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Rachida Dati suspendra-t-elle la taxe streaming ?

Il y a des sujets comme l’immigration pour lesquels le politique prend le peuple à témoin en le sondant, en se justifiant, d’autres sur lesquels on décide en catimini. 

Ainsi il en va de la taxe streaming ajoutée discrètement au projet de loi de finances 2024 par un amendement unanime des groupes politiques au Sénat. Une taxe de 1,75 % sur le chiffre d’affaires des plateformes de streaming qui promettent qu’elle ne sera pas répercutée. Prix ou service, le consommateur sera bien perdant quelque part, et Spotify annonçait fin décembre qu’il retirait en conséquence son soutien aux Francofolies de La Rochelle et au Printemps de Bourges.

Cette nouvelle taxe devrait rapporter 15 millions d’euros, mais pourquoi faire ?

Pour financer la création musicale, et surtout son incarnation administrative, le Centre National de la Musique (CNM), calqué sur le modèle du Centre National du Cinéma (CNC), lui-même exposé à de nombreuses critiques. Cette vision administrée de la création artistique est problématique à plusieurs égards. 

D’abord, parce qu’elle consiste en une redistribution à l’envers, des classes populaires vers la bourgeoisie. Ainsi, le CNC se finance par une taxe sur les entrées en salle, donc sur les consommateurs qui ont le mauvais goût d’aller voir des blockbusters américains, pour financer la diversité culturelle : c’est-à-dire les films qui ne rencontrent aucun succès (seuls 2 % des films aidés par le CNC sont rentables, d’après la Cour des comptes) mais plaisent à une petite élite de par leur moralité convenue, ou les films dont les producteurs et réalisateurs possèdent le capital social (c’est-à-dire les relations) nécessaire pour obtenir le soutien du CNC.

En effet, on ne compte plus les témoignages de producteurs indépendants, sans les connexions adéquates, qui n’ont jamais pu bénéficier d’un tel soutien, ni des conflits d’intérêts qui ne semblent que très peu émouvoir les médias : Jean-Michel Jarre a obtenu une subvention pour un spectacle au Château de Versailles par la Commission dont il est le président, quelques années après que le YouTubeur Cyprien a été soutenu par la Commission où il siégeait.

Pire, si on ajoute le soutien des collectivités locales, un Français paie plus cher en taxes et impôts, pour un film qu’il n’ira pas voir, que pour un billet de cinéma. Il est très étonnant que la gauche, tout particulièrement, accepte et encourage ce système, qui, bien loin de promouvoir l’ascension sociale, encourage la constitution de rentes au profit d’une élite culturelle qui mêle incestueusement les bénéficiaires et les donneurs d’ordre. À l’inverse, la désintermédiation permise par les plateformes de streaming a permis à de nombreux artistes d’émerger en s’autoproduisant, et en particulier des artistes de rap venus de quartiers populaires.

L’adoption de cette taxe est en outre l’occasion de revenir sur le manque d’honnêteté, voire le mensonge, qui tendent à briser la confiance entre le peuple et ses représentants. Si cet ajout au projet de loi de finances est l’œuvre des sénateurs, le gouvernement n’est pas tout à fait innocent. 

Alors que l’imposition du streaming n’a jamais fait l’objet d’un débat public, le gouvernement pressait les plateformes de trouver un accord avec le CNM, sans quoi elles seraient taxées. Outre le fait que cette vision des négociations avec un fusil sur la tempe est une bien mauvaise illustration du consentement, elle dénote une forme de lâcheté de la part du gouvernement qui n’assume pas publiquement sa volonté de taxer les plateformes, et donc in fine les consommateurs. 

Et comment ne peut pas le comprendre. Cette taxe vient percuter de plein fouet deux promesses gouvernementales : la diminution de l’impôt sur les ménages, qu’on ne peut en réalité atteindre sans repenser l’action publique, et la lutte contre les impôts de production dont la France est déjà la championne. Alors que l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 promettait un changement de méthodes politiques, nos dirigeants sont encore trop persuadés qu’on ne peut gouverner qu’en énonçant ce que la population doit entendre. 

Or, pour mettre fin au dégagisme et à la défiance qui touchent notre démocratie, le politique (a fortiori s’il pense appartenir au camp de la raison) gagnerait à s’adresser au peuple comme à un adulte, avec honnêteté. Fait paradoxal, Javier Milei, qui a été à maintes reprises accusé de populisme par l’ensemble du monde politico-médiatique français, tient, depuis son élection à la tête de l’Argentine, un discours de vérité qui n’infantilise pas les citoyens. Lors de son discours d’investiture, il n’a promis aucun miracle. Au contraire, il a même assumé que, face à la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’Argentine, le chemin du redressement économique passerait par une austérité radicale et inévitablement douloureuse à court terme. 

Sur la taxe streaming, le débat public aurait gagné à ce que le gouvernement fasse preuve d’une telle transparence, soit auprès des acteurs en faveur de ladite taxe, en leur expliquant qu’elle allait contre leur politique fiscale, soit auprès des Français en leur expliquant pourquoi ils devraient assurer le financement d’une nouvelle agence d’État, et en quoi il permettrait de faire rayonner la création française, si tant est que cet objectif de politique publique dusse-t-il être assumé par l’État.

Si Rachida Dati veut se démarquer au ministère de la Culture, elle a une opportunité pour corriger un échec du bilan de sa prédécesseure.

Streaming : une taxe au profit d’une clique

Le gouvernement annonce la mise en place de la taxe sur les plateformes de streaming, en préparation depuis des mois. La loi montre le rapport de connivence entre les dirigeants et des bénéficiaires de redistributions à l’intérieur du pays.

La taxe sur les plateformes de musique finance ensuite des projets d’artistes, spectacles, et autres types d’acteurs. Les plateformes, en particulier le directeur de Spotify, donnent des arguments contre la loi…

Explique un communiqué de Spotify, cité par Les Échos :

« C’est un véritable coup dur porté à l’innovation, et aux perspectives de croissance de la musique enregistrée en France. Nous évaluons les suites à donner à la mise en place de cette mesure inéquitable, injuste et disproportionnée ».

En dépit des critiques de la part des plateformes, la taxe arrive dès l’année prochaine. Les partisans font de la communication dans les médias.

Une tribune de Télérama, de la part d’un défenseur de la loi, explique « Pourquoi la taxe streaming est une bonne nouvelle ».

L’auteur écrit :

« Le système de redistribution peut être questionné, c’est toujours sain. Mais il aurait été injuste et risqué que certains financent le CNM selon leur bon vouloir tandis que d’autres en ont l’obligation. Ne serait-ce que pour cette raison, la taxe streaming est une bonne nouvelle. »

Un autre, le président de l’association des producteurs indépendants – en somme, les bénéficiaires de la taxe – fait l’éloge de la loi dans une interview pour FranceTVInfo

Il explique :

« Il s’agit d’une taxe d’un niveau très faible mais qui concerne l’ensemble des acteurs du numérique qui diffusent de la musique en ligne. Ça va des plateformes qu’on appelle pure players (dont c’est vraiment le cœur de métier) jusqu’aux plateformes dont c’est plutôt une activité parmi d’autres. Je pense aux Gafa notamment, mais également à tout ce qui est réseaux sociaux, etc. De la même manière que ces acteurs sont déjà taxés pour financer la création audiovisuelle dans sa diversité au CNC, on va les taxer aussi pour alimenter les programmes de soutien à la musique. »

Comme avec la plupart des taxes, les bénéficiaires justifient la mesure par une allusion au bien du pays. Il requiert, selon eux, plus de genres de musique, d’artistes, et de financements pour des musiciens en marge. Sinon, seule une poignée de styles de musique ou de créateurs toucheront des revenus, disent-ils.

Il répond aux plaintes de surtaxation des plateformes :

« Il est clair que du côté des pure players, comme Spotify ou Deezer, il y a une vraie vertu dans le système de rémunération de la création. Là, il s’agit de réaffecter un petit peu cet argent à des genres musicaux qui reçoivent aujourd’hui une rémunération très faible en streaming, car qui dit rémunération très faible dit faible capacité à se financer derrière, avec un vrai risque à terme que ça nuise à la diversité de la création locale. Quelque part, ce qu’on essaye de viser, c’est la vitalité renouvelée de la filière française, du tissu de production français. Sinon, à défaut, tout le monde ira vers des genres musicaux qui sont peu nombreux mais extrêmement rémunérateurs dans le streaming. »

La redistribution revient à une taxe sur le consommateur de biens et de services, pour une utilisation aux fins des dirigeants.

 

Contrôle des financements

De toute façon, les chiffres des plateformes mettent à mal l’argument des partisans de la taxe. Un grand nombre d’artistes touchent des revenus… pas une poignée de stars de la musique pop.

Selon les chiffres partagés par Spotify, cités par Le Point, « 57 000 artistes ont généré plus de 10 000 dollars [contre 23 400 artistes en 2017]. Et 1060 artistes ont généré au moins un million de dollars [contre 460 en 2017]. »

Le site YouTube dit avoir payé 6 milliards de dollars aux chaînes de musique en 2022, en hausse par rapport à 4 milliards en 2021, et 3 milliards de dollars en 2019. Les distributions proviennent de publicités lors des vues, ou d’une part au revenu des abonnements payants à la plateforme.

Dans un marché, la création de musique et le soutien des artistes rémunèrent la réussite auprès du public. Les dirigeants veulent une emprise sur le financement de la musique. Ils prennent ainsi aux consommateurs via la taxation des plateformes. Puis ils distribuent l’argent selon les vœux d’une poignée de personnes aux commandes.

Les bénéficiaires des distributions justifient le transfert au prétexte d’un besoin chez les artistes. La taxe sur les plateformes revient à une prise de contrôle, comme d’autres interventions dans les vies des individus.

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La France face à la menace terroriste : vers un État policier ?

Par : h16

Les autorités redoutent un attentat d’ici la fin de l’année. Elles l’ont d’ailleurs très médiatiquement fait savoir, tant du côté européen que du côté français, afin que toute la population soit correctement saisie d’inquiétude et de méfiance pour la période des fêtes.

Et donc, que ce soit le résultat d’une action préparée de longue date restée discrète voire secrète au point d’échapper aux renseignements policiers, ou qu’il s’agisse d’un événement quasiment improvisé, selon toute vraisemblance, les prochaines semaines ou, plus probablement, les prochains mois verront un nouvel événement terroriste en France.

Notons que tout aura été fait pour, et qu’on pourra raisonnablement écarter tout hasard dans la préparation des consciences, tant est difficile à cacher la volonté pour une bonne partie des politiciens d’importer avec gourmandise le conflit israélo-palestinien en France. Ici, on comprend bien évidemment la mécanique politique à l’œuvre : toute nouvelle tension, toute nouvelle bouffée d’horreur en France servira essentiellement à augmenter les prérogatives de l’État, et de ceux qui le gouvernent, et tout événement violent sera prétexte à accroître les possibilités offertes à ces derniers de pressurer la population, la museler et la contraindre dans le sens qui leur plaira.

Il n’y a guère besoin d’extrapoler. Même quelque chose de relativement bénin (voire festif selon certains) comme les Jeux Olympiques d’été permet d’illustrer le point : ces célébrations dispendieuses, largement coupées des préoccupations directes de l’écrasante majorité de la population, servent déjà à passer nombre de lois et de décrets afin de transformer la capitale en véritable enfer carcéral pour ses habitants, et à mettre en place des mesures (notamment numériques) dont on sait qu’elles perdureront bien au-delà de leur raison initiale.

Dans ce contexte, il est facile de comprendre que n’importe quel attentat un peu plus large qu’un simple échange de coups de couteaux (qui ne ferait qu’attiser ce que la classe jacassante appelle maintenant hypocritement l’ultradroite) pourra servir d’une part à terroriser la population (ou tout faire dans ce but) ; et d’autre part à renforcer le contrôle policier… sur ceux qui pourraient trouver la situation un peu saumâtre et vouloir se défendre (encore l’ultradroite, comme par hasard).

Il semble donc évident qu’un événement majeur, avec à la clé plusieurs (dizaines de ?) morts aura lieu dans les prochains mois, disons pour donner une idée, d’ici Noël 2024. Quelque chose comme ce qui s’est passé en Israël où des villages entiers furent attaqués par de petites troupes de terroristes.

Cela n’a absolument rien de farfelu puisque l’ébauche a déjà germé dans les cerveaux manifestement sous-dimensionnés de quelques individus qui ont, fort heureusement, réussi à se faire gauler : « On passe à quatre ou cinq, armés, tu tues tout le village en une seule nuit, c’est facile, je te dis que tu peux faire ça, c’est facile ! »…

On devra se demander pourquoi les autorités ont jugé bon de faire connaître médiatiquement ces projets d’attentats de ces soi-disant « réfugiés », mais il est clair que ce faisant, outre disséminer encore un peu plus l’idée, cela permet d’établir un précédent, à toutes fins utiles. Dès lors, on peut imaginer que d’autres, un peu plus finauds que ces pieds nickelés du djihadisme, s’organisent déjà avec une meilleure discrétion. Peut-être ceux-là acquièrent-ils lentement des armes personnelles, chacun dans son coin, la filière ukrainienne servant sans nul doute à les fournir et, un petit matin, ou un soir, ils choisiront de passer à l’action de manière individuelle selon un plan préparé à l’avance, et discuté hors des réseaux numériques les plus écoutés.

On imagine sans mal qu’ils débouleront dans l’un de ces villages tranquilles où la gendarmerie est sous-équipée et en sous-effectif chronique d’autant plus que la commune, sans barres HLM, sans racailles et sans gentils clandestins, est très calme et ne nécessite donc que peu de services de proximité que l’État n’a de toute façon aucune volonté de maintenir localement. Les dégâts (en nombre de morts, en blessés) y seront logiquement élevés.

Ce n’est qu’un scénario possible, mais compte tenu du nombre de candidats potentiels à ce genre d’actions, de l’état général des services de renseignements en France, de la compétence moyenne de nos autorités, avouons que ce n’est pas le scénario le plus fou fou non plus.

On peut aussi garantir que l’action des forces de l’ordre sera spectaculairement foireuse pendant un bon moment avant de pouvoir les stopper. Peut-être même une partie des perpétrateurs pourra – comme par hasard – s’enfuir dans la nature.

