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Hier — 26 avril 2024Analyses, perspectives

En finir avec les mensonges du « 7 octobre »

Le 15 avril à Bruxelles, le Mouvement du 30 mars et Viva Palestina organisaient une projection-débat autour du film « October 7 », en présence du réalisateur James Kleinfeld. Produite par Al […]

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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Palestinian Resistance Continues

Par : AHH

Jon Elmer takes a look at last week’s videos from the resistance in Gaza and the West Bank. As in 404, to the last zionazi invader …. the Holy Land, the eternal Black Hole devourer of Empires beyond count

L’art de la guerre d’attrition : les leçons de la guerre Russie-Ukraine

Si l'Occident envisage sérieusement la possibilité d'un conflit entre grandes puissances, il doit examiner sa capacité à mener une guerre prolongée et à poursuivre une stratégie axée sur l'attrition plutôt que sur la manœuvre.

Pourquoi l’Occident ne peut pas supporter les Russes

par Andre Vltchek. De grandes cultures comme la Russie et la Chine n'ont pas besoin que les Occidentaux leur disent ce qu'est la liberté et ce qu'est la démocratie, et ne veulent pas qu'ils le fassent.

La Russie a gagné parce que…

par Dominique Delawarde. Dans presque tous les domaines analysés, la supériorité russe était écrasante par rapport à l’Ukraine kiévienne et ne laissait aucune chance de succès à ce pays pour tout observateur impartial.

Blocages paysans : contre le paysanicide

Blocage des paysans 2024
Blocage d’une autoroute par les paysans

Dans les pays d’Europe sous domination judéo-capitaliste avancée – France, Allemagne et Pays-Bas – le monde paysan a été presque entièrement liquidé depuis le début de l’Occupation américaine et de l’Épuration. Cette destruction de la paysannerie française aura été un phénomène composite. Ce fut un savant mélange d’exode rural, de mécanisation, de remembrement, de concentration des exploitations, de monoculture, d’endettement, de subventions, d’effondrement des prix, de jachères, de libéralisation du marché intérieur et de mondialisation des cours des denrées.

Ce fut encore l’invasion de la chimie, l’artificialisation des procédés de production pour passer de la paysannerie à l’industrie agricole et sa cohorte de nécrotechnologies: pesticides, fongicides, détergents, hormones de croissance, perturbateurs endocriniens, métaux lourds et cancérigènes. Ce furent encore la vente à perte, les marges arrières de la grande distribution, le pillage des intermédiaires et des courtiers, la destruction des récoltes (le fameux retrait) pour le maintien des prix, l’inflation normative et réglementaire, le totalitarisme des coopératives, le racket bancaire. Ce furent la PAC, les accords de libre-échange, la culture des subventions.

Ce fut la solitude de l’agriculteur, les enfants qui ne reprennent pas, le vieillissement de la profession : plus de la moitié sont âgés de 50 ans ou plus1.

Le suicide souvent, au bout du chemin, la mort toujours…

Lorsque j’étais adolescent, la France comptait encore 2% d’agriculteurs, soit 1 200 000. Ils ne sont plus aujourd’hui que 400 000 pour nourrir un pays de soixante-dix millions de Français et d’étrangers. L’artificialisation, la mécanisation, l’industrialisation par les “apports” de la chimie expliquent en partie cette baisse. Mais cette approche descriptive et fataliste est en réalité une entreprise de naturalisation de phénomènes qui n’avaient rien d’inéluctables. Tous ces phénomènes conjugués qui conduisent à la destruction progressive de la paysannerie française furent les résultats prévisibles de politiques publiques constantes.

L’habileté de ces manœuvres qui s’étendent sur un temps très long ne peut faire oublier que ce fut d’abord une intention. Il serait temps que les Français et plus largement les Européens commencent à se demander “Qui” les veut morts…

L’Allemagne dernière chance de la France.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que sous la plume d’un vieux militant d’Action Française on en vint à lire que l’Allemagne est peut-être la dernière chance de la France. En effet, c’est de là, à la suite des premières secousses aux Pays-Bas, qu’est né le mouvement agricole qui enflamme toute l’Europe, de l’Espagne à la Pologne. Souhaitons que ces révoltes s’élargissent à d’autres secteurs professionnels : camionneurs, artisans, taxis, etc.

Ce mouvement pourrait bien devenir ce qu’auraient dû être les Gilets Jaunes. Un immense mouvement d’insurrection nationale et populaire devant les destructions continues commises par les oligarchies prédatrices, satellisées autour du Judaïsme politique, noyau nucléaire du pouvoir de l’étranger en France.

L’oligarchie judéoforme, avec ses loges, ses clubs, ses réseaux de sodomites – nouvel État confédéré tout puissant – ne hait rien de plus que le monde rural, avec ses accents, ses patois, ses bourrées…

C’est eux qui après avoir tué la paysannerie, massacrent la ruralité, en poussant les entrepreneurs agro-industriels au suicide. Il s’en tue deux par jour dans ce pays de Cocagne.

Guerre en Ukraine et crise agricole

La guerre de l’Otan contre la Russie est l’une des causes de cette énième crise du monde agricole. Le renchérissement de l’énergie et des combustibles a certes été décidé dans le cadre des politiques pseudo environnementales et malthusiennes de l’Occupation à Bruxelles comme à Davos, mais il est aussi conséquent à la flambée du prix du gaz qui sert d’indice aux factures du marché énergétique européen.

L’importation de denrées venues d’Ukraine en soutien au régime de faillite et de corruption de la Kiev de l’Otan a également effondré les cours de la volaille par exemple. Ce sont 230 000 tonnes de volailles ukrainienne qui ont été importé dans l’Union européenne cette année soit 100% de plus qu’il y a deux ans.

Le chaos s’étend à tous les champs : militaire, diplomatique, économique, énergétique, agricole.

Cette guerre touche toute l’Europe mais elle vise d’abord et avant tout l’Allemagne.

Son secteur industriel fut également ciblé par l’attaque terroriste sur les gazoducs NordStream 1 et 2. Biden avait annoncé à mots à peine voilé que pour séparer l’Allemagne et la Russie qui ont fusionné leurs économies durant les 25 dernières années, ce type d’opérations était au programme.

Les agriculteurs Allemands ont donc été les premiers touchés. C’est au tour aujourd’hui des Français.

Mouvement en péril

Le volcan agricole s’est réveillé. Il sera difficile désormais de faire que les coulées de laves ne sortent pas de leur lit.

Pourtant plusieurs périls menacent : le tempérament gaulois de nos agriculteurs qui risquent de se diviser sur des contradictions internes au monde agricole.

Les éleveurs n’ont pas exactement les mêmes intérêts ni les mêmes revendications que les céréaliers et ainsi de suite.

Le matérialisme des Français, avilis par 230 ans de révolution et de république, 70 ans de consumérisme et d’irréligion.

Pour peu que le gouvernement mène bien ses négociations en concédant des avantages matériels, beaucoup de ces blaireaux rentreront chez eux boulotter les crédits fiscaux concédés par un comitatus aux abois. Le moindre des périls d’un tel mouvement est son impolitisme et son absence de chefs formés et porteurs des idées claires du nationalisme intégral.

C’est là que nous avons un rôle à jouer en infusant le nationalisme intelligent dans les milieux agricoles, mais aussi chez les pêcheurs, les viticulteurs, dans les mouvements culturels localistes et autonomistes, du Béarn à l’Alsace, de Corse à la Bretagne.

Nationalistes, soyons comme le levain dans la pâte, allons sur les points de blocages et propageons la saine doctrine, nommons et désignons l’ennemi et ses complices après avoir fait sauté un bouchon, pour célébrer ces retrouvailles de la France avec elle-même. Et ne perdons pas de vue que rien ne se fait en quelques jours et que tous nos actes au service du Bien commun s’additionnent.

Nous aurons ainsi, un jour pas si lointain, du vin aux vignes.

Sébastien Kerrero (Monsieur K)

  1. Insee Focus n 212, paru le 23/10/2020. Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d’hommes. ↩︎

L’article Blocages paysans : contre le paysanicide est apparu en premier sur L'Action Française.

Fabrication du consentement : Le fiasco de la frontière et le «mur intelligent»

par Whitney Webb. La détresse liée à la situation aux frontières est utilisée pour obtenir le consentement à des «solutions» axées sur l'extension de la surveillance et de la collecte biométrique, par opposition à la mise en place de barrières physiques.

Face à la faillite morale de l’Occident, quel avenir pour la Palestine ?

par Daniel Vanhove. Cet Occident et ses leçons de bonne gouvernance martelées à travers de grands discours vient de démontrer en quelques années, toute son hypocrisie, toute sa veulerie, menant irrémédiablement à sa faillite.

Mort de Navalny, colère agricole, guerre en Ukraine : ce qu’on retiendra de février 2024

Ukraine : inquiétude sur le front et à l’arrière

Le mois de février aura vu s’accumuler les mauvaises nouvelles pour l’Ukraine. Son armée est confrontée à une pénurie grave de munitions qui amène désormais en maints endroits de ce front de 1000 km le « rapport de feu » (nombre d’obus tirés par l’ennemi vs nombre d’obus qu’on tire soi-même) à près de dix contre un. Ce qui a contribué, après deux mois d’intenses combats et de pertes élevées, jusqu’à 240 chars russes, selon Kyiv, à la chute d’Adviivka, vendredi dernier. La conquête de cette ville que les Ukrainiens avaient repris aux forces soutenues par Moscou il y a dix ans constitue un gain politique pour le Kremlin à un mois d’une présidentielle au demeurant jouée d’avance ; aucun candidat vraiment d’opposition n’a été validé et tous les trouble-fêtes peuvent avoir en tête le sort d’Alexeï Navalny, décédé dans des circonstances qui restent à élucider dans un pénitencier de l’Arctique russe, le genre d’endroit où le régime enferme ceux qu’il ne souhaite pas voir vivre trop longtemps. La reprise d’Adviivka constitue aussi un gain tactique pour le Kremlin, puisqu’il rapproche le front de nœuds logistiques de l’armée ukrainienne.

Si Moscou, qui a perdu beaucoup d’hommes (vraisemblablement 300 000 à 500 000 hors de combats depuis le début de la guerre il y a deux ans), ne semble pas en position de percer la ligne de défense ukrainienne, il pourrait faire perdre du terrain à Kyiv en d’autres endroits, même si les opérations offensives sont désormais très compliquées, puisque le champ de bataille est devenu très transparent à cause de l’utilisation de simples drones d’observations capables de repérer le moindre char d’assaut ou groupe de fantassins. Seul lot de consolation pour l’Ukraine : elle a gagné, loin des projecteurs médiatiques, la « bataille de la mer Noire » en repoussant ces derniers mois les navires russes loin des corridors indispensables à l’exportation de ses céréales, et en coulant plusieurs navires, dont encore un il y a dix jours.

Autre revers pour Kyiv, l’aide cruciale de 60 milliards de dollars sur laquelle la Maison Blanche et les Républicains travaillent depuis des mois, est encalminée au Congrès. Certes, 22 sénateurs républicains sur 48, animés traditionnellement par une solide culture géopolitique héritée de la Guerre froide, et peu sensibles aux intimidations de Donald Trump, ont voté récemment pour ce paquet. Mais la majorité républicaine à la Chambre des représentants bloque toujours le texte sur instruction de Trump. Ce dernier ne veut en aucun cas faire cadeau d’un victoire politique à Joe Biden, à moins de neuf mois de la présidentielle qui verra certainement s’affronter les deux hommes. La Maison Blanche avait, erreur tactique, cru pouvoir obtenir un feu vert sur l’aide à l’Ukraine en la liant à celle à Israël et Taïwan, deux chevaux de bataille des Républicains, en sus de mesures sur l’immigration illégale en provenance du Mexique, sujet prioritaire des électeurs. Mais c’était prendre le risque de voir l’aide à Kyiv devenir otage d’autres sujets, ce qui n’a pas manqué d’arriver. L’administration Biden a, enfin, compris le danger et accepté il y a dix jours de dissocier un peu ces sujets ; mais trop tard, les trumpistes ont compris qu’ils tenaient là de quoi faire mordre la poussière à Biden, au risque de faire un cadeau au Kremlin, sous réserve que le deep state sécuritaire républicain ne se réveille pas.

Vague lueur d’espoir pour Kyiv toutefois, Donald Trump a laissé entendre récemment qu’il n’objecterait pas à une aide militaire à l’Ukraine si elle se faisait uniquement sous forme de prêts (ce qui est déjà le cas, en fait, pour un quart à un tiers de l’aide militaire occidentale). L’Europe va aussi s’efforcer de passer à la vitesse supérieure, malgré ses goulets d’étranglement dans la production, notamment d’obus, comme l’illustre la décision spectaculaire du Danemark, samedi, d’offrir l’intégralité de son artillerie à l’Ukraine, convaincue qu’en fait Kyiv défend le continent face aux ambitions du Kremlin.

Devant ces revers, comme régulièrement depuis le début de la guerre déclenchée il y a deux ans, samedi prochain, de beaux esprits évoquent une « fatigue » dans l’opinion publique occidentale, où pourtant les sondages indiquent toujours un soutien à l’Ukraine oscillant entre 60 et 75 % suivant les pays, ainsi que la nécessité d’une négociation. Certes, mais avec qui et sur quoi ?

En effet, un accord signé avec Poutine vaut-il plus que le papier sur lequel il est écrit ? Il a déchiré la quasi-totalité des traités signés par son pays depuis 1999. Et a assumé, c’est passé inaperçu, lors de son récent entretien avec le journaliste américain Tucker Carlson, qu’il n’avait « pas encore atteint ses buts de guerre en Ukraine ». En clair, l’annexion de quatre régions ukrainiennes ne lui suffit pas. Voilà pour les naïfs, voire pas si naïfs, qui prétendent que le Kremlin serait prêt à signer la paix en échange de quelques gains territoriaux. Ce que veut Poutine est clairement vassaliser l’ensemble de l’Ukraine et ridiculiser l’OTAN.

Dernier sujet préoccupant pour Kyiv, le président Volodymyr Zelensky, a limogé récemment son chef d’état-major, Valery Zaloujny, très populaire dans l’opinion, mais aussi et surtout parmi les soldats, pour le remplacer par Oleksandr Syrsky, unanimement détesté des hommes sur le front. Inquiétant, même si les dissensions sont au demeurant normales par temps de guerre. On oublie par exemple que, malgré l’union sacrée, le cabinet de guerre français a sauté trois fois suite à des désaccords sur la conduite des opérations et les buts de guerre en 14-18… Le défi pour l’Ukraine sera de changer de doctrine de combat, suite à l’échec de sa contre-offensive de juin-août, pour intégrer les nouvelles technologies : drones tueurs, brouillage des fréquences ennemies, ébauche d’utilisation d’intelligence artificielle (des pays occidentaux travaillent à fournir des essaims de drones bon marché opérant de manière synchronisée par utilisation de programmes d’AI simples).

 

Gaza : l’impasse

À court terme aucune issue, ni même une pause dans le conflit entre Israël et le Hamas ne semble être envisageable. Les négociations, qui avaient repris le 6 février au Caire sous médiation qatari, égyptienne et américaine en vue d’une pause de six semaines (à ne pas confondre avec un cessez-le-feu, qui suppose un arrêt indéfini des combats) en échange de la libération de tout ou partie des 100 otages que le Hamas détient encore, ont été interrompues il y a quelques jours. Le Hamas exige aussi la libération de centaines de ses militants détenus en Israël, dont des meurtriers, ce qui est une ligne rouge pour Jérusalem dont la majorité de l’opinion, selon les sondages, juge prioritaire d’éliminer le Hamas plutôt que de libérer les otages.

Le Premier ministre israélien se dit d’ailleurs plus que jamais déterminé à liquider intégralement le Hamas, avec notamment une offensive prochaine sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza où se seraient réfugiés les chefs militaires de l’organisation terroriste. Or, des dissensions commencent à se faire discrètement jour au sein de la hiérarchie militaire, et même parmi des ministres sur la possibilité d’éliminer entièrement le Hamas. Trois mois après le début de l’invasion de la bande de Gaza, selon les renseignements américains, Israël n’aurait mis hors de combat qu’un cinquième des quelques 40 000 combattants du Hamas. Certes, Tsahal a évité le piège de type Stalingrad que beaucoup lui promettait, avec des pertes relativement limitées pour trois mois d’opérations en milieu urbain, environ 200 soldats, et a détruit des dizaines de kilomètres de tunnels du Hamas.

Mais les victimes collatérales (le chiffre de 27 000 victimes, en grande majorité femmes et enfants, avancé par le Hamas semble plausible, pour une fois, par recoupement avec diverses données indépendantes) posent de plus en plus problème aux partenaires internationaux d’Israël, surtout les États-Unis, seul allié que Jérusalem écoute traditionnellement. Joe Biden s’est engagé fortement auprès d’Israël après les attentats du 7 octobre, avec déploiement de navires de guerre pour dissuader Téhéran ou le Hezbollah au Liban, approvisionnement en munitions, renseignements satellites. Ce dont l’aile gauche des Démocrates lui en fait grief… au risque de faire élire Donald Trump, soutien absolument inconditionnel de Jérusalem.

Reste le risque d’embrasement régional, évoqué à l’envi depuis quasiment le début de la guerre, le 7 octobre. Heureusement sans concrétisation, pour l’instant. En mode chien qui aboie ne mord pas, le Hezbollah, milice chiite libanaise soutenue par Téhéran, avait promis des représailles terribles « en temps et en heure » à différents raids israéliens, notamment l’élimination du numéro deux de la branche politique du Hamas à Beyrouth. De même, les ripostes des États-Unis et du Royaume-Uni contre les Houthis, missile yéménite soutenue aussi par Téhéran, qui menace de frapper les cargos transitant par le golfe d’Aden. Les frappes américaines sur le sol yéménite lui-même ont suscité des menaces de l’Iran. Sans rien pour l’instant.

 

Présidentielle américaine : Biden en pleine confusion et Trump dans ses trumperies 

Ce ne sera plus tenable longtemps. Si la Maison Blanche a joué les tauliers de l’Occident par une aide décisive (même si on peut aussi lui reprocher d’être « trop tard trop peu ») en Ukraine et un soutien vigilant d’Israël face au Hamas, force est de constater qu’une défaite de Joe Biden le 5 novembre face à Trump parait désormais probable.

Malgré le dynamisme économique, le président américain est terriblement impopulaire en raison de l’inflation. Les sondages le créditent de cinq points de retard sur son rival qui a le vent en poupe, puisqu’il devrait pousser à l’abandon sa dernière rivale, Nikki Haley après la primaire du 24 février en Caroline du Sud. Une victoire à peine six semaines après le début de la campagne des primaires serait sans précédent historique, et explique que si peu de ténors républicains osent tenir le moindre propos susceptible de déplaire aux trumpistes. Les sondages donnent aussi Trump gagnant dans les 5-7 swing states, ceux susceptibles de basculer dans un camp ou un autre, et qui feront l’élection : Arizona, Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin, voire Caroline du Nord et Nevada.

Surtout, est apparu un fait nouveau et qui pourrait bientôt devenir intenable. Joe Biden multiplie les confusions qui ne sont plus seulement embarrassantes, à l’image des gaffes et trous de mémoire qu’il multiplie depuis longtemps. Cela touche désormais à sa capacité de gouverner. Comment croire que cet octogénaire pourrait prendre les bonnes décisions en cas de crise, en quelques minutes dans la war room par exemple, s’il prétend, comme il l’a fait dernièrement, avoir rencontré Mitterrand, décédé en 1995, en lieu et place d’Emmanuel Macron, ou le chancelier Kohl à la place d’Angela Merkel, et déclaré que le président égyptien Al Sissi était en fait celui du Mexique (Donald Trump a fait diffuser une carte du Proche-Orient où était calqué la carte du Mexique avec mention « source : Joe Biden »).

