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Hier — 26 avril 2024Analyses, perspectives

Jins, premier podcast en français sur la sexualité et l'islam

Depuis 2021, le podcast Jins offre un espace de réflexion et de dialogue autour des sexualités des personnes arabes et/ou musulmanes. En donnant la parole à des chercheurs, artistes, militants ou religieux, il fait connaître des voix progressistes sur le sexe et l'islam, qui déconstruisent les discours sexistes, racistes, islamophobes et anti LGBTQI+.

En arabe, « jins » signifie sexe. Il désigne également le genre, c'est-à-dire l'identité personnelle et sociale d'un individu en tant qu'homme, femme ou personne non binaire. « [j. n. s.] est aussi la racine du mot jensiya (nationalité) », ajoute Jamal, le créateur du podcast qui ne souhaite pas dévoiler son nom de famille. Le mot pose le thème et la ligne éditoriale. Le podcast permet de donner la parole en français d'abord, mais aussi en anglais dans sa deuxième saison, à des penseurs clés sur l'ensemble des questions que recouvre les sens de jins : l'essayiste Françoise Vergès, l'imame Amina Wadud ou encore l'islamologue Éric Geoffroy. Jamal lancera bientôt une version en arabe. Mais « arabe marocain ou arabe littéraire ? », il hésite encore.

« Faire des bêtises »

Jamal a grandi au Maroc dans les années 1990, avant de s'installer en France où il suit des études à l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Il part ensuite travailler pour une agence de publicité à Shanghaï, Dubaï et New York. Aurait-il pu parler de jins publiquement avant de lancer le podcast ? « Au Maroc, on ne prononce pas le mot, on préfère dire "faire des bêtises", lebsala en arabe marocain », explique-t-il dans un entretien pour Orient XXI.

Jins reste l'innommable dans le couple, dans la famille, en société. Pour moi, le mot recouvre trois « h », hchouma (la honte), haram (l'interdit, l'illicite), et hogra (la discrimination, l'oppression, l'injustice voire l'humiliation).

Dans un épisode intitulé « Quand amour et humour font bon ménage » enregistré au Maroc en décembre 2023 aux côtés de l'humoriste marocaine Asmaa El-Arabi, à l'occasion d'un festival de radio et de podcast, Jamal répète « jins » plusieurs fois devant le public. Il veut habituer ses auditeurs, banaliser le mot, sortir du tabou. « Jins », « jins », « jins »... Lui ne sourcille plus, le mot est entré dans son vocabulaire après la production de près de cent épisodes, aujourd'hui disponibles sur des plateformes d'hébergement de podcasts, comme Spotify, Deezer, ou Apple.

Un succès fulgurant

Quatre-cent-cinquante mille écoutes cumulées à ce jour, dont quinze mille par mois en moyenne. La majorité des auditeurs est basée en France et en Afrique du Nord. Jamal ne s'attendait pas à un tel succès. Les messages d'un public reconnaissant affluent sur les réseaux sociaux. « Enfin un média qui aborde nos questions sans les caricaturer et donne la parole aux concernés », s'enthousiasme un auditeur régulier. On le félicite d'inviter des chercheurs, des militants qui utilisent des outils de l'intersectionnalité pour révéler la pluralité des discriminations de classe, de genre et de race subies dans la communauté arabe et/ou musulmane.

Je dis arabes et/ou musulmanes, mais j'y inclus des personnes juives qui sont marocaines, qui sont arabes, des personnes amazighes qui ne sont pas arabes et qui sont musulmanes… Je parle à ceux à qui l'on renvoie une image déformée d'eux-mêmes. Je dis : « Nous sommes beaux, nous avons droit à l'amour, au plaisir que l'histoire nous a retirés ».

Si tous les sujets ne font pas consensus parmi la communauté des abonnés sur les réseaux sociaux, la majorité aspire à fournir un espace de réflexion et de dialogue ouvert et inclusif. Lorsque le compte Instagram de Jins met en lumière des personnalités musulmanes ouvertement homosexuelles tel l'imam et chercheur Ludovic-Mohamed Zahed, ou l'autrice et militante musulmane LGBTQI+ Blair Imani, la majorité des commentaires réprouvent ceux qui les condamnent. « Le Coran ne condamne pas l'homosexualité, rappelle Jamal. Citez-moi un juriste — et non un imam 2.0 — qui affirme le contraire ». Le passage relatif au peuple de Loth (qawm Lout), prophète et messager de Dieu dans le Coran est le plus souvent cité pour parler d'homosexualité en islam1. Ce neveu d'Ibrahim reçoit chez lui des anges que les habitants de Sodome et Gomorrhe veulent tuer, violenter, violer. Jamal invite à écouter l'épisode consacré à ce sujet, réalisé avec l'imam et théologien Tareq Oubrou2. Il rappelle à ce titre :

Le texte sacré ne parle pas d'homosexualité, plutôt de règles divines qui ont été outrepassées. Ce n'est pas de l'amour entre deux hommes dont il est question, mais de violer des corps. C'est la violence qui est condamnée.

