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Hier — 26 avril 2024National Geographic

L'un des phénomènes les plus rares de l'Univers aurait frappé la Terre en 2023

Le 12 novembre 2023, le satellite INTEGRAL de l’Agence spatiale européenne a détecté une gigantesque émission de rayons gamma. Bien que cette dernière n’ait duré qu’un dixième de seconde, les astronomes du monde entier ont été immédiatement alertés et se sont empressés d’orienter leurs instruments vers l’espace lointain afin d’en trouver la source. C’est alors que la situation a pris une étrange tournure.

Les rayons gamma sont des jets d’énergie particulièrement brillants qui proviennent de l’espace lointain et peuvent occasionnellement frapper la Terre. Les astronomes connaissant bien ce phénomène observé depuis les années 1960, ils ont d’abord soupçonné que l’éruption de novembre était le résultat de la collision de deux lointaines étoiles à neutrons, de denses noyaux qui constituent les vestiges d’étoiles mortes ayant explosé en supernovas. En effet, lorsqu’ils entrent en collision, ces astres peuvent exploser et émettre de nombreux rayonnements, tels que des rayons gamma, suivis d’ondes gravitationnelles.

« S’il s’était agi d’un sursaut gamma classique, nous nous serions attendus à observer ce que l’on appelle sa rémanence », explique Sandro Mereghetti, chercheur à l’Istituto di astrofisica spaziale e fisica cosmica di Milano, en Italie. « Même les sursauts gamma les plus légers sont suivis d’une émission [rémanente] de rayonnements en rayons X, en optique et en radio pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. »

Toutefois, ce n’est pas du tout ce que les astronomes ont observé à la suite du flash de novembre dernier.

 

UN PHÉNOMÈNE RARE

Les rayons X étaient introuvables. Une équipe de scientifiques, dont Mereghetti faisait partie, a alors émis l’hypothèse que la source du rayonnement gamma pourrait en réalité être l’un des phénomènes les plus rares et les plus puissants de l’Univers : une éruption géante émise par un magnétar, un type d’étoile à neutrons extrêmement magnétique qui, malgré sa petite taille, comparable à celle d’une petite ville, présente la même masse que notre Soleil.

Comme toutes les étoiles à neutrons, les magnétars naissent de l’effondrement d’étoiles bien plus grandes. Pour des raisons qui sont encore mystérieuses pour les astronomes, ces astres possèdent cependant des champs magnétiques particulièrement intenses, qui sont des milliers de fois plus puissants que ceux des autres étoiles à neutrons.

« Les magnétars puisent leur énergie dans la désintégration du champ magnétique », révèle Mereghetti. « Ce processus génère beaucoup de chaleur, ces objets sont donc très chauds, ce qui provoque l’émission d’éruptions géantes. » Selon le chercheur, cela se produit lorsque les lignes des champs magnétiques de l’étoile finissent par se briser. Un processus similaire a lieu sur le Soleil, provoquant des éruptions d’énergie connues sous le nom d’éjections de masse coronale (EMC) qui, si elles atteignent la Terre, peuvent entraîner la formation d’aurores boréales.

Bien que très puissantes, car composées de milliards de tonnes de plasma, ces EMC paraissent toutefois inoffensives à côté d’une éruption géante de magnétar, qui peut émettre, en un centième de seconde seulement, autant d’énergie que le Soleil en émet en un million d’années.

« Les étoiles à neutrons constituent la matière la plus dense de l’Univers ; si l’on y ajoute encore plus de masse, elles finissent donc par s’effondrer en un trou noir, qui est une absence de matière », explique Eric Burns, professeur adjoint d’astrophysique à l’Université d’État de Louisiane, qui n’était pas impliqué dans ces nouveaux travaux. « Cette extrême densité permet à ces objets de posséder des champs magnétiques incroyablement puissants. S’ils n’étaient pas aussi denses, les champs magnétiques les désintègreraient. »

Du fait de ces conditions uniques, les magnétars sont des objets rares, et leurs éruptions le sont encore plus. Selon Mereghetti, tandis que des sursauts gamma sont détectés environ une fois par mois, au cours des cinquante dernières années, seules trois éruptions géantes de magnétars ont été repérées au milieu des 100 milliards d’étoiles de la Voie lactée. Et il est encore plus difficile de repérer de telles éruptions en dehors de notre galaxie, le détecteur devant être orienté dans la bonne direction et être capable de différencier leur rayonnement des autres sources d’explosions de rayons gamma.

C’est pourtant ce que Merenghetti et ses collègues sont parvenus à faire pour la toute première fois.

 

UN COUP DE CHANCE

Dans un nouvel article publié dans la revue Nature, Mereghetti et son équipe expliquent que l’éruption détectée en novembre 2023 est le résultat de l’éruption géante d’un magnétar situé dans la galaxie M82, qui se trouve à 12 000 années-lumière de nous.

« Quelques cas de découvertes d’éruptions géantes dans des galaxies étrangères ont déjà été rapportés par le passé, mais elles étaient incertaines. Celle-ci s’avère beaucoup plus convaincante, car elle est la mieux localisée et est le résultat d’une bien meilleure procédure. »

Les astronomes sont « exceptionnellement surexcités » par ces résultats, notamment car elle provient de la galaxie M82, admet Burns. En raison des effets de sa proximité avec une autre galaxie, M82 abrite de nombreuses étoiles massives, dix fois plus que notre Voie lactée. En outre, les étoiles y ont une vie rapide et y sont très brillantes, ce qui en fait un objet d’étude particulièrement intéressant. 

« Nous pensons que les magnétars sont assez nombreux dans M82. La découverte de cet événement dans cette galaxie plutôt que dans une autre n’est donc peut-être pas une coïncidence », suggère Mereghetti.

La découverte de son équipe a été purement fortuite : en effet, au moment de l’émission du rayon gamma, l’INTEGRAL était déjà orienté vers les alentours de M82. Le satellite lui-même devrait bientôt rentrer dans l’atmosphère terrestre, et aucun remplacement n’est encore prévu : d’ici là, la galaxie M82 fera donc l’objet d’une attention accrue dans l’espoir de repérer de nouvelles éruptions géantes, selon Mereghetti. Celles-ci pourraient fournir aux astronomes des données précieuses concernant les propriétés physiques des champs magnétiques intenses et le cycle de vie des étoiles.

« Les étoiles naissent, vivent, meurent, explosent et produisent d’autres étoiles », poursuit-il. « Il y a un cycle, une sorte de biologie dans l’Univers, et les magnétars constituent l’un des éléments de la structure évolutive de la vie des étoiles. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

À partir d’avant-hierNational Geographic

La NASA dévoile sa stratégie contre les déchets orbitaux. Sera-t-elle suffisante ?

La NASA s'apprête à mettre l'écologie en orbite. L'administratrice adjointe de l'agence spatiale américaine, Pam Melroy, a récemment levé le voile sur la première phase du programme Space Sustainability Strategy. Au cours des prochains mois, la NASA dévoilera d'autres segments de cette stratégie dont l'objectif est de nettoyer le voisinage spatial de la Terre, mais également d'assurer un partage équitable et durable des ressources de l'espace.

« Il était grand temps », souligne Melroy. Différents départements de l'agence appliquent déjà le principe de durabilité à leur échelle avec une approche qui leur est propre ; la NASA souhaite désormais généraliser cet effort, explique l'ex-astronaute américaine.

La NASA a choisi d'axer le premier chapitre de cette stratégie sur les débris en orbite autour de la Terre. À vrai dire, le problème des déchets orbitaux est sans aucun doute la principale source de préoccupation spatiale à l'heure actuelle. Près de 10 000 satellites opérationnels survolent notre planète en permanence, mais notre voisinage est également encombré par un nombre encore plus grand de sondes désaffectées, de fusées abandonnées et de fragments divers filant autour de la Terre à près de 27 000 km/h. 

Les astronomes qui ont lancé l'alerte au sujet de l'encombrement de l'orbite terrestre applaudissent le nouveau programme, mais ils sont nombreux à trouver que les États-Unis sont à la traîne par rapport à d'autres pays et devraient s'attaquer au problème de pollution orbitale avec plus d'entrain.

« Je suis très heureux de voir que la NASA se lance. La question est de savoir si le Congrès leur accordera le budget nécessaire pour apporter un réel changement », déclare Darren McKnight, membre de la direction technique de LeoLabs, une société basée à Menlo Park, en Californie, spécialisée dans la localisation des engins et des débris spatiaux. 

 

MENACE EN ORBITE

Lorsqu'un satellite traverse une zone encombrée, il s'expose à un risque accru de collision avec un fragment de métal à la dérive, ce qui lui vaudrait d'être à son tour classé parmi les débris orbitaux. 

Ce qui inquiète particulièrement Melroy et ses collègues de la NASA, ce sont les risques pour la Station spatiale internationale et les astronautes qui l'occupent, des risques portés au grand écran en 2013 dans le film Gravity qui voit Sandra Bullock contrainte de fuir la station orbitale. Dans ce type de scénario catastrophe, les modules critiques de l'ISS seraient compromis et les astronautes n'auraient alors que deux options : embarquer sur une navette spatiale ou mourir.

Plus il y a de satellites, plus le danger est grand. Prenons le cas d'une collision entre un étage de fusée à l'abandon et un satellite à la retraite, cela produirait encore plus de débris, ce qui augmenterait le risque de collision et rendrait cette orbite inutilisable pendant des années voire des décennies. La situation s'apparente à un carambolage sur l'autoroute, sauf qu'il n'y a pas de services de secours dans l'espace et aucune façon de nettoyer la scène sans dépenser des millions, si ce n'est des milliards de dollars à travers plusieurs années de travaux.

Dans le nouveau rapport, la NASA présente la première partie de sa stratégie pour la durabilité dans l'espace. L'agence y évoque notamment la prolifération des satellites et l'encombrement de l'orbite terrestre basse, sans oublier la menace incarnée par ces débris spatiaux, quelle que soit leur taille. Le rapport mentionne par ailleurs la récente expansion des constellations artificielles dont les satellites se comptent par milliers. À ce jour, c'est le projet Starlink de SpaceX qui possède la plus grande flotte avec près de 5 800 satellites opérationnels et l'entreprise souhaite en lancer plus de 40 000 au total. Avec son projet Kuiper, Amazon prévoit de talonner ce chiffre.

 

L'ÎLE AUX DÉBRIS

Les modèles à long terme de la NASA sont utiles, indique McKnight, car ils nous montrent la façon dont les débris pourraient continuer à s'accumuler sur plusieurs décennies. Cependant, l'agence oublie un détail important : la situation pose d'ores et déjà problème et c'est maintenant qu'il faut apporter des solutions, insiste-t-il. 

Par exemple, le 28 février dernier, la sonde TIMED de la NASA, qui étudie le rayonnement solaire dans les hautes couches de l'atmosphère, a failli percuter un satellite russe de 32 ans à la retraite. Le satellite n'était plus opérationnel et n'aurait donc pas pu manœuvrer pour éviter l'impact. Si ces deux objets s'étaient trouvés sur une trajectoire de collision, personne n'aurait pu l'empêcher.

Du côté de la Station spatiale internationale, les enjeux sont encore plus importants, car elle abrite des astronautes. La station a été menacée à plusieurs reprises par ces débris orbitaux au cours des dernières années, une fois par un morceau de fusée russe et une autre fois à cause des éclats propulsés par un essai de missile antisatellite russe survenu en 2021, suite auquel la NASA avait dû reporter une sortie extravéhiculaire car les débris peuvent facilement transpercer les combinaisons spatiales. 

Les États-Unis, la Chine et l'Inde ont également procédé à des essais de missiles antisatellite sur leurs propres satellites, en créant au passage des débris spatiaux. En 2022, la gravité du sujet était telle que la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a appelé la communauté internationale à un moratoire sur ces essais d'armes qui polluent l'espace.

Pour l'explorateur National Geographic Moriba Jah, ingénieur en aérospatiale de l'université du Texas et cofondateur de Privateer Space avec Steve Wozniak d'Apple, la NASA et les autres agences ou entreprises spatiales doivent prendre conscience du fait que « le destin de tout ce que nous lançons dans l'espace est de devenir un débris, et cela doit changer. » 

 

PLAN D'ACTION

Certaines agences s'attellent déjà à faire ce que suggère Jah et la NASA essaie de les rattraper. L'Agence spatiale européenne a dévoilé sa Charte zéro débris il y a plus d'un an. Cette charte fixe des objectifs précis que l'agence s'engage à atteindre d'ici 2030 pour réduire les risques de collision satellite-débris en orbite. De son côté, l'agence spatiale du Royaume-Uni a annoncé faire de la durabilité dans l'espace sa priorité en 2023 et le Japon a commencé à investir dans les entreprises spatiales privées dédiées au problème des débris orbitaux. Le Japon collabore également avec l'Organisation des Nations unies (ONU) pour éveiller les consciences à travers le monde. 

Si la NASA a pris du retard, certains organismes américains de réglementation disposent déjà de leurs propres mesures contre la pollution orbitale, c'est notamment le cas de la Commission fédérale des communications (FCC). En 2022, la FCC a imposé de nouvelles règles obligeant les compagnies de télécommunications à éliminer leurs anciens satellites au lieu de les laisser dériver en orbite pendant des décennies. La Federal Aviation Administration a également proposé de contraindre les entreprises spatiales à débarrasser l'espace des étages supérieurs de fusées abandonnés en orbite. 

Malgré tout, la stratégie de la NASA pourrait entraîner de réels progrès, ajoute Jah, même si elle n'a pas su faire le lien avec les principes de gestion des déchets déjà mis en œuvre pour la pollution terrestre, océanique et atmosphérique. 

« La communauté spatiale essaie de réinventer la roue », déplore Jah. Contrairement à ses homologues européens, la NASA manque également d'un plan concret pour développer une économie spatiale circulaire, ce qui impliquerait de revoir la conception des engins spatiaux, de mettre à l'épreuve de nouveaux matériaux et de nouveaux carburants, mais aussi de réutiliser et de recycler des satellites au lieu de déployer un si grand nombre de satellites à usage unique. 

 

L'HEURE DU MÉNAGE

D'autres pays n'ont pas attendu la NASA pour commencer à nettoyer les débris. Au Japon, l'entreprise Astroscale-Japan, ou ADRAS-J, a lancé en février sa mission Active Debris Removal qui tente actuellement de s'approcher en toute sécurité d'un fragment de fusée abandonné en orbite il y a quinze ans. L'objectif de l'équipe est de photographier l'imposant déchet spatial, d'analyser son état et ses mouvements, puis de synchroniser la rotation de la sonde avec celle du débris de façon à préparer son retrait de l'orbite, ce qui pourrait être accompli par une future mission. 

En Europe, l'Agence spatiale européenne et une entreprise privée, appelée Clearspace, ont programmé pour 2026 le lancement d'un engin qui utilisera des bras robotisés pour capturer un morceau de fusée de 110 kg afin de le remorquer dans l'atmosphère où la sonde et son butin se consumeront sans représenter de danger. D'après l'United States Space Force, la fusée ciblée par l'agence semble avoir été frappée par un débris plus petit l'été dernier, ce qui démontre là encore le problème et la nécessité d'agir.

D'après Melroy, les Étas-Unis ne manqueront pas de mener leurs propres missions de nettoyage orbital, mais l'agence doit encore étoffer son plan pour la durabilité dans l'espace avant de prendre des décisions majeures. La scientifique n'est pas étrangère à la multitude de concepts imaginés pour désencombrer l'orbite terrestre, ayant elle-même travaillé pour DARPA, une agence qui explore les idées les plus farfelues allant du harpon au filet en passant par le gant de baseball orbital pour attraper les déchets en suspension dans l'espace. 

Au bout du compte, les budgets annuels de la NASA dépendent du Congrès des États-Unis, qui a déjà réduit de 2 % le budget de l'agence pour 2024, faisant ainsi perdre de précieux financements à la mission de retour d'échantillons martiens et à d'autres programmes. Une mission de nettoyage des débris constituerait un nouvel investissement majeur.

À en croire l'analyse coût-bénéfice réalisée par la NASA, le retrait des 50 objets les plus dangereux de l'orbite terrestre basse serait onéreux, certes, mais profitable au long terme. Pour la plupart, ces objets sont des fragments de fusée et d'autres objets à l'abandon dont l'orbite frôle des satellites critiques. Toujours selon cette analyse, il serait également intéressant, sur le plan financier, de développer des lasers et d'autres technologies nous permettant de pousser ces débris hors de leur trajectoire afin d'éviter les collisions imminentes.

Cela dit, il faudra des années pour concevoir et déployer ce genre de technologie et encore plus de temps pour les mettre à l'échelle.

 

FUTURS PROJETS

Au final, même s'il est important de se débarrasser des débris orbitaux dès maintenant, « le retrait actif des débris n'est pas une panacée », déclare Aaron Boley, planétologue à l'université de Colombie-Britannique et cofondateur de l'Outer Space Institute, un réseau d'experts de l'espace. 

« Je suis ravi qu'ils aient élaboré cette stratégie pour la durabilité dans l'espace. Il y a beaucoup de travail », dit-il. Il est également nécessaire de modifier notre comportement, par exemple, puisqu'il est impossible de remédier à ce désordre si d'autres personnes continuent de polluer en laissant toujours plus de débris en orbite. 

Par ailleurs, il soutient que la réflexion de la lumière sur les engins spatiaux qui altère le ciel nocturne devrait également être visée par cette stratégie. Boley et ses collègues ont écrit un article en mars sur la visibilité des satellites pendant l'éclipse solaire totale du 8 avril 2024, observée par des millions de personnes en Amérique du Nord. 

L'orbite terrestre marque le début de l'espace et la durabilité devra s'étendre au-delà de cette frontière. 

 

VERS LA LUNE ET AU-DELÀ

Le reste de la stratégie de la NASA inclura des mesures pour la Lune et son orbite, mais aussi pour l'espace lointain, notamment Mars et les astéroïdes. 

À travers le programme Artemis, la NASA est entrée dans la course au développement d'une station lunaire et d'une station spatiale, alors que la Chine, la Russie et les entreprises spatiales affichent également leurs propres ambitions pour la Lune. 

Cependant, notre satellite naturel dispose de ressources limitées. Pour exploiter les éventuelles réserves d'eau présentes sous forme de glace sur la Lune, la NASA devra tenir compte du besoin des autres pays et des générations futures. De telles considérations entreront également dans la stratégie de durabilité établie par l'agence américaine, indique Melroy. « Je pense que ces idées se préciseront à mesure que nos connaissances évoluent, mais notre objectif restera de préserver les zones d'intérêt scientifique, d'intérêt historique et de beauté naturelle. »

D'après Melroy, la stratégie de la NASA pour la durabilité dans l'espace s'apparente à son approche du changement climatique. L'agence spatiale étudie depuis des dizaines d'années le climat de la Terre comme un système holistique, en encourageant la durabilité sur notre propre planète. 

L'analogie avec le climat s'applique également d'une autre façon à la crise des déchets orbitaux, reprend McKnight. « C'est un peu comme le réchauffement climatique dans le sens où tout le monde le voit venir, mais personne ne veut agir tant que ça ne pose pas de problème », souligne-t-il. 

« On attend un événement grave qui nous force à réagir, mais il est toujours préférable de prévenir ou d'empêcher une menace plutôt que d'en réparer les dégâts. J'applaudis la NASA pour ce premier pas, mais j'espère que l'agence a conscience de l'urgence nécessaire. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Okinawa, le pays des immortels

Au Japon, un rapport du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales indique que le nombre de centenaires a atteint un nouveau record en 2022 : plus de 90 000 personnes auraient ainsi dépassé l’âge de 100 ans, soit environ 4 000 de plus qu’en 2021 ! Et c’est dans le sud-ouest du pays, dans l’archipel d’Okinawa, qu’on en compte le plus. Différentes études sur cette étonnante longévité ont montré que même les habitants d’un âge avancé – souvent surnommés « les immortels » – bénéficient d’un corps et d’un esprit fonctionnels et alertes. Ce qu’ils doivent en grande partie à la combinaison de plusieurs facteurs favorables : un environnement protégé, un mode de vie qui cultive le bien-être, et des habitudes alimentaires spécifiques.

Le positionnement de l’archipel – similaire à celui de pays situés sur le pourtour méditerranéen, caractérisés par un climat chaud et un environnement insulaire – est peut-être l’une des clefs de ce phénomène. Ainsi, la Grèce et la Sardaigne abritent deux des cinq zones bleues (régions du monde connues pour la longévité de leurs habitants) actuellement recensées. Ce positionnement pourrait notamment expliquer des similitudes dans les régimes alimentaires de ces différents pays.

À l’instar du régime okinawaïen, le régime crétois repose sur l’équilibre nutritionnel de ses principaux composants (fruits, légumes, céréales complètes…). Il favorise la consommation de végétaux, la diversité et la saisonnalité des aliments, mais limite la viande rouge, les sucres et les graisses saturées. 

Contrairement à une idée largement répandue, ce régime alimentaire ne vise pas spécifiquement la perte de poids – même s’il peut y contribuer. Scientifiquement reconnu pour favoriser l’amélioration de la qualité de la vie de ceux qui l’adoptent, il connaît le même retentissement positif sur la population qui développe moins de maladies chroniques, cardiovasculaires et dégénératives, et dont l’espérance de vie est bien supérieure à la moyenne mondiale. 

 

SANTÉ ET LONGÉVITÉ DANS L'ASSIETTE 

La santé et le bien-être des centenaires d’Okinawa peuvent être expliqués par des facteurs génétiques, psychosociaux et environnementaux, issus d’un mode de vie basé sur un concept philosophique : le nuchigusui, qui se traduit par « médecine de la vie ». 

Ce qu’ils apportent à leur corps – et à leur esprit – est une réelle préoccupation, ils s’alimentent avec modération et leur régime, hypocalorique, est pauvre en graisses et riche en nutriments.

Proche de la cuisine japonaise en général, celle d’Okinawa en diffère malgré tout par certains aspects. Rigoureusement basés sur l’équilibre alimentaire, la qualité nutritionnelle et la préservation du goût, de nombreux plats traditionnels à base de poissons et de fruits de mer sont préparés dans des bouillons de soupe (des dashis), réalisés avec des algues marines (konbu, wakame, mozuku…). Ingrédients essentiels de la cuisine japonaise, les algues marines sont fortement recommandées et utilisées pour leurs saveurs très prononcées et leur faible teneur en sel. Peu consommées, les viandes sont souvent réservées aux grandes occasions. Avec une préférence pour le porc, peu onéreux. Mais sa viande, très grasse, doit mijoter assez longtemps pour pouvoir en extraire la graisse et lui permettre d’atteindre une tendreté idéale sans perdre sa saveur. 

Le régime quotidien fait la part belle aux légumes, aux fruits et aux légumineuses, comme les graines de soja, et à la patate douce. Cette dernière est à l’habitant d’Okinawa ce que le pain est à la population française. Son indice glycémique est si bas qu’on peut la consommer sans restriction. Mais pas d’excès dans l’archipel, où l’on pratique le hara hachi bu, qui consiste à cesser de s’alimenter dès que le sentiment de satiété est atteint.

Autres aliments essentiels dans le régime quotidien de l’archipel nippon : les légumes verts, le soja et le tofu, qui participent à une bonne santé cardiaque et à l’équilibre de la flore intestinale ; sans oublier la salade qui éloigne les troubles cognitifs. On retrouve également des superaliments riches en fibres, en vitamine C, en fer, en calcium, en potassium, en polyphénols, en minéraux, et de puissants antioxydants. Ils sont produits et cultivés par les habitants d’Okinawa eux-mêmes, ce qui leur permet de bénéficier à la fois d’une alimentation saine et d’une activité physique quasi quotidienne au grand air. 

Dans les champs et les potagers, on retrouve donc le goya (concombre amer), le shikuwasa, un agrume local, le sucre de canne (la plus importante culture de l’archipel), l’acérola (fruit originaire des Caraïbes), le konjac, le curcuma d’Okinawa, appelé « curcuma de printemps », le moringa, petit arbre originaire de l’Inde, qualifié de « plante miraculeuse » pour les 90 nutriments qu’il contient, alliés des fonctions vitales du corps humain. 

Pour parfaire cette alimentation saine et équilibrée, le thé (noir, rouge ou vert, dont le matcha) – un excellent antioxydant – fait partie intégrante des repas et souvent consommé à la fin car doté d’importantes propriétés digestives.

 

BIEN-ÊTRE MORAL, SANTÉ PSYCHIQUE ET PHYSIQUE ESSENTIELS

De récentes études effectuées dans les cinq zones bleues répertoriées dans le monde indiquent que se donner un but, une raison de se lever chaque jour (une activité intellectuelle, artistique ou physique, un animal dont il faut prendre soin…) procure un sentiment de bien-être qui diminue le stress, aide à vivre plus longtemps et améliore la qualité de vie. Et c’est justement le ikigai, que l’on peut traduire par « raison d’être », que les habitants d’Okinawa pratiquent. 

À Okinawa, la réputée rigueur japonaise se vit de façon moins intransigeante : « Ce qui n’est pas réalisé maintenant le sera plus tard. » De plus, la bienveillance et l’attention portées aux autres font partie des valeurs fondamentales dans les familles, les cercles d’amis et le voisinage. Avoir un moai (groupe social permettant d’entretenir des liens avec autrui, amicaux, sociaux ou familiaux) est essentiel et contribue à l’équilibre et au bonheur de tous. Autant dire que quel que soit son âge, son état de santé et sa configuration familiale, un habitant est loin d’être isolé dans l’archipel ; en cas de besoin, il sera soutenu par sa communauté, comme lui la soutient en retour.

Une enquête sur le bien-être et la satisfaction des besoins menée en 2022 par le Brand Research Institute auprès d’environ 23 000 hommes et femmes habitants les 47 préfectures du Japon, révèle que c’est l’archipel d’Okinawa qui, pour la deuxième année consécutive, obtient le meilleur indice de bonheur. 

 

UNE APPROCHE SPIRITUELLE DE LA VIE

La spiritualité tient une place importante dans la vie des habitants d’Okinawa, dans la plus pure tradition japonaise de la religion Shintô, mais néanmoins empreinte de pratiques chamaniques locales. Celles-ci sont traditionnellement dirigées par des femmes prêtresses, qui ont hérité leur statut d’une autre femme, en ligne directe ou non. Leurs croyances intègrent le fait que la communication avec le surnaturel leur appartient. C’est donc à elles qu’il revient de communiquer avec les dieux, de prier et de méditer devant de petits autels rustiques édifiés en pleine nature, ici une cabane ou un tas de pierres au pied d’une colline, là au bord de l’eau.

De même, croyant en la continuité de la vie après la mort et en une énergie spirituelle qui interagit avec les deux plans d’existence, un lien étroit est entretenu avec les proches disparus, à qui il faut rendre visite et parler comme s’ils étaient présents. Ces moments participent au positivisme légendaire et au bonheur des habitant d’Okinawa. Une autre clef de leur extraordinaire longévité ? 

