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À partir d’avant-hierAnalyses, perspectives

Surplombant la dette, la création sans limite de fausse monnaie, par Jean Goychman   

D’une façon cyclique, le problème de la dette réapparait à la une des médias. C’est un peu le « monstre du loch Ness » destiné à réactiver la peur de l’inconnu pour nous rappeler que nous vivons « au-dessus de nos moyens » et que tel le « marchand de Venise » nos créanciers vont bientôt exiger « livre de chair » que nous devons leur donner. Et, comme toujours, les partisans des différentes doctrines vont monter à l’assaut pour proposer la solution qu’ils défendent avec constance.

Les uns diront que « l’État dépense trop », d’autres que « les riches doivent payer » ou que « l’immigration coûte trop cher » Bref, toutes les idéologies ont leur solution…

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Ordo-libéralisme : l’Allemagne fait rentrer Macron dans le rang

Nous l’avons déjà évoqué : le pacte de stabilité et de croissance défini par le traité de Maastricht était en cours de renégociation depuis plusieurs mois, à la demande de la France qui souhaitait, au vu de sa dette vertigineuse, bénéficier d’une marge de manoeuvre. Bien mal en a pris à Macron d’émettre à l’époque cette idée folle… puisque l’Allemagne vient de lui mettre une méchante tape sur la tête en durcissant les critères antérieurs. Et, bien entendu, le lénifiant cartel de la presse subventionnée dissimule soigneusement cette défaite en rase campagne.

Comme toujours, Bruno Le Maire crie victoire et personne ne le dément dans la presse subventionnée. Mais la France vient de subir une redoutable défaite en rase campagne dans la négociation européenne sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance demandée à la sortie du COVID par Emmanuel Macron. A cette époque, Emmanuel Macron espérait desserrer l’étau sur les finances publiques françaises, plombées par une dette record et par un déficit public aux proportions jamais atteintes.

Finalement, l’accord trouvé mercredi est proche de ce que nous avions annoncé la semaine dernière.

Dans la pratique, le déficit “primaire” maximal sera de 1,5% au lieu de 3% aujourd’hui. En cas de déficit excessif, les pays devront rattraper au minimum 0,5% de PIB par an.

Dans cet ensemble, Bruno Le Maire a obtenu que la France ne rattrape que 0,4 point par an d’ici à 2027. Le rattrapage peut même être ramené à 0,25 point de PIB si l’Etat-membre procède à des réformes ou à des investissements écologiques ou militaires. Mais l’addition reste douloureuse.

Une fois le quinquennat terminé, la France ne pourra plus s’offrir le luxe de s’endetter sans jamais revenir en arrière, comme le pratique Emmanuel Macron depuis 2017, tout en jouant aux “néo-libéraux”. Et même d’ici 2027, le respect de l’accord qui vient d’être passé se révélera douloureux, dans la mesure la croissance ralentit, et que les perspectives d’un “désendettement” spontané de la France grâce au dynamisme des recettes fiscales disparaît.

Tôt ou tard, Emmanuel Macron devra s’attaquer à la base de son électorat : les fonctionnaires, qu’il chouchoute précautionneusement depuis six ans. Tôt ou tard, il devra drastiquement réduire leurs moyens pléthoriques.

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Souveraineté nationale en péril : l’alerte de Philippe Séguin

Par : Michel Gay

Article écrit à partir d’extraits du discours de Philippe Séguin de 2 h 30 sur l’Europe le 5 mai 1992 à l’Assemblée nationale.

 

Le 5 mai 1992, Philippe Séguin invitait l’Assemblée nationale à opposer l’exception d’irrecevabilité au projet de loi constitutionnelle présenté par le gouvernement aux députés comme préalable à la ratification des accords de Maastricht négociés le 10 décembre 1991 par les chefs d’État et de gouvernement des pays membres des communautés européennes, et signés le 7 février 1992.

Selon Philippe Séguin, ce projet de loi violait le principe même de la souveraineté nationale inaliénable et imprescriptible, ainsi que le principe de la séparation des pouvoirs, en dehors duquel une société doit être considérée comme dépourvue de Constitution.

 

Des droits imprescriptibles

Philippe Séguin :

« Il existe en effet, au-dessus même de la charte constitutionnelle, des droits naturels, inaliénables et sacrés, à savoir les droits de l’homme et du citoyen tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789. Et quand l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 rappelle que « La souveraineté nationale appartient au peuple », il ne fait que reconnaître le pacte originel qui est, depuis plus de deux cents ans, le fondement de notre Etat de droit. Nulle assemblée ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fondamental.

[…] Aucune assemblée n’a compétence pour se dessaisir de son pouvoir législatif par une loi d’habilitation générale, dépourvue de toute condition précise quant à sa durée et à sa finalité. A fortiori, aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple.

Or, le projet de loi soumis au Parlement français comportait une habilitation d’une généralité telle qu’elle pouvait être assimilée à un blanc-seing.

Et en 2023 ?

En 2023, voilà maintenant 65 ans que le traité de Rome a été signé et plus de 30 ans que le traité de Maastricht est entré en application après le vote favorable des Français (51 %…) le 20 septembre 1992.

