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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

L’an 01

Faut pas déconner un anniversaire ça se fête, et puis y a tout un business à faire tourner (de la presse, des livres et des émissions spéciales avec de la pub avant après et pendant). Le spectacle de l'émotion et de la peur sur TNT HD, le duo de choc action + larmes avec le pouvoir en guest-star si fier de sa sécurité (alors que bon hein).

Si vous voulez revoir Cabu et Wolinski (et d'autres) vivants repenchez plutôt sur l’an 01 de Jacques Doillon. A la différence des reconstitutions du 7 janvier 2015 qui tournent en boucle (comme si tout ça était déjà derrière nous), ce film n’est probablement pas passé trois fois à la télé en quarante ans. Son utopie est plus que jamais pertinente. Non, urgente.

Allez cadeau. Et Bonne année !

Où étais-tu la nuit dernière ?

 
Journal, 21 avril 2016 > Toute la journée en montage. Je coupe les infos. A peine le temps de voir en fin d'après-midi, un partage Facebook au sujet d'un corps sans vie retrouvé à Paisley Park. Je ne m’inquiète pas plus que ça. Les filles rentrent vers 19h. En leur mettant des dessins animés sur la télé, j’aperçois un extrait de Purple Rain sur France 5. A 19h20, Prince sur une chaine nationale ? Lui qui (comme la bonne musique en général) est tricard des heures de grande écoute sur les médias depuis si longtemps. Je n’ai pas besoin de lire le synthé. Je comprends.

Prince est mort à 57 ans.

Ce moment, je ne le redoutais même pas tant il est inconcevable, surtout depuis que Prince entre apaisé dans une nouvelle phase de sa carrière et que je l’imaginais atterrir en douceur d’ici vingt ans dans des croisières souvenir pour ses anciens fans, ou dans un club de jazz, ou les deux. Je ne pleure pas. Je m’étonne même d’être totalement froid. Le téléphone vibre sans cesse. Des condoléances. Des cœurs. Des SMS. Je n’en ai jamais reçu autant et aussi vite. Je ne pensais pas avoir fait autant étalage de ma passion auprès de mon entourage et sur les réseaux. J’ai du mal à partir aux 50 ans de Jegoun. Je suis quand même sonné, ça monte. Gildan m’envoie un message :

- Tu sais ?
- Yep.

Le repas à la Comète n’est qu’un flottement cotonneux d’où je ne perçois que les échos du best-of de Michael Jackson que le patron a jugé bon de passer en boucle. Dans le brouhaha, sur l’écran d’une chaine d’info, j’aperçois Raphaël. Il a les mots justes et relève le niveau bien mal engagé tout à l’heure avec Eric Dahan qui n’a pas attendu dix minutes après l’annonce du décès de Prince pour piétiner son œuvre.

J’entraîne Gildan à la soirée hommage organisée en une heure par Schkopi au Réservoir. La première fois que j’y retourne depuis 2012 et le concert de The Family (les premiers interprètes de Nothing compres 2U). C'était le soir des 60 ans d’Eric Leeds. J’étais comme un fou, je discutais avec des légendes de mon adolescence qui ont collaboré avec Prince à des moments clés, et je filmais leur concert. Devant la salle, des visages sombres que je connais et d’autres visages, le regard tout aussi perdu, croisés au fil des années de concert en concert. J’ai presque honte de ne rien sentir, de ne rien afficher à part une décontraction de façade. Something does not compute. Nous pénétrons dans le club aux sombres éclairages pourpres alors que raisonne de la façon la plus glauque du monde sa chanson la plus triste : Sometimes it snows in april.

Sometimes it snows in april,
Sometimes I feel so bad,
Sometimes I wish life was never ending,
but all good things, they say, never last.

J’ai envie de partir.

Comment va-t-on faire ? Comment vais-je faire ? Comment ne pas parler de sa musique au passé alors que sa musique c'est lui ? Comment faire vivre tout ça ? Comment laisser la place à du nouveau tant il est inégalable ? 

Bientôt des souvenirs m’assaillent dans tous les sens : Des concerts évidemment, ceux auxquels j’ai eu le privilège (cher parfois) d’assister, mais aussi ceux que j’ai raté (ça fait partie de l’expérience, et finalement j’en garde aussi un bon souvenir. Je l’ai d’abord aimé grâce à ces centaines de concerts dont je ne connais que les enregistrements). Plein de flashs sans aucune hiérarchie sur ces petits moments qui n’ont rien et tout à voir avec lui, ces trente-trois dernières années où il m’a accompagné chaque jour. Je me souviens précisément du moment et de l’endroit où je l’ai découvert, aux balbutiements de mon adolescence. La déconcertante et magique première écoute d'Around the world in a day l'année suivante. Ce moment où j’ai clairement basculé, deux ans plus tard, avec la sortie de Sign of the Times et cette émission sur la toute jeune Skyrock diffusant l’intégralité du double album le soir même de sa sortie, les cassettes de compilation faites au collège, les paroles sur mes cahiers, les vinyles achetés à Londres en 1987 lors d'un week-end de gavage princier (disques stupidement revendus des années après), mon premier concert au Parc des princes en 90 (peut-être le moins bon de tous, et qui pourtant a été un déclencheur supplémentaire), les discussions entre fans sur Minitel, 3615 code stars, mes dessins, des heures de dessin autour de son univers (là il m’a vraiment aidé à passer des moments difficiles). Mon premier enregistrement pirate acheté 500 francs à un revendeur hollandais le Small club 2nd show that night, écouté en boucle cet été de solitude 1990 et qui est encore là sous mes yeux au moment où j’écris ces lignes. C’était tellement décoiffant musicalement, différent de ses hits et d’une qualité audio si parfaite que j’ai d’abord cru à un « fake ». Ma course aux bootlegs, mes pochettes recomposées, ces heures en sa compagnie auxquelles je ne faisais plus attention tant elles étaient naturelles, ces voyages en Europe et aux États-Unis que je planifiais toujours autour de ses concerts durant dix ans. Ces longues répétitions au palais des sports d'Anvers où il était habillé pour une fois (presque) en civil et jouait les morceaux que nous lui demandions. Cette inoubliable et improbable nuit dans un petit club à Las Vegas en 1999 après laquelle je me suis dit : « OK c’est bon. Ce que je viens de vivre pendant des heures est indépassable ».

Le New Morning dix ans après me prouvait que, oui, cela pouvait encore être dépassé.


Même si parfois il m’énervait, et que je m’en éloignais, il était toujours dans mon air. Ayant une défiance pour la vénération aveugle, je me suis toujours défendu d’être le "vrai fan" (ce qui m’a d’ailleurs connement fait rater pas mal de concerts y compris une fois juste en bas de chez moi) sans toutefois jamais cacher ma passion pour sa musique et son énergie (elles étaient trop consubstantielles de ma vie pour pourvoir les dissimuler). Mais cette nuit, au fil des heures les enchainements du DJ ReverendP et l’alcool font leur effet.

How can you just leave me standing  ? Alone in a world that's so cold.

Je craque sur une chanson "inoffensive" Beautiful, loved and blessed, une de ces ballades récentes sur lesquelles, entre les démos, les avalanches d’enregistrements inédits, de concerts, mon attention glissait jusqu’à présent. Cette nuit, cette chanson est une flèche tirée de l'au-delà qui me perce le cœur. Je pleure et bats la mesure. La joie et la peine, comme le sentiment amoureux. L’être aimé n’est jamais assez là. Même quand il est là. C’est exactement ce que je ressens. C'est ce que j’ai toujours ressenti avec Prince, avec des débordements parfois, une distance raisonnée à d’autres moments, ou en le refusant, tout simplement parce qu’un amour trop intense vous empêche parfois de vivre.

Body don’t wanna quit, gonna get another hit.

Dans les larmes, je bricole une cohérence à tout cela : cette dernière tournée énigmatique où il joue seul au piano (je dois avouer que ce trop-plein soudain m’agaçait alors qu’il snobait stupidement en live cet instrument dans lequel il excelle aussi bien, voire mieux, que dans les autres) et la reprise de Heroes depuis quelques semaines (lui qui n’a jamais joué du Bowie) sur cette même tournée. Même les paroles que je considérais être son seul point faible prennent une autre dimension, de Let’s go Crazy aux dernières secondes du dernier morceau de son dernier album. Je ne m’étais pas inquiété sur sa santé. Je m’inquiétais sur ses choix artistiques et commerciaux récemment, mais j’étais déterminé à rester insensible à sa personne (toujours ma vigilance à ne pas tomber dans le fanatisme), et je n’ai pas prêté d'importance à ce que j’interprète maintenant comme des signes. Sauf bizarrement la veille de son décès, où j’écoutai religieusement une émission de FIP qui lui était consacrée, en postant sur Twitter un commentaire sur chaque chanson (ce que je ne fais jamais). Expérience décalée qui ajoute au côté surréel de ma nuit blanche.

I’m gonna dance my life away.

Nous écoutons très fort sa musique jusqu’à très tard. On danse, on rit, on pleure. Comme dans un concert de Prince, plein d'inconnus sont au diapason de la même émotion. C’est ce qu’il fallait. Un énorme merci à Raphaël. Nous marchons à l’aube. Comme d’hab. Comme après le concert surprise  du Bataclan, toujours en 99, où à peine sorti, usé mais heureux, il fallait reprendre une journée de montage dans la foulée. Je dis au revoir à Gildan à Bastille. Il me rend mon casque qu’il avait gardé dans son sac. Et j'écoute encore celui que j'écoute au moins une fois par jour depuis trois décennies.

En me demandant de quoi demain sera fait.



Articles connexes : 

Les coulisses cool d'une victoire

 

Je vous invite (ou pas) à voir ce sympathique film publicitaire d'1h30 sur la campagne de notre nouveau président miraculeusement diffusé en prime-time sur TF1 (à la place de Camping Paradis)  le lendemain de son élection  :

Les coulisses d'une victoire (Lien VOD)

Il faut battre les foules tant qu'elles sont encore chaudes et continuer à vendre le produit dans la perspective des législatives. Des millions de gens ont voté Macron par peur de Le Pen, sans adhérer au projet ou sans trop savoir ce qu'il défend ou entend casser. Ces trois catégories constituent l'écrasante majorité de ses voix au second tour. 

Pour eux, aucune réponse autre que l'énergie communicative du candidat en mouvement. Dans ce film, il n'est quasiment jamais question du projet économique, fiscal et social de Macron, ça serait peut-être un peu trop clivant. "Jamais" est inexact, la question du temps de travail y est réglée en mode "casual brainstorming" autour d'un Latté avec Daniel Cohn-Bendit, et on entend notre force de vente nationale promettre à des handicapés que leur structure ne fermera pas. C'est à peu près tout. Certes, Macron ne va pas à Whirlpool pour "faire des selfies" comme MLP, mais il y emmène un réalisateuret sa caméra qui fait les belles images. Comme dit ma fille : "c'est plus stylé".

Le film n'est que forme, forme brillante avec son lot de répliques fun et courtes calibrées pour internet. Sous couvert de "making of" façon Les yeux dans les bleus (avec un off de pacotille, puisque sous contrôle du principal intéressé) les codes du dynamisme, du "team building" et de l'abnégation au travail (spécialement pour les jeunes) sont parfaitement dilués avec la pointe de cynisme (d'autres appelleront ça de "la transparence" du mec qui sait très bien qu'une caméra le filme (avec en prime un poster de Kennedy qui apparait souvent dans le cadre).

Je ne sais pas ce que Macron vaut comme Président, mais en com' il a compris l'époque et son public. Il sait que l’État de grâce sera expéditif, la construction d'une nouvelle dynamique passe en partie par le récit de sa précédente conquête.

Enfin... Le cine-story-telling (qui aurait tout aussi bien pu s’appeler "Je vais vous faire m'aimer") a beau être de qualité : je n'ai pas voulu du produit en avril et en mai, je n'en voudrai pas plus en juin.

Le retour de Purple Rain


Et soudain 33 ans après, Purple Rain ressort dans les bacs et sur les plateformes de streaming dans un coffret à prix cassé. 

Comme je lis quelques commentaires blasés ici et là, faisons le point :
En toute objectivité, cette réédition est un évènement musical. Point.

Retour en arrière pour ceux qui ont raté les dernières minutes : 
Purple Rain est d’abord un film, tourné fin 83 dans la banlieue de Minneapolis avec un budget art et essai et qui sera le gros carton de l’été 84. Un projet fou sur le papier décidé par Prince Rogers Nelson, 25 ans et déjà 5 albums à son actif mais à la diffusion un peu trop limitée à son gout. Prince va se construire purement et simplement sa mythologie sur celluloïd. Un peu sur le modèle de Rocky tourné quelques années plus tôt, le film faussement autobiographique et totalement autoprophétique, raconte l’histoire d’un musicien surdoué, un peu badass et au melon surdimensionné qui va dépasser ses démons, la concurrence et son entourage pour devenir une star. Star, Prince va effectivement le devenir grâce au film et à sa musique composée presque en même temps que le tournage. L’été 1984, le film, l’album et ses singles seront simultanément en tête des classements publics et critiques dans le monde entier. L'ouragan parfait à l'époque du "vidéoclip" roi : le film donnait envie d’acheter le disque, le disque poussait à aller voir le film, et en ressortant du film ceux qui avaient déjà le disque achetaient le maxi-single de Let's go Crazy.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’album original, Purple Rain par "Prince and the Revolution" c’est 9 titres dont 9 hits, dans des registres différents liés par un son électrique. Même si ce n’est paradoxalement pas le plus révolutionnaire de ses albums, Purple Rain est un précipité d’énergie, de souffre (le label Explicit Lyrics a été créé à cause de la chanson Darling Nikki), de mélodies et d’efficacité, avec une exécution zéro défaut.

Purple Rain c'est désormais un coffret de 4 disques.

Les 11 morceaux inédits du second disque offrent enfin au plus grand nombre un autre point de vue (moins calibré) sur l’artiste et la diversité des registres qu'il était capable d'aborder sur une période relativement courte (environ deux ans). En marge de la production officielle déjà abondante (un album par an pendant près de quarante ans), nombre de fans le sont restés grâce à une exploitation parallèle d’enregistrements "pirate" et d'une myriade de chutes de studio. On en retrouve quelques unes ici (Wonderful Ass ou Electric Intercourse) avec un son enfin parfait, ainsi que d’autres morceaux jusque là inconnus (notamment une version à tiroir d’une dizaine de minutes de We Can Fuck qui a elle seule justifie le coffret). La sélection des titres inédits ou des versions privilégie moins l’unité musicale que la cohérence avec l’environnement sonore du film (pourtant absent de cette édition). Plusieurs morceaux comme Possessed ou Father’s Song sont entendus dans le film mais ne figuraient pas sur l’album original. Quelque sonorités dans We Can Fuck ou Katrina Paper Dolls évoquent des passages du film.

Le troisième disque se concentre sur les versions "maxis" et les face B de cette période (rien de nouveau pour les fans, mais encore quelques "classiques" à découvrir pour les autres God, 17 days, ou Erotic City).

La cerise sur le gâteau de ce coffret est un DVD du concert de Syracuse filmé en 1985 (lors de la tournée fleuve dans la foulée du film). Plus qu’avec l’album, j’ai compris comme beaucoup d’autres en voyant ce concert dans les Enfants du Rock la même année qu’on dealait là avec quelqu’un d’exceptionnel dans toutes les dimensions du show : chant, improvisation, danse, multi-instrumentiste et un gout prononcé pour la provocation qu'elle soit sexuelle, religieuse ou artistique. Ça ne s’est jamais démenti, du moins sur scène, avec des propositions musicales sans cesse renouvelées, parfois difficiles à suivre, durant plus de trente ans.

Purple Rain sera a double tranchant pour Prince. Si le film et l'album lui ont permis d’acquérir une notoriété internationale, une assise financière et une légitimité artistique illimitée, le record pourpre serait indépassable. Purple Rain devenait aussi un piège, une référence obligée à la moindre évocation de son nom, alors que Prince est tellement plus que « seulement » Purple Rain


Prince est mort l'an passé. par surprise, à l'image de sa carrière, comme un nouveau concept album. Il n’aurait probablement pas approuvé ce coffret (il avait juste signé pour le remastering de l’album, le disque 1) comme il n’approuvait pas (euphémisme pour "procédure judiciaire systématique") les multiples enregistrements pirates, ni même la simple diffusion sur internet de sa musique. Avec ce coffret, la boite de Pandore est, timidement, ouverte. Nous allons probablement avoir accès à d’autres nouveautés qui se conjugueront toujours au passé. A l’exception de ses concerts, Prince ne regardait pas en arrière. Quand il sortait un album, il en sabordait souvent la promotion. C’était souvent déjà de l’histoire ancienne pour lui, il avait déjà trois ou quatre nouveaux albums enregistrés d’avance radicalement différents. C’est aussi cette énergie, qui semblait inépuisable, qui fascinait ses fans tout autant qu'elle les maintenait dans une dépendance plus ou moins larvée prête à se débrider à la moindre esquisse de sortie d’album ou d'annonce d'une tournée. 

L’été de la mort de Michael Jackson, j’avais une conversation avec une amie sur l’éventualité du décès de Prince (hypothèse proprement inconcevable). Je lui répondais que l’on aurait alors l'amère joie d'avoir le reste de nos vies pour enfin tout écouter pai-si-ble-ment et en découvrir encore  plus. Voilà on y est. Le spectacle est fini, l’œuvre est achevée, les lumières sont rallumées. On va rester encore un peu là. Histoire de voir s’il y n’aurait pas un truc imprévu qui déboulerait. 

"Tu sais avec Prince, on ne sait jamais".  

Purple Rain Deluxe Expanded, sorti le 23 juin, Warner/NPG, 3 CD/1 DVD, 21.99 euros.
Pour en savoir + : 
Purple Fam, histoire d’une addiction à Prince Raphaël Melki
The Rise of Prince (1958-1988), Alex Hahn, Laura Tiebert (en anglais)

Le logement social au-dessus de tout soupçon


"Paris : l’élue France insoumise Danielle Simmonnet occupe un logement RIVP loué très en-dessous du prix du marché" France-soir, 26/10/2017


Avalanche de réactions indignées en ligne. Non pas sur le prix du marché braves gens, mais bien que l'on puisse habiter (une élue de gauche qui plus est) dans un appartement qui ne respecte pas cette logique de marché.

Le cas Simmonnet, qui n'est d'ailleurs pas dans un logement social, et les commentaires outrés sur ce que doit être ou ne pas être un HLM, ont le mérite de nous interroger sur la question de la mixité sociale.

Quels logements sociaux voulons-nous ?

L’argumentaire de Danièle Simonnet "ne voulant pas se loger dans le privé" car ce serait "enrichir un propriétaire privé et participer à la spéculation immobilière" se justifie pleinement à Paris. Que l'on ne se rende plus compte que ce n’est pas un loyer à 1300 euros pour 80m2 qui est injuste, mais bien le tarif moyen du parc locatif parisien qui est un scandale, montre à quel point nos esprits sont soumis à la logique du bourreau. Je vous renvoie aux kilos tonnes de pages d’articles pondus sur ce blog, chatoyant kaléidoscope des teintes de saloperie décomplexée observée chez certains bailleurs privés de cette ville qui, avec la passive complicité quand ce n'est pas avec l'aide fiscale, des gouvernements successifs, volent et précarisent des locataires coincés par le dieu marché. La note du 5 octobre 2017 de Natixis, pas spécialement un organe de propagande gauchiste, confirme que la baisse du pouvoir d'achat des Français est liée non pas à l’accroissement des inégalités des revenus mais à la hausse des prix de l'immobilier, et que les Français ont le sentiment de s'appauvrir à cause des prix du logement.


Doit-on définitivement accepter que les zones d’habitation se définissent en fonction des revenus ? 

Mettons de côté les quelques chanceux héritiers, s’il n’y avait pas le parc HLM à Paris, la capitale serait stratosphériquement déconnectée des revenus des Français. Le salaire médian français est de 1730 euros, le loyer moyen à Paris est de 1130 euros. Do the maths. C’est valable pour d’autres villes, mais avec les loyers parisiens (on parle de 1000 euros pour 25m2) on est déjà dans un autre monde, et ce depuis quinze ans, sans que cela trouble trop les gouvernements successifs.

D'un autre coté, les logements sociaux sont prisonniers d’une double image qui date. Ils doivent être réservés aux pauvres, et en conséquence être relégués à la périphérie de nos villes, et tous groupés au même endroit ce serait mieux. Alors que 65% des Français sont éligibles à un logement social, l'écrasante majorité n'en fait pas la demande. Pire, les logements sociaux personne n’en veut à côté de chez lui. Pour avoir fait un gros tour du foncier ces dernières années, je garantie (pour Paris) qu’ils sont plus fonctionnels et dans un meilleur état général que la plupart des logements privés que j’ai visités, pour ne pas dire tous.

Notons que la crapulerie de baisse des APL de l’androïde Macron va dans ce sens. La baisse des APL compensée en ponctionnant directement les bailleurs sociaux n’aura pas d’autres conséquences qu’une dégradation des conditions de vie des locataires du parc HLM. Et on a récemment vu à travers l'incendie de la tour Greensfell en Angleterre l'horrible conséquence de ce type de politique.
En respectant un quota et avec des loyers adaptés aux revenus, il est normal, même judicieux, que des revenus moyens voire supérieurs habitent dans les zones à forte densité de logements sociaux, comme il est impératif que des revenus modestes habitent décemment dans les zones que les riches se conservent jalousement (à travers la construction de nouveaux bâtiment, ou par l’entrée de la ville dans les copropriétés au gré des remises en vente). C’est dans l’intérêt du parc social et de la vie de la cité en général. Le débat sur la mixité scolaire est par ailleurs vain tant que l'on n'a pas avancé sur la diversité à l'intérieur des zones d'habitations.

Illustration : Gian Maria Volonte dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, d'Elio Petri (1970)

Jawad et la lol barbarie

PTDR, MDR, Des barres ! Oui oui il est rigolo le neuneu. Trop fort. On se marre bien avec Jawad Bendaoud et les retranscriptions du procès du logeur des terroristes qui ont tué 130 personnes et en ont blessé 410 autres au Bataclan, au Stade De France et aux terrasses des cafés parisiens en novembre 2015.

Et dire que nous sommes les premiers, citoyens de première classe internationale, à se moquer d’un Trump dangereux parce qu’abruti. Alors oui le Nabilla de la tuerie de masse est si drôle, de l'essence à buzz, du générateur de mèmes... Et grâce aux live tweet des journalistes, en oubliant son CV de criminel quand on rappelle systématiquement le sien à Bertrand Cantat dès qu’il s’exprime publiquement, le procès de Jawad devient le premier exercice de lol justice en temps réel, un nouveau genre entre BFM et Rires et Chansons. Drame sur le drame, vu la débilité de l’époque et le capital sympathie que le truand emmagasine : il y a désormais un risque non négligeable que Jawad Bendaoud devienne chroniqueur chez Cyril Hanouna. 

A la question du moment : La naïveté de Jawad Bendaoud est-elle feinte ou non ? J’en rajoute une autre : Est-ce que cela doit changer notre regard ? Soit ce type est assez naïf (mais adulte responsable jusqu'à preuve du contraire) pour ne pas s'être rendu compte qu’il hébergeait des terroristes et c’est très grave. Soit ce type savait, a fermé les yeux, et il nous manipule depuis le début et c’est très grave. Dans les deux cas, sous la forme de nos ricanements cons, lui bénéficie maintenant de notre complicité.
 

S’y retrouver dans les 23 albums Post-Warner de Prince (1995-2010)


Avec la "libération" de 23 albums de Prince sortis entre 1995 et 2010 et jusque-là inédits sur les plateformes de streaming (et la plupart introuvables dans le commerce), ceux qui ne connaissent pas l'étendue de l’œuvre de Prince après 1995 (après les années de hits, et un divorce laborieux avec sa maison de disques Warner) ont une chance assez dingue : Ils vont pouvoir découvrir des albums aussi riches et différents que The Rainbow Children, The Truth, One Nite Alon" ou Crystal Ball en une journée. J'avoue que je les envie. Devant cette profusion, un petit audio-guidage s'impose. Commençons donc la série avec le premier album de la seconde partie de carrière de Prince : The Gold Experience (1995). 

[1/23] THE GOLD EXPERIENCE ou le retour gâché

« All that glitters ain’t gold… »
 
L'album devait être son "Purple Rain 2" et a été fusillé à la fois par la Warner, sa maison de disques n'ayant pas trop apprécié ses récentes émancipations discographiques sur d'autres labels et sous d'autres noms, et Prince lui-même qui s'est comme souvent lassé du projet (la sortie a été bloquée durant 2 ans). Éclectique, nerveux et inspiré : Gold Experience est le parfait album pour commencer à écouter du Prince, on y retrouve un peu de tout ce qui a fait sa marque audio dans les années 90 : des ballades électriques calibrées sex (Shhh, Eye Hate U), une touche de rap (Pussy Control, Now), de rock (Endorphine Machine), du funk clintonien (Billy Jack Bitch) et des morceaux un peu plus dénudés (Shy)


Titres favoris : Billy Jack Bitch, Eye Hate U, Shhh
Le Sachiez-Tu : On y entend brièvement Ophélie Winter et Lenny Kravitz.


