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Les consommateurs victimes des lois censées les protéger

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du consommateur ?

Christiane Scrivener, secrétaire d’État à la Consommation de janvier 1976 à mars 1978, fut à l’origine des deux lois qui portent son nom.

La loi du 10 janvier 1978 relative à l’information et à la protection des consommateurs dans le domaine de certaines opérations de crédit, dite loi Scrivener I, impose aux établissements de crédit d’apporter un minimum d’information et de protection à l’emprunteur.

Parmi les dispositions de la loi figuraient :

  • l’obligation de formaliser l’offre de crédit par un contrat ;
  • la liste des mentions obligatoires des offres (montant du crédit, TAEG, durée, montant à rembourser, montant des frais, etc.) ;
  • la remise d’un échéancier prévisionnel reprenant la part d’assurance, de capital remboursé et de capital restant dû chaque mois ;
  • un délai de rétractation de 7 jours ouvrés après la signature.

 

La loi Scrivener II du 13 juillet 1979 relative à l’information et à la protection des emprunteurs dans le domaine immobilier, avait comme objectif principal de lutter contre le surendettement. Elle venait compléter la loi Scrivener I dans le domaine des prêts immobiliers, imposant, notamment :

  • l’édition d’un tableau d’amortissement détaillé ;
  • l’indication du montant des frais de dossier ;
  • un délai de réflexion de 30 jours francs avec un délai minimum de 10 jours à compter de la réception de l’offre.

 

D’autres lois viendront par la suite compléter ce dispositif légal. Le site de l’Institut national de la consommation (INC) recense pas moins de 75 lois intéressant le consommateur entre 1982 et 2020, comme les lois Quillot (1982), Neiertz (1982), SRU (2000), Chatel (2005 et 2008), Lagarde (2010) ou bien Hamon (2014).

La dernière en date étant celle du 9 juin 2023 visant à encadrer l’influence commerciale, et à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux.

Nous pouvons comprendre que la loi érige quelques règles de bonne conduite entre les entreprises et leurs clients, et donne un cadre aussi bien aux unes qu’aux autres. Mais vouloir entrer dans les moindres détails et multiplier les textes réglementaires revient à considérer le consommateur – à l’instar du salarié – comme un individu faible et irresponsable qui a besoin d’être protégé de lui-même.

Reprenons l’exemple de la loi Scrivener II qui introduit un délai de réflexion de 30 jours francs lorsque l’on contracte un prêt immobilier. Elle fixe aussi un délai minimum de 10 jours dont personne ne peut s’affranchir. C’est-à-dire que l’emprunteur peut signifier à sa banque qu’il accepte le prêt à compter du onzième jour de la réception de l’offre de crédit (et donc ne pas attendre les 30 jours), mais il ne peut le faire dès le deuxième jour. N’est-ce pas le considérer comme un enfant mineur qui ne sait pas ce qu’il fait ?

De même, alors que la loi Scrivener I prévoyait un délai de rétractation de 7 jours après la signature d’un crédit à la consommation, la loi Lagarde de 2010 l’a porté à 14 jours. Le délai de rétraction est aussi de 14 jours en cas de vente à distance (internet, téléphone, voie postale ou fax), par exemple. N’est-ce pas prendre le consommateur pour quelqu’un qui ne réfléchit pas suffisamment avant de prendre une décision ?

 

Des protections qui se retournent contre le consommateur

Dans le domaine du logement, l’IREF a démontré à maintes reprises comment les dispositions censées protéger les locataires se retournaient contre eux.

Ainsi les lois prises entre 1914 et 1923 aboutirent-elles à bloquer les loyers et à décourager la construction de logements. La fameuse loi de 1948 statufia le parc locatif, les locataires ne bougeant plus de chez eux afin de conserver leur loyer bloqué. Les récentes lois figeant ou encadrant les loyers ont pour conséquence de réduire le nombre de bailleurs qui préfèrent se tourner vers la location de courte durée de type Airbnb. L’interdiction des expulsions locatives entre le 1er novembre et le 31 mars a aussi pour résultat de décourager les propriétaires de louer leurs biens.

Autre exemple avec la loi Lemoine de février 2022 « pour un accès plus juste, plus simple et plus transparent au marché de l’assurance emprunteur » qui a, notamment, supprimé le questionnaire médical pour une large partie des emprunteurs, en l’occurrence ceux dont le prêt assuré est inférieur ou égal à 200 000 euros et qui le remboursent avant l’âge de 60 ans. L’objectif de cette mesure était d’éliminer les discriminations dont étaient victimes, au moment de souscrire une assurance-emprunteur, les personnes présentant des risques de santé. Ces « discriminations » consistaient à appliquer des surprimes ou des exclusions de garanties. Depuis le 1er juin 2022 (entrée en vigueur de la loi), les assureurs ne peuvent donc plus interroger leurs clients qui répondent aux deux critères mentionnés plus haut. Cela concerne plus de 50 % des emprunteurs.

Les effets pervers de cette loi sont évidents et se sont déjà fait sentir, nul besoin d’attendre le rapport que le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) doit produire au plus tard d’ici février 2024.

En effet, faute de pouvoir évaluer correctement le risque, certains assureurs préfèrent ne pas traiter avec les personnes couvertes par la loi Lemoine et, par conséquent, ne produisent même pas de devis. D’autres ont choisi d’augmenter leurs tarifs – de 15 % à 30 % – pour tout le monde. Enfin, une dernière catégorie a changé les conditions générales des contrats qui comportent désormais des exclusions « tendant à amoindrir ou annuler la prise en charge des pathologies antérieures à l’adhésion quand les personnes ne répondent pas à un questionnaire médical ».

En résumé, l’emprunteur – qui n’a pas vraiment lu des conditions générales car il se sait bien protégé par la loi Lemoine – se croit couvert pour certains risques alors qu’il ne l’est pas.

 

La protection par la concurrence

Finalement, la loi Lemoine aboutit à restreindre le choix des consommateurs (ils ont moins d’offres), à augmenter le coût des assurances et à réduire la protection des clients.

En réalité, nombre de lois de protection des consommateurs reviennent à ériger des barrières à l’entrée du marché, c’est-à-dire à empêcher l’arrivée de nouveaux acteurs. Au contraire, quand la concurrence fonctionne à plein, les entreprises recherchent les meilleurs moyens de servir les clients. Offrir plus de choix aux consommateurs est une bonne manière de les protéger.

Qui est le mieux protégé aujourd’hui ? Le voyageur français du XXe siècle qui pour se déplacer n’avait le choix, en simplifiant, qu’entre les monopoles d’Air France, de la SNCF et des taxis ? Ou celui du XXIe siècle qui peut se tourner vers les compagnies aériennes low cost comme Ryanair ou easyJet, la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia, les VTC, les cars Macron ou le covoiturage ? La libéralisation du marché du transport – qui est loin d’être terminée – a mieux servi les consommateurs que la plupart des lois prétendument protectrices.

Renforcer la concurrence devrait être le cheval de bataille de tous ceux qui prétendent vouloir protéger les clients, au premier rang desquels les associations de consommateurs. Au lieu de cela, elles réclament toujours plus de contraintes pour les entreprises, pénalisant ceux qu’elles sont censées défendre.

Sur le web.

Néolibéralisme, le bouc émissaire bien commode

Par Johan Rivalland.