Pour donner un ordre d’idée, une poignée d’attaquants, cinq ou six (soit seulement trois de plus qu’au Bataclan) peut faire des dizaines de morts et de blessés dans une poignée de villages. À quelques dizaines, le massacre serait rapidement monstrueux face à des populations qui ont été volontairement et largement habituées à dépendre totalement de l’État pour leur sécurité, et dont les dents et les griffes ont été patiemment limées ; de lois scélérates, en (dé)moraline en baril distribuée chaque soir sur les ondes, et prunages vexatoires pour la moindre hausse de sourcil un peu trop rapide, ces populations ont abandonné toute envie de combattre, et leur capacité d’auto-défense

Ici, parier sur l’incompétence totale des autorités françaises à réagir rapidement et efficacement dans ce genre de terrible contexte n’est même pas un pari osé, c’est malheureusement le moins risqué. Du reste, les attentats du 13 novembre 2015 ont amplement démontré la désorganisation des forces d’intervention et des autorités. Qui imagine que l’équipe actuelle serait soudainement plus affûtée que celle d’alors ?

En revanche, on peut garantir la bonne compétence de la même brochette pour la récupération d’un tel événement, afin de poser les derniers jalons, les plus sévères, les plus lourds et les plus définitifs d’un véritable État policier, c’est-à-dire une dictature parfaitement étanche. Cela ne fait aucun doute.

En réalité, c’est précisément pour cela que la menace d’attentats a été clairement annoncée urbi & orbi par nos autorités, l’apeurement des populations étant un des effets directs recherchés. C’est pratique, une population apeurée : bien préparée à une horreur quasiment vendue comme inévitable, elle sera à point lorsque l’horreur surviendra.

Quelques centaines de morts d’un côté, un pouvoir quasi-illimité de l’autre : pour des élites parasitaires et parfaitement dénuées de tout scrupule, le calcul est vite fait et la question de la marche à suivre, « elle est vite répondue » pour des dirigeants qui sentent leur fin inéluctable sans la mise en place d’une poigne de fer contre le peuple.

En fait, il n’y a guère lieu d’épiloguer. Gérard Collomb, dans un rare moment de lucidité que permet l’abandon de la politique, expliquait au sujet de certaines populations que nous vivions actuellement côte à côte, et risquions vite « de se retrouver face à face ».

Nous y sommes.

Sur le web.

Loi immigration – un texte détricoté au pied du sapin

« Depuis des semaines, la loi immigration a été tricotée, détricotée et à l’arrivée, tout le monde la trouve moche. Finalement, cette loi, c’est un peu un pull de Noël. »

Ce bon mot de l’humoriste Philippe Caverivière sur France 2 samedi soir résume parfaitement le sac de nœuds – ou de laine – qu’est devenu ce qui devait être un des piliers du second quinquennat Macron.

Lors de mon dernier billet sur le sujet il y a maintenant plus d’un mois, nous nous étions quittés sur le texte voté par la majorité Les Républicains au Sénat, chambre représentant les territoires souvent les plus durement touchés par la problématique.

L’immigration touche des sujets aussi vastes et différents que le social, l’économie, la culture, la sécurité et le climat, la question de l’impact des catastrophes météorologiques innervant l’histoire de l’immigration depuis le jour où les Hommes ont appris à se mouvoir sur de longues distances.

L’étendue des sujets touchés par la thématique n’a d’égale que l’impossibilité d’y apporter des solutions simplistes comme on peut les lire ici et là, à grands coups de positions « ultra simples » ou de remèdes prétendument réalistes.

Le texte voté au Sénat n’y fait pas exception, et a provoqué plusieurs rebondissements.

 

La gauche vent debout

Nous nous étions quittés après le vote par les sénateurs d’un texte renforcé supprimant l’AME, instaurant des quotas économiques et abrogeant la mesure phare du projet de loi : l’obtention automatique de titre de séjour pour les travailleurs exerçant des métiers en tension.

Ce texte a instantanément entraîné une levée de boucliers d’associations et d’organismes vivant grassement d’argent public.

La directrice générale de France Terre d’Asile (50 millions d’euros de dotations annuelles, ce qui en fait l’association la plus subventionnée du pays), dont la présidente est l’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, a dénoncé un « catalogue des horreurs ».

Depuis début décembre, ce sont une quarantaine d’associations qui manifestent leur mécontentement devant le texte adopté au Sénat.

Du côté du Défenseur des droits, énième autorité administrative indépendante destinée à masquer les lacunes de notre système judiciaire, l’actuelle titulaire du poste, Claire Hédon, a dénoncé une « surenchère démagogique ».

À ces réactions se sont ajoutées celles de la Macronie. Dès le lendemain du vote, cette dernière a immédiatement appelé à un « rééquilibrage », pour reprendre les propos de la ministre déléguée à la lutte contre les discriminations Bérangère Couillard soutenue par le président de la commission des lois Sacha Houlié, déterminé à rétablir le texte initialement porté par le gouvernement.

Les députés de la majorité sont alors sommés par plusieurs soutiens du président de la République, Daniel Cohn-Bendit en tête, de mettre fin à ce qui est vu comme une « dérive dangereuse ».

 

Darmanin défait par LR

Ces réactions n’ont pas empêché les débats de continuer. Après avoir été présenté en commission des lois, le texte est débattu dans l’Hémicycle.

Un texte ainsi revu et dénoncé par LR comme un texte « au rabais ». De ce fait, les députés de droite ont voté le 11 décembre la motion de rejet déposée par les écologistes. Cette motion est destinée à rejeter avant tout débat un texte qui serait susceptible d’enfreindre manifestement une disposition constitutionnelle, ou de décider qu’il n’y a pas lieu de délibérer.

Cette motion est votée, essentiellement du fait de l’absence de neuf députés de la majorité, dont l’un a subi les affres de la SNCF, l’amenant à avoir 1 heure 30 de retard. Aussi ironique qu’exquis.

Suite à ce camouflet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a présenté sa démission au président de la République, qui l’a refusée. Certaines mauvaises langues estiment alors que s’il l’avait présenté à Elisabeth Borne, celle-ci l’aurait vraisemblablement acceptée. La vraie raison est institutionnelle, le pouvoir de nomination et de révocation des ministres relevant de l’Élysée avec contreseing du Premier ministre.

Le vote de cette motion est une nouvelle victoire pour Les Républicains après le vote sénatorial. Une victoire d’autant plus forte qu’elle a mis en déroute un de ses parjurés les plus médiatiques. Depuis le début des discussions, le parti gaulliste s’est positionné en point d’équilibre entre le gouvernement et le Rassemblement national, tout en faisant du sujet migratoire un cheval de bataille, un mois et demi après le lancement d’une pétition qui a pour l’instant recueilli plus de 24 300 signatures au moment où ces lignes sont écrites.

 

Le retour de l’hyperprésidentialisme

Dans une France qui n’a plus l’habitude de la vitalité de la démocratie parlementaire, cette séquence est considérée par certains journalistes et élus comme une « crise politique », terme utilisé pour désigner tout événement qui dévierait de la volonté du Prince.

Conformément à la pratique hyperprésidentialiste à laquelle notre république nous a tristement habitués, ce même Prince, clé de voûte des institutions qui dévie aujourd’hui largement de son centre de gravité, n’a pas hésité à s’immiscer dans les travaux parlementaires en rejetant l’usage de l’article 49.3, sur lequel les Sages n’ont pas apporté de réponse claire, tout en appelant les députés à voter le texte avant Noël, quelques jours avant la réunion de la commission mixte paritaire.

 

Un espoir nommé commission mixte paritaire

Cette dernière s’est réunie ce lundi 18 décembre pour un vote en milieu de semaine.

La commission mixte paritaire réunit sept députés et sept sénateurs nommés par les présidents des chambres en respectant scrupuleusement les équilibres politiques. Cet équilibre peut se résumer ainsi : la Macronie dispose de trois parlementaires sur 10, comme LR aidé par sa majorité au Sénat, tandis que la NUPES compte pour un quart des parlementaires et le Rassemblement national, 10 % avec 88 députés et 4 sénateurs sur un total de 925 parlementaires.

De ce fait, la commission mixte paritaire sera composée comme suit : 5 macronistes, 5 LR, 3 NUPES et 1 Rassemblement national.

De cette commission, dont nous n’avons pas le résultat au moment où nous écrivons ces lignes, ne peut émerger que trois réponses :

  1. Soit les parlementaires se mettent d’accord, et le texte est voté en séance
  2. Soit les parlementaires se mettent d’accord, mais le texte est rejeté en séance
  3. Soit les parlementaires ne se mettent pas d’accord

 

Cette dernière option arrivant une fois sur trois, l’avenir du texte est plus que jamais incertain.

 

La solution référendaire

Pourtant, le pays pourrait sortir de cette incertitude d’un outil qui n’a pas été utilisé depuis plus de 18 ans : le référendum, porté depuis longtemps par la droite. Un temps étudié par l’Élysée fin octobre pour obtenir les voix LR, la perspective de sortir du débat par la consultation des Français n’a pas été retenue faute de consensus politique, et par crainte d’une réponse nécessairement « populiste » à la manière de l’ancien ministre et défenseur des droits Jacques Toubon.

Pourtant, ce référendum permettrait de proposer un grand débat afin de libérer la parole et de sortir d’une chape de plomb démocratique sur un sujet, à tort, tabou dans le débat public français, et qui ne fait que nourrir les préjugés et les relents complotistes en remettant au cœur du débat la question du consentement qu’une certaine gauche adore arborer, à raison, dans certains domaines, mais qu’elle refuse lorsqu’il s’agit de demander aux individus qui ils souhaitent accueillir chez eux et de quelle manière.

La surveillance devient le prix à payer pour vivre en France

Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté cette dérive à travers les dernières actualités comme la volonté d’interdire les VPN, de mettre un mouchard dans nos navigateurs, d’interdire le chiffrement, de l’égaliser la reconnaissance faciale, d’interdire les cryptomonnaies.

Tous ces abandons de nos droits ont été faits en 2023, vous pouvez constater l’imagination sans limites de nos bureaucrates dans nos privations de liberté.

 

Une nouvelle dérive de surveillance à la française

Aujourd’hui j’aimerais porter l’attention sur une nouvelle dérive de surveillance à la française. L’État français profite de nos nombreux impôts, taxes, redevances, cotisations, charges pour justifier une surveillance afin d’éviter les fraudes.

D’un côté, on va créer un impôt inquisiteur, pour de l’autre mettre en place une surveillance pour cet impôt. Double punition pour le citoyen.

L’impôt sur le revenu permet de légitimer une surveillance de notre train de vie sur les réseaux sociaux par le fisc.

La taxe sur les piscines permet de légitimer une surveillance par satellite des maisons françaises par le fisc.

L’URSAFF peut demander vos conversations de votre téléphone professionnel, si elle juge son usage trop personnel, votre téléphone devient un avantage en nature dissimulé, et vous êtes bon pour un redressement.

L’impôt sur la fortune permet à l’État de connaître tous nos comptes bancaires y compris à l’étranger, ainsi que tous nos biens immobiliers et mobiliers.

Vous devez maintenant déclarer les occupants de vos logements, directement aux impôts, pour vérifier l’impôt sur le revenu de l’immobilier.

Et si par miracle, toute cette surveillance ne suffit pas, je rappelle que le fisc analyse toute transaction supérieure à 1000 euros à travers tracfin, sachant que l’État a par ailleurs rendu illégale toute transaction en espèces supérieure à 1000 euros. L’État interdit donc toute transaction non traçable par lui au-dessus de cette somme.

 

Deux poids, deux mesures

Fort heureusement, il existe encore des moyens d’éviter la surveillance.

Si vous continuez de louer une HLM alors que vous ne remplissez plus les critères, vous pouvez dormir tranquille. L’État ne semble pas inquiet, d’ailleurs il souhaite 25 % de HLM partout, plutôt que de réguler l’existant.

Si vous réclamez votre chômage depuis vos vacances à l’étranger, là aussi, soyez rassuré, il ne se passera rien.

L’État est capable de repérer les piscines par intelligence artificielle depuis l’espace, mais ne parvient pas à bloquer le site pôle-emploi aux adresses IP en dehors de France.

Si vous fraudez la sécurité sociale, ne vous troublez pas. Aux dernières nouvelles, il y a 2,6 millions de cartes vitales actives de plus qu’il y a d’inscrits à la sécurité sociale.

Le mieux est encore d’être dans l’État. Mon patrimoine intrigue le fisc, mais après avoir été banquier d’affaires durant quatre années, le maigrichon patrimoine de Macron n’a déclenché aucune investigation.

Savoir quel locataire habite chez moi semble hautement important. Mais Cahuzac, qui proposait ses services de consultant à BigPharma à travers son EURL Cahuzac Conseil, tout en travaillant au ministère de la Santé, ne semble pas choquer. Cette double activité, en plein conflit d’intérêts, ne lui a pas été reprochée, seul un compte en banque suisse alimenté par ses « missions » auprès de BigPharma lui a valu condamnation. Il n’a passé qu’un an en prison, il est à l’heure actuelle médecin en Corse.

En résumé, être innocent ou coupable ne dépend plus de vos agissements. Vous serez constamment innocent si vous participez au pillage de l’État.

Mais si vous vous tenez à l’écart de l’État, alors vous voilà un citoyen présumé coupable à perpétuité. Afin de vous disculper du terroriste, pédophile, trafiquant, fraudeur qui sommeille en vous, une surveillance de tous vos faits et gestes devient nécessaire.

Conflits d’intérêts et politiques de dépenses : le dessous des cartes économiques

La plateforme Spotify annonce le licenciement de 1500 employés, soit le sixième du total. Twilio, la plateforme d’hébergement de sites web, annonce le licenciement de 5 % de ses salariés. En plus de baisses des cours depuis deux ans, les entreprises perdent l’accès à des financements pour les pertes sur les opérations. Les levées de fonds, à travers le monde, baissent de 100 milliards de dollars par rapport aux niveaux de 2021.

Ainsi, les entreprises ont moins de moyens à disposition. Les gérants gagnent moins de primes. Les actionnaires subissent des pertes en Bourse. Un dégonflement de bulle a lieu depuis le début de hausse des taux.

À présent, l’espoir du retour à l’assouplissement par les banques centrales remet de l’air dans les marchés. La bulle reprend de l’éclat. Selon Reuters, le marché s’attend à une baisse de taux par la Banque centrale européenne de 1,40 % à fin 2024.

En France, le rendement sur les obligations du Trésor baisse depuis octobre. Sur les emprunts à dix ans de maturité, les taux passent d’un sommet de 3,6 %, le 4 octobre, à 2,8 % à présent.

Un retour des assouplissements plaît aux entreprises et aux marchés. Le Nasdaq prend 12 % depuis le sommet pour les taux, en octobre. Le CAC 40 grimpe de 9 %. Les autorités remettent en marche la création d’argent. Pourtant, selon les communications dans la presse, le gouvernement continue la lutte contre les hausses de prix.