Enfin, une campagne américaine est une épreuve physique redoutable. Joe Biden a tenu le choc lors de la dernière uniquement parce qu’elle n’a pas eu lieu pour cause de covid. Problème, les Démocrates, divisés, indécis, et en panne d’idées et, il faut bien le dire, de lucidité, n’ont pas de plan B. Aucune personnalité connue, dotée d’un minimum de charisme et susceptible de faire consensus parmi les Démocrates n’a émergé en quatre ans, ce qui est une faute. La vice-présidente, Kamala Harris, n’a pas pris la lumière, elle est réputée ne pas avoir la carrure, comme l’illustre son parcours peu convaincant. Surtout, juridiquement, il semble très difficile d’annuler les primaires démocrates, pour lesquelles un certain nombre de délégués pro Biden ont été désignés. Seule issue, un avis médical sollicité par les ministres du président, terrible responsabilité et trahison, pour déclarer qu’il n’est plus en capacité d’exercer ses fonctions, selon la Constitution. Jamais un candidat bénéficiant du désistement au dernier moment du président en exercice n’a gagné la présidentielle…

L’affaire est d’autant plus cruciale que, bien évidemment, l’élection du président du pays le plus puissant du monde, militairement et économiquement, ne concerne pas que les Américains et que Donald Trump a raconté publiquement, il y a dix jours, avoir déclaré à un chef de gouvernement européen (allemand ?) qu’il ne viendrait pas à son secours si la Russie l’attaquait. On peut essayer de se rassurer à bon compte en se persuadant qu’il s’agissait d’un procédé rhétorique, ou d’une technique de négociation un peu rude pour obtenir, légitimement, que les Européens prennent plus au sérieux leur sécurité. Mais force est de constater, et ce discours de Trump représente de ce point de vue un évènement géopolitiquement majeur, malheureusement, tranchant avec une jurisprudence constante à Washington depuis 1949. La sécurité collective de l’Alliance atlantique repose en effet sur le fait que si un quelconque de ses 31 membres est attaqué, chacun des autres volera à son secours de manière inconditionnelle, sans émettre des si et des mais. Tout l’inverse de ce qu’a déclaré Trump qui assume que dans ce cas là il pourrait dire « désolé, je ne suis pas très motivé, regardons d’abord si vous avez réglé vos factures ». De la musique aux oreilles du Kremlin, de nature à le convaincre qu’une aventure en Pologne, ou en pays Balte serait opportune pour discréditer définitivement son ennemi juré, l’Alliance atlantique…

 

Menaces sur l’économie chinoise

Les nuages s’accumulent sur la Chine, deuxième économie mondiale et qui a réalisé depuis 1979 une performance sans équivalent historique, une croissance de 6 à 10 % par an pour un pays à l’époque d’environ un milliard d’habitants.

Sa croissance ralentit et n’aurait même pas dépassé 0,8 % au dernier trimestre. En cause : le vieillissement de la population, conséquence de la politique de l’enfant unique en vigueur jusqu’à récemment en sus de la chute de désir d’enfant, comme en Occident ; le chômage des jeunes au plus haut depuis des temps immémoriaux ; la moindre dynamique des exportations liées à la conjoncture mondiale ainsi qu’à une certaine défiance post covid envers Pékin ; sans doute les imites rencontrées par un système totalitaire à l’ère de l’innovation technologique ; et les menaces sur le système bancaire en raison de l’accumulation de créances douteuses sur le secteur immobilier après des années de spéculation, illustrées par ces images vertigineuses de tours fantômes construites pour être condamnées à la destruction.

La mise en liquidation, le 29 janvier dernier par un tribunal de Hong Kong, du groupe Evergrande, principal promoteur immobilier du pays, après deux années d’agonie est venue rappeler le danger, même s’il n’a pas, pour l’heure, provoqué d’effets dominos comme aux États-Unis la faillite de Lehman Brothers en 2008. Le secteur immobilier pèse pour un tiers du PIB chinois, contre un dixième en France. Les prix des logements ont chuté en deux ans de 30 %, du jamais vu. Les bourses chinoises sont par ailleurs atones et le président Xi Jinping a dû convoquer récemment les régulateurs des marchés financiers pour leur demander de doper un peu la conjoncture, notamment par un allègement des règles de réserves obligatoires des banques. Sans résultat spectaculaire. Un défi politique pour les autorités, puisque les Chinois sont habitués depuis trente ans à des perspectives de progression de leur revenu…

 

Union européenne : les agriculteurs se rebiffent

C’est un événement important dans l’histoire de l’Union européenne qui s’est déroulé ces dernières semaines, à coups de cortèges de tracteurs klaxonnant dans les principales villes d’Europe.

Les agriculteurs, pourtant en majorité très pro-européens, notamment parce qu’ils bénéficient, pour la majorité d’entre eux, du système d’administration des marchés avec prix garantis peu ou prou dans les céréales, certaines viandes, produits laitiers, ont manifesté massivement. À rebours de l’adage « on ne mord pas la main qui vous nourrit », et peut-être parce que ladite main ne nourrit plus tant que ça ceux qui nous nourrissent, comme le résumait un cortège espagnol ; « laissez-nous bosser, carajo ! ». Pas un hasard si le mouvement est parti, il y a presque un an, des Pays-Bas où un plan d’écologie punitive avait prévu, au nom de la désormais omniprésente lutte en Occident contre le réchauffement climatique (une vertu qui permet de massacrer agriculture et industrie sous le regard goguenard ou stupéfait du reste du monde, et qui ne les incite en tout cas pas à nous emboiter le pas), la disparition de la moitié du cheptel.

Les Allemands ont pris le relais début janvier, suivis par leurs confrères français, puis italiens, belges, espagnols, polonais, roumains. Ce mouvement spectaculaire, avec des blocages inédits de centres- villes en Allemagne, et la panoplie habituelle en France de lisier déversé, mais des blocages d’autoroutes sur 400 km (sans précédent) ont pu avoir des motifs divers, prix de vente trop bas (donc, appel, comme d’habitude, à subventions), la concurrence ukrainienne, avaient pour revendication centrale la réduction drastique de la réglementation d’origine, le plus souvent écologique (les associations écologistes ont beau prétendre être les alliées des agriculteurs, ce discours ne convainc pas ces derniers qui savent sous la pression de qui on les bride depuis des années), ou sanitaire au nom d’un principe de précaution devenu absolu. En clair, les agriculteurs ne supportent plus les exigences des plans écolos européens Green Deal et Farm to Fork, même si leurs représentants n’osent pas trop le dire.

Si le gouvernement Attal a su apaiser les grands syndicats agricoles par des chèques et promesses, notamment d’une pause (mais pas annulation) du plan de réduction impératif de 50 % des traitements phytosanitaires d’ici 2030, avec chute des rendements, donc à la clé des revenus, martingale française inépuisable, et si Bruxelles a accordé une dérogation pour les jachères, les agriculteurs se rendent compte que cela ne résout pas du tout le problème « bureaucratie/punitions ». La FNSEA, qui ne se résout pas à s’attaquer aux programmes européens Green Deal et Farm to Fork, menace de reprendre les manifestations à la veille du Salon de l’agriculture, dans quelques jours.

Que le soufflé de cette contestation inédite par le nombre de pays concernés, quoique sans synchronisation, retombe ou pas, il aura déjà eu un mérite : le grand public a découvert le poids dément des règlementations en milieu rural, qui punissent tout et son contraire, la nécessité d’obtenir x autorisations pour tailler une haie, curer un fossé, le calendrier des semis, traitements… comme l’illustre ce slogan d’agriculteurs espagnols « mais laissez-nous bosser, carajo ! ».

 

En France, l’horizon indépassable des règlements partout, tout le temps

Une bataille clé dans la guerre culturelle entre la réglementation tous azimuts, qui ne se confine pas à l’agriculture, comme prétend d’ailleurs l’admettre depuis peu le gouvernement et qu’illustre cette savoureuse révélation, parmi mille autres : un employé de mairie ne peut pas changer une ampoule sans suivre trois jours de formation. Eh oui, nos vies sont régies par une dizaine de codes de 4000 pages, qui s’enrichissent de plusieurs pages chaque jour.

De quoi rappeler le fameux texte de Tocqueville sur « le réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes » édictée par un pouvoir « immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer la jouissance des citoyens et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux ».

Tout cela a poussé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire (qui a dû se résoudre, dimanche soir, à annoncer une révision à la baisse, de 1,4 à 1 % de la prévision de la croissance française en 2024, évoquant la guerre en Ukraine, le Moyen-Orient, le ralentissement économique très marqué en Chine et la récession technique de 0,3 % du principal partenaire commercial de la France, l’Allemagne), à dénoncer « un suicide européen » par les entraves règlementaires, et à promettre il y a quelques semaines, à plusieurs reprises, un vaste effort de simplification… avant d’annoncer aussitôt des contrôles sévères sur la grande distribution, bouc émissaire, pour vérifier qu’elle pratique des marges raisonnables sur les produits alimentaires.

De même, le gouvernement a découvert récemment, sans promptitude excessive, que les normes DPE constituaient une véritable bombe sociale puisqu’elle imposait des dépenses insupportables aux ménages modestes voulant louer un bien pour le mettre en conformité (en attendant d’interdire aussi leur vente, voire, tant qu’on y est dans le fanatisme vert, leur occupation par les propriétaires). Ce qui contribue au blocage spectaculaire du marché de la location depuis deux ans.

Miracle, une étude technique vient démontrer que les DPE ne sont pas fiables pour les logements de moins de 40 m2 ouvrant droit à dérogation. Un peu tartuffe, mais c’est déjà ça… Il faudra surveiller la suite, du fait de la nomination d’un nouveau ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, qui assume vouloir provoquer un « choc de l’offre », en clair stimuler la construction de logements et leur mise à disposition sur le marché locatif. Un discours bienvenu, pour ne pas dire déconcertant, tant il est à rebours de ce à quoi nous habituent les ministres d’Emmanuel Macron.

Selon ses déclarations à l’issue, jeudi, d’une rencontre avec des représentants du secteur, il s’agit de rénover un processus de rénovation énergétique « comportant trop de lourdeurs administratives ». Sur la table, notamment la limitation des obligations de recourir à un accompagnateur agréé aux subventions de rénovation les plus élevées. Il s’agit aussi de permettre aux propriétaires de logements à étiquette énergétique G, a priori aux revenus les plus modestes, qui ne pourront plus être mis en location à partir du 1er janvier 2025, de les aider à commencer à améliorer la performance de leur bien.

 

France-sur-mer : le sujet empoisonné de l’immigration fait son grand retour

Le sujet de l’immigration, en mode sparadrap du capitaine Haddock, hante plus que jamais la politique française, avec un exécutif au sommet du « Enmêmptentisme », chèvre-chou, qui cherche à séduire des électeurs de droite (comme si ceux de gauche classique ne pouvaient pas objecter aux changements fondamentaux à l’œuvre dans notre pays depuis quatre ou cinq décennies, illustrés par une comparaison, au hasard, entre deux photos de classe 2024-1974 ?) sans perdre ceux de gauche. Dilemme d’autant plus sensible que le parti Renaissance est crédité de 18,5 % des suffrages aux européennes de juin, très loin des 29 % attribués, selon un sondage, au Rassemblement national.

L’Élysée a remporté une première manche tactique en demandant aux députés Renaissance de voter pour la loi immigration avec Les Républicains et le Rassemblement nationale… pour aussitôt en déférer les amendements Les Républicains au Conseil constitutionnel. Voter pour un texte qu’on espère anticonstitutionnel, c’est nouveau… Lequel Conseil constitutionnel a eu l’obligeance d’invalider 32 des amendements « droitiers » pour vice de procédure, qui ne se rattachaient pas à un élément précis, un article, du texte proposé. Il avait pourtant validé un amendement sur Mayotte en 2018 dans une loi qui ne traitait pourtant ni de Mayotte ni d’immigration…

Deuxième manche, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu récemment à Mayotte, plus grande maternité d’Europe (25 naissances par jour, cinq fois plus que la seule Corrèze) pour annoncer ce que les élus de tous bords y attendent depuis longtemps : la fin du droit du sol. Au prix, puisqu’une loi ne peut pas être en vigueur dans un département, et pas sur l’ensemble du territoire national selon la Constitution, d’une révision de cette dernière. Ouvrant ainsi une boîte de Pandore, car ce principe d’une territorialisation d’une loi pourrait s’appliquer plus tard sur bien d’autres sujets. Il semble bien qu’il n’ait pas échappé à l’exécutif que la question devenue incandescente, voire civilisationnelle de l’immigration risque de rapporter gros aux élections européennes de juin prochain.

Une réforme du droit du sol sur l’ensemble du territoire n’aurait au demeurant rien de choquant et ne ferait pas basculer la France, contrairement à ce que prétendent les beaux esprits immigrationnistes, dans « les heures les plus sombres de notre histoire », pour la bonne raison que le droit du sang prioritaire est pratiqué par de nombreux pays pas franchement gouvernés à l’extrême droite.

Au demeurant, et cela illustre au passage combien le dossier de l’immigration à Mayotte est instrumentalisé, le droit du sol dit sec, c’est-à-dire l’obtention automatique de la nationalité du pays où l’on naît quelle que soit celle de ses parents et leur propre lieu de résidence et/ou de naissance, n’existe presque plus nulle part au monde. Et notamment pas en Europe, où les pays les plus souples là-dessus, la France, l’Espagne et la Belgique, pratiquent plutôt le « double droit du sol » : on obtient automatiquement, ou sur demande la nationalité française à l’adolescence si un des deux parents étrangers, même en situation irrégulière, est lui-même né en France, même en situation irrégulière, sous réserve qu’il ait séjourné en France un nombre suffisant d’années.

Le problème étant que les habitants des Comores, manipulés en outre par un régime dictatorial voyant dans cette émigration un moyen commode de déstabiliser une « puissance coloniale » à qui ils réclament la restitution de Mayotte, ignorent ces subtilités juridiques et que, motivées par la chimère d’une nationalité française automatique, avec ses droits et avantages pour l’enfant qu’elles portent, des Comoriennes enceintes se ruent à Mayotte pour y accoucher. Face à la désinformation aux Comores (en sus des autres facteurs d’immigration clandestine massive d’hommes jeunes cherchant une terre promise où les salaires sont huit fois supérieurs à ceux en vigueur chez eux à quelques heures de navigation) des ajustements constitutionnels sur le droit du sol, à la majorité, difficile, des trois cinquièmes au Congrès, risquent de ne pas changer grand-chose.

La dernière farce de Navalny  

par Dominique Delawarde. À chaque fois qu’une élection russe se profile, un opposant de Vladimir Poutine disparaît dans des conditions troubles. Nous avons déjà eu droit à de nombreux feuilletons abracadabrantesques.

Une balance commerciale impossible à redresser ?

Le service des douanes vient de faire connaître le résultat de notre commerce extérieur pour 2023 : à nouveau un solde négatif important de 99,6 milliards d’euros. Certes, c’est mieux que l’année précédente où le déficit avait été supérieur à cause de l’envolée des prix de l’énergie causée par la guerre en Ukraine, mais le solde est négatif, une fois de plus.

La balance du commerce extérieur français est donc régulièrement déficitaire depuis 2005, c’est-à-dire depuis maintenant une vingtaine d’années. Ce solde négatif a plutôt tendance à s’aggraver, comme le montre le tableau ci-dessous :

Selon le journal La Tribune du 7 février dernier, annonçant les résultats de notre commerce extérieur pour l’année 2023 :

« Les années se suivent et se ressemblent pour la balance commerciale française : le déficit commercial de 99,6 milliards est le deuxième plus élevé de l’histoire ».

On ne peut évidemment que s’inquiéter d’une telle évolution, d’autant que les autres pays de l’Union européenne dont les balances commerciales étaient également déficitaires dans les années 1970-80, sont parvenus à redresser la barre, comme le montre le tableau suivant :

Autre constat : c’est la balance des biens qui est particulièrement dégradée, les services étant là pour rattraper quelque peu le grave déséquilibre des biens :

 

Le rôle déterminant du secteur industriel

Longtemps, les commentateurs de notre vie économique ont expliqué le déficit du commerce extérieur par des éléments conjoncturels, généralement des variations des prix de l’énergie, la France étant un gros importateur d’hydrocarbures. Mais, à présent, chacun a bien compris que le déficit de la balance du commerce provient du déclin industriel français. En effet, l’industrie joue un rôle déterminant dans la balance commerciale des pays développés, intervenant pour environ 75 % dans les échanges commerciaux.

Aussi, si l’on examine la relation existant dans les pays développés entre l’importance de leur production industrielle et le résultat de leur balance commerciale, on voit que les pays à production industrielle faible ont des balances commerciales déficitaires, alors que les pays à production industrielle élevée présentent des balances commerciales positives.

C’est ce que montre le tableau ci-dessous où figurent, dans la première colonne, les productions industrielles des pays comptées en valeur ajoutée par habitant, comme le font les comptabilités nationales des pays, et selon les données de la BIRD, qui incorpore la construction dans la définition de l’industrie :

Le graphique ci-dessous indique la corrélation existant entre ces données :

L’équation de la droite de corrélation indique que pour avoir une balance commerciale équilibrée il faut que la production industrielle s’élève à 11 265 dollars par habitant. C’est une probabilité statistique qui peut souffrir chaque année des écarts par rapport à la moyenne.

Or, la France ne dispose que de 7200 dollars de production industrielle par personne. Il faudrait donc l’accroître de 56 % pour que la balance commerciale soit à l’équilibre. En se basant sur les ratios d’intensité capitalistique des entreprises industrielles existant déjà en France, cela signifie un effectif industriel passant de 2,7 millions de personnes à 4,2 millions : soit 1,5 million d’emplois industriels à créer pour que, demain, la balance commerciale soit régulièrement en équilibre. Les effectifs industriels de l’Allemagne étant bien plus élevés, de l’ordre de 7 millions de personnes, sa balance commerciale est régulièrement excédentaire. En fait, avec la quatrième révolution industrielle en cours, baptisée industrie 4.0, les intensités capitalistiques sont devenues extrêmement élevées : il va plutôt s’agir de la création de seulement environ un million d’emplois.

La corrélation mise en évidence permet de comprendre que le solde déficitaire de notre balance commerciale, rappelé plus haut, se soit régulièrement dégradé à mesure que notre secteur industriel faiblissait : entre la fin des Trente Glorieuses et aujourd’hui, l’industrie qui intervenait pour 24 % à 25% dans la formation du PIB n’intervient plus que pour 10 % seulement. La France est devenue le pays européen qui est le plus désindustrialisé, la Grèce mise à part. Avec la crise du covid, nos dirigeants ont finalement compris qu’il était nécessaire de réindustrialiser le pays, et Emmanuel Macron a lancé le Plan France 2030. Mais il sera extrêmement difficile de remonter la pente.

Dans le Figaro-économie du 12 février dernier, Anne de Guigné énonce :

« Après des années de délitement, l’industrie française a cessé de dépérir. Mais crier victoire paraît très exagéré quand les deux indicateurs les plus robustes du secteur, l‘évolution de la production manufacturière et celle de la valeur ajoutée de l’industrie demeurent en zone grise ».

Le Plan France 2030 est très insuffisant, car les moyens financiers manquent pour épauler le redressement de notre industrie, comme le font si bien maintenant les Américains avec l’IRA, un dispositif d’aide à l’investissement qui dispose d’un budget de 369 milliards de dollars.

 

Les PME appelées à la rescousse

Pour redresser rapidement notre commerce extérieur, le gouvernement a appelé les PME à la rescousse afin qu’elles exportent. Il veut faire passer le nombre d’entreprises exportatrices de 145 700 à 200 000. Dans son discours de Roubaix le 23 février 2018, Édouard Philippe avait annoncé la création de Team France Export, afin d’encourager les PME  à « chercher des aventures à l’étranger ». Team France Export est un dispositif au service des entreprises qui regroupe les services de l’État s’occupant d’exportation, Business France, Bpifrance, et les diverses CCI existant en France. Cet organisme dispose de 13 guichets régionaux, disséminés sur tout le territoire, et un réseau de 750 conseillers installés à l’étranger dans 65 pays. Précédemment, avait été créée en 2015, « Business France », une agence nationale ayant pour mission d’« aider les PME et les ETI à se projeter à l’international ». Nos entreprises ne sont donc pas dépourvues de conseillers pour les aider à exporter, et elles peuvent bénéficier de divers soutiens financiers pour prospecter à l’étranger et exporter.

Cette ambition de faire de nos petites PME industrielles, des entreprises exportatrices, n’est en fait pas très raisonnable : c’est leur faire courir beaucoup de risques et les détourner de leur tâche principale qui est, à ce stade de leur croissance, de développer et renforcer leurs avantages compétitifs. Hors les grandes entreprises, qui, elles, disposent du personnel voulu pour exporter, et dont les reins sont assez solides pour faire face aux aléas des opérations à mener dans des pays lointains que l’on connait mal, seules les ETI, (250 à 500 employés), sont capables d’avoir une politique suivie à l’exportation.

En matière d’exportation, le drame de la France est qu’elle dispose de relativement peu d’ETI, à la différence de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne : elles sont 5760 en France, contre 12 500 en Allemagne et 10 000 en Grande-Bretagne, et ne sont pas toutes dans le secteur industriel, loin de là. Pour exporter des biens industriels, il faut généralement avoir à l’étranger des accords avec des entreprises locales qui aideront les consommateurs à utiliser ces équipements et assureront l’après- vente, car faire de l’après-vente à partir de la France est une gageure. Ces partenaires étrangers exigeront que l’entreprise avec laquelle ils vont collaborer ait une certaine dimension : s’il s’agit d’une PME de taille modeste, ils ne seront pas partants et auront tendance à aller chercher ailleurs un exportateur plus solide avec lequel s’allier. Une PME peut exporter aisément, sans risque, des produits ne nécessitant aucune collaboration avec l’acheteur, et notamment pas d’après-vente, comme par exemple, la cristallerie ou les articles de porcelaine.