[2/23] COME ou quand Prince se dédouble

"Come. You Should Do That, Baby"

Comme c’est Prince et que « chaos » et « désordre » sont les maitres-mots de sa discographie, cette série Prince Post Warner 1995-2010 n’est déjà plus respectée dès le 2eépisode avec un album sorti en 1994 chez Warner. Mais on ne peut parler de Gold Experience sans évoquer COME, son album jumeau aussi sombre que Gold est lumineux.


Come et Gold étaient pensés par Prince pour sortir le même jour en 1994. Come sous le nom de Prince et Goldsigné d’un symbole imprononçable. Sur la pochette de Come sont d’ailleurs indiqués naissance et mort de Prince : 1958-1993. C’est à cette époque que l’on voit Prince arborer un « SLAVE » sur sa joue. Prince cherche alors à reprendre le contrôle de son nom et sortir comme bon lui semble ses albums (c'est-à-dire 1 tous les 3 mois). Mais il est contractuellement lié pour plusieurs années à la Warner qui n’a pas la même vision de la distribution. Les relations entre les deux sont exécrables. Prince va honorer son contrat en « lâchant » pour la major une série d’albums d’apparence bâclés mais qui contiennent chacun leurs pépites. Come est le premier de la série. C’est un de ses albums les plus courts, et hors-formats habituels (un titre a capella, un autre de 11 minutes…), avec peu de possibilité de singles là ou Goldest un album étiré mais très accessible avec 4 ou 5 hits potentiels. Prince avait tout misé sur Gold, Warner sortira Come. Les anciens amis ne s’aiment plus.

Titres Favoris : Papa,  Solo et Let it Go (pas celui de la reine des neiges hein)
LeSachiezTu : On entend des gémissements sur le dernier morceau Orgasm. Sont-ce ceux de Vanity (Denise Matthews), enregistrés dix ans plus tôt ? Si oui, dans quelles conditions ? Et pourquoi les réutiliser à ce moment-là en concluant cette ode à la jouissance sur un "I love You" ? Le débat reste ouvert.  Ils ont emporté leur secret dans l’afterworld, les deux sont décédés à 3 mois d’intervalle en 2016.


[3/23] CHAOS AND DISORDER ou quand Prince claque la porte

"I Rock, Therefore I am !"
Le bien nommé Chaos & Disorder est sorti à l’été 1996. Probablement enregistré en quatrième vitesse, l’album fait partie de ceux que Prince jetait à la Warner pour honorer son contrat. « C & D » est passé inaperçu personne ne daignant en assurer la promotion.  Si la compilation est plutôt cohérente et épurée (c’est probablement le plus « rock » de ses albums avec The Undertaker 1993), la plupart des morceaux comme I like It There ou Zanaleeprenaient réellement leur dimension en live. La pochette est symbolique de cette époque ou l'image de Prince (embourbé dans ses litiges juridiques et artistiques sur son nom et ses disques) se brouille complètement dans le public, au point de disparaitre des radars. Avec son côté "Je m'en bats les couilles", Chaos & Disorder est en tout point l’antithèse de l’album que Prince prépare au même moment et qui sortira sous un autre label à l’automne 1996. 1996, une année charnière à plus d’un titre dans la carrière et la vie intime de Prince. Mais ça nous en parlerons demain. 

Titres favoris : The Same December, Zanalee, Had U.
LeSachiezTu : Le dernier titre Had U (au choix « je t’avais » ou « je t’ai eu ») ne parle pas d’une femme, mais bien de ses 15 années chez Warner : « Kissed U, Disappoint U, Fuck U, Had U… »



[4/23] EMANCIPATION ou quand Prince se libère. Vraiment ?

"- Free ! Don’t Think I Ain’t."
On allait voir ce qu’on allait voir. Frustré de ne pas pouvoir distribuer autant de musique qu’il le voulait chez Warner, Prince sort chez EMI 36 chansons sur 3 CD de 1h pile chacun pour célébrer son amour et sa liberté artistique retrouvée. L’épais Emancipation, sorti en novembre 1996, est un tournant dans la production princière. Il y explore plus qu'avant plusieurs genres (Salsa, RnB, Rap, disco même) et, première, s’aventure dans des reprises de standards US (Bonnie Raitt, Joan Osborne, les Stylistics et les Delfonics). Si cette somme est incroyablement riche, la production n’est parfois pas à la hauteur de la créativité de certains titres (l’absence de cuivres sur Face Down reste un mystère) mais on y trouve son lot de bons grooves, de morceaux bien déglingués et un bel enchainement de ballades mélancoliques.


Emancipation fait également parti des opus « intimes » où Prince se livre le plus sur sa vie privée. Le disque 2 est intégralement consacré à son couple (il s’est marié avec Mayté Garcia). Le morceau Sex in The Summer est d’ailleurs rythmé par les battements de cœur de son enfant à naître. Emancipation est donc un album joyeux, résolument optimiste. La joie sera de courte durée. Son enfant, Amir, décèdera au bout de quelques jours, peu avant la sortie du disque dont il assurera quand même une longue promotion (ce qui n’était plus le cas depuis plusieurs années). Dans sa récente interview sur Schkopi-tv, Mayté revient sur l’importance qu’avait pour Prince ce disque. Elle l’a donc accompagné sur cette tournée promo malgré la peine. Prince disait que ses chansons étaient comme « ses enfants ». Pourtant quelque chose est cassé et son couple ne s’en remettra pas. C’est à cette époque, pour notre plus grand bonheur, qu’il s’embarque dans des tournées fleuves aux États-Unis et en Europe pour financer son association caritative « Love 4 one another ». Jusqu’à la fin, Prince ne jouera plus que très rarement des titres d’Emancipation sur scène. Paradoxalement cet album sur la liberté marque le début de son enfermement personnel et musical sur lui-même dans son gigantesque studio-blockhaus de Paisley Park « The White Mansion » à un moment où beaucoup de nouveaux sons et tendances musicales transforment la planète pop-rock. C'est aussi le début du bazar dans la distribution de sa musique, à partir de là il négociera disque par disque avec différents labels, quand il ne distribuera pas lui-même ses albums.


Titres favoris : Emancipation, Saviour, Joint 2 Joint, The Love We Make
LeSachiezTu : On entend Kate Bush sur le titre My Computer dont le thème est l’addiction à internet (10 ans avant la création de Facebook !). 


[5/23] CRYSTAL BALL ou quand Prince se pirate lui-même

"- You never would have drank my coffee if I had nerver served you Cream"

Prince est probablement, encore aujourd’hui, un des artistes les plus piratés : Les enregistrements des concerts bien sûr, le fameux Black Album, mais aussi des centaines de titres inédits ont circulé dès la fin des années 80. Ce marché parallèle atteignait un tel niveau que certaines paroles de chansons supposément inédites étaient parfaitement connues des fans qui les reprenaient durant les concerts. 

Au milieu des années 90, Prince veut reprendre la main sur les "bootleggers" et profiter des possibilités de l' internet naissant pour distribuer lui-même sa compilation de pirates. Crystal Ball est sa première ambitieuse démarche dans ce sens.

Disponible en 1998 uniquement en commande par téléphone ou via son site internet, Crystal Ball est un triple album dont le seul concept est d’offrir dans le désordre des morceaux inédits tirés du fameux "vault" (son coffre-fort à Paisley Park). L’emballage est sommaire avec une vague note rédigée par Prince où il explique le pourquoi et le comment de chaque titre.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843042

On ne va pas chipoter, Crystal Ball est une mine d’or. Une mine qui se divise en trois catégories :
- Des morceaux de 1986 (Dream Factory, Last Heart, Sexual Suicide, Crucial ou le mythique Crystal Ball un titre résolument jazz de 11 minutes qui devait introduire un quadruple album refusé par la Warner).
- Des titres plus rock et RnB des années 90 (Aknowledege Me, The Ride, Interactive, Poom Poom, Calhoun Square…) qui auraient pu trouver leur place sur ses plus récents albums.
- Des curiosités : une séance à la batterie avec son comparse Morris Day, un poème  et des versions remixées.

S’il n’a pas vraiment de cohérence sonore, Crystal Ball montre plus que tout autre album la diversité de la production princière entre 1985 et 1995 et contient des classiques incontournables pour les fans.
Même s’il a été furtivement commercialisé en France sous le label Night and Day, ce triple album gâchant un peu son potentiel, autant dans l’assemblage bordélique que par sa distribution confidentielle, est symptomatique du sentiment ambigu que nous ressentions à l’époque. Nous avions d’un côté la satisfaction de pouvoir enfin entendre tout ça avec un bon son tout en déplorant que personne d’autres en dehors du cercle des fans ne le puisse. C’est enfin possible aujourd’hui. Profitez.

Titres favoris : Crystal Ball, Hide The Bone, Crucial, Days O Wild


Le SachiezTu : Crystal Ball est en fait un quintuple album. La version originale contient deux disques supplémentaires : un album instrumental improbable Kamasutra (qui n’est pas disponible dans la liste des 23 albums en streaming) et aussi The Truth un album acoustique à la guitare dont nous parlerons demain.


[6/23] THE TRUTH ou quand Prince est seul à la guitare

"- When the voices you hear command you to entertain the absurd..."

Fin des années 90, Prince est tiraillé entre son désir de revenir sur le devant de la scène comme à l’époque de Purple Rain (tout en sachant pertinemment que ce sera impossible) et sa volonté de faire la musique simplement pour un cercle plus restreint, ses amis ou ses fans de longue date, ou « fams ». Il va donc durant dix ans alterner des albums calibrés visant le grand public et des sorties ultra confidentielles pour son "audience rapprochée".

The Truth c’est 12 titres où Prince est seul à la guitare sèche, savamment accompagné de quelques effets sonores. Sans pochette et distribué en cadeau avec Crystal Ball en 1998, à l’évidence Prince n’avait aucune prétention d’exploser les charts avec cet unplugged. The Truth se glisse discrètement entre plusieurs albums largement surproduits avec, eux, de réelles ambitions commerciales (Emancipation et New Power Soul). Avec le recul on peut voir cette stratégie comme une erreur.
Cette volonté de se rapprocher des fans se poursuivra quelques années encore avec la création d’un « club » en ligne et des « célébrations » avec des concerts plus intimes (et acoustiques) chez lui à Paisley Park


Il faut voir aussi dans The Truth sa première affirmation discographique pour remettre en avant « la vraie musique par de vrais musiciens », un leitmotiv qui ne le quittera plus par la suite. Et preuve est faite avec cet album que Prince est un grand guitariste. De par sa simplicité et son authenticité, The Truth passe très bien l’épreuve du temps et serait probablement un carton s’il sortait aujourd’hui.


Titres favoris : The Truth, Fascination, Comeback, Welcome 2 The Dawn
LeSachiezTu : Animal Kingdom est une chanson pro-vegan offerte à l’association pour la défense des animaux PETA à l’occasion de son vingtième anniversaire.


[7/23] NEW POWER SOUL ou quand les disques de Prince commencent à devenir des prétextes à concerts

"- Freaks On This Side !"
1998 est une année princière faste. En plus de Crystal Ball, The Truth et Kamasutra, Prince sort un autre album sous le nom de son groupe le NPG (New Power Generation). Le NPG est une formation à géométrie variable et membres interchangeables (tous ont d’ailleurs repris la scène ensemble à la mort de Prince). 

Avec un son synthétique dans la continuité d’Emancipation, NewPowerSoul, avec son mélange heavy funk et guimauve, déroute sur certains titres. Une fois encore, c’est un album inégal dont la production laisse parfois dubitatif. L'album fait partie d’un triptyque le « NewPowerPak » composé de deux autres disques produits par Prince mais interprétés par deux de ses idoles de jeunesse : Chaka Khan et Larry Graham le bassiste de Sly and The Family Stone. Si Prince ne signe pas New Power Soul de son nom, il en assure néanmoins la promotion et plusieurs clips sont réalisés (dont The One par son épouse Mayté)

A écouter ici : http://tidal.com/us/store/album/61536195

L’album a été distribué en Europe dans le principal but de servir d’appui à une longue tournée le « Jam Of The Year Tour » qui a ressoudé les rangs des fans qui commençaient à se clairsemer. A Paris, ou il n’avait pas joué depuis quatre ans, l’année de ses 40 ans, Prince remet les pendules à l’heure et nous offre 2h30 de concert fabuleux et prouve avec force solo et grand écart qu’il est au sommet de son art. NewPowerSoul est l’exemple type de l’album dont on aime se souvenir pour les concerts et les longs jams qui y sont associés.

Titres Favoris : Push it Up, Come On, Mad Sex


Le SachiezTu : Il existe deux autres albums où Prince se cache derrière le groupe NPG : Goldnigga (1993) et Exodus (1995). A la différence de NewPowerSoul où il est en avant sur la pochette, il n’y est fait aucune mention de Prince ou alors via des messages cachés. Mais c’est bien lui aux commandes et qu'on entend sur la majeure partie des titres.


[8/23] THE VAULT : OLD FRIENDS 4 SALE ou quand Prince déstocke à prix cassé des pièces de collection

"- And they'll show you the friends that they're not"

Sorti à la fin de l’été 1999 The Vault : Old Friends 4 Sale est la dernière livraison contractuelle et à contrecœur (comme le montre la pochette) de Prince à la Warner. C'est un album à l’exact opposé du précédent NewPowerSoul. Selon le même schéma que Chaos And Disorder ou Come, Old Friends 
est très court, mais cette fois orienté smooth jazz et très accessible.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/90953

Cette collection de morceaux enregistrés entre 1986 et 1994 et d’extraits d’une musique de film jamais sortie (I’ll do Anything) s’avère une excellente surprise. Alternant les titres enlevés et plus sombres, on y retrouve enfin un Prince musicien au milieu d’autres musiciens, sans artifices électroniques et avec une vraie cohérence entre chaque titre. On regrette juste l’absence des autres titres de la BO d’I’ll Do Anything qui y auraient parfaitement trouvé leur place. Il n’y aura aucune promotion ni vidéo pour cet album.

On se met à rêver alors qu’il poursuive dans cette direction jazzy et intimiste sur scène mais, au tournant du millénaire, c’est dans un registre totalement différent que Prince prépare son (troisième) comeback.

Titres favoris : It’s about that walk, When the lights go down
LeSachiezTu : 5 Women est un titre à l’origine écrit pour Joe Cocker et figure dans son album Nightcalls en 1991.

[9/23] RAVE UNTO/INTO THE JOY FANTASTIC ou quand Prince rêvasse.

"- Don't hate me 'cause I'm beautiful !"
 Rave UNto The Joy Fantastic sort sur le label Arista en novembre 1999. L’album est symptomatique d’un travers qu’aura Prince durant 10 ans : il délaisse ce qui a fait sa marque de fabrique, des albums concepts et transgressifs, pour chercher à tout prix artistique à distribuer un album "catalogue" brassant différents genres avec pour chaque genre un titre formaté. Quand on cherche à plaire à tout le monde, il y a de grandes chances qu’on ne séduise vraiment personne. C’est le cas avec Rave Unto pourtant adossé à une impressionnante tournée promotionnelle en Europe (Prince ira jusque sur le plateau de Jean-Pierre Foucault !). 

Rap, ballade, clin d’œil à James Brown, solo au piano, rock fm… l’album part dans tous les sens et sonne comme une prétentieuse tentative de prouver qu’il maitrise tout mieux que tout le monde « I don’t follow trends, they just follow me ». Comme il s’agit de Prince les collaborations annoncées, que ce soit avec Gwen Stefani ou Sheryl Crow, n’en sont pas réellement et, cerise sur le pudding, le packaging n’a aucune âme (en un sens c’est raccord avec le contenu). Malgré tout, comme souvent avec Prince, on pioche deux ou trois titres magnifiques dans la bouillabaisse des 2 versions de l’album.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842702

Car, ce serait trop simple, un an plus tard une nouvelle version de l’album, nommée Rave INto The Joy Fantastic, est distribuée en CD via son site internet. Elle comprend des versions longues ou remixées, plus ou moins heureuses et un nouveau titre envoutant qu’on écoute alors en boucle : Beautiful Strange

A écouter ici (version 2) : https://www.deezer.com/fr/album/69843052

Bref, on sent à cette époque que Prince
1 / ne s’intéresse plus à ses albums en tant que tel (il mise de plus en plus sur la distribution en ligne, titre par titre, et le futur prouvera qu’il a raison)
2 / est clairement préoccupé par autre chose (on apprendra avec son prochain album qu’il s’agit de religion).

Pour les fans, plus que jamais, c’est désormais sur scène que ça se passe.


(reprise de Jimi Hendrix en décembre 1999. Extrait du DVD "Rave Unto the year 2000"

Titres favoris : Eye Love U But Eye Don’t Trust U Anymore, Beautiful Strange, Wherever U Go Whatever U Do.
Le SachiezTu : Le titre Rave Unto The Joy Fantastic a été enregistré en 1988 (à l’époque de Batman), soit 11 ans avant la sortie de l’album.


 [10/23] THE RAINBOW CHILDREN ou quand Prince prie en musique

"- I'm willing to do The Work Tell me now what about you ?"

Prince aura eu jusqu'à la fin la faculté de nous cueillir là où on ne l’attendait pas. Après quelques déceptions discographiques, à l'été 2001 il nous percute avec un album radicalement différent de tout ce qu'il a fait jusque-là sur le fond, la forme et la distribution.

Sur la forme, avec The Rainbow Children Prince assume enfin son penchant jazz d’un bout à l’autre d’un album. Il renoue également avec « l'album concept ». John Blackwell son nouveau batteur a précisé que l'album avait entièrement été réalisé avec seulement eux deux dans le studio. L’album peut déconcerter à la première écoute, mais c’est un classique et pour certains fans son dernier grand album.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842772

Sur le fond, fini l'équivoque ou la dualité sexe et spiritualité, The Rainbow Children gravite entièrement autour de la religion (même si tout reste cryptique). Jamais des psaumes n’ont sonné aussi funky. Ce disque est l’aboutissement artistique du travail spirituel que Prince entreprend sous l'influence de Larry Graham qu'il a rencontré peu après la mort de son enfant. Le bassiste de Sly and the Family Stone, très « investi » dans la religion, inspirera son « baby brother » à rejoindre les témoins de Jehovah. Certains en veulent à Graham pour cette « dérive ». Je pense, mais ça ne tient qu’à moi, qu’aussi déroutante qu’elle puisse nous paraitre ce détour a probablement rallongé d’au moins quinze ans la vie de Prince. La religion a par ailleurs toujours été présente dans ses disques à des degrés divers sous un axe plus profane ou blasphématoire.

Au début du siècle sur scène Prince est donc moins « dirty » et plus « mind », les « explicit lyrics » sont édulcorés, la chanson Sexuality est rebaptisée Spirituality et d’autres morceaux comme Sexy Mother Fucker ou Irresistible Bitch disparaissent de son répertoire. Côté promo, Prince ne fait plus une interview sans parler de la bible au milieu d’un charabia difficile à suivre.

Malgré son coup sur la cafetière, nous allons entrer avec cet album, et ceux qui vont suivre autour de son nouvel assemblage du NPG, dans une de ses meilleures périodes en concert.

Alors que l’industrie du disque dans sa quasi-totalité se méfie d’internet comme de la peste, l’album est disponible en téléchargement gratuit (nous sommes en 2001 !) sur le NPG Music Club, un site que Prince vient d’ouvrir et sur lequel il distribuera désormais sa musique. L’album sortira par la suite en CD et vinyle en France où il aura joli succès d’estime. Dix-sept ans après The Rainbow Children reste un album intemporel, et on entend toujours chaque soir ses premières notes au milieu d’autres standards dans le générique du Club JazzaFip. 


Titres Favoris : Rainbow Children, Mellow, 1+1+1=3, Everywhere
LeSachiezTu : Dans le cadre de la promotion de l’album et du NPG Music Club, Prince est le premier artiste de renommé à avoir donné l'exclusivité d'un titre (The Work) à Napster, le site d’échange de fichiers mp3 qui était dans le collimateur de l’industrie musicale.


[11/23] ONE NITE ALONE… ou quand Prince jouait du piano assis


Début des années 2000, Prince s’investit énormément dans le développement de son site internet, le NPG Music Club. Pour un abonnement annuel de 100$ les fans y ont accès à son blog, une émission mensuelle (précurseur des podcasts) et surtout des chansons et des vidéos inédites chaque mois, voire des albums (The Rainbow Children). Il y distribuait aussi des CD physiques comme Rave Into The Joy Fantastic ou ce One Nite Alone, son 25e album.

Après The Truth, One Nite Alone est le second album « unplugged » de Prince. Alors que depuis une dizaine d’années, l’autodidacte de la musique délaisse le piano sur ses disques et sur scène (nous avions tous en mémoire les longs passages de la tournée Lovesexy où il retournait un stade en quelques notes), il nous livre avec One Nite Alone 33 minutes émouvantes où il est seul face à l'instrument. Conséquence de ce qu’il vit à l’époque ? Son père, pianiste de jazz, est mort quelques mois plus tôt.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842782

One Nite Alone est son album le plus épuré, le plus triste, celui où on a le sentiment d’être le plus proche de lui (on l’entend quitter la pièce à la fin). L’album, bien que confidentiellement distribué, donne son nom à une tournée mondiale où nous retrouvons un Prince sur scène au piano à queue mais pas que. Et ça nous en parlerons demain.

Titres favoris : One Nite Alone, Avalanche, Arboretum
LeSachiezTu : Prince admirait Joni Mitchell. One Nite Alone contient une reprise de A Case of U. Une autre version est présente dans l’album Piano and a Microphone 1983 qui sortira le 25 septembre prochain chez... Warner.


[12/23] Le coffret ONE NITE ALONE LIVE ou quand Prince est en concert dans ton salon

"- If you came to put your purple rain coat on, you're in the wrong house

Même s’il vendait moins de disques dans la seconde partie de sa carrière Prince a toujours rempli les salles, du petit club réservé à l’arrache à 1h du matin au Stade de France booké seulement un mois avant le show. Et, soyons un peu objectifs, même un concert éventuellement « moins bon » de Prince dépassait de loin à peu près tout le reste de ce que j’ai vu avant, pendant et depuis. Si les fans le sont restés aussi longtemps malgré la difficulté à le suivre sans nom dans sa croisade anti-major et le labyrinthe mystico-bulshitesque de son bon-vouloir, c’est avant tout grâce à ses concerts et aux enregistrements de ses concerts, enfin les enregistrements pirates de ses concerts.

Car en déjà 25 ans de carrière, mis à part quelques programmes vidéo et le film Sign of the Times, Prince n’a jamais officiellement sorti de « live ». Il devait donc être sacrément fier de la tournée One Nite Alone pour en faire un triple-album. Le coffret One Nite Alone Live est distribué à la fin 2002 alors que Prince termine la tournée en Europe. Cette tournée, avec Prince et son groupe en costards, est exceptionnelle pour sa set-list sortant des hits attendus. L’album a été enregistré lors de la partie américaine autour d’une formation « jazz » (avec John Blackwell et Maceo Parker) et l’on y retrouve le son et les titres de The Rainbow Children et des morceaux moins connus (Extraordinary, Anna Stesia…) revisités sur le même mode.

Le second disque reprend le concept de son album précédent et on l’entend longuement seul au piano. Malheureusement l’enchainement des titres au piano est trop rapide pour vraiment créer une émotion. Le tout est même presque trop « lisse » par rapport à ce que nous avons expérimenté sur cette tournée.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842722

Le troisième disque ONE NITE ALONE LIVE… THE AFTERSHOW : IT AIN’T OVER ! est un collage de titres enregistrés lors d’aftershows dans des petits clubs sur cette même tournée. Car un concert de Prince c’était souvent l’angoisse d’un second concert surprise de Prince ailleurs dans la nuit. On ne compte plus ceux qui ont raté un premier concert dans l’espoir d’une bonne place au second qui n’aura finalement pas lieu (ou ailleurs) et ceux qui, à l’inverse, par le plus grand des hasards se sont retrouvés aux premières loges d’un concert surprise de Prince dans une boite de nuit alors qu’ils étaient venus pour une soirée mousse. Le son de ce troisième disque est donc différent, plus électrique, plus funk, plus décousu aussi, on y croise George Clinton, Larry Graham ou Musiq Soulchild, et une longue version à la guitare saturée d’une de ses plus belles chansons : Joy In Repetition. Tout cela est très bien mais il manque le principal : y être.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842892

Titres Favoris : Xenophobia, Strange Relationship, Anna Stesia, 2 Nigs United 4 West Compton, Dorothy Parker
LeSachiezTu : Il existe un DVD officiel de cette tournée, à regarder d’un œil seulement. One Nite Alone Live in Las Vegas est filmé avec les pieds (c’est l’époque où Prince filme tout lui-même au camescope parce que ça coute moins cher). Le DVD dure une heure et ne rend pas hommage ni à ce concert (qui en faisait trois) ni à cette tournée.




[13 et 14/23] XPECTATION et NEWS… ou quand Prince est à la croisée des chemins



Pas de répit, ce n'est jamais fini. La tournée One Nite Alone s’achève en décembre 2002 et le coffret Live vient tout juste de sortir et, pour les abonnés du NPG Music Club, l’année 2003 commence par un cadeau. Le matin du 1er janvier Prince offre un nouvel album en téléchargement : XPECTATION.
C’est une double révolution. C’est le premier album de Prince entièrement dématérialisé (il n’y aura jamais de version CD) et, si l’on met à part les 2 albums du groupe Madhouse (un de ses nombreux alias) sortis cher Warner dans les années 80 et 90, XPectation est le premier album entièrement instrumental qu’il signe de son nom. 