Il annonce à présent le gel des tarifs de trains. Il a pris le contrôle des tarifs d’électricité. Il empêche les hausses de prix des péages.

Des ONG demandent davantage de contrôles sur les prix en magasins, avec des limites sur les marges. Les autorités – à l’origine de la création d’argent – prennent le rôle de sauveteurs contre les hausses de prix !

 

Plans de relance : retour des assouplissements

Les plans de relance ont de nouveau la cote autour du monde.

Les taux sur les obligations américaines à dix ans passent de 5 % en octobre, à 4,1 % à présent, en réponse aux déclarations de la Fed sur l’évolution de la politique de taux.

Autour du monde, les autorités préparent des incitations à l’endettement. En Chine, le gouvernement augmente le déficit à 4 % de la taille du PIB, et fournit davantage de garanties au secteur de l’immobilier. Selon la société d’analyse Gavekal, les promoteurs de projets d’immobilier chinois ont des impayés à hauteur de 390 milliards de dollars – envers des sous-traitants, fournisseurs, ouvriers, et créanciers.

La perspective d’un emballement de la dette du gouvernement – en raison des soutiens à l’immobilier – pousse Moody’s à une dégradation de la note de crédit.

Bloomberg donne des détails :

« L’économie de la Chine cherche à reprendre pied cette année, durant laquelle le rebond de l’économie – après la levée des restrictions du zéro covid – a déçu les attentes, et la crise de l’immobilier sème le doute. Les données économiques montrent que l’activité, à la fois dans les services, et l’industrie, chutent sur le mois de novembre, ce qui augmente les chances d’une politique de soutien de la part du gouvernement.

[…]

En octobre, le président chinois, Xi Jinping, a signalé qu’un ralentissement soudain de la croissance, et les risques de déflation, ne vont pas être tolérés, ce qui mène le gouvernement à tirer le déficit au niveau le plus élevé en trois décennies. »

Après un peu de répit à la dévaluation des devises, les autorités mettent à nouveau en marche les planches à billets, via les déficits et l’enfoncement des taux d’intérets.

 

Conflits d’intérêts sur les programmes de dépense

Le gouvernement français vient en aide à l’immobilier. Les ministres créent des mesures d’aide aux emprunteurs. La presse les présente comme un sauvetage du secteur face à la crise.

Vous ne verrez pas beaucoup de questions sur la nécessité de mesures. Peu de gens remettent en cause les programmes de dépenses. En effet, les mesures créent des conflits d’intérêts, en particulier dans la presse, les entreprises, et Think Tanks.

Les entreprises de bâtiment gagnent de l’argent sur la construction de logements. Des promoteurs font des bénéfices sur les volumes de vente aux particuliers. Les journaux font de la publicité et attirent des lecteurs sur le thème de l’investissement en immobilier. Les banques et courtiers génèrent des frais sur l’émission de crédits. Les sociétés de conseil proposent des études et rapports – sur l’impact des mesures – au gouvernement. Les particuliers voient dans l’accès au crédit une forme d’aide à l’achat.

Le même genre de conflit d’intérêts touche la plupart des programmes et interventions. Par exemple, la cybersécurité et l’IA créent des opportunités pour des contrats avec le gouvernement, et des sources de revenus pour les entreprises.

La société CapGemini publie un rapport au sujet de l’entrée en vigueur des normes de l’UE sur les services digitaux.

Dans l’introduction :

« En somme, le règlement DORA est prévu pour résoudre les risques de cybersécurité et de défaillances informatiques, en mitigeant la menace des activités illégales, et la disruptions aux services digitaux, avec des conséquences directes sur l’économie et la vie des gens. »

CapGemini n’ose pas les critiques de la loi. En effet, la société tire beaucoup d’argent des programmes du gouvernement. Selon Le Monde, la société de conseil a tiré 1,1 milliard d’euros de revenus grâce aux contrats avec le gouvernement, de 2017 à 2022 ! Elle ne veut pas courir le risque de perdre des contrats avec les autorités à l’avenir. Le groupe a ainsi un conflit d’intérêts dans l’analyse des décisions par les gouvernements.

De même, avec le projet d’un cadre de normes autour de l’IA, les entreprises et la presse ont des conflits d’intérêts. Elles les passent en général sous silence. Par exemple, Les Échos publie une tribune en soutien à la création de normes sur l’IA.

Selon l’auteur, le projet de loi crée « un cadre nécessaire à la protection et l’innovation ».

Il précise :

« Grâce au projet de règlement sur l’intelligence artificielle (AI Act), le législateur européen a l’opportunité de doper les investissements dans les secteurs de la culture et de l’innovation en Europe, et de montrer au monde la manière dont les entreprises d’IA peuvent prospérer au bénéfice de tous. »

L’auteur présente la loi comme une protection des artistes et créateurs de contenus contre la réutilisation par des IA, sans rémunération. Les régulations reviennent à bloquer l’activité des gens sous couvert de leur protection, incluant les consommateurs et les artistes.

L’auteur de la tribune, Robert Kyncl, a le même genre de conflit d’intérêts que les sociétés de conseil au sujet des projets du gouvernement. Il occupe le poste de PDG chez Warner Music Group. La société détient les droits d’auteur des catalogues de groupes comme Daft Punk ou David Bowie. Le groupe travaille aussi sur l’exploitation de l’IA pour tirer davantage de revenus des catalogues d’artistes. Il a en préparation un film sur la vie de la chanteuse, Édith Piaf, à base d’IA.

Les règles sur l’usage de l’IA, et la possibilité de barrières à l’entrée, présentent donc un intérêt pour M. Kyncl. Il a un avantage à la création de complications pour la concurrence. Les géants de la musique mettent à profit l’hystérie de la presse autour de l’IA – et l’envie de contrôle de la part des bureaucrates et représentants.

 

Climat : enjeux de centaines de milliards d’euros

L’Ademe publie une étude sur les coûts des dégâts faits à l’économie en raison de la hausse du carbone dans l’atmosphère. Ils estiment le bilan à 260 milliards d’euros par an à l’avenir. Comme le rapporte la presse, l’étude fait partie d’une commande du gouvernement.

Elle revient à une forme de communication en faveur des programmes – et des dépenses à hauteur de 110 milliards d’euros par an, selon les estimations du gouvernement, après 2030.

Une info-lettre que je reçois, au sujet du climat, effectue une campagne de dons. Des journalistes sont présents aux Émirats pour la COP28.

Dans la missive, de la part de Inside Climate News, l’auteur écrit : « Les journalistes sont des témoins. Nous sommes des diseurs de vérités. »

Sur le sujet du climat, les journalistes rapportent les décisions des dirigeants sans beaucoup de scepticisme. L’argent des programmes remplit beaucoup de poches.

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Les multinationales françaises : des pépites à choyer

Un article de Philbert Carbon.

 

L’Insee dresse un portrait des multinationales françaises dans une note récente. Par firme multinationale française, l’institut désigne un groupe de sociétés (hors services non marchands et filiales bancaires) dont le centre de décision est situé en France et qui contrôle au moins une filiale à l’étranger.

 

Les multinationales françaises réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à l’étranger

En 2021 (année sur laquelle porte la note), elles contrôlaient 51 000 filiales dans plus de 190 pays. Ces filiales employaient 6,9 millions de salariés, ce qui représentait 56 % des effectifs des firmes dont elles font partie. Elles réalisaient un peu plus de la moitié (52 %) du chiffre d’affaires consolidé total des firmes multinationales françaises, ce qui représentait 1566 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel consolidé. Précisons qu’il s’agit du chiffre d’affaires généré par les filiales présentes à l’étranger et non pas des ventes réalisées par la firme multinationale à l’étranger.

Le document nous apprend, par ailleurs, que les grandes firmes (celles qui emploient au moins 5000 personnes en France ou réalisent un chiffre d’affaires annuel consolidé sur le territoire national supérieur à 1,5 milliard d’euros) regroupent 43 % des filiales à l’étranger, emploient 76 % des effectifs et réalisent 83 % du chiffre d’affaires consolidé total.

Si l’Insee précise que les autres multinationales – de taille intermédiaire et de taille petite ou moyenne– réalisent la majorité de leur chiffre d’affaires en France, il n’indique pas le pourcentage exact du chiffre d’affaires réalisé à l’étranger pour chacune des catégories d’entreprises. Nous ne savons pas non plus quel est le nombre de ces multinationales. Deux informations pourtant essentielles pour bien appréhender le sujet !

La note de l’Insee datée du 13 décembre 2019, qui traite des données de 2017, était à cet égard plus complète. Nous savions alors que notre pays comptait 4600 multinationales, dont 160 grandes firmes et 1510 entreprises de taille intermédiaire (ETI). Les 3230 restantes étaient donc des sociétés dites de taille petite ou moyenne (c’est-à-dire employant moins de 250 personnes en France et réalisant un chiffre d’affaires annuel consolidé sur le territoire national inférieur à 50 millions d’euros).

Il faut se tourner vers le cabinet de conseil EY et son « Profil financier du CAC 40 » pour apprendre que l’activité internationale des entreprises composant l’indice phare de la bourse de Paris a représenté, en 2022, plus de 78 % de leur chiffre d’affaires. Certes, le chiffre ne porte que sur 40 entreprises et il ne mesure pas la même chose, mais il permet de comprendre que nos grandes entreprises n’ont besoin que marginalement de la France pour faire des affaires.

 

Les multinationales françaises sont surtout présentes en Europe

La note de l’Insee nous apprend également que les filiales des multinationales françaises sont, contrairement à ce que l’on croit souvent, essentiellement implantées dans les pays développés. Les trois premiers pays d’implantation, qui regroupent un quart des filiales, sont les États-Unis (10,2 % avec 5200 filiales), l’Allemagne (8 % avec 4100 filiales) et le Royaume-Uni (7,3 % avec 3700 filiales). La Chine occupe la cinquième place avec 5,5 % des filiales. Le top 10 – dans lequel figurent, outre les quatre pays déjà cités, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse et le Canada – abrite 54,3% des filiales. Plus de la moitié des filiales sont implantées en Europe.

En termes d’effectifs, le classement est quelque peu différent, même si les Etats-Unis restent à la première place avec 10,9 % (et 754 000 salariés). Dans le top 10, nous voyons, en effet, apparaître des pays où le coût de la main-d’œuvre est réputé bas : l’Inde (7,5 % des effectifs, soit 520 000 personnes), le Brésil (7,5 %), la Pologne (3,4 %) et la Russie (2,8 %, mais c’était avant la guerre en Ukraine et l’embargo).

C’est sans doute ce qui explique que le coût salarial par tête dans les filiales implantées à l’étranger est en moyenne de 38 900 euros par an, contre 63 300 euros pour les établissements implantés en France.

Enfin, en ce qui concerne le chiffre d’affaires, les États-Unis occupent encore la tête du classement avec 325 milliards d’euros générés, soit 20,8 % du total. Ils sont suivis par l’Allemagne (8,8 % et 135 milliards), le Royaume-Uni (6,8 % et 107 milliards), l’Italie (6,4 % et 101 milliards), la Chine (6,1 % et 96 milliards). Les dix premiers pays – dans lesquels figurent aussi l’Espagne, la Belgique, la Suisse, le Brésil et les Pays-Bas – génèrent 68 % du chiffre d’affaires. Les filiales implantées dans l’UE ne produisent que 36,5 % du chiffre d’affaires à l’étranger des multinationales françaises (soit 572 milliards).

On remarquera, en rapprochant les différentes données, que le meilleur « rendement » est réalisé par les filiales américaines qui, avec moins de 11 % des effectifs, génèrent presque 21 % du chiffre d’affaires de l’ensemble des implantations françaises à l’étranger.

 

Où sont réalisés les bénéfices ?

En ce qui concerne les profits, la note de l’Insee est muette. C’est regrettable, car nous aurions pu ainsi apprécier si les multinationales françaises gagnent autant d’argent qu’on le dit dans les pays à bas coûts.

Néanmoins, nous pouvons nous référer à une étude de la Banque de France sur la contribution des investissements directs à l’étranger des groupes du CAC 40. Même si elle date de 2013 et qu’elle porte sur la période 2005-2011, elle est riche d’enseignements. Elle révèle, en effet, qu’en 2011, 60 % des résultats nets des groupes du CAC 40 étaient réalisés à l’étranger (alors que la proportion était d’environ 50 % en 2005). Douze groupes réalisaient même plus de 75 % de leurs profits à l’étranger (contre dix en 2005).

Plusieurs raisons expliquent cette hausse selon la Banque de France : bien sûr, l’augmentation des investissements à l’étranger ; probablement, une recherche d’optimisation fiscale qui a pu conduire certains groupes à enregistrer une part croissante de leurs profits dans des pays à fiscalité avantageuse ; et, raison la plus inquiétante, l’écart de compétitivité croissant entre la France et le reste du monde. Cet écart s’étant encore agrandi depuis 2011, il est ainsi probable que la part des bénéfices réalisés à l’étranger par les grands groupes français ait aussi augmenté. Si Total Énergies est accusé de ne payer que peu d’impôts en France (à peine 2 milliards d’euros sur les 30 milliards d’impôts et taxes acquittés au total), c’est bien parce que le groupe réalise la quasi-totalité de ses bénéfices à l’étranger

Même si investir et produire à l’étranger rapporte plus qu’en France, ces multinationales restent françaises. Cependant, le risque qu’elles transfèrent un jour leur centre de décision hors de France n’est pas nul. C’est pourquoi, le Gouvernement devrait les choyer. Au lieu de cela, il préfère les vilipender.

Dernièrement, Bruno Le Maire, le ministre des Finances, ne s’en est-il pas pris aux grands industriels de l’agroalimentaire qui font « des marges indues » ? Il y a un an, le président Macron ne montrait-il pas du doigt Total Énergies qui fait des « profits importants », distribue « beaucoup d’argent » aux actionnaires mais traîne des pieds pour ouvrir des négociations sur les salaires ? Le gouvernement n’a-t-il pas cherché à taxer les « superprofits » de l’armateur CMA-CGM, ou les raffineries de Total Énergies ?

Attirer à Paris les banques londoniennes ou le siège de la FIFA avec un régime de faveur est une chose, comme subventionner les usines de batteries (1,5 milliard d’euros pour ProLogium à Dunkerque). Il ne faudrait pas oublier nos pépites nationales. Rappelons-nous des déconvenues récentes de Bridor en Bretagne ou du groupe Duc en Bourgogne. Ces entreprises ne demandent pas l’aumône, mais simplement de pouvoir investir aussi en France et y gagner de l’argent !

Sur le web.

