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À partir d’avant-hierNational Geographic

Des menstruations à la ménopause : les scientifiques se penchent enfin sur la santé des femmes

Aller chez le médecin peut s’avérer frustrant pour les femmes, et en particulier pour les femmes de couleur.

En effet, la médecine a tendance à sous-diagnostiquer des maladies comme l’endométriose, la schizophrénie ou encore le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les femmes. Aux États-Unis, les femmes afro-américaines sont presque trois fois plus susceptibles de mourir de complications de grossesse que les femmes blanches ou hispaniques. Dans la même veine, les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi tant de femmes éprouvent des difficultés à allaiter

Tout cela n’a rien de nouveau. Nous savons depuis longtemps que les problèmes de santé des femmes tendent à être moins considérés et moins étudiés. Mais bonne nouvelle, les scientifiques ont commencé à rattraper leur retard. Leurs recherches apportent de nouvelles informations biologiques, qui donnent lieu à de meilleurs diagnostics et permettent de mieux cibler les traitements, que ce soit en matière de menstruations ou encore de ménopause.

Voici un court bilan de certaines des évolutions auxquelles nous avons assisté ces dernières années.

 

1. LES SYMPTÔMES DU TDAH DIFFÈRENT ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES 

Les scientifiques ont longtemps considéré le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) comme un « trouble presque exclusivement masculin », écrivait Kaelyn Lynch dans un article de janvier 2024 sur la hausse sans précédent des cas de TDAH chez les femmes, qui, notait-elle, a presque doublé entre 2020 et 2022. 

Comment expliquer cette soudaine hausse ? Selon les experts, elle serait en partie liée à la manifestation particulière du TDAH chez les femmes et les filles. Si le TDAH est généralement associé à de l’hyperactivité, il existe également un type inattentif de TDAH, qui, comme l’a écrit Kaelyn, « se caractérise par de la désorganisation, des trous de mémoire et des difficultés à entreprendre une tâche et à la terminer. »

Les femmes adultes comme les jeunes filles tendent à souffrir d’un TDAH de type inattentif, dont les symptômes (si tant est qu’on les remarque) sont plus susceptibles d’être pris pour des difficultés émotionnelles ou d’apprentissage. « On aura tendance à dire de ces femmes qu’elles rêvassent ou qu’elles sont dans la lune [au lieu de leur poser un diagnostic] », avait expliqué Julia Schechter, codirectrice du Centre pour les femmes et les filles atteintes de TDAH de l’université de Duke. « Leurs symptômes sont tout aussi handicapants, mais peuvent passer inaperçus. » Une situation qui peut être lourde de conséquences, selon Kaelyn.

 

2. LE CYCLE MENSTRUEL PEUT REMODELER LE CERVEAU 

Les femmes ne sont concernées que par 0,5 % des recherches en imagerie cérébrale, ce qui pose un réel problème, écrivait Sanjay Mishra en février 2024. Cette disparité dans la recherche explique pourquoi nous commençons à peine à comprendre comment les menstruations remodèlent le cerveau.

Vous avez bien lu. Les menstruations remodèlent le cerveau. Comme l’a expliqué Sanjay, de nouvelles études montrent que les règles « remodèlent de façon spectaculaire les régions du cerveau qui régissent les émotions, la mémoire, le comportement et l’efficacité du transfert d’informations ».

Il convient de souligner que ces études ne prouvent pas que ces changements sont liés aux montagnes russes émotionnelles dont peuvent souffrir certaines femmes pendant leurs règles. En attendant, selon les experts, cette découverte met en évidence l’urgence qu’il y a à mener davantage de recherches neuroscientifiques sur les femmes, qui, rappelons-le, sont plus sujettes que les hommes à la maladie d’Alzheimer et à la dépression.

« Il est grand de temps de faire du cerveau des femmes un sujet d’étude central », soutient Julia Sacher, psychiatre et neuroscientifique à l’Institut Max Planck de neurologie et des sciences cognitives de Leipzig, en Allemagne, qui a dirigé l’une des études.