Une nuit au musée : il est possible de rester dormir dans ces sept musées

Qu'il s'agisse de dormir à côté d'un squelette de dinosaure à Londres ou bien d'observer les danseurs de rue dans la capitale maltaise, il existe de nombreuses façons pour les familles de prolonger l'initiation culturelle au-delà des heures de visite diurnes.

 

1. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE LONDRES

Idéal pour : les amoureux des animaux
À deux pas du Science Museum, les billets pour les fameuses soirées pyjama « Dino Snores » sur le thème de la préhistoire destinées aux enfants de sept à onze ans se vendent rapidement. Les familles ont l'occasion d'explorer les galeries avec des lampes torches, de créer des t-shirt dinosaures et d'assister à un spectacle pour enfants présenté par un chercheur en résidence. Les bénéficiaires du titre VIP (Very Important Palaeontologists, ou « Paléontologues très importants » en français) ont également droit à un lit de camp à côté de Sophie le Stégosaure. Ils ont aussi accès à une présentation des animaux ainsi qu'à des encas pour les petits creux de fin de soirée.

 

2. LE CENTRE SPATIAL KENNEDY (KSC) EN FLORIDE

Idéal pour : les passionnés d'espace
Le centre d’accueil de la NASA situé au Cap Canaveral, depuis lequel de nombreux lancements spatiaux ont été réalisés, organise des soirées pyjama dans deux lieux différents mais tout aussi passionnants l'un que l'autre : la navette spatiale Atlantis, un véhicule orbital qui n'est plus utilisé, et le centre Apollo/Saturn V, où une fusée lunaire Saturn V est exposée. Ce programme s'adresse à des petits groupes d'enfants et adolescents âgés de dix à quatorze ans accompagnés d'un adulte. Il comporte des éléments éducatifs, notamment des défis et des chasses au trésor axés sur les sciences et technologies.

 

3. LE SCIENCE MUSEUM DE LONDRES

Idéal pour : les astronautes en herbe
Conçu pour les enfants de sept à onze ans, ce vaste musée dédié au génie humain propose des Astronights sur le thème de l'espace. Ce programme comprend des ateliers, ainsi que des expositions et séances dans la salle de cinéma IMAX du musée et dans son Wonderlab, dont les sept zones sont dédiées aux divers phénomènes scientifiques. Si vous choisissez l'expérience VIP, vous aurez accès à un matelas gonflable au lieu d'un tapis de sol, ainsi que des petites douceurs supplémentaires au petit-déjeuner.

 

4. LE BRITISH MUSEUM DE LONDRES

Idéal pour : les amateurs d'Histoire
Créées pour les enfants de huit à quinze ans, les expéditions nocturnes sont organisées dans ce grand musée, où sont entreposés des milliers d'artefacts venant du monde entier. Le thème historique de chacune de ces aventures change constamment. Les ateliers, les activités et les narrations permettent de faire revivre le passé de manière éclatante. Les familles couchent dans les galeries égyptiennes et assyriennes, entourées par des rois et des dieux de l'Antiquité. Le lendemain, après le petit-déjeuner, les visiteurs ont accès à une visite privée des galeries avant l'ouverture du musée au public.

 

5. LE MUSÉE NATIONAL DE CARDIFF

Idéal pour : les paléontologues en herbe
Comme alternative au fameux programme du Musée d'histoire naturelle de Londres, ce site gallois invite les enfants de six à douze ans à des soirées pyjama centrées sur les expositions permanentes de géologie et d'histoire naturelle. Ce programme comprend une marche aux flambeaux, des ateliers manuels inspirés par les fossiles de la collection et un film avant d'aller se coucher. L'expérience VIP comprend également la visite du « Ranger Chris » avec l'un de ses reptiles, puis celle d'un paléontologue et une visite privée de la collection d'ossements de dinosaures du musée.

 

6. LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Idéal pour : les étudiants en théâtre
Institution suisse construite en 1879 et ayant conservé sa façade originale de style Beaux-Arts, cette maison d'opéra et de ballet organise des soirées pyjama ouvertes pour tous les âges. Les séjours comprennent une visite du bâtiment et de ses coulisses labyrinthiques sur fond de musique d'époque. Ensuite, vous vous coucherez sur votre matelas, avec votre sac de couchage ou votre couette, dans le grand foyer doté de lustres, fait de dorures, de fresques, de boiseries et de peintures somptueuses.

 

7. L'INTREPID MUSEUM DE NEW YORK

Idéal pour : les fans de Top Gun
Les voyageurs qui se rendent à New York peuvent dormir dans ce musée sur l'Hudson, installé à l'intérieur d'un porte-avions de la Seconde Guerre mondiale. Les expositions sont axées sur l'histoire militaire et maritime des États-Unis. L'opération Slumber permet aux familles ayant des enfants âgés de six à dix-sept ans de découvrir les consignes permettant de vivre, manger et dormir à bord d'un porte-avions. Ce programme comprend une visite guidée du pont d'envol avec des lampes torches, des simulateurs et l'accès à un planétarium.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Cette maman ourse attaque un tigre pour sauver son petit

Les tigres du Bengale sont des tueurs impitoyables, capables de pointes de vitesse à 55 km/h. Ce sont de puissants chasseurs nocturnes qui parcourent de nombreux kilomètres pour trouver des buffles, des cerfs, des cochons sauvages et d'autres grands mammifères, dont ils se nourrissent.

Le tigre que l'on peut voir dans la vidéo ci-dessous a repéré un jeune ours lippu égaré, âgé d'environ trois ans. Mais alors qu'il se préparait à attaquer, la mère du jeune ours s'interpose et défend sauvagement son petit. Le tigre vise sa gorge pour y planter ses crocs acérés. Se libérant de l'étreinte, l'ourse se grandit pour tenter d'impressionner ce fauve deux fois plus lourd qu'elle...

Il existe aujourd'hui six sous-espèces de tigres : le tigre de Chine méridionale, le tigre de Malaisie, le tigre d'Indochine, le tigre de Sumatra, le tigre de Sibérie et le tigre du Bengale. On peut retracer leur histoire évolutionnaire sur deux millions d'années environ, période à laquelle leur ancêtre a quitté l'Afrique pour explorer l'Asie. 

La population des tigres du Bengale est la plus nombreuse, elle représente environ 50 % de la population mondiale de tigres vivant à l'état sauvage.

Les tigres du Bengale vivent seuls et marquent agressivement de leur odeur de vastes territoires pour éloigner leurs rivaux. Les tigres utilisent leur pelage distinctif comme camouflage (il n'existe pas deux tigres ayant exactement les mêmes rayures). Ils se tiennent à l'affût et s'approchent suffisamment près pour attaquer leurs victimes d'un bond rapide et fatal. Un tigre affamé peut manger jusqu'à 30 kilogrammes en une nuit, bien qu'il mange généralement moins.

Malgré leur redoutable réputation, la plupart des tigres évitent les humains, mais certains d'entre eux deviennent de dangereux mangeurs d'Hommes. Ces animaux sont souvent malades et incapables de chasser normalement, ou vivent dans une région où leurs proies traditionnelles ont disparu.

Les femelles donnent naissance à des portées de deux à six petits, qu'elles élèvent avec peu ou pas d'aide de la part du mâle. Les petits ne peuvent pas chasser avant l'âge de dix-huit mois et restent avec leur mère pendant deux à trois ans, après quoi ils se dispersent pour trouver leur propre territoire.

Ces informations de référence ont initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Quels sont les cinq plus petits pays du monde ?

LE VATICAN - 0,43 km2

Le Vatican est le support territorial du Saint-Siège, enclavé dans la ville de Rome en Italie. Il est devenu indépendant le 11 février 1929. Sa superficie totale est de 0,439 km2, ce qui en fait le plus petit État au monde, ainsi que le moins peuplé. C’est aussi le seul État au monde où l’une des langues officielles est le latin.

Selon les informations du site de l’État du Vatican, les citoyens sont au nombre de 618. Parmi eux, seuls 246 vivent à l’intérieur des murs, et cela inclut 104 membres de la garde suisse, qui prennent la citoyenneté du Vatican pendant leur période de garde. Qui plus est, des femmes pourraient d’ailleurs rejoindre la garde Suisse, historiquement réservée aux hommes, à partir de 2027, d’après un article du journal suisse Le Temps. Plus de la moitié de la population du Vatican vit donc hors des murs de l’État, dans des nonciatures apostoliques, nom qui désigne les ambassades du Saint-Siège dans les pays avec lesquels il entretient des relations diplomatiques.

Le Vatican se compose de deux entités juridiques distinctes, une entité spirituelle, le Saint-Siège, et une entité temporelle, l'État de la Cité du Vatican. Le Pape fait le lien entre ces deux entités. Il est le chef du spirituel et du temporel, et dispose du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire).

Depuis 2013, le Pape est le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio, qui a choisi le prénom de François en référence à Saint-François d’Assise. Il est le premier souverain pontife non-européen depuis plus de 1 200 ans, le premier Latino-Américain et le premier jésuite à accéder au pontificat.

 

MONACO – 2,02 km2 

Souvent surnommée « Le Rocher », la principauté de Monaco est une cité-État située au bord de la mer Méditerranée, sur la côte d’Azur et le long de la riviera française. Elle dispose d’un accès aux eaux internationales, elle n’est donc pas un territoire enclavé.

Le territoire appartenait à l'origine à la République de Gênes dont les Grimaldi étaient l'une des familles patriciennes. Relativement indépendante depuis le 8 janvier 1297, en la propriété de François Grimaldi, sa souveraineté est assurée par le traité franco-monégasque de 1861. Devenue monarchie constitutionnelle depuis 1911 après la révolution monégasque, la principauté est dirigée par le prince souverain Albert II depuis 2005. Ce dernier est un descendant de la famille des Grimaldi, l’une des plus anciennes dynasties régnantes au monde. 

Au 31 décembre 2022, la population estimée en Principauté était de 39 050 habitants, selon l’Institut Monégasque de la Statistique et des Études Économiques (IMSEE). Parmi eux, moins de 10 000 étaient Monégasques. Cela en fait l’un des pays les plus densément peuplés du monde

Le Rocher est également célèbre pour sa fortune. Le casino de Monte-Carlo ainsi que la société des bains de mer de Monaco, mis en place par Charles III de Monaco, ont largement contribué à cette richesse. Pour l’anecdote, les citoyens monégasques n’ont pas le droit de jouer dans le célèbre casino depuis son ouverture en 1863, une loi qui est toujours en vigueur aujourd’hui. 

 

NAURU – 21 km2

Petit État insulaire d’Océanie situé en Micronésie, Nauru est situé à 42 km au Sud de l’équateur. L’île est considérée comme la plus petite république du monde, alors même qu’elle est la plus densément peuplée d’Océanie. C’est également le seul pays à ne pas avoir de capitale officielle

Nauru a été successivement colonisée par l’Allemagne puis l’Australie. L’île est devenue célèbre sur le plan international pour son exportation massive de phosphate à partir des années 1900, une roche utilisée pour produire du phosphore, qui sert le plus souvent à la fabrication d'engrais ou d'explosifs. À partir de l’indépendance de l’île, le 31 janvier 1968, les Naruans veulent jouir eux-mêmes de leurs ressources naturelles. En trente ans, le pays devient l’un des plus riches du monde grâce à ses exportations, avec un record en 1974 avec un bénéfice de 225 millions d’euros et le deuxième PIB par habitant le plus élevé au monde, trois fois plus élevé qu’aux États-Unis. Dans le but de préparer l’avenir du pays une fois les réserves de phosphate épuisées, le gouvernement investit dans l’immobilier en Australie et aux États-Unis. 

Dans les années 1990, tout s’effondre. Les réserves de phosphate s’épuisent, les investissements immobiliers ont été infructueux, et les caisses de l'État ont été vidées par la corruption. Le pays est en faillite nationale. Avec la modification très rapide et drastique de l’hygiène de vie des habitants, de nouvelles maladies sont apparues. À ce jour, le pays a le plus important taux d’obésité et le deuxième taux de tabagisme au monde. Et la situation économique du pays est aussi très compliquée. Les habitants, qui n’avaient plus à travailler durant des années tant l’État pouvait subvenir à leur besoin, se retrouvent massivement au chômage. 

Aujourd’hui, Nauru sert de prison pour les migrants illégaux arrivés en Australie, en échange de quoi l’île reçoit 415 millions de dollars australiens par an, soit 284 millions d'euros. Cette mesure est appelée « solution du Pacifique. » 

 

TUVALU – 26 km2

Les Tuvalus sont un État et un archipel polynésien, situé dans l’ouest de l’Océan Pacifique au sud de l’équateur. Ils sont formés de neuf atolls, dont huit habités. Le nom même du pays fait d’ailleurs référence à cette géographie, « Tuvalu » signifiant « huit îles ensemble » en tuvaluan. L’île la plus peuplée est Fongafale, située sur l’atoll de Funafuti, qui habite notamment l’aéroport international. Ce dernier est l’un des lieux principaux de sociabilité du pays, qui s’y rejoignent pour pratiquer des activités sportives. Il est d’ailleurs le lieu d’entraînement de l’équipe de football de Tuvalu

L’île accède à l’indépendance sous forme de dominion en 1978, après avoir été une colonie britannique depuis 1892. Ainsi, l’île est un royaume du Commonwealth à part entière, sous l’égide du roi Charles III d’Angleterre. Ayant peu de ressources agricoles et économiques, le pays reste relativement dépendant à l’aide étrangère. En 2021, il avait le PIB le plus faible du monde, d’un total de 60 millions de dollars.

Au niveau économique, les Tuvalu possèdent d’ailleurs une source de revenu insolite. Le micro-État possède en effet 20 % du nom de domaine « .tv », qui synthétise le nom de l’archipel. Cette extension est très utilisée, car « TV » désigne la télévision dans de nombreuses langues. En 2016, le nom de domaine rapportait deux millions de dollars au gouvernement des Tuvalu.  

La population de Tuvalu était estimée à un peu plus de 11 000 habitants en 2020. Mais avec l’accroissement des effets du dérèglement climatique et notamment la montée du niveau des océans, l’archipel pourrait être totalement submergé d’ici à quatre-vingts ans. Selon un rapport du gouvernement australien datant de 2011, le niveau des eaux a augmenté d'environ 0,5 centimètre par an depuis 1993. En 2002 aussi, Koloa Talake, Premier ministre, a porté plainte devant la Cour internationale de Justice de La Haye contre les États-Unis et l'Australie pour avoir contribué au réchauffement climatique, mais sa non-réélection a effacé la procédure. Aujourd’hui, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont accepté d’offrir l’asile climatique aux habitants de Tuvalu

 

SAINT-MARIN – 61 km2

Perché au sommet du Mont Titano, Saint-Marin est la plus ancienne république du monde. Le micro-État est enclavé à l’intérieur de l’Italie, entre l’Emilie-Romagne et les Marches. En 2022, il comptait plus de 33 000 habitants, dont plus de 80 % de Saint-Marinais selon les données de The World Bank. Malgré ses deux millions de touristes annuels et le fait qu’une grande partie de son centre historique soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il reste le pays le moins visité d’Europe.

Selon la légende, un modeste tailleur de pierres nommé Marinus se serait réfugié sur le mont Titanos vers l’an 303 pour fuir les persécutions contre les chrétiens lancées par l’empereur romain Dioclétien. Il fut suivi par d’autres persécutés et fondèrent ensemble une communauté chrétienne. L’Édit de Milan de 313 mit fin aux persécutions et la communauté put s’établir définitivement en 366, année du décès de son fondateur. Sur son lit de mort, il aurait prononcé les mots suivants : « je vous laisse libre des deux hommes », soit l’Empereur et le Pape. Ces paroles sont le fondement de l’indépendance de la République de Saint-Marin.

Membre de la zone euro depuis 2002, le petit État ne fait pas partie pour autant de l’Union européenne. Cela a parfois pu poser quelques difficultés aux Saint-Marinais notamment durant la pandémie de Covid-19. « La majorité de la population a dû faire le vaccin russe Spoutnik, mais celui-ci n’a jamais été reconnu par l’Union européenne, donc un Saint-Marinais étudiant ou travaillant dans un pays appartenant à l’UE devait à chaque fois expliquer sa problématique », explique Ludovica Stefanelli, jeune étudiante Saint-Marinaise en littérature et langue française à l’Université de Bologne, en Italie.

Le sport national de Saint-Marin est l’arbalète. En effet, les arbalétriers étaient autrefois chargés de défendre les murs et la liberté de la République de Saint-Marin. Aujourd’hui, les neuf communes de Saint-Marin se rencontrent chaque année dans un tournoi national. À contrario, San Marin brille moins pour ses résultats sportifs en football. Le micro-État n’a gagné qu’un seul match depuis la création de son équipe en 1985 et est actuellement la dernière nation au classement FIA.

Io : cette lune de Jupiter est un enfer volcanique

Sous ses reflets argentés, notre Lune impressionne de bien des façons, mais elle est loin de rivaliser avec celles des géantes gazeuses de notre système solaire. Ces lunes sont des mondes à part entière. Certaines, comme Europe ou Encelade, possèdent des océans liquides spectaculaires et potentiellement habitables. Puis il y a Io, l'une des lunes de Jupiter.

Derrière ces deux lettres se cache l'objet le plus volcanique du système solaire à notre connaissance : un orbe aux nuances de rouille où les villes cèdent leur place aux mers de lave, où les nuages de fumée forment dans le ciel des ombrelles infernales. Depuis quand Io est-elle aussi éruptive ? Difficile à dire, car la surface de la lune se renouvelle tous les millions d'années sous l'effet de son volcanisme, ce qui explique également le peu d'informations dont disposent les scientifiques sur son histoire.

Tous les mondes sont dynamiques et ceux dont le cœur géologique bat encore changent parfois de manière radicale. Dans sa version primitive, la Terre ne ressemblait en rien à sa forme actuelle. Qu'en est-il d'Io ? La lune a-t-elle toujours été aussi infernale ?

Pour répondre à ces questions, les astronomes ont étudié l'atmosphère de la lune afin de déterminer la durée nécessaire à ces innombrables éruptions pour modifier sa composition chimique depuis un point de départ estimé. Selon leurs résultats publiés dans la revue Science, Io semble être agitée par ces éruptions depuis des milliards d'années, peut-être même 4,5 milliards d'années, l'âge de notre système solaire. En d'autres termes, Io présente une hyperactivité volcanique depuis que le Soleil brille.

« Nous voyons Io comme elle a toujours été ! » déclare Jani Radebaugh, astrogéologue à l'université Brigham Young, non impliqué dans la nouvelle étude. Io est donc une sorte de machine à voyager dans le temps dont l'inépuisable moteur thermique alimenté par la force de marée peut nous en apprendre plus sur les mondes d'ici et d'ailleurs.

« Ce processus anime l'ensemble du système solaire, mais également les exoplanètes », indique Katherine de Kleer, planétologue au sein du California Institute of Technology et auteure principale de l'étude. « Nous étudions Io pour mieux comprendre ce processus universel. »

 

PARADIS POUR VOLCANS

Du point de vue humain, le système solaire peut paraître peu enclin au changement, ce qui est loin d'être le cas à l'échelle des temps astronomiques. Par exemple, ces dernières années, les scientifiques ont découvert que les anneaux emblématiques de Saturne ne constituent pas un équipement permanent, mais plutôt une décoration récente : ils sont apparus il y a quelques centaines de millions d'années et disparaîtront dans un laps de temps similaire.

Ainsi, Io n'a peut-être pas toujours été le théâtre volcanique qu'elle est aujourd'hui. Pour le savoir, nous devons comprendre comment fonctionne son volcanisme et pourquoi il se montre aussi spectaculaire.

En 1979, deux événements scientifiques majeurs ont jeté les fondations : la sonde Voyager 1 de la NASA a survolé le système jovien en photographiant de titanesques nuages de matière volcanique s'élevant de la surface d'Io et une équipe indépendante de scientifiques a calculé que la lune possédait une source de chaleur puissante, mais inhabituelle.

Cette prédiction mathématique provient de l'étrange trajectoire d'Europe et de Ganymède, deux lunes voisines d'Io. Pour chaque révolution de Ganymède autour de Jupiter, Europe en réalise deux et Io quatre. Connu sous le nom de résonnance, ce rythme particulier altère l'orbite d'Io en lui donnant une forme plus elliptique que circulaire.

Lorsque Io se rapproche de Jupiter sur cette orbite oblongue, elle subit une attraction gravitationnelle plus forte ; lorsqu'elle s'éloigne, l'attraction gravitationnelle de Jupiter s'affaiblit. Cela provoque des marées semblables à celles infligées par la Lune aux océans terrestres, sauf que dans ce cas, les marées sont si puissantes que la surface d'Io s'élève et s'affaisse d'une centaine de mètres, soit la hauteur d'un petit gratte-ciel.

Tout ce mouvement entraîne énormément de friction, ce qui génère une formidable chaleur. Dans les entrailles d'Io, cette chaleur se traduit par la fusion d'un volume de roche considérable, allant peut-être jusqu'à créer un océan de magma. Cela alimente certaines éruptions particulièrement violentes en surface qui déversent des torrents de lave plus longs que la plupart des fleuves terrestres, expulsent des colonnes vertigineuses de confettis de lave riches en soufre et créent des chaudrons de roche liquide qui ouvrent autant de portails vers les profondeurs de la lune jovienne.

« C'est fabuleux », jubile Katherine de Kleer. « Ces volcans nous offrent une fenêtre sur l'intérieur de la lune, ce qui est plutôt rare. »

La nature extrême du volcanisme d'Io ne s'arrête pas à ces éruptions. En dehors des éjectas soufrés, la lune recrache des gaz composés de sodium et de chlorure de potassium. Sur Terre, nous utilisons ces éléments pour assaisonner nos plats. « C'est du sel de table qui jaillit de ces volcans », indique de Kleer.

La plupart des matières éjectées peuvent également être propulsées dans l'espace à travers la fine atmosphère d'Io. Ces matières se mêlent ensuite à la lumière du soleil et subissent une excitation électrique avant de retomber dans le ciel magnétisé de Jupiter et d'exploser sous la forme de puissantes aurores, la version jovienne des aurores boréales ou australes observées sur Terre.

 

LUNE EN FOLIE

Le coupable de cette sorcellerie planétaire n'est autre que la source de chaleur qui anime Io, connue sous le nom de réchauffement par effet de marée. Les scientifiques cherchaient à savoir si ce phénomène existait toujours à l'intérieur de la lune. Cependant, en raison de l'intense activité volcanique, les coulées de lave n'ont de cesse de recouvrir la surface de la lune, dissimulant au passage toute trace de processus géologique.

« Il est impossible d'obtenir des informations sur un événement survenu il y a un million d'années simplement en observant la surface d'Io », explique Katherine de Kleer. C'est pourquoi la scientifique a opté pour une approche différente avec son équipe en s'intéressant plutôt à l'atmosphère de la lune.

Chaque seconde, Io perd jusqu'à trois tonnes de matière dans l'espace à travers le dégazage volcanique et l'érosion atmosphérique. « Cette perte de masse pourrait être comparée à celle d'une comète », illustre Apurva Oza, astrophysicien spécialiste des exoplanètes pour le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, non impliqué dans la nouvelle étude.

Les éléments qui composent ces gaz se déclinent en différentes versions, appelées isotopes, certaines étant plus lourdes que d'autres. Les isotopes légers ont tendance à évoluer dans les couches supérieures de l'atmosphère et peuvent donc s'échapper plus facilement dans l'espace. Quant aux isotopes lourds, ils restent plus proches de la surface et sont donc recyclés par l'activité volcanique. Par conséquent, les éruptions qui agitent Io de nos jours doivent être proportionnellement enrichies en isotopes lourds. Si l'équipe parvenait à mesurer le rapport entre les isotopes lourds et légers présents dans l'atmosphère, ils pourraient alors calculer la durée nécessaire à la lune pour atteindre cet état à partir d'un réservoir initial de matière souterraine éruptible.

C'est exactement l'expérience entreprise par Katherine de Kleer et son équipe de scientifiques qui ont fait appel à l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) du Chili pour analyser les gaz présents dans l'atmosphère d'Io, principalement composée de soufre. Afin d'estimer le réservoir initial d'isotopes lourds et légers, l'équipe s'est tournée, entre autres, vers des témoins de la composition chimique du système solaire primitif : les météorites.

Ils ont ainsi établi que le rapport isotopique actuel du soufre dans l'atmosphère ionienne suggère que la lune aurait perdu 94 à 99 % de son réservoir de soufre initial. En croisant ces données avec les modèles existants de l'évolution de Jupiter et de ses lunes intérieures, les chercheurs sont arrivés à la conclusion suivante : Io est en éruption depuis des milliards d'années, peut-être même 4,5 milliards d'années.

 

DANSE ORBITALE 

« Les dynamiques orbitales des satellites planétaires sont parfois très chaotiques », indique James Tuttle Keane, planétologue au sein du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, non impliqué dans l'étude. Les lunes peuvent quitter une orbite stable et y revenir, entrer en collision avec d'autres objets ou même être entièrement éjectées du système solaire.

En ce qui concerne Io, Ganymède et Europe, il semblerait que la chorégraphie à laquelle participent ces trois-là n'ait connu aucune fausse note depuis des milliards d'années. « Au cours de son histoire, Io n'a donc pas vraiment changé », résume Keane.

À elle seule, cette immuabilité fait figure d'exception dans l'univers, mais elle a également des implications pour la voisine d'Io, Europe. Sous sa coquille de glace, cette autre lune jovienne dissimule un océan qui, selon nos connaissances actuelles, serait maintenu à l'état liquide grâce au réchauffement par effet de marée. Si Io est volcanique depuis des milliards d'années, alors l'océan d'Europe pourrait être tout aussi primitif.

« À long terme, cela peut avoir des implications pour l'habitabilité d'Europe », indique de Kleer. Si cet océan abrite la vie, ce qui reste une hypothèse, alors cette vie doit son existence à la même force gravitationnelle qui, non loin de là, plonge Io dans un véritable enfer volcanique.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Pélerinages : entre spiritualité et remise en forme

Les pèlerinages ne sont plus réservés qu’aux moines. Ces chemins épiques qui se faufilent dans des villages médiévaux et des paysages ruraux attirent de nouveaux adeptes.

Des sentiers bien connus ont récemment enregistré une fréquentation record, tandis que de nouveaux itinéraires ont été lancés aux États-Unis, en Irlande, au Bhoutan et au Sri Lanka. En 2023, près d’un demi-million de personnes ont parcouru le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, l’un des pèlerinages les plus célèbres. Pourtant, les données du Centre international d’accueil au pèlerin ont révélé que seuls 40 % des personnes empruntant ces sentiers marchaient pour des raisons purement religieuses. 