Le gouvernement britannique cherche-t-il vraiment à faire baisser les impôts ou veut-il simplement gagner des élections ?

Par : Jason Reed

Mercredi 22 novembre, le chancelier britannique (ministre des Finances) Jeremy Hunt a prononcé son discours « Déclaration d’automne pour la croissance », une liste de politiques économiques conçues pour contribuer à la croissance de l’économie britannique. Hunt, ainsi que le Premier ministre Rishi Sunak, ont revendiqué le mérite de la récente goutte de 10,7 % à 5,3 %. M. Hunt a affirmé que ce taux d’inflation plus faible a permis au gouvernement de faire ce qu’il avait toujours voulu faire : réduire les impôts.

Malheureusement, il s’agit d’un récit trompeur. Bien que la déclaration d’automne de Hunt contienne quelques réductions d’impôts, elles étaient beaucoup moins importantes que les innombrables hausses d’impôts que le gouvernement a introduites au cours de la dernière décennie, en particulier au cours des trois dernières années. Hunt et Sunak sont conscients que le peuple britannique se sent épuisé par des hausses d’impôts sans fin, mais il est difficile de croire que le désir du gouvernement de réduire les impôts est sincère.

 

Les réductions d’impôts annoncées récemment sont très inférieures aux augmentations d’impôts introduites précédemment

Par exemple, la réduction d’impôt globale annoncée dans la déclaration de Hunt était une diminution de deux points de pourcentage du taux de l’assurance nationale, un impôt payé par les travailleurs en plus de l’impôt sur le revenu. Pour un travailleur gagnant 35 000 livres par an, ce changement lui permettra d’économiser 450 livres par an. Cependant, M. Hunt n’a apporté aucun changement aux seuils de l’impôt sur le revenu, qui sont gelés depuis 2021 (et M. Hunt affirme qu’ils le resteront au moins jusqu’en 2028) malgré l’inflation.

Cela signifie que les travailleurs sont poussés dans des tranches d’imposition plus élevées lorsque leurs revenus augmentent en raison de l’inflation, de sorte qu’ils paient beaucoup plus d’impôt sur le revenu qu’auparavant, malgré l’absence d’augmentation des salaires réels. Il s’agit d’une « taxe furtive ». Cela coûte des milliers de livres sterling à des millions de travailleurs. La réduction de 2 % de l’assurance nationale par Hunt est loin de contrecarrer cela.

 

Des cadeaux électoraux

La Grande-Bretagne doit organiser des élections générales en 2024. C’est presque certainement la véritable motivation derrière les réductions d’impôts symboliques dans la déclaration d’automne de Hunt. Il s’agissait de cadeaux préélectoraux destinés à tromper les électeurs en leur faisant croire que les conservateurs étaient un parti de réduction d’impôts, les encourageant à oublier la décennie de hausses d’impôt qui a précédé.

Depuis que Rishi Sunak est devenu Premier ministre britannique en octobre 2022, lui et son chancelier (ministre des Finances) Jeremy Hunt ont parlé à d’innombrables reprises de leur détermination à réduire les impôts. Depuis 2010, la Grande-Bretagne a eu cinq Premiers ministres et sept chanceliers, qui se sont tous déclarés unis dans leur croyance en la petite taille de l’État et en la faiblesse des impôts.

Il serait peut-être surprenant d’apprendre que le fardeau fiscal en Grande-Bretagne n’a cessé d’augmenter au cours des 13 dernières années où le Parti conservateur a été au pouvoir. Les dépenses publiques ont explosé, en partie à cause du soutien de la Grande-Bretagne à l’Ukraine et des programmes gouvernementaux visant à subventionner les salaires pendant la pandémie de covid, mais aussi à cause des subventions sur les factures d’énergie et de l’augmentation des coûts des retraites et des soins de santé.

Il n’est pas question d’emprunter pour financer ces dépenses supplémentaires, surtout après que le bref mandat de Liz Truss en 2022 a provoqué une onde de choc dans l’économie britannique en s’engageant à emprunter plus d’argent, et donc à créer plus de dette. Le résultat est que, selon une analyse indépendante de l’Institute for Fiscal Studies, le Parlement actuel sera « le plus grand Parlement de hausse d’impôts jamais enregistré ». D’ici 2024, la Grande-Bretagne est en passe d’avoir la charge fiscale la plus élevée depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

Un pas en avant, trois pas en arrière

Certaines des réductions d’impôts prévues dans la déclaration d’automne de Hunt étaient encourageantes.

De loin, la meilleure était une politique appelée « passation en charges intégrale » qui permet aux entreprises qui investissent en Grande-Bretagne de compenser les coûts de gros investissements tels que la construction d’usines. Il s’agit d’un changement positif que les économistes du marché libre appellent de leurs vœux en Grande-Bretagne depuis des années. Malheureusement, cela ne fait pas grand-chose pour annuler la récente augmentation colossale du taux de l’impôt sur les sociétés, qui est passé de 19 % à 25 %. Malgré la passation en charges complète, la plupart des entreprises qui investissent au Royaume-Uni finiront toujours par payer plus d’impôts qu’il y a quelques années.

C’est symbolique de l’approche du gouvernement actuel en matière de fiscalité. Il introduit une énorme augmentation d’impôt, augmentant le taux d’imposition, prétendant que c’est inévitable. Puis, quelques mois avant une élection, il dévoile un changement de politique, affirmant que cela prouve qu’ils est un gouvernement qui réduit les impôts. Les électeurs n’ont pas la mémoire si courte. Si les sondages pour les élections de l’an prochain sont corrects, l’électorat voit la vérité sur les hausses d’impôt incessantes de ce gouvernement, et le Parti conservateur sera puni dans les urnes pour cela.

Les politiciens conservateurs disent qu’ils aimeraient réduire les impôts, mais leurs actes ne sont pas à la hauteur de leurs paroles. Ils sont réticents à repenser les problèmes sous-jacents qui font que les dépenses publiques augmentent chaque année, comme l’inefficacité de notre système de santé ou nos retraites trop généreuses. Au lieu de cela, ils préfèrent colmater les brèches en offrant de petites réductions d’impôts à l’approche des élections. Lorsque même le Parti travailliste (dont le chef était Jeremy Corbyn, d’extrême gauche il y a à peine quatre ans) se plaint que les impôts sont trop élevés, cela devrait certainement être un signal d’alarme pour tout gouvernement conservateur.

Bureaucratie : les aveux partiels d’un responsable

Un article d’Alain Mathieu

 

Il est difficile de trouver un Français plus représentatif de nos hauts fonctionnaires que Jean-Pierre Jouyet.

Son CV accumule les plus hauts postes financiers : directeur du Trésor, la plus prestigieuse direction du ministère des Finances, chef du service de l’Inspection des Finances, le corps de fonctionnaires le plus influent, président de l’Autorité des marchés financiers, qui règlemente la Bourse, directeur général de la Caisse des dépôts et président de la Banque Publique d’Investissement, les « bras armés » de l’État dans l’économie.

Il a été en outre chef de cabinet du président de la Commission européenne Jacques Delors, directeur du cabinet du Premier ministre Lionel Jospin, secrétaire général du président de la République et ami François Hollande, ministre de Nicolas Sarkozy. Il a joué un rôle important dans l’ascension d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, notamment en dénonçant une prétendue intervention de François Fillon pour faire accélérer par l’Élysée les poursuites judiciaires contre Nicolas Sarkozy. Il en fut d’ailleurs remercié par Emmanuel Macron qui le nomma en 2017, à 63 ans, ambassadeur de France au Royaume-Uni.

« Catholique de gauche », il se livre, sous le titre Est-ce bien nécessaire, Monsieur le ministre ? (Albin Michel-octobre 2023), à une étonnante et méritoire confession publique :

« J’étais plus intéressé par les règles qui s’appliquaient aux relations entre les administrations centrales que par celles qui s’appliquaient aux administrés […]. Je minimisais l’importance de la bureaucratie et son rôle souvent néfaste sur la bonne marche du pays […]. Maintenant que j’affronte seul la machine administrative je mesure l’astuce et la ténacité dont doivent faire preuve les usagers des services publics ».

Sa confession va jusqu’à signaler les mauvaises décisions qu’il a prises ou suscitées dans ses différents postes :

Pour assurer le succès de l’introduction de l’euro, il a recommandé des « augmentations de salaires aveugles et préventives » accordées aux salariés des imprimeries de la Banque de France qui menaçaient de faire grève.

Sur les 23 régions existant en 2015, 17 ont subi des fusions qui ont réduit leur nombre à sept. Par la suite, « les dépenses de ces sept régions fusionnées ont augmenté trois fois plus vite que celles des six autres régions non fusionnées ».

 

Les réformes décidées par le pouvoir politique rencontrent l’obstruction systématique des hauts fonctionnaires, qui détiennent en fait le pouvoir

La fusion des directions des Impôts et de la Comptabilité publique « supposait de mettre fin aux doublons entre directeur départemental des impôts et Trésorier-payeur général. Il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui ces deux fonctions coexistent toujours ».

Sa longue expérience administrative lui a fait constater de nombreux gaspillages de l’argent public.

« L’État dépense un « pognon de dingue » ». Pour le gouvernement d’Élizabeth Borne, 565 conseillers, soit 13 par ministre, alors qu’en 2017 Emmanuel Macron n’en voulait pas plus de cinq par ministre. Ils sont assistés par 2200 huissiers, secrétaires, chauffeurs, cuisiniers […] Il suffirait de 15 ministres à temps plein. En matière sociale, un ministre suffirait au lieu de cinq. Un ministère des Rapatriés a été instauré en 1995, trente-trois ans après la fin de la guerre d’Algérie […]. Quand je suis nommé secrétaire d’État aux Affaires européennes, je comprends que je dois composer avec quatre autres administrations françaises qui en sont chargées ».

Il remarque que « la France est le pays le plus centralisé d’Europe » :

« Pourquoi ne pas donner plus de pouvoirs aux départements et aux régions dans la gestion des écoles, collèges, lycées, universités, hôpitaux ? […]. Les ARS (agences régionales de santé) devraient être confiées aux régions ; les chefs d’établissement de l’enseignement public devraient recruter eux-mêmes leur personnel enseignant […]. En finir avec le droit des préfets sur les projets d’urbanisme menés par les communes ».

Il constate avec effroi qu’il y a 1800 pages pour la réglementation thermique des établissements scolaires, 4300 pages d’instructions aux ARS pour la collecte de données chiffrées, que 40 % du marché locatif privé seront vraisemblablement interdits à la location du fait de leur classement énergétique, que 68 % des élus sont confrontés à des normes contradictoires.

Il a vu que le président de la République passait trop de temps à de trop nombreuses nominations.  L’Élysée est devenu une « agence de casting permanent ».

« Comme secrétaire général de l’Élysée, j’ai consacré beaucoup de temps aux nominations ». De nombreuses nominations sont qualifiées par lui de « nominations de circonstance » (des nominations par copinage).

De ce fait la réforme de l’État est négligée.

« Emmanuel Macron n’a pas engagé en 2017 une grande transformation de l’État […]. Je n’ai jamais senti chez les quatre derniers présidents de la République le moindre intérêt pour ce sujet pourtant essentiel, la réforme de l’État […]. Pendant les trois ans où j’ai été secrétaire général de l’Élysée, jamais le thème de la réforme de l’État n’a été abordé […]. La simplification est toujours confiée à des membres du gouvernement de second rang ».

Il reproche à la réforme Balladur des retraites en 1993 d’avoir « épargné la fonction publique » ; comme celle de Macron en 2023.

Le titre de son livre illustre le fait que les réformes décidées par le pouvoir politique rencontrent l’obstruction systématique des hauts fonctionnaires, qui détiennent en fait le pouvoir, d’autant plus que les principaux ministres sont issus de leurs rangs, et y retournent après leur carrière politique.

 

Son aveu partiel n’est pas un aveu personnel, mais l’aveu d’une caste

Jean-Pierre Jouyet sait que de profondes réformes sont nécessaires.

Il critique Emmanuel Macron, qui « s’était engagé à baisser de 120 000 les effectifs publics, mais en a créé 120 000 ». Il écrit qu’il faut « en finir avec les sureffectifs et les doublons » et qu’« il reste à réduire la masse salariale globale » de la fonction publique.

Il admire les dirigeants de pays qui l’ont réalisé : Paul Martin, premier ministre du Canada, « qui a diminué de 20 % les dépenses publiques canadiennes, et qui a obtenu en dix ans une baisse de ces dépenses de 48,8 % à 37,1 % du PIB canadien » ; Franco Bassanini, ministre italien de la Réforme de l’État, « qui a fait passer le coût du personnel public de 12,6 % du PIB en 1990 à 10,5 % en 2000… et supprimé près de 200 types d’autorisations administratives ».

Il sait que les syndicats sont un frein aux réformes :

« En Italie, les principaux syndicats du secteur public représentent les travailleurs des secteurs public et privé, alors qu’en France ils ne représentent que ceux de l’administration publique ». Pour faciliter les réductions d’effectifs, il propose de « renforcer la mobilité entre administrations, développer la polyvalence des agents ».

Il approuve les privatisations de Lionel Jospin (France-Telecom, Renault, etc), qu’il a orchestrées comme directeur de son cabinet et « qui ont fait passer le déficit public à 1,3 % du PIB en 2000 ».

Bref, Jean-Pierre Jouyet connaît les défauts de nos administrations et une partie des remèdes.

Pour sortir la France de son déclin économique, il devrait tirer toutes les leçons de ses observations :

  • obliger à la démission de la fonction publique les fonctionnaires entrant en politique ;
  • contrôler les subventions aux syndicats ;
  • privatiser toutes les entreprises publiques, y compris la Caisse des dépôts, la BPI, EDF et SNCF (cf Japon, Royaume-Uni, Italie), ainsi qu’une partie des HLM, hôpitaux, écoles, assurance-maladie ;
  • fixer un objectif de 20 % de baisse des dépenses publiques ;
  • geler les embauches de fonctionnaires, aligner leurs horaires de travail sur ceux des Allemands ;
  • rendre les hauts fonctionnaires responsables de leur gestion devant le Parlement ;
  • règlementer le droit de grève ;
  • décentraliser la gestion de l’Éducation, de la Santé, de la Culture, du Sport, du Tourisme, etc.

 

Bien qu’il prétende que son livre est « une sorte de confession qui met à plat les moyens du redressement », il ne propose presque rien de tout cela. Car des haus fonctionnaires lui diraient :

« Est-ce bien nécessaire ? ».

Son aveu partiel n’est pas un aveu personnel. C’est l’aveu d’une caste.

