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Gilets jaunes : la genèse d’un mouvement qui pourrait marquer l’Histoire de la France

Par : fabien

Beaucoup de commentateurs croient déjà pouvoir savourer l’enterrement des Gilets jaunes. C’est sans doute aller un peu vite en besogne. Quoi qu’il en soit, il n’est pas trop tôt pour revenir sur les traits saillants et inédits de ce mouvement, ainsi que sur les enjeux dont il est porteur.

Lire aussi : Des Gilets jaunes à l’ « empire européen » (éditorial paru dans l’édition du 28 novembre)

Le soulèvement…

Le 17 novembre 2018 a marqué le premier acte de mobilisation nationale du mouvement citoyen des Gilets jaunes. A la fin de cette journée, l’exécutif annonçait qu’à son pic, la mobilisation avait rassemblé 282 700 manifestants dans tout le pays. Un chiffre qui a laissé perplexe, puisqu’il correspondait à une moyenne de 62 participants par point de blocage sur tout le territoire…

Péages d’autoroute, ronds-points ou encore parkings de centre commerciaux : une partie du peuple vêtu de jaune venait ainsi d’investir, de façon inédite, la « rue » et nombre de ses points stratégiques, un peu partout sur l’Hexagone.

Le gouvernement ne bouge pas d'un iota après la mobilisation du #17Novembre #GiletsJaunes https://t.co/5SB2dLbwZw pic.twitter.com/HkInmWKX02

— Marianne (@MarianneleMag) November 18, 2018

Une colère plus forte que les tentatives de la récupérer ou de la calmer

C’est une taxe écologique qui a mis le feu aux poudres. Mais la colère populaire s’est avérée bien plus profonde, comme en témoigne une première liste de revendications « officielle » diffusée dès le 29 novembre. Spontanée et luxuriante dans sa forme, celle-ci pointe des enjeux fondamentaux. Elle s’en prend explicitement aux politiques menées ces dernières décennies par les gouvernements successifs.

Les « abandonnés de la mondialisation » ont manifesté leur exaspération. En face, les détracteurs médiatiques du mouvement ont tenté de le discréditer. Dès la première journée, nombre d’éditorialistes n’ont pas manqué de concentrer leurs efforts sur les dérapages ou accidents regrettables mais isolés. Une approche anxiogène qui s’est accompagnée de la rhétorique gouvernementale dénonçant une « radicalisation » du mouvement, affirmant à l’envi que celui-ci serait gangrené par des membres de « l’ultra-droite »…

Des actions à la symbolique puissante

Des blocages de lieux stratégiques en province jusqu’aux multiples vagues jaunes qui ont déferlé sur ladite plus belle avenue du monde : pour exprimer son exaspération, le mouvement citoyen s’est affranchi du cadre initialement octroyé par l’Etat.

Ainsi, dès le 24 novembre, date à laquelle des Gilets jaunes s’étaient pour la première fois décidés à converger sur Paris, les manifestants ont ignoré les consignes du gouvernement qui souhaitait contenir le rassemblement sur le Champ de Mars. C’est bel et bien aux abords des lieux de pouvoirs, de l’avenue des Champs-Élysées à la rue du Faubourg Saint-Honoré (à quelques pas du palais présidentiel), que la plupart des citoyens mobilisés ont ainsi décidé de porter leur message.

Un groupe de #GiletsJaunes est parvenu à s’approcher à 100m du Palais de l’Elysée#24novembre

⚡️ EN CONTINU :
➡️ https://t.co/0dycJZ2r5T pic.twitter.com/ipWejdY5MJ

— RT France (@RTenfrancais) November 24, 2018

Un phénomène inédit face auquel les autorités ont mis en place d’impressionnants dispositifs de sécurité, incluant de nombreuses interpellations préventives. Par exemple, pour la seule journée du 8 décembre (dit acte IV du mouvement), les forces de l’ordre ont procédé, au total, à 1 723 interpellations (chiffre officiel). Le même jour, les blindés de la gendarmerie arborant le drapeau européen ont été dispatchés dans la capitale.

Quant à la province, depuis près de quatre semaines, une partie du peuple se relaie jour et nuit, avec un soutien significatif de la population locale, pour tenir des ronds-points ou encore des péages d’autoroutes. Par ailleurs, certains complexes commerciaux ont connu une chute importante de leur chiffre d’affaire.