Alors que les cours de marche se multiplient dans les salles de sport, ainsi que sur les plateformes de streaming, et que les #softhiking et #hotgirlwalk embrasent TikTok, il n’est pas surprenant que ces longues promenades dans la nature aient attiré l’attention. La plateforme de courses à pied Spacebib a lancé une collection de tee-shirts qui évacuent l’humidité, nommée World Pilgrimage Trails, sur le thème des chemins de pèlerinage du monde entier. La plateforme The Conqueror, quant à elle, a lancé un défi virtuel autour du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle permettant de suivre sa progression sur sa montre connectée. L’attrait pour le pèlerinage s’est tellement développé que le Global Wellness Summit, sommet mondial du marché du bien-être, l’a désigné comme l’une des tendances en la matière pour 2024. 

Si les pèlerinages sont de plus en plus populaires parmi les adeptes de fitness, ils restent une pratique intemporelle à la croisée de l’activité physique, de la spiritualité et de l’épanouissement personnel.

 

UN VOYAGE MÉDITATIF

Un pèlerinage est un voyage que l’on effectue à pied, à cheval ou à vélo vers un lieu sacré. Présents dans de nombreuses religions, ces longs périples permettent de prouver sa dévotion. 

Il existe des centaines de chemins de pèlerinage à travers le monde. Les pèlerins modernes peuvent encore emprunter les plus anciens, comme celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, remontant au 9e siècle, et son pendant, le Kumano Kodo, au Japon, datant du 10e siècle, qui sont tous deux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une multitude de nouveaux chemins de pèlerinage ont toutefois été ouverts afin que cette nouvelle vague de marcheurs puisse mettre à l’épreuve corps, esprit et âme. 

En 2022, le Bhoutan a restauré le Trans Bhutan, un sentier du 16e siècle franchissant douze cols de montagne, autrefois emprunté par les bouddhistes pour traverser le pays et visiter ses sites les plus sacrés. Le Sri Lanka a inauguré le sentier Pekoe en 2023, un tronçon d’un peu moins de 300 kilomètres reliant les villes de Kandy et Nuwara Eliya. Il longe un ancien temple de pierre, des grottes et des chutes d’eau. En 2024, l’Irlande et le pays de Galles achèveront le Wexford-Pembrokeshire Pilgrim Way, un chemin de près de 138 kilomètres qui commence à Wexford, en Irlande, et se termine à Saint David’s, au pays de Galles. Il y est question de promenades au sommet des falaises, de plans d’eau sacrés et de criques isolées fréquentées par des phoques. Enfin, en Californie, il est possible de tenter le nouveau Camino de Sonoma, une randonnée approchant les 120 kilomètres au départ de la mission de Sonoma jusqu’à la chapelle orthodoxe russe de Fort Ross.

 

UN EXERCICE POUR LE CORPS ET L’ESPRIT

Selon Marc Massad, coach personnel basé au Royaume-Uni, enfiler ses chaussures de marche est bon pour le corps et l’esprit : cela contribue non seulement au bien-être physique, mais encourage également la résilience. 

« La marche stimule la santé cardiovasculaire, favorise la perte de poids, améliore l’équilibre et la coordination, et accroît l’endurance musculaire avec un minimum d’effort articulaire », explique-t-il. « La marche a aussi de profonds effets bénéfiques sur la santé mentale. C’est un moyen naturel de soulager le stress en libérant des endorphines qui peuvent réduire les symptômes de la dépression et de l’anxiété. »

Nicole Hu, vingt-sept ans, de Chicago, a parcouru les 120 kilomètres du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en juillet 2023, depuis la frontière portugaise jusqu’à la célèbre ville en Espagne. « Je voulais marcher, être dans la nature et avoir du temps pour moi, pour réfléchir », confie-t-elle.

Nicole, qui a déjà passé des vacances à faire de la plongée sous-marine en Égypte et de la randonnée au Pérou, a apprécié les règles claires de ce défi qui trouve son origine au Moyen Âge. Chaque pèlerin doit parcourir au moins 100 kilomètres, collecter des tampons chaque jour et terminer son voyage au Centre international d’accueil au pèlerin.  

Si elle n’a pas trouvé le terrain particulièrement éreintant, marcher jusqu’à 24 kilomètres par jour sous une chaleur atteignant 38 degrés Celsius s’est avéré être un véritable défi. « C’était exténuant mais très gratifiant », livre-t-elle. « C’est dur pour le corps mais c’est une très bonne expérience. Je crois que je le referais mais sur une plus longue durée, simplement parce que je pense que l’on en retire davantage. »

 

LE POUVOIR DES PÈLERINAGES

Paul Christie, PDG de Walk Japan, qui organise des randonnées pédestres hors des sentiers battus au Japon, explique qu’il a constaté une augmentation du nombre de touristes qui s’inscrivaient à des pèlerinages guidés. « Notre expérience suggère que l’intérêt pour les pèlerinages est issu d’une évolution naturelle de la demande croissante pour la marche en général, et ce, à travers un large éventail d’âges et de nationalités », explique-t-il. 

Guy Hayward, cofondateur de British Pilgrimage Trust, organisation caritative qui vise à promouvoir le pèlerinage, peu importe les croyances, explique toutefois que tout le monde n’accepte pas cette vision plus laïque de la pratique. « Il y a évidemment des personnes ferventes qui pensent qu’il n’y a qu’une seule façon de faire un pèlerinage et qu’elle se doit d’être hautement pieuse », déclare-t-il. « Mais j’espère qu’ils se rendront compte que les pèlerinages peuvent devenir une sorte d’opportunité sous-jacente permettant aux gens de découvrir des aspects plus profonds d’eux-mêmes. »

La marathonienne Kimberly Davies, trente-cinq ans, de Toronto, a décidé de parcourir les 770 kilomètres du Camino francés, de Saint-Jean-Pied-de-Port à la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, en passant par les Pyrénées françaises. 

« Vous vivez véritablement l’instant présent », affirme-t-elle. « C’est un havre de paix. Pas d’obligations, pas de planification, pas de recherche d’hôtels ou de restaurants, et j’ai adoré être à l’extérieur pendant six semaines, ce qui, je pense, est très sain ».

Si certaines personnes découvrent les pèlerinages, Rick Walsh, soixante-trois ans, originaire de San Francisco, a en revanche souvent parcouru les sentiers du Japon. Il a récemment suivi le circuit Shikoku Wayfarer, proposé par Walk Japan, d’une durée de six jours, qui fait partie du pèlerinage des quatre-vingt-huit temples de la nation insulaire. En traversant la campagne montagneuse jusqu’à la côte de l’océan Pacifique, il affirme que le pouvoir du pèlerinage ne lui a pas échappé. « Vous pouvez faire de l’exercice n’importe où mais c’est très spécial de le faire dans un endroit aussi unique que le Japon, tout en participant à un voyage culturel organisé. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Ces villes japonaises pourraient bien inspirer votre prochain haïku

Sur le chemin qui sépare notre domicile de notre travail, certains d'entre nous dorment, tandis que d'autres consultent frénétiquement leur portable. Mais dans les tramways de la ville japonaise de Matsuyama, les passagers ont une autre option : écrire un haïku.

Matsuyama est la capitale autoproclamée de cette forme de poésie courte, vieille de plusieurs siècles, traditionnellement mais pas exclusivement composée de trois vers de cinq, sept et cinq syllabes. Montez dans les tramways de la ville et vous trouverez les boîtes à haïkus rectangulaires. Les passagers sont encouragés à rédiger un haïku sur une feuille de papier prévue à cet effet. Il suffit ensuite de la glisser dans la boîte pour le concours d'haïkus organisé par la ville. Si l'expérience vous a plu, vous pouvez, dans la soirée, vous arrêter dans l'un des bars à haïku de Matsuyama, pour rédiger un poème tout en sirotant une boisson.

Ce que nous appelons aujourd'hui haïku était à l'origine une strophe d'ouverture de poèmes plus longs. Du moins, jusqu'à ce que des poètes du 17e siècle tels que Matsuo Basho (1644-1694) popularisent leur existence propre en tant que poèmes courts, appelés alors hokku, ou comme accompagnement à la prose, un style connu sous le nom de haibun. Dans le cas de Basho, il intégrait souvent des haïkus dans ses carnets de voyage.

Plusieurs siècles plus tard, les haïkus sont étudiés dans les écoles japonaises, célébrés lors de compétitions nationales et promus à la télévision dans des émissions hebdomadaires.

Ce passe-temps traditionnel japonais a gagné en popularité dans le monde entier, et l'on trouve aujourd'hui des associations de haïku, en Europe (notamment en France, où existe l'Association francophone du Haïku) en Afrique et en Amérique du Nord. Il existe même une Journée internationale du haïku, célébrée le 17 avril, organisée par la Haïku Foundation, une organisation internationale.

Voici comment suivre la piste du haïku dans le pays qui l'a vu naître.

 

QU'EST-CE QU'UN HAÏKU ?

Comme l'écrit Julie Bloss Kelsey dans la rubrique New to Haiku de la Haiku Foundation, le haïku moderne s'est développé au-delà des limites traditionnelles.

« En Japonais, un haïku s'écrit en dix-sept on, ou unités de sons. Les On ne se traduisent pas directement en syllabes dans les autres langues, notamment en anglais. Certains érudits spécialistes du haïku avancent que cette fausse idée a conduit les haïkus anglais à être trop verbeux », explique-t-elle. « C'est pourquoi on voit souvent des haïku modernes avec moins de dix-sept syllabes. Les Haïku peuvent être écrits avec un, deux, trois ou quatre vers, voire plus. Bien que les haïkus de trois vers en anglais soient les plus courants, les haïkus composés d'un vers, aussi appelés monoku, deviennent de plus en plus populaires. »

Ce n'est pas la seule évolution depuis l'époque de Basho. Même si les haïkus contiennent habituellement des mots se rapportant aux saisons, ou kigo en japonais, ils ne doivent pas forcément parler des fleurs de cerisiers éphémères ou bien des feuilles d'automne. Les émotions humaines, les instants de vie, ou un chihuahua bien-aimé font de tout aussi bons sujets. De la même façon, un haïku peut canaliser de la mélancolie, de l'humour, et tous les sentiments que l'on souhaitera y mettre.

 

LES MEILLEURS ENDROITS POUR DECOUVRIR LE HAÏKU

Lorsque l'on voyage au Japon, il n'est pas rare de trouver des haïkus sous diverses formes. Plusieurs sites se vantent d'une connexion avec l'un des « quatre grands » poètes du monde des haïkus : Yosa Buson (1716-1784), Kobayashi Issa (1763-1828), Masaoka Shiki (1867-1902) et, le plus célèbre de tous, Basho.

Basho a parcouru la région de Tohoku, au nord de l'île principale du Japon, au cours d'un périple de cinq mois documenté dans le récit de voyage classique rédigé en haïku Oku no Hosomichi (La Sente étroite du Bout-du-Monde)On peut y suivre ses pas jusqu'au temple de Yamadera, situé à flanc de montagne, où le paisible sentier boisé inspira à Basho l'un de ses poèmes les plus célèbres :

immobilité
le chant des cigales
pénètre dans la roche

À Tohoku, il est également possible de visiter la ville de Hiraizumi, inspiration du poème morose de Basho, « herbes d'été / tout ce qui reste / des rêves des guerriers. » À Hiraizumi, on trouve cependant bien plus que des champs verts, notamment le temple Chusonji, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, et sa salle dorée de Konjikido.

Dans l'est de Tokyo, dans une ancienne région rurale dont Basho était originaire, on trouve aujourd'hui le musée Basho au sein d'une zone d'expansion urbaine des vingt-trois quartiers. Il existe au Japon d'autres musées Basho : l'un se trouve sur son lieu de naissance, à Iga Ueno, dans la préfecture de Mie ; et les autres dans plusieurs villes sur son itinéraire d'Oku no Hosomichi. 

Et puis, il y a Matsuyama, la capitale d'haïku du Japon. Située sur la plus petite des quatre îles principales du pays, Matsuyama est la ville natale de Masaoka Shiki, qui, avant de mourir de tuberculose à trente-quatre ans en 1902, a inventé le terme haïku (qui signifie « jeu de mots ») et insufflé un nouveau souffle à cet art en encourageant une plus grande diversité de sujets et l'utilisation d'un langage non traditionnel. Il a même écrit le premier haiku sur le baseball :

herbes d'été
des joueurs de baseball
au loin

Vous ne pouvez pas passer un jour à Matsuyama sans voir la connexion avec les haïkus. Comme dans les tramways, vous trouverez des boîtes à haïkus dans le château de Matsuyama, perché sur une colline et au Dogo Onsen Honkan, l'un des plus vieux établissements thermaux du Japon, au cas où un haïku vous vienne à l'esprit pendant la baignade. La municipalité de Matsuyama a également fait installer des boîtes à haïkus dans des villes jumelles à l'étranger, notamment à Bruxelles, en Belgique, à Fribourg, en Allemagne et à Taipei, à Taïwan. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Cette étoile ne brille qu’une fois tous les 80 ans et il sera bientôt temps de l'observer

Une nouvelle étoile est en route pour venir peupler le ciel nocturne de l’hémisphère nord. Elle pourrait apparaître d’ici quelques jours, mais cela pourrait aussi bien prendre quelques mois ; les astronomes n’ont à ce sujet pas beaucoup de certitudes, bien qu’ils attendent le retour de sa lueur depuis quatre-vingts ans. Mais lorsqu’elle paraîtra enfin, elle brillera si intensément que l’on pourra la voir à l’œil nu une semaine durant.

Et ensuite, aussi abruptement qu’elle aura fait irruption dans le panorama céleste, elle s’en ira.

Derrière cette manifestation clinquante se cache T Coronae Borealis (ou T CrB), phénomène rare connu sous le nom de nova récurrente. Comme le suggère son nom, T CrB se situe dans une constellation en forme de fer à cheval nommée Corona Borealis (la Couronne Boréale), distante de 3 000 années-lumière environ.

À l’inverse des novas classiques qui sont créées lorsqu’une étoile explose à la fin de sa vie, les novas récurrentes, comme leur nom le suggère, percent dans le ciel bien plus fréquemment, mais elles sont également causées par des processus stellaires différents de ceux à l’origine des vraies novas. La dernière éruption de T Coronae Borealis s’est produite en 1946. Seules dix de ces novas sont répertoriées dans la Voie lactée.

 

QUELLE EST LA CAUSE DE L’ÉRUPTION DE CE CORPS CÉLESTE ?

La lumière de T Coronae Borealis n’est pas le produit de l’explosion d’un unique corps céleste mais plutôt d’une danse céleste entre deux étoiles orbitant l’une autour de l’autre. La plus grande des deux, une géante rouge dont la masse équivaut peu ou prou celle de notre système solaire tout entier, perd de sa matière, notamment de l’hydrogène et de l’hélium. Cet éjecta tombe en partie sur la naine blanche voisine qui, bien qu’elle fasse à peu près la taille de la Terre, contient près de 40 % de matière de plus que le Soleil, ce qui en fait un astre extraordinairement dense.

Alors que la naine blanche absorbe les rebuts de sa compagne de route, sa température ne cesse d’augmenter, et elle devient donc plus dense. Enfin, tous les quatre-vingts ans environ, elle atteint un point de bascule critique où des réactions de fusion nucléaire en série la font entrer en éruption.

« Nous la suivons dans le monde entier et elle a fait des choses amusantes », indique Sumner Starrfield, professeur de l’Université d’État d’Arizona qui a beaucoup étudié ce système solaire au cours de sa carrière. « Sa luminosité a augmenté pendant quelques années et aujourd’hui elle a diminué un peu. Il semble qu’elle fasse à peu près la même chose que juste avant d’exploser en 1946, raison pour laquelle nous faisons tout à coup preuve de beaucoup d’intérêt. »

 

QUAND SERA-T-ELLE VISIBLE ET COMMENT LA VOIR ?

On ne sait pas exactement quand l’éruption se produira. Selon la NASA, cela pourrait survenir à n’importe quel moment d’ici au mois de septembre. Mais Sumner Starrfield fait observer que ce n’est qu’une bonne estimation, et qu’il faudra peut-être attendre plusieurs années avant que nous ne puissions observer l’explosion dans le ciel. Toutefois, lorsqu’elle se produira, les astronomes amateurs n’auront pas le temps de cligner des yeux tant le phénomène est fugace.

« Le paroxysme sera atteint très rapidement », explique Bradley Schaefer, professeur émérite à l’Université d’État de Louisiane et l’un des plus grands spécialistes de T Coronae Borealis. « C’est bref, la luminosité maximale ne durera que quelques heures et elle commencera à faiblir vite. [Le phénomène] ne sera plus visible à l’œil nu après une semaine à peine. »

« Si vous êtes juste Monsieur ou Madame Tout-le-monde qui sort observer le ciel pour la voir, armé de rien d’autre que de vos simples yeux, vous n’avez qu’une ou deux nuits pour le faire », prévient-t-il.

Quand elle entrera effectivement en éruption, elle sera surveillée de près. L’équipe de Sumner Starrfield a réservé des créneaux sur le télescope spatial James-Webb (JWST) afin d’observer l’éruption et de déterminer exactement quelle quantité de masse est éjectée dans l’espace au cours du processus.

Mais certaines des observations les plus importantes de ce phénomène rare seront le fait d’un réseau d’astronomes amateurs qui utiliseront le télescope de leur jardin. Des membres de l’Association américaine des observateurs d’étoiles variables (AAVSO) et le site The Astronomer’s Telegram scrutent T CrB depuis un moment déjà. Au cours des années qui viennent de s’écouler, on a téléversé sur une plateforme centralisée un nouveau point de données toutes les dix minutes en moyenne, ce qui génère un flux constant de mises à jour sur la luminosité du système. Il ne fait aucun doute que l’un de ces amateurs s’arrogera le titre de premier à avoir aperçu l’éruption qui vient.

« La raison pour laquelle beaucoup de personnes l’observent est que les gens aiment ce qui fait boom », commente Brian Kloppenberg, directeur exécutif de l’AAVSO. Beaucoup d’astronomes amateurs ont une envie forte d’être la personne qui découvre quelque chose ou qui aperçoit une première manifestation. »

Mais Bradley Schaefer a son propre plan en place pour le moment où il recevra la nouvelle ; et il est bien déterminé à ne pas manquer l’événement. Non sans ironie, Leslie Peltier, l’astronome qui avait prédit l’éruption de 1946 avait manqué ce phénomène grandiose à cause d’un rhume inopportun. Au moment de l’éruption, T CrB devrait briller aussi intensément que l’Étoile polaire, point le plus brillant de la Petite Ourse.

« À n’en pas douter, je vais me ruer dehors dès qu’il fera nuit et que le ciel sera dégagé, car je souhaite que mes observations contribuent à la courbe de lumière, se réjouit d’ores et déjà Bradley Schaefer. Quand vous entendrez dire que T CrB se lève, vous n’aurez pas besoin de télescope, tout ce que vous avez à faire, c’est de sortir par une nuit claire et sans nuages et de lever les yeux au ciel. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Les techniques de défense les plus insolites chez les insectes

Pour résister aux prédateurs, la nature a parfois des idées originales. Si moult agresseurs arrivent à détourner les techniques de défenses de leurs proies, certaines d’entre elles sont tellement surprenantes qu’elles s’avèrent redoutablement efficaces. 

Loin des stratégies d’évitement comme le mimétisme ou le camouflage, ces méthodes de défense sont souvent très agressives et laissent peu de chance au prédateur d’arriver à ses fins.

 

L’ATTAQUE À L’ACIDE DU COLÉOPTÈRE BOMBARDIER

Le coléoptère bombardier (pheropsophus jessoensis) de la famille des carabidés, déploie une méthode plutôt brutale. Celui-ci a la capacité de projeter un spray chimique chaud et nocif lorsqu’il est dérangé, généralement par des fourmis. Le spray est produit à partir d'une réaction entre plusieurs composés chimiques, l’hypergolique, l'hydroquinone et le peroxyde d'hydrogène. Ils sont stockés dans deux réservoirs situés dans l’abdomen du coléoptère. La chaleur de cette réaction amène le mélange près du point d’ébullition de l’eau et produit du gaz qui entraîne une éjection. Celle-ci avoisine les cent degrés, et est projetée à plus de dix mètres par seconde. Les dégâts provoqués peuvent être mortels pour les assaillants. 

L’attaque chimique du coléoptère bombardier est également très efficace dans des situations beaucoup plus périlleuses. Avalé par le crapaud Bufo japonicus, il peut projeter le liquide dans l'estomac de son prédateur, comme l’ont étudié des chercheurs de l'université de Kobe au Japon. L'insecte est régurgité dans 43 % des cas par le crapaud, qui peut s'en sortir sans dommages plus d'une heure après l'ingestion. 

 

LE REJET PAR MOUVEMENTS SYNCHRONISÉS

Certains insectes utilisent la force collective pour se défendre. C’est par exemple le cas des abeilles géantes (Apis Dorsata Binghami) qui vivent dans le sous-continent indien et que l’on trouve aussi en Chine et en Australie. Guy Theraulaz, Chercheur au CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale, explique que « contrairement aux abeilles que l’on trouve en Europe, ces abeilles géantes construisent leurs nids principalement à l'air libre, dans des endroits très éloignés du sol, sur les branches d’arbres les plus hautes ou sous les surplombs des falaises. Et chaque colonie se compose d'un seul rayon vertical très grand, dont la surface peut parfois atteindre un mètre carré, et l’ensemble du rayon est généralement recouvert par une masse très dense d'abeilles sur plusieurs couches. »

Ces abeilles, en cas d’attaque de frelons, ont développé une technique de défense collective que l’on nomme « scintillement » ou encore « ondulation de défense ». « Lorsqu’elles détectent l’approche d’un frelon, les abeilles de la couche externe ramènent brusquement leur abdomen vers le haut et elles le secouent de manière synchronisée », explique Guy Theraulaz. Ce comportement « se propage ensuite aux ouvrières les plus proches qui adoptent également la même posture, ce qui crée une onde à la fois visuelle et sonore sur la surface du rayon, qui ressemble un peu au mouvement d’une ola comme on peut parfois les observer dans des stades. » Plus le frelon s’approche du nid, et plus les mouvements synchronisés deviennent importants et fréquents. Cela fait généralement fuir le prédateur. 

Certaines larves de tenthrèdes (Allantus cinctus et Endelomyia aethios), souvent appelées « fausses chenilles » car elles ne donnent pas de papillons et qu’elles appartiennent à la même famille que les guêpes (Hyménoptère), utilisent un mécanisme de défense similaire aux abeilles géantes. Vivant en colonies, elles se rassemblent généralement par douzaines sur une même branche ou sur le bord d'une même feuille. Lorsqu’elles se sentent menacées, elles effectuent des mouvements défensifs avec le ventre et produisent des vibrations. 

« Les larves peuvent également gratter la surface de la feuille sur laquelle elles se trouvent grâce à des protubérances situées sur leur segment caudal ce qui produit un son stridulatoire. Ces sons peuvent également maintenir la cohésion du groupe de larves et l’aider à découvrir des feuilles fraîches », décrit Guy Theraulaz. Du fait de leur grégarité, « les secousses d'un seul individu peuvent être imitées par d’autres, conduisant à des "vagues" de secousses au sein du groupe et des mouvements synchronisés. » La synchronisation est donc liée à des informations à la fois visuelles et acoustiques, conclut l’expert.

 

UNE DÉFENSE EXPLOSIVE

Dans certains cas, l’issue est sans appel pour l’insecte attaqué. Il doit alors, dans un ultime râle, se sacrifier pour le groupe en explosant ! C’est le cas de Camponotus saundersi, une espèce de fourmi que l’on trouve en Malaisie et au Brunei, dans la canopée de la forêt tropicale. Certaines ouvrières se donnent la mort en explosant, principalement pour se défendre lors de combats territoriaux contre d'autres espèces de fourmis, comme les fourmis tisserandes Oecophylla smaragdina, mais également pour éviter d'être dévorée par ces mêmes fourmis ou araignées.

Pour entreprendre cette attaque suicide, la fourmi possède deux glandes mandibulaires surdimensionnées et remplies de poison qui s'étendent sur tout son corps. Quand la bataille tourne mal, l’ouvrière contracte vigoureusement ses muscles abdominaux afin de rompre son abdomen au pli intersegmentaire et de briser les glandes mandibulaires. Elle émet ainsi une sécrétion collante dans toutes les directions, à partir de la partie antérieure de sa tête. Cette colle, corrosive et agissant comme un irritant chimique, a la capacité d'empêcher et de bloquer tous les assaillants qui se trouvent à proximité.

Chili : randonnée au bout du monde, en Terre de Feu

En suivant la rive de la rivière glacée Ukika, j’emprunte un sentier à travers un bois de Nothofagus, genre regroupant des espèces d’arbres à feuilles persistantes, parsemé d’amas de champignons orange de la forme et de la taille d’une balle de golf. Les branches constituent des écosystèmes miniatures, couverts de minuscules bryophytes, groupe de plantes comprenant les mousses, les marchantiophytes et les anthocérotes, et enchevêtrés d’un lichen nommé usnée barbue, aussi connu sous le nom de barbe de Jupiter, qui ondule à mon passage. Des racines sinueuses et des troncs tombés sur le sol quadrillent le chemin, tandis qu’un craquement sinistre se fait entendre lorsque la canopée s’agite sous l’effet d’un vent violent. Les alentours sont déserts, à l’exception d’un pic de Magellan (Campephilus magellanicus), dont la tête pourpre est dissimulée et les rapides coups de bec résonnent régulièrement au-dessus du vacarme environnant.

J’émerge finalement du Parque Municipal Ukika et j’observe la rivière traversant une plage de pierres et se jetant dans le canal de Beagle, du gris de la poudre à canon, qui serpente à travers la Terre de Feu, reliant les océans Atlantique et Pacifique. À ma droite se situe le hameau de Villa Ukika, où vit la petite communauté indigène Yahgan, et à ma gauche se trouve la périphérie de Puerto Williams, la ville la plus méridionale de la planète. 

Au-dessous de la Patagonie, la pointe de l’Amérique du Sud se fragmente en un archipel d’îles, d’îlots, de caps et de péninsules traversés par des cours d’eau sinueux et drapés de forêts vert bouteille et de glaciers scintillants. Il s’agit de la Terre de Feu. Selon les légendes du peuple indigène Selk’nam, la topographie de la région aurait été façonnée par un jeune homme nommé Táyin : il « attrapa des pierres et les jeta violemment dans toutes les directions avec sa fronde ; là où celles-ci atterrirent, apparurent de grandes crevasses dans le sol qui se remplirent d’eau. »

Le nom poétique « Terre de Feu » a été inspiré des feux de joie allumés par le peuple Selk’nam, découvert par l’explorateur portugais Fernand de Magellan en 1520 alors qu’il tentait d’accomplir la première navigation autour du monde. Un demi-millénaire plus tard, cette région peu peuplée, partagée entre l’Argentine et le Chili, reste une terre sauvage. Ceci dit, de plus en plus de touristes se rendent dans le port argentin d’Ushuaïa, ancienne colonie pénitentiaire surnommée la « Sibérie du Sud » et aujourd’hui plus grande ville de la Terre de Feu, point de départ principal des croisières en Antarctique. 

