, ne peut-elle pas se révéler soudainement satanique ? Parallèlement à cela, nous voyons la question des valeurs se poser à différents niveaux dans notre Etat. Nous commençons à le répéter : nous défendons nos valeurs. Il y a un an, le Président a adopté un décret sur la défense des valeurs traditionnelles, parmi lesquelles la supériorité de l'esprit sur la matière. C'est une chose absolument étonnante ! Les valeurs traditionnelles de la Russie sont reconnues comme étant, si vous voulez, l'idéalisme, la religiosité, la domination de l'esprit. Et bien sûr, si nous commençons à nous considérer - pas encore avec confiance, mais de plus en plus - comme des porteurs de valeurs traditionnelles, c'est précisément face à ces valeurs traditionnelles, que nous découvrons tout juste en nous-mêmes, que nous commençons tout juste à comprendre, à appréhender et à défendre, face à ces valeurs, bien sûr, les valeurs occidentales ressemblent à du satanisme pur et simple. Elles sont tout le contraire des nôtres. Elles reposent sur l'idée que la matière est primordiale par rapport à l'esprit, que l'homme n'est qu'un être biosocial qui est un reflet cognitif du monde extérieur. L'Occident perçoit l'homme comme un animal évolué, qui a atteint son stade final pour passer l'initiative à une espèce posthumaine, aux constructions transhumanistes, aux cyborgs, à l'intelligence artificielle. Et la préparation, l'échauffement, c'est la politique du genre, où l'on change de sexe au gré de ses envies - voire de ses caprices - et bientôt d'espèce, où l'on choisit d'appartenir au sexe homme, à une catégories de machines ou à une espèce animale, ce qui fait déjà l'objet de discussions sérieuses au plus haut niveau des personnalités occidentales.
Ayant découvert que l'Occident est monstrueux et se sépare sous nos yeux de l'espèce humaine, la Russie s'en est éloignée. Un problème local, le conflit avec l'Ukraine, nous a soudain conduits à des conclusions fondamentales : l'Occident fait fausse route, il entraîne l'humanité dans l'abîme et nous devons l'affronter. C'est la nouvelle la plus importante, quelque chose d'absolument incroyable, car auparavant nous nous étions modestement limités à la lutte pour la souveraineté.
Et c'est ici que le concept de "satanisme" acquiert pour la première fois une signification très sérieuse. Il ne s'agit pas seulement d'un mouvement occulte marginal, le satanisme existe en Occident, il y a l'Église de Satan d'Anton LaVey, il y a même le satanisme direct de l'écrivain ultra-capitaliste Ayn Rand (Alice Rosenbaum) - qui était d'ailleurs populaire parmi les oligarques et les libéraux russes dans les années quatre-vingt-dix. Mais il s'agit dans l'ensemble de phénomènes marginaux, de sectes occultes et de productions théâtrales. Par "le satanisme de la civilisation occidentale", Poutine entendait quelque chose d'autre, de beaucoup plus profond. Le satanisme, c'est la primauté de la matière sur l'esprit, le relativisme postmoderne, c'est-à-dire la relativité de toutes les valeurs, y compris celles de l'être humain et de l'esprit. Et c'est la voie que l'Occident a empruntée, non pas hier, mais il y a environ 500 ans, avec le début du New Age.
Qui est Satan ? Il n'y a pas de Satan quand il n'y a pas de Dieu, pas de foi, pas de religion. Ce terme reste dans le vide, si pour nous les termes "Dieu", "foi", "éternité", "immortalité", "résurrection des morts", "jugement dernier", "salut de l'âme"... sont tout aussi vides. Si nous suivons l'image scientifique occidentale moderne du monde, il est bien sûr ridicule de parler de satanisme, car il n'y a ni Dieu, ni diable, ni foi, ni âme immortelle, ni vie post-mortelle, mais seulement un flottement d'unités biologiques, d'atomes, qui se collent les uns aux autres, se séparent, puis disparaissent dans l'abîme de l'espace noir et mort. C'est à peu près cette image du monde qui s'est imposée en Occident il y a 500 ans, et que l'on appelle généralement "l'image scientifique du monde". Elle s'est accompagnée d'une déchristianisation progressive et complète de la culture occidentale. Ainsi, Satan en tant que phénomène a disparu de la "représentation scientifique du monde" en même temps que Dieu. Lorsque nous affirmons sérieusement que la civilisation occidentale est satanique, nous attirons l'attention sur le fait qu'il s'agit d'une conclusion hâtive, incorrecte, prématurée et, en fait, profondément erronée. C'est à tort que l'on s'est éloigné de la tradition, de l'esprit, de Dieu, de la religion, et c'est là que l'âge moderne de l'Europe occidentale a commencé. Nous l'avons perçue sans esprit critique dès le XVIIIe siècle, lorsque nous avons été emportés par les Lumières européennes. Mais jusqu'en 1917, nous avons maintenu d'une certaine manière le caractère religieux de notre société. Puis nous avons plongé dans l'abîme du matérialisme, et après l'effondrement de l'URSS, nous sommes descendus encore plus profondément dans cet abîme - dans un matérialisme capitaliste libéral encore plus débridé et flagrant. Et finalement, nous nous sommes retrouvés à la périphérie de la civilisation satanique occidentale, en tant que sa province.
En d'autres termes, le concept de Satan prend aujourd'hui, dans le cadre de la guerre contre l'Occident, une toute autre signification dans notre société que le concept de Dieu. S'il y a Dieu, s'il y a la foi et l'Église, la Tradition et les valeurs traditionnelles, cela signifie qu'il y a aussi l'antithèse de Dieu, celui qui s'est rebellé contre Dieu. C'est alors que l'histoire de l'Occident, l'histoire du soi-disant progrès, l'époque de la modernité des 500 dernières années s'ouvre sous un jour complètement nouveau. Il s'avère que l'Occident a rejeté Dieu, a dit : il n'y a ni Dieu ni diable, et le diable, comme après un certain temps, a objecté : il n'y a pas de Dieu, mais c'est moi, parce que c'est moi qui vous ai dit qu'il n'y avait pas de Dieu. »
Peter Vlasov : « Ce que vous appelez le satanisme peut-il être considéré comme une construction idéologique, ou s'agit-il simplement d'un principe de négation, de destruction ? »
Alexander Douguine : « Nous ne devrions pas commencer par le satanisme, mais par Satan, par la figure que l'on appelle par ce nom, si nous sommes des croyants, c'est pour nous un fait ontologique. Pour les non-croyants, le satanisme n'a pas de sens.
Qui est Satan, qui est Lucifer ? C'est un ange, c'est-à-dire l'esprit céleste éternel. C'est la première création suprême de Dieu qui s'est rebellée contre Dieu. C'est l'origine de toutes les attaques contre Dieu, du matérialisme, de l'athéisme, de toutes les notions selon lesquelles des personnes sans Dieu peuvent construire un monde meilleur. Nous retrouvons ce principe dans l'humanisme, dans le développement de la science moderne et dans la doctrine sociale du progrès. Satan n'est pas seulement la destruction ou l'entropie, mais une volonté consciente de détruire. C'est la rébellion, la destruction de l'unité au nom du triomphe de la multiplicité. Ce n'est pas seulement un affaiblissement de l'ordre divin, c'est la volonté de le briser. Quand le corps est affaibli, c'est une chose, mais quand il y a une force, comme le cancer ou une autre maladie naturelle, qui pousse le corps à la décomposition, c'en est une autre. Satan est l'esprit, la volonté de se décomposer, pas seulement la décomposition elle-même, qui est déjà une conséquence. En un sens, il s'agit d'une croyance, d'une religion, d'une anti-église. C'est l'"église noire" qui s'incarne dans la culture occidentale moderne, la science, l'éducation, la politique. Nous voyons ici non seulement la décadence, mais aussi le refus de construire l'ordre, la hiérarchie, d'élever les principes de la science, de l'esprit, de la pensée, de la culture à l'unité la plus élevée, comme dans la civilisation traditionnelle, au début de la hiérarchie, – parce que la hiérarchie terrestre imite le rang angélique. À ce refus de faire le bien s'ajoute la volonté de faire quelque chose de directement opposé, de faire le mal. Quand on regarde les Ukrainiens, Biden, Soros, Macron, on voit une volonté de destruction active, agressive. Le satanisme présuppose nécessairement une stratégie consciente et une impulsion volontaire qui génère un mouvement puissant des masses humaines. Les masses peuvent détruire la culture traditionnelle par leur stupidité, leur passivité, leur inertie - c'est la propriété de la masse en tant que telle, mais quelqu'un pousse cette masse dans une direction destructrice, quelqu'un la dirige, l'oriente. C'est là qu'apparaît le principe du sujet opposé à Dieu (ainsi qu'à l'homme dans son sens le plus élevé). On le retrouve dans toutes les religions : il s'agit de cette volonté consciente du sujet de construire une civilisation anti-Dieu, inversée. Il ne s'agit pas seulement de détruire l'existant, mais de créer quelque chose de dégoûtant, de pervers, comme les femmes LGBT barbues de l'Occident. »
Peter Vlasov : « Y a-t-il là une image de l'avenir ? »
Alexander Douguine : « René Guénon, philosophe, partisan d'une société spirituelle traditionnelle, l'a appelée la Grande Parodie. C'est à cela que conduit la civilisation satanique. Si, au premier stade du matérialisme, il s'agissait de nier toute spiritualité, c'est-à-dire d'affirmer qu'il n'y a pas d'esprit, mais seulement la matière, l'homme, le monde terrestre, progressivement, au fur et à mesure que cette Grande Parodie prend forme, un nouveau projet émerge : non seulement le rejet de l'Église, mais la construction d'une anti-Église, non seulement l'oubli de l'esprit, mais la création d'une nouvelle spiritualité, inversée. Nous commençons par la destruction de l'église, nous comparons tout à la terre, il ne reste que l'homme, mais après cela, nous commençons à construire un temple souterrain vers le bas, dans la direction opposée, nous faisons un trou dans la matière. L'écrivain français Raymond Abellio a écrit un roman intitulé “La fosse de Babylone”, qui traite de la construction de la civilisation dans le sens souterrain. Cette hiérarchie inversée, ce pouvoir inversé, cette spiritualité inversée, voilà ce qu'est le satanisme occidental. »
pour notre propos qui est celui de la déconstructuration, de l’eschatologie, de la métahistoire, et qui nourrit l’explication qui nous fait lier cet événement directement à celui de la déconstructuration wokeniste bien que les deux événements ne soient pas du tout de la même facture ni du même domaine, – en apparence, certes. Mais on l’a vu, on l’a intuitivement ressenti je pense, – “ni de la même facture ni du même domaine” mais de la même essence satanique, de la même GrandeCrise, et là directement liés. La proximité est telle que l’on pourrait finalement concevoir, notamment en les prenant du point de vue si essentiel de la communication, de ne pas faire de réelle différence entre eux.
C’est cela que j’ai à l’esprit en anticipant peut-être une attente ou une question que certains de ces lecteurs parmi les hommes de ces temps-devenus-fous, comprenant notre démarche devant ce qu’ils jugent être un passage en revue des diverses ‘subcrises’ de la GrandeCrise, – mais la comprenant je crois en partie d’une façon erronée, assez dans tous les cas pour nous objecter : “Comment ? Après tout ce brouhaha sur l’Ukraine, rien sur Israël (et sur Gaza certes…) ?” La réponse se dit d’elle-même à partir d’un texte que nous écrivions le 11 octobre 2023, et qui constituait un résumé de l’argument :
« • Le drame du week-end en Israël doit désormais se poursuivre avec l’action de riposte que préparent les Israéliens, et qui peut être terrible. • En soi, la crise entre Israël et les Palestiniens répond toujours aux mêmes paramètres et blocages [que l’on connaît depuis soixante-dix ans], et en cela l’attaque de dimanche ne change rien. • Ce qui peut amener un changement politique de nature, non pas de la crise elle-même, mais de l’importance de la crise, c’est justement la nature et, au-delà, la puissance de la riposte israélienne. • Dans ce cas, cette très vieille crise s’inscrirait dans la GrandeCrise. »
“Dans ce cas, cette très vieille crise” prendrait une allure tout à fait nouvelle, inédite, en s’inscrivant dans une continuité qui lui paraît pourtant si étrangère : les élections américanistes, le Covid, le wokenisme, ‘Ukrisis’… Car nous y sommes, et c’est effectivement bien le cas : cette crise qui, en elle-même, utilise des événements d’un autre temps pour les poursuivre, en les poursuivant dans des conditions si particulières principalement au niveau de la perception et donc de la communication, entre effectivement dans La GrandeCrise, et elle y entre comme continuation d’’Ukrisis’, comme une perle est enfilée à la suite de la précédente pour participer à la manufacture du collier à la sublime perfection.
A cet égard et pour ce qui la concerne, tout est dit. Nous voulons signifier par là que nous avons suffisamment suivi le chemin des fracas de l’accumulation des tourbillons crisiques accouchant de subcrises successives (élections américanistes, Covid, wokenisme, ‘Ukrisis’) pour conclure que nous sommes au cœur de la GrandeCrise, qu’il est inutile de poursuivre cette sorte de chronique événementielle, que désormais tout ce qui se passe dans le fracas continu des catastrophes crisiques entrent dans l’empire de la GrandeCrise de l’effondrement du Système, dans le trou noir du naufrage civilisationnel, dans l’hallali du ‘Kali Yuga’, l’Âge de Fer et des Ténèbres de la Fin des Temps du cycle accompli jusqu’à son terme.
Ainsi est-il temps de discourir du survol de ce champ dévasté de la Terre martyrisée pour y apercevoir l’annonce des temps nouveaux qui suivent nécessairement la Fin des Temps.
Le symbole national de l’Ukraine est le trident. Il est dérivé des armoiries des Vikings de la dynastie des Rürik, qui ont régné sur quelques villes russes il y a plus de mille ans. Il est appelé “trizúb” en russe ou “tryzúb” en ukrainien. Il existe aujourd’hui une blague à ce sujet, qui s’énonce comme suit : “Comment fabrique-t-on un trident ukrainien ? Vous dites à un soldat ukrainien de lever les bras en l’air et de se rendre”. Le commandement sonne comme “Zrobee tryzoob !” en ukrainien.
La semaine dernière, de nombreux soldats ukrainiens ont eu l’occasion de “fabriquer un trident” en se rendant à Avdeyevka, une banlieue de Donetsk et le site de la plus grande cokerie d’Europe. (Le coke en question est un produit à base de charbon utilisé dans la fabrication de l’acier, et non la boisson sucrée ; un haut fourneau nécessite quelque 650 kg de coke pour produire une tonne d’acier). Au cours des dix dernières années, les nazis ukrainiens ont utilisé quotidiennement Avdeyevka pour bombarder les quartiers civils du centre de Donetsk, qui ne sont qu’à 10 km de là.
Ils l’ont fait pour deux raisons : premièrement, parce que ce sont des terroristes et que les terroristes s’attaquent aux civils ; deuxièmement, parce que la plupart de leur artillerie est trop usée et trop imprécise pour causer des dommages à des cibles militaires, alors que frapper des immeubles d’habitation, des écoles, des hôpitaux et des centres commerciaux n’exige pas une grande précision. (Si vous souhaitez contester tout cela, il existe de très nombreuses archives de preuves médico-légales que vous pouvez consulter). Les attaques terroristes contre Donetsk ont fait du délogement des Ukrainiens d’Avdeyevka une priorité absolue et, maintenant que c’est fait, le nombre de civils tués dans cette ville sera certainement beaucoup moins élevé.
Ni les milices populaires de Donetsk, ni les Russes qui les ont rejointes en février 2022, n’avaient pu déloger les Ukrainiens d’Avdeyevka, car il s’agit peut-être de la forteresse la plus lourdement renforcée au monde, avec des bunkers et des tunnels spécialement construits pour résister à l’artillerie et qui ont nécessité des milliers de tonnes de béton armé. Pour les démanteler, il fallait procéder à des bombardements aériens, mais les Ukrainiens disposaient de défenses aériennes qui rendaient les bombardements directs très risqués.
Les Russes ont alors trouvé une solution : ils ont fait voler leurs bombes, dirigées par navigation satellite. Il n’est pas nécessaire de fabriquer de nouvelles bombes : des stocks gigantesques ont été accumulés à l’époque soviétique et sont toujours en place. La vieille bombe est fixée sur un avion de chasse, puis une boîte en aluminium estampé à l’aspect disgracieux est attachée sous la bombe. Le jet monte à une altitude élevée, bien en dehors de la portée des systèmes de défense aérienne ukrainiens, puis libère simplement la bombe. L’engin attaché à la bombe fait alors apparaître deux petites ailes. La bombe se retourne puis suit une trajectoire à l’aide du satellite et se dirige vers la cible, l’atteignant avec précision et la réduisant en ruines.
Les Américains disposent d’un engin similaire, appelé JDAM. Il s’agit d’une bombe planante fabriquée sur mesure qui coûte plusieurs bras et jambes et qui est, inévitablement, en pénurie, alors que les Russes disposent de toutes les bombes dont ils pourraient avoir besoin et qu’ils fabriquent maintenant les unités de navigation par satellite et de planage par milliers. De plus, ces unités ne se soucient pas vraiment de ce à quoi elles sont attachées : pratiquement toutes les grosses bombes volent parfaitement avec elles. L’une des préférées est la FAB-500. Pesant une demi-tonne, elle peut démolir à peu près n’importe quoi et, lancée à une altitude de 12 km et à une distance de 50 km en spirale à 1 900 km/h, elle est impossible à intercepter pour les Ukrainiens. En frappant la terre, elle crée un cratère de 8,5 m de diamètre et de 3 m de profondeur.
Comme le dit l’adage, si la force brute ne fonctionne pas, c’est qu’elle n’est pas suffisamment utilisée. Et les Russes en ont certainement utilisé suffisamment à Avdeyevka – de l’ordre de plusieurs centaines de FAB-500 lors d’une journée bien remplie. Privés de leur forteresse, les Ukrainiens survivants ont fui à pied à travers des champs boueux. Les commandants ukrainiens ont alors fait un dernier effort : ils ont pris les restes du régiment Azov, y ont ajouté le nombre de jeunes combattants valides qu’ils pouvaient dénicher et les ont envoyés dans les tunnels sous la cokerie mentionnée plus haut. Les plans de leurs commandants ne sont pas clairs. S’agissait-il de rejouer la reddition du régiment Azov à l’aciérie de Marioupol ? Si oui, dans quel but ? Quoi qu’il en soit, les membres du régiment Azov se sont révélés plus intelligents que leurs commandants et se sont simplement enfuis à pied.
Le 20 Février 2024, Club Orlov – Teaduction du ‘Sakerfrancophone’
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
• Les trotskistes sont aux côtés de Poutine ! • C’est vrai et pas tout à fait faux puisque ‘WSWS.org’ dénonce l’invraisemblable campagne en cours au sein de notre courageuse civilisation pour se rire du bluff poutinien (avertissement du danger d’une guerre nucléaire) et nous assurer à tous qu’on peut très bien, après tout hein, faire campagne et libérer l’Ukraine-Russie à coups d’armes nucléaires. • Le plus remarquable de ces temps étranges est que nos élites peuvent être encore plus bêtes et plus simulacres que ce que leur miroir et nos sarcasmes nous renvoient d’elles.
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Dans ce texte de ‘WSWS.org’ débarrassé des habituels préjugés trotskistes fleuris et ornementaux, donc un texte fort bien fait, la tendance nouvelle (?) de l’Occident-compulsif à éventuellement passer au nucléaire contre la Russie est soigneusement décortiquée. Il ne manque pas d’éléments pour alimenter la thèse, qui commence par des détails sur l’état de la question de l’envoi de groupes de l’OTAN en Ukraine et se termine par la floraison sur la façon de faire du nucléaire sans avoir l’air d’y toucher, ou y touchant avec des pincettes, ou sans pincettes après tout, – car après tout, le nucléaire, c’est comme du vous et moi !
C’est ici le cas de parler des remarques de Fiodor Loukianov à lui empruntées pour le texte sur le départ de Nuland, et qui concerne cette « élite dirigeante d’aujourd’hui [...] qualitativement différente des générations précédentes »... La chose avait commencé sous Clinton, l’homme du « It’s economy, stupid », pour lequel la question de la sécurité nationale n’était pas essentielle, et par conséquent pas essentielle non plus la question du nucléaire. On se permettra de repasser, redoubler le même jour, l’extrait du texte de Loukianov tant il éclaire d’un jour sinistre l’inéluctabilité absolue de la catastrophe.
« La première est qu’il semble que les désaccords au sein de la communauté d’Europe occidentale, aggravés par l’augmentation générale de l’incertitude, soient résolus par une augmentation des tensions, au lieu de les réduire. Le simple fait de réduire l’intensité de l’hystérie de la “menace russe” mettra immédiatement au jour de nombreuses contradictions qui sont actuellement étouffées. Ainsi, l’establishment préfère une escalade vers la Russie à la détente.
» Deuxièmement, l'idée, qui gagne en popularité dans notre pays, selon laquelle pour sortir du cercle vicieux, il faudrait que les élites occidentales soient effrayées par l’Armageddon nucléaire et qu'elles retrouvent ensuite leur volonté de négocier, pourrait avoir le résultat exactement opposé. L’élite dirigeante d’aujourd’hui est en effet qualitativement différente des générations précédentes. Tout d’abord, elle croit en une sorte de dogme sur l’infaillibilité de l’Occident, c’est-à-dire la certitude que toute déviation du canon idéologique et politique établi après la guerre froide sera une véritable catastrophe pour le monde. Et puisque tout compromis avec la Russie constituerait un tel recul, il faut l’empêcher à tout prix...
» Nous entrons dans une période dangereuse. »
Effectivement pour la “période dangereuse”. Les Russes l’ont diablement compris. Après le texte de Loukianov, RT.cm passe un nouveau texte (de Sergei Poletaev) sur le danger de l’emploi du nucléaire qui viendra en complément enrichissant du texte de ‘WSWS.org’ (on voit bien que les poutiniens et les trotskistes sont faits pour s’entendre !). Titre et sous-titre de Poletaev, qui nous rappelle par ailleurs toutes les incroyables analyses-bidon des âmes-otanesques sur les armées russes depuis février 2022 :
« L’“expertise” occidentale sur le conflit ukrainien pourrait conduire le monde à une catastrophe nucléaire
» Les experts sont complètement déconnectés de la réalité, – c'est pourquoi leurs points de vue représentent un danger pour l'humanité. »
Que peuvent faire les Russes ? Question à 64 $trillions. Hypothèse : selon les circonstances, ils peuvent envisager des interventions de démonstration pour convaincre le public de la capacité destructrice des armes. Certains, aux USA, avaient conseillé de faire un essai atomique de démonstration au large du Japon, avant de passer à Hiroshima-Nagasaki. Conseil rejeté, notamment parce que les USA avaient très-très peu d’armes atomiques et écartèrent le “gaspillage” pour le travail sérieux (200 000 morts, plus ou moins, etc.). D’autre part, on sait aujourd’hui l’effet optique et psychologique d’une arme nucléaire et une explosion de démonstration renforcera la certitude assurée de nos “experts” et brillants dirigeants que l’on peut s’en servir comme l’on se sert d’un M-777 ou d’un si efficace ‘Abrams’. Alors, quoi ?
Les Russes disposent néanmoins d’armes qui peuvent être conventionnelles aussi bien que nucléaires ou à capacité nucléaire très variables, et qui peuvent faire des dégâts réels sur des territoires nationaux non-ukrainiens si la guerre s’étend, sans causer de pertes civiles directes significatives mais en imposant l’image de ce que serait une utilisation maximale.
• Il y a les nouvelles torpilles sous-marines qui peuvent exploser sur un fond marin au large d’une zone côtière et déclencher un tsunami ; son intensité sera selon la force de la charge nucléaire utilisée.
• Ils ont surtout des missiles hypersoniques, par exemple type ‘AvantGard’, qui peuvent causer d’énormes dégâts à un objectif militaire (une base, par exemple) sans charge nucléaire, par le simple choc de l’énergie cinétique, et encore plus avec une charge conventionnelle. Les Iraniens avaient obtenu un tel effet dissuasif avec leur tir de missiles sur des bases US, suite à l’assassinat du général Soleimani, en janvier 2020.
Quoi qu’il en soit, certes, la remarque de Loukianov reste plus que jamais absolument vrai :
« Nous entrons dans une période dangereuse. »
Ce que confirme donc le texte de ‘WSWS.org’, sous le titre (modifié pour des raisons technico-esthétiques) « Les USA et l'OTAN risquent une guerre nucléaire en se préparant à attaquer la Russie », et signé de façon solennelle par le comité de rédaction du site.
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Face à la détérioration de la position militaire de l’Ukraine et aux avancées significatives des forces russes, les puissances de l’OTAN menacent d’une escalade massive de la guerre avec l’envoi direct de troupes de l’OTAN sur le territoire ukrainien et des frappes contre les infrastructures et les villes russes.
Après un retrait d'Avdiivka, les forces ukrainiennes se replient à nouveau. Au milieu de pertes massives, l'armée ukrainienne ne peut pas recruter de remplaçants sur le front. «Zelenski est dans l'impasse sur la façon d'enrôler plus de troupes au fur et à mesure que les forces russes avancent», titrait dimanche le New York Times.
La semaine dernière, les membres des gouvernements de quatre membres de l'OTAN – la France, le Canada, les Pays-Bas et la Lituanie – ont déclaré qu'ils envisageaient d'envoyer des troupes de combat pour combattre la Russie en Ukraine. Puis, vendredi, les médias russes ont publié une discussion divulguée entre les chefs militaires allemands sur l'utilisation d'armes allemandes à longue portée pour frapper la Crimée. En même temps, le gouvernement britannique a avoué avoir envoyé un «petit nombre» de troupes en Ukraine.
Cette escalade irresponsable de la guerre procède sans aucune explication publique de ce que prévoit l'OTAN, encore moins de reconnaissance franche des conséquences potentiellement catastrophiques de l’envoi de forces en Ukraine et d’attaques contre la Russie.
Rejetant l'avertissement explicite lancé la semaine dernière par Poutine, qui a déclaré qu’une intervention directe de l'OTAN en Ukraine pourrait conduire à l'usage d'armes nucléaires, les dirigeants et les médias de l'OTAN se moquent du danger et affirment que Poutine fait du bluff.
Rien ne justifie une telle complaisance. L'administration Biden et ses alliés européens sont engagés dans un jeu de roulette russe nucléaire incroyablement téméraire.
Oubliant apparemment qu’au début de la guerre, en février 2022, ils déclaraient que l’intervention directe de l'OTAN signifierait une troisième guerre mondiale, les dirigeants impérialistes disent à présent que la Russie ne ripostera pas, même face à une attaque directe. De plus, même s'il existe la possibilité d'une contre-attaque massive, ils déclarent que l'OTAN ne doit pas être dissuadée par ce danger.
Un argument avancé dans les médias et par les think-tanks est que l'OTAN a commis une faute en exprimant son inquiétude quant à l'escalade de la guerre en Ukraine vers une guerre nucléaire avec la Russie.
«Se plier au chantage nucléaire de Poutine rend la guerre nucléaire plus probable», dit Peter Dickinson de l'Atlantic Council, un think-tank américain. «L'Ukraine a souvent dénoncé le bluff de Poutine, exposant la vacuité des fanfaronnades nucléaires du dictateur russe.» Il a conclu, «Si l'Ukraine refuse de se laisser intimider par le chantage nucléaire de Poutine, on ne peut pas en dire autant de l'Occident ... La peur occidentale d'une escalade est le grand obstacle.»
En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung écrit que la menace russe d'utiliser l’arme nucléaire «ne sera pas réalisée. Pas même si, comme cela arrive régulièrement, des missiles de croisière américains et britanniques attaquent des cibles militaires dans le territoire ukrainien annexé par la Russie, y compris la Crimée.» L'Institut Lowy, un think-tank pro-OTAN australien, dit: « La question clé est de savoir si l'Occident appellera le bluff de Poutine ou cédera à sa posture nucléaire à enjeux élevés, une décision qui façonnera l'issue du conflit.»
En affirmant publiquement que Poutine ne fait que bluffer, l'OTAN l'incite à réagir de manière agressive et à dénoncer son erreur de calcul.
Tout en affirmant haut et fort que la Russie ne répondra pas, les stratèges américains et européens évoquent la possibilité d'une escalade nucléaire. Le New York Times a commencé à publier dimanche une série d'articles d'opinion extraordinaires sous le titre «Au bord du gouffre», axé sur «la menace des armes nucléaires dans un monde instable».
Le journaliste qui dirige cette série, W.J. Hennigan, l’a lancée avec une chronique, «Le bord», qui commence par déclarer: «S'il semble alarmiste d'anticiper les conséquences horribles d'une attaque nucléaire, considérez ceci: les gouvernements des États-Unis et de l'Ukraine ont planifié ce scénario depuis au moins deux ans.»
À l'automne 2022, écrit-il, «une évaluation par le renseignement américain a estimé à 50 pour cent les chances que la Russie lance une frappe nucléaire pour arrêter les forces ukrainiennes si elles violaient sa défense de la Crimée». Il ajoute qu’avant, «l'administration Biden avait demandé à un petit groupe d'experts et de stratèges, une ‘Equipe tigre’, de concevoir un nouveau ‘playbook’ nucléaire».
En annonçant la campagne présidentielle du Parti de l'égalité socialiste, le dirigeant national du SEP (États-Unis), David North, a déclaré : « Les puissances de l’OTAN ont dit plusieurs fois que la menace du feu nucléaire ne les dissuaderait pas de poursuivre la guerre. Ainsi on normalise le recours délibéré aux armes nucléaires tactiques et stratégiques, rejeté pendant des décennies comme étant synonyme de folie, mais à présent traité de composante légitime de la stratégie géopolitique impérialiste».
La guerre est poussée à une échelle beaucoup plus grande et plus sanglante. Tout cela se fait dans le dos de la population, en s'appuyant sur la désinformation. Lundi, l'État allemand a menti de manière flagrante, affirmant qu'une convocation d'urgence de l'ambassadeur allemand au ministère russe des Affaires étrangères n'avait rien à voir avec les discussions divulguées sur les missiles allemands ciblant la Crimée.
La classe dirigeante ment, car elle veut être libre de mener à bien ses complots militaires. Il y a déjà une large opposition parmi les travailleurs et les jeunes à l'escalade militaire. Selon les sondages, 68 pour cent des Français et 80 pour cent des Allemands s'opposent à l’envoi de troupes européennes en Ukraine combattre la Russie que propose Macron. Dans la mesure où des masses de gens aux États-Unis et dans tous les pays de l'OTAN prennent conscience de ce qui se passe, cette opposition va s'accroître.
Le World Socialist Web Site dénonce la conspiration de l'impérialisme otanien pour entraîner l'humanité dans une catastrophe nucléaire. Il faut ôter le pouvoir à ces fauteurs de guerre. Leurs actes menacent de détruire la civilisation humaine. Il faut organiser des manifestations de masse dans tous les pays pour exiger le retrait total des forces de l'OTAN d'Ukraine et la fin immédiate du conflit. Il faut lier ceci au développement d'un mouvement anti-impérialiste dans la classe ouvrière internationale, contrant la barbarie capitaliste avec le programme de la révolution socialiste mondiale.
On vient de découvrir l’image illustrant l’ectoplasme Paris pour les JO : un énorme conglomérat hôtelier au bord de l’eau : toute référence historique ou culturelle ou spirituelle a été effacée, comme dans un film de science-fiction inspiré par Dick. Il ne reste plus rien de la France.
Cela mérite quelques éclaircissements. Debord, Mattelard, Louis Chevalier, Audiard l’avaient vu venir cette liquidation.
Lisez de Mattelart l’admirable et inépuisable Histoire de l’utopie planétaire qui est surtout l’histoire de la folie anglo-américaine.
Une des cibles était la capitale parisienne. Comme disait Guy Debord de Paris (Panégyrique, I) :
«Toujours brièvement dans ma jeunesse, lorsqu’il m’a fallu risquer quelques courtes incursions à l’étranger, pour porter plus loin la perturbation ; mais ensuite beaucoup plus longuement, quand la ville a été saccagée, et détruit intégralement le genre de vie qu’on y avait mené. Ce qui arriva à partir de 1970. Je crois que cette ville a été ravagée un peu avant toutes les autres parce que ses révolutions toujours recommencées n’avaient que trop inquiété et choqué le monde ; et parce qu’elles avaient malheureusement toujours échoué…Qui voit les rives de la Seine voit nos peines : on n’y trouve plus que les colonnes précipitées d’une fourmilière d’esclaves motorisés.»
Contrairement à ce qu’on supposerait Paris a fait les frais du gaullisme et de Pompidou (qui faillit la raser – voyez le livre de mon ami Paucard sur les Criminels du béton).
Dans l’utopie planétaire, Armand Mattelart nous explique tout :
«Peu après la secousse politique de Mai 68, une agence de planification d'un ministère français commanditait à Howard V. Perlmutter et Hasan Ozbekhan, responsables de recherches à la Wharton School, une étude prospective sur les chances de Paris de devenir une global-city ou un world-center, une plaque tournante dans le global industrial system des années quatre-vingt. Dans un de leurs scénarios, les deux experts futurologues recommandent à l'administration française de tout faire pour «dénationaliser» la ville afin de la rendre «moins française» et de corriger l’image xénophobe et ethnocentrique qu'elle projette à l'extérieur ». Car, «dans la ville globale de l'avenir, personne ne doit se sentir étranger». Et d'accompagner cette recommandation volontariste d'un traitement de choc. Hors l'amélioration d'un système de télécommunications à la traîne, figure en bonne place dans le décalogue des mesures la globalisation des événements culturels, que les deux consultants illustrent en proposant l'organisation de festivals de rock supranationaux «antidotes à la culture exagérément nationale et parfois franchement nationaliste»...
L’élimination française s’est donc enclenchée sous De Gaulle et Pompidou. Voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma, où j’ai repris mes textes sur cette catastrophique et soi-disant glorieuse époque. Vous découvrirez que les conservateurs et autres souverainistes courent toujours après les subversifs et les mondialistes quand il s’agit de dépecer le pays. Le gaullisme aura été et continue d’être une escroquerie et un attrape-gogo sans équivalent.
Et je vous invite à relire mon texte sur JMLP et mai 68 :
Tout le monde fait de son mieux pour commenter ou fêter le cinquantenaire de mai 68. Alors laissons parler un poète. Dans ses Mémoires JMLP y va de son interprétation et de sa métaphore (mai 68 comme… eau-forte) :
« …le dommage de Mai 68 est encore plus vaste, car au désastre de l’école s’ajoute celui des médias, de la littérature, des arts, du cinéma et de la télévision, de tout ce qui sous le mot impropre de culture influe sur la mentalité des hommes, et dont la maîtrise, le philosophe italien Gramsci l’a rappelé à toute une génération de révolutionnaires, permet de prendre le pouvoir sans peine.
Cela ne s’est pas fait en un jour. Considéré sous l’angle de la violence physique, Mai 68 fut une parodie de révolution, une mascarade, mais il a engagé subrepticement un processus que rien n’arrête. Je chercherai dans la technique de la gravure la comparaison propre à me faire comprendre. La gravure n’est pas un art mineur, elle demande une réflexion technique et philosophique non négligeable, comme la révolution. En gros, vous pouvez entailler la plaque de cuivre que l’on va encrer pour imprimer, de deux manières. Soit directement avec un burin, c’est long, difficile et cela demande de la force : c’est la révolution à l’ancienne, brutale et aléatoire. Soit vous choisissez ce que l’on appelle l’eau-forte. Sur la plaque de cuivre vous passez un vernis qui résiste à l’acide, puis vous entaillez cette couche protectrice avec une pointe fine d’un maniement souple qui permet un dessin fin, avant de plonger la plaque dans un bain d’acide. En quelques heures les parties dont vous avez ôté la protection sont attaquées par l’acide et prêtes à recevoir l’encre. Ainsi a procédé la révolution de Mai 68.
Avec son slogan directeur, il est interdit d’interdire, elle a plongé la civilisation européenne dans un bain d’acide où nous sommes restés durant toutes les années soixante-dix, puis, au fil des années quatre-vingt, on a sorti la plaque, on l’a essuyée, et la gravure à l’eau-forte est apparue, l’image de la nouvelle civilisation, avec sa nouvelle morale, sa nouvelle esthétique, ses nouveaux fondements politiques, dans laquelle nous vivons. Le monde ancien, l’homme ancien, ont été dissous, et se dessinent maintenant l’homme nouveau et ses valeurs nouvelles. Aux héros et aux saints qu’on nous montrait en exemple a succédé l’écocitoyen LGBT friendly et phobophobe, ouvert au vivre ensemble, au culte de la terre mère, qui ne fume pas, accueille le migrant et se prépare à rouler en voiture autonome.
Toutes nocives qu’aient été leurs conséquences, 1830, 1848, 1789 et même 1793 et la Commune, toutes ces révolutions françaises eurent quelque chose de grand, parfois même de beau : avec Mai 68, pour la première fois, une révolution française ne se proposa rien de grand, rien de sacré. Elle postulait l’avènement du médiocre. »
Certains grands textes ne méritent pas de commentaire ; je me contenterai de rappeler à nos lecteurs l’importance de l’œuvre de Philippe Muray sur cet homo peu sapiens, festif et surtout censeur universel.
Ajoutons un splendide et intuitif passage sur le remplacement culturel de la France.
Le massacre urbain de Paris n’a pas échappé à JMLP. Il évoque Les Halles, œuvre au noir destinée à mondialiser Paris et sa population rétrograde et agitée, selon l’excellent sociologue de gauche Armand Mattelart.
JM Le Pen :
« Le ventre de Paris était tout près, le pouvoir gaulliste avait décidé en 1960 de transférer les Halles à La Villette et Rungis, mais le déménagement ne devait se faire qu’en 1969. On disait adieu au vieux Paris. Tout un peuple de vivandiers venus des banlieues et des provinces approvisionnait la capitale depuis le XIIe siècle dans un décor que le dix-neuvième avait rationalisé sans le changer en profondeur. Ce peuple qui avait fait naguère un triomphe à Poujade allait se trouver remplacé par un mélange de petits-bourgeois consuméristes le jour et de zonards la nuit. Les mots disent tout : un Forum remplacerait les Halles, des bobos multicolores à prétention intello en prendraient possession. »
C’est Debord qui souligne l’importance du livre de Louis Chevalier sur la destruction de Paris. Et dans mon livre sur la comédie musicale j’ai expliqué cette disparition de Paris comme muse des artistes et des danseurs. Après Drôle de frimousse (Funny face), il n’y a plus rien ou presque.
JMLP – Fils de la nation, éditions Muller.
Armand Mattelart – Histoire de l’utopie planétaire (La Découverte)
Philippe Muray – Œuvres complètes (Les Belles Lettres)
Nicolas Bonnal – La destruction de la France au cinéma (Amazon.fr)
Pierre Le Vigan – METAMPORPHOSES DE LA VILLE (Barque d’or)
• Un départ complètement inattendu : la démission de Victoria Nuland, incontestée architecte de la politique ukrainienne des USA et du projet US de démantèlent de la Russie. • Ces opérations devaient être accomplies sans déclencher de conflits importants ni risquer une Guerre Mondiale. • Nuland a parfaitement réussi tout le contraire ; un “sans-faute dans l’échec” qui sanctionne l’actuelle situation mondiale avec tous ses risques. • Elle est saluée comme une des grandes stratèges de l’histoire des USA : tout est donc catastrophique dans le pire des mondes.
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Victoria Nuland, affectueusement désignée “Toria” par Blinker et les initiés du département d’État, a jeté le gant en un véritable KO technique. Elle a été saluée par un communiqué qui ressemble à un ‘Titanic’ rempli de fleurs destinées à la chère ‘Noria’ par un Blinken au sommet de son hypocrisie. Le départ de la vice-secrétaire d’État qui a machiné toute la subversion et l’agression de l’Ukraine puis de la Russie ne termine rien du combat en cours, – au contraire, il le hausse à la hauteur d’un affrontement de deux mondes que Nuland n’a jamais vu venir, – mais acte d’une façon rude et sans concession l’échec total de son plan initial et du sillage de folie complète des neocon qu’elle laisse derrièreelle.
Au fond, elle disait à peu près tout lors de son interview du 25 février par Christiane Amanpour, sa complice hyper-neocon de CNN :
« La Russie de Vladimir Poutine “n'est pas la Russie que nous voulions”, a déclaré Victoria Nuland, vice-secrétaire d'État américaine par intérim, à CNN. Mme Nuland a expliqué que Washington souhaitait un dirigeant docile au Kremlin qui “occidentaliserait” le pays.
» “Ce n'est pas la Russie que, franchement, nous voulions”, a déclaré Mme Nuland à Christiane Amanpour, sur CNN, jeudi. “Nous voulions un partenaire qui s'occidentalise, qui soit européen. Mais ce n'est pas ce que Poutine a fait”. »
Il est très significatif que Nuland soit partie de sa propre initiative et sans aucun atterrissage en douceur (par exemple, autre fameux neocon, Paul Wolfowitz avait été viré du Pentagone [n°2] en 2005 suite aux catastrophes irakiennes résultant de l’application de ses plans, – il était un peu le ‘Nuland de l’Irak’, si l’on veut, – mais pour atterrir à la présidence de la Banque Mondiale). Nuland s’en va, elle démissionne sèchement, et si l’on peut être sûr qu’elle se reclassera, ce ne sera pas sur une initiative gouvernementale qui atténuerait grandement la brutalité du départ. Nuland s’en va parce qu’elle a échoué et, pour l’instant, on n’a plus besoin d’elle au gouvernement qui entend suivre seul soin effondrement.
La belle Maria Zakharova, dans son style inimitable de franc-parler, a exprimé la mortuaire et les condoléances de Moscou :
« La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a attribué le départ de Nuland à “l’échec de la politique antirusse de l’administration Biden”.
» “La russophobie, proposée par Victoria Nuland comme principal concept de politique étrangère des États-Unis, entraîne les démocrates vers le bas comme une pierre”, a déclaré Zakharova. En publiant une photo de Nuland prise dans une église orthodoxe à un moment donn. Elle a déclaré que si la femme politique américaine voulait “aller dans un monastère pour expier ses péchés, nous pouvons dire un mot pour elle”. »
Blinken ne mange pas de ce grossier pain-là. Lui, il a salué en ‘Tonia’ une collaboratrice exceptionnelle dont les actes “diplomatiques” resteront dans l’histoire “dipkomatique” des États-Unis, notamment l’Ukraine qui figurera dans les programmes d’éducation “diplomatique” et les manuels d’histoire tout court. Une sorte de miracle napoléonien du XXIème siècle, au point où l’on se demande comment le département d’État et l’administration se privent de cet atout-maître à l’heure où l’on veut faire réélire l’un des plus brillants présidents de l’histoire.
« “Ce qui rend Toria vraiment exceptionnelle, c’est la passion féroce qu’elle met dans la lutte pour ce en quoi elle croit le plus : la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et la capacité durable de l’Amérique à inspirer et à promouvoir ces valeurs dans le monde”, a déclaré Blinken.
» Il a également noté que son “leadership sur l’Ukraine“ fera l’objet d’études “dans les années à venir“ par les diplomates et les étudiants en politique étrangère”. »
Une autre appréciation, de source US mais manifestement moins indulgente, donne une idée de la soudaineté de la décision que rien ne laissait prévoir, surtout pour une personnalité extrêmement influente, en activité depuis 1993 dans les milieux de la sécurité nationale et du gouvernement, toujours à des postes stratégiques, membre de la puissante famille neocon des Kagan (femme de Robert), – bref, qui semblait indéboulonnable et qui a dû faire elle-même sauter les boulons du piédestal. Cette appréciation, de Larry Johnson :
« “La décision de Nuland de démissionner est comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, étant donné le rôle actif qu'elle a joué dans les affaires ukrainiennes sous les présidents Barack Obama et Joe Biden”, a déclaré à Sputnik Larry Johnson, ancien officier de renseignement de la CIA et fonctionnaire du département d'État.
» “Si ce n'est pas pour des raisons de santé, elle ne démissionne pas pour prendre un meilleur poste. La seule raison pour laquelle elle occupait ce poste était l'Ukraine. Elle n'était pas un facteur ou une force au département d'État dans tous les autres domaines tels que la Chine, le Moyen-Orient, qui sont tous des questions d'arrière-plan. Ce qui l'intéressait, c'était l'Ukraine”. »
Il n’est nulle part question d’une raison de santé, dans tous les cas pour l’instant. Mais si c’était le cas, et l’on en aurait eu des signes avant-coureurs, cela aurait dû immédiatement être mis en avant pour éviter toute hypothèque sur sa politique autant que sur son action, politique. C’est donc cet aspect-là, – conception et action politiques, – qui sont mis en cause.
Nous allons donc du côté de l’évidence politique : l’échec de Nuland, et même l’échec complet et parfait. Sa mission était claire :
1) faire tomber l’Ukraine et assurer un contrôle total du pays ;
2) à partir de là, investir la Russie, liquider Poutine et l’État central russe, diviser la Russie et se servir en se partageant le gâteau ;
3) accomplir tout cela en annexant l’Europe une fois pour toutes et sans faire s’élargir le conflit, ni militairement ni par influence, avant de préparer l’attaque sur la Chine.