Le projet de Constitution européenne avait cependant été refusé par les Français le 29 mai 2005 par referendum (55 % de non), et le 1er juin 2005 par les Pays-Bas.

Malgré ce refus, cette Constitution a été validée sous une autre forme par le traité de Lisbonne en octobre 2005, puis ratifiée par le Parlement français en février 2008.

Et depuis, comme l’avait annoncé Philippe Séguin, « d’Acte unique en règlements, de règlement en directives, de directives en jurisprudence, la construction européenne se fait sans les peuples. Elle se fait en catimini, dans le secret des cabinets, dans la pénombre des commissions, dans le clair-obscur des cours de Justice. »

En 2023, voilà donc plus de 30 ans que toute une oligarchie d’experts, de juges, de fonctionnaires (dont la puissante présidente allemande de la Commission européenne Ursula von der Leyen), et de gouvernants prend, au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat, des décisions dont une formidable conspiration du silence dissimule les enjeux et minimise les conséquences.

Comme Philippe Séguin l’avait dénoncé, « Le conformisme ambiant, voire le terrorisme intellectuel qui règne aujourd’hui, disqualifie par avance quiconque n’adhère pas au dogme européen, et l’expose littéralement à l’invective. Qui veut se démarquer du culte fédéral est aussitôt tenu par les faiseurs d’opinion pour un nostalgique, ou un primaire, ou un nationaliste forcené prêt à renvoyer l’Europe aux vieux démons qui ont si souvent fait son malheur.

Comme l’avait prédit Philippe Seguin, les eurocrates encensent la République dans leurs discours et la ruine par leurs actes. L’Europe d’aujourd’hui « n’est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale. »

 

Indépendance et souveraineté

Philippe Séguin : 

« Il est de bon ton, aujourd’hui, de disserter à l’infini sur la signification même du concept de souveraineté, de le décomposer en menus morceaux, d’affirmer qu’il admet de multiples exceptions, que la souveraineté monétaire, ce n’est pas la même chose que l’identité collective, laquelle ne courrait aucun risque. Ou encore que l’impôt, la défense, les affaires étrangères, au fond, ne jouent qu’un rôle relatif dans l’exercice de la souveraineté.

Toutes ces arguties n’ont en réalité qu’un but : vider de sa signification ce mot gênant de « souveraineté » pour qu’il n’en soit plus question dans le débat.

La méthode est habile. En présentant chaque abandon parcellaire comme n’étant pas en soi décisif, on peut se permettre d’abandonner un à un les attributs de la souveraineté sans jamais convenir qu’on vise à la détruire dans son ensemble.

La souveraineté, cela ne se divise pas ni ne se partage et, bien sûr, cela ne se limite pas.

Pendant « le printemps de Prague » les doctrines de la « souveraineté divisée », de « la souveraineté partagée », de « la souveraineté limitée » ont rappelé au monde entier que ce sont autant d’expressions pour signifier qu’il n’y a plus du tout de souveraineté ! 

[…] En fait, ce traité est un « anticompromis » : iI interdit aux parlements nationaux, mais aussi aux gouvernements, de faire prévaloir l’intérêt national quand il est en cause.

[…] Tout ce dispositif imprégné d’une idéologie dirigiste et planificatrice est donc fort peu respectueux de la souveraineté des États membres tant en ce qui concerne la nature des règles de décisions que le caractère irréversible des transferts de pouvoirs envisagés.

Cessons de tricher, de dissimuler, de jouer sur les mots, de multiplier les sophismes : l’alternative est claire : nous devons conserver notre souveraineté ou y renoncer. »

 

Le piège s’est refermé

[…] « L’application des accords de Maastricht fut un piège dont le coût de la dénonciation est exorbitant. Aucune majorité parlementaire, quelles que soient les circonstances, ne pourra raisonnablement revenir sur ce qui a été fait.

[…] Craignons alors que les sentiments nationaux, à force d’être étouffés, ne s’exacerbent jusqu’à se muer en nationalismes et ne conduisent l’Europe, une fois encore, au bord de graves difficultés. Car rien n’est plus dangereux qu’une nation trop longtemps frustrée de la souveraineté par laquelle s’exprime sa liberté, c’est-à-dire son droit imprescriptible à choisir son destin.

On ne joue pas impunément avec les peuples et leur histoire. Toutes les chimères politiques sont appelées un jour ou l’autre à se briser sur les réalités historiques. La Russie a bel et bien fini par boire le communisme comme un buvard parce que la Russie avait plus de consistance historique que le communisme, mais à quel prix ? »

 

Comment réorganiser l’Europe !

Comment réorganiser l’Europe à partir des réalités de toutes les nationalités qui la composent.

Comment bâtir un nouveau système de coopération assurant la paix et la prospérité sans négliger ces réalités nationales dont les mouvements paraissent imperceptibles que parce qu’ils appartiennent à la très longue durée ? 

Voilà qui devrait tout naturellement être l’objet d’un vrai et grand débat public.