Le penchant de l’homme à chercher des boucs émissaires responsables de ses malheurs était l’objet du célèbre ouvrage de René Girard intitulé Le bouc émissaire. Il semble bien qu’en ces temps troublés, un néologisme déjà très en vogue depuis un certain temps occupe plus que jamais ce rôle bien commode et rédempteur.

Plus un journal, un magazine, une émission radiophonique ou télévisuelle, un ouvrage à la mode, un discours public ou privé, qui ne nous servent à l’heure actuelle des analyses très vagues et très conventionnelles (mais qui se veulent originales) sur ce mystérieux mal qui nous ronge et qui a pour nom « néolibéralisme ».

Ne me demandez pas de le définir, je ne sais pas ce que c’est.

Pas plus que ne le savent vraiment ceux qui le dénoncent, puisqu’à son sujet ils sortent souvent des propos incohérents ou contradictoires qui montrent qu’ils se font leur propre idée du mal en question, en étant tantôt dans le domaine du fantasme, tantôt dans l’erreur la plus manifeste.

Chacun peut d’ailleurs mettre ce qu’il veut derrière ce mot, c’est ce que l’on constate en écoutant ou lisant les propos des uns et des autres sur tous les côtés de l’échiquier politique, ou dans la large palette des « intellectuels ».

Nous voici presque revenus aux temps mythiques de la chasse aux sorcières. À quand les procès ? À quand les condamnations en bonne et due forme ? À quand les interdits ? (cela a déjà plus que largement commencé).

Dix-septième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

 

Un leurre bien commode

« Le monde va mal. Une pandémie l’a touché. Nous sommes pris au dépourvu. Tout va mal, tout s’écroule. Qu’a-t-il donc pu se produire ? D’où cela est-il venu ?

– Le néolibéralisme, pardi !
– Des morts plein les hôpitaux, plein les Ehpad, plein les demeures.
– Le néolibéralisme.
– Mais comment avons-nous donc pu ne pas voir venir ? Pourquoi n’avons-nous rien prévu ?
– Le néolibéralisme.
– Nous avions pourtant le meilleur système de santé au monde…
– Le néolibéralisme.
– Comment avons-nous pu laisser faire ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
– Le néolibéralisme.
– Des riches toujours plus riches, des pauvres toujours plus pauvres, des hôpitaux sans moyens, un monde sans contrôle, une planète qui va disparaître, un effondrement total… (dépité) : et que sais-je encore ?
– Le néolibéralisme, vous dis-je.
– Mais que faire alors, docteur ?
– Un seul remède : se couper du monde, mettre fin aux égoïsmes et à cette fichue société de consommation. Et promouvoir les solidarités, en lieu et place, en restaurant la paix, l’amour et la solidarité. Vivre d’amour et d’eau fraîche. Chanter la joie, la planète, les petits oiseaux et mettre fin à cette monstrueuse haine qui nous tue à petit feu.
– Et quoi d’autre ?
– Mettre fin à cette odieuse mondialisation.
– Quoi encore, docteur ?
S’unir contre cette hydre qu’est le néolibéralisme.

 

Le fameux « monde d’après » contre le néolibéralisme

Les adversaires du néolibéralisme sont légion, ils n’ont même jamais été aussi nombreux et font actuellement feu de tout bois. Les anaphores aussi ont le vent en poupe. Et en la matière, nous avons de grands champions, grands prophètes du désormais très prisé « monde d’après ». Nicolas Hulot égrène ainsi ses 100 préceptes, plus idylliques et exaltés les uns que les autres.

Sans oublier ces indécents, insupportables et révoltants donneurs de leçons qui, telle une Juliette Binoche – pas à une contradiction près – vivent dans l’aisance, promeuvent les valeurs du luxe (tant que cela rapporte), mais entendraient priver ceux qui ont besoin de consommer. Tandis que d’autres encore – à l’image de notre chère petite Greta – prônent, là aussi pour les autres, ce qu’ils ne s’appliquent pas vraiment à eux-mêmes.

Mais en matière d’anaphores, nous avons aussi ceux qui, sans cette fois-ci se réfugier derrière l’épouvantail de l’odieux néolibéralisme, s’en prennent plus directement au libéralisme lui-même. À l’image de Laurent Dandrieu, rédacteur en chef culture à Valeurs actuelles (un journal naguère d’esprit plutôt libéral, qui semble être devenu son adversaire farouche en l’espace de trois ou quatre ans à peine), qui écrit dans le numéro du 14 mai 2020 un article intitulé « Ne pas faire du libéralisme une vache sacrée ».

Une longue litanie déclinée en « C’est bien au nom d’une logique libérale que… », avec pêle-mêle :

– la mise en cause de la libre circulation des biens et des personnes (vivons confinés)

– celle du non renouvellement des stocks de masques (bien sûr, la faute au libéralisme, cela va de soi)

– la dépendance vis-à-vis de la Chine pour l’approvisionnement en masques à cause de la logique économique des coûts de production (le libéralisme, bien sûr, avec son amour, entre autres, des lourdes charges qui pèsent sur les entreprises, c’est bien connu…)

– la renonciation à l’indépendance pharmaceutique de la France, qui a laissé aux mains de la Chine et de l’Inde la production de la quasi-totalité des médicaments, au risque de nous asphyxier en cas de conflit mondial (mais c’est bien sûr !)

– l’abandon par la France de certains de ses fleurons industriels passés sous fleuron étranger (l’inverse, par contre, n’existe pas)

– la privatisation envisagée par l’État (cherchez l’erreur) d’autres entreprises stratégiques telles ADP

– la folie (reprenant les formulations de notre cher président, il y a peu encore qualifié de libéral) de déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d’autres (halte à l’invasion, replions-nous !)

Passons sur l’idée de « logique libérale », pour peu que le libéralisme soit doté d’une logique organisée, voire planificatrice, là où elle est plutôt – nous l’avons évoqué à de multiples reprises – une philosophie du droit et des libertés fondamentales. Il n’en reste pas moins que c’est bien de bouc émissaire qu’il s’agit ici. Comme si tous les problèmes évoqués avaient bien le libéralisme pour source commune et fondamentale.

C’est pourquoi le même journal, dans un numéro spécial du Spectacle du monde, éditait un dossier intitulé « Coronavirus, le monde d’après », dossier entièrement à charge contre le néolibéralisme, la mondialisation libérale, l’idéologie mondialiste, les mécanismes qui ont affaibli l’État, l’individualisme, la soumission commerciale et le consumérisme. Des thèmes devenus chers aujourd’hui à ce journal de droite qui en a fait quelques-unes de ses cibles privilégiées.

Aujourd’hui, en effet, plus rien ne distingue vraiment droite et gauche en la matière. Et tous s’accordent à rêver du fameux monde d’après.

 

La course à l’étatisme

Et pour cela, un seul remède, si l’on en revient à notre fameux docteur, sur le mode Malade imaginaire : l’argent (public) qui coule à flots.

Là encore, nous sommes dans la surenchère. Droite et gauche confondues, chacune y va de ses propositions à qui mieux mieux. Il suffit de créer de l’argent en abondance… et même de la dette perpétuelle. Mais pourquoi diable ne pas y avoir pensé plus tôt ? (Jean-Luc Mélenchon, lui, était un visionnaire, avec quelques-uns de ses amis).