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Bonus réparation vêtements : la bureaucratie française hors de contrôle

Il fût un temps, pas si éloigné, où les mamans avaient investi dans une aiguille et un rouleau de fil pour réparer un vêtement déchiré ou endommagé. Moi-même, je l’ai fait de nombreuses fois, même si j’étais loin du « meilleur ouvrier » de France.

Il fallait donc que notre administration s’en offusque et mette à la disposition des mamans et des papas français un de ces « miracles administratifs « dont elle seule a le secret.

Faire quelques kilomètres, en voiture bien évidemment, pour apporter un vêtement endommagé à réparer pour obtenir une réduction de : 7 euros pour faire repriser un trou, un accroc, une déchirure, 10 euros pour une doublure, 8 euros pour un zip, 6 euros dans le cas d’une couture défaite (8 euros si la couture est doublée).

Je vous épargnerai le « tarif applicable » pour d’autres « sauvetages » de chaussures et autres désagréments dans la vie d’un vêtement. Pour ce « délire », notre gouvernement se dit prêt à investir 150 millions d’euros dans la labellisation d’au moins 500 couturiers et cordonniers, ce qui fait en gros cinq par département.

Me concernant, le plus proche sera à une vingtaine de kilomètres que je devrai donc effectuer deux fois l’aller et retour, un pour apporter le vêtement et un pour le rechercher, soit 80 km au total !

L’indemnisation kilométrique de ma voiture étant fixée par l’état à 0,60 euro, mon petit gain d’une dizaine d’euros me coûtera réellement… 48 euros, sans compter les deux heures perdues. Cherchez l’erreur !

Mais ce délire ne s’arrêtera pas là, car pour notre administration, ce serait trop simple ! C’est compter sans les contraintes imposées au pauvre professionnel pour se faire, sans aucune garantie, rembourser la remise qu’il m’aura concédée. Ce que François Lenglet nomme « le Michel-Ange de la bureaucratie » qui en dénonce sur RTL& TF1 la folie de la taxation prévue pour financer ce « chef d’œuvre » : pas moins de 104 niveaux de taxes pour chaque type de vêtement défini au centième de centime d’euro, par exemple les bas pour homme seront taxés à 0,0231 euro.

Bonus réparation vêtements: "On n'a jamais vu un tel chef d'oeuvre de complexité. C'est le Michel-Ange de la bureaucratie. Les fonctionnaires créent des normes. Les normes créent des fonctionnaires. C'est ce qu'on appelle le mouvement perpétuel…"
Chronique à voir de F. Lenglet pic.twitter.com/4LhSnQEHRU

— Jean Louis (@JL7508) November 19, 2023

 

Cela me conforte dans mon combat pour une réduction drastique du nombre de fonctionnaires, soit proportionnellement quatre millions de plus qu’en Allemagne, selon une étude d’Alain Mathieu, mais surtout ceux affectés aux administrations.

Quand on arrive à ce niveau d’incompétence, c’est la théorie de Joseph Schumpeter sur la « destruction créative » qu’il faut appliquer à notre administration, soit en supprimer un grand nombre pour gagner en efficacité, en n’en conservant qu’un petit nombre.

Car le mal français réside bien dans cette démonstration : plus on augmente le nombre de fonctionnaires, plus ils nous pondent des « âneries »… et plus il faut de nouveaux fonctionnaires pour les gérer ! Le cycle infernal est ainsi enclenché sans aucune limite.

Mais le plus inquiétant dans cette farce, c’est que de nombreux Français vont approuver et, si aucune rupture dans cette dérive n’est envisagée, il est fort à parier que la prochaine proposition sera la création d’une subvention par mètre, voire centimètre, de papier toilette utilisé par personne au sein d’une même famille.

Réveille-toi, peuple français !

L’éviction de Madelin du gouvernement Juppé : la droite française face à son illibéralisme

Que dit Alain Juppé dans ses Mémoires à propos du renvoi d’Alain Madelin du gouvernement en 1995 ?

Les lecteurs qui ont vécu la présidentielle de 1995 s’en souviendront. Le 26 août de la même année, le ministre libéral du gouvernement Juppé est limogé. Pourquoi ?

Dans Une histoire française paru en septembre 2023 (Paris, Tallandier, 2023), l’ancien maire de Bordeaux écrit :

« Si je me suis séparé d’Alain Madelin au mois d’août 1995 en acceptant sa démission du gouvernement, ce n’est pas à la suite d’un désaccord de fond sur la conduite de notre politique économique (sic) » (p. 200).

Il ajoute qu’il avait réuni un ensemble de ministres à la fin de l’été en vue de préparer la mise en œuvre de la réforme de la sécu, chacun recevant la consigne de ne pas faire part à l’extérieur du contenu des échanges.

« Le lendemain, écrit-il, j’entendis, sur les ondes d’une radio nationale, Madelin expliquer en détail ce que nous allions faire » (ibid.).

 

Chirac/Juppé vs. Madelin : désaccord intellectuel parfait

Or, si Madelin a présenté sa démission du gouvernement Juppé, c’est aussi et surtout en raison de la nature des propos qu’il a tenus ce jour-là à l’antenne d’Europe 1.

L’ancien ministre de l’Économie avait en effet critiqué les acquis sociaux, la moindre durée de cotisation des employés du secteur public comparativement à celle de leurs homologues du privé, ainsi que les Rmistes qui « gagnent plus que, sur le même palier, la famille où l’on se lève tôt le matin pour gagner le Smic ». Un discours de vérité, conforme au diagnostic socio-économique qu’on est en droit d’attendre d’un politique de droite, mais qui, curieusement, ne semble pas avoir du tout plu au tandem exécutif d’alors…

Comment expliquer une telle réaction ?

On se rappelle que Jacques Chirac avait fait campagne en 1995 sur le thème de la « fracture sociale ». Il existait – et il existe encore – dans notre pays une véritable fracture au sein de la population. Mais pour Chirac et Juppé (qui reprenaient ainsi une vision typiquement socialiste de la réalité), elle opposait les riches aux « exclus », les capitalistes aux travailleurs (cf. Pascal Salin, Français, n’ayez pas peur du libéralisme, Paris, Odile Jacob, 2007, p. 69).

Or, ce que révélaient les propos de Madelin, c’est qu’il avait compris que la vraie fracture sociale passe entre les Français qui travaillent, créent, innovent, prennent des risques, s’enrichissent honnêtement, et ceux qui appartiennent à la caste des privilégiés de la fonction publique, qui bénéficient d’avantages de toutes sortes, et jouissent de l’emploi à vie (ibid.).

 

Une droite française historiquement allergique au libéralisme

Pourquoi donc Alain Juppé n’écrit-il pas clairement dans ses Mémoires qu’Alain Madelin était tout simplement beaucoup trop libéral pour lui et pour Chirac ?

Jacques Chirac, et l’ensemble des Premiers ministres qu’il nomma au cours de ses deux mandats, ont en effet bien plus incarné l’étatisme de droite à la française qu’une tradition authentiquement libérale sur le plan économique.

Dans son ouvrage Français, n’ayez pas peur du libéralisme (Paris, Odile Jacob, 2007), Pascal Salin écrit à propos de la présidence Chirac (qui fut en réalité une présidence social-étatiste sous des dehors de politique de droite) :

« Chirac a des convictions, mais elles consistent systématiquement à exprimer des opinions de gauche […] Toujours prêtà critiquer le capitalisme, la spéculation, la recherche du profit, prêt à distribuer des subventions, à accroître les interventions étatiques, Jacques Chirac ne rate pas une occasion de défendre les idées de la gauche la plus traditionnelle, car elle est le consensus idéologique de la classe politique française. » (p. 73).

Au-delà de Chirac, c’est en réalité quasiment toute la classe politique française de droite qui, historiquement, voit le libéralisme économique d’un mauvais œil.

Ce qui ne l’a pas pour autant empêchée par moments de faire croire qu’elle s’y était convertie, sans doute afin de pouvoir rallier les suffrages de la classe des producteurs et des travailleurs ne supportant plus de voir leurs ressources ponctionnées pour financer la classe des profiteurs et des parasites sociaux.

Si Chirac a remporté la présidentielle de 1995, c’est en grande partie grâce à Madelin, le programme économique de celui-là ayant été inspiré du mouvement Idées-action de celui-ci (Pascal Salin, Le Vrai libéralisme, droite et gauche unies dans l’erreur, Paris, Odile Jacob, 2019, p. 45).

Beaucoup de Français ont alors pensé que les réformes qu’ils attendaient depuis longtemps avaient désormais une chance d’être appliquées.

Mais à l’évidence, Chirac et Alain Juppé ont préféré voir Madelin quitter le gouvernement, plutôt que de courir le risque de mécontenter une partie des Français, ceux appartenant au secteur protégé. Du fait de la crainte d’un tel scénario, la conduite des vraies réformes structurelles dont la France avait pourtant déjà grand besoin – ainsi, par exemple, une réforme fiscale de grande ampleur passant par la suppression de la progressivité de l’impôt – était rendue par là même impossible. Ainsi les Français n’ont-ils finalement eu droit qu’aux traditionnelles réformettes en lieu et place de réelles réformes qui seules leur permettraient de recouvrer leur liberté et leur responsabilité.

 

Une droite française peu crédible ?

Sarkozy a certes été élu président en 2007. Mais la vérité est que Chirac a eu une importante responsabilité dans la déception durable de son électorat vis-à-vis de la droite : se disant libérale quand cela l’arrange pour se faire élire, nous l’avons dit, elle est aussi capable de brusquement cesser de l’être lorsqu’il faut prendre des décisions courageuses susceptibles de remettre en cause les « avantages acquis » extorqués par le public au privé.

« À quoi bon voter pour un candidat de droite si c’est pour qu’il applique ensuite, une fois élu, une politique de gauche ? », ont sans doute pensé depuis lors plus d’un électeur s’étant senti floué par la suite des événements.

Comme l’écrivait déjà très justement Pascal Salin peu après la démission de Madelin, « tous ces hommes et ces femmes qui, jour après jour, s’épuisent à produire et à créer en dépit d’obstacles réglementaires et fiscaux croissants espéraient sincèrement (NDLR : en votant pour Chirac) la reconnaissance à laquelle ils ont droit. Ils sont aujourd’hui victimes d’une terrible trahison » (ibid.).

Il est regrettable qu’Alain Juppé ne reconnaisse pas dans ses Mémoires cette erreur qui a probablement contribué à décrédibiliser la droite aux yeux de son électorat, dans son aptitude à mener des réformes systémiques, profondes et durables, et à appliquer un programme économique de manière fidèle et cohérente.

Contre toute attente, le candidat François Fillon à la présidence de 2017 avait toutefois réussi à remporter largement la primaire face à Alain Juppé, donné initialement vainqueur avec une confortable avance ; peut-être parce que, en reflétant ce qui semblait être devenu chez lui de véritables convictions libérales acquises au fil des dernières années – et non d’énièmes manœuvres de pure tactique électoraliste -, son programme économique mûrement réfléchi avait permis de retrouver la confiance des électeurs qui souhaitaient voir en France l’application d’une vraie politique libérale.

Mais, comme on le sait, ses déboires judiciaires devaient avoir raison de lui. Si un candidat libéral de droite venait à émerger et être élu à la présidentielle de 2027, souhaitons donc pour lui et surtout pour une majorité de nos concitoyens qu’il ne commette pas une erreur analogue à celle de Chirac et Juppé en 1995.

Malgré l’inflation, le gouvernement ne doit pas imposer aux entreprises des hausses de salaires

À l’occasion d’une conférence avec les syndicats, pour « avancer sur le lien entre productivité, création de valeur et salaires », le gouvernement donne les apparences d’une réponse aux hausses de prix.

Les autorités créent plus d’argent via les déficits et les politiques de soutien aux débiteurs, via des baisses de taux d’intérêt. En dépit des apparences, la banque centrale maintient le taux de dépôt sous le rythme de la progression des prix, une forme d’incitation à la création d’argent.

Pourtant, selon les dirigeants et la presse, les hausses de prix n’ont rien à voir avec les politiques de dépense. Au contraire, disent-ils, le gouvernement mène une lutte pour le pouvoir d’achat !

Ils affirment que l’industrie de l’alimentaire – les entreprises Nestlé ou Danone, par exemple – crée les hausses de prix en rayons. Les producteurs de carburants, comme Total, gagnent trop d’argent, et augmentent le coût de la vie.

Le gouvernement évoque des aides à la population contre les hausses de taux d’intérêt.

Les ministres parlent d’aides à l’emprunt pour l’achat d’un logement, par exemple. L’accès à davantage de crédits fournit une source de pouvoir d’achat.

 

Responsabilité des patrons

Pour les salariés, la perte de pouvoir d’achat provient des employeurs, disent-ils. Les ministres appellent à plus de générosité des patrons.

Le ministre du Travail reproche un retard dans les augmentations de salaires en proportion à la hausse du Smic :

« On va rendre publiques ces branches, on va les recevoir dans les jours qui viennent, leur rappeler les règles du jeu. Le 1er juin, si la situation ne s’est pas améliorée, nous proposerons ce projet de loi. »

Le ministre de l’Économie évoque des mesures de redistribution aux employés, via des règles sur les rachats de parts :

« Quand une entreprise a de quoi racheter des actions, elle sera obligée de rouvrir les accords d’intéressement et de participation et de donner plus aux salariés ».

La presse reprend le refrain des dirigeants. Emmanuelle Souffi, chroniqueuse chez BFM, affirme par exemple :

« L’État est récemment passé à la rescousse [contre les hausses de prix], avec des chèques-carburant, des chèques anti-inflation, des ristournes fiscales, des ristournes fiscales, des boucliers tarifaires, mais aussi en mettant la pression sur les employeurs, qui ont la fâcheuse tendance à jouer les Picsou. »

 

Salariés et entreprises, victimes d’une dévaluation

La dévaluation de la devise mène à la confusion chez les entreprises et salariés.

En effet, les hausses de prix et des salaires touchent des segments de l’économie avant d’autres. De plus, personne ne sait la part de la dévaluation de la devise dans les variations de prix.

Par exemple, les prix pour les matériaux de construction, ou les matières premières pour l’agro-alimentaire, baissent à présent par rapport aux extrêmes.

Personne ne sait par avance sur quelle durée de temps, et jusqu’à quel point les prix peuvent retrouver la normale.

Les entreprises ne savent pas quelle part du surcoût pour la production provient d’effets de passage – perturbations des confinements ou guerres -, ou d’effets sur la durée, en raison de l’injection d’argent. Les sociétés ne savent pas non plus si les hausses de prix proviennent d’effets particuliers à des secteurs – le manque de bois ou d’engrais, par exemple – ou en raison d’un effet de la dévaluation sur l’ensemble de l’économie.