Le moment est venu de regarder en face la vraie nature des choses qui n’est pas technique mais politique, et de dire ouvertement, franchement, honnêtement, quels sont les enjeux. Il est temps que ce débat ait lieu. Il est temps de montrer aux Français qu’il y a plusieurs voies possibles et qu’ils ont le choix. Il est temps de leur montrer qu’on les mène vers une impasse et que l’espérance est ailleurs, du côté de la nation qui est la leur. »

 

Les technocrates européens (eurocrates) ne sont pas élus et ne sont responsables de leurs décisions devant personne. Imbus de leur pouvoir, ils obéissent à de sombres injonctions et à des banques, parfois étrangères, notamment américaines, qui mènent les Européens dans une impasse.

Ainsi, la nomination sans concertation par la commissaire Margrethe Verstager à la Commission européenne le 23 juillet 2023 de l’Américaine Fiona Scott Morton en tant que chef économiste de la direction générale de la concurrence… européenne (malgré la demande d’annulation de ce recrutement controversé par le gouvernement français) fait tout de même scandale au Parlement européen ! Le président Emmanuel Macron s’est dit « dubitatif »

Finalement, cette Américaine a dû renoncer devant la levée de boucliers en Europe… mais chacun a pu sentir le vent du boulet de la pression américaine !

À propos de l’Union européenne alors en gestation, le général de Gaulle déclarait déjà en juillet 1962 à Alain Peyrefitte (C’était de Gaulle, tome 1) :

« Cette commission politique de sages, je la vois bien artificielle. Ces sages voudraient cogiter ou se dresser devant les gouvernements ! Ils se prétendraient responsables de tout, alors qu’ils ne seraient responsables de rien devant personne. Ce qui ne serait pas pratique. ».

Et en janvier 1963, le général de Gaulle déclarait :

« Notre politique c’est de réaliser l’Union de l’Europe. […] Mais quelle Europe ? Il faut qu’elle soit véritablement européenne. Si elle n’est pas l’Europe des peuples, si elle est confiée à quelques organismes technocratiques plus ou moins intégrés, elle sera une histoire pour professionnels, limitée et sans avenir. Et ce sont les Américains qui en profiteront pour imposer leur hégémonie. L’Europe doit être in-dé-pen-dante […] ou elle ne sera qu’un conglomérat de protectorats américains ».

Comme l’annonçait déjà Philippe Séguin en 1992, « l’espérance est ailleurs ». Elle commande l’idée d’une nouvelle Union européenne, moins technocratique et plus démocratique.

Der Fall Nawalny als Spielball geopolitischer Konfrontation

Par : pierre

Sie ist definitiv merkwürdig, diese Nawalny-Sache. Für westliche Führungspersönlichkeiten und die sie unterstützenden Medien ist die Geschichte jedoch offensichtlich ganz einfach: Aus Angst vor der « Gefahr », die Wladimir Putins « bête noire » (« Hauptärgernis ») für seine Macht darstellen würde, befahl der russische Präsident einfach seinen Spezialkräften, Alexei Nawalny zu liquidieren. Am 20. August benutzten diese ein starkes Gift aus der Familie der « Nowitschok »-Gruppe, einer Waffe, die laut einem Verwandten des Opfers « Putins direkte Handschrift » trägt.

Und um sicher zu sein, als Angeklagter dazustehen, hätte der Kreml Herrn Nawalny in Berlin ins Krankenhaus einliefern lassen, so dass die deutschen Ärzte die Art der in den Tests gefundenen Substanz tatsächlich « enthüllen » konnten. Nebenbei sei angemerkt, dass der Patient derzeit im Berliner Charité-Krankenhaus behandelt wird, einem der besten des Landes. Wobei aber gesagt werden muss, dass ein Militärlabor die Nowitschok-Schlussfolgerung gezogen hat.

Diese Schlussfolgerung hat – welch Überraschung – bestätigt, was vor allem deutsche Medien unverzüglich gemeldet hatten: Es wurden Spuren des berühmten Neurotoxikums gefunden. Ganz nebenbei strahlte TF1, der führende französische Fernsehsender, einen Bericht in seiner Hauptnachrichtensendung über die « lange sowjetische Tradition » der Vergiftung von Gegnern aus, die auf Lenins Einrichtung eines Laboratoriums zu diesem Zwecke zurückgehen soll. Die Ideologie ist nie weit weg…

Zu diesem Punkt konnte die Darstellung der sogenannten Tatsachen daher eine gewisse Verwirrung bei denjenigen hervorrufen, die versuchen, die rationale Plausibilität der Erzählung zu prüfen. Aber die Ereignisse und Erklärungen, die aufeinander folgten, werfen ein neues Licht auf den Fall.

Am 2. September erklärte Angela Merkel formell – und in einem für sie sonst nicht üblichen feierlichen Ton –, dass « es sich um einen versuchten Giftmord an einem der führenden Oppositionellen Russlands » handelt, und forderte dabei die russische Regierung auf, die « ernsthaften Fragen, die sich stellen », zu beantworten.