À gauche comme à droite, cela ressemble même à une véritable compétition, mettant en avant ceux qui se sentent une âme de hérauts. Un Julien Aubert, comme le montre bien Nathalie MP Meyer, ne fait-il pas ainsi partie de ceux qui « osent » dresser le bilan de la « mondialisation néolibérale » ? Oubliant le fait que l’on savait ce qui risquait fortement d’arriver, mais qu’on ne l’avait pas anticipé dans les actes.

Nonobstant qu’il est resté proche de ceux qui ont gouverné la France il y a peu encore (sans jamais s’être réclamés du libéralisme, loin s’en faut) et doivent assumer, de fait, une part certaine de l’héritage français, Julien Aubert ose qualifier la politique sanitaire de la France de « digne du tiers monde » et met en cause la « pensée bruxello-budgétaro-néolibérale » de la droite (tout un programme). Oubliant au passage que la droite française n’a jamais été libérale.

Il réclame ainsi l’avènement d’un État stratège et la souveraineté de la France. Ne se distinguant guère de ce que propose la quasi-totalité de l’échiquier politique actuellement, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, sans oublier les grands journaux, de Marianne ou Libération à Valeurs actuelles.

Mais surtout, il omet de remarquer, comme le rappelle une nouvelle fois et à juste titre Nathalie MP Meyer, que la France reste championne des dépenses publiques et que les effectifs de la fonction publique demeurent eux aussi à un niveau record.

Comment oser, dans ce contexte, qualifier la politique de la France -que ce soit hier ou aujourd’hui – de « néolibérale » ? Il faut vraiment être de très mauvaise foi ou inculte. Ou alors ne plus avoir le sens des réalités, et se laisser emporter par ses fantasmes et la perte du sens des réalités (je pencherais plutôt pour cette solution, en y ajoutant toutefois une certaine dose d’opportunisme politique, bien sûr).

Le problème est qu’à force de répétition, ces discours creux et purement politiques finissent par s’imprimer dans les esprits, et par déboucher sur toujours les mêmes recettes à base de protectionnisme (quelle que soit sa coloration, « vertueux » ou autre). Dont Pascal Salin, entre autres, avait particulièrement bien mis en lumière les effets dévastateurs.

 

L’exemple de la course au vaccin

Après le scandale des masques vient la grande naïveté au sujet de la recherche d’un vaccin. Nous n’en sommes même pas encore à l’assurance d’en trouver un rapidement que déjà on se dispute ou on érige certaines morales au sujet de la gratuité que devra avoir l’éventuel vaccin, de son caractère de « bien commun », et de l’interdiction éventuelle que devra avoir l’entreprise qui le trouvera d’en dégager des bénéfices.

Oubliant les vertus de la concurrence et des initiatives privées sur la stimulation de la recherche, on veut à tout prix imaginer une grande coopération internationale, sous l’égide de gouvernements ou d’organismes publics, dans un contexte de guerre larvée entre la Chine et les États-Unis, qui veulent vraisemblablement en faire une arme pour asseoir leur domination.

On se souvient du triste spectacle des cargaisons de masques subtilisées par des États à d’autres États. On entrevoit aussi l’immense problème qui va immanquablement se poser le jour où un vaccin sera enfin prêt à être fabriqué, mais qu’il faudra de nombreux mois pour en produire des quantités suffisantes pour approvisionner toute la planète. Et on veut faire croire que les États rivaux sauront s’entendre tout d’un coup pour définir les « bonnes » priorités ?

En attendant, plutôt que de laisser de grands laboratoires tels que ceux de Sanofi travailler en toute quiétude, on leur dresse déjà de mauvais procès avant l’heure. Craignant là encore, n’en doutons pas, les fameux travers du grand méchant « néolibéralisme ». On est toujours mieux servi par la magnifique puissance publique qui, elle, est réputée si efficace.

Au fait… quel était, déjà, ce fameux « meilleur système médical au monde » ? Ah oui, la France. Et son glorieux service public que le monde entier nous enviait (mais ayant dégénéré sans qu’on s’en soit rendu compte en gestion « néolibérale » ?).

Et quel est le pays dans lequel on déplore à l’heure actuelle le plus de victimes du covid en proportion de la population ? Ah oui, le Royaume-Uni. Et son fameux système de santé… totalement étatisé. Mais je suis sans doute mauvaise langue.

Toujours est-il que pendant ce temps-là, la Chine réalise actuellement des essais de cinq vaccins sur un échantillon de 2500 cobayes, pardon, humains. Tous vraiment volontaires ? Et croyez-vous qu’elle attendra pour lancer la première son vaccin à l’échelle de la planète, pendant que les autres pays se livreront à une foire d’empoigne sous couvert de plan de recherche publique concerté qui relève plus de l’incantation que d’autre chose ? J’en doute.

 

Le protectionnisme, du néolibéralisme ?

Car à bien écouter nos politiques, nous en sommes plutôt à mettre en avant les valeurs de patriotisme. N’est-ce pas d’ailleurs ce que la Chine ou l’Amérique trumpienne tentent d’ériger également ? Tandis que l’Inde, de son côté, semble pratiquer le national-populisme. Mais est-ce vraiment le modèle que nous souhaitons suivre ?

Car le patriotisme chinois, c’est aussi la propagande autour de la supériorité chinoise (il est vrai que nous aussi ne manquions jamais de faire référence à notre « meilleur système de santé au monde, tel que rappelé plus haut).

En conclusion, si le « néolibéralisme », aux contours flous et mal définis, est un bouc émissaire bien commode pour exorciser tous les maux réels ou imaginaires qui nous poursuivent, nous ferions bien d’envisager des modes de coopération bien plus réalistes et sereins.

Oui à des relocalisations bien choisies et bien pensées (qui peuvent être d’initiative privée) dans des cas très précis, lorsqu’il y a un réel risque de mise en péril de notre sécurité (peut-on toujours coopérer sans risque avec des États totalitaires ?). Mais non, ne nous imaginons pas reconstruire de toutes pièces un monde idéal et fantasmé, fondé autour d’un protectionnisme dont l’histoire a montré qu’il était l’un des plus grands dangers qui nous menacent, et une source d’appauvrissement de tous lorsqu’il devient généralisé par un regrettable effet d’escalade.

Le bien de tous me semble résider plutôt dans l’échange et la coopération (essentiellement privée) que dans les grands schémas ou les grandes constructions théoriques fondés davantage sur le rejet que sur la confiance.

Article publié initialement le 18 mai 2020.

À lire aussi :

« Harmonies économiques » : savez-vous vraiment ce qu’est le libre-échange ?

L’échange est un droit naturel, et le protectionnisme sa négation. C’est le service qui fait la valeur, et non le travail.

Si vous aviez lu Frédéric Bastiat vous le sauriez.

Mais qui aujourd’hui en France lit ce grand penseur libéral du XIXe siècle, précurseur de l’école autrichienne d’économie ? Mais qui lit qui que ce soit de vraiment libéral sur le plan économique ? D’autant qu’aucun homme politique n’ose désormais se réclamer du véritable libéralisme. Je dis bien du véritable libéralisme, celui que l’on trouve chez Hayek, pas du néo-libéralisme ni de l’ordolibéralisme allemand.