Augmenter les exportations et avoir une balance commerciale à l’équilibre sont donc des missions extrêmement ardues :

  • le secteur industriel s’est considérablement amenuisé, l’industrie manufacturière ne représente plus que 10 % du PIB, contre 23 % ou 24 % pour l’Allemagne.
  • le pays manque d’entreprises de taille intermédiaire, soit deux fois moins que l’Allemagne.

 

Rééquilibrer notre balance du commerce extérieur, mission qui est confiée au ministre chargé du Commerce extérieur, est une tâche de très longue haleine qui va demander de très nombreuses années, c’est-à-dire le temps que nos dirigeants mettront pour accroître de 56 % la production du secteur industriel.

Absurdités anglo-américaines au milieu du génocide des Palestiniens

par Amar Djerrad. Les politiques américaines sont basées sur la menace ! L’esprit des dirigeants américains est forgé dans le bluff, l’arrogance, l’égocentrisme, la cupidité et l’insolence !

Pourquoi Medvedev est libre de la jouer «Born to Be Wild»

par Pepe Escobar. La seule chose qui compte est l'obsession aveugle pour le pouvoir total, le «rictus du commandement froid» affirmant la perpétuité d'un «ordre international fondé sur des règles» flou.

Les financiers de Gilead déçus, ses actions en forte baisse 

Basée à Foster City, en Californie, la société Gilead a annoncé que son chiffre d’affaires du quatrième trimestre a chuté suite à la baisse des ventes des médicaments contre le VIH et le Covid-19. L’entreprise a également déclaré que l’essai de son antiviral oral expérimental Covid a échoué. Après l’annonce de ses perspectives de ventes, la valeur de ses actions est attendue en baisse en pré-marché à Wall Street.

En début de la pandémie, le Remdesivir du laboratoire américain Gilead, vendu sous le nom de Veklury, a fait l’objet de toutes les attentions. Alors même que le Remdesivir n’a pas encore démontré son efficacité et n’a pas encore commercialisé. Les actionnaires de Gilead avaient déjà prévu que son médicament  pourrait rapporter 2,5 milliards $ à sa commercialisation. Si l’OMS avait déconseillé officiellement son utilisation, à cause des effets secondaires malgré sa toxicité, en octobre 2020, l’Union européenne s’était engagée à acheter 500.000 doses de ce médicament dangereux. Mardi, Gilead Sciences, le géant pharmaceutique américain, a annoncé que ses résultats du quatrième trimestre déçoivent les attentes avec un bénéfice ajusté par action de 1,72$, à comparer à un consensus de 1,76$ et un niveau de 1,67$ un an avant. Les revenus ont reculé de 4% à 7,12 milliards de dollars, contre 7,08 milliards de consensus. Parallèlement, il a annoncé que la Food and Drug Administration (FDA) suspend les essais cliniques de son médicament contre le cancer du sang, le magrolimab.

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Que signifie la démesure actuelle ?

par Marie-France de Meuron. Lors de la covidémie, des démesures effarantes ont illustré à quel point des systèmes qui dirigent ou gèrent la société reçoivent ou subissent des impulsions portant à des conséquences dévastatrices.

[Ukraine] Reportage exclusif sur l’affaire Ihor Hrynkevich, emblématique de la lutte anti-corruption de la présidence Zelensky

Alors que les campagnes de désinformation russes au sujet de l’Ukraine se multiplient, le gouvernement Zelensky intensifie sa lutte contre la corruption.

C’est l’un des points de propagande principaux du Kremlin pour démoraliser l’Occident d’envoyer de l’aide en Ukraine : le pays serait corrompu jusqu’à la moelle, et cette aide ne servirait qu’à engraisser certains dirigeants hauts-placés.

Ne faisons pas d’angélisme : la corruption (legs de l’URSS à tous les pays de la région) est présente en Ukraine, comme dans tout l’ex-bloc soviétique.

Cependant, le gouvernement de Volodymyr Zelensky a récemment prouvé qu’il faisait tout pour assainir son entourage. 

Dernier coup d’éclat en date : l’arrestation de l’homme d’affaires de Lviv Ihor Hrynkevych. Ce dernier a été pris dans un scandale de corruption incluant rien de moins que le ministère de la Défense, sur lequel les agents du SBU enquêtent discrètement, voire trop au goût de certains journalistes.

 

Du matériel défectueux

Le businessman est accusé d’avoir obtenu des contrats (au nombre de vingt-trois) avec le ministère de la Défense dont il n’a honoré qu’une partie, tout en étant payé pour la totalité. Pire encore, il aurait fourni pour ces commandes (des vêtements chauds destinés aux troupes cet hiver) des produits de mauvaise qualité, avant d’émarger encore plus, et de partager le gâteau avec ses commanditaires. Le préjudice pour l’armée se situe à plus d’un milliard et demi de hryvnias, soit près de 37 millions d’euros, auquel s’ajoute des retards dans la production et l’acheminement du matériel vers le front.

Apprenant qu’il était sous le coup d’une enquête, Ihor Hrynkevych aurait proposé un pot-de-vin de 500 000 dollars (près de vingt millions de hryvnias) pour étouffer l’affaire.

Une enquête, débutée après la saisie par les douanes ukrainiennes de vêtements destinés aux soldats et Trade Lines Retail LLC, Construction Company Citygrad LLC, et Construction Alliance Montazhproekt LLC, a déterminé qu’aucune de ces entreprises n’avaient les capacités de production, d’entrepôt pour répondre aux contrats du ministère. Sur les 23,6 n’ont pas été remplis, et 7 autres ne l’ont été qu’en partie. Huit autres ont été réglés sur des délais d’entre trois et cinq mois. Rien n’était aux normes.

D’après divers médias ukrainiens, Ihor Hrynkevych se serait ensuite procuré le numéro de téléphone personnel d’un chef-adjoint du SBU et l’aurait contacté sur Signal, expliquant avoir eu son numéro par « des amis communs », demandant une entrevue.

Rendez-vous est pris dans une station service de Kyiv, où Ihor Hrynkevych lui aurait demandé de l’aide pour récupérer les biens saisis par les douanes.

Pas fou, l’enquêteur aurait alors fait un rapport sur leur entrevue. Cependant, n’étant pas du genre à abandonner, le jour de Noël, l’homme d’affaires lui enverra « Le Christ est né, quand nous verrons-nous à nouveau ? », avant d’appeler. Ces tentatives resteront lettre morte. Finalement, un nouveau rendez-vous sera pris, toujours à cette station service, où Ihor Hrynkevych proposera cette fois-ci les 500 000 dollars de pot-de-vin, qu’il lui donnera le 29 décembre, provoquant son arrestation immédiate.

Jugé en pré-comparution, il sera envoyé en détention par le tribunal du district de Pechersk, à Kyiv, en attendant son procès.

Son fils, Roman Hrynkevych (titulaire d’une médaille présidentielle), était alors recherché, avant d’être arrêté à Odessa. Il a été placé en détention jusqu’au 17 mars dernier, suspecté avec cinq autres personnes d’avoir participé au complot de son père. Il nie avoir tenté de traverser la frontière avec la Moldavie, mais s’être trouvé à Odessa « pour affaires », selon des vidéos de son interrogatoire publiées sur des canaux Telegram. Le chef de l’un des départements du commandement des forces de soutien des forces armées ukrainiennes et le directeur d’un fournisseur ont été arrêtés en flagrant délit et placés en détention provisoire.

L’ancien vice-ministre de la Défense est notamment accusé d’avoir fait pression pour la conclusion de contrats pour la fourniture de biens matériels à prix gonflés, des commandes d’équipement de protections individuelles de qualité insuffisante avec un paiement anticipé de 100 %.

Pour l’heure, les actuels responsables des signatures d’appels d’offres effectués avec la famille Hrynkevych ne sont pas encore connus.

Services de sécurité de l’Ukraine SBU

Une famille d’oligarques

Intéressante famille que les Hrynkevych. La femme d’Ihor, Svitlana Hrynkevych, est la co-fondatrice de l’organisation caritative Hope.UA. Ancienne professeure à l’université polytechnique de Lviv, elle participe aussi aux affaires du clan. Elle et sa fille sont les co-fondatrices de Trade Lines Retail LLC, une des entreprises accusées de n’avoir pas rempli les contrats passés avec le ministère de la Défense. Elle est aussi propriétaire terrien : rien qu’en 2023, elle a fait l’acquisition de deux appartements dans le quartier de Pechersk, à Kyiv, pour une valeur totale de 35 millions de hryvnias, soit près de un million d’euros, ainsi que du motel Kateryna, situé près du stade Arena-Lviv, et d’un hectare et demi de terrain dans l’Oblast de Lviv.

Son fils Roman est l’autre fondateur de Hope.UA, et récipiendaire du prix du Cœur d’Or, remis par le président Zelensky. Il a aussi été mouillé dans plusieurs affaires louches, son entreprise, Construction Alliance Montazhproekt LLC, ayant elle aussi été accusée de s’être procurée des contrats de défense de façon malhonnête. 

Elle a en effet commencé à recevoir des contrats de construction dans l’Oblast de Jytomyr, où il se présentera aux élections locales en 2020. 

Cette entreprise est aussi accusée d’avoir détourné des fonds publics dans la construction d’un « centre pour la sécurité citoyenne », pour un contrat de 35 millions de hryvnias, soit une fois et demi les coûts estimés, selon les journalistes de Nashi Groshi. 

Lui aussi propriétaire terrien, Roman Hrynkevych s’est offert en 2023 une maison dans le cossu village de Kozyn, dans l’Oblast de Kyiv, pour la coquette somme de 50 millions de hryvnias (plus d’un million deux cent mille euros), ainsi que, le même jour, de quatre terrains dans ledit village.

D’après l’enquête du SBU, la famille Hrynkevych posséderait en tout dix-sept appartements et maisons, sept propriétés non-résidentielles, et dix-huit terrains.

« J’ai demandé de présenter les développements nécessaires pour que toutes les difficultés entre les représentants du gouvernement, les entreprises et les forces de l’ordre soient éliminées », a pour sa part déclaré le président, Volodymyr Zelensky.

De son côté, le directeur du SBU affirme que « l’enquête n’est pas terminée ». 

Ihor Hrynkevych risque entre 4 et 8 années d’emprisonnement au titre de l’article 369, partie 3, du Code pénal ukrainien. Les biens de sa famille ont été saisis, et tous les contrats d’entreprises qui lui sont affiliés ont été résiliés par le gouvernement, excepté un, pour l’acheminement de nourriture aux militaires des Oblasts de Kherson et Mykolaiv. 

 

La lutte continue

Mais cette affaire, aussi emblématique soit-elle, n’est pas la seule ! Rien que cette semaine, le SBU a opéré une fouille auprès des responsables du ministère de la Défense et des dirigeants de l’arsenal de Lviv, soupçonnés d’avoir détourné près de un milliard et demi de hryvnias destinés à l’achat d’obus. Parmi les personnes impliquées Olekansdr Liev, on retrouve notamment l’ancien chef du département de politique militaro-technique de développement d’armes et d’équipements militaires du ministère de la Défense, mais aussi l’actuel chef de ce département, Toomas Nakhur, ainsi que Yuriy Zbitnev, chef de l’arsenal de Lviv.

Toujours cette semaine, la NAKC (la brigade anti-corruption), a découvert que le chef du département anti-drogue de Kyiv disposait d’actifs non-prouvés d’une valeur de près de 3,9 millions de hryvnias (près de 100 000 euros).

Cependant, chez les journalistes ukrainiens, la même question revient toujours : par qui seront-ils remplacés ?

Si Kyiv envoie des signaux forts, il ne reste plus qu’à espérer que cette lutte soit suivie d’effets.

Source : Державне бюро розслідувань (Services de renseignements ukrainiens)

Comment l’«asabiyya» du Yémen remodèle la géopolitique

par Pepe Escobar. Les Houthis ont compris que plus ils attirent les Américains dans le marécage géopolitique de l’Asie occidentale, plus ils sont en mesure d’infliger de graves douleurs à l’économie mondiale.

La Shoah, au cœur du génocide de Gaza

par Pierre Simon. Jamais dans l'histoire de l'humanité une race de gens n'est passée aussi rapidement du statut de victime exceptionnelle à celui de meurtrier exceptionnel, sous prétexte de recréer son pays d’origine.

Les conseils de W Buffett pour identifier les actions « à potentiel », par Florent Machabert

Par : Rédaction

Avec cette capsule, Machabert lance une série au long cours sur les grands investisseurs. Cette semaine, il revient sur la stratégie gagnante de W Buffett en vous expliquant en quoi consiste chacun des 24 conseils qu’il a distillés tout au long de sa longue (et brillante) carrière dans les marchés boursiers.


Cette semaine, plongez dans les méandres des marchés boursiers avec Machabert, qui décortique les 24 conseils judicieux que Buffett a distillé tout au long de sa carrière exceptionnelle. Machabert vous guide dans l’univers complexe, mais passionnant, des investissements avec une expertise inégalée.

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Industrie française : une récession est imminente – Entretien avec Charles-Henri Colombier (Rexecode)

Charles-Henri Colombier est directeur de la conjoncture du centre de Recherche pour l’Expansion de l’Économie et le Développement des Entreprises (Rexecode). Notre entretien balaye les grandes actualités macro-économiques de la rentrée 2024 : rivalités économiques entre la Chine et les États-Unis, impact réel des sanctions russes, signification de la chute du PMI manufacturier en France, divergences des politiques de la FED et de la BCE…

 

Écarts économiques Chine/États-Unis

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints – Selon les statistiques du FMI, le PIB de la Chine ne représenterait aujourd’hui que 66 % du PIB des États-Unis, contre 76 % en 2021. Comment expliquez-vous ce décrochage ? Est-il symptomatique d’une tendance durable ?

Charles-Henri Colombier (Rexecode) – Depuis l’avant-covid fin 2019, le PIB chinois en volume et en monnaie nationale a augmenté de 18 %, tandis que le PIB américain a progressé de 7 %. En d’autres termes, la croissance chinoise n’a pas à rougir en comparaison de la croissance américaine, loin s’en faut.

L’explication du comparatif transpacifique des niveaux de PIB défavorable à la Chine depuis 2021 vient plutôt d’un effet de change, et plus spécifiquement de la dépréciation du yuan face au dollar. Le billet vert s’échange actuellement contre 7,10 yuans, quand il en valait seulement 6,35 fin 2021. Le taux de change dollar/yuan dépend pour une bonne part du différentiel de taux d’intérêt entre les deux pays, or la Fed a opéré une brutale remontée de ses taux, sans équivalent en Chine où l’inflation est restée très atone.

 

Sanctions russes : un effet boomerang ?

Y-a-t-il un effet boomerang des sanctions russes sur les économies européennes ? L’Europe est-elle en train de rentrer en récession à cause de l’embargo sur le gaz et le pétrole russe ?

L’interruption de l’approvisionnement énergétique de l’Europe depuis la Russie, concernant le pétrole mais surtout le gaz, a généré un choc d’offre négatif dont les effets ne se sont pas encore dissipés. En témoigne le fait que le prix de marché du gaz naturel coté à Rotterdam est toujours deux fois plus élevé qu’en 2019, tandis que la cotation Henry Hub aux États-Unis est à peu près inchangée.

Une énergie plus chère a trois types de conséquences principales : des pertes de pouvoir d’achat pour les ménages, un prélèvement sur les marges des entreprises, et un déficit de compétitivité prix préjudiciable à l’industrie notamment énergo-intensive. Les Etats-Unis et l’Asie n’ont pas eu à subir les mêmes chocs.

 

Comment la Russie contourne les sanctions commerciales

Les sanctions économiques n’ont pas mis fin à la guerre de la Russie en Ukraine. Pourquoi sont-elles aussi inefficaces ? Depuis 2022, les importations de pays proches géographiquement de la Russie (Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Turquie) ont explosé, et leurs exportations en Russie aussi. Doit-on y voir une stratégie de détournement des sanctions ? Quels pays européens (et quelles industries) participent à ce phénomène ?

L’inefficacité des sanctions occidentales contre la Russie tient d’abord au fait que certains pays tiers se sont substitués aux achats européens d’hydrocarbures russes. Au-delà des relations bien connues de la Chine avec la Russie, l’Inde absorbe désormais près de 40 % des exportations de pétrole russe, contre 5 % seulement en 2021. La manne des hydrocarbures, clé pour les finances publiques russes, a ainsi été préservée.

Par ailleurs, les mesures aboutissant à un retrait des entreprises occidentales de Russie ont parfois eu un effet de stimulation pour les entreprises russes, pouvant se saisir d’actifs bon marché et de nouvelles parts de marché domestiques. Enfin, il est vrai que certaines entreprises européennes contournent les sanctions, amenuisant leur efficacité. Certains pays comme la Turquie jouent un rôle de transit pour les flux commerciaux en question. Pour ne citer que quelques exemples, les exportations allemandes vers des pays comme le Kazakhstan, le Kirghizistan ou la Géorgie ont connu un décollage plus que suspect.

 

Industrie française : une récession est imminente

On constate une chute de l’indice PMI manufacturier en France. Que représente cette dégringolade pour l’économie française ?

L’indice PMI manufacturier mesure le climat des affaires à la lumière du sentiment exprimé par les directeurs d’achats. Le niveau de 42,1 qu’il a atteint en décembre (50 représente le seuil d’expansion) laisse peu de doute quant à l’existence d’une situation récessive pour l’industrie, en France mais aussi en Europe plus largement.

La dépense en biens des ménages avait déjà été décevante en 2023, celle des entreprises devrait désormais emboîter le pas en 2024, la hausse des taux d’intérêt et la contraction du crédit exerçant une pression croissante sur leur situation financière.

 

L’hypothèse d’un découplage économique avec la Chine

Les marchés américain et européen peuvent-ils se passer de la Chine ? Quelles seraient les conséquences d’une hypothétique rupture des relations commerciales entre la Chine et les marchés américain et européens ? Faut-il s’y préparer ?

Une rupture soudaine des relations économiques entre la Chine et l’Occident serait à n’en pas douter catastrophique pour les deux camps, tant les chaînes de valeur sont imbriquées. La Chine est devenue un fournisseur irremplaçable de nombreux intrants industriels, comme les problèmes d’approvisionnement apparus lors de la pandémie l’ont illustré.

Compte tenu des tensions entourant Taïwan, il faut se préparer à un tel scénario de rupture pour en minimiser l’impact. Mais il paraît illusoire d’imaginer que l’Europe puisse se passer de la Chine à court terme.

 

Les conséquences du statu quo de la BCE sur les taux directeurs

Contrairement à la FED, la BCE n’envisage pas de baisse des taux et affiche une ligne dure. Comment expliquez-vous cette divergence ? Quelles répercussions ces décisions auront-elles sur les échanges entre les économies de la zone euro et les États Unis ? Sur la croissance de leurs marchés respectifs ?

Le discours assez rigide de la BCE quant à l’éventualité d’une prochaine baisse des taux paraît surprenante au vu de la situation quasi-récessive de l’économie européenne. De récents travaux de la BCE montrent par ailleurs que l’essentiel de l’inflation observée ces dernières années est venu de facteurs liés à l’offre plutôt que d’un excès de demande qu’il faudrait briser.

Deux éléments permettent toutefois d’expliquer la prudence de la BCE.

Premièrement, le marché du travail européen, dont le degré de tension détermine en partie le dynamisme de l’inflation sous-jacente (l’évolution des prix hors composantes volatiles comme l’énergie), affiche toujours un niveau d’emplois vacants élevé malgré la faiblesse de l’activité. La disparition des gains de productivité du travail et le ralentissement démographique aboutissent au paradoxe que des difficultés de recrutement substantielles peuvent coexister avec une absence de croissance.

Deuxièmement, le contexte géopolitique reste très incertain. Les tensions récentes en mer Rouge ont déjà abouti à un doublement des taux de fret maritime sur les conteneurs, ce qui à terme pourrait souffler de nouveau sur les braises de l’inflation.

 

Vous souhaitez réagir à cet entretien ? Apporter une précision, un témoignage ? Ecrivez-nous sur redaction@contrepoints.org

La Pravda américaine : Israël et le canular de l’Holocauste

par Ron Unz. Pour la plupart des partisans pro-israéliens, la réalité de l'Holocauste est la pierre angulaire de leur compréhension du monde, et sa remise en question menacerait d'anéantissement leur système de croyances.

Récession en France : quel impact sur vos impôts et sur les marchés actions ?