In den folgenden Minuten – und dieses Detail ist nicht unwichtig – kommen dann die Depeschen, in denen die Entrüstung und Verurteilung durch die westlichen Regierungen wiedergegeben wurden: unter anderem Paris, London, Washington und natürlich Brüssel. Alles geschieht so, als wären die Kommuniqués fertig gewesen und man nur den « Senden »-Knopf zu drücken brauchte, sobald das Signal aus Berlin kam. Es ist jedoch anzumerken, dass US-Präsident Donald Trump, der etwas später sprach, vorsichtiger und gemäßigter war als sein eigener Nationaler Sicherheitsrat.

Thema Nord Stream 2

Vor allem, und das ist es, was insbesondere aufmerken lassen sollte, dauerte es nur wenige Stunden, bis Nord Stream 2 zum Thema wurde. Die Gaspipeline ist ein entscheidendes strategisches Projekt, das vor Jahren begonnen wurde, um die Lieferungen russischen Gases nach Deutschland (und in mehrere andere westeuropäische Länder) zu erhöhen. Das Projekt müsse gestoppt oder zumindest eingefroren werden, fordern nun viele deutsche Politiker. Ein Projekt, das bisher von Frau Merkel und einer Mehrheit der deutschen politischen Klasse unterstützt wird, das aber innerhalb dieser deutschen politischen Klasse nicht unumstritten ist: Es wird insbesondere von dem Flügel bekämpft, der die engsten transatlantischen Bindungen unterhält.

Das Projekt spaltet auch die Europäische Union: Einige Länder, darunter Polen und das Baltikum, machen keinen Hehl daraus, dass sie das Projekt schon immer zum Scheitern bringen wollten. Emmanuel Macron seinerseits ist ihm gegenüber diskret feindselig eingestellt. Die Hauptgegner befinden sich aber in Washington, wo eine parlamentarische Initiative gezielte Sanktionen gegen europäische Unternehmen beschlossen hat, die mit dem Projekt verbunden sind, was derzeit dessen endgültige Fertigstellung blockiert. Eine weitere Reihe noch härterer Sanktionen gegen Nord Stream 2 steht derzeit auf Initiative von drei US-Senatoren im Raum.

Stimmt die Theorie vom Attentat auf Nawalny? Vorerst steht das offizielle Wort Berlins gegen das Moskaus, der Kreml fordert bislang vergeblich die Beweise vom deutschen Labor ein. Aber nehmen wir an, der Vorwurf, Putin habe die Dissidentenpersönlichkeit auf diese Weise aus dem Weg räumen lassen, entspreche der Wahrheit. Dann kann man sich trotzdem fragen: Was hat das mit einem Projekt zu tun, das einen Teil der Energiezukunft Europas für die nächsten dreißig Jahre strukturiert?

Die meisten Kommentatoren ziehen in der Causa Nawalny eine Verbindung zur Skripal-Affäre. Moskau wird beschuldigt, auf den ehemaligen russischen Spion im März 2018 unter Verwendung der gleichen Substanz ein Attentat im englischen Salisbury verübt zu haben. Bereits in diesem Fall ließen mehrere Unwahrscheinlichkeiten Zweifel an der Anklage gegenüber Moskau aufkommen. Aber zumindest könnte man argumentieren, dass dieses Ereignis im Vereinigten Königreich stattgefunden hat. Im Fall von Herrn Nawalny handelt es sich um einen russischen Staatsbürger, der auf russischem Boden angeblich zum Opfer russischer Behörden wurde. Man kann sich sicherlich darüber moralisch entrüsten – aber ist dies an sich schon eine Sache für eine geopolitische Konfrontation?

Und außerdem, warum wurde der Aktivist Nawalny nach Berlin exfiltriert, in diesem Fall durch eine seltsame Berliner NGO namens « Cinema for Peace » (die man stattdessen « Szenario für Konfrontation » hätte nennen sollen).

Denn was in diesem Fall auffällt, ist die Geschwindigkeit, mit der eine Vielzahl von Politikern dafür plädiert hat, Nord Stream 2 zu torpedieren. Einer der Ersten, der dies tat, war der Vorsitzende des Auswärtigen Ausschusses des Bundestages, Norbert Röttgen. Der CDU-Politiker forderte die Bundeskanzlerin nicht nur auf, das Projekt aufzugeben, sondern bestand auch auf der europäischen Dimension, die er den eingeforderten Sanktionen gegen Russland verleihen will. Diese Perspektive wird auf der nächsten außerordentlichen Tagung des Europäischen Rates am 24. und 25. September erörtert werden, auf der die Beziehungen zu Ankara einerseits und Minsk andererseits bereits jetzt eine hektische Tagesordnung versprechen.

« Wir müssen hart sein, denn Putin versteht nur diese Sprache », hämmerte Röttgen (der einer der Kandidaten für den CDU-Vorsitz und damit die Kanzler-Nachfolge ist). Er nutzte zudem die Gelegenheit, um zu fordern, dass der Elysée-Palast dem seit 2019 laufenden Dialog zwischen Paris und Moskau ein Ende setzt.