Rien de tout cela n’a été fait, absolument rien. Au contraire, les USA sont loin de tenir l’Ukraine et ne cesse d’essuyer des échecs, et il apparaît que le conflit ne cesse de s’étendre, essentiellement par la formidable puissance d’influence qu’il offre à la Russie sur le reste du monde non-occidental, en renforçant de manière décisive la puissance militaire russe. Quant à Poutine, il mangerait trente-cinq Joe Biden au petit-déjeuner qu’il aurait encore faim. Finalement, il s’agit bien de ceci : la politique de Nuland a conduit à la proximité d’un conflit beaucoup plus large, d’une Troisième Guerre mondiale qui ne serait pas nécessairement nucléaire mais qui verrait sans aucun doute la défaite de l’Occident-collectif et l’accélération décisive de la chute de l’hégémonie des USA (au profit de Trump à la Maison-Blanche, sans mesurer les conséquences intérieures). Un sans-faute dans l’échec ; avec comme résultat ;la perspective d’une aggravation constante de la situation, sans aucun avantage pour l’Occident, jusqu’aux confins du conflit mondial à la perspective duquel l’Occident a paradoxalement lié son destin, – sous une forme absolument suicidaire que Nuland n’a pas pu oser envisager d’imaginer un seul instant...
Par exemple, Fiodor Loukianov conclut un très récent texte (5 mars), sur lequel nous reviendrons, sur les perspectives absolument catastrophiques et paradoxales :
« Il est important de prendre en compte deux circonstances.
» La première est qu’il semble que les désaccords au sein de la communauté d’Europe occidentale, aggravés par l’augmentation générale de l’incertitude, soient résolus par une augmentation des tensions, au lieu de les réduire. Le simple fait de réduire l’intensité de l’hystérie de la “menace russe” mettra immédiatement au jour de nombreuses contradictions qui sont actuellement étouffées. Ainsi, l’establishment préfère une escalade vers la Russie à la détente.
» Deuxièmement, l'idée, qui gagne en popularité dans notre pays, selon laquelle pour sortir du cercle vicieux, il faudrait que les élites occidentales soient effrayées par l’Armageddon nucléaire et qu'elles retrouvent ensuite leur volonté de négocier, pourrait avoir le résultat exactement opposé. L’élite dirigeante d’aujourd’hui est en effet qualitativement différente des générations précédentes. Tout d’abord, elle croit en une sorte de dogme sur l’infaillibilité de l’Occident, c’est-à-dire la certitude que toute déviation du canon idéologique et politique établi après la guerre froide sera une véritable catastrophe pour le monde. Et puisque tout compromis avec la Russie constituerait un tel recul, il faut l’empêcher à tout prix.
» Nous entrons dans une période dangereuse. »
Mis en ligne le 6 mars 2024 à 10H35
5 mars 2024 (13H45) – Les dirigeants européens commencent à ressembler à une petite bande de voyous incultes, incapables de s’essuyer la morve coulant de leurs nez en guise de paroles. « Une bande de gamins de merde prêts à massacrer à coups de pique lorsqu’ils sont à un contre dix », disait un grand’oncle de Jean Giono, royaliste archaïque et acharné cherchant une définition pour la populace en quête de têtes coupées à balader dans les ruelles insalubres. L’image sied bien à l’esprit de la chose, malgré les parfums et les costumes dont s’ornent ces gens postmoderrnes-tardifs de Bruxelles.
Medvedev signe son message tweeterX sur la dernière des dplomates de l’UE en poste à Bruxelles des mots :
« Europa mortua est
Gloria Magistratus »,
Le tout pouvant être souligné par la phrase définitive et fameuse qu’on jette en général aux retraités pour incompétence :: « Sic transit gloria mundi ». On comprendra ce que nous voulons dire en lisant le texte d’Andrew Korybko qui, à sa manière rationnelle et mesurée, conseille de prendre une mesure extrême et furieuse, – pour une fois à l’invitation de Dimitri Medvedev toujours aussi rude, – après l’attitude honteuse des diplomates européens en poste à l’UE refusant une invitation du ministre russe des affaires étrangères Lavrov qui voulait leur parler de la préoccupation de la Fédération de Russie concernant des ingérences étrangères dans le processus qui précède l’élection du président de la Fédération les 14-15 mars prochain.
Medvedev écrit donc sur son tweeterX, présenté par RT.com :
« “Les ambassadeurs des pays de l'UE en Russie ont refusé de rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères. Apparemment, suite à quelques conseils de Bruxelles”, a écrit Medvedev lundi sur X. “Cela va totalement à l'encontre de l'idée même de [l']existence de missions diplomatiques et de missions d'ambassadeurs”.
« “Tous ces ambassadeurs devraient être expulsés de Russie et le niveau des relations diplomatiques devrait être dégradés”, a écrit Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité russe. Il a qualifié les diplomates européens d’“imbéciles politiques qui ne comprennent pas leurs véritables tâches”. »
Lavrov a aussi commenté le refus des ambassadeurs des pays de l’UE de venir prendre connaissance de certains faits et documents assimilés à une ingérence
« “Je voulais simplement dire aux ambassadeurs que nous recommandons de ne pas mener de telles activités”, a déclaré M. Lavrov. “Et vous savez quoi? Deux jours avant l’événement [prévu], nous avons reçu une lettre [diplomatique] disant : ‘Nous avons décidé de ne pas y assister’” »
Ce triste épisode, par son puissant symbolisme qui s’attache depuis les plus anciennes civilisations sur le rôle essentiel des ambassadeurs par rapport aux usages de respect et de civilité qu’ils doivent entretenir avec le pays-hôte, mesure bien la chute vertigineuse, hypersonique diraient les amateurs, de toutes les traditions politiques et diplomatiques de l’Europe. Il illustre parfaitement le caractère honteux, grossier et barbare où s’ébroue aujourd’hui l’UE. On trouve nombre de cas où des dictatures aussi honnies que l’inévitable nazisme se conduisaient mieux à cet égard que ne le font les Européens. Ces gens des couloirs de l’UE ayant épuisé le stocks de qualificatifs adéquats pour ceux qui dérogent de façon si éclatante à leur mission, on doit épouser l’explication de la folie trempée dans le satanisme comme Obélix tomba dans la marmite de potion magique dans son extrême jeunesse. Même dessin, même destin en inverti.
Lisez donc le texte de Korybko caractérisé par ces phrase, lui le modéré, le mesuré, le raisonneur :
« Même si Medvedev a cultivé une réputation de « ligne dure » depuis le début de l’opération spéciale et partage parfois ce qui peut objectivement être décrit comme des propositions irréalistes, cette suggestion particulière a beaucoup de sens. [...]
» Avant de prendre une décision, les décideurs politiques feraient bien de réfléchir aux conseils de Medvedev, qui sont cette fois-ci tout à fait judicieux. »
Le texte d’Andrew Korybko est publié sur son site, au 5 mars 2024.
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L'ancien président russe et vice-président actuel du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, a fustigé lundi dans un tweet les ambassadeurs des États de l'UE à propos de l'invitation du ministre déchu des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à assister à une réunion pour discuter de l'ingérence étrangère dans les prochaines élections. Ce haut diplomate a révélé qu'ils lui avaient envoyé une lettre deux jours avant la réunion lui communiquant leur décision, que les médias locaux citaient la mission de l'UE comme justifiant par le fait qu'ils ne voulaient pas se laisser « faire la leçon ».
En réponse, l’ancien dirigeant russe a écrit : « Cela va totalement à l’encontre de l’idée même de l’existence de missions diplomatiques et de missions d’ambassadeurs. En réalité, tous ces ambassadeurs devraient être expulsés de Russie et le niveau des relations diplomatiques devrait être dégradé.» Même si Medvedev a cultivé une réputation de « ligne dure » depuis le début de l’opération spéciale et partage parfois ce qui peut objectivement être décrit comme des propositions irréalistes, cette suggestion particulière a beaucoup de sens.
Après tout, Lavrov lui-même a déclaré juste après avoir partagé cette anecdote : « Pouvez-vous imaginer des relations diplomatiques avec des pays dont les ambassadeurs ont peur d'assister à une réunion avec le ministre du pays dans lequel ils servent ? » Sa remarque est d’autant plus pertinente qu’il s’apprêtait à partager avec eux des preuves « des mécanismes d’ingérence qu’ils utilisent, des projets visant à soutenir notre opposition non systémique. En général, ce dans quoi les ambassades n’ont pas le droit de s’engager.»
Dans le passé, des diplomates russes ont été expulsés en masse de l'UE sous de vagues prétextes d'espionnage, sans qu'aucune preuve n'ait été partagée avec leurs ambassadeurs respectifs de leurs activités prétendument illégales. Pourtant, l'UE s'attend à ce que Moscou ne touche pas aux siennes malgré les preuves disponibles. . Encore plus insultant est le fait que tous les ambassadeurs de l’UE pensaient pouvoir snober le plus haut diplomate russe sans conséquence, même s’ils expulseraient sûrement un ambassadeur russe s’il osait snober le leur.
Sans parler du fait que l'UE participe à la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie à travers l'Ukraine, y compris via l'envoi d'armes et même, dans certains cas, de troupes, comme le chancelier allemand Olaf Scholz l'a révélé par inadvertance la semaine dernière, ce qui a conduit à un conflit non déclaré mais donc guerre chaude très limitée. Pour que la Russie conserve le même niveau de relations diplomatiques avec eux, il faut faire preuve d’une sainte tolérance à l’égard du manque de respect, ce qui risque de nuire à la réputation du pays aux yeux de certains partisans étrangers.
Pour être clair, la Russie a le droit de formuler sa politique en fonction de tout ce que ses experts accrédités jugent nécessaire pour faire avancer ses intérêts nationaux objectifs, donc potentiellement maintenir les liens au même niveau après cette dernière provocation devrait être interprété comme une intention (mot clé) de faire avancer ce dossier pour son “plus grand bien”. Néanmoins, il est indéniable que certains de leurs partisans étrangers pourraient y voir un signe de faiblesse, ce qui pourrait les amener à réévaluer leur évaluation de la Russie et de sa politique.
D’un côté, ne rien faire d’autre que convoquer ces ambassadeurs pour les critiquer (qu’ils ne se présenteraient peut-être même pas pour recevoir étant donné le précédent qu’ils viennent d’établir) ou envoyer une lettre de mécontentement à leurs ambassades pourrait maintenir les canaux de dialogue ouverts. Cela permettrait à son tour de pouvoir compter sur eux en cas de crise ou même simplement de maintenir le faible niveau de leurs échanges commerciaux après les sanctions, ce qui fait effectivement progresser certains des intérêts nationaux objectifs de la Russie.
D’un autre côté, cependant, les communications de crise pourraient être gérées directement entre leurs plus hauts représentants diplomatiques, militaires et/ou politiques si nécessaire sans avoir à passer par le niveau des ambassadeurs. Quant à leur faible niveau d’échanges post-sanctions, ils ne nécessitent pas l’implication de l’ambassadeur puisqu’ils s’effectuent via les entreprises respectives des deux parties, qui peuvent interagir entre elles en cas de différends. Les intérêts russes ne seraient donc pas lésés s’ils étaient expulsés.
C’est en fin de compte aux décideurs politiques russes de décider de la meilleure ligne de conduite pour leur pays après ce qui vient de se produire, et que ses partisans étrangers devraient respecter même s’ils ne sont pas d’accord avec cette décision. Le plus important est de comprendre les impératifs qui sous-tendent la politique promulguée, qui peut être efficacement critiquée mais ne doit pas être exploitée pour discréditer le pays. Avant de prendre une décision, les décideurs politiques feraient bien de réfléchir aux conseils de Medvedev, qui sont cette fois-ci tout à fait judicieux.
6 mars 2024 (..H..) – Dans son dernier compte-rendu à ses lecteurs, Howard James Kunstler choisit le titre de « The five FUBARS », employant l’expression de slang [argot] militaire de la Deuxième Guerre Mondiale : « Fucked Up Beyond All Recognition ». En argot pied-noir des années 1950 où l’emploi du verbe “niquer”, – aujourd’hui si populaire en France, il précéda largement la métropole si fière de son progressisme : il était d’emploi courant à Alger dans les années 1950 à partir de l’axiome bien connu et plein d’une tendresse émouvante : « Va niquer ta mère » puisque nous étions en avance, – FUBAR donne donc selon cette référence : : « Il est tellement niqué de la tête qu’on le reconnaît plus ».
Kunstler dénombre cinq FUBARs, il aurait pu aller plus loin...
« Les États-Unis sont dans un train qui fonce en aveugle à toute allure avec un homme mort à la place du conducteur. Le chef de train parcourt les wagons en assurant aux passagers que tout va bien... . . sans se soucier du hurlement des roues dans les virages. ... ou l'effet stroboscopique aveuglant de la lumière rasante du soleil traversant les arbres par la fenêtre à 140 km/h [ou 340 km/h si TGV il y avait]. ... ou le choc qui a fait voler la moitié des bagages du porte-bagages dans la nature. Plus de la moitié des personnes à bord sont en proie à une peur tachycardique, – certains gémissent et râlent, – mais l'autre moitié reste les yeux hypnotisés sur leur I-phone ou leur écran d'ordinateur portable. Il ne leur vient pas à l’idée de regarder par la fenêtre. . . .
» D’accord, c'est une métaphore. Mais si vous êtes un citoyen de notre pays et que vous vous en souciez, vous feriez mieux de vous intéresser à ces questions-FUBAR, car elles sont toutes en train de dérailler. »
Plus loin, nous a fait remarquer l’ami Bonnal, de retour à bord du stable et tranquille ferry-boat ‘USS dedefensa.org’ qui suit plus fermement son cap que le train-Amérique mais ne manque pas de noter et commenter ses FUBARs, Kunstler a un mot amical pour la France. On n’oublie pas que c’est le plus ancien et fidèle ami de l’Amérique, qu’il a accompli l’exploit de n’avoir jamais eté en guerre contre elle, qu’on sait enfin qu’il l’aime tellement-beaucoup qu’il suit avec ferveur la voie yankee tracée dans toutes ses aventures guerrières :
« En France, M. Macron affecte d’offrir son armée au massacre dans les plaines ensanglantées d’Ukraine, tout comme les Ukrainiens ont offert un demi-million de leurs jeunes hommes pour que Victoria Nuland puisse se sentir bien dans sa peau. M. Macron est fou, mais la société qu’il préside est collectivement folle, alors peut-être qu’il la représente bien. »
Bien, on vous laisse découvrir les cinq FUBARs de l’ami Kunstler. Comme d’habitude, cela vaut le détour et le traducteur automatique. Nous allons, nous, nous concentrer sur des sujets juridiques et électoraux d’une singulière importance et d’habitude exempt de cette catégorie des FUBARs, tandis que bat son plein le ‘Super Thursday’ au cours desquels s’expriment 14 États et un “territoire”, soit 874 des 2 429 délégués républicains qui voteront pour désigner le candidat à la convention de l’été... Il s’agit de :
L’Alabama, l’Alaska, l’Arkansas, la Californie, le Colorado, le Maine, le Massachusetts, le Minnesota, la Caroline du Nord, l’Oklahoma, le Tennessee, le Texas, l’Utah, le Vermont, la Virginie et le territoire américain dans les îles Samoa.
Dans nos deux centres d’intérêt dont les effets sont essentiels, non seulement pour l’élection mais aussi pour la situation générale des USA et la cohésion du pays, avant et après l’élection et quel que soit l’élu, se trouve d’abord la Cour Suprême. Deux jours avant que ne votent le Colorado et le Maine (l’Illinois dans le même cas mais il votera plus tard), – ces deux-trois États qui avaient décidé ou étaient sur le point de décider de retirer Trump du vote de la convention de l’État et du vote présidentiel tout court, la Cour Suprême a décidé à l’unanimité de ses neuf Supremes qu’elle interdisait une telle décision, sans aucun ajout où un Supreme exprime parfois quelques doutes ou hésitations. Les Supremes conservateurs et les Supremes progressistes qui ont voté dans le même sens ont donné des explications différentes.
« Du point de vue majoritaire, les juges conservateurs Clarence Thomas, Samuel Alito, Neil Gorsuch, John Roberts et Brett Kavanaugh ont soutenu que “rien dans la Constitution n’exige que nous endurions [le] chaos” d’une carte électorale dans laquelle différents candidats présidentiels se voyaient proposer de se présenter. électeurs dans différents États.
» “Le jugement de la Cour suprême du Colorado ne peut donc pas être retenu”, ont-ils conclu, avant d'argumenter que seul le Congrès pouvait faire appliquer la clause d'insurrection contre les candidats à la présidentielle.
» Approuvant la décision, la conservatrice Amy Coney Barrett a estimé que “les États n’ont pas le pouvoir d’appliquer” la clause, mais a contesté le fait que les cinq juges de la majorité n’auraient pas dû décider que le Congrès avait ce pouvoir.
» Les juges progressistes Sonia Sotomayor, Elena Kagan et Ketanji Brown Jackson ont également souscrit à la majorité, mais selon l’observation que la décision va trop loin pour “protéger” Trump d’une “future controverse”. »
La décision négative était attendue comme assurée, mais l’unanimité était beaucoup moins sûre. Néanmoins, l’argument des Supremes progressistes est beaucoup moins tranchant que celui des conservateurs et estime que les États ont effectivement leur mot à dire dans l’élection présidentielle mais pas dans la forme, ni dans le fond de ce qu’ils firent, et pas jusqu’à interférer sur le vote du président des États-Unis. Pour eux, la crainte du “chaos” n’est pas un argument suffisant.
Quelques jours auparavant, la Cour avait également posé un jugement favorable à Trump en confirmant que sa décision sur la question de l’immunité de Trump en tant qu’ancien président, pour des faits relevant de sa présidence, aurait bien lieu en juin et ne serait pas avancé comme le voulaient les progressistes (les démocrates) pour qu’un tel jugement interfère sur les élections. A ce propos, Jonathan Turley explique notamment le 2 mars :
« Vous trouverez ci-dessous une version légèrement développée de ma chronique sur Fox.com sur les attaques contre la Cour pour avoir accordé le réexamen de la contestation de l'immunité déposée par l'ancien président Donald Trump, avec la programmation des oraux
» Cet argument a déclenché des voix familières contre les juges et des accusations de machinations politiques. Les allégations de “marche lente” de l’appel ignorent l’histoire et la culture de la Cour. […]
» Certaines des voix habituelles se sont immédiatement élevées pour déclarer qu'une fois de plus, les juges se présentent comme des partisans à peine dissimulés. La présentatrice de MSNBC, Rachel Maddow, a qualifié l’examen de l’affaire de « décision merdeuse” et a dénoncé “ la lâcheté du tribunal”. Elle a en outre déclaré, une fois de plus, que l’action portait atteinte à la “légitimité du tribunal”.
» L'animateur de MSNBC, Chris Hayes, a déclaré : “Aujourd'hui, la Cour suprême a signalé qu'elle était complice. L’intrigue est lancée. C'est parti”. »
Une remarque essentielle : les deux décisions de la Cour alimentent une forte opposition de la gauche progressiste et devraient remettre d’actualité son projet de réforme radicale de la Cour (avec nomination de cinq Supremes supplémentaires entièrement gauchistes, voire l’abandon du système de la Cour Suprême).
Un autre cas très intéressant est celui de Washington D.C. ou District de Columbia, qui ne vote pas en tant que pseudo-État à la présidentielles mais participé à la désignation d’un candidat républicain. A D.C., Trump n’a absolument pas fait campagne, Haley, qui reste en course, y a fait une campagne maxi et l’a emporté haut la main.
Il est vrai que Washington est sans doute le point le plus antirépublicain et le plus antiTrump de tous les USA. On l’a vu avec les résultats et les chiffres... Et les plus intéressants sont ceux qui nous donnent une idée de la puissance des démocrates face aux républicains, tandis que le sentiment antiTrump est d’abord un tribut rendu à la vindicte antiTrump des fonctionnaires de Washington, nombreux à habiter le District, encore plus que des Noirs qui sont en très grand nombre.
« Haley a battu Trump par 62,8 % des voix contre 33,3 %, obtenant ainsi la totalité des 19 délégués républicains du district. Cette victoire était la première de Haley durant la saison électorale, après les défaites contre Trump dans l’Iowa, le New Hampshire, le Nevada, la Caroline du Sud, le Michigan et les îles Vierges en janvier et février, ainsi que dans l’Idaho, le Missouri et le Michigan dimanche.
» Haley, qui a ignoré les appels à se retirer de la course après une défaite de 20 points dans son État d'origine, la Caroline du Sud le mois dernier, bénéficie désormais du soutien de 43 délégués contre 244 pour Trump. L'ancien président devrait remporter les 15 États et territoires. à gagner lors des primaires du “Super Tuesday” de cette semaine, une victoire qui donnerait à Trump une avance presque insurmontable sur l'ancien ambassadeur de l'ONU.
» Washington DC est l’une des juridictions les plus pro-démocrates du pays. Le président Joe Biden a remporté le vote avec 92 % des voix en 2020, tandis qu'Hillary Clinton y a remporté 90 % des voix en 2016. Il n'y a qu'environ 29 000 républicains enregistrés à Washington DC, contre plus de 365 000 démocrates, selon les données de l'Université de Virginie. »
Il n’est que de lire le texte de ‘ZeroHedge.com’ concernant l’arrêt de la Cour Suprême pour mesurer la folie-FUBAR qui s’est emparée des démocrates et comprendre ce qui nous attend fort probablement. Il y a même un député démocrate qui annonce une motion interdisant à Trump de se présenter, comme la Cour en a accessoirement évoqué la possibilité contre l’avis de la Supreme Amy Coney Barrett. Il faut se rappeler les divers points d’un programme de réforme révolutionnaire des démocrates, et les deux points principaux étaient et restent les suivants :
• Réforme complète de la Cour Suprême, – on l’a déjà dit, – avec ajout de cinq Suprêmes progressistes aux neuf qui composent actuellement la Cour ; voire, pour certains, suppression de la Coiur pour laisser le peuple” seul juge suprême.
• Transformation du District de Columbia en État de l’Union autorisé à participer à la désignation du collège des Grands Électeurs qui désignent le président élu, ce qui assure un État 100% démocrate (et antiTrump) au parti.
Tout cela résume la situation : deux points brûlants de l’opposition démocrate à Trump ont été ravivés pour alimenter la folie des démocrates qui s’exprimera avec une force décuplée d’ici novembre prochain D’un autre côté, c’est-à-dire en face, chez les républicains, à part la marionnette de la politiqueSystème qu’est la pauvre Haley, on peut être sûr qu’une colère antinomique de même puissance se manifestera. C’est-à-dire que la guerre civile de communication va prendre encore plus d’ampleur et de fureur. C’est-à-dire que, quel que soit le résultat, l’Amérique ne sera pas loin de se trouver comme s’il s’agissait d’être “à feu et à sang” après l’élection, – encore une fois, je le dis en plus de laisser le texte l’affirmer : cette perspective, quel que soit le vainqueur.
De plus en plus, on est conduit à penser paradoxalement que la sécession est le moindre des maux de cette pathologie collective. Encore faudrait-il qu’elle puisse se faire, entre différents groupes d’États, dans un certain apaisement, et non pas comme prétexter d’une succession d’affrontements entre les uns et les autres.
Plus que jamais, plus que jamais, tout se passe là-bas...
• Vision de Alexandre Douguine sur l’évolution de la multipolarité à l’heure de l’effondrement de l’Occident collectif. • Le philosophe russe dresse un état actuel des lieux et esquisse les dimenson métaphysiques des choses à venir.
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Nous l’avons dit et nous le répétons, Alexandre Douguine, le philosophe russe, est certainement l’homme qui dispose de la plus grande ampleur de vue sur les événements actuels et sur les évolutions possibles de ces événements vers une disposition complètement nouvelle des arrangements et des relations entre les divers composants de la situation crisique actuelle. Sa vision est nécessairement de l’ordre de la métaphysique historique (métahistoire) et elle s’inspire des conceptions des grands métaphysiciens de la Tradition, tel René Guénon que Douguine ne manque jamais de citer comme référence essentielle.
On peut même avancer l’idée que son actuelle conception prend en charge le schéma que Guénon a rappelé à partir des classements de la cosmogonie hindoue selon le cycle ‘Mahayuga’ des quatre âge, le dernier, qui est celui où nous vivons, étant évidemment le ‘Kali Yuga’, ou “Âge des Ténèbres” et “Âge des Vices et de la Misère”, “Âge de l’affrontement de la l’hypocrisie”, – ou encore, les images ne manquent pas, “l’Âge du Fer”...
Douguine transcrit donc sa géopolitique métaphysique dans l’arrangement qu’il pense distinguer comme étant en pleine formation, selon une formule de multipolarité. Douguine distingue quatre pôles déjà formés, dont un pleine déliquescence (“l’Occident collectif”) et les trois autres en pleine affirmation (Russie, Inde et Chine). Ce sont des États-continents ou des États-civilisation, tandis que trois autres ensembles civilisationnels sont en cours d’évolution (le monde islamique, l’Afrique transsaharienne et l’Amérique du Sud).
On voit bien que le schéma est extrêmement géopolitique, mais Douguine esquisse ici et là le plus important, qui est la dimension métaphysique, la chose essentielle du propos. Douguine ne prétend pas, comme nous le comprenons, définir ce que sera notre avenir post-GrandeCrise, mais simplement tracer les lignes de force terrestre (“géopolitique”) de cet avenir. Tout reste à définir et à expliquer, mais à partir de l’intuition, d’une perception qui doit être nécessairement inspirée selon des visions et des influences intuitives relevant de forces qui dominent notre développement.
Ce que Douguine nous propose , c’est une esquisse de vision de l’ensemble qui doit prendre forme après la fin de l’actuelle phase du Kali Yuga, c’est-à-dire de la GrandeCrise, qui est nécessairement quelque chose qui marque la fin du cycle. Nous en avons déjà parlé encore récemment et ne cesserons de le faire. Cette idée, qu’elle prenne une forme ou l’autre dans les esprits, transcende bien entendu les idéologies, et aussi bien les religions bien tendu, bref toutes les grandes organisations soi-disant spirituelles, – qui l’étaient à l’origine et qui sont désormais plus ou moins, ou totalement “dé-spiritualisées” jusqu’à la caricature obscène du fait de la tempête crisique qui s’est abattue sur nous avec le “déchaînement de la Matière”. L’idée de la fin du cycle constitue une force considérable pour nous permettre de continuer à penser, de continuer à oser user de l’imagination créatrice, de l’intuition, de l’“âme poétique”, au lieu de nous laisser emporter dans les encalminements et les engloutissements boueux du nihilisme peinturluré en simulacres. Pour tous ces derniers domaines qui ne méritent que mépris et dégoûts, nous recommandons l’inconnaissance, cette attitude royale qui réduit ce Rien du nihilisme à un rien qui n’exista jamais même en temps que ‘rien’ (belle performance conceptuelle), par le simple regard d’anéantissement qu’on doit leur jeter.
Le texte de Douguine est dans l’original sur ‘geopolitika.com’, et en traduction française dans ‘euro-synergies.hautetfort.com’. Il s’agit d’une adresse d'Alexandre Douguine au Forum sur la multipolarité à Moscou, le 26 février 2024.
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Le monde multipolaire est avant tout une philosophie. Il repose sur une critique de l'universalisme occidental.
L'Occident s'est identifié à l'humanité sur le mode raciste et impérialiste. Il fut un temps où la Grande-Bretagne revendiquait toutes les mers et tous les océans. La civilisation occidentale a déclaré que toute l'humanité lui appartenait, – principalement sa conscience. Cela a conduit à la formation d'un monde unipolaire.
Dans ce monde, il n'y a que les seules valeurs occidentales. Un seul système politique, – la démocratie libérale. Un seul modèle économique, – le capitalisme néolibéral. Une seule culture, – le postmodernisme. Une seule conception des genres et de la famille - LGBT. Une seule version du développement, – la perfection technologique jusqu'au posthumanisme et le remplacement complet de l'humanité par l'IA et les cyborgs.
Selon ses partisans, le monde unipolaire est le "triomphe de l'histoire mondiale", la victoire totale de l'ère occidentale moderne, – le libéralisme, qui est devenu l'idéologie unique et incontestable de toute l'humanité.
La multipolarité est une philosophie alternative. Elle repose sur l'objection fondamentale suivante: l'Occident n'est pas toute l'humanité, mais seulement une partie de celle-ci, – une région, une province. Il n'est pas la civilisation au singulier, mais une civilisation parmi d'autres. Il existe aujourd'hui au moins sept civilisations de ce type, d'où le concept le plus important de la théorie multipolaire: l'heptarchie.
Certaines civilisations sont déjà réunies dans d'immenses États-continents, des États-civilisations, ou wénmíng guójiā (文明国家). Pour d'autres, c'est encore à venir. L'Occident collectif, les pays de l'OTAN et les vassaux des États-Unis ne sont qu'un des pôles.
Il y en a trois autres :
• Russie-Eurasie,
• la Grande Chine (Zhōngguó 中国) ou Tiānxià (天下),
• la Grande Inde.
Tous sont des États-civilisation, ce qui signifie quelque chose de plus que des pays ordinaires.
Et trois autres grands espaces, intégrés à des degrés divers :
• Le monde islamique, étroitement lié par la religion mais politiquement désuni jusqu'à présent,
• l'Afrique noire transsaharienne,
• l'écoumène latino-américain.
Ces sept civilisations ont des profils religieux complètement différents, des systèmes de valeurs traditionnelles différents, des vecteurs de développement différents et des identités culturelles différentes.
La civilisation occidentale, contrairement à ce qu'elle prétend, n'est que l'une d'entre elles. Arrogante, audacieuse, agressive, trompeuse, prédatrice et dangereuse. Cependant, ses prétentions à l'universalisme sont sans fondement et sa domination repose sur une politique de deux poids, deux mesures.
La multipolarité s'oppose non pas à l'Occident lui-même, mais plus précisément à ses prétentions à l'unicité et à l'universalité. Ces prétentions ne nous sont pas inconnues ; elles imprègnent tous les systèmes de notre culture, de notre science et de notre éducation. L'Occident, avec son idéologie toxique, a infiltré nos sociétés, séduit et corrompu les élites, placé notre société sous son contrôle informationnel et tenté d'éloigner le plus possible notre jeunesse de la foi et de la tradition.
Cependant, l'ère de la seule hégémonie de l'Occident est révolue. Sa conclusion a été marquée par la position de la Russie et personnellement par notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine, lorsque nous avons refusé de sacrifier notre souveraineté et sommes entrés dans un combat mortel avec l'Occident en Ukraine. Nous nous battons en Ukraine non pas contre les Ukrainiens, mais contre le monde unipolaire. Et notre victoire inévitable ne sera pas seulement la nôtre, mais celle de toute l'humanité, qui verra de ses propres yeux que le pouvoir de l'Occident n'est pas absolu, que sa politique de néocolonialisme et de dé-souverainisation peut être rejetée de manière décisive, et que l'on peut insister sur sa propre position.
La Russie est l'un des pôles du monde multipolaire. Il ne s'agit pas d'un retour à l'ancien modèle bipolaire, mais du début d'une architecture mondiale entièrement nouvelle.
La croissance rapide de l'économie chinoise et le renforcement de la souveraineté de la Chine, en particulier sous la direction du grand leader Xi Jinping, ont fait de la Chine un autre pôle totalement indépendant. Voyant cela, l'Occident, représenté par l'élite globaliste des États-Unis, lui a immédiatement déclaré une guerre commerciale.
Le monde islamique a défié l'Occident principalement dans les domaines religieux et culturel. Les valeurs occidentales, – qui appellent ouvertement à la destruction des traditions, de la famille, du sexe, de la culture et de la religion, – sont incompatibles avec les fondements de l'islam. C'est ce que comprend aujourd'hui chacun des quelque deux milliards de musulmans. Et aujourd'hui, le monde islamique mène sa propre guerre contre l'Occident globaliste, – en Palestine, au Moyen-Orient, où se développeun génocide honteux du peuple palestinien, – le meurtre d'enfants palestiniens, de femmes et de personnes âgées, – est en cours avec l'approbation totale de l'Occident.
L'Inde est un autre pôle. Aujourd'hui, surtout sous la direction de Narendra Modi, c'est une civilisation entière qui retourne à ses racines védiques, à ses anciennes traditions, à ses fondements. Elle n'est plus une colonie culturelle et économique de l'Occident, mais un géant mondial en pleine ascension. L'Afrique et l'Amérique latine suivent méthodiquement et constamment, même si ce n'est pas sans problèmes, le même chemin.
Le mouvement panafricain ouvre la voie à une intégration africaine unifiée et globale, libérée du contrôle néocolonial. Il s'agit d'une nouvelle théorie, d'une nouvelle pratique, qui incorpore les meilleurs aspects des étapes précédentes de la lutte de libération, mais qui repose sur une philosophie différente, où la religion, l'esprit et les valeurs traditionnelles jouent un rôle crucial.
L'Amérique latine poursuit également son chemin dans la lutte anticoloniale. Les peuples y recherchent de nouvelles voies de consolidation et d'unité, dépassant les modèles dépassés qui divisaient tout le monde entre la droite et la gauche. Dans de nombreux pays d'Amérique latine, les défenseurs des valeurs traditionnelles, de la religion et de la famille s'unissent à ceux qui prônent la justice sociale sous la bannière d'une lutte commune contre le néocolonialisme de l'Occident collectif et sa culture antihumaine pervertie.
Le monde multipolaire d'aujourd'hui n'est pas une utopie ni un projet théorique. Six civilisations sur sept (de l'heptarchie planétaire) se sont unies dans un nouveau bloc au sein des BRICS. Il y a des représentants de chacune d'entre elles. Il s'agit de l'institutionnalisation de la multipolarité. La Grande Humanité s'unit, se comprend et commence à harmoniser ses traditions et ses orientations, ses systèmes de valeurs traditionnelles et ses intérêts.
Seul l'Occident collectif, cherchant à tout prix à maintenir son hégémonie, refuse catégoriquement de s'engager dans ce processus multipolaire inévitable. Il s'y oppose. Il complote et provoque des conflits. Il mène des interventions. Il tente d'étouffer toute velléité d'indépendance par des sanctions et des pressions directes. Et si cela échoue, il entre dans une confrontation militaire directe, – comme en Ukraine, à Gaza, et demain peut-être dans le Pacifique.
Cependant, l'Occident n'est pas monolithique. Il y a deux Occident. L'Occident globaliste des élites libérales et l'Occident traditionnel - l'Occident des peuples et des sociétés. L'Occident traditionnel souffre lui-même de la tyrannie des globalistes pervers et tente, lorsqu'il le peut, de se rebeller. Les peuples de l'Occident ne sont pas des ennemis du monde multipolaire. Ils en sont avant tout les victimes. Comme l'a montré l'entretien de notre président avec le politicien et journaliste conservateur Tucker Carlson, la Russie et les antiglobalistes américains ont beaucoup plus de choses en commun qu'il n'y paraît.
Par conséquent, la véritable victoire de la multipolarité ne sera pas la défaite de l'Occident collectif, mais son salut, son retour à ses propres valeurs traditionnelles (et non perverties), à sa culture (et non à l'annulation de la culture), à ses racines classiques gréco-romaines et chrétiennes. Je crois que les peuples libérés du joug globaliste de l'Occident réel rejoindront un jour la Grande Humanité, en devenant un pôle respecté du monde multipolaire. Cesser d'être un hégémon est dans l'intérêt non seulement de toutes les civilisations non occidentales, mais aussi de l'Occident lui-même.
Je souhaite la bienvenue à tous les participants à notre forum. Nous sommes réunis ici pour construire l'avenir, comprendre le présent et sauver notre glorieux passé, en assurant la continuité de la culture.
Si différente, spéciale, unique, autosuffisante, souveraine - l'humanité, c'est nous !
Philippe Grasset nous avait fait découvrir ce livre incroyable : entretiens avec le général (Albin Michel).
Résumons la chute de la France sous la présidence de de Gaulle : pour un Québec libre d’ailleurs peu suivi d’effet, il a fallu se payer l’industrialisation, «la France défigurée», l’immigration, mai 68, le noyautage culturel marxiste (cf. les réflexions de Zemmour sur le rôle sinistre de Malraux), le pays de Cocagne de Pierre Etaix et le Play-Time de Tati, sans oublier l’Alphaville de Godard. On y créa le consommateur er vacancier hébété, qui a rompu avec tous les modèles antérieurs et était prêt pour la goberge télé et bagnole. J’ai écrit et publié un livre sur ce thème : la disparition de la France au cinéma. Car de Farrebique ou de Jean Devaivre (découvrez par exemple l’admirable Alerte au Sud sur notre chevalerie coloniale, notre épopée saharienne) aux Valseuses ou à Mortelle randonnée, on s’était bien effondré – et bien avant Macron ou Mitterrand.
Rien ne résume mieux la situation que Jean Gabin ne retrouvant ni sa maison ni sa rue à Sarcelles, au début de Mélodie en sous-sol.
Le vénérable et pathétique Michel Debré (1% à la présidentielle de 1981…) est lui-même encore plus traumatisé par ce que va devenir la France : marxisation culturelle via Malraux (voir son livre p. 145), inflation et taux d’intérêt… à 15% (livre p. 151), déclin moral et spirituel (et même militaire : car on n’a plus d’empire comme me le rappela mon ami historien de Sparte Nicolas Richer), effondrement du christianisme, Debré et de Gaulle sont conscients de tout. L’Histoire de France est EN FAIT terminée. On vivote dans une Europe mondialisée...
Dans ses Entretiens avec le général, Debré écrit donc (p. 57-58) :
« J’évoque ces forces violentes qui désirent tant l’intégration de la France dans l’Europe, c’est-à-dire en fin de compte la fin de la France, et je crains aussi que les divisions de l’Occident et l’incapacité américaine ne conduisent notre civilisation au déclin décisif. Je parle d’abord des forces qui poussent à l’intégration européenne: tous ceux qui Sont hostiles à l’Etat, tous ceux qui ne comprennent pas la nécessité d’une pensée et d’une action indépendantes, se précipitent vers la supranationalité parce qu’ils savent, au fond d’eux-mêmes, que la supranationalité, c’est le protectorat américain. »
On a parfaitement compris pourquoi Asselineau et Philippot qui sautent comme des cabris au nom du Général font 1% des voix. La masse veut la supranationalité et sans rire le protectorat américain avec ses armes qui ont cinquante ans de retard. Le souverainisme ne l’effleure même plus ; comme dit le Général à Debré il y a soixante ans déjà : il n’y a que vous et moi qui pensons à l’Indépendance de la France.
Dans le livre de Debré le Général paraît souvent triste, distrait, rêveur et impuissant (idem pour son fils avec qui j’avais l’honneur récurrent de discuter aux jardins du Ranelagh si chers à mon ami gnostique-gaulliste Jean Parvulesco) ; il est en position non de gourou mais de disciple dénué de maître. Car comprendre ce que la France devient à cette époque, il faut l’oser en effet, pas vrai ?
« Le général de Gaulle m’interrompt pour me demander si je crois possible de résister à ces forces. « Il n’y a que vous et moi qui pensons à l’Indépendance de la France.» Je lui réponds que nous devons être, en réalité, plus que deux et j’ajoute qu’il y aura tellement de déceptions à la suite de cette politique d’intégration qu’il ne faut pas douter d’être dans la vérité en expliquant qu’il faut faire l’Europe par l’association des Etats et non par la disparition des nations, à commencer par la disparition de la France. »
Malheureusement les réponses sont et seront matérielles et matérialistes (Pompidou-Giscard…) :
« Que faire pour encourager ce mouvement ?» me dit-il. Je lui expose que les chemins sont clairs pour maintenir aux Français et à la France la volonté de demeurer une nation. Il faut poursuivre notre effort de modernisation industrielle. Il faut poursuivre notre volonté d’être une puissance militaire atomique et il faut aussi ne pas chercher à nous dégager de nos responsabilités africaines. Je lui expose que ses réticences à l’égard des réunions des chefs d’Etat africains d’expression française, réunions qui pourraient avoir lieu autour de lui, aboutissent à couper des liens qui pourraient être renforcés. »
De Gaulle échoue – mais il en ressort qu’on ne pouvait qu’échouer. Sur le referendum – sa porte de sortie comme on sait – nous sommes clairement informés (citation déjà reprise par PhG) :
«J’expose au Général que le but de ma visite est de préciser les conditions qui peuvent permettre le succès, du référendum. Interruption du Général : « Je ne souhaite pas que le référendum réussisse. La France et le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et en face des appétits, des aspirations, en face du fait que toutes les sociétés se contestent elles-mêmes, rien ne peut être fait, pas plus qu’on ne pouvait faire quelque chose contre la rupture du barrage de Fréjus. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement anglais; le gouvernement allemand est impuissant ; le gouvernement italien sera difficile à faire; même le président des Etats-Unis ne sera bientôt plus qu’un personnage pour la parade.
Le monde entier est comme un fleuve qui ne veut pas rencontrer d’obstacle ni même se tenir entre des môles. Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin (p.112). »
On répète parce que c’est merveilleux :
« Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin. »
Vive Pompidou, Beaubourg, Michel Sardou, la loi Veil et Emmanuelle…
C’est qu’il n’y a plus de religion :
« Le Général redit son analyse. Ce qui paraît le frapper le plus c’est le fait que les sociétés elles-mêmes se contestent et qu’elles n’acceptent plus de règles, qu’il s’agisse de l’Eglise, de l’Université, et qu’il subsiste uniquement le monde des affaires, dans la mesure où le monde des affaires permet de gagner de l’argent et d’avoir des revenus. Mais sinon il n’y a plus rien (p. 122). »
C’est le Kali Yuga, donc on ne peut rien faire – à part se remplir les poches, en bon vaisya. On peut se demander quand même pourquoi la masse des couillons ne réagit plus. C’est ce que fait le Général :
«Le Général m’interrompt pour me dire, à la suite des exemples que je lui donne : « Comment se fait-il que les chefs d’établissement ou les recteurs n’interviennent pas? » Je rappelle au Général ce que je disais tout à l’heure. L’autorité n’existe plus de par la volonté délibérée du ministère de l’Education nationale et j’ajoute en outre que, pour ce qui concerne les activités socio-éducatives. Les chefs d’établissement ont des instructions formelles de ne point intervenir. Je regrette d’autant plus cette abdication et cette complicité que l’on sent les prodromes d’une réaction. Le corps enseignant, même dans ses éléments gauchisants, ne comprend plus cette anarchie et s’émeut de ses conséquences. »
Puis Charles de Gaulle, héritier perdu d’une France militaire et chrétienne, comprend ensuite que la famille disparaît à cette époque, qu’elle n’est plus la structure unifiant la société chrétienne – puisqu’il n’y a plus de société chrétienne :
« Le Général me dit : « Comment se fait-il que les familles ne réagissent pas ?
- La vie familiale aujourd’hui n’est plus celle d’hier. L’évolution fait que l’État, le corps enseignant ont pris une responsabilité de plus en plus grande à l’égard des enfants. C’est là une situation à laquelle les familles se sont peut-être trop facilement habituées. Au surplus les réactions des parents se dispersent dans toute une série de directions : le programme, les examens, le comportement des professeurs, et, de ce fait, quand elles s’orientent contre certaines dégradations de l’enseignement, n’ont pas la même force (p. 174). »
La famille, seul Etat qui crée et aime ses citoyens (Chesterton), va disparaître. C’est là que je cesse toute critique à son encontre (ce qui m’énerve c’est son culte et cette nostalgie d’une époque déjà dégénérée). Il fallait passer sur ordre le témoin aux Giscard et aux soixante-huitards car la France progressiste et mondialiste voulait son Kali-Yuga.
Assez logiquement du reste elle demande un coup de grâce ou de race à la Russie qui symbolise encore cette malédiction historique ou impériale.
• Mésentente entre Polonais et Ukrainiens pour l’importation des produits agricoles. • Alors que Tusk avait été placé là pour cimenter une entente avec l’Ukraine au profit de l’Allemagne, Andrew Korybko nous montre le contraire, Tusk étant obligé de laisser-faire les agriculteurs conservateurs-tradutionnalistes pour éviter des troubles.
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L’arrivée de Donald Tusk en décembre semblait signer le basculement définitif de la Pologne dans le camp pro-UE et pro-Ukrainien. Pour Andrew Korybko, Tusk était un homme de l’Allemagne via l’EU et avec l’approbation de Washington pour donner à l’Allemagne un poids prépondérant en Europe.
Mais cela s’est avéré n’être pas aussi simple que cela. Il y a de très sérieux contentieux d’exportations entre l’Ukraine et la Pologne et un formidable activisme des agriculteurs polonais qui tiennent avec leurs tracteurs, – beaucoup plus efficaces que les ‘Leopard II’ et les ‘Abrams’, – la frontière polonaise avec l’Ukraine. Tusk ne fait rien de sérieux contrer eux, malgré les récriminations ukrainiennes, parce qu’il craint un soulèvement populaire comme le fut le syndicat ‘Solidarnosc’ en 1980.
D’où cette situation paradoxale de l’un des hommes les plus sûrs de l’UE, un libéral globaliste affirmé, contraint à mener une politique presqu’agressivement anti-ukrainienne sur ses frontières, pour satisfaire aux exigences de masses populaires qui sont largement conservatrices sinon traditionnalistes même si elles défendent des agricultures intensives qui correspondent plutôt au modèle libéral-globaliste. Ces deux pays, qui constituent l’axe central de l’offensive américaniste-occidentaliste antirusse en Europe Centrale, semblent avoir comme rôle principal de mettre en évidence les énormes contradictions du modèle qu’ils sont chargés de soutenir.
