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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Iran–Israël. Une escalade en forme de poker menteur

Par : Ziad Majed

L'attaque de l'Iran contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril est venue en réponse au bombardement de son consulat à Damas le 1er avril qui a fait 16 morts, dont des officiers des Gardiens de la révolution. Cette opération soulève plusieurs questions sur la stratégie de Téhéran et de ses alliés dans la région, mais aussi de la Jordanie, ainsi que sur le degré d'autonomie d'Israël par rapport au parapluie américain.

En utilisant plus de 200 drones et une centaine de missiles pour attaquer Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, l'Iran envoie un message clair. Si les frappes israéliennes contre ses forces, ses centres militaires et ses sites d'approvisionnement en Syrie ne sont pas nouvelles, le ciblage de sa mission consulaire et diplomatique — protégée par les Conventions de Vienne de 1961 et 1963 — constitue une ligne rouge. Cela explique sa réponse militaire et peut en appeler d'autres, plus élaborées si nécessaire, dirigées directement depuis la République islamique ou par l'intermédiaire d'alliés régionaux et de milices loyales en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen.

En marge de cette même attaque, l'Iran a toutefois clairement indiqué qu'il tenait à éviter une guerre totale avec Israël, et bien sûr avec son allié américain. Annoncée en amont, sa riposte n'avait pas pour but d'infliger à Israël des dégâts considérables ni des pertes humaines qui justifieraient une nouvelle confrontation. Tel-Aviv, Washington et leurs alliés ont eu le temps d'abattre la plupart des 300 drones et missiles détectés sans surprise en provenance du territoire iranien. Après ces représailles, l'Iran tente donc de revenir aux règles d'engagement1 dont les termes ont été violés lors du bombardement contre le consulat. Il a répondu par une démonstration de force dans le ciel de la région, mais sans pertes israéliennes au sol.

Prudence américaine

De son côté, Israël cherche à profiter de la situation pour détourner l'attention de sa guerre génocidaire en cours à Gaza et de ses crimes en Cisjordanie. Il espère aussi mobiliser un nouveau soutien occidental dont il a récemment perdu une partie, ou du moins l'unanimité. Il demeure qu'après cette attaque, Tel-Aviv risque de voir sa liberté de mouvement considérablement réduite dans la région — c'est-à-dire en dehors de la Palestine —, alors que les frappes militaires avaient jusque-là lieu sans crainte de représailles. Cette nouvelle donne devrait le pousser à renforcer sa coordination avec les Américains avant de lancer de nouvelles attaques contre Téhéran.

Ceci nous amène à une autre observation : les États-Unis, ne veulent pas d'une escalade régionale de grande ampleur pendant une année d'élection présidentielle et dans un contexte international très tendu. Ils ont montré qu'ils étaient prêts à défendre la « sécurité d'Israël » sur le terrain. Néanmoins, les annonces de Biden à Nétanyahou montrent que Washington ne souhaite pas participer à de futures opérations israéliennes. La Maison blanche préfère que Tel-Aviv s'abstienne de réagir et ne cherche pas à impliquer les États-Unis. Les recommandations américaines consistent à rester dans les limites de la confrontation qui ont précédé l'attaque du consulat, et à bien anticiper les conséquences de chacune des opérations à venir.

La situation actuelle met également le Hezbollah, principal allié de l'Iran, dans une position très délicate, alors que celui-ci mène une guerre contre Israël à la frontière sud du Liban, depuis le 8 octobre 2023. Tout comme son parrain, le parti chiite libanais ne veut pas d'une guerre totale. Il évite donc d'utiliser son artillerie lourde, uniquement destinée à défendre son existence et le programme nucléaire iranien — dont nul n'est menacé aujourd'hui —, afin de ne pas provoquer des réponses israéliennes dévastatrices. Car l'effondrement économique, les tensions et les divisions politiques internes font que ni le Liban, ni la base du « parti de Dieu » dans le sud ne peuvent assumer une nouvelle guerre contre Tel-Aviv à l'image de celle de 2006. Pourtant Israël augmente progressivement l'intensité de ses attaques. Cela risque d'éroder le pouvoir de dissuasion du Hezbollah, jusque-là garanti par ses missiles et par sa préparation au combat, et de faire glisser la milice vers une confrontation inéluctable.

Le choix de la Jordanie

La dernière observation concerne la Jordanie qui a vu un certain nombre de drones et de missiles iraniens traverser son espace aérien. Le royaume hachémite a participé avec les Américains — ainsi que les Français et les Britanniques — à leur interception. Indépendamment de l'indignation populaire qu'une telle action suscite dans la région, l'initiative jordanienne peut s'expliquer par la crainte d'assister à la transformation de son ciel en une zone ouverte à l'affrontement israélo-iranien. Surtout si l'Iran confie prochainement à des milices irakiennes la mission de lancer des drones depuis la frontière irako-jordanienne. Cette éventualité pourrait affecter la capacité d'Amman à maintenir une marge d'autonomie dans son rôle diplomatique régional, en tant qu'allié des occidentaux et « protecteur des lieux saints musulmans et chrétiens » à Jérusalem. Cela pourrait aussi menacer sa sécurité à un moment où la monarchie est préoccupée par ce qui se passe en Cisjordanie et par les projets de l'extrême droite israélienne de déporter des Palestiniens vers son territoire. En même temps, des doutes persistent — légitimement — sur la capacité et la volonté d'Amman d'attaquer les avions israéliens, si jamais ils pénètrent son espace aérien pour bombarder l'Iran ou ses alliés irakiens.

Les limites du respect par Israël des « recommandations » américaines dans les jours et les semaines à venir restent incertaines. Répondra-t-il à l'attaque iranienne en allant au-delà de ce qui est « acceptable » afin de reprendre l'initiative ? Comment l'Iran réagira-t-il dans ce cas ?

Les complexités s'accroissent et les objectifs des différentes parties s'opposent. D'une part, la droite suprémaciste du gouvernement de Nétanyahou veut étendre la portée de la guerre pour permettre à l'armée et aux colons de commettre davantage de crimes et d'expulsions contre les Palestiniens dans les territoires occupés. D'autre part, le premier ministre israélien voit dans la situation actuelle une opportunité d'affaiblir l'Iran et le Hezbollah. De son côté, Washington fait pression pour contenir la guerre et limiter les dégâts dans la région, mais pas dans la bande de Gaza. Enfin, Téhéran et ses alliés (principalement le Hezbollah) sont contraints de riposter aux frappes israéliennes lorsqu'elles dépassent une certaine limite, sans prendre le risque de transformer la situation en une guerre totale. Si l'on tient compte de tous ces éléments, le risque d'un embrasement sur le terrain dépassant les calculs et les réponses mesurées ne peut être exclu.

Ce qui est certain, c'est que nous sommes dans une phase où la violence et les affrontements — sous diverses formes — se poursuivront encore longtemps. Ils détermineront la suite des événements, que ce soit dans les pays directement concernés ou dans l'ensemble du Proche-Orient.


1NDLR.— Ensemble de directives provenant d'une autorité militaire désignée, adressées aux forces engagées dans une opération extérieure afin de définir les circonstances et les conditions dans lesquelles ces forces armées peuvent faire usage de la force.

A la découverte du keffiyeh “Made in Palestine”

En Palestine, il n'existe qu'une seule fabrique de keffiyehs. Elle est située à Hébron et son propriétaire, Izzat Yasser Hirbawi, a bien du mal à répondre à la demande mondiale […]

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En Palestine, Naplouse la rebelle garde la tête haute

Par : Jean Stern

Coupée du monde par les troupes d'occupation, sous la pression de nombreuses colonies, la grande ville du nord de la Cisjordanie suit de près et avec tristesse l'écrasement de la société gazouie par l'armée israélienne. Incarnant une certaine douceur de vivre mais aussi l'esprit de résistance en Palestine, Naplouse s'interroge sur les chemins de la libération.

De notre envoyé spécial à Naplouse

En ce milieu de matinée, fin mars 2024, la vieille ville de Naplouse, entrelacs clair-obscur de ruelles parmi de fiers palais médiévaux, des terrasses fleuries et odorantes, des placettes agrémentées de paisibles fontaines, s'éveille à peine. Naplouse la douce incarne depuis deux ans en Cisjordanie la ville symbole de celles et ceux qui relèvent la tête. Résistance armée, résistance politique, résistance culturelle, Naplouse a dit non et en a payé le prix. Pour les Palestiniens de Naplouse, ce qu'ils qualifient de génocide en cours à Gaza provoque un « électrochoc mondial », dit un intellectuel. Et ils semblent avoir retrouvé « l'esprit de la résistance » , laissant entrevoir pour Naplouse la rebelle un autre avenir que la guerre.

Les commerces du souk alimentaire sont au ralenti ce matin-là, le rush du ramadan arrive en fin de journée, quand les Naplousins flânent bras dessus bras dessous pour acheter des herbes, des légumes et des douceurs, dont le célèbre knafé, un flan tiède délicieusement parfumé dont les nombreux pâtissiers de Naplouse s'enorgueillissent de faire le meilleur du Proche-Orient. Les étals sont bien garnis. Ici comme ailleurs, tout doit être fastueux et pantagruélique pour la rupture du jeune. Malgré le malheur qui frappe la région depuis des mois, des années, « des siècles » ironise à peine un vieux professeur, la ville se flatte de sa prospérité qui ne tient pas seulement aux berlines allemandes rutilantes paradant en soirée sur les boulevards de la ville moderne. Cité commerçante, capitale régionale du nord de la Cisjordanie, Naplouse tire une partie de sa richesse de son environnement agricole, directement menacé par les colons qui captent les terres et harcèlent les paysans, lesquels alimentent les grossistes de la ville. Les oliviers abondants alentour ont contribué à son savoir-faire légendaire en matière de savons et produits de beauté.

La lourdeur des informations en provenance de Gaza entretient le chagrin de nombreux Naplousins. Beaucoup connaissent personnellement les victimes, en raison d'alliances familiales et de parentèles lointaines que la Nakba, puis la colonisation de la Cisjordanie et de Gaza n'ont pas réussi à totalement distendre. « Qui parle de notre chagrin ? », dit l'écrivain de Haïfa Majd Kayyal, anéanti comme tant de Palestiniens à Naplouse et ailleurs par l'ampleur du deuil - plus de 32 000 morts à Gaza, et 600 en Cisjordanie.

Cette reine sans couronne, surnom flatteur et ambigu de Naplouse, a certes le cuir endurci. Nœud stratégique sur la route des caravanes puis sur le chemin de fer entre Damas, Jérusalem, Amman et Le Caire, elle a connu bien des occupations au cours de son histoire. Toutefois sa légende assure qu'elle ne s'est jamais soumise. La ville de plus de 270 000 habitants est aujourd'hui surveillée de près par deux bases militaires israéliennes perchées sur les crêtes des montagnes qui l'enserrent. Les nouveaux immeubles grimpent sur les flancs, donnant davantage de force et de beauté à la ville, surtout la nuit. Devenue difficile d'accès à l'automne, depuis que ses principaux checkpoints ont été fermés par l'armée israélienne, Naplouse est cernée par d'innombrables colonies, dont de nombreux avant-postes formés d'une trentaine de préfabriqués et entourés de cercles de barbelés, en attendant des cloisonnements en dur. L'ensemble du dispositif colonial est sous l'autorité des ministres suprématistes et racistes. Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont la haute main sur la gestion des territoires. Les nouvelles milices coloniales qu'ils ont mises en place et armées, les Kitat Konenut, comptent déjà plus de 11 000 volontaires pousse-au-crime en Cisjordanie.

« Les gens ont cessé de se plaindre »

Soudain, les ruelles de la vieille ville grondent de colère. Les antiques façades de pierres dorées peinent à assourdir les litanies mortuaires et les slogans de vengeance. Naplouse enterre Walid Osta, un jeune homme de 19 ans vivant à Ein, un petit camp de réfugiés de deux mille personnes, non loin du centre-ville. Rien à voir avec Balata, à l'entrée sud de la ville, ni Askar, côté nord, deux camps de réfugiés comptant des dizaines de milliers d'habitants. Walid Osta a été tué la veille à Jénine lors d'un affrontement provoqué par l'armée israélienne. Le visage du jeune homme est apparent, yeux clos, lèvres gonflées. C'est un enfant que la foule de Naplouse porte en terre, une petite foule, trois cents personnes environ. Ici, la répression est sévère, menée avec la complicité active de la police palestinienne. Le danger est réel. Plus encore que dans les villes d'Israël, les Palestiniens craignent de manifester. Israël multiplie les arrestations préventives et les détentions administratives sans procès ni jugement. Malgré tout, « depuis ce qui se passe à Gaza ces derniers mois, les gens ont cessé de se plaindre de leur sort à Naplouse », commente un intellectuel. Israël a franchi un cap, il va falloir en trouver un autre.

Dans les regards des personnes présentes au passage du cortège funèbre, on lit cependant de la tristesse, de la lassitude, de la peur. De l'indifférence aussi. Comme si pour certains, depuis le massacre du 7 octobre, depuis que persiste le pilonnage meurtrier de Gaza, après tant et tant de morts, « il serait temps de passer à autre chose », résume un intellectuel.

Le directeur de Tanweer, une association installée dans la vieille ville qui mène un gros travail social auprès des femmes, Wael Al-Faqih, s'affirme « radicalement favorable à la non-violence » et estime que les Palestiniens devraient s'engager dans cette voie. La violence d'Israël, il l'a subie, tout comme son épouse, avec des séjours en prison « deux fois pour elle, et plusieurs fois pour moi » sous des motifs fallacieux. Il faut en finir avec « le temps des remèdes de charlatan », comme le dit avec une ironie amère un autre de mes interlocuteurs, pour relancer la réflexion sur le futur.

« La mort a depuis trop longtemps été là, et frappé tant de jeunes » poursuit-il, persuadé qu'il faudra bien un jour changer de logiciel. Pour un architecte Naplousin, l'avenir revient à « poursuivre la construction d'une société civile, et à élaborer un projet politique commun pour tous les Palestiniens ». Zouhair Debei, qui a consacré une partie « de sa vie et de son énergie » à un hebdomadaire local indépendant raconte « avoir toujours défendu, et aujourd'hui plus que jamais, l'idée de la non-violence. Il faut construire une alternative pour préserver la mémoire des Palestiniens et surtout améliorer les conditions de vie, notamment au niveau de l'éducation et de l'écologie. On a besoin de planter beaucoup plus d'arbres. L'histoire de Naplouse doit redevenir une leçon de vivre ensemble ».

« Le respect de toute la Palestine »

Les très jeunes militants de la Fosse aux lions avaient choisi en 2022 une autre voie : celle de prendre les armes tout en faisant le buzz sur TikTok1. Ils ont permis à la ville de gagner « le respect de toute la Palestine » en menant la vie dure aux troupes israéliennes. Résistants pour les Palestiniens, « terroristes » pour les Israéliens, ils ont été plus de deux cents combattants, abattus pour la plupart et pour certains en prison. Leurs chromos en armes tapissent les murs de la vieille ville et des camps. La ruelle d'herbes sauvages où a été tué le 9 août 2022 Ibrahim Al-Naboulsi, 18 ans, après un impressionnant déploiement nocturne de l'armée israélienne au cœur de la vieille ville, fait l'objet d'un discret parcours mémoriel.

Portrait d'Ibrahim Al-Naboulsi à l'endroit où il a été liquidé par l'armée israélienne dans la vieille ville de Naplouse, le 9 août 2022.
Jean Stern

« Quelque chose a changé depuis le 7 octobre, et je soutiens les résistances, car c'est le droit d'un peuple sous occupation de se défendre, résume Ibrahim, un jeune intellectuel Naplousin. Sur les 38 personnes que comptait ma classe en 2005, 22 ont depuis été tués ou arrêtés ». Sa douleur l'étouffe, le paralyse parfois. Pourtant, il ne peut envisager de prendre la tangente. Le monde extérieur lui est fermé : Israël gouverne in fine ses choix de vie avec l'occupation, le mur, les blocus, tout ce qui pourrit son quotidien.