Als Beweis dafür, dass es sich um eine strategische Angelegenheit handelt (und die deutsche wirtschaftspolitische Oligarchie gespalten ist), warnte seinerseits der ehemalige Diplomat und immer noch einflussreiche Wolfgang Ischinger, dass ein Verzicht auf Nord Stream II vor allem den beteiligten westlichen Firmen schaden würde (was stimmt). Dann plädierte Bundesaußenminister Heiko Maas (SPD) in diese Richtung und plädierte stattdessen für andere, weitere Sanktionen.

Etwa zur gleichen Zeit mischte sich der NATO-Generalsekretär in die Auseinandersetzung ein und stellte Sanktionen in Aussicht. Ohne dass man verstehen kann, wie es zu rechtfertigen ist, dass sich ein politisch-militärischer Block in die Angelegenheit einmischt – es sei denn, man beschließt, Truppen an der russischen Grenze zu mobilisieren (wovon die Tageszeitung Bild zu träumen scheint).

Vorerst muss man sich in Ermangelung faktischer und überprüfbarer Elemente davor hüten, irgendwelche Annahmen zu treffen. Doch kann es nicht schaden, den seit Jahrzehnten unangefochtenen Meister des Spionageromans, John Le Carré, (wieder) zu lesen. Sein jüngstes Werk, mit dem Brexit als Hintergrund, thematisiert beispielsweise eine gegen Europa gerichtete unsägliche amerikanisch-britische Verschwörung, Quelle geheimer Zusammenstöße zwischen politischen rivalisierenden Fraktionen in London.

Geschichte wird normalerweise von den Völkern geschrieben, nicht von Geheimagenten. Manchmal jedoch arbeiten diese für gegensätzliche Interessen innerhalb desselben Landes. Und das gilt ausnahmslos für alle großen Hauptstädte.

Das sollte zumindest zum Nachdenken anregen, bevor man die allzu einfachen Geschichten schluckt, die von den großen Medien im Fall Nawalny erzählt werden.

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Die unselige Konsequenzen des Falles der Berliner Mauer

Par : pierre

In einem von Le Monde veröffentlichten Artikel verfälscht und instrumentalisiert Heiko Maas die Geschichte im Dienste der « europäischen Einigung ».

Von Pierre Lévy, chefredakteur von Ruptures

Der dreißigste Jahrestag der Öffnung der Berliner Mauer hat in Frankreich vor allem eine Fülle von emotionalen Huldigungen, schwülstigen Verherrlichungen und zufriedenen Lobeshymnen ausgelöst.

In diesem fast einhelligen Konzert sticht der von der Tageszeitung Le Monde (04.11.2019) veröffentlichte Beitrag des deutschen Außenministers besonders heraus. Möglicherweise hätte es Heiko Maas in seinem eigenen Land nicht gewagt, einen solchen Text zu veröffentlichen.

Er beginnt schon mit einer denkbar gewagten Äußerung: « Wir Deutschen (…) feiern am 9. November den Zusammenschluss Europas, das heute glücklicherweise vereint ist« , denn « wir verdanken dieses Glück den Hunderttausenden von Ostdeutschen, die auf die Straße gingen » und ganz allgemein den Bürgern Mittel- und Osteuropas, « die freiheitsdurstig die Mauern niedergerissen und ihre Freiheit erzwungen haben« . Und, so der Minister weiter, « wir sind es (auch) unseren Freunden und Partnern in der NATO schuldig », ebenso wie François Mitterrand und Michail Gorbatschow.

Für den saarländischen Sozialdemokraten Maas hatten also die DDR-Bürger, die 1989 in Leipzig, Ostberlin, Dresden und anderswo auf die Straßen gingen, vor allem einen Traum: nämlich die « Vereinigung Europas » zu erreichen (und warum nicht auch gleich Ursula von der Leyen an die Spitze der Brüsseler EU-Kommission zu bringen, wenn wir schon mal dabei sind?).

Es ist nicht ganz sicher, ob man eine solche groteske These ernstgemeint in Berlin hätte veröffentlichen können. Indem sich Herr Maas EU-weit an die Öffentlichkeit (unter anderem auch an die französische) wandte, hoffte Herr Maas vielleicht, die historische Wahrheit – falls er sie kennt – ohne zu großes Risiko verzerren zu können. Denn eine große Mehrheit der DDR-Bürger, die 1989 monatelang demonstrierten, tat dies in der Hoffnung auf radikale Reformen im eigenen Land, aber nicht mit dem Ziel, den Sozialismus abzuschaffen, und noch weniger, um von der Bundesrepublik annektiert zu werden.

Erst im letzten Moment – um den Jahreswechsel 1989/90, nachdem die Mauer übrigens bereits gefallen war – wurde auf Initiative der westdeutschen CDU von Helmut Kohl der Slogan in der DDR « Wir sind das Volk » (nämlich sein Streben nach mehr Demokratie im Rahmen des Sozialismus) zu « Wir sind ein Volk » umfrisiert und verbreitet, was offenkundig ein geschickter propagandistischer Schachzug war und auf die frühestmögliche « Vereinigung » abzielte.

Dieser Versuch, die Geschichte umzuschreiben, hat ein Verdienst: er veranschaulicht die Stimmung, in der die westlichen Eliten heute leben

Aber für den deutschen Außenminister, egal wie die historischen Realitäten in Deutschland waren und sind, zählt heute nur ein Ziel: « Es gilt daraus für uns (« uns »? Wer, wir, die deutschen Führer?) eine Verpflichtung, nämlich die Vollendung der Vereinigung Europas« .