Toutefois, peu de voyageurs poursuivent leur route vers le sud en traversant le canal de Beagle, nommé d’après le navire qui transportait le jeune Charles Robert Darwin lors de son voyage historique autour de l’Amérique du Sud, jusqu’à l’île chilienne de Navarino, où se trouve Puerto Williams. Cette localité de 2 800 habitants, dont le statut a été élevé au rang de ville par le gouvernement chilien en 2019, se trouve à un peu plus de 2 400 kilomètres de la capitale, Santiago, mais à seulement à un peu moins de 1 080 kilomètres de l’Antarctique. 

Puerto Williams n’est accessible que par avion ou par bateau et le fait qu’elle soit si reculée contribue largement à son attrait. Lors de ma première visite, avant la pandémie, je me suis lancé sur la route la plus longue. Je suis monté dans un bus au départ du port chilien de Punta Arenas, en Patagonie, puis j’ai traversé le détroit de Magellan en ferry jusqu’à la Grande île de la Terre de Feu, avant de continuer vers le sud, dans la partie argentine de la région, et d’arriver douze heures plus tard à Ushuaïa. Le lendemain, j’ai traversé le canal de Beagle en bateau, en longeant de tapageuses colonies de lions de mer affalés sur une chaîne d’îlots rocheux, pour atteindre le poste-frontière chilien de Puerto Navarino, où j’ai grimpé dans un minibus pour la dernière étape le long de la côte jusqu’à Puerto Williams. 

Cette fois, j’opte pour l’option la plus rapide : un vol de trente minutes depuis Punta Arenas qui offre des vues spectaculaires sur le parc national Alberto de Agostini, recouvert de neige. Cette région a laissé sa marque dans l’esprit de Darwin qui, dans Voyage d’un naturaliste autour du monde, parle de jets d’eau jaillissant de bancs de baleines, d’un climat orageux et d’un paysage de « magnifiques glaciers qui s’étendent du flanc de la montagne jusqu’au bord de l’eau » : « Il n’est guère possible d’imaginer quelque chose de plus beau que le bleu béryl de ces glaciers. » 

Sur la rive sud du canal de Beagle, adossée aux pentes couvertes de forêts denses et aux pics enneigés en dents de scie de la chaîne des Dientes de Navarino, Puerto Williams constitue la capitale officielle de la province de l’Antarctique chilien mais elle conserve l’aspect et l’atmosphère d’une petite ville. Construite en tant que base navale dans les années 1950, dans une région longtemps habitée par des communautés du peuple Yahgan, elle compte un quartier d’impeccables maisons blanchies à la chaux destinées au personnel militaire et à leur famille, qui représente environ la moitié de la population, ainsi qu’une extension composée de maisons pour les civils, dépareillées, disposant de grandes antennes paraboliques, de piles de bois de chauffage et, souvent, d’un chien au poil hirsute.

Dans un rayon de soleil de fin d’après-midi, je flâne dans les rues calmes et balayées par le vent, passant devant des églises aux murs de bois, des groupes de bâtiments municipaux, une petite école, quelques magasins et restaurants simples, la plupart fermés, et une poignée de maisons d’hôte. Les vaches et les chevaux se promènent librement, broutant sur les pelouses mouchetées de marguerites. Les portes d’entrée ne sont pas fermées à clé, la criminalité n’étant qu’un lointain souvenir dans ces régions. En effectuant une pause sur une promenade en bois surplombant le canal de Beagle, je contemple un pétrel tempête (Hydrobates pelagicus) tournoyant au-dessus de deux bateaux de pêche revenant avec une prise de crabes royaux de très grande taille.

Après avoir dégusté les délicieux crustacés au dîner dans un restaurant décoré de bibelots nautiques, je discute avec Anna Baldinger, qui travaille à l’Hotel Fio Fio, la maison d’hôte où je séjourne. Elle a quitté son Autriche natale pour venir enseigner à Puerto Williams, avant de tomber amoureuse d’un habitant et de la Terre de Feu en elle-même. « Puerto Williams, c’est comme être dans une bulle : les gens le considèrent comme le village du bout du monde », explique-t-elle.

La ville n’a peut-être que soixante-dix ans mais cette région est habitée par des communautés du peuple Yahgan depuis des millénaires, comme en témoignent les sites archéologiques disséminés dans la campagne environnante. L’anthropologue Maurice Van de Maele, propriétaire de l’Hotel Fio Fio, m’indique que Navarino est l’un des endroits les plus denses au monde sur le plan archéologique, estimant qu’il pourrait y avoir jusqu’à 2 000 sites sur l’île. Il s’agit notamment de tas d’ordures liés à une activité humaine préhistorique et de dépressions circulaires, vestiges d’anciens abris, que j’aperçois en nombre sur le trajet depuis Puerto Navarino. 

Maurice Van de Maele est un ancien directeur du musée local, anciennement connu sous le nom de musée anthropologique Martin Gusinde. Il a été rebaptisé Museo Territorial Yagan Usi - Martín González Calderón afin de reconnaître l’héritage indigène de la région, longtemps négligé. Située à l’extrémité ouest de Puerto Williams, cette institution qui ne passe pas inaperçue dispose sur son terrain d’un imposant squelette de baleine blanchi par le soleil. À l’intérieur, le musée offre un aperçu fascinant de la culture du peuple Yahgan grâce à des objets tels que des harpons en os finement sculptés, des bijoux de toute beauté et des canoës en bois construits de main de maître. 

Il met également en lumière les ravages subis par les peuples indigènes lors de la colonisation de la Terre de Feu à la fin du 19e et au début du 20e siècle, une période qui a attiré des vagues de missionnaires, de chercheurs d’or et d’éleveurs de moutons venus du Chili, d’Argentine et d’ailleurs. 

Cette partie de la Terre de Feu peut sembler intemporelle mais le changement est à venir. Lors de ma visite à Puerto Williams, je ne croise qu’une douzaine de touristes, dont la plupart viennent faire de la randonnée, observer les oiseaux, pêcher la truite sauvage ou simplement faire l’expérience de la vie au « bout du monde ». D’autres sont toutefois en chemin : les navires de croisière en Antarctique font désormais escale plus régulièrement, amenant des centaines de passagers vêtus de vestes assorties. Un appontement polyvalent moderne, capable d’accueillir de plus grands navires, est actuellement en train d’être bâti. C’est également le cas d’un grand hôtel. Le petit aéroport de Puerto Williams, quant à lui, est en cours de modernisation, avec notamment la construction d’un nouveau terminal pour les passagers. 

Cette dernière constitue l’un des nombreux projets d’infrastructures actuellement menés en Terre de Feu. L’asphalte de la route la plus au sud du pays, la Y-905, s’arrête juste à l’est de Puerto Williams, près de Villa Ukika. Il est substitué par du gravier sur les vingt derniers kilomètres qui mènent à Caleta Eugenia, un ranch isolé appartenant à la marine chilienne. Il est cependant question de prolonger la route jusqu’à Puerto Toro, le village habité qui est le plus au sud du monde et qui n’est actuellement accessible que par bateau. Un centre de recherche scientifique de pointe, le Centro Subantártico Cabo de Hornos, a également ouvert ses portes récemment dans la ville. Perchée au sommet d’une colline, à l’est du centre, cette structure de verre et de béton, dotée de sa propre éolienne, ressemble vaguement à un vaisseau spatial. 

Néanmoins, lorsque je marche vers l’ouest depuis Puerto Williams, toute inquiétude concernant le surdéveloppement s’évanouit rapidement. Je ne croise personne sur le chemin qui mène au sommet du Cerro Bandera, soit la « colline du drapeau », culminant à près de 610 mètres d’altitude, un sentier abrupt en lacets qui monte à travers une forêt de hêtres et représente la première étape du circuit des Dientes de Navarino, un trek épique d’un peu plus de 53 kilomètres. Peu à peu, les arbres se raréfient, avec des troncs de plus en plus rabougris et courbés, comme s’ils tiraient leur révérence, avant de disparaître complètement au sommet, laissant place à une toundra austère. 

J’y trouve un drapeau chilien accroché à un mât. Le terrain rocailleux est parsemé de plantes en coussinet à croissance lente et de tertres verts, tels des tables de billard, et sillonné par de rubans de neige. Au nord, le canal de Beagle est moucheté de blanc et, au sud, les Dientes de Navarino percent le ciel. Il n’y a aucune autre âme qui vive. Dans cet endroit retiré magnifique, le vent souffle presque sans interruption et la température est en chute libre. 

Me rappelant qu’il ne s’agit pas réellement d’un sommet, j’enfile une autre couche de base et je continue. Je suis pendant encore quarante minutes un chemin longeant une succession de cairns jusqu’à ce que j’atteigne une crête offrant des vues panoramiques, surpassant d’une certaine manière ce que j’ai pu voir jusqu’à présent et donnant sur un lac glaciaire entouré de pics enneigés. Mes mains sont engourdies par le froid et le grésil, abrasif, m’irrite la peau du visage, mais je ne peux m’empêcher de sourire en me remémorant ma conversation de la veille avec Anna. « Quand on arrive au sommet du Cerro Bandera, il n’y a aucune âme qui vaille », m’avait-elle révélé. « Le reste du monde semble bien loin. »

Comment s’y rendre :  
Aerovías DAP assure la liaison entre Punta Arenas et Puerto Williams en un peu plus d’une heure. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Guide de voyage : l'Amérique latine pour les personnes LGBTQ+

Avec ses plus de 656 millions d’habitants, l’Amérique latine est une vaste région dans laquelle de nombreux peuples et cultures d’Europe, d’Afrique, des Amériques et du monde entier sont venus s’installer au fil des siècles. L’espagnol et le portugais, qui constituent les vestiges de deux superpuissances rivales, y sont les langues dominantes. Les anciennes civilisations du sous-continent, comme celles des Aztèques, des Incas et des Mayas, sont encore bien présentes au travers des collections archéologiques de ses musées, mais aussi des spectacles vivants de ses carnavals, parades et célébrations religieuses, tels que le Jour des Morts et le culte de déesses comme Yemanjá, venues de la côte ouest de l’Afrique.

La vie nocturne, les activités culturelles et les progrès politiques en matière de droits des personnes de la communauté LGBTQ+ sont tout particulièrement visibles dans les grandes villes de la région. De nombreux touristes du monde entier viennent ainsi pour profiter du style Beaux-Arts des rues de Buenos Aires, mais aussi des rivages dorés de la côte Caraïbe et des inoubliables paysages montagneux qui sont accolés au Pacifique, et créent ainsi des conditions idéales pour les amateurs de surf.

L’ARGENTINE

L’Argentine compte parmi les nations les plus avancées du monde en matière de droits des personnes LGBTQ+. Le pays a adopté une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe en 2010, soit trois ans avant la France. Parsemée d’architecture française marquée par le style Beaux-Arts, sa capitale, Buenos Aires, devrait constituer le point de départ de toute aventure argentine. Les visiteurs pourront y explorer des centaines de librairies, dont la plus célèbre, El Ateneo Grand Splendid, construite dans un ancien théâtre, mais aussi y trouver des cafés, des musées et un somptueux opéra. N’hésitez pas à arpenter ses nombreuses rues, telles que l’immense et emblématique Avenida 9 de Julio.

Où passer ses soirées en Argentine ?

Buenos Aires renferme l’une des meilleures vies nocturnes LGBTQ+ du sous-continent. Les soirées ne commencent qu’après minuit et les rues restent animées jusqu’à bien après le lever du soleil. Le Club Amerika, dans le quartier d’Almagro, est la plus grande boîte de nuit de la ville ainsi qu’un lieu important des soirées queers. El Lugar Gay, un petit hôtel économique réservé aux hommes, est situé dans le quartier historique de San Telmo, connu pour son marché d’antiquités du dimanche et ses spectacles de tango.

Où découvrir la culture argentine ?

Bien que controversée en Argentine, Eva Perón, plus connue sous le nom d’Evita, l’ancienne première dame, reste l’une des figures les plus célèbres et charismatiques du pays. Le Museo Evita, situé au sein de l’élégant quartier de Palermo, explore le mythe, le mystère, la légende et la garde-robe de cette icône gay, incarnée à l’écran et sur scène par Madonna, Patti LuPone et Elaine Paige.

Que faire en famille en Argentine ?

La capitale argentine offre un large éventail d’activités pour les familles queers ; vous pouvez par exemple aller observer les célèbres « dames aux chats » qui s’occupent des nombreux félins du cimetière de Recoleta, ou visiter le Museo de los Niños, dans le quartier d’Abasto, qui propose des activités scientifiques éducatives pour les enfants. La Patagonie argentine est une excellente option pour s’essayer au ski ou à la randonnée à Bariloche. Les amateurs de vins, quant à eux, apprécieront Mendoza, une importante région viticole spécialisée dans l’utilisation du Malbec, une variété de cépage.

Comment s’y rendre ?

HE Travel, l’une des plus anciennes agences de voyages gay du monde, propose un voyage de plusieurs jours en Argentine comprenant divers arrêts tels que Buenos Aires et la Patagonie, avec des extensions possibles pour visiter les chutes d’Iguazú et l’Antarctique. Les tarifs des prochains voyages n’ont pas encore été annoncés, mais s’élèvent généralement à environ 7 500 € par personne.

 

LE BRÉSIL

Peu de destinations latino-américaines peuvent rivaliser avec l’expérience inoubliable offerte par l’un des plus grands pays du monde. Avec ses milliers de kilomètres de plage, ses grandes métropoles, ses montagnes et sa forêt amazonienne, le Brésil abrite un paysage aussi diversifié que sa population. Avec tant de choses à voir et à faire, il peut être difficile de savoir par où commencer, c’est pourquoi nombre de voyageurs et voyageuses LGBTQ+ choisissent d’y retourner à plusieurs reprises.

Où profiter de la vie nocturne brésilienne ?

À Rio de Janeiro, une métropole pétillante qui a longtemps été la capitale du pays, les différents quartiers se mélangent aux nombreuses montagnes et plages, tous surplombés par la gigantesque statue du Christ Rédempteur qui règne sur le mont Corcovado. Le Carnaval de Rio, qui est organisé chaque année en février ou en mars, en fonction du calendrier de Pâques, constitue l’événement le plus important de la vie culturelle de la ville, mais aussi la plus grande célébration de ce type au monde. Parmi les plages emblématiques de Rio, deux représentent de véritables lieux incontournables de la vie LGBTQ+ : la plage d’Ipanema, avec la Rua Farme de Amoedo, et la célèbre plage de Copacabana, avec son emblématique coucher de soleil et sa vue imprenable sur l’imposant mont du Pain de Sucre. Le parc de Flamengo est également un haut lieu de la culture brésilienne ; il abrite notamment le musée Carmen Miranda, qui rend hommage à l’actrice et chanteuse dont les coiffes surdimensionnées ont servi d’inspiration aux créations de nombreuses drag queens.

Où aller pour explorer le Brésil ?

Allez profiter du charme urbain de São Paulo, dont les quartiers riches et pauvres s’étendent à seulement quelques pas les uns des autres. Chaque année, au mois de mai, la ville accueille une gigantesque marche des fiertés à l’occasion de laquelle des millions de personnes se rassemblent le long de l’avenue Paulista. De son côté, la ville de Salvador, dans l’État de Bahia, au nord-est du pays, constitue un haut lieu de la culture afro-brésilienne. Les statues de Yemanjá, mère des orishas (esprits divins) dans la religion yoruba, y sont omniprésentes et rappellent ainsi le passé de la région. Allez visiter le quartier du Pelourinho, avec ses rues pavées bordées de bâtiments colorés qui offrent des points de vue pour le moins époustouflants.

Quelles destinations pour des vacances en famille au Brésil ?

Pour les familles LGBTQ+ qui voyagent avec des enfants, ne manquez pas la découverte des chutes d’Iguazú situées dans le sud du pays, à la frontière avec l’Argentine et le Paraguay, qui constituent un arrêt immanquable de tout voyage au Brésil. Selon la légende, Eleanor Roosevelt se serait exclamée « Pauvres Niagara ! » en voyant ces chutes, qui sont encore plus grandes que les plus impressionnantes cascades d’Amérique du Nord.

Comment s’y rendre ?

Out Adventures propose des voyages au Brésil, notamment à Rio de Janeiro, à São Paulo ou en Amazonie. Contactez-les pour connaître les dates et tarifs des prochains voyages.

 

LE MEXIQUE

Si vous prévoyez un voyage au Mexique, commencez par visiter sa glorieuse capitale, Mexico, avec ses nombreux musées et lieux culturels comme le Palais des Beaux-Arts ou le fascinant musée national d’anthropologie. Autrefois connue comme la capitale aztèque Tenochtitlan, la ville s’articule autour de l’immense Zócalo, une grande place où régnaient des temples et pyramides historiques détruits et remplacés par des bâtiments espagnols.

Où profiter de la vie nocturne mexicaine ?

Peu de quartiers renferment autant de lieux de vie nocturne LGBTQ+ que la Zona Rosa, à Mexico. Vous trouverez les bars, boîtes de nuit, restaurants et autres établissements appréciés des touristes et habitants LGBTQ+, ainsi que certains des meilleurs hôtels de la ville, dans les alentours du monument d’El Ángel de la Independencia, le long de l’Avenida Paseo de la Reforma.

Où aller pour s’imprégner de la culture du Mexique ?

Dans le quartier de Colonia del Carmen, allez visiter le musée Frida-Kahlo, également connu sous le nom de Casa Azul. Ce lieu emblématique, qui rend hommage à l’artiste ouvertement bisexuelle dont il est également la maison natale, est ouvert au public depuis la fin des années 1950.

Où aller pour explorer la nature mexicaine ?

Le littoral mexicain offre un large choix de plages qui n’attendent que d’être explorées. Cancún et la Riviera Maya, dans la péninsule du Yucatán, comptent parmi les joyaux du pays et sont ainsi à l’origine d’une grande partie de ses revenus liés au tourisme. Rendez-vous dans la célèbre ville de Puerto Vallarta, l’une des destinations balnéaires LGBTQ+ les plus populaires d’Amérique latine.

Comment s’y rendre ?

Olivia Travel, qui s’adresse principalement aux femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres, propose une croisière de six jours pour aller observer les baleines de la baie de Magdalena, avec des escales à San Carlos, Bahía Almejas et Boca de Soledad. Les tarifs, qui commencent à environ 5 900 €, incluent notamment l’hébergement, les correspondances depuis l’aéroport de Loreto, les excursions, les repas, les droits d’entrée.

 

LE PÉROU

Des plages aux montagnes, en passant par la jungle amazonienne, le Pérou abrite toutes sortes de paysages, ce qui en fait une destination incontournable pour les personnes en quête de nature.

Où profiter de la vie nocturne péruvienne ?

Lima, la capitale du Pérou, est un véritable paradis gastronomique, avec des spécialités locales comme le ceviche, un plat de poisson cru et d’agrumes, et des boissons comme le pisco sour. La culture et la cuisine péruviennes ont été particulièrement marquées par l’influence de la population japonaise, importante dans le pays. Le verdoyant district de Miraflores, dont le nom signifie littéralement « regardez les fleurs », constitue le principal quartier LGBTQ+ de la capitale. Malheureusement, le Lola Bar et la Discoteca Legendaris, deux hauts lieux de la vie nocturne gay, ont récemment fermé leurs portes ; un certain nombre de nouveaux lieux sont cependant en préparation, et le ValeTodo DownTown, un bar emblématique pour la population gay de la ville, est encore bien en activité.

Où partir à l’aventure au Pérou ?

De nombreux touristes se rendent au Pérou afin de découvrir ses anciennes racines incas de leurs propres yeux. Le pays abrite deux destinations de voyage les plus convoitées du monde : le Machu Picchu, un ancien complexe de temples andins surplombés de vues imprenables, et Cuzco, la capitale de l’Empire inca. Vous pourrez y trouver des bâtiments coloniaux construits sur d’anciens temples à la suite de la conquête espagnole ; les périodes architecturales sont particulièrement reconnaissables grâce aux différences visibles dans les styles des édifices. Un vieux train, qui traverse un sublime col de montagne, relie Cuzco et le Machu Picchu, ce qui permet l’organisation d’excursions à la journée. Les plus aventureux pourront parcourir les différents sentiers de l’Inca Trail et découvrir, au fil de ce périple de plusieurs jours, des ruines historiques moins connues.

Comment s’y rentre ?

Zoom Adventures propose un circuit d’une semaine entre Lima, Cuzco et le Machu Picchu. Les tarifs, qui comprennent l’hébergement dans des hôtels cinq étoiles ainsi que tous les petits déjeuners et les correspondances, commencent à environ 6 000 € par personne.

 

LE CHILI

Tandis que certaines régions d’Amérique latine sont connues pour leur extravagance, le Chili constitue quant à lui une destination plus réservée. Santiago, sa capitale, s’étend le long de l’Avenida Libertador General Bernardo O’Higgins, son artère principale, et se situe de part et d’autre du Mapocho.

Où profiter de la vie nocturne chilienne ?

Le quartier pittoresque de Barrio Bellavista, dont une grande partie date des années 1920, est le cœur de la vie nocturne LGBTQ+ de Santiago. Le Chili est une ancienne colonie espagnole, et les influences de cette histoire se retrouvent dans l’architecture de la région. Le soir, les clubs, restaurants et bars, dont beaucoup proposent des représentations de musique live, ouvrent leurs portes. Le quartier est également dominé par la colline San Cristóbal de Santiago et sa statue de la Vierge Marie, symbole de la ville, que vous pourrez atteindre grâce à un funiculaire... qui n’est toutefois pas toujours en service.

Où aller pour s’imprégner de la culture du Chili ?

Bien que, de l’autre côté des Andes, Mendoza, en Argentine, constitue la plus célèbre région viticole d’Amérique du Sud, le Chili possède quant à lui l’une des plus grandes régions viticoles du continent. Cette dernière, située tout autour de Santiago, a l’avantage d’être accessible en seulement 1h30 de route, aussi bien avec son propre véhicule que dans le cadre d’un tour organisé de la vallée de Casablanca, la province de Maipo ou la Vallée centrale, où des exploitations comme Concha y Toro conçoivent de délicieux vins à base de carménère, de cabernet sauvignon, entre autres cépages.

Comment s’y rendre ?

HE Travel propose un circuit de 10 jours en Patagonie chilienne avec des arrêts à Punta Arenas, l’île de Magdalena, le parc national Torres del Paine, la Valle del Pingo et Puerto Natales, à partir d'environ 7 800 € par personne (option chambre partagée) comprenant tous les petits déjeuners, ainsi que six déjeuners et six dîners.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Incroyable : ces manchots empereurs juvéniles sautent d’une falaise de glace de 15 mètres de haut

Ces images sont tirées de la série de la série documentaire « Les Secrets des manchots », actuellement en cours de tournage en Antarctique. Elles ont été filmées par Bertie Gregory, documentariste animalier, et son équipe. Il s’agira du quatrième volet de la franchise National Geographic « Les Secrets… » qui s’intéresse aux espèces animales les plus singulières de la planète.

Six événements astronomiques à ne pas manquer en 2024

Les astronomes amateurs ont de quoi être comblés cette année : une série de merveilles célestes a déjà commencé à illuminer les cieux. Citons l’éclipse totale de Soleil qui a capté l’attention de millions de personnes en Amérique du Nord, ou encore la « comète du diable » 12P/Pons-Brooks, qui s'est déjà manifestée et devrait être particulièrement visible autour du 21 avril.

Mais cette année sera également marquée par des pluies d'étoiles filantes et d’éblouissantes aurores boréales, lesquelles devraient se faire plus nombreuses à mesure que le Soleil se rapprochera de sa période d’activité maximale, ainsi que par la convergence de la Lune et des planètes les plus proches et les plus brillantes, phénomène que l'on pourra facilement observer.

Voici donc une liste des plus beaux événements astronomiques à venir, qui méritent d’être inscrits sur votre calendrier.

4 MAI : LE PIC DES ÊTA AQUARIDES 

Les amateurs d’étoiles filantes ne voudront pas manquer les Êta aquarides en 2024, car les conditions atmosphériques devraient être idéales au pic de cette pluie de météores. Vous devriez pouvoir observer au mieux le phénomène dans les heures précédant l’aube du 4 mai, lorsque le ciel sera particulièrement sombre car la Lune décroissante ne sera pas encore levée, ce qui vous permettra d’apercevoir même les étoiles filantes les plus ténues. Le radiant de l’essaim d’étoiles filantes, à savoir l’endroit d’où sembleront provenir les météores, sera proche de l’horizon sud-est, dans la constellation du Verseau (Aquarius, en anglais), laquelle a donné son nom aux Êta Aquarides. En raison de cet emplacement, le spectacle céleste favorise légèrement les astronomes amateurs de l’hémisphère sud.

N’oubliez pas de vous installer dans un endroit éloigné de la pollution lumineuse et de laisser vos yeux s’adapter à l'obscurité pendant au moins 20 minutes. Depuis l’hémisphère sud, vous devriez assister à un spectacle impressionnant car 20 à 30 étoiles filantes devraient défiler chaque heure, tandis qu’au nord vous pouvez vous attendre à 10 à 20 étoiles filantes par heure dans les heures précédant l’aube du 4 mai. Bien qu’il ne s’agisse pas de la pluie d’étoiles la plus spectaculaire, les Êta aquarides ont la particularité de provenir du nuage de poussière résiduelle laissée par la comète Halley, dont le dernier passage près de la Terre remonte à 1986.

 

12 ET 13 AOÛT : LE PIC DES PERSÉIDES 

Chaque année à la mi-août, la Terre traverse un nuage de débris rejetés par la comète Swift-Tuttle, ce qui provoque une pluie d’étoiles filantes lorsque de petits météores brûlent dans l’atmosphère. Il s’agit de la pluie de météores des Perséides, lors de laquelle on peut observer jusqu’à 60 étoiles filantes par heure au cours d’une année normale. Cette année promet d’être particulièrement favorable à l’observation des Perséides, car leur pic coïncidera avec un ciel sombre et sans Lune. En effet, la Lune gibbeuse se couchera vers minuit, ce qui offrira d’excellentes conditions d’observation plus tard dans la nuit et avant l’aube. La pluie de météores est plus visible dans l'hémisphère nord car les météores semblent émaner de la constellation de Persée, qui se trouve près de l'horizon pour ceux situés dans les latitudes méridionales éloignées.

Les meilleurs sites d’observation doivent être situés le plus loin possible de toute pollution lumineuse, mais même depuis un jardin ou un parc de banlieue, il devrait être possible d’observer des dizaines d’étoiles filantes toutes les heures en cas de ciel dégagé.