Par : Rédaction

Dans cette capsule de rentrée qui prolonge le débat qu’il vient d’avoir avec Eric Verhaeghe sur les perspectives économiques de la France en 2024.

Machabert examine pour vous les conséquences du ralentissement de la croissance française (voire, probablement, de la récession), d’une part sur la fiscalité, d’autre part sur les marchés actions. Si tout n’est pas rose, bien sûr, il y a toujours des opportunités à saisir…

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[Pétition] « Une révolution fiscale pour sauver le logement »

Vous pouvez soutenir cette pétition en cliquant ici  

Le député Guillaume Kasbarian vient d’être nommé ministre du Logement. Pour relancer la dynamique du logement en France (accès à la propriété, location, investissement immobilier) adressons lui cette pétition, qui a déjà récolté 450 signatures : il faut un électrochoc fiscal !

La recherche d’un logement destiné à la location en résidence principale ou aux travailleurs saisonniers est devenue dans certains régions un véritable parcours du combattant. Cette situation critique est la conséquence de la multiplication de logements vacants, de résidences secondaires et de locations meublées de tourisme.

Elle s’explique par les conditions fiscales et réglementaires actuelles :

  • Des taux de prélèvements obligatoires très élevés sur les loyers ;
  • Des avantages ciblés par les politiques antérieures sur la location de meublés ;
  • Une diminution de la rentabilité provoquée par le plafonnement des loyers ;
  • L’instrumentalisation de la législation par certains locataires ;
  • Les exigences très contraignantes des normes d’habitabilité ;
  • Une diminution du parc locatif due à l’exclusion des logements de DPE G et bientôt F.

 

Les mesures envisagées par les pouvoirs publics utilisent la fiscalité et la réglementation pour combler le déficit de logements destinés à la résidence principale et aux saisonniers créé par la réglementation précédente :

  • Les abattements forfaitaires sur les loyers des résidences de tourisme ont été supprimés ;
  • La taxe d’habitation est majorée pour les résidences secondaires et les meublés ;
  • La taxe foncière à la charge des propriétaires a été augmentée ;
  • Les logements vacants sont taxés, même ceux dont la location est interdite (TLV, THLV).

 

Ces mesures amplifieront les effets des précédentes. Certaines, comme de très fortes hausses de la taxe d’habitation, sont déjà appliquées.

Ce changement de fiscalité pénalise ceux qui ont investi dans l’immobilier de tourisme, les EHPAD, les logements étudiants… Les engagements pris par les propriétaires en échange d’avantages fiscaux et la nature des logements les empêchent de modifier la destination de leurs biens. Les taxes vont contraindre certains propriétaires d’un bien interdit à la location soit à le vendre dans des conditions très défavorables, soit à effectuer des travaux beaucoup trop coûteux pour leurs moyens financiers ou pour être rentables, surtout avec des loyers plafonnés, malgré les aides MaPrimRénov’ accordées pour passer d’un DPE G à E ou F à D.

Les deux séries de mesures proposées ci-dessous libèrent les propriétaires bailleurs au lieu de les contraindre. La première a pour but de régler aussi rapidement que possible la crise actuelle et la seconde d’éliminer les causes à long terme qui l’ont provoquée.

 

Une première série de réformes pour stabiliser le secteur immobilier

  • Supprimer tous les avantages fiscaux accordés actuellement aux investisseurs en fonction de la destination du bien loué (meublés de tourisme, investissement en EHPAD, logements étudiants…) ;
  • Permettre la transformation d’un meublé de tourisme en résidence principale sans pénalité fiscale comme le rappel de la TVA ;
  • Aligner la fiscalité des loyers sur celle des revenus des valeurs mobilières (suppression de l’IFI, prélèvement libératoire à 30 %) ;
  • Supprimer les taxes sur les logements vacants (TLV et THLV) ;
  • Déduire du revenu imposable le coût des travaux de mise aux normes d’un logement, qui reste à charge après le versement de MaPrimeRenov’

 

Ces mesures placent le marché immobilier à égalité fiscale avec l’investissement dans le secteur productif. Elles facilitent le retour des investisseurs institutionnels dans l’immobilier locatif traditionnel. Pour qu’elles conservent leur efficacité à long terme, il faut les compléter en protégeant les propriétaires de changements de fiscalité ultérieurs et du risque de pertes en capital parfois ruineuses (loyers impayés, squats).

 

Une deuxième série de réformes pour relancer la dynamique du logement

  • Supprimer les droits de mutation en ligne directe et réduire les droits de mutation en ligne indirecte pour relancer l’accès à la propriété ;
  • Alléger les normes de confort exigées pour une location et une construction ;
  • Déclarer les plus-values et les moins-values après une vente dans les revenus mobiliers en tenant compte de l’inflation ;
  • Garantir la même fiscalité et les mêmes normes d’habitabilité pendant quinze ans ;
  • Utiliser les taxes sur les plus-values perçues en cas de classement d’un terrain agricole en terrain à bâtir pour indemniser les propriétaires de terrains constructibles déclassés ;
  • Créer des tribunaux analogues aux prud’hommes pour régler rapidement les litiges entre locataires, élus locaux et propriétaires ;
  • Mettre à la charge des responsables d’un retard d’exécution d’une décision de justice l’indemnisation du propriétaire ou du locataire ;
  • Supprimer les surloyers et exclure du logement social les locataires dont la situation ne correspond pas ou plus aux conditions d’accession réglementaires.

 

Ces mesures pérennisent les précédentes et permettent aux investisseurs de répondre à la demande de logement en limitant le risque en capital et en revenu et en abaissant les coûts. C’est également l’objectif de la suppression des droits de succession et la diminution des droits de mutation en ligne indirecte. Le retour du dynamisme du marché immobilier produira de nouvelles recettes fiscales compensant l’abaissement de la fiscalité sur les loyers. La difficulté principale est le manque de confiance des investisseurs dans le long terme, qu’il est difficile de faire disparaître compte tenu des politiques passées.

 

Pour soutenir ce texte vous pouvez l’encourager dans l’espace dédié aux commentaires.

Pour porter cet éléctrochoc à l’Assemblée nationale : signez la pétition sur Change.org

Fabrice Le Saché, VP du Medef : « l’accord sur l’IA ne répond pas aux ambitions de départ »

Fabrice Le Saché est le vice-président du Medef en charge de l’Europe. Au cours de cet entretien, nous abordons les répercussions des nouvelles réglementations européennes (IA, minerais stratégiques, taxe carbone…) sur l’industrie française et européenne. Il est aussi question des réponses à apporter à la crise du logement et de l’impact des actions de sabotage des écologistes radicaux sur la croissance et l’emploi en France.

 

Intelligence artificielle

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints – Le 08 décembre dernier, le commissaire européen Thierry Breton a qualifié d’« historique » l’accord de l’UE sur la réglementation de l’intelligence artificielle (IA ACT). Estimez-vous, avec M. Breton, que « L’Europe va devenir le meilleur endroit au monde pour faire de l’intelligence artificielle » ?

Fabrice Le Saché, vice-président du Medef chargé de l’Europe – Je souhaite tout d’abord rappeler un chiffre : 25 % des entreprises européennes utilisent l’intelligence artificielle (IA). Si la démocratie de l’IA est récente, l’IA n’est pas pour autant une technologie inconnue.

Le Medef a salué les ambitions initiales de Thierry Breton d’encadrer l’IA pour construire un écosystème favorable au tissu économique et à l’ensemble des citoyens. Une certaine idée de la régulation qui ne freine pas l’innovation et n’obère pas la compétitivité de nos entreprises. Nous avons toujours rappelé l’importance de maintenir une neutralité technologique et d’avoir une approche globale par les risques. Seul l’usage que l’on fait de l’IA doit définir son niveau de risque, et non les caractéristiques techniques de chaque modèle. Or, l’accord provisoire obtenu début décembre ne répond pas intégralement aux ambitions de départ. L’approche par les risques et le principe de neutralité technologique ont été fragilisés en intégrant des obligations propres aux IA génératives, ce qui ajoute de la complexité juridique. De plus, le texte nécessite de nombreuses lignes directrices et actes délégués de la Commission européenne pour être applicable, entraînant ainsi les entreprises dans une période d’incertitude et de flou juridique.

Dans la course mondiale à l’intelligence artificielle l’Europe est encore à la traîne, loin derrière les géants chinois et américains, mais nous pouvons encore combler notre retard. À condition de s’en donner les moyens, de mettre le pied sur le frein de la surrèglementation, et d’investir dans une politique d’innovation courageuse permettant de faciliter l’accès des entreprises aux financements, aux compétences et aux marchés.

Il est évident qu’aujourd’hui, le développement économique et l’innovation dépendent largement de l’évolution des compétences numériques, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Si notre pays veut jouer un rôle dans la révolution industrielle 5.0, nous devons constamment anticiper et nous adapter aux évolutions technologiques. Le défi pour les entreprises est double : recruter du personnel qualifié tout en veillant à la mise à jour des compétences des salariés. C’est pourquoi la formation doit être au cœur des stratégies d’entreprise.

 

Souveraineté minérale

Début décembre 2023, le Parlement européen a approuvé un texte sur les matières premières critiques, fixant des objectifs pour la production, le raffinage et le recyclage des minéraux indispensables à la transition écologique et numérique. L’Europe est-elle en train de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine ? Cette législation va-t-elle faciliter la production de voitures électriques, de panneaux solaires, d’éoliennes et smartphones en Europe ? Quels effets produit-elle déjà sur le marché du travail ?

Les récentes crises ont démontré à quel point la France était dépendante des chaînes d’approvisionnements mondiales. Nous avons désormais pris collectivement conscience de la nécessité de retrouver un appareil de production performant et une culture industrielle forte. Cette indispensable souveraineté passe par la réduction de nos dépendances extérieures de l’Union européenne vis-à-vis des matières premières critiques. Le monde change, celui dominé par les énergies fossiles laissera bientôt sa place à un monde dominé par les matières premières minérales. Il sera sans carbone, mais riche en métaux : le marché du cuivre va doubler, celui du nickel va tripler, et celui du lithium va quadrupler au cours des dix prochaines années.

C’est pour cela que nous avons – dès mars 2023 – soutenu le règlement sur les matières premières critiques qui permettra d’identifier des projets stratégiques et sécuriser des chaînes d’approvisionnement. Pour garantir notre autonomie stratégique et contribuer au redressement de notre commerce extérieur, il faudra aller encore plus loin.

Tout d’abord, il est impératif de valoriser l’exploitation de minerais stratégiques tant en Europe qu’en France par des dérogations ponctuelles aux Codes minier et environnemental. La France dispose en la matière d’un savoir-faire historique qui lui a longtemps permis de compter parmi les principaux producteurs mondiaux de métaux stratégiques comme l’antimoine, le tungstène et le germanium. Dans ce sens, je salue l’initiative de l’entreprise Imerys qui s’apprête à exploiter la plus grande mine de lithium d’Europe dans l’Allier, capable de fournir assez de matière première pour produire 750 000 batteries par an. Ce projet répond à la fois aux enjeux d’indépendance énergétique, de réindustrialisation – et avec elle de création de richesse partout dans les territoires – et de décarbonation de notre mobilité.

Aussi, l’Europe doit aussi repenser ses relations avec les pays fournisseurs au travers d’une diplomatie des matières premières qui déboucherait sur des accords commerciaux larges et ambitieux, permettant le renforcement des coopérations, la négociation de quotas, ou encore l’élimination de tarifs douaniers. L’Union européenne devrait également chercher à réduire les écarts de compétitivité, en particulier dans les hautes technologies et l’économie numérique, et plus globalement garantir des conditions de concurrence équitables entre les entreprises de l’Union européenne et les concurrents chinois.

Bien évidemment, l’Union européenne et la Chine doivent renforcer leurs liens commerciaux et d’investissement, mais sans naïveté, en recourant aux instruments de défense commerciale pour dissuader la Chine de prendre des mesures unilatérales dommageables.

Enfin, notre stratégie ne pourra faire l’impasse du recyclage, qui doit être considéré comme un pilier essentiel de l’offre en matières premières critiques. Il convient d’une part d’accompagner les entreprises dans les démarches d’éco-conception des produits afin qu’elles réduisent leurs besoins en matières critiques (ou qu’elles les substituent) et d’autre part, d’allonger la durée de vie des produits afin que les matières critiques soient utiles plus longtemps.

 

Taxe carbone aux frontières de l’UE

À partir du 1er janvier 2026, les importateurs européens devront s’acquitter d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne. Celle-ci va-t-elle renchérir les coûts de production pour les entreprises ? Pensez-vous que cette taxe est de nature à inciter les industriels européens à relocaliser leurs approvisionnements en matières premières à haute intensité de carbone ou, à l’inverse, qu’elle les encouragera à délocaliser leurs productions dans des zones où les normes environnementales sont plus légères, voire inexistantes (Maroc, Turquie..) ?

Le Carbon Border Adjustment Mechanism (MACF) ou la « taxe carbone aux frontières » s’inscrit dans un contexte de crise énergétique et d’un accroissement du différentiel de compétitivité entre l’Union européenne et le reste du monde. Le Medef soutient le principe d’une taxe carbone ambitieuse aux frontières, mais avec une surveillance forte pour éviter son contournement par nos partenaires commerciaux. Le texte de l’Union européenne ne répond toutefois pas entièrement aux inquiétudes des industriels, notamment sur les risques de contournement, et fera peser de nouvelles lourdeurs administratives sur les importateurs.

La mise en œuvre du MACF s’accompagnera d’une élimination progressive des « quotas gratuits » qui pèsera sur la compétitivité des exportations européennes face à une concurrence étrangère qui n’aura pas essuyé le même coût du carbone en amont. Rexecode entrevoit une dégradation des comptes d’exploitation des entreprises de l’ordre de 45 milliards d’euros par an au niveau européen, et 4 milliards en France. Le MACF représente une perte de marges estimée à 2,1 milliards pour l’industrie française (soit une baisse de 2,7 % du résultat courant avant impôts). La mise en route du MACF menacerait plus de 37 500 emplois industriels, soit 1,5 % du total des emplois industriels en France.

Les risques de délocalisation dépendront des mesures adoptées pour lutter contre le contournement. Le MACF ne couvre que quelques grands intrants industriels, et non l’ensemble des chaînes de valeur. Si l’aluminium étranger produit hors de l’Union européenne sera bien taxé à la frontière, un produit fini ou semi-fini à base d’aluminium et transformé hors de l’Union européenne échappera au MACF.

L’importateur européen n’aura donc pas à en acquitter le coût du carbone, ce qui peut l’inciter à opter pour cette solution plutôt que de se tourner vers la filière de fabrication française qui aura payé un coût du carbone dans tous les cas de figure. Dans les prochains mois, il sera donc essentiel de faire un suivi précis et de mener des évaluations régulières pour corriger toute conséquence négative sur notre tissu industriel et les emplois, ainsi que sur notre compétitivité à l’export.

Ce texte est ainsi loin de résoudre toutes nos difficultés. C’est pourquoi il faut mobiliser l’ensemble des leviers pour réindustrialiser notre continent, tels que l’assouplissement des règles sur les aides d’État, le financement de l’innovation bas carbone et l’adaptation des formations pour répondre aux besoins des entreprises.

 

Crise du logement

En 2023, la crise du logement s’est installée en France. Les taux d’emprunt ont continué à monter, les ventes de logements neufs ont chuté de 30 %, les délivrances de permis de construire ont baissé de 23 %, les prix des loyers ont augmenté dans la majorité des grandes villes. Dans le secteur du bâtiment, 180 000 emplois sont menacés dès cette année, 500 000 d’ici à 2025. Les pouvoirs publics ont-ils pris conscience de la situation ? À quel point cette crise affecte-t-elle le fonctionnement du marché européen ? Que préconisez-vous pour sortir de la crise actuelle ?

Le logement, c’est le socle de la cohésion, une condition essentielle du dynamisme économique et du bien-être de nos concitoyens. Sans possibilité de loger à hauteur des besoins nos salariés, nous ne pourrons pas continuer à assumer la volonté de retour au plein-emploi qui est la nôtre.

Dans un contexte économique marqué par le renchérissement du coût des matières premières et la hausse des taux d’intérêts, la situation du logement en France est aujourd’hui critique. La situation ne fait que de s’aggraver, notamment sous le coup de décisions prises sans concertation avec les acteurs économiques : le zéro artificialisation nette (ZAN), la révision tous azimuts des documents de planification urbaine, et la chute de la délivrance des permis de construire.

En un an, la production de logements a chuté de 20 %. Ce sont 100 000 logements manquants qui sont venus s’ajouter aux 600 000 logements abordables non construits. Pour nous, chefs d’entreprise, il nous faut répondre aux besoins en logement des salariés, là où sont les emplois, c’est-à-dire largement dans les métropoles, et ne pas imaginer que les emplois vont miraculeusement se déplacer dans les zones détendues, hors marché, plus difficiles d’accès.

La crise du secteur de la construction se propage dans toute l’Europe, alors que le secteur est un pilier de l’économie, il pèse 6 % du PIB de l’Union européenne et emploie 14 millions de personnes. Le ralentissement est particulièrement marqué en Allemagne où l’indice de production – prenant en compte les logements, mais aussi les magasins, usines et autres bâtiments à usage professionnel – est en chute de plus de 6 points depuis la guerre en Ukraine.

Il est encore temps d’agir pour sortir de la crise et les réponses à apporter devront être en grande partie nationales. C’est pour cette raison que le Medef propose d’organiser avec les pouvoirs publics une conférence annuelle sur le logement avec pour but de passer en revue, territoire par territoire, les objectifs de production, les réglementations contreproductives et les réalisations effectives. Le logement est la pièce maîtresse de nos équilibres économiques, personnels et collectifs. La relance d’une politique de logement est plus que jamais d’actualité.

 

Éco-sabotage

L’année 2023 a été particulièrement marquée par les actions de blocage ou de sabotage d’activités économiques intentées par des collectifs radicaux comme Soulèvements de la Terre ou Extinction Rébellion. Occupations de cimenteries, destructions de mégabassines, mobilisations contre l’autoroute A69, leurs initiatives montent en puissance. Avez-vous estimé le bilan économique et social de leurs destructions ? Représentent-ils un danger réel pour la croissance et l’emploi en France ? En Europe ?

Je tiens à condamner fermement les actions de blocage ou de sabotage d’activités économiques intentées par des collectifs radicaux. Ces actes sont inadmissibles, inquiétants et préjudiciables à tous. Manifester est un droit, saccager est un délit. Il existe des voies de recours légales pour tous les projets d’infrastructures. C’est valable pour l’A69, pour le Lyon-Turin et pour tous les autres projets. Il est très difficile d’estimer précisément le bilan économique des destructions, mais cette flambée de violence a bien évidemment de graves conséquences économiques et sociales. Cela se traduit non seulement par d’irréparables pertes d’exploitation pour les entreprises touchées, pouvant conduire à du chômage partiel, voire à des destructions d’emplois. Cette situation se traduit aussi par une dégradation de l’image de la France qu’il faudra redresser.

Au Medef, cela ne vous étonnera pas, nous ne croyons pas à la thèse de la décroissance. Nous pensons même qu’elle est fondamentalement destructrice pour la cohésion sociale. Pourtant, nos objectifs sont communs : assurer l’avenir de la planète. Mais nos solutions divergent. Nous sommes convaincus que seule une croissance responsable permettra de relever le défi climatique en finançant les investissements et en assurant l’acceptabilité sociale de cette nécessaire transition. La croissance responsable, c’est non seulement la condition absolue pour financer la décarbonation de l’économie mais aussi pour continuer à créer des emplois, soutenir le pouvoir d’achat et maintenir l’équilibre de nos régimes sociaux.

 

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Rapport annuel de situation Covid planétaire du lundi 1er Janvier 2024 0h00 GMT

par Dominique Delawarde. La crise sanitaire Covid s'est poursuivie au cours de l'année 2023. J'ai donc fait un rapport final qui fait apparaître des dernières données factuelles bien étranges.

Après le pactole covid, Moderna parie sur de nouveaux produits pour stimuler ses ventes

La société Moderna, longtemps associée à son vaccin Covid, connaît un regain d’optimisme suite à la déclaration positive d’Oppenheimer. L’analyste d’Oppenheimer, Hartaj Singh a affirmé que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026. Suite à cette annonce, l’action de Moderna a grimpé. En effet, la fin de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid-19 a entraîné une diminution significative des revenus de la société biopharmaceutique en 2023.

2023 a été une année marquée par une baisse significative de la valeur des actions de Moderna. Cette baisse des bénéfices est principalement attribuée à la diminution de la demande de vaccins COVID-19. Malgré un marché du Covid en crise, les prévisions actuelles indiquent un potentiel de croissance stimulé par un pipeline diversifié. Les actions de Moderna ont clôturé en hausse de plus de 13 % mardi après qu’Oppenheimer a relevé le titre à « surperformance », affirmant que le fabricant de vaccins Covid pourrait commercialiser cinq produits d’ici 2026.