En général, une hausse de prix pour un type de bien ou service signale une hausse de la demande de la part des consommateurs, et encourage plus de production dans le domaine. Or, avec la dévaluation de la devise, les prix peuvent grimper sans rapport avec la demande du marché.

Ainsi, les prix induisent en erreur : ils fournissent l’impression d’un changement dans la quantité d’offre ou de demande. Dans une dévaluation, la hausse du prix d’un produit survient parfois malgré une baisse de la demande !

 

Déboires de l’effet Cantillon

Le contemporain de John Law, Richard Cantillon, décrit la raison pour la confusion dans les signaux de prix :

« Une injection de monnaie dans l’économie exerce un effet progressif et différencié sur les prix au fur et à mesure que la monnaie se propage par les échanges à partir du point où elle a été injectée. »

Les prix transmettent une information sur la situation de l’offre et de la demande pour un bien ou service. Or, avec la dévaluation de la devise, les prix changent sans rapport avec la quantité de biens, ou les préférences des consommateurs.

Le marché – producteurs, consommateurs, financiers, actionnaires – perd une partie du signal des prix. Les acteurs de l’économie n’ont pas de certitude sur la réalité de la demande pour un bien, ni pour l’évolution des coûts de production à l’avenir. Personne ne connaît la part de la dévaluation de la devise dans les variations de prix pour un secteur ou type de bien.

Les entreprises n’ont pas non plus de certitude sur la réponse des consommateurs face aux hausses de prix. En principe, les prix et salaires suivent tôt ou tard le rythme moyen de la hausse. Dans l’immédiat, les hausses de prix peuvent réduire la demande pour certains types de biens. Un producteur peut augmenter ses salaires au rythme de l’évolution des prix dans l’économie. Pourtant, il risque un manque d’achats de la part des consommateurs, face aux prix plus élevés en rayons.

Lors d’une dévaluation, la confusion induit des erreurs chez les producteurs et coûte du pouvoir d’achat aux ménages. En raison du décrochage entre l’évolution des prix et la réalité de l’offre et de la demande, elle réduit l’efficacité des marchés.

 

Une voix de la raison

Lundi, les syndicats en réunion avec le gouvernement ont exigé des indexations des salaires, en guise de protection des salariés. Une voix de la raison provient du journal Alternatives Économiques, d’habitude une source d’appels à l’intervention. Une tribune du journal cette semaine conseille la prudence dans les mesures.

Christian Chavagneux, l’auteur de la tribune, rappelle le problème de l’indexation des salaires dans les années 1970 :

« La première erreur serait de mettre en place une indexation automatique de tous les salaires sur le coût de la vie. »

La dévaluation de la devise réduit en effet le pouvoir d’achat des entreprises (en l’absence de hausses de prix pour les produits et services) :

« Les entreprises ne peuvent pas toutes se le permettre, au risque de plomber leurs comptes et la pérennité de l’emploi. L’expérience nous l’a montré, lorsque la France a connu une longue période d’indexation, le partage de la valeur ajoutée a largement bénéficié aux salariés et évolué trop défavorablement pour les entreprises. »

Comme le remarque Cantillon, au bout d’un temps l’injection d’argent mène à l’augmentation des prix partout dans l’économie. Pourtant, la hausse n’a pas lieu à égalité pour tous. Les revenus de secteurs ou d’entreprises traînent, parfois pour des années, derrière la hausse des prix dans l’économie.

La protection des pouvoirs d’achat requiert non une indexation, ni des mesures de pression, mais la fin de la création d’argent.

 

Importance de la liberté de contrat

La tribune met aussi en valeur – sans doute par accident – la nécessité de la liberté des entreprises, en particulier en matière d’accords et contrats avec les salariés. Comme l’explique M. Chavagneux, le fonctionnement d’une entreprise comporte beaucoup de flou et d’incertitude sur la contribution de chacun aux ventes ou aux bénéfices.

Il y voit une critique de la rémunération au mérite :

« Quand les numéros d’Alternatives Économiques réalisent de grosses ventes, est-ce du fait de ceux qui ont choisi la couverture ? De la qualité des articles ? De leur mise en page ? De la stratégie publicitaire ? Des relais réussis sur les réseaux sociaux ? D’autres éléments… ? Bref, qui mérite d’être augmenté ? Il est impossible de répondre à cette question. »

En effet, personne n’a de réponse à la question. Pourtant, l’auteur croit tout de même à l’implication des dirigeants dans la fixation de salaires.

Ils ont peu de connaissance des détails de l’activité d’une entreprise quelconque. De plus, ils ne jouent pas leur peau. Ils ne souffrent pas de revers en cas d’erreur.

Néanmoins, l’auteur croit plus aux réponses de bureaucrates et syndicats qu’en l’avis de patrons :

« Le salaire n’est pas un prix du travail mais un contrat social qui s’inscrit dans le collectif ».

Dans une entreprise, les salariés et patrons négocient et trouvent des accords. Parfois, ils font des erreurs ou gâchent des opportunités ou talents.

Pourtant, la liberté de contrat entre les employeurs et salariés offre la seule méthode pour la fixation des salaires, sans l’imposition de la volonté d’un tiers – gouvernement ou syndicats -, en quête de popularité ou gain d’influence, et irresponsable en cas d’erreur.

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La politique fiscale d’Emmanuel Macron : des baisses contrebalancées par des hausses

Par Victor Fouquet.
Un article de l’IREF.

Lors de son interview télévisée du 24 septembre, Emmanuel Macron a revendiqué une baisse des impôts (hors, donc, cotisations sociales), « de plus de 60 milliards d’euros pour nos compatriotes ».

Un mois plus tôt, dans un entretien au journal Le Point, le président de la République avait avancé le chiffre de 50 milliards (« Nous avons opéré une baisse de 50 milliards d’euros d’impôts, moitié pour les ménages et moitié pour les entreprises »).

Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir, les prélèvements obligatoires ont fortement progressé : 1196,9 milliards en 2022, contre 1036,9 milliards en 2017, soit une augmentation de 160 milliards. De même, le taux de prélèvements obligatoires est passé de 45,1 % en 2017 à 45,4 % du PIB en 2022, soit une augmentation de 0,3 point de PIB.

Les prélèvements obligatoires ont-ils baissé, ainsi que l’affirme le chef de l’État, ou augmenté, ainsi que le suggèrent les ratios publiés par l’Insee ?

En la matière, toute la difficulté vient du fait que, même en l’absence de mesures nouvelles prévues sur les prélèvements obligatoires, ceux-ci évoluent en fonction de la croissance du PIB et de l’élasticité des recettes fiscales au PIB, elle-même fortement dépendante de la croissance de ce même PIB.

Autrement dit, même en l’absence de mesures nouvelles adoptées par le Parlement à l’initiative d’Emmanuel Macron, le taux de prélèvements obligatoires aurait spontanément fluctué, même légèrement.

 

Sur longue période, les prélèvements obligatoires « spontanés » tendent à augmenter à la même vitesse que le PIB

Sur longue période, les prélèvements obligatoires « spontanés » tendent à augmenter à la même vitesse que le PIB. Leur élasticité au PIB est alors égale à 1.

En revanche, il arrive fréquemment à court terme que cette élasticité s’éloigne de l’unité.

Lorsque l’élasticité au PIB est supérieure à 1 (en général quand la croissance du PIB est forte), les prélèvements obligatoires augmentent ainsi plus rapidement que le PIB.

En 2018 et 2019, Emmanuel Macron a ainsi « profité » du dynamisme anormalement élevé des prélèvements obligatoires, avec une élasticité de 1,2 générant « spontanément » plusieurs milliards d’euros de recettes fiscales.

L’évolution spontanée entre 2017 et 2018 des recettes fiscales nettes (c’est-à-dire hors mesures nouvelles décidées par Emmanuel Macron dans le cadre du PLF 2018, qui fut son premier) a ainsi été supérieure à 16 milliards d’euros.

 

Répondre par oui ou non à la question posée est donc difficile à plusieurs titres

Tout d’abord, la composition des assiettes taxables se modifie dans le temps, notamment à la suite de la variation de taux, de sorte que les comparaisons d’une période à l’autre de données globales ou même impôt par impôt sont peu pertinentes.

Par exemple, la variation des revenus et la croissance de la masse salariale a nécessairement eu un effet sur les recettes engendrées au titre de l’impôt sur le revenu.

En l’espèce, le gouvernement a bel et bien créé en 2018 le prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax), c’est-à-dire mis en place un prélèvement proportionnel plafonné à 30 % (dont 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu, contre possiblement 45 %), et abaissé en 2020 de 14 % à 11 % le taux marginal de la deuxième tranche d’imposition.

Les recettes de l’impôt sur le revenu ont malgré tout augmenté. Une partie de la baisse prévue au titre du PFU a été compensée par une augmentation des dividendes versés (ici, le taux a baissé, mais l’assiette imposable a gonflé…).

Outre l’augmentation de la masse salariale, ont aussi joué en faveur d’un accroissement des recettes d’impôt sur le revenu la mise en place du prélèvement à la source (meilleur recouvrement de l’impôt) et l’inflation.

Bref, le dynamisme des prélèvements obligatoires ne tient pas nécessairement à des décisions d’augmentations des impôts, mais peut s’expliquer par leur forte élasticité au PIB, une forte réactivité des agents économiques à l’impôt, et une forte inflation.

 

Le président Macron communique sur les baisses en omettant, semble-t-il, de mentionner les hausses…

Ensuite, la baisse de certains impôts peut avoir pour effet d’élargir l’assiette d’autres impôts, ainsi augmentés à la suite d’une baisse décidée sur un autre impôt.

Par exemple, en 2019, les allègements de cotisations sociales ont renforcé les bénéfices des entreprises, donc élargi l’assiette de l’impôt sur les sociétés dont le rendement a augmenté de 5,6 milliards d’euros. De même, le chiffrage à 20 milliards sur deux ans de la baisse des impôts de production annoncé par le gouvernement n’a pas tenu compte de l’effet retour de la mesure sur les recettes de l’impôt sur les sociétés, ce qui en a réduit l’impact à hauteur de 2,8 milliards. Idem avec l’effet retour du bouclier tarifaire, là encore sur les recettes de l’impôt sur les sociétés (+ 0,7 milliard en 2022).

Enfin, plusieurs questions demeurent sans réponses à la seule lecture de la déclaration du chef de l’État.

Dans le montant de 60 milliards annoncé, Emmanuel Macron tient-il compte des mesures antérieures non reconduites par son exécutif ?

En 2018, la non-reconduction des contributions exceptionnelle et additionnelle sur l’impôt sur les sociétés de 2017, et la montée en charge du CICE ont par exemple fait baisser les prélèvements obligatoires de 8,5 milliards d’euros.

De même, tient-il compte des 6,1 milliards liés en 2024 à l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, sur laquelle le gouvernement communique ces derniers jours au nom de la « protection du pouvoir d’achat », laissant à penser que cette indexation est « exceptionnelle », alors que le barème progressif de l’impôt sur le revenu est, sauf exceptions (le barème n’a été gelé qu’en 2011 et 2012), indexé chaque année.

Inversement, et par cohérence, du côté des hausses de prélèvements obligatoires, tient-il compte de la non-indexation des barèmes progressifs de l’IFI et des droits de succession et de donation, qui accroît subrepticement les recettes fiscales de ces deux impôts ?

Faut-il tenir compte de la diminution des recettes des taxes sur l’énergie, la TICFE/CSPE (-7,3 milliards en 2022 au titre de la CSPE), liée au bouclier tarifaire, et, dans le sens de l’augmentation des prélèvements obligatoires, de la contribution sur la rente inframarginale (+1,2 milliard en 2022 et + 3,7 milliards en 2023), de la contribution exceptionnelle de solidarité des raffineurs (+ 0,2 milliard en 2023, en passe d’être reconduite en 2024), de la taxe sur les services numériques (+ 0,3 milliard en 2019), ou encore de la taxe sur les concessions autoroutières et aéroportuaires (+0,6 milliard attendus en 2024) ?

Si l’on tient compte à la fois de l’évolution des prélèvements obligatoires liée à des mesures nouvelles en lois de finances, et de leur effet sur le solde public, on retrouve bien une baisse de l’ordre de 60 milliards d’euros, à parité entre ménages et entreprises (bien que cette distinction soit peu pertinente compte tenu des phénomènes d’incidence et de répercussion fiscales) :

  • suppression progressive de la taxe d’habitation (18 milliards environ) ;
  • baisse des impôts de production (-10 milliards en 2021, -4 milliards en 2023, -4 milliards entre 2024 et 2027) ;
  • baisse progressive du taux d’impôt sur les sociétés (-1,2 milliard en 2018, -0,8 milliard en 2019, -2,5 milliards en 2020, -3,7 milliards en 2021, et -2,1 milliards en 2022, soit un total de -9,3 milliards, auquel il conviendrait d’ajouter l’effet de la réforme du 5e acompte) ;
  • réforme du barème de l’impôt sur le revenu (-5 milliards  en 2020, auquel il faudrait ajouter l’effet de la défiscalisation des heures supplémentaires) ;
  • création de l’IFI (-3,2 milliards en 2018) ;
  • suppression de la CAP (« redevance télé » -3,2 milliards en 2022) ;
  • instauration du PFU (-1,4 milliard en 2018).

 

Mais, outre les augmentations spontanées, on ne tient là pas compte d’autres hausses de prélèvements obligatoires, liées directement à des mesures prises par l’exécutif.

À titre d’exemple, la fiscalité énergétique et celle du tabac avaient augmenté de 6 milliards d’euros sur la seule année 2018. On pourrait aussi citer la revalorisation par la loi (c’est-à-dire par l’État), chaque année, de l’assiette des taxes foncières.

Bref, le président Macron communique sur les baisses en omettant, semble-t-il, de mentionner les hausses…

Voir sur le web. 

Nouvelle taxe sur le streaming musical : prendre à ceux qui réussissent pour financer ceux qui échouent

Le gouvernement prépare à présent une taxe sur les plateformes de streaming. En principe, il compte ensuite utiliser les fonds pour des soutiens aux musiciens en France, sous forme d’événements ou subventions.

Les négociations en ce moment autour de la taxe donnent un aperçu du mode de fonctionnement des autorités. La plupart du temps, les interventions des dirigeants ont pour prétexte la défense d’un secteur ou d’une poignée d’acteurs dans l’économie – contre la concurrence ou le risque de faillite. Les artistes gagnent en général peu d’argent. Avec des aides au secteur ou barrières à la concurrence, les autorités génèrent ainsi l’enthousiasme chez un segment de l’électorat.