 

SEPTEMBRE ET OCTOBRE : L’ARRIVÉE DE LA COMÈTE C/2023 A3 (TSUCHINSHAN-ATLAS)

Les chasseurs de comètes surveillent de près le corps céleste A3 Tsuchinshan-ATLAS, repéré pour la première fois en février 2023, qui devrait donner lieu à un spectacle époustouflant à la fin de l’année 2024. Au début de l’été, il sera possible d'observer la comète au début de la nuit à l'aide d'un petit télescope. À l’approche du mois de septembre, l’orbite de la comète la rapprochera à la fois du Soleil et de la Terre pour la première fois depuis 80 000 ans. Selon les astronomes, elle devrait briller au point de devenir éventuellement visible à travers des jumelles ou même à l’œil nu, apparaissant bas dans le ciel de l’est avant le lever du soleil dans les latitudes méridionales.

Si la comète survit à son voyage autour du Soleil, les astronomes en herbe de l’hémisphère nord commenceront à l’observer vers le 12 octobre. Au fur et à mesure qu’elle s’élèvera dans le ciel du soir, la comète deviendra progressivement plus visible. Il est difficile de prédire le comportement d’une comète, mais Tsuchinshan-ATLAS, encore loin d’être au point de son orbite le plus proche de la Terre, promet déjà d’illuminer nos cieux de manière spectaculaire.

 

17 SEPTEMBRE : CONJONCTION DE SATURNE ET DE LA LUNE 

Les quatre derniers mois de l’année offriront une formidable séquence d’alignements célestes, car la Lune et Saturne se retrouveront côte à côte une fois par mois à partir du 17 septembre. Ce spectacle époustouflant, visible à l’œil nu, se répétera les 14 et 15 octobre, le 11 novembre et le 8 décembre. Les deux astres brillants seront visibles peu après le coucher du soleil, et il sera possible de les observer côte à côte à l’aide de jumelles à faible grossissement ; ils ne seront en revanche pas assez proches pour être observés en même temps à travers un télescope. Entre l’éclat argenté de la Lune et la teinte jaune distincte de la planète géante, le contraste des couleurs promet de donner une scène visuellement impressionnante.

 

2 OCTOBRE : UNE ÉCLIPSE ANNULAIRE DE SOLEIL

Les spectateurs chanceux de l’hémisphère ouest auront droit à la deuxième éclipse solaire de 2024. La trajectoire de l'éclipse annulaire traverse principalement l’océan Pacifique, ce qui fait qu'elle ne sera visible que depuis quelques endroits sur la terre ferme. La première observation terrestre de l’éclipse annulaire aura lieu sur la pittoresque île de Pâques à 14 h 07, heure locale (19 h 07 UTC). Les habitants de l’île seront témoins d’une impressionnante annularité de 6 minutes et 23 secondes, moment paroxysmal de l’éclipse où la Lune occulte le centre du disque solaire, ce qui renvoie l’image d’un anneau de feu dans le ciel. Ce phénomène se produit lorsque la Lune est plus éloignée de la Terre que lors d’une éclipse solaire totale, et apparaît donc plus petite dans le ciel.

L’éclipse traversera ensuite une partie du sud du Chili et passera rapidement sur les Andes pour atteindre l’Argentine. Pendant ce temps, des millions de personnes dans la majeure partie du sud de l’Amérique du Sud pourront observer une éclipse partielle de soleil.

 

4 DÉCEMBRE : CONJONCTION DE VÉNUS ET D’UN CROISSANT DE LUNE 

Les astronomes amateurs auront droit à un cadeau en début de soirée : la Lune et Vénus, les deux objets les plus brillants après le Soleil, s’uniront dans le ciel en début de soirée. Ces deux astres seront suffisamment proches pour être observés côte à côte à l’aide de jumelles. De plus, Vénus apparaîtra comme une version miniature du quart de lune à travers les télescopes. Pour profiter de cet alignement céleste, il vous suffira de chercher la Lune juste après le coucher du soleil, le 4 décembre.

De beaux moments se profilent à l’horizon !

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Les bonobos, réputés pacifiques, seraient plus agressifs qu'on ne le croit

Malgré la réputation amicale de leur espèce, les mâles bonobos s'en prennent beaucoup plus souvent à d'autres mâles que les mâles chimpanzés, selon une étude surprenante.

Lors de sa première semaine d'étude des bonobos en République démocratique du Congo, Maud Mouginot se souvient parfaitement d'avoir vu « deux boules de poils se poursuivre comme des fous dans les arbres ».

« Il était cinq heures du matin et les bonobos venaient de se réveiller. Les assistants de terrain ont dit "C'est une agression". Et je me suis dit : "Attendez, on parle bien du bonobo pacifique ?" », raconte Maud Mouginot, aujourd'hui anthropologue à l'université de Boston.

L'image harmonieuse des bonobos s'explique en partie par leur recours fréquent à la copulation pour apaiser les désaccords. Contrairement aux chimpanzés, ils sont également prêts à partager leur nourriture, non seulement avec leurs amis, mais aussi avec des bonobos qu'ils ne connaissent pas.

Maud Mouginot soupçonnait déjà les bonobos d'être plus complexes qu'on ne l'imaginait. Mais lorsqu'elle a commencé à comparer le nombre de comportements agressifs enregistrés chez les bonobos et les chimpanzés sauvages de cinq groupes différents, elle a eu du mal à croire ses résultats. « J'étais tellement troublée que j'ai examiné chaque agression une par une pour m'assurer qu'il n'y avait pas de doublon. »

Comme le rapportent Mouginot et ses collègues dans la revue Current Biology, il a fallu 2 047 heures de suivi de bonobos mâles individuels dans la réserve de bonobos de Kokolopori pour recenser 521 cas d'agression, comme se poursuivre, se frapper, se donner des coups de pied et se mordre. Dans le parc national de Gombe Stream, en Tanzanie, où les chimpanzés sont étudiés depuis plus de 60 ans (avec le soutien partiel de la National Geographic Society), il a fallu plus de 7 300 heures aux chercheurs pour dénombrer 654 actes d'agression.

« J'ai été surpris, mais les données sont solides », déclare Richard Wrangham, primatologue à l'université de Harvard, qui n'a pas pris part à la nouvelle étude.

 

TU NE TUERAS POINT

Wrangham est également intrigué depuis longtemps par les différences flagrantes de comportement entre les chimpanzés et les bonobos. « Une explication plausible pourrait être que l'agression chez les mâles bonobos est beaucoup moins dangereuse que chez les chimpanzés, et qu'il y a donc moins de raisons de la limiter. »

Maud Mouginot partage cet avis. « Nous n'avons pas encore de rapports de bonobos s'entretuant, alors qu'il y en a beaucoup chez les chimpanzés. Les mâles chimpanzés forment des coalitions, de sorte qu'un mâle qui s'en prend à un autre mâle risque de subir des représailles de la part de la coalition, ce qui peut s'avérer très dangereux. Je pense donc que le tribut de l'agression est plus imprévisible et souvent plus élevé chez les chimpanzés, ce qui pourrait expliquer pourquoi les bonobos y ont recours plus facilement dans la vie de tous les jours. »

Les bonobos ont également une approche très différente de la défense territoriale, explique Martin Surbeck, coauteur de l'étude, primatologue à Harvard et explorateur National Geographic, qui étudie les bonobos à l'état sauvage depuis vingt ans.

« Les domaines vitaux des bonobos semblent beaucoup plus vastes que ceux des chimpanzés, de sorte qu'ils ne sont peut-être pas en mesure de les défendre en tant que territoires comme le font les chimpanzés. Alors que les coalitions de mâles chimpanzés n'hésitent pas à tuer des individus d'autres groupes, les bonobos de groupes différents peuvent se côtoyer pacifiquement et même se toiletter et partager de la nourriture lorsqu'ils se rencontrent. »

 

LE RÔLE DES MÈRES ?

Mais pourquoi les mâles bonobos sont-ils si prompts à se quereller ? La recherche suggère que ces disputes ont souvent pour enjeu un meilleur accès aux femelles. Dans cette étude, en tout cas, les mâles bonobos les plus agressifs ont engendré beaucoup plus de petits que ceux qui étaient moins belliqueux.

C'est assez surprenant, car contrairement aux mâles chimpanzés, les mâles bonobos s'attireraient toutes sortes d'ennuis s'ils se montraient hostiles envers les femelles.

« Les femelles bonobos sont souvent agressives envers les mâles. Elles peuvent être très méchantes avec eux », explique Michael Wilson, primatologue à l'université du Minnesota qui travaille à Gombe depuis des décennies. Les femelles bonobos se regroupent pour dominer les mâles et ont tendance à choisir elles-mêmes leurs partenaires.

En revanche, « les femelles chimpanzés sont très soumises aux mâles et les craignent beaucoup ». C'est pourquoi, ajoute-t-il, les mâles chimpanzés peuvent parfois contraindre les femelles à s'accoupler.

Maud Mouginot estime que les femelles bonobos ne sont pas attirées par l'agression elle-même, mais plutôt par les mâles de haut rang qui ont recours à la force pour repousser leurs concurrents lorsqu'elles sont prêtes à s'accoupler. 

En fait, les femelles pourraient jouer un rôle encore plus actif dans le succès des mâles, selon le primatologue Takeshi Furuichi, de l'université japonaise de Kyoto, qui étudie les bonobos à l'état sauvage depuis de nombreuses années.

« Les bonobos mâles dont la mère a un rang élevé défient souvent les autres mâles avec le soutien de leur mère, qui peut ainsi augmenter le nombre de ses petits-enfants », explique Furuichi. « Dans une étude récente, nous avons constaté que les interactions les plus agressives se produisaient entre les fils des mères de haut rang. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Six merveilles architecturales à découvrir (avant qu'il ne soit trop tard)

En raison d’un sol mouvant et de fondations instables, la tour de Pise s’est inclinée depuis sa construction en 1173. Heureusement, grâce à un système de pylônes géants et de câbles d’acier très résistants, ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO a été consolidé et (un peu) redressé au cours des dernières décennies

Aujourd’hui, les mêmes outils et techniques utilisés à Pise par les ingénieurs sont employés pour empêcher l’autre merveille inclinée d’Italie, la tour Garisenda, de devenir la tour Jenga de Bologne. 

La Garisenda, l’une des deux tours du 12e siècle qui surplombent la vieille ville pittoresque de Bologne, est depuis toujours déséquilibrée, explique Tomaso Trombetti, professeur d’ingénierie structurelle à l’université de Bologne. Lors de la construction de la torre en briques de 48 mètres de haut, un côté de sa fondation s’est tassé plus rapidement que l’autre. Cela a créé une inclinaison qui s’est progressivement aggravée pour atteindre quatre degrés, et qui représente aujourd'hui « un danger », explique Trombetti. L’autre tour de Bologne, l’Asinelli, mesure 97 mètres de haut et n’est quant à elle pas penchée de manière significative.

Guido Gottardi, professeur d’ingénierie géotechnique à l’université de Bologne, explique que les mêmes pylônes utilisés lors de la restauration de la tour de Pise de 1993 à 2001 seront ancrés dans le sous-sol autour de la tour Garisenda. « Il s’agit essentiellement d’une contre-mesure passive, qui servira à soutenir la tour en toute sécurité pendant que des interventions de renforcement et de restauration seront effectuées au niveau du sous-sol et de sa structure en maçonnerie. » Des collectes de fonds destinées à réhabiliter les deux tours fragiles sont également en cours.

La tour fait partie de ces nombreuses structures historiques bancales qui nécessitent une intervention humaine pour ne pas tomber en ruine. Outre les ravages du temps, de tels sites sont la cible de pillages et subissent les effets du surtourisme, de l’industrialisation et du changement climatique. Voici cinq autres merveilles en péril que les défenseurs de l’environnement tentent actuellement de sauver.

 

LE CHÂTEAU DE HURST, EN ANGLETERRE

Le roi Henri VIII a construit le château de Hurst en 1544 sur une langue de terre le long de la côte du Hampshire. Les fortifications en pierre avaient pour objectif de défendre l’Angleterre contre les envahisseurs européens. Mais aucun ennemi humain n’a été aussi tenace que la mer, qui n'a de cesse de s’abattre sur le château. Les tempêtes violentes, l’élévation du niveau de la mer et le battement constant des vagues ont fini par saper les fondations du château, provoquant l’effondrement partiel de la batterie orientale de la structure en 2021.

Au cours des années qui ont suivi l’effondrement, 22 000 tonnes de roches et de galets ont été ajoutées pour renforcer le château. « Nous avons eu recours à un balayage laser pour créer des modèles numériques en 3D, qui nous ont ensuite permis d’évaluer quelles étaient les meilleures méthodes et pratiques [pour] restaurer le château », explique Ron Blakeley, chef de projet national pour English Heritage, qui cogère le complexe. D’avril à début novembre, les voyageurs peuvent se rendre en bateau sur le site pour explorer l’arsenal et la tour d’artillerie.

 

LA VILLE ANTIQUE D'ABYDOS, EN ÉGYPTE

Dans une vallée aride à 420 kilomètres au sud du Caire se trouve Abydos, ce site archéologique composé d'un temple et d'une nécropole tentaculaires où de nombreux pharaons égyptiens de l’Antiquité ont été enterrés. Les premiers travaux de construction datent d’il y a 5 900 ans. Aujourd’hui, les visiteurs peuvent se promener dans les salles aux impressionnantes colonnes de pierre, admirer des sculptures murales raffinées dédiées au pharaon Séthi Ier et jeter un coup d’œil à l’Osiréion, une structure souterraine en pierre qui pourrait avoir été érigée en l’honneur d’Osiris, le dieu de la mort de l’Égypte ancienne.

Malheureusement, des pillards ont dégradé le site et dérobé des trésors de l’Antiquité et ont continué à déterrer illégalement des objets ces dernières années. Aujourd’hui, Abydos est l’un des sites archéologiques les plus surveillés et les moins fréquentés du pays. « Le haut niveau de sécurité et le manque de commodités pour les visiteurs contribuent au faible taux de fréquentation [d’Abydos] », explique Johnathan S. Bell, vice-président des programmes du World Monument Fund (WMF), une ONG qui protège le patrimoine culturel.

Pour enrayer le déclin du complexe archéologique, le gouvernement égyptien, le WMF et d’autres organismes ont lancé plusieurs projets de conservation. Ces projets comprennent la restauration minutieuse des frises murales colorées et l’installation d’ancrages en acier pour renforcer les points affaiblis de l’Osireion.

 

LA PÉNINSULE DE MURUJUGA, EN AUSTRALIE OCCIDENTALE

Peu de musées exposent autant d’œuvres d’art que Murujuga, ce paysage accidenté d’Australie occidentale où les Aborigènes ont gravé dans la roche plus d’un million de pétroglyphes pendant des milliers d’années. En vous rendant dans cette galerie en plein air, située à environ 1250 kilomètres au nord de Perth, vous y découvrirez des sentiers bordés de gravures de wallabies, de kangourous et de symboles indigènes. 

Cependant, l’exploitation minière et d’autres formes d’industrialisation endommagent le plus grand site d’art rupestre du monde situé sur cette péninsule isolée. À en croire les scientifiques, Murujuga (aussi appelée Burrup) pourrait ne pas survivre à un autre siècle de pollution croissante.

En février 2024, les traditionnels propriétaires autochtones de Murujuga ont célébré deux victoires dans leur combat pour préserver le site. En effet, le gouvernement d’Australie-Occidentale a non seulement ajouté environ 253 hectares pour le développement au parc national protégé de Murujuga, mais a aussi annoncé une nouvelle mesure qui accorde une plus grande place à ces communautés dans la gestion du site.

Ces peuples aborigènes sont par ailleurs à la tête d’une initiative visant à faire inscrire Murujuga au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

LA CITÉ DE TEOTIHUACAN, AU MEXIQUE

À 30 km au nord de Mexico, plus d’un million de voyageurs visitent chaque année les ruines de Teotihuacan. Construit entre le 1er et le 7e siècle de notre ère par une civilisation inconnue, ce site de 36 kilomètres carrés constituait il y a un millier d’années la plus grande métropole de l’hémisphère occidental.

Connue pour ses impressionnantes structures de pierre, dont la pyramide du Soleil et le temple de Quetzalcoatl, la cité de Teotihuacan est en proie au surtourisme tandis que ses bâtiments se dégradent en raison des dommages causés par les intempéries et de restaurations mal exécutées dans les années 1900. Le World Monument Fund alerte également sur les structures informelles qui entourent désormais le site et occupent des terrains qui pourraient regorger de trésors archéologiques.

Des mesures ont déjà été prises pour conserver Quetzalcoatl, comme l’amélioration du drainage, le comblement des fissures structurelles et l’extraction du sel corrosif qui recouvrait sa façade. Aujourd’hui, le WMF et d’autres groupes font pression pour que la communauté locale soit davantage impliquée dans le cadre d’une stratégie de tourisme durable.

 

LA STATION-SERVICE OSTERMAN, DANS L'ARIZONA

Les sites historiques sont loin de n’être que des châteaux ou des tours médiévales. La station-service Osterman, construite dans les années 1920 et située dans la petite ville de Peach Springs dans l'Arizona, a longtemps été chérie par sa communauté et appréciée par les voyageurs de la Route 66. Construit à partir d’un bloc de briques provenant d’un magasin Sears, le bâtiment était particulièrement important pour le peuple Hualapai local, car de nombreux membres de cette communauté indigène travaillaient à la station ou s’y réunissaient avec des amis et leur famille.

Située à 64 kilomètres au sud du Grand Canyon Skywalk, la station-service est tellement aimée des Hualapai qu'ils ont décidé de racheter le bâtiment après sa fermeture en 2005. Aujourd’hui, ils le restaurent avec l’aide du National Trust for Historic Preservation, une ONG qui protège les sites patrimoniaux à travers les États-Unis.

« Le mur qui s’était effondré a été reconstruit et un nouveau toit est en cours d’installation », explique Amy Webb, directrice principale de la préservation au National Trust. Les Hualapai prévoient de convertir le bâtiment en un musée, un centre artistique, un café et une station de recharge pour véhicules électriques.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Ces jeunes manchots empereurs sautent d’une falaise de 15 mètres... mais pourquoi ?

Tel un groupe d’adolescents se pressant au sommet d’une falaise, attendant de voir si quelqu’un aura assez de courage pour sauter en premier dans le lac, des centaines de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) âgés de quelques mois seulement se massent au sommet d’une plateforme glaciaire de l’Antarctique culminant à 15 mètres environ au-dessus de la mer.

Poussés par la faim, les poussins se penchent au-dessus du gouffre, comme pour se demander s’ils survivront à un plongeon d’une telle hauteur dans les eaux glaciales de l’Antarctique.

Puis un manchot se lance.

Certains spécimens tendent le cou pour le regarder chuter et heurter l’eau en contrebas avec fracas. Quelques secondes plus tard, le petit manchot refait surface et s’éloigne en nageant pour aller se remplir l’estomac de poissons, de krills et de calamars frais. Petit à petit, d’autres jeunes poussins s’élancent, tombent et agitent des ailes faites pour traverser l’eau, et non les airs.

Les réalisateurs de la série documentaire National Geographic intitulée Les Secrets des pingouins, ont immortalisé cette scène extraordinairement rare à l’aide d’un drone au mois de janvier dans la baie d’Atka, sur les rives de la mer de Weddell, en Antarctique occidental. Selon certains scientifiques, il s’agirait des toutes premières images vidéo de jeunes manchots empereurs sautant d’une falaise aussi haute.

« Je n’arrive pas à croire qu’ils aient réussi à filmer ça », jubile Michelle LaRue, biologiste de la conservation à l’Université de Canterbury à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Michelle LaRue, qui n’a pas été témoin de ces sauts, s’était rendue dans la baie d’Atka pour conseiller l’équipe de tournage qui en était à sa troisième année de documentation du comportement du manchot empereur, de la ponte des œufs à l’envol des petits.

D’ordinaire, les manchots empereurs nichent sur de la glace de mer flottante qui fond et disparaît chaque année, et non sur une plateforme glaciaire, qui est, elle, fermement attachée à la terre. Mais dernièrement, certaines colonies nichent sur la plateforme. Selon les théories des scientifiques, ce changement pourrait être lié à une fonte saisonnière de la banquise de plus en plus précoce à cause du changement climatique.

Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le manchot empereur, dont la population mondiale s’élève à 500 000 oiseaux environ, est « quasi menacé » d’extinction, et ce en grande partie à cause des conséquences du changement climatique sur son royaume de glace. 

Début janvier 2024, à la fin de l’été de l’hémisphère sud, dans les semaines qui ont précédé la rupture de la banquise, les réalisateurs ont repéré un groupe de poussins qui, selon LaRue, ont vraisemblablement grandi sur la plateforme de glace avant de se mettre en route vers la falaise, plus au nord, en se dandinant. Curieux de savoir où ils se rendaient, les réalisateurs ont déployé un drone pour obtenir une vue plongeante. Peu à peu, d’autres poussins ont rejoint le groupe de flâneurs, dont les rangs se sont garnis jusqu’à ce que deux cents jeunes manchots se tiennent au sommet du promontoire.

 

« J’IMAGINE QU’IL VA BIEN FALLOIR QUE J’Y AILLE »

Gerald Kooyman, physiologiste qui étudie les manchots empereurs en Antarctique depuis plus de cinq décennies, raconte qu’il n’a assisté qu’une seule fois à un événement de ce type… il y a plus de trente ans.

« La neige à la dérive avait formé une rampe en pente douce de glace de mer jusqu’à un iceberg et un troupeau de poussins sur le départ avait grimpé la rampe jusqu’à l’iceberg », écrit-il dans son livre intitulé Journeys with Emperors, publié au mois de novembre 2023.

« On les a repérés au niveau d’une falaise de 20 mètres surplombant une mer qui était parfois désencombrée et parfois parsemée de fragments de glace. » En l’espace de deux jours, près de 2 000 poussins se sont rassemblés sur le rebord.

« Puis ils ont commencé à se laisser tomber dans le vide », écrit Gerald Kooyman, professeur émérite au Centre de biotechnologie marine et de biomédecine de l’Institut Scripps d’océanographie, en Californie.

« Ils ne sautaient pas, ne faisaient pas de bond, il se contentaient d’avancer et de tomber tête la première, parfois en effectuant deux vrilles avant de frapper l’eau dans un plouf sonore ». 

D’après les scientifiques qui surveillent les manchots à l’aide de satellites en orbite, ce phénomène est rare. Peter Fretwell, scientifique du British Antarctic Survey (BAS) ayant étudié la colonie d’empereurs de la baie d’Atka pendant plusieurs années à l’aide d’images satellites, voit occasionnellement des empreintes de manchots tracer un chemin vers le nord, vers cette falaise. Selon lui, il se pourrait qu’en janvier les poussins aient suivi un ou deux adultes vagabonds qui « sont, en somme, allés dans le mauvais en sens ».

Les manchots empereurs juvéniles se jettent généralement depuis la glace de mer et sautent d’une hauteur de moins d’un mètre dans l’océan. Mais selon les scientifiques, ces poussins se sont retrouvés à un endroit permettant mal d’entrer dans l’eau, et ils étaient en plus affamés. Leurs parents étaient déjà partis en mer. Ils leur avaient envoyé par ce départ le message que le temps était venu pour eux de pêcher par eux-mêmes, et les poussins étaient restés assis sagement en attendant que poussent leurs plumes lisses, soyeuses et imperméables pour remplacer leur duvet.

« Quand ils arrivent sur cette paroi de falaise, ils se disent : "Bon, je vois l’océan et je dois aller là-dedans, explique Michelle LaRue. Cela n’a pas l’air d’être un saut très amusant, mais j’imagine qu’il va bien falloir que j’y aille." »

 

DES OISEAUX RÉSILIENTS

Si les scientifiques ne pensent pas que l’incident du saut de la falaise soit directement lié au réchauffement de l’Antarctique par l’effet du changement climatique, Peter Fretwell souligne toutefois que le déclin continu de la banquise du continent contraint peut-être davantage de manchots empereurs à se reproduire sur les plateformes glaciaires ; ainsi ce comportement pourrait être plus fréquent à l’avenir.

Le déclin soudain de la glace de la banquise en Antarctique depuis 2016 et ses conséquences probablement sinistres pour la survie à long terme des manchots empereurs préoccupent les scientifiques.

« Selon nos estimations, nous pourrions perdre l’ensemble de la population d’ici à la fin du siècle, prévient Peter Fretwell. Il est déchirant de penser que l’espèce dans son entièreté pourrait disparaître si le changement climatique continue sur la trajectoire actuelle. »

Michelle LaRue demeure optimiste quant à la capacité des empereurs à s’adapter. Pour elle, leurs récents sauts de l’ange témoignent de leur robustesse.

« Ils sont extraordinairement résilients, souligne-t-elle. Ils sont là depuis des millions d’années ; ils ont assisté à beaucoup de changements différents au sein de leur environnement. La question est la rapidité avec laquelle ils seront capables de faire face aux changements qui sont en train de se produire ; et jusqu'à quels retranchements ils pourront être poussés. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Voyage : une journée au rythme de São Paulo

8 h : Petit-déjeuner au Mercado Municipal

Rendez-vous au Mercado Municipal, ce bâtiment de style Beaux-Arts surmonté d’un dôme, où vous pourrez acheter dès 6 heures tous types de produits, comme de la morue salée, des épices et des beignets frits. Ne manquez pas de goûter aux cohinxas, une spécialité locale en forme de poire et fourrée à la viande. Les Paulistes jouent des coudes pour boire un pingado, un espresso servi avec une goutte de lait, sur la mezzanine de Bar do Mané. Accompagnez-le des pastels au fromage encore fumants ou de ses fameuses versions sucrées, à la banane frite caramélisée ou à la goyave.

 

9 h : Virée artistique au musée Pinacoteca

Les rues autour du marché sont chacune spécialisées dans un secteur particulier : lunettes, chaussures ou encore électronique. S’il y a foule, rendez-vous au Jardim da Luz, situé à 20 minutes à pied. Baladez-vous au milieu de la végétation luxuriante avant de rejoindre le musée Pinacoteca aux briques roses par la porte est du parc (le musée ouvre à 10 heures). L’ingénieux éclairage du toit et les passerelles flottantes en acier datant des années 1990 et ont été réalisées par l’architecture Paulo Mendes de la Rocha. Vous pourrez y admirer les œuvres de célèbres artistes contemporains comme Sonia Gomes, ainsi qu’un Picasso dérobé lors d’un grand braquage.

 

12 h : Lèche-vitrine rue Oscar Freire

À la gare de Luz, bâtiment qui rappelle le Parlement britannique, prenez la Linha 4 du métro jusqu’à la station Oscar Freire. Les rues commerçantes environnantes sont les plus huppées de la ville. Arrêtez-vous d’abord à Pinga pour découvrir la mode brésilienne conceptuelle de créateurs comme Ão et Vanda Jacintho. Deux rues plus loin, vous trouverez Alameda Gabriel Monteiro da Silva, une avenue sur laquelle il est difficile de faire la distinction entre les somptueuses résidences au style minimaliste et les luxueuses boutiques comme Dpot, un magasin vendant du mobilier en bois de palissandre dans une villa surbaissée.