Un éditeur antillais, martiniquais pour être exact, IDEM, réédite Harmonies économiques de Frédéric Bastiat pour la rentrée littéraire 2023.

C’est l’occasion de redécouvrir ce grand penseur français que désormais seuls les Américains et les Anglais connaissent. Le déclic de cet éditeur antillais fut de s’apercevoir que Bastiat qui, par ailleurs déplore la trop grande admiration des sociétés antiques grecque et romaine, était à son époque radicalement anti-esclavage et opposé au colonialisme.

Frédéric Bastiat a une grande influence sur la pensée économique, bien qu’à rebours des théories en vogue de son temps, le protectionnisme à droite et le socialisme à gauche, pour aller vite. Il se présente comme un fervent défenseur du libre-échange et un détracteur de tout système économique teinté d’interventionnisme.

Le jeune Bastiat se passionne pour la philosophie. Il lit des auteurs libéraux comme Jean-Baptiste Say, Charles Dunoyer ou Benjamin Franklin.

Il réfléchit avec eux sur la société, la liberté, la politique et le Parlement. Et puis il y a l’Angleterre – ah ! l’Angleterre, et les économistes anglais. Leur ferveur pour le libre-échange le passionne. Si ce mouvement pouvait se diffuser aussi en France ! Et ce Premier ministre du Royaume Uni, Robert Peel (1841 à 1846), certes conservateur, qui décide de pratiquer une politique unilatérale de libre-échange. Robert Peel propose de régler les tarifs anglais selon leurs intérêts, et cela permettra de mettre les produits du monde à la portée des consommateurs anglais.

Dans Harmonies économiques, Bastiat propose un examen critique de La richesse des Nations de Adam Smith puis de David Ricardo et Jean-Baptiste Say. À la différence de Say qui pense que l’utilité est le fondement de la valeur ou de Ricardo pour qui le travail dépensé pour produire les biens détermine le prix, pour Bastiat, la valeur s’exprime à travers les services rendus. Son idée, c’est que c’est le service et non le travail qui détermine la valeur.

Pour Bastiat, la valeur, c’est ce qu’il en coûte pour se procurer une richesse. Toute l’économie est fondée sur des échanges de services et non pas de produits. Dans un système où la liberté existe, il y a une équivalence entre les services rendus.

Si le maître mot de sa pensée présenté dans Harmonies économique est RESPONSABILITÉ, Bastiat exprime autre chose qui a sans doute contribué à son oubli volontaire par les socialistes et par les rad-soc francs-maçons de la Troisième République. Frédéric Bastiat est catholique.

Ainsi s’exprime-t-il dans Harmonies économiques :

« Il y a dans ce livre une pensée dominante ; elle plane sur toutes ses pages, elle vivifie toutes ses lignes. Cette pensée est celle qui ouvre le symbole chrétien : Je crois en dieu.

Oui, s’il diffère de quelques économistes, c’est que ceux-ci semblent dire : « Nous n’avons guère foi en Dieu ; car nous voyons que les lois naturelles mènent à l’abîme. — Et cependant nous disons : Laissez faire ! parce que nous avons encore moins foi en nous-mêmes, et nous comprenons que tous les efforts humains pour arrêter le progrès de ces lois ne font que hâter la catastrophe. »

S’il diffère des écrits socialistes, c’est que ceux-ci disent : « Nous feignons bien de croire en Dieu ; mais au fond nous ne croyons qu’en nous-mêmes, — puisque nous ne voulons pas laisser faire, et que nous donnons tous chacun de nos plans sociaux comme infiniment supérieur à celui de la Providence. »
Je dis : Laissez faire, en d’autres termes, respectez la liberté, l’initiative humaine… »

Bastiat, c’est avant tout une pensée philosophique, juridique et politique de la libération de l’Homme, et surtout une écriture élégante et puissante. Il y a un bonheur de lire cet auteur libéral qui n’a pas besoin de torturer la langue française pour exprimer sa pensée, mais qui au contraire la libère.

Gustave Flaubert écrivait à George Sand le 7 octobre 1871, soit plus de vingt ans après la disparition du penseur, c’était l’essor des hussards noirs de la Troisième république : « Dans trois ans tous les Français peuvent savoir lire. Croyez-vous que nous en serons plus avancés ? Imaginez au contraire que, dans chaque commune, il y ait un bourgeois, un seul, ayant lu Bastiat, et que ce bourgeois-là soit respecté, les choses changeraient ! »

Frédéric Bastiat, Harmonies Économiques, IDEM 778 p. 21€80

Réédition chez IDEM de l’ouvrage paru la première fois en 1850, addenda post morten et notes de bas de pages de l’éditeur.

Biden : une hausse des prix des conserves à cause du protectionnisme

Par : Reason

Par Eric Boehm.

L’administration Biden envisage d’imposer de nouveaux droits de douane sur certaines importations d’acier, ce qui aurait pour effet d’augmenter les prix des denrées alimentaires pour les consommateurs déjà ébranlés par la récente vague d’inflation.

Le ministère du Commerce et la commission du commerce international examinent une requête visant à imposer des droits de douane allant jusqu’à 300 % sur le fer blanc, un composant clé des boîtes de conserve telles que celles couramment utilisées pour emballer les produits alimentaires, notamment le thon, la soupe, les haricots cuits au four et bien d’autres encore. Si l’administration décide d’appliquer ces droits de douane aux importations en provenance de huit pays, il s’agira d’une manœuvre protectionniste flagrante visant à avantager une seule entreprise américaine – Cleveland-Cliffs Inc. basée dans l’Ohio, qui a demandé les droits de douane – aux dépens des consommateurs de tout le pays.

Les tarifs douaniers proposés « menacent l’emploi, au nom de la relance de l’emploi » et « augmentent les prix pour les consommateurs à faibles revenus, au nom de l’aide à la classe ouvrière », écrit Catherine Rampell, du Washington Post.

En effet, les dernières années ne devraient laisser aucun doute sur le fait que les droits de douane imposent non seulement des coûts économiques aux consommateurs, mais qu’ils ne parviennent pas non plus à atteindre leurs objectifs politiquement motivés. Une étude après l’autre ont montré que les droits de douane imposés par l’administration Trump sur l’acier, l’aluminium et beaucoup d’autres marchandises ont eu pour conséquence que les consommateurs américains ont payé des prix plus élevés. Au début du mois, en fait, un autre nouveau rapport a révélé que les importateurs américains supportent 93 % des coûts supplémentaires liés aux droits de douane de Donald Trump.

Les nouveaux droits de douane sur l’acier utilisé pour fabriquer les boîtes de conserve auront probablement un résultat similaire. La Consumer Brands Association, qui représente plus de 2000 entreprises, dont Campbell’s Soup et d’autres marques susceptibles d’être lésées par les droits de douane, estime que la taxe à l’importation de 300 % proposée ajouterait environ 58 cents au coût moyen d’un produit alimentaire en conserve.

Mais les consommateurs ne sont pas les seuls perdants.

Étant donné que les coûts supplémentaires liés aux droits de douane seront répercutés tout au long de la chaîne d’approvisionnement, la Consumer Brands Association estime qu’ils mettraient en péril 40 000 emplois. Une étude distincte réalisée par Trade Partnership Worldwide LLC, un groupe de réflexion pro-commerce, a révélé que 600 emplois seraient menacés pour chaque emploi dans le secteur de la fabrication d’acier protégé par les droits de douane proposés.