Ci-dessoius, un texte d’Andrew Korybko sur la situation actuelle et Lologne et Ukraine.
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Les relations polono-ukrainiennes sont à nouveau devenues difficiles après que les agriculteurs polonais ont repris le blocus de la frontière pour protester contre l'afflux continu de produits agricoles ukrainiens sur le marché intérieur. Bien que la Pologne se soit largement subordonnée à l'Allemagne depuis le retour au pouvoir du Premier ministre Donald Tusk, soutenu par Berlin, celui-ci hésite à recourir à la force pour disperser les manifestants, de peur que leur mouvement ne se transforme en une version moderne de Solidarnosc s'il ose le faire.
Ces calculs politiques intéressés expliquent pourquoi il a jusqu’à présent laissé la situation se détériorer alors que cela allait à l’encontre des intérêts de l’Occident et a même flirté avec la fermeture temporaire de la frontière pour tenter de plaire à ces manifestants patriotes. L’approche de Tusk pourrait bien sûr changer, mais il est important que les lecteurs comprennent comment tout en est arrivé là. Ces développements ont naturellement provoqué la panique en Ukraine et expliquent pourquoi le pays a simplement tenté de discréditer la Pologne par une attaque de guerre de l’information.
L'Ukrainska Pravda a publié le 29 février un rapport détaillé sur « Comment la Pologne continue d'importer des produits agricoles russes », dans lequel il affirme qu'il est non seulement hypocrite mais aussi immoral pour la Pologne de maintenir ces relations commerciales tout en restant dans sa féroce rivalité avec la Russie. L'article a été publié quelques jours après que la Pologne ait détenu pendant plusieurs heures un de ses journalistes à la frontière biélorusse, alors qu'il enquêtait sur le rôle que joue la Biélorussie dans la facilitation du commerce agricole polono-russe.
Tout cela rend leur rapport très scandaleux en apparence, mais ce n'est en réalité que du vent puisque l'Ukrainska Pravda elle-même a informé ses lecteurs que ces importations ne sont pas interdites et que le niveau des importations russo-biélorusses est presque dix fois inférieur à celui des importations russo-biélorusses. Les ukrainiens. En outre, ils sont principalement concentrés dans les graines oléagineuses et les huiles de graines, et non dans les céréales comme dans le cas de l’Ukraine. L’ensemble de ces faits rend les importations polonaises de produits agricoles russes beaucoup moins perturbatrices que les ukrainiennes.
Cependant, la personne moyenne ne lira probablement pas son rapport jusqu’au bout pour obtenir ces détails cruciaux, car beaucoup se contentent de parcourir les gros titres et de réagir en fonction des quelques mots qu’ils voient. L'introduction est également formulée de manière à tout exagérer émotionnellement afin de renforcer ces fausses perceptions au cas où quelqu'un cliquerait sur le lien et lirait les premiers paragraphes. Il ne s’agit pas d’une faute journalistique en soi, mais c’est définitivement une manipulation et donc sans doute une forme de propagande.
Le but de la propagation de ces fausses perceptions à l’égard de la Pologne est de discréditer son engagement dans la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie à travers l’Ukraine, après quoi Kiev espère que l’Occident contraindra Varsovie à interrompre ce commerce, à disperser par la force les manifestants et à autoriser les importations ukrainiennes illimitées. La réticence de Tusk à le faire pour des raisons politiques intéressées pourrait alors être interprétée comme insinuant qu’il envisage un retour aux politiques favorables à la Russie qui ont caractérisé son précédent mandat.
De telles inquiétudes ont été discréditées après que son gouvernement a accepté fin janvier le « Schengen militaire » proposé par l'Allemagne avec ce pays et les Pays-Bas, ce qui accélérera la construction de la « forteresse Europe » sur laquelle l'Allemagne entend reprendre sa trajectoire de superpuissance perdue depuis longtemps avec les États-Unis. soutien. Néanmoins, ils peuvent encore être utilisés comme armes pour inciter les Occidentaux à faire campagne contre lui sur ce sujet, tout cela afin de garantir que leurs dirigeants emboîtent le pas selon le plan ukrainien.
Du point de vue de Kiev, ce blocus met en péril la fiabilité des importations militaires occidentales visant à empêcher le pire scénario d’une percée russe. C’est pourquoi il est impératif de recourir à tous les moyens – y compris la guerre de l’information et l’ingérence politique – pour rouvrir la frontière polonaise. Cette décision hostile pourrait toutefois se retourner contre l’Ukraine en retournant encore plus de Polonais contre l’Ukraine, ce qui pourrait conduire à une redoublement des manifestations à la frontière qui dissuaderaient Tusk de sévir afin d’éviter une réaction massive.
• Les chefs des forces stratégiques américanistes ont vraiment très-peur des armes hypersoniques stratégiques des Russes et ils le clament dans ces temps des irresponsables dirigeants politiques qui jouent au jeu de la guerre nucléaire comme on joue aux billes dans la cour de récréation de l’“Écolé Primaire Emmanuel Macron”. • Car, au bout du bout du compte et quoique ses vassaux européens fassent, c’est bien l’Amérique qui est concernée au premier chef par les conséquences et les perspectives qui pourraient découler d’une victoire russe quasi-complète en Ukraine. • Mais rien ne se fait vraiment dans une Amérique paralysée dans une sorte d’absurde jeu de haines antagonistes. • Voyez combien les alarmes à propos des armes hypersoniques russes du général Cotton, chef de STRATCOM (Strategic Command) en mars 2024, ressemblent à celle du général Hyten, chef de STRATCOM en mars 2018 : rien n’a été fait. • Plus que jamais, l’idée d’armes stratégiques hypersoniques à charges conventionnelles apparaît comme un moyen de lancer victorieusement une Troisième Mondiale sans goûter vraiment au nucléaire.
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2 mars 2024 (20H30) – Depuis la déclaration (dite-“de guerre” ? Cela lui ferait plaisir) de Macron concernant l’envoi éventuel de troupes françaises, celles qui demeurent disponibles en tout cas, la perspective d’un conflit engageant des (les) pays de l’OTAN contre la Russie est devenue un fait avéré, – non pas encore “accompli”, mais en bonne voie. Après une avalanche de “non” au projet du président, certains pays européens commencent à lui trouver du charme.
Au reste, c’est certainement la principale “vertu de Macron”, en parfaite intelligence retournée en une stupidité aveugle tout aussi parfaite, qui justifiait l’apologie de PhG à son propos. Qu’on se rappelle ces quelques lignes, qui évoquent en plus ce qui nous importe ici, qui est la dimension nucléaire éventuelle d’un tel conflit :
« Et pourtant, cette page de journal que vous lisez prétend être une apologie... Et pourtant, il me faut bien justifier mon titre de façon décisive, n’est-ce pas ! Eh bien, je vais vous dire où, selon moi, se trouve “la vertu de Macron”, celle qui mérite une “Apologie”, quelque part entre et au-delà de ‘Apologie de Socrate’ et ‘L’Apologie de Raymond Sebond’. Nous y sommes.
» C’est en ceci que Macron, avec son esclandre extraordinaire et sa panique qui ne l’est pas moins, – par les effets de raffut et d’agitation dialectique et médiatique obtenus, – a donné vie à l’hypothèse jusqu’alors considérée comme une ‘Fantasy’-bouffe d’une guerre directe contre la Russie. Il a poussé le bouchon un peu trop loin, et justement dépassant le stade de la ‘Fantasy’ pour atteindre celui de la réelle possibilité d’une guerre avec la Russie. Il a montré “dans le dur” l’extraordinaire impasse psychologique et opérationnelle où se trouvent l’Occident et la Russie par la faute entière et exclusive du premier, avec la seule “stratégie de survie” concevable si l’on suit la logique de l’escalade qu’instaurent ces projets, conduisant à l’extrême à rien de moins que l’enterrement à petites pompes de la survivance de l’espèce humaine. Comme trouvaille, cela vaut bien celle du transhumanisme, n’est-ce pas ? »
Cette belle adresse pourrait bien avoir été entendue, si le général Anthony Cotton, chef de Strategic Command (STRATCOM), chargé de tout le nucléaire stratégique US, lisait la presse dissidente. Il vient de faire une déposition devant la Chambre où il exprimé toute la panique terrorisée où se trouvent ses services devant les perspectives de supériorité stratégique totale qu’ont développées les Russes. Si l’on veut, c’est le pendant stratégique nucléaire de la démarche du général commandant l’U.S. Army, tel qu’on l’a entendu lundi dernier, et signalé hier dans ces colonnes.
Note de PhG-Bis : « Le plus extraordinaire est bien entendu que la panique de mars 2024 du général Cotton renvoie mot pour mot à la panique de mars 2018 du général Hyten. Les deux hommes étaient et sont, à ces deux époques respectives, chef de STRATCOM. C’est comme si, en six ans, rien n’avait été fait, sinon du sur-place plein de slogans vengeurs, des $milliards envoyés à Zelenski et une avancée remarquable de la doctrine inclusive du wokenisme dans les forces armées. Il manque quelque chose, quelque part... »
Pendant ce temps, les alliés-vassaux-serviteurs de l’OTAN continuent à fonder les plus grands espoirs sur la participation à une attaque de la Russie des forces US, puisqu’après un rejet presque unanime des suggestions de Macron certains pays européens y trouvent finalement une grande finesse stratégique en même temps que la ‘furia francese’ si éclatante aujourd’hui sous l’impulsion de Macron.
Il est vrai qu’on est conduit à comprendre cette attente quand l’on consulte la formidable rénovation des forces armées US, dorénavant chargées jusqu’à la gueule de cette arme absolue qu’est le wokenisme. ‘ZeroHedge.com’ en fait ses gorges tiédasses en rapportant le discours enlevé du/de la colonel/le trans Bree Farm, dame blanche complètement incluse en presque-homme blanc et ainsi placé(e) à la tête de Space Command. Voici ses consignes spéciales (avec pronom masculin pour Fram ? Est-ce le bon choix ?) pour remporter les batailles spatiales : emploi du bon pronom, respect et dignité pour les LGTBQ, des choses comme ça :
« "Trop souvent, j'entends les dirigeants parler de dignité et de respect comme s'il s'agissait d'un objectif ambitieux, ce qui n'est pas suffisant", a déclaré M. Fram.
» “Nous devons viser plus haut et nous concentrer sur l'inclusion intentionnelle, parce qu'il y a encore beaucoup trop de personnes, et pas seulement des personnes LGBTQ, qui se sentent marginalisées, exclues ou victimes de discrimination”, a-t-il ajouté. »
Mais revenons à des choses plus communes et médiocres, qui sont celles des arsenaux stratégiques nucléaires. Comme suggéré plus haut, on donne ici quelques extraits de l’intervention du général Cotton
« Moscou possède déjà un arsenal nucléaire qui dépasse celui de Washington et le modernise activement, a-t-il déclaré à la commission des forces armées du Sénat américain dans un communiqué préparé.
» Avec la Chine, la Russie améliore rapidement sa position face aux États-Unis et à ses alliés “dans de multiples domaines”, a prévenu le général, ajoutant que le rythme de ces changements s’accélère et est désormais beaucoup plus rapide qu’il ne l’était “il y a quelques années à peine”.
» Il a évoqué une récente déclaration du président russe Vladimir Poutine, qui a déclaré début février que les forces nucléaires stratégiques russes avaient été “presque complètement modernisées”. La composante navale de la triade de dissuasion nucléaire du pays a été modernisée à près de 100 %, a-t-il déclaré.
» “La Russie possède actuellement l'arsenal nucléaire le plus grand et le plus diversifié de tous les pays”, a déclaré Cotton, en soulignant spécifiquement les missiles balistiques intercontinentaux Sarmat de Moscou et les tout nouveaux sous-marins, également capables de transporter des armes nucléaires.
» Selon le général américain, Moscou “étend et modernise ses options nucléaires” au-delà de la triade nucléaire classique. Il a notamment attiré l’attention des sénateurs sur les missiles hypersoniques Kinzhal et Tsirkon, qui, selon lui, pourraient tous deux transporter des charges nucléaires. »
Triste conclusion du général Cotton : “Tout est devenu complexe et menaçant, et d’une complexité sans précédent, à laquelle nous ne pouvons faire face pour l’instant”. Puis, aux députés en train de prendre des notes pour leurs campagnes électorales qui sont pour eux le véritable enjeu stratégique : “Aidez-nous à tenter de redresser un peu la barre”.
« Les forces stratégiques américaines opèrent actuellement “face à des défis sans précédent pour l’Amérique”, a prévenu Cotton, ajoutant que les potentiels combinés de la Russie et de la Chine, ainsi que les ambitions nucléaires de la Corée du Nord et de l’Iran, “ajoutent de nouveaux niveaux de complexité à la situation” rendant très difficile notre calcul stratégique.
» Il a encouragé les sénateurs à faciliter une mise à niveau rapide de l’arsenal américain, ajoutant qu’“il est absolument essentiel que nous poursuivions… rapidement la modernisation de notre triade nucléaire.” »
Mais la question, général Cotton, est bien de savoir si votre problème intéresse encore quelqu’un dans les élites américanistes qui ont déjà gagné en Ukraine et s’apprête à découper la Russie en cinq ou six sous-pays bien dans les rangs.
Pour le reste, les choses sont tellement pliées que les USA ne s’intéressent plus, et d’ailleurs n’ont plus ni les moyens ni le savoir, de développer un nouvel ICBM, – voyez l’avenir radieux du ‘Sentinel’, – ni même de moderniser les vieilles guimbardes de ‘Minuteman III’ des années 1970. Ces projets sont des restes dépassés d’une époque qui n’était pas inclusive du tout, où l’on n’avait pas encore situé les LGTBQ au sommet de la hiérarchie stratégique et jusque dans l’espace.
Nous ne sommes évidemment pas au bout de nos surprises, dans une époque qui développe tant de crises au moyen de simulacres qu’elle ne peut que nous réserver encore plus de surprises qui sont constitutives des simulacres. Ainsi en fut-il rétrospectivement, – nous avons inversé la chronologie pour, tout de même, donner la première place à l’événement le plus important, – de l’audition devant la même docte assemblée du secrétaire à la défense Austin.
Le ministre US de la défense, qui va d’hôpital en hôpital pour répondre aux sollicitations de sa vessie, trouve le temps de nous informer en grands détails de l’avenir de la situation en Ukraine. Il nous conduit à une conclusion somme toute surprenante, qui est le contraire de ce que fut la réaction de son administration à propos des propos du Macron
Ainsi, lors de cette audition et face à une question directe, il répondit tout aussi directement ceci qui va contre le sens général de ce que dit l’administration Biden, avec force et conviction :
« Si l'Ukraine tombe, je crois sincèrement que l'OTAN combattra la Russie. »
La chose ne fit pas sensation, alors qu’elle aurait dû faire sensation. Mais c’est un peu comme tout ce qui se dit, jusqu’aux choses les plus extraordinaires, les plus sensationnelles et les plus contradictoires. Lavrov, qui était à Ankara, joua au psychanalyste et nous donna son explication en forme de lapsus, – ou bien ‘freudien’, ce qui va de soi, – ou bien ‘révélateur’, idem...
« Il a simplement fait un lapsus qui nous révélé ce qu’ils [les États-Unis] ont en tête. Ils disent en général qu’ils ne peuvent pas permettre à l’Ukraine de perdre, parce que la Russie ne serait pas satisfaite et attaquerait ensuite les pays baltes, la Pologne et la Finlande. Il s'avère, selon la franchise inconsciente de Mr. Austin que c’est exactement le contraire. Nous n’avons pas et ne pouvons pas avoir de tels projets, mais les Américains oui, il les ont. »
Auparavant, deux autres personnalités russes, deus porte-paroles avaient commenté la sortie d’Austin. Chacun ils ont trouvé une explication propre mais dans les deux cas menant à une conclusion similaire.
« De toute façon, c'est de la folie. Mais maintenant, tout le monde voit que Washington est l'agresseur. » (Zakharova)
« Le témoignage d’Austin prouve que l’OTAN considère l’Ukraine comme son propre territoire, ce qui prouve que l’opération militaire russe est justifiée. » (Pechkov)
Quoi qu’il en soit, on en vient surtout à considérer comment Austin peut-il considérer d’attaquer un pays de la puissance militaire de la Russie, que ce soit du point de vue conventionnel (général George), que ce soit du point de vue stratégique nucléaire (général Cotton) ? Dans les deux cas, on a du mal à trouver l’argument qui recommande d’attaquer un pays dont la puissance de combat tactique et d’anéantissement stratégique vous est supérieur.
Et cela n’est pas fini du tout : il y a le futur du domaine stratégique qui est dans cette analyse notre cadre d’intérêt principal...
A partir des divers documents référencés, on retiendra deux remarques essentielles qui ouvrent des perspectives complètement nouvelles en permettant d’envisager une capacité stratégique maximale, – équivalente au nucléaire, mais sans nucléaire.
• Dans le premier cas que nous voulons signaler, on cite une remarque d’un expert russe, Boris Knutov, qui analyse les nouveaux systèmes que le président Poutine a cité dans son très long discours sur “l’état de la Fédération”. Knutov parle ici du missile stratégique ‘AvantGard’, à très grande capacité stratégique et manié comme un de ces missiles hypersoniques tactiques déjà employés en Ukraine (‘Kinzal’) :
« L'Avangard est pratiquement recouvert de plasma [pendant le vol, ndlr] et le plasma absorbe les rayons électromagnétiques, rendant ainsi le véhicule hypersonique invisible aux radars. Grâce à son énergie cinétique élevée, l'Avangard hypersonique peut détruire des cibles sans utiliser d'armes nucléaires. Il s'agit d'un outil unique et, à ce jour, aucun pays au monde n'a créé quelque chose de semblable. »
• Dans le même article, Knutov s’attache à un nouveau type d’armes, les armes laser. Ils les place en corrélation avec les armes hypersoniques simplement parce qu’il s’agit d’une rubrique “armes du futur”, mais du “futur-déjà-présent” pour les armes hypersoniques. Pour notre cas, nous voulons les rassembler pour une autre raison, beaucoup plus précise et importante.
« “Le développement d’armes hypersoniques n’est pas une tâche facile, car il nécessite la perfection de la couche externe protectrice des missiles pour pouvoir fonctionner recouverts de plasma. “La manière dont nous avons réussi à résoudre ce problème reste un mystère pour de nombreux pays. Profitant du fait que nous avons résolu ce problème, nous avançons. Et j’espère que les missiles hypersoniques dont nous avons parlé ne seront pas les derniers et qu’à l’avenir, le domaine des missiles hypersoniques continuera à se développer rapidement et efficacement”, a déclaré Knutov.
» En outre, l'observateur a souligné qu'il fallait prêter attention au domaine des armes basées sur de nouveaux principes physiques, y compris les armes laser.
» “Ici, le principal problème est de résoudre le problème de la création d’un laser d’une puissance d’un mégawatt. Lorsque cela se produira, les armes laser deviendront la norme, car elles sont efficaces et peu coûteuses en termes de coût d’une seule impulsion. Ils peuvent être utilisés dans la défense aérienne, la défense antimissile, voire dans l’organisation de la défense antichar et pour d’autres tâches”, a déclaré l’observateur.
» Enfin, il existe des armes électromagnétiques, dont Knutov s'attend à ce qu'elles incluent dans un avenir proche de puissants canons électromagnétiques capables de brûler les circuits électroniques des missiles de croisière ennemis, des drones, des avions conventionnels, des hélicoptères, etc., ainsi que des armes à plasma similaires aux balles-lightning.
» “Ce sont des orientations sur lesquelles travaillent aujourd’hui les ingénieurs du monde entier, notamment aux États-Unis et en Russie. Il s'agit d'une nouvelle direction qui, dans 15 à 20 ans, deviendra la clé pour équiper les forces armées de tous les principaux pays du monde”, a résumé l'observateur. »
Nous avons regroupé ces armes, nous, parce qu’elles échappent toutes, chacune à leur façon, au carcan technologique des armes constituées pour la dissuasion nucléaire (y compris des armes de défense antimissiles). Ce n’est pas pour rien que nous avons signalé par l’emploi du caractère gras ce bout de phrase à propos de l’ ‘AvantGard’ : « l'Avangard hypersonique peut détruire des cibles sans utiliser d'armes nucléaires. »
Nous sommes revenus à plusieurs reprises, en nous en tenant aux ‘Kinzhal’ et aux ‘Zircon’ à portée moyenne/longue encore dans le champ tactique, dès le 22 mars 2022 et le 10 décembre 2022, avec ceci dans le second, – en précisant que ces engins ont une énergie cinétique de frappe de près de 500 fois plus importante qu’un missile de croisière conventionnel à vitesse transsonique ou légèrement supersonique :
« ...C’est alors qu’on en revient à une question déjà abordée dans ces colonnes : la capacité des missiles hypersoniques, du fait de leur fantastique puissance de choc, d’obtenir avec des charges conventionnelles une capacité de destruction sur des cibles bien identifiées et nécessairement concentrées, équivalente à celle du nucléaire envisagé pour cette sorte d’opération.
» Cela rejoint effectivement les remarques développées dans notre texte le plus récent sur cet aspect révolutionnaire de l’hypersonique : un degré de plus dans la dissuasion (juste en-dessous du nucléaire) qui peut aussi se concevoir comme une capacité de première frappe de décapitation sans avoir recours au nucléaire. »
Ce que laisse voir un peu plus cette remarque de Knotov sur l’ ‘AvantGard’, missile de pure capacité stratégique, c’est un avancement de l’idée d’une dissuasion conventionnelle équivalente en puissance ciblée à celle du nucléaire. Quant aux armes-laser et autres, elles constituent un verrouillage encore plus net des vielles flottes de missiles stratégiques à têtes nucléaires, c’est-à-dire ceux dont sont équipés les USA et qu’ils ne parviennent pas à dépasser. Il serait étonnant et bien singulier pour les Russes, qui ne cessent de proclamer leur certitude que les USA et le bloc-BAO veulent l’anéantissement de la Russie, que Poutine et ses équipes de sécurité nationale n’aient pas songé à un équipement massif de missiles stratégiques hypersoniques capables de réaliser une véritable première frappe de décapitation sans avoir employé le feu nucléaire, – c’est-à-dire sans avoir allumé la mèche fatale. Dans ce cas, une poussée importante des Russes au-delà de la soi-disant LOC (‘Line of Contact’) en Ukraine, disons jusqu’à Kiev, constituerait une provocation amenant des Occidentaux à intervenir, et suscitant une riposte stratégique conventionnelle aussi dévastatrice que du nucléaire de la part des Russes, mais sans la responsabilité de l’emploi du nucléaire.
Une histoire court dans les couloirs du Pentagone : un sergent-chef transgenre du Corps des Marines se serait suicidé après dix-huit mois d’enquête et 142 erreurs d’orientation dans les couloirs du Pentagone, dans le cadre d’une mission extraordinairement délicate : décompter le nombre exact de bases dont les militaires US disposent dans le monde, se situant selon, certains manuscrits jugés authentiques du début du XXIème siècle de notre ère entre 666 (le Chiffre de la Bête) et 1332 (deux fois le Chiffre de la Bête). On ignore si l’anecdote est exacte, dit ironiquement notre source qui est elle-même complètement Fake, mais même si c’est une FakeNews de type antiaméricanisme primaire, le héros mérite une Médaille du Congrès.
Passons à autre chose car c’en est trop.
On reprend ici quelques éléments de la critique de Michael Maloof sur la restructuration de l’U.S. Army que l’on voit par ailleurs si l’on suit les chroniques régulières de ce site distingué. Nous nous attardons, sur mon amicale insistance, à la question dite des ‘mille-et-une-bases’, qui est presque ou un peu plus du nombre de bases militaires extérieures qu’entretiennent le Pentagone, la CIA et le reste, dans le reste du monde.
Ces bases ont diverses fonctions, notamment celle d’assurer une hégémonie par la force des Etats-Unis (la gloire « to show the flag »), des pressions tout aussi amicales sur les pays d’accueil, ou “pays occupés”, mais aussi des fonctions de sécurité, antiterroristes et contrée-insurrectionnel ... Mais voilà que l’U.S. Army est sur la voie de réduire drastiquement ces dernières mission au sein de la restructuration, ce qui actualise le problème de leur nécessité d’être.
D’où ces remarque de Maloof... Et là où il cite ISIS et al-Qaïda, nous aurions volontiers cité plutôt les Houthis, le Hamas, les milices irakiennes, le Hezbollah, voire l’Iran...
« Dans le même temps, cette transformation se fera aux dépens de la contre-insurrection et du contre-terrorisme.
» “Je pense que si vous êtes Al-Qaida, ISIS, vous allez sauter de joie parce que cela signifie que l'armée aura moins de forces spéciales pour faire face à eux”. ».
Maloof développe sa pensée en introduisant en plus l’idée que cette myriade de bases constituent des cibles faciles et catastrophiques pour les USA, de la part de leurs divers adversaires répertoriés. On pourrait même ajouter, en cas de conflit majeur, des cibles pour la Russie et pour la Chine... Alors, que faire, sinon abandonner ces bases et réduire d’autant le personnel qui y est affecté, contribuant ainsi à réduire l’ampleur du problème du manque d’effectif des forces armées ? C’est l’idée de Maloof.
« J'espère que nous n'en arriverons jamais là. Nous [les États-Unis] devons retirer nos troupes. Nous devons fermer un grand nombre de nos bases parce qu'elles attirent les tensions et font des ravages dans le monde. Elles ne sont plus nécessaires. Regardez le Moyen-Orient. Nous avons 35 bases autour de l'Iran. Elles sont censées servir à la dissuasion. Mais nous avons vu que la dissuasion ne fonctionne pas au Moyen-Orient. Et maintenant, elles deviennent des cibles privilégiées. Elles deviennent le talon d’Achille américain en raison de leur exposition. »
Le problème des innombrables bases américanistes dans le monde devrait très vite devenir un point très intéressant du dilemme des ‘1000-et-1-bases’. Des pressions très différentes, venues de partis eux-mêmes différents, vont s’exercer dans le même sens pour l’abandon de bases, – cette chose, “l’abandon de bases”, constituant pourtant une sorte de monstruosité hérétique pour le Système, le DeepState, l’hégémonie, etc. On se trouvera très vite pris entre la diminution de personnel disponible et l’évolution de nombre de pays du Sud Global qui deviennent excédés de l’hégémonie gâteuse des USA et donc de la présence de bases US chez eux, avec la prime d’attaques régulières de divers groupes de terrorisme ou de résistance, – selon l’orthographe qu’on affectionne...
Ces bases sont aussi bien le nœud gordien que le talon d’Achille des USA, et également un probable terrible enjeu de l’affrontement que Trump va devoir ouvrir dès son élection, s’il est élu. Des voix vont s’élever pour demander que ces soldats en mission du type ‘Déseret des Tartares’ seraient bien mieux à tenter d’assurer l’ordre sur la frontière Sud des USA. En attendant, elles constituent d’énormes pompes à fric qui ponctionnent le gigantesque budget du Pentagone et rendent extraordinairement difficiles le rééquipement des forces selon de nouvelles missions, leur modernisation, voire même les tentatives de réorganisation.
• Surprise, surprise : l’armée russe et derrière elle l’industrie de l’armement russe, tant décriées, méprisées, moquées, s’avèrent être un modèle pour l’U.S. Army. • C’est le chef d’état-major de l’U.S. Army et sa ministre qui l’affirment devant un groupe de journalistes US accrédités au Pentagone. • C’est donc une déclaration tout à fait officielle : l’armée US va se restructurer selon les normes que l’armée russe a développées en Ukraine. • Les deux officiels ne ménagent pas leur appréciation élogieuses pour les capacités d’adaptation et l’efficacité des Russes en Ukraine. • Voilà, c’est aussi simple que cela et il suffisait de le constater.
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Viendra-t-il un jour le temps où l’on pourra confronter ces armées d’imbéciles, bien plus fournies que nos forces militaires, qui, pendant deux ans, on vomi des torrents de mensonges et de bêtises sur la Russie et son armée tout au long de nos diverses lucarnes électroniques emplies de bavardages bienpensants ? Consentiront ils à nous débarrasser, avec des cuillers argentées s’il le faut, peut-être après nous avoir hypnotisés, de cet océan de merde qu’ils ont déversé pour célébrer les vertus morales de notre civilisation devenue modèle militaire et armé du simulacre universel ? Peut-être, peut-être, – sans doute certainement pas...
En attendant, il se trouve, ô étrange situation, que le général et chef d’état-major de l’U.S. Army le général Randy George, assisté de sa ministre Christine Wormuth, ont égrené lundi pour les journalistes spécialistes de la défense à Washington (le ‘Defense Writers Group’) les innombrables vertus et coups d’éclat de l’armée russe et de l’industrie russe dans la guerre en Ukraine, – dont il est urgent que les États-Unis et l’univers américaniste-occidentaliste s’inspirent...
« La Russie ne doit pas être sous-estimée, car son armée a montré sa capacité d'adaptation et le pays a développé sa base industrielle dans le contexte du conflit avec l'Ukraine, a déclaré le chef d'état-major de l'armée américaine, le général Randy George.
» Les forces russes “s’adaptent et apprennent” au milieu des combats avec l’armée ukrainienne, a-t-il déclaré. Le chef d’état-major a souligné les progrès de la Russie en matière de drones, de munitions errantes et de guerre électronique.
» “Ne sous-estimez pas votre ennemi. Ce n’est jamais un bon point de départ”, a souligné George, admettant que Moscou a « très bien réussi en injectant de l’argent et de l’énergie dans [sa] base industrielle. »
Dons, comme annoncé plus haut et suivant les nouvelles consignes de pensée et de langage, sa ministre Christine Wormuth a renchéri sur les trouvailles de son général et l’apologie des méthodes et des conceptions russes. Il s’agit de liquider la profonde réorganisation effectuée en 2001-2005 de l’U.S. Army, alors transformée en une force antiterroriste et contre-insurrectionnelle suite à l’attaque du 11-septembre, le reste étant laissé aux brillantes techniques de subversion du type ‘regime change’ inspirées par le théoricien George Soros et sa constellation d’ONG.
Tout cela passe au second plan, et le Pentagone change brusquement de perspective. L’armée de type conventionnel, celui qu’on veut à nouveau organiser aujourd’hui, est un retour, dans des conditions infiniment plus réduites, à ce qui existait jusque dans les années 1990, pérennisant ainsi le caractère américaniste de l’incapacité de se fixer sur toutes les exigences d’une situation générale pour sauter d’une spécialisation à l’autre au gré des circonstances, mené par les événements (que les USA eux-mêmes ont contribué à déclencher !). C’est le serpent qui se mord la queue ou le mouvement perpétuel de la (r)évolution orbitale, avec une dégradation des capacités à chaque orbite réalisée, donc une orbite en spirale descendante et destructrice.
Désormais, on fait du lourd et on s’inspire des trouvailles admirables des armées et industries d’armement russes ! Comme quoi, ceux qui jugent que la guerre en Ukraine n’a aucun sens se trompent considérablement : elle accélère en la mettant en évidence la crise des forces armées américanistes.
« Parmi les autres invités de marque à l'événement figurait Christine Wormuth, secrétaire de l'armée américaine, qui a reconnu que la Russie s'était montrée capable de régénérer sa base industrielle, malgré les sanctions imposées par l'Occident.
» Wormuth a également insisté sur le fait que le Pentagone avait beaucoup appris des combats entre Moscou et Kiev. « Nous nous éloignons de la lutte contre le terrorisme et la contre-insurrection ; nous voulons être prêts pour des opérations de combat à grande échelle », a-t-elle déclaré. »
Tout cela se fera, nous disent les George-Wormuth grâce à une réduction des effectifs de l’U.S. Army, passant de 494 000 soldats aujourd’hui à 470 000 en 2029. Il y eut un certain remous chez les journalistes et dans les médias (notamment The Hill et Fox News ) devant cette annonce, qui correspond un peu trop bien à la réduction dramatique des engagements prévus par le Pentagone (55 000 en 2023 contre le but affiché de 65 000 enrôlements).
Les chiffres officiels eux-mêmes sont largement suspects par rapport aux réalités de forces armées plongées dans une colossale crise d’effectifs autant qualitative que quantitative, due autant à l’abaissement dramatique du niveau des volontaires, à l’absence du nombre de volontaires attendus et aux exigences du programme wokeniste de la diversité raciale et genrée.
‘SputnikNews’ a confié à l’un de ses collaborateurs extérieurs expérimenté par sa profession dans les pratiques du Pentagone l’analyse critique de cette restructuration. Il s’agit de Michael Maloof, ancien analyste principal des politiques de sécurité au cabinet du secrétaire à la Défense, à ce même Pentagone. Pour lui, cette réorganisation est une impasse, autant du point de vue du concept technique et stratégique que, – surtout, – du point de vue des moyens disponibles. Il a commencé par un constat général qu’une seule expression (“une fois de plus”) exprime la fatigue du constat d’une (r)évolution une fois de plus réalisée au nom d’une erreur précédente qui avait elle-même été présentée, “une fois de plus”, comme une (r)évolution :
« Ils se tournent une fois de plus vers le type de guerre conventionnel plus ancien sur les champs de bataille, comme celui auquel ils assistent actuellement en Ukraine. »
• Maloof commence par un classique, quelque chose qui, aujourd’hui, est dans tous les esprits, y compris dans ceux de nombre de commentateurs. Cette remarque est particulièrement efficace, si l’on mesure l’extraordinaire chaos d’insécurité et d’incivilité qui s’est répandu dans tous les États-Unis, et notamment dans nombre d’États qui ne se trouvent pas sur le frontière Sud mais qui se trouvent sous administration démocrate.
Implicitement selon notre appréciation, il s’agit de la suggestion que les forces armées devraient être restructurées, – et comment ? Et dans quel sens ? – d’abord dans le but d’assurer la sécurité de la frontière Sud, cette immense passoire de désordre, de bandes illégales de hors-la-loi, d’un flot ininterrompue de drogue qui tue les citoyens américains (d’ailleurs et “en priorité”, ceux des minorités noires et latinos).
« Nous avons eu 23 ans de guerres sans fin. Et le peuple américain en a vraiment assez. De plus, maintenant nous essayons de soutenir les guerres des autres au détriment de notre propre sécurité nationale en négligeant nos propres frontières. »
• ... Et, là-dessus, toutes les questions concernant la préparation d’une guerre de haute intensité, – où les USA sont en position de défaite probable, – contre la Russie et la Chine ? Pourquoi ? Dans quel but précisément pour ce qui concerne le bien-être et la sécurité des citoyens américains ? La recherche d’une coopération n’est-elle pas une voie plus raisonnable ?
« Une confrontation avec la Russie ou la Chine se terminerait mal pour l’armée. Nous n'allons jamais rassembler suffisamment de troupes pour contrer ce que la Russie est capable de rassembler, ou la Chine, ou une combinaison des deux. C'est suicidaire et c'est fou. Nous devons travailler ensemble dans ce monde et avec une saine compétition, non pas militaire mais économique.
» Nous devons reconnaître le fait que des pays comme la Russie et la Chine ont des capacités. Et ils sont désormais, et en particulier la Russie, très expérimentés au combat. Nos troupes ne le sont pas. Elles n'ont été impliquées que dans des contre-insurrections. Et s'ils veulent, des guerres à grande échelle, la Russie est à la hauteur. Elle l'a démontré. J’ignore si c'est la direction dans laquelle nous voulons aller et dans quel but. »
• Concernant la question de la réforme structurelle de l’U.S. Army elle-même, s’il accepte bien entendu la démonstration faite par la Russie du retour des grandes guerres conventionnelles demandant des structures et des groupes d’intervention à mesure, Maloof adopte complètement comme autre raison principale l’énorme crise de recrutement dont les effets peuvent être atténués par la restructuration. Il décrit ainsi un véritable enfermement des forces armées américaines dans des nécessités structurelles qui sont bien plus la marque de leur crise profonde qui les frappe de tous les côtés.
« Lorsqu'on lui a demandé si la refonte était motivée par un manque de troupes, Maloof note que “le recrutement aux États-Unis a été en baisse dans tous les services, à l'exception du Corps des Marines”.
» “Les jeunes ne se ruent pas vers l'armée”, a-t-il déclaré. “Et la seule façon de les faire entrer dans le service sera par une conscription, en ressuscitant la conscription. Et le peuple américain ne veut absolument pas de la conscription. Il n'en voit pas la nécessité”. »
• Envisageant l’avenir, avec le secret espoir que l’on passe à une administration Trump, Maloof pense à une restructuration dépassant largement le cadre de l’U.S. Army, mais concernant toutes les forces armées et le domaine de la sécurité nationale. C’est faire allusion au grand défi qui attend Trump, face à l’appareil de sécurité nationale et à l’État profond auquel évidemment les forces armées sont liées.
Du coup, Maloof définit implicitement son appréciation critique de la réforme de l’U.S. Army. Peut-être a-t-elle un sens, sans aucun doute a-t-elle la vertu de reconnaître la puissance réelle de l’armée russe, – mais au-dessus de cela trône sa conviction quelle doit être surtout envisagée comme une partie au sein d’une réforme complète de l’appareil de sécurité nationale, de sa stratégie, de la répudiation définitive de la politiqueSystème., et donc déterminée en fonction d’un tel comtexte... Vaste programme !
« Alors que la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres économies émergentes cherchent à renforcer leur collaboration en Eurasie en termes d’infrastructures et de développement économique, Washington recherche de nouveaux accords de défense et cherche à contenir la Chine et la Russie.
» “Je pense donc que l'accent sera probablement repensé une fois de plus, surtout s'il y a un changement d'administration. Parce que nous ne pouvons pas continuer à avoir des confrontations avec d'autres puissances nucléaires, comme la Chine et la Russie. C’est tout simplement insensé", a conclu Maloof. »
Mis en ligne le 1er mars 2024 à 10H55
…On devrait parler d’un “ Trump vs CIA & Co” éventuellement élu en novembre prochain, c’est-à-dire une élection en dépit de l’opposition “CIA & Co”, pour exposer une hypothèse centrale de la vie politique US en 2024, et nullement de Trump en particulier qui reste plus que jamais un « cocktail-Molotov humain » lancé contre l’establishment. Il s’agit de ce Trump qui a entrepris une chevauchée triomphale dans les primaires, avec une dernière victoire considérable (60% contre 40%), le 27 février, sur sa “rivale” Nikki Haley dans le Michigan qui n’est pas un État où Trump peut prétendre à une grande popularité. Ce démarrage en trombe a transformé les craintes de l’‘État profond’ en une inquiétude proche de la panique.
C’est évidemment dans ce contexte qu’il faut placer un article de ‘Politico’, – une publication en ligne très influente à Washington et relayant souvent des courants officiels, –article manifestement commandité par la “communauté du renseignement”, dont la CIA et le FBI principalement, dans sa démarche anti-Trump,. Ces sources télécommandées décrivent une offensive terrifiante d’un éventuel président Trump-2.0. contre leur communauté.
« L’ancien président américain Donald Trump est “susceptible” de lancer des réformes radicales de la communauté du renseignement américain s’il est réélu en novembre, suscitant les inquiétudes des agences qui l’accusaient autrefois sans fondement de liens avec la Russie.
» Politico a interrogé 18 responsables du renseignement – dont plusieurs anciens nommés par Trump qui se sont ensuite révélés ses critiques virulents – dans un article publié lundi, avertissant qu’une éventuelle purge pourrait “saper la crédibilité du renseignement américain”.
» “Trump a l’intention de s’en prendre à la communauté du renseignement”, a déclaré un ancien haut responsable du renseignement. “Il a déjà commencé ce processus et il va le poursuivre. Une partie de ce processus consiste à expulser les gens et à les punir”.
» Le nouveau président remplacerait “les personnes perçues comme hostiles à son programme politique par des loyalistes inexpérimentés”, a résumé Politico pour décrire les affirmations des critiques de Trump.
» Les deux personnes spécifiquement citées étaient l’ancien directeur par intérim du National Intelligence (DNI) Richard Grenell et son assistant Kash Patel, qui ont joué un rôle clé dans la déclassification des documents sur les origines du Russiagate.
» Parmi les autres personnes nommées par Trump devenues critiques interviewées dans l’article figurent l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton et Fiona Hill, l’une des principales conseillères pour la Russie au Conseil de sécurité nationale – et témoin contre Trump lors de son procès en destitution à propos de l’Ukraine. »
‘Politico’ a voulu tout de même glisser un bémol (de taille), – mais un bémol parmi tant d’autres, – dans cette crucifixion du président Donald Trump 2016-2020. Pour cette démarche, il rappelle notamment et essentiellement le montage grotesque et rocambolesque, qui plus est réalisé d’une façon d’amateurs arrogants, que fut et reste (on parle de la relancer !) l’affaire abracadabrantesque du ‘Russiagate’.
Il rafraîchit la mémoire de ceux qui ont des difficultés à remonter en-deça de la scintillante présidence de Joe Biden, pour comprendre un tant soit peu le défilé fou des événements aux USA, dans la phase crisique actuelle... Que les lecteurs en fassent leurs choux maigres pour nuancer a minima le jugement de condamnation sans appel que l’esprit du temps, dans ses sphères dirigeantes américanistes-occidentalistes, fait de Donald Trump avec l’arme argumentaire principale de l’anathème hystérique.
« Politico a reconnu que l’hostilité de Trump à l’égard de la communauté du renseignement était liée au tristement célèbre document affirmant que la Russie avait “interféré” dans les élections de 2016 contre Hillary Clinton. Il cite l'ancien responsable du FBI, Andrew McCabe, défendant l'inclusion du soi-disant dossier Steele – produit par un ancien espion britannique payé par la campagne Clinton via des découpes – dans l'annexe comme une simple argumentation raisonnable.
» Même si le FBI a rapidement découvert que le dossier était faux et qui l’avait financé, il a continué à l’utiliser pour espionner la campagne et la présidence de Trump.
» Lorsque Trump a contesté l’évaluation des renseignements – rédigée non pas par les 17 agences, mais par un groupe trié sur le volet de loyalistes de l’administration Obama – lors du sommet de juillet 2018 avec le président russe Vladimir Poutine, les espions ont estimé que “jamais auparavant il n’y avait eu de commandant en chef de cette sorte”, qui avait ainsi publiquement délégitimé leur travail. Dan Coats, DNI de Trump, a déclaré à Politico que cela l’avait incité à offrir sa démission en février 2019 – qui a finalement été acceptée en août de la même année. »
On continue dans cette veine avec les attaques contre Trump développées dans l’article, par ces diverses sources des services de renseignement qui se posent en défenderesse de l’efficacité et de l’objectivité des services face à cette agression à venir. Lorsqu’on a à l’esprit les performances totalement distordues, totalement partisanes en faveur de l’establishment et de la politiqueSystème, grandes ouvertes à la corruption, avec les analyses volontairement et involontairement faussaires et les prévisions catastrophiquement erronées de ces services durant les dernières décennies depuis 1991, et surtout depuis 2015-2016 et la guerre anti-Trump qu’ils ont menée avec l’impudence et l’impunité qu’on sait, on peut mesurer la valeur de leurs interventions et, a contrario, en déduire la vigueur de la panique qui les a saisis.
« “Il veut transformer la communauté du renseignement en une arme à son profit”, a déploré Hill. “S'il détruit les informations sur une chose, il nous aveuglera partiellement“.
» Plusieurs responsables anonymes ont déclaré que les éventuelles purges de Trump pourraient mettre en péril “les sources et les méthodes” utilisées par les espions américains et saper la confiance que les alliés américains ont en Washington, que l’administration Biden s’est efforcée de reconstruire. En décembre dernier, un diplomate d’un pays membre anonyme de l’OTAN a décrit la réélection de Trump et la purge de l’appareil administratif américain comme une “option apocalyptique”.
» D’autres craignent que la nomination de personnalités “controversées” n’entraîne la démission de fonctionnaires et de personnel compétents.
» “Il y a des milliers de personnes qui se cassent le cul, souvent dans des endroits dangereux, et qui sacrifient beaucoup pour le pays. Et voir leur travail simplement rejeté par un commandant en chef est tout simplement décourageant”, a déclaré Jon Darby, ancien directeur des opérations à la National Security Agency (NSA), à Politico. »
Il est raisonnable de considérer cet article de ‘Politico’, avec toutes les caractéristiques qu’on a signalées, comme très significatif, par rapport notamment à la chronologie (très tôt dans la campagne présidentielle) et à l’hypothèse qu’il implique (victoire de Trump à l’élection de novembre prochain). Son contenu, la vastitude de la contribution volontaire de sources du renseignement pratiquement identifiées par les connaisseurs, donc à considérer quasiment comme des porte-paroles officiels des services, en font une véritable déclaration de guerre et une sorte de “serment des Horaces” qui s’intéresse assez peu à la démocratie : “Nous ne laisserons pas se faire votre (ré)élection”.
C’est une arme et une attaque à double tranchant :
• D’une part, elle proclame la résolution irréfragable de mettre en place tous les moyens pour torpiller l’élection et, éventuellement si cette première attaque échoue, de faire fonctionner les services de renseignement comme une machine de guerre partisane contre celui qui serait le président-élu. Cela constitue un amusant renversement des culpabilités puisque c’est affirmer, l’aveu circonstancié précédant la preuve, que les services feront tout ce qu’ils reprochent sans la moindre preuve à Trump 2016-2020 d’avoir fait contre eux. Certes, on ne peut que conclure, comme le fera sans surprise excessive l’équipe Trump : “A bon entendeur, salut”.