 

14 h : Déjeuner à Jiquitaia

Le jiquitaia est une sorte de piment moulu par les Indiens Baniwa dans la forêt amazonienne. Il est la star du menu du restaurant éponyme situé dans le quartier Paraíso, mais aussi des cocktails qui y sont servis, où il rehausse le goût du bloody Mary maison. La salle à manger du restaurant est simple, mais accueillante. Le poisson entier grillé au barbecue est le plat idéal à partager. Il est découpé à votre table pour préserver le croustillant de sa peau épicée et servi avec du porridge de manioc et du riz parfumé. Pour ceux qui ne mangent pas de viande, le menu comporte une version végétarienne du ragoût de crevettes et de gombo à la saveur acidulée.

 

16 h : Visite du Museu Afro Brasil

Traversez le quartier Paraíso pour aller admirer l’impressionnant Monumento às Bandeiras en granite. Réalisé par le légendaire sculpteur italo-brésilien Victor Brecheret, il rend hommage aux Brésiliens autochtones et aux enclaves exploités par les colons portugais qui exploraient l’intérieur des terres du Brésil. La leçon d’histoire se poursuit au Museu Afro Brasil, situé dans le parc Ibirapuera. Son hall est dédié à Emanoel Araújo, fondateur du musée et célèbre sculpteur connu pour ses totems massifs en acier plissé. À l’étage, vous trouverez la reconstruction partielle d’un navire négrier, ainsi que des peintures et sculptures modernes réalisées par quelques-uns des 100 millions de Brésiliens d’ascendance africaine.

 

17 h : Balade dans le parc Ibirapuera

La plupart des bâtiments du parc Ibirapuera (y compris celui abritant le Museu Afro Brazil) sont l’œuvre de l’architecte brésilien le plus connu, Oscar Niemeyer. Le plus photographié est sans doute le dôme organique d’Oca, un hall d’exposition réalisé en 1951 dont la forme s’inspire des anciennes habitations des autochtones brésiliens. Mention spéciale toutefois à l’Auditório Ibirapuera, bâtiment en forme de pyramide. Prenez le temps d’admirer cette structure, dont la marquise vermillon s’élève au-dessus de l’entrée comme une flamme, avant de vous laisser envelopper dans un tourbillon de rouge dans son hall. L’auditorium dispose de quelques centaines de places assises à l’intérieur, mais la scène s’ouvre complètement à l’arrière du bâtiment, ce qui permet d’accueillir 15 000 spectateurs sur l’immense pelouse.

 

19 h : Dîner et concert à Orfeu

Le soir venu, les habitants de São Paulo sortent de la station de métro República et prennent d’assaut les cafés et bars de l’Avenida Ipiranga. Orfeu est le plus animé et le plus coloré de tous. Il se trouve dans une rue piétonne interdite à la circulation et à la chaussée décorée (les fameux « trottoirs portugais », un assemblage de pavés né au 19e siècle à Lisbonne). Sur le balcon au deuxième étage, les couples se pelotonnent autour de boulettes de risotto et de dés de tapioca frits. On entend depuis le trottoir la funk arrocha, reconnaissable à ses percussions qui rappelle le Reggaeton, qui s’échappe des fenêtres ouvertes, tandis que des fêtards tatoués aux cheveux longs et légèrement vêtus boivent des caïpirinhas sur le trottoir.

 

22 h : Encas nocturne à Estadão

Si vous êtes pris d’une fringale nocturne, rendez-vous à Estadão. À l’origine fréquenté par les employés du journal Estadão (qui a depuis déménagé), ce comptoir casse-croûte est aujourd’hui plus populaire que jamais. Il a su séduire sa clientèle avec son service en continu, ses carreaux de faïence ainsi que ses salamis et agrumes suspendus au plafond. Chaque plat du menu est délicieux, mais le Tradicional est l’idéal pour absorber l’alcool. Il consiste en d’épaisses tranches de rôti de porc, servi avec du chou frit sur un bon vieux Kaiser roll (petit pain autrichien) et à arroser d’une huile pimentée maison.

Cet article a initialement paru dans le numéro d’avril 2024 de l’édition britannique du magazine National Geographic Traveller, en langue anglaise.

Pélerinage : Shikoku Henro et ses 88 temples

Inclinez-vous respectueusement à la porte du temple. Rincez vos mains et votre bouche à la fontaine. Sonnez la cloche. Dans le hall principal, laissez un bout de papier avec votre nom et votre souhait, allumez une bougie et trois bâtons d'encens, jetez des pièces de monnaie dans la boîte à offrandes et récitez des soûtras. Faites tamponner votre carnet de pèlerin. Sortez et inclinez-vous à nouveau. Suivez les marques rouges jusqu'au temple suivant.

Répétez ainsi l'opération quatre-vingt-sept fois… si votre souhait est de visiter tous les temples, bien entendu.

Sur le Shikoku Henro, l'un des plus longs chemins de pèlerinage du Japon, les coutumes ancestrales sont nombreuses mais il existe peu d’injonctions. Vous n'êtes même pas obligé de le sillonner à pied : de nombreux Japonais effectuent le circuit en voiture ou en bus ; d'autres prennent le train ou un vélo. Le chemin peut être parcouru dans un sens comme dans l’autre. Le circuit peut également être divisé en plusieurs segments. Il vous est possible de porter la traditionnelle veste en coton blanche ou d’afficher fièrement votre marque d'équipement outdoor de prédilection, comme la plupart d'entre nous l'ont fait lors de la visite en petit groupe à laquelle j'ai participé en septembre dernier pour parcourir une section de sept temples.

« Le bouddhisme est davantage un mode de vie qu'une religion qui vous dit ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire », explique David Moreton, un chercheur de Shikoku spécialisé dans le Henro. « Mais il est important de faire preuve de respect. »

L'intérêt pour les longues marches n'a jamais été aussi fort. Le célèbre chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, s’est vu parcourir par un nombre record de 446 000 pèlerins l'année dernière. Le Shikoku Henro n'en accueille qu'une fraction. Néanmoins, le nombre de visiteurs étrangers et de personnes venant le parcourir semble augmenter.

La route circulaire traverse les quatre préfectures de Shikoku, la quatrième plus grande île du Japon. Le Shikoku Henro constitue comme un assemblage de divers paysages et époques témoignant du millénaire qu’il a traversé. Ce chemin vers l'illumination passe par de petites fermes familiales, des axes routiers très fréquentés et des rues de banlieue ponctuées de distributeurs automatiques. Toutefois, la route révèle aussi de vastes panoramas côtiers et des paysages de l'époque d’Edo tout droit sortis d'une gravure sur bois d'Utagawa Hiroshige.

 

LES 88 TEMPLES DU SHIKOKU HENRO

L'endroit le plus évident où commencer est le premier temple, dans la préfecture de Tokushima, au nord-est de l'île. À côté d’une mare remplie de carpes, Jun Hashiba, guide pour le voyagiste Oku Japan, basé à Kyoto, a tenté de répondre aux questions sur la manière dont un moine japonais né au 8e siècle avait pu inspirer le développement d'un circuit de plus de 1 120 kilomètres reliant quatre-vingt-huit temples encore visités voici plus d'un millénaire de cela. « Tout le monde connaît Kūkai ; nous l'étudions à l'école », affirme Jun Hashiba.

Né sur cette île, Kūkai a fondé l'une des écoles bouddhistes les plus populaires du pays, appelée Shingon-shu. Il n’est pas uniquement révéré pour ses enseignements ésotériques, qui portent bien leur nom. « Nous l'admirons surtout pour ses talents de poète, d'érudit et d'artiste ; c'était un grand calligraphe », explique Jun Hashiba. Les exploits de Kūkai, péripatéticien et polymathe, se sont transformés en légende et ont finalement conduit au renom de l'itinéraire actuel. Jun Hashiba nous a indiqué que les vraies réponses nous viendraient une fois que nous aurions commencé à marcher.

Le tronçon d'un peu moins de 6,5 kilomètres entre les temples 20 et 21 est bordé de cyprès, de cèdres et de bambous gigantesques. Des rochers recouverts de colliers de fleurs, incarnations de divinités, nous tiennent compagnie, de même que des statuettes de moines en pierre, à la poitrine vermillon, appelées Jizō, gardiennes des enfants et des voyageurs. Kūkai, de son titre posthume Kobo Daishi, était également présent, personnifié par le bâton de pèlerin sur lequel sont inscrits des mots signifiant « voyager ensemble ».

« Quand je marche, je pense parfois trop, mais je continue à marcher, et alors je ne pense plus à rien, dans le bon sens du terme », révèle Tomoko Imaizumi, une guide qui a effectué le pèlerinage quatre fois.

Au Temple du Grand Dragon (21e), dont une partie date du 12e siècle, il est facile de comprendre pourquoi tant de religions construisent leurs autels au sommet des montagnes. Dans ses écrits, Kūkai affirme avoir grimpé jusqu'au nid d’aigle situé au sommet du mont Tairyuji et avoir récité des mantras un million de fois. Malgré les mystères qui entourent le bouddhisme de l’école Shingon-shu, nous avons connaissance de son fondement : toute chose fait partie d'un tout cosmique et l'illumination peut être atteinte par tout un chacun. « J'ai reçu tant de bénédictions de la part des Henro », déclare Kizumi, une femme que j'ai rencontrée au Anrakuji (6e), Temple de la joie éternelle. Elle ne m'a pas donné son nom de famille mais a pressé dans ma main un bracelet vert pâle fait de ficelle.

 

UN CHEMIN PAVÉ DE BONNES INTENTIONS

Les pèlerins qui parcourent le chemin parlent invariablement de la gentillesse des habitants. C'est la culture de l'osettai, une caractéristique unique du pèlerinage de Shikoku. « J'en fais l'expérience presque tous les jours en tant que pèlerin », témoigne Tomoko Imaizumi. « D'habitude, c'est une mandarine ou des sucreries, [mais] une fois, une femme a arrêté sa voiture et en a bondi pour me donner 300 yens (1.83 €). »

Près de Ryozenji, le Temple du pic du vautour (1er), notre groupe a rencontré Ranshu Yano, maître de l’aizome, un art en perdition. La région de Tokushima produit de l'indigo naturel pour la teinture. Les textiles indigo étaient autrefois utilisés pour les vêtements des samouraïs.

Ranshu Yano nous a invités à entrer dans son atelier pour assister à une partie de ce processus minutieux. Il fait glisser le couvercle d'une grande cuve. Le mélange bleu doit être inspecté, remué et laissé à fermenter.

« C'est une chose vivante », indique-il en levant en permanence ses mains bleues. « Je dois le sentir ». Les textiles finis sont transformés en magnifiques kimonos.

Sur le Shikoku Henro, les cadeaux se présentent sous toutes les formes, le plus important d’entre eux étant la chance d'entrer en contact avec des personnes encore liées à la terre, à l'art et aux traditions abandonnées depuis longtemps dans d'autres endroits. « Les gens font ce que je fais depuis un millier d'années », explique Ranshu Yano. « Je me situe au milieu, entre le passé et l'avenir. »

CE QU'IL FAUT SAVOIR

L’île de Shikoku est accessible depuis Tokyo par voie aérienne, ferroviaire ou routière. Il faut compter en moyenne six semaines pour parcourir le Shikoku Henro. Aucun entraînement particulier n'est requis mais il vous faudra avoir l'esprit d'aventure et une bonne condition physique. Vous trouverez davantage d’informations ici. Pour célébrer le 1 250ᵉ anniversaire de la naissance de Kūkai, les temples offriront des cachets et des carnets de pèlerins spéciaux jusqu'en décembre 2024.

Les principaux temples

Awa Kokubunji (15e) est l'un des trois seuls temples zen. Les temples Kakurinji (20e) et Tairyuji (21e), quant à eux, sont connus pour les superbes randonnées qui les relient. Enfin, le Kongofukuji (38e), au cap Ashizuri, constitue un site follement pittoresque.

Les voyagistes
Divers voyagistes, dont National Geographic ExpeditionsOku Japan et Shikoku Tours, proposent des circuits guidés et autoguidés allant d'une journée à plus de dix jours.

À quel moment partir

Les meilleures périodes pour visiter la région vont de mars à mai, saison des cerisiers en fleur, et d'octobre à novembre, pour admirer le feuillage d'automne.

Ce qu'il faut voir à Shikoku

Ne manquez pas les ponts en lianes de vignes de la vallée de l'Iya, le sanctuaire shinto Kotohira-gu, situé sur le flanc du mont Zôzu, et le célèbre jardin Ritsurin-koen.

Cet article a été réalisé avec le soutien d'Oku Japan. Il a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Grèce : 31 îles incontournables

Des spécialités gastronomiques sur les îles des Cyclades aux ruines énigmatiques du Dodécanèse, chacun des six principaux archipels grecs possède son caractère propre. Pourtant, en y regardant de plus près, vous constaterez qu’il existe davantage d’éléments qui les unissent plutôt qu’ils ne les distinguent : des villes coupées du monde appréciées des gourmets locaux, des criques cachées associées à nombre de mythes et, surtout, une splendeur naturelle qui a envoûté des artistes et des aventuriers à travers les âges.

 

1. NISYROS

Dans la mythologie grecque, Poséidon a empoigné une grande partie de l’île de Kos et l’a jetée violemment à la tête d’un Titan impétueux appelé Polybotès, créant ainsi l’île volcanique de Nisyros, avec son immense caldera sulfureuse. Le volcan est actif mais les touristes disposent tout de même de la possibilité de marcher sur sa croûte chaude. Surveillé attentivement, sa dernière éruption remonte à 1888. Il est possible de s’y rendre lors d’une excursion d’une journée à partir de l’île voisine de Kos. Néanmoins, cela vaut la peine de rester pour explorer la ville principale de l’île, Mandraki : avec ses maisons colorées et ses églises byzantines ; les sources chaudes de Loutra, non loin de là ; et le village d’Emporios, situé en altitude, avec ses ruines de château byzantin, sa grotte faisant office de sauna naturel et ses vues imprenables sur la caldera.

 

2. KALYMNOS

Pendant longtemps, l’île de Kalymnos a été célèbre pour une seule chose : la pêche aux éponges. En 1996, néanmoins, un autre élément a commencé à attirer l’attention, lorsque le grimpeur italien Andrea di Bari, en vacances avec sa famille, s’est tourné vers les imposantes falaises de calcaire de l’île. Très vite, cette dernière s’est imposée comme une capitale de l’escalade. Kalymnos compte aujourd’hui plus de 4 000 voies, pour tous les niveaux, et des entreprises telles que Climb in Kalymnos proposent des cours pour débutants. Il n’y est toutefois pas uniquement question de sport car l’île a conservé son charme d’antan. Déambulez dans les ruines du château de Chora, megálokástro en grec, à flanc de montagne, ou dirigez-vous vers l’est jusqu’à Vathys et sa vallée semblable à un fjord, bordée de vergers d’agrumes parfumés.

 

3. KOS

L’île de Kos est sillonnée par de nombreuses pistes cyclables, dont un nouveau sentier qui longe la côte sur un peu moins de 13 kilomètres, et propose plus de 6 500 vélos à la location. Lorsque les colons italiens de Kos sont partis en 1943, ils ont laissé derrière eux leurs vélos, qui ont été rapidement adoptés par les personnes habitant l’île. Les ruines de l’Asclépiéion, situées à un peu plus de 3 kilomètres de la ville de Kos et facilement accessibles en deux roues, constituent l’un des meilleurs sites à explorer à vélo. En 430 av. J.-C., Hippocrate, le « père de la médecine », originaire de Kos, a créé ce sanctuaire de guérison, aménagé en terrasses à flanc de coteau. Il n’est cependant pas nécessaire d’aimer le vélo pour profiter de Kos. L’île possède également de nombreuses plages de sable et la ville de Kos est connue pour son architecture ottomane et italienne, couverte de nuages de bougainvilliers fuchsia.

 

4. TILOS

Pendant des siècles, les personnes habitant sur Tilos ont construit leurs maisons à l’intérieur des terres, à l’abri des maraudeurs. Dans les années 1950, toutefois, lorsque la population du village de Micro Horio a vu ses puits se tarir, elle a décidé de s’installer dans la zone portuaire de l’île, emportant même avec elle toits, portes et fenêtres. Jusqu’à récemment, les seuls signes de l’existence de Mikro Chorio étaient l’église blanchie à la chaux et les murs de pierre de couleur fauve qui serpentent à flanc de coteau et servent de terrain de jeu aux chèvres. Aujourd’hui, néanmoins, une des maisons en ruine a été rénovée et transformée en un bar d’ambiance ouvert en été. À partir de 23 heures, lorsqu’il ouvre ses portes, une navette arrive de Livadia, un village tout proche, et le bruit des bavardages et des verres qui s’entrechoquent emplit à nouveau ce village fantôme.

 

5. RHODES

L’île de Rhodes est surtout célèbre pour ses deux sites historiques : la ville médiévale de Rhodes, construite par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en croisade, et Lindos, une jolie ville connue pour ses maisons de capitaines de navire construites entre le 16e et le 17e siècle, dominée par une vertigineuse acropole datant de l’Antiquité. L’île est néanmoins également appréciée pour ses vastes plages de sable et le fait qu’elle bénéficie de plus de trois cents jours d’ensoleillement par an. Si vous pouvez vous éloigner de la mer, visitez les Sept sources, Eptá Pigés en grec, une oasis boisée rafraîchissante située dans le nord-est de l’île, à laquelle il est possible d’accéder en pataugeant dans une sombre galerie d’amenée d’eau mesurant 180 mètres de long. L’effort en vaut la peine : des baignades rafraîchissantes, une grande cascade et des sentiers de randonnée ombragés par des pins vous attendent, sans oublier une taverna, un restaurant grec, où des paons se promènent en liberté.

 

6. SYMI

De taille modeste et peu connue, Symi attire des touristes en excursion d’une journée venant de Rhodes, l’île voisine, avec sa ville principale colorée, de style néoclassique, et le révéré monastère de Panormitis, orné de fresques, situé à l’autre bout de l’île. Des chemins muletiers presque oubliés, parcourant l’intérieur des terres boisé, relient ces deux endroits. Ceux-ci sont tombés en désuétude après qu’une route traversant toute l’île a été asphaltée dans les années 1960. Passez quelques jours dans l’archipel du Dodécanèse et marchez sur ces chemins de terre chargés d’histoire, qui ne sont parfois à peine plus qu’une suggestion de sentier. Ils vous permettront d’accéder à des points de vue rarement atteints par les touristes, qui s’ouvrent sur des criques coupées du monde, et un promontoire duquel la seule structure en vue ayant été bâtie par l’Homme est une église blanche isolée.

 

7. KARPATHOS

L’une des plus hautes montagnes de l’archipel du Dodécanèse divise l’île de Karpathos en deux. À l’extrémité nord de celle-ci, le hameau reculé d’Olympos était isolé de tout jusqu’en 1979, date à laquelle une route a été construite à travers les terres sauvages. Les femmes qui y résident portent encore des foulards fleuris et de longues jupes, ainsi que d’énormes colliers de pièces d’or lors des grandes occasions, et perpétuent également de nombreuses traditions, comme la cuisson du pain dans les fours communaux et la broderie. Passez la nuit ici, dans la résidence douillette d’Irene’s House ou à l’hôtel « OLYMPOS ARCHIPELAGOS », avec vue sur la mer, pour vous imprégner de la magie d’antan d’Olympos, et assistez à un concert traditionnel de laouto, instrument grec de la famille des luths, à la taverna.

 

8. LEUCADE

L’île de Leucade, montagneuse et boisée, avec sa côte escarpée, n’a connu le tourisme que tardivement et peut donc sembler plus authentique que certaines des îles les plus populaires. Pour les personnes qui rêvent de naviguer entre ses îlots, le port de Nidri est le meilleur point de départ : à l’abri du vent, sa baie recèle de criques isolées et possède son propre archipel d’îlots émeraude. Vous pouvez y louer aussi bien un zodiac ne nécessitant pas de permis qu’un grand voilier, avec lequel vous pourrez explorer les criques cachées.

 

9. PAXOS

La location de bateaux, que ce soit en solo ou avec un skipper, est possible dans certaines zones de la plupart des îles grecques. Cependant, la taille de Paxos, une île de 11 kilomètres sur 3 cachée au large de la côte sud de Corfou, permet d’en faire le tour complet en quelques heures seulement. Il s’agit donc de l’endroit idéal pour sauter d’une plage à l’autre et découvrir certaines des criques les plus isolées de Grèce. Quelques-unes sont bordées d’oliviers et de cyprès, d’autres à peine assez larges pour deux ou trois serviettes, toutes baignées par une eau cristalline ne donnant qu’une envie : s’y baigner. Les journées d’été dans cette partie de la mer Ionienne se passent le plus souvent à jeter l’ancre à l’endroit le plus plaisant, à s’étendre au soleil sur le pont, puis à se rafraîchir en plongeant directement dans l’eau.

 

10. CORFOU

Avec sa capitale de style vénitien et ses plages de sable, Corfou est l’une des îles les plus visitées de Grèce. Cela vaut la peine de prendre la direction de ses collines. Old Perithia, le village de l’île le plus en altitude, a été fondé au 14e siècle. Dans les années 1950, la population qui y résidait a toutefois pris le large, ne laissant qu’une taverna pour les randonneurs. En 2010, un couple de Britanniques est tombé amoureux du village et y a acheté une propriété. Ils ont lentement rénové celle-ci qui est aujourd’hui transformée en maison d’hôte au confort moderne, mais dont le charme historique a été préservé. Au printemps, les fleurs sauvages sont luxuriantes.

 

11. ZANTE

La côte nord de cette île de plages de sable blanc, avec ses falaises abruptes émergeant de la mer, est réellement spectaculaire. Les précipices les plus connus entourent la « baie du Naufrage », où git l’épave rouillée d’un navire cargo, s’enfonçant lentement dans le sable. Celui-ci n’est pas accessible, il n’est possible actuellement que de l’apercevoir de loin, en raison du risque de glissement de terrain. D’autres falaises contribuent à former les Grottes Bleues, un labyrinthe de roches pâles qui reflètent le bleu électrique chatoyant des eaux. Les bateaux peuvent pénétrer dans la plus grande de ces cavités, à l’intérieur de laquelle vous pouvez plonger pour une immersion totale.

 

12. CÉPHALONIE

La plus grande île ionienne, montagneuse et verte, comme une gigantesque carapace de tortue, est entourée de falaises et de criques, dont la grotte de Melissani sur la côte est, d’un bleu profond. Nombre d’entre elles ne sont accessibles que par la mer. Vous pouvez pagayer en kayak entre les plages à votre guise ou embarquez pour une excursion guidée plus longue, en séjournant dans des hôtels en cours de route. Pour un défi d’un autre genre, grimpez à 1 628 mètres d’altitude sur le mont Ainos, le plus haut sommet de la région, pour avoir une vue imprenable sur les îles ioniennes.

 

13. SAMOTHRACE

Samothrace, située à l’extrême nord-est de la mer Égée, est une petite île au passé mythique. Le dieu grec de la mer Poséidon se serait assis sur le mont Fengari, le deuxième plus haut de la mer Égée, atteignant 1 664 mètres d’altitude, pour observer la guerre de Troie. Dans l’Antiquité, de nombreux pèlerins effectuaient le difficile voyage jusqu’à Samothrace pour prier au sanctuaire des Grands Dieux. Aujourd’hui en ruines, ce complexe de temples abritait une religion mystérieuse dont très peu de choses sont connues sur ses rites secrets. N’importe qui, du roi à l’esclave, pouvait être initié, et l’on pense que des personnages historiques en ont fait partie, notamment Philippe II de Macédoine, le père d’Alexandre le Grand. Dirigez-vous vers le village de Therma, à dix minutes de route, le long de la côte, vers l’est, pour ses sources d’eau chaude et ses chutes d’eau avoisinantes si idylliques que vous vous attendriez presque à y croiser une nymphe.

 

14. LEMNOS

Il peut être difficile de croire que, parmi les jolies villes portuaires, les îles grecques abritent également l’un des seuls déserts d’Europe. Ammothínes, sur Lemnos, l’une des plus grandes îles, ressemble au Sahara à plus petite échelle, ses dunes douces se façonnant constamment au gré du vent. La meilleure façon de l’explorer est de louer un 4x4 dans la grande ville, Myrina, et de partir à l’aube ou au crépuscule, lorsque le sable prend une teinte orangée. Myrina elle-même a été nommée d’après une reine des Amazones : l’île aurait été le lieu de résidence des guerrières et les Argonautes s’y seraient par ailleurs rendus. Vous pouvez passer des heures à explorer ses cafés traditionnels et son port coloré. Ne manquez pas non plus les ruines de Poliochni, que l’on pense plus anciennes que la proche ville de Troie, en Turquie.

 

15. IKARIA

Ikaria, à l’extrême est de la mer Égée, est plus proche d’Izmir, en Turquie, que d’Athènes. Elle est connue pour se trouver dans une « zone bleue », une région du monde où les personnes vivent en meilleure santé et possèdent une espérance de vie plus longue, avec environ un individu sur trois atteignant quatre-vingt-dix ans. La liste des raisons possibles est longue, allant du régime alimentaire local sain à l’absence de stress. En visitant cette île entre mai et septembre, il est probable que vous en découvriez une autre : le prochain panigiri, un événement que personne ne souhaiterait manquer. Ces fêtes patronales ont lieu presque tous les jours dans différents villages. Alimentées par le vin naturel capiteux de l’île, elles rassemblent des personnes de tous âges qui dansent ensemble, les mains posées sur les épaules des unes et des autres, tournoyant au rythme des instruments traditionnels. Lorsque vous faites la fête jusqu’à l’aube, vous perdez facilement la notion du temps.

 

16. LESBOS

Le ouzo, spiritueux anisé préféré des Grecs, est essentiellement produit à Lesbos, avec ses villages traditionnels et ses oliveraies noueuses, où seize distilleries spécialisées fabriquent plus de la moitié de la production nationale. Pour les personnes raffolant de cette boisson, Plomari, un village de la côte sud de l’île, constitue un véritable lieu de pèlerinage. C’est là que se trouve l’Ouzo Museum, où l’on peut découvrir l’histoire de cette boisson et les différentes herbes grecques qui entrent dans sa fabrication, tout en cheminant entre les alambics en cuivre. Chaque marque est différente et certaines sont difficiles à trouver en dehors de l’île. C’est donc là votre meilleure occasion de pouvoir les goûter lors de dégustations. Commandez de l’eau à côté pour observer le fameux « effet ouzo » : bien que les deux liquides soient clairs, de leur mélange résulte un blanc laiteux.