Dieser Versuch, die Geschichte umzuschreiben, hat ein Verdienst: er veranschaulicht die Stimmung, in der die westlichen, insbesondere die deutschen Eliten heute leben. Und dieser Geisteszustand erinnert an die berühmte Bemerkung des amerikanischen Milliardärs Warren Buffett aus dem Jahr 2005:

Der Satz darf verallgemeinert werden, indem « Klasse » durch « Lager » ersetzt wird. Dann veranschaulicht er perfekt dieses Triumphgefühl, das die westlichen Eliten empfunden haben: ein Triumphgefühl gegen Länder, die ein System eingeführt haben – zugegebenermaßen unvollkommen – in dem der DAX und die an die Aktionäre gezahlten Dividenden durch öffentliches Eigentum ersetzt worden waren; und in dem nicht jeder Tag von neuen sozialen Rückschlägen gekennzeichnet war.

Dieser triumphale Geisteszustand – der die zehn oder fünfzehn Jahre nach dem Fall der Mauer und dem Verschwinden der UdSSR kennzeichnete – hielt jedoch nicht bis in alle Ewigkeit an, wie es sich die Theoretiker vom « Ende der Geschichte » und von der glücklichen Globalisierung erträumt hatten.

Herr Maas und seine Freunde müssen daher heute deutlich zurückstecken: « Die (mühsame) Rettung des Euro, die endlosen Streitigkeiten um die Aufnahme und Verteilung von Flüchtlingen, all das hat neue Gräben in Europa geschaffen« . Schlimmer noch, jammert der Minister: « … mit dem Brexit erleben wir zum ersten Mal den Austritt eines EU-Landes. Und in vielen europäischen Ländern haben diejenigen, die wollen, dass wir glauben, dass weniger Europa besser ist, den Wind in den Segeln« .

Aber natürlich wird das, was bis jetzt noch nicht mit Europa funktioniert hat, funktionieren… mit noch mehr Europa: « Eines ist sicher, um in dieser Welt zu überleben, müssen die Europäer verschweißt bleiben« , hämmerte Heiko Maas. Übrigens wird das Wort « schweißen » verwendet. Er hätte auch einfach « vereint » oder « zusammen » schreiben können. Hat der Saarländer seinen Text direkt in der Sprache von Molière geschrieben? Der verwendete Begriff bezieht sich implizit auf Teile, die erst durch eine künstliche Zwangsoperation zusammengebracht werden müssen… Ein unbewusstes Eingeständnis?

Die Realität ist, dass der Fall der Berliner Mauer eigentlich zwei Hauptaspekte als Folgen hatte: den sozialen und den geopolitischen. Und zwar – da hat der Autor Recht – weit über die deutschen Grenzen hinaus.

Die 1990er Jahre lösten die größte historische Welle sozialer Rückschläge in Europa und der Welt aus. In Frankreich, Deutschland, Osteuropa und eigentlich auf allen Kontinenten gab es keine von der dominanten Oligarchie durchgeführte « Reform », die nicht durch eine katastrophale Umkehrung des Kräfteverhältnisses zugunsten der Macht des Kapitals und zum Nachteil der Völker ermöglicht wurde: Privatisierungen, Kürzungen des Sozialschutzes, phänomenale Zunahme von Ungleichheit und Armut, drastische Einschränkungen der Rechte von Lohnerwerbstätigen und Gewerkschaften – aber auch der Untergang der Demokratie (z.B. durch die Verkehrung von Referenden über die europäische Integration).

Das Verschwinden des sozialistischen Lagers eröffnete plötzlich einen außergewöhnlichen Königsweg für die Mächtigen

Denn das Verschwinden des sozialistischen Lagers eröffnete plötzlich einen außergewöhnlichen Königsweg für die Mächtigen. Viele westdeutsche Gewerkschafter (sogar die antikommunistischsten unter ihnen) teilten diese Beobachtung: Vor dem Fall Ostdeutschlands zwang dessen Existenz die Arbeitgeber der BRD, ein hohes Maß an sozialen Leistungen aufrechtzuerhalten, um zu verhindern, dass das in der DDR herrschende System als ein attraktives Gegenmodell erkennbar wurde. Der Anschluss dieses Landes hob diese für das Kapital unerquickliche Hypothek auf und öffnete die Schleusen für Sozialabbau, angefangen bei der Infragestellung von Tarifverträgen.

Das Verschwinden des sozialistischen Lagers spielte auf globaler Ebene die gleiche Rolle.

Was das geopolitische Kräfteverhältnis betrifft, ist es nicht notwendig, ein anderes Bild zu zeichnen. Von Jugoslawien bis zum Irak, von Libyen bis Syrien, Jemen, Venezuela oder Elfenbeinküste kannten die früher imperialistisch genannten Kräfte keine Grenzen mehr.

Aber die Zeiten sind heute für hegemoniale Ambitionen schwieriger geworden. Weder Russland noch China wollen sich ihnen unterwerfen.