 

3. L’HYPERÉMÈSE GRAVIDIQUE EST BIEN PLUS GRAVE QUE DE SIMPLES NAUSÉES

La plupart des femmes souffrent de nausées pendant leur grossesse. La belle affaire, dira-t-on. Malheureusement, cette façon de penser empêche certaines personnes de suivre un traitement pour une pathologie grave appelée hyperémèse gravidique (HG). Comme l’a écrit Sam Jones dans un article de janvier 2024, cette pathologie touche environ 2 % des femmes enceintes et se caractérise par « de sévères nausées et vomissements persistants pouvant entraîner la mort ».

Des médecins et des chercheurs ont raconté à Sam qu’en dépit de la gravité des symptômes, certains de leurs confrères considéraient l’HG comme de « l’hystérie ». Rien d’étonnant donc à ce que la recherche de traitements de l’HG soit sous-financée. 

Heureusement la recherche progresse, bien que lentement. Ces dernières années, des études ont permis de mettre en évidence une hormone spécifique liée à l’HG mais aussi de comprendre exactement comment cette hormone provoquait la maladie. Ces découvertes pourraient déboucher sur de nouveaux traitements (à condition que les médecins sachent les prescrire). 

 

4. DES INNOVATIONS MÉDICALES SAUVENT DES FEMMES ENCEINTES DE LA PRÉ-ÉCLAMPSIE, DE L'ANÉMIE ET DU SEPSIS

Selon l’Unicef, près de 800 femmes meurent chaque jour dans le monde à cause de complications lors de leur grossesse et de leur accouchement. Même aux États-Unis, les taux de mortalité maternelle sont en hausse, en particulier chez les femmes afro-américaines. Mais il y a de l’espoir : des recherches de pointe nous donnent les solutions pour contrer les principales causes de mortalité maternelle, comme la pré-éclampsie, l’anémie et le sepsis.

Comme l’a expliqué Rachel Fairbank en juillet 2023, l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a autorisé la commercialisation du premier test sanguin capable de prédire quelles patientes risquaient de développer une pré-éclampsie, une maladie caractérisée par une hypertension artérielle qui restreint le flux sanguin si drastiquement qu’elle peut entraîner une défaillance des organes et la mort. La pré-éclampsie est difficile à diagnostiquer, car elle ressemble à d'autres troubles fréquents liés à la grossesse, écrit Rachel. Ce nouveau test pourrait ainsi révolutionner le diagnostic de la pré-éclampsie.

Des chercheurs ont également trouvé une solution étonnamment simple à l’anémie, qui peut être responsable de saignements abondants pendant l’accouchement : l’administration de fer par voie intraveineuse. L’anémie est traditionnellement traitée par la prise orale de suppléments de fer, mais les chercheurs ont démontré qu’une perfusion de 15 minutes fournissait l’équivalent de quatre comprimés par jour pendant quatre semaines.

Enfin, des essais cliniques ont récemment démontré qu’administrer une seule dose d’azithromycine (un antibiotique généralement utilisé lors des césariennes afin de réduire les infections pouvant entraîner un sepsis) au cours d’un accouchement par voie basse pouvait aussi réduire d’un tiers le risque de sepsis post-partum.

 

5. LE SYNDROME DE L’ÉPAULE GELÉE AURAIT UN LIEN AVEC LA MÉNOPAUSE

Le syndrome de l’épaule gelée porte plutôt bien son nom : cette maladie, également appelée capsulite rétractile, se caractérise par une importante inflammation des tissus conjonctifs de l’épaule, qui empêche toute mobilisation de cette dernière. Cette maladie douloureuse, qui peut durer des années, est pourtant mal comprise ; peut-être parce que les trois quarts des malades sont des femmes, écrivait Erin Blakemore dans un article de novembre 2023.

La ménopause semble être un facteur de cette maladie. Comme l’a rapporté Erin, des chercheurs tentent actuellement de déterminer si les douleurs articulaires dont souffrent environ 50 % des femmes pendant la ménopause pourraient être liées à la baisse du taux d’œstrogènes dans leur organisme. Une étude récente suggère que les personnes suivant une thérapie hormonale pour augmenter leur taux d’œstrogènes seraient moins susceptibles de souffrir du syndrome de l’épaule gelée.

Les recherches sur le sujet n’en sont qu’à leurs débuts, prévient Erin. Mais « ce premier pas dans un domaine assez peu étudié est source d’espoir pour les femmes qui se préparent à la ménopause ou qui en subissent actuellement les effets. »

 

6. NOUS AURONS BIENTÔT UN REMÈDE AUX BOUFFÉES DE CHALEUR

Autre point intéressant : les chercheurs ont enfin compris comment la chute des niveaux d’œstrogènes pendant la ménopause provoquait des bouffées de chaleur, rapportait Meryl Davids Landau dans un article paru en décembre 2022.