  

17. SANTORIN

Cette île est peut-être surtout connue pour ses villages situés à des hauteurs vertigineuses, au bord de la caldera, mais c’est aussi l’un des principaux producteurs de vin en Grèce. Grâce à son sol volcanique, Santorin a été épargnée par les pucerons qui ont décimé les vignobles européens au 19e siècle, et ses raisins blancs indigènes, l’assyrtiko, l’athiri et l’aïdani, prospèrent, leurs vignes étant taillées en forme de paniers afin de les protéger du vent. Le vin qui en ressort est sec et riche en minéraux. Vous y trouverez également le vinsanto, naturellement doux, élaboré à partir de raisins séchés au soleil, donnant une boisson alcoolisée qui était populaire au Moyen Âge. À Pyrgos, vous pourrez goûter ces deux types de vin à Santo Wines, la plus grande cave coopérative de l’île. Il vous est également possible de visiter le domaine viticole biologique Hatzidakis, situé dans une installation souterraine.   

 

18. SYROS

Le rebétiko, connu sous le nom de « blues grec » et dont les paroles éloquentes évoquent souvent la migration, la pauvreté, le malheur et l’amour non réciproque, trouve son origine dans les années de chômage de masse qui ont suivi la Grande Catastrophe en 1923. L’un des plus grands compositeurs du genre, Márkos Vamvakáris, est originaire d’Ermoupoli, sur l’île de Syros. Pendant les nuits douces, cette musique résonne encore dans les bars lors de concerts, en particulier pendant l’estival Rebetiko Festival. Visitez Ermoupoli elle-même, la ville principale néoclassique de l’archipel des Cyclades, avec ses quartiers catholiques et orthodoxes au sommet des collines, la place Miaoulis pavée de marbre et l’opéra. Ne manquez pas sa spécialité, le loukoum, introduite sur l’île par les réfugiés des îles de Chios et de Psara, alors sous domination ottomane.

 

19. SIFNOS

C’est à Sifnos qu’est né en 1878 le père de la cuisine grecque moderne, Nikólaos Tselementés. Les spécialités de l’île valent la peine d’être recherchées, notamment le ragoût de pois chiches et le mastelo d’agneau braisé, toujours cuits lentement, de manière traditionnelle, dans des marmites en grès. Apprenez quelques-unes des recettes de l’île en participant à la préparation d’un repas typique à la ferme Narlis, juste à l’extérieur d’Apollonia, où les agriculteurs cultivent depuis des générations des fruits et des légumes biologiques selon les méthodes traditionnelles de l’archipel des Cyclades, en utilisant très peu d’eau. Sifnos est une île extrêmement belle, avec ses villages blanchis à la chaux tels qu’Apollonia, Artemonas et Kastro, ses plages de sable, ses églises de bord de mer et ses paysages parsemés de chapelles, sillonnés par des kilomètres de sentiers.

 

20. TINOS 

Ces dernières années, Tinos, une île des Cyclades, est devenue célèbre dans le monde grec en matière de gastronomie. Dotée d’une terre fertile permettant de cultiver les produits locaux en abondance, elle attire les chefs cuisiniers de la ville d’Athènes, non loin de là, qui quittent souvent leurs restaurants pendant les mois les plus chauds pour s’y rendre. Le « Tinos Food Paths », des festivités célébrant le patrimoine gastronomique de l’île, a lieu chaque année pendant la deuxième semaine de mai et marque le début de la saison des plaisirs. Venez participer à ce festin estival : commencez la matinée en sirotant un café grec accompagné d’une pâte filo croustillante ; rechargez vos batteries en milieu d’après-midi avec un bol d’açaï aux fraises des bois ; et terminez la journée en dégustant des spécialités locales, de la froutalia, une omelette légère à base de pommes de terre, à la louza, la viande de porc séchée et épicée de l’île.

 

21. MILOS 

Milos est une île volcanique colorée, avec des formations rocheuses dans des tons de rouge, de jaune et d’un blanc aveuglant. Des portes et des fenêtres de couleurs tout aussi vives ornent ses syrmatas traditionnelles, ces cabanes qui ne sont présentes que sur Milos et sur sa voisine Kimolos, taillées dans les falaises volcaniques par les pêcheurs qui y abritaient leurs bateaux pour l’hiver. Certaines ont été transformées en lieux d’hébergement originaux : quelque peu exigus, avec un lit et une salle de bains pour seuls équipements, mais juste au bord de l’eau. Dans les terres, découvrez les catacombes, les seules existant sur une île grecque, le théâtre antique et la réplique de la Vénus de Milo, qui marque l’endroit où l’originale a été trouvée.

 

22. NAXOS

Sur l’île de Naxos, le marbre blanc et fin est extrait et sculpté depuis la préhistoire. Le musée archéologique, situé dans le château vénitien, au sommet de la ville de Naxos, recèle d’idoles cycladiques en marbre, remarquablement bien conservées, datant de 3200 à 2300 avant J.-C., et polies à l’aide de l’émeri indigène de l’île. Ailleurs sur Naxos, des kouros gigantesques, statues représentant des jeunes hommes nus, sculptés au 6e siècle avant notre ère, ont été laissés-pour-compte lorsque des défauts dans le marbre ont été découverts : aujourd’hui, deux d’entre eux se trouvent près des carrières d’Apollonas.  Sur l’île de Naxos, l’ambiance est détendue et familiale, avec des sentiers de randonnée et des bandes de sable au sud de la ville portant le même nom.

 

23. AGISTRI 

À moins d’une heure du Pirée, le port d’Athènes, Agistri est la plus petite des îles Saroniques habitées. Des pins s’accrochent aux falaises qui entourent ses plages, principalement constituées de galets, et surplombent des eaux scintillantes. Rendez-vous sur la petite péninsule d’Aponisos, avec ses criques turquoise parfaites pour la plongée avec masque et tuba, à quelques minutes en bus de Skala et Megalochori, les principales villes d’Agistri. Vous pouvez aussi partir avec Interdive et naviguer à bord de son bateau traditionnel en bois jusqu’à l’îlot inhabité de Dorousa, dont les eaux poissonneuses et les épaves constituent un terrain passionnant pour les plongeurs expérimentés.

 

24. POROS

L’île de Poros est toute proche du Péloponnèse ; seul un étroit bras de mer la sépare de cette péninsule. Dans la charmante ville portant le même nom, l’un des passe-temps favoris consiste à s’attarder dans une taverna au bord de l’eau et à regarder passer tous les bateaux, y compris les ferries qui filent vers Galatas, une ville portuaire située sur la péninsule du Péloponnèse. Non loin de là se trouve une forêt de citronniers dont les effluves enivrants se dégagent en mai, lorsque les arbres sont en fleurs et que le parfum des agrumes se répand au gré de la brise. Pour une journée parfaite, montez jusqu’à la jolie tour de l’horloge bleue et blanche de la ville de Poros, d’où vous pourrez admirez les forêts de citronniers.

 

25. SPETSES

Considérée comme la première femme amirale au monde, Laskarina Bouboulina, qui a grandi à Spetses, a constitué une petite flotte pendant la guerre d’indépendance grecque dans les années 1820 et a remporté la première bataille navale de Grèce à bord de son vaisseau amiral, l’Agamemnon. Sa statue de bronze se dresse près du port et ses descendants gèrent aujourd’hui le charmant Bouboulina Museum dans son ancienne demeure, où elle a été assassinée à la suite d’une querelle familiale. Spetses, couverte de pins, est par la suite devenue le lieu de villégiature des riches Athéniens et, en 1914, la première île grecque à se doter d’un hôtel, le luxueux Poseidonion Grand Hotel, qui domine toujours le port aujourd’hui. Le reste du front de mer, où trônent encore des canons, est composé de demeures néoclassiques d’anciens capitaines et de villas. On peut y admirer des mosaïques de galets noirs et blancs et s’y promener en calèches. Les touristes peuvent se rendre à vélo sur les plages, dont beaucoup sont sablonneuses, puis dîner dans les bars et restaurants du vieux port.

 

26. ÉGINE

En dehors d’Athènes, les temples péristyles antiques qui subsistent sont rares en Grèce, mais vous en trouverez un magnifique à une heure de ferry du Pirée : le temple d’Aphaia, sur l’île d’Égine. Isolé sur une colline couverte de pins et surplombant la plus grande station balnéaire de l’île, Agia Marina, le temple a été construit vers 500 avant notre ère, soit des décennies avant le Parthénon. Malheureusement, comme ce dernier, il a été dépouillé de ses frises de marbre par des antiquaires, inspirés par Thomas Bruce, dit Lord Elgin, qui les ont expédiées à Munich. L’île d’Égine a bien d’autres cordes à son arc : la charmante ville du même nom, première capitale qu’ait connu la Grèce, où l’odeur des pistaches grillées embaume l’air. Un vestige de cette époque peut être exploré sur le site archéologique de Kolona, tout proche, qui contient les ruines du temple d’Apollon et un musée d’archéologie non loin. Les ruines de Paléochora, une ancienne capitale byzantine, se trouvent à l’est, au-dessus d’Agios Nektarios, l’un des plus grands monastères de Grèce, construit en l’honneur du dernier saint orthodoxe grec, décédé en 1920, Nectaire d’Égine.

 

27. HYDRA

À première vue, lorsque le ferry s’approche de son port, Hydra ressemble à n’importe quelle autre île grecque : drapeaux blanc et azur flottants, maisons blanchies à la chaux et tavernas animées. Sauf que les propriétaires de chambres d’hôtes qui se rassemblent sur le quai, prêts à accueillir les visiteurs et à les emmener dans leur établissement, n’attendent pas dans leur voiture, comme ils le feraient ailleurs. Cette île montagneuse, au large de la côte est du Péloponnèse, est entièrement piétonne. En vertu d’une loi des années 1950 qui visait à la conserver telle qu’elle a toujours été, les vélos y sont même interdits : l’île, avec son labyrinthe de ruelles, s’explore à pied, en bateau ou, mieux encore, à cheval. En découvrant les monastères au sommet de ses collines, ses sentiers sur les falaises et ses plages de sable, vous vous rendrez compte que c’est une destination où le voyage en lui-même fait réellement partie de l’expérience.

 

28. SKOPELOS

La mer émeraude reflète les pins qui recouvrent Skopelos, une île calme aux criques jonchées de galets, propice aux promenades et qui offre de jolies vues. Près de la ville de Skopelos, blottie le long d’une colline, à l’ombre d’un château vénitien, des sentiers parsemés de fleurs sauvages mènent à six monastères byzantins sur le mont Palouki. Vous pouvez également marcher jusqu’aux tombes néolithiques de Sendoukia ou jusqu’à la chapelle d’Agios Ioannis, célèbre pour le mariage qui y est célébré dans le film Mamma Mia!, perchée sur un rocher surplombant la mer, tout près de Glossa, la deuxième ville de l’île.

 

29. SKYROS

L’île de Skyros est isolée par rapport aux autres. Chora, sa ville principale, blanchie à la chaux, s’enroule autour d’un éperon rocheux, couronné d’un château, et surplombe une vaste plage. La moitié nord de l’île est boisée, tandis que le sud, sauvage et rocailleux, abrite les derniers chevaux de Skyros, une espèce de petite taille. Introduits au 5e siècle avant J.-C. par des colons athéniens et isolés depuis lors, ils sont les descendants des chevaux représentés sur les marbres du Parthénon. Il n’en reste qu’environ deux cents, ce qui en fait l’une des races les plus rares au monde.

 

30. SKIATHOS

La cosmopolite île de Skiathos, non loin de celle de Skopelos, doit sa popularité à ses soixante-deux plages, de quoi satisfaire tout un chacun. Koukounaries et Vromolimnos sont les meilleures plages pour pratiquer des sports nautiques ; tandis que celle d’Aselinos est idéale pour les personnes qui recherchent le calme, avec seulement quelques lieux de restauration. La plage de Lalaria, de couleur argentée, est quant à elle spectaculaire. Enfin, celle de Kechria, avec ses chaises longues au milieu des oliviers, est parfaite pour un après-midi de farniente ponctué d’un déjeuner dans une taverna. Au coucher du soleil, la jolie ville de Skiathos, lieu de divertissement, s’anime.

 

31. ALONNISOS

De mai à octobre, des bateaux partent à la journée explorer les eaux du parc national marin d’Alonissos, le plus grand parc naturel marin d’Europe. Les phoques moines (Monachus monachus), menacés d’extinction, y sont protégés, de même que les dauphins et plus de quatre-vingt espèces d’oiseaux. Les plongeurs expérimentés peuvent visiter le « Parthénon des épaves », notamment un navire chargé d’amphores datant du 5e siècle avant notre ère, qui a coulé au large de l’îlot voisin de Peristera et qui constitue aujourd’hui le cœur du premier musée sous-marin de Grèce.  

À quelle période s’y rendre : 
Juillet et août sont non seulement les mois les plus chers et ceux voyant passer le plus de touristes, mais sont également les plus chauds, avec des températures pouvant atteindre les 40 °C dans l’après-midi. Les mois d’avril, de mai, de juin, de septembre et d’octobre connaissent moins de fréquentation et sont plus doux, avec des températures moyennes variant entre 18 et 27 °C, mais ils peuvent également être humides. À partir du mois de mai, durant cette période, il fait généralement assez chaud pour se baigner dans la mer. Si le choix s’offre à vous, les mois de mai, juin et septembre sont les meilleurs pour se rendre sur ces îles.

Comment organiser son séjour :
Tui propose des forfaits voyage pour certaines îles grecques, Responsible Travel met en avant un certain nombre d’excursions en voilier et vous pourrez partir à l’aventure avec Much Better Adventures.

Plus d’informations : 
Visit Greece

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Les 10 meilleurs hôtels d'Hong Kong

Autoproclamée « ville mondiale de l'Asie », Hong Kong a connu un bon nombre de bouleversements au fil des décennies. Sa prospérité actuelle repose en grande partie sur son statut historique d'avant-poste commercial, dont vous verrez les marques en survolant les cargos qui sillonnent ses eaux et en voyant les gratte-ciels qui transpercent son centre. En tant qu’ancienne colonie britannique située dans la mer de Chine méridionale, elle a toujours été le point de rencontre de différentes coutumes et cultures. Dans cette destination facile à parcourir, les voyageurs séjournent généralement à Kowloon, où ils ont vue sur le port Victoria, et sur l'île de Hong Kong, où se trouvent d’excellents restaurants et le célèbre pic Victoria.

 

1. LE LANDMARK MANDARIN ORIENTAL

Pour ceux qui cherchent la décadence tout en discrétion
À Hong Kong, vous trouverez deux hôtels Mandarin Oriental. L’original est le porte-étendard mondial de la marque, tête d'affiche depuis soixante ans et situé à Central. Dans le même quartier, le Landmark se distingue par son apparence plus discrète. Les amateurs de cocktails trouveront des boissons créatives dans le bar caché PDT, dont les initiales signifient « Please Don't Tell », « gardez cela pour vous » en français. Au septième étage, le restaurant Amber, accueille les clients qui souhaitent déguster des plats français modernes exceptionnels dans une salle élégante ornée de pièces sculpturales dorées. D'autres petits détails complètent cette offre idéale : des chambres spacieuses et sophistiquées dans des tons vert pistache et ocres qui comportent d’étonnantes baignoires circulaires à côté de vitrines remplies de friandises gratuites, une piscine tranquille qui permet de nager à son aise et un spa accueillant de deux étages, où des thérapeutes expérimentés prodiguent des soins de haut niveau. CHAMBRES : À partir de 6 205 HK$ (730 euros), auxquels il faut ajouter 10% de frais de service.

 

2. THE LANGHAM, HONG KONG

Pour profiter du luxe à des prix abordables
Un hôtel cinq étoiles aussi impressionnant à ce prix là est la preuve qu’Hong Kong peut offrir un excellent rapport qualité-prix. Les locaux dégustent souvent leur afternoon tea dans le hall de l’hôtel, la Cour des Palmiers, accueillante et sans prétention. Non loin, des groupes d’amis se réunissent au bar Artesian, inspiré de l'art déco, où ils profitent de boissons gratuites pendant les « happy hours prolongées » le soir. Pour les touristes, le restaurant T'ang Court, trois étoiles Michelin, est idéal pour s’initier à la cuisine cantonaise dans un espace décoré d'œuvres d'art chinoises et d'antiquités d'une valeur inestimable. La piscine en plein air sur le toit offre une vue directe sur le port. Les amateurs de shopping apprécieront le quartier de l’hôtel, Kowloon, où ils trouveront boutiques indépendantes d'articles ménagers et de vêtements, ainsi que boutiques de luxe telles que Tiffany. CHAMBRES : À partir de 1 150 HK$ (135 euros).

 

3. OVOLO CENTRAL

Pour une vie sociale et intellectuelle
Situé dans un petit gratte-ciel d’Arbuthnot Road, à Central, cet édifice accueillant est à proximité du quartier animé Lan Kwai Fong. Il se trouve également à côté des trésors plus calmes de Tai Kwun, un complexe policier centenaire transformé en centre culturel, où l’on peut également manger et boire. Bien que l'hôtel reste décontracté grâce à son équipe avenante, Ovolo accueille volontiers les clients qui veulent faire la fête. Réservez directement et vous pourrez vous servir librement dans le mini-bar de votre chambre, où seront rangés snacks, boissons non alcoolisées et alcool. Un happy hour quotidien est l’occasion de profiter d’autres boissons, encore une fois gratuites. Fatigués de la veille ? Reposez-vous dans les chambres de style studio sans chichis ou faites le plein de plats indiens rassasiants au Veda, l'un des rares restaurants exclusivement végétariens que vous trouverez dans cette ville amatrice de viande. CHAMBRES : À partir de HK$1,800 (200 euros), petit déjeuner inclus. 

 

4. ROSEWOOD HONG KONG

Pour ceux qui cherchent l'extravagance la plus totale
Sonia Cheng, PDG de Rosewood Hotels et descendante d'une famille locale de milliardaires, a toujours sorti le grand jeu pour l’édifice phare de la marque dans sa ville natale. Ce refuge de Kowloon est l’illustration parfaite de l’expression « mettre le paquet ». Les chambres contiennent des murs tissés avec de la laine de la marque italienne haut de gamme Loro Piana, des canapés bleu cobalt et des armoires laquées. Les salles de bains sont revêtues de marbre avec des finitions de cuivre. L’endroit a également une âme : le restaurant cantonais The Legacy House rend hommage à la famille Cheng en proposant des salons privés sur le thème des grandes étapes de la dynastie. Le personnel attentif a l'habitude de servir la haute société de Hong Kong. Les équipements, notamment les bars, les restaurants, le spa et les installations de fitness flash, font de cet hôtel un favori des locaux comme des touristes. CHAMBRES : À partir de 7 900 HK$ (930 euros), auxquels il faut ajouter 10 % de frais de service, petit déjeuner inclus.

 

5. REGENT HONG KONG

Pour des nuits comme dans les films
Cet hôtel de Kowloon s'étend sur le bord de Victoria Harbour et ses chambres qui donnent vue sur l’eau, la seule option à choisir, offrent un panorama parfait sur la métropole. Le jour, les jonques traditionnelles en bois, les cargos et les bateaux de croisière glissent sur l'eau. À la tombée de la nuit, des éclairs de lumière animent les tours d'acier et de verre et vous pouvez profiter du spectacle quotidien « Symphony of Lights » sur la ligne d'horizon. Les chambres élégantes aux couleurs de la plage sont dotées d'immenses fenêtres, de banquettes et de baignoires à remous. Besoin d’autres raisons de rester ? Le thé de l'après-midi et les apéritifs sont servis dans le hall, là encore avec une vue imprenable, et les clients ont accès au spa, à la piscine et aux installations de remise en forme. CHAMBRES : À partir de 6 000 HK$ (700 euros), auxquels il faut ajouter 10 % de frais de service.

 

6. THE ARCA

Pour la vie en bord de mer
Situé à seulement vingt minutes en taxi du centre, l'hôtel The Arca est idéal pour les voyageurs qui souhaitent accéder facilement à la ville sans en subir l'intensité. Avec de nombreux parcs, sentiers de randonnée et plages à proximité, appréciés par les habitants, le quartier sud est parfait pour les voyageurs qui ont envie de connaître davantage d’Hong Kong que son noyau commercial. L'établissement dispose d'une piscine à débordement sur le toit et du restaurant Arca Society, qui sert des spécialités occidentales et asiatiques. Décorées dans de jolis tons roses et crèmes, les chambres à l’ambiance sereine sont dotées d'un mobilier élégant de style moderne du milieu du siècle. CHAMBRES : À partir de HK$1,600 (188 euros).

 

7. HAKKA LIFE EXPERIENCE VILLAGE @ LAI CHI WO

Pour s'échapper de la ville
Situé dans le géoparc mondial Unesco de Hong Kong, dans le nord-est des Nouveaux Territoires, ce village restauré unique en son genre comprend onze maisons simples réservées aux visiteurs inscrits à une activité sur place. Le village a été fondé il y a plusieurs siècles par les clans Hakka, un groupe ethnique originaire du nord de la Chine, et a pour objectif de leur rendre hommage en organisant des ateliers, tels que des cours de tissage ou de récolte du riz. Conçu pour offrir un répit à la vie urbaine, sans wi-fi ni télévision, il est aussi rustique que possible dans une ville comme Hong Kong. CHAMBRES : À partir de HK$880 (100 euros).

 

8. LE SALISBURY, YMCA D'HONG KONG

Pour les plus petits budgets
Cet hôtel bon marché à l’ambiance gaie est étonnamment bien placé. Les clients y bénéficient de l'un des cadres les plus convoités de la ville, avec vue sur Victoria Harbour et les gratte-ciels de l'île de Hong Kong. Il se trouve également à proximité d'attractions majeures comme le Star Ferry et le centre culturel de Hong Kong. Ce ne sont pas les seules raisons d’y séjourner. L’hôtel met à disposition des clients de nombreuses installations liées au divertissement, deux piscines, une salle de sport et un mur d'escalade de niveau difficile. Les chambres, décorées dans des tons café au lait, sont simples mais confortables. Réservez une chambre qui donne sur le port pour bénéficier d'une vue imprenable sur la ville. CHAMBRES : À partir de HK$1,200 (140 euros).

 

9. HOTEL ICON

Pour un accueil décontracté
Apprécié des habitants de la région qui viennent y passer un séjour en toute simplicité, l'Icon appartient à l'université polytechnique et une grande partie de son personnel est composée d'étudiants en hôtellerie. À quinze minutes en bus des principales attractions de Hong Kong, les clients pourront se détendre grâce aux nombreux équipements de l'établissement East Tsim Sha Tsui. Les chambres sont dotées de grandes baignoires et de minibars à volonté. L'hôtel dispose également d'une piscine extérieure à débordement au sixième étage, d'un élégant spa Angsana et, dans l’atrium de l’immeuble, d'un incroyable jardin vertical tourbillonnant composé de plus de 8 600 plantes. Pour un repas unique, installez-vous près de la fenêtre du restaurant chinois Above & Beyond, situé au dernier étage, qui offre une vue imprenable sur la ville. CHAMBRES : À partir de 2 400 HK$ (280 euros), auxquels il faut ajouter 10 % de frais de service.

 

10. THE FLEMING

Pour les fans de rétro 
L’enseigne en néon à l’ancienne « The Fleming », qui décore verticalement plusieurs étages du bâtiment, illumine une tour, au départ banale, de Wan Chai, sur l'île de Hong Kong. Dès le premier regard, les influences rétro de l’hôtel vous sauteront aux yeux. Vous verrez qu’elle se poursuivent à l’intérieur, dont la décoration a été inspirée par le célèbre Star Ferry de Hong Kong. Vous y trouverez des miroirs en forme de hublots et des sièges du style du Star Ferry, le tout complété par une esthétique qui met l'accent sur les matériaux classiques tels que le parquet en chêne fumé et les éclairages en laiton. L'hôtel permet un accès facile à une autre institution locale : le restaurant cantonais Tung Po Kitchen, brillant et très animé, se trouve dans la même rue. CHAMBRES : À partir de HK$1,400 (164 euros).

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Manger cet insecte permettrait de sauver les lémuriens de Madagascar

« C’est comme ça que j’ai attrapé une kératite amibienne », raconte Cortni Borgerson tout en scrutant les branches massives d’un arbre mesurant 30 mètres de haut, à la recherche d’un vari roux, une espèce rare de lémurien de la taille d’un chat que l’on ne trouve que dans cette partie du nord-est de Madagascar.

Elle s’est précipitée au pied de l’arbre quelques minutes auparavant en compagnie de Pascal Elison, guide dans le parc national de Masoala, après avoir entendu le cri de l’animal. Évitant des feuilles aussi grandes que leur visage, trébuchant sur les racines glissantes des arbres et prenant soin d’esquiver toute plante grimpante susceptible d’être épineuse, vénéneuse ou les deux, ils ont accouru, la tête levée en direction de la canopée, pour tenter de repérer le primate.

Un bruit semblable à des gouttes tombant sur des feuilles se fait soudainement entendre, suivi d’un grand fracas, comme si quelque chose tombait sur le sol. « De la diarrhée de lémurien », précise Cortni Borgerson, primatologue et exploratrice National Geographic, qui aurait attrapé son infection oculaire en en recevant sur le visage. Les déjections de lémuriens contiennent certes des agents pathogènes, mais aussi souvent des fruits provenant d’un des arbres colossaux de cette partie du pays, ainsi que des nutriments essentiels au bon développement de la forêt.

Les lémuriens sont endémiques de Madagascar, où ils jouent un rôle essentiel dans la dispersion des graines et la pollinisation des végétaux, lesquelles contribuent à la santé des écosystèmes. Mais le vari roux, par exemple, est en danger critique et devient de plus en plus difficile à observer en raison de la chasse et de la réduction de son habitat.

Alors que la chasse aux lémuriens est interdite depuis les années 1960, époque où la nourriture se faisait rare, les habitants de l’île continuent de piéger et de manger les primates, pour une raison bien simple : la consommation de viande de brousse réduirait le taux de mortalité infantile, indique Steve Goodman, spécialiste de Madagascar qui travaille au Chicago Field Museum. Près de la moitié des enfants du pays souffrent de malnutrition chronique selon les chiffres des Nations Unies et, dans cette région de la péninsule de Masoala, près de 90 % des locaux ont déjà mangé du lémurien, selon les études menées par Cortni Borgerson. Les varis roux et les lémurs à front blanc sont les espèces les plus susceptibles de finir dans l’assiette des Malgaches, car ils sont relativement faciles à attraper et leur viande est considérée comme particulièrement savoureuse. Dans les villes du pays, la viande de ces primates est désormais présentée comme une denrée de luxe clandestine, même si sa consommation est moins répandue que dans les zones rurales.

Avec son équipe, Martin Baba, chef de secteur d’un vaste pan du parc national de Masoala, trouve régulièrement des pièges à lémurien dans les bois ; ces derniers consistent en des engins fabriqués à partir de cordes, de ficelles et d’un appât. « C’est très frustrant », confie-t-il, car il est presque impossible d’attraper les coupables dans l’épaisse forêt. Mais « le problème, c’est qu’il n’y a pas assez de viande ici », ajoute-t-il.