Le Centre national de la musique a vu le jour début 2020 sur décret du gouvernement.

Le groupe, selon Le Monde, « a pour mission de soutenir les professionnels de la musique et des variétés dans leur développement. »

En somme, il offre des soutiens à une poignée de musiciens et producteurs de musique ou spectacles.

À présent, il manque de financements. Le gouvernement prévoit ainsi la mise en place d’une taxe sur les plateformes de streaming.

Vous voyez le fonctionnement : les plateformes de musique en ligne, comme Deezer ou Spotify, investissent dans des contenus en fonction des goûts des utilisateurs et abonnés. Elles ont pour intérêt leur fidélisation. Par contre, le gouvernement n’a pas d’expertise ni de compétences dans l’investissement pour la création de musique. Il n’a pas besoin de retour sur investissement, ni de succès auprès des auditeurs.

Sans surprise, les bénéficiaires des aides n’y voient pas de problème !

Le Monde :

« L’hypothèse de la création d’une nouvelle taxe s’est soldée par une ligne de fracture chez les acteurs de la musique. D’un côté une vingtaine d’organismes représentatifs de la filière dont le Syndicat des musiques actuelles (SMA), le Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété) ou l’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants) se sont montrés très favorables à une mise à contribution de la diffusion numérique (plateformes de streaming, réseaux sociaux…), tant payante que gratuite ».

Le monde de la musique veut le même traitement que le milieu du cinéma : des aides pour la création de projets, sans lien avec le succès en salles.

Le journal continue :

« Le rapporteur souhaite appliquer à la musique le modèle vertueux du cinéma, dans lequel les blockbusters américains contribuent à financer les films français. »

L’idée de fond revient à une redistribution. Les particuliers dépensent de l’argent pour des abonnements, tickets de cinéma, concerts, ou musique digitale selon leurs préférences.

Les dirigeants en prennent une partie, puis la distribue à une clique d’artistes – sans rapport avec les choix des particuliers !

 

Préférences des dirigeants

Les plateformes de streaming critiquent la mise en place de la taxe.

Selon Les Échos, les négociations ont lieu en ce moment.

Le gouvernement donne même une préférence à Deezer parmi les plateformes de streaming. En effet, la plateforme fait partie du monde de la French Tech ! Elle peut ainsi bénéficier d’une exemption partielle de la taxe.

Le journal explique :

« Un allégement [de la taxe] serait prévu pour les services qui réalisent une partie substantielle de leur chiffre d’affaires en France, ce qui permettrait en particulier aux acteurs hexagonaux, comme Deezer, d’être moins durement frappés au portefeuille que dans la version initiale, sachant que Deezer – comme Spotify – n’est déjà pas rentable. »

Les plateformes présentent des arguments contre la taxe.

Dans une tribune pour Les Échos, ils écrivent :

« Le streaming musical est aujourd’hui le seul secteur du numérique où l’Europe et la France disposent de leaders mondiaux, en mesure de concurrencer les Gafa. Mais cette compétition a un prix : nos services ne sont pas encore rentables en raison des investissements significatifs que nous devons réaliser pour concurrencer Apple, Google, ou TikTok. »

Le patron de Spotify enfonce le clou.

Dans une tribune pour Challenges, il explique :

« Une taxe sur les revenus du streaming impacterait en premier lieu les services de streaming français qui sont de loin les premiers soutiens du répertoire artistique français. »

L’intervention des autorités dans le domaine de la musique, comme dans le reste de l’économie, sert en général les intérêts d’une poignée d’acteurs dans l’économie. Des entreprises proches des dirigeants tirent des bienfaits des lois et distributions.

Pour une journaliste des Échos, la différence d’opinion sur la taxe, entre les plateformes et le milieu du spectacle (qui profite des aides) illustre un choc de cultures : « l’une plus solidaire, l’autre plus libérale. »

En réalité, chaque camp agit en fonction de ses intérêts, illustré par la réaction des créateurs de gros concerts à une proposition de loi récente. En effet, le gros des revenus pour les distributions proviennent des tournées de stars, et non de petites productions. Le gouvernement souhaite les mettre à contribution, tout comme les plateformes de streaming.

Selon Les Échos :

« Et certains producteurs des méga-tournées des stars internationales en France, jusqu’ici confraternels, ne voient pas d’un très bon œil le projet du sénateur d’affecter à l’avenir, non plus 35 % mais 50 % de la taxe billetterie au pot commun, contribuant déjà lourdement à la redistribution, notamment vers des petites salles et festivals déjà subventionnés par les collectivités. »

Le financement du Centre national de musique revient à mettre davantage de décisions sur l’investissement dans les artistes et créateurs de divertissement entre les mains de politiciens. Sans surprise, les gagnants à la redistribution espèrent plus d’interventions.

Les élus protègent une poignée d’artistes et entreprises du divertissement. Les particuliers perdent un peu plus de choix, et reçoivent moins de valeur pour leur argent.


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Ne blâmez pas le capitalisme pour le consumérisme. Blâmez le gouvernement

Dans un marché libre, le prix élevé d’un produit est généralement une fonction de la dynamique de l’offre et de la demande et non le résultat d’un « capitaliste cupide » qui fixe le prix de manière arbitraire.

Le prix reflète la rareté relative du produit et ce que les consommateurs sont prêts à payer pour l’acquérir. Les consommateurs acceptent de payer ce prix parce qu’ils accordent davantage de valeur au produit qu’à l’argent auquel ils doivent renoncer pour l’acquérir. Si l’offre d’un produit augmente, le prix diminuera jusqu’à ce qu’il soit égal à la demande. De même, si le produit devient plus rare, son prix augmentera jusqu’à ce que la demande soit en équilibre avec l’offre.

Non seulement les prix informent les consommateurs sur la rareté, mais ils influencent également les habitudes de consommation. Les consommateurs reportent leur consommation lorsqu’ils estiment que les biens sont « trop chers ». Ils accordent subjectivement plus de valeur à l’argent qu’ils devraient dépenser qu’aux biens eux-mêmes. Tout cela semble évident, mais la plupart des gens n’en mesurent pas les implications.

Les participants au marché se communiquent leurs préférences et conditions changeantes en effectuant des achats, ou en s’abstenant d’acheter à des points de prix spécifiques. Les prix servent donc de mécanisme de coordination de l’allocation et de l’utilisation des ressources sur un marché. En reflétant avec précision la rareté relative des ressources, ils incitent les producteurs et les consommateurs à les utiliser plus efficacement.

Dans un système capitaliste, les prix sont des signaux pour les entrepreneurs et les consommateurs, déterminés par l’offre et la demande. Des prix élevés dus à la rareté des ressources limitent la consommation et encouragent l’épargne et l’investissement.

Comme son nom l’indique, le capitalisme vise avant tout à accumuler du capital et à le faire fructifier. Notamment, il n’est pas possible d’y parvenir en consommant des richesses. Au contraire, c’est le renoncement à la consommation qui permet d’épargner et d’investir, et donc d’accumuler du capital.

Alors, si le capitalisme décourage systématiquement la consommation, quelles sont les causes du consumérisme ?

Tout d’abord, il faut souligner que le consumérisme est un attribut culturel, distinct du système économique en place. Une société capitaliste est libre d’être aussi consumériste ou non consumériste que les individus qui y vivent le souhaitent. De même, rien n’empêche nécessairement une société communiste d’être consumériste. Les personnes vivant sous le régime communiste sont soumises aux caprices des planificateurs centraux, et il ne faut pas en déduire que cela ne pourrait jamais conduire à une société consumériste.

Au moins, le capitalisme ne prive pas les gens de leur choix !

Il est intéressant de noter que ceux qui reprochent au capitalisme de promouvoir le consumérisme sont souvent ceux qui affirment que la consommation est le moteur de l’économie. Ils sont donc littéralement ceux qui plaident pour davantage de consommation.

Je fais référence à l’argument keynésien, malheureusement trop populaire, selon lequel « la consommation est la clé d’une économie saine ». En réalité, la production précède la consommation et est donc responsable du dynamisme de l’économie et de la création de richesses.

En 2010, alors que les économistes traditionnels reprochaient aux riches de ne pas dépenser assez, Lew Rockwell a succinctement résumé ce point :

Le problème, c’est que les dépenses ne sont pas la cause de la croissance économique. L’investissement, qui commence par l’épargne, est à l’origine de la croissance économique. Peu importe que la consommation représente un certain pourcentage de l’activité économique. Ce n’est que la surface que vous regardez. Dépenser et consommer sans épargner ni investir, c’est s’exposer à voir s’envoler les perspectives de prospérité. Dans ce cas, la meilleure chose que les riches puissent faire pour assurer la croissance économique future n’est pas de dépenser, mais d’épargner pour investir.

L’une des raisons de l’existence d’une société consumériste pourrait être simplement que ses membres aiment acheter des biens matériels qui leur procurent un sentiment de confort ou de fierté. Le manque d’éducation financière contribue probablement à leurs tendances matérialistes. Toutefois, les gouvernements peuvent contribuer à cette tendance en affaiblissant les signaux fiables basés sur le marché mentionnés précédemment.

Pour « stimuler » l’activité économique, par exemple, le gouvernement abaisse artificiellement les taux d’intérêt qui incitent les consommateurs à épargner ou à dépenser. Des taux d’intérêt élevés conduisent à une moindre actualisation de l’avenir et à une plus grande épargne, tandis que des taux bas favorisent la consommation immédiate de biens. Pour encourager les dépenses de consommation à court terme, le gouvernement perturbe cet équilibre en forçant les taux d’intérêt à la baisse. Cela conduit à des dépenses de consommation insoutenables en raison de la distorsion de ces signaux de prix vitaux.

Ironiquement, le comportement induit par l’intervention du gouvernement est qualifié de « consumérisme », alors que le capitalisme et les marchés libres sont souvent blâmés à tort.

Sur le web

Pourquoi les États détestent la monnaie saine

Par Daniel Lacalle.

 

Dans toutes les économies développées, la classe moyenne est en train de disparaître en raison d’un processus constant d’érosion de sa capacité à gravir l’échelle sociale. Cela se produit au milieu de plans de relance massifs, de vastes programmes de droits, de dépenses déficitaires sans fin et de programmes « sociaux ».

En réalité, ceux qui accusent le capitalisme et les marchés libres d’être responsables de l’érosion constante de la classe moyenne devraient y réfléchir à deux fois.

L’impression monétaire massive et le financement constant des États plus importants avec de nouvelles devises n’ont rien à voir avec le capitalisme ou le marché libre ; il s’agit de l’imposition d’une forme radicale d’étatisme déguisée en économie ouverte. Les citoyens qui saluent le dernier plan de relance de l’État ne comprennent pas que celui-ci ne peut rien vous donner qu’il ne vous ait déjà pris. Vous recevez un chèque de 1000 dollars et vous le payez trois fois plus cher en raison de l’inflation et de la destruction des salaires réels.

 

C’est pourquoi un groupe d’économistes et d’experts a lancé l’initiative « Honest Money ». Il s’agit de mettre un terme à la destruction du tissu économique, de la classe moyenne et des entreprises par l’avilissement constant de la monnaie que les États monopolisent.

Les citoyens comprennent rarement l’inflation.

Beaucoup pensent que l’inflation équivaut à une hausse des prix et accusent donc ceux qui apposent l’étiquette sur un produit d’être responsables de la perte de pouvoir d’achat d’une monnaie. Or, l’inflation est causée par l’utilisation d’un plus grand nombre d’unités monétaires pour le même nombre de biens et de services. L’impression de monnaie au-dessus de la demande est la seule chose qui fait augmenter les prix à l’unisson. Si un prix augmente pour une raison exogène mais que la quantité de monnaie reste égale, tous les autres prix n’augmentent pas.

La désinformation des citoyens sur l’inflation n’est pas de leur fait. Une armée de soi-disant experts alignés autour des États tentent de les convaincre que l’inflation est causée par tout et n’importe quoi, sauf la seule chose qui peut faire augmenter les prix globaux en même temps : la dévaluation du pouvoir d’achat de la monnaie. Pour permettre aux États de gonfler leur taille en cas de crise, il faut être convaincu que la théorie quantitative de la monnaie n’existe pas.

La masse monétaire multipliée par la vitesse de circulation de la monnaie est égale au niveau des prix, ou à l’inflation multipliée par la production réelle de l’économie.

Plus il y a de monnaie dans le système, plus l’inflation est élevée. Pour vous convaincre que la théorie susmentionnée n’existe pas, on vous dira qu’entre 2009 et 2018, il n’y a pas eu d’inflation, mais que la masse monétaire a augmenté de manière significative. Cet argument ne tient pas compte du fait qu’au cours de la même période, les soins de santé, la garde d’enfants, le logement et d’autres biens et services non remplaçables ont augmenté en moyenne de 57 % selon l’AEI, tout comme l’énorme inflation du prix des actifs créée par l’immobilier, les actions et les obligations, alors que la vitesse de circulation de l’argent était en chute libre.

L’inflation par les coûts, l’inflation des produits de base ou l’inflation de la chaîne d’approvisionnement n’existent pas.

Il y a toujours davantage d’unités de monnaie pour des biens et services relativement rares. Pensez-y un instant. Si le prix du pétrole augmente brusquement en raison d’un facteur exogène, comme une guerre, et que la quantité de monnaie reste la même, les citoyens auront moins d’argent pour acheter d’autres biens et services. Le seul moyen pour qu’un coût se glisse dans le prix final d’un bien est que les unités monétaires émises augmentent plus rapidement que la production économique.

Imaginez un bâton de 12 pouces. Vous et moi comprenons sa taille parce que l’unité de mesure ne change pas. Imaginez maintenant que l’État et la banque centrale modifient l’unité de mesure à volonté. Le même bâton aurait alors douze, vingt ou trente pouces, selon la manière dont l’unité de mesure est manipulée.

L’inflation est la taxe la plus parfaite et la plus immorale qui soit, car les États et les hommes politiques rejettent la faute sur les supermarchés, les stations-service, les entreprises ou les producteurs étrangers et se présentent comme la solution au problème qu’ils ont créé. L’inflation est la perte constante du pouvoir d’achat de la monnaie émise par l’État.

Les citoyens ne comprennent pas l’inflation parce que la plupart d’entre eux ne peuvent pas imaginer pourquoi l’État voudrait qu’ils s’appauvrissent. L’inflation est le transfert de la richesse des épargnants et des salaires réels vers les États endettés. Elle accroît la taille de l’État dans l’économie et érode la richesse du secteur privé.