Deshalb, so beschwört es Herr Maas, « brauchen wir eine echte Europäische Verteidigungsunion, die die NATO ergänzt und in der Lage ist, bei Bedarf autonom zu handeln« . « Verteidigung »? Handelt es sich zum Beispiel darum, wie der künftige Hohe Vertreter der EU für Außenpolitik, der derzeitige spanische Amtskollege von Herrn Maas, Josep Borrell (PSOE), gerade vorgeschlagen hat, die « Battle Groups » zu aktivieren?

Denn der Minister zögert nicht zu schreiben: « Gemeinsam müssen wir für die Aufrechterhaltung der internationalen Ordnung kämpfen und zum Kern einer Allianz für Multilateralismus werden« . Vielleicht wäre es besser, sich auf ein Bündnis für Multiliberalismus zu beziehen… Was die internationale « Aufrechterhaltung der internationalen Ordnung  » betrifft, heißt es wörtlich in dem französischen Text « maintien de l’ordre international » – also, internationale Polizeiarbeit… Heiko Maas weist zudem darauf hin, dass « der Frieden von dieser Ordnung abhängt, auch in Europa« . Eine Drohung?

Heiko Maas träumt von der « Kraft, unsere Werte und Interessen in einer zunehmend autoritären Welt durchzusetzen »

Und als ob noch nicht alles klar genug gesagt wäre, lobt der Autor abschließend die Kraft, « die die Europäerinnen und Europäer motiviert« , wenn sie wie 1989 handeln, insbesondere « die Kraft, Mauern und Grenzen zu überwinden, die Kraft, unsere Werte und Interessen in einer zunehmend autoritären Welt durchzusetzen« .

Die « europäischen Werte » überall auf der Welt durchzusetzen – darum geht es also. Wenn das so ist, dann kann man jetzt  vielleicht doch der Mauer nachtrauern.

Dieser Artikel erschien auch bei RT-Deutsch

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Les conséquences funestes de la chute du Mur de Berlin

Par : pierre

Le ministre allemand des Affaires étrangères, dans une tribune publiée par Le Monde, falsifie et instrumentalise l’Histoire au service de « l’unification européenne »

Le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin suscite, en France en particulier, une profusion d’hommages émus, de glorifications emphatiques, de louanges satisfaits.

Dans ce concert univoque, la contribution du ministre allemand des Affaires étrangères publiée par Le Monde (04/11/19) mérite une mention particulière. Il est probable en effet qu’Heiko Mass n’aurait pas osé faire paraître un tel texte dans son propre pays.

Celui-ci débute par une affirmation osée : le 9 novembre, « nous, Allemands (…) célébrons l’union de l’Europe, qui est heureusement rassemblée aujourd’hui » car « ce bonheur, nous le devons aux centaines de milliers d’Allemands de l’Est qui sont descendus dans la rue » et plus généralement aux citoyens d’Europe centrale et orientale « qui, assoiffés de liberté, ont renversé les murs et arraché leur liberté ». Et, poursuit le ministre, « nous le devons (aussi) à nos amis et partenaires de l’OTAN », ainsi qu’à François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev.

Ainsi, pour le dirigeant social-démocrate, les citoyens descendus en 1989 dans les rues de Berlin-Est, de Dresde et d’ailleurs avaient un rêve en tête : réaliser l’« unification de l’Europe » (et pourquoi pas porter Ursula Von der Leyen à la tête de la Commission de Bruxelles, tant qu’on y est ?).

Pas sûr qu’une thèse aussi grotesque aurait pu être publiée à Berlin. Mais en s’adressant au public français, peut-être M. Maas espérait-il pouvoir impunément travestir la réalité. Car une très large majorité des citoyens de RDA qui ont manifesté pendant des mois en 1989 le faisaient dans l’espoir de réformer en profondeur ce pays, mais pas avec l’objectif d’abolir le socialisme, et encore moins d’être annexés par la République fédérale.

Et c’est seulement dans les tout derniers moments qu’à l’initiative (aujourd’hui avérée) de la CDU d’Helmut Kohl, le slogan « Nous sommes le peuple » (aspiration à plus de démocratie dans le cadre du socialisme) dériva vers « Nous sommes un peuple », qui visait ouvertement l’unification.

Cette ré-écriture de l’Histoire a au moins un mérite : celui d’illustrer l’état d’esprit des élites occidentales

Mais pour le ministre, peu importe la réalité historique. Seul compte l’objectif : « il en découle pour nous (nous, les dirigeants allemands ?) une obligation, celle de parachever l’unification de l’Europe ».

Cette ré-écriture de l’Histoire a au moins un mérite : celui d’illustrer l’état d’esprit qui anime les élites occidentales, allemandes en particulier. Et cet état d’esprit fait penser à la remarque célèbre du milliardaire américain Warren Buffet en 2005 : « il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui la gagne ». Il suffit ici de généraliser en remplaçant « classe » par « camp », et la sentence illustre à merveille ce sentiment de triomphe qu’ont éprouvé les dirigeants occidentaux face à des pays ayant mis en œuvre un système – certes très imparfaitement – où le CAC 40 et les dividendes versés aux actionnaires avaient été remplacés par la propriété publique. Et où les reculs sociaux incessants ne constituaient pas l’horizon indépassable des sociétés.