Jusqu’à 80 % des femmes présentent ce symptôme débilitant, écrit-elle, qui est « souvent accompagné d’une sudation, de palpitations, de vertiges, de fatigue et/ou d’un état anxieux ». Les bouffées de chaleur, particulièrement intenses chez les femmes afro-américaines et amérindiennes, surviennent plusieurs fois par jour et peuvent durer en moyenne quatre ans.

Les recherches, de plus en plus nombreuses, ont montré que la chute des œstrogènes affectait un groupe particulier de neurones (dans l’hypothalamus du cerveau) qui régule la température du corps, et les poussait à s’activer de manière inopportune. Des entreprises testent actuellement des médicaments pour bloquer ces neurones et mettre fin aux bouffées de chaleur une fois pour toutes.

Genevieve Neal-Perry, présidente du département d’obstétrique et de gynécologie de la faculté de médecine de l’université de Caroline du Nord, a déclaré à Meryl que la mise au point d’un tel médicament était attendue depuis longtemps : étant donné que presque toutes les femmes dans leur quarantaine souffrent de bouffées de chaleur, « il est assez stupéfiant de constater qu’il a fallu attendre la dernière décennie pour enfin comprendre la biologie des bouffées de chaleur ».

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Vitamine C, rétinol, biotine… Comment prendre vraiment soin de sa peau ?

La peau est le plus grand organe du corps humain, c’est pourquoi il est important de prendre les précautions nécessaires afin de s’assurer qu’elle soit saine et propre. La vanité constitue elle aussi un puissant facteur de motivation ; cette dernière pourrait bien être le résultat de notre évolution, qui nous aurait appris à utiliser la qualité de la peau des autres individus pour déterminer leur état de santé, et donc notre niveau d’attirance envers eux.

L’industrie des soins de la peau, ou du skincare, est donc en plein essor. Elle pesait 133,9 milliards de dollars en 2018 et devrait atteindre les 200,25 milliards de dollars d’ici 2026.

Face à l’impressionnante variété de produits et d’ingrédients « miracles » qui peuplent aujourd’hui cet immense marché, il peut être difficile d’identifier ce dont nous avons réellement besoin.

Comment notre peau nous protège-t-elle des menaces extérieures ? Comment la garder intacte ? Quels produits optionnels peuvent être intéressants à ajouter à notre routine de soin ? Voici ce que les experts ont à nous apprendre sur la protection de notre peau.

 

LA BARRIÈRE CUTANÉE

La « barrière cutanée » est composée de cellules ainsi que d’un système de protéines et de lipides destiné à entourer ces dernières et les relier entre elles. Ce mur constitue la première ligne de défense contre les menaces extérieures, telles que les irritants comme les produits chimiques toxiques ou les agents infectieux comme les bactéries.

« Les cellules de la peau sont les briques, et la barrière cutanée, qui est composée de protéines et de lipides, est le mortier », explique Mona Gohara, professeure adjointe de dermatologie à la faculté de médecine de Yale.

La barrière cutanée ne se contente pas d’empêcher l’entrée des menaces ; elle permet également de garder certains éléments essentiels, comme l’eau, à l’intérieur du corps. Si la barrière cutanée ne contient pas suffisamment d’eau, elle se dessèche, ce qui endommage les liaisons lipidiques qui relient les cellules de la peau. Des matières indésirables peuvent alors pénétrer dans la peau et provoquer des affections cutanées, telles qu’une dermatite ou un psoriasis.

Chaque jour, nous effectuons des gestes qui endommagent notre barrière cutanée, tels que des douches prolongées, qui peuvent assécher la peau, ou encore le rasage, qui peut la fragiliser.

 

BOIRE PLUS D’EAU POUR UNE PEAU PLUS SAINE ?

De manière générale, la consommation d’eau et le régime alimentaire suffisent à garantir la bonne santé de notre peau.

Bien que des compléments alimentaires commercialisés comme la biotine (vitamine B8) puissent aider à protéger la peau, selon Devina Mehta, interne en dermatologie à l’Université Cornell, la plupart des individus n’en ont pas besoin ; une alimentation équilibrée capable de soutenir notre santé mentale et physique soutiendra également la santé de notre peau.