• D’autre part et à l’inverse pour son parti, la coalition anti-Trump de la communauté du renseignement donne un argument supplémentaire, et un argument décisif, à l’équipe Trump éventuellement devenue administration Trump-2.0, pour conclure qu’il y aura immédiatement une bataille existentielle entre cette possible-probable administration et la communauté. Cela ancre Trump dans une position extrémiste d’affrontement avec la force la plus puissante de l’appareil de sécurité nationale et de l’État profond à Washington D.C. Les conditions seront très différentes de la bataille de 2016-2020, où Trump commit un nombre de fautes incroyables dans le choix de ses collaborateurs, dans l’exercice de son autorité, dans la confusion de ses jugements, dans la bataille elle-même. On peut croire qu’il en sera d’une toute autre façon, où Trump sait qu’il y aura cette bataille existentielle, qu’il a acquis une expérience considérable, qu’il a pu identifier et rallier des collaborateurs expérimentés et compétents, – toutes choses inexistantes chez lui en 2016.
... Et surtout, pour ce dernier point, il y a la différence abyssale du contexte mpolitique. Lorsqu’on considère les choix et les circonstances de 2016, et ceux d’aujourd’hui, on est stupéfaits de la différence et du changement ultra-rapide en train de s’opérer chez les républicains, – qui deviennent bien plus que “le parti de Trump”, mais le parti des néo-isolationnistes populistes. Le départ annoncé avant-hier du puissant sénateur et chef des républicains au Sénat Mitch McConnell marque un tournant dans le parti et la fin des RINO (‘Republicans in Name Only’) complices des démocrates pour former le “parti unique” qui portait la politiqueSystème. Des collaborateurs du calibre des néo-républicains et ex-démocrates populistes, – d’une Tulsi Gabbard, d’une Kristi Noem ou d’un Rawaswamy comme candidats et possibles VP (à la place de l’incroyable choix de Mike Pence en 2016), d’experts très actifs tels que les dissidents venus de la CIA (Larry Johnson), de l’armée (le colonel Macgregor), – tout cela a une autre allure que le groupe disparate et sans choix réellement politique de 2016.
Note de PhG-Bis : « J’ignore, dit PhG, si les Européens lucides suivent vraiment cet aspect essentiel de la situation politique US, – c’est-à-dire que je le sais bien et que je déplore que non... J’ai entendu l’excellent Emmanuel Todd, auteur du non moins excellent ‘La défaite de l’Occident’, nous parler de l’absence complète d’importance de l’élection éventuelle de Trump. Je suis bien malheureux qu’il en soit encore au schéma du “parti unique” (“les républicains et les démocrates sont les deux faces de la même pièce”)... Il est vrai que les choses vont vite, quasiment en hypersonique, à Washington D.C. »
Il ne fait aucun doute que l’élection de Trump, – d’ailleurs qu’il soit élu ou non, du fait de la puissance du mouvement qui s’est servi de lui pour se constituer, – donc, il ne fait aucun doute que l’élection de 2024 en soi sera le champ du début d’une bataille titanesque entre le Système (l’establishment, l’État profond, la communauté du renseignement, le complexe militaro-industriel, – tout ce qu’il vous plaira) et cette nouvelle force populiste-trumpiste, structurée par des personnalités d’une puissance énorme dans leurs domaines (Tucker Carlson, Elon Musk). On peut avancer l’hypothèse qu’il s’agira d’un tournant essentiel dans l’évolution de la GrandeCrise.
Il y a quelques temps, – quelques semaines, pas plus, – on pouvait dire qu’il s’agissait des nationalistes contre les globalistes... Plus maintenant : il s’agit désormais de l’enjeu de la civilisation dans sa totalité, voire du concept de civilisation. On ne dit pas qui l’emportera, si Trump sera élu, etc., – toutes choses accessoires parce que simples moyens de faire se mouvoir l’Événement, – mais on sait que l’ordre ancien sera balayé et remplacé par quelque chose d’autre, comme à la fin d’un cycle, – et nul ne sait ce que ce sera, quelque part entre le goulag électronique global et l’arrangement inédit et harmonieux des affaires du monde.
Mis en ligne le 28 février 2024 à 12H50
L’excellent Joe Biden, si gâteux et impopulaire qu’il soit at home, peut exiger ce qu’il veut de ses sujets européens ; même Obama n’osait pas – n’osa pas – aller si loin ; il est vrai que cette soumission est suicidaire et risque d’être génocidaire, et qu’elle est donc limitée dans le temps et dans l’espace : mais par haine rabique de la Russie et soumission social-démocrate aux intérêts US en Europe, on peut benoîtement demander à un continent de crever. Toute la classe politique obtempère et finalement aussi son électorat ; car possible n’est pas européen, par les temps qui courent.
Il y a quelques années j’avais publié sur fr.sputniknews.com un texte de rappel repris par Médiapart : Trotsky soulignait la soumission des socialistes Européens aux yankees.
« Contrairement à ses disciples archéo-crétins ou néo-cons, Léon Trotsky est souvent irréprochable sur le terrain de l’analyse: voyez ce qu’il dit de Léon Blum dans son journal! Sur l’actuelle soumission de l’Europe, on peut lire ces lignes prononcées en juillet 1924:
« Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne. C’est ce à quoi il tend. Il assignera aux financiers et aux industriels européens des secteurs déterminés du marché. Il réglera leur activité. En un mot, il veut réduire l’Europe capitaliste à la portion congrue… »
Trotsky confirmait une balkanisation de l’Europe voulue par les USA :
« Déjà, dans les thèses pour le 3e congrès de l’I. C., nous écrivions que l’Europe est balkanisée. Cette balkanisation se poursuit maintenant. »
Trotsky soulignait aussi le risible «mot d’ordre d’émancipation » si caractéristique de l’invraisemblable cruauté américaine (Tocqueville ou Beaumont en parlaient déjà : pour liquider les indiens ou exploiter les noirs, faites tonner les juristes) :
« L’histoire favorise le capital américain: pour chaque brigandage, elle lui sert un mot d’ordre d’émancipation. En Europe, les États-Unis demandent l’application de la politique des “portes ouvertes”… Mais, par suite des conditions spéciales où se trouvent les États-Unis, leur politique revêt une apparence de pacifisme, parfois même de facteur d’émancipation. »
J’ajoutais :
« Trotsky affirme que le meilleur allié des Etasuniens dans cette infecte inféodation des Européens n’est jamais la droite, quelque couards et stupides que puissent être ses politiciens! Non, le meilleur allié du ploutocrate américain, c’est la gauche, c’est la social-démocratie. Et c’est le Révolutionnaire du siècle passé qui l’écrit :
« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. Que fait en ce moment la social-démocratie allemande et française, que font les socialistes de toute l’Europe ? Ils s’éduquent et s’efforcent d’éduquer les masses ouvrières dans la religion de l’américanisme; autrement dit, ils font de l’américanisme, du rôle du capital américain en Europe, une nouvelle religion politique. »
Il faut reconnaître que l’élan trotskiste, si juste qu’il soit, doit être nuancé : les Européens ont méprisé Bush (c’était encore autorisé) puis craché sur Trump, qui ne leur avait fait aucun mal ; et ils divinisent Biden, qui ne demandent que leur mort – ainsi il est vrai (Davos-City oblige) que la mort des USA. Kunstler comme Brandon Smith nous le font comprendre.
Biden incarne le complexe décrit jadis par Rothbard : welfare state et warfare state. Un Etat belliqueux, dépensier, interventionniste, tentaculaire et démentiel est la marque aujourd’hui de l’Amérique démocrate comme de son atroce ersatz de colonie européenne : l’Europe n’est pas le petit cap de l’Asie du vénéré Paul Valéry, mais bien celui de notre Amérique woke et écolo-gauchiste, étatiste et belliciste (voir les «dibbouks» de Kunstler) qui peut en faire l’usage ordurier qu’elle désire.
C’est que le parti démocrate est le parti préféré des Français et des Européens ; c’est le parti dit-on du social et des minorités (bientôt majoritaires partout en « occident »), le parti des écologistes et des LGBTQ et le parti surtout de la guerre à mort contre la Chine et la Russie. Quand Obama fit soi-disant tuer le Ben Laden de service, Kagan se rengorgea et se dit que l’on pouvait enfin mener une guerre messianique d’extermination contre ce reste du monde pas sûr pour la démocratie…
En France terre des droits de l’homme et des guerres en boucle on honore surtout le parti démocrate. Le téléphage froncé voulait dans les sondages de 2020 voter à 91% pour Biden contre Trump qui lui garantissait la paix et l’énergie peu chère (mais on ne refera pas les Français). On honore la mémoire de Roosevelt (Franklin Delano), de Wilson donc ou de Kennedy. On y a déifié Obama en France, qui a démoli la Libye, peuplé l’Europe de migrants, et qui a déclenché les hostilités finales contre la Russie en 2014, tout en recevant un prix Nobel à Stockholm et en déclenchant sur ordre écolo-bancaire la liquidation de nos industries.
Ce parti démocrate mène notre continent à sa perdition avec sa troisième guerre mondiale contre la Chine et la Russie ; il mène l’Europe à sa ruine totale et il livre l’Amérique aux hordes ethniques comme on dit, au lobby LGBTQ et à la faillite financière via la dette – le tout sur fond de hausse infinie et arrogante de la bourse-IA.
C’est lui qui peuplé donc de «dibbouks» (Kunstler toujours) a créé sous Wilson (élu grâce à une division des républicains et à une participation abusive et sans doute contrôlée de Théodore Roosevelt aux élections présidentielles de 1912) la Banque Fédérale avec les Warburg, c’est lui qui a liquidé le libéralisme américain et renforcé et créé l’Etat moderne (voyez l’ouvrage collectif de Denton, voyez Jonah Goldberg ou Hans-Hermann Hoppe, voyez Garet Garrett), c’est lui qui a militarisé la nation et créé les mille bases, c’est lui a créé la Deuxième Guerre Mondiale et réduit l’Europe à la portion congrue, c’est lui qui avec Truman a rasé Hiroshima-Dresde-Nagasaki, créé la guerre froide contre la Russie (génial Ralph Raico) et c’est lui qui a fait la guerre pendant dix ans au Vietnam, guerre inutile, assassine et cruelle. Mais c’est lui qui est adoré. On ne se refait pas. Et ce parti en même temps qu’il veut une guerre d’extermination contre la Russie et la Chine désire remplacer la population (quel que soit le pays qu’il contrôle) et liquider agriculture et industrie (Harris-Kerry).
Et c’est normal puisque c’est le parti non pas du chaos mais de la mort.
L’occidental des temps de la Fin est tourné vers l’obscurité, disait Guénon, il adore la mort.
Et on ne parlera pas de JFK.
On répètera encore avec Trotski :
« Pendant ce temps, l’Amérique édifie son plan et se prépare à mettre tout le monde à la portion congrue… La social-démocratie est chargée de préparer cette nouvelle situation, c’est-à-dire d’aider politiquement le capital américain à rationner l’Europe. Que fait en ce moment la social-démocratie allemande et française, que font les socialistes de toute l’Europe ? Ils s’éduquent et s’efforcent d’éduquer les masses ouvrières dans la religion de l’américanisme; autrement dit, ils font de l’américanisme, du rôle du capital américain en Europe, une nouvelle religion politique. »
Et comme on adore mourir pour ces religions politiques…
28 février 2024 (13H00) – Le gamin a fait des vagues. Il est content et sa maman l’a certainement félicité, avec quelques gâteries à l’appui ; au fond, j’en suis sûr, tout au fond de lui-même il jubile. Alors, on le prend au sérieux, non ? Ce n’est pas de Gaulle, mais bon, – pas si loin, dans un autre style, plus pentu en un sens, plus de sorties en boite à partouze, plus hussard que cuirassier, tel le Céline des quartiers chics et de “la banque” (comme on disait du temps des 200 Familles qui faisaient ‘Les grandes Familles’)... Ni slalom géant ni slalom spécial, – mais “un slalom de dingue” ! Et puis un côté “La Garde meurt mais ne se rend pas” ou conseiller financier de la division SS ‘Charlemagne’ qui défend son Führer-Zelenski jusqu’à son dernier bunker.
Moi j’avoue, au départ je ne l’ai pas pris au sérieux, c’est-à-dire au tragique. Quand j’ai lu la nouvelle, – s’il le faut on bouffera du moujik au petit déjeuner, – je me suis dit :“C’est du vrai Macron, rien à dire” Et puis : “Ca va nous faire une Troisième dernière ? Et alors ? Tout a une fin et il faut savoir, comme dit le grand poète Charles Aznavour, ‘quitter la scène’”.
Et puis, je me suis pris un peu plus au sérieux en prenant Macron un peu plus au sérieux. Et s’il y pensait vraiment ? Si son hypothèse, toute encombrée qu’elle est d’ambitions et d’arrogances accessoires, comme celle, dérisoire, de présider au destin de l’Europe, était fondée sur la perception qu’il faut se préparer à prendre les armes directement contre l’envahisseur barbare venu du fond des grandes steppes désolées ? A y penser, diable, cela est très possible. Il est, je veux dire qu’il devrait être notoire que Macron est l’homme le plus mal informé de France de la situation réelle en Ukraine, manquant de maturité et de culture dans une mesure telle qu’il est bien incapable de comprendre ce qu’est la force inhérente et métaphysique de la Russie, comme le caractère catastrophique du conflit nucléaire. Toutes ses sources, qui lui font croire à la puissance de son information, sont toutes orientées et filtrées par ses courtisans de façon à lui faire entendre la seule musique que ses oreilles acceptent. Par conséquent, la conviction est loyale, la franchise est complète, l’imbécile s’exprime sans entraves.
Cela n’empêche qu’on n’a pu empêcher qu’arrivent jusqu’à lui les bruits des victoires russes depuis Avdeyevka et soudain se sont emparées de lui, successivement, – la panique de voir la marche victorieuse des Ukrainiens jusqu’à Moscou et au-delà soudain entravée, – et l’ivresse d’être celui qui volerait au secours de ceux qui sont ainsi frappés par l’infamie. Sa proposition est donc bien sérieuse et, sérieusement, elle fut prise comme telle. On put alors décompter les dissidents incurables (la Slovaquie en tête) et les pétochards révélés (Suédois, Polonais, Italiens, Allemands, Britts, Tchèques, etc. y compris cette grande courgette cuite à la vapeur de Stoltenberg de l’OTAN, – euh, à peu près tout le monde plus ou moins).
Le grand exploit de Macron, au niveau de la communication, ce fut d’engendrer la plus folle des séances Christoforou-Mercouris jamais vues, où l’on vit le second d’habitude sérieux comme un pape incapable de retenir des emportements échevelés entrecoupés d’éclats de rire nerveux sous les ricanements de satisfaction du premier. Je crois qu’ils se moquaient absolument et sans dissimulation et je n’en fus pas contrarié, écartant les derniers restes de mes élans de patriote un peu rance...
Le seul moment de sérieux est au tout début, avant de passer à la vitesse supérieure et de décrire l’état pourtant indescriptible du mélange de panique, de colère et de peur, des différents chefs de guerre européens :
Christoforou : « Alexander, je vais juste vous demander ce que vous faites de la déclaration de Macron...
Mercouris : « Oh, je pense que c’est une réaction de panique devant la façon dont la situation en Ukraine est en train d’accélérer hors de leur contrôle ... [...]
» Je voudrais juste ajouter un dernier mot : pour que Macron panique à ce point et ait convoqué cette réunion d’une façon si pressante, une telle précipitation suggère qu’ils ont reçu des informations d’Ukraine montrant que la situation est encore pire que celle que nous connaissons nous-mêmes, nous qui suivons les choses jour après jour, heure après heure... »
Et pourtant, cette page de journal que vous lisez prétend être une apologie... Et pourtant, il me faut bien justifier mon titre de façon décisive, n’est-ce pas ! Eh bien, je vais vous dire où, selon moi, se trouve “la vertu de Macron”, celle qui mérite une “Apologie”, quelque part entre et au-delà de ‘Apologie de Socrate’ et ‘L’Apologie de Raymond Sebond’. Nous y sommes.
C’est en ceci que Macron, avec son esclandre extraordinaire et sa panique qui ne l’est pas moins, – par les effets de raffut et d’agitation dialectique et médiatique obtenus, – a donné vie à l’hypothèse jusqu’alors considérée comme une ‘Fantasy’-bouffe d’une guerre directe contre la Russie. Il a poussé le bouchon un peu trop loin, et justement dépassant le stade de la ‘Fantasy’ pour atteindre celui de la réelle possibilité d’une guerre avec la Russie. Il a montré “dans le dur” l’extraordinaire impasse psychologique et opérationnelle où se trouvent l’Occident et la Russie par la faute entière et exclusive du premier, avec la seule “stratégie de survie” concevable si l’on suit la logique de l’escalade qu’instaurent ces projets, conduisant à l’extrême à rien de moins que l’enterrement à petites pompes de la survivance de l’espèce humaine. Comme trouvaille, cela vaut bien celle du transhumanisme, n’est-ce pas ?
Comprenez-moi bien : je n’applaudis pas à l’homme ni à son acte. Au contraire, je mets au crédit d’une intelligence si complètement pervertie qu’elle en devient stupidité et aveuglement complets, cette idée folle de la possibilité d’une guerre dont il serait le général commandant en chef, et ainsi, chemin faisant, et donc au crédit de cette même intelligence devenue stupidité et aveuglement complets, cette idée folle de la réalisation bien concrète dans les esprits de la possibilité en vérité opérationnelle de cette folie. Là est l’événement, le Grand Événement, involontaire, inconscient, irresponsable, – toutes ces vertus cardinales du mini-président en toc, – l’événement dont se sont aussitôt saisi les forces supérieures et terribles qui nous précipitent dans la GrandeCrise pour nous purger de tous nos vices, bassesses et difformités infâmes.
Gloire au Camarade-Président Macron ! Il ne nous manque plus que son Petit Livre Rouge devenu Arc-en-ciel !
Car je prétends, moi, que c’est un pas en avant immense qui a été franchi, ce pas décisif où l’on brise avec panique, colère et grande peur un faux miroir, un terrible miroir déformant, qui vous renvoyait une image faussaire, trompeuse et sans pitié, un simulacre de réalité. Désormais, nous savons qu’il s’agit bien de la guerre... Et que cela nous ait été exposé par l’idiot dont parle Shakespeare n’a guère d’importance ; on dira que c’est “un idiot utile”, et voilà que tout est dit... « Une histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. »
« She [The Queen] should have died hereafter ;
There would have been a time for such a word.—
To-morrow, and to-morrow, and to-morrow,
Creeps in this petty pace from day to day,
To the last syllable of recorded time ;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle !
Life's but a walking shadow ; a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more : it is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing. »« ...La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et frétille une heure durant sur la scène
Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »
Qui pourrait croire que la reine morte, – comme celle de Montherlant, – est la guerre à venir, et Macron un Macbeth transformé en idiot racontant sa propre histoire “qui ne signifie rien” ? Nous sommes dans les temps des grandes folies du monde.
À en juger par les réactions des médias occidentaux, l’interview de Poutine avec Tucker Carlson a suscité une grande confusion. Le plus terrible, du point de vue des rédacteurs du New York Times, du Washington Post et des autres suspects habituels, c’est que les Occidentaux – plus de cent millions d’entre eux – ont pu écouter Poutine parler. L’interview a permis de franchir un obstacle à l’information : les médias occidentaux ne sont pas autorisés à citer directement Poutine et doivent soigneusement déformer ses propos pour les faire correspondre aux récits occidentaux approuvés. Ils n’ont donc pas été en mesure d’aborder directement le contenu de l’entretien ; incapables de le citer, ils ont été contraints de recourir à des circonlocutions, des déformations et des insinuations. Heureusement, ils sont très doués pour cela.
Mais qu’en ont retiré les plus de cent millions d’Occidentaux qui ont regardé l’interview ? Se souviennent-ils avec émotion de l’année où le prédécesseur de Poutine, Vladimir le Grand, a baptisé les Russes ? (Comprennent-ils maintenant les subtilités juridiques de la dissolution de l’URSS et les promesses faites au moment de l’indépendance de l’Ukraine (qui ont depuis été violées de toutes les manières possibles ?) Qu’est-ce que c’était que ce cours d’histoire ?
Poutine semble avoir fait quelques recherches sur Tucker. Ce dernier a étudié l’histoire au Trinity College de Hartford, dans le Connecticut (mais n’a pas obtenu son diplôme). Étant donné que Tucker a été licencié en tant que journaliste et qu’il est actuellement au chômage (c’est-à-dire blogueur), Poutine a naturellement supposé que Tucker est un historien amateur avec une formation professionnelle incomplète qui est venu en tant qu’émissaire politique pour entendre quelques mots de sagesse de la part du dirigeant d’une grande nation sur un certain sujet spécifique – l’Ukraine. Par conséquent, Poutine a jugé parfaitement raisonnable de combler les lacunes de Tucker en lui présentant un bref aperçu des 1000 dernières années de l’histoire russe, en mettant l’accent sur le territoire qui, pendant les derniers 3 % de cette histoire, a été ppelé “l’Ukraine” ou “ukraine” ou “okraina”. Ce mot se traduit par “périphérie ; frange ; périphérie ; districts frontaliers ; districts périphériques ; terres marginales”. Cette définition soulève une question évidente : “L’ukraine/okrainа de quoi ?” De la Russie, évidemment !
Tucker a semblé déconcerté par la leçon d’histoire de Poutine. Toute sa stratégie, qui consistait à poser des questions provocantes et à s’esclaffer devant les réponses, avait déraillé et il ne savait plus quoi faire d’autre. Il est donc revenu à l’essentiel, c’est-à-dire, pour tout Américain, aux affaires. Et les affaires reposent sur L’art de la négociation, écrit par le seigneur et maître de Tucker, Donald Trump. Le pauvre Tucker en a donc été réduit à poser des questions évidentes : Poutine est-il prêt à négocier ? La réponse étonnante a été que, oui, la Russie n’a jamais refusé de s’engager dans des négociations et souhaite la paix et la prospérité pour tous.
En ce qui concerne le conflit ukrainien, la Russie a failli obtenir ce qu’elle voulait à Istanbul le 22 juillet 2022, mais le gaffeur Boris Johnson est intervenu et a dit aux Ukrainiens de déchirer l’accord et de se battre. Peu importe : si les États-Unis et l’OTAN voulaient mettre fin aux hostilités en Ukraine, il leur suffirait d’interrompre l’acheminement des armes et, quelques semaines plus tard, la guerre serait terminée.
Le 8 Février 2024, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone’
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dimitri Orlov
27 février 2024 (17H00) – Ces derniers temps, divers événements de divers horizons ont obscurci les discours des communicants : la chute d’Adeyevka et l’offensive qui s’ensuit, le retentissement de l’“interview métahistorique”, l’historique vague d’enthousiasme qui porte Donald Trump, et d’autres événements de moindre importance, et d’autres encore. On sent bien que l’Ukraine craque de partout et que Zelenski n’est que l’ombre pâle de lui-même, et sa courte barbe bien dans la mode des élites occidentales est devenue celle du type mal rasé des matins de banlieues.
Ceci est curieux à relever, que la seule parole assez sage de ces heures courantes est venue d’un des dirigeants européens, un membre de cette junte infâme et illégitime dénoncée comme totalitaire, incompétente et usurpatrice. Josep Borrell , qui sent la retraite arriver, paraît comme s’il devait prendre ses distances du simulacre général. Lui, au moins, voit large, et ne s’en tient pas aux considérations sur la ligne de front ukrainienne qui, bien, entendu, ne cesse de reculer. Alors, il écrit sur son site, son ‘blog’, comme l’on dit :
« Si les tensions géopolitiques mondiales actuelles continuent d'évoluer dans le sens de “l’Occident contre le reste”, l'avenir de l'Europe risque d'être sombre. L’ère de la domination occidentale est en effet définitivement terminée. Même si cela a été théoriquement compris, nous n'avons pas toujours tiré toutes les conclusions pratiques de cette nouvelle réalité”. Selon lui, l'opération militaire spéciale en Ukraine et le conflit à Gaza ont “considérablement accru ce risque” d'affrontement entre l'Occident global et le Sud global, déjà “observé au Sahel et ailleurs en Afrique”.
» Il souligne que de nombreux pays du Sud accusent l’Occident de “deux poids, deux mesures”. Borrell considère ce fait comme injuste et en accuse la Russie et sa propagande.
» “La Russie a réussi à profiter de la situation”, estime-t-il. “Nous devons revenir sur ce discours, mais aussi aborder cette question pas seulement avec des mots : dans les mois à venir, nous devons faire un effort massif pour regagner la confiance de nos partenaires. »
Et puis il y a cette réunion à Paris, d’hier ; une réunion de remobilisation avec des participants sûrs et invités en nombre insaisissable, d’autres présents mais présentés plutôt comme observateurs assez sympas, – dont les USA et le Royaume-Uni. Ainsi, par exemple, ‘Le Point’ nous assure qu’il y dix-sept pays invités (précipitez-vous pour connaître les heureux élus si vous y parvenez) et il ajoute, comme si l’on parlait d’une seconde classe qui ferait un peu tapisserie, – mais dont on pourrait croire également qu’ils sont là, juste pour mettre un petit doigt de pied dans l’eau et sentir si elle n’est pas trop froide, et absolument pas prêts à gambader avec les autres dans des décisions inconsidérées :
« Par ailleurs, des représentants ministériels du Canada, des États-Unis (un adjoint du secrétaire d'État Antony Blinken), du Royaume-Uni (le secrétaire aux Affaires étrangères, David Cameron) et de la Suède ont confirmé leur présence. »
Pourquoi y eut-il des invités, dont deux européens notablement impliqués, et des représentants formant une sorte de délégation d'une 'Anglosphère' boudeuse, et puis peut-être quelques autres qui traînaient, – mystère et bulle de gomme... La réunion dura longtemps, du style très-macronien “le temps qu’il faudra”, et l’on en sortit avec diverses déclarations. Je cite au passage celle, assez prudente, du président polonais Duba, venu avec son premier ministre Tusk : les deux hommes se haïssent et se combattent mais sont d’accord sur la question de l’Ukraine, tandis que les tracteurs polonais bloquent le frontière ukrainienne.
« “Si nous parlons de fournir une assistance spécifique, chaque pays décide du type d'assistance qu'il fournit à l'Ukraine. L'envoi de soldats en Ukraine a fait l'objet d'une discussion animée et il n'y a pas eu de compréhension mutuelle absolue sur cette question. Les opinions divergent. Mais je tiens à souligner qu'il n'y a absolument aucune décision de ce type”, a déclaré M. Duda aux journalistes à l'issue d'une conférence sur le soutien à l'Ukraine, qui s'est tenue à Paris. »
Cette déclaration résume un sentiment assez général, parfois plus affirmé (celui du premier ministre slovaque, ayant annoncé avant de venir, qu’il excluait tout envoi de troupes en Ukraine), parfois assorties de quelques épines d’avertissement comme celle de Scholz affirmant qu’il n’est question ni d’envoyer des troupes, ni de livrer des missiles ‘Taurus’ à très longue portée.
Note de PhG-Bis : « Toutes ces impolitesses sur les invités, qui sont-ils, combien sont-ils, pourquoi des représentants seulement, ne sortent pas du seul caprice de PhG pour jouer avec les mots. Il y a une véritable impréparation, une improvisation complète, comme si une mouche les avait tous piqués... Comme si l’armée russe avait attendu la primaire de la Caroline du Sud pour faire tomber cette forteresse d’Avdeyevka. »
En réalité, – on vous le cachait jusqu’ici, avec un sens prodigieux du suspens, – le maître de ballet, le ‘Führer’ de la soirée, était bien le personnage que vous attendez tous avec impatience. Je cède donc à la pression de l’évidence. Comme il y eut le McCarthysme qui tint en haleine le Congrès des États-Unis dans les années 1950, on peut avancer “avec l’audace qu’il faut” qu’il y avait hier soir le McMacrisme qui dominait la réunion des pays européens. Le président français se trouve aujourd’hui dans une position où il se sent comme une sorte de président européen à l’intérieur de l’OTAN, c’est-à-dire vice-président de la société OTAN et adjoint du patron qui est bien empêtré dans des querelles intérieures. Du pur gaullisme, quoi.
Première observation à retenir, sur la dynamique des sentiments courant après la dynamique des événements, – mais avec au moins une ferme certitude que je traduirais par un impératif “Nous ferons ce qu’il faut pour que la Russie soit vaincue” :
« “Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer, de manière officielle, des troupes sur le terrain”, a déclaré M. Macron aux journalistes après avoir accueilli une réunion des dirigeants européens lundi à Paris. “Mais en termes de dynamique, nous ne pouvons rien exclure. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour empêcher la Russie de gagner cette guerre.” »
D’autre part, on cite cette déclaration qui est du pur sophisme bien dans le style macronien, ponctuée évidemment du “ce qu’il faut ” (“Nous ferons ce qu’il faut”)... Il explique qu’aujourd’hui tout le monde n’est pas d’accord pour envoyer des troupes, mais que la même chose s’est déjà produite (pas d’accord pour envoyer des chars, puis envoyant des chars ; pas d’accord pour envoyer des missiles, puis envoyant des missiles), et donc qu’il nous suffit d’attendre.
« Macron a fait remarquer que les alliés qui disent aujourd'hui “jamais, jamais” au sujet de déploiements directs de troupes en Ukraine sont les mêmes que ceux qui ont précédemment exclu les escalades de l'aide militaire qui ont été accordées par la suite, y compris les missiles à longue portée et les avions de combat.
» “Il y a deux ans, beaucoup autour de cette table ont dit que nous allions offrir des casques et des sacs de couchage, et maintenant ils disent que nous devons faire plus pour fournir des missiles et des chars à l'Ukraine. Nous devons faire preuve d'humilité et nous rendre compte que nous avons toujours eu six à huit mois de retard, alors nous ferons ce qu'il faut pour atteindre notre objectif.” »
Macron nous donne une bonne leçon de cette humilité où il est passé maître. Là où il sophistique avec une belle complaisance et comme d’autres slaloment, c’est lorsqu’il omet d’expliquer la cause des hésitations qu’il note chez ses troupiers européens en les dénonçant fort amicalement : cela ne vient pas d’une absence de caractère, d’une faiblesse de jugement au contraire de ce qu’a constamment montré la France en fait de fermeté ; cela vient des événements sur le terrain de la guerre, demandant de plus en plus d’interevention pour tenbir l’Ukraine à bout de missile... Et lorsque, demain, nous déciderons d’envoyer des soldats, c’est que les Russes seront à Kiev, comme l’annonce Medvedev, – lequel, dit le dicton, “dit toujours aujourd’hui ce que Poutine dira demain”, – et qu’en envoyant des soldats sur le terrain de la bataille face aux soldats russes, nous entrons en guerre contre eux. Est-ce bien le but recherché ?
Vous savez que la France a passé traité avec l’Ukraine qui ne lui interdit pas, s’il le faut, d’utiliser du nucléaire si l’Ukraine est en grave danger, c’est-à-dire contre les troupes russes en Ukraine. Je répète ma question : est-ce bien le but recherché ? L’idée a fait frissonner de terreur les deux vieux routards politiques Védrine et ‘le Che’, que j’ai beaucoup appréciés en leur temps mais dont je trouve qu’ils devraient rassembler ce qu’il leur reste d’énergie pour clamer ces choses-là un ton plus haut et avec une bien plus grande vigueur :
« Face au développement de la crise due à l’invasion de l’Ukraine et à des menaces récentes, des décisions aussi importantes que celles qu’entrainent l'Accord de sécurité conclu ce vendredi à Paris, ou les déclarations préalables à la Conférence de sécurité de Münich, notamment celles qui concernent une européisation de la dissuasion, méritent un débat public. Les récentes déclarations de Donald Trump remettant en cause le traité de l’Atlantique Nord et l’hypothèse de sa victoire à l’automne ne peuvent être ignorées. Elles impliquent que les États européens ne soient pas surpris par leurs conséquences. Ils doivent mesurer la portée de telles décisions.
» C’est pourquoi, aussi, il serait raisonnable d‘engager dès aujourd’hui le débat politique sur le fond, et d’en saisir le Parlement. C’est affaire de démocratie, mais c’est également une question de responsabilité pour que l’Europe puisse affronter en bon ordre des échéances qui seront difficiles. De tout cela, chacun doit prendre conscience faute de risquer d’être entraînés dans un avenir proche dans un engrenage que nous ne maîtriserons pas. »
J’ai été bien aise d’entendre avant-hier, alors que la France McMacriste venait de mettre sur la table de la roulette zélenkiste le sort de la sacro-sainte dissuasion nucléaire, Mercouris nous dire :
« Selon mon opinion aujourd’hui, l’événement le plus important dans l’évolution de la situation géopolitique en Ukraine, au Moyen-Orient, dans les relations de l’Ouest avec la Chine n’a pas eu lieu en Ukraine, au Moyen-Orient, en Chine ou dans le Pacifique, il a eu lieu aux États-Unis où Donald Trump a remporté une victoire impressionnante dans les primaires républicaines, dans la Caroline du Sud... »
Mercouris parlait de l’impressionnante victoire de Trump (60%-40%) sur sa rivale Haley, pourtant gouverneur durant deux termes de cet État, chez elle, chez ses amis et voisins. Cette victoire signait l’impressionnante cavalcade de Trump vers la candidature républicaine, et avec de fortes chances que cela le conduise à la Maison-Blanche. Comme je et nous ne cessons de le répéter, le centre matriciel de la GrandeCrise est aux USA et, désormais, le GOP est le parti de Trump, et il fera, au moins jusqu’en novembre prochain, et sans doute après, ce que Trump entend suivre comme voie politique, à l’intérieur comme à l’extérieur. Cela signifie un blocage de plus en plus verrouillé de l’engagement des USA en Ukraine, et une distance de plus en plus abrupte mise entre les USA et les entreprises européennes de l’OTAN.
Une de nos sources juge que l’article extraordinaire du New York ‘Times’ du 25 février, exposant avec une foule de détails, les installations de la CIA en Ukraine à partir de fuites évidemment dirigées, signifie effectivement un signal pour les Russes que les USA abandonnent la partie en Ukraine. Venu deux jours après la victoire de Trump en Caroline du Sud, il acte indirectement cette victoire comme un tournant majeur de l’orientation politique US, un tournant vers l’intérieur avec ses crises multiples.
Tout cela a pesé lourd dans la réunion parisienne d’hier qui ressemblait à un rassemblement d’orphelinat, comme a pesé de tout son poids la vigueur offensive que les Russes montrent désormais après la chute d’Adeyevka.
Ainsi les choses vont-elles, à une assez bonne vitesse et, comme l’écrit Andrew Korybko :
« Le débat de l'OTAN sur l'opportunité d'une intervention conventionnelle en Ukraine montre son désespoir... »
Et ledit Korybko, pourtant homme de grande mesure, ne montre pas un très grand optimisme pour une issue qui permettrait d’éviter l’une ou l’autre rencontre bien désagréable avec l’ogre russe. Il détaille quelques points de stratégie et même d’interventions possibles où les Européens de l’OTAN pourraient tenir un rôle sans paraître trop ridicules et en évitant si possible cette drôle de chose qu’on nomme Troisième Guerre Mondiale :
« Le bloc ne peut pas se permettre un autre désastre de type afghan, encore moins sur le sol européen dans le conflit le plus important sur le plan géostratégique depuis la Seconde Guerre mondiale, et c'est pourquoi il ne restera pas les bras croisés pendant que l'Ukraine s'effondre s'il y a une chance crédible que cela se produise et que la Russie se fraye un chemin à travers les ruines. La seule raison pour laquelle ses membres planifient actuellement cette éventualité est que la victoire de la Russie dans la “course à la logistique”-“guerre de la logistique” la rend concevable dans le courant de l'année, bien qu'il ne faille pas non plus la considérer comme acquise. »
Je ne sais pas s’il importe d’être aussi catégorique dans la perspective de ce qui serait un face-à-face qui aurait de fortes chances de tourner à l’affrontement. Mais si ce scénario est effectivement appliqué, c’est alors que les choses deviendront extrêmement délicates, et certains de nos dirigeants européens ne s’en doutent certainement pas. Les Russes en position de vainqueur irrésistible, malgré les tendances de Poutine à l’arrangement, exerceront une pression formidable.
Qui auront-ils en face d’eux ? Un Macron qui ne cesse de jouer des rôles sans aucune conscience de ce qu’est le risque nucléaire. Pendant plusieurs mois au début du conflit, il a joué à l’arrangeur tout en considérant les Russes comme battus d’avance (quelle extraordinaire prescience !), jusqu’à être traité de complice de Poutine par les autres acteurs de ce simulacre-‘Fantasy’ monté de toutes pièces par l’OTAN-compulsif. Aujourd’hui, il aurait tendance à jouer le chef de guerre intransigeant formant une “Europe de la défense” qui laisserait sa marque dans l’histoire. Même vaincus, ces maîtres de la communication en simulacre se croient plus que jamais les vainqueurs, maîtres de la morale... Voire combien de temps les Russes le supporteront...
Le virage totalitaire de l’UE est ancien, il colle même à son ADN, et De Gaulle l’avait pressenti au moment de la commission Hallstein. Jusque-là elle a été lente cette Europe pantagruélique et elle découvre comme Tocqueville que le meilleur moyen d’établir sa dictature est la guerre ; la Russie comme pour Hitler ou Napoléon fournit l’adversaire idéal (vive la Pologne ou les pays baltes dont parlait déjà avec confiance Rumsfeld il y a vingt ans), et ce au moment où les insectes, les vaccins, les contraintes et l’esclavage numérique font leur apparition dans les cours de récréation sous l’œil bienveillant et malthusien de la cité totalitaire et affairiste de Davos.
Tocqueville a bien traité de l’épineux problème de la guerre en démocratie (elles le sont toujours en guerre, voyez mon texte sur Athènes et la Guerre du Péloponnèse°. Et cela donne – dans ce qui devrait être le livre de chevet de tout le monde (Tome II, 3e partie, ch. XXII) :
« Il n’y a pas de longue guerre qui, dans un pays démocratique, ne mette en grand hasard la liberté. Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d’une nation démocratique doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d’y parvenir est la guerre. »
Ici il est presque rassurant Tocqueville. On ne possède pas encore d’armée européenne (elle viendra cet été au moment des vacances après la réélection de l’Ursula ou de son successeur sinistre) :
« Après tout, et quoi qu’on fasse, une grande armée, au sein d’un peuple démocratique, sera toujours un grand péril ; et le moyen le plus efficace de diminuer ce péril, sera de réduire l’armée : mais c’est un remède dont il n’est pas donné à tous les peuples de pouvoir user. »
La clé de la guerre c’est la centralisation et l’accroissement du pouvoir civil ; Jouvenel reprendra cette argumentation dans son chapitre sur la guerre et le pouvoir (la démocratie s’adapte mieux à la guerre que les tyrannies ou les trop civilisées monarchies) :
« Le péril est d’une autre sorte. La guerre ne livre pas toujours les peuples démocratiques au gouvernement militaire ; mais elle ne peut manquer d’accroître immensément, chez ces peuples, les attributions du gouvernement civil ; elle centralise presque forcément dans les mains de celui-ci la direction de tous les hommes et l’usage de toutes les choses. Si elle ne conduit pas tout à coup au despotisme par la violence, elle y amène doucement par les habitudes. »
Stoltenberg et consorts nous ont promis une guerre ad absurdum, une guerre définitive (la population de l’Europe est déjà vieille et pauvre, et pas très équipée ou motivée) et éternelle, qui va durer trente ans alors que ni les conditions démographiques ou économiques, industrielles ou militaires, ne sont réunies. Mais le but est clair :
« Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d’une nation démocratique doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d’y parvenir est la guerre. C’est là le premier axiome de la science. Un remède semble s’offrir de lui-même, lorsque l’ambition des officiers et des soldats devient à craindre, c’est d’accroître le nombre des places à donner, en augmentant l’armée. Ceci soulage le mal présent, mais engage d’autant plus l’avenir. Augmenter l’armée peut produire un effet durable dans une société aristocratique, parce que, dans ces sociétés, l’ambition militaire est limitée à une seule espèce d’hommes, et s’arrête, pour chaque homme, à une certaine borne ; de telle sorte qu’on peut arriver à contenter à peu près tous ceux qui la ressentent. »
La cour des ambitieux se précipite. On voit à la télé française (je ne l’ai pas, on m’en parle) que les militaires, les journalistes et les politiciens adorent cette guerre contre la Russie comme ils adoraient celles contre l’Allemagne. Ce n’est pas pour rien : on va en profiter de cette guerre en haut lieu (voyez l’Ukraine) pour se remplir les poches et se doter « des pleins pouvoirs républicains » :
« Mais chez un peuple démocratique on ne gagne rien à accroître l’armée, parce que le nombre des ambitieux s’y accroît toujours exactement dans le même rapport que l’armée elle-même. Ceux dont vous avez exaucé les vœux en créant de nouveaux emplois sont aussitôt remplacés par une foule nouvelle que vous ne pouvez satisfaire, et les premiers eux-mêmes recommencent bientôt à se plaindre ; car la même agitation d’esprit qui règne parmi les citoyens d’une démocratie se fait voir dans l’armée ; ce qu’on y veut, ce n’est pas de gagner un certain grade, mais d’avancer toujours. Si les désirs ne sont pas très-vastes, ils renaissent sans cesse. Un peuple démocratique qui augmente son armée ne fait donc qu’adoucir, pour un moment, l’ambition des gens de guerre ; mais bientôt elle devient plus redoutable, parce que ceux qui la ressentent sont plus nombreux. »
On répète quand même :
« Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d’une nation démocratique doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d’y parvenir est la guerre. »
Nous avons une guerre interminable contre le terrorisme et ce, alors que les USA sont les protecteurs de l’islam intégriste ; et nous avons cette guerre mortelle contre la Russie qui, avec le coup de la Grèce, prend un air de choc des civilisations dirigé contre l’orthodoxie.
Espérons qu’il y ait un Dieu pour les chrétiens que nous ne sommes plus. Mais je ne sens rien dans cette situation que nous n’ayons déjà vécu dans le passé.
• Confidences furieuses d’un général israélien à la retraite qui suit pour le gouvernement l’organisation de l’armée depuis plusieurs années. • Le général Itzhak Brik considère que l’IDF est, à Gaza, dans un état de “chaos total” à cause de la privatisation de tous les services de soutien et de logistique qui fonctionnent d’une façon catastrophique. • Le principal ennemi d’Israël, ce n’est pas le terrorisme mais l’américanisation qu’elle suit depuis des décennies. • La “guerre de Gaza” menace d’être une seconde “guerre d’Ukraine”, à rôles inversés.
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En un sens, les opérations militaires israéliennes à Gaza ressemblent aux opérations militaires otaniennes (avec la “viande“ ukrainienne en plus) en Ukraine : une duplication totale de l’américanisation des forces armées et de la guerre et un échec complet des deux. Du côté de l’Ukraine, on s’en est aperçu depuis quelques temps ; du côté de Gaza, cela commence à être évident, – d’où le grand intérêt de ce texte-interview du général de division à la retraite Itzhak Brik, qui reste très actif dans le conseil et la supervision de l’armée israélienne. (Pour en avoir une idée, on précise qu’il a rencontré six fois Netanyahou depuis le début des opérations.)
L’intérêt des remarques de Brik, c’est qu’elles vont dans le dur. Elles concernent l’organisation, la coordination, la logistique, la capacité mécanique de renforcement, la capacité de réparation sur le champ de bataille, tous ces multiples domaines qui font qu’une guerre motorisée et industrielle modernes est faisable, et éventuellement gagnable, ou bien tourne à l’enlisement catastrophique.
Mieux encore, c’est-à-dire pire : il nous informe sur l’appel au secteur privé réalisé par ‘Tsahal’, méthodiquement depuis deux-quatre décennies, pour prendre en mans toutes ces tâches. Là encore, c’est un degré de plus dans le bourbier de l’américanisation, les USA (Rumsfeld et Wolfowitz notamment) ayant décidé la “privatisation” maxi de la guerre dès les quelques mois avant l’attaque du 11-septembre, et poussant une accélération décisive après cette attaque. Encore Brik ne s’étend-il pas trop sur la privatisation des combattants, dont les exemples sont légions dans tous les pays de l’Occident-compulsif.
Nous avons déjà largement exploré ce processus d’américanisation de ‘Tsahal’-devenue-IDF et des armements US remplaçant les équipements français à partir des années 1960, notamment avec des reprises et des mises à jour de textes anciens, les 14 décembre 2022 et 23 octobre 2023. Nous aimerions revenir également sur un homme-clef de ce processus, le seul qui s’y opposa, qui fut le ministre de la défense Moshe Arens... On retrouve des traces de sa triste histoire au travers de celles des ‘Patriot’, simulacres de la défense aérienne, et de l’avion de combat israélien ‘Lavi’.
« L’occasion initiale du texte que nous donnons (republication du 14 décembre 2022) en référence, c’est la deuxième guerre du Golfe (Irak), du printemps 2003, au cours de laquelle on parla également du Patriot, notamment de ses victoires contre des avions amis (‘friendly fire’). A cette occasion, on pouvait se remémorer avec quelle vigueur les USA défendaient le Patriot depuis la première Guerre du Golfe, ou, plutôt, entretenaient la narrative autour de lui. Le président Bush d’alors (Bush-père) avait particulièrement été conquis par les exploits du Patriot et les avait célébrés au cours d’une visite électorale, dans une usine du Massachusetts. On parlait alors d’une efficacité de 80% et plus de ces missiles contre les Scud et autres nuisances de Saddam, durant la guerre de janvier-février 1991. Ce point de l’efficacité du Patriot fut l’occasion d’un accrochage de Bush-père avec Moshe Arens, le ministre israélien de la défense, qui doutait grandement de l’efficacité des Patriot que les USA avaient déployés en Israël, notamment à Tel-Aviv et alentour.