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842762

Entouré des musiciens de la tournée (John Blackwell, Candy Dulfer, Rhonda Smith) auxquels est invitée à se joindre la violoniste Vanessa Mae, Xpectation est une prolongation plus radicale du son jazz qu’il a initié deux ans plus tôt avec Rainbow Children. Il ne cherche ni le consensus ni à atteindre le grand public. Le sous-titre de l’album est explicite : New Directions in Music From Prince. L’album est une « expérience », inspirée dans la démarche par les disques de Miles Davis que Prince admirait. Le résultat est une succession de morceaux plus ou moins réussis aux allures de « jams » en studio. La distribution ultra confidentielle indique que Prince n’était, pour une fois, pas trop sûr de son coup et qu’il attendait des réactions de ses fans. Ceux-ci sont mitigés.

Il va poursuivre l’expérience avec un autre album instrumental NEWS qui sort dans la foulée en mai 2003 en version CD commercialisée à grande échelle. Cette fois c’est le saxophoniste Eric Leeds qui rejoint la formation. L’album a été enregistré en une prise et une journée. Il est composé de 4 morceaux (North, East, West, South) de 14 minutes chacun et sont pensés pour être écoutés en une seule fois à la suite.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842902

Malgré son joli packaging où Prince n’apparait pas (son nom est écrit en petit, perdu dans la pochette), News est encore moins commercial qu’Expectation, mais il est aussi plus intéressant et plus envoutant. News sera la plus mauvaise vente de disque de Prince.

Sa période jazz aura duré près de trois ans. Si Prince l’a incontestablement appréciée et qu’il a voulu donner des « preuves » à on ne sait qui qu’il était d’abord un musicien (ce que nous savions), on sent aussi qu’il se cherche musicalement, qu'il doit se réaffirmer commercialement et que nous sommes donc, en toute logique princière, à la veille de quelque chose de nouveau…

Something big is coming.


[15 et 16/23] THE CHOCOLATE INVASION et THE SLAUGHTERHOUSE ou quand Prince solde les comptes

- The chocolate invasion strats here !

 Début 2004. L’aventure NPG Music Club touche à sa fin. Les fans ont parfois eu la dent dure avec le club, mais avec le recul c’était une expérience fabuleuse. Durant 3 ans nous avons eu un contact plus « direct » avec la musique de Prince au fur et à mesure qu’il l’enregistrait.

Alors qu’un grand projet discographique et scénique pour le grand public se dessine (l’album et la tournée Musicology), un nouveau site est ouvert. Plusieurs albums sont mis en ligne sur le Musicology Download Store. A commencer par ces deux volumes regroupant les NPG TRAX, les chansons que Prince distillait chaque mois de 2000 à 2002 sur internet.

Il faut donc voir ces 2 volumes comme des compilations, jouables en mode shuffle à destination première de ses fans, pour marquer de façon plus officielle un moment de sa carrière où il a privilégié la musique en ligne, et non des albums « pensés ». La plupart des morceaux sont des chutes d’albums abandonnés. S’il y a une dominante funk-electro cohérente sur Chocolate Invasion, on y trouve des morceaux plus doux comme When I Lay My Hands on U ou U Make My Sunshine, un duo avec Angie Stone.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842442

"- How can a non-musician discuss the future of music from anything other a consumer point of view ?"

La recette est la même pour le volume 2, The SlaughterHouse, qui a peut-être un meilleur niveau global et sonne un peu plus techno. Le son y est de nouveau surproduit et la tonalité se veut futuriste.
Ces deux compilations ne sont jamais sorties en CD et, à quelques notables exceptions près, la plupart des titres des deux volumes n’ont pas été joués sur scène. Pourtant les clips de plusieurs chansons ont été tournés.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842402

Titres favoris : 2045 Radical man, Northside, Judas Smile, SexMeSexMeNot
LeSachiezTu : sur cette compilation figurent deux titres inspirés/écrits par/pour un film de Spike Lee, Bamboozled (Judas Smile et Radical Man). Ce n’est pas la première fois que Prince travaillait avec Spike Lee. Il avait déjà signé la BO de son film Girl 6 et avait participé au financement du biopic sur Malcolm X. Au générique de fin du récent Blackkklansman on peut également entendre un classique de la musique noire américaine repris au piano en 1983 : Mary Don’t U Weep. Spike Lee a également réalisé plusieurs vidéos pour Prince.


[17/23] C-NOTE ou quand Prince improvise

"- Now how am I gonna fill this empty room?"


Mars 2004, le troisième album distribué en téléchargement sur le Musicology Download Store est une perle. Pour la décoder, il faut revenir en arrière à l’automne 2002 sur la tournée One Nite Alone. En plus des titres et des podcasts, les abonnés du NPG Music Club avaient alors accès à la billetterie des concerts et des aftershows en avant-première mais aussi le privilège d’assister aux répétitions des concerts. Et, avec Prince, répétition équivaut parfois concert et souvent un concert différent de celui qui va suivre. C’est ainsi qu’à Paris, en amont des deux heures de concert puis des deux heures d’aftershow au Bataclan, 200 fans français ont assisté à un concert privé d’une heure dans un Zénith vide. Le summum est atteint au sportpaleis d’Anvers avec un soundcheck de 2h qui reste un de mes meilleurs souvenirs de cette époque et la seule fois où j'ai vu prince habillé en type lambda, dans une posture totalement décontractée, jouant les titres qu’on lui demandait.

C-Note revisite, trop brièvement, ces moments magiques. C’est une compilation de 5 morceaux dont 4 instrumentaux improvisés enregistrés à Copenhague et au Japon. Le disque est court (33 minutes) mais c’est un sans-faute. Les milliers d’heures d’enregistrements pirates qui circulent le prouvent : Prince était particulièrement doué pour ces exercices d’improvisation. La majeure partie de ses chansons sont nées sur scène, construites au fil de ces jams d’avant concert puis améliorées de preshow en show.

C-NOTE contient également la première version officielle d’une émouvante chanson « inédite » bien connue des fans depuis dix ans, Empty Room, dont on s’est toujours demandé pourquoi il ne l’avait pas sortie sur un album avant. Peut-être est-ce tout bêtement par ce que le titre (« salle vide ») prend sur cet album toute sa signification.
Il n’a jamais réitéré cette expérience « planifiée » de réelle proximité avec les fans, mis à part pour quelques «Celebrations» à Paisley Park et quelques chanceux au fil des tournées, pourtant il semblait l’apprécier.

Une pièce rare dans tous les sens du terme.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842552


[18/23]  MUSICOLOGY ...ou quand Prince fait le tour de la révolution

"- Kick the old school joint, for the true funk soldiers !"

Prince a multiplié les comeback plus ou moins réussis entre 1995 et 2003. En avril 2004, il se donne enfin les moyens commerciaux de ses ambitions.
Prince annonce à la fois la sortie de l'album Musicology et une très longues tournée américaine durant l'été. Première mondiale, le CD de Musicology est inclus dans le prix de vente du billet et sera distribué physiquement à l'entrée des concerts.
Cette fois, tout ceci est appuyé à un vrai plan média : superbe prestation avec Béyoncé aux Grammy Awards où ils reprennent Let's Go Crazy et Purple Rain, tournage d'un vrai vidéo-clip, une emission-concert à New York diffusée sur MTV et une prestation légendaire au Rock n'Roll Hall Of Fame avec Tom Petty. Il sera également le premier artiste à organiser une retransmission live du concert de lancement dans les salles de cinéma américaines.



Le Musicology Tour est une de ses tournées « greatest hits » la plus formatée avec, toujours (c'est Prince quoi), de grands moments et un long set acoustique à la guitare au milieu du public. C'est également une tournée sans effets où une grande place (scène centrale) est donnée aux musiciens : "real music by real musicians"



A l'exception du titre phare (hommage funky à James Brown et à la musique de son enfance) qui débute le concert, l'album Musicology a peu de rapport avec le concert du même nom. Peu ancré dans les sons du moments, l'album est un portfolio de genre divers (funk, pop, balades, rock...). Si l'ensemble montre proprement l'aisance et la diversité du musicien, Musicology laisse à l'époque une impression d'éparpillement. Plusieurs titres tiennent pourtant très bien les années et sont des merveilles de production.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842532

Si Musicology n'est pas un summum de créativité, ce sera en revanche un très gros succès commercial. Grâce à son coup de génie marketing (un cd vendu d'office dans une tournée à guichet fermé), Prince renoue avec les sommets des ventes de disques aux États-Unis. Il est enfin de retour sur les écrans et dans les esprits. L'aventure Musicology est la preuve que Prince comprend avant les autres que le rapport scène/vente de disque s'inverse à l'heure de la musique en ligne et du piratage. De surcroît, la recette lui permet de s’émanciper, avec une pointe de fierté, des "majors" du disque. Il fera désormais plus d'argent en concert qu'en cherchant à vendre des CD. Chaque album sera le pivot d'une tournée offrant l'opportunité d'une distribution ingénieuse de l'album qui, en retour, fera parler de la tournée.
 
La boucle est bouclée entre le petit Prince qui, pour s'entrainer à la guitare, achète un vinyle dans un "record store" au début de la vidéo de Musicology, et la dévalorisation du support CD symbolisée par la distribution gratuite de l'album à l'entrée du concert d'un Prince devenu grand... La musique n'est pas une question de formats mais d'émotions.



Titres favoris : Musicology, Call My Name, Dear Mr Man
LeSachiezTu :Dear My Man est une des rares chansons "politiques" de Prince (Other Titles In This Category Include : Baltimore, America et Sign Of The Times).


[19/23] 3121 ou quand Prince va en vacances

- You can come if you want to, but you can never leave"

Après sa longue tournée américaine de 2004 et une exposition médiatique comme il n’en avait pas bénéficié depuis une bonne dizaine d’années, pour la première fois de sa carrière, Prince souffle un peu. Pas de disque, pas de tournée en 2005.

L’indépendance retrouvée, Prince suit enfin le rythme que lui a dicté en vain la Warner pendant des années (une forte exposition pendant six mois pour le nouvel album et la tournée, puis un silence radio d’un ou deux ans avant le prochain album).
Celui qui est pourtant attaché à son Minnesota natal passe l’essentiel de cette année à Los Angeles dans la grande maison du 3121 Antelo Road. Il y organise des soirées où se pressent les people d’Hollywood. On retrouve quelques traces de ces nuits et concerts privés dans le livre photo de Afshin Shahidi : Prince A Private View… 

C’est le même Afshin qui réalise la pochette du 31e album de Prince : 3121. L’album sort en mars 2006 chez Universal, accompagné d’un beau plan marketing et de plusieurs prestations télé aux États-Unis et en Angleterre.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842852

L’album est, une fois encore, un collage de morceaux divers et légers dans l’esprit de Rave Unto The Joy Fantastic. Et, comme souvent depuis quelques années, on n’en ressort pas convaincu sur le moment, avant de lui trouver des qualités au fil des années.

La tournée à venir sera immobile, Prince décide de s’établir à Las Vegas sur la scène de l’Hôtel Casino Rio pour une série de shows durant toute l’année 2006. Il rode ici un concept qui traversera l’Atlantique l’année suivante.

Titres Favoris : 3121, Black Sweat, Get On The Boat

LeSachiezTu : Sur le CD de 3121 est sous-titré « The Music ». 3121 est aussi un film que Prince voulait distribuer en DVD avec l’album avec le sous-titre « The Movie ». Devant l’indigence narrative et formelle de la chose à côté de laquelle Grafitti Bridge ressemble à Citizen Kane, Universal a dû juger bon de brûler les copies. Le film restera inédit. Ce n’est pas une première expérience cinématographique pour Prince. Dans la foulée de Purple Rain, Prince a réalisé trois longs métrages, et durant vingt ans il a tourné (ou fait tourner) des centaines de clips et de programmes musicaux à Paisley Park. Si certains ont été diffusés (Sacrifice of Victor, Love 4 One Another, Beautiful Experience…), la plupart n’ont jamais été distribués, ni même vus.


[20/23] Planet Earth ou quand Prince occupe Londres

"- I love you baby, but not like I love my guitar"
Été 2007. Définitivement remis sur orbite marketing avec sa prestation historique à la mi-temps du Superbowl, Prince revient conquérir l'Europe qu'il avait délaissé pendant près de cinq ans. Il va allier le modèle de distribution expérimenté sur Musicology avec le principe de la tournée en résidence inauguré avec 3121. Inclus dans le prix du billet, l’album Planet Earth sera distribué à l’entrée du concert de la tournée européenne Earth Tour. 21 dates dans un lieu unique : l’O2 à Londres. Durant l’été tous les fans européens convergent donc en pèlerinage à Londres, certains pour une date, d’autres pour douze.



Même s'il est plutôt bien accueilli, on garde de meilleurs souvenirs de ces concerts que de l’album. Des disques kaléidoscopiques et sans concept, prétextes à tournée, égrainés par Prince de 2000 à 2010, Planet Earth est le moins inspiré (Oui, Guitar ressemble quand même BEAU-COUP au Back In USSR des Beatles). 2 ou 3 titres surnagent d’un ensemble très, trop, facile d’écoute et donc pas désagréable mais qui s’oublie très vite.

Mais, avec ces deux mois invraisemblables de concerts à l’O2, un main show modifié chaque soir et une douzaine d’aftershows, tout lui était pardonné à la fin de l’été.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843302

Titres Favoris : Planet Earth, Chelsea Rodgers, Resolution



LeSachiezTu : Pour le lancement de la tournée, l’album sera distribué en Angleterre avec le journal Mail-On-Sunday. C’est une première pour un artiste de cette renommée.


[21/23] INDIGO NIGHTS ou quand, à l’heure du mp3, Prince sort le cd au boitier le plus encombrant du monde

« - Inside I’m still the same, but something else has changed »

Terminée l’époque de la course aux aftershows, la tournée Earth tour de l’été 2007 offre la possibilité de réserver des tickets pour l’aftershow qui aura lieu à 50 mètres du premier concert au Club Indigo. Sa présence n’est pas garantie, mais au final cet été londonien sera riche en concerts princiers d’anthologie autour de formations variables du NPG (des formations rock avec le couple Dunham, d’autres plus funk, latino ou encore plus jazz avec Renato Neto et Maceo Parker).
En 2008, le disque Indigo Nights est une sélection d’extraits de ces soirées, reflétant plusieurs de ces tendances.

A écouter : https://www.deezer.com/fr/album/69842942

Après avoir sorti un parfum pour l’album 3121, Prince décide d’accompagner le CD d'un livre de photos, ou plutôt l'inverse. Pour avoir le disque, il fallait acheter par correspondance le coffee table book de 5 kilos (pas très Planet Earth comme initiative).

Pour les habitués des enregistrements pirates et, plus encore pour ceux qui ont assisté aux concerts, une impression bizarre d’un mix trop propre se dégage de cet enregistrement. On regrette aussi ce choix de titres lorsqu’on connait le contenu des autres concerts. Mais tel est le fan de Prince : jamais content spécialement lorsqu’il est gâté.

Ce disque reste pourtant intéressant à plus d’un titre. Déjà pour les quelques morceaux rarement joués, pour ses reprises (Led Zeppelin, Aretha Franklin, Mother’s Finest) ainsi que pour le monologue central de Prince (qui s’étend sur 4 morceaux de Girls and Boys à Just Like U) où il évoque son rapport à la célébrité, sa jeunesse, des aveux à la fois drôle et pointant de réelles angoisses.

D’ailleurs, si le livre Indigo Nights est une succession de photos à sa gloire, cliché après cliché, l’artiste enfermé dans son hôtel y étale d’abord, consciemment ou non, son extrême solitude.


Titres Favoris : Indigo Nights/Get on The Boat, Misty Blue/Baby love, The One/Question Of U

LeSachiezTu : Plusieurs guests sont montées sur scène à l’Indigo, notamment Amy Winehouse et Will I Am. Ce n’est que le second live officiel de Prince en 30 ans de carrière. Ce sera le dernier de son vivant.


[22/23] LOTUS FLOW3R + MPLS SoUND ou quand Prince est plus incontrôlable que jamais

"-Donwload a future full of isolated boys and girls..."

Au fil de la première décennie des années 2000 Prince propose des albums « faciles » pour tenter de conquérir une autre audience que celle de ses fans, des albums « formatés » pour les radios … radios qui ne les diffusent pas. Les albums un peu plus pointus, eux, sont distribués sous d’autres modes. Le disque n’est plus qu’un support dans lequel il ne se projette plus vraiment. C’est n’est vraiment plus que sur scène qu’on l’apprécie, et qu’il s’améliore. Alors que sa production (officielle tout du moins) décontenance les fans, Prince multiplie dans la même période des prestations scéniques fabuleuses à un rythme toujours plus soutenu.

Chaque album est un coup marketing et le théâtre d’un évènement scénique que Prince gère en artisan, certains diront en amateur. Force est de constater qu’il est plutôt doué pour faire parler de lui. En 2009, pour son lancement, le triple album Lotus Flow3r est l’objet de trois concerts consécutifs le même soir à Los Angeles dans trois salles différentes. En parallèle, LotusFLow3r est vendu en exclusivité à prix cassé aux États-Unis dans une chaine de supermarché, Target (un peu comme si Johnny avait donné l’exclu de son album à Monoprix).

En Europe, la stratégie commerciale (s’il y en a une) est basée sur le plaisir de Prince de créer des évènements uniques. En juillet 2009, Prince s’invite au dernier moment au festival de Montreux pour deux concerts différents le même soir. La tournée promotionnelle d’octobre 2009 (le triple album est distribué en France par le label Because) sera l’occasion d’une des semaines de concerts princiers les plus intenses survenues sur le sol français. En assistant à la fashion-week, Prince décide de jouer sous la nef du Grand Palais. Organisés en quelques jours, et complets en une heure, ces deux concerts du 11 octobre 2009 sont un sommet de magie princière, à la fois pour le bordel général de l’entreprise (il n’y a quasiment eu aucunes répétions et la balance est faite en direct lors du premier concert), et la beauté du moment (pour le premier concert entre chiens et loups et les allers retours des pigeons d’un bout à l’autre de la verrière). Il remettra le couvert dès le lendemain à la Cigale avec un set plus funk à destination des abonnés de son nouveau site (succédant au NPGMC, puis au Musicology, puis au 3121). On sent pourtant lors de cette tournée quelques signes de faiblesse physique.


Si on a l’impression depuis quelques temps que non seulement le contenu des albums de Prince peut-être écouté dans n’importe quel ordre et que les titres sont également interchangeables d’un album à l’autre, LotusFlow3r échappe un peu à la règle. Déjà, il prend le temps d’offrir trois visions musicales. Le premier disque, « organique » est un condensé des dernières années musicales de Prince, un peu de jazz instrumental, une pointe de rock. Le tout est plutôt réussi.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842742


Le second disque MPLS Sound se veut un retour au son de ses débuts, plus électronique, le son de Minneapolis qu’il a contribué (avec d’autres) a lancé au début des années 80. Là à l’exception d’un Old Skool Company, particulièrement efficace, c’est moins concluant.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69843262

Le troisième album, Elixer (He Licks Her), met en avant sa protégée du moment, Bria Valente. Ce troisième album n’est mystérieusement pas disponible en streaming. C’est dommage c’est le plus intéressant du package. Il en interprétera des passages sur la scène du festival de jazz de Montreux.
Prince va bientôt entrer dans une nouvelle période, la dernière. Dans ce qui apparait avec le recul comme une fuite en avant, il multipliera les concerts comme jamais, tout en s’isolant humainement et musicalement.

Titres Favoris : Boom, Colonized Mind, Elixer, Old Skool Company

LeSachiezTu : Inspirée de ses tournées statiques à Londres et Las Vegas, Prince était en discussion à l’époque pour faire une nouvelle résidence à Paris. Elle se serait limitée à sept jours dans sept salles différentes parmi elles l’Olympia et Bercy … Entre le New Morning, la Cigale, le Grand Palais et le Stade de France, ce projet se sera finalement à moitié réalisé de 2009 à 2011.


[23/23] 20TEN ou Quand Prince renait en Europe

" I love everybody and everybody loves me"
2010 sera une année européenne pour Prince. Désormais l’artiste tourne dans les gros festivals d’été et pour l’occasion il distribuera son nouvel album 20TEN gratuitement via des magazines dans chaque pays visité, la veille même ou le jour même du concert.

Opération de la hanche ou painkillers ? Ce qui surprend lors de son passage au Main Square Festival d’Arras, neuf mois après le Grand Palais, c’est sa vitalité retrouvée. Si la set-list n’évolue guère depuis quelques temps (majorité de hits d’avant les années 2000), l’énergie et l’optimisme sont de retour.


L’album 20ten, probablement sorti des mêmes sessions d’enregistrements dans lesquelles il a puisé pour Planet Earth, 3121 et LotusFlow3r, est le plus abouti de la série. Sans prétention, plus inspiré, avec un peu plus de groove que les albums précédents et une bonne humeur communicative sur fond d'électronique, 20Ten est un « MPLS sound » réussi. Certains titres pourraient même figurer sur Controversy ou Dirty Mind. Le tout est une pop festive ne trahissant pas ce qu’il a fait il y a vingt ans, sans pour autant verser dans la nostalgie, et au contraire en donnant envie d’avoir la suite. Si le disque a un concept, c’est bien celui éphémère d’être écouté pour la première fois sur le chemin du concert, histoire de s’échauffer.

A écouter ici : https://www.deezer.com/fr/album/69842972

Nous n’avons pourtant pas perçu à l’époque que nous changions de paradigme princier. Celui qui s’était toujours battu pour faire vivre ses albums, s’en désintéressait désormais totalement. Une preuve parmi d’autres : après s’être battu dix ans pour reprendre possession ses masters et les réenregistrer, il n’en a rien fait une fois les avoir récupérés. C’est aussi une époque où Prince s’englue à nouveau dans une communication opaque, multiplie des prises de position clivantes (anti-internet par exemple, alors qu’il a été précurseur dans le domaine) et produit des contenus web de plus en plus amateurs et déroutants (à voir comme une nouvelle preuve du système autarcique dans lequel il se complaisait). De même, la profusion de tournées et de concerts (toujours complets) qui se sont enchainés par la suite à travers le monde (principalement aux États-Unis) contribuera à mettre sous le tapis une inquiétante anomalie dans ses bientôt 40 ans de carrière : il ne s'est jamais passé plus d'une année entre la sortie de deux albums de Prince.

Son album suivant, Art Official Age, qui déjà de son vivant a des vibrations testamentaires, ne sortira que 4 ans après en 2014 (O ironie et boucle bouclée) chez Warner.

De son propre aveu, dans les derniers mois de sa vie, celui qui ne dormait jamais et avait déjà vécu deux ou trois vie de plus que le commun des mortels, commençait à retrouver le sommeil. Il l’envisageait peut-être comme le signe de la fin de sa carrière. Alors que nombre de fans le pensait assagi, prêt pour entamer un nouveau pan de sa carrière plus « cool » dans des clubs de jazz ou des salles prestigieuses, il surprendra jusque dans sa sortie. Entre deux réclusions dans son bunker blanc où il n’échangeait plus qu’en mode « cryptique » avec une poignée de fans sur Instagram, Prince s’est livré sur scène jusqu’à la fin dans un récital au piano où il revisitait dans la joie et surtout la peine les souvenirs d’une jeunesse qu’il n’a au fond jamais quittée.

« …and there’s always a rainbow at the end of every rain »

Titres favoris : Future Soul Song, Lavaux, Laydown
LeSachiezTu : 20ten n’est sorti que dans la presse européenne (en France, dans le Courrier International). C’est un album inédit dans le reste du monde.

La play-liste de l'article (5h40 tout de même)



Prince et la leçon de piano

On peut mettre à part l'édition Purple Rain Deluxe de l'an passé, le 21 septembre 2018 est distribué le premier réel album posthume de Prince, Piano and a Microphone. C’est en apparence un choix déconcertant de la Warner que d’avoir exploité le contenu d’une cassette audio d’une session au piano de Prince dans son home studio en 1983 pour en faire un album. Après tout, c’est le genre de choix improbable que Prince aurait pu faire.

A l’écoute c’est la claque. On y est. Force du toucher, précision de la voix et justesse dans la dinguerie, malgré le packaging l’album est tout sauf lugubre, c’est un brillant aperçu de la créativité et de la maîtrise du jeune Prince. Dur de ce dire que ce mec n’avait que 25 ans quand il balance sans une fausse note 30 minutes d’improvisation au piano en mêlant chant traditionnel, titres inédits, reprise de Joni Mitchell ou ébauches de futurs hits. 


Ce type a passé sa vie à travailler la musique et ça s’entend déjà à 25 ans. Le contenu était certes connu d'un grand nombre de fan, l'enregistrement pirate de cette session circulant depuis une vingtaine d'années mais pas dans une aussi bonne qualité. Le titre de l'album reprend le nom de l'ultime tournée (également au piano) de Prince où pour la première fois il revenait sur ses jeunes et cette année charnière de 1983. Il était alors à la veille de devenir une star planétaire.

Le plus dingue c’est de se dire que des milliers d’heures de la sorte nous attendent et qu’il n’y aura pas assez d’une vie pour les apprécier.


Entretien avec Yves Lacoste : Qu'est-ce que la géopolitique ?

Voici un entretien exclusif avec Yves Lacoste, une personnalité importante de la géopolitique française et de la géostratégie. Il répond aux questions du Diploweb à l'occasion de la publication de : Yves Lacoste, « Aventures d'un géographe », éd. Des équateurs, 2018.