Il n’est pas non plus nécessaire de se forcer à boire de l’eau tout au long de la journée : il suffit d’en boire suffisamment pour ne pas être déshydraté. 

« Je ne recommande pas de consommer une quantité d’eau spécifique pour avoir une peau saine », commente Jules Lipoff, professeur associé au département de dermatologie de la Lewis Katz School of Medicine. « Il faudrait être extrêmement déshydraté pour constater des effets sur la peau. »

 

DE QUELS PRODUITS AVONS-NOUS VRAIMENT BESOIN ?

Les personnes qui ne souffrent pas de problèmes de peau spécifiques n’ont qu’une chose à faire : protéger leur barrière cutanée. Pour ce faire, seuls trois produits suffisent généralement : un nettoyant, une crème hydratante et une protection solaire.

« Notre peau possède des mécanismes d’auto-hydratation, d’auto-exfoliation et de protection », révèle Gohara. « Mais nous devons tout de même en prendre soin. Ça ne se fait pas tout seul, nous devons réaliser des efforts préventifs afin de préserver les mécanismes naturels préexistants de la peau. »

Gohara recommande un nettoyant doux sans savon, qui permet d’éliminer les irritants comme la saleté sans l’agressivité du savon classique. En effet, comme l’explique la spécialiste, les savons ont un pH élevé susceptible d’affaiblir la barrière cutanée, laissant ainsi entrer les irritants et provoquant des inflammations. Les nettoyants sans savon portent souvent des mentions telles que « sans savon », « sans sulfate » ou « pH neutre ». 

Pour nous sentir propres, nous avons tendance à frotter chaque centimètre de notre corps sous la douche. Cette action peut cependant faire plus de mal que de bien. « Il suffit de laisser couler l’eau », reprend Lipoff. « Il n’est pas nécessaire d’exfolier. L’exfoliation se fait d’elle-même, il n’est pas nécessaire de l’encourager. »

Pour protéger la barrière cutanée, l’hydratation est également essentielle, car elle limite la perte d’eau. La peau dispose de techniques pour maintenir son hydratation naturellement, mais lorsque nous l’asséchons avec une douche chaude ou une exposition à un climat froid et sec, nous devons l’aider, détaille Gohara. Lipoff recommande à ses patients d’appliquer une crème hydratante sur une peau humide afin de renforcer son efficacité.

Il est également conseillé d’utiliser une protection solaire. Une exposition non protégée aux rayons UV peut en effet assécher et augmenter le risque de cancer de la peau. Selon Gohara, « vous minimiserez les dommages causés à votre peau de nombreuses façons. C’est la solution la plus facile à mettre en œuvre. »

(À lire : Comment se protéger efficacement du soleil ?)

Tout le monde n’a pas la même peau, et certaines personnes peuvent présenter des déficiences de la barrière cutanée comme l’acné, l’eczéma ou la rosacée. « Souvent, les personnes qui en souffrent ont besoin de l’aide de traitements ou de produits supplémentaires », affirme Angelo Landriscina, dermatologue certifié à New York. 

Certains traitements à visée spécifique, comme ceux qui contiennent du peroxyde de benzoyle, efficace pour lutter contre l’acné, peuvent irriter davantage la peau ; une crème hydratante encore plus puissante est alors nécessaire pour restaurer et renforcer la barrière cutanée, explique Gohara.

 

CONSEILS POUR ALLER PLUS LOIN

Une fois la barrière cutanée intacte et protégée, vous pouvez également vous attaquer à des problèmes secondaires, tels que le vieillissement de la peau.

L’acide hyaluronique, bien que non essentiel, demeure par exemple un ingrédient précieux. Il aide à retenir l’eau et à donner un aspect plus rebondi à la peau. « C’est un ingrédient que j’aime beaucoup et qui fait parler de lui pour de bonnes raisons », admet Landriscina. « C’est un bon ingrédient à avoir chez soi. »

Bien souvent, les patients commencent à chercher des produits anti-âge une fois que leur peau présente des rides ou des taches. Selon Landriscina, pour être plus efficaces, les traitements anti-âge doivent toutefois être préventifs : autrement dit, leur utilisation doit commencer avant l’apparition des dégâts, en particulier en ce qui concerne la protection contre le soleil.