Sortir de l'occupation est pour Ibrahim un cauchemar. Il est hanté par le souvenir de l'ami de 13 ans, mort dans ses bras après une agonie de plusieurs minutes à même le trottoir. Il avait pris une balle dans l'œil pendant la seconde intifada, qui a été puissante autant que meurtrière à Naplouse. Alors il est prêt à comprendre la peine et la colère des Israéliens face à « l'horreur » du 7 octobre mais leur demande, comme tout le monde ici, de comprendre sa rage, ancrée depuis si longtemps par l'arbitraire colonial, et ravivée par les deuils de Gaza.

Ibrahim se réjouit de penser que pour l'Israël de Benyamin Nétanyahou qui l'oppresse, c'est « le début de la fin ». La défaite de ce gouvernement et de son armée, qui ne sont parvenus ni à détruire le Hamas ni à libérer les otages, est un constat que la rue de Naplouse partage avec celle de Tel Aviv. La fin d'un pays jusqu'à présent victorieux, en tout cas sous sa forme actuelle, est d'ailleurs envisagée par de nombreuses personnes en Palestine comme en Israël, j'y reviendrai dans un prochain article.

« Une décision du peuple palestinien »

Le pacifiste Wael Al-Faqih estime que le « droit de se défendre » contre l'oppression, contre une situation qui « s'est terriblement dégradée à Gaza depuis plus de quinze ans » n'est pas « une décision du Hamas mais une décision du peuple palestinien. Cela fait 75 ans qu'Israël occulte la réalité de la Palestine aux yeux du monde. Cela aussi, c'est en train de changer, les gens commencent à découvrir le vrai visage d'Israël ». Que le débat sur le choix du modèle de résistance, entre non-violence et lutte armée soit relancé à Naplouse illustre également la réputation intellectuelle de la ville, qui aime les idées tout autant que les rencontres.

Cela n'induit pas pour autant le retour de la confiance des Palestiniens en leurs partis et en leurs institutions. L'un de mes interlocuteurs résume en une phrase le sentiment général : « L'Autorité palestinienne est corrompue et son appareil sécuritaire vendu aux Israéliens. Elle n'a aucun projet et le Hamas est un parti réactionnaire, conservateur, raciste, hostile aux droits des femmes et homophobe ». Selon un sondage de l'institut PSR réalisé début mars 2024 via des centaines d'entretiens en face-à-face à Gaza, Jérusalem-Est et dans les territoires — ce qui constitue un véritable exploit sociologique — seul un tiers des Palestiniens soutiennent le Hamas, soit 9 % de moins qu'en décembre 20232. Le soutien à la lutte armée est également en baisse de 17 %, chutant de 56 à 39 %, tandis que celui à la non-violence monte à 27 %, soit une augmentation de 8 %. Néanmoins, les Palestiniens pensent aussi à 70 % que l'attaque du 7 octobre était justifiée, dans un contexte d'échec du processus de paix, tout en renvoyant dos-à-dos sur le plan politique le Hamas et l'Autorité palestinienne, qui exercent actuellement le peu de pouvoirs laissé par les Israéliens aux Palestiniens, dans un contexte de corruption généralisée à Gaza et en Cisjordanie.

Dans la douceur des soirées printanières du ramadan, les cafés de la vieille ville et du centre moderne de Naplouse se remplissent de jeunes filles et garçons en bandes non mixtes, comme ailleurs dans le monde. Ils jouent aux cartes, fument la chicha, partagent du thé et du knafé. La légèreté est dans les gênes de the old lady, autre surnom affectueux de Naplouse. Cette vieille dame insuffle la fougue de sa jeunesse à l'esprit de résistance, et on ne peut plus lui raconter d'histoires.


1Ce reportage de Louis Imbert pour Le Monde raconte bien ce qu'a représenté la saga de ce petit groupe.

2L'intégralité de ce sondage est visible ici

Justice fiscale : les milliardaires détestent qu’on les taxe

Le mouvement mondial visant à taxer les milliardaires, au grand dam des 1 %, prend de l’ampleur. Certes, l’impôt sur la fortune n’est pas la panacée aux problèmes ruineux causés par le capitalisme, mais le fait que les riches le détestent est une bonne raison de le poursuivre.

Source : Jacobin, David Moscrop
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Elon Musk s’exprime lors de la convention politique de l’Atreju, le 15 décembre 2023 à Rome, en Italie. (Antonio Masiello / Getty Images)

En 2023, les milliardaires du monde entier valaient collectivement 12 700 milliards de dollars. Pour avoir une idée de l’échelle, cela représente environ la moitié du PIB des États-Unis en 2023, qui s’élevait à 23 400 milliards de dollars. Comme l’indique Oxfam, entre 2020 et 2022, les 1 % les plus riches de la planète ont accumulé près de deux fois plus de richesses que le reste du monde réuni. L’organisation a également constaté que le milliardaire moyen parvient à payer un taux d’imposition inférieur à celui des travailleurs dont il tire sa richesse.

La richesse des ultrariches contraste fortement avec les personnes qui, dans le monde entier, luttent pour joindre les deux bouts. Les gens sont confrontés à la baisse de leur pouvoir d’achat et à un appauvrissement général, ce qui les pousse au bord du gouffre. Cette situation est évidente aux États-Unis et au Canada, où les crises immobilières et les prix élevés des denrées de base ont fait de la survie au quotidien un combat difficile. Les taux d’intérêt restent élevés et la menace d’une récession plane sur la tête des travailleurs.

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Descent into Savagery

Par : AHH

‘Once more unto the breach, dear friends, once more;
Or close the wall up with our English dead.’
King Henry V, 1415, the Hundred Years War.

By Pepe Escobar at Strategic Culture Foundation.

The Mechanism: how the “order” based on made-up rules is descending into savagery

As the de facto North Atlantic Terror Organization celebrates its 75th birthday, taking Lord Ismay’s motto to ever soaring heights (“keep the Americans in, the Russians out, and the Germans down”), that thick slab of Norwegian wood posing as Secretary-General came up with a merry “initiative” to create a 100 billion euro fund to weaponize Ukraine for the next five years.

Translation, regarding the crucial money front in the NATO-Russia clash: partial exit of the Hegemon – already obsessing with The Next Forever War, against China; enter the motley crew of ragged, de-industrialized European chihuahuas, all in deep debt and most mired in recession.

A few IQs over average room temperature at NATO’s HQ in Haren, in Brussels, had the temerity to wonder how to come up with such a fortune, as NATO has zero leverage to raise money among member states.

After all, the Europeans will never be able to replicate the time-tested Hegemon money laundering machine. For instance, assuming the White House-proposed $60 billion package to Ukraine would be approved by the U.S. Congress – and it won’t – no less than 64% of the total will never reach Kiev: it will be laundered within the industrial-military complex.

Yet it gets even more dystopic: Norwegian Wood, robotic stare, arms flailing, actually believes his proposed move will not imply a direct NATO military presence in Ukraine – or country 404; something that is already a fact on the ground for quite a while, irrespective of the warmongering hissy fits by Le Petit Roi in Paris (Peskov: “Russia-NATO relations have descended into direct confrontation”).

Now couple the Lethal Looney Tunes spectacle along the NATOstan front with the Hegemon’s aircraft carrier performance in West Asia, consistently taking its industrial-scale slaughter/starvation Genocide Project in Gaza to indescribable heights – the meticulously documented holocaust watched in contorted silence by the “leaders” of the Global North.

UN Special Rapporteur Francesca Albanese correctly summed it all up: the biblical psychopathology entity “intentionally killed the WCK workers so that donors would pull out and civilians in Gaza could continue to be starved quietly. Israel knows Western countries and most Arab countries won’t move a finger for the Palestinians.”

The “logic” behind the deliberate three tap strike on the clearly signed humanitarian convoy of famine-alleviating workers in Gaza was to eviscerate from the news an even more horrendous episode: the genocide-within-a-genocide of al-Shifa hospital, responsible for at least 30% of all health services in Gaza. Al-Shifa was bombed, incinerated and had over 400 civilians killed in cold blood, in several cases literally smashed by bulldozers, including medical doctors, patients and dozens of children.

Nearly simultaneously, the biblical psychopathology gang completely eviscerated the Vienna convention – something that even the historical Nazis never did – striking Iran’s consular mission/ambassador’s residence in Damascus.

This was a missile attack on a diplomatic mission, enjoying immunity, on the territory of a third country, against which the gang is not at war. And on top of it, killing General Mohammad Reza Zahedi, commander of the IRGC’s Quds Force in Syria and Lebanon, his deputy Mohammad Hadi Hajizadeh, another five officers, and a total of 10 people.

Translation: an act of terror, against two sovereign states, Syria and Iran. Equivalent to the recent terror attack on Crocus City Hall in Moscow.

The inevitable question rings around all corners of the lands of the Global Majority: how can these de facto terrorists possibly get away with all this, over and over again?


The sinews of Liberal Totalitarianism

Four years ago, at the start of what I later qualified as the Raging Twenties, we were beginning to watch the consolidation of an intertwined series of concepts defining a new paradigm. We were becoming familiar with notions such as circuit breaker; negative feedback loop; state of exception; necropolitics; and hybrid neofascism.

As the decade marches on, our plight may at least have been alleviated by a twin glimmer of hope: the drive towards multipolarity, led by the Russia-China strategic partnership, with Iran playing a key part, and all that coupled with the total breakdown, live, of the “rules-based international order”.

Yet to affirm there will be a long and winding road ahead is the Mother of All Euphemisms.

So, to quote Bowie, the ultimate late, great aesthete: Where Are We Now? Let’s take this very sharp analysis by the always engaging Fabio Vighi at Cardiff University and tweak it a little further.

Anyone applying critical thinking to the world around us can feel the collapse of the system. It’s a closed system alright, easily definable as Liberal Totalitarianism. Cui bono? The 0.0001%.

Nothing ideological about that. Follow the money. The defining negative feedback loop is actually the debt loop. A criminally anti-social mechanism kept in place by – what else – a psychopathology, as acute as the one exhibited by the biblical genocidals in West Asia.

The Mechanism is enforced by a triad.

1. The transnational financial elite, the superstars of the 0.0001%.

2. Right beneath it, the politico-institutional layer, from the U.S. Congress to the European Commission (EC) in Brussels, as well as comprador elite “leaders” across the Global North and South.

3. The former “intelligentsia”, now essentially hacks for hire from media to academia.

This institutionalized hyper-mediatization of reality is (italics mine), in fact, The Mechanism.

It’s this mechanism that controlled the merging of the pre-fabricated “pandemic” – complete with hardcore social engineering sold as “humanitarian lockdowns” – into, once again, Forever Wars, from Project Genocide in Gaza to the Russophobia/cancel culture obsession inbuilt in Project Proxy War in Ukraine.

That’s the essence of Totalitarian Normality: the Project for Humanity by the appallingly mediocre, self-appointed Great Reset “elites” of the collective West.

Killing them softly with AI

A key vector of the whole mechanism is the direct, vicious interconnection between a tecno-military euphoria and the hyper-inflationary financial sector, now in thrall with AI.

Enter, for instance, AI models such as ‘Lavender’, tested on the ground in the Gaza killing field lab. Literally: artificial intelligence programming the extermination of humans. And it’s happening, in real time. Call it Project AI Genocide.   — Sidebar:  [01] [02] [03] [04] [background]

Another vector, already experimented, is inbuilt in the indirect assertion by toxic EC Medusa Ursula von der Lügen: essentially, the need to produce weapons as Covid vaccines.

That’s at the core of a plan to use funding of the EU by European taxpayers to “increase financing” of “joint contracts for weapons”. That’s an offspring of von der Lügen’s push to roll out Covid vaccines – a gigantic Pfizer-linked scam for which she is about to be investigated and arguably exposed by the EU’s Public Prosecutor Office. In her own words, addressing the proposed weapons scam: “We did this for vaccines and gas.”

Call it Weaponization of Social Engineering 2.0.

Amidst all the action in this vast corruption swamp, the Hegemon agenda remains quite blatant: to keep its – dwindling – predominantly thalassocratic, military hegemony, no matter what, as the basis for its financial hegemony; protect the U.S. dollar; and protect those unmeasurable, unpayable debts in U.S. dollars.

And that brings us to the tawdry economic model of turbo-capitalism, as sold by collective West media hacks: the debt loop, virtual money, borrowed non-stop to deal with “autocrat” Putin and “Russian aggression”. That’s a key by-product of Michael Hudson’s searing analysis of the FIRE (Finance-Insurance-Real Estate) syndrome.

Ouroboros intervenes: the serpent bites its own tail. Now the inherent folly of The Mechanism is inevitably leading casino capitalism to resort to barbarism. Undiluted savagery – of the Crocus City Hall kind and of the Project Gaza Genocide kind.

And that’s how The Mechanism engenders institutions – from Washington to Brussels to hubs across the Global North to genocidal Tel Aviv – stripped down to the status of psychotic killers, at the mercy of Big Finance/FIRE (oh, such fabulous seafront real estate opportunities available in “vacant” Gaza.)

How can we possibly escape such folly? Will we have the will and the discipline to follow Shelley’s vision and, in “this dim vast vale of tears”, summon the transcending Spirit of Beauty – and harmony, equanimity and justice?

Yaman de Cisjordanie : « Pas un Homme libre n’oublie le visage de son bourreau »

Par : Falasteen

Investig'Action a échangé avec Yaman, un jeune Palestinien de 26 ans originaire de Naplouse, sur les conditions de détention des prisonniers palestiniens. En préparation de cette interview, vous nous avez […]

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L’histoire de la destruction physique de la Palestine

par Jochen Mitschka. Le rejet du sionisme raciste et, à la place, la promotion du judaïsme dans son expression pacifiste auraient permis aux juifs et aux Arabes de continuer à vivre en paix.

Les USA élargissent (encore) l’accès à un nouveau traitement COVID

Si l’urgence de santé publique fédérale pour Covid-19 a expiré officiellement le 11 mai 2023 , aux USA, on ne sort pas immédiatement de la culture de la peur du COVID. L ’Agence américaine des médicaments (FDA) des États-Unis a récemment accordé une autorisation d’utilisation d’urgence à un nouveau médicament, connu sous le nom de Pemgarda, chez les patients à risque COVID. Comme avec les vaccins, le marché des médicaments anti-covid cherche à s’établir peu à peu.

Aux Etats-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a décidé d’étendre l’utilisation du médicamentPemgarda de Invivyd, un médicament qui permet de prévenir le Covid-19 chez les individus présentant un risque élevé de complications graves liées au virus. Administré par intraveineuse , le médicament Pemgarda agit en fournissant un stimulant en anticorps aux personnes dont le système immunitaire ne répond pas suffisamment après la vaccination.

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War Updates: Al Shifa Hospital & Syria

Par : AHH

Jon Elmer of the Electronic Intifada with his weekly update, focused on guerrilla war around Al Shifa Hospital. Kevork Almassian, originally from Aleppo, Syria, reviews the Anglo-Zionists’ return to bombing Aleppo in coordination with Al-Qaeda, Jordan, and the US base at Al Tanf; back to the sordid future! Does a criminal ever deviate far from a favored MO? Will it matter in the end, as during the last decade?

Journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine

Stop au génocide. Stop à la colonisation. La Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine appelle à une journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine le 12 mars 2024. Orient XXI publie son appel.

La Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP) est un réseau constitué de chercheur.es, enseignant.es chercheur.es, biatss1, docteur.es et doctorant.es, étudiant.es engagées dans l'enseignement supérieur et la recherche pour mettre fin à la guerre génocidaire et à la colonisation en Palestine. La CUCCP s'insère dans un mouvement transnational de chercheur.es contre la guerre en Palestine (SAWP). Son positionnement est défini dans l'Appel du monde académique français pour la Palestine : arrêt immédiat de la guerre génocidaire !2

Depuis le 7 octobre 2023, plus de 30 000 Palestinien.nes ont été tué.es par l'armée israélienne et plus de 80 % de la population de 2,2 millions de Gazaoui.es est assiégée dans 360 km2. L'armée israélienne a tué 94 professeurs d'université, 231 enseignants et plus de 4 300 étudiants et étudiantes, en plus de détruire l'ensemble des universités gazaouies et 346 écoles. La Cour internationale de justice (CIJ) a alerté contre le risque de génocide menaçant le peuple palestinien à Gaza. La Cisjordanie est soumise à un régime de blocage plus intense que jamais. Le silence n'est pas possible et il est inacceptable.