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Géopolitique. Comment les micro-États parviennent-ils à exister et peser sur l'échiquier mondial en dépit de leur modeste taille ?

Sur un impensé géopolitique, voici un article de référence, illustré d'une précieuse carte. Il existe des dizaines de micro-États dans le monde. Leur poids spatial et démographique souvent réduit ne doit pas faire oublier leur surreprésentation politique à l'ONU et la puissance économique de certains d'eux, en lien avec des rentes pétrolières (Qatar), fiscales (Bermudes) ou de situation (Singapour). Certains micro-États sont confrontés à des enjeux accrus à l'heure de la lutte contre les paradis fiscaux et (...)

- Transversaux / , , , , , , , , , , ,

La Macronie tourne au déluge fiscal

Par : h16

La semaine qui vient de s’écouler en Macronie aura été riche de rebondissements subtils que la presse française, toujours au taquet pour regarder ailleurs et nous abreuver de ses non-analyses percutantes de périplaquisme, s’est bien gardée de regrouper pour nous aider à former une image plus claire de la situation actuelle. Pourtant, il y avait fort à dire.

Et si l’on oublie rapidement l’écume des jours sur laquelle la presse s’est focalisée avec application, des petits traverseurs de rue en quête de travail jusqu’aux nervis plus ou moins futés que le Sénat interroge entre deux inutilités législatives, on se retrouve avec une véritable giboulée de taxes ce qui, en cette saison, laisse présager d’un hiver particulièrement rigoureux.

Le mois de janvier prochain est en effet celui auquel, compte-tenu de l’obstination élyséenne, le peuple français goûtera au Prélèvement À la Source. Et même si on part du principe que tout se passera très bien, il n’en reste pas moins que beaucoup de contribuables découvriront cet hiver une fiche de paie sauvagement rabotée.

Or, et c’est là que le tableau d’ensemble commence à prendre tournure, tous les ajustements et autres remises fiscales ne pourront mécaniquement intervenir que plusieurs mois (on parle de 18) après les ponctions opérées. Ce qui veut dire que, même si les calculs de Bercy sont à la fin parfaitement exacts et que tout le monde rentre gentiment dans ses frais comme il faut, les Français vont participer volens nolens à une grande opération « Fais De La Tréso Pour L’État » dont tout indique qu’elle va picoter un peu.

Dans le même temps, tous les autres services de Bercy qui ne sont pas encore mobilisés à la refonte de l’impôt sur le revenu travaillent maintenant d’arrache-pied sur les innovations, ajustements et autres modifications de taxes que le gouvernement a annoncés ces derniers jours. Il y a de quoi faire.

Ainsi, plus question de vendre son matériel d’occasion tranquillement sur internet : tout devra être déclaré, normé, suivi, pisté et finalement fiscalisé.
Bien évidemment, le projet permet de présenter cette nouvelle myriade de réglementations comme le simple désir de taxer proprement les méchants professionnels qui tenteraient de se soustraire à l’obole publique obligatoire. Ceux qui comprennent comment fonctionne l’État français savent pertinemment qu’en pratique, cela se traduira par une nouvelle avoinée des contribuables, tous confondus, professionnels ou non (ces derniers se voyant violemment requalifiés dès qu’il s’agira d’aller renflouer les caisses).

Ainsi, la redevance audiovisuelle qui imposait jusqu’alors de supporter financièrement des monuments télés comme Louis La Brocante ou Plus Belle La Vie va être étendue à tous les supports se rapportant vaguement à la télé. Autrement dit, la simple possession d’un appareil permettant de voir des images animées (mêmes floues, mêmes mal cadrées) sera prétexte à une violente taxation pour assurer au service public sa capacité de continuer à produire ses merdes improbables et de payer la clique néfaste qui s’y ébroue dans des petits cris de jouissance malsains.

Ainsi les carburants continuent-ils de voir leurs prix grimper beaucoup, beaucoup plus vite que les coûts des matières premières. Le tabassage véritablement épileptique du gouvernement sur les automobilistes classe maintenant la possession d’une voiture dans la catégorie du luxe ostentatoire. Bientôt, rouler en Doblo ou en Twingo sera considéré comme un privilège de gros bourgeois et fera froncer les sourcils de tout le clergé républicain, depuis les journalistes jusqu’aux militants écolos.

Notons au passage que les entreprises industrielles consommatrices de gazole ne sont pas plus épargnées : leurs rares avantages fiscaux vont disparaître aussi. Tant qu’à flanquer le pays dans l’ornière, autant s’assurer que ses entreprises y soient précipitées aussi. Égalité, taxes, bisous, tout ça.

Ainsi, l’impôt sur la mort pardon les successions a-t-il subi une intéressante passade de la part de Castaner, Délégué général de LREM, commissionné pour tâter le terrain à ce sujet. Comme tout vendeur de saucisses fiscales, notre ami « en marche » aura donc tenté de faire comprendre qu’une nouvelle bordée de ponctions était nécessaire pour assurer une nouvelle louchée de bonheur citoyen. La levée de boucliers déclenchée aura permis à Macron, le vrai commanditaire de ces saucisses, de rapidement désavouer son vendeur, permettant même au Président d’expliquer qu’on devait « arrêter d’emmerder les retraités ». Seuls les plus naïfs accorderont un peu de crédit à Macron pour une manœuvre aussi transparente.

D’autant que, dans la foulée, question « emmerdement » de retraités, la pédale de frein n’est toujours pas effleurée : alors que certains croyaient être à peu près tirés des griffes de Bercy en se réfugiant au Portugal (qui ne taxe pas les retraités français les dix premières années de leur expatriation), le Conseil à la botte de l’ d’État vient de remettre en cause le principe de non-imposition française de ces retraités expatriés. Autrement dit, les retraités installés au Portugal ont tout intérêt à s’y faire imposer bien vite, au taux le plus bas possible, avant que Bercy ne vienne à nouveau téter goulûment à leur portefeuille.

Vous l’avez compris : en quelques jours, le tempo est donné est c’est celui d’une averse de mauvaises nouvelles fiscales qui s’abat sur le peuple. Tout est prétexte à taxation, amende, vexation fiscale et ponction supplémentaire. Un an après son arrivée au pouvoir, Macron relève avec brio le pari de faire effectivement pire que Hollande.

Certes, sa prestance naturelle le place heureusement au-dessus du clown précédent et lui permet encore de faire figure honorable lors des sommets internationaux. Mais le niveau était si bas que cela n’est plus un exploit, et ses trop nombreuses saillies idiotes ou à l’emporte-pièce, son cruel manque de diplomatie et ses frasques lui ont largement fait perdre de son lustre initial.

N’ayant en rien réussi à réformer le pays, n’ayant pas su utiliser l’élan de son élection pour remettre à plat tout ce qui nécessitait de l’être aussi vite que possible, il est maintenant condamné, comme Hollande avant lui et Sarkozy encore avant, à faire du sociétal, du bricolage à la marge et, surtout, à activer une fois encore le levier fiscal dans des proportions qui ne pourront aboutir qu’à un appauvrissement général et accéléré du pays.

Pire encore : Macron, labellisé libéral par une presse d’incultes et de factieux dogmatiques, s’étant lui-même ouvertement réclamé du libéralisme pendant une campagne toute en nuages conceptuels flous — quand bien même tout ce qu’il fait n’a rien avoir avec et correspond exactement à ce que la démocratie socialiste offre de plus mou — va accroître la haine du peuple pour la seule philosophie réellement apte à remettre le pays sur les bons rails. Systématiquement mis devant la fausse équivalence « bricolages de Macron = (turbo)libéralisme » et compte-tenu des résultats minables qui s’empilent, l’électorat n’aura aucun autre choix que le rejet violent de toute évocation d’une diminution de l’emprise de l’État, de réformes drastiques et réelles ou d’assainissement des comptes publics.

Après un quinquennat complet de stupidités hollandesques, nous nous dirigeons droit vers un quinquennat supplémentaire d’âneries sociales-démocrates macroniennes débridées qui achèveront de donner au peuple toutes les raisons de voter pour un extrême populiste.

Ce pays est foutu.

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Mounir Mahjoubi tente un tour de passe-Pass numérique

Par : h16

Nous sommes en France, ce pays de la rationalité cartésienne, de la logique, du règlement encadré et des processus calibrés au micromètre. Rien n’est laissé au hasard : il faut un plan pour tout. Le gouvernement l’a bien compris, lui qui, en l’espace de quelques jours et de quelques milliards d’euros proutés directement par des licornes républicaines, a produit un Plan Santé, un Plan Pauvreté et même un Plan Vélo pour le plus grand bonheur de ses citoyens autopropulsés.

Il eut été dommage de s’arrêter en si bon chemin. Du reste, du point de vue de chaque ministre, de chaque secrétaire d’État et de chaque sous-fifre volubile à la dépense publique, la tendance est lancée : pour exister, il va falloir un plan qui comportera des mesures plus ou moins fumeuses, des annonces plus ou moins médiatiques, et des dépenses pour le coup très concrètes.

Mounir Mahjoubi l’a bien compris et c’est donc tout naturellement qu’il nous présente un joli plan tout frais.

Vous ne connaissez pas Mounir ? Rassurez-vous, c’est parfaitement normal tant l’aimable amibe secrétariale n’a jamais eu – heureusement – aucun impact dans votre vie au delà d’une ou deux décimales sur votre feuille d’impôt : chargé du numérique auprès d’un gouvernement coincé dans un analogique crachoteux des années cinquante, Mounir n’a pour le moment guère fait parler de lui si ce n’est au détour de l’inévitable petite phrase que s’empresse de rapporter la presse en mal de sensations qui font pschitt.

Cependant, notre brave Mounir doit absolument faire parler de lui : dans sa besace, il a un projet de longue date, patiemment colorié avec ses petits pastels sans déborder des traits, qui consiste à devenir un jour élu de la Mairie de Paris. Il l’a d’ailleurs récemment annoncé devant un parterre d’amibes amicales, qui ont toutes décidées de lancer une plateforme évidemment participative pour que toutes les amibes de France puissent amiber en chœur dans cette motilité si touchante de petits pseudopodes entrelacés qui donne à la République du Bisounoursland toute sa force et sa joie de vivre mou.

Et pour mener à bien ce projet, quoi de mieux que lancer un Grand Plan de Plus qui fera un peu parler de lui et lui donnera cette stature qui convient mieux à une amibe élue à la municipalité parisienne ?

C’est probablement ce qui explique ses dernières saillies médiatiques, entièrement pilotées (pipeautées ?) à cette fin : on n’aura ainsi aucun mal à se souvenir de sa très récente proposition de lutter contre une prétendue addiction aux écrans dont je m’étais déjà effaré dans un précédent billet.

Dans la foulée, il n’apparaîtra donc pas surprenant qu’il se soit autodéclaré compétent pour « reciviliser internet », expression délicieusement décalée avec la réalité qui signifie en substance que notre sympathique blob entend, par une nouvelle loi bien entendu, légiférer sur les propos tenus sur Internet, de préférence en distribuant de la contrainte, des sanctions et des punitions à ceux qui auraient l’impudence d’user de langage contraire aux bonnes mœurs : pas de haine en ligne, sauf à supporter d’hypothétiques amendes dont les montants seront, selon les propositions du commis de l’État, multipliés par 100. Si l’on y ajoute l’inévitable création d’une commission truc-machin, on comprend qu’une nouvelle fois, la politicaillerie s’agite et dépense beaucoup d’énergie (i.e l’argent du contribuable) avec des propositions idiotes et un impact strictement négatif en matière de libertés fondamentales.

Maintenant lancé, Mounir ne s’arrêtera pas là : puisqu’on lutte contre les écrans qui occupent trop de temps de cerveau, qu’on lutte contre ceux qui les utilisent pour dire des méchancetés, profitons aussi de l’occasion pour lancer ce fameux Plan contre les inégalités numériques. Les moins jeunes d’entre nous se souviendront avec une nostalgie microdosée de la « fracture numérique » chiraquienne ; notre petit Mounir la remet donc à sa sauce en constatant qu’un Français sur 5 (« ça fait près de 13 millions de Français » nous calcule-t-il d’ailleurs en claquant un ou deux ribosomes) ne sait pas utiliser les services en ligne et qu’il faut donc tout faire pour les y aider.

Pour cela, rien de tel que la création d’un énième machin technocratique à base de tubulures administratives chromées doté d’un nom bateau. Si on a heureusement échappé à un truc comme « Digiteo », on devra tout de même se fader un « Pass Numérique ». Manifestement, le calcul du cinquième des Français aura totalement épuisé la créativité de notre frétillante amibe, que voulez-vous… Reste le principe de fonctionnement, bureaucratique comme il se doit : à partir du moment où l’individu tombe correctement dans la case « en difficulté numérique » (ceci répondant à une définition qu’on imaginera sans mal d’une précision diabolique), il aura le droit à une formation de 10 à 20 heures (toujours cette précision diabolique) aux ordinateurs, à internet et tous ces trucs qui font des choses étranges et magiques.

100 millions d’euros ont été apparemment consacrés à ce Pass ce qui, pour « près de 13 millions de Français », représente donc à peu près 8 (huit) euros de formation pour chaque individu, pour une dizaine d’heures (soit 80 centimes de l’heure – mazette, on ne se refuse rien). Pratique : à ce prix, les individus concernés pourront acheter leur Pass Numérique en même temps que leurs yaourts en pack de 12 et le grotesque de la situation ne devrait choquer personne.

Mounir frétille. Mounir s’agite. Mounir fait parler de lui. Mais Mounir, s’il voulait être cohérent avec le reste du gouvernement et respectueux de la réalité, devrait se faire oublier.

Parce que ses propositions sont quelque peu croquignolettes si l’on se rappelle que, dans le même temps, la ministre de la Culture entend surtaxer les outils numériques (justement) en étendant la redevance télé. Et même si nos dirigeants tentent de limiter les dégâts en faisant croire que cette extension n’interviendra pas avant 2020, on comprend qu’inciter les uns à se reporter sur le numérique alors que celui-ci va être bombardé de taxes relève au mieux de la maladresse, au pire du brigandage en bande organisée. D’autant que — rappelons-le en toute cohérence — Mounir entend aussi lutter contre le trop d’écran…

Du reste, peut-on aussi oublier l’indigence assez consternante de l’État en matière de numérique, lui qui persiste à fournir des interfaces catastrophiques à ses administrés pour toutes les démarches qu’il leur impose ? Combien de cerfas mal foutus dont le formulaire en ligne n’est qu’un vaste champ de bugs ? Combien d’administrations aux guichets numériques bâclés, incompréhensibles ou simplement inexistants ? Combien d’informatisations de services publics si complètement merdiques qu’elles confinent à l’acharnement thérapeutique ? Est-il réellement pertinent, utile ou seulement sain de « former » (à 80 centimes de l’heure) des Français à comprendre ces interfaces ignobles et contre-nature ? Qu’en attend-on si ce n’est une décimation vigoureuse des plus faibles à coup d’infarctus et de nervous breakdown ?

De même, doit-on rappeler les contre-prouesses olympiques de l’État en matière de paie des personnels (militaires ou non), de la gestion des permis de conduire, des cartes grises, et bientôt du prélèvement à la source dont tout indique que ce sera un foutoir d’ampleur biblique, cris et grincements de dents inclus ?

Autrement dit, notre frétillant secrétaire est en train de pousser un bien mauvais brouet à huit euro pièce dans la gorge d’individus qui auraient tout intérêt à rester à l’écart de l’immense écurie d’Augias que le numérique d’État français est en train de devenir.

Merci, mais non merci.

Mixité sociale, parcoursup et dogmes idiots

Par : h16

La Macronie, c’est un problème par domaine et, pour chacun, une solution par jour. Bien sûr, par « problème », on entendra toute interrogation plus ou moins mal posée par une brochette de vibrants politiciens, et dont la « solution », ridicule et mal formulée, est généralement déjà dans leur tête avant même la définition du problème. Une fois en place, elle aboutira à de nouveaux problèmes qui nécessiteront force interventions des mêmes vibrants abrutis.

Pour aujourd’hui, la Macronie socialiste a décidé de s’attaquer à un vrai problème de vivrensemble : celui de la mixité sociale des lieux d’éducation. Car oui, c’est évident, une école, un collège, un lycée, une université, ce sont des lieux dont le but n’est pas de transmettre des savoirs, mais dont l’objet est évidemment une reconstruction sociale, où il faut absolument cette mixité sociale sans laquelle il n’existe point d’avenir riant.

Car oui, la mixité est un vrai problème : quand bien même tout démontre que l’enseignement — tel qu’il fut pratiqué jusque dans les années 70 — permettait à un nombre croissant d’individus issus de classes modestes d’acquérir savoir, culture et instruction au point de hisser la société française toute entière au niveau de richesse qu’on lui connût jusqu’alors, quand bien même on aura pu constater le nombre croissant jusqu’à cette période d’ingénieurs, de grands auteurs ou d’artistes majeurs issus de couches populaires, ce qui tendrait à prouver que ça ne se passait finalement pas trop mal, il s’est rapidement imposé, à partir des années 80 et ensuite, l’absolue certitude que l’école (et l’Éducation Nationale toute entière) ne remplissait pas correctement son but : extraire les masses laborieuses de leur fange pour les propulser vers les azurs bleutés du savoir universel.

Dès lors et partant de cette définition d’un problème de mixité qui n’avait, en pratique, jamais réellement existé, fut imaginée une solution redoutable évidemment prônée par nos politiciens (de ce gouvernement et des précédents – ne nous leurrons pas, tous se valent dans la fange de médiocrité dans laquelle ils barbotent en faisant de petits prouts sonores) : la mixité entrait en force dans nos établissements scolaires.

Depuis la carte scolaire jusqu’aux directives internes des établissements en passant par la redéfinition régulière des méthodes d’inscription ou d’accession à tel ou tel établissement, tout aura donc été fait pour atteindre l’objectif constructiviste qu’on s’était benoîtement imposé : la mixité sociale sera mise en place, par la force des décrets s’il le faut.

Dans ce cadre, on comprend l’importance de l’écrabouillage systématique de l’école privée (tant sous que hors contrat) puisque cette dernière, rétive, ne se soumet qu’à contre-cœur aux diktats pourtant rigolos de nos élus.

Petit-à-petit et malgré la chasse aux déviants, le constat s’impose : les parents ont une furieuse tendance à placer leurs enfants dans les établissements qu’ils jugent les meilleurs possibles compte tenu de leurs contraintes (financières, géographiques) et, quand ils le peuvent, font tout pour détourner la carte scolaire et les désirs humides de mixité des élites.

Pire encore, l’INSEE vient dernièrement de faire paraître une étude fracassante qui montre que non seulement les parents font souvent des pieds et des mains pour éviter de subir les frais d’une carte scolaire arbitraire, mais en plus un nombre croissant d’entre eux recourt aux établissements privés pour s’en affranchir complètement.

Ainsi, à Paris, le nombre d’élèves dans le privé atteint 30%. Or, ce contingent est rempli au trois quarts des enfants des milieux très favorisés. Les classes sociales les moins favorisées ne sont présentes qu’à 4% dans les établissements privés. Zut de crotte, les parents utilisent les établissements privés pour éviter la mixité sociale.

Et c’est d’autant plus fort de café qu’on chuchote, dans les milieux (syndicaux) autorisés que certains chefs d’établissements privés poussent même le vice jusqu’à trier les élèves !

C’est positivement abominable ! D’un côté, des parents décident de claquer des sommes assez élevées pour l’instruction de leur progéniture, en surcroît de leurs impôts qu’on imagine sans mal assez coquets. De l’autre, des chefs d’établissements dont le gagne-pain dépend ultimement de leur capacité à attirer les élèves, se débrouillent pour fournir l’environnement explicitement désiré par des parents.

Quel scandale !

Tout ceci est non seulement honteux, mais tellement en contradiction avec le vivrensemble qu’on ne peut s’empêcher de penser que, décidément, la vie est mal faite et un passage par quelque camp de rééducation citoyenne, festive et à forte mixité sociale mais préférablement bourgeoise s’avère réellement nécessaire pour ces populations. Non mais.

Le pompon est d’ailleurs atteint lorsque l’étude de l’INSEE conclut avec un aplomb assez phénoménal que les problèmes de recrutement des établissements publics sont en réalité amplifiés par l’existence même des établissements privés, de la même façon sans doute que l’existence de voitures rapides rend honteux la lenteur des autres voitures.

Rassurez-vous : l’analyse des raisons qui poussent certains parents à ces comportements ne semble guère venir à l’esprit ni des auteurs de l’étude ni des politiciens qui ont mis en place l’ensemble des règles et autres directives encadrant les inscriptions, cartes scolaires et tracasseries administratives des établissements publics. Aucune remise en question ne sera possible sur ces sujets : les établissements privés sont la cause du problème, absolument pas la manifestation d’une conséquence des actions idiotes et épileptiques des politiciens. Circulez.

De la même façon, aucune remise en question n’existe concernant le désastre actuel des inscriptions en université.

En pratique, chaque année qui passe ajoute sa pierre à l’édifice de malheurs et de misère que constitue maintenant l’inscription estudiantine dans les mouroirs à bacheliers que deviennent nos facultés.

Tous les ans, ce sont de nouveaux contingents de jeunes étudiants qui se retrouvent largués en rase campagne sans la moindre inscription. On appréciera dans ce contexte la titraille altercomprenante de certains journaux comme Le Monde : pour lui, le dernier avatar du bricolage ventilé à algorithmie transaxiale brachiométrique pifoproutesque de l’Éducation Nationale en matière d’études supérieures, Parcoursup dispose finalement d’un « bilan à confirmer » probablement parce que titrer « une catastrophe en demi-teinte » n’était pas aussi vendeur.

Pourtant, les témoignages de ratés monumentaux ne manquent pas et se dire qu’on a fait une plus petite foirade que l’année passée (avec APB) n’est qu’une piètre consolation.

Et là encore, à la racine de ces problèmes d’inscription universitaire, on retrouve la même envie de fournir à tous et chaque étudiant un accès égalitaire, indifférencié et quasi-gratuit à une ressource pourtant fort coûteuse, d’une part en distribuant le diplôme d’accès (le niveau général du bac baisse) et d’autre part en imposant aux établissements publics de ne faire aucun tri ou aucune sélection.

On attend avec gourmandise l’étude INSEE qui conclura, la larme à l’œil, que les établissements privés et autres écoles supérieures coûteuses abaissent la mixité sociale des universités.

Quant à la remise en question des dogmes idiots de la mixité sociale, de la carte scolaire, de la fumeuse gratuité indispensable, de la nécessité d’une absence de sélection à l’entrée des facs, ou tout l’amoncellement d’autres dogmes qui font de l’Éducation nationale française le bateau ivre qu’on observe tous les jours, n’y comptez surtout pas.

D’aussi beaux problèmes attirent de dodus politicards et leurs solutions idiotes. Les résoudre, surtout en laissant le marché et les individus se débrouiller, ce serait vraiment gâcher !

Taxons les robots car même une « économiste » de 11 ans comprend ça !

Par : h16

Elle est Canadienne, elle est pétillante, elle intervient dans des lieux importants devant des gens sérieux pour traiter de sujets graves et complexes comme l’économie ou la fiscalité, et, surtout, elle n’a que 11 ans : Carlie Weinreb est devenue la nouvelle coqueluche de certains milieux et le nouveau porte-étendard d’une cause idéalement buzzable, puisqu’il s’agit de la taxation des robots.

Tant de qualités n’ont évidemment pas manqué d’attirer l’attention de la fine fleur du journalisme français spécialisé dans l’explication de l’économie aux tout-petits et dans la lutte acharnée contre l’ultraturbo-libéralisme qui mange des bébés communistes. L’Obs, avant-garde klaxonnante de cette élite du reportage d’investigation en milieu hostile, ne pouvait pas passer à côté de l’occasion d’en faire un vibrant hommage.

Tout y est : une description rapide du sujet, et quelques fleurs sur la petite Carlie qui pose bien les termes du débats, mieux même que Benoît Hamon. Pour nos journalistes, pour l’OCDE auprès de laquelle elle intervenait, pour les intervenants présents à ces débats, pas de doute : « si les robots prennent tous les boulots peu ou moyennement qualifiés, comment survivra la population sans travail, qui paiera les impôts nécessaires au bon fonctionnement des infrastructures, des écoles ? »

Ben oui, quoi, c’est vrai à la fin ! Si on remplace les bougies par des lampes, que vont devenir les fabricants de chandelles ? Si les voitures remplacent les chevaux, que vont devenir les maréchaux-ferrants ? Si les ordinateurs font les calculs à la place des hommes, que vont devenir les calculateurs professionnels ?

Et si on taxait tout ça histoire de faire payer aux robots les emplois qu’ils rendent obsolètes ?

innovation

Tout ceci est fort mignon et très rafraîchissant (« sautillant », même), mais quelques éléments doivent cependant être rappelés pour faire redescendre nos amis journalistes qui, de sautillement en sautillement, ont depuis un moment échappé à l’attraction terrestre.

En pratique, toute cette aimable histoire n’est qu’un cas supplémentaire de journalimse consternant où l’on présente une aimable gamine au cerveau et au raisonnement lourdement façonnés par une société et des parents dont on note surtout les motivations personnelles qui transpirent lourdement derrière l’enfant.