Des masques qui tombent au fur et à mesure que le message se construit

Le mouvement a bénéficié d’emblée d’une popularité sans précédent auprès de la population française. Il s’est même, dans un premier temps, attiré le soutien proclamé d’une large part de l’opposition, de gauche comme de droite.

Mais certaines familles politiques ont, au fur et à mesure de l’expression des revendications, pris leurs distances. A l’image de Laurent Wauquiez, chef des Républicains, qui a appelé à cesser le mouvement après l’avoir soutenu officiellement, d’autres personnalités politiques n’ont pas hésité, après l’attaque de Strasbourg, à brandir la menace terroriste pour demander un arrêt du mouvement.

Un choix qui fut d’ailleurs épinglé par quelques responsables politiques comme Jean-Luc Mélenchon, qui estimait le 12 décembre qu’il fallait que « la République, ses passions, ses mobilisations, puissent continuer » ; ou encore comme Florian Philippot, qui déclarait le même jour qu’ « un mouvement social n’a jamais sali la mémoire de victimes du terrorisme ».

Le président de la République a quant à lui multiplié les précautions afin de dissimuler la condescendance que ses détracteurs lui reprochent. Mais même temporaire, l’empathie pour un mouvement populaire semble rester inaccessible à certains membres éminents du camp Macron, à l’image du chef des députés du parti présidentiel, Gilles Le Gendre, qui, le 17 décembre, n’a pas réussi à contenir son égo. Il a ainsi considéré qu’une des erreurs du gouvernement résidait dans le fait d’avoir été « trop intelligent, trop subtil »…

.@GillesLeGendre : "Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Et une 2e erreur a été faite : le fait d'avoir probablement été trop intelligent, trop subtile, trop technique dans les mesures de pouvoir d'achat. Nous avons saucissonné toutes les mesures" #Tdinfos pic.twitter.com/NKO7syUUWh

— Public Sénat (@publicsenat) December 17, 2018

Par ailleurs, afin de contenir les actions locales menées dans le cadre du mouvement citoyen, l’exécutif a assuré, dès le lendemain de l’acte V, qu’il ne tarderait pas à envoyer les CRS et gendarmes sur les ronds-points de France.

Contre vents et marées, les Gilets jaunes ne lâchent rien

Jusqu’alors plus rapide et plus efficace que ses prédécesseurs pour satisfaire les intérêts qu’il représente, Emmanuel Macron se retrouve dans une impasse. Aujourd’hui nommément visé par le mouvement des Gilets jaunes en tant qu’énième pion au service des institutions supranationales européennes, l’actuel locataire de l’Elysée n’a eu d’autre choix que de revenir sur la hausse annoncée des taxes sur le carburant (qui constitua à l’origine la goutte d’eau).

Lire aussi : Intervention télévisée de Macron le 10 décembre : personne n’a écouté la dernière phrase !

Après une première phase pacifique pour le moins traitée avec mépris par l’exécutif, la sympathie constante du mouvement citoyen auprès de la population française, ainsi que les violents incidents en marge des mobilisations successives aux abords des lieux de pouvoirs, ont réussi à faire reculer le gouvernement.

Mais les Gilets jaunes ne comptent pas s’en contenter : le 13 décembre, un communiqué mettait en avant quatre propositions : l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC), la création d’une assemblée citoyenne, la baisse des taxes sur les produits de première nécessité, et la « réduction significative » des salaires gouvernementaux.

Rendez-nous notre liberté et notre souveraineté

Ce jour-là, des porte-parole du mouvement s’exprimaient à Versailles devant la salle du Jeu de paume, symbole de l’unité des députés du Tiers-état lors de la Révolution française. 229 ans plus tard, ces Gilets jaunes ont prêté le serment « de ne pas se séparer avant d’avoir obtenu la présentation devant le peuple français du référendum d’initiative citoyenne, du recul des privilèges d’Etat et de la baisse des prélèvements obligatoires », avant de terminer leur communiqué en ces termes : « rendez-nous notre liberté et notre souveraineté ».

Un message clair adressé à celui qui a toujours prôné le transfert de celle-ci à l’échelle européenne.

Lire aussi : Attention Macron : les gilets jaunes, ça réfléchit…

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