Face à la complicité active du gouvernement français dans cette guerre génocidaire menée par Israël contre le peuple palestinien et la répression de la liberté d'expression autour de la Palestine, la CUCCP invite le monde académique français à rejoindre l'appel européen pour une journée de solidarité universitaire avec le peuple palestinien le 12 mars 2024. Elle exige :

  • Un cessez-le feu immédiat, inconditionnel et permanent,
  • La levée permanente du blocus de Gaza,
  • La défense du droit palestinien à l'éducation.

Pour cela, nous proposons les moyens d'actions suivant :

  • Pousser nos universités à agir activement contre le régime d'apartheid israélien,
  • Établir des liens académiques avec des universités et des universitaires palestiniens,
  • Soutenir et participer au boycott universitaire visant les institutions académiques israéliennes complices de la violation des droits des Palestinien.nes,
  • Défendre la liberté d'expression et la liberté académique autour de la Palestine, ici et hors de France.

Il est possible d'agir quel que soit notre nombre, tant les moyens d'actions sont multiples : rassemblements, occupation de l'espace universitaire par un « die-in »3, projection de films, lecture de poésie palestinienne, port d'un keffieh, lister les universités détruites, les noms des collègues et étudiants tués, parler de la Palestine dans vos cours, etc. Nous comptons sur votre créativité !

Nous vous invitons à donner de la force à notre mobilisation en partageant massivement sur les réseaux sociaux, en taguant (@cuccp sur Instagram, Facebook, Twitter/X) et en utilisant :

#EndIsraelsGenocide #FreePalestine #EndIsraelScholasticide #March12forPalestine #FrenchscholarsforPalestine #EuropeansholarsStandwithPalestine#Scholarsgainstwar

Faites-nous part des actions réalisées en écrivant à palestinecoordination@gmail.com .


1Acronyme pour bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé.

3NDLR. Forme de manifestation dans laquelle les participants simulent la mort.

Le calvaire étouffé des Palestiniennes

Le 4 mars, l'ONU a publié un rapport sur les viols et agressions sexuelles commises le 7 octobre contre des Israéliennes. Si ce texte a rencontré un vaste écho médiatique, il n'en va pas de même pour un autre rapport des Nations unies qui concerne cette fois le traitement des Palestiniennes, en particulier les viols et les agressions sexuelles subies depuis le début de la guerre contre Gaza.

Huit expertes de l'ONU1 ont sonné l'alarme le 19 février. Dans un communiqué, elles expriment leurs « plus vives inquiétudes » à propos des informations obtenues de « différentes sources ». Elles dénoncent des exécutions sommaires, des viols, des agressions sexuelles, des passages à tabac et des humiliations sur les femmes et les jeunes filles palestiniennes de Gaza, comme de Cisjordanie. Elles évoquent « des allégations crédibles de violations flagrantes des droits humains », dont les femmes et les filles palestiniennes « sont et continuent d'être victimes »2.

Selon les témoignages, les informations et les images qu'elles ont pu recouper, des femmes et des filles « auraient été exécutées arbitrairement à Gaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants ». « Nous sommes choquées par les informations faisant état du ciblage délibéré et de l'exécution extrajudiciaire de femmes et d'enfants palestiniens dans des lieux où ils ont cherché refuge ou alors qu'ils fuyaient »3, parfois en tenant, bien en évidence, des tissus blancs, en signe de paix. Une vidéo diffusée par Middle East Eye4 et ayant beaucoup circulé montre notamment une grand-mère palestinienne abattue par les forces israéliennes dans les rues du centre de la ville de Gaza, le 12 novembre, alors qu'elle et d'autres personnes tentaient d'évacuer la zone. Au moment de son exécution, cette femme, nommée Hala Khreis, tenait par la main son petit-fils qui brandissait un drapeau blanc.

Des centaines de femmes seraient également détenues arbitrairement depuis le 7 octobre, selon les expertes onusiennes. Parmi elles, on compte des militantes des droits humains, des journalistes et des travailleuses humanitaires. En tout, « 200 femmes et jeunes filles de Gaza, 147 femmes et 245 enfants de Cisjordanie », sont actuellement détenus par Israël, selon Reem Alsalem, rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes auprès de l'ONU. Elle évoque des personnes « littéralement enlevées » de leurs maisons et qui vivent des circonstances de détention « atroces ». Nombre d'entre elles auraient été soumises à des « traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments », détaille encore le communiqué de l'ONU. Des témoignages rapportent notamment que des femmes détenues à Gaza auraient été enfermées dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture.

Viols et agressions sexuelles

Viennent ensuite les violences sexuelles. « Nous sommes particulièrement bouleversées par les informations selon lesquelles les femmes et les filles palestiniennes détenues ont également été soumises à de multiples formes d'agression sexuelle, comme le fait d'être déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l'armée israélienne. Au moins deux détenues palestiniennes auraient été violées et d'autres auraient été menacées de viol et de violence sexuelle », alertent les expertes. Ces Palestiniennes seraient « sévèrement battues, humiliées, privées d'assistance médicale, dénudées puis prises en photos dans des situations dégradantes. Ces images sont ensuite partagées par les soldats », selon Reem Alsalem. « Des rapports inquiétants font état d'au moins un bébé de sexe féminin transféré de force par l'armée israélienne en Israël, et d'enfants séparés de leurs parents, dont on ne sait pas où ils se trouvent », dénonce le communiqué.

Tous ces faits présumés ayant été perpétrés « par l'armée israélienne ou des forces affiliées » (police, personnel de prison, etc.). Le groupe d'expertes exige une enquête israélienne ainsi qu'une enquête indépendante, impartiale, rapide, approfondie et efficace sur ces allégations dans laquelle Israël coopère. « Pris dans leur ensemble, ces actes présumés peuvent constituer de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire, et équivalent à des crimes graves au regard du droit pénal international qui pourraient être poursuivis en vertu du Statut de Rome », préviennent-elles. « Les responsables de ces crimes présumés doivent répondre de leurs actes et les victimes et leurs familles ont droit à une réparation et à une justice complètes », ajoutent-elles.

Dans une interview à UN News5, Reem Alsalem déplore le mépris des autorités israéliennes face aux alertes.

Nous n'avons reçu aucune réponse, ce qui est malheureusement la norme de la part du gouvernement israélien qui ne s'engage pas de manière constructive avec les procédures spéciales ou les experts indépendants.

Elle précise ensuite que « la détention arbitraire de femmes et de filles palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza n'est pas nouvelle ».

Ces allégations ont été fermement rejetées par la mission israélienne de l'ONU qui affirme qu'aucune plainte n'a été reçue par les autorités israéliennes et dénigre sur X un « groupe de soi-disant expertes de l'ONU ». « Il est clair que les cosignataires ne sont pas motivées par la vérité mais par leur haine envers Israël et son peuple », peut-on lire.

Pourtant un rapport de 41 pages de l'ONG israélienne Physicians for Human Rights Israel (PHRI), daté de février et intitulé « Violation systématique des droits de l'homme : les conditions d'incarcération des Palestiniens depuis le 7 octobre »6 corrobore les dénonciations de l'ONU. On peut y lire de nombreux témoignages décrivant des « traitements dégradants et des abus graves », y compris des cas non isolés de harcèlements et d'agressions sexuelles, de violence, de torture et d'humiliation. Selon PHRI, le nombre de Palestiniens détenus par le service pénitentiaire israélien (Israel Prison Service) est passé d'environ 5 500 avant le 7 octobre à près de 9 000 en janvier 2024, dont des dizaines de mineurs et de femmes. Près d'un tiers des personnes détenues sont placées en détention administrative sans inculpation ni procès : une prise d'otage, en somme. Le rapport de l'ONG confirme que l'armée israélienne a arrêté des centaines d'habitants de Gaza sans fournir aucune information, même quatre mois plus tard, sur leur bien-être, leur lieu de détention et leurs conditions d'incarcération.

Embrasser le drapeau israélien

Dans le rapport de l'ONG israélienne PHRI, des témoignages de Palestiniens attestent notamment que des gardes de l'Israel Prison Service (IPS) les ont forcés à embrasser le drapeau israélien et que ceux qui ont refusé ont été violemment agressés. C'est le cas de Nabila, dont le témoignage a été diffusé par Al-Jazeera7. Cette femme qui a passé 47 jours en détention arbitraire qualifie son expérience d'« effroyable ». Elle a été enlevée le 24 décembre 2023 dans une école de l'UNRWA de la ville de Gaza où elle avait trouvé refuge. Les femmes ont été emmenées dans une mosquée pour être fouillées à plusieurs reprises et interrogées sous la menace d'armes, si violemment qu'elle affirme avoir pensé qu'elles allaient être exécutées. Elles ont ensuite été détenues dans le froid dans des conditions équivalentes à de la torture.

Nous avons gelé, nous avions les pieds et les mains attachés, les yeux bandés et nous devions rester agenouillées […] Les soldats israéliens nous hurlaient dessus et nous frappaient à chaque fois que nous levions la tête ou prononcions un mot.

Nabila a ensuite été conduite au nord d'Israël, dans la prison de Damon, avec une centaine de Palestiniennes parmi lesquelles des femmes de Cisjordanie. Battue à plusieurs reprises, elle est arrivée à la prison le visage plein d'hématomes. Une fois au centre de détention, les choses ne se sont pas arrangées pour les otages palestiniennes. Lors de l'examen médical, il a été ordonné à Nabila d'embrasser le drapeau israélien. « Quand j'ai refusé, un soldat m'a attrapée par les cheveux et m'a cognée la tête contre le mur », raconte-t-elle.

L'ONG israélienne affirme que des avocats ont présenté des plaintes de violence aux tribunaux militaires. Les juges ont pu voir les signes d'abus sur les corps des détenus mais « à part prendre note des préoccupations et informer l'IPS, les juges n'ont pas ordonné de mesures pour prévenir la violence et protéger les droits des personnes détenues », précise l'ONG israélienne. Pourtant, « des preuves poignantes de violence et d'abus assimilables à de la torture ont été portées à l'attention de la Cour suprême par PHRI et d'autres [...] Cependant, cela n'a pas suscité de réaction substantielle de la part de la Cour », regrette encore l'organisation.

L'un des témoignages rapporté par PHRI fait état d'agressions sexuelles qui se sont produites le 15 octobre, lorsque des forces spéciales sont entrées dans les cellules de la prison de Ktzi'ot (au sud-ouest de Bersabée), et ont tout saccagé tout en insultant les détenus par des injures sexuelles explicites comme « vous êtes des putes », « nous allons tous vous baiser », « nous allons baiser vos sœurs et vos femmes », « nous allons pisser sur votre matelas ». « Les gardiens ont aligné les individus nus les uns contre les autres et ont inséré un dispositif de fouille en aluminium dans leurs fesses. Dans un cas, le garde a introduit une carte dans les fesses d'une personne. Cela s'est déroulé devant les autres détenus et devant les autres gardes qui ont exprimé leur joie », est-il rapporté. Il n'est toutefois pas précisé si ce témoignage concerne des hommes ou des femmes.

Sous-vêtements féminins et inconscient colonial

Les soldats israéliens se sont illustrés sur les réseaux sociaux posant avec des objets et des sous-vêtements féminins appartenant aux femmes palestiniennes dont ils ont pillé les maisons. Des images qui ont fait le tour du monde et provoqué l'indignation générale. Violation de l'intimité, dévoilement du corps, viol des femmes colonisées : la domination sexuelle a toujours été une arme majeure caractéristique des empires coloniaux. « Prendre le contrôle d'un territoire, la violence politique et militaire ne suffit pas. Il faut aussi s'approprier les corps, en particulier ceux des femmes, la colonisation étant par définition une entreprise masculine », explique l'historienne Christelle Taraud, codirectrice de l'ouvrage collectif Sexualités, identités & corps colonisés (CNRS éditions, 2019).

Les Palestiniennes payent un très lourd tribut au génocide en cours à Gaza. L'ONU évalue à 9 000 le nombre de femmes tuées depuis le 7 octobre 2023. Celles qui survivent ont souvent perdu leurs enfants, leur mari et des dizaines de membres de leur famille. Il faut évoquer la condition des femmes enceintes qui étaient plus de 50 000 au moment du déclenchement des hostilités et qui accouchent, depuis, sans anesthésie et, le plus souvent, sans assistance médicale. De nombreux nouveau-nés sont morts d'hypothermie au bout de quelques jours. Les femmes dénutries ont du mal à allaiter et le lait infantile est une denrée rare. Les chiffres évoluent chaque jour cependant au 5 mars, au moins 16 enfants et bébés sont morts de malnutrition et déshydratation8 à Gaza en raison du siège total et du blocage de l'aide humanitaire par Israël.


1Le groupe des huit expertes est composé de la rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, Reem Alsalem, de la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, de la présidente du groupe de travail des Nations unies sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles, Dorothy Estrada-Tanck et de ses membres, Claudia Flores, Ivana Krstić, Haina Lu, et Laura Nyirinkindi. Les expert.e.s des procédures spéciales travaillent sur une base de volontariat. Ils/elles ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils/elles sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.

2« UN experts appalled by reported human rights violations against Palestinian women and girls », Nations unies, 19 février 2024.

3Ibid.

Le plan «éducation» d’Israël pour les enfants qui n’ont pas pu être massacrés à Gaza

Le plan d'Israël pour les enfants qui ont survécu aux massacres est toujours «l'éducation». C'est comme un aveu de la façon dont l'idéologie qui tolère l'Israël raciste et génocidaire peut être fournie au niveau mondial.

Responsabilité de protéger ! À une exception, le peuple palestinien

par Mohamed El Bachir. À partir du 7 octobre, le mouvement sioniste a mis en place les fondations pour la réalisation de la 3ème étape dont le but stratégique est de faire de l'État palestinien souverain, une chimère.

Des villes aux campagnes, la résistance armée s’étend en Cisjordanie

par Shatha Hanaysha. La résistance armée s’étend. «La résistance à Azzun était auparavant non armée», explique un habitant de la petite ville à Mondoweiss, mais «tout a changé après le 7 octobre.»

Sur Israël, les prémonitions au vitriol de Raymond Aron

Il était plus facile il y a quelques décennies de critiquer en France la politique de Tel-Aviv qu'aujourd'hui. Les analyses de Raymond Aron, chroniqueur à L'Express et au Figaro, incisives et dénuées de tout sentimentalisme vis-à-vis de sa judaïté, tranchent avec le tropisme pro-israélien actuel des médias dominants.

Raymond Aron est à la mode. Le penseur libéral, l'universitaire doublé d'un éditorialiste influent par ses éditoriaux dans Le Figaro puis dans L'Express, des années 1950 à 1980, a été convoqué à l'occasion du quarantième anniversaire de sa disparition par des médias de droite à la recherche des références intellectuelles qui leur manquent dans la production actuelle : « un maître pour comprendre les défis d'aujourd'hui », « un horizon intellectuel », « un libéral atypique ».

Curieusement, les prises de position les plus incisives de son œuvre journalistique, à savoir celles consacrées à Israël et à la Palestine, sont absentes des injonctions à « relire Raymond Aron ». Elles n'en restent pas moins d'une actualité brûlante.

On comprend cette gêne si on les relit, effectivement. Certaines de ces idées, exprimées dans une presse de droite par un homme de droite d'origine juive, le feraient classer en 2024 comme « antisioniste » (voire pire) par des médias et des « philosophes » de plateaux télé qui se contentent de paraphraser le narratif israélien.

C'est une véritable réflexion qui se déclenche le 27 novembre 1967, à la suite de la célèbre conférence de presse du général de Gaulle dénonçant, après la victoire éclair d'Israël et l'occupation des territoires palestiniens : « les Juifs (…) qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur ». Chaque mot de cette déclaration « aberrante » choque Raymond Aron. En accusant « les Juifs » éternels et non l'État d'Israël, de Gaulle réhabilite, écrit-il, un antisémitisme bien français : « Ce style, ces adjectifs, nous les connaissons tous, ils appartiennent à Drumont, à Maurras, non pas à Hitler et aux siens ».