Extrait d’un des articles cités dans le texte référencé, de WSWS.org, sous le titre «TV documentary: US lied about Gulf War missile “hits”» ; et ce passage, particulièrement, où il est question d’Arens…
« “Interrogé par The Fifth Estate, Arens déclara avoir dit à Bush que, dans le meilleur des cas, les Patriot avaient intercepté 20 % des Scuds, un chiffre qui s'est rapidement avéré généreux. Bush cherchait désespérément à prévenir la menace israélienne, qui aurait pu enflammer le Moyen-Orient. Il avait fait appel à des responsables du Pentagone, dont le secrétaire à la défense Richard Cheney, qui avait insisté sur le fait que l'armée américaine disposait de preuves fiables de son taux de réussite de “100 %”.
» “Mais à la fin de la guerre de 40 jours, 39 missiles Scud irakiens avaient frappé le territoire israélien, tuant deux personnes et en blessant des centaines d'autres, malgré les tirs constants des batteries Patriot opérées par les États-Unis près de Tel-Aviv. Les soldats américains furent également été victimes de la dissimulation des Patriot. Dans l'incident le plus grave, 28 soldats furent tués lorsqu'un missile Scud a frappé une caserne en Arabie Saoudite.”
» Arens contre le rabbin Zakheim
» Quelques années ans plus tard, dans un autre documentaire sur la Guerre du Golfe, Arens fut à nouveau interrogé sur les performances du Patriot. Cette fois, ce n’est pas 20% de succès du missile qu’il cita, mais bel et bien 0%. Le Patriot n’avait pas intercepté un seul Scud en Israël, – ou bien, selon les plus optimistes parmi les sources du ministères de la défense, un Scud sur 36. Arens confirma l’entretien avec le président Bush ; et il précisa que le président s’était mis dans une fureur considérable lorsque Arens lui avait expliqué la nullité technologique du système, et que le président lui avait intimé l’ordre de se taire. (Cela contredit l’interprétation de WSWS.org, selon laquelle Bush-père mentait sciemment en acclamant le succès des Patriot. Cela est, à notre sens, manifestement faux : les hommes-Système croit le Système et au Système ; entre les fiches techniques du Pentagone et de Raytheon, et un vulgaire ministre de la défense israélien, il n’y a certainement pas la moindre hésitation à entretenir, et le second est considéré avec le plus grand mépris.)
» Arens semblait amer, lors de l’interview que nous citons… Cet homme, Moshe Arens, fut l’un des derniers hommes politiques honorables d’Israël dans le domaine fondamental de la politique du point de vue de son pays et, dans tous les cas, le dernier à défendre la souveraineté de son pays, – non contre les masses terroristes et arabo-iraniennes, bien sûr, mais contre les USA, le Pentagone et le Système. Car c’est bien là qu’est le véritable affrontement. (On ne s’étonnera pas de voir, en son temps, Arens prenant furieusement position contre l’achat du JSF par Israël, en rappelant l’aventure brisée du Lavi et de la souveraineté israélienne.)
En 1984-86, Arens s’était battu de toutes ses forces pour sauver le projet d’avion de combat israélien Lavi, qu’il considérait comme un projet garant de l’indépendance et de la souveraineté nationales israéliennes. Il n’avait aucune chance. Il perdit et le Lavi fut abandonné, sous la pression formidable du Pentagone, qui ne voulait pas d’un concurrent du F-16 à l’exportation. L’homme qui réalisa la liquidation du Lavi en mettant Israël à genoux pour le compte du Pentagone est un rabbin américain (ou américaniste), Dov S. Zakheim, par ailleurs neocon et affairiste, et qui était à l’époque un des cadres des services de l’exportation au Pentagone. Dans son livre ‘Flight of the Lavi – Inside a US-Israeli Crisis’ (Brassey’s, 1996, Londres), Zakheim raconte ce que fut cette mission explicite de liquidation du Lavi, sa bataille à Tel-Aviv pour y parvenir. Zakheim et Arens nous montrent qu’il est sommaire de réduire toutes ces affaires à des antagonismes entre Israéliens et non-Israéliens et entre Juifs et non-Juifs.
Le combat fondamental d’Israël, qui règle le sort d’Israël, c’est son “américanisation”, qui se fit sur le terme, entre 1967 et 1986 (liquidation du Lavi). [...] ‘Tsahal’ était devenue plus conformément IDF (Israel Defense Forces). Il s’agit du Système en pleine surpuissance déstructurante… »
On voit la façon concertée et systématique dont s’est faite l’américanisation de ‘Tsahal’-devenue-IDF, qui est sans le moindre doute la source de tous les déboires que rencontrent les Israéliens depuis 1973.
L’article autour des déclarations du général Brik confirme cette tendance, et l’amplifie encore dans le cadre de la guerre moderne où tous les processus techniques et organisationnels jouent un rôle fondamental, – alors qu’ils ont été confiés à des entreprises privées dont le but essentiel est le profit, loin devant l’efficacité et le rendement au service des forces armées. On en est conduit à observer que, dans les conditions de “chaos total” décrites par Brik, l’armée israélienne risque de se trouver prise dans un embourbement sanglant sans pouvoir remplir sa mission, et soumise à des harcèlements constants qui vont épuiser le pays et créer une sorte de seconde “guerre d’Ukraine” avec les rôles distribués d’une façon originale... Mais, comme l’on voit, tant que Netanyahou tient, la censure triomphe.
L’article, dans ‘SputnikNews’, est de Ilya Tsoukanov, le 25 février 2024.
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Tel Aviv a lancé une invasion à grande échelle de la bande de Gaza le 27 octobre, trois semaines après que le Hamas a lancé ses raids surprises « Opération Al-Aqsa Flood » dans le sud d’Israël.
Les opérations de l’armée israélienne à Gaza sont dans un état de « chaos total » grâce à l’externalisation de ses services de logistique et de réparation à des entrepreneurs privés, a averti le général de division à la retraite de Tsahal Itzhak Brik.
« Il y a un désordre total dont les médias ne parlent pas », a déclaré Brik, un vétéran de la guerre du Yom Kippour en 1973 et de la guerre du Liban en 1982, connu pour ses critiques virulentes de l'organisation et de la culture modernes de Tsahal, au journal israélien en langue hébraïque. Maariv samedi.
« Derrière nos excellents soldats, c’est le chaos total. L’équipement, la logistique, la nourriture, tout ce qui doit être avancé ne fonctionne pas correctement, car l’armée a tout confié à des entreprises privées », a déploré l’officier supérieur à la retraite.
En donnant un exemple, Brik a mentionné que dans le système actuel, il n'y a aucune capacité en place dans l'armée qui pourrait réparer immédiatement les chars endommagés ou en panne et les renvoyer au front, avec des « dizaines » restant « bloquées jusqu'à ce qu'ils soient remorqués ».
« Bien sûr, les médias n'en parlent pas, mais ces choses-là ne fonctionnent pas », a déclaré l'ancien général, faisant référence aux lois israéliennes strictes de censure en temps de guerre, qui permettent à l'État de restreindre la couverture de sujets sensibles et peu flatteurs liés à l'armée israélienne. Conflit à Gaza.
Brik a déclaré qu’il avait rencontré Benjamin Netanyahu six fois au total depuis le début de la crise en octobre dernier pour discuter des problèmes de Tsahal. « Je lui ai dit que l’armée n’était pas prête à entrer immédiatement en guerre, car il y a des soldats qui ne se sont pas entraînés depuis cinq ans et il y a un manque de matériel. »
Selon l’ancien commandant, c’est son intervention personnelle qui a poussé l’armée israélienne à reporter de deux semaines son invasion de Gaza.
« Aujourd’hui, [Netanyahu] compte dans sa coalition des gens très radicaux qui le menacent et lui disent que s’il ne va pas dans leur direction, ils démantèleront le gouvernement, et le gouvernement est plus important pour lui que le pays. C’est notre principal problème », a déploré Brik.
Depuis qu'il a pris sa retraite de son poste de commissaire aux plaintes des soldats du ministère de la Défense il y a six ans, Brik est devenu un critique virulent du mauvais état de préparation de l'armée israélienne, suggérant en 2018 que « si une guerre éclate aujourd'hui, la guerre du Yom Kippour ressemblera à un voyage touristique ». En 2020, il a exprimé ses inquiétudes quant à la « perte de l’esprit combatif » de Tsahal, affirmant que les soldats étaient mal entraînés et manquaient de motivation et de volonté de se sacrifier. Début 2023, il avait prévenu que l’armée n’était pas prête à faire face à la menace d’attaques de missiles et de drones sur ses bases et qu’elle souffrait de graves problèmes logistiques en raison de la privatisation des services de l’armée. Le manque de transparence dans le recrutement des officiers supérieurs, une structure organisationnelle désordonnée de l'armée et le manque de responsabilité parmi les commandants constituent d'autres problèmes majeurs, a-t-il indiqué.
La guerre à Gaza est devenue le conflit le plus meurtrier impliquant Israël depuis la guerre du Liban de 1982, l'armée israélienne ayant confirmé la mort de quelque 578 soldats depuis le 7 octobre, dont 239 depuis le début de l'offensive israélienne dans l'enclave palestinienne assiégée. Israël a fait face à de lourdes pertes dans les chars et autres véhicules blindés au cours de son assaut, avec un rapport basé sur une analyse d'images satellite suggérant que quelque 88 véhicules blindés parmi les 383 envoyés dans le nord-ouest de Gaza avaient été portés disparus, pour un taux total de pertes possibles de près de 25 pour cent, à la mi-novembre 2023. Les Brigades al-Qassam du Hamas affirment avoir éliminé « des milliers » de soldats israéliens et détruit plus de 1 100 véhicules militaires, dont près de 1 000 chars Merkava, soit environ 45 pour cent des formidables forces blindées d’Israël.
Un nombre disproportionné de civils ont été tués dans le conflit, avec quelque 814 civils israéliens et plus de 29 600 résidents palestiniens de Gaza qui ont péri dans la crise à ce jour au milieu des frappes aériennes et des opérations terrestres punitives d'Israël, et plus de 7 000 autres sont portés disparus et présumés morts, et plus de 85 pour cent de la population de Gaza déplacée à l'intérieur du pays.
On ajoutera un élément de plus dans l’estime que nous avons pour Tulsi Gabbard qui est d’avoir les mêmes références fondamentales, pour l’essentiel pour elle (et pour nous en bonne partie) qu’est le destin de l’Amérique. Dans son discours tonitruant à la CPAC (‘Conservatice Political Action Conference’, regroupant chaque année les conservateurs activistes, des populistes et libertariens jusqu’aux inconditionnels pro-Trump, – autour duquel actuellement tous se regroupent), – dans ce discours, donc, Gabbard a cité (vidéo,11’40”) une référence qui nous est chère, effectivement fondamentale, qui est celle du Lincoln de 1838. (Merci à l’ami qui nous a signalé la chose.) C’est le 15 avril 2008 que nous citâmes pour la première fois le jeune Abraham Lincoln :
« ...Effectivement, seul le désespoir de l’américaniste répond à ces constats qui prennent acte d’un malaise qui vient du fond de l’histoire américaine, d’un malaise qui était sans doute une partie de la substance de l’Amérique dès son origine. Assez curieusement, ou bien d’une façon absolument révélatrice au contraire, cette idée rejoint celle d’un discours célèbre de Lincoln, rappelé récemment par Greil Marcus dans son livre ‘L’Amérique et ses prophètes’. C’est le premier grand discours du jeune (29 ans) Abraham Lincoln en tant qu’homme public, alors qu’il vient d’être élu Représentant de l’Illinois, discours du début de 1838 à Springfield: “A quel moment, donc, faut-il s’attendre à voir surgir le danger [pour l’Amérique]? Je réponds que, s’il doit nous atteindre un jour, il devra surgir de nous-mêmes. [...] Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant.” »
Ce que fait Gabbard avec cette citation, c’est de donner la mesure du drame crisique qui déchire aujourd’hui l’Amérique. Ce n’est pas la démocratie qui est en cause, mais bien le fait existentiel de l’Amérique, bien plus aujourd’hui que durant la Guerre de Sécession (‘Civil War’ pour eux) ; et comme l’on sait bien, la terrifiante crise de la frontière Sud, immigration illégale et drogue, dont nous parlions beaucoup hier, n’est pas la seule crise née de l’incroyable haine qui déchire l’Empire.
Cette affirmation est sans nul doute partagée par Donald Trump, avec lequel Gabbard vient d’avoir un entretien important lors d’une visite à la résidence de Trump en Floride, où les deux ont discuté des questions de sécurité nationale. Ainsi se trouve évidemment confirmée la rumeur qui fait de Gabbard, – déjà officiellement présente dans la liste des éventuels candidats vice-président, – la très possible candidate comme colistière (vice-présidente) du candidat Trump. C’est Joni Bryant, maître d’œuvre du programme the ‘917 Society’, groupe d’influence conservateur défendant le respect de la Constitution, qui a organisé cette rencontre.
« Le 20 février, le président Trump, candidat à l'investiture républicaine, a révélé lors d'une réunion publique organisée par Fox News à Greenville, en Caroline du Sud, que Mme Gabbard, une ancienne démocrate, figurait sur sa ‘short list’ de colistiers potentiels.
» Bien avant cette révélation, Mme Bryan avait été en contact avec Mme Gabbard pour qu'elle intervienne en tant qu'oratrice lors du gala annuel du groupe (‘917 society’).
» En ligne, certaines personnes ont suggéré qu'en apparaissant à Mar-a-Lago, Gabbard s'alignait plus directement sur le mouvement ‘Make America Great Again’ (MAGA) du président Trump.
» Ce n'est pas forcément le cas, a déclaré Mme Bryan, qui a ajouté : “Nous voulons que chaque Américain soit fier de la Constitution. Ce n'est pas une question de MAGA. C'est une question américaine fondamentale”.
A la réunion CPAC, Gabbard est apparue comme une des oratrices les plus acclamées, alors que sa participation n’avait été décidée que peu auparavant, et contre les normes habituelles caractérisant les orateurs de cette réunion. Démocrate jusqu’en octobre 2022, et plutôt à gauche puisqu’elle soutenait Sanders en 2016, elle a certes évolué mais assez modérément. Radicalement adversaire de la politiqueSystème et de son bellicisme (bien que, – ou parce qu’étant lieutenant-colonel dans la Garde Nationale d’Hawaï), néo-isolationniste et populiste, elle marque le nouveau mouvement de rassemblement des populistes de droite et des populistes de gauche aux USA.
Elle a eu un gros succès de foule à la CPAC, nettement supérieur a l’accueil qu’a reçu la conservatrice britannique Liz Truss (court et étrange ministre des affaires étrangères, puis premier ministre des quatre semaines), invitée d’honneur de cette réunion.
La présence de Gabbard au premier plan de l’actualité électorale est un événement que nous ne devons pas hésiter à qualifier de révolutionnaire s’il se concrétise en une candidature à la vice-présidence. Il l’est lorsqu’on sait d’où elle vient ; au début star incontestée du parti globaliste, – exactement et rien de moins car les temps changent très vite et si vite, – destinée à devenir une nouvelle Hillary un peu plus à gauche, elle a choisi un chemin de traverse complètement différent et y a laissé quelques plumes avec une impitoyable mise à l’index assortie d’une incroyable panoplie de diffamations.
Dès le mois de mars 2016 et son départ (démission) de la vice-présidence de la direction du parti démocrate (DNC) à cause de la corruption régnante, elle devient aussitôt une pestiférée, bien entendu à la solde des Russes selon les renseignements de la Vipère Lubrique & Impériale du parti, la sorcuère-Hillary. Son cas s’aggrave à la suite d’une visite qu’elle fait en Syrie où elle rencontre notamment le président Assad et en revient avec une description de la terrible situation du pays du fait de la guerre civile alimentée par les djihadistes sponsorisés par les USA autant que par les Français du maître de cérémonie Fabius.
Sa campagne de 2020 pour la désignation de la candidature démocrate pour la présidence est complètement sabotée, malgré qu’elle ait pulvérisé Kamala Harris lors du premier débat entre candidats. Elle abandonne et se rallie malencontreusement à la candidature de Biden, – elle ne nie pas avoir été jusqu’alors en termes amicaux avec lui, –mais son sort n’en est pas moins fixé et elle quitte la scène politique sans chercher à renouveler son mandat de député à la Chambre des Représentants.
Depuis, les temps ont diablement changé. Elle s’est reconverti dans une sorte de célébrité médiatique, largement aidée par Tucker Carlson et en évoluant de plus en plus vers un populisme antiSystème concrétisé par son départ du parti démocrate. Malgré des attaques nombreuses, essentiellement des démocrates, mais aussi de certains milieux d’extrême droite, elle parvient à s’affirmer à nouveau politiquement par ce biais médiatique et devient une voix antiguerre de première dimension.
Ses dernières prises de position n’ont soulevé quelque contradiction que pour la question de la crise de Gaza (au contraire de l’Ukraine où son opposition à la guerre est claire et nette). Nous restons très largement sur notre position énoncée le 10 janvier 2024 :
« C’est-à-dire que nous ne savons pas où nous en serons, disons dans 3-4 mois, lorsque la campagne électorale US aura fortement avancé, fixant les attitudes des uns et des autres selon l’évolution des évènements. Il est bien possible que la responsabilité énorme des neocon finisse par prendre le dessus sur tout autre considération, alors que leur comportement détermine, non plus un seul conflit local, mais l’ensemble des relations internationales et, directement, la sécurité nationale des États-Unis. Si, comme nous le faisons, nous jugeons cette attitude des soutiens aveugles à Israël comme particulièrement irresponsables, nous la jugeons également fragile en raison de la fluidité extraordinaire des évènements et des contradictions très vite insoutenables ; pour ce qui concerne le camp RFK et éventuellement Gabbard, une telle position pourrait très vite le céder au reste fondamental de leur politique dite “anti-impérialiste” qui forme l’essentiel de leur programme politique. On verra comment ils s’en sortiront et s’ils s’en sortiront.
» Note de PhG-Bis : « Le seul argument qui me semble irriter PhG est celui des habituels complotistes qui voient dans tout cela, – en plus du complot extrémiste à peine caché de Tulsi Gabbard dont les origines remontent aux Illuminatis tendance exotique-sous-continent indien d’avant la Révolution, – une fantastique et si habile manœuvre d’Israël pour emprisonner de leur côté et à leur côté toutes les tendances US, les neocon et leurs adversaires antiimpérialistes, et les mettre tous en faveur d’Israël. Mazette, quelle habileté et quelle grande capacité de professionnalisme ! PhG aurait tendance, en ce moment, à émettre quelques doutes sur toutes ces vertus opératives israéliennes... »
Gabbard étant désormais affirmée dans le camp de Donald Trump, surtout avec cette possibilité de devenir candidate vice-présidente, ce problème de la position vis-à-vis de la crise de Gaza se dilue dans la position de Trump condamnant à deux reprises les attaques israéliennes contre les Palestiniennes. Là aussi, le temps restant pour l’élection de novembre prochain verra bien des modifications dans la situation générale. Il faut noter que cette question de la crise de Gaza est un problème général pour le camp trumpiste avec une fraction non négligeable des trumpistes-populistes très favorable à Israël.
Nous restons sur le jugement que les gravissimes problèmes intérieurs US, assortis d’une hostilité de principe à des conflits extérieurs, vont tout emporter de certaines contradictions qui demeurent sur certaines crises spécifiques dont la crise de Gaza et les rapports avec Israël. Nous ne croyons pas que l’influence d’Israël puisse s’exercer, en puissance et en intensité, sur des problèmes mettant en cause la survie des États-Unis. Le temps où Netanyahou assurait pouvoir tout maîtriser de la politique US, y compris celui de la survie des USA, au profit d’Israël est passé ; – de même, peut-être certainement, que son propre problème de survie en Israël même.
Du coup, l’événement Gabbard acquiert toute sa puissance et, s’il conduit à une vice-présidence, – nous n’y sommes pas encore, – il constituerait un acte véritablement révolutionnaire de Trump... C’est justement pour cette raison que “nous n’y sommes pas encore”... Mais en arriver où nous en sommes désormais aujourd’hui est déjà en soi une véritable performance, en même temps qu’un signe et une confirmation que le Trump de 2024 est moins catastrophique dans le choix de ses collaborateurs que le Trump de 2016.
Note de PhG-Bis : « Pour l’essentiel de l’hypothèse traitée ici, ne vous y trompez pas une seule seconde, nous dit PhG en exclusivité confirmée par le Pentagone et Victoria Nuland : une Tulsi Gabbard candidate vice-présidente avec un Trump en mode-turbo par rapport à 2016 (voir sa victoire d'hier sur la ‘poor’ Nikki Haley dans son propre État de Caroline du Sud), ce serait une déclaration de guerre totale lancée à la figure des RINO républicains, du parti démocrate et des wokenistes, du Progressive Business et des globalistes, du Complexe Militaro-Industriel et de l’OTAN, du Système et, – en un mot décrit en une expression, – du “déchaînement de la Matière” ! »
Mis en ligne le 25 février 2024 à 11H45
• Biden ou Trump ? Encore un commentateur de haute volée pour donner son point de vue sur l’intérêt de Poutine et de la Russie dans le vote pour le prochain président des USA. • Fiodor Loukianov, personnalité éminente de la direction russe, estime que l’élection de Trump serait du plus grand avantage pour la Russie. • La question se pose-t-elle vraiment ? • Que ce soit Biden ou Trump, l’Amérique entrera dans le cœur brûlant de sa grande crise d’effondrement. • L’événement de la crise a d’ores et déjà dépassé l’événement de l’élection.
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On se rappelle, – il y a fort peu de temps puisqu’il s’agit du 21 février, – que nous posions à Poutine la question de savoir pourquoi il avait dit préférer, au nom des “intérêts de la Russie”, une victoire de Biden plutôt qu’une victoire de Trump en novembre prochain. Cette fois, nous lui posons la question de savoir pourquoi il ne préfèrerait pas une victoire de Trump, inspirés en cela par un texte du commentateur distingué Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de ‘Global Affairs’, président du Conseil sur la Politique étrangère et de sécurité et directeur des recherches au Club de Discussion Internationale de Valdaï ; bref, une plume qui compte.
Il fait une longue analyse du cas de la victoire de Trump, et surtout un portait psychologique assez juste du candidat républicain, permettant de déduire assez logiquement et justement quelle pourrait être son action s’il était élu. Le portrait est assez bien rendu par ce paragraphe, après avoir déterminé, ô sans grande difficulté, que Trump est un ‘businessman’ et rien que cela, et un ‘businessman’ qui, après une carrière consacrée à ses seuls intérêts personnels et familiaux, a mis dans le ‘business’ qu’il pratique, depuis 2015-2016, les intérêts des États-Unis d’Amérique. Tout cela n’est pas héroïque ni tragique mais c’est du solide et du sûr, – contrairement au personnage que les hystériques courants et grouillants font de lui. D’où le portrait :
« La mentalité d'homme d'affaires de l'ancien président est une qualité précieuse. Quelle que soit la dureté d'un homme d'affaires professionnel, son travail n'est pas de détruire mais de multiplier, faute de quoi l'entreprise elle-même perd son sens. Trump a été le premier président américain depuis longtemps (probablement depuis Jimmy Carter) à ne pas lancer une seule nouvelle campagne militaire. Sa rhétorique acerbe en matière de politique étrangère, avec ses attaques cinglantes contre ses adversaires, s'accompagne toujours d'un prudent retour en arrière. Il est prudent et hésite à intervenir dans des situations aux complications incompréhensibles. »
Ce portrait concrétise l’idée qu’avec Trump la politique étrangère des USA sera moins agressive et moins provocatrice que celle des démocrates, – et des républicains-RINO, ou neocon, de Bush à Bush et de Clinton à Obama. Ce n’est pas une révélation sensationnelle mais c’est un constat mesuré qu’il est bon d’exposer aux hystériques déjà signalés. Cela fait un argument pour juger qu’une élection de Trump serait intéressante pour la Russie.
Un autre argument, que Loukianov place en premier, et qui l’est certainement en importance parce qu’il englobe tous les autres, concerne justement le climat des hystériques qui s’est mis en place dans le plus formidable déchaînement de haine politique qu’on ait connu, dans de telles conditions d’affrontement civil, de tous les temps modernes.
Note de PhG-Bis : « C’est une curieuse compétition à évoquer mais je ressens la sensation, et en juge ainsi, que, toutes choses égales par ailleurs, la texture et l’intensité de la haine anti-Trump aux USA, suivis par les troupeaux européens et bêlants, dépasse la haine anti-Hitler telle qu’on l’a connue durant la vie politique du ‘Führer’. »
En conclusion, Loukianov écrit donc, pour résumer son propos des avantages qu’il y aurait pour la Russie à voir Trump élu, et justement dans l’ordre qui importe pour l’importance de la chose :
« Ceux qui pensent que Moscou favorise Trump n'ont pas tout à fait tort, mais ce n'est pas parce que le challenger a un parti pris pro-russe. Car ce n'est pas le cas, [Trump ne s’intéressant pas fondamentalement à la Russie].
» Si le candidat républicain probable finit par l'emporter, deux scénarios sont possibles. Le premier est un combat désespéré à Washington, où beaucoup d'énergie sera dépensée dans des luttes entre partis et à l'intérieur des partis. C'est à l'avantage de la Russie, car l'attention de l'ennemi sera détournée.
» Le second est que la réapparition de Trump, malgré toutes les circonstances extrêmement défavorables, signifie le début d'un véritable changement dans le positionnement international de l'Amérique , – vers un agenda plus étroit et un choix de priorités plus pragmatique, ouvrant de nouvelles opportunités pour le reste du monde. »
Et, pour introduire un commentaire plus général sur l’argument de Loukianov, nous rappellerons ces remarques que nous fîmes dans le texte du 21 février 2024 déjà référencé plus haut. Le thème en était donc “Pourquoi Poutine préfère-t-il que Biden soit élu ?”
« Finalement, l’hypothèse la plus passionnante et la plus séduisante, mais la plus improbable si l’on considère le caractère de prudence de Poutine, nous l’avons trouvé dans un commentaire d’un lecteur de RT.com, et surtout dans cet article (16 février) de ‘Pravda.ru’. En gros, cela revient à dire : gardons Joe encore quatre ans, et il foutra l’Amérique par terre, selon la fameuse sentence d’Obama (“Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de Joe de foutre la merde”), – titre et sous-titre de l’article référencé en toute liberté de la presse :
» “Poutine veut que Biden reste au pouvoir pour provoquer la chute de l'empire américain
» “Poutine préfère Biden parce qu'il est en train de ruiner l'Amérique de l'intérieur”. »
Si l’on veut bien mettre de côté l’idée de l’apaisement relatif de la politiqueSystème avec Trump, – sans nous dissimuler que ce n’est pas rien mais que c’est loin d’être tout, – on découvre à la lumière de nos références auxquelles nous faisons bonne confiance, que l’on débouche sur la même situation avec les deux élus : le désordre inouï entretenu par une haine totale, et la décomposition des Etats-Unis qui s’ensuit sous le coup de crises dévastatrices dont aucune n’est traitée à cause de cette haine suicidaire. Les deux hommes, Biden et Trump, ne sont que les émanations inévitables des deux extrêmes de la haine qui déchire l’Amérique.
La crise de la frontière Sud est un bon point de référence et de fixation de notre prévision évidemment catastrophique, avec le chiffre fantastique de 7,3 millions d’illégaux entrés aux USA depuis que Biden est président, – et jusqu’à 10 millions en prenant les autres entrées illégales que celles de la frontière Sud, – et un trafic colossal d’une drogue qui fait du Covid une menace folklorique (la fentanyl bien sûr, dont le gouverneur du Texas Abbott vient d’annoncer que 15 000 kilos en avaient été saisis sur la frontière en 2023, – de quoi éliminer toute la population des USA). Cette crise empirera d’une façon ou l’autre, quel que soit l’élu, évidemment dans le sens où on la voit déjà empirer et des deux façons qui chacune s’opposent à l’un et l’autre candidat ; en bref, la crise proliférera quel que soit le président, dans les deux sens opposés, empêchant ainsi toute résolution... Observez déjà des signes de la rapide contamination du désordre dans une situation où le pouvoir fédéral est paralysé par ses problèmes de personnel incompétent et médiocre, de corruption et d’idéologie.
• Dans ce désordre placez par exemple les initiatives des gouverneurs d’une coalition de 27 d’entre eux pour soutenir le Texas, gouverneurs républicains qui sont du côté de Trump. Les États qui ont commencé ou vont commencer à envoyer au Texas des contingents de Gardes Nationaux, – en nombre réduits [entre 50 et 150 Gardes] pour l’instant dans l’intention d’abord de concrétiser leur solidarité opérationnelle, – sont le Dakota du Sud, la Louisiane, la Floride et l’Indiana.
« La gouverneur du Dakota du Sud. Kristi Noem a ordonné aux troupes de la Garde nationale de l’État de se déployer à la frontière sud pour aider le Texas à faire face à des vagues record d’immigration clandestine.
» Noem, une républicaine, a déclaré que 60 soldats de la Garde nationale du Dakota du Sud seraient déployés à la frontière entre les États-Unis et le Mexique plus tard ce printemps, sur une base continue sur une période de trois mois.
» “La frontière est dans une zone de guerre, donc nous envoyons des soldats“, a déclaré Mme. Noem le 20 février. » [...]
« Dans une décision récente, le gouverneur de la Louisiane. Jeff Landry, un républicain, a déclaré que son État enverrait 150 soldats de la Garde nationale, qui travailleraient en trois rotations de 50 hommes, pour un déploiement de 90 jours au Texas.
» “Parce que le président ne fera pas son travail, parce que le gouvernement fédéral n'agira pas, parce que le Congrès refuse de mettre en place un plan d'immigration solide qui protège ce pays et permette aux gens d'entrer et de sortir de ce pays comme cela a été fait. depuis le début, les États vont agir”, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Baton Rouge. »
• D’un autre côté, l’énorme crise de l’immigration accompagnée de celle de la drogue-tueuse touche désormais toutes les grandes villes des USA, principalement dans les États progressistes qui suivent la politique extrémiste et ont déclaré leurs “villes ouvertes” sur leur territoire, donc non contrôlées pour la circulation des illégaux avec les contingents de la mortelle fentanyl qui se glissent dans cette circulation incontrôlée.
Voyez sur tweeterX un instantané de la situation à New York, la ville-phare de l’américanisme au sein d’un des États les plus progressistes (démocrates) des USA
« Ces dernières semaines, New York a été submergée par une vague de crimes commis par des immigrés clandestins.
» L'attaque contre la police à Times Square, la fusillade à Manhattan, une série de vols à Brooklyn, tout cela est l'œuvre d'immigrés illégaux.
» “Ce qui se passe dans les pays du tiers monde se produit dans les rues de New York, tous les jours, dans n'importe quel quartier, sans aucune conséquence”, a déclaré Vickie Paladino, membre du conseil municipal de New York, originaire du Queens. »
... Où l’on voit en effet, par simple logique des antagonismes de haine et des répartitions géographiques de plus en plus illustratives de ces antagonismes, que les deux candidats hériteront d’une situation dont le caractère explosif aura été minutieusement préparé par le laxisme et l’impuissance de l’administration Biden d’un côté, de l’autre par l’abattage irrésistible et provoquant d’un Trump de presque 80 ans qui en paraît 60.
• Un Biden, même sur un brancard, restera un Biden totalement contrôlé par les extrémismes de son hyper-gauche globaliste.
• Un Trump réagira en ‘businessman’ : pour lui, les États progressistes qui s’opposent à lui deviendront des freins à l’ordre et à la prospérité. Il les combattra de toutes ses forces, appuyé sur la coalition des gouverneurs “rouges” (paradoxale couleur des États républicains sur les cartes électorales).
Cela conduit finalement à la conclusion que le choix de préférence énoncé pare Poutine n’a pas grande importance. Quel que soit l’élu, le fait même de l’élection suscitera une accélération majeure de la crise intérieure du système de l’américanisme. Le président russe se trouvera dès lors, comme le reste du monde d’ailleurs, devant l’événement majeur de la GrandeCrise : dans un système dont les structures pourries sont essentiellement américanistes, un effondrement accéléré de la matrice de l’américanisme.
Cela s’appelle “le Moment de Vérité”. « L’événement de la crise a d’ores et déjà dépassé l’événement de l’élection » : cela signifie que l’élection ne sera que le détonateur qui permettra à la crise d’exposer tous les effets de son extrême puissance d’ores et déjà prête à exploser. Nous n’en serons plus à chercher des traces éparses de vérité-de-situation ni à gratter des fonds de tiroir pour livrer quelques armes à un Zelenski en train de fixer sa résidence secondaire, mais bien à affronter le moment fatal du basculement de l’histoire dans la métahistoire. Il est vrai que cette période se prête aux descriptions les plus sombres chez ceux qui, désespérément, gardent les yeux ouverts pour mieux comprendre ce que chacun a à subir dans cet immense tourbillon crisique.
Ces phrases terribles du sombre Lucrèce, le philosophe le plus angoissé de la Rome qu’on imagine en train de perdre son empire sur elle-même après l’avoir établi sur le monde ne caractérisent-elles pas le sort du citoyen de la Grande République devant la perspective d’un choix inutile, comme si la métahistoire avait déjà décidé de son sort ?
Lisez ces lignes et ces mots et demandez-vous s’ils ne parlent pas d’eux, – et de nous tous en même temps :
« Si seulement les hommes, qui ont bien, semble-t-il, le sentiment du poids qui pèse sur leur esprit et les accable de sa pesanteur, pouvaient aussi comprendre l’origine de ce sentiment, d’où vient cette énorme masse de malheur qui oppresse le cœur, ils ne mèneraient plus cette vie dans laquelle, le plus souvent, nous le voyons, personne aujourd’hui ne sait vraiment ce qu’il veut, où chacun cherche toujours à changer de place comme s’il était possible par là de déposer le fardeau qui pèse sur nous ! Tel, souvent, sort d’une vaste demeure pour y rentrer sans tarder, découvrant qu’il n’est pas mieux dehors. Le voilà qui court en hâte vers sa maison de campagne, à bride abattue, comme s’il volait au secours de son logis en flammes ! Dès qu’il en a touché le seuil, il bâille, ou sombre dans un profond sommeil, en quête d’oubli — à moins qu’il ne regagne précipitamment la ville qu’il lui tarde de revoir. C’est ainsi que chacun se fuit soi-même, et cet être qu’il nous est impossible de fuir, auquel malgré soi, on reste attaché, on le hait — on est malade et on ne comprend pas la cause de son mal. »
Mis en ligne le 25 février 2024 à 17H20
Grand nostalgique, l’écrivain James Fenimore Cooper encense les indiens et rejette le monde moderne.
Nous avons déjà relié son œuvre à celle de Tolkien, les indiens en voie de disparition y tenant les rôles des elfes, êtres supérieurs en voie d’exil et d’extinction.
Dans son grand livre la Prairie perdue, l’universitaire Jacques Cabau écrivait :
« Là, gentleman-farmer éclairé, véritable squire à l’anglaise, il devient le prototype même de ces princes qui gouvernent alors l’Amérique, de cette nouvelle aristocratie qui s’est révoltée contre le roi d’Angleterre parce qu’elle se sait destinée au gouvernement des masses. Le drapeau frappé de treize étoiles flotte depuis quelques années seulement. On n’a pas encore inventé le dollar. On trace les plans d’une capitale digne de treize Etats fédérés. Aucune frontière ne borne l’ambition de ces trois millions d’Américains, fiers de leur liberté et de leurs sept cent mille esclaves. Mais la fédération des treize Etats si différents n’est pas encore une nation. L’esprit colonial y perpétue les traditions et les préjugés sociaux de la vieille Europe. »
Lothrop Stoddard et Madison Grant (cités dans un passage crypté de Gatsby – que j’ai commenté ici) ont dressé un portrait enchanté de cette Amérique coloniale que le premier comparait au monde grec. Borges aussi encensa ce grand nombre de génies (Poe, Emerson, Hawthorne, Thoreau, Whitman, Melville, etc.) qui vont tous ou presque rejeter l’involution du monde moderne. Mais Fenimore Cooper est le premier à rejeter l’involution de son pays (c’est vrai que pour en arriver à cet océan de laideur urbaine, à Biden et à l’invasion migratoire, au wokisme, à la dette immonde et aux néo-cons…).
Cabau note:
« L’Amérique n’est alors ni une démocratie idéale, ni un paradis né des utopies du XVIIIème siècle. Il y a vers l’Ouest des pionniers qui défrichent, des trappeurs qui explorent; il y a dans le Nord des communautés utopiques et des exaltés qui parlent d’égalité et de droits de l’homme. Mais ces gens-là ne comptent guère ; on les méprise même dans la bonne société des planteurs sudistes et des négociants du Nord. »
On est encore dans une société aristocratique :
« Dans cette société encore coloniale où les grands propriétaires et les négociants viennent de conquérir l’indépendance pour prendre le pouvoir et imposer leurs intérêts, les privilèges sociaux rendent la naissance tout aussi nécessaire qu’en Europe. Pour avoir sa place, il faut être bien né. Cooper a tous les traits de cette nouvelle classe dirigeante, austère, très consciente de ses devoirs comme de ses droits, et qui donne l’exemple de la morale, de la dignité et du courage parce que son pouvoir est, comme la démocratie qu’elle institue, d’essence paternaliste. Comme Sir Walter Scott, son maître en littérature, Cooper est homme d’ordre, assez intolérant dans ses opinions théologiques, politiques et sociales, et très conventionnel dans ses goûts. Il s’intéresse peu aux arts, lit de préférence des traités d’histoire, de géographie, ou des récits de voyages, dont il est friand. »
Fenimore Cooper redoute cette immigration EUROPEENNE qui va détruire le pays (Tocqueville parle de la menace de masses socialistes européennes immigrées à Philadelphie) :
« II est surtout féru de droit. Car ce grand propriétaire foncier, habile gérant de ses terres, s’inquiète des libertés qu’on laisse aux immigrants de s’approprier les terres qu’ils défrichent. Cooper souhaite qu’au lieu d’éparpiller les terres défrichées aux mains des petits colons, on les rassemble en latifundia, en grand domaines. »
Fenimore Cooper s’exile en Europe comme bien des grands auteurs US (Henry James, Hemingway, Fitzgerald…) ; et quand il revient notre aristocrate écologiste peut sangloter :
« Mais il lui faut déchanter, en 1833, quand il rentre en Amérique. Installé à Cooperstown, il découvre une Prairie ravagée par les pionniers, les terres distribuées à l’encan, un gaspillage de toutes les richesses naturelles, en particulier de la forêt. Il dénonce l’erreur d’une société de plus en plus démocratique, de plus en plus urbaine et industrielle, qui sape ses fondements naturels, et gaspille ses ressources en s’engageant à un rythme trop rapide dans une conception contestable du progrès. Ses attaques contre l’Amérique, ses luttes avec une presse trop librement critique, ses procès enfin contre les défricheurs de terres et les immigrants lui valent une réputation de réactionnaire et d’aristocrate européen. Malgré le succès de ses romans, sa popularité en souffre. Comme sir Walter Scott, et pour les mêmes raisons politiques, quand Fenimore Cooper meurt, en 1851, il est brouillé avec la nation américaine dont il a pourtant, le premier, exprimé les traits les plus profonds. »
Nous avons écrit un texte sur le rapport de Fenimore Cooper à la presse. La typographie aura été le plus grand ennemi de la civilisation (effondrement qualitatif) et aujourd’hui de l’humanité. Jacques Cabau ajoutait même sur ce rejet élitiste des « modernes » qui nous fait préférer les indiens (voir Schuon) : « Les Pionniers, premier volume écrit, est le plus réaliste, le plus documentaire, qui décrit Templeton en fait Cooperstown village de pionniers. Natty Bumppo, vieilli, maussade et bavard, vit là, dans une hutte aux abords de la ville Natty est devenu une sorte de hors-la-loi. Il braconne, menace la maréchaussée, se fait arrêter par le shérif, mettre au pilori, ne cesse de se révolter contre la civilisation qu’il hait parce qu’elle a anéanti la forêt, c’est-à-dire la liberté. Avec la Prairie, qui décrit les derniers jours de Naty Bumppo, le mythe prend toute son ampleur. Au seuil de la mort, le vieux trappeur octogénaire maisencore valide, médite sur l’ensemble de sa vie, Seul avec Hector, son vieux chien édenté qui va le devancer dans la mort, il a fui la civilisation jusqu’au plus profond de la Prairie, sur les contreforts des Montagnes Rocheuses, où acculé au Pacifique, il se dresse soudain dans l’éclat du soleil couchant, et meurt en criant ce mot cryptique et splendide : Here! Ainsi s’achève une vie qui n’a été qu’une longue fuite devant la civilisation, et qui pose le problème de la marche vers l’ouest et de la disparition de la Frontier. »
On découvrira notre livre sur les westerns et on reverra avec profit et enchantement le célèbre documentaire Koyaanisqatsi en voyant le chaos cauchemardesque qui caractérise aujourd’hui l’Amérique à Biden.
• https://www.dedefensa.org/article/de-thoreau-a-koyaanisqatsi-la-civilisation-comme-apocalypse
• https://www.dedefensa.org/article/james-fenimore-cooper-et-le-grand-patriarche-indienhttps://www.amazon.fr/Tolkien-dernier-gardien-Nicolas-
Bonnal/dp/1973276747/ref=sr_1_1?qid=1694945976&refinements=p_27%3ANicolas+Bonnal&s=books
&sr=1-1
• https://www.amazon.fr/GRANDS-WESTERNS-AMERICAINS-approche-
traditionnelle/dp/198318294X/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&
crid=1DHBWN2RPTWMV&keywords=bonnal+westerns&qid=1694945992&s=books&sprefix=bonnal+we
sterns%2Cstripbooks%2C109&sr=1-1
• Une intervention remarquée en Russie, de la part d’une jeune Italienne, qui étudie à Moscou et demande à Poutine de faciliter toutes les mesures pour les étrangers voulant s’“impatrier” en Russie. • On pourrait comprendre “trouver une nouvelle patrie” en Russie, mais cela doit à notre avis être lu différemment. • Ce terme, ce débat, cette perspective renvoient à la bataille finale à laquelle nous assistons, entre la modernité et la Tradition (ou néo-Tradition). • Une appréciation et une interprétation fondamentales caractérisant la GrandeCrise.
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Les élites russes, sous l’impulsion d’un Poutine qui en a fait un des fondements de sa politique, travaillent avec vigueur sur la question de la Tradition.
Note de PhG-Bis : « Nous utilisons ce terme consacré de “Tradition” d’une façon arbitraire mais pour nous très significative, dans le sens du rassemblement de toutes les valeurs traditionnelles, hors de toute référence religieuse spécifique, contre la marée déconstructurante des contre-valeurs de la modernité ; si l’on veut, selon un point de vue très large, dans un sens “guénonien”. On verra plus loin qu’on peut utiliser un arrangement sémantique pour signaler une chronologie crisique en cours, en parlant de néo-Tradition. »
Une place importante est faite à une intervention d’une étudiante italienne incluse dans les travaux du ministère russe des affaires étrangères, Irene Cecchini, – avec d’autres qui vont implicitement dans le même sens, comme celle de Tara Reade, citoyenne américaine et victime sexuelle du vertueux Biden réfugiée en Russie. Cecchini se veut la promotrice d’une campagne nouvelle, dite de l’“impatriation”, qui est le concept contraire d’“expatriation”, mais les deux termes employés comme on le verra dans un sens spécifique très différent.
« La proposition de rationaliser le processus de naturalisation pour les candidats qui partagent les valeurs traditionnelles russes, de s'installer dans le pays et d'obtenir la citoyenneté, émane d'Irene Cecchini, étudiante italienne à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO). “Ce serait bénéfique pour la Russie, car ces personnes apporteraient de nouvelles compétences, seraient des entrepreneurs”, dont l'apport contribuerait également à accroître la population et à stimuler l'économie, a expliqué l'étudiante en s'adressant à M. Poutine en russe.