Il s’agit d’une dynamique similaire à celle qui s’est produite en 2018 après que Trump a imposé des droits de douane sur l’acier importé. Cette politique était censée protéger les emplois sidérurgiques américains et promouvoir la production nationale, mais elle a eu pour conséquence d’augmenter les coûts des industries consommatrices d’acier, qui emploient beaucoup plus de travailleurs.

En conséquence, chaque emploi « sauvé » par les droits de douane a coûté aux consommateurs environ 650 000 dollars, selon l’Institut Peterson d’économie internationale, un groupe de réflexion axé sur le commerce.

Si l’administration Biden va de l’avant avec les droits de douane, il s’agira d’un compromis encore plus déséquilibré. David Chavern, président et directeur général de la Consumer Brands Association, a déclaré dans un communiqué que l’administration choisirait en fait de « soutenir une entreprise aux dépens de toute une industrie nationale et des consommateurs qui dépendent de ces produits essentiels ».

En plus de répéter les erreurs de l’administration Trump, cela pourrait être une autre illustration de la façon dont la Maison Blanche de Joe Biden a oublié que les travailleurs sont aussi des consommateurs. La soi-disant « politique commerciale centrée sur les travailleurs » du président vise à protéger les emplois syndiqués, mais ignore souvent les conséquences économiques qui font grimper les prix pour ces mêmes travailleurs lorsqu’ils débrayent. L’augmentation des prix à l’épicerie ne rendra pas la vie plus facile aux cols bleus que M. Biden dit vouloir aider.

Sur le web

Comment protéger les données des mineurs sur internet ?

Internet rend toutes vos données publiques et éternelles. Or, chaque donnée peut vous porter préjudice ultérieurement.

Dans cet article, nous examinerons les mesures que vous pouvez prendre pour protéger les données de vos enfants et garantir leur sécurité en ligne.

 

Sensibiliser au risque

Les données alimentent notre traçage sur internet, et parfois des trafics douteux.

On trouve sur internet des reventes massives de comptes Facebook ou Instagram, de cartes bancaires pirates ou des photos illégales. De plus, l’IA permet maintenant de se faire passer pour n’importe qui avec une simple photo ou un extrait de voix (deepfake).

De plus, aucune donnée sur internet n’est confidentielle. Car même les données « privées » sont revendues (Facebook a revendu des millions de données à Cambridge Analytica), mais elles peuvent être piratées, et ainsi finir accessibles à tous (piratage de données de santé).

Bref, internet rend toutes vos données publiques et éternelles. Or, chaque donnée peut vous porter préjudice ultérieurement.

Il faut donc faire preuve de parcimonie, et éduquer nos enfants à mettre le minimum de données sur internet.

Surtout qu’ils ne sont pas les seuls à blâmer, beaucoup de parents n’hésitent plus à submerger TikTok, Instagram ou Facebook des photos de leurs chérubins. Les mauvaises habitudes sont souvent héréditaires !

 

Privilégier les plateformes destinées aux enfants

La loi est très claire : pas de collecte de données sans l’aval des parents avant l’âge de 15 ans.

Pourtant, elle est rarement respectée, car les entreprises ne peuvent vérifier l’âge en ligne.

Aussi, des plateformes dédiées aux enfants sont apparues et respectent cette loi. Il existe YouTubeKids ou encore Kiddle, un moteur de recherche dédié aux enfants.

 

Filtrer le contenu

En soi, le téléphone est presque une chance pour les parents. Contrairement à l’ordinateur, le smartphone est un appareil très contrôlable. On peut parfaitement interdire des applications, ainsi qu’interdire l’usage de l’appareil photo pour certaines apps, comme TikTok ou Instagram pour éviter que les photos de nos enfants se retrouvent en accès libre. Ou même définir un temps d’utilisation pour chaque application.

Que ce soit Android ou iPhone, il est possible d’imposer un contrôle strict.

Le filtrage peut aussi se faire à l’aide d’un pare-feu qui va filtrer l’accès aux sites internet. Il faut le mettre directement sur le téléphone. Ainsi il va filtrer aussi bien le contenu des pages web que celui des apps, en venant du wifi ou de la 4G. Il en existe pour Android et iPhone.

Pour bannir TikTok, il faut filtrer les sites web : tiktokv.com, tiktok.com, tiktokcdn.com, tiktokd.org, pstatp.com.

Pour bannir Instagram, il faut filtrer les sites web : cdninstagram.com, ig.me, instagram.com, facebook.com

 

Changer de smartphone

De nouveaux types de téléphones ont été conçus pour les pays émergents n’ayant ni le haut débit ni l’argent pour un smartphone. Ils fonctionnent sur KaiOS, un OS moins puissant qu’Android ou iPhone, mais plus fonctionnel qu’un Nokia 3310.

Sur ces téléphones, on a la 4G, le Wifi, le GPS, WhatsApp, YouTube sans Tiktok, ni Instagram ou Fornite, le tout dans un format 3310.

Les fonctionnalités indispensables d’un smartphone, sans l’addiction.

Mondialisation : « Doux commerce » ou capitalisme de connivence

Le coronavirus a mis la mondialisation en accusation, à cause d’un virus venu de Chine, diffusé par des touristes et des gens de tous pays, y compris des immigrants. Des masques, des tests, des médicaments venus d’ailleurs, rançon de notre dépendance au reste du monde : pourquoi ne pas vivre heureux à l’intérieur de notre Hexagone, voire d’une Europe réduite à sa plus simple expression ?

Cette dépendance rejoint curieusement celle qu’inspirent les menaces qui pèsent sur la planète : le virus fait peur, et la peur nous habite parce que le monde entier est menacé par le cataclysme écologique qui nous attend. Pandémie virale et pandémie écologique se conjuguent facilement dans l’esprit d’une grande partie des Français.

Mais, curieusement, si l’on en croit les récents sondages, les mêmes Français seraient bien moins inquiétés par la mondialisation et les affaires étrangères (presque en queue de classement) que par leur pouvoir d’achat (en tête, et de loin).

Peut-on imaginer que la mondialisation n’a qu’une influence mineure sur le pouvoir d’achat ?

En fait, la dimension économique de la mondialisation est souvent diluée dans sa dimension politique : la mondialisation serait à la fois une menace pour l’identité nationale, une source d’immigration incontrôlée, un véhicule de la pollution, du terrorisme et de l’insécurité. Si la mondialisation supprime les frontières économiques, ne conduit-elle pas à la suppression de toutes les frontières nationales ? Cette question peut en susciter une autre : la mondialisation serait-elle politiquement, culturellement, écologiquement néfaste et économiquement avantageuse ? Finalement, c’est la place de l’économie dans la vie des personnes, des communautés et des nations qui est en débat.

Celui-ci est important, il n’est pas ouvert par la seule mondialisation, mais cette dernière est l’occasion de l’éclairer. Comment est née et s’est développée la mondialisation ? Quelle est son contenu actuel ? Et quelle prospective peut-on concevoir à son sujet ?

 

La mondialisation hier

La mondialisation a une histoire, et très instructive.