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Comment le Yémen a tout changé

par Pepe Escobar. Faisant partie de l'axe de la résistance, Ansarullah du Yémen est désormais un acteur clé dans un drame complexe à l'échelle de l'Eurasie qui redéfinit la connectivité du Heartland.

Imaginaire «jxxxf» ou imaginaire suif ?

par Mendelssohn Moses. À échelle de l’État Jabotinskien, se déroule le syndrome de l’enfant battu, où devenu grand celui-ci reproduit sur autrui les sévices qu’il a lui-même subi. Ou plutôt, imagine avoir subi.

Où en est-on sur les actions françaises ?

Dans le dossier N°8 paru en octobre 2022, nous vous avions expliqué les fondamentaux et la pertinence, dans la conjoncture de l’époque, de l’investissement en bourse, mais également notre stratégie FINTIC© pour investir au bon moment ainsi que notre sélection de 10 valeurs françaises (toutes issues du CAC40).

Depuis janvier 2023, la cote parisienne a rebondi de plus de 17% (hors dividende), ce qui pose aujourd’hui la question, épineuse, du « market-timing » : est-il encore temps en cette fin 2023 de rentrer sur les mêmes 10 valeurs de l’indice français ?

Aussi, vous présentons-nous dans ce dernier dossier de l’année :

– Le contexte de marché dans lequel évolue actuellement l’indice parisien ;

– La mise à jour du portefeuille proposé en octobre 2022.

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Les BRICS et l’Axe de la Résistance : Une convergence d’objectifs

par Pepe Escobar. Comment le Sud mondial multipolaire peut-il gérer un Occident impérialiste enragé, craintif et hors de contrôle, qui regarde dans l'abîme de l'effondrement moral, politique et financier ?

Avec le recul du Covid, les profits de Big Pharma s’effondrent

Mercredi, Pfizer a annoncé les prévisions de vente de son vaccin Covid-19. La société biopharmaceutique a prévu des bénéfices plutôt faibles. Après cette annonce, les actions des fabricants de vaccins Covid-19 ont chuté. Cette baisse des bénéfices projetée par Pfizer est principalement attribuée à la diminution de la demande de vaccins et de traitements liés au COVID-19.

Pfizer avait annoncé la hausse du prix de son vaccin contre le Covid-19 dès le premier trimestre 2023. Si les activités de Pfizer ont connu un développement remarquable pendant la période de pandémie, la fin de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid-19 aux États-Unis a entraîné une diminution significative de ses revenus au deuxième trimestre 2023.

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Record historique du CAC 40 : pas de raison de vendre pour autant

Par Alexis Vintray.

Alors que depuis 2000 le CAC 40 évoluait sous son record historique, il bat record sur record et est aujourd’hui 14 décembre pour la première fois au-dessus des 7600 points. Même si l’économie mondiale résiste bien malgré l’inflation, on peut s’interroger sur le fait que la bourse soit ainsi au plus haut dans un contexte qui reste anxiogène.

Alors faut-il prendre ses bénéfices ? Pas si simple…

 

Le CAC 40, un indice sans dividendes

Le premier point à garder à l’esprit est que le rendement d’une action provient de l’évolution de son cours, mais aussi des dividendes versés. Il est donc essentiel, en regardant un indice boursier, de savoir s’il inclut les dividendes ou non. Le CAC 40 tel qu’on le connait généralement ne les inclut pas, seul le CAC 40 GR le fait.

Le CAC 40 « usuel » minore donc largement la création de valeur réalisée par les sociétés qui y sont cotées. En regardant le CAC 40 GR, la hausse est impressionnante :

 

Rendez-vous compte : en mars 2021 d’après les calculs du Revenu : le CAC 40 GR gagnait 25 % sur trois ans, 63 % sur cinq ans, et 124 % sur dix ans contre respectivement +17 %, +53 % et +106 % pour le Dax.

Le S&P 500 américain dividendes réinvestis reste largement devant sur toutes ces périodes. Sur 10 ans, la hausse est de… 265 %. En performances annualisées, le CAC 40 GR a rapporté 8,4 % par an sur dix ans. C’est presque deux fois plus que le CAC 40 classique (+4,3 %). En 2023, la tendance n’a pas changé et les chiffres sont dans la même veine.

De quoi laisser songeur devant les 0,5 % du livret A qu’on connaissait encore il y a peu, et qui sont le bon benchmark sur la période. Même face au 3 % actuels, l’indice boursier écrase la concurrence. Avec un niveau de risque différent évidemment.

 

Le record historique du CAC 40, c’est fréquent en fait !

Si cette hausse pourrait laisser songeur sur la valorisation des marchés boursiers, il ne faut pas oublier que les marchés financiers sont bien souvent sur leurs points hauts. Le record de 2000 a en fait été battu déjà en 2007. Puis celui de 2007 a été battu en 2015. Et depuis battu chaque année.

Février 2020 était déjà un plus haut historique pour le CAC 40 dividendes réinvestis, à près de 16 500 points. Ce record a été battu dès mars 2021, malgré la crise du covid, à la faveur des espoirs apportés par la vaccination. Depuis, l’accélération de la croissance mondiale l’a porté encore bien plus haut, à plus de 22 000 points désormais, un record comme pour le CAC 40 hors dividendes, évidemment. Lors de notre dernier article sur le plus haut historique du CAC, en 2021, nous n’étions qu’à moins de 20 000, et c’était déjà un plus haut.

Cette tendance des marchés boursiers à toujours battre leur record et à évoluer la majeure partie du temps sur des niveaux record est particulièrement visible sur le graphique ci-dessous, repris de engaging-data.com.

Les bourses comme le CAC 40 au plus haut historique, c'est fréquent !

En vert les jours où le S&P 500 (principal indice américain) était à moins de 1 % du dernier plus haut historique. En bleu à moins de 5 %, en jaune à moins de 10 % , en orange à moins de 20 % et en rouge à plus de 20 %. Vous l’aurez remarqué, le vert prédomine, et le rouge ne dure pas. Surtout, les marchés retombent très rarement à leurs plus bas d’avant la phase de croissance.

 

Attention aux biais psychologiques quand on investit

Il est humain de vouloir acheter au meilleur prix. Craindre d’investir quand on est proche d’un point haut est un biais psychologique compréhensible. Mais, on l’a vu, c’est un biais très coûteux si l’on se fie au passé.

L’explication en est simple : prédire le marché est impossible, même pour des professionnels qui y consacrent leurs journées, avec des moyens bien supérieurs à ceux de l’épargnant lambda.

Ainsi, l’étude SPIVA, qui fait référence, a montré une fois de plus en 2020 que 90 % des gérants de fonds n’ont pas réussi à faire mieux que l’indice boursier qu’ils suivent ! En cause très fréquemment, l’envie des gérants de « timer le marché ». Cela signifie parier sur l’évolution future de la bourse, généralement à la baisse. Vu que le marché est tendanciellement haussier, ne pas investir devient vite très coûteux si le marché ne baisse pas. Au final, comme le dit l’adage boursier : « Time in the market is better than timing the market ». Même en achetant au plus haut.

Le lecteur curieux pourra par exemple regarder cette vidéo intéressante de Zone Bourse :

La meilleure façon d’investir en bourse

Dans ces conditions, on comprend pourquoi il est inutile voire néfaste d’essayer d’investir « au meilleur moment ». Comme le dit un autre adage boursier, le meilleur moment pour investir c’était lors du dernier krach. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.

Mais investir au plus haut peut inquiéter, et l’investisseur prudent pourra vouloir limiter son risque. L’approche consensuelle dans ces conditions est de faire un investissement progressif si vous avez une grosse somme à placer, par exemple étalé sur six mois. Si c’est le fruit de votre épargne, avec un versement mensuel régulier, encore mieux !

À lire aussi :

 

Et si vous n’avez pas déjà de PEA

Les banques en ligne sont toujours bien plus avantageuses que les banques classiques et proposent toutes le PEA. En plus, on vous donnera de l’argent pour le faire en plus des économies de frais bancaires, comme Boursorama qui aura l’offre boursière la plus complète. En termes de frais de courtage si vous investissez en bourse, Fortuneo sera probablement le meilleur choix pour vous.

Sur le web

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Maffesoli : pourquoi je suis réactionnaire, mais pas conservateur

Michel Maffesoli est un contributeur régulier du Courrier des Stratèges. C’est aussi l’un des sociologues de référence pour notre époque, excellent analyste de l’imaginaire et théoricien du post-modernisme. Il a bien voulu nous consacrer une interview qui n’est pas loin de la confession, pour parler de la violence, des soulèvements, et de sa perception du monde. Voilà une excellente occasion de nous redire pourquoi il ne se considère pas comme conservateur, mais comme réactionnaire !

Face à la perte de repères qui domine tant notre société (et déboussole tant une grande partie de nos contemporains), il est plus que jamais nécessaire de donner un sens, une profondeur, aux mouvements collectifs qui nous agitent. Michel Maffesoli intervient ici comme un précieux indicateur pour mieux comprendre la mutation qui traverse la société actuelle.

L’émergence du post-modernisme pose la question du conservatisme et de la réaction. Il a bien voulu y répondre.

[Enquête II/II] Les victimes de Wagner au Mali souhaitent le retour de Barkhane

Cet article constitue la seconde partie de mon enquête sur le double ethnocide des Touareg et des Peuls au Mali, dont le premier volet a été publié le 20 novembre. Pour mieux comprendre l’effondrement sécuritaire et humanitaire que traversent les populations peules et touarègues du nord du Mali, j’ai interrogé les victimes de Wagner sur l’évolution de leurs conditions d’existence depuis le départ des Français.

Depuis deux ans, le régime putschiste installé à Bamako ne cesse d’accuser la France, tantôt de « néocolonialisme », tantôt d’« abandon », mettant en avant le slogan de la « souveraineté retrouvée du Mali ». Dans les faits, la junte de Bamako a transféré son autorité aux mains du groupe paramilitaire russe Wagner, et s’aligne publiquement sur les positions du Kremlin.

Au nord du Mali, les témoins Peuls et Touareg ont constaté une « amplification de l’insécurité » depuis le départ de Barkhane. Tous, à leur manière, m’ont confirmé que « les jihadistes ont repris du terrain » et que leurs attaques se sont « multipliées ». D’autre part, ils ont fait la connaissance des « monstres » de Wagner.

 

Les Forces Armées du Mali (FAMa) sous commandement russe ?

Sur le terrain en tout cas c’est limpide. Les témoins des crimes de Wagner ont pu observer à de nombreuses reprises la subordination des soldats maliens aux paramilitaires russes. Si les forces armées maliennes participent aux crimes de guerre des Wagner, il semble que les soldats maliens soient aussi victimes d’exactions de la part des paramilitaires russes.

Lorsque j’ai demandé aux victimes de Wagner de se souvenir comment ces derniers se comportaient avec les FAMa au moment des massacres et des pillages, j’ai entendu des réponses plus ou moins détaillées mais qui allaient toutes dans le même sens que celle donnée par ce berger peul : « les FAMa sont aux ordres des Wagner ».

Certains témoins ont décelé de la « frustration » parmi les militaires maliens tenus à l’écart lors des réunions de commandement ou forcés à obéir sous peine d’être torturés ou exécutés. Le 9 octobre 2023, à Anéfis, plusieurs civils ont vu 6 soldats maliens se faire égorger ou fusiller par des éléments de Wagner à la suite d’un désaccord sur le partage des biens pillés et sur le sort à réserver aux populations locales.

Le régime de Bamako n’a pas retrouvé sa souveraineté en rompant ses accords de coopération militaire avec la France. Il l’a transférée à une milice paramilitaire qui dirige, dans les faits, son armée régulière.

 

« Ne comparez pas Barkhane et Wagner. Ils sont comme l’eau et le lait » 

Les témoins Peuls et Touareg avec lesquels j’ai pu échanger ont vécu à proximité de bases militaires françaises qui ont été investies par le groupe Wagner et les Forces Armées Maliennes (les FAMa) à la fin de l’opération Barkhane. Ils décrivent l’arrivée de Wagner comme un changement de monde. Le professionnalisme de l’armée française a cédé la place à la barbarie des paramilitaires russes :

« La force Barkhane était respectueuse des gens, ils sont bien éduqués, polis. Barkhane aidait les gens. Wagner n’est comparable qu’avec l’armée malienne ou les terroristes. C’est des gens sans foi ni loi. »

« Barkhane ne s’attaque pas aux civils sans armes. Wagner attaque les civils et les animaux. Barkhane respect les droits de l’homme contrairement à Wagner à qui le gouvernement du Mali a donné carte blanche pour exterminer les touaregs et les arabes. »

« Wagner tue à sang froid, alors que barkhane au pire ils arrête et emmène les gens dans leur hélicoptère »

« Wagner et barkhane c’est ni le même comportement ni le même mode opératoire ni la même mission. Barkhane cherchais des terroristes. Tout ceux qui ont des liens avec les terroristes peuvent être arrêtés avec l’espoir de si aucune preuve irréfutable n’as été trouvé ils serrons remis en liberté mais Wagner c’est tout as fait le contraire. Tout ceux qu’elle croise en brousse sont des terroristes ou des rebelles qu’il faut abattre à tout prix. Tels sont les ordres qui leurs ont été donné par les militaires aux pouvoirs. »

« Barkhane donnait des médicaments et finançait des projets. Mais par contre Wagner brûlent, volent et torturent. »

 

Une armée régulière respectueuse des droits de l’Homme : avant son départ, l’armée française avait bâti des liens de confiance avec les populations locales

Au nord du Mali, le démantèlement de Barkhane a entraîné une hausse du chômage et de l’insécurité. Ceux qui ont côtoyé les soldats français témoignent de rapports respectueux et d’actions de solidarité qui contrastent considérablement avec les exécutions, les arrestations arbitraires et les pillages menés par le groupe Wagner :

« Barkhane respectait le DIH [Droit International Humanitaire] en t’arrêtant ils cherchaient d’abord les pièces d’identification, ils passaient tes doigts dans leurs machines ce qui permettait de t’identifier facilement, dès que cela est fait il te posait des questions de routines sur ton voyage, ta personne rien de compliqué. Mais c’est carrément tout le contraire avec Wagner qui est au service du gouvernement, il est en quelques sortes la Main de Guerre de ce gouvernement de Transition qui tue avec lâcheté les paisibles citoyens pour qui leurs seules crimes est l’appartenance au nord du Mali »

« Barkhane chez nous dans région Menaka et contribuait à la stabilite sociale. Elle faisait des patrouilles hors la ville et la ville était bien sécurisée. Ils organisaient des tournois entre eux et les quartiers et les quartiers entre eux même. Au faite l’idée de les chassés était une décision irréfléchie ils ont laissé un grand vide sur tout les plans »

« Les forces barkhane étaient présentes et avaient quelque interactions avec les populations en intervenant dans plusieurs domaine dont le principal était la sécurité mais aussi en faisant des programmes d’aide sociale. »

« Barkhane était dans notre zone. J’étais dans la zone de Bir Khan de 2014 à 2019, et je n’ai vu aucun mal de Barkhane envers les habitants. Au contraire, j’y vois un soulagement et une sécurité pour la zone. Par exemple, il a sécurisé la voie publique, et je ne l’ai jamais vu arrêter un innocent. Je les ai également vus effectuer des patrouilles d’infanterie à Birr presque la nuit. Il était 3 heures du matin, mais aucun d’eux ne m’a parlé. »

« Chez nous a douentza, barkhane finançait les projets, ils sont humains »

« Les forces barkhane nous soutenait, ils nous apportait les nourritures et médicaments »

 

La grande majorité des victimes de Wagner interrogées souhaitent le redéploiement de Barkhane au Mali

Les réponses des victimes de Wagner tranchent singulièrement avec la propagande anti-française de la Russie, et avec les mots durs de la junte bamakoise sur la coopération militaire entretenue ces dix dernières années avec la France.

À la question fermée « êtes-vous favorable à une intervention de l’armée française et des armées européennes pour neutraliser Wagner » je n’ai pas reçu une réponse négative. La grande majorité des témoins que j’ai interrogés m’ont répondu « oui » (« oui, que Dieu fasse », « Oui et dans le plus vite », « Oui, oui, oui, oui, oui », « oui, à 1000 % et je les soutiendrai de toutes mes forces », « totalement, oui »…) sans distinction d’ethnie ni de classe sociale. Qu’ils soient Peuls ou Touaregs, notables en exil, chômeurs, bergers, mères au foyer, les victimes de Wagner et de la junte bamakoise sont favorables au redéploiement de la mission anti-terroriste de Barkhane et ont vécu son retrait comme une « erreur » et un « abandon ». Sur l’ensemble des témoins que j’ai consultés sur cette question, je n’ai pas entendu une réponse négative. Un jeune commerçant et une mère au foyer Touareg ont apporté des nuances à l’élan d’enthousiasme que ma question suscitait chez leurs coreligionnaires. Le premier m’a confié douter que la France n’intervienne. Selon lui « Le problème est que Wagner représente la Russie et aucun pays du monde n’osera s’attaquer au Wagner car s’attaquer au Wagner c’est s’attaquer à la Russie « . La seconde m’a confié qu’elle était plus favorable à une solution diplomatique qu’à la « voie des armes et de la force ».

Il ne s’agit bien sûr que d’un symbole, leurs témoignages (rapportés, qui plus est) ne pouvant servir de mandat. Cependant leurs réponses permettent de nuancer la propagande anti-française déployée par les juntes sahéliennes, par les médias africains anciennement financés par la galaxie Prigogine et par les discours de Moscou présentant la France comme une puissance coloniale en Afrique.

Depuis 2016, la Russie a réinvesti le continent africain en se présentant comme une alternative à l’« impérialisme français » en Centrafrique, au Mali, au Burkina Faso… En instaurant un régime de terreur au nord du Mali, les paramilitaires de Wagner ont contribué à faire renaître un sentiment pro-français. La présence militaire française au Sahel n’a pas été sans bavures, mais contrairement à Wagner, les soldats français respectaient, soutenaient et protégeaient les populations locales. Et elles s’en souviennent.

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Et pendant ce temps-là, les BRICS tissent leur toile…, par Jean Goychman 

La scission qui partage l’humanité entre l’Occident et le reste du monde s’accroît jour après jour.Le 21 novembre, les BRICS en formation élargie ont tenu, à l’initiative de l’Afrique du Sud, un sommet virtuel consacré aux combats qui se déroulent dans Gaza.


Ainsi que l’a fait remarquer Vladimir Poutine, ce sommet réunissait plus de moitié de la population mondiale et cela pose à l’Occident un vrai problème. L’élite financièro-mondialiste qui a entrepris depuis près de deux siècles de dominer le monde afin d’installer une autorité mondiale a choisi comme moyen pour y parvenir de prendre le contrôle de l’émission monétaire mondiale.

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Comment l’humain réagit-il face à l’inimaginable ?

La prise de conscience qu’on se trouve face à un phénomène inédit est extrêmement difficile car celui-ci n’entre pas dans nos modèles mentaux. L’adaptation de ces derniers, nécessaire pour rendre compte de la nouvelle réalité et lui donner un sens, peut prendre longtemps, ce qui retarde notre réponse.

Cette difficulté est très bien illustrée par la réaction de deux journalistes qui commentaient en direct les attentats du 11 septembre 2001.

La chaîne de télévision NBC New York démarre sa couverture en direct dix minutes seulement après le premier impact sur une des tours du World Trade Center. Pendant les douze premières minutes de la retransmission, les deux journalistes décrivent ce qu’ils voient. Ils savent qu’un avion a percuté la tour, mais ils n’envisagent pas une attaque.

Puis quelque chose d’hallucinant se produit : à la douzième minute, un avion apparaît en haut à droite de l’écran et vient percuter la seconde tour. S’ensuit une énorme explosion à 12 min 30 s. Les journalistes commentent alors cette explosion, mais ne semblent pas avoir vu l’avion, masqué par la première tour. Ils continuent à parler et, là encore, ne pensent pas un instant que la seconde explosion, dans une tour séparée, à quelques minutes d’intervalle, alors qu’on sait que la première est due à un avion, est probablement elle aussi due à un avion, et que ça ne peut donc pas être un accident. Ils continuent de parler d’explosion. La lenteur de prise de conscience est stupéfiante.

À 15 min 22 s, l’un des journalistes repasse la vidéo, mais seulement les quelques secondes qui précèdent l’explosion, ce qui fait qu’on ne voit pas l’avion arriver (il est masqué par la première tour déjà touchée). Pour la première fois, il envisage la possibilité d’un second avion, mais ne poursuit pas.