Du côté des journalistes, on ne peut s’empêcher de noter les adjectifs retenus pour la qualifier. Ainsi, la présenter comme une génie permet de faire passer la pilule du lavage de cerveau qu’elle a subi et fait commodément oublier le fait qu’actuellement, aucun économiste sérieux, ni génial ni même simplement normal, ne propose une telle taxation tant l’idée de base est ridicule et surtout extrêmement contre-productive.

En effet, il apparaît que tout cela est basé sur l’idée complètement fausse que plus le nombre de robots augmente, plus ils prennent leur travail à d’honnêtes travailleurs et qu’en conséquence, plus il y a de chômage. La réalité, statistique, dure, concrète et indiscutable est exactement l’inverse : plus un pays dispose de robots dans ses entreprises et sur ses chaînes de fabrication, de montage et d’assemblage, plus le chômage est faible.

La brave petite Carlie part donc d’un constat (« il y a de plus en plus de robots ») pour extrapoler une observation largement sujette à débat (« il y a de moins en moins d’emplois peu qualifiés ») et en tirer une conclusion fausse (« le chômage augmente »). Les « journalistes » prennent ensuite la relève pour proposer une solution parfaitement idiote (« taxons les robots »), aidés en cela par l’habituelle brochette de politiciens socialistes pour lesquels l’économie est une matière impénétrable, aux vastes territoires inexplorés et aux mille dangers rebutants.

En réalité, dans cet exercice, le génie de la pauvre enfant consiste surtout à savoir exactement comment recracher les bons termes aux bonnes personnes, ce qui lui a permis de faire du buzz. Au passage, cette forme de médiatisation, ces présentations et ces prestations pourraient largement être qualifiées de travail en bonne et due forme, voire d’exploitation enfantine si l’on voulait se la jouer Inspection du Travail dans ses meilleurs jours.

Étonnamment, ce n’est pas non plus la première fois que le cas d’enfants travaillant fort jeunes pour se faire médiatiser déboule dans les sujets d’actualités. On n’aura aucun mal à se rappeler que lorsqu’il s’agit de faire vidéos Youtube plus ou moins pertinentes, cela déclenche l’urticaire chez nos bien-pensants.

En revanche, lorsqu’il s’agit de répandre la bonne parole d’une idée fiscale parfaitement idiote mais tout à fait tendance, là, tout le monde se lève et chante ♩ ♪ GloôÔôoria Alleluhiââah ♫ ♬ dans un bel ensemble hypocrite.

D’autre part, tout le message ressemble fort à une espèce d’incantation un peu simpliste : si une « économiste » ou une « fiscaliste » de 11 ans comprend ça, pourquoi des adultes ne le comprennent pas ? Inversement, on en vient à se poser la question de savoir si Benoît Hamon, qui propose bruyamment la même chose dans ses petits mots maladroits à lui, n’a finalement pas 11 ans d’âge mental ce qui expliquerait à la fois son parcours politique et ses idées en matière d’économie et de fiscalité.

Enfin et surtout, tout cela rappelle de façon claire qu’à l’évidence, les taxations, ça marche ! D’ailleurs, depuis qu’on taxe lourdement le travail, surtout en France, on a pu noter une excellente santé du marché du travail, avec un plein-emploi et une économie qui frise la surchauffe.

Mieux encore, les taxations sur les nouvelles technologies, ça marche aussi, du tonnerre de Brest, même ! Grâce à ça, les entreprises spécialisées dans ces nouvelles technologies, ces entreprises qui, justement, créent de l’emploi, vont… ailleurs, là où elles ne sont pas sauvagement taxées, là où leurs productions ne sont pas détruites par des syndicats, des Canuts ou des Luddites remontés comme des coucous. Et en définitive, cette taxation apporte richesse et innovation partout où elle ne frappe pas ce qui est un signe clair que la France doit absolument la mettre en place, pardi !

Il y a quelque chose de réellement inquiétant à ce qu’une enfant de 11 ans soit ainsi propulsée par ses parents pour défendre une idée qui a amplement prouvé son côté purement militant, contre-productif voire délétère.

Il y a quelque chose de gênant de voir ainsi qu’à l’instar de cette enfant, toute une génération est actuellement activement manipulée pour croire à l’utilité et à la pertinence d’une intervention massive de l’État afin de freiner une innovation concrète qui améliore pourtant efficacement le niveau de vie de millions d’êtres humains.

Il y a quelque chose d’outrageant à voir ces « journalistes » reprendre sans scrupules la communication putassière d’une organisation qui aboutira, par la taxation d’un moyen de production, à appauvrir encore le consommateur (eh oui, quand on taxe les vaches sur leur lait, ce ne sont pas les vaches qui paient la taxe).

Utiliser ainsi une enfant comme accessoire éminemment médiatisable pour débiter des âneries dangereuses semble parfaitement normal pour la ribambelle de bien-pensants manipulateurs derrière, depuis les parents jusqu’aux journalistes relayant cette niaiserie. Les hontectomies touchent un nombre croissant d’individus.

Décidément, rien ne semble plus tabou pour le Camp du Bien.

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L’hystérie climatique continue

Par : h16

En ce début de mois d’octobre 2018, cela fait maintenant plus de 30 ans que les rapports du GIEC (ce fameux Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, fondé en 1988) se succèdent et se ressemblent. Si les premières parutions n’ont eu qu’une médiatisation feutrée, la récupération politique que ces rapports autorisaient a ensuite largement permis d’en catastrophiser progressivement le discours pour aboutir à l’actuelle tempête médiatique que chaque nouvelle édition entraîne immanquablement.

Cette année ne déroge pas à la règle : dans un véritable ouragan d’articles, de notules et de petites vidéos acidulées, ce dernier rapport a été amplement repris par une presse toute acquise aux thèses du GIEC, avec cette impartialité, cette pondération et la nécessaire distance qui caractérisent son extraordinaire qualité de travail jusqu’à présent (sur ce sujet et tant d’autres).

Que voulez-vous : l’heure est gravissime, bien plus qu’hier et bien sûr bien moins que demain.

Tout le monde sait que la Terre, dont la température idéale est évidemment celle qu’on lui connaît actuellement ou à peu près, a une fâcheuse tendance à se réchauffer, que ce n’est absolument pas désirable en aucune façon, et tout le monde sait aussi que c’est la faute de l’Homme (de préférence occidental, blanc et mâle). Dès lors, dans une vague de concrétisation pragmatique terriblement palpable, il est impératif et obligatoire de manœuvrer pour redresser la barre, changer de direction, faire des efforts et agir pour le climat grâce à une prise de conscience forte, des taxations musclées, des interdictions nombreuses et de spectre large, des mouvements de bras et des bougies parfumées.

On y adjoindra des éoliennes de faible impact écologique et de rendement dodu, des panneaux photovoltaïques bons pour l’environnement qui produisent une électricité abondante au moment où on en a le plus besoin et des milliers (milliards ?) de vélos aux couleurs chatoyantes qui pousseront naturellement les uns et les autres à pédaler plutôt que cramer bêtement du pétrole pour se déplacer.

Malheureusement, malgré ces évidences, malgré l’incessant rappel de la réalité pure, dure, palpable, malgré tous les notules, les articulets, les pamphlets et autres déclarations enflammées des journalistes, des politiciens, des philosophes-sociologues-artistes et autres célébrités, des oppositions existent : des gens, méchants sceptiques, continuent malgré tout de nier.

Ces individus honteux, ces « connards » comme disait jadis Nathalie Kosciusko-Morizet, n’hésitent pas à nier tout, n’importe quoi, avec méchanceté et obstination et vont jusqu’à récolter des faits pour alimenter leurs dénégations.

Pourtant, tout le monde sait que les ours polaires sont en danger extrême, eux qui sont passés d’une grosse population de 5.000 individus en 1950 à une petite poignée de 20.000 ours en 2012 (et le comptage en cours actuellement pourrait aboutir à une dégringolade catastrophique autour de 27.000 à 32.000 ours polaires).

Pourtant, tout le monde sait que la Terre perd chaque jour des milliards d’hectares de forêts et que non, non, elle ne verdit pas voyons enfin.

Pourtant, tout le monde sait que les catastrophes naturelles font évidemment des victimes de plus en plus nombreuses puisqu’on est passé de seulement 210.000 en 1950 à presque 70.000 en 2010 soit une baisse de 67% en 60 ans (alors que la population mondiale a triplé) ce qui est le signe clair que la situation empire, n’est-ce pas.

Et quand bien même le rapport du GIEC de 2014 indiquait qu’il n’y a pas eu d’augmentation de tempêtes, de tornades, d’inondations ou de sécheresse depuis 30 ans, il est impossible de nier que les catastrophes climatiques sont toujours plus coûteuses puisqu’en rapport avec le PIB mondial et depuis 1990, les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles ont diminué de 17% ! C’est scandaleux !

Devant ces évidences pourtant évidentes, ces dangers toujours plus prégnants, la liste des hystéries réchauffistes actions conscientisées s’agrandit heureusement chaque jour.

Et chaque jour de nouvelles propositions déboulent grâce au travail acharné de citoyens qui osent regarder en face la Vérité Vraie, qui n’hésiteront pas à expliquer puis imposer aux autres une façon de vivre enfin compatible avec Gaïa, la Nature et leurs exigences.

Ainsi, il faut en finir avec le nucléaire dans un premier temps, puis les autres formes d’énergies polluantes ensuite, et – comme toute production d’énergie est intrinsèquement polluante – retourner enfin à une production raisonnable et douce d’énergie responsable, écologique et en rapport avec nos vrais besoins. Il est temps : alors même que la France est dans le peloton de tête des pays les moins polluants, elle n’a toujours pas réussi à tenir ses engagements au Traité de Paris, alpha et oméga de ce qu’il convient de faire pour sauver la planète.

Ainsi, il faut arrêter de se déplacer. Il faut mettre un terme à ces dépenses énergétiques de confort comme prendre l’avion pour visiter des pays étrangers. Comme l’explique très bien la vidéo ci-dessous, autoriser la plèbe à se déplacer à Barcelone pour 19€ seulement, ça ne doit plus exister : chacun à sa place et que plus personne ne bouge (ou alors, seulement en bateaux affrétés par des organisations humanitaires).

Mais surtout, il faut en finir avec cette reproduction effrénée ! On l’a dit, on l’a répété : tous les ans, l’Humanité creuse sa dette écologique. La Terre s’endette (auprès de Mars et Jupiter) et à l’évidence, à un moment, nos bailleurs de fonds vont dire stop. Dès lors, produire du lardon comme d’autres des saucisses industrielles, ça ne peut pas fonctionner.

L’Agence Fausse Presse l’a d’ailleurs exprimé dans un tweet sans ambiguïté : changer une ampoule à filament sans métaux lourds par une ampoule basse consommation pleine d’halogènes et de métaux lourds, ça aide, mais ce qui roxxe vraiment en matière de climat, c’est d’avoir « un enfant en moins ». Si vous en avez en trop, consultez donc Véronique Courjault et Darty pour vous occuper des surnuméraires, le tarif pénitentiaire est en promo actuellement.

Logiquement, l’étape suivante consistera à proposer de ne plus procréer du tout, voire d’en empêcher nos ados quelque peu fornicateurs (il faut bien le dire). L’agenda progressiste, qui passait il y a quelques années par « Le Mariage Pour Tous » semble maintenant se diriger vers « La Vasectomie Pour Tous », dans une joie et un bonheur sagement microdosés pour éviter toute pollution.

On le dit, on le répète, on le filme même avec une niaiserie et une componction qui rend toute caricature inutile comme on peut le voir ci-dessous : nous allons tous mourir, c’est inévitable. Euthanasie, suicide, vasectomie, choisissez, mais vite.

Il importera cependant de ne surtout pas se rappeler le chemin étroit qui ne sent pas la noisette, parsemé d’embûches, de vilénies, d’erreurs grossières, d’hystéries ridicules, de prédictions foireuses qui fut parcouru pour en arriver à cet immense tsunami d’approximations climatiques catastrophistes et catastrophiques.

On oubliera bien vite toutes ces îles qui, il y a 20 ans, étaient condamnées à une noyade certaine. D’ailleurs, l’ONU a fait le nécessaire pour effacer toutes ses prévisions bien proprement. On se demande pourquoi.

De même qu’on essaiera de comprendre pourquoi les neiges montagneuses (même de l’Himalaya), destinées à fondre, n’ont pas fondu ou pourquoi la recrudescence des ouragans ne se retrouve toujours pas dans les statistiques, à tel point que le GIEC a été obligé de faire corrections sur corrections, comme il devra en faire pour son dernier opus, truffé d’erreurs consternantes.

On oubliera tout ça : la vérité et les faits scientifiques ne permettent absolument pas de prendre le pouvoir et d’imposer son mode de vie aux autres. Et puis, de toute façon, soyons bien clair : si on devait juger les individus ou les institutions à leurs résultats et non à leurs intentions, le GIEC aurait été démantelé depuis des lustres.

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Gouvernement : une médiocrité inquiétante

Par : h16

Il y a des signes qui ne trompent pas, même s’ils sont écrits de travers avec une encre de couleur et d’odeur douteuses : la France, sa République et les « élites » qui la représentent s’enfoncent tous les jours un peu plus dans une médiocrité inquiétante.

Ici, je pourrais m’étendre sur le dernier sujet à la mode, celui de la nomination de l’inénarrable Christophe Castaner comme ministre de l’Intérieur (intérieur de quoi ou qui, on en vient à se le demander) et qui, à lui seul, prouve amplement que la situation devient préoccupante : habitué de « castâneries » nombreuses et bigarrées, l’homme apparaît bien plus taillé pour animer les soirées de mariage ou les retours de communion que le ministère de l’Intérieur où les seuls éclats qu’il provoquera seront ceux de rire.

De la même façon, l’actualité empile les saillies involontairement drolatiques de nos hommes politiques, depuis les seconds couteaux de la République En Marche (ministres ou non) jusqu’à Jean-Luc Mélenchon, pris dans la tourmente judiciaire et regrettant aussi amèrement que vocalement qu’on lui applique la même potion que celle qu’il entendait administrer avec force à ses opposants politiques comme Marine Le Pen ou François Fillon.

Il y a quelques jours, c’était Yannick Jadot, le député européen écologoïde, qui, utilisant un fait divers, tweetait quelques sottises au sujet des pesticides. Ceci a entraîné par la suite un débat homérique avec Geraldine Woessner, journaliste qui a – c’est assez rare pour être souligné et loué – pris le temps de faire des vérifications et quelques calculs statistiques de base pour tenter de remettre le pauvre écologiste dans le droit chemin.

7 bébés nés sans bras en 5 ans, dans une zone de 900 km2 dans l'Ain : entretenir la confusion entre cette affaire et les deux autres dossiers, vraiment problématiques, de Loire-Atlantique et du Morbihan, brouille toute compréhension… #Malformations #RécupérationPolitique https://t.co/wsc08VDkqe

— Géraldine Woessner (@GeWoessner) October 14, 2018

On ne pourra s’empêcher de noter que ce député fait partie de la même frétillante brochette de clowns à roulettes qui, à longueur de journées, parlent au nom de la « science » climatique ou du glyphosate et enfilent pourtant des perles d’absurdités et d’approximation lamentables dès qu’ils le peuvent. Pourtant, c’est bien ce genre d’individus sûrs d’eux et inconscients de leur complète incompétence qui, utilisant le paravent de sciences qu’ils ne comprennent ni ne maîtrisent, entendent dicter nos vies et surtout prétendent redresser les finances du pays.

Ce dernier exemple n’est pas du tout un cas isolé. Il serait même aisé de revenir en détail sur les aptitudes particulièrement consternantes de précédents ministres, comme Duflot (« le Japon est dans l’hémisphère sud »), Montebourg, Chatel, Pécresse, Copé ou Darcos pour les exemples les plus saillants.

Cependant, bien qu’amusant, ce serait louper l’éléphant dans le salon que s’éterniser sur ces cas.

Il faut se résoudre à l’évidence : si l’Éducation Nationale a été qualifiée il y a quelques temps de « fabrique du crétin » par Jean-Paul Brighelli, la politique française semble devenue une véritable usine de production d’incompétents plus ou moins pathologiques.

On pourrait sans doute trouver plusieurs raisons à ce résultat calamiteux, mais l’une d’elles serait très probablement l’existence même de l’École Nationale d’Administration dont la production personnelle, en terme de crétins approximatifs, semble s’être emballée au point de subir une dégringolade de niveau pire encore que le reste de l’instruction française.

Orthographe hésitante, lacunes dans la lecture et la compréhension des sujets, les élèves de l’ENA sont finalement, de l’aveu des jurys qui leur font passer le concours d’entrée, “Souvent soucieux de ne froisser personne, d’être politiquement corrects, mal à l’aise dès qu’il s’agit d’émettre un jugement, timide face à un quelconque engagement”.

Autrement dit, ils sont tout sauf brillants, autonomes et novateurs, précisément ce dont le pays aurait besoin pour tenter de se sortir de la boue morose et gluante dans laquelle il s’enfonce de façon presque résignée.

Le bilan est sans appel : alors que l’État devrait, devant les difficultés qui l’occupent, recruter les têtes les mieux faites et les mieux remplies, le voilà qu’il se coltine le fond de panier et les semi-habiles balbutiants des idées grotesques, mal formulées et à moitié cuites.

C’est si vrai que l’ENA elle-même est quasiment en faillite : d’après des documents auxquels Le Parisien a eu accès, la plus-si-prestigieuse école pourrait bien faire faillite dans quatre ans. Accumulant de solides dettes à la suite d’années de déficit (2.8 millions d’euros pour 2017), on apprend ainsi que ce sont les dépenses de personnel qui plombent l’institution, incapable de faire les coupes et les économies nécessaires à sa survie.

Toutes ressemblances avec un État dirigé par les élèves de cette école en perdition n’ont rien de fortuites : la façon de gérer cette école, petite administration à elle seule, se retrouve fort bien dans la façon de gérer l’État français et ses administrations. L’incroyable capacité des élèves, déjà pas trop pétillants en moyenne, à croire que l’argent tombe du ciel se retrouve jusque dans l’équipe en charge de l’école, et ses méthodes de gestion transpirent manifestement sur l’instruction prodiguée. Ou peut-être est-ce, tout simplement, dans l’air du temps qui considère qu’après tout, c’est l’État qui paye et qu’il n’y aura donc jamais de soucis…

austérité 2016 – dépense publique des administrations

Malheureusement, après quelques décennies de ce régime désinvolte et particulièrement éloigné de toute réalité tangible, le pays réel finit par crouler sous les problèmes économiques non résolus : mélangez une gestion fine, une attention précise aux détails économiques, une belle abnégation dans la dépense publique et des énarques particuliers affûtés, paf, ça fait des chocapics fiscaux… à hauteur de plus de 1000 milliards d’euros de prélèvements obligatoires tout de même.

1000 milliards, cela finit par faire une belle somme surtout lorsqu’on la juxtapose avec la performance globale de l’Etat : il semble que, de nos jours, pour 1000 milliards, tu n’as plus rien. Depuis l’école dont les élèves, en sortie de CP, ont de plus en plus de mal à lire, écrire et compter simplement, jusqu’aux infrastructures qui tombent plus rarement en marche qu’en panne, en passant par la couverture sociale qu’on pourra qualifier aimablement d’incomplète et de prohibitive ou d’une sécurité assurée de façon alternative et parcellaire sur le territoire républicain (lui-même sujet à un mitage inquiétant), on devra faire preuve d’un optimisme en béton armé pour continuer à clamer que la gestion par nos énarques est une réussite, ou que nos élites désignent bel et bien des cadors pour résoudre ces problèmes…

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L'Iran et le Pakistan, 1947-2015 : de la Guerre froide à l'Accord sur le nucléaire

Découvrez que l'intérêt de l'Iran à entretenir de bonnes relations à la fois avec l'Inde et avec le Pakistan est une constante de la politique étrangère iranienne depuis la période pahlavie. Voici un article de référence.

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[Redite] Pourquoi la révolution n’est pas pour demain

Par : h16

Billet initialement paru le 21.10.2010

Il y a exactement huit ans paraissait le billet ci-dessous. Suite à des exactions de bandes de racailles dans les grandes villes, dans le cadre de mobilisations pour la retraite (ou contre les propositions pourtant insipides du gouvernement de l’époque), la presse faisait semblant de « ne pas comprendre » ce qui pouvait bien motiver ces déchaînements de violence. À l’époque, il paraissait assez évident que la situation n’échapperait pas à l’État, comme elle l’avait pu en 2005.

Depuis, les années se sont accumulées, les tensions aussi. Les motivations qui animaient les racailles de l’époque n’ont pas disparu, loin s’en faut, et ont même grandi de nouvelles revendications de plus en plus festives mais de moins en moins républicaines, laïques ou citoyennes.

En 2010, la révolution n’était pas pour le lendemain. En 2018, on est le surlendemain et on peut raisonnablement se poser à nouveau la question, avec une réponse nettement moins tranchée.

Björn, inlassablement, repart au combat. Il va retrouver ses frères de lutte pour combattre l’hydre fasciste qui veut la mort des pauvres ! Ce matin encore, il va lutter pour sa retraite de dans 50 ans, et ne laissera pas le sarkozysme étouffer la voix du peuple. C’est pourquoi il va, déterminé, chouraver des jeux vidéos à Micromania avec sa bande de potes.

On pourrait croire que Björn (* le prénom a été changé) est un de ces abrutis qu’une bonne paire de baffes remettrait dans le droit chemin, quitte à réitérer l’opération assez souvent pour qu’il associe enfin « chouraver » avec « douleur ».

Ce serait, en réalité, se méprendre. Björn est, selon bien des critères, une petite racaille, mais certainement pas un abruti. Il a ainsi parfaitement compris comment fonctionnait la société française : un mouvement social, c’est l’occasion de montrer son mécontentement, de brûler des choses, de péter des trucs, de bloquer des machins, et de s’agiter la couenne. Un peu d’exercice physique est excellent pour la santé.

Jeunes déçus

D’autre part, Björn a pas mal d’amis. Oh, pas des amis directs. Il ne les connaît pas vraiment, mais ses amis, eux, prétendent le connaître, et ils travaillent pour lui, tous les jours. Si on lui demandait, Björn expliquerait qu’il méprise ces personnes. La réciproque n’est pas vraie, bien sûr : les amis de Björn font en effet tout pour que Björn se sente bien dans cette société qu’il a pourtant parfaitement comprise.

Les amis de Björn, il y en a plein les journaux : des sociologues, des maires de villes petites et grandes, des journalistes. Et ces amis sont pratiques : ils jouent les idiots. Et ça marche assez bien.

Ainsi, pour eux, les déchaînements de violence de Björn s’expliquent difficilement.

Pour ces sociologues, ces maires, ces journalistes, c’est « tout à fait inédit » d’avoir des violences aussi rapidement avec la montée d’une mobilisation citoyenne, démocratique, responsable et – évidemment – bonne enfant.

Ils déclarent par exemple, parlant de Björn et ses camarades, que « leurs motivations sont difficiles à identifier« . Il est vrai que des jeux vidéos, des jeans, des sacs en cuir, des bijoux ne sont pas, en soi, des motifs suffisants : où est le versant politique de l’action revendicative portée par de tels gestes ?

Selon l’ami qui parle dans le micro du journal le Monde, si Björn et ses camarades pillent des magasins, c’est probablement parce qu' »il peut y avoir un cumul de facteur : (…) les retraites, mais j’y crois pas beaucoup, (…) un mélange d’anti-sarkozysme, de rejet des institutions, de sentiment très fort de subir des discriminations dans leur vie scolaire, (…) révélateur d’une ghettoisation sociale, ethnique, … »

(Heureusement, pour les retraites, il n’y croit pas beaucoup, hein.)

Moyennant quoi, on le comprend, Björn est un véritable mystère sociologique, une énigme comportementale : « le profil des casseurs est dur à établir« . Des pistes sérieuses sont étudiées. Par exemple, « le fait d’avoir des incidents plutôt le matin, c’est un indice qu’on est bien sur des lycéens, peut-être des lycéens professionnels…« .

(Oui, vous avez bien lu.)

Peut-être Björn fait-il partie de ces lycéens professionnels ?

Björn, lycéen professionnel, se bat pour sa retraite.

Présenté ainsi, entre la bêtise assez prodigieuse des amis de Björn et la montée en puissance des poussées d’urticaire du jeune déçu, on pourrait avoir peur.

Mais à toute chose, malheur est bon : Björn est utile, aussi pénibles soient ses « revendications » sur les vitres de certains magasins et ses « slogans » sur les voitures du voisinage.

Utile au pouvoir, on s’en doute, et je l’ai évoqué hier. Mais il est surtout très utile pour l’observateur informé et permet au moins de se rassurer d’une chose : le grand swâr, celui où de rouges bannières flotteront au dessus de noires fumées et d’âcres parfums de révolutions populistes, ce grand swâr dont on a déjà régulièrement entendu parler, ce n’est pas pour tout de suite.

Et loin s’en faut.

Ces racailles montrent exactement où la France se situe sur le plan social, et le contraste est évident avec, par exemple, mai 1968, que tant de syndicalistes en mode humide voudraient rejouer.

A l’époque, la France engrangeait des richesses, la croissance était réellement bonne (+4.3%), les perspectives réjouissantes. Les heurts les plus violents eurent lieu, finalement, entre des forces de l’ordre disciplinées et des lettrés, cultivés, qui pouvaient citer du Nietzsche. La société, sans doute, aspirait à un changement, à profiter des largesses que la croissance offrait.