Nourri de ses nombreuses lectures et interviews, Jamal répond aujourd'hui sans hésiter à des questions complexes. Pourtant, rien ne le prédestinait à se saisir de ces sujets. Il a grandi dans une famille de la bourgeoisie marocaine à Casablanca, où il a été scolarisé au lycée français. Il a fréquenté l'élite marocaine, avec tous les privilèges dont cette jeunesse peut jouir : « Un peu plus de liberté sexuelle, résume-t-il, des instants volés, une forme de sexualité fugitive », dans un pays où la loi interdit les relations sexuelles hors mariage.

Hyper sexualisation des corps arabes

En France, Jamal est plus libre de vivre sa sexualité, néanmoins il découvre son arabité. Il constate que « la classe n'efface pas la race ». Il subit les blagues racistes, les discriminations au logement ou à l'embauche, et découvre l'hypersexualisation des corps arabes, qu'il déconstruira avec le chercheur Todd Shepard dans un épisode de Jins3. Il témoigne :

Une de mes copines attendait de moi une hyper virilité, l'exagération du comportement masculin stéréotypé. Elle me voulait agressif, contrôlant. Ce n'est pas ce que je suis. C'était ce qu'elle projetait.

Inspiré par le Collectif 490 au Maroc4, il commence à militer depuis New York pour abroger cet article du code pénal marocain qui punit d'emprisonnement d'un mois à un an « toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». Pourtant, « le Coran parle de zaouj qui désigne une union entre deux êtres, et non de mariage. La pire abomination dans le Coran est de tromper l'amour », précise Jamal en citant Abdessamad Dialmy, sociologue marocain qui a travaillé sur l'amour et la conjugalité. Il décide alors de quitter son travail et de créer Jins.

Le moment déclencheur de son engagement a été le suicide d'Amina Filali, mariée de force à son violeur, qui a déclenché un débat juridique et conduit les députés marocains à voter en faveur d'un amendement du code pénal qui permettait, jusqu'en 2014, à l'auteur d'un viol d'échapper à la prison en épousant sa victime. Le « changement est possible, se dit-il, au Maroc, et ailleurs dans le monde où vit la communauté arabe et/ou musulmane ».

Plaisir féminin et droit au divorce

Jamal se documente. Il lit le Coran, mais aussi des livres et des poèmes érotiques des premiers siècles de l'islam. Il y découvre la place de l'amour et du plaisir dans les sociétés musulmanes avant la colonisation. Un aspect qu'il aborde également avec l'historien anglo-nigérian Habeeb Akande dans un épisode de son podcast5. Ensemble, ils reviennent sur les classiques de l'érotologie : des livres sur la sexualité écrits par des savants musulmans, parmi lesquels Jalal Al-Din Al-Souyouti (1445-1505) qui a su préserver la tradition de l'érotisme en islam. Avec le théologien et président de la Fondation de l'islam de France Ghaleb Bencheikh, il pose la question du plaisir féminin et du droit des femmes à demander le divorce si elles ne sont pas satisfaites sexuellement.

Avec le philosophe et islamologue Éric Geoffroy, il interroge les signes du caractère maternel, et donc féminin, de Dieu dans la formule Bismillah Al-Rahman Al-Rahim (Au nom de Dieu le très Miséricordieux), qui figure au début de chaque sourate du Coran, à l'exception de la neuvième Al-Taouba (La Repentance). La racine du mot rahim renvoie à la matrice, à l'utérus. Dieu est le « tout matriciant ». Dieu étant un, il est au-dessus de tout être sexué. Et l'être humain accompli qui retrouve le divin en lui-même réunifie le féminin et le masculin, comme l'explique Geoffroy dans un épisode6. On apprend également qu'Ibn Arabi, poète et philosophe soufi (1165 - 1240), considérait l'acte sexuel comme une prière, une prosternation sur la femme, durant laquelle l'homme et la femme se complètent et retrouvent leur origine divine. S'ouvre alors une réflexion sur le tantrisme islamique.

À bien des endroits, le podcast étonne par sa liberté de ton à l'égard des sujets abordés. « Nous sommes nombreux dans ma génération - celle des trentenaires – à vouloir explorer et poser les questions librement. Si ce podcast peut nous aider à nous réconcilier avec notre héritage et avec nous-mêmes, alors nous aurons collectivement gagné en liberté », espère Jamal.