Puis à 17 min, un auditeur intervient par téléphone et fait remarquer aux deux journalistes que leurs propres images montraient bien un second avion. La chaîne repasse donc l’enregistrement plus en amont, et cette fois, l’avion apparaît sans aucun doute.

À 18 min 32 s, l’un des journalistes envisage une attaque délibérée.

Pourtant, à 26 min, en résumant ce qu’elle sait, l’autre journaliste précise aussitôt : « Je ne devrais pas appeler cela une attaque. »

En apprenant que le FBI vient d’annoncer une enquête sur le détournement de deux appareils, le premier journaliste, avec beaucoup d’hésitation, répète « attaque terroriste », mais sa collègue le reprend en précisant qu’on n’en sait pas assez, et qu’il n’est pas certain que les deux faits soient liés.

Donc, deux avions percutent chacun une tour à 20 minutes d’intervalle, deux témoins assurent que les avions volaient très bas et sont directement allés percuter les tours, mais l’idée d’une attaque semble toujours inimaginable aux deux journalistes.

À 29 min, le journaliste cite à nouveau le FBI, suggérant une attaque délibérée, mais là encore, avec une grande prudence.

À 38 min, les journalistes interrogent à l’antenne un pilote professionnel, témoin de la première attaque. Le pilote précise que l’avion est allé directement vers la tour, et qu’il ne montrait aucun signe de problème technique ou de détresse. Puis il est interrompu par la déclaration du président Bush qui évoque clairement une attaque terroriste. La journaliste résume cependant l’intervention en parlant d’une attaque terroriste présumée. L’entretien avec le pilote reprend. Celui-ci précise qu’en aucune façon un avion commercial n’aurait dû se trouver dans cette zone et à cette altitude. Il ajoute qu’un pilote en difficulté aurait pu éviter les tours sans aucun ­problème.

Il conclut : « Quiconque était aux commandes a foncé délibérément dans la tour. »

Pourtant, les deux journalistes évoquent encore une « probable » attaque terroriste, plus de 40 minutes après le début du reportage, 50 minutes après le ­premier impact.

Et puis, à 52 min, l’annonce de l’attaque du Pentagone intervient, et clôt le débat.

Il a fallu près d’une heure aux deux journalistes pour admettre sans réserve qu’il s’agissait d’une attaque terroriste, alors que les faits étaient sans ambiguïté dès le deuxième impact.

Il ne s’agit pas de mettre en cause les deux journalistes, mais de bien souligner une fois encore la difficulté qui était la leur d’admettre qu’ils étaient face à une situation totalement inédite. Rien n’est plus triste que la mort d’une illusion, remarquait Arthur Koestler. Rien n’est plus difficile non plus à abandonner.

 

Les surprises ne sont ainsi pas des situations binaires, où il y aurait un avant – aveuglement – et un après – réaction – bien nets.

Il y a un entre-deux, qui peut se révéler extrêmement long, de prise de conscience durant lequel on sent que quelque chose se passe, mais ce quelque chose n’entre pas dans nos modèles mentaux. Il ne peut donc pas être correctement pris en compte. Cet entre-deux peut durer quelques minutes, comme dans l’exemple des deux journalistes, quelques jours, comme au tout début de la crise liée au covid quand les experts nous rassuraient en expliquant qu’il n’était qu’une mauvaise grippe, ou quelques années, comme dans le cas des ruptures que vivent les organisations.

Sans qu’il y ait de solution facile à cette difficulté, une sensibilité accrue aux anomalies rencontrées qui ne cadrent pas avec notre modèle est indispensable. Elle se développe par un travail explicite sur nos modèles mentaux, et sur la création de mécanismes organisationnels destinés à faire de ce travail une habitude. Les anomalies ne doivent ainsi pas être ignorées comme des aberrations, mais étudiées comme des signaux possibles d’une faiblesse de nos modèles.

Sur le web.

La liberté n’a pas de prix, mais elle a un coût : objectif 100 000 euros pour soutenir Contrepoints

Au nom de toute l’équipe de Contrepoints – rédaction salariée, auteurs contributeurs et bénévoles – j’ai le plaisir de vous annoncer le lancement de notre collecte de fonds annuelle pour nous permettre de continuer notre mission en 2024 !

Campagne de dons 2023 ContrepointsObjectif : 100 000 euros

Pour continuer à atteindre des millions de lecteurs en 2024, nous avons besoin de 100 000 euros avant le 31 décembre. C’est finalement bien peu au regard des centaines de millions d’euros de subventions dont l’État arrose chaque année la presse d’information avec votre argent.

À l’inverse, Contrepoints s’est donné pour éthique de ne jamais vivre d’un argent prélevé par la force. Notre rédaction continue régulièrement de se développer, et nous devons assurer une infrastructure solide et fiable. Et vous savez mieux que quiconque qu’il n’existe pas de repas gratuit, ni d’information de qualité sans un travail rigoureux et quotidien.

 

La liberté n’a pas de prix, mais elle a un coût

Contrepoints reste accessible gratuitement, car nombre de nos lecteurs – en particulier les plus jeunes – sont coincés entre le marteau fiscal et l’enclume de l’inflation.

Contrepoints est d’ailleurs le seul journal qui traite sérieusement des causes profondes de l’inflation : la création monétaire en roue libre ! Ce travail d’information, de pédagogie et d’analyse est laborieux, parfois répétitif, et il se heurte encore à des idées étatistes séduisantes. Ne vous y trompez pas, la réalité ne se plie pas aux désirs des adorateurs de l’État. Peut-être devrons-nous aller jusqu’à la faillite budgétaire et morale, mais le bon sens finira par l’emporter.

 

Soutenons la liberté, la guerre n’est pas une fatalité

Le climat social fracturé et une atmosphère de guerre imminente – intérieure comme extérieure – favorisent les extrémistes.

Leurs solutions simplistes ne résoudront rien mais vous ruineront à coup sûr : il ne tient qu’à vous de faire entendre la voix de la raison, de la paix et de la liberté sans laquelle la fraternité est un vain mot. Il faut convaincre nos concitoyens de compter sur l’individu libre et créatif plutôt que sur les administrations obèses et déshumanisées.

Nous le faisons sans relâche depuis bientôt 15 années, et c’est grâce à vous chers lecteurs.

Mais si Contrepoints s’est imposé dans le paysage médiatique, c’est aussi et surtout grâce à ceux d’entre vous qui ont fait un pas en avant et ont choisi de nous aider à les défendre contre le culte de l’État omnipotent. Notre structure repose presque entièrement sur les milliers de petits donateurs qui nous soutiennent déjà. Pourrons-nous également compter sur vous afin de poursuivre l’aventure en 2024 ? Nous aiderez-vous à être lus par tous ceux qui n’ont jamais connu de la tradition libérale que ce qu’en disent France Inter ou Alternatives Économiques ?

 

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Pour les résidents fiscaux français, les dons faits à Contrepoints sont déductibles de vos impôts. Pour les personnes physiques, sur 100 euros de dons, vous n’en payez que 34 euros. Pour les personnes morales, sur 100 euros de dons, vous n’en payez que 40 euros. Fléchez votre impôt vers ce qui vous importe.

Votre dévoué,

Arnaud Le Vaillant De Charny

Président de l’association liberaux.org
Directeur de publication de Contrepoints

Arnaud Le Vaillant 2023

 

 

Guerre russo-ukrainienne : Le bilan

par Big Serge. Nous semblons enfin avoir atteint une phase de dénouement, où ce point de vue devient inéluctable : la Russie est un plus grand combattant avec une batte beaucoup plus grande.

Javier Milei profite de la perte de confiance en l’État des Argentins

Le 19 novembre est le jour du second tour des élections en Argentine entre le péroniste Sergio Massa et l’anarcho-capitaliste Javier Milei.

Dans les années à venir, l’Argentine pourrait être gouvernée par un pro-capitaliste passionné. Ce serait un évènement qui marquerait un changement fondamental dans l’attitude des Argentins vis-à-vis de l’économie de marché et du rôle de l’État. Mais ce changement, en réalité, se profile à l’horizon depuis un certain temps.

Au cours des deux dernières années, j’ai étudié le mouvement libertarien dans 30 pays. Je n’ai rencontré dans aucun de ces pays un mouvement libertaire aussi fort qu’en Argentine. En temps normal, lorsqu’un pays traverse une crise grave, un grand nombre de personnes ont tendance à se tourner vers l’extrême gauche ou l’extrême droite de l’échiquier politique. En Argentine, les libertariens sont les phares de l’espoir, en particulier pour les jeunes. Parmi les électeurs de moins de trente ans, une majorité a voté pour Milei.

Les élections se déroulent dans le contexte d’une crise économique dramatique, avec un taux d’inflation de plus de 100 %, l’un des plus élevés au monde. Il n’y a probablement aucun pays qui se soit dégradé de manière aussi spectaculaire au cours des 100 dernières années que l’Argentine. Au début du XXe siècle, le revenu moyen par habitant était l’un des plus élevés au monde, comme en témoigne l’expression, courante à l’époque, de « riche comme un Argentin ». Depuis, l’histoire de l’Argentine est marquée par l’inflation, l’hyperinflation, les faillites d’État et l’appauvrissement. Le pays a connu neuf faillites souveraines au cours de son histoire, la dernière datant de 2020. Une histoire tragique pour un pays si fier qui était autrefois l’un des plus riches du monde. L’inflation a été à deux chiffres chaque année depuis 1945 (sauf dans les années 1990).

 

L’Argentine a été dirigée par des étatistes pendant des décennies et il est aujourd’hui l’un des pays les moins libres du monde sur le plan économique.

Dans l’indice de liberté économique 2023 de la Heritage Foundation, l’Argentine se classe 144e sur 177 pays – et même en Amérique latine, seuls quelques pays (en particulier le Venezuela) sont moins libres économiquement que l’Argentine. À titre de comparaison : bien que sa position se soit dégradée depuis l’arrivée au pouvoir du socialiste Gabriel Boric en mars 2022, le Chili est toujours le 22e pays le plus libre économiquement au monde, et l’Uruguay est le 27e (les États-Unis sont 25e).

Pour l’opinion populaire cependant, de nombreux Argentins en ont tout simplement assez du péronisme de gauche et se détournent de l’étatisme qui a dominé leur pays pendant des décennies. Dans un sondage que j’ai réalisé l’année dernière, l’Argentine faisait partie du groupe de pays où les gens étaient les plus favorables à l’économie de marché. Du 12 au 20 avril 2022, j’ai demandé à l’institut d’études d’opinion Ipsos MORI d’interroger un échantillon représentatif de 1000 Argentins sur leur attitude à l’égard de l’économie de marché et du capitalisme.

Tout d’abord, nous avons voulu savoir ce que les Argentins pensent de l’économie de marché.

Nous avons présenté aux personnes interrogées en Argentine six énoncés sur l’économie de marché dans lesquels le mot capitalisme n’était pas utilisé. Il s’est avéré que les affirmations en faveur d’une plus grande influence de l’État ont recueilli le soutien de 19 % des personnes interrogées, et que les affirmations en faveur d’une plus grande liberté du marché ont été approuvées par 24 % d’entre elles.

En Argentine, l’affirmation « Dans un bon système économique, je pense que l’État ne devrait posséder des biens que dans certains domaines ; la majeure partie des biens devrait être détenue par des particuliers » a reçu le plus haut niveau d’approbation. L’affirmation « La justice sociale est plus importante dans un système économique que la liberté économique » a reçu le plus faible niveau d’approbation.

Nous avons mené la même enquête dans 34 autres pays et n’avons trouvé que cinq pays (Pologne, États-Unis, République tchèque, Corée du Sud et Japon) dans lesquels l’approbation de l’économie de marché était encore plus forte qu’en Argentine ; dans 29 pays, l’approbation de l’économie de marché était plus faible.

En outre, tous les répondants se sont vu présenter 10 termes – positifs et négatifs – et ont été invités à choisir ceux qu’ils associaient au mot capitalisme, ainsi qu’à répondre à 18 autres questions sur le capitalisme.

Le niveau de soutien au capitalisme n’était pas aussi élevé que dans la première série de questions sur l’économie de marché, où le terme capitalisme n’était pas utilisé. Mais même lorsque ce mot était mentionné, notre enquête n’a trouvé seulement sept pays sur 35 dans lesquels l’image du capitalisme est plus positive qu’en Argentine, contrairement à 27 pays dans lesquels les gens ont une opinion plus négative du capitalisme qu’en Argentine.

C’est pourquoi un partisan avoué du capitalisme comme Javier Milei, professeur d’économie autrichienne, a des chances de remporter les élections dans le pays.

Milei est entré en campagne électorale en appelant à l’abolition de la banque centrale argentine et à la libre concurrence entre les monnaies, ce qui conduirait probablement à ce que le dollar américain devienne le moyen de paiement le plus populaire. Il a également appelé à la privatisation des entreprises publiques, à l’élimination de nombreuses subventions, à une réduction des impôts ou à la suppression de 90 % d’entre eux, ainsi qu’à des réformes radicales du droit du travail. Dans le secteur de l’éducation, Milei a demandé que le financement soit remplacé par un système de bons, comme l’avait proposé Milton Friedman.

Par ailleurs, l’Argentine est un exemple de l’importance des groupes de réflexion (think-tanks) pour ouvrir la voie à des changements intellectuels, qui sont ensuite suivis par des changements politiques. En Argentine, par exemple, il s’agit de la Fundación para la Responsabilidad Intelectual et de la Fundación para la Libertad ou Federalismo y Libertad.

J’ai rencontré des groupes de réflexion libertaires dans 30 pays, mais ils sont rarement aussi actifs que ceux d’Argentine. Reste à voir si les graines qu’ils ont semées porteront leurs fruits le 19 novembre.

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La création monétaire peut-elle sauver la planète ?

Le Ministère du futur est le titre du dernier livre de Kim Stanley Robinson, un grand auteur de science-fiction qui se revendique de la gauche et de l’utopie.

 

L’avenir, c’est le passé

La thèse qu’il défend dans ce roman est que nous n’avons plus le temps d’inventer un modèle économique alternatif pour assurer « la survie de la biosphère ». La seule approche réaliste pour y parvenir serait de recycler d’urgence « de vieilles idées en les poussant plus loin ».

À ses yeux, John Maynard Keynes est l’auteur de la principale de ces vieilles idées lorsqu’il énonce qu’étant à l’origine de la création monétaire, les banques centrales ont la capacité de l’orienter pour résoudre le problème le plus grave du moment, soit le chômage hier et le changement climatique aujourd’hui.

Jézabel Couppey Soubeyran n’a peut-être pas lu Le Ministère du futur, mais la tribune qu’elle a signée récemment dans Le Monde suit la même piste.

Elle y souligne à juste titre que bien des dépenses nécessaires à la transition écologique ne sont a priori pas rentables. On note, ce qu’elle ne fait pas, que c’est déjà le cas de toutes les dépenses régaliennes et de bien d’autres qui, elles aussi, nécessitent un financement public.

La difficulté est que déjà très dégradées, les finances publiques de la plupart des pays, et de la France en particulier, ne sont pas à même de prendre en charge ces dépenses supplémentaires.

 

Le retour de la planche à billets

Qu’à cela ne tienne !

Si on voit les choses de très haut, comme le font des adeptes de la macro-économie, on peut agir sur le système économique en maniant deux types de levier.

Le premier est l’impôt. C’est la voie qu’emprunte le rapport Pisani-Ferry en prônant la création d’un « ISF vert ». Le moins qu’on puisse dire est que cette proposition passe mal dans un pays déjà très surtaxé.

D’où l’idée de recourir à la monnaie qui est le deuxième levier. Jézabel Couppey Soubeyran s’en saisit en proposant la création, autant qu’il le faudra, de « monnaie sans dette » par les banques centrales qui s’uniraient dans un même élan de coopération pour vaincre l’hydre climatique.

 

Haut les cœurs !

En effet, selon elle, la monnaie-dette, « pilier du capitalisme », « exclut les investissements socialement ou environnementalement indispensables ».

Il faut donc se libérer de ce carcan, en désencastrant la création de monnaie du marché de la dette, c’est-à-dire en l’émettant jusqu’à plus soif, sans contrepartie. Dans cette hypothèse, il va de soi que les banques centrales perdraient leur indépendance, alors qu’elle est la seule garantie d’un minimum de stabilité monétaire. Elles seraient purement et simplement aux ordres des autorités politiques.

Il suffisait d’y penser, en ayant soin d’occulter les échecs flagrants du passé, comme la faillite du système de Law ou le naufrage des assignats.

Pourquoi d’ailleurs, comme le préconise aussi Kim Stanley Robinson, ne pas pousser plus loin cette idée en mettant la création monétaire, non seulement au service de la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi à celui de tous les objectifs collectifs (fixés par qui ? comment ?) dès lors qu’on peut les placer « sous les signes du non marchand, du social et de l’écologie » ?

Force est d’ailleurs de constater que le périmètre de ces dépenses indispensables mais estimées non rentables, et donc à financer par création monétaire, n’est jamais clairement défini par la tribune. Une bonne part de celles qu’elle pointe, comme le traitement des eaux usées ou la collecte des déchets, sont d’ailleurs déjà très bien assurées par des groupes privés.

En tout état de cause, la frontière entre les activités qui à un moment donné sont rentables et celles qui ne le sont pas n’est pas fixe. Elle ne cesse d’évoluer sous l’influence des forces du marché qui n’est pas une « fabrique du diable » comme le prétendent ceux qui se réclament de Karl Polanyi, mais le processus le plus apte à trouver des solutions viables.

 

La Gosbank revisitée

Si on suit madame Couppey Soubeyran, comme au bon vieux temps de l’URSS, les banques centrales émettraient donc de la monnaie sans contrepartie et sans motif autre que l’exécution des directives d’une autorité de planification centralisée.

La somme correspondante serait alors inscrite sur le compte d’une société financière publique (dirigée par qui ? selon quelles règles ?) qui distribuerait la manne pour réaliser des projets d’investissement, sélectionnés justement parce qu’ils ne sont pas rentables.

Les Shadoks ne sont pas loin.

 

Taxer pour éponger

Surgit alors sous la plume de l’auteure une question candide : faut-il craindre que cela soit inflationniste ?

Elle reconnaît bien volontiers que ça le serait inévitablement, d’autant plus qu’à la différence de la monnaie standard qui disparaît quand la dette sous-jacente est remboursée, celle-ci aurait une durée de vie illimitée et s’accumulerait indéfiniment.

Alors que faire ? Sans surprise, la réponse est de taxer in fine tout ce qui peut l’être pour retirer cette monnaie du circuit, dès lors qu’elle devient trop abondante. Sorti par la porte, l’impôt revient par la fenêtre.

 

Faire confiance aux mécanismes de marché

Pour ne pas alourdir encore une charge fiscale devenue contre-productive, ce sont les dépenses publiques actuelles qu’il faut parvenir à diminuer et à réorienter grâce aux marges de manœuvre ainsi dégagées.

Il faut aussi faire confiance aux innovateurs dont les réalisations dégageront les gains de productivité indispensables pour faire face à de nouvelles dépenses.

L’approche par « la monnaie, sans dette » n’est qu’une énième version d’une antienne bien connue, selon laquelle le capitalisme agresse l’avenir, alors qu’il a engendré une « prospérité de masse » (Edmund Phelps) dont bénéficie le plus grand nombre dans les pays industrialisés.

Pour que celle-ci perdure, il faut laisser l’économie de marché trouver les solutions pertinentes dont la mise en œuvre passe par la fixation d’un prix unique du carbone et par l’essor de nouvelles technologies permettant de réduire les émissions de CO2.

Le salut se situe aux antipodes des solutions constructivistes prônées par les économistes hétérodoxes.

Au nom de ce qu’ils estiment être « le bien commun », ceux-ci osent tout.

C’est même à cela qu’on les reconnaît.

Génération Gaza

par Djamel Labidi. Ce qui frappe dans la mobilisation mondiale pour la cause palestinienne, c'est la mobilisation de la jeunesse. Gaza aujourd'hui est devenue un de ses points de ralliement historique.

Pourquoi le marché européen de l’électricité a-t-il fait grimper nos factures ?

La « libéralisation » du marché européen a fait monter les prix partout, et les a fait exploser en France. Cela ne devrait pas faire l’objet d’un article sur un media qui prône le libéralisme. Mais c’est un fait, cela s’explique aisément, et n’enlève en rien l’intérêt de la libre entreprise et de la concurrence pour générer du dynamisme et du progrès. C’est que l’électricité n’est pas un produit comme un autre.

 

L’électricité est en effet un des rares domaines où il n’est pas absurde de concevoir des acteurs monopolistiques, pour autant que les Etats leur imposent des objectifs clairs (sécurisation des livraisons à court et long terme, résilience aux aléas conjoncturels,) et des règles de gestion transparentes  autant sur les programmes d’investissements que sur la fixation des prix.