En 2010, le tableau est un chouia différent : le pays s’enfonce dans les dettes et l’abus continuel de sociale-démocratie mollassonne, pervasive et brutalement gentille a réussi à transformer les lettrés d’hier en ânes de Panurge qui braient les fadaises pitoyables soufflées par un parti socialiste et des syndicats résolument ancrés dans le formica des années 70.

En 1968, c’était les futurs patrons qui défilaient. En 2010, ce sont les futurs chômeurs.

En 1968, les émeutiers avaient un mot d’ordre. En 2010, les casseurs n’ont plus qu’un mode opératoire, tant il est vrai qu’un Phonehouse comme cible institutionnelle d’une révolte populaire, ça le fait moyen.

En réalité, le fait même que le pouvoir étatique ne réponde pas par la violence brute et définitive aux émeutes perpétrées montre le peu de cas que ce pouvoir fait de ces avortons, et, de façon plus générale, de l’ensemble du mouvement : il n’y a pour lui, en réalité, qu’une menace très locale. Oh, il agira avec un peu de fermeté lorsqu’il sera vraiment utile de calmer le jeu. Mais c’est tout.

Eh non : ce n’est pas le grand soir. Ce n’est même pas le petit matin.

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Glottophobie : ce que révèlent ces propositions de lois débiles

Par : h16

L’affaire était pourtant claire : en République française, lorsqu’il pleut sur un homme politique, ce n’est jamais une petite bruine légère, c’est toujours un déluge judiciaire, médiatique et politique. Sarkozy avait pu tester l’adage et Hollande l’avait démontré de façon essentiellement littérale avec un sens de l’humidité particulièrement poussé. Quant à Fillon, il aurait dû servir de véritable jalon dans la vie politique tant ce déluge a pu ruiner de façon définitive ses espoirs d’accéder un jour à la magistrature suprême.

Jean-Luc Mélenchon aurait donc dû savoir que tout, absolument tout, lui tomberait dessus d’un seul coup. En début de semaine dernière, ce fut chose faite : matinalement perquisitionné à son domicile puis à sa permanence parlementaire, le président du groupe de la France Insoumise à l’Assemblée a commis cependant deux erreurs grossières.

La première fut de tout filmer, ce qui donnera par la suite des éléments nombreux aux réseaux sociaux et aux médias pour faire enfler l’affaire bien loin de toutes proportions raisonnables. La seconde fut de réagir comme il l’a fait, par la colère et l’outrance, sans comprendre que ses invectives le desserviraient, d’autant plus qu’elles furent doublées de saillies particulièrement méprisantes pour les policiers présents et, plus généralement, le peuple dont il se gargarisait à chaque occasion.

Ces journées mouvementées auront probablement éprouvé le Lider Minimo au-delà du raisonnable puisqu’interrogé au débotté par une journaliste méridionale, le pauvre homme s’est laissé aller à moquer son fort accent du Sud.

Comme prévu dans ce genre de tempête médiatique, ce petit fait divers aura immédiatement enflé. Et toujours comme prévu, il n’aura pas fallu longtemps pour qu’un courtisan bien poudré du pouvoir en place frétille d’aise devant une si belle occasion de se faire mousser : Laetitia Avia, une député LREM, a bien vite déposé un projet de loi contre les discriminations linguistiques ou « glottophobie ».

La glottophobie n’a rien à voir avec la gloutophobie, la peur des gros gloutons, qui aurait réprimé ceux qui se servent deux fois des nouilles (ou croquent des chauffeurs de taxi, par exemple) : il s’agit d’une aversion aux accents et particularisme langagiers régionaux.

Tout comme ce siècle a été pour le moment particulièrement fécond en politiciens consternants, il l’est aussi pour la découverte de nombreuses phobies ridicules dont la précision et l’étroitesse est telle qu’elle permet à chaque petit flocon de neige humain d’y trouver son identité ; il en va donc de même de cette glottophobie dont le but n’est bien sûr que de faire connaître la député au-delà de ses frais de bouche.

Pour elle, la question est d’importance : « Doit-on subir des humiliations si on n’a pas d’intonations standardisées ? » Et de cette question fondamentale découle naturellement ce dépôt de proposition, cette loi en devenir dont la République ne semble pas pouvoir se passer.

La proposition, déposée jeudi dernier, n’aura pas traîné à faire réagir sur les réseaux sociaux et un peu partout dans les journaux. Pour certains, pas de doute, il ne s’agit que d’un trait d’humour de la député qui a ainsi voulu adresser une petite piqûre de rappel citoyen inclusif à Jean-Luc Mélenchon. Pour d’autres, la proposition est bien sérieuse et n’est que l’aboutissement d’un long travail parlementaire de fond sur les oppressions dont sont victimes trop de Français…

Cependant, pour beaucoup de Français qui paient des impôts, qui sont confrontés, tous les jours, à des problèmes autrement plus saillants que des moqueries sur leur accent berrichon, marseillais ou picard, le travail de la député laisse quelque peu dubitatif pour le dire gentiment.

Mardi, un ministre de l'intérieur démissionne en évoquant une quasi guerre civile à venir.
10 jours plus tard, on veut légifèrer sur les accents.

La fête du slip du gadget progressiste puéril durera jusqu'à bout du bout.
Et au delà. https://t.co/oth29umgcI

— Bastiat2022 (@Bastiat2022) October 19, 2018

Faut-il donc que le pays soit à ce point pacifié, engourdi dans les tendres vapeurs de vins capiteux fêtant le plein emploi, la croissance retrouvée, les poches et les ventres pleins, pour qu’on en soit maintenant réduit à occuper nos temps de cerveaux disponibles et celui, fort coûteux, d’une député pour ce genre de propositions ?

N’y a-t-il pas des problèmes budgétaires, sécuritaires, économiques et politiques un tantinet plus graves que de tenter une législation loufoque à la suite de l’attitude certes minable mais tout à fait dans la ligne habituelle d’un député collectiviste hargneux ?

D’autre part, cette député et cette proposition illustrent une fois encore la législorrhée dégoulinante dont souffre la République, infestée de ces parasites scribouillards qui trouvent dans l’écume des jours mille et une raisons idiotes pour ajouter leur nom et leurs idées débiles dans ses codes de lois déjà obèses (et permettez qu’on puisse être grossophobe concernant les lois et décrets alors que leur nombre, en France, flirte langoureusement avec le demi-million).

En outre, le risque d’une telle loi – si jamais une telle bêtise venait à prendre effectivement corps – est qu’encore une fois serait dévolu au législateur de fixer les règles du bon goût ou de l’humour ce qui est très, très au-delà du périmètre normalement plus modeste de la loi, censée surtout s’occuper des crimes et délits… À moins bien sûr de classer le goût et l’humour dans l’une de ces deux catégories, ce qu’un nombre croissant d’abrutis libertophobes entend faire.

Enfin, on ne pourra s’empêcher de noter que la démarche de la député s’inscrit dans cette tendance très particulière et de plus en plus commune d’une espèce de défense paternaliste de la province et des particularismes que seule la Capitale, la loi et la représentation nationale seraient capables de défendre.

Ce n’est pas un hasard : dans l’esprit torturé de nos députés, la province ne peut survivre sans les décisions parisiennes. Toutes les décisions y sont prises, toutes les lois y sont votées, le pouvoir y prend place. Dès lors, chaque région ne peut se défendre par elle-même et doit absolument compter sur l’État et sa tête parisienne. Ce parisianisme se décline d’ailleurs en jacobinisme centralisateur tant au niveau des régions qu’aux niveaux inférieurs qui, tous, semblent croire qu’il faut absolument s’en référer aux instances supérieures pour prendre des décisions et que sans elles, nul espoir, nul salut.

À l’extrême, on fait absolument tout pour bien faire comprendre que l’individu, sans cette pyramide de maîtres au-dessus de lui, ne peut survivre, que sans ces lois dégoulinant en torrents, il sera incapable de se débrouiller seul, de se défendre, de commercer ou de diriger sa vie comme il l’entend. L’individu est un enfant, qui ne pourra défendre ses particularités, ses coutumes, sa mode vestimentaire ou – ici – son accent régional qu’avec l’aide bienveillante de l’armée de députés et de la nuée de politiciens rattachés autour.

En fait de boutade (excuse utilisée chez certains députés LREM pour justifier cette loi hallucinante), cette proposition est une parfaite illustration de la façon dont nos députés envisagent leur rôle : tels des babysitters assidus, ils entendent tout protéger, tout défendre, tout contrôler.

Le peuple, dans sa grosse couche-culotte législative de plus en plus étanche et soigneusement conservé dans son petit parc à barreaux, appréciera certainement.

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#PasDeVague : du calme, tout est perdu.

Par : h16

La polémique mélanchonesque de la semaine dernière passée, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une autre, un chouia plus musclée, la remplace : cette semaine, c’est le retour du problème discret (mais persistant) de la violence à l’école, assorti, modernité oblige, d’un petit hashtag des familles, #PasDeVague, qui déclenche déjà quelques petits boutons dans l’administration nationale et au-delà…

Il semble en effet que, cette fois-ci, il sera plus compliqué de repousser sous le tapis les exactions de certains élèves dans leurs établissements scolaires : il y a quelques jours apparaît sur les réseaux sociaux la vidéo sans équivoque d’un élève braquant sa professeur avec un pistolet tout en lui intimant l’ordre de le marquer présent sur un relevé de présence. Cette vidéo, impossible à camoufler, aura rapidement fait parler d’elle, au point de déclencher une vague de témoignages, disponibles sous le fameux hashtag #pasdevague, tous plus glaçants les uns que les autres sur la situation réelle de l’Education Nationale dans certains quartiers.

Bien évidemment, la République du Bisounoursland est en émoi : une telle situation ne peut être tolérée !

Pourtant, ces témoignages qui s’empilent ne font que rejoindre les autres, déjà fort nombreux, qui s’entassaient déjà depuis des années. En 2014, j’écrivais à ce sujet une petite recension de problèmes épars découverts dans une presse un peu blasée.

Depuis, la situation ne s’est évidemment pas améliorée et s’est même largement dégradée à mesure que nos politiciens, toujours affûtés comme du beurre chaud, se sont occupés d’y mettre leurs gros doigts boudinés ; il suffira pour s’en convaincre de relire les prouesses de deux députés LREM – dont l’inénarrable Aurore Bergé – dans le domaine du pédagogisme olympique fumoïde.

En pratique, depuis la réforme du collège unique puis celle favorisant la montée en puissance des pédagogos au sein d’IUFM taillés sur mesure pour leur idéologie consternante, le niveau général d’instruction du pays n’a pas cessé de chuter, à mesure que l’école s’est transformée progressivement en garde-chiourme dont la transmission du savoir est devenu un objectif parfaitement annexe, optionnel et (au mieux) vaguement souhaitable.

Pire encore : certains quartiers émotifs sensibles pouvaient encore bénéficier, il y a une ou deux décennies, d’établissements où des professeurs rodés aux particularités locales faisaient régner un minimum d’ordre et pouvaient donc réellement instruire une bonne partie des élèves présents. Malheureusement, l’âge et la retraite aidant, ces derniers représentants de l’ordre républicain s’en sont allés, laissant la place aux tous nouveaux, tous beaux, fraîchement (dé)formés qui, jetés dans des conditions de travail qu’on qualifiera pudiquement de difficiles, finissent ou bien par démissionner, ou bien se taisent en attendant leur mutation la plus rapide possible, laissant leur place à une nouvelle fournée de chair à canon professoral.

Forcément, la situation se dégrade donc, et on ne parle plus, depuis un moment, d’un petit chahut gênant ou d’indiscipline potache. On parle plutôt de trafics (de drogue, d’arme), de vols (avec violence, si possible) en bande organisée éventuellement, de viols ou d’attouchements sexuels, d’insultes (bien sûr), de coups et blessures (sur les petits camarades et sur le corps enseignant), de rodéos automobiles avec les voitures des profs, de séquestrations, d’intimidation et menaces, de harcèlement de la part tant de ces « élèves » que de la hiérarchie (et s’il n’est que psychologique pour cette dernière, c’est un moindre mal).

Rien de tout ceci ne peut se ranger dans un simple délit ou dans ces petits actes gênants qu’un simple rappel à la loi suffirait à « canaliser ». Pourtant, on n’en entend parler (dans la presse, sur les réseaux sociaux) que de façon extrêmement épisodique. En réalité, personne ne veut entendre, encore moins écouter. Ni les élèves, ni leurs parents, ni les profs, ni leur hiérarchie, ni les politiciens, ni même les journalistes ne veulent prendre le problème à bras le corps tant on soupçonne qu’il va mettre à mal le vivrensemble et les images républicaines roses et pastels qu’on s’est employées à produire depuis 40 ans.

Gun Free Zone

Pourtant, on sait expliquer cette situation catastrophique : la carte scolaire a amplement contribué à la ghettoïsation de certains établissements. L’obligation forcenée et irréaliste de scolarité, parée de la belle (mais fausse) idée républicaine d’éducation gratuite pour tous, aboutit à trimbaler des voyous et des racailles de classes en classes qui pourrissent la vie des autres élèves et des profs. Il n’y a pas d’expulsion possible, mais juste un jeu de chaises musicales. Pire, on préfère garder le plus longtemps possible les racailles d’un établissement par crainte, une fois celles-ci finalement virées, de les voir remplacées par des racailles pires encore venant d’autres établissements.

À ceci s’ajoute l’indigence de la Justice qui permet d’avoir en classe des élèves avec des bracelets électroniques, en liberté conditionnelle, qui ont déjà des casiers pour braquage, pour viol, dans une classe avec des élèves qui voudraient s’en sortir. Dans ce contexte, est-il utile de rappeler que les profs ne sont pas (et n’ont jamais eu vocation) à être des gardiens de prison ou des assistants sociaux, ce qu’ils deviennent pourtant au bout de quelques semaines dans la jungle que sont devenus certains établissements ?

Du reste, pourquoi ces enseignants se taisent-ils, eux qui sont d’habitude si prompts à manifester ?

Parce qu’autant la hiérarchie, les syndicats et les associations diverses et variées gravitant autour des parents, des élèves et des enseignants sont actifs lorsqu’il s’agira de défiler dans les rues pour faire opposition au gouvernement ou réclamer plus de moyens, autant plus personne ne fera corps lorsqu’il s’agira de lever le tapis sur la poussière dégueulasse accumulée depuis des décennies.

Lorsqu’on lit ou qu’on entend sur les médias qu’a été aboli depuis 10 ans le règne du « Pas De Vague », qui consiste à étouffer toute affaire au niveau de chaque établissement, à ne jamais déposer plainte, à ne faire remonter aucun incident à la hiérarchie, à taire les exactions, on ne peut s’empêcher de pouffer tant le fil tweeter indique clairement le contraire. Tant de mythomanie chez les profs, cela peut inquiéter.

Lorsque l’actuel ministre Blanquer explique qu’il soutiendra les enseignants dans la tourmente, cela semble aller à l’encontre du témoignage de plusieurs d’entre eux qui l’ont eu lorsqu’il était lui-même recteur de l’Académie de Créteil. Encore des profs mythomanes, sans doute.

Le « Pas De Vague » existe bel et bien. Il est d’application quotidienne, partout dans les établissement scolaires (et au-delà, bien évidemment), et s’explique fort bien :

« Des proviseurs ne veulent pas que des affaires viennent entacher leur image et celle de l’établissement, lâche Yann, prof dans le Nord. Donc, ils l’étouffent. »

Eh oui, rendons-nous à l’évidence : il n’y aura aucune remise en question.

Le hashtag fera parler de lui, mais ne risque pas de déclencher la moindre prise de conscience. D’ailleurs, les chiens de garde de la République du Tais-toi sont déjà En Marche, depuis les ministres (Jean-Mimi préconise d’interdire les portables – pas de preuves d’exactions, pas d’exactions tout court, j’imagine – Mahjoubi, l’inutile appendice au Numérique, trouve que tout ceci démontre surtout la violence des réseaux sociaux, etc.), jusqu’aux journalistes (forcément engagés) qui ne voient bien sûr qu’un gros populisme gras dans ce méchant hashtag. Pour avoir rapporté le réel sans fard, les accusations de « fachos » viendront plus tard, ne vous inquiétez pas.

Quant aux parents (commodément interrogés par les journalistes jamais en retard d’une veulerie), l’éducation de leurs rejetons ne les concerne pas puisque c’est la version Nationale qui s’en occupe (c’est marqué dessus). Le résultat ne semble pas les effrayer. Totalement déresponsabilisés, ils laissent donc leurs aimables lardons foutre un bordel sans nom dans la classe. De toute façon, pour le parent moyen, biberonné à l’État depuis ses années sur les bancs de l’école, l’institution doit gérer ces impondérables, et puis c’est tout.

Aucun doute : la hiérarchie sait, le gouvernement est au courant, les autorités n’ignorent rien. Mais n’en ont cure.

Électoralement, faire quelque chose est coûteux et risqué, alors que la technique #PasDeVague employée jusqu’à présent a fonctionné à merveille (de toute façon, Macron est trop fatigué et il risque surtout de passer en mode Hollande).

Il est donc urgent de laisser la tension retomber, de passer à autre chose et surtout, pas de vague.

Non. Sérieusement. Rendormez-vous. Certes, il y a parfois des petites violences à l’école. Certes, parfois, des racailles élèves apprenants y volent, violent, tabassent, menacent ou foutent un bordel sans nom. Mais ces petits débordements sont le prix à payer pour une société pacifiée, une France apaisée et une République, une, indivisible et tournée vers les concours de prout.

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Loi d’orientation des mobilités : en marche vers les ronces et le fossé

Par : h16

J’en parlais en mai dernier : le gouvernement travaille d’arrache-pied pour votre mobilité, au sens propre comme au figuré. Au propre, vous pouvez compter sur lui pour vous péter les jambes, vous payer un fauteuil roulant, vous y installer et le pousser ensuite (éventuellement du haut d’une falaise) afin de se faire mousser sur sa belle capacité à vous « aider ». Au figuré, parce qu’il continue, vaille que vaille et surtout coûte que coûte, de produire de la loi comme Herta des saucisses industrielles.

En mai déjà, je m’étonnais qu’on puisse consacrer du temps à pondre de la loi sur des sujets aussi loin des préoccupations de tous les jours : pour nos députés, il apparaît ainsi indispensable de se pencher sur la rémunération des « covoitureurs », sur la façon dont il faut absolument encadrer tout ceci, voire – accrochez-vous bien – le subventionner, des fois que le bonheur mobile ne soit plus qu’un à un cerfa ou deux près.

Il ne semble venir à l’esprit d’aucun de ces membres du gouvernement ou des députés que les problèmes qu’ils entendent aggraver résoudre pourraient avoir été causés par les sabotages travaux d’un gouvernement ou d’une législature précédente, qu’il faudrait plutôt détricoter plutôt qu’entériner de la sorte. Ceci explique sans doute pourquoi on cherche maintenant à distribuer des chèques et du pognon gratuit des autres à certaines familles françaises pour compenser la hausse vertigineuse du coût de l’essence, hausse directement liée à celle des taxes et accises imposées par (je vous le donne en mille) l’une de ces brochettes de frétillants parlementaires et autres membres du gouvernement.

Rassurez-vous : ce que vous ressentez jusqu’à présent n’est qu’un sentiment de foutage de gueule. Pour la vraie marchandise, il faudra se reporter au projet de Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) qui devrait être débattu au Parlement au plus tard au début du printemps 2019 et qui comporte déjà plus de 70 pages en 29 articles du sabir habituel.

70 pages, c’est autant d’occasions de faire absolument n’importe quoi, n’importe comment, et de déclencher une belle série de catastrophe, ce que confirment les premières lectures.

Passons rapidement sur l’introduction d’une bonne dose de capitalisme de connivence sans lequel la République ne serait plus vraiment elle-même, avec la disparition plus ou moins volontaire des barrières de péages aux autoroutes – remplacées par une nouvelle vignette qui ne sent pas du tout la petite taxe en embuscade ; il est tout à fait rassurant qu’un outil privé soit ainsi sponsorisé par le public. Les expériences passées nous rassurent tout de suite sur les résultats futurs. Détendez-vous.

Plus intéressant, notons la présence d’un « forfait mobilité » de 400 euros qui sera versé par les entreprises publiques ou privées qui le veulent. Cet argent, provenant directement du cul d’une licorne (particulièrement mise à contribution actuellement), sera défiscalisé, sans charges sociales et permettra d’aider les salariés qui viennent à vélo ou en covoiturage. Là encore, détendez-vous, tout ceci est forcément gratuit d’autant qu’ici, ce n’est pas l’État qui paye mais les entreprises. Mais si, puisqu’on vous le dit.

Ce n’est pas tout. Vous allez continuer à pouvoir vous détendre de plus en plus !

Comme prévu, le législateur va réguler ce fameux covoiturage et en demander plus de transparence afin de, je paraphrase à peine, « éviter que ce mode de transport ne devienne une source de bénéfice pour le conducteur ».

Ouf. Nous l’avons échappé belle !

Un peu plus, et le Français risquait de gagner de l’argent avec une activité légale, banale et bénéfique pour tous ! Grâce à l’intervention musclée du législateur, il va bien vite retourner à son état de cloporte mendiant de subventions.

Que serait une loi sans une nouvelle taxe ? Une erreur, un ratage, une consternation législative, à tout le moins ! La LOM évite brillamment cet écueil puisqu’elle envisage une nouvelle taxe sur les cartes grises. Probablement pour compenser leur totale gratuité, je présume. Et puis, trois euros par certificat, c’est une broutille (qui n’est même pas encore gravée dans le marbre). Arrêtez donc de vous plaindre et détendez-vous mieux.

Ah, ces députés ! Qu’ils sont taquins !

L’apothéose est tout de même atteinte lorsque nos vaillants législographes s’attaquent – une fois n’est pas coutume – à un réel problème de société : cet enquiquinant sentiment d’insécurité qui préoccupe un paquet de nos vaillants sociologues-experts-philosophes et autres élus conscientisés. Apparemment, ce sentiment semble particulièrement aigu pour les femmes seules qui attendent le bus et il a même tendance à se doubler d’une couche de harcèlement sexuel (notez qu’il ne s’agit pas d’un sentiment de harcèlement dans ce cas).

Pour lutter contre ce fléau, nos députés ont une parade ma foi assez subtile : le gouvernement propose de généraliser l’autorisation pour les femmes et les personnes seules à descendre d’un bus quand elles le veulent pour être plus proche de leur destination finale. Eh oui : pas de descente à un arrêt mal famé, pas de harcèlement, le sentiment d’insécurité laisse place à un solide sentiment de « je rentre chez moi en contournant le problème ».

Franchement, c’est une solution géniale, un peu comme si on interdisait le téléphone portable en classe pour éviter que les garnements ne se filment en train de menacer, tabasser, voler ou violer des profs ou des élèves, n’est-ce pas. Cette idée d’éviter subtilement les endroits à risque est une façon particulièrement finaude d’appliquer un #pasdevague malin !

En revanche, il ne semble toujours pas venir à l’esprit de nos pondeurs de lois monomaniaques l’idée de favoriser vraiment les déplacements personnels, les taxis, les VTC ou même le covoiturage (soyons fous) en diminuant les taxes sur l’essence, en simplifiant les démarches administratives ou la fiscalité et les taxes sur ce genre de métiers, voire (soyons carrément dingues) de lutter directement contre les endroits mal famés, les trottoirs trop étroits et autres racailles urbaines aux discours, mains et mœurs un tantinet déplacés, par une application stricte des lois et règlements déjà en vigueur dans ce pays depuis des lustres.

Non. Réclamer ainsi que les députés et le gouvernement arrêtent enfin la fanfreluche législative, qu’ils arrêtent enfin leur onanisme intellectuel débridé qui rappelle les pulsions d’un teckel sous coke, qu’ils se concentrent enfin sur le simple respect des lois actuelles, l’application du bon sens, une vraie simplification du corpus légal monstrueux du pays, qu’ils libèrent enfin les énergies des entreprises et des particuliers écrasés d’impôts, de charges bureaucratiques invraisemblables et de contraintes administratives débilissimes, réclamer tout ça, ce serait bien trop réactionnaire, mon brave.

On va plutôt faire une petite loi pour autoriser les gens à quitter le bus avant l’arrêt.

Et créer une petite taxe, bien sûr.

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[Redite] L’irrésistible et navrante schiappatisation du Président Macron

Par : h16

Article initialement paru le 29.11.2017
Eh oui, c’était il y a un an ou quasiment : Marlène la Secrétaire poussait sa petite loi amusante, pendant qu’Emmanuel le Président lui emboîtait le pas et démontrait qu’il était, lui aussi, capable de s’inscrire dans l’instant, l’actualité et l’écume des jours, quitte à oublier, complètement, les grands desseins qu’il s’était fixé pour la France.

Depuis, le constat posé à l’époque ne s’est pas démenti : de bricolages microscopiques en réformichettes minimalistes habillées de discours ronflants mais creux, le président a achevé de montrer qu’il n’était qu’un gros soufflé, fort gonflé, sans fromage et sans goût.

Il reste encore quatre années à son quinquennat. À l’aune de l’année passée, elles promettent d’être longues, pénibles et pleines de non-réformes indispensables.

Dans cet océan de vacuité qu’est l’actualité du moment, dans laquelle il devient quasiment impossible de lire un article de presse sans immédiatement s’infliger une tempête de facepalms retentissants, des petits grumeaux d’absurdité rigolote font régulièrement surface pour nous rappeler que la politique française ne se bâtit pas seulement sur des actions stupides. Parfois, elle se construit aussi autour de déclarations idiotes.