L’idée de commerce en dehors d’un espace local ou national est certainement née autour de la Méditerranée et explique que notre mer ait été au cœur de la civilisation occidentale. L’effondrement de l’Empire romain plonge l’Europe dans le chaos politique, le haut Moyen Âge est un repli sur soi.

Toutefois, les relations commerciales sont reprises avec les villes marchandes d’Italie, et la « route de la soie » aurait pu réamorcer un libre-échange avec des contrées asiatiques lointaines. L’élargissement de l’espace connu s’opère avec Christophe Colomb, et 1492 passe pour la date d’ouverture des « temps modernes ».

Mais la découverte de l’Amérique est une occasion perdue pour la mondialisation, car la doctrine mercantiliste invite les gouvernants à accumuler et conserver l’or et l’argent, considérés comme seules valeurs de puissance durable. Ce protectionnisme stupide conduit l’Espagne à l’inflation et à la ruine.

Par contraste, Hollandais et Anglais misent sur la mer, les « marchands aventuriers » exploitent les richesses de l’espace mondial sans cesse élargi. La France, riche de ses mamelles « labourages et pâturages » prend du retard dans le commerce mondial. Malgré Colbert, elle demeure un pays de paysans et d’artisans.

Au XIXe siècle, l’urbanisation et la multiplication des ouvriers d’industrie posent le problème du pouvoir d’achat, et en Angleterre les industriels veulent des importations de blé pour maintenir le pouvoir d’achat des ouvriers sans augmenter les salaires. Richard Cobden et la Ligue pour le libre commerce défendent les consommateurs contre les producteurs. Avec un relatif apaisement des conflits, un traité de libre-échange est signé entre Angleterre et France.

Le libre échange semble bien installé dans le monde entier. Mais dès 1891 la France restreint la liberté en ce qui concerne les produits agricoles : c’est le fameux « tarif Méline ».

La Première Guerre mondiale met fin à la marche vers la mondialisation.

Entre 1918 et 1939, le nationalisme économique s’exacerbe, aggravé par la crise de 1929 à laquelle tous les États réagissent par des politiques autarciques. Le volume du commerce mondial diminue de 80 % entre 1930 et 1939, et se réduit à des accords de troc passés par les gouvernements.

Le nationalisme économique engendre le nationalisme politique et le socialisme, le communisme et l’hitlérisme rompent avec l’économie de marché.

Ces funestes erreurs n’échapperont pas à ceux qui, dès 1944, veulent reconstruire un monde apaisé. Mais l’URSS refuse de s’associer à ce retour au libre-échange, et pendant 44 ans la guerre économique accompagnera la guerre froide entre le bloc communiste planificateur et les pays dits libres, bien que le désordre monétaire et douanier persiste à l’Ouest.

Les chocs pétroliers conduisent en 1974 à une rupture avec les politiques keynésiennes et la réaction libérale s’incarne avec l’ère Thatcher-Reagan. S’amorce alors la désagrégation du bloc communiste en Europe, au point que l’on peut croire à partir de la chute du mur de Berlin à « la fin de l’histoire » (Francis Fukuyama).

Les vertus de la mondialisation marchande semblent alors reconnues, et à juste titre.

La première vertu est la victoire de l’échange sur la capture.

Le « doux commerce » (Montesquieu) est sans doute préférable à la guerre, aux invasions, à l’esclavage. Le contrat est préférable à la coercition : c’est ce qui différencie l’être humain des espèces animales. L’empathie fait naître le contrat, chacun rend service à l’autre. Il n’y a rien de plus extraverti que le marché, que l’on voit trop souvent et à tort comme un simple reflet de l’égoïsme.

La deuxième vertu est la transmission du savoir.

Dans un espace restreint on ne peut connaître que peu de choses, l’innovation est très réduite et très lente. En revanche, la richesse des nations (Adam Smith, 1776) vient du libre-échange. Contrairement à ce qu’enseignera David Ricardo, les bienfaits du libre-échange mondial ne résultent pas d’une sorte de « division internationale du travail » où chaque pays se spécialiserait dans une production particulière pour laquelle il aurait un « avantage comparatif ». Les bienfaits proviennent de la diffusion du savoir. D’ailleurs ce ne sont pas des « pays » qui échangent, mais des personnes : des producteurs (entreprises) et des consommateurs (ménages) qui décident de contracter.

La troisième vertu est la concurrence qui oblige les entreprises à s’aligner sur celles qui font le mieux, et qui sollicite sans cesse l’innovation. La concurrence stimule les producteurs et les soumet aux choix des consommateurs.

La mondialisation est une découverte.

Les jeunes en ont conscience et n’hésitent pas à voyager, à s’expatrier pour leurs études, pour leurs loisirs, pour leur profession. Chaque année au moins, un Terrien sur sept, touriste, étudiant ou travailleur, aura quitté son pays (mais ce ne sera pas le cas en 2022), et deux Terriens sur sept auront visionné des émissions de télévision du monde entier.

Cette mondialisation permet de découvrir la diversité de l’humanité et de comprendre les autres peuples, les autres cultures.

En fin de compte, quelle est la meilleure formule ? déplacer librement des produits, des usines, des bureaux, des hôtels et des universités ou déplacer des hommes contre leur gré ? Les thuriféraires du patriotisme économique s’exposent paradoxalement à l’immigration massive incontrôlable. Rapprocher les Hommes et les pays sans renier l’héritage du passé : voilà ce à quoi nous invite la mondialisation, voilà ses vertus à l’œuvre.

 

La mondialisation aujourd’hui

Je ne suis pas naïf : les vertus de la mondialisation ne sont pas apparentes aujourd’hui, parce qu’elles ne sont guère mobilisées. Le libre-échange et l’économie marchande sont contrariés par l’économie politique : les États n’acceptent pas d’être éliminés par la mondialisation.

En effet, la mondialisation crée une concurrence, non pas seulement entre producteurs, mais aussi entre États. Ces derniers ont voulu s’ingérer dans la production, le commerce, la finance, et depuis fort longtemps. On pourrait dire qu’en France c’est depuis toujours.

La mondialisation est ressentie comme une atteinte à la souveraineté, ce qui vient de l’étranger échappe en grande partie à ce que veulent et pratiquent les gouvernants nationaux. Si nous nommons « institutions » les règles du jeu social en vigueur dans un espace considéré, la mondialisation instaure une concurrence institutionnelle entre espaces étatiques. Elle établit une comparaison révélatrice entre les systèmes juridiques, fiscaux, sociaux.

La tentation politique est d’imposer par décret une harmonisation pour éviter cette concurrence jugée déloyale et « dommageable » (suivant l’expression de madame Primarolo). Pour que la concurrence soit saine et bénéfique, il faudrait que les concurrents soient égaux : les mêmes impôts, salaires, charges sociales, normes d’hygiène, de santé et de pollution. Il y a là un contresens évident : la concurrence est un concours ouvert et suppose la diversité ; elle récompense l’excellence, elle exige de s’aligner sur le meilleur, et de devenir à son tour le meilleur.

Si la mondialisation est en question aujourd’hui, et à juste titre, c’est bien parce que les États ont voulu organiser les échanges mondiaux à leur manière.

Ils ont cru y parvenir à travers des organisations mondiales et/ou des accords multilatéraux. Il existe une Organisation Mondiale du Commerce. Mais de quels pouvoirs, de quelles sanctions dispose-t-elle ? Plus généralement, les organisations mondiales, dominées par les représentants d’une multitude de petits États et dirigées par des fonctionnaires internationaux irresponsables, sont sous l’influence des leaders et des lobbies mondiaux.