1NDLR. Une manière péjorative de désigner une personne homosexuelle en arabe est « liwati », en référence au peuple de Loth.

2Tareq Oubrou, « Sexualité en islam, hallal ou illicite ? », Jins, décembre 2020.

3Todd Shepard, « Sex, France & Arab men », Jins, Saison 2, épisode 6, 30 juin 2022.

4En septembre 2019, 490 personnalités marocaines ont signé un manifeste pour dénoncer l'article 490 du code pénal dans le pays.

5Habeeb Akande, « Sexuality and erotology in Islam », Jins, saison 2, épisode 5, 23 juin 2022.

6Éric Geoffroy, « Sexualité, genre et soufisme », Jins, épisode 61, 22 septembre 2021.

À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

De Pierre Bergé à Gabriel Attal : 50 nuances de rose

Par : STRATPOL

Ces 30 dernières années, la Franc-maçonnerie a régulièrement été présentée comme LE puissant cercle d’influence introduit au cœur des pouvoirs

L’article De Pierre Bergé à Gabriel Attal : 50 nuances de rose est apparu en premier sur STRATPOL.

L’homosexualité dans la macronie devient un sujet politique

Traditionnellement, les Français s’occupent peu de la vie privée de leurs gouvernants. C’est pour ainsi dire une habitude d’Ancien Régime, seulement démentie en 1789 avec les commentaires sur les relations extra-conjugales de Marie-Antoinette, et sur ses prétendues moeurs évoquées lors de son procès en 1793. Assez curieusement, Emmaneul Macron ravive ce vieux souvenir, en s’entourant excessivement et visiblement de membres de la communauté gay, à tel point que, même sur une chaîne soumise à la censure active de l’Arcom (ex-CSA), la question du poids du réseau homosexuel dans la décision publique est devenue un sujet de débat. Un signe qui ne trompe pas…

L’histoire est croustillante ! Reçu sur le plateau de LCI hier, pour ajouter son commentaire à la masse des autres commentaires aussi vides et abyssaux que les autres, Guillaume Roquette, du Figaro, a détonné en osant affirmer que la possible nomination de Gabriel Attal à Matignon était liée à son orientation sexuelle, et, plus largement, à son appartenance au réseau gay. Bien entendu, la séquence a été retirée, et Pujadas a supprimé le tweet qui répercutait cette analyse qui mérite d’être prise en compte.

Mais le seul fait qu’ne chaîne Bouygues évoque ouvertement la question est en soi révélateur d’un malaise dans le pays. Redisons-le, chacun est libre de sa vie privée, et l’homosexualité n’est en rien un problème. En revanche que des réseaux affinitaires se tissent dans l’ombre autour de telle ou telle orientation sexuelle pour confisquer le pouvoir et dégager de nouveaux privilèges est un problème. Autrement dit, tant qu’un comportement relève de la vie privée, il est un droit absolu. Lorsqu’il devient un outil politique, il est nécessaire qu’il soit encadré et transparent.

Pour l’instant, l’accusation d’homophobie interdit d’évoquer le sujet. Mais le problème demeure… Souvenons-nous d’Olivier Dussopt, qui a opportunément fait son coming out dans Têtu après avoir bu le bouillon dans la réforme des retraites et qui, semble-t-il, aborde son maintien en poste de façon extrêmement sereine.

Avons-nous encore le droit “d’activer” l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui prévoit la possibilité, pour tout citoyen, de demander des comptes sur la façon dont le pouvoir est exercé ?

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“Il y a beaucoup de loges au Vatican”

Dans cet épisode hebdomadaire de l’actualité vaticanesque, nous faisons le point sur le succession possible du pape François, et sur la bénédiction des couples homosexuels… telle qu’elle soulève une polémique à travers le monde. Nous en profitons pour présenter, à nouveau, tous nos voeux à nos lecteurs.

Dans cette émission hebdomadaire dont nous publions le premier numéro de l’année 2024 aujourd’hui, nous revenons sur plusieurs points :

  • le nom du possible successeur du pape François tels que les “pronostiqueurs” le parient aujourd’hui
  • l’impact de la bénédiction des couples homosexuels sur la future élection.

Nous rappelons que nous avons publié la bénédiction de l’Angelus du 31 décembre 2023 en intégrale sur notre fil Telegram gratuit.

Meilleurs voeux à tous.

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Jeremy Bentham et sa défense utilitariste de la dépénalisation de l’homosexualité

La pensée de Jeremy Bentham sur l’homosexualité n’est que le fruit de sa réflexion générale appliquée à un aspect spécifique de l’activité humaine.