On découvre en effet, entre deux consternations moyennes, qu’à l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, Emmanuel Macron – notre président au sourire Pepsodent™ – a annoncé la prochaine création d’un « délit d’outrage sexiste » punissant le harcèlement de rue dans le prolongement direct des actuelles discussions visant à pénaliser les comportements lourdingues, l’impolitesse crasse et les mauvaises manières. Au passage, on rappellera que les tentatives de viols, violences, atteintes sexuelles et intimidations sont déjà largement pénalisées, ce qui permet d’affirmer calmement qu’avec cette nouvelle fournée de petits textes juridiques pas piqués des hannetons, notre société progressiste et permissive trottine tout droit vers de nouveaux sommets législatifs à côtés desquels le code Napoléon tiendra lieu d’album de coloriage pour enfant défavorisé.

Pour faire bonne mesure, l’idée géniale a été immédiatement touittée par l’équipe de communication du président, permettant à la fois de montrer qu’il se préoccupe de ce sujet d’importance capitale et de faire l’affichage ostentatoire de toute la fermeté dont il est capable pour punir les impétrants :

Nous créerons le délit d'outrage sexiste verbalisable immédiatement avec un montant dissuasif. #NeRienLaisserPasser

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 25, 2017

Youpi, il était temps, la France, les 3.5 millions de chômeurs, les générations futures accablées de 2000 milliards d’euros de dettes, les entreprises et les contribuables croulant sous les taxes et les impôts, les citoyens englués dans les sparadraps et le sentiment d’insécurité, les étudiants sans diplômes et les retraités sans pension, tout ce monde et le reste se réjouit d’avance qu’on s’occupe enfin de ce problème si prégnant.

Grâce à l’action ferme et déterminée du président Macron, l’impolitesse et les sifflets seront pourchassés hors du territoire. Enfin, pourchassés, c’est vite dit. Disons qu’ils seront surtout verbalisés. Parce qu’en fait de délit d’outrage sexiste, on aura surtout droit à une infraction et donc une amende correspondante.

Et encore puisqu’il faudra pour cela que la maréchaussée (largement évaporée des endroits où elle serait utile pour n’être plus guère présente qu’à l’affût de l’automobiliste) soit présente et se décide à verbaliser. Quand on voit le succès global d’application de certaines autres lois du même acabit (voile, burkini, j’en passe) et votées, coïncidence étonnante, avec la même volonté de coller niaisement à l’actualité sans prendre le moindre recul, on sait déjà que tout ceci va se terminer comme le reste, à savoir dans les poubelles de l’Histoire et l’arrière-cour des codes de lois illisibles.

Au-delà de cet aspect pratique déjà gratiné, notre président Pepsodent™ semble aussi oublier qu’il va être particulièrement complexe de faire concrètement valoir ce nouvel « outrage sexiste ». Ce que certains qualifieront clairement d’outrage passera sans mal pour d’autres pour une simple remarque. Et de toute façon, la charge de la preuve de culpabilité restera bien à l’accusation outragée, contrairement à ce que semble croire le défenseur des Droits qui n’a pas trop bien relu son petit Dalloz comme en témoigne le tweet suivant :

En cas de harcèlement sexuel, c’est à l'auteur des faits de démontrer devant la justice qu’il n’y a pas eu harcèlement. Le Défenseur des droits soutient les victimes et enquête pour les aider à gagner https://t.co/096m7ymoGA

— Défenseur des droits (@Defenseurdroits) November 25, 2017

Bref, encore une fois, on assiste – avec, soyons honnête, un brin d’amusement peu étonné – à la sur-banalisation navrante de la fonction présidentielle. S’il est vrai qu’avec sa Léonardisation, le président Hollande avait abaissé le niveau si bas que plus rien ne pouvait arriver de réellement pire, Macron montre ici qu’il a appris des meilleurs : en emboîtant le pas à sa Marlène de Secrétaire d’Etat, il semble décidé à se schiappatiser dans une frétillance d’actions périphériques qui, encore une fois, déforcent une fonction présidentielle de plus en plus risible.

Et en dehors de ces petites bulles d’air tiède à la surface d’une actualité vidissime, comme Hulot qui ne sert décidément à rien (la pantalonnade récente du glyphosate montre l’étendue du gouffre intellectuel dans lequel il barbote avec une aisance innée), Schiappa ne sert pas plus, ni la cause féministe, largement dévoyée ces dernières années, ni même celle d’une lutte contre l’insécurité de certains quartiers dont les femmes sont les premières victimes.

Du reste, mon propos n’est ici pas seulement de dire que toutes ces fadaises niaiseuses sont parfaitement éloignées des préoccupations réelles des Français, ni même que le Défenseur des Droits ne semble pas savoir ce qu’est la présomption d’innocence, mais aussi que Schiappa a en fait le même rôle dans ce gouvernement que Taubira ou Vallaud-Belkacem dans le précédent : c’est le supplément d’âme progressiste, le grigri sociétal de la gauche qui sert à polariser et cliver histoire de bien montrer qu’on est progressiste et dans le Camp de Bien, peu importent le coût pour les libertés publiques, les dérives en matière de droit qu’elles entraînent, l’abaissement de la fonction présidentielle et le délitement complet de la parole politique qui ressemble de plus en plus à du verbiage de gamin trop gâté.

La République une et indivisible a laissé place à la République multiculturelle, bigarrée, inclusive, festive, citoyenne et aussi divisible que possible pour mieux régner. Pour les citoyens, on peut réellement douter que ce soit un mieux. En revanche, pour le président et sa clique, pas de doute… Ça marche !

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Quand le pédalo vogue dans l’atoll de Taxatouva

Par : h16

Nous sommes en 2018 et il n’y a plus aucun doute possible : le pédalo hollandesque a fait une escale dans l’atoll du Taxatouva et Macron, malgré toute la puissance de ses petits bras, n’a jamais pu l’en faire partir.

On ne sait pas exactement comment, mais le frêle esquif, barré d’une main dilettante par un François Hollande particulièrement peu maître des éléments, s’est échoué assez rapidement après mai 2012 sur les rivages ensablés, gluants et acides de l’atoll. Depuis, malgré quelques coups de pédales manquant franchement de conviction, l’embarcation n’a guère bougé. Tout indique qu’elle s’est même plutôt enfoncée.

À l’arrivée d’Emmanuel Macron, certains naïfs avait cru qu’enfin on pourrait profiter de la belle santé du nouveau capitaine pour tenter un désensablement. Peine perdue : dilapidant ses premières forces sur la décoration du pédalo, la taille de la barre et faisant mine d’attendre une météo clémente, le capitaine ne l’aura finalement poussé que dans le mauvais sens.

Et dernièrement, c’est même avec une vigueur quasi-rabique que lui et son équipe semblent s’acharner à enfoncer encore un peu plus le pédalo dans plusieurs tonnes de sable, pendant que les conditions climatiques se dégradent furieusement.

Il n’est guère besoin de reprendre en détail les derniers mois pour s’en convaincre et il suffira même de se pencher sur les derniers jours pour comprendre que ce qui tenait déjà d’une bonne pluie de taxes s’est à présent transformé en véritable déluge où pas une journée ne passe sans qu’une nouvelle ponction soit imaginée ou publiée ou mise en forme ou votée ou entrée en application.

Petit-à-petit, le peuple français commence à comprendre que la ponction ne fait que commencer ; et alors même que son anus ne s’est pas encore remis des terribles forages pneumatiques entrepris par le gouvernement et les députés, voilà que l’association des maires de France se lève comme un seul homme, trépan pétrolier à la main, en hurlant qu’il veut, lui aussi, participer à la belle opération.

On apprend en effet que cette association veut instaurer une nouvelle taxe d’un euro sur chaque colis livré à domicile.

Comme bien souvent, le geste politique suit une analyse économique indigente et part d’un sentiment aussi bon que stupide puisqu’essentiellement émotionnel et avant tout destiné à cacher l’appât d’un gain facile : pour nos maires, il s’agit officiellement de « revitaliser les centres villes » en tabassant les commerces en ligne, espérant ainsi compenser la désaffection de ces centres par une taxe qui pourrait éventuellement aider les petits commerces locaux (dans le meilleur des cas).

On comprendra qu’en réalité, les gains éventuels de cette taxe seront bien vite affectés à l’une ou l’autre niaiserie municipale dont le résultat électoral, bien qu’incertain, sera certainement plus intéressant que la survie de l’une ou l’autre boutique qui ne représente jamais qu’une poignée d’électeurs (au mieux). Non seulement, la taxe ne servira en rien les intérêts des commerces, mais elle renchérira les objets arrivant dans la commune pour les particuliers y vivant… Ce qui les incitera (en plus du reste) à aller voir ailleurs, d’autant que ces taxes viennent d’abord gréver le budget de ceux qui ont le plus de mal à se déplacer, c’est-à-dire les individus les moins aisés en premier lieu.

Les maires voudraient faire fuir les pauvres de leurs communes qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

Parallèlement à cette nouvelle invention idiote et pour ne pas être en reste sur le niveau communal, notre représentation nationale, jamais en retard d’une ânerie si elle peut aider à remplir le tonneau des Danaïdes de nos finances publiques, s’emploie à étendre encore le domaine de la taxe.

Cette fois-ci, ce sont les chèques vacances et autres bons de Noël qui pourraient être soumis à l’impôt : selon un amendement au projet de budget 2019 pour la Sécurité sociale, au-delà de 331 euros par an et par salarié (ou 662 euros si le salarié a au moins un enfant), le montant de ces aides (bons et autres chèques) sera soumis à la fois aux cotisations patronales et à l’impôt sur le revenu.

Malgré leur totale non-représentativité et leur existence de plus en plus marginale, les syndicats de salariés ont déjà émis de vives protestations qui seront, comme il se doit, largement ignorées. Cela prendra le temps qu’il faudra mais on peut d’ores et déjà s’en assurer : bientôt, les quelques petits avantages qu’une entreprise pouvait encore offrir à ses salariés seront, eux aussi, amputés d’une bonne part (on peut raisonnablement tabler entre 25 et 50%) pour aller abonder à cette redistribution sociale que le monde entier nous envie moyennement de financer ainsi.

La queue du Mickey est largement atteinte, saisie et même mâchonnée dans le grand manège français de la taxation en folie lorsqu’on apprend que, non content de tabasser les salariés, les consommateurs et les automobilistes comme jamais, certains députés La République À Pied entendent créer … un chèque carburant.

Encore une fois, la stupidité de l’idée s’y dispute à son invraisemblable côté contre-productif, caractéristiques maintenant spécifiques des productions de nos élus qui semblent véritablement lancés dans une espèce de concours à celui qui sortira la plus fameuse ânerie. Pour le moment, reconnaissons à Guillaume Peltier de caracoler en tête, les bras en l’air et la mine ahurie de contentement à l’écoute de ses propres niaiseries : entre deux poncifs habituels dans lesquels le député explique qu’il faut castagner encore un peu plus les méchantes multinationales, il préconise de taxer les sociétés d’autoroute afin de financer ce chèque carburant qui serait remis aux familles françaises les plus nécessiteuses face à la hausse des prix du carburant.

Hausses très largement imputable aux taxes, contrairement à l’insupportable propagande des thuriféraires de l’Etat, presse incluse : depuis 2008, le prix du baril est ainsi passé de 89 à 62 euros, pendant que le prix du gasoil à la pompe est lui passé de 1.42€ à 1.55€, sans que ni les procédés de fabrication, ni les coûts de distribution se renchérissent tant ces filières sont largement rodées et amorties depuis le temps. En revanche, sur la période, les taxes de toutes sortes (depuis les taxes sur le travail en passant par les cotisations jusqu’aux taxes sur les énergies et les ponctions soi-disant vertes) ont, elles, augmenté pour passer de 153% du prix hors taxe à 297%.

La proposition de notre petit marcheur consiste donc à oublier consciencieusement la raison même de l’écrasante augmentation des prix. Pour résumer et selon cette tête pensante, pour contrer les taxes que l’État impose et que le client paye aux pompes, l’État devrait imposer les sociétés d’autoroute que paye le client pour que l’État reverse ces thunes au client. Méfiez-vous : il y a un gros dindon dans l’histoire.

Tout ceci pourrait faire rire si le pays ne croulait pas déjà sous les taxes, si la situation économique d’un nombre croissant de Français ne tournait pas déjà au vinaigre, si la situation économique et sécuritaire du pays n’était pas déjà dramatique et si toutes ces gesticulations de plus en plus furieuses n’augmentaient pas dramatiquement le niveau de misère général.

Mais il y a pire : l’introduction n’était qu’une figure de style ; non pas que le pédalo n’existerait pas, ou qu’il ne serait pas coincé dans cet atoll maudit : pour le coup, c’est absolument certain et il n’est plus question de métaphore amusante.

La figure de style est surtout dans cette image du président Macron tentant de refaire partir le pédalo loin des eaux corrosives de l’atoll : rien de ceci ne s’est jamais produit.

En pratique, c’est même le contraire : Emmanuel Macron, maintenant parfaitement déconnecté des réalités de terrain, dit « assumer » cette hausse et explique préférer voir le carburant augmenter que le travail être taxé davantage, sans comprendre qu’il s’agit effectivement de la même chose, tant ceux qui travaillent sont aussi ceux qui prennent leur voiture pour s’y rendre ou pour l’effectuer.

Perdu dans une représentation typiquement germano-pratine de la France, il s’exclame même, emporté :

« Les mêmes qui râlent sur la hausse du carburant, réclament aussi qu’on lutte contre la pollution de l’air parce que leurs enfants souffrent de maladies »

Mais non, Emmanuel, désolé de vous surprendre, mais à peu près personne ne réclame qu’on lutte contre la pollution d’un air déjà fort propre : ceux qui réclament qu’on lutte sont le noyau de bobos éco-conscients syntonisés avec Gaïa qui habitent à 300 m de leur lieu de travail, vivent dans des grandes villes aux transports en commun déficitaires payés par la collectivité, et qui ne se déplacent en voiture que lorsqu’un Uber vient les prendre en bas de chez eux pour les amener au Starbucks le plus proche où ils dégusteront un petit moccacino bio Guatemala Antigua arômes cacao, caramel et noisette en y touillant leur tringle en bambou biodégradable et en se moquant des culs-terreux de province.

Ces derniers, qui y sont, y vivent majoritairement dans des villes petites ou moyennes, se déplacent très majoritairement en voiture parce qu’il n’y a pas de transports en commun et que 40 km en trottinette, ça n’amuse qu’une fois ; l’air y est suffisamment bon pour que les préoccupations des suceurs de cafés luxueux leur passent au-dessus de la tête mais le prix de l’essence impacte directement sur leur vie quotidienne…

Il faut se rendre à l’évidence : la giboulée de taxes prend des proportions biblique et tout indique que ce n’est pas fini. Pire : de plus en plus azimuté sur des réalités alternatives, le chef de l’État, refusant un nécessaire retour à la raison, entend poursuivre dans cette voie suicidaire qui entraîne le pays vers une dissociation complète de ses « élites » et de son peuple, et vers une catastrophe financière majeure par épuisement des classes moyennes.

Ce pays est foutu.

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Petits soucis de solde ? Bercy beaucoup.

Par : h16

Décidément, lorsque l’État se mêle d’informatique, il ne cesse de nous surprendre et les joies qu’il provoque, bien que se succédant à un rythme soutenu, se renouvellent au point de nous offrir un véritable festival d’aventures rigolotes, rocambolesques et si bon marché qu’il serait dommage de s’en priver.

Ainsi, j’ai déjà relaté dans ces colonnes les extraordinaires aventures du logiciel Louvois.

Louvois, comme son nom le laisse habilement soupçonner, c’est cet extraordinaire morceau de bravoure binaire qui navigue en zigzag d’une catastrophe à l’autre, d’un échec retentissant à l’autre, et d’une facture multimillionnaire à l’autre pour garantir que nos soldats seront payés n’importe comment, n’importe quand, avec perte et fracas.

Entre les rapports dramatiques de la Cour des Comptes à ce sujet et les petits articles de presse qui ont discrètement relaté les déboires du logiciel, de son installation, des résultats effarants obtenus, on avait eu, ces dernières années, l’occasion de se faire une bonne idée de l’ampleur des dégâts : on aboutit à une facture estimée à 470 millions d’euros pour un logiciel qui terminera globalement à la poubelle, et des erreurs de calcul qui – selon la Cour des Comptes et pour la seule année 2012 – se montent à 465 millions d’euros ; un montant d’erreur quasiment identique au montant du coût final, c’est probablement un signe chafouin du destin pour nous indiquer le logiciel était une erreur au départ.

Il est une erreur aussi à l’arrivée puisqu’on apprend maintenant – pas vraiment surpris – que, suite à l’empilement assez conséquent de ces erreurs de calcul indépatouillables, l’armée se voit contrainte d’abandonner le recouvrement de 95 millions d’euros.

Cette somme paraît énorme. Elle ne représente cependant que 16% d’un total plus conséquent de 573 millions d’euros (oui, plus d’un demi-milliard d’euros) de trop-versés pendant les années où Louvois aura sévi.

Oui, vous avez bien compris : d’une part, le logiciel fut si mal boutiqué qu’il a distribué pour plus d’un demi-milliard d’euros de soldes en trop à nos soldats (pendant que d’autres ont eu la désagréable surprise de se voir sous ou pas payés), d’autre part le recouvrement de 405 millions d’euro fut suffisamment héroïque pour mobiliser l’intendance militaire pendant des années et ne parvenir à retrouver que 70% de la somme en question, et enfin, la complexité de l’usine à gaz est telle que, tout compte fait, il faut renoncer à 95 millions d’euros évaporés dans la nature et les tubulures chromées de l’administration militaire et bancaire française. Au passage, le fait que les 70% recouvrés et les 16% abandonnées ne fassent pas un total de 100% n’inquiétera personne ; on est semble-t-il dans la marge d’erreur acceptable pour Louvois, n’est-ce-pas.

À ce point du constat, on peut raisonnablement parler de désastre apocalyptique pour les finances de l’armée qui sont déjà fort tendues : comme tout ministère régalien dont l’État a, normalement, la charge, c’est, avec la justice et la police, le ministère qui doit composer avec le plus de coupes claires et d’aberrations budgétaires. Louvois ajoute donc sa note, sucrée-salée, à l’ensemble des gabegies qu’il doit subir.

Cependant, se contenter de ce simple constat, déjà affolant en lui-même, ne suffirait pas puisqu’on oublierait alors que ces trop-versés ont entraînés des cascades de conséquences désagréables et particulièrement délétères pour les soldats dans un premier temps et le pays lui-même dans un second.

En effet, les militaires ayant « bénéficié » d’un trop-perçu ont, mécaniquement, « bénéficié » d’une ponction fiscale trop importante, qu’il leur sera quasiment impossible de récupérer tant la complexité des tubulures chromées de Bercy se compare favorablement à celles, rikiki à côté, de Louvois. Autrement dit, combien de situations dramatiques ces trop perçus ont-ils provoqués ? Combien de militaires se sont vus refuser des aides auxquelles ils avaient légitimement droit à cause d’un changement brutal de leur situation fiscale ?

Symétriquement, combien de familles se sont retrouvées dans des situations inextricables par la faute de Louvois qui aura oublié l’une ou l’autre solde, ou ne l’aura pas payée en totalité au point – par exemple – d’obliger à renoncer à un crédit voir de se retrouver interdit bancaire ? Ces cas ne sont en rien hypothétiques. En 2012 et 2013, ils avaient même régulièrement (et fort discrètement) alimenté la chronique

De façon fort éclairante, on trouve quelques analyses intéressantes du désastre Louvois et les raisons qui ont abouti à cet échec retentissant et coûteux : mélange d’objectifs divers et variés (réduction des effectifs du service de la paye, remise à plat des primes), contexte fort défavorable lié à des services en silo qui ne communiquent pas, dilution des responsabilité, volonté affichée de tenir des délais irréalistes posés par des élites déconnectées des réalités du terrain, et surtout, « foi incroyable dans les capacités imaginaires d’un logiciel à gérer les problèmes », tout s’empilait pour aboutir à une catastrophe industrielle notoire.

De loin, le plus intéressant reste que cette analyse peut fort bien s’appliquer à une autre douceur informatique, au contexte similaire, avec les mêmes élites claironnant leur foi solide d’une réussite éclatante : le prélèvement de l’impôt à la source correspond aux mêmes caractéristiques… Et offre donc les mêmes perspectives de résultats croustillants.

Et malgré une propagande acharnée de Bercy pour faire croire à la maîtrise de cette gigantesque usine à gaz, tout indique une transition rocailleuse de l’actuel système, déjà pas toujours au top en matière de calcul, au prochain, totalement nouveau et impossible – par nature – à tester en grandeur nature.

Beaucoup tentent de se rassurer actuellement : il semble évident que c’est possible puisque tant d’autres pays y sont parvenus ! (Oublions commodément que l’impôt, dans ces cas, est individualisé, ce qui rend l’opération nettement plus praticable, au contraire de la France où, familiarisation oblige, les revenus des deux conjoints sont confondus et imposent de tenir compte des enfants et des niches fiscales multiples et variées dans un barème et des ajustements fiscaux que ce billet – ou dix – ne suffirait pas à passer en revue).

D’autres rappellent rapidement que tout ceci s’imposant directement aux entreprises, elles sauront faire les efforts nécessaires pour que la transition se passe sans souci : les patrons et leurs directeurs des ressources humaines ou leurs comptables ne veulent pas voir débarquer trop de salariés mécontents lorsque le prélèvement à la source sera en place.

C’est exact à ceci près que le principal employeur de France, et de loin, reste l’État et ses administrations ou entreprises satellites, dont la réputation tant en matière d’informatique que de RH ou de gestion comptable n’est plus à faire. Peut-on réellement croire que la SNCF – exemple parmi tant d’autres – saura mettre à jour son informatique salariale alors qu’elle a un mal de chien à gérer son propre cœur de métier, faire rouler des trains ?

Quel espoir peut-on sérieusement mettre dans l’informatique de l’Éducation Nationale à transmettre des données correctement à l’administration fiscale, à effectuer sans erreur le prélèvement à la source de ses fonctionnaires, alors qu’elle a déjà du mal à en connaître le nombre précis ou les affectations et que les erreurs comptables y sont déjà monnaie courante ?

Qui peut imaginer que la transition se passera sans problème dans l’ensemble des caisses de sécurité sociale, alors que la gestion informatique du RSI a laissé de profondes cicatrices et des blessures encore ouvertes chez nombre d’indépendants ? Qui n’a jamais eu de problèmes – rapidement incompréhensibles – avec un dossier de remboursement perdu dans les affres des services de sécurité sociale ou l’une de ses innombrables caisses d’assurance ? Qui peut croire que cette éclatante démonstration d’une compétence pointue ne se transposera pas avec brio dans l’informatique de la paie ?

foutralys

Plus à propos, cela semble un pari particulièrement couillu qu’imaginer ces administrations publiques, parangons d’immobilisme et spécialistes des bricolages mal foutus effectués à la dernière minute et dans l’urgence d’une planification absente, se muer en fauves adaptables dont la culture de l’excuse et les habitudes du rejet de toute responsabilité se seraient évaporés.

Autrement dit, le désastre Louvois nous donne une excellente approximation de ce qu’il va advenir du prélèvement à la source.

Cependant, là où Louvois ne concernait « que » quelques centaines de milliers de militaires et personnels afférents, le prélèvement à la source aura l’onctuosité de toucher d’une façon ou d’une autre 17 millions de foyers fiscaux. Même un taux extrêmement faible d’erreur aboutira à des dizaines, si ce n’est des centaines de milliers de cas tordus, de cris, de grincements de dents que l’administration fiscale n’est absolument pas dimensionnée pour traiter.

Dès lors, il serait prudent, pour les finances du pays et la conservation d’un minimum de calme des contribuables, d’abandonner le projet. Le pouvoir en place n’a cependant que faire des récriminations et des porteurs de mauvaise nouvelle. Ce prélèvement à la source a été décidé, l’intendance suivra bien.

Oui, décidément, cela va forcément bien se passer.

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[Redite] Donald Trump contre le prurit démocratique

Par : h16

Billet initialement paru le 10.11.2016

Il y a deux ans, Donald Trump était élu alors que toute la presse, des deux côtés de l’Atlantique, le donnait battu par une Hillary Clinton triomphante. Dans les jours qui suivirent, ce fut un véritable déchaînement de rage tant de la part des politiciens que des journalistes du Camp du Bien, absolument livides devant la réalisation que le peuple américain ne se comportait pas comme on le lui avait demandé.

Depuis, ces mêmes politiciens et ces mêmes journalistes n’ont de cesse de minimiser les bons résultats économiques du président Trump, ainsi que ses succès politiques à commencer par la conservation du sénat aux élections de mi-mandat, ce que son prédécesseur Obama n’était pas parvenu à réaliser.

Depuis, ces mêmes politiciens et ces mêmes journalistes ont refait la même erreur et déploient les mêmes comportements outranciers pour Bolsonaro élu au Brésil.

Il y a deux ans, je prévoyais qu’aucune remise en question n’aurait lieu de la part de ces « élites » intellectuelles. Cela s’est vérifié, et même plus : révoltés de se voir ainsi bafoués par des peuples qu’ils ne comprennent plus, ces « élites » mènent à présent d’homériques batailles sur tous les fronts du politiquement correct, partout où ils le peuvent, accroissant chaque jour un peu plus le fossé entre eux et ceux qu’ils entendent cornaquer mais n’en ont cure.