» M. Cecchini a suggéré qu'un nouveau terme, “impatriation”, soit introduit pour décrire “le fait de s'installer dans un lieu de résidence permanent en Russie sur la base de valeurs culturelles, traditionnelles et familiales”. L'Italienne, qui étudie au MGIMO depuis quatre ans et a appris le russe en partant de zéro, s'est plainte au président que ses tentatives pour obtenir un passeport russe étaient restées vaines jusqu'à présent. »
On sait que Poutine est très favorable à cette sorte d’initiative et il est évident qu’il doit répondre à la requête de Cecchini, dans le cadre d’une politique maximale d’“impatriation”. Cela ne peut étonner nos lecteurs qui nous suivent depuis plusieurs années, depuis que nous mettons l’accent sur la position très singulière de la Russie dans la lutte pour la défense de la Tradition, – la dernière fois indirectement le 23 septembre 2023, ou bien le 26 décembre 2021, peu avant la guerre en Ukraine, et pour la première fois de façon explicite dans ce texte souvent cité autour d’un commentaire de Patrick Buchanan du 18 décembre 2013 :
« Qui connaît un peu Patrick Buchanan, celui-là sera troublé et intéressé, stupéfait dans un premier temps, finalement écartant cette surprise inutile et dépassée, en lisant le commentaire de Buchanan du 17 décembre 2013 sur le site ‘UNZ.com’ qui reprend les textes originaux et importants de personnalités US, – et commentaire de Buchanan sous ce titre : “Is Putin One of Us?” Buchanan fut le speechwriter de Nixon, partisan de Reagan, républicain et conservateur traditionnel anticommuniste et viscéralement antirusse durant l’essentiel de sa carrière, devenu “paléo-conservateur” pour se distinguer des “néoconservateurs” [...] Dans le texte cité, où question vaut réponse positive évidemment, Buchanan fait de Poutine le porte-drapeau d’un mouvement mondial, transnational, contre les ravages du “progressisme” ou “libéralisme” (ce que nous nommons le “progrès”-Système dans notre F&C de ce même 18 décembre 2013, qui constitue un excellent complément pour ce commentaire de Buchanan, – ou bien est-ce le commentaire de Buchanan qui constitue un complément par le fait d’une application concrète du discours de Poutine). »
Poutine et la Russie n’ont cessé d’accentuer cet aspect de la Russie défenderesse de la Tradition, notamment et essentiellement avec la guerre en Ukraine qui est clairement désigné comme une “guerre métaphysique” (selon le mot de Douguine) de la Tradition contre la modernité déconstructurante. En même temps s’est développé un très fort courant d’émigration vers la Russie à cause notamment, sinon essentiellement, de son point de vue sur la Tradition et ses valeurs.
C’est à ce propos, bien sûr, que l’Italienne de Moscou Cecchini emploie le mot d’“impatriation”. Le mot existe déjà mais dans un emploi assez banal sinon étriqué et médiocre. On donne quelques exemples qui ont un rapport avec l’Union Européenne, donc qui sont nécessairement “banals, sinon étriqués et médiocres”.
« Un impatrié est un salarié ou un individu expatrié rentré dans son pays d'origine, notamment dans le cadre de son parcours professionnel, en dehors d'une situation d'urgence (on parle alors de rapatrié).
» Dans le contexte professionnel, l'impatriation consiste pour une entreprise à faire venir des collaborateurs étrangers en France, pour répondre à un besoin de compétence et de main-d'œuvre, et très souvent à une recherche de maîtrise des coûts. Un impatrié est alors un salarié étranger en France.
» Pour les ressortissants de l'Union européenne, l'impatriation est facilitée par l'absence de besoin de permis de travail pour un nombre croissant de pays et de métiers. Par ailleurs les cotisations sociales peuvent être payées dans un pays autre que celui d'exercice de l'activité. »
L’emploi du mot parvient même à abaisser, sinon désacraliser le concept de “patrie” qui en est sa racine au départ spirituelle, – et, par conséquent, désacraliser le mot “nation” qui est du même domaine. Il s’agit d’une dérive bien entendu économiste, c’est-à-dire moderniste, et bien entendu globaliste. Le phénomène russe offre un tout autre sens, où impatriation signifie de facto que ni la “patrie”, ni la “nation” n’ont plus du tout l’importance qu’ils avaient puisqu’ils ont été privés de leur essence spirituelle par la modernité globaliste. (Il ne faut pas non plus, selon notre approche, définir le mot comme “trouver une nouvelle patrie en Russie”. Nous dépassons cette sorte d’appréciation, quelle qu’en soit la cohérence.)
En quelque sorte, impatriation dans ce nouveau sens implique d’offrir quelque chose de spirituellement élevé qui remplace patrie et nation devenues d’abjectes caricatures d’un passé détruit par la modernité. Il oppose à cet holocauste du sens que la civilisation offrait une nouvelle perspective qui est celle du sens qu’offre la Tradition (ou néo-Tradition, pour la facilité sémantique de suivre la chronologie métahistorique) ; non pas un retour au passé (où la Tradition majusculée ne peut se situer puisqu’étant par essence un concept hors du temps historique), ni même une résistance à une destruction achevée, mais bien une dissidence totale offrant un rassemblement qui s’impose en provoquant naturellement par sa simple existence une structure destructrice de la modernité ; une structure déconstructurante de la déconstructuration moderniste.
Ce n’est donc pas, comme on l’a déjà dit, une démarche d’adoption de la Russie comme nouvelle patrie, même si le processus passe par cette voie, mais une démarche qui utilise la Russie comme moyen de retrouver une forme nouvelle, postmoderne, de la Tradition en néo-Tradition. Que les Russes en tirent avantage, que la Russie en sorte renforcée, c’est une évidence inévitable ni d’ailleurs déplorable, mais ce n’est en aucun cas l’essentiel. De ce point de vue, la Russie montre assez bien elle-même qu’elle est capable d’accueillir des communautés ethniques, culturelles, religieuses, qui sont d’ethnies, de cultures et de religions différentes de la sienne sans leur porter la moindre atteinte. Ce n’est plus de la géopolitique classique, comme cela semblerait être selon le mode de pensée moderniste, mais bien une “géopolitique métaphysique”’ comme définie par Douguine.
Le résultat est un bouleversement de la notion d’identité, qui n’est plus définie par la dimension nationale ou patriotique dans le sens perverti par la modernité, mais qui l’est par la Tradition perçue comme un concept qui ne se définit plus par ces notions modernes devenues soudainement vieilles par subversion. C’est effectivement rejoindre la question basique, en répondant par l’affirmative, à la question posée par Buchanan il y a déjà onze ans : « Poutine est-il l’un des nôtres ? ». Chacun peut y répondre en-dedans soi, sans nécessairement “s’impatrier” en Russie même, mais en sachant que la Russie telle qu’en elle-même aujourd’hui est la référence nécessaire à cette nouvelle forme d’identité.
Dans un même élan, les notions telles que “démocratie”, “idéologie”, “droits de l’homme” et toutes les formes de déconstruction sociétale que nous imposent les composants de la modernité globaliste deviennent des instruments de l’ultime perversion de cette même modernité globaliste. Il n’est pas nécessaire du tout de tenter de se définir par rapport à eux (pour ou contre), il est tout à fait nécessaire de ne plus les considérer, – de les “canceller” en un sens, comme fait la modernité wokeniste, – à cause de leur compromission totale, de leur capacité universelle de nuisance par contagion comme l’est un virus, – ou comme l’est un vaccin prétendument fabriqué pour lutter contre un virus, diront certains.
On comprend évidemment combien une telle orientation introduit de confusion pour les individus face aux choix divers auxquels ils sont confrontés. Certaines positions qui semblaient évidentes et naturelles selon une vision patriotique et nationale, deviennent perversion complète à cause de la perversion des concepts de nation et de patriotisme. C’est à ce point qu’il faut savoir tirer son épingle du jeu, c’est-à-dire notamment de conserver ce qu’il y avait de vertueux dans la nation et le patriotisme (sa nation et son patriotisme) et de le transférer au concept de la Tradition, – ou disons, pour s’adapter au champ chronologique, au concept de la néo-Tradition.
Il faut savoir, pour cette sorte de choix, reconnaître où se trouvent les vices fondamentaux de la modernité, dont le premier sinon l’unique est la corruption sous toutes ses formes, et surtout la corruption psychologique qui désarme l’esprit devant les tentations et les simulacres de la modernité. La confusion est très grande, mais très également est la panoplie des infamies de la corruption que l’on doit savoir aisément reconnaitre. Tout cela suppose, non pas une nouvelle forme de pensée comme si l’on était dans une géopolitique normale, mais une nouvelle façon de penser que permet l’exploration d’une géopolitique métaphysique.
Mis en ligne le 23 février 2024 à 18H10
À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes à quelques heures d’un événement capital : la publication de la riche, longue et inédite interview de Tucker Carlson avec Vladimir Poutine, pour laquelle Tucker s’est envolé pour Moscou et qui a mis en émoi l’ensemble de l’establishment médiatique des États-Unis et de l’Union européenne depuis plusieurs jours.
Les interviews de Poutine sont très agréables, surtout si elles sont riches, longues et non coupées. Poutine ne supporte pas volontiers les imbéciles, c’est pourquoi les groupes de Mickey Mouse tels que CNN, MSNBC et, maintenant, Fox, ne sont pas autorisés à franchir les portes géantes, richement dorées et sculptées du Kremlin de Moscou. Mais Tucker n’est pas dupe ; c’est une force journalistique avec laquelle il faut compter. Il n’en reste pas moins qu’une interview est une interview et que Poutine dira très probablement ce qu’il dit depuis le début, peut-être avec quelques précisions et embellissements.
Les crânes d’œuf géopolitiques les plus conspirationnistes y voient plus qu’un simple voyage rapide pour obtenir une interview. Tucker, disent-ils, est un messager secret. De la part de qui ? Trump, bien sûr ! Qu’est-ce que Trump voudrait transmettre à Poutine ?
Ce que Trump veut, c’est s’assurer de gagner l’élection présidentielle cet automne, et un moyen d’y parvenir est de faire paraître Biden non seulement mauvais, mais pire que mort et tout aussi malodorant. Trump aimerait un glissement de terrain massif, une prise de contrôle par les Républicains des deux chambres du Congrès et la possibilité de balayer tous les Démocrates de toutes les fonctions fédérales.
Et ce que Tucker pourrait vouloir, ou ne pas vouloir, (il est très prudent), c’est un poste de vice-président de Trump. Trump est vieux, vous savez, et les vieux, même s’ils sont aussi vifs et lucides que Trump, ont tendance à mourir un jour ou l’autre. Et là, ce serait “Bonjour, Président Carlson !”. Je parie que Tucker aime ce son !
Le 8 Février 2024, Club Orlov – Traduction du Sakerfrancophone
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.
• Dimitri Medvedev a souvent parlé pour agiter des frayeurs seulement dans le champ de la communication. • Cette fois, à l’occasion d’une conférence avec quelques journalistes, il fait certes de la communication mais qui n’est pas sans perspectives opérationnelles très concrètes. • Il exprime sans doute un sentiment de la directiuon russe. • Medvedev suggère que Kiev pourrait bien être un but de guerre de la Russie en Ukraine, ce qui supposerait une invasion quasi-complète... • Et l’on peut comprendre, vu l’état d’esprit de la Grande Pensée des zombies-UE, que s’il faut aller plus loin, eh bien...
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Les mots furieux et vengeurs de Medvedev ne font pas toujours le poids qu’ils paraissent avoir, surtout lorsqu’ils passent par ‘Telegram’ seulement. On sent que l’homme est d’abord là en voltigeur, que son rôle est de semer sur l’avant des petites fusées assez désagréables destinées à entretenir désarroi et zizanie chez l’ennemi, à secouer l’opinion publique dans le sens de la prise de conscience de la volonté déterminée de la Russie. Mais il y a certaines occasions, qu’il faut identifier et saisir au vol, où l’homme se fait plus sérieux, où le message qu’il entend transmettre décrit très précisément une résolution officielle qui se dessine. C’est à nous de deviner.
C’est le choix du sérieux que nous faisons pour sa dernière intervention devant plusieurs journalistes russes convoqués pour l’occasion. Justement, une telle réunion de cette sorte nous fait penser au sérieux de la chose ; de même pour le contenu, les circonstances, le contexte, l’évolution générale de la situation.
Medvedev annonce que l’objectif réel de la Russie est dans tous les cas la prise de Kiev, ce qui est un événement tout à fait nouveau pour ce qui est d’une voix officielle parlant ès-quasdlité, et nous pensons bien qu’il y a là, comme imperceptiblement mais fondamentalement, un déplacement fondamental de l’attitude stratégique de la Russie. Plus encore, il ne sait pas si la prise de Kiev est le terme de l’avancée russe.
« La Russie devra continuer à combattre l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle [la Russie] prenne sa capitale Kiev, car cette ville “représente une menace” pour elle, a déclaré Dmitri Medvedev, actuellement chef adjoint du Conseil de sécurité nationale russe. La capitale a des “racines russes”, mais est actuellement reprise par les ennemis du pays, menés par les États-Unis, selon l’ancien président.
» Ces remarques sont des extraits d'une interview accordée par Medvedev aux médias russes, qu'il a partagée sur les réseaux sociaux jeudi.
» “Où devrions-nous nous arrêter ? Je ne sais pas”, a-t-il déclaré dans l’un des clips, ajoutant qu’il y avait beaucoup de “travail sérieux” à faire.
» “Est-ce que ce sera Kiev ? Probablement. Cela devrait aussi être Kiev. Si ce n’est pas maintenant, ce sera plus tard. Il y a deux raisons. Kiev est une ville russe et d’elle émane une menace pour l’existence de la Fédération de Russie”, a-t-il déclaré.
» Medvedev a identifié la source de la menace comme étant une “brigade internationale d’opposants à la Russie, dirigée par les Etats-Unis”, qui, selon lui, contrôle Kiev. »
Medvedev fait une seconde intervention. Nous la mentionnons ici plutôt pour mémoire, sinon qu’elle renforce l’impression de résolution qui ressort de tout cela.
« Dans une autre vidéo, Medvedev s’est adressé au port d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, l’exhortant à “rentrer chez lui”.
» “Nous, en Fédération de Russie, attendons Odessa depuis longtemps, ne serait-ce qu'en raison de son histoire, du type de gens qui y vivent et de la langue qu'ils parlent. C'est notre ville russe”, a-t-il affirmé. »
Pourquoi pensons-nous que Medvedev est cette fois très sérieux et qu’il fait bien plus que de la communication, mais qu’il indique quelques pistes qui commencent à se faire jour dans les plans de Moscou pour la suite ? Notre intuition va dans ce sens, et se renforce du fait qu’il est très précis dans son propos et aussi selon quelques points bien précis apparus ces derniers jours. Nous en mentionnons quelques-uns.
• Les Russes ont observé avec attention la réaction des Occidentaux-poussifs à la nouvelle de la ‘déroute d’Avdeyevka’ ; peut-être en espérait-il un adoucissement des positions des zombies va-t’en-guerre désarmés de l’Europe, ou du moins la recherche d’un semblant d’un compromis, devant un événement qui montrait le réel rapport des forces. Il n’en a rien été : la communication et son simulacre ont triomphé, les zombies se sont confirmés être des zombies du simulacre, et cela a été un durcissement général.
• Plus encore : l’élection probable de Trump a convaincu plus encore les zombies, en les “européanisant” dans un délire d’hybris, et en les amenant à faire courir tout au long des couloirs bruxellois autant que des cocktails de la Conférence de la Sécurité de Munich que l’Europe seule allait se transformer pour armer, défendre et faire voler l’Ukraine vers la victoire, voire lancer elle-même la guerre qui aura raison de Moscou !
Écoutez Christoforou-Mercouris sur ce point :
« Christoforou : « L’économie européenne n’est pas prête à une guerre économique mais l’on commence à voir un certain nombre d’économies des pays de l’UE envisager de se tourner vers la production militaire et vous pouvez voir un grand nombre d’industries en Europe qui oint accepté le fait qu’elles sont dé-industrialisées pour ce qui concerne les biens de consommation courant, y compris dans des domaines qu’elles ont dominés, comme l’industrie automobile, et que, pour pousser en avant l’expansion économique, peut-être est-il temps de se tournera vers la production de systèmes d’armes... L’armement est peut-être la production-miracle qui va sauver l’économie...
» Regardez Ursula (la Hyène) .... Ursula vient d’annoncer qu’elle est partie pour un second mandat à la présidence de la Commission et son grand projet, c’est d’installer un nouveau Commissaire à la défense... Je veux dire que, maintenant, le grand projet c’est de produire de l’armement, de vendre de l’armement, de pousser les compagnies dans cette direction de façon à faire de l’Europe une spécialiste de l’industrie de guerre... »
Mercouris : ... « Oui, c’est encore un exemple de l’amateurisme (des Européens) dans leurs stratégies et leurs décisions ... En effet si vous orientez votre industrie vers la production de systèmes d’armes, si vous mobilisez toutes vos capacités vous échouerez car ils n’ont pas de base industrielle... La raison du succès russe en la matière, c’est qu’ils ont une formidable base industrielle, qu’ils ont des ingénieurs en quantité depuis trente ans, quarante ans... Ils produisent énormément d’acer.... Les USA ont réussi à mettre en place une formidable industrie de guerre en 1940-1941 parce qu’ils avaient une formidable base industrielle ... »
Suit une éblouissante démonstration de Mercouris sur l’incapacité européenne de mettre en place une industrie de l’armement intégrée... Ce qui le conduit à la conclusion que si cette voie est suivie, l’argent supplémentaire ponctionné à coup d’impôts pour l’achat d’armements soi-disant européens ira... à l’industrie américaniste d’armement !
Note de PhG-Bis : « Une telle tentative d'autonomisation et de prépondéreance sur les autres industries européennes de l'industrie de défense européenne entièrement à créer comme telle aboutirait à multiplier la dépendance militaire européenne des USA et créerait en Europe une simple succursale, une annexe européenne du Complexe Militaroi-Industriel US. Cela dénote de la part des esprits malades qui envisagent de telles choses une exceptioonnelle incompréhension de la réelle siutuation, des structures, voire et sutout des mystiques dialoliques de l'industie d'armement dans la psyché alméricaniste-occidentaliste. »
Laissons là les billevesées européennes sur la capacité des dizaines de pays-membres qui se méprisent, se haïssent, se jalousent, etc. – excellent état d’esprit pour créer une base industrielle commune dans un esprit d’intégration, – et revenons-en au problème sérieux... Savoir, celui que nous posent les déclarations de Medvedev prises au sérieux et les ‘fantasies’ européennes qui constituent effectivement le véritable et stupéfiant fondement du simulacre de plus en plus poursuivi et accentué constituant leur politique étrangère et de sécurité communes.
Les Russes se doutent bien de tout cela, mais ils raisonnent en réalistes et admettent de plus en plus que les Européens n’accepteront jamais la défaite inéluctable sur le terrain et qu’ils emploieront toutes les manœuvres, les intrigues, les coups bas, les achats d’armements américanistes en jurant qu’ils sont européens, pour faire subsister l’état de guerre. Pour les Russes se dessine alors une situation du pire, – pas nécessairement assurée, car tant de choses peuvent survenir, comme l’éclatement de l’UE, mais il faut prendre en compte la possibilité du pire...
C’est à cette lumière qu’il faut entendre la déclaration de Medvedev, et elle signifie alors deux choses, pour ce qui concerne les relations entre la Russie et les Européens du bloc américanistes-occidentalistes :
• La première c’est la possibilité de plus en plus sérieuse qu’aucune entente sérieuse n’est possible avec l’Ukraine, ou les restes de l’Ukraine éparpillés “façon puzzle”, dans quelque situation que ce soit. L’accent est mis sur le caractère à la fois intrinsèquement russe de Kiev, et son actuelle fonction de centre de subversion dédié à la destruction de la Russie. Ces deux caractères tendent à empêcher tout accord de compromis avec une Ukraine qui serait de toutes les façons promise à l’inexistence, par désintégration, par subversion, etc. Si cette pensée est poursuivie et confirmée par les événements, la guerre de la Russie englobera toute l’Ukraine.
• Plus encore, dans le « Où devrions-nous nous arrêter ? Je ne sais pas” » de Medvedev, on peut comprendre “avant Kiev”, “jusqu’à Kiev”, et même on peut comprendre “au-delà de Kiev” et des frontières occidentales proches... Nous sommes en pleine hypothèse mais aussi en pleine intuition, à la lumière de ce que nous avons vu des dernières initiatives des zombies européens. C’est-à-dire que dans l’esprit des dirigeants russes se développe une pensée tragique selon laquelle il faudra éventuellement une “grande guerre” européenne pour arriver à en finir.
Bien entendu, le raisonnement est clair et net et ne tient aucun compte des interférences latérales qui peuvent être considérables, plus encore peut-être qu’une “grande guerre” européenne, qui peuvent déclencher une toute autre logique, conduire à une toute autre situation, peut-être terrible, peut-être sublime. (La situation aux USA, Trump ou pas Trump, la situation au Moyen-Orient, la situation dans les pays européens de l’Occident-compulsif, déjà soumis à de terribles colères populaires, etc.) Mais d’autres peuvent également conclure, d’une façon constructive, qu’il faudra une “grande guerre européenne”, ou dans tous les cas un début de “grande guerre européenne”, pour susciter une ou plus de ces “interférences latérales” qui bouleversai(en)t tout et nous conduirait à des conditions fondamentalement nouvelles dans l’ordre du monde ; et comme, finalement, nous ne pouvions rien avoir de pire que ce que nous ont pondu les zombies du monde entier, les zombies-globalistes, de la catégorie ‘super’.
... Nous pensons que Medvedev n’a pas parlé dans le vide, ni sans accord général précis de toute la direction pour qu’il parle ainsi. Nous pensons qu’aucun zombie européanisé ne l’entendra : un zombie, ce n’est pas fait pour entendre... Par contre, ça peut glisser, ça peut glisser énormément.
Mis en ligne le 22 février 20é’ à 16H30
• On sait les terribles diatribes et polémiques enflammées secouant salons et plateaux concernant sur la crise de Gaza. • L’analyste Pierre Prier nous interroge : Raymond Aron aurait-il droit à la parole aujourd’hui ?
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On utilise en général, pour la polémique autour de la crise palestinienne, et aujourd’hui également bien sûr, la position et la pensée du grandissime sociologie Raymond Aron, le plus souvent comme argument en faveur d’Israël. Cela est surtout le cas autour de la fameuse déclaration du général de Gaulle en 1967 et de la réaction d’Aron, sous la forme d’un livre (‘De Gaulle, Israël et les Juifs’, 1968).
Il nous semble, à nous, qu’il ne faille pas s’arrêter à ces clichés faciles et ces jugements sommaires, histoire de découvrir chez Aron une pensée bien plus nuancée, sinon en désaccord assez net avec les partisans inconditionnels d’Israël, – dans tous les cas et particulièrement, sur les problèmes identitaires fondamentaux posés par la question israélienne, notamment aux Juifs français, en polus bien sûr du problème explosif des rapports avec les Palestiniens. Un excellent article de Pierre Prier, du 16 février sur ‘OrientXXI’ nous éclaire d’une lumière rarement dispensée sur cette pensée beaucoup plus complexe que celle des petits marquis marchant au pas cadencé sur les terrains de mobilisation du Camp du Bien. Alors, Prier écrit pour eux, les petits marquis :
« Il était plus facile il y a quelques décennies de critiquer en France la politique de Tel-Aviv qu’aujourd’hui. Les analyses de Raymond Aron, chroniqueur à L’Express et au Figaro, incisives et dénuées de tout sentimentalisme vis-à-vis de sa judaïté, tranchent avec le tropisme pro-israélien actuel des médias dominants. »
Alors, suivons le conseil de Pierre Prier, « Relisons Aron », – mais à fond, dans tous ses textes, le long de ses jugements les plus audacieux et les plus libérés des voies impératives, “entre les clous bien plantés”, où l’on voudrait le voir évoluer. Le texte de Prier se trouve effectivement sur un site, ‘OrientXXI’, qu’il n’est pas inutile de consulter dans ces temps difficiles.
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Raymond Aron est à la mode. Le penseur libéral, l’universitaire doublé d’un éditorialiste influent par ses éditoriaux dans Le Figaro puis dans L’Express, des années 1950 à 1980, a été convoqué à l’occasion du quarantième anniversaire de sa disparition par des médias de droite à la recherche des références intellectuelles qui leur manquent dans la production actuelle : « un maître pour comprendre les défis d’aujourd’hui », « un horizon intellectuel », « un libéral atypique ».
Curieusement, les prises de position les plus incisives de son œuvre journalistique, à savoir celles consacrées à Israël et à la Palestine, sont absentes des injonctions à « relire Raymond Aron ». Elles n’en restent pas moins d’une actualité brûlante.
On comprend cette gêne si on les relit, effectivement. Certaines de ces idées, exprimées dans une presse de droite par un homme de droite d’origine juive, le feraient classer en 2024 comme « antisioniste » (voire pire) par des médias et des « philosophes » de plateaux télé qui se contentent de paraphraser le narratif israélien.
C’est une véritable réflexion qui se déclenche le 27 novembre 1967, à la suite de la célèbre conférence de presse du général de Gaulle dénonçant, après la victoire éclair d’Israël et l’occupation des territoires palestiniens : « les Juifs (…) qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Chaque mot de cette déclaration « aberrante » choque Raymond Aron. En accusant « les Juifs » éternels et non l’État d’Israël, de Gaulle réhabilite, écrit-il, un antisémitisme bien français : « Ce style, ces adjectifs, nous les connaissons tous, ils appartiennent à Drumont, à Maurras, non pas à Hitler et aux siens ».
Mais Aron, en vrai philosophe, ne saurait s’arrêter là : « Et maintenant, puisqu’il faut discuter, discutons », écrit-il dans Le Figaro. Il se lance alors dans une étude socio-historique, adossée à une auto-analyse inquiète qui n’a pas vieilli. Quel rapport entre ses origines et l’État d’Israël ? L’obligent-elles à un soutien inconditionnel ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’être juif ? Ces questions parfois sans réponse définitive, on les trouve dans un ouvrage qui rassemble ses articles du Figaro1 puis, plus tard, dans ses Mémoires2 publiées l’année de sa mort, en 1983, et enfin dans un livre paru récemment qui comporte, lui, tous ses éditoriaux de L’Express3. Les citations de cet article sont extraites de ces trois livres.
Et d’abord, qu’est-ce que ce « peuple » juif comme le dit le président de la République, commence par se demander Raymond Aron. Il n’existe pas comme l’entend le sens commun, répond-il, puisque
« ceux qu’on appelle les Juifs ne sont pas biologiquement, pour la plupart, les descendants des tribus sémites » de la Bible. « Je ne pense pas que l’on puisse affirmer l’existence objective du "peuple juif" comme celle du peuple français. Le peuple juif existe par et pour ceux qui veulent qu’il soit, les uns pour des raisons métahistoriques, les autres pour des raisons politiques ».
Sur un plan plus personnel, Aron se rapproche, sans y adhérer complètement, de la fameuse théorie de son camarade de l’École normale supérieure, Jean-Paul Sartre, qui estimait qu’on n’était juif que dans le regard des autres. L’identité n’est pas une chose en soi, estime-t-il, avec un brin de provocation :
« Sociologue, je ne refuse évidemment pas les distinctions inscrites par des siècles d’histoire dans la conscience des hommes et des groupes. Je me sens moins éloigné d’un Français antisémite que d’un Juif marocain qui ne parle pas d’autre langue que l’arabe… »
Mais c’est pour ajouter aussitôt : « Du jour où un souverain décrète que les Juifs dispersés forment un peuple "sûr de lui et dominateur", je n’ai pas le choix ». Cette identité en creux ne l’oblige surtout pas à soutenir une politique. Aron dénonce « les tenants de l’Algérie française ou les nostalgiques de l’expédition de Suez qui poursuivent leur guerre contre les Arabes par Israël interposé ». Il se dit également gêné par les manifestations pro-israéliennes qui ont eu lieu en France en juin 1967 : « Je n’aimais ni les bandes de jeunes qui remontaient les Champs-Élysées en criant : "Israël vaincra", ni les foules devant l’ambassade d’Israël ». Dans ses Mémoires, il va plus loin en réaffirmant son opposition à une double allégeance :
« Les Juifs d’aujourd’hui ne sauraient éluder leur problème : se définir eux-mêmes Israéliens ou Français ; Juifs et Français, oui. Français et Israéliens, non – ce qui ne leur interdit pas, pour Israël, une dilection particulière. »
Cette « dilection », il la ressent émotionnellement. Lui qui en 1948 considérait la création de l’État d’Israël comme un « épisode du retrait britannique » qui « n’avait pas éveillé en lui la moindre émotion », lui qui n’a « jamais été sioniste, d’abord et avant tout parce que je ne m’éprouve pas juif », se sentirait « blessé jusqu’au fond de l’âme » par la destruction d’Israël. Il confesse toutefois : « En ce sens, un Juif n’atteindra jamais à la parfaite objectivité quand il s’agit d’Israël ». Sur le fond, il continue de s’interroger. Son introspection ne le prive pas d’une critique sévère de la politique israélienne, puisqu’Aron ne se sent aucune affinité avec les gouvernements israéliens :
Cette politique va jusqu’à le révulser. Il raconte comment il s’emporte, au cours d’un séminaire, contre un participant qui clame : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le digne professeur explose : « Contre mon habitude, je fis de la morale avec passion, avec colère. Cette formule… un Juif devrait avoir honte de la prendre à son compte ». Mais en général, le philosophe-journaliste reste attaché à une analyse froide des réalités du moment. Raymond Aron n’oublie pas qu’Israël est aussi un pion dans la géopolitique de la guerre froide :
« S’il existe un "camp impérialiste" [face à l’URSS], comment nier qu’Israël en fasse partie ? » Puis : « Dans le poker de la diplomatie mondiale, comment le nier ? Israël, bon gré mal gré, est une carte américaine ».
Il pousse loin le principe de la « déontologie » intellectuelle. S’il juge qu’en 1967, Israël a été obligé d’attaquer, il peut être bon, pour le bien de la paix régionale, qu’il perde quelques batailles : « Je jugeai normale l’attaque syro-égyptienne de 1973 », écrit-il, ajoutant même : « Je me réjouis des succès remportés par les Égyptiens au cours des premiers jours », car ils permettraient au président Anour El-Sadate de faire la paix.
Mais Aron reste tout de même sceptique devant l’accord de 1978 entre Menahem Begin et Sadate à Camp David, simple « procédure » qu’il « soutient sans illusion » car il lui manque le principal : elle ne tient pas compte du problème « des colonies implantées en Cisjordanie ». En 1967 (rejoignant, cette fois, les prémonitions du général de Gaulle, dans la même conférence), il décrit l’alternative à laquelle Israël fait face :
« Ou bien évacuer les territoires conquis… ou bien devenir ce que leurs ennemis depuis des années les accusent d’être, les derniers colonisateurs, la dernière vague de l’impérialisme occidental »
L’impasse est totale, selon lui : « Les deux termes semblent presque également inacceptables » pour Tel-Aviv.
Ce pessimisme foncier s’exprime dans ses articles écrits pour L’Express dans les dernières années de sa vie. En 1982, il salue la portée « symbolique » et la « diplomatie précise » de François Mitterrand, qui demande devant le parlement israélien un État pour les Palestiniens, en échange de leur reconnaissance d’Israël. Tout en restant lucide : « Mitterrand ne convaincra pas Begin, Reagan non plus ». Selon lui, écrit-il toujours en 1982, Israël n’acceptera jamais de reconnaître l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme seul représentant des Palestiniens. Dix ans plus tard, les accords d’Oslo connaîtront finalement l’échec que l’on sait, et Israël facilitera la montée du Hamas, dans le but d’affaiblir l’OLP.
L’invasion du Liban par Israël en 1982, le départ de Yasser Arafat et de ses combattants protégés par l’armée française donnent encore l’occasion à Raymond Aron de jouer les prophètes : même si l’OLP devient « exclusivement civile (…), d’autres groupements reprendront l’arme du terrorisme (…). L’idée d’un État palestinien ne disparaîtra pas, quel que soit le sort de l’OLP ».
En septembre, il commente ainsi les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila par les phalangistes libanais, protégés par l’armée israélienne :
« Israël ne peut rejeter sa responsabilité dans les massacres de Palestiniens (…). Pendant les trente-trois heures de la tuerie, des officiers de Tsahal ne pouvaient ignorer ce qui se passait dans les camps. »
Et les prédictions d’Aron, en décembre de la même année, résonnent singulièrement aujourd’hui. À l’époque, le terme d’apartheid est encore réservé à l’Afrique du Sud. Le philosophe évoque un autre mot et une autre époque :
« D’ici à la fin du siècle, il y aura autant d’Arabes que de Juifs à l’intérieur des frontières militaires du pays. Les Juifs porteront les armes, non les Arabes. Les cités grecques connaissaient cette dualité des citoyens et des métèques. Faut-il croire au succès de la reconstitution d’une cité de ce type au XXe siècle ? »
Oui, il faut relire Raymond Aron.
• C’est un débat qui nous paraît bien difficile à trancher : pourquoi Poutine préfère-t-il Biden à Trump ? • Andrew Korybko a une réponse assurée : il juge ce choix comme celui de la raison même. • On l’écoute mais on peut en douter.
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On débat toujours, in fine ou à cœur ouvert, sur les raisons pour lesquelles Poutine a déclaré à Tucker Carlson, lors de la fameuse interview, qu’il serait “plus conforme aux intérêts russes” que Biden soit réélu, plutôt que Trump (réélu aussi, mais en sautant un coup). Voici la thèse de Andrew Korybko, qui juge très logique le choix de Biden. On donne ici sa conclusion, qui reprend le corps de son article qu’on trouve après ce texte de présentation.
« Pour résumer, le président Poutine préfère Biden à Trump parce que : 1) Biden a le soutien des libéraux-globalistes au pouvoir au sein de “l’État profond” ; 2) cette faction devrait rester au pouvoir même si Trump gagne ; et 3) ils pourraient procéder à davantage de provocations antirusses pour le discréditer dans cette affaire, tout comme la dernière fois. Il est bien préférable pour la Russie de jouer la prudence et de formuler sa politique en partant du principe que ses liens avec les États-Unis pourraient se détériorer plutôt que de se livrer une fois de plus naïvement à des vœux pieux selon lesquels ils pourraient s’améliorer. »
Comme l’on sait, Korybko est un homme de raison et de mesure. Il défend d’une façon très nette un choix qui a généralement été incompris, ou vu comme une manœuvre de Poutine pour dédouaner Trump de toute accusation de prorussisme.
Pour notre compte, nous avions choisi la case “énigme” pour juger de la réponse de Poutine. C’est une réponse qui est une façon de ne pas répondre, ce qui correspond à notre sentiment : non pas que le choix de Poutine soit incompréhensible, mais parce qu’il est compréhensible de plusieurs façons plus ou moins tordues et que nous ne distinguons pas laquelle nous paraît la plus acceptable ; comme PhG l’écrivait le 16 février :
« Mais enfin, tout cela reste du domaine de l’hypothèse, et certains peuvent à juste titre les juger un peu trop complexes, un peu trop sollicitées, alors que les Russes nous ont habitués à des politiques droites et claires. (Mais il faut voir aussi que Poutine affirme quelque part, voire à deux reprises, “Il peut se passer n’importe quoi aux USA” ; cela justifie éventuellement qu’on fasse un peu plus complexes qu’à l’habitude...) Il n’en reste pas moins, – constat d’évidence qui fait une bonne conclusion, – que l’on reste devant cette énigme du choix proclamé du prochain président des USA, dans le chef du président de la Fédération de Russie. »
Les trois arguments donnés par Korybko sont à notre avis contestables ; pas mauvais ni faux mais pour le moins sollicités, et notamment parce qu’ils s’appuient des “faits” dont nous savons tous qu’ils sont indéfinissables, sinon insaisissables”...
1). Il est vrai que Biden est l’homme des globalistes, mais est-il celui de “l’État profond” ? Qu’est-ce que c’est précisément que “l’État profond” ? Est-il assuré que les globalistes y sont majoritaires ? Autant de questions imprécises auxquelles il est bien difficile de donner une réponse précise.
Si l’on dit que Trump est haï par l’establishment politique, les salons new-yorkais et les démocrates, c’est sans aucun doute vrai. Mais personne ne peut nous démontrer que “l’État profond” se trouve dans ce seul cadre.
2) La deuxième affirmation (Même si Trump gagne, “l’État profond” reste au pouvoir et il ne pourra rien contre lui) rencontre le même vague concernant la chose incertaine qu’est “l’État profond”, à laquelle on ajoute la contestation de l’affirmation “Ce sera comme la première fois”, – parce que Trump a acquis une certaine expérience, surtout dans le choix de ses collaborateurs, et parce que la division extraordinaire qui règne actuellement aux USA avec la montée du populisme chez les républicains, soutenu par des puissances non négligeables et des grosses fortunes, fait encore plus douter de l’identité, de l’engagement, voire de ;l’existence en tant que tel de “l’État profond” comme chose unitaire.
Par ailleurs, s’il s’avère vraiment comme le laisse entendre en partie Korybko que Poutine découvre l’existence de “l’État profond” , presque soixante ans aptes le discours d’Eisenhower sur le complexe militaro-industriel et la liquidation de Kennedy, ce n’est plus de naïveté qu’il faut parler...
3) Questions “provocations antirusses”, Biden n’est pas mal dans son genre, et même supérieur à Trump selon notre point de vue (dire dans un discours tonitruant, – Varsovie, mars 2022, – qu’il faut aller jusqu’à Moscou pour balancer Poutine aux oubliettes). Par ailleurs, le ‘Russiagate’ lancé contre Trump l’a été en juillet 2016 par l’équipe d’Hillary Clinton pour étouffer le scandale des courriels officiels d’Hillary secrétaire d’Etat, utilisés pour ses affaires personnelles... Tout le reste est la routine des simulacres, alimentée par le zèle du couple CIA-MI6 et par la haine proprement extraordinaire qui s’est développée contre Trump, qui ne dépend pas de “l’État profond” mais de l’hôpital psychiatrique...
Alors quoi ? Une énigme, vous dit-on... Peut-être Poutine croit-il vraiment les affabulations sur les emportements de Trump qui tirerait un ICBM à têtes nucléaires pour animer sa partie de golf d’un week-end ? Alors il pourrait s’intéresser vraiment au comportement cognitif de Biden malgré son estime pour “la vieille école” dont Biden ne fait pourtant pas partie, n’ayant fait partie d’aucune école. On espère que le FSB lui en a tout de même dit un peu plus sur Biden.
Finalement, l’hypothèse la plus passionnante et la plus séduisante, mais la plus improbable si l’on considère le caractère de prudence de Poutine, nous l’avons trouvé dans un commentaire d’un lecteur de RT.com, et surtout dans cet article (16 février) de ‘Pravda.ru’. En gros, cela revient à dire : gardons Joe encore quatre ans, et il foutra l’Amérique par terre, selon la fameuse sentence d’Obama (« Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de Joe de foutre la merde »), – titre et sous-titre de l’article référencé en toute liberté de la presse :
« Poutine veut que Biden reste au pouvoir pour provoquer la chute de l'empire américain
» Poutine préfère Biden parce qu'il est en train de ruiner l'Amérique de l'intérieur. »
... Mais il ne faut pas trop rêver et bien mesurer la prudence de renard du président russe. Il est assez probable, – même si cela n’est pas assuré, – que Poutine serait plus inquiet que satisfait si les USA s’effondraient... Ci-après, le texte de Korybko de ce 20 février.
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La plupart des médias grand public et de la communauté des médias alternatifs conviennent que la préférence du président Poutine pour Biden plutôt que pour Trump est un « plan directeur d’échecs en 5D » visant à discréditer le président sortant en raison de son soutien secret au favori républicain. Le dirigeant russe a expliqué que « [Biden] est une personne plus expérimentée et plus prévisible, c’est un politicien de l’ancien type ». Il a également défendu les capacités cognitives de son homologue en réitérant les arguments qu’il avait avancés après leur sommet de l’été 2021.
Même si Biden supervise officiellement la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie à travers l’Ukraine, contre laquelle Trump s’est élevé depuis le début et a affirmé qu’elle prendrait fin immédiatement s’il revenait au pouvoir, le président Poutine le préfère toujours à son adversaire pour plusieurs raisons légitimes. Pour commencer, Biden est la figure de proue de ces membres puissants des bureaucraties militaires, de renseignement et diplomatiques permanentes (“État profond”) qui formulent et mettent réellement en œuvre la politique américaine, qui le soutiennent tout en s’opposant à Trump.
La décision de la faction libérale-globaliste au pouvoir de donner la priorité à l’endiguement de la Russie plutôt qu’à la Chine va évidemment à l’encontre des intérêts de Moscou, contrairement aux plans de leurs rivaux nationalistes conservateurs qui donnent la priorité à l’endiguement de la Chine plutôt qu’à la Russie, mais c’est précisément en raison de leur pouvoir qu’ils sont prévisibles. Le président Poutine a mis en garde les prévisionnistes stratégiques russes contre les vœux pieux à l’été 2022, après quoi il a admis sa naïveté à l’égard de l’Occident quelques mois en décembre dernier.
Ces observations nous amènent au deuxième point, à savoir que le Kremlin a probablement conclu que la faction libérale-globaliste au pouvoir, responsable de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie à travers l’Ukraine, resterait au pouvoir dans un avenir prévisible, même si Trump revenait. L’ancien président s’est montré incapable de purger “l’État profond” de ces forces subversives qui ont saboté son rapprochement envisagé avec la Russie, censé faciliter l’endiguement de la Chine. Le précédent suggère donc qu’il échouera à nouveau.
Comme le dit le proverbe, « mieux vaut le diable que l’on connaît que le diable que l’on ne connaît pas », et les dirigeants russes semblent prendre cet adage à cœur lorsqu’il s’agit des États-Unis. Le président Poutine a déjà été trompé à maintes reprises par l’Occident, au point qu’il est extrêmement sensible à l’idée de se laisser duper une fois de plus. C’est pourquoi il préfère supposer que rien ne s’améliorera plutôt que d’espérer pour rien. Il serait également très irresponsable de formuler une politique basée également sur des vœux pieux.
La dernière raison pour laquelle le dirigeant russe soutient la réélection de son homologue américain est qu’il pourrait y avoir moins de risques de provocations inattendues que si Trump revenait au pouvoir. La seule cause pour laquelle la théorie du complot farfelue du Russiagate a été concoctée par les mandataires démocrates de la faction libérale-globaliste au pouvoir et leurs alliés britanniques était que l’ancien président représentait une menace pour leur programme. Ils ont donc cherché à le discréditer en prétendant qu’il serait une marionnette russe.
La Russie n’avait pas correctement évalué la dynamique de “l’État profond” des États-Unis pour comprendre ce qui se passait, pourquoi et à quel point il était improbable que Trump sorte victorieux de cette lutte pour le pouvoir comme elle l’espérait, ce qui explique pourquoi elle resta attachée aux accords de Minsk que personne d'autre ne respectait. Cependant, le président Poutine et son équipe ont appris à leurs dépens les leçons de la naïveté et des vœux pieux, et ne se laisseront pas tromper une nouvelle fois en pensant que tout changera exactement comme il l’a dit à Tucker.
Pour résumer, le président Poutine préfère Biden à Trump parce que : 1) Biden a le soutien des libéraux-globalistes au pouvoir au sein de “l’État profond” ; 2) cette faction devrait rester au pouvoir même si Trump gagne ; et 3) ils pourraient procéder à davantage de provocations antirusses pour le discréditer dans cette affaire, tout comme la dernière fois. Il est bien préférable pour la Russie de jouer la prudence et de formuler sa politique en partant du principe que ses liens avec les États-Unis pourraient se détériorer plutôt que de se livrer une fois de plus naïvement à des vœux pieux selon lesquels ils pourraient s’améliorer.
20 février 2024 (16H15) – L’UE a aussitôt trouvé sa riposte après le “désastre d’Avdeyevka” très vite apparue comme “déroute d’Avdeyevka”... On eût cru voir, – pour ne pas citer Rommel, tout de même, – Patton réincarné faisant pivoter sa IIIème Armée de 90° pour aller dégager la 82ème aéroportée encerclée dans Bastogne :
« L'UE demande une "enquête internationale" sur la mort de M. Navalny.
» L'Union européenne est “outragée” par la disparition du militant de l'opposition, a déclaré le plus haut diplomate de l'Union. »
La traduction automatique avait proposé “scandalisée” pour “outraged”, mais “outragée” nous a semblé tellement mieux approprié à cette réunion charmante des messieurs-dames de la Haute, à Bruxelles, entre thé-champagne, petits fours et pince-fesses wokenisé, soudain préoccupés par le sort infâme que la Russie de Poutine a réservé au Plus-Grand-Héros de notre temps. A côté de cela, – “vous comprenez”, plaidèrent impérativement les communicants du Berlaymont et de LaHyène, – Avdeyevka réduit à sa véritable dimension de simulacre n’intéressera plus personne et l’affaire ukrainienne sera entendue comme il convient qu’elle soit.
Pour nous et pour moi : inutile de perdre son temps à commenter, les communicants ont tout dit et c’est tellement vite-dit qu’on a juste le temps de ne pas réfléchir du tout à l’insondable bêtise-traîtrise du propos.
Le mieux, le beaucoup-mieux est d’écouter Mercouris dans deux de ses interventions d’hier (une avec Christoforou, l’autre seul), au mieux de sa forme (et de ses sources, que je devine multiples et certaines absolument inédites au vu de l’assurance qu’il met à les citer, lui si connu pour sa prudence de langage). Son verdict ?
« Ce n’est pas une défaite courante, ce fut un effondrement total et chaotique [des forces ukrainiennes]... Deux jours plus tôt, il parlait encore de contre-offensive avec l’arrivée de la 3ème brigade [ex-Azof] et d’autres renforts en matériels étaient programmés. Vous comprenez on ne parlait que de riposte, et tout cela était complètement déconnecté de la réalité sur le terrain, de la situation [au bord de la rupture]... [...]