Cet état d’esprit triomphant – qui a marqué les dix ou quinze années d’après la chute du mur et la disparition de l’URSS – n’a cependant pas duré l’éternité rêvée par les théoriciens de la fin de l’Histoire et de la mondialisation heureuse.

Pour M. Maas et ses amis, il faut donc aujourd’hui déchanter : « le sauvetage (laborieux) de l’euro, les querelles interminables sur l’accueil et la répartition des réfugiés, tout cela a créé de nouveaux fossés en Europe ». Pire, se lamente le ministre, « avec le Brexit, nous assistons pour la première fois à la sortie d’un pays de l’UE. Et dans beaucoup de pays européens, ceux qui veulent nous faire croire que moins d’Europe, c’est mieux, ont le vent en poupe ».

Mais, évidemment, ce qui n’a pas marché avec l’Europe marchera… avec encore plus d’Europe : « une chose est sûre, pour subsister dans ce monde, les Européens doivent rester soudés » martèle Heiko Maas. On notera incidemment l’emploi du mot « soudés ». Il aurait pu écrire « unis » ou « ensemble ». On ne sait si le Sarrois a rédigé directement son texte dans la langue de Molière, mais le terme employé renvoie implicitement à des parties qu’on maintient collées par une opération artificielle forcée… Un aveu inconscient ?

Catastrophes sociales et géopolitiques

La réalité est que la chute du mur de Berlin a engendré effectivement deux grands types de conséquences : sur le plan social et sur le plan géopolitique. Et l’auteur a sur ce point raison : bien au-delà des frontières allemandes.

La décennie 1990 a d’une part enclenché la plus forte vague historique de reculs sociaux en Europe et dans le monde. En France, en Allemagne, en Europe de l’Est, et en réalité sur tous les continents, pas une « réforme » imposée par l’oligarchie dominante qui n’ait été rendue possible par l’inversion cataclysmique du rapport de force en faveur du pouvoir des capitaux, et au détriment des peuples : privatisations, coupes dans la protection sociale, montée phénoménale des inégalités et de la pauvreté, limitations drastiques des droits des salariés et des syndicats – mais aussi mise sous le boisseau de la démocratie (par exemple par l’inversion des référendums portant sur l’intégration européenne).

La disparition du camp socialiste a ouvert un extraordinaire boulevard aux puissants

Car la disparition du camp socialiste a ouvert un extraordinaire boulevard aux puissants. Nombreux sont les syndicalistes ouest-allemands (même les plus anticommunistes parmi eux) qui faisaient naguère cette confidence : avant la chute de l’Allemagne de l’Est, l’existence de cette dernière contraignait le patronat de RFA à maintenir un haut niveau d’acquis sociaux, afin d’éviter que le système en vigueur en RDA ne constitue une vitrine. L’annexion de ce pays a levé cette hypothèque et ouvert les vannes de la casse sociale, à commencer par la remise en cause des conventions collectives.

La disparition du camp socialiste a joué le même rôle au niveau mondial.

Quant au rapport de force géopolitique, point n’est besoin de faire un dessin. De la Yougoslavie à l’Irak, de la Libye à la Syrie en passant par le Yemen, le Venezuela ou la Côte d’Ivoire, les forces qu’on nommait naguère impérialistes ne se sont plus reconnu aucune limite.

Mais la période est désormais redevenue plus difficile pour les ambitions hégémoniques. Ni la Russie, ni la Chine n’ont envie de se soumettre à celles-ci.

Dès lors, affirme M. Maas, « nous avons besoin d’une véritable union européenne de la défense, en complément de l’OTAN, qui soit capable d’agir de manière autonome partout où cela est nécessaire ». « Défense » ? S’agit-il, par exemple, comme vient de le suggérer le futur Haut responsable de la politique extérieure de l’UE, l’actuel collègue espagnol (également socialiste) de M. Maas, Josep Borrell, d’activer les « groupements tactiques » ?

Car le ministre n’hésite pas à écrire : « ensemble, nous devons lutter pour le maintien de l’ordre international et devenir le noyau d’une Alliance pour le multilatéralisme ». Peut-être serait-il plus juste d’évoquer une Alliance pour le multilibéralisme… Quant au « maintien de l’ordre » international, la formule parle d’elle-même. Heiko Maas précise que « la paix dépend de cet ordre, également en Europe ». Une menace ?

Heiko Maas en appelle à « la force de faire respecter nos valeurs et nos intérêts dans un monde de plus en plus autoritaire »

Et si tout n’était pas encore assez clair, l’auteur conclut en vantant la force « qui anime les Européennes et les Européens » lorsqu’« ils passent à l’action » comme en 1989, notamment « la force de dépasser les murs et les frontières, la force de faire respecter nos valeurs et nos intérêts dans un monde de plus en plus autoritaire ».

Faire respecter les « valeurs européennes » partout dans le monde… Décidément, on se prend à regretter le mur.

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