Pourquoi ?

La création artificielle de nouvelles unités monétaires n’est jamais neutre.

Elle profite de manière disproportionnée aux premiers bénéficiaires des nouvelles unités, les dépenses publiques et le déficit, et nuit massivement aux derniers bénéficiaires de l’argent : les salaires réels et l’épargne. Il s’agit, par essence, d’un processus de nationalisation furtive de l’économie.

La taille de l’État augmente massivement en temps de crise parce qu’il « doit dépenser » et augmente encore en temps de reprise parce que les impôts augmentent et que les plans de dépenses « extraordinaires » sont consolidés et perpétués alors que le coin fiscal ne fait qu’augmenter et que les pressions inflationnistes persistent.

Certains veulent croire que la création monétaire artificielle provient des banques privées et non des banques centrales. C’est facile à démystifier. Faites en sorte que la banque centrale cesse d’acheter des obligations d’État, de gonfler son bilan, d’imprimer de l’argent à partir de rien, et de manipuler le prix de l’argent (taux d’intérêt), et nous verrons tous comment les banques privées n’augmentent pas la masse monétaire de manière exponentielle. Même les banques centrales parlent de « mécanisme de transmission » de la politique monétaire, et c’est pourquoi elles considèrent la croissance du crédit comme une évolution positive, quels que soient les risques accumulés.

Dans son livre Les conséquences économiques de la paix, John Maynard Keynes écrit :

« Lénine aurait déclaré que la meilleure façon de détruire le système capitaliste était de débaucher la monnaie. Par un processus continu d’inflation, les États peuvent confisquer, secrètement et sans être vus, une part importante de la richesse de leurs citoyens. Par cette méthode, non seulement ils confisquent, mais ils confisquent arbitrairement, et tandis que le processus appauvrit beaucoup, il enrichit en fait certains. La vue de ce réarrangement arbitraire des richesses porte atteinte non seulement à la sécurité, mais aussi à la confiance dans l’équité de la répartition actuelle des richesses ».

Les citoyens sont privés de leur capacité à gravir l’échelle sociale par une répression financière constante et des augmentations d’impôts.

Bien sûr, on nous dit toujours que toutes les augmentations de dépenses seront payées par « les riches », le mythe moderne de la corne d’abondance qui est censé couvrir tous les déséquilibres des États et financer à jamais tous les plans de droits. Évidemment, ceux qui se laissent berner par la promesse d’un argent gratuit éternel payé par les « riches » sont confrontés à la dure réalité : ils doivent payer la « générosité » de l’État plusieurs fois, sous la forme d’une baisse des salaires réels, d’une diminution du revenu disponible et d’une hausse de l’inflation.

L’initiative « Honest Money » a été créée pour rappeler aux citoyens qu’il n’y a pas de corne d’abondance dans l’arbre magique de l’argent des États. La raison pour laquelle cette initiative est cruciale aujourd’hui est que la société semble impuissante à la vue d’un énième plan de dépenses de plusieurs milliards de dollars financé par de la monnaie imprimée à partir de l’air libre.

Dans La théorie de l’argent et du crédit, Ludwig Von Mises explique :

« Le principe de la monnaie saine a deux aspects. Il est positif en approuvant le choix par le marché d’un moyen d’échange couramment utilisé. Il est négatif en faisant obstacle à la propension de l’État à s’immiscer dans le système monétaire ».

Mises poursuit en expliquant qu’une monnaie saine est un instrument crucial pour « la protection des libertés civiles contre les incursions despotiques des États, aussi important que la constitution, les institutions indépendantes et le système d’équilibre des pouvoirs qui protège les citoyens dans une société démocratique ».

 

Pour être de la monnaie, une monnaie doit être une réserve de valeur, une unité de mesure et un moyen de paiement généralisé.

La raison pour laquelle les banques centrales l’impriment à partir de rien est de masquer les déséquilibres énormes et croissants des États. Alors que le processus devient inarrêtable, l’indépendance des banques centrales est non seulement remise en question, mais aussi largement niée.

Les États ne veulent pas de banques centrales indépendantes parce qu’ils préfèrent augmenter les déficits et contrôler l’économie au détriment de l’épargne et des salaires des citoyens, croyant que c’est pour leur propre bien. La manipulation de la monnaie n’est pas un outil de croissance, mais un outil de contrôle et de copinage. C’est pourquoi les États comptent sur des alliés puissants dans le processus de contrôle total et d’étatisme. L’appauvrissement rend vulnérable et dépendant d’un État toujours plus grand qui promet la richesse et la liberté, mais livre la pauvreté et la répression.

La destruction de la monnaie est inévitable si l’on ne met pas en place une monnaie saine.

Une monnaie saine est aussi importante que des institutions indépendantes. Elle protège le citoyen des incitations perverses des États à répercuter leurs déséquilibres sur la population, et elle est essentielle pour garantir l’essence de la liberté, qui est la liberté économique.

Article publié initialement le 16 août 2023

Sur le web

Colère de la police : la responsabilité de nos dirigeants

Une semaine d’émeute, des policiers qui se mettent en arrêt maladie ou en service minimum suite à la mise en détention préventive de l’un des leurs. L’exécutif contrôle-t-il encore la situation ? Et s’il était responsable des évènements actuels ? Si le président Macron promettait de l’ordre dans son discours du 24 juillet, la réalité est tout autre. En jouant la carte du « en même temps », il ne parvient pas à gérer des contestations de plus en plus fréquentes.

L’incapacité du pouvoir à assurer ses missions régaliennes est une dynamique dangereuse qui est en train de se retourner contre lui. Et ce d’autant plus que les sondages semblent montrer un soutien envers la police au détriment du gouvernement.

Plus les dirigeants seront incapables d’assurer l’ordre et la sécurité de ce qui est appelée la « majorité silencieuse », plus la colère se renforcera.

 

Les dirigeants dans l’incapacité de gérer le régalien ?

2 %, c’est ce que représente la part du budget 2023 de l’État pour la Justice. Le ministère de l’Intérieur représente 4 % (dont 30 % pour la police nationale). En comparaison, la transition écologique et la cohésion des territoires représentent 5 %.  Si la part de la justice et de la police a augmenté par rapport à 2022, on se rend compte que ces missions régaliennes occupent une faible place dans le budget.

Pourtant, la France n’est pas dépourvue de forces policières. Un rapport de l’insee de 2021, indique qu’elle comptait 329 officiers de police pour 100 000 habitants, soit davantage ou en quantité équivalente que des pays plus sûrs comme la Pologne, la Finlande, la République tchèque ou l’Autriche.

Le problème est peut-être plus dans l’incapacité des gouvernements successifs à assurer un ordre régalien. La perte de confiance des citoyens envers la politique et les dirigeants, mais aussi vis-à-vis des institutions en sont une conséquence. Ainsi, en 2023, selon le baromètre de la confiance politique, les Français ont majoritairement confiance dans les hôpitaux (78 %), l’armée (72 %) et la police (69 %). En comparaison, seulement 44 % des Français ont confiance en la justice (en comparaison, 67 % des Allemands, et 57 % des Anglais font confiance en la leur). Enfin, les partis politiques sont détestés (16 % de confiance).

On peut se demander quel rôle la crise du covid a joué dans le pourrissement de la situation. Une période où la police a été déployée pour contrôler les attestations et les masques des citoyens plutôt que d’accomplir leurs missions traditionnelles. On remarquera à cet effet que les sondages ifop consacrés à la confiance envers la police, révèlent que le moment où elle a été la plus basse était en décembre 2020, soit à la suite de quasiment une année de restrictions.

 

Une police soutenue dans le contexte des émeutes

Selon l’IFOP, après la mort de Nahel, 57 % des Français avaient une bonne image de la police.

Comme le précise le directeur de l’institut :

« Il y a une tension extrême dans le pays liée à la contestation de la réforme des retraites. Une majorité silencieuse est en demande d’ordre et de sécurité, et c’est la police qui incarne ça. »

Cette même étude montrait que, selon les sondés, la personnalité politique ayant la réaction la plus satisfaisante était Marine Le Pen.

Secrétariat à la planification écologique pour gouvernement hors-sol

Antoine Peillon a été reconduit au Secrétariat à la planification écologique par Emmanuel Macron et Élizabeth Borne. Emprunté à Mélenchon, ce maroquin créé en 2022 montre à quel point nos dirigeants sont déconnectés du fonctionnement du monde et de leurs propres capacités.

En France, on aime la planification.

Le concept a beau avoir été complétement décrédibilisé depuis des années, d’abord par la science économique puis par sa mise en pratique dans les pays communistes, il continue cependant de vivoter en France, à l’image du pays sclérosé. Lancé sous de Gaulle sous la forme du Commissariat Général au Plan, il survivra à l’Union soviétique pour être aboli sous le gouvernement Villepin. Macron le ressuscitera en 2020 sous forme de sinécure destinée à Francois Bayrou, politicien en fin de carrière, pour préparer le monde d’après. Sans ironie.

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, une nouvelle prébende a vu le jour : le secrétariat à la planification écologique. Ce nouveau ministère est avant tout le symbole de la mégalomanie de nos dirigeants et de leur absence de remise en question. Les Français manquent de médecin parce que le ministère en charge a fixé pendant des années un numerus clausus trop bas. De nombreux élèves n’ont plus de professeurs. Le budget de l’État établi pour seulement un an est corrigé plusieurs fois dans l’année, et cette année à peine un mois après le vote du budget initial.

Dans un article du journal Le Point reprenant le bilan du Commissariat Général du Plan en matière d’énergie, on apprend qu’il s’est trompé sur tout.

Les Français qui craignent chaque année de manquer d’énergie en hiver ne seront pas surpris. Pour eux, la planification en matière énergétique ce sont des factures en hausse, des centrales en panne, un EPR avec plus de 10 ans de retard et des coûts multipliés presque par quatre, la faillite du « fleuron » AREVA, la presque faillite du « fleuron » Alstom et la sortie du « fleuron » EDF de la bourse pour mettre sous le tapis les pertes colossales de l’entreprise.

La liste des plans ratés pourrait s’allonger presque indéfiniment : de la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) qui prévoyait la privatisation jamais complétée d’ADP au plan calcul du général de Gaulle devant faire de la France un leader de l’informatique. La gestion du covid marquée par ses pénuries de blouses, de masques et de gel antibactérien, puis par son excès de vaccins ainsi que ses restrictions absurdes et toujours changeantes est apparemment déjà oubliée.

En France, les plans se suivent et se ressemblent dans l’échec. Les Français devraient être particulièrement inquiets que le gouvernement invoque encore une crise pour se lancer dans un nouvel épisode planificateur. Incapables de toute remise en question, et alors que les services publics dont ils ont la charge sont complètement désorganisés et à bout de souffle, nos dirigeants se voient désormais commander les éléments.

Remaniement gouvernemental : la course contre la montre pour Macron

Nouvelle tête à Matignon, nouveau gouvernement… Que faire pour le chef de l’État et surtout, quand le faire ? Le mercato d’été a commencé et crée de la fébrilité parmi les ministres.

 

Remaniement du gouvernement : le mercato d’été a commencé

En pleine crise de l’inflation après la réforme des retraites, la piste d’un remaniement avant l’été est privilégiée par l’exécutif. Ce remaniement est souhaité par le président lui-même, mais aussi par la plupart de ses alliés et amis, dont François Bayrou ou Stéphane Séjourné, le secrétaire général du parti Renaissance. Ceux-ci le pressent de ne pas attendre le 14 juillet, la fin des « 100 jours » de sursis accordés à Élisabeth Borne.

Le chef de l’État a chargé le gouvernement d’une feuille de route au moins jusqu’à la fête nationale. À cette date, Élisabeth Borne devra dresser le bilan de sa première année passée à Matignon. Cette perspective coupe court à tout remaniement avant la rentrée prochaine, mais le changement pourrait être plus rapide que prévu.

À en croire Le Parisien, les conversations ont déjà commencé entre lui et la Première ministre. L’Express ajoute qu’Emmanuel Macron a pris conseil auprès de Nicolas Sarkozy lors d’une entrevue le 6 juin.

Victorieux en début de semaine, après avoir résisté à une 17e motion de censure, le gouvernement Borne a obtenu un peu de répit. Mais pour combien de temps ?

Le remplacement d’Élisabeth Borne à Matignon semblait être la principale motivation d’un prochain remaniement.

En cause, le manque de popularité de la Première ministre ayant joué les fusibles lors de l’adoption de la réforme des retraites. Des noms reviennent régulièrement pour celui qui pourrait devenir le nouveau locataire de Matignon : Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, Julien Denormandie, ancien ministre de l’Agriculture, ou encore Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. Mais ces fidèles du président ne sont pas très vendeurs pour l’opinion publique. Alors, le chef de l’État aurait approché des personnalités du monde de l’entreprise, ou de la société civile. L’absence de personnalité en mesure d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale pourrait assurer un peu de sursis à la Première ministre.

 

Le grand chamboulement devrait concerner aussi la composition du gouvernement

Sur les 41 ministres actuels, seuls quatre ou cinq poids lourds, fidèles d’Emmanuel Macron, devraient être reconduits ou promus : Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Gabriel Attal ou encore Olivier Véran. Les ministres gênés par leurs déboires judiciaires pourraient en revanche être sur la sellette et mis à l’écart : Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice ou Olivier Dussopt, ministre du Travail, ainsi que Marlène Schiappa, qui a multiplié les polémiques ces dernières semaines. Les ministres les plus discrets, Pap Ndiaye, et François Braun, n’ont pas convaincu et sont sur un siège éjectable.

Comme toujours, pour s’installer dans les ministères, les prétendants ne manquent pas.

La jeune garde de la Macronie à l’Assemblée nationale espère bien récupérer un maroquin : Maud Bregeon, élue des Hauts-de-Seine, Benjamin Haddad, député parisien, ou encore Charles Sitzenstuhl, député du Bas-Rhin… Aurore Bergé (présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée) court, elle aussi, depuis longtemps après un portefeuille ministériel. Toujours parmi les députés, on cite : Guillaume Kasbarian (président de la commission des Affaires économiques), Sacha Houlié (président de la commission des Lois), Florent Boudié ou encore Marie Lebec. Au Sénat – qui sera renouvelé de moitié en septembre – certains placent également leurs pions. Mathieu Lefèvre et Louis Margueritte pourraient être dans la course.

 

Le chef de l’État hésite entre un rapprochement plus net avec la droite et un scénario minimaliste permettant de resserrer le gouvernement. Mais à moins de quatre ans de la fin du second quinquennat, la Macronie n’a toujours pas de banc de touche et le poste de ministre ne fait plus autant rêver.

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