Interrogations sur le concept de « peuple juif »

Mais Aron, en vrai philosophe, ne saurait s'arrêter là : « Et maintenant, puisqu'il faut discuter, discutons », écrit-il dans Le Figaro. Il se lance alors dans une étude socio-historique, adossée à une auto-analyse inquiète qui n'a pas vieilli. Quel rapport entre ses origines et l'État d'Israël ? L'obligent-elles à un soutien inconditionnel ? Et d'ailleurs qu'est-ce qu'être juif ? Ces questions parfois sans réponse définitive, on les trouve dans un ouvrage qui rassemble ses articles du Figaro1 puis, plus tard, dans ses Mémoires2 publiées l'année de sa mort, en 1983, et enfin dans un livre paru récemment qui comporte, lui, tous ses éditoriaux de L'Express3. Les citations de cet article sont extraites de ces trois livres.

Et d'abord, qu'est-ce que ce « peuple » juif comme le dit le président de la République, commence par se demander Raymond Aron. Il n'existe pas comme l'entend le sens commun, répond-il, puisque « ceux qu'on appelle les Juifs ne sont pas biologiquement, pour la plupart, les descendants des tribus sémites » de la Bible. « Je ne pense pas que l'on puisse affirmer l'existence objective du "peuple juif" comme celle du peuple français. Le peuple juif existe par et pour ceux qui veulent qu'il soit, les uns pour des raisons métahistoriques, les autres pour des raisons politiques ». Sur un plan plus personnel, Aron se rapproche, sans y adhérer complètement, de la fameuse théorie de son camarade de l'École normale supérieure, Jean-Paul Sartre, qui estimait qu'on n'était juif que dans le regard des autres. L'identité n'est pas une chose en soi, estime-t-il, avec un brin de provocation :

Sociologue, je ne refuse évidemment pas les distinctions inscrites par des siècles d'histoire dans la conscience des hommes et des groupes. Je me sens moins éloigné d'un Français antisémite que d'un Juif marocain qui ne parle pas d'autre langue que l'arabe…

Mais c'est pour ajouter aussitôt : « Du jour où un souverain décrète que les Juifs dispersés forment un peuple "sûr de lui et dominateur", je n'ai pas le choix ». Cette identité en creux ne l'oblige surtout pas à soutenir une politique. Aron dénonce « les tenants de l'Algérie française ou les nostalgiques de l'expédition de Suez qui poursuivent leur guerre contre les Arabes par Israël interposé ». Il se dit également gêné par les manifestations pro-israéliennes qui ont eu lieu en France en juin 1967 : « Je n'aimais ni les bandes de jeunes qui remontaient les Champs-Élysées en criant : "Israël vaincra", ni les foules devant l'ambassade d'Israël ». Dans ses Mémoires, il va plus loin en réaffirmant son opposition à une double allégeance :

Les Juifs d'aujourd'hui ne sauraient éluder leur problème : se définir eux-mêmes Israéliens ou Français ; Juifs et Français, oui. Français et Israéliens, non – ce qui ne leur interdit pas, pour Israël, une dilection particulière.

Cette « dilection », il la ressent émotionnellement. Lui qui en 1948 considérait la création de l'État d'Israël comme un « épisode du retrait britannique » qui « n'avait pas éveillé en lui la moindre émotion », lui qui n'a « jamais été sioniste, d'abord et avant tout parce que je ne m'éprouve pas juif », se sentirait « blessé jusqu'au fond de l'âme » par la destruction d'Israël. Il confesse toutefois : « En ce sens, un Juif n'atteindra jamais à la parfaite objectivité quand il s'agit d'Israël ». Sur le fond, il continue de s'interroger. Son introspection ne le prive pas d'une critique sévère de la politique israélienne, puisqu'Aron ne se sent aucune affinité avec les gouvernements israéliens : « Je ne consens pas plus aujourd'hui qu'hier à soutenir inconditionnellement la politique de quelques hommes ».

Le refus d'un soutien « inconditionnel »

Cette politique va jusqu'à le révulser. Il raconte comment il s'emporte, au cours d'un séminaire, contre un participant qui clame : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le digne professeur explose : « Contre mon habitude, je fis de la morale avec passion, avec colère. Cette formule… un Juif devrait avoir honte de la prendre à son compte ». Mais en général, le philosophe-journaliste reste attaché à une analyse froide des réalités du moment. Raymond Aron n'oublie pas qu'Israël est aussi un pion dans la géopolitique de la guerre froide : « S'il existe un "camp impérialiste" [face à l'URSS], comment nier qu'Israël en fasse partie ? » Puis : « Dans le poker de la diplomatie mondiale, comment le nier ? Israël, bon gré mal gré, est une carte américaine ».

Il pousse loin le principe de la « déontologie » intellectuelle. S'il juge qu'en 1967, Israël a été obligé d'attaquer, il peut être bon, pour le bien de la paix régionale, qu'il perde quelques batailles  : « Je jugeai normale l'attaque syro-égyptienne de 1973 », écrit-il, ajoutant même : « Je me réjouis des succès remportés par les Égyptiens au cours des premiers jours », car ils permettraient au président Anour El-Sadate de faire la paix.

Mais Aron reste tout de même sceptique devant l'accord de 1978 entre Menahem Begin et Sadate à Camp David, simple « procédure » qu'il « soutient sans illusion » car il lui manque le principal : elle ne tient pas compte du problème « des colonies implantées en Cisjordanie ». En 1967 (rejoignant, cette fois, les prémonitions du général de Gaulle, dans la même conférence), il décrit l'alternative à laquelle Israël fait face : « Ou bien évacuer les territoires conquis… ou bien devenir ce que leurs ennemis depuis des années les accusent d'être, les derniers colonisateurs, la dernière vague de l'impérialisme occidental ». L'impasse est totale, selon lui : « Les deux termes semblent presque également inacceptables » pour Tel-Aviv.

Ce pessimisme foncier s'exprime dans ses articles écrits pour L'Express dans les dernières années de sa vie. En 1982, il salue la portée « symbolique » et la « diplomatie précise » de François Mitterrand, qui demande devant le parlement israélien un État pour les Palestiniens, en échange de leur reconnaissance d'Israël. Tout en restant lucide : « Mitterrand ne convaincra pas Begin, Reagan non plus ». Selon lui, écrit-il toujours en 1982, Israël n'acceptera jamais de reconnaître l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme seul représentant des Palestiniens. Dix ans plus tard, les accords d'Oslo connaîtront finalement l'échec que l'on sait, et Israël facilitera la montée du Hamas, dans le but d'affaiblir l'OLP.

L'invasion du Liban par Israël en 1982, le départ de Yasser Arafat et de ses combattants protégés par l'armée française donnent encore l'occasion à Raymond Aron de jouer les prophètes : même si l'OLP devient « exclusivement civile (…), d'autres groupements reprendront l'arme du terrorisme (…). L'idée d'un État palestinien ne disparaîtra pas, quel que soit le sort de l'OLP ».

En septembre, il commente ainsi les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila par les phalangistes libanais, protégés par l'armée israélienne :

Israël ne peut rejeter sa responsabilité dans les massacres de Palestiniens (…). Pendant les trente-trois heures de la tuerie, des officiers de Tsahal ne pouvaient ignorer ce qui se passait dans les camps.

Et les prédictions d'Aron, en décembre de la même année, résonnent singulièrement aujourd'hui. À l'époque, le terme d'apartheid est encore réservé à l'Afrique du Sud. Le philosophe évoque un autre mot et une autre époque :

D'ici à la fin du siècle, il y aura autant d'Arabes que de Juifs à l'intérieur des frontières militaires du pays. Les Juifs porteront les armes, non les Arabes. Les cités grecques connaissaient cette dualité des citoyens et des métèques. Faut-il croire au succès de la reconstitution d'une cité de ce type au XXe siècle ?

Oui, il faut relire Raymond Aron.


1De Gaulle, Israël et les Juifs, Plon, 1968.

2Mémoires, tome 2, Julliard, 1983.

3De Giscard à Mitterrand, 1977-1983, Calmann-Lévy, 2023.

Washington compte imposer des sanctions aux soldats de Tsahal opérant en Cisjordanie

L'administration américaine s'apprête à imposer des sanctions aux soldats de Tsahal qui opèrent en Cisjordanie contre les terroristes, selon un rapport interne du ministère des Affaires étrangères, relayé vendredi soir par la chaîne Kan 11.

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Supplying Israel while it starves Gaza

Par : AHH

The trade corridor amounts to active Arab collusion in the genocidal war

By Abdel Bari Atwan at Rai Al Youm

While Yemen gets pummelled by US and British airstrikes for trying to close the Red Sea to Israeli shipping, other Arab countries have been conspiring to sabotage its valiant effort to support the Palestinians in the Gaza Strip.

The UAE, Jordan, and Saudi Arabia have been complicit in creating a Dubai-Haifa corridor to provide the occupation state with an alternative route for its commerce that bypasses the Bab al-Mandeb strait and Suez Canal or Gulf of Aqaba.

The countries involved have maintained a deafening silence about, or muttered feeble excuses for, this shameful and ominous normalisation move amid Israel’s genocidal war in the Gaza Strip. But the Israeli media haven’t been shy about publicising and hailing it. They’ve shown footage of convoys of freight trucks passing through this route, thereby exposing what the Arab governments are trying to hide from their people.

Last week, Israel’s Channel 13 reported that hundreds of lorries loaded with goods and fresh food have been making their way from the UAE through Saudi Arabia and Jordan to the occupation state and its consumers. This amounts to active collusion, even if indirect, in Israel’s murderous war of extermination in the Gaza Strip.

The Jordanian authorities already committed the outrage of enabling the export of fruits and vegetables from the Jordan Valley to the occupation state despite its assault. Now, some officials are arguing that Jordan does not have the right to prevent the transit of commercial freight through its territory due to the agreements it has signed in this regard and out of fear of being treated in kind by the countries that would suffer from such a decision, namely Saudi Arabia and the UAE.

But since when has Israel ever complied with the provisions of signed agreements or respected other laws and treaties, not least the Wadi Araba and Oslo accords?

It is disgraceful that an Emirati company, Puretrans, is partnering the Israeli firm Trucknet in jointly overseeing the management of this corridor. Supplying Israel and its settlers with goods and food while it deliberately starves more than two million Palestinians in its attempt to make the Gaza Strip uninhabitable amounts to direct participation in that crime.

The Egyptian authorities are doing the same by refusing to open the Rafah crossing by force to allow humanitarian aid to enter, and by charging levies of up to $5,000 on each truck. According to news reports, there are over 2,500 trucks stalled in a 40-km long queue stretching from Arish to the Rafah crossing waiting to deliver aid.

One would have expected the Arab governments complicit in this crime to apply reciprocal treatment by shutting down all crossings to Israel completely, not to mention severing relations with it and closing its embassies on their territory in solidarity with the West Bank and Gaza Strip. They could at least condition the transit of freight through the Dubai-Haifa corridor on Israel lifting the blockade and allowing aid into Gaza.

But that seems too much to hope for. If the killing of more than 30,000 fellow Arabs (thousands of them still buried under the rubble), the injury of some 70,000 others, and the destruction of 86% of Gazan homes does not stir the feelings or consciences of these governments, what can?

We’re not asking Jordan, the UAE, and Saudi Arabia to take the same valiant stance as the Yemenis and confront the US and UK warships trying to break the maritime blockade on Israel. We know they would turn a deaf ear to any such demand. But we do ask them to listen to their people who are seething over this feigned impotence, and follow the lead of non-Arab and non-Muslim countries like South Africa, Bolivia, Chile, and Colombia in severing ties with the occupation state instead of throwing it a lifeline.

The Jordanian people are in an unprecedented and mounting state of agitation these days, first over the massacre of their brethren in Gaza and the West Bank, and second over reports of Jordanian planes joining US aircraft in bombing targets in Iraq in retaliation for the Iraqi Islamic resistance’s attack on a US base in northern Jordan.

The survival and sustainability of the Zionist enterprise were dealt a knockout blow by the al-Aqsa Flood operation. It shattered Israel’s security and stability, cost it over $75 billion so far, and displaced over 500,000 of its settlers. Arab governments and leaders should wake up to this reality and bank on the resistance rather than an occupation state facing genocide charges at the International Court of Justice (ICJ) has condemned for genocide.

If only they could be as bold and courageous as UN Secretary-General António Guterres, leaders from Latin America, Africa, and Asia who have spoken out and severed relations or expelled ambassadors, and the hundreds of millions of people in the West, East, North, and South who have boycotted Israel and taken to the streets to demonstrate against its actions.

Or is that, also, too much to ask?

The 2020 Abraham Accords (AKA Trump Peace Plan):

De la Nakba à Gaza. Poésie et résistance en Palestine

Mahmoud Darwich (1941-2008) est devenu le porte-voix de la cause palestinienne parce que sa poésie est acte de résistance à portée universelle. Mais la poésie palestinienne est multiple et a vu, depuis la Nakba de 1948 jusqu'à Gaza ces derniers mois, plusieurs générations de femmes et d'hommes écrire sur un futur de liberté et d'indépendance.

Dès 1948, la poésie s'est imposée en Palestine occupée face aux autres genres littéraires. Ce n'est pas seulement le signe d'un attachement des écrivains palestiniens à un mode ancien et populaire d'expression dans le monde arabe, mais l'expression d'une volonté de résister aux règles de l'occupation israélienne qui prolongeaient celles du mandat britannique en Palestine (1917-1948). Face aux mesures de répression des forces coloniales, la poésie, qui se transmet et se mémorise aisément, est mieux armée que les autres genres littéraires pour contourner la censure.

C'est d'ailleurs à travers de véritables festivals de poésie ou mahrajanat que la première génération de poètes post 1948 a pu atteindre un large public demeuré sur les terres de Palestine. Parmi les auteurs qui ont participé et se sont révélés lors de ces festivals, se trouvent les grands noms de la poésie palestinienne de cette génération : Taoufik Ziyad (1929-1994), Samih al-Qasim (1939-2014), Mahmoud Darwich (1941-2008), Salim Joubran (1941-2011) et Rashid Hussein (1936-1977). Tous avaient atteint l'âge adulte dans les années qui ont suivi la Nakba de 1948. Ils étaient généralement issus de la classe ouvrière et militaient aussi pour l'amélioration des conditions de vie des ouvriers et des paysans. Ce qui fait de la poésie palestinienne un genre traditionnellement marqué à gauche.

La majorité de ces poètes ont été formés en arabe et en hébreu, en Palestine occupée ou à l'étranger. Seule la poétesse Fadwa Touqan (1917-2003), autodidacte, aurait été initiée à la poésie par son frère Ibrahim Touqan (1905-1941), lui-même poète. Beaucoup étaient des enseignants dans des écoles gérées par les autorités israéliennes. Ces institutions, tout comme les festivals de poésie et d'autres rassemblements publics comme les mariages et les fêtes religieuses, étaient surveillés de près par les services de sécurité coloniaux qui s'efforçaient de contenir le nationalisme palestinien.

À travers leur poésie, ces auteurs ont joué un rôle important dans la production et la diffusion d'idées à portée politique. Leur participation aux festivals était de fait un geste de résistance. Leurs poèmes, écrits le plus souvent dans le respect des codes de la prosodie arabe traditionnelle, étaient faciles à chanter et à retenir. Ils étaient déclamés devant un auditoire nombreux, coupé du reste du monde arabe et des Palestiniens forcés à l'exil, et traumatisé par les massacres commis par l'armée israélienne. Les poèmes exprimaient le plus souvent espoirs et rêves révolutionnaires de liberté et d'indépendance, mais ils abordaient aussi des thèmes plus graves liés au sentiment de dépossession, et aux violences physiques et symboliques subies.

C'est au cours de ces festivals que se développe le concept de résistance, de sumud ou persévérance face à l'adversité, concept qui deviendra un thème majeur de la poésie palestinienne notamment chez Taoufik Ziyad avec son célèbre poème Ici nous resterons dont cet extrait résonne comme un manifeste politique et poétique :

Ici nous resterons

Gardiens de l'ombre des orangers et des oliviers

Si nous avons soif nous presserons les pierres

Nous mangerons de la terre si nous avons faim mais nous ne partirons pas !