Le déferlement a bien eu lieu. Donald Trump élu, il était logique que, pour la classe jacassante, s’enchaînent les premières étapes du deuil : passée une rapide phase de déni qui aura duré peu de temps, suivie de la colère qui n’a pas encore totalement fini de se ventiler, nous sommes entrés dans la phase d’expression où chacun y va de sa petite phrase pour bien digérer l’impossible outrage.

Parce qu’il s’agit d’un outrage ! Le peuple, évidemment manipulé par un fin bateleur, s’est fait embobiner et, tels des rats enchantés par le flûtiau magique du petit musicien, se retrouve noyé dans le fleuve de populisme éhonté du magnat immobilier à la teinte orangée !

Et pour contrecarrer la méchante nouvelle, les médias nous proposent – devinez quoi ? – un dégueulis de leurs « meilleurs » articles, composés sur ce mode inimitable qui les a précisément précipités dans l’embarras où ils se trouvent à patauger maintenant. C’est ainsi qu’on découvre de palpitantes recensions sur les plus intimes convictions des zintellectuels devant cette élection inattendue : pour ces zélites, « Avec l’élection de Donald Trump, nous voyons le visage effrayant du nihilisme », ou encore peuvent-ils expliquer que « cette élection est d’une certaine façon une réaction contre l’intellectualisme et contre le corps féminin », n’est-ce pas, tagada tsoin tsoin. Si certains avaient pu nous expliquer que Trump, ignorant, avait été élu car il n’était pas capable de destructurer l’intemporel et de modeler le vide, ils l’auraient fait.

chucalescu-destructurer-lintemporel

Quand les médias n’ont pas assez d’élites intellectuelles diverses, de dramaturges ou d’essayistes à la plume vibrante, ils laissent s’exprimer pudiquement le tourment qui s’empare des leurs, toujours dans le respect des opinions, des minorités, de la démocratie et du vivrensemble qu’on aimerait bien, parfois, kicker dans les boules.

I fear that journalism is irredeemably broken, a failure, My profession failed to inform the public about the fascist they are electing.

— Jeff Jarvis (@jeffjarvis) November 9, 2016

(J’ai peur que le journalisme soit définitivement cassé, en faillite. Ma profession n’est pas parvenue à informer le public sur le fasciste qu’ils sont en train d’élire)

I'll say it: This is the victory of the uneducated and uninformed. Now more than ever that looks impossible to fix. They now rule.

— Jeff Jarvis (@jeffjarvis) November 9, 2016

(Je vais le dire : c’est la victoire des incultes et des mal informés. Plus que jamais, cela semble impossible à réparer. Ils règnent à présent)

Lorsque les journalistes ont dû se retirer, fatigués par tant de déconfiture (la déconfiture, c’est dur à digérer en gros pots de 500g à la fois), il n’a pas été compliqué de trouver de quoi les remplacer. Les médias ont goulûment retranscrit chaque déclaration de célébrité ; après tout, la démocratie est un outil trop puissant pour être laissée dans les mains des bouseux et des « incultes mal informés ». Pour Katy Perry comme pour d’autres, nul doute que la Révolution est en marche et qu’elle ne pourra pas se satisfaire d’un Trump au pouvoir.

Et comme leur engagement (pour Clinton) était sans faille, on s’attend à ce que le respect de leur parole donnée en public soit elle aussi sans faille, ce qui promet un exode massif de « peoples » vers le Canada. Les Français, qui se rappellent encore de tous ceux qui auraient dû fuir la France en 2007 sous le joug de Sarkozy, sauront rire de l’hypocrisie des starlettes (ou se désoler de les voir, malgré tout, rester à polluer le paysage médiatique de leurs prouts mentaux).

Quant aux philosophes jongleurs experts, on les a laissé méditer sur leurs précédentes réussites flamboyantes. Spéciale dédicace à Bernard Henry-Levy.

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On le sent déjà, les jours qui viennent seront dédiés à l’ « analyse » (guillemets de rigueur) : tous les médias devront se pencher sur la raison pour laquelle non, ils ne se sont pas trompés mais on leur a fourni de mauvais chiffres, pourquoi les sondages furent biaisés, pourquoi on leur a caché la possible victoire de Trump. Et leur « analyse » consistera à découper le vote en sous catégories, à essayer de trouver ce qui cloche chez ces gens qui n’ont pas voté comme il faut, à tenter de comprendre pourquoi, lorsqu’on désigne pourtant clairement où est le méchant, le vilain peuple continue malgré tout à l’écouter, sapristi.

Il n’y aura pas de remise en question de leur système de pensée.

Il n’y aura pas de prise de conscience que 500 médias qui donnent officiellement leur aval à Clinton (contre 25 pour Trump), c’est un peu disproportionné, que cette disproportion se retrouve dans les statistiques de victoire avant vote (Clinton donnée gagnante à 80% ou plus), et que ceci participe à créer un climat de défiance magistrale vis-à-vis d’eux, d’autant qu’ils avaient eu le même biais lors de précédents votes (Brexit, Constitution européenne en France, etc…).

En réalité, le peuple américain, comme d’autres peuples avant, lassé de se faire bassiner par les bénis oui-oui, les grands directeurs de la pensée moderne, les organisateurs de ce qu’il faut savoir et ce qu’il faut dire, n’a pas fait comme prévu. Il y a eu des sondés qui se sont tus ou ont menti. Il y a eu des démocrates qui ont voté Trump, bien plus que des républicains pour Clinton, et qui n’en ont rien dit. Il y a eu des pro-Sanders qui, écœurés des manœuvres de Clinton, ont voté Trump. Il y a certainement eu des individus, passablement lassés de se faire dire quoi penser ou quoi voter, qui se sont défoulés. Et d’autres qui avaient pris leur décision depuis bien longtemps, de façon mûrement réfléchie, en préférant tous les défauts et les risques de l’inconnu à la certitude d’une rebelote vomitive.

Dès lors, il n’y aura certainement aucune réalisation que lorsque Trump claironne être un candidat anti-système, cela sonne juste au point de le faire élire. Oh, bien sûr, il a largement bénéficié du système : capitalisme de connivence, utilisation des médias pour accéder à la célébrité, développement de ses réseaux d’accointances dans les milieux d’affaires, dans les médias et dans la politique, tout ceci participe clairement du système. Évidemment. Mais au contraire de tous les autres candidats (Sanders inclus), il n’est pas politicien professionnel puisqu’il ne s’est lancé dans la politique qu’avec cette élection, il n’est pas issu du sérail fermé de Harvard, Columbia ou Princeton, n’a pas un diplôme de droit (mais d’économie). S’il connaît le système, c’est plutôt en l’ayant pratiqué de l’extérieur comme chef d’entreprise et magnat immobilier confronté aux impérities de l’administration et de la bureaucratie.

Et cette donnée, qui explique aussi bien le rejet des démocrates, des journalistes, des intellectuels que le mépris de l’écrasante majorité des vieux briscards républicains — qui devront maintenant s’accommoder de lui — imposerait largement de faire réfléchir ce système, c’est-à-dire les médias, les politiciens et les « élites » jacassantes (depuis les philosophes troubadours jusqu’aux chanteuses « engagées ») qui poussent pourtant (consciemment et non) à n’avoir que des candidats ayant reçu leur adoubement, issu de leurs cercles, de leur sérail, de leurs formations.

Il n’y aura certainement aucune réalisation de ces éléments parce que cela reviendrait à admettre la défaite du politiquement correct, ce politiquement correct insupportable qui crée du « safe space » et des minorités oppressées à tire larigot, ce politiquement correct qui impose de croire qu’une femme doit devenir Président-e des États-Unis parce que c’est une femme.

Il n’y aura certainement aucune réalisation de ces éléments parce que cela reviendrait à admettre qu’une grande partie des médias et des politiciens, les uns dans le lit des autres et réciproquement, ne sont plus en mesure d’écouter ce que dit une partie grandissante de ceux qui les payent.

Il n’y aura aucun recul, aucune prise de conscience. On mettra l’échec sur le dos de Clinton et à la fin, elle aura été trop néo ou turbo-libérale (évidemment).

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PS : Toute ressemblance avec un pays de ce côté-ci de l’Atlantique n’est absolument pas fortuite.

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Résistance active à l’État au-delà d’un gilet jaune

Par : h16

C’est décidé : le 17 novembre, ça va barder, des gens vont fermement saisir leur gilet jaune de sécurité routière à pleines mains, l’enfiler vigoureusement et organiser un gros embouteillage à Trifouilly en Gonesse. Et ensuite c’est sûr, le prix du gasoil va baisser.

C’est à peu près ce que certains espèrent des différentes manifestations qui semblent s’organiser par voie de réseaux sociaux à mesure que la taxation délirante des carburants fait sortir de leurs gonds les consommateurs/contribuables brigandés à chaque passage à la pompe.

Et pendant que la presse s’emploie, par tous les moyens possibles (y compris un journalimse débridé), à dénigrer la réalité de l’effarant tabassage fiscal que subissent les Français, pendant que la coterie politique se mure dans un dangereux mépris, une partie du peuple s’organise donc pour tenter de faire passer un message à ceux qu’il a pourtant élus.

Malheureusement, même si l’on peut éprouver une franche sympathie à l’égard de ces mouvements spontanés en ce qu’ils rappellent à certains (journalistes et politiciens d’un Camp du Bien de plus en plus autiste) que la taxation tous azimuts ne peut constituer une réponse à quelque problème que ce soit, l’inculture économique et politique dans lesquelles on a consciencieusement tenu le peuple français jusqu’à présent obligent à tempérer tout espoir d’une sortie positive de ce genre de mouvements.

En effet, cette action offre, outre un mode opérationnel peu efficace (créer des bouchons coûteux en carburant, sérieusement ?), un message brouillé : si l’on comprend bien que la baisse des taxations sur les carburants est un élément clé voire fédérateur, l’absence totale de solution opérationnelle (i.e. une baisse drastique et palpable du train de vie de l’État) voire la présence de « solutions » qui n’en sont pas (i.e. instaurer de nouveaux impôts sur différentes catégories de dindons) pose l’ensemble sur une pente glissante à l’issue dangereuse.

À ce titre et quel que soit le résultat de ce mouvement, il apparaît intéressant de proposer d’autres moyens de résistance à un État qui semble résolument parti pour asservir son peuple, si ce n’est par les armes, au moins par ses finances et ses administrations pléthoriques.

Dans ces autres moyens, citons toujours ceux qui visent à réduire les ressources de l’État, par exemple en diminuant son empreinte fiscale, ce qui peut s’obtenir en diminuant son activité professionnelle, en passant toutes ses options fiscales en revue, en réduisant ses achats à leur portion congrue, en favorisant au maximum le troc et la discrétion, les échanges de bons procédés qui n’appartiennent pas à l’économie courante et visible. De ce point de vue, les « décroissants » sont les ennemis objectifs de l’État et leurs buts sont donc louables tant que cette façon d’opérer n’est imposée à personne.

Bien sûr, l’expatriation pure et simple constitue aussi une excellente option, tout comme le travail au noir qui permet d’échapper aux radars fiscaux et impose à celui qui le pratique le sens de la clientèle : le travailleur au noir est obligé, pour que son activité lui permette d’en vivre, d’offrir un niveau de service décent, loin de toute la paperasserie administrative qui l’empêche souvent. Ceci comporte évidemment des risques d’autant plus que la jalousie et la délation sont des sports nationaux.

Le pays se collectivise et vous tabasse de taxes ? Une idée peut être de monétiser les files d’attente aux caisses de Sécu, aux préfectures, etc. L’uberisation de cette idée est d’ailleurs possible : il existe ainsi une application en Inde qui permet déjà d’embaucher quelqu’un pour faire la queue de façon rémunérée.

À toutes fins utiles et puisque c’est dans le sujet de ce billet, je signale innocemment que bâcher des radars n’est pas les dégrader, de même qu’il me semble utile de rappeler qu’il est extrêmement rare de se faire prendre pour ceux qui empêchent le bon fonctionnement de ces radars. Il faut dire que la maréchaussée est déjà fort débordée avec sa paperasserie administrative et ses effectifs systématiquement déployés à des tâches subalternes, à tel point qu’elle n’a plus de temps à consacrer pour arrêter les malfaisants, qu’ils soient trafiquants d’armes, de drogue, braqueurs de supérettes ou bâcheurs de radars…

Car oui, police et gendarmerie n’échappent pas à la paperasserie débordante que l’État produit, demande et manipule tous les jours de façon croissante.

D’ailleurs, si l’on cherche réellement à encombrer la machine étatique, c’est probablement cet aspect qui constitue le plus sûr chemin d’une réussite flamboyante, bien plus que le port d’un bonnet rouge, d’un gilet jaune ou d’une bouteille de vaseline bleue qui va s’avérer indispensable avec l’avalanche de taxes en cours.

En effet, l’État bénéficie bien trop souvent de la clémence voire de l’insouciance de ses administrés qui oublient largement de réclamer tout ce qu’il leur doit.

On découvre ainsi qu’un nombre affolant d’aides ne sont pas réclamées. Le budget alloué n’est donc pas distribué, au plus grand profit de l’État qui peut alors fanfaronner sur le montant disponible et non effectivement versé. On ne parle pas de petits montants puisqu’on évoque plus de 12 milliards d’euros d’aides qui ne sont finalement pas versées parce que non réclamées. 5 milliards d’euros de RSA ne sont ainsi jamais réclamés alors qu’ils pourraient l’être.

Si l’on ajoute les prestations familiales et logement, l’allocation personnalisée d’autonomie, la CMU-C (très méconnue) et l’Aide au paiement d’une Complémentaire Santé, on a un tableau des six aides que les Français sous-emploient.

Or, s’il venait aux Français qui y ont droit la fantaisie de demander systématiquement ces aides, plus d’une dizaine de milliards d’euros manqueraient subitement au budget de l’État qui compte ardemment sur la capacité de son peuple à oublier de demander son dû.

Si l’on se rappelle que la baisse de quelques milliards de l’une ou l’autre rentrée fiscale met nos gouvernants dans une quasi-panique (il n’y a qu’à regarder les gesticulations actuelles autour des carburants pour bien saisir l’ampleur de la crise réelle sous-jacente), la disparition subite de cette marge de manœuvre méconnue leur provoquerait une crise aiguë.

Notons que ce ne serait probablement pas suffisant pour gripper durablement la machine, mais cela aiderait nettement l’effondrement du système quasi-soviétique dans lequel la France est maintenant plongée sans s’en rendre compte.

Une autre méthode efficace consiste à se rappeler que l’administration elle-même se perd dans ses propres décrets, directives, règlements et autres circulaires foireuses au sabir amphigourique.

Tous, nous avons subi les affres d’un dossier perdu, de pièces administratives soi-disant manquantes, de photocopies prétendûment illisibles, de ce foutu cerfa n°bidule truc dont personne ne nous avait indiqué l’existence et qui s’avère indispensable pour avoir l’autorisation de pisser droit.

Dans tous ces cas, qu’elle soit de Sécurité sociale, de son funeste organe de recouvrement, du fisc, d’une préfecture lambda ou d’une mairie quelconque, l’administration démontre amplement sa parfaite froideur inhumaine, son incapacité à gérer calmement le problème et à en proposer une solution opérationnelle. Là où la société privée fera tout son possible pour garantir malgré tout la satisfaction de son client, oublieux d’un élément d’information ou d’une pièce de dossier, l’administration, elle, préfère amplement mépriser le cloporte qui lui est assujetti et lui fait perdre son temps précieux lorsqu’il a omis (probablement par vice ou méchanceté, c’est évident !) l’un ou l’autre justificatif obscur et non spécifié au départ.

Devant ce constat, pourquoi ne pas retourner contre ces administrations leur fâcheuse tendance à s’emmêler les pinceaux ?

Prenez les paiements divers et variés que vous auriez à faire à l’un de ces organismes qui n’a pour vous que la plus pure aversion. Si rien ne vous oblige à payer en ligne, procédez par chèque. Plusieurs. Agrafez-les. En ligne ou autrement, ne payez jamais la somme demandée, mais payez 0,53€ de plus : entre le différentiel qui provoquera des boutons à toute leur comptabilité et l’obligation pour eux de vous le rembourser, un jour, peut-être, et qui déclenchera toute une série de traitements d’exceptions, on peut garantir que la peine générée sur l’administration ciblée compensera le mépris qu’elle vous déverse habituellement. Bonus : si suffisamment d’assujettis procèdent ainsi, l’entropie augmentera de façon exponentielle (et je ne parle même pas des bourrages de papiers dans les rotatives chargées d’éditer les lettres de suivi de ces trop perçus, ou des frais financiers encourus pour leur gestion, leur annulation ou les affranchissements de courrier).

Puisque la constitution d’un dossier nécessite toujours des pièces farfelues et inventives, n’hésitez plus : constituez vos prochains dossiers en multipliant les pièces justificatives afin de couvrir absolument toute la palette des pièces possibles. Votre imagination est votre limite, soyez créatif !

Mieux encore : puisque votre dossier sera perdu après un temps indéterminable dans les tubulures incompréhensibles du Brazil franchouillard, autant lui permettre de s’en donner à cœur joie. Pondez comme jamais des demandes d’information ou d’aide, des réclamations pour des dossiers qui n’existent pas de la part de gens qui sont inconnus de leur système. Puisque ces administrations vous font perdre, tous les jours, un temps précieux, puisqu’elles sabotent régulièrement vos efforts et votre vie, rendez la pareille : si quelques milliers de Français introduisent quelques douzaines de dossiers à des caisses, administrations ou institutions diverses, pour des motifs ou des demandes crédibles (mais bidons), la nouvelle charge de traitement induite par ces arrivées entraînera mécaniquement l’engourdissement global du mammouth qui doit les gérer.

C’est d’autant plus vrai que le nombre de ces demandes est fort et ciblé. À ce titre, les inévitables erreurs de traitement que provoquera le passage du prélèvement à la source promettent des sueurs froides dans les perceptions.

Comment semblent être les administrations et insitutions gouvernementales, et comment elles sont en réalité.

Ne nous leurrons pas : la résistance active à l’État est une action de longue haleine, semée d’embûches, de difficultés et de risques importants. Mais elle participe d’une absolue nécessité, pour rappeler à tous et à chacun, politiciens en premier, que l’État sert le peuple et non l’inverse, et qu’il doit toujours rester dans la crainte de celui-ci.

C’est lorsque le peuple craint l’État que s’ouvrent les périodes les plus funestes. Elles ne sont pas une fatalité : vous pouvez résister.

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État Macron : panique, désolation mais taxes à gogo

Par : h16

Oui, décidément, il n’est pas facile de contenter tout le monde, et les Français, ce peuple de « Gaulois réfractaires », ne semblent guère se satisfaire des bricolages de plus en plus improbables et improvisés de leur président. Emmanuel Macron semble le découvrir à ses dépends mais, de façon inquiétante, n’esquisse aucune solution pour sortir de cette crise.

Alors que choisissant « courageusement » d’ajouter des problèmes de diplomatie et de bonne entente avec ses alliés en se payant la tête du président américain (ce qui lui aura valu une volée de gifles médiatiques particulièrement claquantes en retour), le président Macron patauge donc dans une popularité qu’on peut raisonnablement qualifier de catastrophique.

Il faut admettre que, péniblement élu sur la promesse d’une réforme en profondeur de la France, il n’a en 18 mois pas réussi à montrer qu’il était effectivement capable d’en mener le début d’une ; ses deux tentatives sur la SNCF et le droit du travail se sont soldées par des grèves extrêmement coûteuses pour un résultat quasi-nul pour la première, et par une usine à gaz juridique supplémentaire pour la seconde, ce dont le pays pouvait fort bien se passer.

Du reste, l’atonie complète de l’économie française (là où ses partenaires européens montrent un net mieux) illustre fort bien le peu de résultat des bidouillages marginaux entrepris.

A contrario, l’application systématique de la recette miracle de l’énarque Inspecteur des Finances, à savoir l’avalanche de taxes, aboutit exactement aux effets habituels : la pression fiscale augmentant, la situation économique se dégrade, à commencer par celle des plus pauvres et des plus exposés aux aléas économiques.

Dès lors, la grogne actuelle des Gilets Jaunes prend une ampleur suffisante pour paniquer le gouvernement : non affiliée à des syndicats (largement à la ramasse et globalement contre ce mouvement qu’ils ne peuvent contrôler), résolument apolitique, elle semble difficile à canaliser et impossible à analyser pour des élites absolument certaines de leur bon droit et rigoureusement incapables de comprendre les mécanismes économiques en jeu.

Dès lors, la tactique actuelle déployée par les gouvernants n’arrange absolument pas la situation.

Entre un Tout, en fait, indique une gestion catastrophique de cette crise, depuis Macron donneur de leçon, en parfaite contradiction avec le Macron de 2016 qui se voulait défenseur du diesel et distribuant maintenant aux Français une parole creuse leur conseillant l’abandon du diesel depuis un porte-avion nucléaire dont les avions crament huit tonnes de kérosène à l’heure, jusqu’à un Premier ministre assumant crânement son obstination taxatoire malgré l’écrasante évidence que les taxes n’ont rien à voir avec l’écologie et tout avec des soucis de trésorerie.

Pire : au lieu d’entamer une vraie réforme de fond de l’État français, ces coupes claires indispensables à sa survie et au retour de la croissance, le gouvernement choisit les menaces. Exercice dangereux d’autant que les Français se souviennent de l’impunité totale des éternels gréviculteurs du rail, de l’aérien ou de tant d’autres entreprises et administrations nationales qui bloquent régulièrement le pays sans en subir les conséquences (notamment juridiques).

Dans le même temps, l’actualité est parsemée de ces dépenses fastueuses avec lesquelles ces mêmes gouvernants semblent parfaitement à l’aise. La récente hausse de rémunérations des cabinétards de Griveaux ou de Schiappa ne pourra jamais trouver la moindre grâce auprès d’un peuple pour lequel un salaire de 5000€ mensuel représente souvent plus qu’un doublement de son train de vie : alors que la modestie et l’humilité devraient primer au sein de ce gouvernement qui entend taxer tant et plus son peuple, l’affichage de ces émoluments confortables apparaît comme un camouflet que beaucoup ne pourront pas laisser passer sans rien faire.

Quant à la réponse politique effective face aux grognements de plus en plus audibles, elle est tout simplement consternante : les taxes rendant les carburants inabordables, distribuons des aides pour les acquérir ; les voitures diesel étant maintenant pourchassées par tout ce que le pays compte d’écologistes affichés, rendons-les moins cher en distribuant des aides !

L’absurdité évidente de cette nouvelle pompe fiscale Shadok s’explique en réalité fort bien lorsqu’on note que ces aides, ces chèques et ces promesses n’engagent guère le gouvernement et ne le font que dans un avenir éloigné de la grogne immédiate. En revanche, les taxes s’encaissent, elles, dès à présent.

Ce différentiel de trésorerie n’est absolument pas innocent si l’on se rappelle que l’État, depuis quelques jours, vit totalement à crédit : malgré cette ponction fiscal insupportable, malgré plus de 1000 milliards d’euros de prélèvements tous azimuts, l’État français n’arrive pas à boucler son budget annuel.

Dans ce contexte, il n’existe aucune latitude concernant les taxes : elles doivent absolument continuer à tomber pour que la machine étatique ne s’arrête pas. Dans ce contexte, les promesses de chèques et d’aides ressemblent à un énième air de pipeau.

Malheureusement, le principal souci de ce genre de manœuvres ridicules, c’est qu’il n’y a pas de plan B.

Pour nos brillantes élites, il ne semble y avoir aucune alternative à l’augmentation de la pression fiscale. Et alors que les caisses sont effectivement vides, que la faillite rôde, la grogne du peuple semble incompréhensible pour notre petit Inspecteur des Finances : par Jupiter, il faudra bien trouver de l’argent ! Diminuer les dépenses ? Mais, parbleu, vous n’y pensez pas !

En pratique, Macron n’est plus dans l’action mais dans la réaction et cette réaction n’est plus qu’épidermique, émotionnelle et marquée par le désir de limiter la gêne sans en comprendre les mécanismes. Le voilà ainsi parti à expliquer, théoriser et analyser la grogne qui monte sans comprendre qu’il n’y a aucune pédagogie possible lorsque l’exemple affiché est en décalage complet et permanent avec ceux dont la colère monte.

Par exemple, on veut soi-disant lutter contre le réchauffement en tabassant les automobilistes de taxes, mais ceux qui proposent de le faire ne payent pas leurs transports. Du reste, combien de journaliste à la Quatremer, combien de politiciens continuent obstinément de rouler en voiture tant qu’ils le peuvent mais conspuent ceux qui désirent en faire autant en ayant l’impudence de l’afficher ainsi ? Combien de nos ministres se déplacent en voiture et en avion plutôt qu’en vélo ? Combien paye directement ses factures ?

Difficile, dans ces conditions, d’expliquer aux autres qu’ils doivent se serrer la ceinture.

Malheureusement, c’est en refusant de comprendre la colère populaire, c’est en s’obstinant à ne pas réformer le pays en profondeur, c’est en croyant qu’aucune coupe claire n’est possible que Macron, son gouvernement et la classe jacassante attisent le ras-le-bol d’où rien de calme et réfléchi ne pourra jamais sortir.

Ce pays est foutu.

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