Le philosophe anglais demeure le seul intellectuel de son temps à s’écarter de l’opinion populaire, en se consacrant à l’analyse de la question d’une manière dépassionnée.

En effet, il part d’une idée simple qui prend la forme d’un principe, celui de l’utilité définie comme la propriété ou la tendance qu’a une chose de prévenir un mal ou de procurer un bien. C’est depuis ce postulat que Bentham critique la sévérité avec laquelle était punie la sodomie dans l’Europe du XVIIIe siècle, susceptible du bûcher ou de la pendaison.

Son Essay on Paederasty, inspiré par les idées réformatrices de Cesare Beccaria, fut écrit en 1785 et resta inconnu jusqu’en 1937.

Le juriste italien avait traité sommairement de la question homosexuelle dans le chapitre XXXI de son livre Des délits et des peines, paru en 1764. Il compare la pédérastie à l’adultère, non pas dans sa dimension morale, mais par l’impossibilité à prouver l’acte reproché.

Si, dans ce dernier cas, les hommes succombent naturellement à leurs passions comme l’on subit la loi de la gravité universelle, la pédérastie, d’après Beccaria, « dérive moins des besoins de l’homme isolé que des passions serviles de celui qui vit en société. Elle peut être causée par la satiété des plaisirs, mais provient plus souvent d’une éducation qui, pour rendre les hommes utiles aux autres, commence par les rendre inutiles à eux-mêmes, dans ces maisons où est entassée une ardente jeunesse à qui tout autre commerce est interdit par une muraille infranchissable et qui se prépare une vieillesse prématurée en consumant d’avance, inutilement pour l’humanité, toute sa vigueur adolescente ».

Le ton est donné par le réformiste milanais : si l’homosexualité est condamnable moralement, elle doit être exempte de sanction juridique. Bentham complète l’entreprise de Beccaria en l’enrichissant et en proposant une assise théorique plus solide au futur processus politique de dépénalisation des rapports sexuels entre adultes de même sexe.

Bentham entend engager un débat posthume avec des philosophes tels que Montesquieu, Voltaire ou Blackstone, qu’il respecte, mais avec lesquels il se trouve en désaccord sur la question homosexuelle.

D’après Bentham, ces grands penseurs n’arrivent pas à se détacher de la vision canonique de la sodomie. Malgré l’influence incontestable de sa pensée dans la reforme pénale effectuée par son pays, les idées de Bentham sur la pédérastie n’ont pas eu d’impact dans l’île. En effet, au début du XIXe siècle, dans les autres domaines, les peines capitales furent réduites d’une manière spectaculaire, passant en quelques années de deux cents cas à seulement six, mais la sodomie demeura punie par pendaison jusqu’en 1861.

Bentham traite les rapports sexuels entre adultes comme un acte réservé à l’immunité de l’intimité. S’il s’interroge sur la nature de l’homosexualité, ce n’est que d’une manière indirecte, dans la mesure où son attention se porte sur les raisons invoquées pour justifier sa pénalisation plus que sur la pédérastie elle-même. Autrement dit, ce n’est pas tant l’étiologie de l’homosexualité qui intéresse le philosophe, mais les justifications morales et politiques de sa brutale répression, considérée par lui comme une barbarie d’autrefois.

D’après Bentham, entre partenaires consentants, la sodomie ne peut être qu’un crime commis contre soi-même, incapable de produire un dommage à autrui. Si la pédérastie est condamnable moralement, elle ne peut être assimilée à un crime sous peine de laisser la porte ouverte à l’arbitraire : « Dans tous les pays, on a toujours plus ou moins confondu trop fréquemment infortune et criminalité ». De surcroît, Bentham pense que l’homosexualité est un choix qui ne fait qu’accroître le plaisir pour celui qui la procure. Difficile donc de trouver une justification juridique pour sa criminalisation.

Le philosophe anglais traite exclusivement de l’homosexualité masculine, les rapports lesbiens n’étant pas punis par la loi. Il n’hésite pas à dénoncer ce paradoxe, car, si l’inversion sexuelle constitue une telle offense à Dieu, pourquoi reste-t-elle impunie entre femmes ?