Ici nous avons un passé un présent et un avenir1

La participation aux festivals a valu à plusieurs auteurs comme Taoufik Ziyad et Hanna Ibrahim (1927- ) d'être arrêtés puis emprisonnés ou assignés à domicile. Ils n'ont pas renoncé pour autant à composer des poèmes, et la colère et l'indignation traversent de nombreux textes. En témoigne cet extrait d'un poème du charismatique Rashid Hussein que Mahmoud Darwich surnommait Najm ou l'étoile, et auquel Edward Saïd rend un hommage appuyé dans l'introduction de son ouvrage sur la Palestine2 :

Sans passeport

Je viens à vous

et me révolte contre vous

alors massacrez-moi

peut-être sentirai-je alors que je meurs

sans passeport3

Discours de Tawfiq Ziad lors de la Journée de la Terre, le 31 mars 1979. (Wikimedia Commons)

Certains poèmes deviendront des chansons populaires, connues de tous en Palestine occupée et ailleurs, comme celui intitulé Carte d'identité, composé par Mahmoud Darwich, en 1964 :

Inscris

je suis arabe

le numéro de ma carte est cinquante mille

j'ai huit enfants

et le neuvième viendra… après l'été

Te mettras-tu en colère ?4

Si les anthologies et recueil imprimés demeurent assez rares jusqu'aux années 1970 et ne représentent, d'après le chercheur Fahd Abu Khadra, qu'une infime partie des poèmes composés et publiés entre 1948 et 1958, certains poètes auront recours aux organes de presse de partis politiques pour diffuser leurs écrits. Le Parti des travailleurs unis (Mapam) a par exemple soutenu et financé la revue Al-Fajr (l'Aube), fondée en 1958 et dont le poète Rashid Hussein était l'un des rédacteurs en chef. Subissant attaques et censure, la revue sera interdite en 1962.

Les membres du Parti communiste israélien (Rakah) ont pour leur part relancé la revue Al-Itihad (L'Union) en 1948, qui avait été fondée en 1944 à Haïfa par une branche du parti communiste. À partir de 1948, Al-Itihad ouvre ses colonnes à des poètes importants comme Rashid Hussein, Émile Habibi (1922-1996), Hanna Abou Hanna (1928-2022). Ces revues ont joué un rôle crucial pour la cause palestinienne en se faisant les porte-voix d'une poésie de combat. Longtemps regardés avec méfiance et suspectés de collaborer avec les forces coloniales par le simple fait d'être restés, c'est Ghassan Kanafani (1961-1972), auteur et homme politique palestinien qui a redonné à ces auteurs la place qu'ils méritent, en élaborant le concept de « littérature de résistance »5 . Cette littérature est considérée par certains comme relevant davantage d'une littérature engagée que d'une littérature de combat, restreinte par le poète syrien Adonis (1930- ), à tort nous semble-t-il, au combat armé.

Cette poésie a par ailleurs souvent été critiquée pour être davantage politique que « littéraire », comme si l'un empêchait l'autre. À ce sujet, Mahmoud Darwich fait une mise au point salutaire :

Mais je sais aussi, quand je pense à ceux qui dénigrent la « poésie politique », qu'il y a pire que cette dernière : l'excès de mépris du politique, la surdité aux questions posées par la réalité de l'Histoire, et le refus de participer implicitement à l'entreprise de l'espoir6.

Pour finir, il est important de noter que les poèmes de cette période n'évoquent pas seulement la Palestine et son combat pour l'indépendance. Y apparaissent d'autres causes de la lutte anticoloniale, notamment celle du peuple algérien, ou des Indiens d'Amérique. Dans un poème de 1970, Salem Joubran (1941-2011) interpelle ainsi Jean-Paul Sartre qui a défendu la cause algérienne mais reste silencieux quant à la colonisation de la Palestine :

À JEAN-PAUL SARTRE

Si un enfant était assassiné, et que ses meurtriers jetaient son corps dans la boue,

seriez-vous en colère ? Que diriez-vous ?

Je suis un fils de Palestine,

je meurs chaque année,

je me fais assassiner chaque jour,

chaque heure.

Venez, contemplez les nuances de la laideur,

toutes sortes d'images,

dont la moins horrible est mon sang qui coule.

Exprimez-vous :

Qu'est-ce qui a provoqué votre soudaine indifférence ?

Quoi donc, rien à dire ?7

Autre figure souvent citée, celle de Patrice Lumumba auquel on rend hommage après son assassinat par les forces coloniales belges. Rashid Hussein déclame ce poème lors d'un festival de poésie :

L'Afrique baigne dans le sang, avec la colère qui l'envahit,

Elle n'a pas le temps de pleurer l'assassinat d'un prophète,

Patrice est mort... où est un feu comme lui ?...

Il s'est éteint, puis a enflammé l'obscurité en évangile8 .

Cultiver l'espoir et renouveler le combat

Les générations de poètes qui ont suivi celle de 1948 perpétuent les thèmes de résistance et de combat en leur donnant un souffle politique nouveau. À mesure que les guerres se succèdent, que la situation des Palestiniens de 1948 se détériore, que les camps de réfugiés se multiplient et s'inscrivent dans la durée et que la colonisation de la Palestine se poursuit — en violation des résolutions de l'ONU et du droit international - les thèmes abordés renvoient à la situation intenable de tous les Palestiniens où qu'ils soient. Entre dépossession, exils forcés, conditions précaires et inhumaines dans les camps de réfugiés, emprisonnements arbitraires, massacres, faim, mort, tristesse, les textes cultivent également l'espoir comme en échos au fameux poème de Mahmoud Darwich de 1986, Nous aussi, nous aimons la vie  :

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre

eux, nous dressons un minaret ou un palmier9.

En 2011, la poétesse Rafeef Ziadah, née en 1979, compose en réponse à un journaliste qui la somme d'expliquer pourquoi les Palestiniens apprennent à leurs enfants la haine, un poème intitulé Nous enseignons la vie, monsieur We teach life, Sir »), qu'elle récite à Londres et dont la vidéo sera amplement partagée :

Aujourd'hui, mon corps a été un massacre télévisé.

Aujourd'hui, mon corps a été un massacre télévisé qui devait tenir en quelques mots et en quelques phrases.

Aujourd'hui, mon corps a été un massacre télévisé qui devait s'inscrire dans des phrases et des mots limités, suffisamment remplis de statistiques pour contrer une réponse mesurée.

J'ai perfectionné mon anglais et j'ai appris les résolutions de l'ONU.

Mais il m'a quand même demandé : "Madame Ziadah, ne pensez-vous pas que tout serait résolu si vous arrêtiez d'enseigner tant de haine à vos enfants ?

Pause.

Je cherche en moi la force d'être patiente, mais la patience n'est pas sur le bout de ma langue alors que les bombes tombent sur Gaza.

La patience vient de me quitter.

Pause. Sourire.

Nous enseignons la vie, monsieur.

Rafeef, n'oublie pas de sourire.

Pause.

Nous enseignons la vie, monsieur10 .

La poésie se montre critique aussi de l'Autorité palestinienne qui après les Accords d'Oslo se montre défaillante, gère les fonds qui lui sont alloués de manière peu transparente et ne parvient pas à juguler la montée du Hamas que plusieurs poètes palestiniens, traditionnellement de gauche, déplorent. Voici un exemple d'un poème sans concessions et à l'humour corrosif, intitulé L'État de Abbas, rédigé en 2008 par Youssef Eldik (1959-) :

Celui qui n'a pas mal au derrière

Ou qui ne voit pas comment le singe se promène,

Qu'il entre dans l'État de Abbas.

Cet état est apprivoisé –

aucune autorité dans cette « Autorité »

Si un voleur ne se présente pas devant le tribunal

ils le remplacent par son voisin ou sa femme

car le gazouillis de l'oiseau sur les fils téléphoniques

résonnent comme « Hamas ! »

Notre type de justice s'applique à toutes créatures

faisant du singe le semblable de son maître

de l'escroc ….un policier ( …)

Dieu soit loué

Après notre humiliation… notre labeur… sommeil,

nous avons éternué… un Chef d'État

Oh, peuple : sauvons l'État11

Mais si les thèmes se perpétuent, ils prennent aussi une nouvelle dimension, notamment au sein de la diaspora palestinienne vivant en Amérique du Nord, qui désormais écrit en anglais et se met au diapason des nouvelles luttes décoloniales et écologiques internationales. Cette poésie est assez peu connue en France. Quelques poèmes ont été traduits par l'incontournable Abdellatif Laâbi dans une anthologie publiée en 2022 et consacrée aux nouvelles voix mondiales de la poésie palestinienne12. Laâbi avait déjà publié en 1970 une première Anthologie de la poésie palestinienne de combat, suivie vingt ans plus tard de La poésie palestinienne contemporaine.

Dans cette nouvelle poésie contemporaine, on notera les recueils de Remi Kanazi (1981-) poète et performer qui, dans une langue nerveuse et moderne, utilise souvent l'adresse, puise dans le langage moderne des hashtags et des réseaux sociaux, et s'inspire de la rythmique incisive du hip-hop, reprenant peut-être aussi inconsciemment les codes de la poésie arabe de ses prédécesseurs qui déclamaient leurs vers lors des festivals de poésie. Voici deux exemples de sa poésie percutante13. L'un est extrait du poème intitulé Hors saison :

mais vos proverbes ne sont pas de saison

des anecdotes plus jouées

que les contes d'un pays

sans peuple (...)

vous ne voulez pas la paix

vous voulez des morceaux

et ce puzzle

ne se termine pas

bien pour

vous

L'autre poème est intitulé Nakba :

Elle n'avait pas oublié

nous n'avons pas oublié

nous n'oublierons pas

des veines comme des racines

des oliviers

nous reviendrons

ce n'est pas une menace

pas un souhait

un espoir

ou un rêve

mais une promesse

Le thème de la terre traverse bien évidemment l'ensemble de la poésie palestinienne puisqu'elle est au cœur de la colonisation de peuplement dont ils sont victimes depuis 1948. Il est également mobilisé par des poètes de la diaspora mais sous un angle sensiblement différent. Il ne s'agit plus de revenir sur la catastrophe de 1948 pour déplorer une dépossession en des termes qui reprennent la terminologie capitaliste donc colonialiste et d'exprimer d'une volonté de réappropriation des terres. Il s'agit désormais de penser la Nakba en tant que catastrophe et lieu de rupture écologique. Cette rupture écologique a touché la Palestine en 1948 mais elle touche la Planète entière. C'est ainsi que Nathalie Handal (1969- ), dans un hommage qu'elle rend à Mahmoud Darwich, imagine ce que lui dirait le poète disparu dans une veine poétique et universelle :

Je lui demande s'il vit maintenant près de la mer.

Il répond : « Il n'y a pas d'eau, seulement de l'eau, pas de chanson, seulement de la chanson, pas de version de la mort qui me convienne, pas de vue sur le Carmel, seulement sur le Carmel, personne pour l'écouter »14.

Naomi Shihab Nye (1952- ) pour sa part décentre l'humain pour redonner force et pertinence à son propos écologiste. Dans le poème Même en guerre, elle écrit :

Dehors, les oranges dorment, les aubergines,

les champs de sauge sauvage. Un ordre du gouvernement,

Vous ne cueillerez plus cette sauge

qui parfume toute votre vie.

Et toutes les mains ont souri15.

Elle fait le lien entre les oranges, les aubergines, la sauge et probablement des dormeurs sans méfiance, juste avant un raid de l'armée israélienne. Et si les mains sourient, c'est probablement par dépit et pour défier les autorités coloniales et leurs décisions arbitraires. Il n'y a là aucune hyperbole, les autorités israéliennes ayant en effet interdit aux Palestiniens de 1948 de cueillir plusieurs herbes, notamment le zaatar, pour en réserver l'exploitation et la vente aux colons israéliens.

Un homme passe devant une pancarte citant le poète Ghassan Kanafani à Hébron en Cisjordanie occupée, le 8 mars 2023, lors d'une grève générale en protestation contre l'armée israélienne au lendemain d'un raid à Jénine (HAZEM BADER/AFP).

Gaza, poésie et génocide

Depuis octobre 2023, la poésie palestinienne est en deuil, toutefois elle reste au combat. Si la poésie française a eu son Oradour16, chanté et commémoré par des poètes comme Georges-Emmanuel Clancier (1914-2018), la poésie palestinienne ne compte plus le nombre de villages et localités dévastés depuis plus de trois mois auxquels il faut ajouter toutes les guerres et attaques infligées à la bande de Gaza depuis 1948. À la fin du second conflit mondial, le philosophe Theodor Adorno avait affirmé qu'il était impossible d'écrire de la poésie après Auschwitz. Si l'on a retenu cette affirmation, on oublie souvent qu'Adorno est plus tard revenu sur ses propos, considérant que face à l'inhumain, à l'impensable, la littérature se doit de résister.

Avec plus de 23 000 morts et 58 000 blessés dénombrés à ce jour, la littérature palestinienne perd elle aussi des hommes et des femmes. Refaat Alareer (1979-2023), professeur de littérature à l'Université islamique de Gaza et poète, avait fait le choix de la langue anglaise pour mieux faire connaître la cause palestinienne à l'étranger. Il a été tué lors d'une frappe israélienne dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 décembre. Le 1er novembre il a écrit un poème traduit et publié dans son intégralité par Orient XXI et dont voici un extrait :

S‘il était écrit que je dois mourir

Alors que ma mort apporte l'espoir

Que ma mort devienne une histoire

Quelques semaines plus tôt, le 20 octobre 2023, c'est Hiba Abou Nada (1991-2023), poétesse et romancière de 32 ans, habitante de Gaza qui est tuée. Voici un extrait d'un poème, écrit le 10 octobre, quelques jours avant sa mort :

Je t'accorde un refuge

contre le mal et la souffrance.

Avec les mots de l'écriture sacrée

je protège les oranges de la piqûre du phosphore

et les nuages du brouillard

Je vous accorde un refuge en sachant

que la poussière se dissipera,

et que ceux qui sont tombés amoureux et sont morts ensemble

riront un jour17.

Poésie tragique d'une femme assiégée qui offre refuge à l'adversaire. On y retrouve le thème de la persévérance mais aussi de la générosité et de l'amour de la vie en dépit de l'adversité, des violences subies, du génocide en cours et de sa mort imminente.

Fondée en 2022 et basée à Ramallah, la revue littéraire Fikra (Idée) donne voix en arabe et en anglais aux auteurs palestiniens. Depuis le début des exactions contre la population civile de Gaza, elle a publié les poèmes de Massa Fadah et Mai Serhan. Le poème écrit par cette dernière et intitulé Tunnel met en accusation l'Occident et son hypocrisie vis-à-vis de la cause palestinienne :

Piers Morgan ne cesse de poser la question,

« qu'est-ce qu'une réponse proportionnée ? »

Dites-lui que cela dépend. Si c'est une maison

de saules et de noyers, alors c'est à l'abri des balles, un souvenir. Si c'est un mot

c'est un vers épique, et il n'y a pas

de mots pour l'enfant blessé, sans famille

qui lui survit - seulement un acronyme, une anomalie

Dites-lui que si c'est un enfant, il ne devrait

pas hanter ses rêves, l'enfant n'était

pas censé naître d'une mère, mais

d'une terre. Cet enfant est une graine, rappelez-le-lui,

la graine est sous terre, chose têtue,

plus souterraine que le tunnel.

D'autres plateformes, comme celle de l'ONG Action for Hope, s'efforce de donner voix à des poètes palestiniens qui, sous les bombes ou forcés à fuir, continuent d'écrire et de faire parvenir des textes bouleversants de vérité et de courage. À travers l'initiative « Ici, Gaza » (« This is Gaza »), des acteurs lisent des textes en arabe sous-titrés en anglais ou en français. Un livret de poèmes a été mis en ligne en arabe et anglais pour donner à cette poésie une plus grande portée en atteignant des publics arabophones et anglophones.