Marcel Boiteux, dans un texte publié sur la revue Futurible, daté d’avril 2007, (« Les ambiguïtés de la concurrence ») était revenu sur les principes qui avaient conduit à construire le groupe EDF/GDF, pour en conclure que la libéralisation du marché de l’électricité ne pourrait qu’augmenter le prix au consommateur.

On peut discuter du positionnement politique de monsieur Boiteux, mais on ne peut nier qu’il avait raison.

 

Ce texte est tellement pédagogique qu’il mérite qu’on s’attarde sur de nombreux extraits

« Les réseaux […] relèvent de la catégorie des « monopoles naturels ». (Pour distribuer deux fois plus de kWh sur 100 km², le coût est doublé si l’on s’y met à deux, mais il n’augmente que de 40 à 50 % si l’on est seul à développer des maillages sur le réseau existant : il coûte donc tellement cher de n’être pas seul, que le monopole est dit « naturel »)
[…]

Quant à la production toutefois, un débat s’ouvre déjà sur la possibilité réelle de laisser aux compétiteurs le soin de prévoir à l’avance assez de moyens de production pour être suffisamment assurés, le moment venu, de passer les pointes de demande – ces pointes qui pourraient résulter, à terme, de la conjonction malheureuse d’une forte activité économique, d’un grand froid et d’une mauvaise hydraulicité affectant la production des usines hydroélectriques. La règle autrefois, c’était, en probabilité, de ne pas être « défaillant » (c’est-à-dire de ne pas avoir à recourir à des coupures tournantes de la clientèle) plus d’une fois tous les vingt ans – après avoir exploité, bien sûr, toutes les possibilités de secours venant des pays voisins d’une part, d’effacement de certains très gros clients consentants (moyennant rabais) d’autre part. Vingt ans… Il est à craindre qu’aucun industriel privé n’accepte d’investir dans une installation, même légère, qui ne marchera statistiquement qu’une fois tous les vingt ans.

[…]

Outre les monopoles naturels, existe le phénomène dit des « coûts de transaction » (qui valut notamment son prix Nobel au professeur R.H. Coase), lequel peut justifier qu’on renonce dans certains cas aux heureux effets de l’émulation concurrentielle. En l’occurrence, il arrive dans certains secteurs que la difficulté, l’urgence et l’enjeu de l’information soient tels que l’organisation hiérarchique soit préférable au libre jeu du marché.

C’est évident dans le cas du « dispatching ». À chaque instant, le moindre écart entre l’offre et la demande globale d’électricité entraînerait une variation de la fréquence, ce que le réseau ne peut supporter. Là, pas question d’attendre que se fixe librement sur le marché le prix pour lequel l’offre  égalera la demande !

[…]

Les réseaux étant ce qu’ils sont, il n’existe un réel marché que sur la « plaque » formée de la France, du Benelux et de l’Allemagne (de l’Ouest). Sur ce marché, les prix se fixent très naturellement, à chaque instant, au niveau du coût du kWh fourni par le dernier fournisseur auquel il faut faire appel pour faire face à la demande, donc au fournisseur le plus cher de ceux qu’il faut mobiliser, lequel est allemand … et coûteux comparé aux coûts français. D’où une hausse, parfois considérable, des prix de l’électricité facturée aux anciens clients d’EDF qui, au nom (estimable) de la liberté, avaient opté imprudemment pour quitter les tarifs de service public et se livrer aux prix du marché. »

 

Et ceci a été écrit en 2007 ! Depuis, il y a eu pire : la course aux intermittentes, l’ARHEN, qui oblige EDF à brader à ses concurrents, le non respect de la règle des vingt ans…

 

Marcel Boiteux avait raison

De nombreuses études confirment ce qui nous arrive en Europe.

La condition fondamentale d’un marché libéral reste celle de Walras « le prix pour lequel l’offre égale la demande doit se fixer librement sur le marché ». Et ce n’est pas possible, concernant l’électricité. C’est le dispatching qui assure offre et demande. Même aux États-Unis, la moitié des États ont conservé une situation monopolistique.

L’Étude de l’Association Américaine des Entreprises Publiques d’Électricité (2022) montre que les tarifs d’électricité des entreprises ayant gardé le modèle historique (régulé par les États) pratiquent des tarifs en moyenne plus bas de 28 % que les autres et moins sensibles aux hausses des prix du gaz.

L’Étude de la Harvard Business School (2023) :

« La question de savoir si la déréglementation entraîne ou non une baisse des prix est théoriquement ambiguë. Les prix basés sur le marché incitent les entreprises qui maximisent leurs profits à réduire leurs coûts, mais, en présence d’imperfections du marché, l’écart entre les prix et les coûts marginaux peut se creuser. Lorsque cet écart est supérieur à la réduction des coûts, les prix augmentent ».

L’étude constate que la concurrence a amené effectivement des producteurs d’électricité à optimiser leur gestion, d’où des réductions de coûts mais néanmoins :

« Nous avons trouvé que fondamentalement les prix de gros augmentaient fortement dans les Etats dérégulés [ayant introduit la concurrence] par rapport à ceux observés dans les Etats ayant gardé le modèle historique  […]De plus la déréglementation pousse les fournisseurs d’électricité à s’approvisionner sur le marché au détriment de leur production propre. La combinaison des deux facteurs « explique une large part des hausses des prix de détail.

[…]

Les causes premières sont « une offre et une demande inélastique, l’obligation à chaque instant qu’offre et demande soient égales, un transport de l’électricité onéreux sur des longues distances, des investissements échoués… qui se traduisent par des « imperfections de marché ».

(Voir « Géopolitique de l’électricité »)

 

En réalité, le marché européen est tout sauf libéral

Il réussit à cumuler les inconvénients d’un marché de l’électricité plus ou moins monopolistique régulé (contraintes sur les acteurs) et libéral (absence de vision à long terme, volatilité aberrante des prix).

En plus du marché boursier, ont été créés cinq marchés réglementés pour « libéraliser », ce qui est un comble :

  • Un marché de quotas d’émissions de CO2 qui distord la concurrence entre moyens de production.
  • Un marché des énergies renouvelables (ENR) subventionné (directement, ou indirectement : prise en charge des coûts énormes de raccordement, priorité sur le réseau via les prix garantis par l’Etat). Cette garantie de prix donne la priorité aux ENR sur les moyens pilotables, ce qui diminue la rentabilité de ceux-ci.
  • Un marché à coûts de revient fixés par l’État (ARHEN), qui est proche de l’abus de bien social, puisque le nucléaire a été entièrement payé par les clients d’EDF qui ne peut pas leur faire profiter du retour sur investissement.
  • Un marché de capacités, censé obliger les « passagers clandestins » de trading pur à investir dans des capacités pilotables qui sont inefficaces.
  • Un marché d’économies d’énergie (les « CUMAC ») via l’imposition aux acteurs énergétiques de prouver qu’ils ont contribué à des projets en ce sens.

 

En outre, la fixation du prix au coût marginal lors des contrats boursiers, chère à Boiteux et adoptée par le marché européen, était un optimum, dans les conditions du marché français, mais c’est une aberration dans les conditions du marché européen actuel. Tout ceci se démontre mathématiquement. (voir une série de trois vidéos amusantes mais pédagogiques sur ce sujet compliqué)

Résultante : l’État, effrayé par les conséquences sociales de ces bazars, a inventé un nouvel outil, lui, complètement antilibéral : le bouclier tarifaire énergétique.

 

Doit-on pour autant renoncer à une certaine concurrence ?

Bien sûr que non. Même si l’État maîtrise des éléments de gestion et organise des situations de monopoles ou oligopoles, une forme de concurrence peut s’exercer car l’État n’a pas forcément à être opérateur, il peut mettre en concurrence l’opérationnel à travers des appels d’offre sur le long terme (à l’exemple des autoroutes : même avec une négociation désastreuse des fonctionnaires, le bilan financier est positif pour le budget de l’État, et les autoroutes sont bien gérées).

Mais les règles de « gestion raisonnable » prônées par monsieur Boiteux sont pour l’instant impossibles à pratiquer :

– les règles européennes interfèrent sur ce que peut faire l’État français. Les contraintes sont générées politiquement, pour des raisons de compétitivité entre États, et n’ont rien à voir avec le bien commun.

– L’État français, via RTE, ne gère pas la sécurité d’alimentation du réseau français. À l’aide de conventions probabilistes erronées, RTE construit des scenarii complaisants qui ne reflètent pas les vrais problèmes.

– L’État français a pris la totalité du contrôle d’EDF, tout en lui laissant le statut d’entreprise privée. Cette situation est à l’origine du débat à venir sur le prix du KWh. Légitimement, EDF veut se maintenir une marge pour se désendetter et investir, mais l’État traite EDF comme si elle était nationalisée, et s’en sert pour amortir l’effet désastreux des règles européennes.

Quand sortirons-nous de cette impasse ?

Macron en Israël, médias aux ordres et canailles en ordre de bataille ; contre la résistance palestinienne

par Amar Djerrad. La France officielle est en tête de la propagande prosioniste en Europe et des inversions accusatoires en ne relayant que la propagande sioniste. Macron visite Israël, par subordination.

Et si, pour réduire les émissions mondiales, la France devait augmenter les siennes ?

Il paraît que pour préserver le climat de la planète, la France doit réduire ses émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, et peut-être même à n’importe quel prix. En même temps, la Chine augmente chaque année ses émissions de CO2 d’environ 4 %, soit 450 Mt, ou une fois et demie les émissions annuelles totales de la France. Derrière la Chine se profile un cortège d’économies émergentes bien plus peuplées que la France : Inde, Indonésie, Nigéria, Brésil, etc.

À quoi sert-il donc que la France réduise ses propres émissions dérisoires ? On entend souvent dire que c’est parce qu’elle doit se montrer « exemplaire »…

Mais pour montrer l’exemple, la France doit au contraire augmenter ses émissions de gaz à effet de serre !

En effet, l’intensité en carbone varie énormément selon les économies. La Chine émet presque cinq fois plus de CO2 (570 g) par dollar de production que la France (120 g), en tenant compte de la différence de niveau de vie entre les deux pays. Un moyen de réduire les émissions mondiales serait donc de transférer de la production d’un pays émergent plus carboné (comme la Chine) vers un pays développé moins carboné (comme la France). En conséquence, le pays destinataire émettrait certes plus, mais le pays d’origine émettrait encore moins en contrepartie, la réduction nette atteignant jusqu’à −80 % (dans le cas d’un transfert de la Chine vers la France).

Plus précisément, les pays émergents désirent, à bon droit, augmenter leur production, même au prix écologique fort (tout comme la France au temps de sa propre révolution industrielle).

Il s’agit donc plutôt de transférer une partie de la croissance de la production des économies plus carbonées vers les autres. Certains se contentent de proposer aux économies moins carbonées de transférer des technologies pour décarboner les autres, mais c’est négliger que l’innovation, qui a engendré ces technologies, repose sur une production de proximité. Une économie qui produit davantage finit par innover davantage (comme le fait déjà la Chine) ; et vice versa, une économie qui produit moins finit aussi par innover moins. Les économies moins carbonées doivent donc produire plus pour décarboner la production mondiale, non seulement tout de suite, mais aussi plus tard, grâce à de futures innovations.

La France est remarquable car son économie émet le moins de CO2 au monde pour sa taille. Elle ouvrirait mieux la voie en assumant une plus grande part de la production mondiale, au minimum pour importer moins depuis des pays plus carbonés qu’elle (c’est-à-dire quasiment tous), et peut-être aussi pour exporter davantage vers eux. Et d’autant plus à l’avenir que ce supplément de production encouragerait un supplément d’innovations à bas-carbone. Cela revient à augmenter les émissions du pays !

Nora Bussigny : « les militants wokes ont une recherche imminente de pureté, ils sont persuadés de faire le bien »

Nora Bussigny est journaliste d’investigation et collabore avec plusieurs médias tels que Le Point, Factuel ou Marianne. Son enquête en immersion dans les milieux militants, Les Nouveaux Inquisiteurs est son troisième ouvrage.

 

Contrepoints : Bonjour Nora Bussigny. Qu’est-ce qui vous a incitée à faire cette infiltration et à écrire ce livre ? Quelles sont les questions que vous vous posiez, et avez-vous trouvé des réponses à ces questions ?

Nora Bussigny : Ce qui m’a poussé à me dire que l’immersion était la meilleure méthode, c’est que coup sur coup j’ai mené deux enquêtes, une pour Marianne et une pour Le Point. La première était à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2022. J’ai enquêté sur des femmes qui ont été tabassées car considérées comme transphobes. Cette information, je l’apprends après, car je suis journaliste et qu’elles m’ont prévenu. Mais ça paraît tellement antinomique que des femmes frappent d’autres femmes, car Terf, lors de la Journée internationale des droits des femmes que notre première réaction, c’est de ne pas y croire ! Or, c’est le quotidien de beaucoup de militantes, et je me suis dit que ce serait intéressant de le vivre et de pouvoir le raconter. Pour Le Point, j’ai échangé avec des anciens militants intersectionnels qui en étaient revenus, car ils avaient été marqués par ce qu’ils avaient vécu, c’est-à-dire cancellés, rejetés, menacés, insultés…

Et à chaque fois que je récupérais les informations, je n’arrêtais pas de me dire que ce serait d’autant plus intéressant de pouvoir le vivre et le raconter.

Je lisais beaucoup d’essais sur la question, notamment l’excellente note de Pierre Valentin sur le wokisme pour la Fondapol, mais à chaque fois je me disais que, aussi brillant que ce soit, il manque ce qui se passe exactement dans les milieux militants. Or, on ne peut le vivre qu’en étant soi-même militant.

Enfin, plus personnellement, j’aime beaucoup le journalisme d’immersion car il me paraît être le plus concret. Je suis d’ailleurs une grande lectrice de ce genre de journalisme, il y a évidemment la figure de Nellie Bly, mais en contemporains je pense par exemple à Geoffroy Le Guilcher et son Steak Machine.

J’ai donc proposé le projet à mon éditeur, à qui ça a tout de suite plu.

Ensuite, pour répondre à votre deuxième question sur « qu’est-ce que j’imaginais au début »… J’imaginais que j’allais être très sûre de moi tout du long, que j’allais être dans une indignation constante à recueillir la moindre information pour le livre, mais je ne m’attendais pas du tout à ce que ça m’atteigne autant, que j’allais moi-même voir des changements au niveau psychologique. C’est pour cette raison que j’ai ensuite décidé d’incorporer dans le récit des séances avec un psy spécialisé de la question pour suivre ces changements.

J’avais effleuré cette question de la psychologie lors de mes rencontres avec les anciens militants. Je les avais trouvé très paranoïaques, très marqués, très anxieux… Par exemple, ils cherchaient toujours à relire chacune de leurs citations dans mes articles, ils pesaient chacun de leurs mots par peur que ce soit mal interprété. Mon immersion m’a rapidement fait comprendre pourquoi ils étaient ainsi…

L’autre chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est leur degré de radicalité et d’extrémisme. C’est pour cela que, contrairement à Pierre Valentin ou Samuel Fitoussi, qui ont récemment publié des ouvrages sur le sujet du wokisme, je ne tiens pas tant que ça au terme woke, et je ne voulais d’ailleurs pas qu’il soit dans le titre du livre. Je pense que le terme est malheureusement galvaudé, qu’il est considéré par beaucoup, dans la gauche républicaine, comme un terme d’extrême droite, de réac…  Mais surtout parce que ces milieux sont surtout des milieux d’extrême gauche, et qu’il me semble plus pertinent de les nommer ainsi, car c’est ce qu’ils sont : des mouvements extrémistes qui sont antifa, antipolice… Et je pense qu’on perd beaucoup de lecteurs à employer ce terme, notamment des gens en province pour qui wokisme ne veut rien dire.

 

Contrepoints : Sans faire de psychologisation à outrance, avez-vous constaté une récurrence de certains traits psychologiques, de traits de caractère chez les militants wokes ? En vous lisant, on a parfois l’impression que la politique est pour certains un moyen de répondre à des problématiques plus personnelles ?

Nora Bussigny : Il y a une grosse perte d’identité, et paradoxalement un repli identitaire très fort. Ce sont des personnes qui se cherchent, qui sont incohérentes dans leur lutte. Je fais très attention à ne pas pathologiser car je ne suis pas psy, mais ce que je peux dire néanmoins, c’est que beaucoup d’entre eux sont soit autodiagnostiqués, soit diagnostiqués par des psys : j’en air rencontré beaucoup qui me disaient « je suis bipolaire, je suis autiste, je suis sous traitement… »… En plus, ça fait partie de leur identité, par exemple, sur leur bio twitter, c’est indiqué, on le voit facilement.

Donc je ne dirais pas qu’ils le sont tous, mais beaucoup le revendiquent.

 

Contrepoints : Dans votre immersion, vous donnez à voir et à étudier la figure du militant politique radical, et ici, spécifiquement celle du militant woke. Ce qui frappe le plus dans votre récit, c’est la contradiction entre la vertu affichée de manière ostensible par leur discours, et la réalité de leurs actions et de leurs comportements. D’un côté, ils prônent une tolérance sans limite, et de l’autre ils font constamment preuve d’une absence totale de tolérance et d’empathie à l’égard de leurs adversaires politiques. Comment expliquez-vous cette contradiction, vous qui avez été au contact de ces militants ?

Nora Bussigny : Vous l’avez déjà très bien dit. Et pour moi, c’est exactement le titre du livre, et je dis sans prétention que je le trouve très bon, car ce n’est pas moi qui l’ai trouvé, mais mes éditeurs. Comme je vous disais je ne voulais pas le terme woke dans le titre, et je pense que de parler de « nouveaux inquisiteurs », c’est exactement le bon terme : j’assistais à une nouvelle inquisition.

Il y a une recherche imminente de pureté, ils sont persuadés de faire le bien. Et à côté, ils s’adonnent parfois à une grande violence, à des comportements haineux et/ou discriminants.

Comment expliquer ce paradoxe, cette contradiction ? Il faut revenir, je crois, à la question de l’identité. Le militantisme n’est que leur identité, ils se gargarisent d’agir pour le bien commun, avec un B majuscule. Ça donne lieu à des réactions souvent très manichéennes, et à une lutte constante contre l’ennemi. Il y avait beaucoup de paranoïa de la part de ces militants, une peur folle d’être soi-même rejeté car il y a un grand morcellement des luttes dans ces mouvements militants. Donc cette peur du rejet fait qu’ils avancent sans cesse avec le besoin d’afficher ostensiblement leur pureté militante, et en même temps ils surveillent constamment que les autres agissent correctement, selon les codes acceptés. Sauf que ces codes changent tout le temps, donc ils ne sont jamais à l’abri d’être dépassés et de devenir eux-mêmes les cibles à abattre.

Une chose qui m’a marquée, c’est l’utilisation constante du terme « problématique », qui dit beaucoup de ce morcellement des luttes et des mécaniques d’exclusions qui sont à l’œuvre.

 

Contrepoints : Vous interrogez également des militants qui ne se reconnaissent pas dans ce néo féminisme identitaire et tiennent à défendre les causes des minorités dans un paradigme universaliste. Pourtant, même ces derniers sont totalement exclus des mouvements wokes, et sont parfois considérés comme leurs premiers adversaires. Comment expliquez-vous cela, est-ce parce que la révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants ? Ou simplement est-ce la manifestation des limites et contradictions inhérentes à l’intersectionnalité militante et à l’obsession victimaire ?

Nora Bussigny : Je vais même aller plus loin : je pense qu’il y a un aspect sectaire. On sait que le propre d’une secte, c’est qu’il est très facile d’y entrer, très difficile d’en sortir. À partir du moment où on en sort, on est le nouvel ennemi.

Dans l’islam radical, il existe une mouvance qui fait qu’on en veut beaucoup plus aux musulmans qui ne pratiquent pas un islam rigoriste, qu’aux kouffar, c’est-à-dire les incroyants.

J’ai constaté une logique similaire dans ces milieux militants. Et c’est pour ça que j’ai passé un an à culpabiliser ! Parce que, comme on passe notre temps à nous interroger sur des questions de privilèges, d’oppression, dès que l’on va faire un petit pas de côté, on devient forcément l’ennemi à abattre.

Enfin, je vais dire quelque chose de très orwellien, mais ce qui est le plus efficace pour réunir les gens, c’est d’identifier un ennemi commun. Et dans un contexte de morcellement des luttes, il est encore plus facile de forger un sentiment de « commun » et de « solidarité » en s’en prenant à un ennemi commun.

C’est pour cette raison que je voulais inclure dans mon enquête les militants universalistes, car je ne voulais pas dire que c’est tout le militantisme qui est à jeter. Après une année de plongée dans un monde de démesure, de radicalité, je voulais faire l’éloge de la mesure.

