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Charlie Munger, partenaire de Warren Buffet et vice-président de longue date de Berkshire Hathaway, est décédé à l’âge de 99 ans. Il aurait eu 100 ans le 1er janvier. Munger n’était pas à l’image des investisseurs à succès que beaucoup imaginent. Ce n’était certainement pas quelqu’un qui passait toute la journée à suivre le cours des actions. Je ne le connaissais pas personnellement, mais j’ai beaucoup lu sur lui, et j’ai toujours pensé qu’il y avait peu de gens dont on pouvait autant apprendre.
Munger lui-même était incroyablement curieux. Par-dessus tout, il était connu pour être un lecteur particulièrement avide. Ses enfants l’ont un jour décrit comme un « livre sur pattes ». Il aurait lu un livre par jour, en particulier des biographies de grandes personnalités, ainsi que des livres d’histoire. Munger s’intéressait à une grande variété de domaines. Il croyait qu’une formation générale complète était plus utile et plus importante qu’une expertise étroite. Pour lui, l’investissement n’était pas seulement une question de chiffres et de calculs.
Munger était en effet convaincu que « les gens calculent trop et pensent trop peu ». Il y a en effet une multitude de facteurs dans chaque décision d’investissement qui ne peuvent pas être quantifiés.
« Vous savez, ils sont importants, mais vous n’avez pas les chiffres. Eh bien, la plupart des gens surestiment les choses qui peuvent être chiffrées, parce que cela fait écho aux techniques statistiques qu’on leur a enseignées dans le milieu universitaire, et ils ne tiennent pas compte de tous les éléments difficilement inquantifiables qui peuvent être plus importants. C’est une erreur que j’ai essayé toute ma vie d’éviter, et je ne regrette pas de l’avoir fait. »
En fait, il faut souligner que de nombreux investisseurs très prospères ont bénéficié d’une éducation généraliste. La réflexion est plus importante pour eux que l’application de modèles financiers et mathématiques familiers. Munger a souligné à maintes reprises l’importance cruciale de l’apprentissage tout au long de la vie. Et l’apprentissage, pour Munger, a toujours consisté à être ouvert et à se tenir prêt à corriger les opinions et les attitudes antérieures. Munger avait l’habitude de dire qu’une année au cours de laquelle vous ne changez pas d’avis sur une grande idée qui est importante pour vous était une année perdue.
Une autre leçon de Munger : l’une des erreurs les plus graves est de ne pas accepter la réalité telle qu’elle est, et de supprimer ou de passer sous silence les nouvelles désagréables.
« Il faut regarder la réalité en face, même quand on ne l’aime pas », a averti Munger.
Cela peut sembler banal, mais la plupart des gens pensent et agissent différemment.
« La réalité est trop douloureuse à supporter, alors vous la déformez jusqu’à ce qu’elle soit supportable. C’est ce que nous faisons tous dans une certaine mesure, et c’est une erreur de jugement courante qui cause de terribles problèmes. »
Ce que Munger a dit correspond également à mes propres observations :
« L’incapacité à gérer le déni psychologique est un moyen courant pour les gens de se ruiner. »
Bon nombre des erreurs mentionnées ici sont bien documentées dans la littérature scientifique. De toute évidence, Munger a étudié cela de manière intensive et en a tiré des conclusions pour ses investissements. De manière quelque peu surprenante, Munger a également souligné que l’abus d’alcool et de drogues était une cause répandue d’erreurs. « Trois choses ruinent les gens : la drogue, l’alcool et l’effet de levier. »
Munger a témoigné de sa propre expérience :
« Dans ma jeunesse, mes quatre amis les plus proches étaient des types très intelligents, éthiques et pleins d’humour, bien éduqués et bien nés. Deux d’entre eux sont morts depuis longtemps, en large partie à cause de l’alcool, et un troisième est un alcoolique. Bien que la propension à la dépendance varie selon les individus, la dépendance peut arriver à n’importe lequel d’entre nous, par un processus subtil où les liens de dégradation sont trop légers pour être ressentis jusqu’à ce qu’ils soient trop forts pour être brisés ».
Selon Munger, l’alcoolisme est l’une des principales raisons pour lesquelles les gens échouent dans la vie.
Tren Griffin, qui a écrit un livre sur les leçons de vie de Munger, a résumé les traits de caractère que Munger identifiait parmi les investisseurs à succès. En voici quelques-uns :
Au sujet de l’aversion au risque : de nombreux investisseurs font l’erreur de croire qu’il est plus sûr d’investir dans des « entreprises de qualité ». Cependant, le prix est un facteur beaucoup plus important.
« La plupart des investisseurs, a expliqué M. Munger, pensent que la qualité, par opposition au prix, est le facteur déterminant pour déterminer si quelque chose est risqué. Mais les actifs de haute qualité peuvent être risqués, et les actifs de faible qualité peuvent être sûrs. La question centrale est celle du prix auquel on les achète. »
Le succès dépend aussi de votre capacité à reconnaître correctement les limites de votre expertise. Munger et Buffett ont décidé de ne pas faire de nombreux investissements parce qu’ils les trouvaient trop compliqués. Ceux qui ne connaissent pas les limites de leur expertise ne sont en fait pas compétents. Vous devriez être particulièrement méfiant s’il y a une « histoire d’investissement » accrocheuse qui semble très plausible. Certaines des plus grandes affaires de fraude de l’histoire financière n’ont fonctionné que parce que les fraudeurs – comme Bernie Madoff – étaient d’excellents conteurs.
Lorsqu’une opportunité d’investissement se présente, il faut avoir le courage d’investir à grande échelle. Le secret du succès peut être résumé comme suit :
« Le sage parie lourdement quand le monde lui offre cette opportunité, il parie quand il a les chances. Et le reste du temps, ce n’est pas le cas. C’est aussi simple que cela. »
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