» Les divers chiffres des pertes ukrainiennes que m’ont donnés [cette source] qui s’est montrée depuis toujours absolument crédible et juste sur la situation sur la ligne de front, – ces chiffres sont stupéfiants. Le nombre de corps en décomposition trouvés à Avdeyevka est tel qu’il a fallu affecter une partie des forces russes à leur transport. Il m’a donné des estimations des pertes subies par les Ukrainiens, et il suffit de dire qu’elles sont supérieures à celles données par toutes les autres sources. Il semble qu’il y a eu, pour toute la bataille bien sûr et pas seulement lors des deux derniers jours, des milliers, – pas des centaines, des milliers de soldats ukrainiens qui se sont rendus... »
Ces précisions sont données dans une description d’un contexte de totale désorganisation, qui explique autant que l’action des Russes l’immensité du revers subi et surtout l’intensité extrême de ses effets dévastateurs dans leds psychologies. Mercouris explique notamment comment l’ex-“régiment Azov” rebaptisé 3ème brigade, envoyé en renfort d’élite pour contenir les premiers signes cde déroute, a finalement refusé d’assumer cette mission après avoir goûté quelques jours, sinon quelques heures de la situation catastrophique à Avdeyevka, et décidé de sa propre autorité une retraite précipitée. (Les gens d’Azov, bien connus depuis 2014, ne sont pas vraiment des amis de Zelenski, ni des tendres comme l’on sait, et si le président est furieux contre eux, cela ne fait qu’aviver un point de grave tension au sein du camp ukrainien, – « La discorde chez l’ennemi », disait de Gaulle.)
De ce point de vue, la responsabilité des divers commandements, civils et militaires, du côté ukrainien, leurs concurrences au moment où un nouveau chef d’état-major général était nommé à la suite de batailles politiques internes avec le précédent, cette responsabilité est largement engagée. Le chaos engendré par des conditions internes, – l’état d’esprit, la corruption, le simulacre, l’incompétence du commandement ukrainien « à tous les échelons », les fanfaronnades occidentales, – tout cela forme la responsabilité principale du massacre. Là-dessus s’est installée la fureur de Zelenski, recevant la nouvelle lors de la Conférence de Munich, et demandant une enquête contre les “responsables”.
Il s’est agi véritablement de laisser croupir une armée, et donc un peuple, à l’abattoir, – pour qu’on puisse se réunir et se féliciter, à Washington D.C., à Bruxelles, entre un Macron satisfait de se voir en son miroir et une Annalena Baerbock écologiquement verte d’excitation... Tout cela, avant une bonne et grosse minute de silence pour Navalny. La responsabilité est totale, complètement partagée, et nulle part n’apparaît une force ou un homme capable de prendre en mains cette situation désespérée.
Le très-mesuré Mercouris ne voit pas un tel chaos dans la déroute qui ait un équivalent « dans l’histoire militaire moderne ». Pour autant il ne croit pas qu’une telle rupture entraîne nécessairement une offensive puissante d’exploitation de la part des Russes. Il cite une interview (dans le journal de l’armée ‘Etoile Rouge’) du chef des Opérations de l’état-major, le N°2 du général Gerasimov, estimant que l’armée ukrainienne garde des capacités importantes, pouvant aller jusqu’à l’organisation de mouvements offensifs, et que va se poursuivre pendant un certain temps la tactique dite de l’“attrition agressive” (l’expression tr ès juste est de Mercoiuris : guerre d’attrition non pas statique et caparaçonnée mais très souple, cherchant à harceler/à provoquer l’adversaire sur la ligne de front pour l’amener à s’exposer et accentuer les destructions), – avant d’envisager une offensive générale pour asséner le coup de grâce à l’Ukraine de Zelenski.
« Une telle attaque ne semble pas imminente, bien que sa possibilité ait largement progressé avec ce qui vient d’arriver à Avdeyevka... »
Certainement, cette restriction vaut d’être retenue, d’autant qu’elle contient autant d’interrogations politiques que militaires (et que l’interview a eu lieu avant Avdeyevka). La catastrophe d’ Avdeyevka est aussi bien, sinon plus, le produit du désordre sordide d’une élite politico-militaire complètement corrompue, complètement sous la coupe des élites américanistes-occidentalistes elles-mêmes complètement corrompues. Il est assez logique d’envisager des chocs en retour au sein de ces groupes où les ambitions, les jalousies et les haines dans un climat d’incompétence et d’inculture brandies comme autant de vertus, font mieux l’affaire qu’une illusion d’“union sacrée”, alimentée par un simulacre auquel on continue à s’accrocher, ne serait-ce qu’en s’adressant aux mannes glorieuses de Navalny qui n’a jamais dû en revenir, même à l’heure de sa mort, d’avoir été consacré héros de la démocratie.
Il est impossible de détacher la catastrophe d’Avdeyevka de la situation politique, non seulement en Ukraine mais dans tout l’Occident-compulsif, et de faire l’hypothèse que la stricte et prudente analyse des chefs militaires russes peut arriver à la conclusion qu’un tel désordre favoriserait une initiative offensive majeure plus rapidement que prévu. Cela nous conduit à la conclusion que, brusquement, le conflit ukrainien qui semblait l’avoir cédé en importance stratégique et politique au terrible conflit du Moyen-Orient depuis le 7 octobre, est en train de retrouver toute la puissance de sa dimension métahistorique.
Ce constat est bien entendu renforcé par la proximité des élections présidentielles US et les prises de position d’une fraction importante des parlementaires US et du courant populiste grandissant contre l’aide à l’Ukraine au détriment d’un renforcement sécuritaire sur la frontière Sud des USA (l’aide militaire US à Israël étant beaucoup plus “intouchable” en raison de l’influence des lobbies sionistes).
C’est de ce point de vue qu’il faut considérer la catastrophe d’ Avdeyevka. L’important n’est pas qu’elle ferait prendre conscience de la vérité-de-situation aux dirigeants occidentalistes, – ce qui reste à voir comme un rêve impossible tant ils se trouvent bien dans leur simulacre comme dans un hamac. Finalement, que ces incompétents “y croient” ou non ne change pas grand’chose à l’affaire. L’important est le changement de climat, – c’est cela! Mais la voilà, la crise climatique ! – que Avdeyevka va provoquer, d’ailleurs d’une façon éventuellement inconscient pour les populations.
C’est l’événement qui compte ! L’événement a affirmé la puissance russe contre des ensembles corrompues et totalement incompétents. Cela n’est pas faire le pari de l’affirmation expansionniste russe, qui n’est nullement un “but de guerre”, ni pour Poutine ni pour quiconque, mais celui de la confirmation de l’effondrement de la structure vermoulue et pourrie de la civilisation occidentale. Si c’est le cas, comme nous le croyons et comme moi-même je m’y laisserais aisément conduire, il faut envisager la survenue d’autres événements, nés du choc d’Avdeyevka mais n’ayant pas nécessairement de rapports directs avec Avdeyevka, – sinon, dans toute sa grâce et sa majesté, le retour de cette guerre dans le domaine de la métahistoire.
19 février 2024 (15H45) – A quoi avons-nous assisté depuis le 22 février 2022, bataillant jusqu’à l’épuisement, chacun à sa façon, pour colmater les voies d’eau que les menteurs perçaient allègrement pour évacuer la vérité et proclamer leur simulacre ?
L’entrepreneur Richard Saks synthétise bien la guerre en Ukraine, deux ans plus tard, sur tweeterX. Son texte porte comme titre « Une guerre des mensonges », et il se lit comme ceci :
« La guerre en Ukraine est basée sur des mensonges – des mensonges sur la façon dont elle a commencé, comment elle se déroule et comment elle va se terminer. On nous dit que l’Ukraine est en train de gagner alors qu’en réalité elle est en train de perdre. On nous dit que la guerre rend l’OTAN plus forte alors qu’en réalité elle l’épuise. On nous dit que le plus gros problème de l'Ukraine est le manque de fonds du Congrès américain, alors qu'en réalité l'Occident ne peut pas produire suffisamment de munitions – un problème qui prendra des années à être résolu. On nous dit que la Russie subit de plus grandes pertes, alors qu’en réalité l’Ukraine manque de soldats – un autre problème que l’argent ne peut résoudre.
» On nous dit que le monde est avec nous alors qu’en réalité la majorité mondiale estime que la politique américaine est le comble de la folie. On nous dit qu’il n’y a aucune possibilité de faire la paix alors qu’en fait nous avons rejeté de multiples opportunités de règlement négocié. On nous dit que si l’Ukraine continue à se battre, elle améliorera sa position de négociation alors qu’en réalité les conditions ne feront que devenir bien pires que celles déjà proposées et rejetées.
» Néanmoins les mensonges réussiront à faire durer la guerre. Le Congrès s'appropriera davantage de fonds. La Russie occupera davantage de territoire. L’Ukraine mobilisera davantage de jeunes hommes et femmes pour alimenter le hachoir à viande. Le mécontentement va monter. Finalement, il y aura une crise à Kiev et le gouvernement Zelenski sera renversé.
» Et puis, quand la guerre sera finalement perdue, quand le pays tout entier reposera en ruines fumantes sur un bûcher funéraire qu’ils ont eux-mêmes fabriqué, les menteurs diront « eh bien, nous avons essayé ». Ayant empêché toute alternative, ayant diffamé tous ceux qui disaient la vérité comme des marionnettes au service de l’ennemi, les menteurs diront : « Nous avons fait de notre mieux. Nous avons tenu tête à Poutine.
» En fait, diront-ils, nous aurions réussi sans la cinquième colonne d’apologistes de Poutine qui a poignardé les Ukrainiens dans le dos. Puis, après avoir changé de blâme et se félicité, ils passeront allègrement à la prochaine guerre, comme ils se sont dirigés vers l’Ukraine après leurs désastres en Afghanistan et en Irak.
» Les mensonges sont nombreux, mais ils fonctionneront. »
« Exact », a écrit Elon Musk, ami de Saks, en commentaire de ce texte. Tout cela s’inscrit sur l’ombre terrible du “désastre d’Avdeyevka”, qui est d’abord et plus justement la “déroute d’Avdeyevka” puisque les soldats ukrainiens, exaspérés d’être laissés sans aide ni soutien sous de feu terrible des Russes, ont commencé à abandonner leurs positions ou à se rendre un jour avant que leur commandement ait ordonné une “retraite”, – pour “épargner, dirent-ils, la vie des soldats”, –parce qu’en effet, selon la bonne vieille tactique des frimeurs du mensonge, le mot d’ordre est : “ce que tu ne peux étouffer, embrasse-le !”.
C’est ce choc terrible qui annonce le deuxième anniversaire de la guerre malgré les roulements de tambour des zombies de plateau et de cocktails qui continuent à nous parler de victoire en songeant à leur guerre d’après. Nous n’avons pas encore mesuré la force et l’orientation des ondes de choc de la fausse bataille d’ Avdeyevka laissée à une sorte de tuerie tandis que les “chefs”, les corrompus et les irresponsables, négociaient de mirobolants traités de sécurité et dressaient des plans de rétablissement sur des lignes de défense. Ceux-là, se détournant des petits fours et du champagne de la grande conférence annuelle de Munich, ils pourraient être parcourus par ce même frisson de l’antique Rome sans y rien comprendre par ailleurs, et se comportant comme s’ils étaient piqués par les tarentules de leurs mensonges, et ainsi devenus tels que Lucrèce les décrit, écrasés par « le poids du rien » de ces mêmes mensonges :
« Si seulement les hommes, qui ont bien, semble-t-il, le sentiment du poids qui pèse sur leur esprit et les accable de sa pesanteur, pouvaient aussi comprendre l’origine de ce sentiment, d’où vient cette énorme masse de malheur qui oppresse le cœur... [...] C’est ainsi que chacun se fuit soi-même, et cet être qu’il nous est impossible de fuir, auquel malgré soi, on reste attaché, on le hait — on est malade et on ne comprend pas la cause de son mal. »
Il y a de terribles possibilités pour que la “déroute d’Avdeyevka” dégage une telle amertume dans les esprits que même les résistants, les dissidents, tels et comme nous sommes en une sorte d’‘armée des ombres’, pourraient être saisis de cet affreux ‘tædium vitae’ décrit par Sénèque et dont les corrompus de l’esprit et eux-mêmes tarentules du mensonge sont les porteurs de l'infection, les artisans les plus zélés, les plus irresponsables, les plus hystériques :
« Devant la vision apocalyptique d’un monde qui menaçait de s’écrouler au milieu des ruines de Rome et du massacre de ses plus éminents citoyens, un découragement sans bornes s’empara des âmes et des esprits les plus éclairés. »
Cela, c’est la menace qui pèse sur nous, notre risque, – et il faut le prendre et le courir... Car il est enfin possible, par complet contraste de ces terribles possibilités, que de tels chocs de la “déroute d’Avdeyevka” et de la « guerre des mensonges » nous placent enfin devant les vérités-de-situation que nous avons repoussées jusqu’ici, qu’elles nous les imposent, qu’elles nous y forcent et nous y contraignent.... Alors, on pourra commencer à croire que les morts de la “déroute d’Avdeyevka” n’auront pas été tout à fait inutiles.
• Il s’agit d’une matière (!) complètement différente du premier ‘Glossaire.dde’ sur ce sujet du “déchaînement de la Matière” du 5 novembre 2012, sans rapport de consultation entre les deux, en toute indépendance. • Ce qui signifie que ce second texte sur ce concept central pour nous a été fait sans se référer formellement au premier. • Ainsi pourra-t-on mieux observer l’évolution du concept qui n’est pas directement fondamental dans ses manifestations terrestres mais l’est très fortement de façon indirecte : la démarche implique une bien plus grande ampleur métaphysique. • ll faut préciser que ce texte n’est pas écrit à l’origine pour la rubrique du site mais est extrait d’un livre en préparation, qui se prétend comme la suite de la série de ‘La Grâce de l’Histoire’, – oh, cette partie entamée depuis combien d’années, avec tant de fois un laisser-aller jusqu’à l’abandon temporaire. • Quoi qu’il en soit, nous nous sommes remis au travail, sérieusement cette fois nous assure PhG, car le temps presse. • Le concept du “déchaînement de la Matière” est donc analysé d’abord d’un point de vue métaphysique, mais avec des références constantes avec les événements que nous vivons, que nous jugeons comme devenus métahistoriques depuis 2015-2016. • C’est dire que le concept s’insère nettement et directement dans une tentative d’analyse et de description de la GrandeCrise que nous vivons aujourd’hui. • Il est complètement actuel en même temps qu’il est d’une essence métaphysique d’au-delà de l’actuel, établissant ainsi un lien entre les deux.
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19 février 2024 (12H50) – En guise de très-rapide introduction, quelques mots de l’auteur pour situer ce passage, que l’on trouve au début de ce qui est en principe la deuxième partie du Troisième Tome de ‘La Grâce de l’Hisoire’. (La première partie est actuellement inatteignable pour la vente sur ‘Amazon’. Il s’agit d’un problème que nous avions laissé de côté et sur lequel nous allons revenir.)
Le sujet de cette partie est de développer une appréciation métaphysique du concept du “déchaînement de la Matière”, en corrélation avec les évènements présents considérés comme les manifestations de ce que nous nommons la GrandeCrise. Nous commençons donc ce travail par une redéfinition du concept correspondant à cette approche.
Nous avons emprunté un passage qui va jusqu’à l’approche de notre définition de ce qu’est la “matière” (majusculée “Matière” dans le nom que nous lui avons donné, pour une raisons qui est explicitée). Il y a certaines reprises (assez rares et courtes) de textes précédents, – de la première partie ou du ‘Glossaire’, – en italique et sans précision d’origine.
Il est préférable que nous n’en disions pas plus pour ne pas embrouiller les esprits des égarements de notre inorganisation totale qui est à la base de notre piètre performance, pour ne pas dire notre échec complet, dans la tentative de oublier des livres. Tant plis ! Dans une époque de survie, seuls comptent les textes, et malheureusement avec peu d’attention et de moyens pour la façon dont l’organisation matérielle et commerciale en organisent la diffusion.
Cela car nous vivons une époque du survie.
Et en guise de hors d’œuvre ou de mise en bouche, un autre extrait introduisant la cause de l’intérêt manifesté dans ce récit pour le “déchaînement de la Matière”...
A ce point et singeant l’auteur qui prétendrait reprendre le cours du récit, par conséquent développé après avoir comme je l’ai fait l’affection extrême et la proximité ontologique que j’ai de la nostalgie qui fut le thème de la Partie précédente, je vais orienter ce sentiment transformé en concept ouvrant la voie à l’éternité vers une confrontation avec un autre concept pour lequel je n’ai ni affection ni proximité personnellement, qui est même d’une certaine façon et en partie (à déterminer) mon ennemi à tout jamais, mais qui tient une place fondamentale dans la pensée érigée en jugement de mon esprit. Les lecteurs de ‘La Grâce’ ont déjà rencontré ce concept, notamment dans le premier tome (dit ‘Troisième Cercle’), sous sa forme opérationnelle dans la métahistoire ; je veux donc parler du “déchaînement de la Matière”, en tant que concept qui ouvre toute grandes dans ma conception les portes de cette période du temps métahistorique pour lequel j’accepterais bien volontiers l’expression déjà employée et si évocatrice dans son cas de “modernité-tardive” ; et la bataille finale dont la “modernité-tardive” va être à la fois l’enjeu et le champ au-delà duquel s’ouvrent d’infinis horizons, – comme le serait une sorte de Verdun métahistorique mis dans l’Éternité.
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Comme on l’a déjà bien deviné et entendu, sinon lu au mot à mot, je ne suis pas indifférent aux connections entre notre monde de l’espèce terrestre et les dynamiques harmonieuses et équilibrées qui tiennent les espaces infinies et abolissent le Temps pour que l’Éternité puisse être tenue déployée comme elle se doit à elle-même d’être. Cette position répond à la logique même qui procède de cet ouvrage et des impulsions intuitives qui l’ont suscité. J’irais même jusqu’à avancer l’interprétation que les forces de subversion et d’inversion sont venues jusque sur nos rivages et jusque dans nos forêts défier l’état de nature qui était le nôtre, dans le but de nous infecter du venin de l’hybris ; et par conséquent, suivant cette voie devenue celle de notre survie, nous obligeant à hausser notre méditation jusqu’aux grandes hypothèses de la transcendance. Le phénomène que je nomme “déchaînement de la Matière” n’est pas autre chose que cette incursion dans notre univers et dans notre histoire des “forces de la subversion et de l’inversion”, avec obligation pour nous de réagir, de riposter, sous peine du pire des destins. Elles suscitent chez nous la nécessité d’une initiation.
… C’est dire, enfin, qu’à en venir à ce sujet je nous force, vous mes lecteurs et moi, à nous abaisser. (Mais ce terme est à prendre sous sa forme de geste tactique et de ruse de guerre, pour se mettre au niveau de l’adversaire et se poster pour utiliser contre lui-même sa propre force, selon l’enseignement des maîtres des sagesses extrême-orientales.) C’est là une des premières et sans doute la plus importante des surprises de cette Deuxième Partie qui prend tant d’ampleur et d’autonomie, que ma plume me réserve selon sa propre décision : après avoir commencé par de si hautes cimes que sont les formes infinies de l’Éternité, voilà que nous nous devons de nous laisser entraîner, rouler, bouleverser, dans un événement tellurique de notre monde terrestre, jusqu’à être souterrain dans ses grondements, ses attendus et ses effets, ses origines et son dessein, exactement comme l’est le Mordor de l’univers de Tolkien… Le “déchaînement de la Matière” !
D’abord, quelques mots pour affuter les mémoires et savoir précisément de quoi l’on parle : le “déchaînement de la Matière” comme événement fondamental de la charnière des XVIIIème et XIXème siècle ; comme événement général intégrateur, selon le programme de la subversion et de l’inversion à la fois, de trois événements historiques, trois “révolutions” qui bouleversent la marche des Temps.
Les “trois Révolutions” pourraient, si l’on veut une image très opérationnelle et symbolique à la fois, représenter les acteurs du jeu si ancien, dit “Pierre-feuille-ciseaux”, mais sans aucune rivalité ni logique d’affrontement entre eux, au contraire dans un esprit de complète complémentarité, temporairement ou substantiellement c’est selon, pour le but ultime de la conquête (de l’époque, de la Civilisation, du Temps, du Monde, du Cosmos) vers le dessein de la néantisation et de l’entropisation qui est la Grande Stratégie du “déchaînement de la Matière” :
• La “révolution américaniste” de 1776, par son activation des outils sophistiqués du “déchaînement de la Matière” et l’activité de la communication pour subvertir et invertir, est représentée par la feuille qui entoure, étouffe, étrangle, trompe et convainc ;
• La “Révolution Française” (de 1789 certes) représente les ciseaux qui tranchent comme le fait si nettement la brillante invention de la guillotine, et ainsi effectue-t-elle la percée du choc en installant le métal tranchant et la dynamique révolutionnaire sur le théâtre du monde ;
• La “révolution du choix de la thermodynamique”, pour mon compte et telle que je la désigne très précisément (par opposition à ce qui aurait pu être la “révolution du choix de l’hydrodynamique” [voir ‘Le choix du feu’, d’Alain Gras, de 2007])… Symboliquement datée de 1784 par référence à la première machine à vapeur, mais “révolution” qui prend pour moi tous ses effets en 1825 avec cette exclamation d’un certain H. Gouhier, qui terrifie Stendhal « Les Lumières, c’est désormais l’industrie ! » ; “révolution” qui est représentée par la pierre, qui symbolise les matériaux fondamentaux de l’univers, lequel est ainsi offert à leurs perversions qui sont née de son propre côté pervers, lequel ouvre ainsi son sein au drame forgeant sur l’enclume du Temps l’immense projet de l’industrie du monde.
… De ces trois événements l’on retiendra successivement qu’il s’agit de la ruse faussaire qui trompe son monde stupéfait et fasciné (communication de l’américanisme investissant la psychologie) ; de la force du choc du couteau affuté qui tranche son monde, inconscient et vertueux comme on n’imagine pas (violence du révolutionnarisme qui fait carnage du passé) ; de la lourdeur inaltérable qui nous charge des flammes et des vapeurs industrielles des entrailles du monde, et qui écrase son monde (l’embrasement de l’industrialisme-technologisme, industrialisme qui ne se comprend spécifiquement que conduit par l’idéologie du technologisme née du “choix du feu”) ; l’ensemble offrant son ‘monde nouveau’ de la modernité dans la forme d’un simulacre aguicheur, et masqué par lui pour dissimuler son ultime dessein.
Les trois éléments forment un tripode qui semble détenir la formule parfaite de la maîtrise du monde par l’envoutement des âmes qui perdent ainsi leur immense vertu de portes ouvrant sur l’esprit, sur la nostalgie du passé, sur le sens de l’acte de la vie… Tout cela, du fait du “déchaînement” dont nous parlons au travers des trois “révolutions”, étant subverti et inverti successivement. Il y a une graduation effectivement parfaite, d’une perfection qu’on se permettra de juger d’une origine douteuse ou bien incroyable mais de toutes les façons sublime, entre la vertu moderniste et enveloppante qui ébranle l’âme dans ses tréfonds (la communication américaniste), la saisine tranchante de l’âme après l’enveloppement du serpent-qui-persifle et tranche le sens (la guillotine révolutionnaire), l’exposition de l’âme ainsi réalisée à un environnement de fer et de feu que cette âme ne peut faire autrement qu’accepter (« Les Lumières, c’est […] l’industrie »). Cela conduit ladite âme à accueillir d’emblée comme presqu’avec reconnaissance l’ensemble de la narrative du “déchaînement de la Matière”, sans plus s’en formaliser ; et même, certes, en lui trouvant toutes sortes de vertus, comme autant de lampions de la fête (les Lumières du XVIIIème devenues les ampoules zélées du “parti de l’électricité”, Paris devenant ‘Ville-Lumière’ qui deviendra plus celle de l’électricité que de l’esprit, et ainsi de suite).
Alors, l’on constate ceci qui est essentiel, que l’addition des trois éléments composant le “déchaînement de la Matière” aboutit à bien plus que la somme, d’ailleurs disparate dans ce cas, de ces trois éléments, – de la même façon opérationnelle que le processus holistique, mais ici dans la situation de l’inversion. Il apparaît sans véritable surprise que le “déchaînement de la Matière” c’est bien plus qu’une somme, c’est quelque chose d’entièrement nouveau dans sa nature même, qui semblerait n’avoir plus rien de commun avec ce qui a précédé, y compris les composants. L’intégration même des trois éléments qui composent le tout, qui est le “déchaînement de la Matière”, est déjà rupture avant d’être déchaînement, et rupture de chacun avec ce qui le précéda ; et le tout va devenir déchaînement, bien entendu, parce qu’il est déjà rupture…
• Une fois faite par sa Déclaration d’elle-même, – dire que ces courants étrange de bêtise-moraline, du wokenisme, voudraient échanger 1776 [Independence Day] contre 1619 [Slavery Day] ! – l’Amérique entre aussitôt, en même temps qu’elle naît, dans le monde de la narrative et n’a plus rien à voir avec elle-même, comme si elle n’avait jamais été elle-même, ce qui rejoint le cas du constat de l’évidence, – naître et être autre en même temps, destin de l’Amérique comme l’on s’abîme directement par la naissance elle-même faite du corps de la femme (‘La création du monde’) dans un “trou noir” se découvrant comme “destin du monde” ;
• Une fois portée aux nues, la Révolution française s’efface et disparaît tout aussi rapidement, comme Robespierre et sa « band of brothers » eux-mêmes, siphonnés par la guillotine, et l’on peut alors entreprendre de tenter de vous convaincre qu’après tout la Terreur n’est pas si mauvaise fille que cela, selon une narrative qui a gardé toute sa dynamique et un constat évident que fait le juge le plus terrible de cet événement
(Joseph de Maistre, bien entendu : « On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. »)
• Une fois fait le choix terrible de la thermodynamique qui est aussi dur que la pierre comme on l’a vu et enveloppe tous nos peuplades dans une gangue de déterminisme comme dans une prison de marbre, – faux-marbre bien entendu, aussi dur mais fabriqué, comme la fission nucléaire usinée par Sapiens, parce que pierre et marbre de feu, contre leur nature qui est froide, et ainsi inversion accomplie, – “Une fois fait le choix terrible…”, qui s’intéresse vraiment à cette terreur née de l’amalgame, notamment dans ses conséquences de la destruction du monde par néantisation ? Qui s’y intéresse puisqu’il s’agit désormais, ou sous peu et si peu, de la “fée-Électricité” qui devrait nous éclairer, enfantée par le “parti de l’Industrie” pour éclairer notre avenir radieux, qui éclaire par conséquent cette marche à la néantisation ?
(Qui, sinon les visionnaires maudits et excommuniés ? Qui, sinon les auteurs qui n’osent plus construire leurs œuvres tant elles se font écrasantes sous les pressions de la folie du monde ?)
Ainsi les trois éléments sont-ils devenus, chacun, le “rien d’eux-mêmes”, pour pouvoir mieux se fondre dans la dynamique du “déchaînement de la Matière”, en une manœuvre parfaite d’intégration fusionnelle, les trois devenus un, le triangle se faisant simulacre en une unité de façade prétendant être l’Unité. Ainsi le “déchaînement de la Matière” est-il, malgré sa puissance, son rythme, son souffle de forge de l’immense usine du monde que bâtissent les Modernes, ainsi est-il lui-même, par sa négativité évidente, sa bassesse qui ne l’est pas moins, un immense “rien”, – quelque chose, – retenons bien l’image, – quelque chose qui n’est pas vrai et qui ne peut donc vouloir que le néantissement du Rien et l’entropisation du Vide. Cela nous conduit à un traitement plein de force et de verve, un traitement qui fera nécessairement appel à la métaphysique symbolique et poétique, tracée dans l’intuition haute, notamment en nous appuyant précisément sur la définition que nous offre le comte Joseph qui vient de nous parler des révolutionnaires, dont on sait la piètre popularité chez les esprits bien de leurs temps, de nos temps-devenus-fous (il faut préciser que les caractères en gras sont de lui, donc qu’il y tient essentiellement) :
« Le mal n’a rien de commun avec l’existence ; il ne peut créer puisque sa force est purement négative : Le mal est le schisme de l’être : il n’est pas vrai. »
Le Mal dans son simulacre de puissance comme infinie « n’est pas vrai » ; il est la représentation terrestre du Rien.
C’est de cela et contre cela qu’il nous faut, nous, nous déchaîner…
... du “déchaînement”, à la jointure des XVIIIème et XIXème siècles, comme il a été argumenté d’une façon à la fois plus précise et moins affirmative dans le deuxième Tome de notre récit. En vérité, le “déchaînement” est une sorte d’“assaut final”, une sorte de regroupement de toutes les forces déstructurantes en action pour lancer l’attaque décisive. C’est un peu, si vous voulez, comme les Allemands regroupant leurs forces avec l’addition d’une quarantaine de divisions libérées d’un Front Est qui n’existait plus avec la capitulation des bolchéviques aboutissant à la paix de Brest-Litovsk de mars 1918, et lançant contre les alliés occidentaux (France-UK-USA) leur grande offensive du printemps 1918 qui aurait dû en bonne logique du rapport des forces leur apporter la victoire sur un plateau d’or et d’argent, serti de diamants et marqué de la Croix de Fer des héros germains.
Tout le “matériel” historique, – les “Trois-Révolutions” de 1776-1825, – était prêt pour se rassembler et fusionner en cette terrible et furieuse poussée ; c’est dire si des yeux avertis de l’avenir, observant les agitations terrestres courantes, eussent pu distinguer les signes de l’organisation de l’immense et catastrophique tempête dont l’observateur était informé de la venue sans en connaître la chronologie. Tout est là, épars mais comme déjà rassemblé par un fil invisible, prêt à se réunir, s’intégrer, se fondre en une dynamique irrésistible, universelle, inarrêtable telle qu’on la voit naître, cette dynamique que nous caractérisons de “surpuissante” pour ce qui est de l’énergie qu’elle rassemble avant d’en faire usage ; cela, parce qu’il est décidément dans nos habitudes dialectiques de faire s’équivaloir, au bout du compte, l’une alimentant tragiquement la seconde, cette notion de “surpuissance” et cette autre notion d’“autodestruction”, la première engendrant la seconde comme une Gorgone enfante son monstre de rejeton ; et celle-ci, la Gorgone, ricanant et lui disant : “Au plus tu deviens fort, au plus tu te détruis car ta force, par sa démesure, par l’hybris qui la caractérise, écarte l’harmonie, l’ordre et l’équilibre, pour faire se retourner et sombrer le titan des mers.”
Ainsi peut-on déjà résumer le destin de la chose, parce qu’il apparaît complètement évident que rien d’autre que cette dynamique autodestructrice, dans cette équivalence “surpuissance-autodestruction”, ne peut apparaître, naître, grandir et se développer, et enfin accomplir son destin. Nous sommes ici, dans ces pages et entre ces lignes, pour conter une aventure dont le terme est connu des dieux depuis l’origine d’au-delà de l’origine, dans cet au-delà du cosmos où il n’y a pas d’origine comme il sied à l’Éternité, une aventure terrestre qui a été conçue justement pour parvenir à ce terme.
Notre tâche est donc de reconstituer le récit épique d’une tentative monstrueuse et vouée par avance à l’échec, mais dont nous fûmes et sommes encore le champ de la bataille indescriptible dans un ouragan de souffrances et de perception du tragique que l’on nomme “la vie”, cette tentative dont le terme scellera le destin. Cette proximité implique que nous avons, d’une certaine façon carte blanche pour cette tâche, avec certaines indications qui sont comme des sous-entendus et des “cela-va-de-soi”, mais sans que nous sachions rien de la façon dont se manifestera l’inévitable issue de l’effondrement (nommément, dans notre code dialectique : la Grande Crise de l’Effondrement du Système [GCES], ou dit également ‘GrandeCrise’). L’expression même qui est choisie pour l’origine de la séquence métahistorique, du “déchaînement de la Matière”, signale qu’il est question de la matière en général (ici non-majusculée au contraire de l’emploi qui en est fait dans l’expression, donc d’un emploi contraire du majestatif respectueux et apaisé, parce qu’étant au contraire d’un majestatif horrifié et tragique). A ce point, notre travail va porter sur la question de la matière par rapport à ce que nous avons évoqué précédemment, – la “question de la matière” par rapport à l’Éternité et sa messagère sublime qu’est la Nostalgie… On comprendra enfin et assez vite, à mesure qu’on avancera dans ces pages et ces lignes, que, par “matière”, et avant d’en venir à d’autres échéances, on signifiera que c’est la matière même de notre histoire, de l’histoire de notre effondrement, observée d’une position de métahistorien que les événements si puissants et si immédiatement métaphysiques nous permettent de tenir. Notre faiblesse extraordinaire, nos angoisses et nos lâchetés, dans ces instants de transcendance métahistorique, ne paraissent plus qu’anodines anecdotes, alors que l’humain parvient à se détacher de lui-même, à se sortir de lui-même pour se forcer lui-même à mériter cette transcendance.
(Voyez combien se mélangent des traits antagonistes dans la hauteur des valeurs, certains si bas, si misérables, d’autre brusquement vous imposant une ascension sublime et irrésistible. Nous sommes des jouets de forces insoupçonnables et indicibles, mais soudain le jouet se transformant en un cœur brûlant d’une matière transcendée [le rôle dévolu à la matière !], en porteur de missions sacrées voulues par les dieux, emportés, grandis par l’exaltation du devoir à accomplir ! Soudain devenant nous-mêmes, c’est-à-dire bien plus que nous-mêmes puisque libérés de nous-mêmes !)
L’on comprendra également que l’expression de “déchaînement de la Matière” trouve l’essentiel sinon l’exclusivité de son sens dans l’élément dynamique qu’implique le “déchaînement”. C’est dire si la “matière” majusculée en “Matière” n’est nullement, ni condamnable, ni même coupable d’une culpabilité qui aurait échappé à la sagacité des juges sis sur les marches de l’Olympe… Elle est victime, trompée et pervertie par des manigances qu’on ne peut qualifier que de diaboliques. Elle ne peut être, elle, jugée sur ce qu’elle n’a pas commis, là où elle n’a été qu’instrument, et cela sous l’action des manipulateurs que sont les différents thuriféraires de la modernité, ouvrant ainsi des fissures mortelles dans leur Grand’Oeuvre qu’ils jugeaient irrésistibles, laissant subversion et inversion du Diable s’installer et préparer cette dynamique qui fera de la matière un “déchaînement” terrifiant.
...en y revenant puisque la chose fut déjà évoquée, sur l’aspect de cette expression du “déchaînement de la Matière” dans le cadre de la question générale de la matière à partir d’un simple code orthographique ; c’est-à-dire, cette interrogation : pourquoi ici “Matière” avec une majuscule, et là sans majuscule ? Nous avons levé un coin de l’approche choisie, je dirais même de l’approche qu’il m’a été imposée de choisir, dans deux passages précédents de ce Tome-III/1, que je rappelle en les mettant en évidence par l’emploi de l’italique :
• « Ici, aussitôt une précision concernant “mon”-orthographe dans cet ouvrage, une question de majuscule qui nous évitera des reprises d’explications bien longues… C’est pour cette opération de la matière “au niveau le plus bas” “devenant Esprit” que “matière” ne devient pas “Matière” majusculée comme l’on serait tenté de faire : cette majusculation est réservée à autre chose, à son exact contraire comme on verra plus loin [la majuscule du “déchaînement de la Matière” qui est chose diabolique, comme l’on sait, et qui mérite une majuscule satanique pour donner à mesurer la puissance de l’ennemi] ; “matière” devenant “Esprit”, tout au contraire de la substance à l’essence, la matière à partir de quoi se fait la transmutation est et reste informe, et je dirais presque modeste, humble, et son élévation la fait Esprit en la sortant décisivement de sa situation de matière, et la transmutation est aussi une séparation décisive ; ce n’est pas de la matière se prétendant Esprit en se majusculant Matière, faux-Esprit qui reste matière et vraie-Matière, qui est ruse du diable et rien d’autre... »
• « Où l’on voit, comme suggéré plus haut et ici avec nécessité de redite pour que l’insistance donne forme à la démarche, que rien n’est dit sur la matière ; où l’on voit, en d’autres mots plus décisifs, que la Matière-majusculée que nous-mêmes avons proposée comme instituée dans notre terrible époque est le Mal jusqu’à être le Tout de cette terrible époque ; où l’on voit alors, et cela est absolument et tout simplement décisif, que la Matière-majusculée, si elle est le Tout de cette terrible époque, n’est pas toute la matière. Encore et encore, avec toute la force qui me reste, que me laisse le fond de mon âge finissant, je proclame cette fondamentale distinction comme étant l’un des phénomènes les plus importants de la conception générale que je me fais du monde. Il me faudra bien revenir [c’est le cas ici, en juillet 2022] sur cette problématique, sur le fond, – je l’espère, plus loin dans ce Tome III de ‘La Grâce’ si le Temps me laisse un peu de sa grâce ; il faudra bien se plonger dans l’épreuve incroyable et inestimable de la définition de la matière dans toutes ces nuances essentielles que je ne fais [ici que survoler, que frôler]. Au bout du compte, le Tout de cette ambition [qui est de distinguer et de séparer le “Tout de cette terrible époque” du Tout de la matière] dépendra du temps qui m’est encore laissé… »
D’où il ressort, pour mon compte, qu’à l’origine, si ce terme de “matière” est utilisable dans ce cas avec cette orthographe ‘démajusculée’, la matière est pour moi chose inerte et neutre, une sorte d’outil inemployé, sans forme mais nullement informe puisqu’ayant en lui toutes les possibilités de toutes les formes, préposé éventuellement pour un vaste dessein, que l’on peut utiliser dans le but de la création de quelque chose, et même de toute chose. A partir de là, tout commence…
En quelque sorte, on serait conduit à dire que la matière est “à prendre”, un peu comme les terres d’un continent inconnu où nulle vie ne se manifeste s’offrent aux explorateurs nouveaux-venus, intrigants, rapaces, curieux, missionnaires, méditatifs, ouverts à la spiritualité du monde ; qu’elle est “à prendre” comme le pouvoir dans les époques où la décadence se fait dégénérescence, où le vice se fait perversion ; la matière est neutre, “à prendre” et, de plus, elle est “vierge”, c’est-à-dire à la fois pure et neuve, mais aussi forme du foyer et du feu sacré comme la déesse Vesta. Je considère la matière comme une chose aux multiples possibilités, une informité aux multiples possibilités de formes ; elle n’est pas vraiment un commencement, elle est plutôt un Rien venu d’où la raison et la mémoire humaines ne savent rien, venu d’un espace où nul lieu n’existe, – “où se trouve le où” ne peut être déterminé ni identifié, où le “Rien” n’est pas rien mais dans l’en-deça du “Rien”. Quoi qu’il en soit la matière est grosse, comme l’on dit d’être fécondée malgré qu’on la dise vierge, d’une infinité de possibilités, et c’est bien ce contraste qui constitue, “à l’origine” de la conception que j’en ai, sa marque la plus extraordinaire.
En d’autres termes, “à l’origine”, la matière n’est ni Bien, ni Mal, – vierge de ceci et de cela, informe et insaisissable – mais elle a en elle la potentialité de l’éternité, – une infinité de possibilités.
De même se pose la question : la matière a-t-elle une essence à l’origine ? C’est un de ces mystères, sinon le Mystère de la matière dont je dis ou laisse entendre par ailleurs, immédiatement plus haut, qu’elle n’est pas un commencement, que l’expression “à l’origine” n’est pas pour elle mais seulement pour “la conception que j’en ai”.
La matière est l’outil du monde, ce par quoi l’Unité originelle qui engendre l’univers sans commencement ni fin entend que l’on agisse pour accomplir la tâche dont on a la charge. Vous noterez combien il n’est, jusqu’ici, guère question d’esprit au sens humain du terme dans le sens que nous, les humains, nous lui donnons ; combien, à cet égard et de ce point de vue de l’exploration des choses selon la méthode qui me guide, la matière précède l’Esprit qui peut alors, dans cet arrangement, être majusculé en Majesté.
(Bien entendu encore, cette formule n’a strictement aucun rapport avec “l’existence précède l’essence” de l’existentialisme ; la matière originelle dont je parle, qui précède l’Esprit, n’a aucune forme, aucune existence, aucune pseudo-ontologie qui accoucherait par une opération d’un pseudo-Saint-Esprit de l’Esprit lui-même, pseudo accouchant du Vrai, simulacre vomissant la Vérité, – combien de paradoxes et de contradictions insupportables ! Le cas exposé dans ces lignes n’a aucune affinité, aucune proximité, aucune complicité avec l’appréciation existentialiste pris comme contre-exemple ; le cas est celui d’une vision poétique, l’existentialisme est une explication philosophique.)
(Bien entendu encore et toujours, on me comprend : je parle pour mon compte, selon ce que je nomme un peu audacieusement ma “méthode”. Cette exploration à laquelle j’invite mon lecteur n’est en rien le fruit direct de l’enseignement divin ; même si cet enseignement existe évidemment, assurément et absolument ; même si cet enseignement existe quelque part et partout à la fois, – la façon de le dispenser après qu’il m’ait été transmis hors de mon vouloir et de ma conscience mais conformément à la grâce de l’intuition, cette façon me concerne. Je suis, comme tout être est ou devrait être, le tacticien d’une stratégie divine, à l’égard de laquelle souvent il m’arrive de montrer de l’inconnaissance dans le sens le plus haut du terme.)
Cela, “la matière précédant l’Esprit”, ne signifie nullement qu’il n’y ait pas de l’esprit dans cet arrangement, voire de “l’esprit épars”, mais que l’esprit n’a nullement ni sa forme, ni sa vertu, ni sa puissance qui en fait l’Esprit pour ce qui nous concerne, nous autres créatures terrestres. Le fait indiscutable et d’un poids considérable dans cette “vision poétique” est que nous devons abandonner ce domaine de l’esprit où nous allâmes d’abord nous reconnaître pour nous retrouver en-dessous et décrire cette immense bataille en train d’être livrée, dans laquelle l’esprit en tant que représentation humaine de l’Esprit est menacé jusque dans son essence. Il y a quelque chose de la bataille suprême ! Je parle là aussi bien en théorie et en conviction, qu’en commentaire des événements terrestres en train de se dérouler, littéralement lecteur, “sous nos yeux”, comme je dirais “sous mes yeux”. Il s’agit bien d’une réflexion qui concerne une origine qui n’a aucun rapport avec la chronologie des Temps à l’origine, rien de temporel sur l’échelle métahistorique ; et qui a d’autre part un rapport direct, presque vertigineux dans sa sollicitation dans une existence, avec les Temps Présents parce que leur marque est celle de la GrandeCrise de l’effondrement d’une civilisation sans égale dans sa prétention à être universelle et absolument finale comme en éternité.
D’un autre point de vue, qui est finalement et profondément celui de cet ouvrage où l’on mêle les origines non chronologique de toute chose et le fracas des Temps Présents, cette orientation de notre intuition poétique fait écho à celle que nous avons décrite dans les parties précédentes de ce Tome-III où notre ascension vers une éternité qui nous mettrait proche de l’Éternité elle-même constituait un lien entre la Terre et le Ciel. Ce lien est le nœud central de l’intrigue de ce récit et celui par lequel j’entreprends cette expédition à la découverte de ce que recouvre en vérité, je veux dire dans toute sa vérité, ce concept de “déchaînement de la Matière” dont j’ai fait tant l’usage et qui m’a semblé être comme une sorte de “sésame, ouvre-toi” des différents mystères du monde auxquels il m’a semblé que j’étais confronté. Dans ce cas, le “déchaînement de la Matière” qui singe le Mal-Absolu se découvre vertueux en éclairant par son contre-exemple des perspectives uniques.
Cette fois, je le sens bien, il s’agit du Mystère du Monde, et le “déchaînement de la Matière” mérite bien son nom, et toute la tension, toute la dynamique explosive qu’on lui devine. Le “déchaînement de la Matière” ou l’ultime et décisive tentative de l’antiMonde pour détruire l’Éternité… C’est bien ce que nous sommes en train de vivre et dont il m’importe de m’en faire le commentateur empressé et méthodique, presque comme l’on dit d’un très-vulgaire “commentateur de la presse quotidienne”, et pourtant ce commentateur élevé jusqu’à ce que j’ai nommé “âme poétique”.
...comment une phalange d’entités destructrices réunies comme autant d’Orques-généraux chargés d’unités diverses presque au sens militaire du mot, et rassemblés dans le Poste de Commandement Général du Mordor, – connu sous le surnom symbolique et puissant, et logique par ailleurs, de “l’Entité”, – comment cette assemblée, dans un mouvement d’unanimité retrouvée lorsqu’il s’agit d’en finir avec ce défi de l’Éternité qui interdit tout espoir de réussite de leur entreprise, décidait enfin de lancer le concept, d’appliquer le plan diabolique du “déchaînement de la Matière”.
L’un d’eux dit, se levant brusquement comme le diable jaillit de sa boite, emporté, possédé avec des éclairs dans les yeux, brandissant sa main fermé en un poing comme s’il s’agissait d’une épée maniée comme une masse d’arme :
— Puisque la matière est à prendre, prenons-là ! Et ornons-là d’une majuscule irrésistible !
Et tous, conquis, emportés, subjugués comme devant une sorte de totem, de simulacre peint sur la paroi de la profonde caverne platonicienne, de s’écrier :
— Matière ! Matière ! Toi seule peut accomplir notre dessein secret…
On dit même que certains, sans soucis du ridicule qu’ils offraient ainsi en spectacle car ils étaient fort laids, difformes et monstrueux, le mouvement brutal et la posture sans grâce, se levèrent et dansèrent, scandant selon ce rythme satanique qui leur convient si bien :
— Dessein sacré ! Dessein sacré !