La poésie refuse de se résoudre à l'horreur mais aussi à tous les diktats, ceux de la langue, de la forme, de la propagande et des discours dominants. Cela a toujours été sa force quelles que soient les époques et les latitudes. Elle a résisté aux fascismes, aux colonialismes et autoritarismes et a payé ses engagements par la mort, l'exil ou la prison. De Robert Desnos (1900-1945) mort en camp de concentration à Federico Garcia Lorca (1898-1936) exécuté par les forces franquistes, de Nâzim Hikmet (1901-1963) qui a passé 12 ans dans les prisons turques à Kateb Yacine (1929-1989) emprisonné à 16 ans par la France coloniale en Algérie, de Joy Harjo (1951- ) qui célèbre les cultures amérindiennes, à Nûdem Durak (1993- ) qui chante la cause kurde et croupit en prison depuis 2015, condamnée à y demeurer jusqu'en 2034, partout où l'obscurantisme sévit, la poésie répond et se sacrifie.

On tremble pour ce jeune poète de Gaza, Haidar Al-Ghazali qui comme ses concitoyens s'endort chaque nuit dans la peur de ne pas se réveiller le lendemain, auteur de ces lignes bouleversantes :

Il est maintenant quatre heures et quart du matin, je vais dormir et je prépare mon corps à l'éventualité d'une roquette soudaine qui le ferait exploser, je prépare mes souvenirs, mes rêves ; pour qu'ils deviennent un flash spécial ou un numéro dans un dossier, faites que la roquette arrive alors que je dors pour que je ne ressente aucune douleur, voici notre ultime rêve en temps de guerre et une fin bien pathétique pour nos rêves les plus hauts.

Je m'éloigne de la peur familiale vers mon lit, en me posant une question : qui a dit au Gazaoui que le dormeur ne souffre pas ?18


1Cité dans The Tent Generation, Palestinian Poems, Selected, introduced and translated by Mohammed Sawaie, Banipal Books, Londres, 2022. (ma traduction).

2Edward Said, La Question de Palestine, Actes Sud, 2010.

3Rashid Hussein, Al-Amal al-shiriyya (Œuvres poétiques complètes), Kuli Shay', 2004. (ma traduction).

4Mahmoud Darwich, Carte d'identité, in La poésie palestinienne contemporaine, poèmes traduits par Abdellatif Laâbi, Écrits des Forges, 1990.

5Ghassan Kanafani, Adab al-Muqawama fi Filastin al-Muhtalla 1948-1966, (La littérature de résistance en Palestine occupée 1948-1966), Muassasat al-Abhath al-Arabiya, 1966.

6Mahmoud Darwich, La Terre nous est étroite et autres poèmes, traduit de l'arabe par Élias Sanbar, nrf, Poésie, Gallimard, 2023.

7Cité dans The Tent Generation, Palestinian Poems, Selected, introduced and translated by Mohammed Sawaie, Banipal Books, Londres, 2022 (ma traduction).

8Rashid Hussein, Al- Amal al-shiriyya (Œuvres poétiques complètes), Kuli Shay', 2004 (ma traduction).

9Mahmoud Darwich, La Terre nous est étroite et autres poèmes, p.227.

10Le poème ainsi que d'autres a donné lieu à un album de poésie déclamé, intitulé We Teach life, Sir, 2015. https://www.rafeefziadah.net/js_albums/we-teach-life/

11Cité dans The Tent Generation, Palestinian Poems, (ma traduction).

12Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd'hui. Textes choisis et traduits de l'arabe par Abdellatif Laâbi. Points, 2022.

13Les deux poèmes sont extraits de Remi Kanazi, Before the Next Bomb Drops. Rising Up from Brooklyn to Palestine, Haymarket Book, 2015 (ma traduction).

14Nathalie Handal, Love and Strange Horses, University of Pittsburgh Press, Pittsburgh 2010, p 8. (Ma traduction).

15Naomi Shihab Nye, 19 Varieties of Gazelle Gazelle : Poems of the Middle East, Greenwillow Books, 2002, p 50 (ma traduction).

16Oradour : le 10 juin 1944, les troupes allemandes massacrent la population entière, 642 habitants, d'Oradour-sur-Glane, village de Haute-Vienne.

17Le poème a été publié dans son intégralité en anglais sur le site de la revue en ligne Protean Magazine

18Texte écrit le 27 octobre 2023, après que tous les moyens de communication ont été coupés, et dont l'auteur ne pensait pas qu'il parviendrait à ses destinataires, mis en ligne par Action for Hope.

The United Nations Is Stealing Your Future

You didn’t want it. You didn’t vote on it. You didn’t give input on it. You don’t dare to question it. The oracle of science...

The United Nations Is Stealing Your Future

Gaza. Fabien Roussel : « Je ne suis pas dupe de l'usage du mot terrorisme »

Par : Jean Stern

En répondant en exclusivité à Orient XXI, le secrétaire national du PCF livre une analyse du conflit renvoyant dos-à-dos gouvernement israélien et Hamas. Le député du Nord exhorte la France à sortir de son effacement sur un sujet que le président qualifiait il y a peu - nous révèle-t-il - de second rang. Il parle ici de ce qui divise la gauche : le terrorisme, l'apartheid israélien, la solidarité avec la Palestine.

Orient XXI - Depuis le 7 octobre, un débat autour du Hamas traverse la gauche. Si tout le monde s'accorde au PCF pour parler d'attaques terroristes, il y a des divergences d'analyse pour le qualifier de mouvement terroriste. Peut-on interdire un mouvement qui représente près de la moitié des Palestiniens ?

Fabien Roussel - Tout le monde ne qualifie pas les actes du 7 octobre d'attaques terroristes et je le regrette. Et je dis, avec la même force, qu'elles ne justifient en rien les bombardements massifs et incessants sur Gaza. Pour gagner la paix, il faut cesser le deux poids deux mesures de tout côté. Quiconque affirme porter une perspective de paix doit également dire sans ambiguïté que ce que subit le peuple palestinien à Gaza et dans les territoires occupés est une blessure pour l'humanité, aussi atroce que les crimes commis le 7 octobre. Ma conviction est que le gouvernement d'extrême-droite de Nétanyahou ou le Hamas, quel que soit leur poids dans leurs opinions respectives, ne permettront pas de trouver une solution politique à ce conflit, car tous deux sont opposés à la coexistence pacifique des deux peuples au sein de deux États.

Pour Emmanuel Macron, un conflit de « second rang »

OXXI. - Il y a aussi un grand abandon de Gaza et des Palestiniens, par l'Union européenne, ainsi que par une partie du monde arabe avec les accords d'Abraham. Que faut-il faire pour remettre la question palestinienne au centre du jeu ?

F. R.- Quand le président de la république a réuni les chefs de partis à Saint-Denis le 28 août 2023, bien avant le 7 octobre, cela a duré treize heures au total, dont trois heures de discussions préliminaires sur la situation internationale, l'Ukraine, l'Arménie... À la fin de cet échange, alors que le Président voulait enchainer le débat sur la situation française, je l'ai arrêté et j'ai dit : « Monsieur le Président, il faut parler de la Palestine. La France s'honorerait de prendre une initiative politique pour remettre cette question au cœur de l'actualité internationale car je crains une explosion, c'est terrible ce qui se passe là-bas ». Le Président a balayé ma demande d'un revers de main en disant que cette guerre était un conflit de « second rang », pour reprendre son expression, et que même les pays arabes ne mettaient plus la question palestinienne au rang de leurs priorités, alors pourquoi la France le ferait-elle ? Je regrette ce choix des pays arabes et des États-Unis, mais je regrette tout autant la position de la France, qui n'était pas obligée de s'aligner sur le sujet.

OXXI. - Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et à résister se discute-t-il ? Aucune guerre de libération n'a été exempte de l'utilisation d'actions terroristes si l'on définit celles-ci comme des attaques contre les civils. Cela a été notamment vrai en Algérie, au Vietnam…

F. R.- Je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas historien, et je ne veux pas parler à leur place, mais j'ai demandé aux historiens du parti communiste de me sortir les archives pour vous répondre. Le parti communiste français (PCF) a défendu et soutenu le FLN et s'est battu pour la décolonisation de l'Algérie et son indépendance1. Les rares fois où il y a eu des civils délibérément tués, nous nous en sommes désolidarisés. Que ce soit en Algérie, que ce soit au Vietnam, des peuples colonisés ont fait le choix de recourir à la lutte armée pour s'en prendre à une armée mais pas aux civils. Ils n'ont pas organisé des viols, ils n'ont pas délibérément tué des enfants, ils n'ont pas froidement assassiné des civils désarmés par centaines. Quand j'entends, parfois, que le terrorisme c'est l'arme du pauvre, je me soulève contre cette idée. Je ne la partage pas du tout.

Après je ne suis pas dupe de l'usage du mot terrorisme, et je sais aussi que les États-Unis sont les premiers à en abuser. Ils l'ont posé sur le front de Nelson Mandela quand il était en prison, mais ensuite ils sont allés pleurer sur sa tombe. Ils l'ont posé sur le keffieh de Yasser Arafat, puis ils l'ont accueilli à la Maison-Blanche. Aujourd'hui ils font de Cuba un pays terroriste parce qu'il a accueilli les négociateurs de la paix en Colombie. Je connais la charge politique de ce mot. Mais pour nous communistes, qui sommes le parti de la Résistance, nous ne confondrons jamais le combat pour la libération et l'indépendance d'un peuple et des actes de barbarie qui s'en prennent délibérément à des civils.

OXXI. - L'Afrique du Sud a porté devant la Cour internationale de justice (CIJ) une plainte contre Israël pour « actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza ».

F. R.- Je ne crains pas d'employer les mots de « risque génocidaire ». Plus de trente rapports d'organisations des Nations unies parlent très précisément de « risque génocidaire ». La saisine de la Cour internationale de justice par l'Afrique du Sud, un pays qui a réussi à mettre fin à l'apartheid est, outre sa portée symbolique, une excellente initiative. C'est peut-être le moyen de faire prendre conscience à de nombreux pays, notamment ceux de l'Union européenne et les États-Unis, qu'ils pourraient par leur silence être complices de crimes. Ce peut être aussi à court terme un des moyens d'imposer un cessez-le-feu.

Pour ces deux raisons, je salue cette initiative, d'autant que les propos de ministres racistes et suprémacistes israéliens appelant à éliminer le peuple palestinien, traitant les Palestiniens d'animaux doivent nous faire mesurer l'extrême gravité de ce qui se déroule en ce moment dans cette région du monde, et donc du devoir qui est le nôtre de mobiliser nos compatriotes. Il ne peut plus y avoir deux poids deux mesures et d'indignation sélective en matière de droit international.

OXXI. - Plusieurs pays accusent l'Occident et donc la France d'être dans une logique de deux poids deux mesures. Que répond-t-on au président colombien Gustavo Petro, pour qui l'Afrique du Sud incarne désormais le triptyque Liberté, Égalité, Fraternité, ce qui est assez vexant pour la France.

F. R.- Ce n'est pas vexant, c'est une réalité. J'ai aussi interpellé le président de la république à ce sujet, en lui disant que la France s'honorerait d'établir des passerelles diplomatiques globales, car c'est notre histoire. Le PCF a demandé au président de reconnaitre l'État de Palestine, comme l'a fait l'Espagne, pour faire un pas supplémentaire, mais il s'y refuse.

Pour la suspension des accords entre l'Union européenne et Israël

OXXI. - Quel doit être le message de la gauche sur Israël-Palestine aux élections européennes de juin prochain ? On sait qu'Israël est associé à l'Union européenne par de nombreux accords.

F. R.- Je crains l'embrasement généralisé et le chaos dans cette région du monde. La paix ne viendra ni du gouvernement Nétanyahou ni du Hamas. Il faut un cessez-le-feu, une solution à deux États. Ce sont les Nations unies qui ont imposé la création de l'État d'Israël. Ce qui a pu être fait en 1948 peut être fait aujourd'hui pour imposer un État palestinien aux côtés d'un État israélien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et la décolonisation de la Cisjordanie. C'est parce qu'il manque une perspective politique que la guerre se poursuit. La liste conduite par Léon Deffontaines aux élections européennes portera cette exigence de cessez-le-feu, de libération des otages et de sanctions économiques européennes contre Israël par la suspension de l'accord d'association UE-Israël tant que les bombardements contre Gaza n'auront pas pris fin, et appellera à une solution à deux États. Je le dis parce que tout le monde ne le dit pas.

OXXI. - L'usage du mot apartheid à propos d'Israël a été largement porté par votre parti, notamment par le député Jean-Paul Lecoq, dans une résolution au Parlement que vous avez votée, puis dans une résolution à votre Congrès. Pourtant, un de vos proches Christian Picquet conteste son usage.

F. R.- La résolution du parti porte sur la dénonciation d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien. En Cisjordanie c'est très concret. Il y a deux catégories de résidents là-bas : des colons qui ont tous les droits, et des colonisés qui n'en ont aucun. Les colonies sont des havres de paix, mais les villes palestiniennes juste à côté vivent l'enfer, les maisons y sont détruites, et les oliveraies y sont saccagées. Donc ne craignons pas d'utiliser ce mot d'apartheid pour caractériser ce qui se passe en Cisjordanie. Mais ce n'est pas le cas en Israël, où des députés communistes et arabes côtoient des élus d'extrême droite…

OXXI. - Pourtant ils se font menacer d'être expulsés de la Knesset. Vous venez d'ailleurs d'en rencontrer quelques-uns en visite en France.

F. R.- Certes mais ils sont élus au Parlement, ce n'est pas une petite nuance. Les communistes israéliens m'ont alerté sur la pression qu'ils subissent de la part du gouvernement. Ainsi, le député Ofer Cassif est menacé d'expulsion de la Knesset pour avoir soutenu l'Afrique du Sud dans sa démarche. Là encore, la France et l'Union européenne ne peuvent pas rester silencieuses. Le drame c'est que la gauche israélienne partisane de la solution à deux États est extrêmement affaiblie. Le drame c'est que ceux qui défendent au sein de l'OLP un État de Palestine libre, laïque et démocratique sont très affaiblis eux aussi. Malgré tout, nous resterons aux côtés des partisans d'une solution à deux États, Israéliens comme Palestiniens, et nous combattrons l'annexion de la Cisjordanie par l'État d'Israël, comme le porte l'extrême droite israélienne. Cependant nous combattrons aussi le projet d'un État islamiste porté par le Hamas qui est une terrible menace pour le peuple palestinien lui-même.

OXXI. – En Israël, les manifestations de la société civile ont repris ces derniers jours. La question de la libération des otages est au cœur de ces protestations, et on a l'impression d'un pays, vous avez employé le mot tout à l'heure, au bord du chaos.

F. R.- J'ai rencontré il y a quelques jours un réserviste israélien sur un plateau de télévision. Je ne partage pas tout ce qu'il a dit mais il fait partie de ces centaines de milliers d'Israéliens qui ont manifesté pendant des semaines contre le gouvernement de Nétanyahou…

OXXI. - Il fait aussi partie de ces Israéliens qui tuent des Palestiniens à Gaza.

F. R.- Je pense qu'il ne faut pas avoir une vision simpliste, en noir et blanc de ce qui se passe là-bas. Je me garderai de juger qui que soit. Si des Palestiniens disent aujourd'hui que le Hamas n'est pas une organisation terroriste, et si un soldat israélien dit je suis allé là-bas mais je combats Nétanyahou, je ne me permettrais pas de les juger, même si j'ai un point de vue différent. Le point de convergence avec ce réserviste israélien, c'est quand il dit : "tant qu'il n'y aura pas de perspectives politiques, la guerre continuera".

OXXI. - Vous comprenez qu'aujourd'hui pour beaucoup de Palestiniens, le Hamas est en train de faire bouger les lignes…

F. R.- Je ne suis pas à leur place, c'est eux qui prennent les bombes. Et c'est le peuple israélien qui a été meurtri dans sa chair. J'ai lu cette autrice franco-israélienne, Laura Moses-Lustiger. Elle dit que la souffrance israélienne la rend aveugle à celle des Palestiniens. Je me garde de porter des jugements sur les uns et sur les autres.

L'accusation d'antisémitisme, « une arme affreuse, horrible, indécente »

OXXI. - L'antisémitisme est un combat historique du Parti communiste français depuis les années 1950. Mais comment décorréler la lutte contre ce fléau des amalgames entre antisémitisme et « antisionisme », mot pratiquement criminalisé mais jamais clairement défini.