 

Contrepoints : Dans le livre, vous faites part aux lecteurs de vos moments de doutes, de vos inquiétudes quant à la sortie de l’ouvrage, notamment celles d’être catégorisée comme une énième essayiste antiwoke empreinte de panique morale, et donc d’être « cancellée » ce qui pourrait vous handicaper pour vos futurs projets littéraires. Maintenant que le livre est sorti, qu’en est-il ?

Nora Bussigny : Comme le dit Dewey (personnage de la série Malcolm), « je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu » !

Plus sérieusement, je pense avoir été un peu naïve, car je me suis dit qu’ils ne pourraient pas me faire subir un tel harcèlement en tant que femme. Mais rien que là, en disant cela, je vois que suis encore un peu dans une forme « d’emprise », même si ça n’a rien à voir avec l’emprise des victimes de violences conjugales, j’en ai bien conscience. J’ai fait une conférence pour le Printemps Républicain à Sciences-Po récemment, et une étudiante m’a dit « on a l’impression que vous êtes encore un petit peu dans une sorte d’emprise ». Et c’est vrai que je fais encore très attention aux mots que j’emploie pour ne pas offenser, car quand on fait ça pendant un an, on adopte forcément des réflexes !

Mais pour recentrer sur votre question, il est vrai que j’ai entendu pendant un an des militants et militantes qui se targuent de lutter et de sensibiliser contre le cyberharcèlement. Et ce sont ces mêmes personnes, depuis la sortie du livre, qui m’ont fait vivre un cyberharcèlement massif ! Par exemple, en raison des menaces dont je fais l’objet, avec mon éditeur, nous avons du suspendre toute rencontre en librairie, alors même que le livre rencontrait un franc succès… Les moqueries et les critiques, à la limite ça ne me dérange pas, mais là c’était autre chose. Par exemple, on utilisait mon visage que l’on détournait dans des montages.

Bref, je ne m’attendais pas, peut-être par naïveté, à en faire les frais.

 

Contrepoints : Dans le livre, vous expliquez que pendant l’écriture, vous vous trouvez radicale et plutôt sarcastique. À la lecture, j’ai éprouvé un sentiment tout à fait opposé : je trouve qu’on sent à quel point vous êtes presque obsédée par l’idée de ne pas caricaturer ceux que vous observez, de faire preuve d’une certaine forme de générosité dans l’analyse et la critique, de vous remettre en question, ce qui rend l’ouvrage, si on le compare avec d’autres pamphlets antiwoke, très nuancé et peu violent. Pourquoi était-ce important pour vous de ne pas caricaturer les gens et les idées qui sont au cœur de votre enquête ? Est-ce que vous vous êtes parfois dit que peut-être vous vous trompiez, qu’en fait ces militants avaient raison, que vous étiez du « mauvais côté de l’histoire » ?

Nora Bussigny : C’est une très bonne question… C’est vrai que je me souviens avoir modifié les débuts de page, car je craignais d’être accusée de transphobie. Je pesais chaque mot. Et ce n’est qu’aujourd’hui que je commence à prendre du recul sur le fait que mon ressenti pendant l’immersion a beaucoup empiété sur le processus d’écriture. J’ai eu une constante peur d’offenser.

Et comme l’offense, dans ces milieux militants, est vécue comme une blessure absolue, je culpabilisais tout le temps et j’avais très peur de blesser. Pour l’anecdote, j’avais fait exprès de ne plus lire Charlie Hebdo, alors que c’est un magazine que j’aime beaucoup, parce que j’essayais de lire surtout du contenu intersectionnel et progressiste afin d’être dans une bonne dynamique pour l’immersion. Et c’est en relisant Charlie que je me suis souvenue que « oui, on peut offenser ». Car offenser, ce n’est pas blesser, violenter. Et eux, à Charlie, la violence réelle ils en ont vraiment fait les frais…

En fait, on est tellement toujours incité à déconstruire nos privilèges avec un discours très manichéen, qu’on a vite l’impression qu’on passe son temps, à notre corps défendant, à faire subir de la violence aux autres.

C’est très culpabilisant car on se dit : « je ne fais jamais assez bien et donc je leur fais du mal ».

A contrario, j’ai beaucoup apprécié mon moment avec les colleuses contre les féminicides, car elles m’ont appris qu’elles-mêmes avaient été divisées au sein de leur lutte, car certaines avaient fait un collage jugé islamophobe. C’est à ce moment-là que j’ai eu un regain de mes convictions initiales, à savoir que j’avais toujours questionné le port du voile. Mais avant cela, j’en étais venue à sérieusement m’interroger sur « est-ce que je n’aurais pas, peut-être, intériorisé mon islamophobie ? »

 

Contrepoints : Ce que vous avez dit sur la liberté de pouvoir offenser m’interroge, en tant que libéral, sur la vision de la liberté d’expression chez ces militants. Leur cheval de bataille, c’est la question du langage. Et c’est intéressant car, d’un côté il y a une ultra sensibilité manifeste où des mots, des paroles, sont considérés comme des agressions, et en même temps ces mêmes militants vont participer à une euphémisation de la violence réelle, je pense par exemple à ce qui se passe en Iran…

Nora Bussigny : Oui, c’est une très bonne remarque, car ces militants n’ont plus de curseur moral. Ce curseur leur fait dire qu’une chose est violente, qu’elle les blesse et que l’entièreté de la société devrait le reconnaître et le condamner avec eux. Et a contrario, on assiste au silence de militantes féministes sur ce que subissent les femmes en Israël.

J’avais eu le malheur de faire un tweet où je pointais ce deux poids deux mesures, en dénonçant que pour certains, décapiter des bébés ou voir des femmes au bassin fracturé à cause des viols qu’elles subissent, ça ne suscitait aucune réaction, alors qu’utiliser des mauvais pronoms devenait le summum de la violence et suscitait l’indignation : évidemment, pointer cette incohérence m’a valu une nouvelle vague de cyberharcèlement.

 

Contrepoints : Enfin pour conclure, pensez-vous que le wokisme est un sujet de société majeur et central, que les idées défendues par ces militants représentent un véritable danger, ou au contraire, est-ce un épiphénomène qui s’éteindra seul ?

Nora Bussigny : À titre personnel, je crois plutôt que c’est un épiphénomène, même si je sais que beaucoup pensent l’inverse. D’ailleurs, le magazine Society qui nous a tous interviewés (les auteurs d’essais sur le wokisme) m’a fait remarquer que j’étais une des seules à ne pas avoir de discours alarmiste. Alors, est-ce que c’est parce que je suis passée à côté de quelque chose, est-ce que je n’ai pas compris les enjeux ? Ou est-ce que c’est parce que j’ai tellement passé de temps avec eux que je n’ai aucune crainte ?

Très sincèrement, je pense qu’ils vont s’entredévorer. Ils vont passer leur temps à se canceller les uns les autres.

Aussi je le répète, je crois qu’il faut les nommer de manière très claire : plutôt que de parler de wokes, il faut les qualifier d’extrémistes de gauche. Avec les événements en Israël, on voit ces deux gauches se séparer, certains même à LFI se désolidarisent des positions de leurs collègues. Je pense donc que c’est cette radicalité et cet extrémisme dans le discours qui vont faire que beaucoup vont en avoir assez.

De plus, plus la logique identitaire va s’étendre, plus les exclus du mouvement vont être nombreux. J’ai fait beaucoup de manifs, et je sais que les deux prochains ennemis à abattre dans les luttes, c’est la femme blanche, qu’elle soit hétérosexuelle ou lesbienne, et le gay blanc. D’ailleurs, aux USA et en Angleterre, et ça arrive en France, on commence à voir des événements supprimer le G de LGBT. Pourquoi ? Car le « white gay » est considéré comme trop privilégié, trop inséré dans la société.

Donc je pense que ces mouvements vont s’autodétruire et qu’il ne faut pas être trop alarmiste, mais ne pas s’empêcher non plus de les critiquer et de dénoncer le fait qu’on ne lutte pas contre le racisme en triant les Blancs.

À lire aussi :

Entretien réalisé par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints, le 27 octobre 2023.

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Un vent libéral souffle-t-il sur l’Amérique latine ?

Et si une révolution libérale était en maturation en Amérique latine ?

C’est une perspective à ne pas négliger, eu égard à l’actualité politique de trois pays qui, ayant chacun à leurs manières subi les affres du socialisme, pourraient s’apprêter à écrire une nouvelle page de leur histoire en portant au pouvoir des libéraux.

En Équateur, c’est chose faite avec l’élection de Daniel Noboa. Au Venezuela, la présidentielle de 2024 pourrait faire émerger Maria Corina Machado, une centriste libérale, tête de file de l’opposition à Nicolas Maduro. Enfin en Argentine, Javier Milei, qu’on ne présente plus, s’est qualifié au second tour de l’élection présidentielle qui aura lieu en novembre 2023.

 

En Équateur, un libéral élu président

Ce dimanche 15 octobre 2023, les Équatoriens ont élu leur nouveau président au terme d’une campagne qui s’est déroulée dans un climat d’insécurité et de violences politiques, et a été marquée par l’assassinat d’un des candidats (un ancien journaliste qui avait centré son discours sur la lutte contre la corruption).

Les résultats laissent cependant planer un espoir. Pour succéder au conservateur Guillermo Lasso (empêtré dans des affaires d’accusation de corruption), Daniel Noboa, un candidat de centre-droit ouvertement libéral, a remporté 52,1 % des voix contre Luisa Gonzàlez, du Mouvement révolutionnaire citoyen socialiste, le parti de l’ancien président Rafael Correa (2007-2017), pas franchement démocrate, puisqu’il avait réécrit la Constitution en sa faveur, et fait enfermer des journalistes et opposants politiques.

Daniel Noboa est le fils d’Alvaro Noboa, un homme d’affaires ayant fait fortune dans l’exportation de bananes, et candidat malheureux de cinq présidentielles. Marié et père de deux enfants, Daniel Noboa est, à l’âge de 35 ans, le plus jeune président de l’Équateur, malgré son manque d’expérience politique (seulement deux ans de députation).

Jouant la carte de la modernité, Daniel Noboa a surtout été élu sur un programme mettant en avant deux piliers : la sécurité et la défense de la libre-entreprise.

L’Équateur, qui est un des plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, a subi de plein fouet les conséquences de la forte croissance du trafic mondial dans les dernières années. Depuis 2016 et la signature d’un accord de paix entre la Colombie (pays frontaliers de l’Équateur) et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), l’Équateur est devenu un centre névralgique du trafic et un haut lieu des guerres de cartel. S’en est suivie une augmentation de la violence criminelle et une crise pénitentiaire sans précédent.

On comprend pourquoi, dans un tel contexte, le candidat Daniel Noboa a centré sa campagne sur la question sécuritaire, promettant de créer une agence du renseignement national ayant pour but d’organiser et de chapeauter tous les organismes de renseignement du pays. Il a aussi prôné un rapprochement avec les États-Unis afin d’obtenir une aide dans la lutte contre les gangs.

Derrière ce volet sécuritaire, Daniel Noboa a fait la promotion d’un programme économique libéral visant à soutenir les petites et moyennes entreprises, et d’une manière plus générale l’entrepreneuriat, en promettant privatisations, baisse de la fiscalité, facilitation de l’accès au crédit par des incitations fiscales.

Sur le plan institutionnel enfin, Noboa a fustigé la bureaucratie qu’il souhaite fermement combattre.

Bref, un discours libéral et démocrate qui, dans ce pays ravagé par les narcotrafics et des années de socialisme ayant contribué à creuser la dette, autorise les libéraux que nous sommes à un certain optimisme.

 

Au Venezuela, une libérale pour concurrencer le chavisme de Maduro ?

Si les Équatoriens peuvent se féliciter d’ouvrir une nouvelle page libérale pour leur pays et se permettre de rêver, les Vénézuéliens doivent attendre 2024 pour tourner le dos au chavisme et à Nicolas Maduro, qui briguera son troisième mandat.

Arrivé au pouvoir en 2013 après la mort d’Hugo Chàvez dont il est un fervent disciple, Nicolas Maduro a mis en place une politique économique socialiste (contrôle des prix, contrôle des changes, expropriations, sujétion du secteur privé à des militaires…) afin de réaliser une « révolution bolivarienne ». Les résultats désastreux d’une telle politique n’ont pas tardé : entre 2013 et 2018, le PIB a été divisé par deux, et l’inflation a atteint un taux de 130 000 %.

Sur le plan politique, Maduro a tenu le pays d’une main de fer et la répression de l’opposition a connu une accélération inquiétante les dernières années.

En 2018, 131 personnes avaient été arrêtées pour « entrave au plan de relance » de l’économie de Maduro. La même année, le pays comptait 12 000 détenus politiques, dont des enfants. Selon Freedom House, avec un score de libertés globales de 15/100, le Venezuela est l’un des pays les moins libres au monde. Le constat est tout aussi alarmant sur le sujet de la corruption. L’organisation Transparency international le classe 177e sur 180 pays, avec un indice de corruption de 14/100 (0 étant le maximum de corruption), faisant du Venezuela un des pays les plus corrompus au monde.

Plus récemment, Nicolas Maduro a frappé d’inéligibilité la plupart des leaders de l’opposition, dont Maria Corina Machado, une ingénieure de 56 ans, députée depuis 2012, à la tête de Vente Venezuela, le parti qu’elle a fondé. Cette centriste libérale, membre de l’opposition, fait partie des opposants les plus durs au chavisme, affirmant haut et fort qu’elle souhaite en finir avec le socialisme bolivarien. Son programme économique, jugé « ultralibéral » par Le Monde, propose notamment la privatisation de la compagnie pétrolière PDVSA, ainsi que d’autres entreprises publiques.

Malgré une fragile reprise économique encouragée par les réformes de 2019 (face aux résultats désastreux de sa politique économique, Maduro a été contraint de « libéraliser » en mettant en place des coupes budgétaires, en autorisant l’utilisation du dollar comme monnaie…), les conditions de vie des Vénézuéliens restent très difficiles et la contestation sociale est de plus en plus forte.

C’est dans ce contexte politique et social tendu qu’ont eu lieu les primaires de l’opposition vénézuélienne, dont l’organisation s’est faite sans le soutien des autorités locales. Maria Corina Machado a remporté une victoire écrasante en obtenant 93,31 % des suffrages exprimés (soit deux millions d’électeurs).

Si ces résultats laissent entrevoir une possible révolution libérale dans un pays marqué par des années de socialisme aux conséquences désastreuses pour sa population, le chemin est encore long. En effet, pour le moment, rien n’assure que Maria Corina Machado, toujours frappée d’inéligibilité par le pouvoir en place, puisse être candidate à l’élection de 2024.

Une lueur d’espoir toutefois : la communauté internationale fait pression sur Maduro. Après l’échec des négociations de La Barbade, qui se sont tenues sous les auspices de la Norvège, et dont l’objectif était de revenir sur l’inéligibilité des leaders de l’opposition, Washington continue de faire pression en menaçant de prolonger les sanctions si la situation politique ne s’améliore pas. Sans excès d’optimisme, il n’est pas improbable que Maduro soit obligé de reculer face aux sanctions des États-Unis, laissant ainsi une chance aux Vénézuéliens de se débarrasser une bonne fois pour toutes du chavisme.

 

En Argentine, un coup d’arrêt pour Javier Milei ?

Les Argentins aussi se débattent avec leurs vieux démons et ont l’opportunité, lors du second tour de l’élection présidentielle qui se déroulera le 19 novembre 2023, de tourner le dos au péronisme et à sa branche majoritaire, le kirchnérisme (du nom de Nestor et Cristina Kirchner, au pouvoir entre 2003 et 2015).

Mais pour cela, il faut compter sur la défaite de Sergio Massa, le candidat péroniste, et la victoire du candidat libéral Javier Milei. Nous avions consacré dans ces colonnes un long portrait de ce personnage sulfureux, dont les idées libérales séduisent autant que peuvent interroger son populisme démagogique et son conservatisme social. Nous ne reviendrons donc pas sur ce sujet, et nous nous contenterons de considérer que, face à un candidat péroniste, ce genre d’élucubrations est un luxe que le réalisme politique ne nous permet pas d’avoir. En effet, si rien ne nous assure qu’une fois au pouvoir, Javier Milei pourra effectivement sortir l’Argentine de son marasme politique et économique, nous avons l’assurance que, suivant Einstein, selon qui « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », l’élection de Sergio Massa serait une catastrophe pour le pays.

Il convient également de nuancer le discours médiatique dominant à propos de Javier Milei, souvent présenté en France sous ses seuls aspects caricaturaux pour coller au récit simpliste d’un candidat d’extrême droite aisément identifiable aux figures de Trump et de Bolsonaro. Car si l’outrance et le populisme font partie intégrante de la stratégie politique de Milei, la réalité est que l’important est ailleurs, et ses électeurs ne s’y trompent pas.

En effet, les militants de son parti Libertad Avanza (la liberté avance) attendent surtout un sursaut économique. Pas besoin de revenir sur la situation économique calamiteuse de l’Argentine (on renvoie à nouveau vers le portrait cité plus haut), il suffit de citer ce militant, Mauro Mendoza, dont les propos ont été rapportés par Le Monde : « Il nous faut absolument apporter de la stabilité à l’économie, arrêter d’émettre de l’argent ».

Au-delà de l’économie, c’est surtout une volonté d’en finir avec le kirchnérisme incarné par Sergio Massa qui a porté Javier Milei au second tour de l’élection présidentielle. En effet, le libéral s’est fait le porte-voix d’un ras-le-bol qui se fait de plus en plus sentir dans la société argentine.

Si les points de tensions liés à son conservatisme social et son populisme sont légitimes aux yeux des libéraux consistants s’interrogeant sur la cohérence intellectuelle d’un libéralisme (voir un libertarianisme ?) qui ne serait qu’économique au point d’en devenir caricatural[1], la réalité est qu’une fois au pouvoir, ces points de tensions ne seront pas appliqués (on pense par exemple à sa volonté de revenir sur le droit à l’avortement), tandis que son programme économique et sa volonté de lutter contre la corruption, qui sont au cœur de son logiciel politique, pourraient se révéler salutaires pour l’Argentine.

Mais toutes ces réflexions pourraient être inutiles s’il venait à perdre au second tour. Or, la montée en puissance de Javier Milei ces derniers mois, aussi forte qu’inattendue, a connu un coup d’arrêt ce dimanche 22 octobre 2023, lors du premier tour. Sergio Massa est arrivé en tête avec 36,7 % des voix, et Javier Milei en a réuni 30 %. Du côté des militants de Libertad Avanza, les résultats ont eu un goût amer, eux qui étaient persuadés qu’un raz-de-marée libéral déferlerait sur l’Argentine.

Alors, qu’attendre du second tour ?

Pour Javier Milei, la stratégie est toute trouvée. Il doit ouvrir ses bras aux électeurs de la candidate de droite malheureuse du premier tour, Patricia Bullrich, qui a obtenu un peu moins de 24 % des suffrages. Pour ce faire, Milei va peut-être devoir lisser quelque peu son image et son discours afin d’apparaître présidentiable auprès d’électeurs qui, bien que profondément dégoûtés du péronisme, pourraient avoir peur de son extravagance. Il reste que le réservoir de voix est réel, et que rien n’est joué.

Enfin, il faut garder à l’esprit que des élections législatives partielles se tiennent en même temps, et une percée des libéraux est très probable (ils devraient obtenir aux alentours de 40 sièges). Quel que soit le résultat du scrutin du 19 novembre 2023, le vainqueur n’aura probablement pas de majorité, et sera obligé de composer des alliances.

L’avenir de l’Argentine est encore à écrire, et les Argentins disposent de la plume.

 

Conclusion

Ces trois cas signifient-ils que quelque chose se passe en Amérique latine ? Faut-il y voir le début d’une révolution libérale ? Et si tel est le cas, peut-on en attendre une amélioration conséquente de la situation politique, économique et sociale dans ces pays ?

L’observateur libéral sait trop bien qu’un politique ne peut pas tout, et que les facteurs politiques n’expliquent pas seuls la situation de ces pays. Du reste, il est de toute manière trop tôt pour tirer des conclusions.

Contentons-nous donc d’un espoir modéré en constatant un potentiel réveil de ces populations, qui, peut-être, tourneront enfin le dos à un socialisme moribond dont l’histoire a trop souvent montré qu’il était vain d’en attendre quoi que ce soit d’autre qu’absences de libertés et marasme économique.


[1] Nous renvoyons ici nos lecteurs au chapitre 12 de l’ouvrage d’Alain Laurent « La philosophie libérale, histoire et actualité d’une tradition intellectuelle » sur les libertariens, dans lequel il explique bien qu’aucun libéral cohérent ne peut se satisfaire d’un libéralisme qui ne soit pas multidimensionnel : économique, politique & social.

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