(Ici apparaît le quiproquo fondamental qui va marquer cette séquence de l’aventure : s’il s’agit certes et bien entendu d’un “dessein secret”, je crains bien que nombre d’oreilles inattentives et d’yeux trop vite assurés d’eux-mêmes aient entendu et lu : “dessein sacré”. La différence est de taille entre ce qui est directement du domaine de la sacralité de l’esprit, et donc directement producteur de la spiritualité jusqu’à en baigner notre âme poétique, et ce qui dépend de la seule lourdeur de l’humain devenu bureaucrate du Système-Pentagone, qui fait l’important en proclamant inaccessible au commun [“secret”] des artefacts de sa production, lesquels pourtant ne témoignent que de la vanité de son destin ; déjà, l’on distingue les limites de la vivacité de l’esprit du Démon, car le quiproquo est bien peut-être, également et même d’abord, le pot-au-rose… Parole fameuse [pour mon compte] de Guénon :
« On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »
C’est cette sottise-là, – “sacré” pour “secret”, – qui va nous guider.)
Le fait indéniable est que les participants à cette réunion de “L’Entité”, les Orques-généraux rassemblés autour de lui, décidèrent aussitôt de toutes les dispositions comme l’on prépare une opération de guerre. On voit que le récit prend ici un tour plus réaliste, quoique certains y verraient du genre de la fantasy comme Hollywood nomme les enfants difformes et américanisés nés de l’œuvre de Tolkien préalablement passée au scanner de la modélisation ‘esthétique’ (quel mot étrange dans ce contexte) qui est de règle dans ce même Hollywood. Il ne m’étonnerait pas non plus que les protagonistes que je décris, les Orques-généraux, soient effectivement de cet état d’esprit et de ce niveau de l’esprit, comme créatures d’horreur et d’erreur hollywoodiennes.
Quoi qu’il soit de ces considérations annexes, il reste qu’il me paraît essentiel de proposer une justification à un tel changement d’atmosphère, de rythme et de structure du récit, – même s’il ne s’agit que du temporaire. L’essentiel est que cette justification permet d’aborder certains sujets nécessaires à la compréhension de l’ensemble.
Il me paraît extrêmement utile, de ce point de vue, d’ainsi identifier et d’incarner le regroupement des créatures terrestres, ou pseudo-terrestres si l’on veut rester prudent, qui constituèrent la force motrice initiale du “déchaînement de la Matière”. Il est extrêmement important, pour notre compréhension des événements en cours, de se convaincre par toutes les sortes possibles d’arguments, de paraboles et de convictions, qu’il y a nécessairement dans cette immense Crise Générale, ou GrandeCrise, dont nous voyons le paroxysme une intimité des actions et de leurs effets entre l’humaine espèce et les créatures d’en-dehors de notre monde, des espaces divins et maléfiques, avec toutes les nuances, les échappées, les enfers et les rédemptions, les politiques et les soumissions qui caractérisent cet extraordinaire instant de rassemblement et de connexion de ces deux étages du cosmos.
Il doit même être concevable qu’il existe une sorte d’“éternité” (identifiable par l’usage de la minuscule en tête du mot) constituant un sas d’accès à l’Éternité elle-même, comme on a pu le deviner dans les parties précédentes, et que la Nostalgie est la principale, voire la seule porte d’accès à cette “éternité humaine”, ou “pré-divine”. On observera qu’un auteur comme Mircea Marghescu, dans son Homunculus, qui est présenté comme une « critique dostoïevskienne de l’anthropologie », évoque une “immortalité” du monde paysan incarnée par les gestes mille et mille fois répétés, les observations du monde, de l’évolution des éléments de la vie, du climat, dont la connaissance est héritée de la continuité de la Tradition, qui le rapproche évidemment de la notion d’éternité ; encore Marghescu y met-il des formes très humaines qui nous conviennent parfaitement, en relativisant cette notion, justement en la faisant “plus humaine” et donc nous rapprochant de notre propos :
« La pérennité du monde paysan pourrait faire croire à son immortalité comme ses rythmes lents font croire à sa paix : mais cette pérennité n’est due qu’à l’effort permanent et conséquent du paysan pour la maintenir aux gestes accomplis rituellement de génération en génération le long des siècles. L’immortalité du paysan n’est pas donnée, mais, à tout moment, conquise. »
… Mais où l’on voit par conséquent cette précision essentielle qui semble “relativiser” l’“éternité” sous la forme de l’“immortalité”, – puisqu’elle « n’est pas donnée, mais, à tout moment, conquise » ! C’est une entreprise importante, une audace considérable de suggérer qu’une chose “relative” à l’activité humaine puisse être qualifiée d’“immortalité”, qui est au moins un premier pas, ou bien dirions-nous le “dernier pas” de l’“éternité” comme “sas d’accès à l’Éternité elle-même”, le pas qui ne finit jamais, et alors la voie étant ouverte vers une rencontre avec l’Éternité. Enfin, l’on comprendrait peut-être alors vers quel chemin ma plume et les mots qu’elle trace vont orienter ma pensée. Effectivement : cette idée de l’“immortalité” que donne le respect de la Tradition, et qui ouvre la voie à cette “éternité” mi-figue mi-raisin, un pied ici-bas et l’autre dans l’au-delà, signifie pour nos comploteurs du Mordor décidés à utiliser l’arme de l’inversion que quelque chose dans l’humaine nature peut être confisquée par des bandes habitées par des ambitions machiavéliques et diaboliques comme sont les leurs justement, pour servir à trafiquer la matière à son avantage, et en faire la Matière ; et la faire “se déchaîner”, pardi !
Je viens d’écrire un mot révélateur : “nos comploteurs”, parlant des Orques-généraux réunis en congrès. Certes, ils complotent ! L’on comprend aussitôt que nous évoquons un domaine fondamental qui, selon la dynamique de la pensée commune de ces derrières décennies et bien que la tendance eût existé depuis les origines, a pris un essor prodigieux dans le commentaire et l’enquête continuelle auxquels nous soumettons la Grande Crise générale que nous vivons (dite plus précisément GCES pour Grande Crise d’Effondrement du Système, ou bien ‘GrandeCrise’ pour faire bref). Il s’agit du domaine fondamental de ce que l’on qualifie de “complotisme”, développé, étiré, sucé de toute sa supposée substantifique moelle à mesure que s’effondrait dans la doxa officielle la notion de Vérité et que la réalité du monde était pulvérisée par les narrative façonnées comme de la terre glaise et représentées comme le marbre du spectacle du monde, et cela rendu possibles par les moyens de la communication, par l’épouvantable déchaînement du technologisme comme avancée suprême et arme secrète de la Matière, justement moteur de son déchaînement. Ce terrible phénomène s’effectuait dans le cadre de simulacres que nos esprits enfiévrés et comme sous l’empire d’opioïdes nécessaires à la consolidation de la perception et à l’exaltation de la modernité-tardive, n’ont cessé de créer et de structurer en des mondes parallèles, péremptoires et illusoires, organisant la subversion d’esprits affaiblis jusqu’à ce que le langage de l’époque proposât et généralisât le terme de ‘zombification’ pour qualifier toute cette opération… ‘Opération-Zombification’, comme il disait, croyant poser les fondations du Nouveau-Monde, “Operation-Overlord”.
Donc, la réunion que l’on décrit de nos Orques-généraux est moins d’être un congrès de causeurs qui s’écoutent, mais bien, comme nous l’avons suggéré, un Conseil de Guerre préparant une campagne comme des généraux préparent une offensive décisive. Leur programme de guerre est résumé et symbolisé à la fois par le nom de l’opération qu’eux-mêmes donnent à l’entreprise ; qui pourrait apparaître comme un slogan, comme une accroche publicitaire si vous voulez, comme un étendard de l’américanisme et de la modernité-tardive puisque George W. Bush lui-même en fit, dans son inégalable crétinerie, son étendard glorieux : To Conquer Hearts & Minds.
On verra plus tard dans l’histoire courante, après la Grande Attaque du 11-septembre, que les équivalents des Orques-généraux de l’américanisme conçurent effectivement qu’il pourrait lancer leur “Très-Longue Guerre” selon l’idée de “la Conquête des Cœurs et des Esprits”, c’est-à-dire les organes des peuplades étranges et étrangères, non-US, auxquelles ils iraient porter la démocratie comme on implante d’autorité un organe catégorique bardés de puces contrôleuses et censureuses ; la pratique de la chose prévoyant que l’on ferait pénétrer la démocratie par les fissures des Cœurs et des Esprits, jusqu’à leur complète invasion et leur conversion inévitable qui se ferait sous la forme d’une inversion totale, voire totalitaire. Ainsi y a-t-il un lien indubitable entre nos Orques-généraux qui préparent le “déchaînement de la Matière” et nos soldats de l’américanisme qui jurent avoir identifié le Graal de leur Grand Jeu des conquêtes extérieures, ce qui fournit les pièces principales du dossier à charge des États-Unis d’Amérique, du massacre de leurs Indiens par un protestantisme puritain et sauvage au déchaînement de la bêtise absolument complète du wokenisme, autre aspect du protestantisme puritain et sauvage.
Qu’il en soit ainsi ! En effet, le plan des Orques-généraux est bien que ce déchaînement sèmera une extrême confusion qui, dans ce cas également, permettra à la Matière de tracer son chemin jusqu’à conquête et conversion/inversion complètes des Cœurs et des Esprits des habitants et des citoyens des terres investies. Ces plans sont dressés effectivement au Temps du Déchaînement, c’est-à-dire au même instant antihistorique où est fondée la République Américaniste, qui est une composante de cet événement précisément.
Comment peut-on alors hésiter une seconde à établir un lien serré entre tous ces événements, ces occurrences, ces digressions et ces occasions ? La tâche des Orques-généraux est ainsi de préparer le Temps de l’Inversion (ceux que je désigne comme “nos temps-devenus-fous”) après conquête et conversion des Cœurs et des Esprits. Les habitants et citoyens visés, qui sont des sapiens-sapiens spécifiquement de la modernité-tardive car c’est à cette époque que l’offensive atteindra son plein rendement, à l’orée du XXIème siècle en principe mais peut-être au-delà, sont d’une fragilité reconnue du point de vue de l’étanchéité de leurs Cœurs et de leurs Esprits, de leur défense spirituelle, de leur structuration émotionnelle et affectiviste. Ils céderont, estiment les Orques-généraux, sans opposer de grandes résistances ; ils seront même trompés et séduits, pour certains, tant est grand leur goût du simulacre et tant les Orques-généraux s’y entendent dans ce domaine.
...la forme et l’organisation de leur entreprise qui a si forte partie liée au “déchaînement de la Matière” puisqu’elle en forme les hordes et les bataillons, c’est qu’en se constituant ainsi en ces phalanges guerrières au service du Démon, ces Orques-généraux et leurs troupes sont complètement et absolument mes ennemis. Je les reconnais sans l’ombre d’une hésitation car ma vue est à cet égard aussi perçante que celle de l’aigle. Je les reconnais bien et les tiens pour coupables d’un très grand crime ; ils sont intervenus directement dans l’ordre et l’agencement de la métahistoire, d’une façon telle qu’on peut aisément concevoir qu’ils ont fortement contribué, directement ou indirectement, à provoquer la tragédie qui a privé mon destin d’une référence terrestre stable dans le temps passé. Je les tiens en effet pour responsable, du fait du séisme qu’ils ont déclenché, du malheur qui a frappé ma terre natale et qui l’a effacée de l’Histoire, suivant en cela un puissant courant déstructurant nommé, – quoi d’autre ? – “déchaînement de la Matière”. Ils sont mes ennemis personnels autant que les entités néfastes qui poursuivent le but de détruire par déstructuration et déconstruction la métahistoire jusqu’à l’entropie du monde, c’est-à-dire détruire le monde certes. Ainsi établis-je un lien entre la miséreuse souffrance de mon existence terrestre et le Grand Destin du cosmos emporté dans sa course vers l’Éternité....
[...]
• Une suggestion d’utiliser le symbolisme pour parvenir à une meilleure évaluation de la véritable situation d’une puissance, – les États-Unis en l’occurrence. • Le symbole ici est qu’en même temps qu’avait lieu le « désastre d’Avdeyevka » en Ukraine, le gouverneur du Texas Abbott décidait la mise en place d’une base militaire texane (Garde Nationale) à la frontière, nouveau défi signifié à la puissance centrale de Washington. • Le symbole, enfin, est dans ce que s’additionnent et se renforcent le même jour les deux faiblesses mortelles de l’Empire.
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Il est maintenant acquis que l’Ukraine a subi une défaite extrêmement spectaculaire du point de vue de la communication aussi bien que du point de vue des opérations militaires. Curieusement, – ou bien, d’une façon révélatrice, – elle a été constituée de l’ordre de retrait immédiat de la ville d’Avdeyevka, cela constituant le premier acte majeur du nouveau général commandant les forces armées (Syrski), qui avait reçu le surnom de “boucher” à cause de son refus de retirer les troupes ukrainiennes de Bakhmout où elles furent largement massacrées par les Russes. Zelenski a entériné l’opération sans difficulté, s’employant essentiellement à lancer de nouveau une invitation à Trump pour qu’il vienne voir de ses propres yeux comment vont les choses en Ukraine, – une sorte de stratégie du boursicotage.
Ce que nous entendons proposer dans ce texte, c’est un parallèle à la fois politique et symbolique entre cette défaite d’Avdeyevka et la décision annoncée par le gouverneur du Texas Abbott de mettre en place une base militaire opérationnelle “texane”, avec des effectifs permanents de la Garde Nationale, sur la frontière mexicaine : la “Forward Operating Base Eagle”, le long du Rio Grande et à proximité du fameux point de passage des illégaux dit ‘Eagle Pass’.
Voici ce qu’en dit “Tyler Durden” (‘ZeroHezdge.com’), le 17 février :
Dernier signe de sa détermination à endiguer le flux d'immigrants illégaux vers les États-Unis, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a annoncé vendredi que le Lone Star State construirait une base militaire le long du Rio Grand, dans la ville frontalière d'Eagle Pass.
S'étendant sur une cinquantaine d’hectares, la “Base DEagle d’Opérations Avancées” abritera plus de 1 800 soldats de la Garde nationale du Texas soutenant l'opération Lone Star et pourra être agrandie pour en accueillir 2 300. Le major-général du Texas Thomas Suelzer a déclaré que le camp disposera de 300 lits d'ici la mi-avril et qu'il en ajoutera 300 supplémentaires chaque mois par la suite.
» “Avant cet effort ici, ils vivaient dans des conditions atypiques pour les opérations militaires”, a déclaré Abbott lors d'une conférence de presse à Eagle Pass. “En raison de l'ampleur de ce que nous faisons, en raison de la nécessité de maintenir et d'étendre réellement nos efforts dans ce que nous faisons, il est essentiel que nous construisions ce camp de base pour les soldats”. Dans l’état actuel des choses, les soldats sont hébergés dans toute la région, vivant de manière variable dans des hôtels, des tentes et même dans certaines maisons privées. Certains supportent de longs trajets.
» “Les passages illégaux sont en baisse et, comme par coïncidence, les barbelés sont en hausse”, a déclaré Abbott. “Nous continuerons à déployer les efforts nécessaires pour garantir que le Texas fasse le travail que le Congrès américain lui a demandé. Le Congrès américain a ordonné la construction de barrières à la frontière. Biden ne construit pas ces barrières.” »
Il n’y a rien de condamnable ni de subversif dans ce que fait Abbott, et certainement le pense-t-il ainsi puisqu’il s’appuie sur une loi du Congrès sur la surveillance et la “défense” de la frontière Sud non appliquée par la présidence ; mais il y a tout pour être dénoncé comme “condamnable et subversif” dans certaines circonstances, le mloyen d’une telle “base militaire texane” n’ayant évidemment jamais étré évoqué.
• Si les choses étaient normales, et dans les circonstances présentes, avec Biden comme président, Washington dirait, plein d’amabilité conciliante, au gouverneur, et malgré quelque arrière-pensée assez agacée : “Après tout, pourquoi pas : organisez votre armée d’Etat contre le passage des illégaux, son aide apportée aux forces fédérales sera la bienvenue”.
• Comme les choses ne sont pas du tout, mais pas diu tout normales, certains pensent déjà : “Mais ce que fait Abbott, là, c’est organiser une armée texane, qui va structurellement et opérationnellement échapper au contrôle du Pentagone, comme s’il y avait une volonté de sécession”. En effet, une “fédéralisation” d’une force installée structurellement dans une base pour une mission du type politiqueSystème jugée nécessaire, – pour l’envoyer en Syrie, par exemple, – est quelque chose qui va devenir très difficile. De facto, ‘Base Eagle’ devient une installation militaire opérationnelle texane.
Si Trump revient au pouvoir, les choses rentreront-elles dans l’ordre du bon sens énoncée dans la première hypothèse ? Pas si sûr et rien n’est moins sûr, car tout ce que fera et approuvera Trump (on fait l’hypothèse qu’il est favorable à Abbott) sera dénoncé furieusement par ses adversaires comme subversif. Trump sera accusé de protéger et de favoriser une initiative ouvrant la voie vers une sécession (ce que Tom Luongo désigne comme une “sécession douce”).
Mais ce qui nous importe principalement ici est le symbolisme opérationnel des deux événements plutôt que leurs significations opérationnelles pures, – c’est-à-dire un symbolisme de deux événements suscitant des suites à chacun d’entre eux d’une façon non-humaine et coordonnée, comme s’il existait une véritable mécanique de l’effondrement fonctionnant comme une montre suisse, avec enchaînement denté parfaitement au point. Le cas du « Désastre à Avdeyevka » enclenche un processus autant opérationnel que communicationnel de dégradation décisive de la politique ukrainienne des USA, par conséquent de sa posture impériale ; le cas de ‘Base Eagle’ structure opérationnellement une tendance centrifuge qui constitue un processus de déstructuration des Etats-Unis, par l’intérieur, par l’un de ses composants les plus puissants.
L’intérêt symbolique est de montrer une étrange coordination de l’attaque déstructurante qui s’effectue sur les deux pôles de la faiblesse américaniste (processus d’inversion vertueuse classique, avec ce qui doit être décrit comme une attaque de déstructuration de la force déstructurante fondamentale que sont les États-Unis et leur politiqueSystème).
Ce symbolisme doit être interprété comme une sorte de signal, et non pas selon des réflexes rationnels sans intérêt ici. Il indique que la puissance américaniste a perdu sa capacité essentielle, sa plasticité de résistance aux avatars, qui était d’équilibrer ses faiblesses extérieures par une force intérieure et vice-versa. Cette capacité d’équilibrage quasi automatique constituait sans aucun doute l’un leviers principaux de sa puissance et de l’impression d’invulnérabilité dont la psychologie américaniste est elle-même nourrie(inculpabilité-indéfectibilité).
L’évolution de la “politique texane” montre d’une façon affirmée parce qu’opérationnelle qu’il n’existe plus der réflexe de ralliement autour de la bannière étoilée (patriotisme) en cas d’engagement extérieur de la puissance américaniste. On retrouve un peu le schéma de 1968 signalée notamment par ‘WSWS.org’, mais en beaucoup plus grave parce que les deux crises se trouvant aux deux pôles de la puissance US n’ont aucune position de repli dans une situation de crise généralisée, qui permettrait de réduire leurs effets, l’un à l’avantage de l’autre (désengagement du Vietnam-apaisement d’une forte partie de la cause de la colère intérieure). Au contraire, tout est en, place pour que ses effets déstructurants s’accroissent et se renforcent (humiliation en Ukraine avec tentative de la limiter par une aide financière, renforcement des tensions centrifuges par absence de renforcement de la défense de la frontière Sud et absence de réaction devant les initiatives du gouverneur Abbott).
Ce symbolisme invite également à nuancer constamment les jugements sur les crises intérieures et extérieures des USA. Il faut juger l’évolution des unes en fonction de l’évolution des autres et apprécier l’influence réelle de la puissance considérée dans le rapports entre les deux. Le « Désastre à Avdeyevka » est d’autant plus grave que le gouverneur Abbott annonce qu’il installe une base militaire texane qui devrait inquiéter et frustrer gravement le Pentagone, le quel, malgré son absence persistante de ministre, estime que sa puissance repose sur l’exclusivité qu’il doit détenir de la puissance militaire des USA.
Mis enligne le 18 février 2024 à 16H15
• Il devait y avoir une “bataille d’Avdeyevka” comme il y eut une “bataille de Bakhmout”, longue et sanglante,– il y eut, en quelques jours, le “désastre d’Avdeyevka”. • Cette nuit, le chef d’état-major de l’armée ukrainienne a ordonné l’évacuation de la ville : la poussée et la pression des Russes sont trop fortes. • Les soldats ukrainiens se battent avec le même courage, mais avec de moins en moins d’effectifs et de moins en moins d’armements. • La bande de brigands et de canailles qui les dirige est en train de perdre la “bataille du simulacre”.
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La bataille d’Avdeyevka, attendue comme bien entendu “décisive” puisque la ville était et reste bien entendu “stratégique”, promise comme une probable nouvelle “bataille de Bakhmout” (4-6 mois de siège et d’affrontements urbains), – la “bataille d’Avdeyevka” selon ces normes n’a pas eu lieu. Elle s’est transmutée en 24-48 heures en “désastre d’Avdeyevka”, ponctuée par un ordre d’évacuation immédiate nouveau d’état-major des forces armées ukrainiennes, le général Syrsky, donné très tôt samedi matin (3 heures du matin).
« Le général Alexandre Syrsky a annoncé le retrait dans une déclaration partagée sur les réseaux sociaux tôt samedi matin (3 heures du matin), arguant que le retrait faisait partie des “mesures visant à stabiliser la situation et à maintenir nos positions”.
“Sur la base de la situation opérationnelle autour d'Avdiivka [Avdeyevka], afin d'éviter l'encerclement et de préserver la vie et la santé des militaires, j'ai décidé de retirer nos unités de la ville et de passer à la défense sur des lignes plus favorables”, a-t-il déclaré. »
La nouvelle sanctionne deux-trois jours de combats devenus insoutenables pour les Ukrainiens dans la ville, malgré des renforts envoyés sur place et aussitôt plongés dans cette situation incontrôlable. Le Washington ‘Post’, cité par Tass écrivait ceci, qui concerne éventuellement le 3ème brigade issue du fameux régiment ‘Azof’ et montre le caractère général de la situation de désastre militaire :
« Une brigade ukrainienne déployée dans une zone proche d'Avdeyevka, en République populaire de Donetsk (RPD), a signalé une situation “extrêmement critique” près de ce secteur du front dans un article de Telegram intitulé “L'enfer à Avdeyevka”. Beletski, a déclaré que ses troupes “doivent se battre dans toutes les directions”. »
Le tandem Christoforou-Mercouris est sans aucun doute et comme à l’habitude pour la situation opérationnelle, l’une des meilleures sources disponibles, et il faut le suivre pour s’informer précisément de la bataille (pour cette phase du retrait, voir deux vidéos, ici et ici). De toutes les façons, leurs évaluations et informations recoupent diverses sources, dont certaines viennent de milieux officiels, notamment ukrainiens, mais également américanistes qui prennent de plus en plus leurs distances vis-à-vis du régime Zelenski.
En fait, la propagande américaniste est en mode d’autopilote par rapport aux informations qu’elle reçoit d’Ukraine et qu’elle ne cherche plus à dissimuler, avançant en général comme raisonnement à partir des revers très graves enregistrés qu’il s’agit d’un argument supplémentaire pour activer une décision et un envoi de l’aide de 61 $milliards pour laquelle l’administration Biden guerroie dans un but évidemment électoral. L’absurdité de l’argument ne semble pas intéresser l’esprit des acteurs du simulacre poursuivi coute que coute :
1) qu’une aide de 61 $milliards en soi (c’est-à-dire un certain nombre de tonnes de papier imprimés en $50, $100, $1000, etc.) n’apporte pas un remède immédiat à une situation qui demande des renforts humains et matériels immédiats ;
2) qu’il n’y a de toutes les façons pas de matériels militaires disponibles, notamment aux USA, pour l’Ukraine, qui puissent faire l’objet d’acquisitions sonnantes et trébuchantes malgré cette pluie attendue de $milliards. Exemple souvent repris : les Ukrainiens tirent 6 000 obus de 155mm par jour, les USA en produisent 25 000 par mois (quatre jours de tirs ukrainiens) et en en produiront 85 000 par mois en 2025.
Cette phase opérationnelle, alors que le Congrès est plus que rétricent à lâcher les $milliards, est effectivement un bon exemple de ce type d’arguments se heurtant à une situation bloquée et en aggravation très rapide, quasiment au jour-le-jour, et développant des conséquences sans liens logique sur la nécessité d’une aide financière à effets immédiats nuls puisque se décidant et s’étendant sur plusieurs mois ; – exemple contenu dans le titre et le sous-titre tels qu’il en est rendu compte ici :
« L'Ukraine est confrontée à de “nombreuses autres” défaites, selon le Pentagone
» La situation désastreuse à Avdeyevka signifie que le Congrès doit approuver l'aide à Kiev, a déclaré l'armée américaine.
... Ainsi, il y a peu, une résistance victorieuse à Avdeyevka était vue comme un argument décisif pour faire voter l’aide à l’Ukraine. Aujourd’hui, la défaite imminente sinon accomplie est avancée comme ce même argument décisif. La dialectique se développe en présentant la défaite accomplie comme s’il s’agissait d’une situation d’attente pour les $milliards supplémentaires (en grosses coupures) qui transformeront par magie dialectique classique le mot “défaite” en “victoire”. Effectivement, le vote inutile d’une aide venant couronner une défaite est perçu dans nos régimes qui ont le souci du détail partisan et gaspilleur comme une victoire.
« “Nous constatons que les Ukrainiens manquent de fournitures essentielles, en particulier de munitions, et nous considérons cela comme un signe avant-coureur de ce qui va arriver si nous n'obtenons pas ce financement supplémentaire ” a déclaré le responsable du Pentagone, s'exprimant sous couvert d'anonymat. .
» Sans cet argent, a déclaré le responsable, l’Ukraine n’aura aucune chance contre l’armée russe “supérieure” et “nous trouverons également de nombreux autres emplacements le long de la ligne avancée de troupes qui seront à court de fournitures et de munitions essentielles”.
» Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a déclaré jeudi aux journalistes qu’“Avdeyevka risque de tomber sous le contrôle de la Russie”, citant également cela comme la raison pour laquelle le Congrès devrait approuver le financement de l'Ukraine. »
Tout montre donc que la “bataille d’Avdeyevka” qui promettait d’être une seconde “bataille de Bakhmout”, ne l’est absolument pas. Le rythme menant à l’affrontement a semblé d’abord lent et complexe, et d’ailleurs dans une assez grande indifférence qui permit d’installer le mythe d’une ‘impasse’ de la guerre (le mot ‘stalemate’ a beaucoup été employé). Il permettait de renforcer la perception d’une absence de supériorité décisive de la Russie sur l’Ukraine. Tout cela est désormais dissipé, au moins pour quelques jours.
Pour une attention et une information moyennes, la rapidité des événements des derniers jours bouleverse complètement la perception de l’évolution opérationnelle. Tout semble indiquer que les Russes ont réussi leur effort d’organisation d’une concentration considérable de forces leur permettant désormais d’imposer leur rythme à volonté. De leur côté, les Ukrainiens, ou plutôt le régime Zelenski, a démontré involontairement que la “guerre de l’information”, – que nous nommerions plutôt “guerre du simulacre” en désignant l’usage de la communication comme facteur de manipulation et de perversion de l’information, – a été dépassée par la guerre opérationnelle classique.
Le régime Zelenski se trouve dès lors dans une position non seulement défensive, mais de grande faiblesse, puisqu’il voit son principal instrument décisivement affaibli, jusque dans son essence si l’on peut parler d’essence dans le cas d’un simulacre. Voir Zelenski signer des accords de sécurité mutuelle avec la France et l’Allemagne, deux décombres de puissance dotées de stratégies réduites à un piètre cimetière d’ossements, a pour résultat, en présence du “désastre d’Avdeyevka”, de ridiculiser ces trois piètres acteurs.
Il est remarquable, selon notre expérience personnelle, que pendant que se déroulait ce “désastre d’Avdeyevka”, on pouvait entendre à un bulletin d’information hier soir, exposer la situation selon le mot traditionnel de ‘stalemate’, – comme si rien, vraiment rien ne se passait sur le front, en Ukraine, notamment à Avdeyevka. Si nous prenons cet exemple sans prendre la peine, par courtoisie, de nommer le coupable, c’est parce que le bulletin était diffusé par un un réseau-TV de tendance nationale de droite qui se définit sans ambiguïté comme antiSystème. C’est-à-dire que, pour ceux que l’on pense être dans un camp, subsistent les contraintes et les impératifs d’influence involontaire de la même méthode de la “guerre du simulacre” qui a fait la fortune du camp d’en face.
Le mot ‘fortune’ n’est pas au hasard. Il correspond à cette définition que Maria Zakharova a donné de la “guerre du simulacre” menée par Zelenski. Parlant de la raison avancée pour l’abandon d’Avdeyevka (sauver les vies des soldats), la porte-parole éblouissante du ministère des affaires étrangères a précisé :
« Non, pas pour cette raison. Mais parce que ZePresident et sa bande ne savent se battre que pour de grosses sommes d'argent, qui vont directement dans leurs poches, et uniquement contre des civils. Le reste leur importe peu. »
Ce n’est pas mal vu car nous sommes loin, de ce côté des guerriers du simulacre, des arguments et des visions de grande politique, de souveraineté nationale, de gloire et d’héroïsme guerriers, de sacrifice patriotique, – quel que soit le comportement des soldats ukrainiens qui sont les premières dupes et les principales victimes de ce simulacre. Pour cette raison qu’il y a cet esprit de gangstérisme et ces pratiques de faussaires et de bandits de ce côté, et jusqu’à ce que le chaos s’empare de la scène et se prépare, se décide à dépasser les frontières de ce champ de bataille de la “guerre du simulacre”, il est inutile d’attendre une fin pacifiée à ce conflit malgré les désastres et les revers. Le simulacre et ses incitations à la tromperie faussaire alimentent la résistance des groupes de canailles et de fripouilles qui tiennent les rêves, tandis que les élites qui croient faire leur devoir continuent religieusement à suivre la messe du simulacre.
Il faudra des événements terribles, bien au-dessus de nos petites entourloupes et de nos catéchismes de gentils patriotes, des événements voulus et venus d’ailleurs pour rompre enfin cette impasse-là, que dresse notre (leur) impuissance à distinguer les vérités-de-situation derrière les simulacres. Une grande partie des élites (?) antiSystème des pays d’Occident marchent au son du tambour du simulacre depuis le 22 février 2022. Le tambour ! Le tambour a toujours exalté les âmes vulnérables ! Comme hallucinées et fascinées, elles marchent à son rythme comme les rats suivant le joueur de flûte de Hamelin. On ne change pas facilement un rythme pareil.
Mis en ligne le 17 février 2024 à 15H45
16 février 2024 (15H15) – Il y a eu une suite inhabituelle à l’interview désormais fameuse et mondiale de Poutine par Tucker Carlson (202 millions de vues sur le compte/site de Carlson sur tweeterX). Il y a eu quelques réflexions de Carlson sur Poutine lors du Sommet Mondial des Gouvernements (WGS à Doubaï), mais surtout une autre interview de Poutine portant principalement sur la première.
Carlson avait été assez descriptif dans cette intervention de Doubaï. En fait, on peut admettre aisément, – certains l’ont déjà fait, – que certains propos de Carlson feront et font dire d’ores et déjà qu’il s’est “radicalisé” (c’est le mot qu’il emploie lui-même plusieurs fois notamment dans le sens de « cela vous radicalise contre vos propres dirigeants ») dans une position qui sera et est d’ores et déjà qualifiée de “pro-russe” (Le présentateur alla même jusqu’à lui demande : “Êtes-vous anti-américain ?”, faisant se récrier Carlson pour qui les antiaméricains sont les gens qui détiennent et usurpent le pouvoir à Washington)...
“Radicalisé” ? Notamment dans la remarque « c’est un choix volontaire » concluant l’extrait cité :
« Carlson a souligné qu’il a 54 ans et qu’il avait grandi dans une Amérique “qui avait des villes agréables, sûres et belles, «et nous n’en avons plus”.
» C’est “radicalisant” de voir Moscou “plus propre, plus sûre et plus belles” que les villes américaines, a-t-il déclaré, ou de se souvenir de cela à Dubaï et à Abu Dhabi – alors qu’aux États-Unis, on ne peut pas prendre le métro à New York parce que c’est sale et dangereux.
» “C’est un choix volontaire”, a-t-il déclaré. “En fait, il n’est pas nécessaire [pour la bonne marche des choses démocratiques] d’avoir un endroit où le crime règne”. »
Depuis, Carlson nous a montrés la splendeur presque religieuse du métro de Moscou, contrastant avec la crasse et le délabrement, la terreur insalubre des métros des grandes villes occidentales... Voilà le genre de choses qui lui font “radicaliser” son jugement.
Mercredi a été publiée la seconde interview de Poutine par le journaliste de ‘Rossiya 1’, Pavel Zaroubine, faite à Moscou lors de Forum des Technologies de l’Avenir. Le sujet était directement l’interview de Carlson, et indirectement divers sujets politiques impliquant les USA dans la perspective des “relations” avec la Russie.
Poutine a commencé par un aveu exprimé en termes ironiques (« Votre Carlson est un homme dangereux »), reflétant une certaine frustration, – paradoxalement à cause de la méthode conciliante et habile de Carlson :
« “Je pense que votre Carlson – je dis ‘vôtre’, puisqu'il fait partie de votre profession – est un homme dangereux”, a déclaré Poutine au journaliste Pavel Zaroubine en marge du Forum des technologies du futur à Moscou.
» “Je pensais qu'il serait agressif, qu'il me poserait des questions pointues. Je n’étais pas seulement prêt pour cela, je le voulais, pour pouvoir donner des réponses tout aussi précise”, a expliqué Poutine. “Mais il a choisi une tactique différente”.
» Carlson a fini par écouter patiemment la longue digression de Poutine dans l’histoire et “ne m’a pas donné l’occasion de faire quelque chose pour lequel je m’étais préparé”, a déclaré Poutine. “Franchement, je n’ai pas tiré toute la satisfaction que j’attendais de cet entretien”. »
Le « Votre Carlson est un homme dangereux » a été interprété comme il convient, notamment par Alexander Mercouris (début de sa vidéo du 15 février), comme un hommage rendu à un journaliste « extrêmement intelligent et particulièrement habile », qui a conduit l’interview exactement là où il voulait le conduire. Ainsi le “dangereux” ne s’adresse pas à la personne elle-même mais à l’exercice de sa profession de journaliste que Carlson pratique, très différente des habitudes agressives, sinon insultantes de la vulgate des journalistes occidentaux, notamment anglo-saxons et surtout britanniques, vis-à-vis de Poutine.
Incontestablement, le passage le plus important du point de vue de la communication de l’interview de Zaroubine a été celui où il est question de l’élection présidentielle US. Il ne fait aucun doute que Poutine voulait qu’on lui posât cette question, – il connaît bien Zaroubine et l’on connaît bien les pratiques de ces interviews de fond avec un chef d’État, – et c’est dans la mesure où Carlson ne l’avait pas fait que Poutine a exprimé de la frustration. Par conséquent, il faut accorder une réelle signification à la réponse de Poutine à la question “Qui préférez-vous comme prochain président aux USA ?” (Habilement camouflée en “Quel serait le meilleur président des USA pour les intérêts de la Russe ?”)
« ...Poutine a évoqué la campagne électorale en cours aux États-Unis, déclarant qu'il serait inapproprié que la Russie s'immisçât dans les affaires intérieures américaines.
» À la question de savoir qui, du président sortant Joe Biden ou de son adversaire républicain Donald Trump, serait le meilleur pour la Russie, Poutine a toutefois répondu sans équivoque “Biden”. “C'est une personne plus expérimentée et plus prévisible, c'est un politicien de la vieille école. Mais nous travaillerons avec n'importe quel dirigeant qui obtiendra la confiance du peuple américain”. »
On devra juger l’enchaînement des deux paragraphes, publiés sur RT.com et par conséquent selon une orientation répondant à la tactique du gouvernement russe et de Poutine, comme témoignant d’une réelle contradiction qui semble ne gêner personne. Affirmer d’une façon vague et convenue comme est le rappel d’une évidence de fer qu’on ne veut ni ne doit s’immiscer dans la campagne électorale d’un pays, – question de respect de la souveraineté, – puis répondre d’une façon aussi nette et largement explicitée sur le sujet central qui implique une prise de position implicite même si elle est fardée d’expressions telles que “les intérêts de la Russie”, – cela s’appelle une contradiction.
On en a même rajouté avec un passage sur l’état de santé de Biden où, là aussi, Poutine a slalomé avec maestria en passant les évidences comme dans un slalom spécial d’où l’on aurait placé des simulacres à la place des portes, – mais en proclamant d’une voix calme de conclusion, qui semblait comme une fausse évidence servant de simulacre suprême pour le slalom : “Circulez, il n’y a rien à voir puisque je ne suis pas docteur”.
« Poutine a répondu aux reportages des médias sur le déclin cognitif de Biden en affirmant qu’il ne l’avait pas vraiment constaté lors de sa rencontre avec le dirigeant américain en Suisse il y a trois ans.
» “Et s’il se cognait la tête en sortant d’un hélicoptère ? Que celui d’entre nous qui ne s’est pas cogné la tête dans un hélicoptère lui jette la première pierre », a déclaré Poutine. “Je ne suis pas un docteur”. »
L’image de l’hélicoptère est une belle trouvaille mais pour la vraie conviction et la vérité, cela ne mérite pas une médaille d’or au slalom, tout juste une pirouette de circonstance. Poutine a de la difficulté à nous convaincre de l’éclatante santé du président Biden, y compris de sa propre conviction à propos de cette santé. Notez que, bien entendu et pour ce cas-là certes, « il serait inapproprié que la Russie s'immisçât dans les affaires intérieures américaines. »
La médaille d’or, par contre, c’est Trump qui semble l’avoir obtenue. Il a réagi avec célérité et enthousiasme aux propos de Poutine. Pour lui, une seule chose compte : “Voyez, nos adversaires eux-mêmes disent quez je fais mieux le boulot que le ‘Sleepy Joe’, moi qu’on essaie de faire passer pour un agent russe (Russiagate)”
« L’ancien président américain Donald Trump s’est dit flatté lorsque le Russe Vladimir Poutine a déclaré à un journaliste qu’il préférait Joe Biden aux élections de 2024, considérant ce commentaire comme la preuve qu’il serait plus dur envers les rivaux des USA que l’actuel commandant en chef.
» S'adressant à ses partisans en Caroline du Sud quelques jours seulement avant la primaire républicaine de l'État, Trump a déclaré que même s'il “s'entendait bien” avec Poutine pendant son mandat, “le président Poutine de Russie vient de me faire un grand compliment. Il vient de dire qu’il préférerait de loin avoir Joe Biden comme président plutôt que Trump”...
» Trump s'est vanté à plusieurs reprises qu'il adopterait une position plus dure envers les adversaires américains que Biden, accusant la “faiblesse” du président d'être responsable du conflit en Ukraine, de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et d'une récente frappe de drone contre les troupes américaines stationnées en Jordanie, entre autres. autres choses.
» “Cela ne serait jamais arrivé en Ukraine. La Russie n’y serait jamais entrée, cela ne serait jamais arrivé. La récente attaque contre Israël n’aurait jamais eu lieu”, a déclaré Trump lors d’une assemblée publique sur Fox News le mois dernier, déclarant qu’il parviendrait à “la paix par la force”. »
Certains diront peut-être que Poutine a, par un tour de passe-passe ou un coup de téléphone pour les complotistes, mis son bulletin dans l’urne pour Donald Trump. Si non è vero, è ben trovato...
Bien, Poutine est dans la bonne tradition de cette phrase que je cite assez souvent, mais avec du mal à la restituer tant elle est complexe et diversement rapportée, à partir de deux bouffées de cigare de Churchill, et datant de 1939 en plus:
Poutine est « a riddle wrapped in a mystery inside an enigma ».
… Et pour une fois, c’est justement dit. Devant ces diverses réactions du président russe et ce qui l’accompagne, je reconnais avec enjouement ma perplexité. Alors, voici quelques remarques, on piquera ce qui convient à chacun et on se moquera du reste...
• Il est assuré que Carlson a notablement impressionné Poutine. Le « Votre Carlson est un homme dangereux » est le mot d’un ancien officier de renseignement sur les capacités dialectiques et de communication du journaliste américain. Poutine reconnaît l’avantage de l’intervention de Carlson mais sans relever la puissance extraordinaire et la nouveauté de ce nouveau moyen de communication, notamment son indépendance par rapport aux puissances du pouvoir américaniste.
Je ne sais pas si les Russes réalisent l’importance de cette percée de cette forme de liberté d’expression dans le monde anglo-saxon hors du contrôle des puissances financières globalistes, et les avantages de la chose pour eux, même s’ils reconnaissent la puissance d’Elon Musk et sa proximité de Carlson. Les politiques russes ont peut-être perdu le flair de l’événement révolutionnaire (mais pas les philosophes : voir Douguine). Pour l’instant, Poutine met en évidence le résultat opérationnel concret :
« “Tout d'abord, il est bon qu'ils regardent et écoutent ce que je dis”, a déclaré Poutine au journaliste Pavel Zaroubine.
» “Si aujourd'hui, pour une raison liée à l'Occident, nous ne sommes pas en mesure de mener un dialogue direct, nous devons être reconnaissants à M. Carlson de nous avoir permis de le faire par son intermédiaire”. »
• Le point essentiel et le plus remarquable de l’intervention de Poutine est son “choix” déclaré pour Biden contre Trump. On a déjà dit plus haut, et je le répète avec force, que cela sonne étrangement comme une contradiction flagrante entre le principe de non-intervention dans les affaires intérieures qui est d’abord rappelé, et ce qui est une intervention précise, assumée, détaillée, etc.
Note de PhG-Bis : « On notera aussitôt l’absence d’exclamations furieuses dans la presseSystème US et alentour contre le fait de l’immixtion de Poutine dans les affaires électorales intérieures des USA dès lors qu’elle est favorable à Biden. Les choses eussent été bien différentes si Poutine avait choisi son champion dans le chef de ‘The-Donald’. Là, on observe plutôt un silence gêné comme si l’on se disait du côté démocrate et dans les souterrains complotistes de l’État profond du Système : “Que faire de ce soutien ? Mais tant pis, tout soutien de cette vieille carne démente de Biden est bon à prendre...”. »
Les explications assez précises que Poutine donne à son soutien à Biden ne tiennent pas une seconde. Biden est l’homme de l’Afghanistan, de l’Ukraine, d’Israël, l’homme qui est venu dire à Varsovie en mars 2022 qu’il voulait la fin de la Russie et la peau de Poutine, – Biden complètement dépassé sinon coopératif avec les neocon partout au pouvoir, – changeant constamment ses décisions comme on le voit avec Israël, aussi stable qu’un cotre démâté passant le Cap Horn par des vents de Force 7 à 8. Du coup, on est perplexe devant les arguments de “stabilité” et de “la vieille école” assurant lza pérennité, alors que la diplomatie de Biden se résume au largage de bombes autant que devant son diagnostic lunaire de bonne santé... Alors que rien ne personne ne forçait Poutine à s’engager, et même au contraire.
... Bon, peut-être Poutine s’est-il dit que son soutien à Biden porterait un coup de plus à la vieille carne, – et si l’on commençait, par la même occasion, à supposer que Biden est un petit peu un agent des Russes ?! Tout cela est risible et sans grand intérêt.
• Alors, Poutine a-t-il fait cela pour aider indirectement, involontairement ou pas, le candidat Donald Trump ? Pour lui donner une dimension de dur qui fait fortune à Washington D.C. (“Pour contrer Poutine, votez Trump !”). Poutine n’a pas eu beaucoup d’ennuis avec Trump-président, comparé aux présidences Obama et Biden, et il a surtout pu constater la difficulté d’un président de se faire obéir lorsqu’il s’agit de mesures de désengagement (exemple de la Syrie). Faire de Trump un dur, “craint” par les Russes, c’est lui donner une autorité supplémentaire sur les diverses agences et influences qui agissent sur le pouvoir. On verra...
Au reste, la réaction de Trump, qui semble boire du petit lait, parlant presque amicalement de Poutine pour confirmer qu’il est son ennemi le plus déterminé, bien plus solide que le vieux Joe, fait grand plaisir à voir. Si Poutine avait voulu lui faire grand plaisir, il n’aurait pas agi différemment.
Mais enfin, tout cela reste du domaine de l’hypothèse, et certains peuvent à juste titre les juger un peu trop complexes, un peu trop sollicitées, alors que les Russes nous ont habitués à des politiques droites et claires. (Mais il faut voir aussi que Poutine affirme quelque part, voire à deux reprises, « Il peut se passer n’importe quoi aux USA » ; cela justifie éventuellement qu’on fasse un peu plus complexes qu’à l’habitude...) Il n’en reste pas moins, – constat d’évidence qui fait une bonne conclusion, – que l’on reste devant cette énigme du choix proclamé du prochain président des USA, dans le chef du président de la Fédération de Russie