F. R.- La lutte contre l'antisémitisme est dans nos gênes. La loi Gayssot qui pénalise le racisme et l'antisémitisme a été écrite par un communiste. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons fait le choix de marcher le 12 novembre 2023 contre l'antisémitisme, même si cette marche était pleine de pièges et que j'en ai voulu aux présidents des deux chambres de la manière dont elle avait été organisée. Pour autant il ne faut pas tortiller pour dénoncer, condamner et lutter contre l'antisémitisme. Ensuite, je dénonce le fait que quand les communistes et d'autres militants prennent des positions pour soutenir le peuple palestinien, ils sont accusés d'antisémitisme. C'est insupportable. Nétanyahou, son gouvernement, sa diplomatie mettent la pression sur la diplomatie française et européenne : s'ils n'apportent pas un soutien inconditionnel à Israël, alors ils sont antisémites. C'est une arme affreuse, horrible, indécente, ignoble que je dénonce. Notre diplomatie a été tétanisée par cela, tout comme beaucoup de responsables politiques français. Pas nous. Il n'y a pas deux peuples que je renvoie dos-à-dos. Il y a un gouvernement israélien qui fait le choix d'occuper le territoire palestinien. Il y a un occupant et un occupé.

Et en même temps, je suis fier d'appartenir à un parti qui a toujours combattu l'antisémitisme, et tous les racismes sans faire de distinction. Et nous continuerons de le faire dans le dialogue que nous avons avec la société française, dans toutes ses composantes, sans jamais confondre la communauté juive avec le gouvernement israélien.

OXXI. - Si vous arrivez au pouvoir, vous abrogez la directive Alliot-Marie qui criminalise en partie les actions de solidarité avec la Palestine ?

F. R.- Il y a une loi, elle est suffisante, c'est la loi Gayssot. Je dénonce la criminalisation de militants qui œuvrent pour la paix, alors que des responsables politiques d'extrême droite font la promotion de Pétain.

OXXI. - Tout en défilant le 12 novembre…

F. R.- ... sans qu'ils ne soient jamais condamnés. J'avais présenté une résolution à l'Assemblée pour que la loi Gayssot soit appliquée avec plus de fermeté et avec des peines d'inéligibilités pour certains élus. Et surtout je veux dénoncer la complicité entre les extrêmes droite israélienne, française et européenne. Aujourd'hui Nétanyahou trouve avec Bardella et Le Pen ses meilleurs soutiens en France. Bardella, dans les réunions de chefs de partis avec le Président dit qu'il ne faut pas réclamer un cessez-le-feu, et que les dirigeants israéliens ont le droit de pourrir la vie des Gazaouis en violant le droit international. C'est extrêmement grave, je suis très inquiet de cette convergence idéologique. Ces extrême-droites menacent la démocratie et la paix du monde.

« Si je suis invité, j'irai au dîner du Crif »

OXXI. - Depuis le 7 octobre, le mouvement de solidarité en France semble assez faible. Le PCF a toujours été un acteur important de la solidarité avec la Palestine. Que faire pour la relancer aujourd'hui ?

F. R.- Pour que la communauté internationale se bouge, il faut que les peuples se manifestent. J'ai constaté comme vous que la mobilisation n'a pas toujours été au rendez-vous. Il y a d'abord eu une répression dure et scandaleuse de la part du ministère de l'intérieur, alors que nous aurions dû aller tous ensemble manifester, et exprimer autant notre soutien au peuple israélien meurtri dans sa chair le 7 octobre qu'au peuple palestinien qui subit une vengeance sauvage. S'il n'y a pas eu ces mobilisations très larges, c'est aussi parce qu'il y a eu des débats à gauche sur la qualification du Hamas et des attentats du 7 octobre, mais aussi à propos de la perspective politique concrète, par exemple la nécessité de reconnaître l'État de Palestine aux côtés de l'État d'Israël. Cela a semé le trouble sur le contenu de ces mobilisations et je le regrette.

OXXI. - Si vous êtes invité au prochain dîner du CRIF, vous y allez ?

F. R.- Si je suis invité, j'irai, bien sûr.

OXXI. - Enfin que répondez-vous à Jean-Claude Lefort, un historique du PCF et de la cause palestinienne, qui démissionne du parti en vous reprochant de ne pas l'avoir soutenu dans sa démarche pour empêcher Darmanin de qualifier Salah Hammouri de « terroriste », accusation israélienne sans preuves.

F. R.- Ce n'est pas vrai, j'ai multiplié les interventions par oral et par écrit auprès du président de la république, auprès de Gérald Darmanin pour défendre les droits de Salah Hammouri. Il est cher au cœur des communistes de se mobiliser et de continuer à le faire pour qu'il puisse jouir de l'ensemble de ses droits.

#

Lire également : Gaza. Au Parti communiste français, sérieuses fritures sur la ligne, pa Jean Stern


1NDLR. Jusqu'au milieu des années 1950, le PCF demeure sourd aux revendications indépendantistes du mouvement national algérien. Il vote même les « pouvoirs spéciaux » au gouvernement socialiste de Guy Mollet en mars 1956, qui accorde à l'armée française des pouvoirs très étendus en pleine « guerre d'Algérie ». Voir aussi Guerre d'Algérie. Communistes et nationalistes, le grand malentendu de Jean-Pierre Séréni.

Pourquoi les plans occidentaux pour un autre régime clientéliste palestinien sont voués à l’échec

par Joseph Massad. Les États-Unis et Israël se rendent compte qu’il ne pourra jamais y avoir de dirigeants palestiniens légitimes qui accepteraient le droit d’Israël de rester un État suprémaciste juif de colonisation.

Tucker Carlson’s Trip To Liberate Canada

By Neenah Payne Tucker Carlson’s email on January 24 said: “Whatever happened to the truckers who dared to protest Justin Trudeau? Some of them are...

Tucker Carlson’s Trip To Liberate Canada

La violence sexuelle contre les prisonnières palestiniennes depuis le 7 octobre

par Abdelhamid Siyam. Les agressions de nature sexuelle contre les femmes ont atteint un niveau intolérable, et ces pratiques barbares et interdites au niveau international doivent être dénoncées.

Le mystère de l’attaque de Tower 22

par Moon of Alabama. La Résistance islamique en Irak a revendiqué la responsabilité d’une attaque contre une base militaire américaine en Jordanie. Les États-Unis ont déclaré que le nombre de victimes «pourrait augmenter».

«Une vraie mafia» : Les colons & les forces israéliennes violentent & rackettent les bergers palestiniens

Al Jazeera. Confiscation des terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain : les agriculteurs palestiniens sont confrontés à un regain d'intimidations de la part des colons illégaux, à des confiscations et à de la détention.

The Ukraine Charade, Revisited

Par : AHH

Zhuangzi: “You can’t talk about the ocean to a frog living in a well, you can’t describe ice to a summer midge, and you can’t reason with an ignoramus.”

by Pepe Escobar at  ZeroHedge

Selected players scattered around the Beltway silos of power, diligently working as messengers for the people who really run the show in the Hegemon, have concluded that a no holds barred confrontation with Russia would lead to the collapse of all of NATO; undo decades of US iron grip on Europe; and ultimately cause the Empire’s downfall.

Playing brinkmanship games sooner or later would meet the indestructible red lines inbuilt in the unmovable Russian object.

US elites are smarter than that. They may excel on calculated risk. But when the stakes are this high, they know when to hedge and when to fold.

The “loss” of Ukraine – now a graphic imperative – is not worth risking the loss of the whole Hegemonic ride. That would be too much for the Empire to lose.

So even as they get increasingly desperate with the accelerated imperial plunge into a geopolitical and geoeconomic abyss, they’re frantically changing the narrative – a domain in which they excel.

And that explains why discombobulated European vassals in NATO-controlled EU are now in total panic.

Davos this week offered bucketloads of Orwellian salad. The key, frantic messages: War is peace. Ukraine is not (italics mine) losing and Russia is not winning. Hence Ukraine needs way more weaponizing.

Yet even Norwegian Wood Stoltenberg was told to toe the new line that matters: “NATO is not moving into Asia. It’s China that is coming close to us.” That certainly adds a new wacky meaning to the notion of moving tectonic plates.

Keep the Forever Wars engine running

There is a total void of “leadership” in Washington. There is no “Biden”. Just Team Biden: a corporate combo featuring low-rent messengers such as de facto neocon Little Blinkie. They do what they’re told by wealthy “donors” and the financial-military interests that really run the show, reciting the same old cliché-saturated lines day after day, bit players in a Theatre of the Absurd.

Only one exhibit suffices.

Reporter: “Are the airstrikes in Yemen working?”

The President of the United States: “Well, when you say working, are they stopping the Houthis? No. Are they gonna continue? Yes.”

The same in what passes for “strategic thinking” applies to Ukraine.

The Hegemon is not being lured into fighting in West Asia – as much as the genocidal arrangement in Tel Aviv, in tandem with US Zio-cons, wants to drag it into a war on Iran.

Still, the imperial machine is being steered to keep the Forever Wars engine running, non-stop, at varying speeds.

The elites in charge are way more clinical than the whole Team Biden. They know they will not win in what will soon be country 404. But the tactical victory, so far, is massive: enormous profits out of the frantic weaponizing; totally gutting European industry and sovereignty; reducing the EU to the sub-status of a lowly vassal; and from now on plenty of time to find new proxy warriors against Russia – from Polish and Baltic fanatics to the whole Takfiri-neo ISIS galaxy.

From Plato to NATO, it may be too early to state it’s all over for the West. What is nearly over is the current battle, centered on country 404. As Andrei Martyanov himself stresses, it was up to Russia, once again, “to start dismantling what today has become the house of demons and horror in the West and by the West, and she is doing it again in a Russian way – by defeating it on the battlefield.”

That complements the detailed analysis expressed on the new hand grenade of a book by French historian Emmanuel Todd.

Yet the war is far from over. As Davos once again made it quite clear, they will not give up.

Chinese wisdom rules that, “when you want to hit a man with an arrow, first hit his horse. When you want to capture all the bandits, first capture their chief.”

The “chief” – or chiefs – certainly are far from being captured. BRICS+ and de-dollarization may have a shot at it, starting this year.

The plutocratic endgame

Under this framework, even massive US-Ukraine corruption involving rings and rings of theft from lavish US “aid”, as recently revealed by former Ukrainian MP Andrey Derkach, is a mere detail.

Nothing has been done or will be done about it. After all, the Pentagon itself fails every audit. These audits, by the way, did not even include the income from the massive multi-billion dollar heroin operation in Afghanistan – with Camp Bondsteel in Kosovo set up as the distribution center for Europe. The profits were pocketed by US intel operatives off the books.

When fentanyl replaced heroin as a domestic US plague, it was pointless to continue occupying Afghanistan – subsequently abandoned after two decades in pure Helter Skelter mode, leaving behind over $7 billion in weapons.

It’s impossible to describe all these Empire-centric concentric rings of corruption and institutionalized organized crime to a brainwashed collective West. The Chinese, once again, to the rescue. Taoist Zhuangzi (369 – 286 B.C.): “You can’t talk about the ocean to a frog living in a well, you can’t describe ice to a summer midge, and you can’t reason with an ignoramus.”

NATO’s cosmic humiliation in Ukraine notwithstanding, this proxy war against Russia, against Europe and against China remains the fuse that could light up a WWIII before the end of this decade. Who will decide it is an extremely rarefied plutocracy. No, not Davos: these are only their clownish mouthpieces.

Russia has reactivated a military factory system at lightning speed – now standing at about 15 times the capacity of January 2022. Along the front line there are about 300,000 troops, plus in the back two pincer armies of hundreds of thousands of mobile troops in each pincer being prepared to create a double envelopment of the Ukrainian Army and annihilate it.

Even if country 404 is utterly defeated in 2024, once again it’s imperative to stress it: this is far from over. The leadership in Beijing fully understands that the Hegemon is such a disintegrating wreck, on the way to secession, that the only way to hold it together would be a world war. It’s time to re-read T.S. Eliot in more ways than one: “We had the experience but missed the meaning, / and approach to the meaning restores the experience.”

“Un divan sur la colline”, ou le dilemme des jeunes Palestiniens

Le documentaire "Un divan sur la colline" de François Ducat et Salah Abunima parle du village de Battir et de sa jeunesse, qui ne voit aucun avenir pour elle en […]

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Haaretz : Israël est au bord de la guerre civile

Press TV. Sur fond de la détérioration de la situation sécuritaire et économique dans les territoires occupés, les médias israéliens ont averti qu'Israël était sur le point de plonger dans une guerre civile.

Israël veut provoquer une Intifada palestinienne en Cisjordanie

par Gideon Levy. Sous le couvert de la guerre et avec l’aide du gouvernement d’extrême droite, les FDI ont modifié dangereusement leur conduite dans les territoires occupés : elles veulent une autre Gaza en Cisjordanie.

Vaccine Evangelists, Apostates, & Apologists: Part 6 — The Apologists Continued

By Jordan Henderson This is the sixth, and penultimate, installment of the essay series, Vaccine Evangelists, Apostates and Apologists. These essays are a study of...

Vaccine Evangelists, Apostates, & Apologists: Part 6 — The Apologists Continued

Emmanuel Macron prépare ses fléchettes contre Marine Le Pen

Nous l’avions souligné: Marine Le Pen a mis KO le gouvernement Borne sur la loi immigration. Le rapport de forces des dernières présidentielles s’inverse lentement. Du coup, sous l’impulsion discrète d’Emmanuel Macron, le pouvoir à bout de souffle se lance dans un jeu de fléchettes contre la future candidate à l’élection présidentielle. Avec une finesse désarmante.

Par deux manoeuvres parlementaires habiles (vote de la motion de rejet de la loi immigration; puis vote de la loi immigration révisée), Marine Le Pen a tellement mis KO le gouvernement qu’on parle d’un remaniement.

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Le peuple palestinien et les Accords d’Abraham

par Mohamed El Bachir. La situation actuelle du peuple palestinien à Gaza où la population subit un génocide était prévisible. Et l'aide humanitaire occidentale ne peut masquer la complicité de l'Occident.

C’est Noël et…

par Candice van Eijk. La Terre dite «sainte» dont Gaza fait partie aujourd’hui divisée, occupée, en guerre a pourtant une unité symbolique : le sacré. Bonne lumière de Noël pour une Paix juste sur Terre.

En Jordanie, les réfugiés palestiniens des camps renouent avec leur cause

Depuis le 7 octobre, la Jordanie — pays arabe qui compte le plus grand pourcentage de Palestiniens parmi sa population — est le théâtre de manifestations hebdomadaires dans la capitale Amman ainsi que dans d'autres gouvernorats, et la question palestinienne est revenue en tête des préoccupations actuelles. Dans les camps de réfugiés, la contradiction entre la politique du pays et sa réalité démographique et géographique est à son paroxysme. Reportage.

« Ma terre et la tienne ne sont pas à vendre, à bas la normalisation ! » Ce slogan et d'autres encore sont scandés dans les manifestations hebdomadaires sans précédent que connaît la Jordanie depuis le 7 octobre. Jusque-là, les quelques mouvements sociaux et politiques relatifs à la question palestinienne se limitaient à contester les accords d'électricité et de gaz entre la Jordanie et Israël. L'accord d'importation de gaz d'Israël a été signé en 2016 et le pompage direct a commencé début 2020, malgré la contestation populaire et les demandes des députés d'annuler cet accord. De nombreuses manifestations ont été organisées ces dernières années sous le slogan « Le gaz ennemi, c'est l'occupation », dénonçant l'achat de gaz israélien provenant du champ offshore « Leviathan », que les manifestants considèrent comme du gaz volé à la Palestine, acheté avec de l'argent jordanien. Mais depuis le début de la guerre sur Gaza, les rues vibrent au rythme des chants qui exigent la libération de la Palestine et la fin de l'occupation. Des campagnes de boycott sont également largement diffusées, en plus de la journée de grève générale qui a eu lieu le lundi 11 décembre.