Les accords multilatéraux sont-ils une meilleure solution ? ALENA (Amérique du Nord) MERCOSUR (Amérique Latine, devenu ANASUR), COMESA (Afrique orientale et australe) ANASE (Asie du Sud Est).

Les négociations entre les États-Unis et l’Union européenne pour un Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (TTIP) sont aujourd’hui l’objet d’oppositions sévères entre les deux camps, et les représailles sont régulièrement évoquées ou pratiquées. Les Américains, de Trump ou Biden, ont retrouvé la doctrine isolationniste de Monroe, de sorte que les relations entre USA et Chine, USA et UE se sont durcies jusqu’à ce qu’on parle de « guerre économique ».

En réalité, le protectionnisme a refleuri depuis plusieurs années.

Il a pris des formes plus subtiles sous forme de normes diverses, dont la plus efficace aujourd’hui est la norme écologique. Car la mondialisation économique est en compétition et en articulation avec la mondialisation écologique. Depuis l’existence des COP (Conférence Of Parties) destinées à mettre en œuvre la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) le libre- échange est sous contrôle des groupes et partis écologiques du monde entier, et la surenchère protectionniste s’est accentuée.

Les crises de 2001 (11 septembre) et de 2008 (subprimes) ont également conduit à une vague protectionniste, au prétexte de lutte contre le terrorisme ou de relance de la croissance.

Toutefois, depuis 2008, le clivage s’est nettement dessiné entre les pays ayant misé sur la rigueur budgétaire et ceux qui ont gonflé déficits et dettes publiques. La comparaison entre l’Europe du Sud et celle du Nord est frappante. Dans ces conditions, les pays qui ont choisi la voie de la facilité ont fait perdre beaucoup de leur compétitivité à leurs nationaux, et le jeu électoral les a conduits à multiplier les mesures protectionnistes. Ils l’ont fait en toute sérénité, allant même jusqu’à reprocher aux autres leur manque de solidarité.

L’apparition de mesures protectionnistes a été d’autant plus facile que les liens entre la classe politique et les groupes de pression ont été étroits.

Depuis des années, ce n’est plus le marché qui arbitre le jeu économique (à nouveau « international ») mais les mesures gouvernementales pour mettre grandes entreprises, corporations organisées et syndicats à l’abri de la concurrence étrangère. Le phénomène est devenu si courant qu’il porte désormais le nom de capitalisme de connivence (crony capitalism). Dans un pays comme la France, la connivence est facilitée par le fait que les grandes sociétés sont administrées par d’anciens hauts fonctionnaires, entretenant des relations anciennes avec leurs collègues de l’ENA et des grandes écoles. Voilà une aubaine pour la propagande populiste.

Ce néo-protectionnisme et ce crypto-capitalisme trouvent des alliés précieux dans les banques centrales qui se livrent à des manipulations monétaires et financières aberrantes.

C’est la politique du quantitative easing, c’est-à-dire les « accommodements » avec la règle d’or des monétaristes : ne pas accroître la masse monétaire au-delà de ce que le volume des transactions l’exige. Mais par tradition, les Américains règlent leurs dettes vis-à-vis du reste du monde en payant avec des dollars sans contrepartie réelle. Il va de soi que la FED a dû maintenir artificiellement un taux d’intérêt à un niveau très bas. Comme les Européens et les Américains, les vertueux Chinois ont pour habitude de donner à leur monnaie (le yuan, à usage purement externe) une valeur tout à fait arbitraire, et en général sous-évaluée pour faciliter leurs exportations.

Ces quelques exemples illustrent la distance qui sépare les relations économiques internationales d’un vrai libre-échange mondial.

Comme je l’ai déjà rappelé, la liberté économique exige le respect des règles du jeu marchand : pas de protection, pas de privilèges, pas de subventions. Seuls les prix et les profits, libres et flexibles, guident les choix économiques. Le vrai problème aujourd’hui est celui de l’après crise : va-t-on mettre fin aux dérives actuelles de la mondialisation, ou va-t-on s’en remettre aux dirigeants politiques pour gérer les échanges internationaux ?

 

La mondialisation demain

La crise sanitaire nous interroge sur la place que la politique tiendra désormais dans les pays libres.

La réponse n’est pas simple, car s’il y a eu une poussée de pouvoir dans presque tous les pays du monde, certains d’entre eux mettront rapidement fin aux dispositions exceptionnelles prises dans un contexte exceptionnel.

Quels seront les pays assagis ? Quels seront les pays agités ?

Les Américains, de Biden comme de Trump, ont versé dans le protectionnisme, les dépenses publiques inconsidérées ont créé une inflation qui les amènent à remonter les taux d’intérêt, donc à stopper les investissements sans avenir. Mais la société américaine semble se déliter, les tensions raciales et sociales sont à l’extrême.

Par contraste, les Chinois détiennent apparemment la clé de la mondialisation. Le Parti communiste n’a pas relâché son emprise sur le peuple, la reconquête de Hong Kong et les visées sur Taïwan en sont une preuve. La crise a confirmé l’opacité et la rigidité du système. Mais les Chinois ont besoin de marchés extérieurs, et ils sont les premiers importateurs de pétrole et de matières premières.

L’Union européenne n’a aucun poids politique actuellement.

Le Brexit a rapproché le Royaume-Uni des États-Unis et du Commonwealth. L’opposition entre le Nord et le Sud ôte toute vigueur à l’Union, elle-même empêtrée dans sa bureaucratie jacobine. La survie de l’euro est compromise par la volonté de madame Lagarde de financer massivement la transition énergétique.

Quant à la Russie et à la Turquie, le régime dictatorial ne réussit pas à l’économie, et pour l’instant c’est la reconstitution des empires russe et ottoman qui est leur projet (parfois commun), il s’étend en Asie mineure et en Afrique.

Enfin et non le moindre, les foyers du terrorisme et de la violence sont bien en place. Il y a évidemment l’Iran, mais la victoire des talibans menace maintenant l’Asie. Il est difficile de faire un pronostic sur l’impérialisme et le terrorisme islamiques. Les avatars pétroliers remettent en cause beaucoup d’investissements en provenance de l’Arabie saoudite, du Qatar et des pays du Golfe, mais la mondialisation est une carte que ces pays n’ont pas cessé de jouer, et ils n’ont plus pour objectif de détruire lsraël.

Enfin, les « pays émergents » devraient avoir tendance à préférer la mondialisation puisque c’est elle qui les a aidés à vaincre la pauvreté. Tout ralentissement du commerce mondial serait une rude épreuve pour l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, qui n’ont pas réussi leur émergence à la manière des Chinois.

Je fais ces remarques géopolitiques à titre purement spéculatif, mais je crois nécessaire de rejeter la fameuse thèse de Huntington sur l’inévitable choc des civilisations : si tous se battent contre tous avec les armes dont on dispose aujourd’hui, il est inutile de spéculer sur la mondialisation.

Je crois à l’inverse que la mondialisation se régénèrera, mais à plusieurs conditions.