Outre les crèmes solaires, le rétinol (vitamine A) et les rétinoïdes (dérivés de la même vitamine) constituent de bons compléments en cas de dépigmentation ou de rides. « Ils sont depuis longtemps mis en avant pour les soins de la peau, car ils sont très efficaces et ont été largement étudiés », ajoute le dermatologue. « Mais ce n’est en aucun cas une étape nécessaire. »

Pour les personnes cherchant à réduire les dommages causés par le soleil, Mehta recommande un sérum à la vitamine C le matin, et du rétinol le soir. « Ces produits contribuent à éclaircir la peau, à atténuer les taches brunes et à stimuler la production de collagène. »

Bien que bénéfiques, ces ingrédients peuvent également causer des dégâts lorsqu’ils ne sont pas bien utilisés. Mehta recommande de consulter un dermatologue pour savoir si ces produits correspondent à votre situation.

« Vous ne devez pas vous contenter d’acheter un produit parce qu’il vient de sortir, parce qu’il est à la mode, parce que vous avez un ami qui vous l’a conseillé ou parce que vous en avez entendu parler sur les réseaux sociaux », avertit Landriscina. « Vous devez faire un inventaire constant de l’état de votre peau et de ce que vous faites pour la protéger. Les changements que vous apportez et les choix que vous faites doivent dépendre du résultat que vous essayez d’obtenir. »

 

L’HIVER, L’ENNEMI DE LA PEAU

Selon Mehta, l’air froid étant plus sec, davantage d’efforts sont nécessaires pour favoriser l’hydratation de notre peau, et donc la santé de notre barrière cutanée, pendant les mois d’hiver.

Des changements simples peuvent faire toute la différence pour lutter contre les sensations de tiraillement provoquées par la sécheresse hivernale.

Lipoff recommande de réguler les produits utilisés, la température choisie et le temps passé sous la douche, l’eau chaude et le savon pouvant assécher la peau, surtout en cas d’exposition prolongée. Utiliser un humidificateur dans la chambre peut également aider à lutter contre la sécheresse cutanée, car c’est dans cette pièce de notre domicile que nous passons le plus de temps.

De son côté, Mehta conseille de passer à un nettoyant hydratant, plus crémeux, et de réduire l’application de produits tels que les rétinoïdes, les exfoliants et la vitamine C, qui peuvent déshydrater la peau. « Vous pouvez toujours les utiliser pendant l’hiver, mais vous ne pourrez peut-être pas supporter de les utiliser tous les jours. »

En outre, pour celles et ceux qui ne peuvent pas résister à l’appel de la nature, n’oubliez pas d’appliquer une protection solaire.

« Les UV se reflètent sur la neige et sur l’eau et s’intensifient », révèle Mehta. « Si vous pratiquez des activités sportives en plein air, comme le ski ou le snowboard, il est essentiel d’appliquer une protection solaire. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Le syndrome de l’épaule gelée toucherait principalement les femmes

Étriers, frottis, contrôles prénataux : dans son cabinet très fréquenté du Duke Women’s Health à Durham, en Caroline du Nord, la gynécologue-obstétricienne Anne Ford s’occupe de patientes de tous âges, et habituellement de la partie inférieure de leur buste. 

Anne Ford a pourtant remarqué qu’un sous-ensemble de ses patientes (en périménopause ou ménopausées) se présentait aux rendez-vous pour un problème à première vue sans rapport avec la gynécologie : des cas de capsulite rétractile ou « épaule gelée », une pathologie mal comprise, souvent douloureuse et incurable, qui peut provoquer des inflammations de l’articulation de l’épaule et l’immobiliser pendant des mois, voire des années.

En réalité, cette affection touche plus souvent les femmes en péri ou postménopause ; trois quarts des patients souffrant d’épaule gelée sont d’ailleurs des femmes.

« Le simple fait d’être une femme est un facteur de risque pour l’épaule gelée », explique la chirurgienne orthopédique Jocelyn Wittstein qui, en tant que praticienne spécialiste de l’épaule, prend aussi en charge un grand nombre de patients souffrant de cette maladie.

Étonnamment (ou pas), les causes de l'épaule gelée n'ont été que peu étudiées. Ford et Wittstein, qui enseignent toutes deux à la faculté de médecine de l’université Duke, ont récemment présenté des travaux de recherche suggérant que le traitement hormonal de la ménopause (autrefois connu sous le nom de traitement hormonal substitutif ou THS) pourrait protéger les femmes de la capsulite rétractile.