Les manifestations ont lieu dans le centre-ville tous les vendredis après la grande prière dans la capitale Amman, en plus de celles qui ont lieu devant l'ambassade israélienne dans le quartier Al-Rabieh, à environ 20 minutes du centre. La campagne de boycott s'est également intensifiée de manière exceptionnelle, grâce notamment au nombre croissant de bénévoles engagés dans le mouvement BDS (Boycott — Désinvestissement – Sanctions). Depuis le début de la guerre contre Gaza, les locaux de Starbucks, McDonald's et d'autres marques directement ciblées par le boycott sont vides, et les publicités dans les rues présentent des produits nationaux alternatifs pour remplacer les produits ciblés. Des listes de toutes les entreprises et produits qui doivent être boycottés à cause du soutien de ces marques à Israël ou de leur présence dans les territoires occupés sont partagées sur les réseaux sociaux. D'autres appellent également au boycott des produits américains et européens pour les remplacer par les produits nationaux. Des vidéos montrant des enfants dans des magasins se renseignant sur l'origine d'une tablette de chocolat ou d'un jus avant de l'acheter sont devenues virales.

La Jordanie reste un cas à part dans le monde arabe au regard de la dimension démographique, géographique et culturelle par rapport à la Palestine. Depuis la Nakba de 1948, le pourcentage de Palestiniens détenteurs ou non la citoyenneté jordanienne dans ce pays reste le plus élevé au monde : autour de 60 % de la population. La Jordanie avait accueilli le plus grand nombre de réfugiés palestiniens après la Nakba, et de nouveau après la guerre de juin 1967. Treize camps de réfugiés officiels ont été établis dans cinq gouvernorats différents à la suite de ces événements, qui existent encore jusqu'à présent.

La naturalisation, une exception

L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) assure des services sociaux, éducatifs et sanitaires dans dix de ces treize camps, mais ne gère ni ne contrôle la sécurité, qui relève des autorités du pays hôte. Les plus célèbres de ces camps sont :

➞ Zarka, premier camp de réfugiés palestiniens créé en Jordanie, sur les quatre camps qui ont vu le jour après la Nakba. Il a été fondé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en 1949 et compte quatre écoles gérées par l'UNRWA. Ce camp se situe dans la deuxième plus grande ville du pays dont il porte le nom, et se trouve au nord-est de la capitale Amman ;

➞ Jabal Al-Hussein, créé en 1952 à Amman. Sa superficie est de 0,42 km2 pour 29 000 réfugiés enregistrés, d'où un grave surpeuplement. Aujourd'hui, « il n'y a pas d'espace pour ajouter d'autres bâtiments », selon l'UNRWA. Le camp compte quatre écoles gérées par les autorités jordaniennes ;

➞ Baqaa, le plus grand par la superficie (1,4 km2), et l'un des six camps « d'urgence » créés en 1968. Il contient 16 écoles gérées par l'UNRWA ;

➞ Jerach, plus connu sous le nom de « Camp de Gaza », est aussi un des six camps « d'urgence » créés en 1968. Il s'étend sur 0,75 km2. Il comprend quatre écoles réparties sur deux bâtiments, fonctionnant selon un système de double vacation : il s'agit de la méthode utilisée par l'UNRWA pour augmenter le nombre d'élèves pouvant être accueillis dans les écoles, compte tenu du faible nombre d'établissements et de la surpopulation des camps. La journée scolaire est ainsi divisée en deux périodes. Celle du matin s'étend de 6 h 45 à 11 h 45, et celle du soir de 12 à 17 h. Chacune de ces « périodes » est consacrée à une école différente, et les périodes sont alternées tous les mois.

Le nombre de Palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les camps en Jordanie est estimé à environ 2,2 millions, selon les chiffres de l'UNRWA pour l'année 2023. Tous les camps sont confrontés à de nombreux problèmes, comme la pauvreté, le faible niveau d'éducation, le taux de chômage élevé et la propagation des mariages et des divorces précoces. Cela n'empêche pas le Département des affaires palestiniennes en Jordanie de considérer que :

La Jordanie était et est toujours le seul pays arabe qui a traité les réfugiés palestiniens et les a accueillis sur ses terres comme de véritables citoyens. Elle leur a accordé la citoyenneté jordanienne et leur a permis de s'intégrer dans la société, d'être influents et de bénéficier de la situation économique et sociale, sans les obliger à renoncer à leur identité nationale.

Si la première moitié de cette citation est vraie, la seconde moitié est discutable, comme le démontrent les entretiens que nous avons menés dans les camps. Les Palestiniens de Jordanie vivent dans un paradoxe constant, entre les efforts pour les installer et les considérer comme des « autochtones » d'une part, et l'argument constamment répété de la « terre d'accueil » d'autre part.

Oslo, un tournant

Il ressort des entretiens que nous avons menés avec les habitants des camps et les enseignants des écoles de l'UNRWA que le génocide en cours à Gaza et le déplacement qui rappelle celui de la Nakba ont eu deux conséquences fondamentales. La première est le retour en force de la mémoire et de l'identité palestiniennes en Jordanie. Cette question était jusque-là absente des préoccupations et des conversations quotidiennes, même parmi les Palestiniens qui s'étaient intégrés dans la société jordanienne et étaient devenus, dans une large mesure, semblables aux citoyens jordaniens. La deuxième conséquence est l'élargissement de l'espace pour parler de ces questions et pour organiser des activités politiques, après un effort de plusieurs années pour le réduire.

Cependant, cela ne va pas sans la crainte que ce mouvement populaire (palestinien et jordanien) soit purement circonstanciel, une sorte de « tendance », pour reprendre la formulation de nombre de nos interlocuteurs. Ces derniers redoutent en effet qu'il s'agisse là d'une sorte de politique de « soupape » : « Vous pouvez manifester dans la rue, mais ce sera le maximum qui sera autorisé », résume Dhekra Salama, membre active dans un centre destiné aux femmes et aux jeunes dans le camp de Zarqa.

Le professeur Najm Tawfiq, ancien directeur d'une des écoles de l'UNRWA dans le camp de Zarqa a souligné les nombreuses restrictions qui ont été imposées aux Palestiniens dans les camps et dans les écoles de l'UNRWA, et qui se sont considérablement accrues après les accords d'Oslo en 1993, puis avec l'accord de Wadi Arabah, qui a acté la normalisation et la paix entre la Jordanie et Israël en 1994. Le professeur estime que les écoles de l'agence onusienne étaient des « centres de relais du récit palestinien », mais qu'elles ne le sont plus. « Après les accords, il y a eu ce qu'ils ont appelé une politique de “neutralité” au sein de l'UNRWA. Désormais, Israël était un État reconnu dans la région, on ne pouvait plus en dire du mal ». Cette étape a été importante dans l'intégration des réfugiés palestiniens. Désormais, la relation entre ces derniers et Israël n'était plus celle de colonisés à leur colonisateur, mais une relation entre Jordaniens et un pays voisin reconnu. C'est à la faveur de cette mise sous silence que les Palestiniens, en particulier ceux qui détenaient la citoyenneté jordanienne, ont commencé à être considérés comme des citoyens jordaniens, et non comme des réfugiés palestiniens. « Il n'y a plus que 500 000 Palestiniens, la plupart d'origine gazaouie, qui n'ont aucune nationalité. Le reste s'est intégré dans la société ».

Pour Sahar Majid, professeur d'histoire dans une école de l'UNRWA, l'aspect le plus important de cette intégration est la suppression de la question palestinienne du programme d'histoire et du manuel qui lui était consacrée, et qui faisait partie du programme officiel jordanien dans les écoles publiques et celles de l'UNRWA jusqu'en 1994. « Il y a très peu d'espace pour enseigner ce sujet », nous a-t-elle confié. « Imaginez que dans un pays où la majeure partie de la population est d'origine palestinienne, aucun enseignement n'est dispensé sur leur pays et sur leur cause, qui est censée être aussi une cause primordiale pour la Jordanie. Après tout, ils disent que nous sommes un seul et même peuple ».

« Le pays hôte »

Nombreux sont ceux qui estiment que l'adage « un seul pays, un seul peuple » est vide de sens. « Nous sommes Jordaniens lorsque le gouvernement a besoin de nous, mais Palestiniens si nous avons besoin de quelque chose du gouvernement », résume Walid. Sahar explique :

La différence entre Palestiniens et Jordaniens devient flagrante quand on est en contact avec les services de l'État ou qu'on fait acte de candidature pour un emploi. Parfois, ils peuvent deviner grâce au nom de famille et le comportement change.

Être palestinien peut ainsi compliquer des procédures administratives, notamment en lien avec la santé ou l'éducation, ou même pour obtenir son permis de conduire. Le cas le plus complexe reste celui des Palestiniens détenteurs de passeports jordaniens temporaires, qui n'ont ni numéro d'identité nationale ni la nationalité jordanienne. Certains d'entre eux ne détiennent pas non plus de documents palestiniens et sont apatrides1.

Dans les cas où la mère a la nationalité jordanienne, les enfants détiennent des cartes d'identité jaunes (contrairement aux cartes jordaniennes qui sont bleues), appelées « carte des enfants de Jordaniennes » (les Jordaniennes n'ayant pas le droit de transmettre la nationalité à leurs enfants), qui leur confèrent certains « privilèges ». Ces « privilèges » ne signifient toutefois pas plus de droits, dans la mesure où le Palestinien bénéficie toujours d'un « traitement spécial » dans plusieurs domaines, comme l'interdiction d'accéder à toute fonction gouvernementale, le paiement de frais universitaires plus élevés qu'un Jordanien dans les universités privées (les Palestiniens sont alors traités comme des étudiants « étrangers »), la contrainte de devoir renouveler son permis de conduire chaque année, et non tous les dix ans comme les Jordaniens, etc.

Rima Al-Masri, étudiante qui détient un passeport jordanien temporaire témoigne :

Sans carte d'identité jordanienne, la vie est très différente. Les procédures administratives sont différentes et prennent beaucoup plus de temps. Tu peux avoir besoin de l'accord des services de renseignement juste pour obtenir ton permis de conduire. Même le renouvellement d'un passeport nous coûte 200 dinars jordaniens (258 euros), contre 50 dinars jordaniens (64 euros) seulement pour les Jordaniens. Et nous renouvelons régulièrement nos passeports nous autres, non pas parce que nous voyageons beaucoup — la plupart d'entre nous n'en a pas les moyens —, mais pour pouvoir utiliser le passeport comme pièce d'identité, au lieu de la carte des « enfants de Jordaniennes » que tous les agents de police ou de l'État ne connaissent pas. Chaque interaction avec une administration étatique vous rappelle que vous n'êtes pas autochtone.

Les Palestiniens de Jordanie, en particulier ceux qui disposent de passeports temporaires, vivent dans un état d'incertitude entre le désir d'installation et le rappel constant qui leur est fait qu'ils sont dans un « pays hôte ». Najm confirme que dans tout ce qui touche à la vie quotidienne il n'y a aucune différence entre les Palestiniens et les Jordaniens en Jordanie, et que le traitement réservé aux Palestiniens en Jordanie est le meilleur parmi les pays voisins, notamment comparé au Liban. Alors que Najm considère la Jordanie et la Palestine comme un seul pays sur les deux rives d'un même fleuve, Sahar Majed ne partage pas son avis : « Je ne pense pas que nous soyons un seul pays. En cas de tension, chacun est renvoyé à ce qu'il est ». Elle souligne qu'en cette période crispée, si une manifestation en soutien pour la Palestine est réprimée, les Jordaniens fuiront et ce seront les Palestiniens qui vont tenir face à la répression.

Ce sentiment de non-appartenance est partagé par de nombreux habitants des camps. Dhekra ajoute : « L'idée que vous vivez dans un endroit où vous vous sentez comme une invitée n'est pas agréable. Nous avons toujours été “l'autre” à l'intérieur de notre propre pays ». Lorsque nous lui avons demandé ce qu'elle entendait par « l'autre », elle a déclaré que ce sentiment d'être une « invitée » en Jordanie nourrit sa peur de se sentir un jour « invitée » également en Palestine, si jamais elle y retournait, puisqu'elle a vécu dans la diaspora toute sa vie.

La Révolution française mais pas la Nakba

Les écoles publiques et celles de l'UNRWA suivent le même programme scolaire, ces dernières s'alignant toujours sur la politique du pays hôte. Au vu des restrictions sévères sur l'enseignement de l'histoire de la Palestine depuis les accords d'Oslo, un « programme alternatif », selon l'expression de Sahar Majed, a été mis en place par les familles ou certains enseignants, dans le but « d'enrichir » celui imposé par l'État. Une initiative qui rencontre pas mal de défis.

Un groupe d'élèves âgés entre 10 et 16 ans se réunit régulièrement dans l'un des centres de jeunesse du camp de Baqaa. Certains d'entre eux sont scolarisés dans les écoles de l'UNRWA, d'autres dans les écoles publiques, les écoles de l'UNRWA n'acceptent que des élèves jusqu'à la dixième année de scolarité. Au cours d'une discussion autour de leurs expériences scolaires, ces jeunes ont souligné que l'espace pour parler de la question palestinienne est plus grand dans les écoles de l'UNRWA, mais cela dépend des efforts personnels des enseignantes, qui choisissent ou non d'évoquer le sujet dans leurs différentes matières. Toutefois, des discussions autour de l'histoire de la Palestine et de l'actualité commencent à voir le jour également dans les écoles publiques depuis le 7 octobre. Ahmed, 16 ans, exprime son mécontentement face aux manuels d'histoire qu'il a eus au cours de sa scolarité et qui « ne contiennent pas un seul mot sur la Palestine, la Nakba, ou les villages déplacés. En revanche, on étudie la Révolution française. À quoi cela va me servir si je n'apprends pas ma propre histoire ? »

Malgré les efforts personnels des enseignants et enseignantes pour traiter la question de la Palestine, cela reste un défi en raison du temps limité dont ils bénéficient. La durée d'un cours dans les écoles de l'UNRWA est de 35 minutes, soit 10 minutes de moins que dans les écoles publiques, en raison du système de double vacation. Pour Sahar Majed, cette durée limitée représente un obstacle majeur pour parler de la Palestine, alors que les enseignants ont déjà du mal à boucler le programme avant les examens de fin de chaque semestre :

De fait, une grande part de la responsabilité de transmettre incombe aux familles, pour apprendre à leurs enfants l'histoire de la Palestine. Mais lorsque je demande à un élève quelle est la différence entre un réfugié et une personne déplacée, ou ce qu'il sait d'Hébron, par exemple, et qu'il ne sait pas quoi répondre, je ne suis pas surprise.

Cette mise à l'écart totale dans les programmes scolaires, selon Sahar Majed, a créé un fossé éducatif important entre les différentes générations de Palestiniens en Jordanie et entre les individus, dans la mesure où l'étendue des connaissances de chacun dépend de sa famille, et à quel point il a évolué dans un environnement politisé. On peut parler ainsi d'une « politique de l'ignorance » autour de l'histoire d'un grand pan de la société.

Pour les maisons de femmes et de jeunes dans les camps qui proposent des activités éducatives ou sportives aux étudiants et des ateliers culturels et sociaux pour les femmes, la situation peut être pire. Si le camp est affilié ou soutenu par l'UNRWA ou à d'autres organisations internationales, toute activité politique y est strictement interdite. S'il s'agit en revanche de centres nationaux, ils feront l'objet d'une surveillance constante. Dhekra évoque les efforts qu'elle et certaines de ses collègues du Centre des femmes du camp de Zarqa avaient déployés pour organiser des activités autour de la Palestine. À chaque fois, il faut inviter un représentant du gouvernorat ou de la municipalité et « parler du pays hôte. Vous êtes toujours et partout contrôlés par les services de renseignement », ajoute-t-elle, mais là aussi, « la situation a changé après le 7 octobre. On a plus de marge de manœuvre pour organiser des activités et parler politique ». Qu'en sera-t-il après ?

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Traduit de l'arabe par Sarra Grira.


1Cette minorité comprend les Palestiniens qui sont arrivés en Jordanie après 1967 et n'ont pas obtenu de nationalité palestinienne, en plus de ceux dont la nationalité a été arbitrairement retirée après 1988.

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Le texte original, en langue anglaise, est paru sur le blog In Gaza and beyond

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