Même très mal disciplinée et empoisonnée par le dirigisme croissant des États, la mondialisation a quelque trente ans d’existence, et le libre-échange a fait sa route dans les pays occidentaux depuis quarante années. Même si l’opinion publique n’en n’a pas toujours conscience, la mutuelle dépendance des entreprises du monde entier est un fait incontestable, sans commune mesure avec ce qui se passait entre les deux guerres mondiales. Les producteurs et les commerçants ont pris l’habitude de vivre en flux tendus, le coût et la vitesse des transports ayant spectaculairement diminué. Les délocalisations sont quotidiennes, même à l’intérieur des pays.

Il est donc probable que la mondialisation, bien que cahotante, résistera aux stupidités constatées dans la gestion de la crise sanitaire, dont on mesurera avec le recul du temps l’exagération et l’aggravation dues à la pandémie politique.

Il y a cependant des conditions à cette reprise.

La première est que la peur déclinante du virus ne soit pas relayée par la peur écologique, qui s’est faite discrète pendant quelques mois, bien que les Verts n’aient pas hésité à lier virus et changement climatique, virus et société de consommation, virus et capitalisme.

La deuxième condition est que les pays économiquement vertueux à ce jour ne sombrent pas dans la tentation d’une relance keynésienne échevelée. Comme je l’ai rappelé, la vertu économique consiste à accepter les règles du marché, à rechercher la compétitivité, notamment par l’allègement des interventions de l’État : politique de l’offre, baisse des dépenses publiques, fiscalité incitative, limites du pouvoir syndical, privatisations dans les domaines de la santé, de l’éducation, du logement, de la culture.

La troisième est de renoncer aux constructions politiques artificielles, et en particulier de cesser de vouloir faire de l’Union européenne une entité politique centralisée alors qu’elle n’a d’autre utilité que d’ouvrir un espace de libre-échange.

La quatrième, et à mes yeux la plus fondamentale, est de retrouver les vertus morales qui vont de pair avec la liberté : l’esprit de service, le sens des responsabilités, le goût de l’effort et du partage, le respect des autres, la tenue de ses engagements. Les indices de développement humain n’ont cessé de croître au cours des trente années de mondialisation. Il est absolument nécessaire de continuer l’œuvre d’éducation et d’instruction dans toutes les nations, y compris les plus développées. Il est plus facile d’accroître la richesse des nations en quelques années que d’apprendre aux hommes le bon usage de la richesse : en apportant la paix et la compréhension entre les peuples, la mondialisation est de nature à hâter ce progrès humain.

Le progrès n’est ni collectiviste ni socialiste, il est personnel et libéral.

Cet article a été écrit après un an de covid mais avant la guerre en Ukraine. Je n’ai pas cru nécessaire d’en changer une virgule, mais les premières lignes pourront surprendre.

Sur le web

Sam Altman : la régulation de l’IA au service de ChatGPT ?

Devant le Congrès américain, Sam Altman a semblé, comme j’ai pu l’évoquer dans un précédent article, vouloir se faire passer pour un lanceur d’alerte en appelant concomitamment de ses vœux une régulation par le politique.

Notre bien étrange lanceur d’alerte menaçait de retirer l’ensemble de son activité de l’Union européenne si le texte sur la régulation de l’IA sur laquelle cette dernière travaillait : The Artificial Intelligence Act (AI Act), était adopté en l’état.

 

Paradoxe ? Pas le moins du monde 

Lors de son intervention devant le Congrès américain, en fin stratège, Sam Altman poursuivait au moins deux objectifs :

  1. Se mettre à l’abri de toute poursuite en cas de dérives des outils développés par son entreprise, et se poser en force de proposition.
  2. Être intégré dans une réflexion sur une régulation à venir qui ne perturberait pas les objectifs de sa structure.

 

Un troisième point pourrait être postulé : en intégrant – peut-être demain – les instances américaines qui réfléchiront à une régulation, je ne pense pas que monsieur Altman sera très soucieux de l’avenir de sa concurrence potentielle. Il serait alors en bonne place pour ériger des barrières limitant ou rendant impossibles l’entrée de nouvelles firmes sur ce marché à très haut potentiel.

Pour rappel, la société d’analyse GlobalData estime que « le marché mondial de l’intelligence artificielle (IA) devrait croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 21,4 %, passant de 81,3 milliards de dollars en 2022 à 383,3 milliards de dollars en 2030. »

Ceci ayant été rappelé, que notre lanceur d’alerte en appelle à la régulation outre-Atlantique, et s’oppose vigoureusement à la régulation qui se profile en Europe, pourrait apparaître comme un paradoxe ? Pas le moins du monde, et pour cause.

 

Législation sur l’Intelligence Artificielle

L’AI Act, pour Artificial Intelligence Act est un projet de régulation de l’IA qui est actuellement examiné par plusieurs comités au Parlement européen.

Il est accessible en ligne ici.

Selon Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, ce texte « devrait être voté en séance plénière en avril au Parlement ». Une fois voté et mis en place, l’AI Act pourrait servir de référent pour les autres pays, et ce au même titre que le Règlement Général sur la Protection des Données.

Les IA génératives sont-elles à « haut risque » ?

Sam Altman a œuvré aux États-Unis pour être un acteur majeur des modalités d’une régulation… Sachant qu’avant son coup d’éclat ciblant l’Union européenne, il était totalement hors-jeu pour ce qui concerne les contours de l’Artificial Intelligence Act.

C’est à mon sens ce qui explique son attitude : pouvoir infléchir le texte.

Sam Stalman est vent debout contre le General Purpose AI System (GPAIS).

Une régulation européenne, oui, mais une régulation qui ne freine pas son développement et les intérêts de sa structure.

En effet, les entreprises comme la sienne qui conçoivent des outils « IA générative » seraient- à ce stade d’avancement du projet de régulation, contraintes de révéler la teneur de tout matériel protégé par des droits d’auteur…  Pire encore, pour son activité, le texte en l’état souhaiterait hiérarchiser les risques liés à une IA, sur une échelle allant de « bas » à « inacceptable », en passant par une étape intermédiaire, « le haut risque ».

L’objet serait alors de mettre en place une régulation adaptée. Toutes les infrastructures les plus critiques – éducation, forces armées (cf. robots tueurs) que j’ai pu évoquer, devraient ainsi être soumises à un niveau de régulation des plus durs…

Ce qui gêne profondément monsieur Altman, c’est la tournure que prend le texte, et qui touche directement son activité… Dans le texte, il est notamment fait mention d’une nouvelle catégorie d’IA : le General Purpose AI System (GPAIS). À ce stade, les parlementaires hésitent encore à classifier cette activité à « haut risque »… Cette catégorie permettrait de pouvoir caractériser les intelligences artificielles pouvant avoir plusieurs applications, à l’instar des IA génératives comme GPT-4, Midjourney, Einstein GPT, ou Ernie.

Les choses ne sont pas encore actées : « Les parlementaires réfléchissent à la possibilité ou non de considérer automatiquement tout GPAIS à « haut risque » ! »

La stratégie de Sam Altman sera-t-elle efficace ? Devant la manne financière, devant sa menace de retrait, les parlementaires reculeront-ils ? Sam Altman sera-t-il intégré à la réflexion en cours ? L’histoire nous le dira. À suivre.

 

« La connaissance du pays où l’on doit mener sa guerre sert de base à toute stratégie. » Frédéric II de Prusse

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