Ce premier pas dans un domaine assez peu étudié est source d’espoir pour les femmes qui se préparent à la ménopause ou qui en subissent actuellement les effets.

 

« L’ÉPAULE DE LA CINQUANTAINE »

Le syndrome de l’épaule gelée toucherait entre 2 et 5 % de la population mondiale, dont une grande majorité de femmes âgées de 40 à 60 ans ; une période de la vie coïncidant avec la ménopause.

Contrairement aux blessures dues à une sursollicitation ou à un traumatisme des articulations, l’épaule gelée, qui consiste en une inflammation du tissu conjonctif ou capsule qui entoure l’articulation de l’épaule, apparaît avec l’âge. Une fois l’épaule « gelée », les patients peuvent être pris dans un cercle vicieux.

« Les malades ont tendance à solliciter leur épaule, ce qui aggrave l’inflammation », explique Wittstein. « Forcer l’amplitude des mouvements, c’est comme mettre de l’huile sur le feu : ça empire la chose. Bien qu’il existe des traitements (généralement des stéroïdes administrés par voie orale ou par injection, ainsi que des séances de kinésithérapie et des exercices à reproduire à la maison), il n’existe aucun remède à cette pathologie, qui peut durer des mois, voire des années. L’épaule finit un jour par “dégeler”, mais entre-temps, la maladie peut autant avoir été source d’inconfort qu’avoir provoqué une douleur insupportable. »

Certaines personnes sont plus sujettes à cette maladie que d’autres comme les diabétiques, par exemple, et les personnes d’origine asiatique, chez qui l’épaule gelée ou une épaule douloureuse et enflammée est le principal symptôme de la ménopause, explique Wittstein. D’ailleurs, dans certains pays asiatiques, cette maladie est si courante qu’on l’appelle « épaule de la cinquantaine » ou « épaule des cinquante ans ».

 

PERTE D’ŒSTROGÈNES ET DOULEURS ARTICULAIRES

Avec l’âge, les ovaires produisent moins d’œstrogènes (l’une des hormones les plus importantes chez la femme) et à la ménopause, ils cessent totalement la production d’œstrogènes et de progestérone. Ce changement dans le taux d’hormones sexuelles peut aussi bien avoir des répercussions sur la densité osseuse que sur le cœur et les articulations.

On estime que 50 % ou plus des femmes souffrent d’arthralgie, ou de douleurs articulaires, pendant la ménopause. Mais les effets des œstrogènes sur le système musculo-squelettique sont peu étudiés et mal compris, et il n’existe pas de traitement complet pour ces douleurs articulaires provoquées par la ménopause.

Pour tenter d’en savoir plus, Ford et Wittstein ont comparé les symptômes de l’épaule gelée de personnes qui suivaient un traitement hormonal de la ménopause et de personnes qui n’augmentaient pas leur taux d’œstrogènes à l’aide de médicaments. Elles ont mené une étude rétrospective sur 1 952 patientes âgées de 45 à 60 ans, en cherchant dans leurs dossiers médicaux des signes de ménopause, un recours à une thérapie hormonale et des symptômes ou un diagnostic de capsulite rétractile.

Environ 8 % des patientes, soit 152 d’entre elles, suivaient un traitement hormonal ; en comparaison, les patientes qui n’avaient pas recours à l’hormonothérapie avaient 99 % de chances supplémentaires de souffrir d’épaule gelée.

Les médecins soulignent néanmoins que l’échantillon était de petite taille et que les probabilités, bien qu’élevées, ne sont pas statistiquement significatives en raison de la taille de l’étude. Depuis qu’elles ont présenté leurs travaux à leurs collègues de la North American Menopause Society et de l’American Orthopedic Society for Sports Medicine, Ford et Wittstein envisagent désormais d’étendre leurs recherches à une population plus large.

« La science fondamentale a du sens », soutient Wittstein, en faisant référence à une récente étude ayant démontré l’implication des œstrogènes dans les muscles squelettiques. Mais selon les médecins, la science a longtemps eu du mal à comprendre le fonctionnement des œstrogènes et de la santé articulaire. En effet, les préjugés, le manque d’implication des chercheurs sur le sujet, un système de santé qui privilégie les symptômes au détriment d’une prise en charge globale du patient et la méfiance du public à l’égard du traitement de la ménopause ont entravé les progrès pendant des années ; or pendant ce temps, les épaules des femmes ménopausées continuent de geler.