L’analyse de Bentham se présente sous la forme des réponses aux arguments utilisés contre la dépénalisation. Ainsi, face à ceux qui considèrent l’homosexualité comme un crime contre la paix publique ou la sûreté de l’individu, Bentham réplique qu’un tel argument n’est pas recevable puisqu’il repose sur la confusion entre acte librement consenti et viol. Contre l’argument consistant à penser que la sodomie rendrait ceux qui la pratiquent plus faibles et efféminés, le philosophe rappelle que la détermination et le courage du bataillon de Thèbes prouvent exactement le contraire. Les anciens Grecs et Romains furent les militaires les plus vaillants, pour autant ils pratiquaient tous la sodomie. Si Bentham est conscient que ce raisonnement fut utilisé contre le partenaire passif, il observe toutefois que les rôles peuvent être renversés dans une relation homosexuelle dans laquelle les limites entre l’activité et la passivité semblent difficiles à établir.

Contre ceux qui considèrent que la pratique de la sodomie met en danger la survie de l’espèce humaine, Bentham souligne :

« Ce n’est pas la force de l’inclination d’un sexe pour l’autre qui est la mesure du nombre des hommes, mais les moyens d’existence qu’ils peuvent trouver ou produire dans un lieu donné ».

Pour s’opposer à l’idée selon laquelle la tolérance envers l’homosexualité produirait une progressive indifférence sexuelle envers les femmes, le réformiste démontre, à travers des exemples tirés de l’histoire, que la pratique de la sodomie n’a jamais empêché un homme de se marier et d’avoir des rapports sexuels avec le sexe opposé. En effet, Bentham croit en la nature bisexuelle des mâles et, bien qu’elle demeure une pratique rare, l’origine de l’homosexualité est à chercher dans la rigidité et l’hypocrisie de la morale sexuelle occidentale. La misogynie n’est nullement le résultat de la pédérastie mais de la célébration du célibat des prêtres catholiques.

Enfin, pour clore le débat sur la pénalisation, Bentham observe, non sans humour :

« Qu’un ruban ou une boucle de cheveux est un lien bien plus convenable et non moins puissant pour s’attacher un amant que la corde du bourreau. »

À la question de savoir pour quelle raison un crime inoffensif était si sévèrement réprimé, Bentham ne trouve qu’une seule réponse : l’antipathie envers les homosexuels. Le philosophe considère que cette antipathie nait de la répulsion. Mais cette répulsion ne justifie en rien le traitement que l’on fait du comportement banni. Ainsi, un homme peut aimer la charogne, « mais en quoi cela me concerne-t-il aussi longtemps que je puis jouir de la viande fraîche ? » se demande Bentham de manière provocatrice.

Cette antipathie contre les homosexuels, que nous appelons aujourd’hui homophobie, est due, d’après Bentham, à la haine du plaisir, au rôle néfaste de la religion et à la vision étroite de la sexualité propre à la morale occidentale qui la justifie uniquement dans un but de reproduction de l’espèce. L’homophobie est le fruit d’un préjugé de la même nature que celui qui avait mené les Espagnols à persécuter les Maures ou les Portugais les Juifs. L’analogie est lumineuse. Bentham sera le premier philosophe à avoir traité de la haine contre les homosexuels comme d’une forme de racisme, proposant par ce geste une analyse globale de toutes les formes d’exclusion.

L’Essai sur la pédérastie est un travail extraordinaire de banalisation de l’homosexualité.

En effet, pour l’utilitariste, toute sexualité pratiquée entre adultes consentants qui choisissent de s’y adonner librement ne pouvait nullement constituer un problème pour le droit et encore moins un acte susceptible de sanctions. En revanche, l’antipathie envers les homosexuels est une forme d’intolérance contraire à l’État de droit, surtout dès lors que cette antipathie se trouve cristallisée dans la loi pénale pour faire subir une sanction arbitraire à celui qui s’écarte de la majorité.

À la fin de son essai, Bentham va comparer l’homosexualité avec l’un des actes les plus banals de la vie quotidienne, ridiculisant ainsi plusieurs siècles d’homophobie :

« Il est étonnant que jamais personne n’ait pensé que c’est un péché de se gratter où cela démange et qu’on n’ait jamais décidé que la seule façon naturelle de se gratter est avec tel ou tel doigt et qu’il est contre-nature de se gratter avec un autre ».

 

Article publié iinitalement le 4 juillet 2023.

Le Grand Effacement

porter l’accent sur les immigrés importés en masse ne pouvait, vu leurs conditions misérables entretenues par la République à coups de drogues diverses et variées et de rap violent, qu’occasionner du tumulte, de la nuisance, de la nocence comme dit l’autre. C’était précisément l’opération espérée pour que les Français de souche un jour ou l’autre se rabattent sur eux afin de créer un plus grand chaos, sans viser évidemment ceux d’en haut dans leurs tours de Babel aux vitres fumées. Alors, les pauvres s’entredévoreront entre pauvres.

L’article Le Grand Effacement est apparu en premier sur Strategika.

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