Cortni Borgerson, qui parle couramment malgache et partage son temps entre Madagascar (où elle travaille) et l’université d’État de Montclair, aux États-Unis (où elle enseigne), souhaite protéger les lémuriens de la chasse sans pour autant affamer les communautés de Masoala. Pour y parvenir, elle s’est tournée vers des insectes. Ces derniers sont une source de nourriture à Madagascar depuis au moins 400 ans et une espèce en particulier, le sakondry, pourrait changer la donne pour les primates selon l’exploratrice National Geographic.

Cet étrange insecte étroitement lié à la cigale est doté, comme les licornes, d’une protubérance rose sur le front (son nez) ainsi que d’un arrière-train duveteux ressemblant à un boa. Ce duvet est sans cesse déposé sur les plantes grimpantes environnantes. « Nous n’en sommes pas sûrs, mais nous pensons qu’il s’agit d’un irritant pulmonaire permettant de tenir les prédateurs à distance », précise Cortni Borgenson. Surnommée « l’insecte au goût de bacon » en raison de la saveur de sa chair et de sa teneur en matières grasses, la créature est depuis longtemps considérée comme un mets fin dans la région, mais personne n’en faisait l’élevage. Jusqu’à maintenant.

Par un après-midi de septembre, dans un village jouxtant le parc national de Masoala, la jeune Kalandy, âgée de 14 ans, récolte des sakondry sur des plants de haricots de Lima dans son jardin. C’est Cortni Borgenson qui lui a donné les graines et des conseils pour les entretenir. Kalandy lave les insectes et les cuit rapidement avec du sel avant de nous proposer, à la photographe Nichole Sobecki et moi, d’y goûter. J’en mets un, entier, dans ma bouche. Sa texture onctueuse rappelle celle du bacon, mais aussi du popcorn. « J’ai peut-être trop salé », glousse Kalandy.

C’est en tant qu’aliment anti-gueule de bois (les locaux les consomment lorsqu’ils boivent) que l’exploratrice National Geographic a d’abord découvert ces insectes dont on ne fait qu’une bouchée. La curiosité l’a poussée à les étudier quelques années, avant de lancer, en 2019, une formation à l’élevage des sakondry dans trois communautés du nord-est de Madagascar. Cornit faisait alors du porte-à-porte avec des personnes embauchées dans la région pour distribuer des graines de haricot et apprendre aux habitants à prendre soin des plantes et des insectes qu’elles attirent.

Si elle a choisi les sakondry, c’est parce qu’ils sont robustes, très savoureux et qu’ils ont peu de prédateurs. Ces insectes ont aussi une croissance rapide : seuls 72 jours séparent leur éclosion de leur récolte. Ils ne consomment aussi qu’une petite quantité de la sève de leur plante hôte, ce qui permet à cette dernière de continuer à grandir et de servir elle-même de source d’alimentation. Seul problème : les plantes ne se plaisent pas de la même manière partout dans le pays en raison des différences climatiques qui existent. Comme le souligne Charles Welch, coordinateur en conservation au centre pour les lémuriens de l’université de Duke (États-Unis), l’élevage de sakondry ne suffira sans doute pas à lutter contre la chasse aux primates, mais il « fait [certainement] partie de la solution ».

Si les sauterelles et les locustes sont considérées comme des aliments de base à Madagascar, les sakondry sont eux un peu plus haut de gamme, explique Brian Fisher, entomologiste à l’Académie des sciences de Californie, qui a collaboré avec Cornit Borgerson au début de ses recherches. Ces insectes sont si prisés qu’ils sont parfois vendus aussi cher que le bœuf. Mais pour l’exploratrice National Geographic, pas question de se faire de l’argent : ce qu’elle veut, c’est sauver les lémuriens.

Selon l’Union internationale pour la Conservation de la Nature, qui a financé le projet, celui-ci aurait permis en seulement trois ans de réduire la chasse au lémurien d’environ 50 % au sein des communautés pilotes et de sauver la vie d’au moins 58 primates.

« Ce nouveau projet est très intéressant », confie Jonah Ratsimbazafy, primatologue malgache. Le programme prend d’ailleurs de l’ampleur. Tim Eppley, responsable de la conservation pour l’ONG malgache Wildlife Madagascar, indique que son groupe prévoit de s’associer avec Cortni Borgerson pour développer l’élevage de sakondry dans au moins 3 000 foyers supplémentaires du nord-est de Madagascar en 2024.

Cornit Bogerson et Be Noël Razafindrapaoly, directeur du projet pour le pays, estiment que si le sakondry est tant apprécié, c’est parce qu’il est considéré comme un insecte « propre » ; il ne rampe pas au sol, mais grimpe sur les plantes hôtes. L’espèce est aussi devenue partie intégrante du quotidien. Dans le village où vit Kalandy, les joueurs de la principale équipe masculine de football se sont baptisés les « Sakondry » et ont fait appel à un artiste pour dessiner l’insecte sur le dos de leur maillot. « Ce n’est pas une solution miracle », admet Cortni Borgerson, mais l’élevage de ces insectes offre « une source de matières grasses naturelle et une identité nationale ».

Dans un village voisin du parc national de Masaola, Velombita Dede, le plus important éleveur de sakondry, plante des haricots pour attirer les petites bêtes. En 2023, l’homme a récolté 800 insectes par mois, assez pour nourrir sa famille nombreuse en les servant avec du riz, et en vendant le surplus. Pour attirer davantage de sakondry, il utilise des tuteurs en bois qu’il fabrique lui-même pour maintenir les plantes bien droites. Une technique qu’il enseigne désormais à d’autres habitants du village.

À les voir ainsi alignés sur les plantes, ces bestioles à l’étrange apparence semblent faire la queue pour entrer dans une boîte de nuit pour insectes. Tandis que nous les observons, le vent disperse leur duvet blanc, comme s’il s’agissait de graines de pissenlit, sur les plantes voisines recouvertes d’autres insectes de toutes les tailles. Les plus gros, qui mesurent environ cinq centimètres, sont prêts à être récoltés.

Cet article a été réalisé avec le soutien financier de la National Geographic Society. Il a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Originaire de Nairobi, la photographe Nichole Sobecki s’intéresse tout particulièrement aux relations entre la Nature et l’Homme, comme le futur des lémuriens à Madagascar. Elle est exploratrice National Geographic depuis 2021, année pendant laquelle elle a couvert le trafic de guépards pour nous.

Parcourir la Terre à pied : les plus beaux sentiers du monde

Retrouvez cet article dans le numéro 295 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

5 continents, 18 circuits. Que vous soyez expert ou amateur, repérez, d’un seul coup d’œil, notre sélection de randonnées à travers le monde selon leur niveau de difficulté.

SUÈDE : PARC NATIONAL DE SAREK

De la grande nature sauvage en Scandinavie. Niveau très difficile avec +60 km +7 jours

L’Europe n’est a priori pas réputée pour ses espaces infinis et sa mégafaune ; c’est pourquoi le parc national de Sarek, un sanctuaire de 1971 km2 dans le Grand Nord suédois, offre une si belle surprise à ses visiteurs. L’empreinte sur ces terres du peuple sami, présent depuis des temps reculés en Laponie, où il a développé une riche tradition culturelle autour de l’élevage du renne, n’a été que minime. Il en résulte un écosystème préservé de vallées tentaculaires et de sommets à 2000 m (parmi lesquels figurent six des plus hautes montagnes du pays), de forêts somptueuses, de rivières tumultueuses, de lacs et d’une centaine de glaciers – une région sauvage que la main de l’homme semble avoir à peine effleurée. 

Voyager dans de tels espaces demande de l’expérience. Il y a peu de sentiers tracés et, même au cœur de l’été, les écarts de température peuvent être importants. Dans les vastes étendues de toundra, les nuées de moustiques s’avèrent souvent redoutables, tout comme, dans un autre registre, les rivières glacées et les champs de neige difficiles à traverser. 

Mais, pour qui sait lire une carte et utiliser une boussole –à défaut, mieux vaut faire appel à un guide chevronné–, les récompenses ne manquent pas. Dans ces immensités, l’une des dernières régions vierges d’Europe, vous profiterez, des jours durant, d’une solitude absolue. Vous verrez de grands troupeaux de rennes s’étirer dans le paysage, des élans brouter dans des marécages, et, peut-être, un glouton apparaître plus haut dans la montagne. 

«C’est la nature à l’état pur, estime William Gilman, fondateur de True Nature Sweden, un service de guides montant des excursions dans le parc national de Sarek et dans celui, voisin, de Padjelanta. Il n’y a pas de téléphone ici, rien qui attende le touriste. C’est une authentique région sauvage. »

Au fil des jours, votre rythme se calera petit à petit sur celui du soleil. La luminosité change constamment, inondant le paysage d’une multitude de couleurs. Même au sol, les petites plantes qui résistent à ce climat rigoureux sont source d’émerveillement. Vous ne croiserez probablement pas de Samis avec leurs troupeaux de rennes, mais vous tomberez sans doute sur des vestiges discrets de leur présence vieille de plus de 7000 ans. Au sein de ces vastes horizons, ayez une pensée pour cette communauté qui a su laisser son territoire aussi somptueusement intact.

 

ITALIE ALTA VIA DELLE DOLOMITI No 1 

Un itinéraire au cœur des Dolomites. Niveau difficile avec 125 km 8-12 jours

L’Alta Via no  1 traverse sur une longue distance la chaîne des Dolomites, dans le nord de l’Italie. Ce chemin de randonnée commence par une vallée étroite couverte de conifères et par les eaux turquoise du lac de Braies, dans lesquelles se reflètent les hautes montagnes alentour, promesses des merveilles à venir. 

L’Alta Via –littéralement, la «haute route»– désigne un ensemble de sentiers réunis pour la première fois dans un guide dans les années 1960: Alta Via delle Dolomiti. De nombreuses variantes du parcours originel existent désormais, mais la plus courante sinue sur 125 km, du lac de Braies à Belluno, petite ville à la belle architecture Renaissance.

Connue pour ses roches sédimentaires (dolomies), cette chaîne de montagnes foisonne de formations étranges, pitons rocheux, crêtes déchiquetées, gorges vertigineuses et hautes pentes couvertes d’éboulis. Dire que le terrain est accidenté est un euphémisme. Il faut savoir enchaîner montées abruptes et descentes escarpées. Le tout sous une météo changeante, voire sous de soudaines chutes de neige.

Corse : les spécialités culinaires à tester absolument

Située en pleine Méditerranée, à seulement 13 km de sa voisine du sud, la Sardaigne, la Corse est marquée par une forte influence italienne. Par conséquent, c’est un endroit où l’on ne plaisante pas avec la nourriture. Que vous séjourniez dans les montagnes à l’intérieur de l’île ou sur la côte, attendez-vous à déguster des produits frais et des plats locaux traditionnels, et à profiter de déjeuners en plusieurs temps. Mais ce qui fait vraiment de la Corse une destination rêvée pour les gourmets, ce sont ses spécialités, parmi lesquelles figurent notamment la charcuterie et les plats à base de châtaignes.

 

1. DOMAINE SAPARALE

Des vins vénérables

Peu de vignobles peuvent se targuer d’avoir leur propre commissariat. Mais le Domaine Saparale, situé dans le sud-ouest de la Corse, a une histoire pour le moins inhabituelle. Son premier propriétaire, Philippe de Rocca Serra, voyait grand lorsqu’il l’a créé en 1850. « C’était un avocat qui avait pour ambition de produire des vins corses capables de rivaliser avec les grands vins de Bordeaux », explique l’actuelle propriétaire du domaine, Julie Farinelli. « Tout le monde pensait qu’il était fou, car à l’époque, le vin d’ici n’était bu que par les locaux ».

Philippe, qui a financé son projet en exerçant le droit en Afrique du Nord, est finalement parvenu à mener à bien son projet, créant un domaine tentaculaire qui s’est transformé en hameau autosuffisant doté de son propre commissariat. « Il y avait des hébergements pour vingt gendarmes. Ces derniers protégeaient le site et la vallée environnante. Il y avait même une petite prison », ajoute Julie en montrant du doigt un bâtiment en pierres nous faisant face, où est fixé un panneau terni par le temps sur lequel on peut lire « Gendarmerie Nationale ».

Philippe a connu plusieurs décennies d’activité prospère, vendant ses vins à Paris et remportant des concours. Le domaine a commencé à décliner au début des années 1900, une situation qui empirera tout au long du siècle. En 1970, un descendant sans enfant de Philippe légua le domaine à sa femme de ménage, la mère du mari de Julie.

Depuis 1998, la famille Farinelli lui redonne lentement vie. Trois bâtiments, dont l’ancien moulin à huile, abritent désormais des gîtes de luxe, et les propriétaires ont aussi pour projet d’ouvrir un hôtel. Mais pour l’heure, c’est pour les vins qu’on s’y arrête.

Si la plupart des vins corses sont issus de six cépages (sciaccarellu, niellucciu et grenache pour les rouges ; vermentino, genovese et biancu gentile pour les blancs), le terroir change beaucoup d’une région à l’autre. Le Domaine Saparale se situe sur le terroir granitique de Sartène, qui donne à ses vins des arômes puissants et une forte personnalité.

Produisant trois cuvées principales de rouges, de blancs et de rosés, les Farinelli se sont récemment mis à vinifier un cépage délaissé, le carcaghjolu (qui ne pousse que dans le sud de la Corse) dans des amphores, ces récipients en terre cuite autrefois utilisés par les Grecs et les Romains. Ce vin millésimé et produit en petites quantités fait partie de la cuvée Oenoteca, qui comprend des vins monocépages lorsque la récolte le permet.

Ma visite du domaine s’est conclue par une dégustation en compagnie de Meghan, la sommelière du domaine, dont le clou fut un extraordinaire vin blanc de la cuvée Oenoteca. Son nez dégage des arômes fumés, boisés et légèrement fruités, et il révèle en bouche des saveurs aussi uniques que le domaine où il a été produit.

 

2. PÂTISSERIE CASANOVA

Des spécialités à la châtaigne

En Corse, l’aliment incontournable est sans conteste la châtaigne. Elle figure sur tous les menus, sous la forme d’éclats caramélisés agrémentant un velouté ou de farine incorporée dans un moelleux à la châtaigne. Même la charcuterie a un goût de châtaigne ; les espèces locales de porcs se nourrissent de ce fruit dans les épaisses forêts qui recouvrent le paysage.

« La plupart des villages se situent à 800 mètres d’altitude, là où les châtaigniers poussent », explique le guide Gabriel Ottaviani. « La récolte, qui a lieu en octobre, est traditionnellement assurée par tout le village. Les gens font ensuite sécher les châtaignes sur des claies au-dessus de leur cuisine et de leur salon, avant de les trier et d’enlever leur bogue pour les réduire en farine ».

Cette farine sucrée et biscuitée, qui est d’appellation d’origine contrôlée, est l’un des produits les plus appréciés de l’île. Elle est traditionnellement utilisée pour la pulenda. Semblable à la polenta italienne, celle-ci est réalisée en mélangeant de la farine de châtaigne, de l’eau et du sel dans un cul-de-poule avec un bâton en bois (un pulendaghju) jusqu’à la formation d’une pâte qui est ensuite tranchée et frite dans le beurre. Cette spécialité est consommée en hiver dans toute la Corse et est servie avec du brocciu (un fromage très apprécié de l’île) et du figatellu (une saucisse sèche).

Bon nombre des châtaigneraies corses se trouvent dans les environs de la ville de Corte, dans les montagnes du nord de l’île. Dans ses boutiques et ses restaurants, les spécialités à base de châtaigne sont légion. Arrêtez-vous à la Pâtisserie Casanova pour acheter des gâteaux à la châtaigne et des pâtisseries appelées falculelle, une spécialité de Corte à base de jaune d’œuf, de sucre et de zeste d’orange, cuites sur des feuilles de châtaignier. Elles font la fierté du propriétaire des lieux, Edmond Casanova. « C’est mon arrière-grand-père qui les a inventées dans les années 1800 », explique-t-il. « À l’époque, les plaques de cuisson n’existaient pas, donc ils utilisaient des feuilles de châtaignier pour les mettre dans le four et les en sortir ; elles supportent bien la chaleur, sans brûler. Vous ne trouverez des falculelle qu’à Corte ».

 

3. JARDIN DES ABEILLES

Une farandole de miels

Partez à la découverte de la campagne corse et ouvrez grand les narines pour vous délecter des incroyables senteurs du maquis, ces formations d’arbustes et de buissons qui recouvrent les flancs de coteau. De nombreuses plantes, telles que la népéta, la myrte ou encore l’immortelle, attirent les abeilles. Le miel que les insectes produisent est complexe et varié, comme j’ai pu le découvrir au Jardin des Abeilles, une ferme apicole installée sur les collines de l’intérieur des terres, à une vingtaine de minutes en voiture d’Ajaccio.

« Seuls deux types de miel détiennent une appellation d’origine contrôlée en France », indique Tiphaine Pietri, la propriétaire des lieux. « L’un d’eux est le miel de sapin des Vosges, l’autre est le miel de Corse ».

« Il y a des règles très strictes concernant les endroits où les ruches peuvent être placées. Elles doivent être éloignées des cultures, même biologiques, et proches des plantes sauvages. Il n’y a pas vraiment d’agriculture intensive ici ; les abeilles circulent dans un rayon de 3 km autour des ruches ». Au retour de la visite du jardin, où se trouve une ruche d’exposition, et du sentier qui s’enfonce dans la forêt jusqu’à une rivière déchaînée, l’heure est venue de déguster quelques-unes des six types de miel corse AOP.

La dégustation commence par le plus doux, le miel de printemps, pour lequel les abeilles collectent le nectar des fleurs de clémentinier et d’asphodèles en avril. Le miel de maquis d’été, avec sa couleur ambre, est léger, fruité et aromatique ; il ne pourrait être plus différent du miel du miellat du maquis, à la robe sombre et au goût boisé, malté et légèrement amer. Cela s’explique par le fait qu’il est obtenu à partir de nectar de chêne et d’eucalyptus, et non pas de fleurs, et qu’il est récolté l’été, lorsque le maquis est sec.

La dégustation s’achève avec le miel de la châtaigneraie, riche et caramélisé, suivi du miel de maquis d’automne, assez similaire au premier, mais moins sucré. À consommer plutôt avec du fromage qu’au petit-déjeuner.

En plus des différences évidentes qui existent entre les principaux types de miel, Tiphaine souligne que leurs saveurs peuvent aussi varier d’un pot à l’autre. « Certains visiteurs préfèrent un miel à un autre fait dans une autre vallée », explique-t-elle. « Chaque lieu abrite des plantes différentes ; chaque année aura ses propres saveurs. C’est comme pour le vin », ajoute-t-elle.

 

4. CHARCUTERIE CORSE

Une terre de charcuterie

La charcuterie figure parmi les produits les plus importants de Corse. C’est grâce aux saucisses et autres viandes séchées de l’île que les montagnards parvenaient à survivre aux hivers rudes. Aujourd’hui, les visiteurs trouveront encore de la charcuterie suspendue dans les commerces de bouche, où l’odeur très forte du lonzu au goût de noisette caractéristique et de la coppa finement marbrée vient titiller les narines. Mais ne vous fiez pas à celle-ci : ces deux charcuteries sont bien meilleures en bouche.

Dans toute l’île de Beauté, nombreux sont les producteurs à suivre, aujourd’hui encore, les méthodes ancestrales permettant de créer différents types de viandes et de saucisses séchées qui seront consommées à certaines périodes de l’année. C’est notamment le cas de Dumè Cesari, dont l’atelier de transformation dans le village de Cozzano se situe sur le sentier de la Route des Sens Authentiques de l’île.

L’été, les cinq cent porcs de la race nustrale à la robe noire de Dumè se nourrissent dans les forêts de châtaigniers et de hêtres. L’hiver, lorsque les animaux ont dix-huit mois, l’éleveur passe à la fabrication de la charcuterie. « Nous la produisons en hiver, car autrefois, comme les réfrigérateurs n’existaient pas, ils faisaient la charcuterie les mois les plus froids de l’année », explique Dumè.

Malgré le riche patrimoine charcutier de la Corse, les producteurs locaux ne peuvent répondre à la demande des plus de trois millions de touristes qui visitent chaque année l’île de Beauté. Ceux qui recherchent l’authenticité doivent se tourner vers la charcuterie fabriquée à base de viande de porc de la race nustrale, plutôt que de viande importée. « Rien qu’au goût, vous savez que c’est de la vraie », décrit Dumè. « La façon dont nous élevons nos porcs est unique ici ; ce qu’ils mangent est totalement naturel et on le retrouve dans le goût de la viande ».

Dans sa chambre de maturation, il m’invite à en déguster plusieurs sortes. D’abord, le figatellu : cette saucisse à base de foie, de sang, de quelques morceaux de viande maigre, d’épices, le tout fumé au bois de hêtre, est consommée en hiver, car c’est la première charcuterie à être fabriquée. Dumè me découpe ensuite une fine tranche de prisuttu, un jambon très prisé à la couleur rouge foncé, enduit de paprika et d’autres épices. La dégustation se termine par une tranche de vuletta, qui ne présente quasi que du gras, à l’exception d’une fine bande de rouge. L’éleveur me suggère d’attendre quelques secondes avant de la mâcher. Je m’exécute : la charcuterie, à la texture veloutée et au goût de noisette, fond sur ma langue comme du beurre.

Cet article a initialement paru dans le numéro 23 (été 2023) du magazine Food by National Geographic Traveller (Royaume-Uni).

Cette nouvelle espèce, chef-d'œuvre de la nature, est surnommée le "gecko Van Gogh"

À l’autre bout du monde, 133 ans après que Vincent van Gogh a peint ce chef-d’œuvre, c’est « La Nuit étoilée » qui a surgi dans l’esprit d’Ishan Agarwal lorsqu’il a aperçu un petit gecko coloré parmi les pierres. 

En 2022, le biologiste a parcouru, à la recherche d’invertébrés encore inconnus de la science, les versants est des Ghâts occidentaux du Tamil Nadu, une chaîne de montagnes parallèle à la côte occidentale de l’Inde où de nombreuses espèces prospèrent. Ishan Agarwal, qui travaille pour la Thackeray Wildlife Foundation à Mumbai, une organisation à but non lucratif pour la préservation de la faune, a effectué près de 20 000 kilomètres sur plusieurs mois mais n’est revenu qu’avec des tiques qui le couvraient de la tête aux pieds. 

Il a commencé à se questionner sur ce qu’il essayait d’accomplir. C’est alors qu’il a entraperçu un gecko bleu et jaune, évoquant ces tourbillons emblématiques de jaune moutarde et de cobalt profond d’une peinture de Vincent Van Gogh. Cette découverte a changé la donne.

Le « gecko nain étoilé Van Gogh », comme il est surnommé, est l’une des deux nouvelles espèces étroitement apparentées du genre Cnemapsis, décrites dans une étude publiée dans la revue ZooKeys.

« Nous avons une faune incroyablement diversifiée mais nous la connaissons encore mal », explique le biologiste à propos des Ghâts occidentaux, un point chaud de la biodiversité où de nouvelles espèces sont régulièrement découvertes.

 

UN LÉZARD D’UNE AUTRE COULEUR

Le premier spécimen de Cnemaspis vangoghi, trouvé dans la Srivilliputhur-Megamalai Tiger Reserve, était un mâle qui ressemblait à une autre espèce du genre Cnemaspis récemment découverte : Cnemaspis galaxia. Ce n’est qu’après avoir ramené au laboratoire le reptile, dont le corps mesure près de 2,5 centimètres de long, et avoir analysé son ADN, qu’Ishan Agarwal a découvert que celui-ci était génétiquement distinct.

« Si nous découvrons autant d’espèces, c’est en partie parce que nous disposons de données moléculaires qui montrent que deux populations dissemblables représentent en réalité deux espèces différentes », indique-t-il. « Les différences entre ces espèces sont infimes. »

Comme son congénère, le mâle Cnemaspis vangoghi arbore des couleurs plus vives que les femelles. Le biologiste a également recueilli des spécimens de ce genre au cours de son voyage qui, quant à elles, portent des teintes sourdes de bleu et de jaune. 

Travis Hagey, biologiste évolutionniste à la Mississippi University for Women, explique que cette coloration distinctive peut rendre le gecko plus visible aux yeux des prédateurs. Les femelles privilégient les teintes opaques lorsqu’elles choisissent leurs partenaires.

« C’est une attraction-répulsion permanente », conclut-il.

 

DES ESPÈCES PEU ÉTUDIÉES

Bien qu’il soit trop tôt pour savoir quelles menaces, s’il en existe, pèsent sur ces geckos, Ishan Agarwal estime que la découverte de ces reptiles dans la réserve de tigres leur offre une marge de sécurité dont beaucoup d’autres espèces ne disposent pas.

Un autre avantage pour Cnemaspis vangoghi est que les Ghâts occidentaux sont en grande partie inexploités par l’Homme, notamment car leur terrain montagneux et escarpé est difficile d’accès, même pour des chercheurs expérimentés. 

Des difficultés sont également rencontrées à basse altitude, puisque de nouvelles espèces qui se cachent dans des zones ombragées et rocailleuses sur le sol de la forêt ou le long des cours d’eau, peuvent facilement passer inaperçues.

De plus, les lézards sont particulièrement peu étudiés, révèle James Stroud, un écologue évolutionniste de l’Institut de Technologie de Géorgie qui n’a pas participé à l’étude.

« Il n’y a tout simplement pas assez de biologistes spécialistes des lézards », déclare-t-il.

 

« ILS ONT TOUS LEURS PARTICULARITÉS »

Cela n’a pas empêché Ishan Agarwal et d’autres scientifiques de lancer des expéditions dans la région, efforts qui ont pris de l’ampleur ces dernières années. 

Voici vingt ans de cela, par exemple, les scientifiques ne connaissaient qu’une poignée d’espèces appartenant au genre Cnemaspis. Aujourd’hui, on en dénombre plus d’une centaine rien qu’en Inde et au Sri Lanka.

Selon Aaron Bauer, écologue à la Villanova University et spécialiste des geckos qui n’a pas participé à l’étude, au niveau mondial, la littérature scientifique fait état d’au moins 2 300 espèces du genre Cnemapsis, ce qui représente une augmentation considérable par rapport au millier recensé il y a seulement quelques années. 

« De nouveaux geckos sont décrits en permanence et l’Inde est l’une des régions où l’activité est dense », explique-t-il.  

Pour Travis Hagey, cette découverte apporte de nouveaux éléments, en termes de connaissances, qui permettront de continuer à percer les mystères de la biodiversité terrestre. « Ces articles sont importants parce qu’ils constituent une nouvelle étape dans la compréhension de la complexité de nos écosystèmes », affirme-t-il. « Nous devons comprendre qu’il existe là tout un groupe de geckos dont nous ne connaissions même pas l’existence et qu’ils ont tous leurs particularités. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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