 

« PERSONNALITÉ FIGÉE » ET « TRAITS HYSTÉRIQUES »

Wittstein souligne également que 94 % des chirurgiens orthopédistes ne subiront jamais les effets de la ménopause, puisque les femmes ne représenteraient que 6 % des chirurgiens orthopédistes en exercice.

La peur du public face aux traitements hormonaux ne facilite pas les choses, note Anne Ford. Bien qu’il soit prouvé que la supplémentation en œstrogènes peut soulager les symptômes de la ménopause et réduire le risque de fractures osseuses, d’accidents vasculaires cérébraux et d’autres affections, le public reste méfiant à l’égard du traitement hormonal en raison de la désinformation qui s’est répandue à la suite d’une étude majeure de 2002 ayant démontré que les premières formes de ce traitement avaient eu des effets néfastes. Même si le traitement hormonal substitutif est devenu plus sûr, explique Ford, l’opinion publique n’a pas suivi l’évolution de la pratique médicale actuelle. En conséquence, un groupe de recherche a souligné dans une revue de littérature de 2022 que « malgré des interventions hormonales et non hormonales reconnues comme sans danger pour la santé, la plupart des femmes souffrant de symptômes ménopausiques gênants ne bénéficient pas d’un traitement efficace, approuvé et fondé sur des preuves ».

Il pourrait également s’avérer difficile de parvenir à un consensus scientifique sur la manière dont les œstrogènes affectent les articulations lors de la ménopause, et ce pour une raison plus insidieuse : un manque d’urgence dû à la stigmatisation de la ménopause et à l’incapacité persistante du corps médical à reconnaître et à étudier la douleur des femmes. Les femmes souffrant de douleurs doivent attendre un traitement plus longtemps que leurs homologues masculins et risquent de se faire diagnostiquer pour des problèmes psychiatriques au lieu de recevoir un traitement. Une étude réalisée en 2022 a montré que lorsque des femmes d’âge moyen se présentaient pour une maladie coronarienne, elles étaient 31,3 % plus susceptibles que leurs homologues masculins d’être diagnostiquées pour un problème de santé mentale plutôt que pour leur problème sous-jacent.

Ce phénomène existe également en orthopédie et a longtemps perduré dans le cas des diagnostics de capsulites rétractiles. Bien que le terme « épaule gelée » ait été utilisé pour la première fois en 1934, la définition de la maladie fait toujours l’objet de débats, tout comme l’existence des douleurs articulaires liées à la ménopause.

Dans les années 1970, les préjugés des professionnels de santé et la confusion persistante concernant cette pathologie sont entrés en conflit lorsque des chercheurs britanniques ont publié une étude sur la personnalité de quarante femmes souffrant de capsulite.

« De nombreux cliniciens ont l’impression anecdotique que l’affection survient souvent chez un type de personnalité typique, comme une épaule “gelée” chez une personnalité “gelée” », ont écrit les chercheurs. Ils ont conclu que les femmes souffrant de cette maladie présentaient une anxiété « prémorbide », une insécurité et des « traits hystériques » accrus par rapport aux 14 hommes étudiés.

Il reste encore beaucoup à apprendre sur l’impact des œstrogènes sur les muscles et les os. D’ailleurs, d’autres chercheurs ont mis en évidence un lien entre une hormone de grossesse appelée relaxine et le soulagement des symptômes de l’épaule gelée chez les femmes enceintes. Mais selon Ford et Wittstein comme ces recherches n’en sont qu’à leurs débuts, le meilleur moyen de se prémunir contre des maladies comme la capsulite rétractile est de se livrer régulièrement à des exercices de mise en charge, d’avoir une alimentation saine et de prendre conscience que l’augmentation des douleurs peut être un symptôme de la ménopause.

L’hormonothérapie pourra peut-être bientôt servir à contrer les symptômes de l'épaule gelée. En attendant, les personnes concernées devront prendre leur mal en patience et attendre que des chercheurs investis se penchent sur la santé des femmes, si longtemps négligée par la communauté scientifique. 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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